Tag: lecture

  • Le courrier des auditeurs du 31.01.2025

    Le courrier des auditeurs du 31.01.2025

    Madame, Monsieur, bonjour ou bonsoir. Je suis très contente de vous accueillir sur les ondes de RRI pour une nouvelle édition du courrier. J’espère bien que vous êtes nombreux à l’écoute en ce moment, car j’ai un sujet très intéressant dont j’aimerais bien vous parler, à savoir pourquoi les femmes lisent –elles plus que les hommes. L’idée ne m’appartient pas, c’est à notre auditeur français Paul Jamet que je la dois. En fait, M. Jamet m’a fait part d’un article fort intéressant écrit par Etienne Bianchi dans le Courrier International et où l’auteur affirme en citant plusieurs études, que « les hommes, et notamment les hétérosexuels, semblent farouchement hermétiques à la lecture de romans, au contraire des femmes, friandes de fictions ».  Une explication en serait, selon cet article, « la faute à un manque de modèles positifs et à des discours masculinistes très prégnants » dans les livres. Petite parenthèse, il est vrai qu’à l’heure actuelle, avec l’ampleur du féminisme et des phénomènes du type #metoo, de plus en plus de romans écrits par des femmes attribuent aux personnages masculins de rôles négatifs. N’empêche, l’article du Courrier international nous rappelle que « les romans sont considérés comme des passe-temps frivoles réservés aux femmes depuis l’époque victorienne ».  Une idée complètement fausse puisque selon un baromètre sur la consommation culturelle en 2022, en Roumanie, « la culture nous rend plus ouvert d’esprit, renforce le sentiment d’appartenance à la communauté, encourage l’implication sociale et la tolérance envers les catégories marginalisées, nous aide à soutenir l’égalité hommes-femmes, à privilégier le dialogue et à mettre en valeurs la liberté ». Sur le site de la chaîne publique de télévision, j’ai trouvé un article intitulé « La lecture chez les Roumains.  Les hommes lisent plutôt pour se renseigner, les femmes pour se détendre ».  Les données sont extraites d’une enquête de la consommation culturelle en Roumanie en 2023 et obtenues en exclusivité par la TVR. Selon les experts, aucun produit culturel n’arrive à compenser l’absence de la lecture. Selon l’anthropologue Alec Bălășescu cité par trv.ro, les gens qui ne lisent pas sont souvent victimes de« l’intolérance et de l’incapacité de faire la différence entre mensonge et vérité ». Pire.  L’absence de la lecture, ajoute l’expert, nourrit l’égo et nous fait penser que seules nos idées sont bonnes.

    Malgré une légère tendance à la hausse de la consommation culturelle en Roumanie entre 2022 et 2023, les pourcentages restent très bas. D’ailleurs, cette tendance de tourner le dos aux livres est valable dans d’autres pays aussi. Selon les chiffres fournis par Eurostat, quelque 7,4 millions de Roumains âgés de plus de 16 ans, n’ont lu aucun livre ces douze derniers mois. Parmi les pays européens, c’est le Luxembourg qui  affiche le pourcentage de lecteurs le plus significatif, à savoir 75,2%, suivi par le Danemark, 72,1% et l’Estonie, 70,7%. En Roumanie, sur l’ensemble de la population, la plupart des lecteurs se trouvent dans la catégorie d’âge 16-29 ans, à savoir 60,1%. Ce sont les séniors de plus de 65 ans qui montrent le plus grand désintérêt pour la lecture. Et puis, aussi bien en Roumanie que dans le reste de l’UE, les femmes lisent plus que les hommes.

    Le baromètre culturel 2023

    Le baromètre 2023 sur la consommation culturelle en Roumanie nous apprend que les principales raisons pour lesquelles les Roumains affirment ne pas lire sont le manque de temps dans le cas des femmes et le manque d’intérêt, dans celui des hommes. Citée par le même site de la télévision publique, tvr.ro, Carmen Croitoru, à la tête de l’INCFC et autrice du Baromètre de la consommation culturelle, passe en revue les principaux arguments qui poussent les Roumains à lire. « La plupart des sondés, à savoir 22%, ont lu cette dernière année entre 1 et 5 livres. Seulement 10% des Roumains ont lu douze livres ou plus ». A la question, pourquoi lisez-vous ?, la plupart des répondeurs ont affirmé pour le plaisir. En revanche, à la question « pourquoi ne lisez-vous ? » les Roumains ont invoqué plusieurs raisons: le temps, l’intérêt ou des soucis de santé. Un aspect très intéressant constaté en Roumanie est le portrait du lecteur fidèle. Celui-ci est un homme issu du milieu urbain et ayant une situation matérielle au-dessus de la moyenne. C’est une personne prête à investir plutôt dans des objets culturels : livres, CD, DVD, que dans des dispositifs électroniques : ordinateurs, tablettes, smartphones, etc.

    En revenant à l’article du Courrier international, l’auteur Etienne Bianchi se pose la question si une crise de la lecture se nourrit d’une certaine crise de la masculinité ? Les sites Dazed et Vox soulignent et je cite « un manque de modèle masculin positif qui encouragerait à la lecture les jeunes hommes ». N’empêche, la plupart des prix de la littérature sont remportés par les auteurs masculins, en France comme ailleurs. Il suffit de regarder un peu sur les listes des nominés pour voir la différence. Je voudrais conclure en  citant encore une fois le baromètre de la consommation culturelle présentée par la télévision publique sur son site et insister sur les propos du sociologue Bogdan Voicu, de l’Institut de recherche de la qualité de la vie. Selon lui, il y a un rapport évident entre le degré de tolérance et la place que la lecture occupe dans nos vies. Mais, dit-il, il serait possible que les deux découlent du niveau d’éducation. Encore une fois, il faudrait que les sociétés actuelles gardent en tête l’importance d’éduquer en permanence les populations.

     

    Retours à vos messages

    Restons toujours en France et dirigeons-nous à Biganos pour passer le bonjour de nous tous à Philippe Marsan. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais le traditionnel concert du Nouvel an de l’orchestre de Vienne est aussi le coup de cœur  du programme offert par la télévision roumaine le premier jour de la nouvelle année. Un régal, comme vous le dites très bien ! Nous sommes contents que vous continuiez à rester à l’écoute de RRI et que vous soyez un des auditeurs fidèles de notre chaîne. Vous avez suivi le courrier des auditeurs, mais aussi l’édition de la rubrique « Son des mots » qu’Alex a consacrée au dessinateur Stanislas Barthélémy. Pour nous, les journalistes de RRI, il est très important de savoir que notre travail suscite l’intérêt des ceux qui nous écoutent. Merci bien de votre retour et bien des choses à vous et à vos proches !

     

    Merci Reine et Roger pour vos vœux de fin d’année. A notre tour, on vous souhaite du bonheur, plein de santé et de joie et espérons que RRI vous offre des moments agréables grâce à ces programmes. Bonne continuation sur nos ondes !

     

    Déplaçons-nous en Algérie pour un petit coucou amical à notre auditeur Abdelhakim Boudjemaa. Cher Monsieur, nous sommes fort contents de vous savoir à l’écoute de nos émissions. En revanche, il faut préciser que RRI n’est pas une radio commerciale et donc, elle n’a pas de matériels publicitaires. Nous n’avons pas la possibilité de récompenser par des cadeaux la fidélité de nos amis du monde entier. Les commentaires et les retours sur nos émissions vous valent des cartes QSL en format électronique. Merci de rester à l’écoute de RRI !

     

    Un beau poème d’Afrique

    Restons toujours en Algérie pour passer le bonjour de nous tous à Nouari Naghmouchi, notre fidélissime auditeur qui nous a envoyé un très beau poème, intitulé Tant que et que je voudrais bien lire pour vous tous :

    Tant qu’il y aura des saisons/Pour dérouler nos semaines/Oui, nous nous rappellerons/Tous ces beaux soirs qu’elles amènent/Tant qu’il y aura des saisons/C’est sûr nous ferons ensemble/La corvée à l’unisson/Du partage qui nous rassemble

    Des saisons, un violon/Des saisons, un cotillon

    Tant qu’il y aura des enfants/Pour déjouer la routine/Qu’ils crieront « Papa! Maman! »/Sous les parfums de la cuisine/Tant qu’il y aura des enfants/Pour éclairer l’innocence/Nous nous créerons des instants/Noyant l’indifférence

    Des enfants, des bonheurs/Des enfants, des tilts cœurs

    Tant qu’il y aura de l’amour/Qu’on en mettra sur la table/Il y en aura tous les jours/Aux étrangers, nos semblables/Tant qu’il y aura de l’amour/Dans les bras de la chance/Nous serons des troubadours/Pour soigner la souffrance

    De l’amour, à ton tour/De l’amour, à mon tour

    Tant qu’il y aura de l’argent/Pour nourrir ses habitudes/L’être humain n’aura pas le temps/D’habiter sa solitude/Tant qu’il y aura de l’argent/Pour nourrir des regards anonymes/L’être humain, lui, perdra son temps/À vouloir qu’on le surestime

    De l’argent, s’il t’en manque/De l’argent, fuis les banques

    Tant qu’il y aura des matins/Pour flâner sur un banc de brume/Et cueillir, là, à deux mains/Le dernier rayon de lune/Tant qu’il y aura des matins/Qui luiront dans la rosée/Nous aurons, oui, c’est certain/Des cauchemars à oublier

    Des matins, en refrain/Des matins, à demain.

     

    Chers amis, sur ces belles paroles, notre courrier prend fin. Ioana vous dit au revoir et vous donne rendez-vous d’ici un mois pour une nouvelle édition de ce programme. En attendant, portez-vous bien et prenez soin de vous.

  • Les Roumains et la lecture

    Les Roumains et la lecture

    Les livres remplacés par les écrans

    “La seule chose que tu dois savoir, c’est où se trouve la bibliothèque”, ces mots attribués à Albert Einstein résonnent comme un encouragement à la lecture. Pourtant à mesure que la technologie devenait de plus en plus accessible, les gens ont petit à petit cessé de lire. Les heures passées à scroller sur le téléphone nous ont volé un temps précieux, un temps à nous bel et bien perdu. Le téléphone vide nos vies de ce qui existe de plus précieux, le temps. Un temps de qualité, consacré aux proches, un temps que nous devrions utiliser à apprendre, à grandir en tant qu’être humain doté, n’est-ce pas, d’une intelligence supérieure…

    Il fut un temps où les livres, interdits par le régime communiste, réussissaient à se frayer un chemin clandestin vers les gens qui les lisaient alors avec avidité. Aujourd’hui, alors que tous les livres sont autorisés et faciles d’accès, nous préférons garder les yeux rivés sur nos téléphones au lieu de lire. Peut-être s’agit-il d’un des paradoxes de l’humain moderne : interdisez-lui quelque chose et il fera n’importe quoi pour l’obtenir, donnez-le-lui et il perd son intérêt.

    Dans un monde qui lit de moins en moins, les Roumains font partie de ceux qui lisent très peu. L’année dernière il s’est vendu en Roumanie pour 6 millions d’euros de livres, cela peut sembler beaucoup mais si on regarde à titre de comparaison chez nos voisins, nous constatons qu’en Allemagne, la vente de livres a généré 9 milliards d’euros. Par ailleurs, ce n’est pas parce qu’on achète un livre qu’on le lit, mais au moins peut-on y voir le signe d’un début d’intérêt pour la lecture.

    Comment se porte le marché du livre en Roumanie ?

    En Roumanie, les personnes qui lisent, lisent beaucoup et constamment, celles qui ne lisent pas, ne lisent pas du tout. Alina Ilioi Mureșan, responsable des relations publiques chez Bookzone, une librairie roumaine en ligne, considère que les Roumains achètent tout de même beaucoup de livres.

    “Le marché du livre en Roumanie est en expansion constante, et les Roumains lisent des livres de plus en plus divers. Bien sûr, je suis très heureuse de voir des Roumains qui commandent des livres, qui lisent en format papier et qui sont fascinés par le fait d’avoir une bibliothèque personnelle. Je trouve que l’année dernière a été une très bonne année, de tous les points de vue, tant en nombre de ventes que sur le plan éditorial. Les Roumains lisent beaucoup de développement personnel et de livres qui expliquent comment améliorer sa vie, sous tous les aspects. Ils sont intéressés par la santé mentale, l’alimentation saine, l’équilibre émotionnel et psychique. Les ouvrages traitant de géopolitique sont également très recherchés, probablement à cause du contexte actuel. Pour nous, les livres de fantasy sont les moins vendus même si un livre comme “Tant que fleuriront les citronniers” a rencontré un franc succès. En général, cependant, les Roumains lisent peu de fiction. C’est le cas, en tout cas, de nos lecteurs.”

    Que lisent les Roumains ?

    Il semble toutefois que les préférences varient d’une génération à l’autre. La génération silencieuse, les personnes nées entre 1928 et 1945, préfèrent la littérature classique. Les Baby-boomers, nés entre 1946 et 1964 aiment les romans policiers et d’horreur. La génération X, née entre 1965 et 1980, porte ses choix sur des classiques contemporains, des biographies et des ouvrages de science-fiction (il s’agit d’ailleurs de la génération qui lit le plus et des ouvrages divers). La génération Y, née entre 1981 et 1996, préfère la littérature contemporaine et la génération Z, née entre 1997 et 2012 a un penchant pour la fantasy, le développement personnel et l’entreprenariat.

    Pour Alina Ilioi Mureșan, si on se base sur les chiffres de vente, on peut parler d’une hausse de l’intérêt pour la lecture en générale. Alina Ilioi Mureșan.

    “Le marché du livre est en hausse constante cette année. Il est toutefois dur de se projeter. D’après mon expérience, on peut souvent être pris par surprise par certaines situations.”

    D’après les chiffres, les Roumains ne sont donc pas les derniers quand il s’agit d’ouvrir un livre. Ne serions-nous pas si à la traîne dans ce domaine ? Alina Ilioi Mureșan nous donne des raisons de rester optimistes.

    “Je n’y crois pas. Il m’est impossible de penser que les Roumains sont les plus mauvais lecteurs d’Europe, parce que je vois chaque jour le nombre de livres qu’ils commandent. Or les Roumains commandent des livres pour les lire, pas pour les laisser prendre la poussière dans un coin. Il s’agit d’un investissement financier et d’un effort qu’il font. Oui, les Roumains lisent et lisent beaucoup.” (Trad : Clémence Lheureux)

  • Timisoara, lue!

    Timisoara, lue!

    Mettre la ville à l’honneur

     

    A l’origine du projet l’on retrouve Patricia Lidia, notre invitée d’aujourd’hui, originaire elle-même de Timisoara. Elle avait déjà organisé plusieurs événements culturels, tels un club de lecture au Pénitencier de Timisoara, le premier de ce type en Roumanie, ou encore des ateliers créatifs pour enfants et la liste n’est pas terminée. Nous lui avons donc demandé de nous expliquer sa nouvelle idée :

     

    Patricia Lidia : « Son nom est un mélange ludique du verbe « lire » et du nom de la ville de Timisoara. On se propose de promouvoir les écrivains de la vile et leurs textes sur Timisoara, puisque souvent on a l’impression de se trouver à distance des autres zones du pays, de la capitale, et on pense que nos écrivains restent dans l’ombre et ne sont pas connus à leur juste valeur dans leur propre pays. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé cette initiative il y a 4 ans. Concrètement, il s’agit de rencontres non-formelles, des discussions plutôt que des présentations classiques de livres. L’idée c’est de voir surtout comment Timisoara se reflète dans les pages de écrivains nés dans cette ville. »

     

    Des rencontres informelles, par amour de la ville 

     

    Les écrivains qui participent à ces rencontres informelles, ont aussi d’autres métiers, ajoute notre invitée qui nous explique plus en détail le sens de ces débats :

     

    « Chacun d’entre nous a découvert l’histoire de Timisoara en faisant des recherches pour son livre. Et nous avons tous constaté que tous les endroits de cette ville – la Place de la Liberté, les bâtiments en style baroque, les restaurants huppés de la Citadelle, la Place Trajan ou le quartier Fabric – qui n’est plus qu’une ruine malheureusement – tous ont derrière des histoires beaucoup plus captivantes que nous ne l’avions imaginé et dont, malheureusement, nous n’étions pas du tout au courant. Puisque souvent les gens ont plutôt tendance à glorifier les villes qu’ils visitent durant leurs vacances, de voir seulement le beau côté des vacances passées ailleurs, tout en oubliant que l’on vit dans une très belle ville, avec une belle histoire et un charme à part, une ville que les touristes viennent visiter. Ainsi avons-nous découvert les trésors cachés de notre propre ville et ce qui nous unit, c’est ce désir de montrer la ville aux autres, avec sa riche histoire encore méconnue. Et pour cause : Timisoara ne se limite pas à une collection de vestiges de l’époque des Habsbourg, c’est aussi une destination culturelle, un endroit où des événements historiques importants ont eu lieu, mais dont on ne parle pas dans les cours d’histoire à l’école et qu’il faudrait faire connaître aux jeunes aussi pour qu’ils comprennent le contexte dans lequel Timisoara s’est développée. » 

     

    Une idée qui ne cesse d’attirer du monde

     

    Faire connaître l’histoire oubliée de cette belle ville, c’est une démarche 100 % culturelle et totalement apolitique, nous assure Patricia Lidia :

     

     « Nous, on ne fait pas de politique, on n’a rien à vendre. On veut tout simplement pouvoir rencontrer périodiquement des écrivains et des lecteurs de Timisoara, des gens passionnés par cette ville, de pouvoir discuter librement et simplement, comme si on était entre amis, sur les recoins de Timisoara qui ont captivé notre attention, d’écouter des fragments des livres que ces endroits ont inspirés, des passages lus par les écrivains mêmes qui les ont découverts. Tout a commencé donc par un groupe d’amis, de 6-8 personnes environ, qui se réunissaient pour échanger. Et lors de notre dernière rencontre on était plus de 35. A notre joie et surprise, pour la première fois, on a dû aller chercher de chaises chez nos voisins, car il n’y avait plus de place pour tous les participants, tellement ils étaient nombreux. Sachez aussi que nos rencontres ont lieu à deux endroits : la librairie Cărturești Mercy, au centre-ville, et AmPam, un resto du quartier Fabric. Récemment, on a démarré une collaboration avec la boutique d’un antiquaire de Timisoara (Anticariatul Queen), qui lancera bientôt l’étagère des écrivains de Timisoara ».

     

    Des faits méconnus, mis au jour

     

    Mais quels sont concrètement les trésors cachés dans ces livres ? Notre invitée nous donne quelques exemples :

     

    « Un des livres les plus importants que j’ai découverts à cette occasion est signé par Cristian Vicol et s’intitule « Une courte histoire de Timisoara avant 1716 ». Il ramène au premier plan non seulement d’importantes données historiques, mais il les garnit d’histoires et d’images captivantes, en offrant un nouvelle perspective sur l’histoire et les mythes de la ville. C’est dans ce livre que j’ai appris par exemple l’histoire du fameux roi magyar Charles Robert d’Anjou, vaincu et obligé à fuir après la célèbre bataille de Posada de 1330. A l’école on étudie cette bataille, mais on ne nous dit pas que Charles Robert d’Anjou avait sa résidence à Timisoara, qui à l’époque faisait partie du Royaume de Hongrie, et que c’est ici qu’avait démarré cette opération militaire. » 

     

    Une nouvelle génération d’écrivain très prometteuse

     

    Patricia Lidia se félicite du succès de ces rencontres littéraires et historiques et se dit confiante quant à l’avenir de la lecture et des écrivains de Timisoara, pour une très bonne raison :

     

    « Hormis les auteurs consacrés, bien qu’ils soient des amateurs, nous tentons de cultiver la passion pour l’écriture et pour la ville de Timisoara chez les enfants. Par conséquent, nous avons déjà des écrivains en herbe. D’ailleurs, je suis fière d’avoir pu contribuer à la parution d’un volume coordonné par la professeure Elena Manolache, qui dirige une merveilleuse classe du collège nr 25 de Timisoara, dont les enfants sont déjà des écrivains. Leur volume s’intitule « La vie de tous les jours dans la lecture ». C’est dire que les futures générations d’écrivains de Timisoara sont déjà en train de se former et je vous garantis que nous aurons de merveilleuses surprises à l’avenir ! »  

     

    Bref,25 le message que notre invitée souhaite transmettre pourrait se résumer ainsi : donnons une chance aux auteurs locaux et à leurs livres et n’oublions pas de regarder de plus près notre propre ville.  (trad. Valentina Beleavski)

     

     

  • Le festival de lecture pour les enfants, Narrative

    Le festival de lecture pour les enfants, Narrative

    L’événement a été organisé par la Fondation Curtea Veche.

     

    La première étape s’est déroulée au Collège National de l’école Centrale de la capitale, et la seconde, au Lycée Pédagogique de Timisoara. A Bucarest comme à Timisoara, les enfants et les adolescents âgés de 7 à 14 ans ont eu à leur disposition un salon du livre, des ateliers créatifs, ainsi que des rencontres avec des écrivains. Tout pour que chacun nourrisse sa passion pour la lecture et les livres. Irene Arsene, présidente de l’Association Curtea Veche, nous a expliqué que le Festival Narrative n’est pas uniquement consacré à la littérature ou à la fiction pour les enfants, mais aussi aux manuels théoriques adaptés à leur âge. « C’était la demande. Premièrement nous nous sommes concentrés sur « la lecture par plaisir », je fais ici référence à la littérature roumaine et universelle. Nous avons aussi organisé des ateliers et nous avons également appris que, par la lecture, nous formons notre esprit critique pour pouvoir développer notre cerveau et l’éducation des enfants. Nous avons été très surpris de constater que les premiers ateliers dans lesquels se sont inscrits les enfants étaient ceux consacrés aux sciences. Ils voulaient en apprendre davantage sur la chimie, la physique ou la robotique. C’était une vraie surprise. Ils ont aussi manifesté de l’intérêt pour le théâtre, par exemple, ou la cinématographie. Ce festival est une vraie fête, le seul consacré à la lecture pour les enfants, quelque chose dont je n’ai jamais entendu parler avant. C’est une rencontre très plaisante entre les parents, les enfants et les pédagogues. Lorsque les enfants poursuivent les ateliers, les parents peuvent aussi participer à des rencontres avec des psychologues pour parler de leur problèmes, et leur demander comment inciter les enfants à lire ou comment les aider à lire davantage. »

     

    A chaque nouvelle édition, le taux de participation a dépassé nos espérances.

     

    Lors de l’édition de mars dernier par exemple, plus de 2 000 enfants se sont inscrits. Ils ont eu l’opportunité de participer à 50 ateliers sur des thèmes divers, de l’écriture créative aux rencontres avec des psychologues de renom ou des écrivains. Irene Arsene a constaté que les enfants étaient très facilement captivés par des sujets qui les intéressent. Elle nous a aussi parlé de ce qu’elle avait observé à travers les quatre édition du festival Narrative :

     « En parlant d’un sujet ou d’un livre adapté à leur tranche d’âge, on constate que l’on obtient très rapidement des résultats. En organisant le festival Narrative entrecoupé de pause d’une semaine entre chaque activité, nous avons eu des retours très positifs des parents qui nous ont raconté que leur enfant avait lu chaque jour de la semaine pendant la période de pause qui précédait la deuxième semaine d’activité. Peu importe le thème ou le livre choisi par l’enfant, l’important est qu’il lise chaque jour. Il peut commencer par lire 10 minutes, puis 20 minutes, ce qui lui permet déjà d’acquérir un bagage intellectuel extraordinaire. Les neurosciences ont démontré qu’un enfant qui lit seulement quelques livres durant sa scolarité aura déjà un niveau de vie supérieur à la moyenne ».

    Ce week-end à Timisoara, au Collège pédagogique national Carmen Sylva, le festival Narrative organise des ateliers de bande dessinée sur la mythologie de la Grèce antique, d’écriture créative, d’initiation au théâtre et d’analyse comparative entre les livres et leurs versions cinématographiques. (Trad : Andra Juganaru & Charlotte Fromenteaud)

  • Christian Ghibaudo (France) – Des campagnes censées encourager la lecture

    Christian Ghibaudo (France) – Des campagnes censées encourager la lecture

    En janvier
    2022, Christian Ghibaudo nous posait la question suivante :
    « que fait le service public de radio et télévision pour
    encourager les Roumains à lire un peu plus ? Par exemple, disait-il,
    en France, à la télévision nous avons la grande librairie et à la radio la
    librairie francophone. Cette dernière émission diffusée le samedi après midi
    sur France Inter est largement plus intéressante, opinait notre auditeur. Hé
    bien, cher Christian Ghibaudo, récemment, une campagne lancée par une des
    maisons d’édition les plus connues de Roumanie, m’a fait penser justement à ce
    sujet. Effectivement, les statistiques sur la place que les livres occupent
    dans la vie des Roumains sont plus qu’inquiétantes : 93,5% des Roumains
    n’achètent aucun bouquin par an ce qui fait que le marché roumain du livre soit
    un des moins importants en Europe.


    Dans ce contexte, la maison
    d’édition Nemira vient de lancer la campagne « Bookvertising » censée
    encourager la lecture et la littérature roumaine contemporaine. Comment ? « Hé
    bien, en plaçant dans les publicités aux différents produits autochtones des
    livres écrits par des auteurs roumains contemporains », explique
    Laura Câlţea Vinţ, bloggeuse, en citant le communiqué de presse officiel. Il est très rare que des
    bouquins soient présents dans des publicités et lorsqu’ils le sont, ils font
    plutôt partie du cadre, donc impossible de déchiffrer le nom de l’auteur ou le
    titre. Et si tous ces livres deviennent réels et que leurs auteurs soient mis
    en avant ? Voilà l’idée qui a servi de tremplin à cette campagne qui a
    enthousiasmé déjà plusieurs marques importantes de produits roumains. « Par
    cette campagne, poursuit Laura Câlţea Vinţ, Nemira souhaite que le public
    considère une sorte de normalité de voir des livres apparaître dans des
    publicités ».


    Pour
    cela, rien de plus simple: les maisons d’édition dressent des listes d’auteurs
    roumains contemporains et de leurs livres et les producteurs entrent sur la
    plateforme Bookvertising, à l’adresse www.bookvertising.ro pour choisir
    le bouquin qu’ils souhaitent intégrer dans la publicité faite à leurs produits.

    Cette idée
    innovatrice cartonne déjà sur les réseaux et a toutes les chances d’encourager les
    Roumains à lire, notamment de la littérature roumaine contemporaine. Et pour
    que cette démarche soit encore plus pertinente, les Maisons d’édition Nemira
    ont lancé dans le cadre de cette même campagne, une pétition enligne censée
    convaincre le Conseil national de l’Audiovisuel à faire passer à la télé le
    message « Pour un développement harmonieux, lisez au moins un livre par
    mois ».

    Les Roumains
    lisent moins de 5 minutes par jour et 41% des élèves roumains ont des
    difficultés de la lecture, titre le journal Libertatea qui a consacré tout un
    article à cette campagne intéressante. Parmi les livres promus jusqu’à présent dans
    le cadre de la campagne Bookvertising, une grande partie figurent dans la
    collection N’auteur coordonnée par Eli Badica, celle à qui on doit, en fait, l’idée de cette campagne mise en place avec ses collègues du Département de Relations publiques de Nemira. La collection N’auteur est consacr&e justement aux auteurs roumains contemporains. Une chance de plus donc offerte à ceux-ci de se faire
    connaître dans un pays où la lecture perd de plus en plus, du terrain. Et
    pourtant, n’oublions pas que le simple fait de lire enrichit notre vocabulaire,
    nourrit l’imaginaire, réduit le stress et améliore la concentration.

    Le lien audio de cette réponse est à écouter ici:

  • Un club de lecture pour les femmes

    Un club de lecture pour les femmes

    Et comme ces réunions avaient lieu dans un restaurant espagnol, le jeu de mot était inévitable : des femmes libres et des livres… ça donne « Mujeres Livres» (Les femmes-livres/libres).Cezarina Caloian, artiste et maître de conférence à la Faculté d’art de Iaşi, dans la section art graphique, est une participante assidue. Elle nous raconte : « Arina Cosma et Florina Vârnă, les fondatrices, toutes deux originaires de Iaşi, sont à l’origine de cette idée. Le Club est né en hiver 2020. Nous nous sommes vues quelques fois, avant que ne débute le confinement. Nous avons annulé les sessions dans les premiers mois de la pandémie. Nous avons ensuite décidé de les faire en ligne. Nous nous réunissions, et c’est encore le cas aujourd’hui, toutes les trois semaines. Nous accueillons toutes celles qui souhaitent participer, car il existe une communauté de femmes sur internet et Florina Vârnă arrive à coordonner très bien l’ensemble. Nous sommes une dizaine à participer régulièrement depuis le début du projet. Certaines n’ont participé qu’une ou deux fois, et d’autres, séduites, choisissent de poursuivre l’aventure. »

    Lavinia Popescu, l’une des participantes, partage avec nous son expérience : « C’est vrai un club de lecture. Nous nous retrouvons pour discuter des œuvres que nous avons lus, car un livre ne s’achène pas une fois la lecture de la dernière page terminée. L’histoire se poursuit, au travers de nos discussions. J’ai l’impression que de cette façon nous rendons hommage au travail de l’auteur. Nous avons envie de partager ensemble notre ressenti sur les ouvrages que nous avons lus. Certaines partagent leurs impressions sur le texte, d’autres racontent un voyage introspectif. On ne se sent jamais seul pendant une lecture. On a envie de partager ses sentiments, et surtout, de connaître ceux des autres. C’est comme ça que ce club est apparu comme une évidence. Il est tout naturel d’éprouver le besoin de faire partie d’une communauté dans laquelle on peut s’exprimer librement. C’est aussi pour cela que ce groupe existe, et nous nous réjouissons d’avoir cet espace d’écoute partagée. »

    Lavinia Popescu partage avec nous ses souvenirs des premières réunions du Club de lecture : « Nous étions une vingtaine la première fois. Nous étions ravies de nous réunir. Nous étions toutes agréablement surprises. Ensuite la pandémie est arrivée. Durant cette période, le club de lecture nous a tenu compagnie et nous a permis de survivre. Nous avons découvert au fil de nos lectures comment l’humanité a survécu jusqu’ici et cela nous a convaincues que nous pouvions tout surmonter. Nous avons lu les récits des déportés qui ont survécu aux goulags de Sibérie, notamment grâce au livre « Zouleikha, ouvre les yeux », de Gouzel Iakhina. Nous avons découvert la vie sous les bombes avec l’œuvre de l’auteur Afghan Khaled Hosseini Nous avons appris l’attente, avec « Hiverner » de Katherine May. Elif Shafak nous a réconfortées avec ses « 40 règles de l’amour ». Lorsque je vois la bibliothèque constituée par nos lectures, je ne peux être que reconnaissante du chemin que nous avons parcouru ensemble et de la communauté que nous avons réussi à constituer. Et nous souhaitons agrandir cette famille, pour apporter aux femmes l’inspiration dont nous avons tous besoin au quotidien. »

    Cezarina Caloian rajoute : « J’ai lu beaucoup de livres d’auteurs différents, Elik Shafak, Hosseini Khaled, Maria Duena, ou Carlos Ruiz Zafón. J’ai aussi lu Vargas Llosa ainsi que des auteurs roumains comme Laura Ionescu avec son livre « Nu te găsesc pe nicăieri » (je ne te trouve nulle part) que nous avons invité à l’une de nos réunions en visio-conférence. Les titres que nous choisissons sont très différents, et ne reflètent pas la même culture ou le même genre de littérature. A la fin de chaque réunion nous nous mettons d’accord sur les lectures pour la fois suivante. Chacune d’entre nous lit un livre, prend des notes, souligne des passages intéressants. Ensuite, pendant la réunion en ligne, modérée par l’une des deux fondatrices, Gearina Cosma, nous abordons différents sujets et aspects, les personnages, le récit, nous partageons nos avis, ce qui donne parfois lieu à un débat. Il est aussi intéressant de relever que les participantes sont issues de milieux socio-professionnels différents. Nous accueillions des médecins, psychiatres, psychologues, personnels de santé, artistes, informaticiennes, étudiantes. Chacune contribue au débat en partageant sa propre interprétation sur le texte. C’est là que réside pour moi toute la force de ces rencontres. »

    Lavinia Popescu nous a expliqué que les livres lus étaient choisis démocratiquement, par votes. Chacune peut donner son avis et partager son ressenti sur une œuvre, et c’est ce qui fait la joie des participantes. « Il ne s’agit pas que de partager son plaisir de lire. Il s’agit aussi de mieux apprendre à se connaître au travers de la lecture. Nous sommes toujours ravies de connaître les points de vue des autres sur ce que nous avons lu. Par exemple, qu’en a pensé la philologue, la psychologue, ou n’importe qui d’autre, peu importe son domaine de compétence. Nous partageons nos idées, certaines les notent, d’autres pas, chacune pioche ce qui l’intéresse. Nous sommes généralement un noyau de sept participantes, mais nous accueillons chaque fois de nouvelles têtes. Notre porte est ouverte à toutes celles qui le souhaitent. La visio conférence représente un avantage en ce sens. Nous aimerions nous rencontrer en vrai, mais les sessions en ligne permettent à celles qui sont loin de participer malgré tout. »Si vous aussi vous souhaitez rencontrer d’autres femmes passionnées de littérature, vous pouvez les retrouver sur la page Facebook « Mujeres Livres » et leur envoyer un message. (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • La Journée européenne du livre à Cluj

    La Journée européenne du livre à Cluj

    The European Book Day (La Journée européenne du livre) a eu lieu au Centre de culture urbaine, ouvert dans l’ancien Casino de la ville, détaille Bianca Mereuță, directrice des Éditions Signatura, impliquée dans l’organisation de l’événement : « En organisant cette « European Book Day », nous avons voulu resserrer le lien entre les jeunes lecteurs et les livres de la manière la plus créative possible, à travers des formats intéressants et agréables, qui les aident à se sentir à l’aise et à regarder le livre comme une alternative aux nombreux stimuli quotidiens. Dans le cadre de la « European Book Day », projet démarré en Autriche et cofinancé par le Programme « Erasmus+ », cinq pays organisent des événements durant lesquels des jeunes, de milieux vulnérables, avec moins d’accès au livre et aux actions culturelles, ont l’occasion de rencontrer des auteurs, des éditeurs, mais aussi des jeunes de milieux plus favorisés, pour passer ensemble une journée consacrée à la joie et au plaisir de la lecture partagée. Le projet est mis en œuvre dans quatre pays européens et le cinquième en est le partenaire de communication. L’Autriche est l’initiatrice de la Journée européenne du livre (European Book Day), la Roumanie a continué le 27 avril, puis ce sera la Suède en mai et l’Allemagne mettra le point final en novembre. The European Book Day est un projet consacré aux jeunes. »

    Bianca Mereuță a présenté plus en détail l’agenda de cette première édition de la « European Book Day » : « La Journée européenne du livre (TheEuropean Book Day) s’est proposé de rapprocher du monde du livre aussi bien les jeunes des milieux défavorisés que ceux ayant plus facilement accès à l’éducation. Avant la tenue des événements proprement-dits, nous avons organisés plusieurs ateliers artistiques et d’écriture créative, au cours desquels les jeunes de milieux défavorisés ont produit des créations qui ont été présentées ensuite lors des événements prévus. Nous avons essayé ainsi de montrer que la lecture, le livre et la créativité sont à la portée de tous. Chacun de nous a des ressources de créativité, mais pour vraiment créer quelque chose, nous avons besoin d’acquérir une culture plus profonde et de comprendre l’importance de l’apprentissage et de l’instruction scolaire. Le 27 avril, le Casino-Centre de culture urbaine a ouvert ses portes aux enfants, aux jeunes et aux adultes pour la Journée européenne du livre et pour leur plus grand plaisir et le nôtre. Il faut que les jeunes voient qu’au-delà des réponses immédiates et faciles à leurs besoins, il existe aussi une promesse solide et de longue haleine. C’est la promesse de l’éducation, qui se construit dans la durée, mais qui façonne un être humain fort et confiant en lui-même, grâce à un fondement solide, assis sur le livre. »

    Pour ce qui est de l’avenir du projet de la European Book Day, Bianca Mereuță nous a avoué: « Nous souhaitons faire de la European Book Day une manifestation pluriannuelle. Nous aimerions que la Journée européenne du livre touche le plus grand nombre de jeunes à travers la Roumanie, car nous en avons tous besoin. Nous espérons donc que cette fête du livre se développe et qu’elle ait un impact sur le public de Cluj, pour qu’il se souvienne et comprenne l’importance de la lecture au quotidien. »

    Ajoutons à cela le fait qu’à partir de cette année, la Roumanie a mis en place une Journée nationale de la lecture, marquée le 15 février, qui se veut un remède contre une réalité peu réjouissante, révélée par les statistiques : les Roumains accordent en moyenne moins de cinq minutes par jour à la lecture et lisent environ un livre par an. Dans un pays où moins de 10% de la population achète un livre par an, l’école joue un rôle essentiel pour préserver l’activité apparemment obsolète qu’est la lecture en tant que sortie de secours d’un univers superficiel, dominé par des clicks irréfléchis. La lecture tisse des liens profonds et solides dans nos esprits, a déclaré le ministère de l’éducation de Bucarest, qui avait modifié, le 15 février dernier, les horaires des établissements scolaires afin que des activités de lecture puissent se tenir avec la participation de tous les élèves, durant un quart d’heure. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Christian Ghibaudo (France) – La Journée nationale de la lecture

    Christian Ghibaudo (France) – La Journée nationale de la lecture

    La nouveauté, c’est que ce mois-ci, plus précisément le 15 février, a été célébrée en première la Journée nationale de la lecture. En effet, en 2021, le Sénat et la Chambre des députés roumains adoptaient une proposition de loi de plusieurs parlementaires en ce sens. L’initiateur de la loi avait souligné la situation de Roumanie et mis en exergue pourquoi une proposition afin d’encourager la lecture était nécessaire. En l’occurrence, la Roumanie a une consommation de livres de plus en plus faible. Moins de 10 % des citoyens achètent un livre par an. Selon les statistiques, les Roumains, et notamment les enfants et les jeunes, « lisent très peu : 68,5 % d’entre eux n’ont même pas lu un seul livre cette dernière année, 20 % des Roumains lisent une fois par mois et 8 % lisent tous les jours. Par ailleurs, 38,7 % des personnes de 15 ans ne comprennent pas ce qu’elles lisent, le taux d’analphabétisme fonctionnel se monte à 40 % en Roumanie et près de 50 % des lycéens ne réussissent pas leur bac, indique la Chambre des députés citée par les agences roumaines de presse. Or, selon le ministre de l’Education, la lecture construit des liens profonds et pérennes dans le mental des gens, qu’ils soient adultes ou enfants.



    La date a été choisie parce que c’est la date de naissance de deux grandes personnalités roumaines : Titu Maiorescu et Spiru Haret. Le premier a été un avocat, essayiste, critique littéraire, franc-maon, homme dEtat, ministre de lintérieur et membre fondateur de lAcadémie roumaine et de la société littéraire Junimea. Spiru Haret a été un scientifique, mathématicien, astronome, pédagogue, ministre de lEducation et académicien roumain.



    La loi précise que des activités culturelles, sociales et éducatives peuvent être organisées ce jour-là, mettant en évidence l’importance de la lecture, notamment dans la formation des enfants et des jeunes. Des activités pour promouvoir et encourager la lecture peuvent être organisées dans les établissements d’enseignement, au cours des classes ce jour-là. Les bibliothèques peuvent être invitées à présenter leurs services, les élèves peuvent s’y inscrire, collecter et faire des dons de livres, y compris en organisant leurs propres stands à l’intérieur des établissements d’enseignement.



    Par ailleurs, les associations et fondations qui mènent des activités éducatives peuvent être invitées à organiser des clubs de lecture, des ateliers d’écriture créative, d’illustration de livre, des discussions sur la littérature ou des programmes similaires. Les autorités de l’administration publique, les services publics déconcentrés ayant des attributions dans les domaines de l’éducation et de la culture ainsi que les établissements d’enseignement supérieur peuvent accorder un soutien matériel, financier et logistique aux bibliothèques, aux musées, aux établissements d’enseignement, aux ONG, aux maisons d’édition et à d’autres institutions qui œuvrent dans le domaine de l’éducation et de la culture afin d’organiser des évènements pour encourager la lecture », lit-on dans cette disposition législative.



    Le 15 février dernier, de 11 h à 14 h 00, des activités de lecture ont été organisées pour tous les élèves, sous le slogan « Lisons ensemble ! ». Au préalable, le professeur aura recommandé à tous d’apporter leur livre préféré ou d’en emprunter un à la bibliothèque et de lire soit individuellement, soit par petits groupes, pendant 15 minutes. L’idée, c’est de promouvoir la lecture en tant qu’habitude quotidienne, pas de faire une analyse du texte.



    Et selon la loi, à l’occasion de cette Journée, Radio Roumanie et la Société roumaine de télévision produisent, diffusent ou rediffusent des émissions pour promouvoir et encourager la lecture. L’Institut culturel roumain, le Département pour les Roumains du monde, les ambassades et consulats de la Roumanie sont invités à mener des projets culturels et/ou éducatifs consacrés à la Journée nationale de la lecture.

  • La lecture, une urgence nationale

    La lecture, une urgence nationale

    Vous avez peut-être entendu parler des statistiques dans lesquelles les Roumains sont en queue de peloton au niveau européen pour ce qui est de la place accordée à la lecture. On entend parfois des voix crier à la manipulation, à une stratégie de contre-marketing censée donner une mauvaise image du pays en Europe. Toutefois, la réalité est bel et bien dramatique : une étude de la Banque Mondiale datant de mars dernier indique qu’un Roumain lit, en moyenne, moins de cinq minutes par jour. Pour les Roumains, finir de lire un livre par an relève déjà de l’exploit et 35 % d’entre eux affirment n’avoir lu aucun livre de leur vie ! Et ce malgré les bienfaits indiscutables de la lecture : au niveau individuel, elle favorise un développement harmonieux et réduit le stress. Pratiquée tous les jours, elle construit et consolide les circuits neuronaux. En plus, au niveau collectif, elle participe au développement économique et social. La Banque Mondiale indique qu’un taux important d’alphabétisation est associé à une population plus saine, vivant dans une société qui connaît moins d’infractions et une croissance économique plus importante.

    L’intérêt des Roumains pour la lecture a commencé à décliner environ une décennie après la révolution anticommuniste de 1989, évolution qui ne peut être entièrement associée au développement d’Internet. Les jeunes générations se sont progressivement désintéressées de la lecture, alors que l’importance de la lecture dans le développement des capacités cognitives des jeunes est bien connue. Quelles causes et surtout quelles solutions, voilà les questions que nous avons posées à Marina Constantinoiu, journaliste et collaboratrice de la Faculté de journalisme et des sciences de la communication de l’Université de Bucarest : « Malheureusement, la relation des étudiants avec la lecture est plutôt mauvaise – et cela sans lien avec l’ère d’internet. Ce n’est pas quelque chose de récent, cela fait environ 25 ans que c’est comme ça. On montre du doigt Internet, mais ce n’est pas du tout le seul responsable, ni le plus important. Je crois que c’est dans les familles que cela se joue – quand la famille n’encourage pas les enfants à lire ou qu’elle tolère le manque d’intérêt des enfants. Je ne sais pas si on nait avec un appétit pour la lecture, mais il est certain qu’une partie d’entre nous avons été encouragés dans cette voie. C’est ce qui devrait arriver il me semble. A mon avis, c’est une affaire d’urgence nationale, les chiffres sont désastreux. On le remarque dans la pauvreté du vocabulaire que nous employons pour communiquer. »

    Des valeurs telles l’éducation, le culte pour le livre, le respect pour les professeurs disparaissent peu à peu de la société. Si on veut garder notre identité nationale et assurer la survie de notre culture, il faudrait déclarer la lecture une urgence nationale, estime notre interlocutrice, Marina Constantinoiu : « J’ai aussi été étudiante et à présent j’ai l’occasion de voir les étudiants depuis ma place de professeur, en enseignant ou quand on discute parfois en dehors des cours. J’essaie souvent d’apprendre d’eux ce qui les passionne, s’ils lisent et combien. Mais dernièrement je n’ai plus cette curiosité, car les choses deviennent de plus en plus évidentes. On sent le manque de lecture dans leur façon de s’exprimer ou dans leur la manière de rédiger les travaux qu’ils ont à remettre. Ou même dans la peur que j’ai pu percevoir chez certains lorsqu’ils étaient devant un texte plus long, car cela était synonyme d’ennui. Rester tranquille pendant quelques minutes, lire, se concentrer sur un texte et essayer de le comprendre. Eh bien, cela fait peur à beaucoup. »

    C’est si important que la famille, peu importe le niveau d’éducation, cultive le respect et l’intérêt de l’enfant pour la lecture. Sans les connaissances et les expériences auxquelles la lecture nous donne accès, on se retrouve complètement démuni, juge Marina Constantinoiu : « Les générations plus âgées, les gens qui ont 40 ans ou plus, lisent. Je fais partie de cette catégorie et j’ai l’impression d’être un dinosaure. Mais cette situation n’est pas normale ! Cette éducation devrait venir de la famille et, si on n’y arrive pas, je suis d’avis qu’il faudrait imposer la lecture par la force, car c’est elle qui vous forme. J’explique cela à des lycéens qui font la grimace quand il s’agit de lire. Oui, ce sont les années les plus rebelles, mais ce n’est pas possible de partir dans la vie sans provisions. On a besoin de ce bagage d’informations, de tous les mots que l’on apprend en lisant. Peu importe comment on les appelle – informations, mots, idées, métaphores – ce qui compte, c’est de les avoir et de pouvoir les utiliser tout au long de sa vie. »

    Si votre interlocutrice vous a convaincus, vous aussi, faites de votre mieux pour apprendre la joie de la lecture aux jeunes. Faites-leur découvrir la joie de se plonger dans un livre. C’est si important pour leur avenir ! (Trad. Elena Diaconu)

  • Weekends au Musée national d’art contemporain

    Weekends au Musée national d’art contemporain

    Le Musée national d’art contemporain (le MNAC pour les habitués), a beaucoup fait parler de lui depuis son ouverture, il y a 20 ans. Occupant à présent une partie de l’aile ouest de l’imposant Palais du Parlement de Bucarest, un symbole en soi, c’est d’abord la taille du Musée qui impressionne, voire qui intimide. Le MNAC ne présente plus d’exposition permanente, et renouvelle ses expositions deux fois par an, l’occasion de montrer de nouvelles œuvres de sa collection et d’exposer des artistes roumains et internationaux. L’année dernière, année Covid comme on l’a appelée à juste titre, le Musée a choisi deux directions de développement. Tout d’abord, le MNAC a lancé un appel aux artistes pour l’acquisition d’œuvres, le premier en 12 ans, pour un montant de 2 millions de lei (quelque 400 000 euros). Mais 2020 a aussi été l’occasion de mettre en place plusieurs programmes afin d’attirer le jeune public vers le musée. Des ateliers pour expliquer aux enfants les expositions en cours et le processus de création dans l’art contemporain, « L’art par courrier », qui met en lien jeunes et personnes âgées afin de renouer le dialogue intergénérationnel ou encore « Weekends au MNAC – Soirées de lecture pour les petits ». C’est de ce dernier que nous allons parler aujourd’hui en détail, de la volonté de présenter des titres de la bibliothèque du Musée aux plus jeunes, afin d’éveiller leur intérêt pour la lecture, l’art et, pas en dernier lieu, pour le dialogue.

    Astrid Bogdan, bibliothécaire au Musée national d’art contemporain, nous raconte les débuts du projet : « A la fin de l’année dernière, mes collègues et moi avons lancé « Les soirées de lecture au MNAC ». Pratiquement, nous avons rendez-vous, petits et grands, chaque vendredi à 19 h pour lire des histoires de la bibliothèque du Musée. Petit à petit, nous essayons d’introduire dans ces sessions, conçues autour de la lecture, des interventions visuelles d’illustrateurs de livres ou des interventions musicales. Nous souhaitons enrichir le texte avec des images et des sons. Il n’y a pas de limite d’âge pour participer aux ateliers, que nous voulons les plus ouverts qui soit. Nous souhaitons, dans le même temps, continuer la tradition des histoires racontées devant la cheminée, alors la participation est gratuite. Et, avantage d’un événement virtuel, nous accueillons des participants de Roumanie et de l’étranger aussi. »

    En parlant ici et ailleurs, estime notre interlocutrice, ce type d’atelier soutient auteurs roumains aussi bien que les étrangers. Astrid Bogdan : « Nous dédions certaines soirées de lecture aux livres qui abordent le thème de l’autisme ou des troubles du développement ou qui parlent d’enfants ayant des capacités spéciales. Nous essayons d’organiser plusieurs rencontres sur la même thématique. Celles autour de l’introversion, par exemple, ont eu un grand succès. En ce moment, nous tâchons d’associer les auteurs à notre démarche pour que chaque vendredi soir un auteur nous fasse découvrir son livre. »

    Côté participation, le nombre d’enfants qui se connectent pour les soirées de lecture du MNAC peut varier pas mal. Il y a parfois 30 participants, parfois plus, mais il y a aussi eu des ateliers avec 70 inscrits. La participation étant limitée à 25 enfants, s’il y a plus d’inscriptions, une autre soirée lecture est organisée un autre soir. En plus du nombre croissant d’inscrits, ce sont surtout les messages de remerciement et d’encouragement reçus après chaque rencontre qui motivent les bibliothécaires du MNAC à continuer le projet et à toujours rechercher de nouveaux titres inédits.

    Astrid Bogdan raconte que ce programme a fait découvrir aux gens la bibliothèque du Musée et les a fait venir sur place pour mieux l’explorer : « J’ai dû leur lire dans la bibliothèque aussi et ça m’a donné envie d’organiser ces soirées de lecture sur la terrasse du musée, quand cela sera possible. Mais nous continuerons à rester en ligne aussi, car beaucoup de participants nous rejoignent depuis leur domicile, de différents endroits de Roumanie ou de l’étranger. Nous pensons que tout jeune peut atteindre, à travers la lecture et l’art, la liberté de choix, et peut se créer de bonnes habitudes, parce que nous plaidons pour des histoires avec un message qui résiste au temps. »

    Une invitation à saisir, le soir et en ligne si vous êtes à distance (et si vous parlez le roumain) ou en vrai, au Musée d’art contemporain de Bucarest. La bibliothèque est ouverte au public du lundi au vendredi entre 13h30 et 17h30 et aussi le premier dimanche du mois, aux mêmes horaires. (Trad. Elena Diaconu)

  • Un Calendrier de l’Avent plutôt surprenant

    Un Calendrier de l’Avent plutôt surprenant

    Un calendrier de l’Avent
    2020 d’un genre nouveau est proposé aux plus petits par l’Association des
    écrivains pour enfants et adolescents « De Basm ». Il s’agit d’un
    calendrier qui compte mesurer la distance qui nous sépare de la fête de Noël à
    l’aide des histoires destinées aux enfants, selon les membres de l’association.
    Et parce que cette année les fêtes de fin d’année seront célébrées plutôt à
    l’intérieur qu’à l’extérieur, souvent grâce à la technologie digitale, le
    calendrier de l’Avent proposé par l’association De Basm n’y fera pas exception.
    Apprivoiser les livres à travers internet, pourquoi pas ?






    L’auteure Adina Rosetti, une des initiatrices du calendrier, nous explique le
    concept : « Il s’agit de
    réinterpréter la tradition du célèbre calendrier de l’Avent, selon laquelle les
    enfants reçoivent chaque jour du mois de décembre un cadeau, et cela jusqu’à la
    veille de Noël. Et nous avons imaginé ces cadeaux d’un genre nouveau, sous la
    forme d’une histoire, enregistrée par son auteur la plupart du temps. Il s’agit
    des auteurs d’histoires pour enfants qui lisent leurs propres créations. Et
    puis, nous avons d’autres invités qui lisent, eux, leurs histoires préférées
    aux tout petits. Comme tout calendrier de l’Avent qui se respecte, le nôtre
    aussi compte 24 jours. Et on a débuté le 1er décembre par une
    lecture collective du livre « Les Insoumises », qui raconte les vies
    et les exploits de ces femmes remarquables, qui ont laissé leurs traces dans
    l’histoire, la science ou la culture roumaine. « Les Insoumises » est
    un projet plus ancien de notre association. Et puis, chaque jour, on poursuit
    de la sorte, par un nouvel invité et une nouvelle histoire, retransmise sur la
    page Facebook de l’association. »






    Mais quand
    et comment sont diffusées les histoires quotidiennes aux enfants, sur
    internet ? Adina Rosetti : « Tous
    les soirs, à 19h00 pile, nous mettons en ligne une nouvelle vidéo sur la page
    Facebook de l’association. Ces vidéos seront archivées sur cette même page, et
    pourront ainsi être réécoutées et regardées à tout moment. Mais j’aimerais
    mentionner les noms des auteurs qui ont d’ores et déjà enregistrés les
    histoires qu’ils avaient écrits. Il s’agit tout d’abord de la poétesse Carmen
    Tiderle, que les enfants adorent pour ses jeux de mots inattendus, Alex
    Moldovan ensuite, auteur de la série des péripéties d’Olguța, puis l’écrivain
    Victoia Pătrașcu, mais aussi l’astronome Adrian Șonka. Il s’agit de quelques
    noms qui me viennent maintenant à l’esprit, mais il y en a bien davantage. Nous
    comptons aussi des invités spéciaux, qui œuvrent hors le domaine littéraire. Un
    acteur de théâtre, puis l’astronome Adrian Șonka, déjà mentionné, et qui s’est
    ingénié à populariser les secrets de l’astronomie pour les rendre accessibles
    aux enfants. Nous proposons donc des histoires variées, adaptées à différentes
    tranches d’âge ».






    Parmi les autres écrivains engagés dans la mise à bien du
    projet du Calendrier de l’Avent 2020 de l’association De Basm rappelons Cristina Andone, Dan Coman, Iulia Iordan, Laura Grunberg, Lavinia
    Braniște, Radu Vancu, Sînziana Popescu, TO Bobe. Leurs histoires seront disponibles
    en ligne même après le 24 décembre, lorsque ce calendrier inédit de l’Avent
    s’achèvera en beauté, par une surprise. A ne pas ébruiter avant, nous
    avertissent les initiateurs du projet. On ne le fera pas, c’est promis. (Trad.
    Ionut Jugureanu)

  • Un novembre numérique et francophone pour les enfants

    Un novembre numérique et francophone pour les enfants

    Bonjour à toutes et à tous !
    Pandémie oblige, les activités culturelles se déroulent en ligne ce jours-ci
    partout dans le monde. Les activités des antennes de l’Institut Français de
    Roumanie n’y font pas exception. Aujourd’hui je vous propose de découvrir quelques
    surprises réservées aux enfants de Timisoara sous le titre Novembre numérique,
    avec mon invitée, Teodora Achim, chargée de communication et marketing à
    l’Institut Français de Timisoara.

  • Gaudeamus 2020 – le retour à la lecture.

    Gaudeamus 2020 – le retour à la lecture.

    La foire internationale du livre Gaudeamus Radio România se déroule ces jours-ci dans une formule adaptée à la pandémie et aux restrictions en place actuellement. Plus précisément, l’événement se déroule exclusivement en ligne, une formule censée assurer la pérennité de ce projet culturel ayant déjà une tradition de plus d’un quart de siècle. Le président honoraire de la 27-e édition de la foire est l’écrivain d’origine roumaine Norman Manea, établi depuis plus de 30 ans aux Etats-Unis et proposé à plusieurs reprises au Nobel de la littérature. Ecoutons Norman Manea : « Dans cet état de tension dans lequel vit tout le monde, la promotion de la culture est un geste qui mérite d’être loué et je me réjouis que les organisateurs aient pensé à un exilé comme moi, qui, tout le monde le sait, est toutefois très lié à son pays, à sa langue, qu’il considère sa patrie personnelle. », a déclaré Norman Manea.

    Une centaine d’entreprises participent à l’événement, y compris les maisons d’éditions les plus prestigieuses de Roumanie, des distributeurs de livres roumains et étrangers, des distributeurs de musique et de jeux éducatifs. Ils se retrouvent tous sur le nouveau site www.gaudeamus.ro, dans la section Catalog, avec des pages de présentation individuelles dédiées justement à cette édition, organisée en partenariat avec le site www.elefant.ro, un des plus important magasins virtuels de livres de Roumanie.

    En outre, plusieurs centaines d’événements organisés par la radio publique roumaine et par les participants à cette édition seront disponibles en ligne ou enregistrés dans la section dédiée au programme figurant sur le site de la foire. Des dizaines de lancements et de présentations de livres ont eu lieu dès le premier jour de l’événement. Cette édition en ligne est synonyme d’adaptation et comme dans le cas de tous les événements réunissant un public important, à l’avenir les éditions en présentiel seront sans aucun doute doublées d’éditions en ligne, affirmait lors de l’inauguration du Salon, Georgică Severin, PDG de la radio publique roumaine: « Cette pandémie a fait revenir la soif de culture. Les auto-isolements, la quarantaine, nous ont obligés à nous tourner vers le livre, soit en format classique, sur papier, soit en format électronique. Ces éléments nous ont fait redécouvrir les petites joies qui viennent s’ajouter à la grande joie de savoir que nous sommes tous sains et saufs. Et toutes ces choses-là ensemble ont créé une atmosphère favorable à une foire du livre, même dans cette variante électronique. », a déclaré le PDG de la radio publique roumaine.

    Plusieurs projets spéciaux se déroulent dans le cadre du Salon du livre Gaudeamus. Parmi eux, le concours « Je veux une école idéale », dans le cadre duquel, les élèves et les enseignants peuvent décrire dans des messages comment ils arrivent à étudier actuellement, en pleine crise sanitaire, et comment ils souhaitent que l’école se déroule pour qu’ils puissent se sentir en sécurité, motivés et appréciés.

    Les témoignages seront ensuite réunis dans de brefs reportages, dont les meilleurs seront primés par la radio publique roumaine, qui allouera au Grand Prix une partie de l’argent provenant des taxes de participation à l’événement. Les exposants feront également don de livres et de matériels éducationnels afin de créer une bibliothèque au bénéfice des établissements scolaires participant au concours.

  • Maria Monalisa Pleșea

    Maria Monalisa Pleșea


    En temps de pandémie, la créativité des gens d’aujourd’hui est mise au service des gens de demain, pour notre avenir à tous. Rien qu’un exemple – un outil pédagogique et culturel, mis au point par une amie de RRI: Maria Monalisa Pleşea, qui a coordonné le Centre culturel francophone de Buzău et qui enseigne actuellement le roumain à l’Ecole internationale de Luxembourg, nous parle de LECTURINO, une plateforme en ligne imaginée pour encourager les enfants à lire. En roumain, pour l’instant, en français et en anglais un peu plus tard.



    Retrouvez l’application Lecturino ici:


    https://lecturino-firebase.web.app/






  • La librairie mobile

    La librairie mobile

    L’état d’urgence décrété à la mi-mars et, par voie de conséquence, la fermeture temporaire de la plupart des commerces ont pratiquement entraîné la disparition d’autres « boutiques » de livres. Le meilleur moment pour en lancer une, mobile, nommée « Des livres sur des roues », s’est dit Ionuț Trupină, directeur des Librairies Humanitas et initiateur du projet. « Nous avons pensé à ce projet pour la première fois il y a quelques années, mais il s’est concrétisé à peine ce printemps. Nous avons acheté une caravane, que nous aménagée, en y installant des étagères pour les bouquins et l’éclairage électrique. Le projet a démarré en septembre et le premier arrêt a été la commune de Scrioaștea, dans le département de Teleorman, où nous avons fait un don de livres. Le lundi, 14 septembre, nous avons entamé l’itinéraire établi, qui inclut une trentaine de communes, où nous nous arrêtons quelques heures pour vendre des volumes aux désireux d’en acheter et aussi pour faire un don d’une centaine de livres à la bibliothèque publique ou à celle du lycée qui existe dans chaque zone »

    Imaginé comme un projet étalé sur six semaines, « Des livres sur des roues » s’arrête dans de petites villes et des communes rurales, ainsi que dans des villes moyennes ou même grandes, sises dans les régions les plus en manque de lecture. L’itinéraire de la caravane traverse la Roumanie du nord au sud et de l’est à l’ouest, raconte Ionuț Trupină. « Nous essayons d’aller dans les communes et les villes où les librairies n’existent pas ou bien la vente de livres est reléguée dans un coin obscur d’un supermarché destiné à vendre des marchandises bien différentes. Il y en a où les livres occupent un petit 20% de la surface allouée, le reste étant occupé par des produits de papèterie. Puisque nous avons besoin d’une autorisation délivrée par l’administration locale de chaque endroit, nous avons demandé la permission de nous arrêter dans le périmètre central. Ou bien près d’un établissement scolaire, pour que les enfants y voient ce que c’est qu’une librairie et puissent feuilleter des bouquins. Nous avons été très bien accueillis, mais nous avons aussi rencontré des gens qui entraient pour la première fois de leur vie dans une librairie. Et nous allons y retourner, car les gens nous ont demandé d’y revenir régulièrement. »

    Les auteurs du projet « Des livres sur des roues » réfléchissent donc à le prolonger ou à le reprendre l’année prochaine, affirme Ionuț Trupină : « La météo aidant, c’est-à-dire pas trop de pluie ni de neige précoce, nous essaierons de continuer le projet au-delà des six semaines prévues, surtout si l’hiver prochain n’est pas trop rude. Si c’est comme ça, on pourrait continuer les déplacements de la caravane pendant les mois d’hiver. Si non, ce sera pour le printemps prochain. Parce que les demandes sont nombreuses, soit par téléphone, soit par les réseaux sociaux. Nous essaierons de mettre en page des itinéraires en fonction des demandes des gens. »

    Après une semaine passée dans le département de Vâlcea, la caravane aux livres sillonne la région de Hunedoara. (Trad. : Ileana Ţăroi)