Né au Sénégal, le romancier d’expression française, Mohamed Mbougar Sarr est récompensé du Prix Ahmadou Kourouma au Salon du livre de Genève et du Grand Prix du Roman métis (Éditions Présence africaine, 2015) pour son premier roman “Terre ceinte” puis est élevé au rang de Chevalier de l’Ordre national du Mérite par le Président de la République du Sénégal. Son second roman “Silence du chœur” (Éditions Présence africaine – 2017) est lui récompensé du Prix littérature monde au Festival Étonnants voyageurs de Saint-Malo. En 2021, son roman « La plus secrète mémoire des hommes » lui apporte le prix Goncourt. Paru également en roumain, dans la collection Anansi des Editions Trei, le livre est le coup de cœur de cette semaine d’Elena Diaconu, à la tête de la librairie Kyralina.
Tag: littérature
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Un roi sans divertissement, de Jean Giono
« Un roi sans divertissement », paru chez Gallimard en 1947 est un des grands titres ayant consolidé la position de Jean = Giono en littérature. Un roman dont le titre qui reprend la phrase finale, nous donne aussi la clé de la démarche littéraire, puisqu’il renvoie aux Pensées de Pascal qui dit « un roi sans divertissement est un homme plein de misères ». Davantage sur ce livre avec Elena Gheorghica, libraire à Kyralina, au micro de Ioana Stancescu.
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Mon papa roulait les r
Ecrit par Françoise Legendre, avec des dessins de Judith Gueyfier, l’album Mon papa roulait les r, paru en 2015, chez les Editions Sarbacane, parle d’une manière différente de l’amour inconditionnel et des enfants nés des parents originaires d’un autre pays que celui où ils vivent. Une histoire pour les petits, à lire aussi bien par les grands dont Roxanne Verron de la librairie Kyralina a fait son coup de cœur de cette semaine.
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Héritage, de Miguel Bonnefoy
Enfant prodige de la fiction littéraire, Miguel Bonnefoy charme par sa plume qui n’arrête pas de lui apporter la consécration des prix littéraires. La preuve ? L’auteur a remporté en 2024, le prix de l’Académie française et celui Fémina pour son roman le plus récent, “Le rêve du jaguar”, bientôt traduit en roumain aussi. Aujourd’hui, c’est d’un autre roman que nous allons vous parler, un roman tout aussi spectaculaire, une saga familiale sortie chez Payot et Rivage en 2020. « Héritage » c’est bien le roman qui a attiré l’attention de Mathieu Fabre, de la librairie française Kyralina et dont il a fait son coup de cœur de cette semaine.
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Eric Chacour – début littéraire
Lauréat en 2024 du Prix des cinq continents de la Francophonie pour son roman de début « Ce que je sais de toi », l’écrivain québécois d’origine égyptienne, Eric Chacour, a visité la Roumanie en décembre 2024. L’occasion de s’entretenir avec Elena Diaconu, à la tête de la librairie française Kyralina, partenaire de RRI.
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L’écrivaine Ariana Harwicz, au festival FILIT, de Iasi
Née en Argentine et vivant en France, l’écrivaine Ariana Harwicz a été nominée en 2018 au prix international Booker pour son tout premier roman « Crève, mon amour », traduit en roumain par Liliana Plesa Iacob pour les éditions Vellant. Dotée d’une plume impitoyable qui n’épargne personne et capable de jouer la fine observatrice des pires angoisses humaines, Ariana Harwicz a été invitée au dernier Festival international de littérature et de traduction littéraire FILIT, de Iasi. Après un deuxième roman « Dégénéré » traduit en roumain par la même Liliana Plesa Iacob pour les mêmes éditions Vellant, voici qu’un troisième roman, Perdre le jugement, vient de paraître chez Vellant, dans la traduction de Cornelia Radulescu. Une occasion pour proposer à Ariana Harwicz un dialogue autour de ses livres, de ses personnages, de ses thèmes d’écriture
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Ecoutez l’émission du 15.12.2024
Aujourd’hui, RRI revient pour vous sur l’actualité de la semaine qui vient de s’achever. On vous présente les nouveaux horaires de train en Roumanie, ainsi qu’une interview exclusive de l’auteur Eric Chacour. Bonne écoute !
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Le centenaire d’Eugen Lovinescu
Cette année les lettres roumaines rendent hommage à l’un de ses représentants de marque, le critique littéraire Eugen Lovinescu. Né en 1881 à Fălticeni, dans le nord du pays, et décédé en 1943 à Bucarest, il sera notamment connu pour son livre monumental, en trois tomes, intitulé « L’histoire de la civilisation roumaine moderne », paru cent ans auparavant, entre 1924 et 1925. Lovinescu, un inconditionnel des valeurs occidentales, étaye tout au long de son ouvrage sa thèse principale sur le pouvoir d’attraction de grandes civilisations sur les sociétés situées en périphérie. Une tendance lourde qui ne pouvait pas épargner la société et la culture roumaine. Une thèse qui fait débat à l’époque et qui continue de susciter aujourd’hui l’intérêt des penseurs de tous bords. Le littéraire Ion Bogdan Lefter, professeur à l’Université de Bucarest, fait redécouvrir au public roumain le livre d’Eugen Lovinescu, cent ans après sa première parution :
« La première question que je me suis posée c’est pourquoi parler de ce livre ? Tout d’abord pour faire revivre cette personnalité prodigieuse de la littérature roumaine. Il s’agit, selon moi, d’une figure phare de la littérature roumaine post 1900 et du plus important critique littéraire roumain de l’histoire. Le second argument réside dans l’actualité de sa thèse. Car cette thèse dépasse le champ littéraire ou culturel stricto sensu ».
Une thèse toujours d’actualité
Ion Bogdan Lefter croit en effet toujours actuelle la thèse défendue par Eugen Lovinescu dans son ouvrage « L’histoire de la civilisation roumaine moderne » :
« Inspiré par la théorie de l’imitation de Gabriel Tarde, la théorie de Lovinescu exprime une forme de mondialisation de la culture avant la lettre. L’influence qu’exercent les cultures majeures sur les cultures périphériques est indéniable. Ces dernières s’en inspirent, tentent de s’aligner aux grands courants de pensée, entrent dans la compétition. Et cette thèse de Lovinescu me semble toujours pertinente et d’actualité. Il n’est pas le prophète d’une quelconque mondialisation culturelle, mais la constate. »
Culture et civilisation sont indissociables
La direction que suit la civilisation n’a jamais laissé personne indifférent. Mais l’évolution de la civilisation humaine est sans nul doute influencée par celle suivie par la culture. Car la culture et la civilisation sont indissociables. Partant de la thèse défendue par Eugen Lovinescu, le critique littéraire Ion Bogdan Lefter pense que la marche de l’humanité est davantage le fruit des accumulations successives plutôt que celui de grands bonds en avant. Ion Bogdan Lefter :
« J’assume plutôt la thèse des accumulations progressives qui déterminent l’évolution, la thèse de la continuité plutôt que celle de la rupture. Certes, il y a des moments de rupture, parfois radicaux. Mais cela s’inscrit toujours dans des processus d’une évolution plus large, plus ample, au sein de laquelle la continuité demeure le fil conducteur. Quoi qu’il en soit, je suis extrêmement réticent lorsque l’on parle de ruptures radicales. »
La charge historique de toute littérature
Des penseurs tel qu’Eugen Lovinescu, qui ont transcendé les frontières de leur discipline, sont plutôt rares, nous assure Ion Bogdan Lefter :
« Lovinescu a compris que la littérature, la culture sont inscrites dans leur temps. Il n’existe pas de littérature dépourvue de sa charge historique. Il n’existe pas d’histoire de la littérature qui puisse ignorer l’histoire sociale plus large de son temps. Le débat public présuppose maîtriser tout d’abord le discours. Or qui sont ceux qui maîtrisent au plus haut point le discours public si ce n’est les écrivains. »
Il y a cent ans, Eugen Lovinescu laissait en héritage à cette culture roumaine qu’il aimait tant ce grand livre qui parlait de l’ADN identitaire de la société roumaine de son époque et de son avenir. (Trad. Ionut Jugureanu)
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L’émission du 03.09.2024
Aujourd’hui sur les ondes de RRI on vous présente l’actualité et on se penche sur les priorités de la nouvelle session parlementaire en Roumanie. On revient sur les Roumains de l’étranger et on vous présente une nouvelle exposition au Musée Theodor Aman. Sans oublier votre rubrique de musique traditionnelle, en compagnie d’Ana Munteanu, et la rubrique Le coup de coeur du libraire, au sujet du livre de Svetlana Alexievitch, La fin de l’homme rouge. Bonne écoute !
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Borja Mozo Martin
Borja Mozo Martin, né à Madrid, vit et travaille en Roumanie depuis 2016. Devenu philologue après des études universitaires et postuniversitaires suivies à l’université Complutense de Madrid, il devient rédacteur et traducteur littéraire, spécialisé en littératures française et espagnole. Son parcours professionnel l’amène vivre d’abord en France, où il enseigne pendant 10 années la langue et la littérature française dans plusieurs universités, avant de découvrir les lettres et la littérature roumaines et de commencer sa collaboration avec l’institut Cervantes de Bucarest. Il se lance dès lors à faire connaître la littérature roumaine contemporaine en Espagne, traduisant les romans Intérieur Zéro de Lavinia Braniște, L’on entendait la stridulation des grillons de Corina Sabău, L’impossible l’art de la fugue de Dumitru Țepeneag ainsi que le Dictionnaire onomastique de Mircea Horia Simionescu. A l’heure de notre interview, il planchait sur la traduction en espagnol d’un roman de Dan Lungu, La petite fille qui jouit au Dieu. Mais comment s’est-il passionné des lettres roumaines ?
« Cette littérature roumaine contemporaine m’intriguait. Et pour y avoir accès, je me suis d’abord penché sur la langue roumaine. Cette découverte de la langue d’abord, de la littérature ensuite fut passionnante. Les classiques de la littérature roumaine étaient déjà accessibles en espagnol, grâce à des traductions réalisées entre les années 70 et 90, jusqu’en 2000 en Espagne.
Vous savez, les traducteurs des œuvres littéraires effectuent un travail remarquable. Alors qu’ils sont peu nombreux, ils parviennent non seulement à faire traduire l’œuvre en tant que telle, mais ils deviennent ses principaux promoteurs et, plus largement, de la littérature d’un pays dans leur pays d’origine. Quant à moi, j’ai été attiré depuis mes plus jeunes années par la littérature française, par la culture française. Et c’est par ce biais que j’ai découvert le monde de l’exile roumain parisien et sa place paradoxale dans la culture française des années 70 et 80.
Je me suis dès lors intéressé de plus près à ces personnalités parisiennes d’origine roumaine, à leur place dans la culture française, à la trace qu’ils y ont laissée. Je parle évidemment de Monica Lovinescu, de Dumitru Țepeneag, de Mircea Eliade, des autres personnalités culturelles d’origine roumaine qui ont marqué d’une manière ou d’une autre la culture française de l’époque. C’est de là qu’a démarré mon intérêt pour les lettres roumaines, pour les écrivains roumains. J’ai voulu apprendre davantage sur ces gens, sur leurs parcours, sur la manière dont ils sont parvenus à conserver à la fois leur identité culturelle roumaine et à influer la culture française, comment ils sont parvenus à constituer une vraie communauté, à conserver et à faire entendre leurs voix en exile. »
Borja Mozo Martin choisit donc de s’établir pour de bon en Roumanie en 2016. Mais quelles furent les raisons de cette décision somme toute tellement importante dans la vie d’un homme ?
« J’avais manifesté d’abord l’intérêt de tout lecteur à l’égard de la littérature roumaine contemporaine. Une littérature qui parvient à faire connaitre l’univers spirituel de la Roumanie d’aujourd’hui. Et puis, je me suis rendu compte qu’en dépit de la proximité linguistique et culturelle avec la France et l’Espagne, la Roumanie demeurait quasiment inconnue en Occident. Et j’ai trouvé là un peu ma raison d’être. Il nous faut connaitre ce qui se passe ici, en lisant, en écoutant la radio, car je suis aussi un auditeur passionné des émissions radio. Alors, ce projet un peu fou de m’établir pour de bon en Roumanie a pris corps peu à peu dans ma tête. J’ai pris ensuite part à un programme d’échanges universitaires organisé en partenariat par le ministère des Affaires étrangères de Madrid et le ministère de l’Education nationale de Bucarest. C’est grâce à ce programme que des universitaires espagnols ont pu venir enseigner dans des universités roumaines. J’y suis venu en 2016 et j’ai enseigné pendant trois années à Bucarest. En 2016 je ne suis pas venu avec l’idée de continuer ma vie ici. Mais en découvrant de près cette Roumanie à laquelle je rêvais depuis des années, j’y ai été fascinée. Et puis, mon processus d’intégration dans la société roumaine a été plutôt aisé et bien agréable. »
Mais quels aspects de la Roumanie d’aujourd’hui ont tant fasciné le traducteur Borja Mozo Martin ?
« Je ne pense pas que je sois un cas singulier vous savez. Sur beaucoup d’étrangers qui viennent d’Europe de l’Ouest, la Roumanie exerce une sorte de fascination. Vous savez, ma génération, ceux qui sont nés dans les années 80 ont bien évidemment entendu parler du communisme, du bloc de l’Est, mais ils ignorent pour beaucoup les mutations qui ont eu lieu après la chute du mur de Berlin. Nous nous sommes tous un peu formés à cette image construite pendant notre enfance sur ce monde qui se trouvait de l’autre côté du mur, un monde méconnu, fascinant, proche et éloigné à la fois, un monde qui n’existe plus aujourd’hui, mais dont les traces sont encore perceptibles.
Il demeure en effet, non seulement en Roumanie, mais dans toute l’Europe centrale et de l’Est une réalité différente, fascinante, qui reste à découvrir, et qui constitue le début d’un dialogue extrêmement fécond entre deux cultures, deux mondes, mais aussi un dialogue avec soi-même, car il s’agit aussi d’une opportunité de se questionner sur soi, sur ses réalités, sur ce qu’est l’Europe. La découverte des réalités roumaines fut pour moi une sorte de voyage non seulement dans l’espace et le temps, mais également un voyage vers mon identité d’Européen. »
Mais pourquoi avoir choisi de demeurer en Roumanie à la fin de cette période de trois ans d’échanges universitaires ?
« Je vous le disais, je me suis senti dès le départ très à l’aise, un peu chez moi. Je connaissais déjà la proximité culturelle qui existe entre nos deux pays, entre l’Espagne et la Roumanie. Je connaissais des Roumains qui vivaient en France et en Espagne, je connaissais la Roumanie, certes de loin. Mais dès le départ, je me suis senti très à l’aise, très proche de la société roumaine, davantage encore que lors de mon arrivée en France ou dans d’autres pays francophones que j’ai visités. Cela a été un processus naturel, allant de soi. »
Pour finir, nous avons questionné notre interlocuteur sur ce qu’il voudrait voir s’améliorer dans la Roumanie d’aujourd’hui.
« Ce que je trouve un peu étrange c’est le sentiment que j’ai parfois en Roumanie que les gens valorisent trop peu la solidarité, le vivre ensemble, que l’on assiste à un regain de l’individualisme, ce qui est contreproductif. Pour moi, originaire d’Europe occidentale, où l’intérêt collectif est mis en valeur et défendu, il m’est difficile de m’y faire. Et j’aimerais que l’on puisse assister à un changement de paradigme en Roumanie aussi, et que les Roumains puissent apprécier et choyer davantage le bien commun et l’intérêt collectif. »
(Trad Ionut Jugureanu)
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Le coup de coeur du libraire – La langue anglaise n’existe pas, de Bernard Cerquiglini
Paru le 7 mars dernier, chez Gallimard, « La langue anglaise n’existe pas, c’est du français mal prononcé » de Bernard Cerquiglini, se propose d’inscrire avec humour et érudition, l’anglais au patrimoine de la francophonie, comme peut-on le lire sur la page de l’éditeur. Un ouvrage qui a suscité l’intérêt de Elena Gheorghica, libraire à Kyralina au point où elle en fait son coup de cœur de la semaine.
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Le Festival international de littérature d’Odessa accueilli par Bucarest
Dans le contexte de la guerre en Ukraine, la IXème édition du Festival international de littérature d’Odessa aura lieu à Bucarest, du 22 au 25 février. Accueillie par l’Institut Goethe de la capitale roumaine et déroulée sous l’ombrelle d’EUNIC Roumanie, le réseau des instituts culturels nationaux de l’Union européenne, l’édition 2024 se veut, par la programmation qu’elle propose, à la hauteur de notre soutien à l’Ukraine. Pour plus de détails sur les journées du festival, j’ai invité au micro M. Joachim Umlauf, directeur de l’Institut Goethe de Bucarest.
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“Triste Tigre” de Neige Sinno
Prix Fémina en 2023, le
Goncourt des lycéens en 2023 aussi, le roman « Triste Tigre » de
Neige Sinno continue à faire parler de lui. Une histoire autobiographique comme
un coup de couteau puisqu’elle raconte l’histoire des viols systématiques auxquels
la petite Neige a été soumise par son beau-père. Mais, à part le sujet en
lui-même, c’est la manière dont ce texte fonctionne qui a poussé Elena Diaconu,
à la tête de la librairie française Kyralina d’en faire son coup de cœur de
cette semaine. -
Le coeur de Kiev, d’Andreï Kourkov
Né en Russie en 1961, Andreï Kourkov vit depuis son plus jeune âge à Kiev. En Roumanie, il est notamment connu pour son roman « Les abeilles grises » où il retrace le conflit armé entre soldats ukrainiens et séparatistes pro-russes dans la région du Donbass. Ce qui fait la particularité du style de cet auteur c’est son humour désarmant, à la manière de Gogol, que l’on retrouve aussi dans « Le cœur de Kiev », traduit du russe par Paul Lequesne, pour les éditions Liana Levi. C’est justement ce roman qui a suscité l’intérêt de Mathieu Fabre, libraire à Kyralina, qui a décidé d’en faire le coup de cœur de cette semaine.
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La traductrice Lora Nenkovska, invitée aux ateliers FILIT
Produit de la collaboration
entre le Musée national de la littérature roumaine Iaşi et le Mémorial Ipoteşti
– Centre national d’études Mihai Eminescu, les ateliers FILIT, arrivés à leur
neuvième édition, ont précédé, comme à l’accoutumé, le Festival international
de littérature et traduction Iași – FILIT. Lora Nenkovska, agrégée de langue et
de littérature roumaine à l’université « Kliment Ohridski » de Sofia,
est aussi une excellente traductrice bulgare de littérature roumaine et une
participante de longue date aux ateliers FILIT. Au micro de RRI, elle a donné
son avis sur ces ateliers, dont le but affirmé est de soutenir la coopération
culturelle, la mise en lumière du patrimoine et de la création contemporaine à
une échelle internationale.Avant tout, j’oserais dire
que ce genre d’événements est vital pour nous, traducteurs. Il est très
important que nous puissions nous rencontrer et parler de nos projets et de nos
questions professionnelles. La traduction est un apprentissage permanent, un
processus qui ne s’arrête jamais, tout comme ma carrière universitaire ;
nous sommes une sorte d’étudiants qui ne cessent jamais d’apprendre. Et c’est
un choix personnel, le fait d’apprendre, de chercher, de lire. En ce qui me
concerne, j’aime me connecter à ce que font mes collègues étrangers, chacun ayant
son propre goût en matière de littérature, aux traductions qu’ils sont en train
de réaliser, aux nouveautés qu’ils ont découvertes, car c’est ainsi que nos
échanges deviennent particulièrement intéressants. En plus, ce que j’aime
beaucoup dans ces ateliers c’est que nous avons aussi droit à des conférences
passionnantes, comme celles tenues récemment par des écrivains et des critiques
littéraires tels Bogdan Crețu, Doris Mironescu, Florin Bican, Ioana Both, Radu
Vancu. Le contenu de ces présentations intéresserait, je crois, tout un chacun
qui lit ou étudie la littérature roumaine. La plupart de ces conférences, qui
ont été plutôt théoriques, ont voulu nous faire mieux comprendre, plus en
profondeur, la littérature roumaine. Bogdan Crețu nous a parlé du prince
encyclopédiste Dimitrie Cantemir, un sujet que j’ai beaucoup apprécié, car
j’aime énormément le livre de Cantemir « La Licorne aux portes de l’Orient ».
Il est donc vital pour moi de me connecter aux préoccupations professionnelles
de mes collègues, d’échanger des opinions, de parler des livres que nous traduisons,
des dernières parutions de littérature roumaine. Nous sommes, si vous voulez,
une petite société internationale qui parle roumain et discute de la
littérature roumaine.
Lora Nenkovska a traduit en bulgare des œuvres de Matei
Vișniec, Petru Cimpoeşu, Mircea Eliade, Dan Lungu, Claudiu Komartin, Elena
Vlădăreanu, Simona Popescu, Ioan Es. Pop, Max Blecher, Andreea Răsuceanu. Depuis
quelques années, elle a aussi traduit des extraits de romans écrits par les
autrices nommées aux Prix Sofia Nădejde de la littérature féminine. Lora
Nenkovska a également parlé sur RRI de sa passion pour la littérature roumaine
et de l’accueil favorable de la part du public bulgare: Ma rencontre avec la littérature roumaine a
été un pur hasard. Je suis arrivée en Roumanie en 2003, par le biais
d’une bourse d’études. A l’époque, j’étudiais des langues des Balkans – le grec
et le néogrec, l’albanais, le serbo-croate et le roumain. Comme vous le savez, à
cette époque-là, il était quasi impossible de sortir de Bulgarie pour étudier
une langue étrangère. Mais une possibilité s’est créée et j’ai passé un mois à
Timișoara, où ma coordinatrice a été l’écrivaine Adriana Babeți et tout a été
magnifique. La plupart de mon temps, je l’ai passé à la faculté, mais j’ai également
eu la chance d’assister à plusieurs spectacles de théâtre, présentés dans le
cadre d’un festival pour les étudiants. J’y ai vu pour la première fois des
pièces de Matei Vișniec et je me suis dit que si un dramaturge d’une telle qualité
existait dans cette littérature, il était impératif de mieux la connaître.
C’est comme ça que, avant de rentrer dans mon pays, j’ai acheté un grand nombre
de livres, pratiquement une bibliothèque entière. Je me suis donc mise à lire
de la littérature roumaine, que je trouve très vivante et diverse ; et les
découvertes ne s’arrêtent pas. J’aime aussi, et beaucoup, l’attention portée
aux questions sociales. En tant que traductrice, je suis très intéressée par
cet aspect, par le sujet du livre, car je ne regarde pas un texte uniquement du
point de vue du style. Et puis, la littérature écrite par des femmes
m’intéresse aussi.
La dernière traduction en bulgare d’un livre roumain, signée
par Lora Nenkovska, est celle du roman « Le vent, l’esprit, le souffle »
(« Vântul, duhul, suflarea ») d’Andreea Răsuceanu, parue aux éditions
bulgares ICU Publishing. La traductrice prépare aussi une étude consacrée aux
traumatismes abordés dans la littérature roumaine contemporaine écrite par des
femmes. (Trad. Ileana Ţăroi)