A l’occasion de la
Journée de la culture roumaine et des 30 années écoulées depuis l’adhésion de
la Roumanie à l’Organisation Internationale de la Francophonie, l’Institut
culturel roumain et l’Ambassade de Roumanie en France organisent le lundi, 16 janvier, un Colloque
franco-roumain consacré à la traduction de
la littérature roumaine, à la promotion du patrimoine littéraire et du métier
de traducteur. Iulia Badea Guéritée, chargée de projets à l’Institut
culturel roumain de Paris est avec nous, par téléphone pour nous en donner plus
de détails.
Tag: littérature
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Le court-circuit du livre
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Collections de littérature roumaine contemporaine à la Foire Gaudeamus
Après deux années d’existence en ligne, la foire du livre la plus
appréciée de Roumanie, organisée par la radio publique, retrouve le format qui
l’a consacré depuis une trentaine d’années. L’édition actuelle a accueilli plus
de 600 événements éditoriaux, les quelque 200 participants ayant offert au
public un choix de produits particulièrement divers. Invitées au micro de RRI,
Eli Bădică, coordinatrice de la collection « N’autor » des Editions
Nemira, et Diana Iepure, chargée des relations publiques aux Editions Paralela
45 et coordinatrice de la collection Prima Dragoste/Le Premier amour, ont
parlé, justement, de ces démarches censées ramener la littérature roumaine
actuelle sur le devant de la scène.La collection Prima dragoste, coordonnée
par Diana Iepure, s’est lancée avec cinq romans d’auteurs et autrices de
Roumanie -Diana Geacăr, Andrei Crăciun, Andrei Doșa, Alina Pietrăreanu, Cristina
Ispas – lancés au Salon du livre Bookfest de l’été dernier. C’est de la
littérature contemporaine dédiée aux jeunes lecteurs, à retrouver aussi,
bien-sûr, à la Foire Gaudeamus. Diana Iepure ajoute : « Il
existe une continuité dans la programmation, ce qui fait que nous allons
publier un micro-roman de Ștefan Manasia, « Platanii din Samothraki/Les
platanes de Samothraki ». Ștefan Manasia est un auteur, poète et essayiste
de la génération 2000. Très talentueux, il est aussi très apprécié par les
lecteurs. « Les platanes de Samothraki » est son deuxième livre de
prose et l’on pourrait le comparer à un film d’art pour les lycéens. Le héros est un adolescent initié dans ses recherches par
son oncle. C’est un garçon au grand cœur et toute sa générosité jaillit sans
entrave du livre de Ștefan Manasia, que les élèves de lycée ne peuvent pas ne
pas aimer. Comme je l’ai souvent répété, nous avons invité nos auteurs à écrire
un livre pour les ados, un livre tel qu’ils auraient aimé lire quand ils étaient
élèves et qu’ils n’avaient pas trouvé. C’est comme ça qu’est née la collection
« Prima Dragoste » et il est vrai que les écrivains ont imaginé des
micro-romans extraordinaires. Chose valable aussi pour le livre de Ștefan
Manasia, lancé à la Foire Gaudeamus, au stand de notre maison d’édition. Je
voudrais ajouter que les Editions Paralela 45 ont participé à cette édition de
Gaudeamus avec leur plus grand stand jamais installé sur une foire ou salon du
livre. En fait, nous avons voulu faire une présentation très détaillée, car
nous avons mis en lumière toutes les facettes d’une maison d’édition et là, je
pense à tous les genres littéraires constituant notre spécialité. »Il y a quatre ans, la maison
d’éditions Nemira lançait la collection de littérature roumaine contemporaine « N’autor »,
qui parle sur différentes tonalités du monde qui est le nôtre. C’est une
collection plébiscitée par les lecteurs de littérature roumaine actuelle, la
dernière parution en date – « Solomonarul/L’Ensorceleur » de Florin
Chirculescu – s’annonçant déjà comme un best-seller. Eli Bădică, la
coordinatrice de la collection « N’autor », a aussi présenté
d’autres nouveautés à l’intention du public : « Le
livre de Florin Chirculescu est effectivement un livre-événement. C’est
une œuvre remarquable à plus d’un titre ; il y a le style et il y a aussi
le sujet, puisque la figure tutélaire en est le plus important poète roumain,
Mihai Eminescu, que l’auteur réussit à humaniser. Personnellement, je n’ai pas
connaissance d’un autre texte de pareille envergure qui fasse un portrait
tellement réel d’Eminescu. C’est le résultat, très original et plein d’humour,
d’une documentation et d’une érudition extraordinaires. Il y a eu ensuite les
nouvelles éditions du roman « Un cal într-o mare de lebede/Un cheval dans
une mer de cygnes » de Raluca Nagy et des « Povestiri din Garaj/Récits
du Garage » de Goran Mrakić. Le hasard a fait que ces deux livres
paraissaient au même moment, ce qui me fait penser à une tournée de 2018, faite
en compagnie de ces deux auteurs après le lancement de leurs livres respectives.
À Gaudeamus, parmi les nouveautés présentées, nous avons proposé le premier
roman de Goran Mrakić, « Micile plăceri ale morții/Les petits plaisirs de
la mort », paru au début de cet automne. Dans ce livre, l’auteur continue
à réaliser la cartographie littéraire de la région de Banat, qu’il avait
commencé dans le volume antérieur. Le premier roman, un roman-puzzle, de Horea
Sibișteanu est paru lui-aussi cet automne. Horea Sibișteanu est à sa deuxième
création publiée dans la collection « N’autor ». Le livre, dont le
titre est « Întinde mâna, Tiberiu/Tend ta main, Tiberiu », a pour
personnage principal un jeune homme à la recherche de son identité et de l’acceptation
de soi-même. Il essaie aussi de refaire son enfance, des années 1990, et de se
comprendre soi-même dans un présent très proche de nous. Autre nouveauté, le
premier roman de Liviu Ornea, que le monde connait en tant que mathématicien,
traducteur, universitaire, chercheur, critique de théâtre. Après le début avec
« Viitorul Anterior/Futur antérieur » en 2020 il est revenu cette
année avec « Viața ca o glumă proastă/La vie comme une mauvaise
blague ».
Pour la première fois, les organisateurs de Gaudeamus et
leurs partenaires – Opera Comică pentru Copii/L’Opéra-Comique pour les enfants et
l’Association Versus – ont aménagé deux espaces dédiés aux activités
interactives pour les plus jeunes visiteurs. Le Concours national de lecture « Mircea
Nedelciu », ouvert aux élèves de lycée, a réuni des adolescents de tout le
pays ; cette année, selon une formule inédite, les concurrents ont été
invités à écrire des essais envoyés en format vidéo sur le thème « Centenaire
Marin Preda. Le centième anniversaire de sa naissance ». (Trad. Ileana
Ţăroi)
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Le mois de décembre à l’Institut culturel roumain de Paris
La fin de
l’année approche à grands pas. N’empêche, à Paris, l’Institut culturel roumain
s’enorgueillit d’un riche agenda pour le mois de décembre. Pour plus de
détails, nous vous proposons de jeter un coup d’oeil sur le site officiel de l’Institut, à l’adresse www.icr.ro et à écouter la journaliste et la poétesse Cristina
Hermeziu, chargée de communication auprès de l’ICR Paris. -
Beata Umubyeyi Mairesse, présente à la 10e édition du Festival International FILIT, de Iasi
Auteure franco-rwandaise,
Beata Umubyeyi Mairesse a été invitée à Iaşi, à la dixième édition du Festival
international de littérature et de traduction littéraire, FILIT où elle est
venue parler de son premier roman, Tous
tes enfants dispersés, traduit du français par Andrei Lazăr chez les
éditions Casa Cărţii de Ştiinţă. Roman de l’exile, de la mémoire et de la
transmission, ce titre a valu à son auteure le Prix des cinq continents de la
Francophonie, en 2020. Je vous invite à l’écouter dans un entretien pour Radio Roumanie
Internationale, réalisé en pleine effervescence festivalière, comme vous allez
pouvoir entendre. -
La traductrice littéraire Laure Hinckel
Madame, Monsieur, je vous invite à faire la connaissance de Laure Hinckel, que j’ai eu la joie de rencontrer à Iasi, lors de la dixième édition du Festival international de littérature et de traduction littéraire, FILIT. Et j’avoue, je suis tombée sous le charme aussi bien de son discours plein de chaleur à l’adresse des écrivains roumains et de la littérature roumaine, que de son sourire.
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Le jeune homme
Auteure de 17 livres, parus chez Gallimard, prix Nobel de la Littérature en 2022, Annie Ernaux brise, encore une fois, les tabous dans son dernier roman « Le jeune homme » où elle raconte la relation amoureuse qu’elle a vécue, il y a plusieurs décennies, avec un homme beaucoup plus jeune. Un micro roman comme un coup de poing dont Radio Roumanie Internationale a fait son coup de coeur.
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Andrew Davidson Novosivschei
Andrew Davidson Novosivschei vient des États-Unis, de la ville de Phoenix,
Arizona, où il a fait ses études de licence et master en Littérature Anglaise
et Culture Roumaine à L’université d’État d’Arizona. Il est traducteur certifié
et il collabore avec l’institut Max Blecher et, bien évidemment, avec FILIT, le
Festival International de Littérature et de Traduction de Iasi. Il traduit de
la poésie et il organise des lectures de poésie ; il est en même
temps professeur d’anglais à Bucarest, au College National Bilingue George Coșbuc.
Son activité comporte aussi des recherches dans la linguistique au sein de l’Université
Technique de Constructions de Bucarest, où il a été conférencier invité aux
cours de communication interculturelle. Il a traduit des œuvres de Mircea
Cărtărescu, Doina Ruști, Claudiu Komartin, Lavinia Braniște. Il s’est beaucoup rapproché
de la culture roumaine et de la Roumanie, où il vit déjà depuis plusieurs
années. Il nous raconte comment son histoire roumaine a commencé:
« Je vis à Bucarest depuis sept
ans. A l’époque où j’étais étudiant à l’Université d’État d’Arizona, j’ai
dû choisir une langue étrangère pour l’étudier pendant deux ans ; à l’époque, j’étudiais
la littérature et celle qui me plaisait le plus était celle de l’Europe
Centrale et de l’Est. J’ai choisi donc la langue roumaine, car je savais déjà
parler l’espagnol et j’ai pensé que cela allait faciliter l’apprentissage.
Finalement, l’espagnol ne m’a pas trop aidé et j’ai mis beaucoup de temps à bien
maîtriser le roumain. On a eu, à l’époque, la possibilité de participer à une école
d’été d’un mois à Cluj, grâce à un partenariat entre mon université et celle de
Roumanie. J’ai fait ça pour la première fois en 2011. Des étudiants d’Arizona se
rendaient à Cluj et un professeur roumain
de Babes Bolyai se rendait chez nous. Moi,
je me suis lancé en pensant que les cours allaient me donner l’occasion de
mieux apprendre le roumain, mais petit à petit j’ai commencé à me connecter à
la Roumanie, à ses auteurs, à son histoire, à toute sorte d’aspects qui m’intéressaient
et ainsi de suite. »
…et
cela est devenue une vraie passion. La langue roumaine est donc la deuxième
langue qu’Andrew parle maintenant, après l’anglais, sa langue maternelle, et
Bucarest est devenu son chez soi. Comment ce fut possible ?
« La première fois que j’ai habité
Bucarest remonte à 2013, à l’époque où j’étais professeur invité à l’Université
Technique de Construction de Bucarest. J’y ai passé huit mois, au quartier de Tei.
C’était ma première visite à Bucarest où j’ai rencontré plein de gens et je m’y
suis fait des amis, donc j’y suis revenu en 2015, à la fin de mon Master à l’Université
de l’Etat de l’Arizona. »
Qu’est-ce qu’a déterminé notre invité de choisir Bucarest, étant donné le
grand écart culturel entre l’atmosphère citadine de Phoenix et celles de la
capitale roumaine ?
« Oui, effectivement, il y a
une grande différence. Phoenix est une ville si grande qu’on ne peut pas se
rendre au supermarché où à la pharmacie sans voiture. Impossible de se faire
des contacts à part ceux avec les collègues de travails ou d’école ou encore,
avec les amis proches. Bien sûr, j’étais plutôt habitué à ce style de vie, mais
quand j’ai commencé à vivre autrement, je me suis rendu compte que je ne pouvais
plus revenir en arrière, car vivre comme ça ce n’est pas normal. Finalement, la
ville est faite pour qui ? Franchement, même si l’on dit que Bucarest est la ville
des voitures, la situation est loin d’être si compliquée qu’en Arizona. Là-bas,
même si nous avons de grands trottoirs, personne ne s’en sert. Tout simplement,
le fait de marcher c’est assez rare. »
Mais
comment voit Andrew la ville de Bucarest? Qu’est-ce qu’il aime le plus?
« Il y a beaucoup de
changements à Bucarest. Ces10 derniers ans, la ville a beaucoup et rapidement changé.
Bon, pour ce qui est de la vie de tous les jours, les changements semblent insuffisants
et pas assez efficaces, mais la ville a changé pour le mieux. Par exemple, l’interdiction
de fumer dans les lieux publics ou dans les restaurants. Même si je fume, je
trouve ça très bien, notamment pour les restaurants, car il faut prendre en
compte les familles et les enfants. Je trouve que c’est un très bon changement. »
Bucarest est une ville en plein changement et Andrew l’a bien remarqué. Est-ce
que ces changements se reflètent aussi sur lui-même ?
« Oui, oui, bien sûr. Il me semble que moi aussi, j’ai beaucoup changé
et j’ai beaucoup appris. Si je pense à moi, tel que j’étais en 2015, quand je
me suis installé à Bucarest, j’ai du mal à me reconnaître. Mon environnement a changé et mes amis m’ont donné
beaucoup de conseils, d’options et d’idées. Par exemple, je viens de faire une
exposition d’art et poésie que je n’aurais jamais réussi à faire sans mes amis.
J’ai travaillé avec deux artistes, Ramona
Iacob et Andrei Gamarț, et avec Zoltan Bela et Lina Țărmure. Si je ne vivais
pas ici, je n’aurais jamais fait ça. Pour les poètes, nous avons Londohome ; il
suffit de s’y rendre pour rencontrer quelqu’un qu’on connait. Et à Phoenix je n’ai
jamais remarqué cela en dehors de l’Université. »
Nous avons demandé à Andrew ce qu’il changerait dans la ville de Bucarest :
« Quand je marche dans la
rue, je pense toujours : comment cette rue serait-elle sans toutes ces voitures
qui l’encombrent ? C’est assez difficile pour les enfants de se rendre
seuls à l’école ou au magasin. Je pense que ce changement serait utile pour ceux qui préfèrent marcher, car ce n’est
pas une si grande ville par rapport à d’autres capitales européennes. On peut s’y
débrouiller très facilement sans voiture. C’est vraiment dommage, car c’est une
ville pleine de vie et ce n’est pas si difficile de se déplacer à pied ou à vélo,
ou même avec les transports en commun. »
S’il devait quitter Bucarest et choisir quelque chose de représentatif pour
la Roumanie à emporter, qu’est-ce qu’Andrew choisirait-il?
« Je prendrais dans mes
bagages des volumes de poésie contemporaine. Puisque je ne peux pas emporter mon appartement, au moins prendre le plus de
livres de poésie possible. »
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La peine des faunes, d’Annie Lulu
Deuxième roman d’Annie Lulu, écrivaine roumano-congolaise vivant à Paris, « La peine des fauves » est une histoire écologiste et féministe qui fait voyager ses lecteurs de la Tanzanie des années quatre-vingt à l’Écosse contemporaine. Véritable ode poétique à la fragilité de la condition humaine, le roman est, comme on le dit sur sa quatrième couverture, un urgent plaidoyer pour le vivant.
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Monica Irimia, libraire et auteure du site Cultures de l’Europe de l’Est et Centrale depuis Bordeaux
Etablie en France depuis une
vingtaine d’années, Monica Irimia est une Roumaine passionnée de littérature et
de culture. Libraire chez Mollat, à Bordeaux, Monica est celle à laquelle on
doit le site Cultures de l’Europe de l’Est
et Centrale depuis Bordeaux https://culturesdeeuropedelest.wordpress.com,
un site où elle se propose de dévoiler au public un maximum d’informations sur
les actualités culturelles de cette partie du vieux continent. Vous la trouvez aussi sur Addict culture, dans
la rubrique A l’est du nouveau (excellent
titre !) https://addict-culture.com/category/a-lest-du-nouveau/.
Davantage sur les livres, les auteurs et la littérature de l’Europe de l’Est et
centrale, avec Monica Irimia.
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Terre Blanche
Installée à Chambéry, en France, l’auteure française d’origine roumaine, Simona Ferrante, a lancé récemment, en Roumanie, la traduction en roumain de son deuxième roman Terre Blanche, paru chez RaphaëlEditions. Traduit du roumain par l’auteure-même, sous le titre Tărâmul Inocenţei, le roman est paru chez les Editions National, dans la collection Violet, coordonnée par Violeta Borzea. Pour apprendre davantage sur ce roman dont l’action se passe au Canada, écoutez Simona Ferrante en dialogue avec Ioana Stancescu.
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Le traducteur Sean Cotter
La traduction en anglais du roman « Craii de
Curtea-Veche/Les Seigneurs du Vieux-Castel », de Mateiu Caragiale, sortait
aux États-Unis l’année dernière. Le traducteur en est Sean Cotter, professeur
de littérature comparée et de traductologie à l’Université du Texas à Dallas,
spécialiste du modernisme, de la théorie et de l’histoire de la traduction et
de la littérature est-européenne. « Craii de Curtea-Veche/Les Seigneurs du
Vieux-Castel », paru en 1929, est considéré comme un des plus importants romans
de la littérature roumaine. Selon un sondage réalisé par la revue Observator cultural au début des années
2000, il serait même le meilleur roman jamais écrit en roumain.Dans une
interview à RRI, Sean Cotter a parlé de son travail, étendu sur onze ans, sur
le texte du roman, dont le titre devient en anglais « Rakes of the Old
Court », et de son lien avec la littérature roumaine. « Aux
États-Unis, la littérature roumaine est inconnue. Les éditions Northwestern
University Press publient une collection d’œuvres de la littérature
universelle, donc il y a eu un intérêt pour ce livre, d’une nouveauté absolue
pour les lecteurs américains. Je leur avais dit que c’était un livre très
important, d’une incroyable beauté, et qu’il serait dommage qu’il reste inconnu
du public américain. En tant que professeur de littérature comparée, mon
domaine de prédilection est le modernisme européen. Je me suis penché sur
l’œuvre de Lucian Blaga, de T.S.Eliot et d’autres auteurs de la même période. Traduire
le livre de Mateiu Caragiale fut donc une étape absolument logique de mon
travail et j’avoue que la traduction de ce texte, réputé quasi intraduisible,
fut un défi et une ambition pour moi. J’ai eu un lien très étroit avec le livre
de Mateiu Caragiale, qui, lui, fut un être peu banal. Je m’en suis bien
documenté, en lisant quasiment tout ce qu’avaient écrit sur lui G. Călinescu,
Șerban Cioculescu jusqu’à Nicolae Manolescu et Cosmin Ciotloș. Șerban
Cioculescu avait même dressé un dictionnaire des mots employés par Mateiu
Caragiale, qui m’a beaucoup aidé. Mais ce qui a été essentiel pour accéder à
l’univers de cet écrivain c’était de l’imaginer en tant que personnage littéraire,
de comprendre sa façon de penser et d’écrire. J’ai eu besoin de cette image pour
créer un pont avec le texte de départ. C’est pourquoi je dis que la
documentation a été un élément essentiel pour traduire « Les Seigneurs du
Vieux-Castel ». Je dirais que Mateiu Caragiale est, avant tout, un dandy.
La littérature anglophone connait ce type de personnage/auteur, Oscar Wilde et
Edgar Allan Poe en étant deux exemples. Ce type de littérature, la littérature
décadente anglophone, m’a beaucoup aidé à comprendre et à traduire Mateiu
Caragiale. »
Sean Cotter est venu à Bucarest pour la première fois en
1994, à cause d’un tampon erroné apposé sur un document. Il avait 23 ans et il
était volontaire dans une organisation gouvernementale. « Ça c’est
passé comme ça, je devais me rendre au Kazakhstan, j’étais volontaire dans une
organisation gouvernementale, le Peace Corps/le Corps de la Paix. Et j’ai été
très heureux d’arriver en Roumanie, même si j’ignorais presque tout de ce pays,
je l’avoue très franchement. Je savais tout simplement que « da » était
« oui » et que « nu » était « non », mais je me
trompais des fois. J’ai suivi un cours de roumain, dans une école du côté de
Piața Amzei, à Bucarest, un cours intensif avec quatre heures d’étude par jour. Je me
souviens que la dame qui nous enseignait la langue nous avait lancé le défi de
traduire le très bref Poème de Nichita Stănescu: Spune-mi, dacă te-aș prinde într-o
zi şi ţi-aş săruta talpa piciorului, nu-i aşa că ai şchiopăta puţin, după
aceea, de teamă să nu-mi striveşti sărutul? / Dis-moi, si un jour je
t’attrapais et t’embrassais la plante du pied, n’est-ce pas que tu te mettrais
à boiter un peu, par peur d’écraser mon baiser ? Puisque j’enseigne la
traductologie à l’université, moi aussi je propose de temps en temps à mes
étudiants de traduire ce poème, qui a donc été traduit par plus de 400
étudiants en une seule année, étant donc le poème roumain le plus traduit en
anglais. La littérature roumaine m’est très proche. En fait, ma passion pour la
littérature roumaine fait partie de ma vie. »
Sean Cotter a traduit en anglais des œuvres de nombreux
écrivains roumains: Mircea Cărtărescu, Nichita Stănescu, T.O.Bobe, Nichita
Danilov, Liliana Ursu, Magda Cârneci. Cette année, il publiera aux États-Unis
la traduction du roman « Solénoïde », de Mircea Cărtărescu,
récompensé de nombreux prix internationaux. Sean Cotter est également l’auteur
de l’ouvrage « Literary Translation and the Idea of a Minor Romania »
(paru aux éditions Rochester University Press, en 2014), qui a reçu le Prix
biannuel du livre accordé par la Society for Romanian Studies. (Trad. Ileana
Ţăroi)
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Christian Ghibaudo (France) – Des campagnes censées encourager la lecture
En janvier
2022, Christian Ghibaudo nous posait la question suivante :
« que fait le service public de radio et télévision pour
encourager les Roumains à lire un peu plus ? Par exemple, disait-il,
en France, à la télévision nous avons la grande librairie et à la radio la
librairie francophone. Cette dernière émission diffusée le samedi après midi
sur France Inter est largement plus intéressante, opinait notre auditeur. Hé
bien, cher Christian Ghibaudo, récemment, une campagne lancée par une des
maisons d’édition les plus connues de Roumanie, m’a fait penser justement à ce
sujet. Effectivement, les statistiques sur la place que les livres occupent
dans la vie des Roumains sont plus qu’inquiétantes : 93,5% des Roumains
n’achètent aucun bouquin par an ce qui fait que le marché roumain du livre soit
un des moins importants en Europe.
Dans ce contexte, la maison
d’édition Nemira vient de lancer la campagne « Bookvertising » censée
encourager la lecture et la littérature roumaine contemporaine. Comment ? « Hé
bien, en plaçant dans les publicités aux différents produits autochtones des
livres écrits par des auteurs roumains contemporains », explique
Laura Câlţea Vinţ, bloggeuse, en citant le communiqué de presse officiel. Il est très rare que des
bouquins soient présents dans des publicités et lorsqu’ils le sont, ils font
plutôt partie du cadre, donc impossible de déchiffrer le nom de l’auteur ou le
titre. Et si tous ces livres deviennent réels et que leurs auteurs soient mis
en avant ? Voilà l’idée qui a servi de tremplin à cette campagne qui a
enthousiasmé déjà plusieurs marques importantes de produits roumains. « Par
cette campagne, poursuit Laura Câlţea Vinţ, Nemira souhaite que le public
considère une sorte de normalité de voir des livres apparaître dans des
publicités ».
Pour
cela, rien de plus simple: les maisons d’édition dressent des listes d’auteurs
roumains contemporains et de leurs livres et les producteurs entrent sur la
plateforme Bookvertising, à l’adresse www.bookvertising.ro pour choisir
le bouquin qu’ils souhaitent intégrer dans la publicité faite à leurs produits.Cette idée
innovatrice cartonne déjà sur les réseaux et a toutes les chances d’encourager les
Roumains à lire, notamment de la littérature roumaine contemporaine. Et pour
que cette démarche soit encore plus pertinente, les Maisons d’édition Nemira
ont lancé dans le cadre de cette même campagne, une pétition enligne censée
convaincre le Conseil national de l’Audiovisuel à faire passer à la télé le
message « Pour un développement harmonieux, lisez au moins un livre par
mois ».Les Roumains
lisent moins de 5 minutes par jour et 41% des élèves roumains ont des
difficultés de la lecture, titre le journal Libertatea qui a consacré tout un
article à cette campagne intéressante. Parmi les livres promus jusqu’à présent dans
le cadre de la campagne Bookvertising, une grande partie figurent dans la
collection N’auteur coordonnée par Eli Badica, celle à qui on doit, en fait, l’idée de cette campagne mise en place avec ses collègues du Département de Relations publiques de Nemira. La collection N’auteur est consacr&e justement aux auteurs roumains contemporains. Une chance de plus donc offerte à ceux-ci de se faire
connaître dans un pays où la lecture perd de plus en plus, du terrain. Et
pourtant, n’oublions pas que le simple fait de lire enrichit notre vocabulaire,
nourrit l’imaginaire, réduit le stress et améliore la concentration.Le lien audio de cette réponse est à écouter ici:
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La romancière canadienne d’origine roumaine, Felicia Mihali
Romancière, journaliste, professeure et éditrice d’origine
roumaine, FeliciaMihali vit au Canada
depuis 2000 quand elle a quitté la Roumanie, malgré une carrière littéraire
très prometteuse. Spécialisée en littérature postcoloniale à l’Université de
Montréal, FeliciaMihali a écrit en tout, trois romans en roumains, trois en
anglais et neuf en français parmi lesquels Dina, paru en 2008 et que son
auteure a décidé de traduire en roumain. D’ailleurs, c’est pour le lancement de
sa traduction que FeliciaMihali est venue sur Bucarest et du coup, elle peut
être présente à mes côtés, dans les studios de RRI. -
Corina Ciocârlie – Europe Zigzag
La librairie française Kyralina de Bucarest, unique en son genre en Roumanie, a accueilli une nouvelle édition de l’émission « Le Son des mots », un projet radiophonique de Radio Roumanie Internationale, réalisé en partenariat avec la librairie Kyralina. Aux manettes de cette édition, Laurie Mouret, de l’équipe « Kyralina », et Ileana Ţăroi, de l’équipe francophone de RRI .Notre invitée est une autrice et journaliste roumaine qui vit au Luxembourg. Née à Timişoara, elle s’installe en Belgique et puis au Luxembourg au tout début des années 1990. Essayiste et journaliste culturelle, ses domaines d’intérêt sont variés, allant de l’enseignement du roumain et du français à l’édition de livres, en passant par l’essai et la critique littéraire, et bien-sûr, le journalisme.
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La Fontaine de Trevi, de Gabriela Adameşteanu
Considérée comme une des voix les plus importantes de
la littérature roumaine contemporaine, Gabriela
Adamesteanu s’est trouvée sur Paris, à la mi-juin, pour lancer la traduction en
français, par Nicolas Cavaillès, de son roman « La Fontaine de
Trevi » parue chez Gallimard dans la Collection « Du monde
entier ». Quatrième roman traduit en français après « Une matinée
perdue », « Vienne le jour » et « Situation
provisoire », « La Fontaine de Trevi » présente un demi-siècle
d’histoire roumaine à travers l’introspection d’une héroïne lucide. Davantage
sur ce livre avec Laurie Mouret, libraire chez Kyralina, qui en a fait son coup
de cœur.