Tag: monastère

  • Le Monastère de Lainici

    Le Monastère de Lainici

    Situé dans les gorges du Jiu, à 32 km de la ville de Târgu Jiu, le monastère de Lainici a été fondé au 14ème siècle par le moine Nicodim dans un endroit alors isolé. La première construction en bois n’existe plus. Le premier document attestant de l’existence d’un lieu monastique à Lainici date de 1784, époque à laquelle les nobles de la région de Gorj ont contribué à la construction d’un monastère avec des dépendances et de hautes enceintes en briques. L’église du monastère a été construite dans la première moitié du 19ème siècle, décorée par la suite avec des fresques intérieures et une iconostase de style byzantin. En 1880, la route traversant les gorges du Jiu a également été construite, facilitant le voyage vers ce lieu de culte.

     

    Le monastère de Lainici a été très endommagé pendant la Première Guerre mondiale, étant dévasté et pillé par les soldats allemands. Après avoir été restauré, il a de nouveau subi des épreuves dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, au moment de l’instauration du régime communiste en Roumanie. Le monastère a été transformé en une soi-disant “maison de repos pour prêtres” jusqu’en 1970, sans possibilité d’y célébrer des offices religieux, car les portes de l’église avaient été verrouillées.

     

    Un monastère en plusieurs étapes qui reflètent chacune un pan de l’histoire

     

    Après la chute du régime, d’autres constructions ont été érigées au sein du monastère de Lainici, y compris une église qui surprend toujours les visiteurs par sa conception architecturale. Le père archimandrite Ioachim Pârvulescu, l’abbé du monastère, nous a fourni plus de détails à ce sujet :

     

    « La construction d’une autre église était envisagée depuis des décennies et la Révolution de 1989 nous a offert l’occasion de le faire. Le 18 avril 1990, la première pierre a été posée. Le terrain étant en pente, cela a créé un sous-sol, et nous avons décidé d’en faire une église. Nous avons alors pensé à concevoir le programme iconographique de manière à ce que l’église en bas représente l’église des catacombes, car l’histoire de notre Église chrétienne se divise en deux périodes fondamentales. La première est celle de l’église des catacombes, lorsque le christianisme était une religion illégale. Ensuite, de 313 jusqu’à aujourd’hui, c’est l’église libre. En tenant compte de cette division de l’histoire de l’Église en deux périodes fondamentales, nous avons conçu le programme iconographique ainsi. L’église du sous-sol n’est pas encore peinte. Elle sera ornée de peintures retraçant l’histoire de l’Église, de l’an 1 à 313, avec des représentations concrètes, non pas des fables, mais de l’archéologie biblique, de l’histoire et des saints des trois premiers siècles. Ensuite, les peintures de l’église supérieure, déjà consacrée depuis 2011, représentent des sccèbes allant de 313 jusqu’à aujourd’hui. Finalement, il s’agit d’une chronologie de l’histoire de l’Église, de ses origines à nos jours, avec des saints de toutes les époques et de toutes les régions, marquant ainsi son universalité. »

     

    Un moment important de l’histoire récente a eu lieu le 23 juillet 2006, lorsqu’une copie de l’icône miraculeuse “Gorgoepicuus”, ou en roumaine “Grabnic Ascultătoarea” (celle qui écoute rapidement), a été apportée du Mont Athos au monastère de Lainici. Cette icône a été spécialement réalisée pour le monastère de Lainici et représente la cinquième copie réalisée au cours du dernier siècle par les moines du Mont Athos.

    (Trad. Rada Stanica)

  • La Bibliothèque du monastère de Sinaia

    La Bibliothèque du monastère de Sinaia

     

    Dans l’espace médiéval roumain, l’érudition et tout ce qui était liée à l’enseignement ainsi qu’à l’écriture et à l’impression de livres étaient concentrés à l’intérieur et autour des monastères. Ce fut le cas du monastère Sinaia, sis dans la station montagnarde homonyme de la Vallée de la Prahova. Avec son architecture impressionnante, ce lieu de culte orthodoxe s’est aussi fait remarquer par son association avec une importante famille princière et érudite des Cantacuzène. D’ailleurs, le fondateur du monastère, érigé entre 1690 et 1695, est le spătar (boyard commandant militaire) Mihail Cantacuzino, le même qui a fait construire le premier hôpital civil de Bucarest, l’Hôpital Colţea.

     

    Un lien entre le monastère de Sinaia et les bibliothèques modernes de Valachie

     

    Ce que l’on sait moins c’est le lien qui a existé entre ce monastère et les bibliothèques modernes de Valachie, un lien dont parle Simona Lazăr, chercheuse et bibliothécaire au Centre culturel « Carmen Sylva » de Sinaia.

     

    Simona Lazăr : « L’année 1695, année de la consécration du monastère, a aussi été celle de la fondation de la première bibliothèque de Sinaia. Le stolnic (boyard chargé de gérer les cuisines et les repas du prince) Constantin Cantacuzino, grand érudit de son temps et frère de Mihail Cantacuzino, a fait don au monastère du livre qui porte aujourd’hui encore le numéro d’inventaire 1. C’est l’Evangile en grec et en roumain » imprimé à Bucarest en 1693. Le monastère détient à présent quatre exemplaires de cet ouvrage, qui a une particularité, à mon avis. Il réunit les quatre frères Cantacuzino. Comment ? Eh bien, le don a été fait par le stolnic Cantacuzino au monastère érigé par son frère, le spătar Mihail Cantacuzino, il a été imprimé en 1693 dans l’imprimerie créé presqu’une décennie auparavant par son frère, Șerban Cantacuzino, prince régnant de Valachie, et il a été ultérieurement traduit par un autre frère, Iordache Cantacuzino. Le monastère détient des livres écrits en langue roumaine avec l’alphabet cyrillique. Il détient aussi des livres en grec et même en allemand. L’ouvrage le plus ancien est une édition du Nouveau Testament, publiée à Leipzig en 1564. Il y a ensuite un Antologhion (le Recueil de textes religieux) de Câmpina datant de 1643 et un recueil de textes de loi de 1652, imprimé à Târgoviște. Vient ensuite la Bible de Bucarest en 1688, également connue sous le nom de Bible de Șerban Cantacuzino, puisque c’est lui qui en a disposé et surveillé l’impression. La bibliothèque du monastère s’est agrandie à travers le temps. La plupart des ouvrages étaient des livres de culte, pour le service religieux. »

     

    L’amour du livre est une autre caractéristique de la famille Cantacuzino

     

    D’ailleurs, l’amour du livre est une autre caractéristique de la famille Cantacuzino, qui a produit de nombreux princes régnants de Valachie et qui a marqué l’histoire politique et culturelle jusqu’à l’époque contemporaine, rappelle Simona Lazăr.

    « Mais pour comprendre comment il est possible que quatre frères aiment à ce point les livres, il faudrait connaître plusieurs choses sur leur enfance. Leur père, le postelnic (boyard chargé de gérer les audiences princières) Cantacuzino, avait créé, dans la maison familiale, une petite bibliothèque pour son propre plaisir et pour l’éducation de ses enfants. Ils ont compris l’importance des livres et c’est là que leur formation a commencé. Et je dirais aussi que c’est là qu’avait été plantée la graine de cette bibliothèque de Sinaia. Il faudrait aussi ajouter qu’au moins deux des frères, Constantin et Mihail, ont fait des études dans la ville italienne de Padoue. C’est là que Constantin Cantacuzino a commencé à se passionner des livres, ce qui l’a poussé à créer, par la suite, sa propre bibliothèque au monastère de Mărgineni. En plus, nous, les bibliothécaires, devons à Constantin Cantacuzino le fait qu’il a ramené de Padoue une science de la description bibliographique des livres, telle qu’elle était au XVIIème siècle. Bien-sûr qu’un tas de choses ont changé avec le temps, mais la façon dont aujourd’hui l’on dresse un catalogue des livres déposés dans un espace commun appelé bibliothèque, qu’elle soit privée, publique ou d’un monastère, eh bien, cela a commencé en Valachie grâce à Constantin Cantacuzino. »

     

    Un fonds de livre ancien qui s’élargit

     

    Le monastère fondé à Sinaia par le spătar Mihail s’élargit, entre 1842 et 1846, avec une église plus grande et deux ailes de cellules monacales. Son visage actuel date des années 1897 – 1903, lorsque Nifon Popescu en a été le  supérieur et l’Éphorie des Hôpitaux civils entreprend de gros travaux de rénovation, sous le règne du roi Carol I. C’est d’ailleurs la période la plus faste de la bibliothèque du lieu de culte, qui enrichit son patrimoine dans une conjoncture que Simona Lazăr décrit pour RRI.

    « Le monastère a enrichi son fonds de livre ancien à l’époque de Carol I, quand le lieu de culte faisait partie des 19 ermitages et monastères gérés par l’Ephorie des Hôpitaux civils ; c’est ici que débutait l’effort de mettre au point le premier musée monacal, dont l’inauguration remonte à l’année 1895, lorsque le monastère comptait deux siècles d’existence. C’est donc vers 1890 que le supérieur du monastère est chargé de parcourir les paroisses de la région et de collecter objets de culte, vêtements ou encore livres anciens pour constituer le musée. »

     

            Malheureusement, sur les ordres des autorités communistes du pays, l’année 1948 ouvre une période soi-disant de « dé-fascisation » de la bibliothèque du monastère, de nombreux livres ont disparu de Sinaia sans laisser des traces jusqu’à nos jours. (Trad. Ileana Ţăroi)

     

  • Au Maramureș

    Au Maramureș

    Le long des siècles, les forêts ont assuré aux habitants de la contrée la matière première nécessaire à la construction d’imposantes églises et de superbes portails en bois sculpté, véritables œuvres d’art traditionnel roumain. Nous découvrons cette véritable « civilisation du bois » en compagnie de Petru Daniel Maran, directeur du Centre national d’information et de promotion touristique de Sighetu Marmaţiei :



    « Le meilleur point de départ pour visiter la région est la ville de Sighetu Marmaţiei, qui est depuis l’année dernière station touristique d’intérêt local. Le premier document attestant l’existence de la ville date de 1326. Elle a été à la fois résidence des voïvodes, centre administratif du comté de Maramureş et chef-lieu du département. Les touristes de passage par Sighetu Marmaţiei ont à leur disposition un large éventail de sites touristiques et d’évènements culturels. L’offre de tourisme culturel tourne autour des musées de la ville, à savoir : le Mémorial des victimes du communisme et de la résistance, le Musée du village du Maramureş, le Musée d’ethnographie, le Musée de la culture juive — la Maison musée Elie Wiesel, le Musée d’histoire, d’archéologie et des sciences de la nature et enfin la Maison musée dr Ioan Mihalyi de Apșa. La ville de Sighetu Marmaţiei possède pas moins de 99 monuments historiques, dont la plupart des immeubles anciens ou des complexes architecturaux. Depuis 2017 Sighetu Marmaţiei est inclus sur la liste des destinations européennes d’excellence, suite à sa participation à cette compétition dans la section « Tourisme culturel tangible ». J’ai le plaisir de vous inviter au mois de décembre à Sighetu Marmaţiei, même si cette année, pour des raisons liées à la gestion de la pandémie de Covid-19, le Festival des traditions d’hiver ne se tiendra plus à Sighetu Marmaţiei dans le cadre du Festival « Marmaţia ». Mais nous avons en échange un marché de Noël, déroulé au centre-ville jusqu’au 26 décembre. Dans le cadre de ce marché, des récitals de cantiques se dérouleront autour du sapin de Noël toutes les soirées de fin de semaine pour enchanter les visiteurs. »



    Nous poursuivons notre voyage avec des visites aux principaux sites touristiques de villages du Maramureş. Petru Daniel Măran.


    « Pour commencer je vous propose de visiter la commune de Săpânța sur la vallée de la Tisa. Le premier site touristique à visiter est le Cimetière Joyeux. C’est un véritable musée de l’art traditionnel, tout à fait original. Ce fut en 1935 que Stan Ioan Pătraș a commencé à tailler dans le bois les premières croix qui ont fait la renommée de la localité de Săpânța. Les croix sculptées et vivement colorées refont d’une manière caricaturale des aspects de la vie des personnes décédées, le cimetière devenant ainsi une véritable chronique de la communauté locale. Lorsque vous êtres déjà à Săpânța, il ne faut pas rater non plus la maison musée de l’artisan Stan Pătraș. Un autre site important qui attire les touristes intéressés par l’art de la sculpture en bois est le monastère de Săpânța-Peri, situé dans une superbe forêt de chênes appelée Dumbrava. Les touristes ne devraient pas rater non plus la visite des églises en bois qui rendent la région du Maramureş célèbre. Le plus grand nombre d’églises anciennes en bois est à retrouver sur les vallées des rivière Iza, Mara et Cozău. Je vous recommande de visiter celles de Desești, Budești, Bârsana, Poienile Izei et Ieud, particulièrement belles et protégées par l’UNESCO. Je vous invite à faire une halte au monastère de Bârsana, célèbre pour son architecture traditionnelle en bois. Je vous recommande les villages de Breb, Botiza, Ieud et Oncești, qui gardent vivantes l’architecture, les vêtements et les traditions de la contrée. Une fois arrivés au Maramureş, vous pouvez visiter la station touristique et ville d’eaux Ocna Șugatag, dont les eaux ont des propriétés curatives. »



    Petru Daniel Măran, directeur du Centre national d’information et de promotion touristique de Sighetu Marmației, nous recommande aussi de faire une randonnée avec la Mocăniţa, ce train decauville de Vişeul de Sus. La locomotive à vapeur tire le train en amont le long de la Valée de la rivière Vaser sur un chemin de fer à écartement étroit. Ce voyage ne fera qu’illustrer le riche patrimoine technique et culturel, mais aussi le paysage spectaculaire de la Valée du Vaser. Par ailleurs, en hiver, les touristes disposent d’innombrables autres variantes de loisirs.



    « La contrée du Maramureş a des hivers avec beaucoup de neige et des montagnes hautes, soit le cadre naturel idéal pour pratiquer les sports d’hiver. Les pistes de ski sont à retrouver à Borşa, au col de Prislop, dans la station d’Izvoarele et à Cavnic. Côté randonnées sauvages, vous pouvez suivre les itinéraires faciles de la région des dépressions, qui permettent de passer d’un village à l’autre via des sentiers pittoresques et des itinéraires alpins. Les trajets les plus spectaculaires sont ceux du massif de Rodna, dont les sommets dépassent les 2 000 mètres. Ce qui plus est, les pensions touristiques des villages du Maramureş proposent souvent des randonnées en chariot ou en traineau, en fonction de la saison. Les fêtes d’hiver constituent une excellente occasion de montrer le côté authentique de la contrée. Normalement, au mois de décembre, toute une série d’événements culturels s’y déroulent, mais à cause du contexte pandémique, cette année, ils ont été adaptés pour offrir un niveau élevé de protection tant aux visiteurs qu’aux habitants des parages. A l’occasion des fêtes de fin d’année, les gîtes ruraux du Maramureş sont archipleins et cela en dit long sur l’hospitalité des habitants des lieux. Les touristes qui choisissent de passer les fêtes en compagnie des gens du Maramureş seront tout simplement enchantés. Je vous le garantis ! »



    Sachez aussi que plusieurs projets visent à développer davantage le tourisme au Maramureş, nous dit notre guide d’aujourd’hui, Petru Daniel Măran.


    « Certains prévoient d’aménager le domaine skiable, d’autres de marquer les itinéraires touristiques et de réhabiliter le patrimoine culturel des villages. A Sighetu Marmaţiei, nous souhaitons réhabiliter les immeubles qui accueillent les sections du musée du Maramureş et des autres bâtiments classés monuments historiques. A présent, nous sommes en train de mettre en œuvre un projet transfrontalier visant à restaurer la Maison musée d’Elie Wiesel. Nous déroulons un projet visant à installer des panneaux de promotion touristique et nous comptons refaire au printemps la signalétique des itinéraires touristiques dans la ville. En conclusion, je voudrais vous souhaiter Joyeuses fêtes et vous inviter au Maramureş pour voir par vos propres yeux tout ce que je vous ai raconté. »



    Voici donc autant d’arguments de visiter le Maramureş, une destination phare en Roumanie, notamment durant les fêtes de fin d’année.


    (Trad.: Alex Diaconescu)




  • Escapade à Curtea de Arges

    Escapade à Curtea de Arges

    Madame,
    Monsieur, cette semaine, mettons le cap sur la ville de Curtea de Argeș, une
    des destinations touristiques faciles à visiter une fois sur Bucarest. Sise à
    seulement 160 km de la capitale roumaine, Curtea de Argeș, première capitale de
    la Valachie, allait perdre de son prestige au moment où la cour du prince
    déménage à Târgoviște. Ce n’est que beaucoup plus tard, dans la période de
    l’entre-deux guerres que la localité de Curtea de Arges allait renouer avec sa
    gloire d’autrefois au moment où sa cathédrale devient nécropole de la famille
    royale de Roumanie. Localité pleine de légendes, Curtea de Arges doit sa renommée
    au Monastère homonyme que le prince Neagoe Basarab a fait dresser entre 1512 et
    1517. De nos jours, c’est ici que se trouvent les tombes funéraires des rois
    Carol I et Ferdinand I et de leurs épouses, les reines Élisabeth et
    respectivement Marie.


    Une fois sur
    place, le touriste aura l’occasion d’apprendre la très belle légende du
    batisseur Manole. Considérée comme un des mythes fondamentaux de la culture
    roumaine, cette histoire parle du sacrifice suprême qu’un artiste est prêt à
    faire pour voir sa création accomplie. Désespéré de voir chaque nuit sa
    construction effondrée, Manole accepte comme solution extrême de procéder à un
    sacrifice humain. Sauf que le destin a choisi que la victime soit Ana, son
    épouse. En vain Manole a-t-il essayé de l’empêcher d’arriver sur les lieux.
    Amoureuse, Ana a réussi à surmonter tous les obstacles et elle finit par être
    emmurée par son mari. Toujours dans l’enceinte du monastère de Curtea de Arges,
    le visiteur pourra admirer la fontaine de Manole, construite sur les lieux où
    la légende dit que le bâtisseur aurait trouvé sa mort. Abandonné sur la toiture
    de l’église par le voïvode Negru Voda qui voulait s’assurer de cette manière
    que le bâtisseur ne pourra plus jamais ériger un monastère encore plus beau que
    celui qu’il venait de finir, Manole allait se construire une paire d’ailes en
    bois pour essayer de s’envoler. Bien sûr, il avait échoué dans cette tentative
    et il a fini par trouver la mort.




    Construite
    presque dix ans durant, entre 2009 et 2018, la Cathédrale de Curtea de Arges se
    trouve juste à l’entrée de l’enceinte qui entoure le Monastère homonyme.
    Patronnée par la Sainte Philotée et les Saints Archanges Michel et Gabriel, la
    cathédrale abrite aussi les tombes de la famille royale. Construit à
    l’initiative de l’Archevêché d’Arges et de Muscel, en partenariat avec la
    Maison royale de Roumanie, l’édifice on le doit à l’architecte Augustin Ioan,
    professeur à l’Université d’Architecture et d’Urbanisme Ion Mincu, de Bucarest.
    La construction, en style byzantin, a
    démarré le 10 mai 2009, en présence de la Princesse Margareta de Roumanie et du
    prince Radu. De 36 mètres de large, la cathédrale est en forme de croix
    grecque, le naos principal a la même hauteur que celui transversal et la
    coupole est surmontée par une flèche de 21 mètres de haut. Dans la chapelle
    construite du côté gauche, le fidèle peut voir les reliques de la Sainte
    Philotée. A l’extérieur, la cathédrale est ornée de détails construits en
    pierre blanche, tandis qu’à l’intérieur, elle est décorée de mosaïques. La
    nécropole royale réunit seize tombes pour les membres de la famille royale et
    pour les archevêques d’Arges et de Muscel. Parmi les illustres figures inhumées
    dans cette cathédrale, on retrouve le roi Michel I et son épouse, la reine Ana
    ou encore le roi Carol II et la reine Elena.


    Sise aux pieds
    des Monts Fagaras, la ville de Curtea de Arges est la porte d’entrée vers la
    route de Transfăgărăşan, l’une des plus belles d’Europe que les touristes
    s’empressent de découvrir. Du coup, que vous soyez passionnés par la culture,
    la religion, l’histoire ou tout simplement, la nature, la région de Curtea de
    Arges s’avère une destination idéale de vacances.





  • L’écrivain Nicolae Steinhardt…

    L’écrivain Nicolae Steinhardt…

    Né en juillet 1912 et décédé au printemps 1989, avant de voir la chute du régime communiste, Nicolae Steinhardt est devenu, à titre posthume, un symbole d’anticommunisme et de résistance par la religion et la culture. Docteur en droit, passionné de littérature et d’écriture dès l’entre-deux-guerres, Nicolae Steinhardt faisait partie du groupe d’intellectuels dit Noica-Pillat, dont les membres ont été condamnés à des peines de prison par les autorités communistes pour des actions contre l’État. Parmi ces actions, il y avait aussi la lecture de livres considérés comme subversifs à l’époque. C’est le moment où l’étiquette de « subversif » commence à s’appliquer à Steinhardt, un intellectuel qui, en fait, a toujours été original et non-conformiste. Par exemple, « Dans le genre des jeunes », son volume de début dans les années 1930, est un volume qui parodie le style littéraire, et non seulement, de la jeune génération de l’époque, qui comprenait également ses amis Mircea Eliade, Constantin Noica et Emil Cioran, tous marqués par la variante roumaine de l’existentialisme, mais aussi par l’option des idéologies politiques d’extrême droite.



    Arrêté en 1960 et libéré en 1964, lors de l’amnistie générale des prisonniers politiques, Steinhardt entreprendra un autre acte subversif : l’échec de sa proximité avec le judaïsme indigène l’amènera à se convertir à l’orthodoxie et, enfin, à faire son entrée en religion au monastère de Rohia du Maramureş. Vêtir l’habit monastique ne signifiera pas, pour lui, abandonner l’écriture ; Steinhardt publie quelques livres pendant le communisme, après que son droit de signature lui eut été rendu. Que peut-on conclure de l’analyse de son travail et de sa biographie ? Le critique littéraire Cosmin Ciotloş nous en parle :



    « Steinhardt était subversif aussi par rapport à sa génération légionnaire, et par rapport à ce qui s’est passé dans les années 50, et également par rapport aux modèles structuralistes des années 60-70 et ainsi de suite. Et il parvient presque à être subversif aussi par rapport à la lecture qui lui a été appliquée pendant près de 30 ans, à titre posthume cette fois. Quant à ses relations avec les utopies ou les utopismes en tout genre, on peut déjà en déduire clairement qu’il les a dribblés. Steinhardt a réussi à dribbler ces tentations utopiques par sa façon d’être. »



    Les tentations utopiques que Nicolae Steinhardt a dribblées étaient à la fois les idéologies de gauche et d’extrême droite ou les totalitarismes qui en ont émergé. Sa manière d’être – nuancée, humaniste et toujours prête au dialogue – ressort d’ailleurs le mieux du « Journal du bonheur », son livre le plus connu, paru après 1989, dont le manuscrit a été saisi par la Securitate communiste. Comment Steinhardt apparaissait-il pour la première fois aux yeux d’une personne avec qui il n’avait pas encore eu de dialogue ? Nous l’apprenons de l’universitaire Mihai Zamfir qui a eu le privilège de le connaître dans les années 1970. Le Pr Zamfir :



    « Bien sûr, quand je l’ai rencontré la première fois, je ne savais pas qui il était. Je savais vaguement qui il était, et alors son portrait s’est dessiné par la suite avec le recul, en lisant, au début, les livres qu’il était autorisé à publier après sa sortie de prison, puis en lisant les nombreuses pages qui sont apparues après 1990. C’est ainsi que j’ai vu, en fait, à qui j’avais affaire. J’ai découvert l’envergure réelle de cet homme maigrichon, et insignifiant en apparence. Quand je l’ai connu, il était près de devenir moine et c’est pourquoi il semblait encore plus effacé, et moins important, physiquement parlant. Sachez que la différence entre Steinhardt et ses soi-disant collègues, les critiques littéraires des années 70-80, était énorme, et il essayait tout le temps de l’escamoter. Il avait une culture écrasante envers les autres. (…) Ce que Steinhardt savait était si écrasant par rapport aux autres que ce n’est que rarement et seulement dans certains articles qu’il a introduit le scalpel philosophique en littérature pour en faire ressortir ce que d’autres ne remarquaient pas. »



    Récemment, l’œuvre de Nicolae Steinhardt a bénéficié d’une nouvelle analyse à travers l’œuvre « Les Ages de la subversion. N. Steinhardt et la déconstruction des utopies », écrit par Adrian Mureşan. Qu’est-ce que l’auteur a découvert à cette occasion ? Adrian Mureşan :



    « J’ai souvent senti que le cadrage de Steinhardt n’était pas très précis. On a parlé de lui comme d’un dissident, sans même que certains orateurs sachent ce que dissidence voulait dire, y compris du point de vue étymologique. Mais on est également passé à l’autre extrême. J’ai polémisé dans le livre avec quelques voix qui ont minimisé excessivement la contribution de Steinhardt. Certaines voix se demandaient, par exemple : « Pourquoi le testament politique de Steinhardt avec ses célèbres solutions de résistance est-il si important ? Tout est beau sur le papier, mais quelle valeur ont-elles dans la pratique ? » Or la protestataire Doina Cornea et d’autres, pas beaucoup, ont démontré que cette partie de théorie pouvait admirablement être mise en pratique – pas par beaucoup, il est vrai. Une deuxième partie du livre concerne un autre cliché avec lequel j’ai ressenti le besoin de polémiser. Il s’agit de Nicolae Steinhardt, le critique littéraire. Ce que j’ai entrepris, c’est de démontrer que Steinhardt était, en fait, un critique culturel. Et enfin, la troisième partie concerne la manière dont Steinhardt lit la littérature française et anglaise, c’est-à-dire, si on parle de manière réductionniste, le modèle culturel et littéraire européen tel qu’il apparaît dans la littérature française et anglaise principalement. Il existe deux âges de la subversion chez Steinhardt : l’âge d’entre-deux-guerres, un âge de la contestation parodique du jeune conservateur, mais rebelle, et le deuxième âge, l’âge de la maturité subversive, qui est naturellement celui de l’essayiste de l’après-guerre qui a « l’honneur » d’être persécuté par son pire ennemi même, le communisme avec tous ses avatars. Steinhardt a été, en effet, un véritable anticommuniste ou antisocialiste depuis la fin de son adolescence. »



    L’antitotalitarisme de Steinhardt était bien connu des communistes, à preuve l’ample dossier de poursuites établi par la Securitate à son nom : 11 volumes constitués par la participation de plus de 500 officiers, 70 indics et une surveillance constante pendant 30 ans.


    (Trad. : Ligia)


  • Le Courrier des auditeurs du 30.07.2021

    Le Courrier des auditeurs du 30.07.2021


    Bucarest fond sous la canicule, et cea ne fait que commencer. En fin de semaine, la ville est désertée de ses habitants qui vont se rafraîchir, notamment au bord de la mer Noire. Ainsi, la semaine dernière, 150 000 touristes avaient investi la côte roumaine, un record pour cet été. D’ailleurs, c’est la saison des vacances ; d’autres, et j’en fais partie, ont choisi de faire un tour en Roumanie. Un tour de 2 000 km en 9 jours, qui a été très apprécié par ceux qui ont vu les photos ou qui connaissent déjà les endroits. Je me propose de vous le raconter pour vous donner des idées de voyage, vu que nous l’avons imaginé aussi pour un membre de la famille qui est étranger.



    Partis de Bucarest, nous avons rejoint Dunavăţu de Jos, une commune du delta du Danube, dans le département de Tulcea (sud-est). En chemin, vous pouvez également visiter la ville-port de Constanţa, Mamaia, la perle de la côte roumaine de la mer Noire, et l’ancienne cité de Histria, fondée par les colons grecs au 6e s. avt. J.-C. Cette dernière est aussi la ville la plus ancienne attestée sur le territoire de la Roumanie. Sachez que la Dobroudja est, à cette époque, pleine de champs de tournesol d’une très grande beauté ; nous nous sommes arrêtés pour faire un nombre impressionnant de photos. Le delta nous a accueillis avec une météo très agréable, ce qui nous a permis de faire deux promenades en barque. L’une à partir de Dunavăţu de Jos, pour aller jusqu’à la plage sauvage de Perişoru, à la mer Noire, à travers plusieurs canaux de toutes les dimensions, dont certains – minuscules. Nous avons eu la joie de voir pélicans, cormorans, aigrettes, cygnes, foulques, grèbes huppés, hérons cendrés et autres évoluer parmi les nénuphars et les roseaux. Le lendemain, nous avons pris un petit bateau de Jurilovca pour aller jusqu’à Gura Portiţei, une langue de terre où vous avez d’un côté le lac Goloviţa et de l’autre — la mer Noire. Pour ceux qui souhaitent assaisonner leurs vacances d’histoire, ne passez pas sans visiter la citadelle médiévale d’Enisala, construite dans les années 1300 en haut d’une colline empierrée. Les fouilles archéologiques qui y ont été pratiquées ont permis de mettre au jour deux logements du premier âge du fer. De là, vous avez une superbe vue sur les environs.



    Nous avons quitté à regret le delta, traversé le Danube en bac à Brăila et mis le cap sur une autre attraction dont nous vous avons souvent parlé à l’antenne : les Volcans de boue de Berca, au département de Buzău. Un paysage lunaire, tout à fait inédit, avec de petits cratères bouillonnants et des coulées de boue nous attendait — contrastant avec les forêts avoisinantes. Je n’ai jamais rien vu de semblable, je peux dire qu’il vaut bien le détour. Le lendemain, nous avons visité le camp de sculpture en plein air de Măgura, dans le même département. En effet, c’est sur ces collines qu’un camp de sculpture pour artistes émoulus de l’Académie d’architecture de Bucarest et même pour des lycéens avait été organisé, entre 1970 et 1985. Les sculpteurs ont laissé leurs 256 œuvres monumentales là, et aujourd’hui l’exposition s’étale sur 21 ha. On dit que des phénomènes paranormaux se produisent à proximité, dans la forêt ; je ne les ai pas expérimentés. A l’hôtel où nous avons passé la nuit, en pleine forêt, nous avons eu un visiteur tout à fait inattendu le matin : un renard qui a pris son petit déjeuner avec nous. Les hôteliers le connaissent depuis trois ans et il vient se faire servir des victuailles tous les jours ; il en emporte pour nourrir aussi sa famille.



    Nous avons de nouveau pris la route pour aller à Şirnea, un petit village éparpillé sur des collines, au département de Braşov (centre). Jusque-là, nous avons admiré le paysage et le superbe lac de Siriu, à l’eau turquoise. Aux environs de Braşov, nous avons visité l’église médiévale fortifiée de Prejmer, du XIIIe siècle, incluse au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est toujours un plaisir de la revoir, surtout quand il fait beau. Bien entendu, nous ne pouvions pas passer à côté de Braşov sans faire un tour au centre-ville. La rue piétonne était très animée, nous y avons pris du bon temps. Nous sommes passés par Poiana Braşov et sommes arrivés à Şirnea, dans un paysage bucolique, avec beaucoup d’animaux. Nous y sommes allés pour faire des randonnées dans les alentours. Un trajet trouvé sur une application semblait séduisant ; 15 km par monts et par vaux, partiellement à travers la forêt, s’est avéré très très beau, mais aussi particulièrement fatigant. Nous l’avons parcouru en 6 heures ; on se reprend de la fatigue, on ne garde que les bons souvenirs. Néanmoins, il convient d’y aller avec un équipement approprié, et aussi d’emprunter un itinéraire adapté à sa condition physique.



    Il existe au département de Braşov un site rupestre très intéressant, qui est aujourd’hui un monastère, celui de Şinca Veche, creusé dans les Monts Făgăraş. Il est présumé par certains être vieux de 7 000 ans et avoir des origines daciques ou même plus anciennes. Un lieu très calme, très beau et très intéressant que les gens visitent pour ses légendes et ses mystères. Il comporte cinq pièces, et une sorte de tour haute de 10 m, par laquelle la lumière naturelle pénètre dans ce lieu étrange. Il a deux autels, ce qui indique ses origines préchrétiennes. On dit que cet endroit de recueillement est béni de Dieu et plein d’énergie positive. On y a découvert un symbole similaire au Yin et Yang et aussi l’étoile de David. Selon d’autres, c’est un lieu où des phénomènes paranormaux se passeraient, aussi. Au-delà de tout, un endroit vraiment intéressant à visiter.



    En route ! Avant de rejoindre notre gîte à Viştişoara, dans le département de Braşov, en pleine nature, nous avons visité le monastère Brâncoveanu (XVIe siècle), à Sâmbăta de Sus. A proximité, vous avez aussi un lieu appelé La Vâltori, dans le village de Lisa. Les vâltori, ce sont des tourbillons construits sur un cours d’eau, où les villageois lavaient leur linge par la seule force motrice de l’eau, sans lessive. Des machines à laver traditionnelles, si vous voulez. Il y avait aussi un métier associé, qui pouvait ou non être en rapport avec le traitement de la laine. Nous avons ainsi vu tous ces équipements des années 1900, et aussi des équipements pour traiter et filer la laine datant de la même époque et toujours fonctionnels. Là encore, très intéressant !



    Pas loin, au département de Sibiu, je vous recommande de voir l’Abbaye cistercienne de Cârţa, unique en Roumanie, une construction d’art roman et gothique fondée par les moines bourguignons et érigée d’abord en bois, vers 1202-1209, et ensuite en pierre, par des tailleurs de pierre français. Sa première attestation documentaire remonte à 1225. Les moines avaient un style de vie ascétique et leur activité était vouée à l’intérêt de la communauté. On y voit des chapiteaux, des clés de voûte, des fenêtres ainsi que le portail ouest, du XVe siècle. Vous verrez aussi l’église évangélique du XIIIe s. Cette abbaye a eu un rôle majeur dans l’histoire politique, économique et culturelle de la Transylvanie.



    Ne passez pas à côté de la citadelle de Făgăraş, dans la ville homonyme. Même si l’extérieur est en rénovation pour lui rendre l’aspect d’il y a 200 ans, présenté dans les gravures d’époque, l’intérieur est visitable. Forte d’une histoire de 600 ans, elle a conquis les tenanciers du site de voyages Hopper qui l’ont déclarée le deuxième plus beau château du monde voici quelques années — article présenté par le Huffington Post. Faire quelques pas dans l’ancien centre-ville de Sibiu est aussi un must ; laissez-vous envoûter.



    En quête de beauté, nous avons emprunté la Transalpina, la route la plus haute de Roumanie, qui traverse les Monts Parâng du nord au sud, et qui culmine à 2 145 m. Une route construite d’abord par les Romains, semble-t-il. En tout cas, les bergers des alentours de Sibiu l’empruntaient avec leurs moutons pour se rendre en Valachie. Modernisée à compter de 2009, elle est spectaculaire aujourd’hui. La beauté des paysages est à couper le souffle. 138 km parfois à travers des forêts et parfois même à travers les nuages, avec des lacs, et des paysages bucoliques. Une fois arrivés à Horezu, vous pouvez visiter le monastère de Hurezi du XVIe s., figurant au patrimoine mondial de l’humanité, et aussi les ateliers des potiers. Nous avons terminé le tour par les Cule, ces maisons fortifiées de Măldăreşti, au département de Vâlcea (sud).



    Chers amis, pour ceux qui seraient intéressés, je peux révéler les noms des hôtels et des gîtes que j’ai choisis, et qui se sont avérés excellents. Voilà, j’ai été un peu longue, mais j’espère que mon récit vous donne des idées de vacances en Roumanie.

  • Murtfatlar

    Murtfatlar

    Situé dans la région de Dobroudja, dans le département de Constanța, un endroit où des fouilles archéologiques font état de traces de la présence humaine davant 992 après J.-C., la ville de Murfatlar prend son nom actuel dès 1855, signifiant, en turc, les « gens de Murfat », ce dernier ayant été le seigneur de l’endroit à la période ottomane. A compter de 1924 et pendant plusieurs décennies, la ville sappellera Basarabi, avant de recouvrer son ancien nom.



    Pour beaucoup de Roumains, Murfatlar est synonyme de voyage vers la côte de la mer Noire, car il constitue un passage obligé de la route vers la mer. Cependant, Murfatlar, c’est bien plus qu’un point de passage, comme nous lavait confirmé Adrian Boioglu, journaliste voyage :



    « Murfatlar est définitivement lune des destinations incontournables. La région offre une multitude dattractions touristiques, une kyrielle d’attractions naturelles et culturelles qui valent le détour. Nous parlons ici des célèbres églises rupestres, qui appartiennent au christianisme primitif, et qui ont été découvertes par hasard voici 60 ans. Elles ne sont malheureusement pas accessibles au public, mais la région et ses environs le sont. Nous travaillons dur pour obtenir les avis du ministère de la Culture et du Musée dhistoire et darchéologie de Constanţa pour que ces églises puissent être rendues accessibles aux visiteurs, ou que l’on puisse au moins construire des répliques 3D au bénéfice des touristes. Mises à part les églises creusées dans la roche calcaire, vous trouverez dans la région des collines de craie spectaculaires et, tout aussi intéressant, le lac, formé le plus probablement dans une ancienne carrière de craie. L’eau du lac renvoie des reflets mirifiques, en raison du relief et des rochers qui l’entourent. Il s’agit d’un paysage lunaire, tout à fait inédit. Mais dans la région, nous comptons également, ou surtout, les vignobles renommés de Murfatlar, riches d’une longue histoire. Ces vignobles produisent des vins célèbres, aujourd’hui encore moult primés dans les concours internationaux. »



    Et si vos pas vous mènent à Murfatlar, vous pourriez également rejoindre la réserve naturelle voisine. Adrian Boioglu revient avec les détails :



    « En plus, nous comptons aussi la réserve naturelle de Fântâniţa-Murfatlar, un endroit prisé par les amoureux de la flore et de la faune de la région. Il y a cent ans, à cet endroit étaient organisées les joutes traditionnelles des Tatars, cest-à-dire une sorte de combats darts martiaux traditionnels tatars. Aujourdhui, la région épate tous les amoureux de la nature qui la parcourent. La réserve Fântâniţa-Murfatlar est accessible à pied ou en voiture, et elle est située juste à la sortie de la ville de Murfatlar, dans la direction du village de Ciocârlia, dans le département de Constanța, à environ 3 kilomètres de Murfatlar. En fait, la route de Ciocârlia rejoint lautoroute vers la mer, surnommée l’autoroute du Soleil. Pour atteindre la réserve naturelle, il faudrait quitter la route nationale, tourner à gauche vers l’aire protégée, et parcourir les quelques kilomètres qui séparent de cette dernière sur un chemin forestier. De là, vous atteignez une clairière qui s’ouvre sur la réserve, et c’est bien là que vous retrouverez cette source d’eau, bien connue dans la région, une source qui offre une eau de grande qualité, filtrée par la roche calcaire, caractéristique de la région. »



    Le journaliste voyage Adrian Boioglu est convaincu que la région de Murfatlar constitue une très bonne destination pour les visiteurs :



    « Parlons déjà du panorama qui s’ouvre sur le canal qui relie le Danube à la mer Noire, et qui traverse la région de Murfatlar. Vous pouvez ensuite monter 200 marches pour rejoindre le monastère qui surplombe le canal, là où sont montées en grand les lettres Murfatlar, d’énormes lettres visibles de loin. L’on y arrive soit en montant à pied les marches, soit en voiture, pour découvrir ce monastère de pierre, d’où vous avez une vue imprenable sur la ville. »



    Mais un voyage dans la région de Murfatlar ne sera jamais complet sans un arrêt dans un de ses nombreux vignobles et caves, sans une visite au musée ou encore sans une dégustation des 9 cépages que compte la région, le tout accompagnant votre dîner traditionnel, sur fond musical et dans la bonne humeur.


    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Le monastère de Văcărești

    Le monastère de Văcărești

    Le monastère a disparu en 1986, mais le nom de Văcărești nous est resté, puisqu’il désigne le boulevard qui mène à Piața Sudului/la Place du Sud et au parc naturel formé près de l’ancien site du monastère. Le 29 octobre 1974, l’organisme législatif de la République Socialiste de Roumanie adoptait une loi qui lançait « la systématisation urbaine et rurale » du pays, autrement dit la politique de démolition d’une partie du centre-ville de Bucarest imaginée par Nicolae Ceauşescu. Jusqu’en 1977, cette politique avait été appliquée plutôt localement, en prêtant attention aux détails. Mais, après le tremblement de terre catastrophique de cette année-là, Ceaușescu a changé d’approche, imposant des démolitions brutales et le découpage de grandes artères de circulation. Des dizaines de milliers de logements pavillonnaires particuliers, des bâtiments uniques, tels l’Hôpital Brâncovenesc et l’Institut de médecine légale « Mina Minovici », et des églises ont été abattus. Ce fut aussi le cas du grand monastère de Văcăreşti.



    L’ensemble monastique avait été bâti entre 1716 et 1722 par Nicolae Mavrocordat, le premier prince régnant phanariote de Valachie nommé par l’Empire ottoman. Les deux enceintes de l’ensemble occupaient environ 18.000 mètres carrés, parmi les vergers éparpillés sur la colline de Mărţişor. Pour l’architecte George Matei Cantacuzino (Cantacuzène), le monastère de Văcăreşti était « un sommet de l’art brancovan ». Le film documentaire « Calea Văcărești/L’avenue Văcărești », réalisé au début des années 1970 à la demande du Musée d’histoire de la ville de Bucarest, est la seule pièce d’archives qui montre en détail l’immense monastère perdu. Les images en sont d’autant plus précieuses pour le spectateur d’aujourd’hui. Dans cette édition de notre rubrique, nous vous invitons à écouter deux extraits de la bande-son du film. Le premier explique l’importance de la tradition de l’architecture valaque des siècles antérieurs dans la construction du monastère de Văcărești.



    « La construction de l’ensemble monastique de Văcărești a commencé au printemps de l’année 1716, sur un escarpement de la colline, avec une vue exceptionnelle sur le bourg de Bucarest. Les travaux ont été finis en 1722. Son fondateur était Nicolae Mavrocordat, le premier prince de la série des règnes phanariotes en Valachie, comme le rappelle l’inscription votive en langue roumaine, frappée en pierre. Les édifices valaques les plus renommés étaient l’Eglise princière de Curtea de Argeș, le monastère de Cozia fondé par le prince Mircea le Vieux, le monastère de Mihai Vodă, qui à l’époque se trouvait dans la partie « haute » de Bucarest, tandis que le monastère de Radu Vodă se était dans la partie « basse » du bourg, l’église Sfântul Gheorghe/Saint Georges également de Bucarest, mais surtout le monastère de Hurezi, érigé par le prince Constantin Brâncoveanu/Brancovan. Ce furent les monuments — sources d’inspiration pour les maîtres-bâtisseurs du prince Nicolae Mavrocordat qui allaient construire l’ensemble monastique de Văcărești. »



    Le monastère bâti par la famille Mavrocordat était un sommet des arts du 18e siècle en Valachie. La preuve — les colonnes, les bas-reliefs, les décorations intérieures et extérieures de l’église. L’ensemble abritait la plus grande bibliothèque du pays, un cave à vins, des bâtiments et des dépendances utilisés par la communauté de moines. Le second extrait de la bande-son du film documentaire parle des dons importants faits par le prince Nicolae Mavrocordat à l’établissement dont il était le fondateur et qu’il chérissait tant, un mérite reconnu par la postérité.



    « Le prince a fait de riches dons à l’établissement, qu’il avait fondé, et il a décidé que l’argent soit utilisé pour « accueillir les étrangers, nourrir ceux qui ont faim, soigner les malades, consoler ceux qui étaient en prison ». Lorsque Nicolae Mavrocordat fut emporté par la peste en septembre 1730, il a été enterré à l’intérieur de l’église du monastère, dans une tombe en marbre, dont la pierre tombale était décorée des armoiries des deux pays dont il avait été prince régnant. »



    Au bout de plus d’un siècle de vie monastique et spirituelle, au milieu de du 19-siècle, le monastère de Văcăreşti change d’utilisation. Lors de la Révolution de 1848, qui avait ébranlé l’Europe entière, l’armée russe y emprisonne des chefs des révolutionnaires valaques, transformant ainsi l’établissement en maison d’arrêt. D’ailleurs, la construction se prêtait à une telle utilisation, puisque le prince Nicolae Mavrocordat avait prévu, dans la première enceinte, une résidence princière et un corps de garde pour les troupes qui assuraient sa protection. En 1868, le monastère est officiellement transformé en prison, où étaient incarcérés les auteurs de complots contre l’Etat, alors que l’église et la seconde enceinte préservaient leurs utilisations initiales. Des personnalités importantes de la littérature roumaine, dont les écrivains Liviu Rebreanu, Tudor Arghezi, Ioan Slavici, ont été détenues à Văcărești. Le fondateur, en 1927, du mouvement fasciste de la Légion de l’Archange Michel, Corneliu Zelea Codreanu, a lui aussi été incarcéré là-bas, une des icônes exposées à l’intérieur de l’église lui ayant servi de source d’inspiration. Le régime communiste installé en Roumanie 1947 a emprisonné à Văcărești des gens quelconques et des adversaires politiques, tels l’évêque grec-catholique Vasile Aftenie.



    La menace de la disparition de l’ensemble de Văcăreşti commence à se faire sentir au début des années 1980. La décision de le démolir a été prise pour faire de la place aux projets de construction d’un gigantesque palais des congrès, d’un immense stade, d’un complexe de sport et d’un siège de tribunal. Les efforts désespérés des spécialistes de sauvegarder l’ensemble n’ont pas abouti. Ceauşescu en personne a donné l’ordre de le démolir le 2 décembre 1984. Les croix, les colonnes et toutes les pièces sculptées qui ont pu être sauvées de la destruction ont été ensuite abritées aux palais de Mogoşoaia et, en moindre mesure, à l’église Stavropoleos de Bucarest. En 1990, il a existé une proposition de reconstruire l’ensemble monastique dans son intégralité, mais à présent, c’est un centre commercial qui se dresse à sa place.


    (Trad. : Ileana Ţăroi)

  • La grotte de Ialomita

    La grotte de Ialomita

    C’est un endroit surprenant et fascinant à la fois, selon la plupart des touristes qui s’y rendent. A l’entrée dans la grotte se trouve le monastère de Ialomita, érigé au 16e siècle, par les soins du voïvode valaque Mihnea le Méchant. La grotte prend son nom de la rivière Ialomita, dont la source est à retrouver à une dizaine de kilomètres de là, tout près du cirque glaciaire Obârsia Ialomitei, situé sous le sommet de Gavanele, à une altitude de 2479 mètres.

    Manole Topoliceanu, un des guides de la Grotte de Ialomita, nous propose une brève présentation des lieux. La grotte, qui est traversée par un ruisseau, est formée de galeries et de salles. Ecoutons Manole Topoliceanu : « La grotte de Ialomita se trouve dans la localité de Moroieni, du comté de Dâmbovita, à 1560 mètres d’altitude. Sa longueur totale est de 1208 mètres, dont 480 mètres sont accessibles et aménagés pour accueillir des visiteurs. La grotte est composée de plusieurs salles et galeries. Parmi les plus importantes, mentionnons la salle de Mihnea Voda, où se trouve une petite église datant des années 1508, vouée aux Saints apôtres Pierre et Paul. Puis, les touristes peuvent visiter la Salle de Décébale et la Salle des lacs. Dans cette dernière, se trouve une chute d’eau, baptisée la cascade à l’eau vivante. La suivante est la Salle des ours, la plus imposante et la plus belle de toutes. Elle s’étale sur 70 mètres. Ce fut ici que l’on a trouvé des squelettes entiers de l’espèce de l’ours des cavernes, Ursus spelaeus. Enfin, je mentionnerais le « Chemin des eaux » et l’autel, soit le point terminus de la visite.

    Ce site touristique est chargé de légendes. En contrebas de l’entrée dans la Grotte de Ialomita, se trouve un ancien sépulcre des moines ayant vécu sur ces lieux, il y a plusieurs siècles. On dit qu’une des dalles funéraires est constamment chaude. Par ailleurs, le point final de la visite, à savoir l’autel où officiaient les moines, est d’une rare beauté. C’est ici que se trouve la source du ruisseau qui alimente la Salle des lacs et une très belle cascade, à l’eau pure, sans aucune bactérie, considérée comme l’eau bénite des Daces, le peuple qui habitait l’espace roumain avant la conquête romaine. La température de l’air dans les galeries varie de 4 et 16 degrés, alors que l’humidité est de 85 à 100%.

    La grotte en est actuellement à sa dernière étape d’évolution, les phénomènes de formation des structures calcaires s’étant achevés. Cet aspect, ainsi que la structure presque plane, avec de très petites différences de niveau, ont permis aux autorités d’aménager entièrement la grotte pour qu’elle puisse accueillir des touristes. Des allées et des escaliers en bois ont été construits et le système d’éclairage est tout à fait spectaculaire. La grotte de Ialomita est visitable n’importe quel jour de l’année, de 9 heures à 16 heures, en compagnie d’un guide spécialisé.

    Autant de bonnes raisons pour visiter la grotte de Ialomita et même pour prévoir un séjour dans la contrée. Déjà la neige est au rendez-vous dans le sud de la Roumanie et notamment dans les montagnes. Quoi de mieux que d’attendre l’arrivée de Père Noël dans un décor féerique dans la région de la grotte de Ialomita?

  • Christian Ghibaudo (France) – Le monastère de Polovragi

    Christian Ghibaudo (France) – Le monastère de Polovragi

    Il est vrai que lOlténie, cette région du sud de la Roumanie, dispose d’un nombre remarquable de couvents historiques, et on peut même réaliser tout un itinéraire pour les voir. Nous avons déjà eu l’occasion de vous parler de celui de Hurezi, très connu et qui figure au patrimoine mondial de l’UNESCO, de celui de Tismana ou du monastère Dintr-un lemn (D’un seul bois). Aujourd’hui, je voudrais t’emmener, Christian, toi et tous ceux qui souhaitent nous accompagner, visiter le monastère de Polovragi, un couvent de nonnes du département de Gorj. Pour mieux situer l’endroit, je dirai que la commune de Polovragi est située sur la route reliant les villes de Târgu Jiu, chef-lieu du comté de Gorj, à Râmnicu Vâlcea, chef-lieu du département de Vâlcea, dans la dépression délimitée par les Monts Parâng et les Monts Căpăţânii des Carpates Méridionales, au bord de la rivière Olteţ. On ignore d’où provient le nom de Polovragi ; il pourrait être d’origine dacique.



    C’est un monastère historique, dont la construction a commencé en 1505 ; il a été érigé par deux frères d’Olténie : Radu Comis et Petru Spătaru. L’église actuelle est bâtie en 1643, à l’aide du prince régnant Matei Basarab. Le couvent a été ensuite refait de 1693 à 1712, pendant le règne du prince Constantin Brancovan – Saint Constantin Brancovan, puisqu’il a été canonisé. Ce dernier a fait restaurer la muraille d’enceinte, l’église, avec une peinture intérieure, a élevé sa tour et refait les cellules et le clocher, et a ajouté un exonarthex en style brancovan. Les visiteurs parcourent un chemin bordé de sapins pour arriver aux bâtiments religieux qui semblent former une forteresse. L’église du monastère de Polovragi, consacrée à la Dormition de la Mère de Dieu, est en style byzantin, de forme trilobée, avec des absides latérales. La tour est polygonale, avec une ornementation dans sa partie supérieure. Le côté ouest émerveille le regard, grâce à son style brancovan, à ses pavillons et terrasses décorées de fleurs. L’exonarthex et la tour de veille sont de style brancovan.



    La peinture originale, de tradition byzantine, a été conservée ; il s’agit de fresques datant de 1698-1712, selon différentes sources, réalisées par des peintres issus de l’école brancovane. Ils étaient en fait les premiers élèves à avoir suivi l’école du monastère de Hurezi : Andrei, Simion, Hranit, Istrate et Constantinos. Constantinos était Grec. Il a peint sur la façade de l’exonarthex des monastères roumains du mont Athos. A noter aussi la fontaine couverte du côté nord. Il existe également une autre église dans la même enceinte, un vrai bijou, bâtie au XVIIIe. Le couvent dispose d’une riche collection d’icônes sur bois et sur verre, des XVIIIe et XIXe siècles, ainsi que de 3000 livres anciens en roumain, en vieux slave et en grec.



    Sur l’église du monastère de Polovragi, la reine Marie de Roumanie disait que c’était une des plus belles qu’elle connaissait. Ce lieu de culte de proportions parfaites a également conquis la reine par sa peinture ancienne, inaltérée, et elle disait de l’iconostase que c’est « un chef-d’œuvre en bois ». « Nul emplacement ne peut être plus agréable que celui de Polovragi. Le petit couvent est tapi au pied même des montagnes tel un oiseau géant caché entre les arbres. Les mots ne peuvent pas décrire la merveilleuse harmonie de ces intérieurs d’église dont les siècles ont atténué les couleurs », écrivait la reine Marie dans son livre « Mon pays », sorti en 1916.



    A proximité, vous trouverez la grotte de Polovragi, longue de 11 km. Les touristes peuvent visiter ses 800 premiers mètres ; la légende dit que c’était la grotte du dieu suprême des Daces, Zalmoxis. N’hésitez pas non plus à faire une promenade dans les Gorges de l’Olteţ. Voilà pour notre visite virtuelle cette semaine.

  • Curtea de Arges

    Curtea de Arges

    Nous découvrons aujourd’hui la ville de Curtea de Argeş, véritable porte d’entrée sur la route Transfăgărăşan, une des plus belles du monde, qui traverse les Carpates Méridionales à près de 2000 mètres d’altitude.

    Curtea de Argeş attend en toute saison les visiteurs désireux de connaître ses monuments, ses traditions, ses environs. Nous sommes accompagnés dans notre voyage sur les ondes par Dumitru Grecu, promoteur du tourisme dans la contrée d’Argeş: « Curtea de Argeş a été la première capitale de la principauté roumaine de Valachie. C’est là qu’ont été ensevelis les rois de Roumanie. Aussi la ville est-elle extrêmement importante du point de vue historique, religieux et culturel. Nous avons des monuments exceptionnels. L’église princière de Curtea de Argeş est peut-être une des églises chrétiennes les plus importantes, en raison de ses fresques très anciennes, remontant au 14e siècle, et qui ont été conservées comme telles. Les peintures originales n’ont pas été restaurées. Elles sont laborieuses et intéressantes du point de vue de la composition, de la chromatique et de l’iconographie. Certaines représentations sont uniques au monde. Malheureusement, très peu le savent. Les chrétiens de partout devraient la voir. J’ai connu des catholiques qui ont été très impressionnés par cette église. Même s’ils habitent un pays lointain, ils reviennent plusieurs fois la voir et à chaque fois, ils découvrent autre chose. »

    Un autre monument à ne pas rater est la Cathédrale de l’éparchie de Curtea de Argeş, précise Dumitru Grecu, promoteur du tourisme dans la contrée d’Argeş : « C’est un des emblèmes de la Roumanie et peut-être la plus belle église du pays. Elle se distingue par son architecture extraordinaire et elle doit aussi sa renommée à la légende de maître Manole, bâtisseur dont la jeune épouse aurait été emmurée vivante pour que la construction puisse être achevée. L’église a été érigée en 5 ans seulement, entre 1512 et 1517, par le prince régnant Neagoe Basarab, qui a été aussi son architecte. Elle est aussi la nécropole des rois de Roumanie. C’est là que reposent le roi Carol I et la reine Elisabeta, le roi Ferdinand et la reine Marie, le roi Michel et la reine Anne. »

    La plupart des touristes commencent leur périple dans la région en visitant les monuments de la ville de Curtea de Argeş, qui sont très proches les uns des autres, pour partir ensuite à la découverte de ses environs. Dumitru Grecu : « Ce n’est pas par hasard que les rois de Roumanie ont choisi d’y reposer pour l’éternité. Il paraît que de ce lieu émanent des énergies bénéfiques. L’architecte qui a restauré l’église du Monastère d’Argeş, connue comme église de maître Manole, Lecomte du Noüy, a choisi, lui aussi, d’être enseveli à Curtea de Argeş. La ville est développée du point de vue économique aussi. Ses exportations se chiffrent à 300 millions d’euros, une somme équivalant aux exportations de 3 comtés moins développés. A Curtea de Argeş, dans la vallée de la rivière Argeş, a été construit, en 1960, le barrage de Vidraru, à l’époque un des plus importants du monde et parmi les plus grands d’Europe. Il représente une attraction touristique, car un beau lac de 870 hectares s’est formé derrière, offrant un paysage extraordinaire. »

    La plus importante attraction touristique de la zone s’est avérée être, ces dernières années, la route Transfăgărăşan. Dumitru Grecu : « Pendant des années, cette route a été désignée par de nombreuses agences internationales de tourisme la plus belle du monde. Puisque tout est relatif, on ne saurait affirmer avec certitude qu’elle est la plus belle au monde, mais elle est, sans doute, une route vraiment fantastique. Beaucoup de monde l’emprunte et cette année un nombre impressionnant de touristes l’ont parcourue. Ils y sont d’ailleurs toujours plus nombreux d’une année à l’autre. »

    Les touristes qui visitent la ville de Curtea de Argeş sont passionnés soit de culture, soit de nature, soit d’aventure. Ils viennent également en pèlerinage, attirés par ses églises et ses monastères. Dumitru Grecu : «Fin 2018, une piste de ski s’ajoutera aux possibilités de loisirs de la ville et avec ça, l’éventail des attractions touristiques sera complet. Cette année nous avons lancé les aventures hors route et nous proposons quelques itinéraires spectaculaires qui montent jusqu’à 2.200 mètres d’altitude, mais les routes ne sont pas praticables avec n’importe quelle voiture. »Alors, Curtea de Argeş, ça vous dit ? (Aut. : Daniel Onea/Ştefan Baciu; Trad.: Dominique)

  • Le Parc Naturel de Comana

    Le Parc Naturel de Comana

    L’offre du Parc Naturel de Comana est bien riche notamment en trajets touristiques à travers une forêt très dense, pleine de monuments naturels et d’aménagements lacustres. S’y ajoute un monastère qui rappelle le nom du légendaire prince roumain Vlad Ţepeş. Dans les alentours, il y aussi un parc d’aventure pour toute la famille.

    Valentin Grigore, le directeur de l’administration du Parc Naturel de Comana, affirme qu’il s’agit d’une zone protégée qui n’est pas très grande en fait. Compte tenu de ses presque 25.000 hectares et des dimensions usuelles des parcs naturels de Roumanie, celui de Comana passerait pour un parc de dimensions moyennes. Valentin Grigore explique : « Ce parc est situé dans une zone de plaine. Étant donné la très petite distance qui le sépare d’une ville si grande que Bucarest, on peut affirmer qu’il est extrêmement bien conservé. On y retrouve plusieurs petites collines, car il s’agit d’une zone typique de plaine. Le parc contient environ 8.000 hectares de forêt, 2.000 hectares de zones humides, des marécages et des cours d’eau. On pourrait le considérer comme un deuxième delta de la Roumanie. Il s’agit de Balta Comana, un plan d’eau unique dans notre pays. Il s’étale sur 1.200 hectares et il représente en lui-même un petit delta de la rivière de Neajlov. Une grande biodiversité est concentrée dans la zone. Il y a ici 212 espèces d’oiseaux d’eau et la flore est très riche, avec 1250 espèces de plantes ».

    Vous ne devez pas vous attendre ici à pouvoir faire des expéditions à la belle étoile et dormir dans une tente. C’est un tout autre type de tourisme que l’on peut pratiquer dans cette zone, précise Valentin Grigore, le chef de l’administration du Parc Naturel de Comana : « Le parc s’adresse tout d’abord à ceux qui viennent de Bucarest, mais pas seulement à eux. D’habitude, les touristes viennent le matin et partent le soir. Ils sont très peux nombreux ceux qui choisissent de camper ici ou de se loger dans les pensions de la région. Nous avons accueilli des Tchèques, des Slovaques… . Quant ils visitent la ville de Bucarest, ils cherchent des informations et ils découvrent aussi cette zone magique, située si près, donc ils viennent ici pour faire une excursion d’une journée. En général, on a eu un retour très favorable de la part des touristes étrangers. Il y a vraiment beaucoup de choses à découvrir dans cette région. De même, on reste en contact avec nos partenaires de toute l’Europe, pour faire la promotion de notre Parc naturel dans le cadre de programmes transnationaux. On essaye ainsi à nous promouvoir sur le plan local et, de plus en plus, à l’étranger aussi. »

    Dans la même zone, vous trouverez aussi un « village celte », avec de vieilles huttes de pécheurs, faites de chaume, accessibles après un vrai slalom parmi des tortues. De plus, le Parc Naturel de Comana doit être une destination obligatoire pour tous les passionnés des oiseaux. On y trouve six observatoires ornithologiques. Parmi eux, quatre sont destinés au tourisme spécialisé, consacré à la recherche. Mais la plupart des touristes se dirigent vers une passerelle en bois d’une hauteur de plus de 100 mètres, pour se positionner juste en dessus du plan d’eau.

    Et s’il vous reste encore un peu de temps, visitez aussi le Monastère de Comana. Il a été fondé par le voïvode Vlad Ţepeş, le fameux Vlad l’Empaleur, et apparaît pour la première fois dans l’histoire dans un document issu par la chancellerie de celui-ci, le 27 septembre 1461. Le monastère de Comana est le seul monastère fortifié de cette zone de la Roumanie, ayant des remparts et des tours de défense. Son histoire est à la fois tumultueuse et fascinante, car il a été une citadelle de défense de la Valachie, mais également un symbole de la foi chrétienne. Ceci dit, nous espérons bien vous avoir convaincus de passer une journée à Comana. (Trad. Nadine Vladescu)

  • Marque enregistrée dans un monastère

    Marque enregistrée dans un monastère

    Erigé à l’initiative d’un médecin originaire de la région, ce lieu de culte commença à se développer et des ateliers furent construits pour les différentes activités des religieuses. Ce qui fait l’unicité du monastère de Nera, c’est que plus de 80% de ses religieuses ont fait des études supérieures, étant pour la plupart diplômées des facultés de psychologie et de médecine, d’autres ont une formation d’infirmières. C’est pourquoi il n’est pas du tout surprenant qu’aux ateliers de peinture, lithographie et sculpture en bois se soit ajouté un atelier consacré aux plantes médicinales, que les nonnes vont cueillir le long des gorges de la Nera, montant souvent les pentes des monts Semenic.

    Selon Simona Huţuţuc, représentante d’une société qui commercialise les produits à base de plantes provenant du monastère, ceux-ci attirent les clients par la manière dont ils sont préparés : « Les clients apprécient ces produits créés selon des recettes inédites, inspirées de remèdes traditionnels ou utilisés dans les monastères. Ils apprécient le fait que l’ensemble du processus de préparation, depuis la cueillette des plantes et des fruits et leur séchage, jusqu’à l’emballage et l’étiquetage, tout est réalisé manuellement, par les moniales elles-mêmes. Les produits sont préparés à partir d’extraits concentrés de plantes et de fruits cueillis dans la vallée de la rivière Nera et dans les monts du Banat, une zone très connue pour la richesse et la diversité de ses plantes médicinales. »

    Sœur Caliopia, du monastère de Nera, nous raconte l’histoire de ces produits : « L’histoire de ces produits est l’histoire d’une quête découlant de notre tâche de religieuses: essayer de servir Dieu et les hommes. Il y a cette image de l’église vue comme hôpital spirituel, comme établissement de santé et lieu de guérison. D’ailleurs, dans l’espace roumain, des établissements pour soigner les malades étaient créés, dans le passé, autour des monastères, où, depuis les temps les plus anciens, il y avait des moines qui connaissaient les plantes aux vertus thérapeutiques et la façon de les utiliser. Notre activité liée aux plantes perpétue en quelque sorte cette tradition monacale. Avec le concours du fondateur de notre monastère, le médecin Pavel Chirilă, nous nous sommes lancées dans cette voie de la phytothérapie, pour mettre en valeur aussi bien la riche flore du Banat que les recettes de remèdes que nos ancêtres utilisaient pour guérir, notamment à l’aide des plantes. »

    Qu’est-ce que ces produits réalisés au monastère ont-ils de spécial ? Sœur Caliopia : « Ce sont des produits réalisés avec amour, des produits naturels, sans additifs, sans substances chimiques, synthétiques, ni colorants, ni conservateurs, par respect pour le don de la vie et de la santé que nous souhaitons offrir à ceux qui cherchent des remèdes naturels et préparés dans un monastère. »

    Tisanes, teintures et huiles furent les premiers pas des nonnes du monastère de Nera dans l’art de la phytothérapie. L’éventail des produits s’est diversifié graduellement, par la suite. Sœur Caliopia : «Chacune de nos recettes associe plusieurs plantes, pour assurer une plus grande efficacité des produits dans le traitement des troubles ou des maladies. Les clients apprécient les combinaisons d’ingrédients que nous proposons, par exemple le savon liquide à base de millefeuilles et d’aurone, ou d’absinthe et de son, de miel et de grande aunée et ainsi de suite. »

    Nous avons demandé à Simona Huţuţuc quels étaient les produits les plus recherchés sur le marché : « Ce sont les crèmes naturelles au propolis, à l’absinthe ou à la consoude officinale. Il y a ensuite les huiles de sauge, de basilic ou de thym, serpolet et d’origan. Sont également recherchés les savons naturels à la lavande et le vinaigre « Adistop » qui stimule le transit intestinal, favorise l’élimination des toxines et entraîne une perte de poids. Cette année, les religieuses de Nera ont lancé une gamme de produits apicoles et de compléments alimentaires complexes, contenant différents mélanges de plantes ou des poudres de plantes – camomille, ail sauvage, feuilles de bouleau ou orties et beaucoup d’autres que tout le monde connaît. »

    Macération à froid, fermentation naturelle, extraits huileux et hydroalcooliques, mais aussi désir d’aider les autres – voilà le secret des produits devenus la tradition de ce jeune monastère.
    (Aut. : Ana-Maria Cononovici ; Trad. : Dominiqiue)

  • Curtea de Argeş

    Curtea de Argeş

    Aujourd’hui on vous invite à seulement 153 km de Bucarest, dans un lieu empreint d’histoire : Curtea de Argeş, la ville et la Cour princière d’Arges. La ville est située dans le département d’Argeş (sud), dans une dépression qui s’étend au milieu des collines. Elle profite d’un climat favorable avec des températures modérées toute l’année.

    Ştefan Dumitrache, le directeur du Musée municipal, précise pourquoi visiter Curtea de Argeş est un impératif pour tous les passionnés de l’histoire médiévale et de ses légendes : « Selon Nicolae Iorga, le grand historien roumain du début du XXe siècle, c’est ici que la Roumanie a pris naissance. C’est lui qui a lancé le syntagme « la Roumanie d’Argeş ». Curtea de Argeş a été la première capitale de la Valachie, c’est ici qu’a eu son siège la première église métropolitaine de Valachie, encore ici que l’on a frappé monnaie pour la première fois dans ce pays, ici qu’a été écrit le premier document de Valachie et toujours ici que la première école de grammaire a été fondée. Très peu de gens connaissent certains autres aspects très intéressants – le fait que la première infirmerie d’un monastère et la première installation pour fabriquer de l’eau-de-vie ont été créées ici. »

    Au centre de la ville se trouvent les ruines de la Cour princière, bâtie au XIIIe siècle. Tout ce qu’il en reste aujourd’hui, ce sont quelques ruines de deux caves des palais des princes Neagoe Basarab et Basarab I.

    Aucune visite à Curtea de Argeş ne devrait s’achever sans un arrêt au Musée municipal (situé près du Parc Sân Nicoară). Le directeur du musée, Ştefan Dumitrache, présente l’institution artistique qu’il dirige : « Le Musée municipal fonctionne dans le bâtiment de l’ancien hôpital, érigé vers la fin du XIXe siècle. Cet édifice accueille les départements d’histoire et de technique et, dans un autre bâtiment, le département d’ethnographie et d’art. Au Musée de Curtea de Argeş, nous offrons au public quatre types d’expositions, extrêmement différentes. Les objets que l’on retrouve à Curtea de Argeş suivent tout le parcours historique, de la préhistoire jusqu’à l’époque moderne. Nous avons pu présenter la continuité de la vie depuis le Paléolithique inférieur, sans interruption. On retrouve ici toute l’éventail d’objets, des plus rudimentaires jusqu’aux plus évolués. »

    Et les activités organisées par le musée sont des plus variées. Ştefan Dumitrache : « Nous sommes un musée proactif et tout au long de l’année nous avons organisé devant notre établissement des camps et des ateliers des plus divers: un camp dacique et un autre médiéval, un camp avec le thème « La Première Guerre mondiale », des ateliers de forgerons, de marionnettes, de poterie et de peinture sur T-shirts. Nous essayons toujours de sortir du musée, et y accueillir nos invités. »

    Ville pleine de légendes, Curtea de Argeş est connue premièrement pour le monastère qui porte le même nom. Bâtie entre les années 1512 et 1517 par le voïvode Neagoe Basarab, l’église du monastère est un lieu de légende, de pèlerinage, un centre culturel et historique et une nécropole royale qui abrite les tombes de tous les rois et reines de la Roumanie moderne, de Carol Ier et Elisabeta à Carol II et ses parents, les souverains artisans de la Grande Roumanie, le roi Ferdinand Ier et la reine Marie. Le touriste apprend là-bas la légende de maître Manole, devenue un des mythes roumains fondamentaux, celui du sacrifice humain. Cette légende attire beaucoup de touristes à Curtea des Arges, qui viennent découvrir le lieu où Ana, la très belle épouse du maître Manole, a été ensevelie vivante, par son propre mari, dans la paroi de l’église, pour que la construction, qui s’écroulait mystérieusement pendant chaque nuit, perdure. Et c’est toujours dans l’enceinte du monastère que se trouve la « Fontaine de Manole », dont l’emplacement marque, selon la légende, le lieu où Manole a trouvé sa fin. Il s’était fabriqué des ailes en bardeaux pour pouvoir descendre du toit de l’église ou il avait été abandonné aux ordres du voïvode sans merci, pour qu’il ne puisse pas ériger un autre édifice aussi beau que ce monastère splendide qui est Curtea de Arges, un autre lieu mythique et fascinant de Roumanie. (Trad. Nadine Vladescu)

  • QSL juin 2017 – La citadelle de Colţ

    QSL juin 2017 – La citadelle de Colţ

    La citadelle de Colţ a été donc érigée au 14e siècle sur un rocher à l’entrée d’une défilée créer par la rivière de Râusor (petite rivière, en roumain). Elle appartenait à un noble de la contrée de Haţeg, appelé Cândea. L’expansion du royaume magyar l’a déterminé à passer au catholicisme et à changer son nom de Cândea en Kendeffy. Ses successeurs ont continué à construire de résidences et à s’occuper de la citadelle. Jusqu’à la fin du 17e siècle, la famille Cândea a été considérée comme la plus influente de la zone. Le seul rôle de la forteresse de Colţ était de protéger ses constructeurs, elle n’était pas un objectif stratégique lors des campagnes militaires du Moyen Age. Néanmoins, la famille Kendeffy, en tant qu’alliée de la Hongrie, a lutté contre les Ottomans, étant récompensée par des fonctions et des domaines. Au début du 18e siècle, la famille Kendeffy déménage dans une autre zone et abandonne la forteresse.

    Par ailleurs, la citadelle est étroitement liée à la création du célèbre écrivain Jules Verne : on en trouve une illustration dans l’édition de 1892 du roman « Le château des Carpates ». Il paraît que Jules Verne aurait voyagé dans la région de Haţeg, accompagné par une jeune femme de Transylvanie, appelée Luiza, avec laquelle il a aussi vécu une histoire d’amour. Sans doute, la citadelle de Colţ lui a servi de source d’inspiration. On met une vingtaine de minutes à pied pour remonter le rocher et arriver à la citadelle. Comme il était déjà tard, quand j’y suis arrivée, je n’ai visité que le monastère de Colţ, se trouvant au pied de la montagne. Un endroit paisible, au cœur de la nature, où l’on entend le bruissement des feuilles des arbres, les murmures de la rivière et le chant des oiseaux. C’est un des premiers monastères attestés sur le territoire de la Roumanie, bâti, lui aussi, par la famille Cândea (Kendeffy) vers 1315. L’église est en pierre, elle a aussi une tour carrée jadis utilisée à des fins défensives. A l’intérieur de l’église on trouve une fresque réalisée à la moitié du 14e siècle par un des premier peintres roumains connus, Stefan. (Trad. Valentina Beleavski)