Tag: patrimoine

  • La destruction du patrimoine religieux de Bucarest

    La destruction du patrimoine religieux de Bucarest

    Le régime communiste a détruit de nombreuses églises et monastères

     

    L’histoire du patrimoine religieux de Bucarest durant le 20e siècle, surtout celle de la seconde moitié du siècle, ne fut pas des plus reluisantes. Le régime communiste fut loin d’être un allié de la religion et n’hésita pas à s’en prendre aux églises et aux monastères qui essaimaient le Bucarest d’antan. Il en fut ainsi du monastère Văcărești, le plus grand monastère orthodoxe de l’Europe de Sud-Est.

     

    L’historienne Speranța Diaconescu ancienne fonctionnaire à l’Office culturel national de Bucarest raconte dans une interview de 1997, conservée par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine, la manière que le régime communiste de l’époque a utilisé pour mettre à terre nombre de lieux de culte.

     

    Speranța Diaconescu : « Les choses évoluaient de mal en pis. Il y a eu des destructions d’églises dès l’installation du régime communiste en Roumanie. Il y a eu l’église Stejarului, l’église du chêne, sise place du palais royal, qui fut détruite pour laisser la place à l’ensemble Sala Palatului et aux buildings d’habitations avoisinants. Pourtant, dans ces années, et l’on parle des années 50-60, c’était l’exception. Le phénomène a pris pourtant de l’ampleur plus tard, dans les années 80, lorsque Nicolae Ceausescu s’est évertué de rebâtir à sa sauce le nouveau centre de Bucarest, en détruisant pour ce faire des quartiers historiques du vieux Bucarest. Des quartiers qui avaient du cachet et où les églises étaient présentes en nombre. Ce fut pour la capitale roumaine une perte inestimable en termes de patrimoine architectural, culturel et religieux. » 

     

    Des destructions massives dans les années 1980

     

    En effet, pour les Bucarestois les années 80 furent synonymes de destructions massives. Les nouveaux plans de systématisation de la capitale roumaine n’ont pas épargné les lieux de culte. Les églises, victimes de la folie destructrice du dictateur roumain, ont été, pour une minorité, translatées, pour la plupart détruites.

     

    Speranța Diaconescu rappelle le cas de l’église Pantelimon, située sur une ile du lac homonyme, église démolie en 1986 :

    « L’on a fait des fouilles, l’on est parvenue à sauver des choses. Ensuite seulement elle fut démolie. C’était la procédure. C’était une église voïvodale, où se trouvait la dépouille d’Alexandru Ghica. Elle recueillait des éléments décoratifs précieux, certaines pièces uniques que l’on est parvenu à sauvegarder ». 

     

    Un mépris généralisé pour le patrimoine religieux

     

    Mais le mépris pour le patrimoine religieux était généralisé, depuis les décideurs politiques et jusqu’aux simples ouvriers.

     

    Speranța Diaconescu :

    « Après avoir soulevé la pierre tombale, l’on a découvert le sarcofage du voïvode Alexandru Ghica. La dépouille était embaumée, bien conservée, enfermée dans un cercueil de plomb, ensuite seulement dans son cercueil de bois. Vu l’état de conservation, l’on décida alors d’étudier de près la dépouille. Mais vous savez quoi ? Ils ont pris le cercueil de plomb pour l’amener au musée, c’était une pièce qu’il fallait conserver. Ils ont ensuite soulevé la chemise du voïvode et ils se sont étonnés qu’il n’avait pas de médaillon d’or autour du cou. La dépouille n’avait qu’une bague et une chaîne avec une petite croix en or autour du cou. A la fin, la dépouille a été entassée dans un sac en plastique et jetée derrière un buisson. Il est vrai qu’elle commençait à sentir mauvais, mais était-ce cela une raison pour la jeter de la sorte ? C’était pire que du vandalisme. Avec l’aide d’une collègue et du prêtre, je suis finalement parvenue à lui creuser une tombe et à réinhumer sa dépouille dans la dignité. Mais ce fut lamentable, vraiment lamentable ».     

     

    Quoi qu’il en soit, durant la seconde moitié du 20e siècle, pendant les 45 années de régime communiste, le patrimoine religieux de Bucarest souffrit des pertes irréparables. Sa mémoire, tronquée, tant qu’elle a pu être épargnée par les bulldozers, demeure d’autant plus précieuse. (Trad Ionut Jugureanu)

  • Des irrégularités dans l’organisation de l’exposition d’Assen

    Des irrégularités dans l’organisation de l’exposition d’Assen

    Les autorités néerlandaises poursuivent activement leur enquête pour retrouver les objets du trésor roumain dérobés au musée Drents d’Assen le 25 janvier dernier. Malgré l’arrestation de trois suspects, ces derniers refusent de révéler le sort du casque et des trois bracelets en or dérobés. Un quatrième individu, identifié par la police, demeure toujours en fuite. Un détective d’art néerlandais estime qu’il existe 50 % de risques que les voleurs aient déjà fait fondre ces pièces précieuses, une hypothèse qui alimente les inquiétudes du côté roumain. Toutefois, la rapidité avec laquelle les suspects ont été arrêtés laisse espérer que le trésor soit encore intact. Néanmoins, leur mutisme face aux enquêteurs demeure préoccupant, rapporte la presse néerlandaise.

     

    Des failles dans la gestion du prêt des œuvres

     

    À Bucarest, l’organe de contrôle du Premier ministre a examiné les conditions dans lesquelles le musée national d’histoire de Bucarest a prêté ces objets au musée Drents. Son rapport met en lumière plusieurs failles, notamment des lacunes législatives en matière de protection du patrimoine culturel et des irrégularités dans les procédures d’exportation temporaire de biens culturels. Les enquêteurs ont également constaté que les dispositifs de sécurité et les mesures de protection contre le vol proposés par le musée néerlandais n’ont pas été soumis à une analyse spécialisée avant l’envoi des pièces. Ce manquement s’explique à la fois par l’absence de réglementation stricte et par le manque de responsabilités clairement définies au sein des organismes chargés d’approuver ces prêts internationaux.

     

    Sécurité insuffisante et manque de supervision

     

    En comparant les mesures de protection mises en place au musée Drents avec celles appliquées lors d’expositions à Madrid et Rome, les autorités roumaines ont relevé des différences notables. À Assen, aucun service de sécurité permanent assuré par du personnel spécialisé n’a été instauré, contrairement aux normes adoptées dans les autres villes. Par ailleurs, l’organisation de cette exposition aux Pays-Bas n’a pas été soumise à une approbation formelle du conseil d’administration du musée national d’histoire roumain, ce qui constitue une entorse aux règles en vigueur. Autre faille majeure : la dernière réévaluation à des fins d’assurance de certains objets prêtés remonte à plus de 14 ans, alors que la réglementation impose une mise à jour tous les 10 ans. Face à ces révélations, les conclusions du rapport ont été transmises au parquet de la Haute Cour de cassation et de justice. Dans ce contexte, la ministre de la Culture, Natalia Intotero, a annoncé son intention de renforcer le cadre juridique encadrant l’organisation d’expositions à l’étranger.

  • Orheiul Vechi et son musée archéologique

    Orheiul Vechi et son musée archéologique

    Orheiul Vechi, le site culturel moldave le plus important

     

    Le complexe muséal Orheiul Vechi se trouve dans la vallée de la rivière Răut, un affluent sur la droite du Dniestr, sur le territoire de la République de Moldova. La réserve culturelle et de la nature Orheiul Vechi bénéficie d’un statut spécial et représente le site culturel moldave le plus important. Il est aussi candidat à être inscrit au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Le site inclut plusieurs dizaine d’hectares de terrain de l’ancienne ville médiévale d’Orhei (agglomération humaine datant des XIIIème–XVIème siècles), plus tard appelée Orheiul Vechi / le Vieux Orhei (après l’abandon de l’agglomération initiale et la fondation d’une autre ville portant le même nom – l’actuelle Orhei, sise dans le « raion »/département d’Orhei de la  République de Moldova).

     

    Le complexe est composé de deux grands promontoires (Peștere et Butuceni), trois promontoires adjacents de moindres dimensions (Potarca, Selitra et Scoc), sur lesquels se trouvent des ruines de fortifications, d’habitations, de bains et de lieux de culte (y compris de monastères rupestres) datant de la période tatare-mongole (XIIIème et XIVème siècles) et de la période moldave (XVème et XVIème siècles).

     

    Témoignage de l’histoire des lieux

     

    Le complexe Orheiul Vechi représente un système composé d’éléments culturels et naturels: paysage naturel archaïque, biodiversité, cadre archéologique exceptionnel, diversité historico-architecturale, habitat rural traditionnel et originalité ethnographique. L’agglomération médiévale d’Orheiul Vechi a traversé plusieurs périodes de développement: du XIIème au XIVème siècle, la période précédant l’invasion tatare-mongole, avec le début du développement de la communauté, lorsque la forteresse en bois et terre battue semble avoir été construite ; la période dite de l’« Horde d’Or » au XIVème siècle, quand la forteresse en pierre a été érigée. Entre les XIVème et XVIème siècle, la colonie a été incluse dans l’Etat moldave ; ce fut une période de transformation du bourg oriental en bourg moldave. La forteresse en pierre a été réparée et fortifiée à l’époque du prince Etienne le Grand (1438-1504). Les années 60 du XVème siècle ont vu se dresser la forteresse d’Orhei, un point de défense des frontières orientales du pays contre les invasions tatares.

     

    Les invasions et incursions des Tatares à l’été 1469 ont poussé le prince Etienne le Grand à prendre des mesures pour consolider la capacité défensive du pays le long du fleuve Dniestr, démarrant ainsi d’importants travaux de constructions d’une forteresse avec des fortifications à Orhei. Les fouilles archéologiques, qui ont mis au jour les fondations de la forteresse, et des documents d’époque parlent de ces événements. Ainsi, le document signé par Etienne le Grand le 1er avril 1470 mentionne pour la première fois un « pârcălab », c’est-à-dire un commandant militaire de la forteresse d’Orhei, qui remplissait des fonctions militaires et administratives, selon les coutumes de l’époque ; le déclin s’amorce au milieu du XVIème siècle jusqu’au début du XVIIème, lorsque les habitants abandonnent Orheiul Vechi pour s’établir dans la nouvelle bourgade d’Orhei, que nous connaissons aujourd’hui ; la forteresse en pierre est détruite.

     

    Conserver le patrimoine moldave

     

    Ștefan Chelban, chef du Service Archéologie et Ethnographie de la Réserve, a parlé de l’histoire du Vieux Orhei:

     « Orheiul Vechi est une réserve culturelle et de la nature créée en 1968, qui a connu plusieurs restructurations et réorganisations à travers le temps. La réserve contient sept localités, son but étant de conserver les patrimoines naturel et culturel des lieux. Ce fut, d’ailleurs, une des raisons essentielles de la création de la réserve, s’agissant d’une des zones les plus denses en matière d’objectifs du patrimoine archéologique, ethnographique et immatériel, et ainsi de suite. C’est une zone où le patrimoine culturel est encore bien préservé. »

     

    Des monastères rupestres

     

    Les monastères rupestres d’Orheiul Vechi représentent un ensemble de vestiges rupestres localisés dans les rochers de calcaire de la vallée de la rivière Răut. Cet ensemble particulièrement attractif pour les touristes contient environ 350 vestiges rupestres, dont une centaine représente des salles creusées par des mains humaines, celles qui restent étant en réalité des formations karstiques, regroupées dans six complexes. On y trouve des monastères bien définis, des églises souterraines, des galeries et des cellules monastiques.

     

    Ștefan Chelban donne davantage de détails: « Ceci est probablement le point central pour un grand nombre de gens, mais il faut savoir que la réserve offre beaucoup d’autres choses. Par exemple, les ruines de la ville tatare du XIVème siècle, qui méritent d’être visitées ; cela inclut aussi les ruines de la plus grande, comme superficie, mosquée d’Europe du Sud-Est de l’époque. »

     

    Un modèle d’architecture

     

    Aux dires de Ștefan Chelban, le Musée d’ethnographie d’Orheiul Vechi est un modèle d’architecture traditionnelle de la fin du XIXème siècle et du début du XXème dans la région centrale de la République de Moldova. La rénovation du bâtiment, réalisée avec des fonds européens, a uniquement employé des techniques et des matériaux traditionnels. Ștefan Chelban a enfin ajouté que le monastère était habité par douze moines, car il y a douze cellules individuelles. L’année précise de sa construction n’est pas connue, mais cela aurait eu lieu entre le XIVème siècle et XVème siècle. (Trad. Ileana Ţăroi)

     

  • Sommet du patrimoine culturel européen à Bucarest

    Sommet du patrimoine culturel européen à Bucarest

    Les rendez-vous des spécialistes du patrimoine 

     

    « La Roumanie est présente au premier plan du patrimoine européen et universel par la richesse de sa diversité culturelle et par la passion et le professionnalisme de nombreux spécialistes », a affirmé le président roumain Klaus Iohannis dans un message transmis lors du Sommet Européen du Patrimoine Culturel, qui s’est tenu à Bucarest du 6 au 8 octobre.

     

    Organisé par Europa Nostra, la plus grande fédération d’organisations non gouvernementales de ce type sur le continent, ce Sommet se veut l’événement le plus important dédié à la conservation du patrimoine culturel au sein du bloc communautaire. L’occasion pour les spécialistes du domaine de se pencher sur les priorités des politiques publiques au niveau européen, ainsi que sur la relation avec les autorités roumaines.

     

    Selon le chef de l’État, l’événement de Bucarest a eu lieu dans un contexte marqué par plusieurs  crises ayant un grave impact mondial sur la paix, la sécurité et le développement des communautés et de l’humanité dans son ensemble.

     

    Le patrimoine, d’une importance essentielle pour l’avenir de l’Europe

     

    « Dans une période tellement compliquée, il est d’autant plus important de préserver les repères culturels des valeurs fondamentales, tels les monuments, les musées, les maisons-musées, les traditions », estime Klaus Iohannis. « L’Europe dont nous avons héritée est une construction et un espace de la mémoire. L’Union dans laquelle nous nous retrouvons aujourd’hui, avec la prospérité et la sécurité que nous attendons d’elle, repose de plus en plus sur l’éducation, la multiculturalité et la valorisation de la diversité », a encore souligné le chef de l’État roumain. Et de préciser que le patrimoine culturel est devenu une ressource irremplaçable de la prospérité et du développement durable, la culture s’avérant essentielle pour l’avenir de l’Europe, car c’est elle qui nourrit la liberté et la démocratie.

     

    Les lauréats Europa Nostra 2024

    Lundi soir, à Bucarest, le sommet a célébré les gagnants des Prix européens du Patrimoine – Europa Nostra 2024, soit la distinction la plus haute accordée pour la mise en valeur du patrimoine européen. C’est l’Athénée Roumain, un bâtiment iconique de la capitale roumaine, qui a accueilli le gala. L’occasion de sélectionner 5 lauréats sur les 26 gagnants de cette année, venus de 18 pays européens, sur la base des recommandations faites par un jury indépendant d’experts. Les projets ainsi récompensés sont : la mine de charbon historique d’Ignacy en Pologne, l’église saxonne l’Alma Vii de Roumanie, en Transylvanie, les bâtiments agricoles traditionnels d’Irlande, la cité de Tsiskarauly en Géorgie et la Société des Amis des Antiquités de Dubrovnik en Croatie.

     

    L’église saxonne d’Alma Vii, en Roumanie

     

    Le projet roumain a aussi été récompensé dans la catégorie de la Conservation et la Réutilisation Adaptée. Pour explication, le projet de restauration de l’église saxonne d’Alma Vii en Transylvanie vise un repère culturel témoignant de plusieurs siècles d’histoire, arts et métiers dans le pittoresque village d’Alma Vii, situé au cœur de la Roumanie. Les travaux de restauration ont visé à sauvegarder l’intégrité architecturale et historique de cette église, alors que le projet dans son ensemble a aidé à consolider la communauté locale et à promouvoir un tourisme durable dans la zone. Autant de bénéfices qui découlent de la sauvegarde du patrimoine culturel national et international.   (trad. Valentina Beleavski)

     

  • 07.10.2024 (mise à jour)

    07.10.2024 (mise à jour)

    Patrimoine – Près de 800 professionnels, promoteurs de la conservation du patrimoine culturel en Europe et en Roumanie, ainsi que des fonctionnaires se sont réunis à Bucarest pour le Sommet européen du patrimoine culturel 2024, un événement organisé par Europa Nostra – la plus grande fédération d’organisations non gouvernementales du continent – du 6 au 8 octobre. Des spécialistes du domaine ont abordé les priorités de politique publique au niveau européen, ainsi qu’en relation avec les autorités roumaines, et célébreront les meilleurs projets de conservation du patrimoine bâti qui ont remporté le concours « Europa Nostra ». Parmi eux figurent deux projets roumains : l’église saxonne d’Alma Vii (au centre) et l’église Saint-Michel de Cluj-Napoca (au nord-ouest).

     

    Aide – La Commission européenne a annoncé lundi avoir autorisé un soutien réclamé par la Roumanie censé permettre au gouvernement de Bucarest de verser 500 millions d’euros dans la production de biocombustible. Il s’agira d’une subvention directe du fond européen pour la modernisation qui financera la production de combustibles avancés afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. L’aide qui sera accordée d’ici le 31 décembre 2025 est censée accélérer la production des énergies renouvelables et permettre à l’Union de répondre à ses objectifs écologiques et énergétiques

     

     Schengen – La présidence hongroise du Conseil de l’Union européenne présentera l’état de la pleine application des acquis de Schengen en Roumanie et en Bulgarie lors de la réunion des ministres de la Justice et des affaires intérieures qui se tiendra jeudi. Les ministres de l’Intérieur de l’UE feront le point et la discussion portera sur l’amélioration de la résistance des frontières extérieures. À la fin de l’année dernière, le Conseil a décidé de lever les contrôles aux frontières aériennes et maritimes, mais une nouvelle décision est nécessaire pour fixer une date de levée des contrôles aux frontières terrestres intérieures des deux pays. Samedi, le chef du gouvernement de Bucarest, Marcel Ciolacu, a déclaré qu’il y avait une communication directe avec les autorités autrichiennes sur ce dossier, étant donné que Vienne s’est opposée à l’adhésion de la Roumanie à Schengen, et a ajouté qu’il y aurait de bonnes nouvelles dans la période à venir. Une nouvelle réunion du Conseil JAI est prévue début décembre.

     

    Rapatriement – Un nouveau groupe de 69 personnes en situation de vulnérabilité, des citoyens roumains et des membres de leurs familles, a été rapatrié lundi, du Liban en Roumanie, à bord d’un avion appartenant aux Forces aériennes roumaines. Aux dires du ministère roumain des Affaires Etrangères de Bucarest, 212 citoyens roumains et des membres de leurs familles ont été évacués jusqu’ici du Liban, dans le contexte de l’escalade des violences au Moyen Orient. Les autorités roumaines recommandent aux Roumains du Liban de se faire enregistrer auprès de la mission diplomatique roumaine de Beyrouth pour faciliter la protection consulaire.

     

    Hommage – La cheffe de la CE, Ursula von der Leyen, a rendu hommage lundi aux victimes de l’attaque terroriste perpétrée il y a un an par le Hamas, dans le sud d’Israël. L’occasion pour la responsable européenne de réitérer son appel à un cessez-le-feu et à la libération des otages. L’attaque commise par le Hamas „ a provoqué une souffrance immense non seulement aux gens d’Israël, mais aussi aux palestiniens innocents”, a affirmé Mme von der Leyen qui a promis d’accorder de l’assistance humanitaire et financière aux palestiniens et au Liban. A Bucarest, le ministère des Affaires Etrangères et le gouvernement ont commémoré lundi les victimes de l’attaque sanglante perpétrée par le Hamas en Israël, en 2023. Le Ministère roumain des Affaires Etrangères et le Gouvernement ont lancé un appel à un accord de cessez-le-feu. La Roumanie continue à plaider pour la libération des otages détenus dans la Bande de Gaza, et pour la protection des civiles. Le 7 octobre 2023, des commandos du Hamas sont entrés dans le sud d’Israël et ont tué plus de 1200 personnes et kidnappé 250. En riposte, Israël a déclenché une offensive dans la Bande de Gaza contre les positions du Hamas.

     

    Bosnie – Herzégovine – La Roumanie répond à la demande d’assistance humanitaire et soutient la population de Bosnie-Herzégovine sévèrement impactée par les inondations et les écoulements de boue. Le gouvernement a annoncé avoir envoyé des tentes, des matelas et des lits  pour 200 sinistrés. La Roumanie rejoint les autres pays du Mécanisme européen de protection civile ayant répondu affirmativement à l’appel au secours lancé par la Bosnie-Herzégovine.

     

    Météo – En Roumanie, le temps reste beau et les températures continueront à dépasser la normale. Le ciel est variable, plutôt bleu, légèrement couvert dans l’ouest. Les températures iront mardi entre 19 et 26 degrés.

  • “Agora Kiseleff” pour protéger le patrimoine paysager

    “Agora Kiseleff” pour protéger le patrimoine paysager

    Le parc Kiseleff – le premier jardin public de Bucarest

     

    Le Parc Kiseleff de Bucarest est devenu un modèle de bonnes pratiques en matière de gestion des parcs et des jardins historiques. A la fin du mois d’août, il a accueilli plusieurs événements interdisciplinaires grâce au projet « Agora Kiseleff ». Aménagé en 1832, le Parc Kiseleff a été le premier jardin public de Bucarest dont la composition s’était appuyée sur la forêt qui occupait cette zone de la capitale roumaine. L’avenue homonyme (Şoseaua Kiseleff), qui traverse le parc, fut construite la même année. La conception du parc est due à l’architecte paysagiste Wilhelm Mayer, celui qui avait aussi imaginé le Parc Cișmigiu, du centre-ville de la capitale. De nos jours, le Parc Kiseleff occupe 31.690 m², décorés de nombreuses statues de personnalités culturelles nationales et internationales, qui se sont ajoutées aux éléments naturels pour embellir les lieux. Le parc fait partie des monuments classés de Bucarest.

     

    Faire l’inventaire du parc Kiseleff

     

    Le projet « Agora Kiseleff » repose sur les résultats issus du projet plus large intitulé « Le Registre Vert pour le Parc Kiseleff. Le Registre Vert pour la Roumanie »,  qui a inclus des ateliers interactifs de restauration des jardins historiques et de gestions des arbres et des arbustes.

     

    C’est un projet – test pour une bonne gestion future des espaces verts, coordonné par l’architecte paysagiste Diana Culescu :

    « En fait, « Agora Kiseleff » fait partie de deux projets, dont l’un s’appelle « Le Registre Vert pour le Parc Kiseleff. Le Registre Vert pour la Roumanie », son but étant de mettre au point un modèle à suivre pour que la Roumanie réalise ce qu’elle aurait dû faire, selon les textes législatifs, depuis 2007, mais qu’elle n’a pas fait jusqu’à présent. Ce projet s’est également joint à un autre culturel, qui a apporté l’idée de l’« Agora Kiseleff ». Pratiquement, nous avons réuni des étudiants spécialisés et des fonctionnaires de l’administration publique pour produire cet instrument dans le contexte de la Roumanie. Un instrument qui existe à l’étranger, mais que nous devons adapter à notre contexte spécifique. Nous avons eu plusieurs actions qui nous ont permis de dresser un inventaire du Parc Kiseleff et d’analyser tous les éléments. Le plus souvent, nous faisons l’erreur de croire que le registre vert concerne uniquement les arbres, mais en réalité il s’agit aussi des bancs publics, des arbustes et ainsi de suite ; il nous sert de guide pour adapter l’application et la rendre utile pour nous. Nous avons bénéficié de l’aide de trois spécialistes en protection du patrimoine de France, des Etats-Unis et de Hongrie. »

     

    Un projet qui sera élargi

     

    Ce projet sera-t-il appliqué à d’autres parcs de Bucarest et d’autres villes du pays? La réponse de Diana Culescu est affirmative :

    « C’était justement l’idée de départ d’« Agora Kiseleff », à savoir rassembler des gens de différents bords, et des échanges sont en cours avec des participants à notre école d’été pour développer quelque chose de similaire dans les villes d’Aiud et de Călărași. Ma réponse est donc oui, c’est effectivement notre but de multiplier ces idées de projets originaux. Ce nom, « Le Registre Vert pour Kiseleff. Le Registre Vert pour la Roumanie », dit clairement que nous voulons disséminer cet instrument à travers le pays, un outil de travail qui est, comme je l’ai déjà dit, demandé par loi. »

     

    Protéger le patrimoine paysager

     

    Alexandru Mexi, paysagiste à l’Institut National du Patrimoine, s’est impliqué dans le projet « Agora Kiseleff »:

    « J’ai été doublement impliqué dans ce projet, de la part des organisateurs et de la part de l’Institut National du Patrimoine. Ce projet est très important car il nous aide à définir de nouvelles directions pour la protection du patrimoine paysager. Le registre vert est pratiquement une banque de données très importantes pour comprendre la dynamique d’un parc : quels sont ses problèmes et ses besoins? Comment résoudre les problèmes dépistés? Cet outil de travail, bien que prévu par une loi adoptée en 2008, n’a été que très peu utilisé et souvent de façon discontinue. »

     

    Des lois difficile à appliquer

     

    Le paysagiste Alexandu Mexi nous a aussi fait part de son opinion concernant les lois régissant les espaces verts et le patrimoine de Roumanie :

    « Je crois que la législation concernant la protection des espaces verts est plus difficile à appliquer. Le texte de la loi est bien fait, mais il existe des problèmes de compréhension et des instruments à mettre en œuvre, qui ont avant tout besoin d’être bien conçus et financés. Je pense que les problèmes sont assez souvent liés à la façon de mettre en page les cahiers des charges pour élaborer les registres verts. Pour ce qui est de la législation du patrimoine, la loi de la protection des monuments classés, les choses se passent un peu mieux, même si ce n’est pas extraordinaire, loin de là. Comme je l’ai dit, le registre vert est un instrument, un outil qui nous aide à mieux comprendre, plus en profondeur, les biens de patrimoine et il vient compléter les registres nationaux des biens culturels immeubles. » (Trad. Ileana Ţăroi)

     

  • Centenaire de l’Institut français de Bucarest

    Centenaire de l’Institut français de Bucarest

    L’institution a célébré cette année son centenaire par toute une série d’événements, dont on a déjà parlé sur les ondes de RRI. S’y ajoute un autre en ce début juillet, consacré justement au bâtiment qui accueille l’Institut français de Bucarest, situé aujourd’hui au cœur de la Capitale roumaine. Et désormais ceux et celles qui passent le seuil de cet immeuble chic de la ville peuvent savoir qui l’a conçu, puisqu’une plaque commémorative avec le nom de l’architecte roumain d’origine allemande Oscar Maugsch, vient d’être installée. Elle fut dévoilée dans le cadre d’une cérémonie réunissant l’Ambassadeur de France en Roumanie, Nicholas Warnery, le directeur de l’Institut français, Julien Chiappone – Lucchesi, le maire général de la Capitale roumaine, Nicusor Dan et la petite – fille de l’architecte, Edith Stan.

     

     

  • Repères juifs sur Calea Victoriei (avenue de la Victoire)

    Repères juifs sur Calea Victoriei (avenue de la Victoire)

    Calea Victoriei, l’avenue de la Victoire, traverse la ville de Bucarest du nord au sud. Elle est une sublimation de l’histoire de la capitale de la Roumanie, bien-sûr, mais aussi de l’histoire de la Roumanie moderne elle-même, avec ses changements et ses continuités. A l’instar de toute agglomération urbaine importante, Bucarest s’est caractérisé par une diversité ethnique et culturelle de sa population, dont les traces sont encore visibles. Une avenue juive de la Victoire est un élément particulièrement important du Bucarest multiculturel, ainsi qu’une contribution majeure à l’histoire de la Roumanie multiculturelle à travers des personnalités et des lieux.

     

    L’immeuble Podgoreanu

     

    Felicia Waldman, qui enseigne l’histoire des Juifs de Roumanie à l’Université Bucarest, a documenté les repères juifs de Calea Victoriei. En remontant l’avenue depuis la Place de la Victoire, ces repères sont significatifs, dit-elle: « L’immeuble Podgoreanu, sis au 208 Calea Victoriei, près de la rue Frumoasă, a été projeté par l’architecte Jean Monda en 1940. Monda est né à Ploiești en 1900. Il s’est formé à l’Ecole Polytechnique de Milan, d’où il rentre en 1924, représentant de la formation à un art-déco auster ou bien à un modernisme modéré, typique des années 1920. Il s’établit à Bucarest et commence à recevoir un nombre croissant de commandes d’investissements dans l’immobilier de la part d’un grand nombre de Juifs au goût raffiné, suivant la mode occidentale. »

     

    128 Calea Victoriei

     

    A l’autre bout de la Calea Victoriei, donnant sur la Place des Nations Unies, et au-delà du pont qui enjambe la rivière Dâmbovița, un autre repère juif est aussi une création de deux architectes juifs, explique Felicia Waldman: « Appelé le bloc Victoria en raison de l’enseigne du magasin ouvert au rez-de-chaussée, disparu aujourd’hui, l’immeuble du 128 Calea Victoriei est un bâtiment moderniste. Des lignes droites, des balcons symétriques, autant de signes du modernisme. La construction a été imaginée par deux architectes juifs, Leon Hirsch et Dori Galin Golinger. D’ailleurs, celui-ci a été un architecte important de l’entre-deux-guerres. Un autre architecte juif, Leon Ștrulovici, raconte qu’il avait 13 ans lorsqu’il s’était fait embaucher au cabinet d’architectes de D. G. Galin et L. A. Hirsch. « C’était le beau monde qui y venait, on y parlait des langues étrangères », écrivait-il. »

     

    Jacques Elias a été l’un des grands donneurs de l’Académie roumaine.

     

    Sa maison, construite sur Calea Victoriei, a elle-même une histoire multiculturelle, ajoute Felicia Waldman: « Derrière l’hôtel Athénée Palace se trouve la fondation de la famille Menachem Haim Elias, installée dans la maison où avait habité Jacques Elias durant les dernières années de sa vie. L’immeuble a été acheté à l’époque de la première guerre mondiale. Sa propriétaire était Maria Braicoff, la veuve de Jean Braicoff, un entrepreneur de travaux publics néerlandais, installé à Bucarest. La maison avait été construite vers l’année 1900 par l’architecte suisse John Berthet. Un des rares reportages illustrés, réalisé à l’intérieur de l’immeuble et publié dans l’hebdomadaire Realitatea ilustrată en 1936, quand tous les éléments originaux étaient encore en place, montre des détails du bureau, du fumoir devenu salon pour recevoir les invités et même des détails de la mise en place les photos de famille. »

     

    L’Athénée roumain, un des repères de l’avenue

     

    L’Athénée roumain, siège de la Philharmonie George Enescu, est un des repères les plus importants de Calea Victoriei, qui garde l’empreinte de l’esprit juif, affirme Felicia Waldman: « Un bâtiment avec une contribution juive, sis sur Calea Victoriei, est l’Athénée. Il a été érigé en deux temps, entre 1893 et 1897. D’abord il y a eu l’investissement, mais l’argent a été insuffisant. Ensuite, il y a eu la fameuse campagne de collecte de fonds « dați un leu pentru Ateneu / Donnez un leu pour l’Athénée», qui a permis de finir les travaux. Cette seconde étape de la construction a enregistré la contribution de l’architecte juif Leon Schwartz, connu surtout sous le nom de Leonida Negrescu. C’est lui qui a réalisé ce véritable chef-d’œuvre qu’est l’escalier de marbre du foyer de l’Athénée, l’escalier principal, ainsi que les deux escaliers latéraux. »

     

    La Banque Marmoroch Blank

     

    Dans la zone commerciale de Calea Victoriei se dresse un des plus spectaculaire sièges bancaires de la ville, le bâtiment de l’ancienne Banque Marmorosch, Blank & Co., fondée par deux Juifs, explique Felicia Waldman: « Le bâtiment de la Banque Marmorosch Blank, dont a été Petre Antonescu l’architecte, a été érigé entre 1915 et 1923. Les matériaux utilisés ont été le granite, le porphyre, le marbre, la pierre de taille de Rusciuc, le fer forgé, tandis que le style dominant a été le néo-roumain avec des influences gothiques et byzantines. L’intérieur, imaginé dans les styles art nouveau et art-déco, inclut des peintures réalisées par Cecilia Cuțescu-Storck. Fondée en 1848 et transformée en société par actions en 1905, la Banque Marmorosch Blank a fait partie des initiateurs et actionnaires fondateurs de la compagnie Air France. D’ailleurs, la banque a aussi financé la guerre d’indépendance de la Roumanie de 1877-1878, la participation à la première guerre mondiale et de nombreux autres projets stratégiques nationaux. Elle était une institution réputée pour le financement de projets nouveaux, audacieux. Elle a aussi financé l’industrie du pétrole, l’industrie du sucre, tout ce qui était nouveau à l’époque. La Banque Marmorosch-Blank avait des filiales à Vienne, Paris, New York, Istanbul, faisait des affaires avec les compagnies maritimes américaines, elle était pratiquement présente dans le monde entier. »

     

    Les repères juifs sur Calea Victoriei sont liés à des gens qui croyaient en la liberté inaliénable  de leurs professions. Résidences privées, lieux publics, bâtiments monumentaux, styles artistiques – autant de matérialisations des idées issues d’esprits créatifs. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • La famille Macca et sa résidence de Bucarest

    La famille Macca et sa résidence de Bucarest

    Le flâneur qui s’abandonne au charme de la
    zone historique de Bucarest, découvre près du centre-ville et des principales
    artères de l’agglomération, telles que l’avenue Victoriei et le boulevard Lascăr
    Catargiu, le bâtiment de l’Institut d’archéologie de l’Académie roumaine,
    l’ancienne Maison Macca. Edifice à l’architecture particulièrement raffinée et
    riches ornements, la Maison Macca est une des constructions les plus
    fascinantes du patrimoine bucarestois.

    Son histoire mixe le cosmopolitisme de
    l’époque à travers John-Élisée Berthet, architecte
    d’origine suisse, et la biographie de vieilles familles locales, car la maison
    a été bâtie par le colonel Petru Macca et son épouse Elena, philanthrope connue
    de ces temps-là, qui, dans son testament, a d’ailleurs fait don de la résidence
    familiale au ministère de l’éducation. C’est la raison pour laquelle l’immeuble
    a accueilli plusieurs institutions, dont le musée des antiquités à
    l’entre-deux-guerres et l’institut d’archéologie de nos jours. L’historienne de
    l’art Oana Marinache a cherché dans les archives des informations sur le passé
    et les plans architecturaux du chef-d’œuvre signé par l’architecte John-Élisée
    Berthet. C’est pratiquement une commande
    privée de la part d’une famille riche
    . Tous les revenus de Mme Elena Macca avaient pour source
    l’exploitation de son domaine de Miroși. A l’aide du second époux de la
    propriétaire, le colonel Petre Macca, mais aussi avec beaucoup de patience et
    un très important effort financier, également avec l’aide d’entrepreneurs talentueux,
    étrangers pour la plupart car les commandes sont envoyées à Paris et à Vienne,
    le couple érige ce bijou immobilier. L’édifice est en fait la somme de tous les
    styles de la fin du XIXème siècle. L’architecte Berthet reçoit la commande en
    1891, or il est impossible de réaliser la composante artistique en si peu de
    temps. L’immeuble est fini autour de 1894, quand le couple Macca emménage dans
    sa nouvelle résidence, qui sera aussi impliquée dans des événements moins
    plaisants à travers le temps. Par exemple, les écuries et les dépendances ont
    pris feu en 1894 et en 1897. La maison, y compris le corps principal, a
    également subi des transformations, mais la composante artistique d’origine est
    parvenue jusqu’à nous. Sa restauration nous fournit d’ailleurs quelques
    surprises. On trouve encore des fresques, des stucs, des meubles inédits, qui
    nous offrent une nouvelle image d’un style de vie à la fin du XIXème siècle et
    au début du XXème.
    , raconte-t-elle.


    L’immeuble est structuré sur quatre
    étages: sous-sol, rez-de-chaussée, étage et grenier mansardé. Les ornements
    intérieurs et extérieurs ont des éléments baroques, tels que guirlandes en pierre, pilastres
    classicisants et symboles héraldiques. Les plafonds et les murs gardent des
    fragments de fresques d’origine, certains stucs sont partiellement dorés. A un
    moment donné, les balcons ont été adaptés au style Art Nouveau, ce qui les a
    transformés en magnifiques serres d’hiver. Et l’on aussi ajouté un vitrail
    ouvert vers l’ancien jardin. Par ailleurs, quand on parle de la famille Macca,
    le premier-plan est occupé par Elena Macca, souligne l’historienne de l’art
    Oana Marinache: La
    propriété lui appartenait, tout a été réalisé avec ses propres ressources
    financières. Je dirais
    qu’Elena Macca est en fait la quintessence d’un mode de vie et d’un type de
    grande dame philanthrope de la fin du XIXème siècle. Elle avait suivi des
    modèles de sa propre famille. D’abord sa mère et puis sa grand-mère maternelle,
    des modèles féminins qui bénéficiaient, certes, d’un certain statut économique
    et social, mais qui prenaient soin des domestiques de la maison, des paysans du
    domaine, des petits entrepreneurs et des locataires qui vivaient sur le même
    domaine. Je crois qu’Elena Macca est un exemple qui mérite d’être connu du
    public, même si elle est décédée en 1911, il y a donc plus de cent ans.



    En 1931, la Maison Macca, donnée par sa
    propriétaire à l’Etat roumain, a accueilli le Musée national des antiquités, et
    depuis 1956, année de la fondation de l’Institut d’archéologie, l’édifice
    appartient à l’Académie roumaine. La
    mauvaise conservation du bâtiment est à l’origine de la décision prise
    récemment de lancer des travaux de rénovation de la Maison Macca sous la
    houlette de l’Institut national du patrimoine. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • La mémoire d’un quartier disparu : Uranus

    Le centre actuel de
    Bucarest qui abrite notamment l’imposant bâtiment du parlement, la Place de la constitution,
    et les sièges des principales institutions de l’Etat a été érigé au début des
    années 80 selon les plans pharaoniques de Nicolae Ceausescu sur les ruines d’un
    quartier paisible, détruit à coups de pelleteuses et des bulldozers. En effet,
    il y a 40 ans, l’on pouvait encore parcourir ce charmant quartier Uranus,
    tellement typique du vieux Bucarest. L’on pouvait y voir les bâtiments du vieil
    Arsenal, un stade, des églises et de petites maisons pittoresques, bordant des
    ruelles pavées, étroites, érigées en pente. 90% de ce quartier partira en poussière
    dans les années 80 pour faire place nette à la dernière folie du régime
    communiste de Nicolae Ceausescu : bâtir le centre administratif de son
    pouvoir.


    L’historienne Speranța Diaconescu travaillait
    en 1975 à l’Office du Patrimoine culturel de Bucarest. Et c’est en cette
    qualité qu’elle avait pu suivre de près la destruction systématique du paisible
    quartier. Son interview, enregistrée en 1997, a été conservée par le Centre d’histoire
    orale de la Radiodiffusion roumaine. Ecoutons-la :


    « Uranus
    était un quartier historique de Bucarest. Le musée d’histoire de Bucarest avait
    voulu cartographier la zone. Il devait le faire, cela faisait partie de sa
    mission, car il fallait faire connaître aux générations futures ce qu’avait été
    en ce lieu. Et puis, les équipes de cartographes du musée ont étendu leur
    action pour couvrir toutes les zones qui allaient être démolies dans la ville
    de Bucarest selon le nouveau plan d’urbanisme concocté par le régime. Pour conserver
    la mémoire de ce qu’avait été Bucarest avant les destructions volontaires
    ourdies par le régime. Alors, voyez-vous, le musée d’histoire de Bucarest
    détient grâce à cela les fiches de tous les bâtiments démolis dans les années
    80 à Bucarest, qu’il s’agisse de simples maisons modestes ou de véritables hôtels
    particuliers. Les informations reprises dans ces fiches rendent aussi de la
    situation socio-professionnelle des propriétaires, des locataires. C’est une
    photographie, peut-être pas suffisamment détaillée, mais une photographie de ce
    Bucarest disparu. »


    Les urbanistes, les
    architectes de l’époque étaient bel et bien au fait de l’énormité de la
    démarche destructrice du régime. Certains ont bataillé ferme pour tenter de
    sauver ce qui pouvait l’être. Speranța Diaconescu :


    « Lorsque
    les travaux de démolition avaient démarré, nous agissions en vertu du décret-loi
    120 de 1981. L’on pouvait essayer de sauvegarder certains éléments de patrimoine,
    certains éléments de décoration. Un vitrail par exemple, une porte, des parties
    entières d’un bâtiment qui nous semblaient faire partie du patrimoine culturel.
    Mais l’on se trouvait devant le rouleau compresseur des ordres politiques. Il
    fallait faire vite. L’on nous disait : allez commencer à faire l’inventaire
    des bâtiments qui se trouvaient en tel endroit. On y allait, on commençait à
    faire l’inventaire, et puis les bulldozers se pointaient le lendemain, ou le
    surlendemain. Parfois, l’on n’arrivait même pas à accomplir les démarches
    administratives nécessaires pour commencer l’inventaire que les bâtiments que l’on
    devait répertorier étaient déjà à terre. Il était rare que l’on dispose d’une
    semaine pour effectuer notre travail. C’était tout bonnement insensé »
    .


    De fait, la folie
    destructrice du régime n’avait que faire des réticences des spécialistes. Speranța
    Diaconescu à nouveau :


    « Il
    m’est arrivé de faire l’inventaire de certains hôtels particuliers. C’étaient
    de véritables palais. Je me souviens encore de certains vitraux, des portes
    anciennes des miroirs ou que sais-je encore. Et si aujourd’hui, je parvenais à
    répertorier ce qu’il fallait sauvegarder, il n’était pas rare à ce que je
    constate que les démolitions avaient débuté le lendemain exactement là où j’aurais
    voulu conserver des choses. Et je me suis alors rendu compte que, grâce à nous,
    le régime se donnait bonne conscience, mais qu’en fait, nos efforts ne servaient
    à rien. L’on était mains et poings liés.
    »


    Après la chute du régime
    communiste fin 1989, Nicolae Ceausescu, renversé et tué pendant les heures terribles
    de la révolution, avait été tenu pour seul et unique responsable de la destruction
    des pans entiers du patrimoine architectural de la capitale roumaine. Pourtant,
    il n’aurait rien pu faire seul, en l’absence de la complicité de ses ouailles. Speranța
    Diaconescu :


    « Je
    suis navré, mais vous savez, pour ma part, Nicolae Ceausescu, aussi primitif et
    insensé qu’on a pu le voir, était un mec rusé. Suffisamment rusé pour qu’il
    signe les décrets qui devaient sauvegarder certaines parties de la ville de la
    destruction toujours après que ces les travaux de démolition avaient été réalisés
    sur le terrain. En fait, les décrets de démolition portaient généralement sur
    des superficies très vastes. Il revenait ensuite à ce qu’un autre décret
    exempte des effets du premier les monuments, les éléments de patrimoine. Et sur
    ce décret, Ceausescu apposait sa signature toujours trop tard, lorsque les
    démolitions avaient été déjà accomplies, lorsque tout avait été rasé. Or, ces
    manigances ne pouvaient s’accomplir en l’absence de la complicité de certains,
    prêts à tout faire pour mettre en œuvre au plus vite les désirs de destruction
    du dictateur.
    »


    De nos jours, seule
    une petite partie de l’ancien quartier Uranus, l’un de plus beaux quartiers du
    vieux Bucarest, peut encore être admirée par le passant. Mais l’image de ce
    quartier détruit par le régime communiste est sauvegardée encore dans la mémoire
    de ses anciens locataires, dans leurs albums photo, mais aussi grâce aux
    articles de presse, aux expositions et aux films qui ont été tournés dans ce
    lieu une fois paisible et poétique de la capitale roumaine. (Trad.
    Ionut Jugureanu)

  • Tourisme au Maroc pour les Roumains

    Tourisme au Maroc pour les Roumains

    En quête de destinations ? Un tour à la Foire du tourisme peut très bien vous donner des idées. Cette année, le Maroc ? Cest là que jai rencontré Rachid En Naciri, Directeur de lOffice national marocain du tourisme en Europe de lEst.

  • La situation des édifices historiques de Bucarest

    La situation des édifices historiques de Bucarest

    Mis à rude épreuve par la nationalisation durant l’époque communiste, rétrocédés aux anciens propriétaires après 1989, mais souvent délaissés par ceux-ci, faute de financement ou d’intérêt, les immeubles de patrimoine de la capitale roumaine, Bucarest, confèrent à la ville un air désolant, et représentent un facteur de risque potentiel pour les habitants. Faute de travaux de restauration, une bonne partie de ces immeubles se dégradent et peuvent s’écrouler à tout moment, en cas de séisme majeur. Il s’agit notamment de plusieurs édifices somptueux dont une grande partie date de la deuxième moitié du XIXème siècle et la première partie du XXème et qui n’ont jamais bénéficié de la moindre consolidation.

    Les efforts des dernières années, consentis aussi bien par l’administration locale que par les propriétaires, ont été considérés insuffisants par les experts et la société civile, affirme Ștefan Bâlici, à la tête de l’Institut national du Patrimoine. « On est toujours dans un scénario qui associe le statut de monument historique à quelque chose de négatif. On pense aux édifices de patrimoine comme à des problèmes potentiels. Tant que l’on ne dispose pas d’instruments efficaces et suffisamment connus de la société pour pouvoir remédier à cette situation, le patrimoine restera un problème. On ne pourra qu’assister à sa démolition, à son abandon ou à sa disparition. Bien sûr qu’une fois en place, le statut de monument historique – et d’ailleurs, tout le centre-ville de Bucarest est classé monument historique – implique des restrictions. Notamment, il est interdit de le faire démolir et on ne peut pas intervenir n’importe comment. On doit suivre tout une démarche administrative pour obtenir toute sorte de certificats qui impliquent de sommes importantes. Du coup, il faudrait aider les propriétaires à travers des programmes de soutien ou bien il faudrait tout simplement financer ces travaux. »

    D’autres villes telles Timisoara et Oradea ont réussi à identifier des solutions administratives et mènent depuis plusieurs années d’impressionnants travaux de restauration et de consolidation des immeubles historiques. Certes, à Bucarest les problèmes sont beaucoup plus amples, puisque son patrimoine, bien plus riche, s’étend sur un périmètre plus large. Selon le Professeur Radu Văcăreanu de l’Université technique de Constructions de Bucarest, en Roumanie, on n’a pas une image claire de la situation à laquelle on se confronte, puisqu’on ignore aussi bien le nombre exact d’immeubles en péril en cas de séisme que les coûts des travaux potentiels. Radu Văcăreanu :« Je me souviens qu’à un moment donné, on a essayé de voir à combien se monteraient les efforts de consolidation des bâtiments vulnérables de Roumanie. Et il y en avait pour 13 à 14 milliards d’euros. Si on y ajoute la même somme pour assurer l’efficacité énergétique des immeubles en question, on finira par en avoir pour 27 milliards d’euros. Or, même si le Père Noël arrive et qu’il nous offre 27 milliards d’euros, on ne pourra jamais mettre en place de tels projets vu la capacité limitée d’intervention de l’appareil administratif et des sociétés du bâtiment. En admettant que ces sociétés ont l’argent nécessaire, est-ce qu’elles auraient la force de mettre en place de tels projets ? Bien sûr que non. Voilà pourquoi on doit prioriser, mais pour cela, il faut connaître la gravité des problèmes auxquels Bucarest se confronte. On a examiné un peu le risque sismique de la capitale et il y a deux aspects à prendre en considération : d’abord, assurer la sécurité des ceux qui habitent des immeubles à risque. Et puis, un deuxième aspect dont on doit tenir compte c’est, bien évidemment, limiter les dégâts. »

    Or, vu le contexte, une question s’impose : qu’est-ce que la municipalité a fait concrètement pour remédier à cette situation ? Edmond Niculușcă, ancien représentant de l’Office pour les consolidations auprès de la Mairie de Bucarest, s’attarde aussi bien sur la situation dans le passé que sur le Programme de restauration récemment adopté par la mairie. « L’Office en charge des opérations de consolidation est une institution nouvelle. Lorsque j’ai assumé ce mandat il y a huit mois, j’ai été surpris de constater qu’aucun des 90 salariés n’était ingénieur spécialisé en structures du bâtiment et cela en dit long sur la situation. Il est vrai, aucun programme de financement n’existe en ce moment. Mais ce n’est pas l’état financier de la municipalité ni de l’Office en charge des consolidations qui provoque cette situation. La mairie se confronte à des problèmes majeurs en termes de finances, mais tel n’est pas le cas pour notre établissement. Le programme municipal de restauration visera tous les immeubles historiques, situés dans des zones de protection des monuments, et d’autres sites classés. Il prévoit des financements remboursables en 25 ans reposant sur des garanties immobilières. Conformément à plusieurs critères, les Bucarestois s’inscriront pour bénéficier de ce programme qui épaulera les propriétaires et les associations de propriétaires durant l’élaboration des projets de consolidation-restauration, mais aussi en matière d’obtention des avis et des autorisations, autant de démarches très compliquées. Le taux de cofinancement de la part de la mairie varie de 50 à 75 %. C’est le premier programme de financement visant les monuments historiques de Bucarest. »

    Côté attitude des propriétaires, elle varie en fonction de leurs profil et intérêts. Une pratique assez répandue par le passé était de délibérément laisser à l’abandon des immeubles inscrits au patrimoine architectural pour qu’ils perdent leur statut de monuments historiques, afin de pouvoir les démolir et finalement exploiter le terrain. Mais il y a aussi des propriétaires qui pour différentes raisons s’avèrent réticents à l’idée d’une consolidation. Aux dires d’Edmond Niculuşcă, dans tous ces cas, la principale responsabilité incombe aux autorités. « Certaines associations de propriétaires ne souhaitent pas faire consolider leurs immeubles. Dans ce cas, les travaux trainent, les projets expirent parce que les propriétaires ne se mettent pas d’accord. Nous, en tant qu’administration publique, nous sommes tenus de dresser un procès-verbal mentionnant le fait que les propriétaires assument le risque et que l’autorité n’a pas pu intervenir pour réduire le risque sismique dans le cas de l’immeuble en question. Certes, dans certains cas, les propriétaires refusent tout projet, mais ce discours généralisateur selon lequel les travaux de consolidation ne se font pas à cause des propriétaires est entièrement faux. Ceux qui ont refusé la consolidation l’ont fait à cause du manque de transparence des autorités. Ils n’ont pas compris quels sont les coûts, ce qu’ils doivent payer ce qu’ils ne doivent pas payer, pourquoi certains coûts sont tellement élevés et surtout combien vont durer les travaux. »

    A présent, la liste officielle des immeubles bucarestois à risque sismique classés dans la première catégorie inclut 349 immeubles, mais les associations civiques et les experts en BTP affirment qu’en réalité, leur nombre serait beaucoup plus grand à cause des retards enregistrés dans l’évaluation des immeubles, une opération sous-dimensionnée par rapport à l’étendue du patrimoine bucarestois. (Trad. Ioana Stancescu, Alex Diaconescu)

  • Vacances tunisiennes pour les Roumains

    Vacances tunisiennes pour les Roumains

    Pour l’été, le ciel bleu, le sable fin, une mer chaude sont des atouts que les Roumains recherchent et apprécient. Si en plus il y a un patrimoine historique exceptionnel à visiter et que tout se passe à l’ombre des palmiers c’est encore mieux, et voilà déjà quelques atouts solides pour leur choix de vacances. Et on peut aussi assaisonner cela d’un mot magique – le désert — à découvrir nécessairement quand on pense à des vacances en Tunisie.



  • Invitation à la Fête du mărţişor à Bruxelles ce week-end

    Invitation à la Fête du mărţişor à Bruxelles ce week-end

    Selon la tradition roumaine, le printemps commence le 1er mars. Le mărţişor est un petit pendentif accroché à un fil tressé rouge et blanc, offert aux femmes et aux jeunes filles le 1er mars et qui symbolise l’arrivée du printemps. Du 25 au 27 février, vous êtes invités chez Arthis, la Maison culturelle belgo-roumaine, au 33 rue de Flandre, dans la capitale de la Belgique et de l’Europe, pour participer à la Fête du mărţişor. Carmen Drăghici, responsable chez Arthis, nous donne un avant-goût de cette fête.



  • L’église en bois du village d’Urși

    L’église en bois du village d’Urși

    La Commission européenne a annoncé, l’automne dernier, les quatre projets gagnants
    des Grands Prix européens du patrimoine/Prix Europa Nostra, le prix européen du
    patrimoine culturel financé par le programme Europe créative. La restauration
    de l’église en bois du village d’Urşi, du comté de Vâlcea (centre-sud de la
    Roumanie), un projet porté par la Fondation ProPatrimonio (Roumanie), fait
    partie de ces quatre lauréats. Elle a également été distinguée du prix du choix
    du public, qui a pu voter en ligne à travers l’Union européenne.






    Lancée en 2009 et finalisée en 2020, grâce aux dons financiers et au
    travail bénévole d’un grand nombre d’étudiants, d’architectes et de peintres-restaurateurs,
    la restauration de la petite église est devenue un modèle à suivre en la
    matière ainsi qu’une occasion de mieux comprendre les techniques de construction
    d’origine.






    L’architecte Raluca Munteanu, qui a été impliquée dans le projet, précise
    que l’église en bois d’Urși, consacrée aux fêtes religieuses de l’Annonciation
    et de Saint Michel, avait été érigée entre 1757 et 1784 : « Il est bien possible que l’église qui se dresse devant nous ne
    soit pas celle d’origine, car des documents officiels mentionnent un incendie
    dévastateur, qui l’aurait gravement endommagée en 1838, et le début de travaux
    de réparation. Ce n’est qu’en 1843 qu’une inscription est apposée au-dessus du
    portail d’entrée, disant que le fondateur Nicolae Milcoveanu avait financé et
    surveillé les travaux de réparation. Les peintures murales extrêmement
    précieuses de l’église datent de cette même année. Nicolae Milcoveanu n’était
    pas un boyard, mais plutôt un habitant aisé de la contrée. Selon les coutumes
    de l’époque, il avait donné de son argent et de son temps à la communauté dont
    il faisait partie. Il a fait réparer l’église et l’a remise en fonction. »








    Les artisans du bois, qui ont érigé
    l’église, sont restés anonymes, à la différence des peintres – Gheorghe,
    Nicolaie et Ioan – qui, eux, ont été mentionnés. En plus, Gheorghe était,
    paraît-il, originaire du village même où se dresse l’église, affirme
    l’architecte Raluca Munteanu : « Il est très possible qu’ils aient
    été des gens du coin, qui s’étaient inspirés des peintures religieuses de la
    région, notamment de celles du monastère de Hurezi, un véritable repère pour
    tant d’autres objectifs de la même zone. Comme on le sait, dans la partie sud
    de la Roumanie, les sources d’informations écrites sont très lacunaires. Il est
    tout à fait possible qu’à l’époque, les gens du village aient parfaitement
    connu les noms des artisans, mais l’absence de la pratique des documents écrits
    a fait que cette information ne nous parvienne pas. La mention des noms des
    peintres est plutôt quelque chose de rare. Dans le cas des églises de village,
    peu de noms de maîtres-artisans ont survécu au temps pour arriver jusqu’à nous.
    Et cela est aussi valable dans le cas des constructions représentatives et des
    monastères. Ces gens se rendaient d’une zone à une autre ; grâce à leur
    expérience, ils étaient appelés à travailler dans des localités voisines. Un
    spécialiste en peinture peut d’identifier, en fonction de la période ou du type
    de dessin, dans quelle mesure le style et les influences ont migré et se sont
    transmis, peut-être, d’une génération à une autre, ou d’un artisan à un autre
    de la même période. »






    Les dimensions de l’édifice parlent
    elles aussi des dimensions de la communauté villageoise et de l’exploitation du
    bois dans la région. La petite église du village d’Urși a environ 8 mètres de
    long et 6 mètres de large. Elle est aussi très basse, ayant seulement quelque 2,40
    mètres de haut jusqu’à la gouttière et environ 4,50 mètres avec le toit,
    explique Raluca Munteanu, selon laquelle l’église n’a pas de style d’architecture
    précis.






    Raluca Munteanu : « C’est une église vernaculaire,
    construite d’une manière on ne peut plus pragmatique. C’est une construction
    simple, réalisée avec la technique et les matériaux disponibles dans le coin,
    le bois en l’occurrence. L’assemblage en queue d’aronde est utilisé partout en
    Europe, du sud au nord. C’était la technique la plus simple et la plus facile de
    réaliser une construction en bois, à une époque où ce matériau était peu cher
    et facile à trouver. Sa forme est strictement fonctionnelle et adaptée aux
    besoins cultuels. De ce point de vue, l’église d’Urşi n’a rien de spécial,
    comparée à la majorité des églises en bois de cette zone, à quelques exceptions
    près. Elle est, de toute évidence, une église orthodoxe qui respecte tous les
    canons de construction en matière de plan, découpage de l’espace intérieur et
    fonctionnalité. La décoration, je le disais, est influencée par la peinture du
    monastère de Hurezi, les icônes et les dessins étant également organisés selon
    la pratique et les rituels chrétiens orthodoxes. Ce qui est vraiment spécial,
    pour la zone en question, bien sûr, mais aussi sur une aire bien plus large,
    c’est le choix des peintres-artisans d’utiliser la fresque sur bois, deux
    techniques – la fresque et la peinture sur bois – qui ne sont pas compatibles.
    Ils ont donc enduit le bois d’un crépi à la chaux, sur lequel ils ont réalisé
    la peinture alors que le crépi n’avait pas encore séché. D’habitude, la
    peinture était « a secco », directement sur le bois, ou bien, en cas
    d’utilisation du crépi à la chaux, celui-ci était renforcé avec des branchages
    qui le soutenaient. Dans le cas de l’église d’Urşi, les artisans ont choisi la
    technique utilisée dans les églises en pierre ou en brique : crépi à la chaux,
    appliqué directement sur le mur, et peint « a fresco ».






    La peinture murale tellement fragile et l’église
    du village d’Urşi sont actuellement entièrement restaurées, l’édifice
    accueillant à nouveau le service religieux, en parallèle avec la nouvelle
    église en brique, récemment construite dans le village. (Trad. Ileana Ţăroi)