Tag: spectacle

  • Un spectacle chez vous, ça vous dit ?

    Un spectacle chez vous, ça vous dit ?

    Si la pandémie nous fait rester à l’intérieur et peut-être loin des salles de spectacles, il est maintenant possible de profiter d’un projet chorégraphique à part. « Private Bodies », tel est le nom du projet de danse contemporaine qui se déroule à Bucarest, Cluj-Napoca et Braşov, avec la participation des artistes Anamaria Guguianu, Oana Mureşanu, Cristina Lilienfeld et Cosmin Manolescu.


    Cristina Lilienfeld nous a aidés à comprendre de quoi il s’agit :



    « C’est un spectacle un peu plus spécial qui s’appuie beaucoup sur cette relation, appelons-la un peu plus proche, entre l’artiste et le public. L’invitation est venue de Cosmin Manolescu, qui a fait voici 20 ans un spectacle appelé « Private Show », qu’il souhaite transmettre à d’autres d’une certaine manière. A cet effet, il a invité trois artistes, dont moi. Nous avons aussi Anamaria Guguianu, à Braşov, et Oana Mureşanu, à Cluj, et sinon il nous a donné toute la liberté. La seule chose qu’il nous ait dite, c’est qu’il doit se dérouler dans un appartement, avec peu de participants, et qu’il souhaite que ce soit un spectacle interactif. C’étaient les seules indications qu’il nous ait données. Après, chacun de nous a commencé à faire des choses et à aller dans des directions différentes. Bien sûr, je ne peux parler que de ma direction, qui contient effectivement de l’interaction, une interaction assez fine, dans laquelle j’invite mon public à m’accompagner et à faire des choses à mes côtés. Mon concept est allé un peu plus loin, parce que je suis partie de cette idée de ce que privé et public veut dire. J’ai lu un peu, j’ai fait des recherches dans la littérature de spécialité sur ce sujet, et je suis progressivement arrivée à l’idée de limites et ce que sont les limites, où nous plaçons nos limites. Qu’est-ce que cela signifie si vous travaillez avec la limite de votre propre corps, où il s’arrête réellement, s’arrête-t-il à la peau ou plus loin, au muscle ? Et aussi avec la limite émotionnelle. Cela ne veut pas dire que j’essaie de provoquer un passage au-delà de la limite du spectateur, ce n’est pas ce que je fais, mais avec mon propre corps et mon propre émotionnel. J’essaie de me remettre en question et de voir ce que privé veut dire pour moi et ce que je peux rendre visible, pas public, ce que je peux montrer au public. »



    Le chorégraphe Cosmin Manolescu nous en dit plus :



    « Tout d’abord, je pense que l’expérience de danser dans la ville, dans les parcs, dans les rues, d’adresser la danse à des gens qui ne sont pas nécessairement des spectateurs courants de la danse contemporaine est quelque chose de très libérateur et de très fort. C’est extraordinaire quand quelqu’un vous sourit ou quand vous voyez que votre danse suscite une émotion pure et simple. C’est pratiquement une pause dans le temps, pendant laquelle vous pouvez profiter du moment présent. J’aime m’inspirer de la ville dans mes projets, de toute façon cela fait un moment que je n’ai plus dansé dans des salles de spectacles. Il me semble que la ville, avec ses rues, ses appartements, avec tout ce qu’elle est, avec l’architecture de l’espace, offre beaucoup pour la danse et pour moi en tant qu’artiste. En ce moment, nous préparons un projet qui s’appelle « Private Bodies », qui se produira en même temps dans trois villes, Bucarest, Braşov et Cluj Napoca, projet dans lequel nous partons d’une pièce très ancienne, une pièce unique, dans laquelle je dansais pour un seul spectateur. Avec mes collègues féminines, nous ferons un performance pour des spectateurs, mais chez eux, un format adapté aux temps pandémiques que nous vivons. Mais plus que cela, je trouve intéressante cette proximité des artistes, de danser avec les spectateurs. Nous attendons avec intérêt cette première qui aura lieu à la mi-novembre, en même temps dans les trois villes, où nous parlerons un peu de cette aventure du corps et de la danse. »



    Un appel a également été lancé aux spectateurs, car c’est ainsi que seront sélectionnés les hôtes des premiers spectacles de ce type. J’ai demandé à Cristina Lilienfeld quels étaient les prérequis pour les soi-disant « candidats » :



    « Ce n’est pas vraiment une sélection proprement dite, plutôt un appel. Ce qui est important pour nous, c’est d’avoir un espace. Bien sûr, nous avons pensé à un appartement. Nous n’avons pas besoin d’une scène maintenant, mais nous avons besoin d’un minimum d’espace. En outre, chacun de nous a également besoin de certaines choses spécifiques – en fonction de ce que la chorégraphie a conçu. Par exemple, je vais avoir besoin d’un coin de la maison qui puisse être plongé dans les ténèbres. Certains d’entre nous ont besoin d’une fenêtre. Chacun a besoin de certains éléments spécifiques, qui ne tiennent pas tant au spectateur qu’à la maison. On pourrait dire que ce casting est plutôt de maisons que d’hôtes. Sinon, nous sommes ouverts à tout type de public qui souhaite nous accueillir. »



    Toutefois, la nécessité d’un espace permettant le mouvement ne devrait pas non plus vous retenir, si vous êtes tentés de postuler pour inviter les artistes, le spectacle, à la maison, précise Cristina Lilienfeld :



    « Nous avons même pensé à des studios, s’ils sont assez grands, nous n’avons pas besoin d’avoir un palais. N’importe quel type d’espace peut être performatif et nous sommes ouverts à toute offre. C’est pourquoi une courte vidéo de l’espace proposé est également nécessaire pour déterminer si nous pouvons vraiment danser dans cet espace ou pas. Oui, je pense que nous pouvons nous adapter à la plupart des espaces, et nous sommes prêts à nous adapter et à aller de l’avant, au-delà de ce paradigme de la scène classique. »



    Selon le succès qu’ils auront, les artistes réfléchiront à l’opportunité de poursuivre ce genre de spectacles.


    (Trad. : Ligia)

  • 19.09.2021 (mise à jour)

    19.09.2021 (mise à jour)

    Coronavirus – Ce dimanche, les autorités ont rapporté 3 817 nouveaux cas d’infection au SARS-CoV-2 dépistées en 24 heures sur plus de 35 000 tests effectués. 58 décès des suites de la Covid-19 ont également été rapportés et 849 malades hospitalisés étaient en soins intensifs. L’Institut national de Santé publique s’attend à ce que l’actuelle vague d’infections soit plus grave que toutes les vagues précédentes, puisque le taux de croissance des nouveaux cas est beaucoup plus rapide que l’automne dernier. Les autorités sanitaires ont relancé les pourparlers avec les mairies des communes et des médecins sont déployés dans les localités où il existe des demandes pour la vaccination contre le SARS – CoV 2. Une centaine de localités du pays ont dépassé le seuil des trois cas de Covid 19 par mille habitants, et des restrictions supplémentaires ont été imposées afin de limiter la propagation du coronavirus. Le gouvernement de Bucarest a adopté, vendredi, une décision par laquelle le certificat vert deviendra obligatoire en Roumanie dans les localités où le taux d’infection va de 3 à 6 cas par mille habitants. A partir de lundi, il sera nécessaire pour entrer dans les restaurants, les salles de sport, les piscines, mais aussi pour participer aux événements publics et privés.

    Aurescu – A partir de lundi et jusqu’au 24 septembre, le ministre roumain des Affaires Etrangères, Bogdan Aurescu participera dans le cadre de la délégation dirigée par le président Klaus Iohannis à la 76e session de l’Assemblée Générale de l’ONU à New York en marge de laquelle le responsable roumain sera présent à une série de réunions multilatérales. Conformément au Ministère des AE de Bucarest, un chapitre distinct sera consacré à la présidence roumaine de la Communauté des démocraties entre 2019 et 2022. Une attention particulière sera accordée aux réunions bilatérales avec des homologues d’Etats du Caucase et d’Asie Centrale, Adie du sud et de l’Est, le Proche Orient, d’Afrique et d’Etats du Pacifique. Ce qui plus est, la présence à New York du ministre Bogdan Aurescu permettra d’organiser des rencontres avec les organisations juives des Etats Unis.

    iMapp – Quelque 30 000 personnes ont participé samedi à iMapp Bucharest 2021, l’événement d’art contemporain le plus important de Roumanie, ont annoncé dimanche les organisateurs. . Avec pour thème « The Show Must Go On » / « Le spectacle doit continuer », cette VIIe édition d’iMapp Bucharest a célébré le retour des gens à la normale à travers des manifestations artistiques utilisant la lumière, la musique et les technologies. Les œuvres artistiques de plusieurs équipes artistiques des Etats-Unis, Allemagne, Ukraine, Japon et Hongrie ont été projetées sur la plus grande surface du monde, à savoir la façade de 23 000 mètres carrés du Palais du Parlement de Roumanie. Un jury constitué de représentants de proue de l’industrie audiovisuelle a décidé du gagnant d’iMapp Bucharest : l’allemand Jonas Denzel, réalisateur et artiste visuel, créateur d’installations de lumière et réalisateur de documentaires, connu pour ses projections dans des espaces publics.

    Tennis – L’équipe masculine de tennis de la Roumanie a battu le Portugal sur le score de 3 à 1 dans le premier tour du 1er Groupe mondial de la Coupe Davis, après la victoire Marius Copil 6-3, 2-6, 6-4 face à Joao Sousa, dimanche à Cluj, dans le centre-ouest de la Roumanie. La Roumanie, équipe qui n’a aucun joueur dans le top 200 ATP doit lutter actuellement pour se qualifier au tournoi final de la compétition, une performance remarquable. Marius Copil a contribué à l’obtention de tous les trois points de la Roumanie, avec deux victoires au simple et une au double. Samedi, dans le premier match de simple, Joao Sousa a battu Filip Cristian Jianu 6-3, 7-5, et dans le deuxième Marius Copil a disposé de Gastao Elias 6-4, 6-3. Dimanche dans le double Marius Copil/Horia Tecău a battu le double Nuno Borges/Joao Sousa 6-4, 6-3.

    Ping Pong – La Roumanie a décroché 12 médailles à la 46e édition des Championnats balkaniques de tennis de table à Albena en Bulgarie, dont 5 d’or, 2 d’argent et 5 de bronze. Parmi elles figure l’or à la compétition de simple messieurs et au simple et double féminin. La Roumanie a également remporté l’or au double mixte féminin. L’équipe masculine a remporté l’argent.

    Météo
    Temps frais dans les prochaines 24 heures en Roumanie, notamment sur l’ouest,
    le centre et le nord. Sur le reste des régions, les météorologues annoncent des
    températures normales pour cette période. Les maxima iront de 14 à 24 degrés.
    Sur le sud, le ciel sera partiellement couvert et des pluies à verse et de
    orages sont prévus. Ciel couvert sur le reste du territoire avec quelques pluies
    locales.

  • 17.09.2021

    17.09.2021

    Coronavirus en Roumanie – Le nombre élevé de nouvelles infections dépistées quotidiennement a mené les autorités à adopter de nouvelles mesures censées limiter la propagation du coronavirus. Le certificat vert sera obligatoire en Roumanie à l’entrée des restaurants, des salles de sport, des piscines, mais aussi aux événements publics et privés dans les localités ou le taux d’infection dépasse le seuil des 3 cas par mille habitants. Cette mesure, adoptée jeudi par le Comité national des situations d’urgences devrait recevoir aujourd’hui l’aval du gouvernement qui se réunit sur ce dossier aujourd’hui. Le certificat vert est le document approuvé au niveau européen qui atteste la vaccination contre la Covid 19, le résultat négatif d’un test de dépistage de l’infection au SARS CoV 2 récemment effectué ou bien une infection au coronavirus par le passé. C’est le même certificat numérique introduit en début d’été pour faciliter les voyages entre les Etats de l’Union européenne. Jeudi, les autorités ont annoncé 4 441 nouveaux cas d’infection au SARS CoV 2 dépistées en 24 heures sur plus de 43 000 tests effectués. 71 décès des suites de la Covid 19 ont également été rapportés et 741 malades sont hospitalisés en soins intensifs.

    Train – Le ministre par intérim des Transports et de l’Infrastructure de Roumanie, Dan Vîlceanu, accueille aujourd’hui à la Gare du nord de Bucarest le train « Connecting Europe Express », événement auquel participe aussi la Commissaire européenne aux Transports, la Roumaine Adina Valean. « C’est un train expérimental, un train laboratoire, qui illustre non seulement les avantages du transport ferroviaire, mais aussi les obstacles qu’il faut dépasser pour avoir un espace unique ferroviaire européen. La Roumanie doit accélérer les investissements dans l’infrastructure ferroviaire afin d’assurer une meilleure connexion avec les autres Etats membres de l’Union européenne » – a déclaré Adina Valean dans un communiqué envoyé à la Représentation de la Commission européenne en Roumanie. Le train « Connecting Europe Express », exclusivement créé dans le cadre de l’Année européenne des chemins de fer, fera des haltes dans une centaine de localités de 26 Etats durant son voyage de cinq semaines, avant d’arriver à Paris le 7 octobre. Parti depuis Lisbonne, le train fera une halte à Ljubljana pour connecter les présidences portugaise, slovène et française du Conseil de l’UE.

    Moldova – Les autorités locales de Roumanie et de la République de Moldova se réunissent aujourd’hui à Sibiu dans le centre de la Roumanie pour évoquer la consolidation des relations de coopération, les moyens de transférer des connaissances dans le domaine et de promouvoir réciproquement les droits et les intérêts des autorités locales dans le cadre des institutions européennes. C’est la 4e édition de cet événement organisé pour la première fois à Chisinau en 2013. Y participent 120 maires roumains et moldaves, ainsi que des représentants des autorités publiques centrales.

    Politique – La Cour Constitutionnelle de Roumanie doit analyser le 28 septembre la saisine du gouvernement dirigé par le libéral Florin Cîtu au sujet d’un conflit institutionnel avec le Parlement, au sujet d’une motion de censure déposée par l’USR-PLUS ancien partenaire cadet dans l’exécutif et l’AUR, de l’opposition nationaliste. Dans sa saisine, le chef du gouvernement accuse un comportement non-constitutionnel, déloyal et abusif contre l’autorité exécutive, puisque la motion de censure aurait été initiée, déposée et présentée d’une manière contraire à la Loi Fondamentale. La motion a été enregistrée le 3 septembre aux cabinets des présidents des deux chambres et présentée le 9 septembre devant le plénum, mais devrait être votée après l’annonce du verdict de la Cour Constitutionnelle de Roumanie. Médias – Bucarest accueille demain iMapp Bucharest – Winners League, le plus important événement de nouveaux arts de Roumanie. Les ouvrages artistiques d’équipes de plusieurs pays : Etats Unis, Allemagne, Ukraine, Japon et Hongrie seront présentées sur la superficie de projection la plus étendue au monde : la façade du Palais de Parlement de Roumanie qui a pas moins de 23 000 mètres carrés. Sous le thème « The show must go on »/ « Le spectacle doit continuer », cette VIIe édition d’iMapp Bucharest célèbre la manière dont les gens reviennent à leur vie d’avant la pandémie par des ouvrages qui utilisent la lumière, la technologie et la musique.

    Météo – Les météorologues roumains ont émis une alerte valable jusqu’à demain matin, conformément à laquelle l’ouest, le centre et le nord du pays, ainsi que les régions de montagne seront confrontées à des périodes d’instabilité atmosphérique accentuée qui se manifestera par des pluies à verse, des orages et de la grêle. Le vent sera assez fort et les quantités d’eau seront également importantes. A partir de cet après-midi, de tels phénomènes seront signalés sur presque l’intégralité du territoire. Le mercure des thermomètres grimpera aujourd’hui jusqu’à 33 degrés. 23 degrés et un ciel couvert en ce moment à Bucarest.

    Sofia – Les sélections nationales de tennis de table ont décroché l’or et l’argent dans la compétition féminine et respectivement masculine des Championnats balkaniques séniors à Albena en Bulgarie. L’équipe féminine, composée par Irina Ciobanu, Adina Diaconu, Andreea Dragoman et Alina Zaharia, a remporté sur 3 buts à 0 tous les quatre matchs contre la Turquie, la Bulgarie, l’Albanie et la Bosnie-Herzégovine. La Bulgarie a terminé en deuxième place et la Turquie a complété le podium en troisième position. Dans la compétition masculine, la Roumanie (Alin Spelbuş, Alexandru Manole, Cristian Chiriţă) a remporté les matchs contre la Bulgarie et l’Italie dans le Groupe B, puis a battu l’Albanie dans les quarts de finale, dans les demi-finales a disposé la Serbie, mais s’est incliné en finale contre la Turquie sur le score de 3 à 1. La Serbie a remporté le bronze. La 46e édition des Championnats balkaniques se poursuit aujourd’hui par les concours individuels.

  • Le théâtre roumain et l’actuel contexte pandémique

    Le théâtre roumain et l’actuel contexte pandémique

    Profondément touché par les restrictions sanitaires mises en place pendant la pandémie, le théâtre roumain s’est vu obliger de trouver des alternatives censées lui assurer la survie. Si en été le public a eu droit à des spectacles en plein air, une fois installée la saison froide, ce fut le milieu en ligne qui en a pris le dessus, en proposant aux internautes des productions en ligne.

    Le 21 septembre dernier, la vie théâtrale autochtone a enregistré une première : la 28ème édition du Gala des Prix de l’Union théâtrale de Roumanie, UNITER, accueillie pour la première fois, en plein air, par le théâtre d’été aménagé dans le parc Nicolae Romanescu de Craiova. L’événement a été transmis en direct aussi bien sur Radio Roumanie Culture que sur les sites de la télévision publique et de l’Union théâtrale de Roumanie. Créée par la libre association des créateurs du domaine théâtral de Roumanie, l’UNITER est une organisation professionnelle non gouvernementale qui vient de marquer ses 30 années d’existence. L’actuel contexte sanitaire a fait que l’Union lance le 10 septembre une campagne en ligne censée présenter au public des vidéos de présentation des comédiens en lice pour les prix. Une occasion pour les spectateurs de voter leurs préférés sur le site UNITER. Déroulé dans des conditions particulières imposées par un contexte atypique, le Gala 2020 des Prix de l’Union théâtrale de Roumanie est resté dans la mémoire du public comme un événement phare de la culture roumaine en ces temps de pandémie.

    Oana Cristea Grigorescu, critique de théâtre et membre de l’UNITER témoigne : « Le Gala Uniter 2020 est arrivé à produire un changement, à disloquer une sorte de conservatisme ancré depuis 20 ans déjà. Tout le monde a salué un format frais dû pas forcément à l’organisation de l’événement en plein air, à Craiova, mais surtout à la confiance que les organisateurs ont faite au réalisateur Bobi Pricop et à la scénographe, Irina Moscou, en charge de l’organisation. A la tête de toute une équipe, les deux ont imprimé à l’événement un souffle nouveau et ont mis en place un événement concis et correct, en nous offrant à nous, spectateurs, une bonne dose d’optimisme. Une partie des discours des lauréats a porté sur une problématique actuelle, à savoir le schisme qui existe entre les artistes indépendants et ceux issus des institutions subventionnées. En réalité, il s’agit d’une fausse rupture et les discours des intervenants lors du Gala ont mis en lumière l’importance de trouver des solutions administratives de soutien aux artistes indépendants pour mettre en évidence leur contribution à la diversité de la scène théâtrale de Roumanie. Le fait que le comédien Ion Caramitru, à la tête de l’UNITER et du Théâtre national de Bucarest, ait assumé publiquement, à la fin du Gala, le devoir de trouver des solutions de soutien au théâtre indépendant représente un aspect d’une importance stratégique. C’est ce genre de politique culturelle que l’UNITER souhaite mettre en place dorénavant »

    Déroulée du 22 au 29 novembre dernier, la 30ème édition du Festival National de Théâtre de Bucarest a eu lieu, en première, en ligne, sur la plateforme officielle de l’événement. L’intention des trois personnalités artistiques responsables de la sélection officielle a été claire : jeter un pont entre les esthétiques de jadis et la quête culturelle actuelle. Radio Roumanie a fait partie des partenaires traditionnels du Festival, la chaîne publique lui ayant consacré une section spéciale sur les ondes.

    Maria Zarnescu, maître de conférences à l’Université d’art théâtral et cinématographique de Bucarest, a fait partie du trio en charge de l’organisation de l’événement. Voici ce qu’elle déclarait le 23 novembre 2020 sur le site fnt.ro, consacré au Festival National de Théâtre de Bucarest : « Chaque spectacle sera mis en ligne pour 48 heures afin de permettre au public de le revoir, si bon lui semble. Le site est légèrement surchargé, car on a voulu revisiter aussi les archives des 30 années du festival. L’occasion de tomber sur des performances artistiques des plus remarquables renvoyant à des triptyques célèbres comédien- metteur en scène – dramaturge. Dans le cas des performances d’une durée plutôt courte, on a choisi de les regrouper dans une section spéciale baptisée « L’Art du Grand Acteur ». C’est une section qui met en avant des acteurs très connus du public roumain, ce qui ne veut pas dire que les autres artistes présents à l’affiche du festival sont moins importants ».

    L’édition 2020 du Festival de Théâtre a accueilli aussi bien des productions internationales que des spectacles « de pandémie » tels ZOOM BIRTHDAY PARTY, d’après un texte de Saviana Stănescu, mis en scène par Beth Milles, des Etats-Unis ou encore La Piscine (Pas d’eau) de Mark Ravenhill, un projet signé Radu Nica, Andu Dumitrescu et Vlaicu Golcea. Pour conclure, obligé de se réinventer dans l’actuel contexte pandémique, le théâtre roumain fait de son mieux pour continuer à rester près de son public, même si l’accès aux salles de spectacle reste limité. (trad. Ioana Stancescu)

  • Retour sur scène pour les artistes de Sibiu

    Retour sur scène pour les artistes de Sibiu

    Après
    une pause de presque 3 mois, lorsque les théâtres ont été fermés partout en
    Roumanie sur toile de fond de la hausse du nombre des cas d’infection au
    coronavirus, les comédiens du Théâtre pour enfants et jeunes Gong, de Sibiu, reviennent
    sur scène. Leur première proposition au jeune public de cette ville transylvaine
    sise au cœur de la Roumanie est « Le rêve d’Hermann », mise en scène par
    Eliza Pauna, un spectacle musical qui invite les spectateurs à un voyage
    imaginaire dans leur propre ville.






    Le retour des artistes sur scène a été un moment plein d’émotion
    et d’enthousiasme, dit Adrian Tibu, le directeur du théâtre Gong de Sibiu :
    « Nous espérons que cette année sera bienveillante avec nous tous. Nous
    sommes très heureux d’avoir commencé cette année sur les planches, devant un
    public, on est très enthousiastes, et la joie de la rencontre a été d’autant plus
    forte qu’il s’agit d’une première. Nous avons réussi à offrir aux petits une
    nouvelle occasion de découvrir le théâtre d’animation, évidemment dans le strict
    respect des mesures sanitaires. Les réactions ont été des meilleures. « Le
    rêve d’Hermann » est un spectacle musical composé par Charlie Fălămaș, qui y met
    aussi sa casquette d’acteur. C’est une sorte de déclaration d’amour pour cette
    ville charmante, avec ses maisons anciennes, sa Grand Place, son Palais Brukenthal.
    Le tout est illustré à l’aide des dessins réalisés par l’artiste Dan Perjovski.
    Par ailleurs, il est vital pour nous de jouer devant un public, c’est notre
    raison d’être en tant que théâtre d’une communauté qui se veut une chronique
    vivante de ce qui se passe autour de nous. Nous avons également préparé un
    autre spectacle, « Gulliver », qui est une adaptation de Leta Popescu d’après
    le texte homonyme de Gellu Naum. Cela a été possible puisque l’année dernière
    nous avons repensé notre programmation, l’adaptant au contexte actuel. Par exemple
    « Le rêve d’Hermann » est un tout petit spectacle, avec seulement 3
    acteurs sur scène, histoire de pouvoir garder la distanciation sociale pendant
    les répétitions et de respecter toutes les normes imposées pour que tout le
    monde se sente en sécurité. »








    Hermann, le protagoniste
    du spectacle, est un garçon de 8 ans qui se heurte à toutes les difficultés d’un
    enfant de son âge : l’école est trop difficile, le temps ne lui suffit
    plus pour jouer, il est souvent réprimandé par ses parents et ses profs car
    tout le monde veut le changer, alors que lui, il ne veut que rester le même
    enfant rêveur et drôle. L’imagination est donc un des super-pouvoirs d’Hermann,
    si bien qu’un banal chemin vers l’école devient toute une aventure, où le
    garçon arrive à sauver ses parents, ses professeurs et même la ville tout
    entière.






    Eliza Pauna, qui signe la
    mise en scène du spectacle et qui y joue aussi, ajoute : « Cela fait
    longtemps que j’ai eu l’idée de ce spectacle. Hermann est un enfant qui joue en
    route vers l’école en s’imaginant toute sorte de choses : qu’il est quelqu’un
    d’autre, que les maisons lui parlent. C’est un garçon qui déborde d’imagination.
    C’était amusant de travailler sur ce spectacle avec Daniel Chirila. Mais vu qu’il
    ne dure que 55 minutes, il a fallu renoncer à certaines choses prévues
    initialement. Par ailleurs, nous avons voulu absolument intégrer les dessins de
    Dan Perjovski dans notre production, même si notre public cible est très jeune
    et ne le connaît pas. Les enfants ne savent pas encore qu’il est un des
    artistes et dessinateurs roumains les plus importants. Mais c’est ainsi que le
    spectacle lance plus d’interrogations. Après le spectacle, les enfants sont
    invités à exprimer leurs opinions sur un mur. Et nous n’avons pas été surpris du
    tout de voir qu’ils ont écrit des messages concernant leur école, leurs enseignants,
    leur temps libre – soit les mêmes sujets dont on parle dans le spectacle. Je
    suis ravie d’avoir intégré l’équipe du théâtre Gong grâce à ce scénario adapté
    à la ville de Sibiu. Sous peu, je jouerai aussi le rôle du Renard dans le
    spectacle « Le Petit prince », d’après Antoine de Saint-Exupéry, mis
    en scène par Bobi Pricop. »








    En attendant, la petite marionnette Hermann continue à exprimer
    sur scène les angoisses des petits qui ne veulent pas encore grandir mais qui
    doivent quand même s’adapter à la vie réelle. Une invitation pour les enfants à
    exprimer leurs besoins et pour les adultes à réfléchir davantage sur l’essentiel
    de l’enfance. (trad. Valentina Beleavski)

  • Production de la radio roumaine en finale en Asie

    Production de la radio roumaine en finale en Asie

    « Je
    dois dire que ça a été une surprise, une très belle surprise pour
    toute notre équipe. C’est une pièce courte, parmi plusieurs autres
    plus amples, sur un thème assez féministe… Cette confirmation
    nous a beaucoup réjoui »
    déclarait
    la metteuse en scène Ilinca Stihi, de la rédaction du « Théâtre
    national radiophonique » de Radio Roumanie, après avoir appris
    cette nouvelle la semaine dernière.

    Qu’est-ce-que la Maison du
    Peuple signifie pour la société roumaine actuelle ? Eh bien, sachez
    que les Roumains la détestent et l’admirent à la fois. La
    construction de ce bâtiment monumental, qui accueille le Parlement
    roumain, ainsi que plusieurs autres institutions de l’Etat, a
    commencé à la fin du régime communiste roumain et il a été
    achevé après la Révolution de 1989. Il est actuellement l’immeuble
    administratif le plus étendu au monde après le Pentagone, et pour
    l’ériger il a fallu raser plusieurs quartiers historiques et déloger
    une bonne partie de la population de la capitale roumaine qui y
    habitait. Nombre de ces gens ne se sont jamais refaits après le choc
    de voir leurs maisons et tout un quartier disparaître. L’édifice
    est encore plus détesté, puisqu’il est associé à présent à la
    politique politicienne et à la corruption. D’autre part, l’actuel
    Palais du Parlement est objet de fierté nationale pour nombre de
    Roumains, pour lesquels il représente la grandeur des temps passés,
    un véritable chef d’œuvre de l’ingénierie roumaine, fabriqué
    à 100% en Roumanie, depuis le béton et jusqu’aux tapis et
    chandeliers.

    Sachez
    que le réseau URAP est composé de 260 membres, diffuseurs de médias
    dans plus de 70 pays sur quatre continents. La liste des finalistes
    est composée de 4 productions et la présence de cet essai sonore
    proposé par Radio Roumanie est une première de plusieurs points de
    vue. Quelles seraient les possibles explications de ce succès
    inattendu ? C’est Ilinca Stihi qui répond.

    « Je
    suis heureuse de compter Ioana Ieronim parmi mes amis, je l’apprécie
    particulièrement tant humainement qu’artistiquement. J’ai déjà
    collaboré avec elle. Cette fois-ci, je peux affirmer que son volume
    sur la Maison du Peuple de Bucarest a figuré parmi mes sources
    d’information et s’est avéré un véritable défi. Nous faisons
    partie de générations différentes, je ne peux pas dire que, pour
    moi, la Maison du Peuple ait été un thème de méditation. En
    lisant le texte, je me suis tout de suite rendu compte que c’était
    un symbole très important de l’histoire récente, sis au beau milieu
    de notre Capitale et dont nous ne nous rendons pas compte souvent
    qu’il existe. Mais il a une influence énergétique sur nos
    tentatives de trouver un itinéraire vers l’avenir. Généralement,
    je ne cherche pas à obtenir des prix et je n’attends pas avec
    impatience le résultat d’un concours, mais certes je suis très
    curieuse de savoir qui sera le gagnant, cette fois-ci. »

    Quelles
    sont les autres pièces figurant sur la liste courte des finalistes ?
    Ce sont « New Year’s Day at Home Door », proposé par la
    radio nationale de Chine, « Tears in Wuhan », par Radio
    Republik Indonésie, et « The Days of Depression » du
    Japan Broadcasting Corporation.

    linca
    Stihi avoue ne pas savoir quels ont été les atouts de sa pièce qui
    ont convaincu le jury de la compétition, mais affirme que ce qui a
    peut-être compté, ce sont le message de ce bref essai sonore de 10
    minutes et sa réflexion sur un type de dictature mégalomaniaque. Ou
    ce fut, peut-être, le tissu entre les voix et la musique,
    spécialement composée pour cette pièce, et le design sonore qui
    ont réussi à dépasser parfaitement les barrières culturelles
    entre nos espaces. Et aussi les voix et le talent des trois
    comédiennes -
    Coca Bloos, Ana Ciontea, Sandra Ducuță – qui ont livré le
    message parfois subliminal de sa propre génération. Une équipe
    majoritairement féminine, incarnant, peut-être, les différentes
    voix de l’auteure, détachées et adaptées d’un autre volume
    d’Ioana Ieronim, intitulé « Chiffres en délire, collage et
    vers ».

    Figurer
    parmi les quatre finalistes des Prix de l’Union de radiotélévision
    Asie Pacifique (URAP) 2020 est une performance en soi pour le théâtre
    radiophonique de Roumanie, dont le palmarès ne fait que s’enrichir
    d’une année à l’autre, surtout dans l’espace européen et
    américain. A tout cela vient d’ajouter le festival Grand Prix Nova,
    de Radio Roumanie même, qui s’est déroulé en ligne en 2020. Cette
    nouvelle tombe à pic, selon Ilinca Stihi : « Surtout
    en ce moment, lorsque de nombreux festivals ont été annulés, cette
    nouvelle est une motivation supplémentaire dont on avait besoin. La
    culture est dominée à présent par une sorte de mélancolie, pour
    ainsi dire. Tout moment festif, qui se déroule désormais à
    distance, est vécu avec beaucoup plus d’intensité qu’auparavant. »


    Pour
    finir, sachez que l’URAP est une association professionnelle fondée
    en 1964, qui donc fêtait, l’année dernière, 55 ans d’existence
    durant lesquels elle a soutenu le développement des activités
    média, a représenté les intérêts communs et stimulé la
    coopération des diffuseurs de radio et de télévision, par la
    promotion de leurs productions. Les Prix de l’URAP récompensent
    notamment la manière dont les médias reflètent et posent des
    questions sur des sujets du monde contemporain. (trad. Alex Diaconescu)

  • 27.12.2019 (mise à jour)

    27.12.2019 (mise à jour)

    Nouvel An – Des troupes connues des années 1980-’90
    et 2000 assureront le spectacle ‘Revelion 2020. Disco Night Fever’, qui aura
    lieu dans la nuit de la Saint Sylvestre, au centre-ville de Bucarest. Onze
    troupes et des artistes de Roumanie, République de Moldova, Allemagne et
    Etats-Unis chanteront live pendant six heures de spectacle en plein air. Parmi
    les invités – O-Zone, réunie spécialement pour cette occasion, le duo Milli
    Vanilli, la troupe Haddaway et Turbo B., le soliste de la troupe Snap!. La fête
    du Réveillon du Nouvel An sera clôturée par un feu d’artifices spectaculaire.

    Tourisme
    – Plus de deux millions d’étrangers ont visité la Roumanie au cours des 9
    premiers mois de cette année, y dépensant près de 5,5 milliards de lei (quelque
    1,15 milliard d’euros), informe l’Institut national de la statistique. Près de
    la moitié sont venus pour leur travail, pour participer à des congrès,
    conférences, stages, foires et expositions. La moitié de l’argent dépensé a
    couvert les frais d’hébergement. Environ 18% des dépenses ont couvert la
    restauration, et un peu plus de 30% les coûts des cadeaux et des souvenirs. 80%
    des étrangers sont venus en Roumanie en avion, 11% en voiture personnelle et 7% en car.


    Accidents
    – Le ministère roumain de l’intérieur appelle à nouveau les conducteurs de
    véhicules à circuler de manière responsable, à respecter le Code de la route, à
    ne pas se presser, à ne pas utiliser le téléphone portable en conduisant et à
    faire très attention aux conditions météo. Ces derniers jours, 27 personnes ont
    perdu la vie et plusieurs dizaines ont été blessées dans de graves accidents de
    la route.






















    Fête – Les
    chrétiens orthodoxes, majoritaires, et grecs-catholiques de Roumanie ont fêté, vendredi, la Saint Ştefan (Etienne), jour dédié au premier martyr chrétien, mentionné dans le
    Les Actes des Apôtres, cinquième livre du Nouveau Testament. Plus de 400.000 Roumains qui
    portent le nom de Ştefan ou de Ştefania, ont fêté leur saint patron.

    Décoration
    – Le président, Klaus Iohannis, a signé ce vendredi le décret conférant post-mortem
    l’Ordre national ‘Pour le Mérite’ en grade de chevalier au journaliste Mihai
    Creangă. Un communiqué de presse de l’Administration présidentielle de Bucarest
    fait savoir que cette décision était « un signe de reconnaissance et d’appréciation
    de la contribution essentielle (du journaliste) à la défense de la liberté de
    la presse et à la mise en avant des principes de la démocratie, ainsi que de
    son inébranlable opposition aux abus du régime communiste ». Le
    journaliste Mihai Creangă, qui est décédé le jour de Noël, à l’âge de 77 ans, a
    fait partie d’un groupe de quatre journalistes de la rédaction du quotidien « România
    Liberă », qui a essayé de publier un journal anti-communiste, une année
    avant la chute du dictateur Nicolae Ceauşescu. Ils ont été dénoncés aux
    autorités de l’époque, arrêtés et torturés pendant l’enquête ; trois d’entre
    eux, dont Mihai Creangă, ont été déporté en province, tandis que le chef du groupe,
    Petre Mihai Băcanu, a été jeté en prison. Ils ont tous retrouvé la liberté le 22
    décembre 1989, suite à la victoire de la Révolution anticommuniste.

    Handball
    – La sélection de handball masculin de Roumanie affrontera samedi à Bucarest la
    sélection des Pays-Bas, dans les demi-finales du traditionnel Trophée Carpaţi. Dans
    la seconde demi-finale, joueront la Macédoine du Nord et l’Algérie. La finale
    aura lieu dimanche. La participation au Trophée Carpaţi fait partie des
    préparatifs pour la première phase des qualifications au Championnat du monde
    de 2021, en Egypte. Au tournoi préliminaire, organisé le mois prochain en
    Italie, les Roumains rencontreront l’équipe du pays hôte, et celles de la
    Géorgie et du Kosovo. Le coach des tricolores, Rareș Fortuneanu, qui
    est aussi l’entraîneur de Saint Raphaël, équipe de la première ligue française,
    s’est dit confiant de la capacité de la sélection roumaine d’obtenir la
    qualification au tournoi final de 2021, le premier à rassembler 32 équipes nationales.

    Météo – Un
    avertissement météo et une alerte jaune aux vents forts et aux chutes de neige
    sont en vigueur en Roumanie. Samedi à la mi-journée, les températures se
    situeront entre 2° et 5°.

  • Les prix du Centre national de la danse de Bucarest

    Les prix du Centre national de la danse de Bucarest

    Arrivées à leur cinquième édition, ces distinctions ont reconnu, dès leur création, le travail des danseurs, chorégraphes et professionnels impliqués dans le monde de la danse contemporaine en Roumanie. Elena Diaconu a assisté à la cérémonie.

  • L’histoire en tant que spectacle

    L’histoire en tant que spectacle

    « Nous souhaitons que les enfants d’aujourd’hui jouent aussi à Michel le Brave et à Vlad l’Empaleur, et pas seulement à Superman et Batman. » C’est là le crédo des organisateurs du Festival d’histoire aux portes de Bucarest, qui a eu lieu durant le premier week-end du mois de novembre. Le Festival proposait aux visiteurs des ateliers médiévaux d’équitation, de tir à l’arc, de sabre, ainsi que de cuisine traditionnelle et de métiers artisanaux : poterie, ferronnerie, fabrication de chaussures traditionnelles, le tout dans l’ambiance offerte par le Palais de Mogoşoaia, situé à une quinzaine de km de Bucarest.

    Cet endroit n’a pas été choisi au hasard : le palais de Mogoşoaia a été fondé par Constantin Brancovan, prince régnant de Valachie, qui a posé lui-même la pierre angulaire de ce bel édifice en 1698. Le palais allait être achevé le 20 septembre 1702. Nous avons plongé, nous aussi, dans les siècles passés, pour découvrir la vie médiévale recréée au Palais.

    Habillé d’un manteau médiéval en fourrure et portant un bonnet toujours en fourrure, comme un vrai boyard des temps jadis, un des animateurs de l’événement, Răzvan Popescu, nous aide à nous repérer dans l’espace et le temps : « Nous nous trouvons au Palais de Mogoşoaia, du Moyen-Âge, à une époque aussi reculée que nous le souhaitons ou que nous pouvons l’imaginer. Dans peu de temps nous assisterons à une fausse exécution – un empalement comme ceux qui ont valu à Vlad l’Empaleur son surnom. Pour la première fois dans l’histoire, un homme empalé survivra à ce supplice. Et ce miracle se passera ici, sous nos yeux, à Mogoşoaia.»

    Les visiteurs ont pu assister plusieurs fois à la relève de la garde au château. Les gardiens de la forteresse de Neamț ont quitté le Pays des bisons du nord de la Moldavie pour participer à ce Festival historique déroulé aux portes de Bucarest. Les jeunes gardiens ont été invités afin de recréer par leur tenue, leurs armes, certaines techniques de combat ou traditions, l’ambiance de la vie au Moyen-Âge. Les enfants ont pu s’initier au tir à l’arc ou à l’art de l’héraldique de cette époque. Le tout assaisonné de musique et de bonne humeur.

    Quel a été le programme de la dernière soirée ? Răzvan Popescu : « Nous avons eu pour invités des artistes du Bélarus, qui ont joué de la musique médiévale. Ce sont des artistes renommés. Il y a pas mal de choses intéressantes à voir, depuis le numéro de cirque présenté par la Troupe Marinof du Cirque Métropolitain de Bucarest, jusqu’à à la reconstitution historique présentée par les Loups blancs. (« Dracula » est aussi présent, bien sûr.) A l’affiche figurent enfin les joueurs de cornemuse de Transylvanie. »

    « Dracula – le Retour » a été le titre de la reconstitution historique présentée par l’Association culturelle « Les Loups blancs », dont le but est de sauvegarder et promouvoir nos valeurs et notre histoire, en évoquant ses moments les plus importants pour notre identité nationale. Acteurs et cascadeurs professionnels se sont donné pour tâche de faire revivre l’histoire en tant que spectacle.

    Bogdan Jianu, acteur et cascadeur, un des initiateurs du projet : « Les Loups blancs, c’est l’histoire devenue spectacle. C’est venu de soi. Dieu nous a pris par la main et nous a placés sur ce chemin ; notre mission est d’évoquer des moments de l’histoire. Cela nous oblige, bien sûr, à bien nous documenter pour chaque nouveau scénario. Des professeurs d’histoire et des experts du Musée militaire nous ont rejoints. Ils nous aident et veillent à ce que les scénarios soient corrects du point de vue historique. Après, nous renforçons, bien sûr, leur caractère dramatique, nous leur donnons plus d’ampleur, nous les enrichissons d’autres éléments, les agrémentant de toute sorte d’histoires pour en faire un spectacle. Et les spectateurs reçoivent très facilement leur leçon d’histoire, parce qu’il y a là du divertissement, il y a de l’adrénaline, toutes les cascades se passent à quelques mètres devant eux, ils voient des explosions, ils voient des gens en flammes, des chevaux qui tombent… C’est vraiment spectaculaire. »

    « Les Loups blancs » réalisent de tels spectacles depuis 2013, évoquant des personnalités de notre histoire que l’on ne doit pas oublier et proposant ainsi aux enfants un apprentissage interactif. Car partout où l’association prévoit de telles reconstitutions, les Loups blancs trouvent des enfants et des bénévoles pour participer activement à leurs spectacles. Les artisans ne se sont pas absentés de ce Festival. Y ont été présents des forgerons, des Roms chaudronniers-étameurs et des femmes rom habillées de leurs costumes authentiques, des sculpteurs en bois, des femmes qui travaillent des blouses roumaines en lin ou des tuniques en feutre.

    Ion Rodoş, du comté d’Argeş, sculpte le bois. Qu’a-t-il apporté à Mogoşoaia ? « Des cuillères en bois sculpté, ornées de motifs traditionnels anciens ou inspirés de l’histoire, des contes de fée, de la faune et de la flore. J’ai également apporté des sculptures décoratives : la Colonne sans fin, la Bénédiction de la maison, que l’on plaçait jadis en haut du toit, et le Coq de bruyère de Nucşoara, qui est une de mes créations et l’emblème de notre village. Puis, il y a aussi des pendentifs sculptés en bois de prunier ou de noyer, le loup dacique que l’on peut porter sur la poitrine, des edelweiss sculptés au couteau dans un rameau de sapin. J’ai aussi apporté de toupies, semblables à celles avec lesquelles je jouais quand j’étais petit. Et j’ai même bricolé quelques flûtes champêtres. »

    Le Palais a également accueilli ses visiteurs avec des plats traditionnels et des boissons préparés maison par les habitants des parages venus de bon cœur à une telle fête. (Trad. : Dominique)

  • Qui suis-je?

    Qui suis-je?

    A l’affiche de la VIème édition
    du festival de théâtre FESTin à Bucarest qui s’est déroulé du 12 au 21 octobre,
    le spectacle Qui suis-je? du metteur en scène, Yann Dacosta d’après un texte
    de Thomas Gormet a cartonné auprès du jeune public de la capitale roumaine. Avec
    seulement trois comédiens sur scène –
    Manon Thorel, Théo Costa-Marini et Côme Thieulin et des dessins de
    Hugues Barthes pour compléter un décor minimaliste, le spectacle s’adresse
    notamment aux adolescents qui, tout comme Vincent, le personnage principal, se
    retrouvent en quête de leur propre identité. Ce n’est pas forcément un texte
    qui donne des réponses, mais plutôt un qui soulève des questions et pose des
    problèmes. Les répliques tournent autour de sujets parfois tabous tels que
    l’homosexualité, le harcèlement dans les écoles, la sexualité, la solitude ou
    encore la déprime. Produit par la compagnie Le chat
    foin de Rouen, le spectacle Qui suis-je a figuré dans la programmation Play
    Off du Festival d’Avignon, en 2018.

    A la veille de leur représentation sur Bucarest, le metteur en scène Yann Dacosta et le protagoniste, Côme Thieulin, sont passés dans le studio de RRI pour répondre aux questions de Ioana Stancescu:

  • La symphonie de l’eau

    La symphonie de l’eau

    Valses, polkas, danses traditionnelles roumaines et un spectacle aquatique fascinant ont inauguré les 17 fontaines récemment modernisées. La municipalité de Bucarest et la compagnie de distribution de l’eau Apa Nova marquaient ainsi, ensemble, un nouveau site sur la carte touristique de la capitale roumaine, car ces fontaines sont les seules d’Europe à disposer d’équipements de dernière génération. Les visiteurs sont invités à un voyage dans le monde de l’eau et de la lumière. Comment cette idée est-elle née ?



    Mihai Savin, adjoint au directeur général de la compagnie Apa Nova et responsable du projet, explique : « L’idée de départ a été très simple. Dans la plupart des métropoles, les fontaines évoquent le passé et le présent de la ville, elles racontent son histoire. Construites pour émerveiller, elles étalent la richesse culturelle du lieu et la créativité des artistes qui les ont conçues. C’est ce que nous avons voulu faire, nous aussi, mais en offrant aux visiteurs une expérience multisensorielle, grâce à une triple dimension visuelle, auditive et spatiale. Nous avons souhaité rendre la ville plus attrayante, lui donner plus de vitalité et de couleur, la rajeunir et l’embellir. »



    Les caractéristiques des fontaines modernisées sont le résultat de l’expérience et de l’expertise des équipes et des compagnies impliquées dans ce projet. Une compagnie allemande spécialisée dans les spectacles aquatiques a mis en place des équipements et utilisé des technologies de dernière génération, uniques en Europe. Les architectes du projet ont conçu le nouveau design des fontaines, l’adaptant au thème de la Grande Union de 1918, dont nous fêtons cette année le Centenaire. Ils y ont ajouté des éléments puisés aux danses traditionnelles roumaines, à l’alphabet cyrillique et à la céramique de Cucuteni. Les Ateliers Nomad ont développé un concept complexe qui associe une chorégraphie inédite aux différentes techniques d’animation connues en Europe.



    Les personnes présentes au spectacle d’inauguration — « La Symphonie de l’Eau » — ont pu en voir le premier résultat : jets d’eau de différentes couleurs montant jusqu’à 30 mètres, voûtes d’eau de toutes les couleurs, rubans d’eau dansant au rythme de la musique. Une musique tout aussi diverse que l’alternance chromatique des jets d’eau, avec leurs nuances de rose, de vert, de rouge, d’orange, de bleu et de violet. Sur les écrans d’eau placés devant la fontaine centrale était projeté un couple de danseurs, ensuite la carte de la Roumanie, les portraits du roi Ferdinand et de la reine Marie.



    Quels indices ce spectacle nous fournit-il sur Bucarest ? Mihai Savin: « Il nous dit que c’est une ville des contrastes, une ville moderne, mais qui possède une riche histoire. Et par cette diversité des musiques, nous avons voulu suggérer sa diversité culturelle. Les gens aiment la musique symphonique, ils aiment la musique moderne et aussi la musique roumaine… Alors nous les avons toutes insérées dans le spectacle auquel vous avez assisté. »



    Nous y avons, en effet, assisté, aux côtés de plusieurs milliers de personnes qui ont savouré cette expérience et n’ont pas hésité à exprimer leur enthousiasme et partager leurs impressions. Paula Lazăr, une retraitée présente Place Unirii, nous a dit : « Ça m’a beaucoup plu. C’est pour la première fois que j’assiste à un tel spectacle et je suis impressionnée. »



    Ioana, 58 ans, était enchantée : « C’était si beau! Ça a dû coûter cher, mais ça vaut la peine. »



    Les époux Ionescu exprimaient, eux aussi, leur enthousiasme, contents d’être venus ensemble voir le spectacle : « Très, très beau ! » « Splendide ! » « La musique, les lumières, tout, tout, tout ! C’était extraordinaire ! »



    Côté technique, nous avons appris que le projet a supposé une modernisation des fontaines, qui comportent de nombreux éléments classiques. Tous les équipements ont été installés dans les bassins et les structures existantes. L’élément sculptural central de chaque fontaine a été préservé et intégré au nouveau design. A présent, la grande fontaine située au centre de la Place est équipée de quatre « écrans d’eau » orientés vers les quatre points cardinaux, censés créer une plateforme multimédia grandiose pour des projections vidéo et laser. La disposition des écrans d’eau crée un effet tridimensionnel unique en Europe. Entièrement numérisé, ce système permet de contrôler chacune des 44 fontaines placées entre la Place Alba Iulia et la Place Constituţiei.



    « Nous nous proposons de présenter des spectacles aquatiques d’une trentaine de minutes chaque week-end, du vendredi au dimanche, entre 21 h et 23 h » — a promis le responsable du projet, Mihai Savin. Aussi longtemps que les conditions météo demeurent favorables, nous pourrons donc aller contempler l’eau qui dévoile sa beauté au cœur de la capitale roumaine.


    (Trad. : Dominique)

  • « Stage dogs » : Marcel Iureş şi Florin Piersic Jr. dans   un spectacle-rencontre

    « Stage dogs » : Marcel Iureş şi Florin Piersic Jr. dans un spectacle-rencontre

    « Être acteur : voilà une occupation magnifique. Terrible. Superbe. Ridicule. Formidable. Horrible. Exaltante. Pénible. C’est un peu ça, « Strage Dogs » et il y a des chances que le courant soit plus impétueux que jamais. » C’est ainsi que Florin Piersic Jr. présente le spectacle dont il est l’auteur et le metteur en scène, et qui marque la première rencontre sur scène de deux acteurs très connus, talentueux et charismatiques : Marcel Iureş şi Florin Piersic Jr. « Stage dogs » (« Chiens de scène ») est une production du Théâtre Act. Créé il y a une vingtaine d’années, Act est le premier théâtre indépendant de la Roumanie post communiste à disposer de sa propre salle de spectacles.

    Inspiré de la pièce « Une vie au théâtre » de David Mamet, « Stage dogs » est une porte qui s’ouvre sur les coulisses du spectacle de théâtre : « Réjouissez les gens. Faites-les pleurer, faites-les rire, emmenez-les loin, faites-les oublier, mais ne leur mentez jamais ! » Ces mots, écrits par Piersic Jr., sont prononcés par Marcel Iureş vers la fin du spectacle et leur impact sur le public est si puissant, qu’il est difficile de les oublier. Nous avons demandé à Marcel Iureş si c’était facile ou difficile pour un acteur de ne pas mentir au public. « Ça, personne ne le sait. Il y en a beaucoup qui font semblant. Même là, ils font semblant, dans leur désir de tirer les choses au clair, de tirer une conclusion. Sauf que c’est un métier sans conclusions. Ce qui fascine, dans ce spectacle, tel qu’il a été écrit par Florin et que nous le jouons, c’est le fait qu’il jette une lumière dans ce fossé obscur. D’un côté du fossé se trouve le besoin de l’être humain de créer des légendes, d’inventer – on est artiste, quoi ! Il y a beaucoup de mystères, plus ou moins justifiés, et on a sa propre notoriété, sa propre célébrité. Comme Florin le dit à un moment donné : nous montons sur scène comme de pauvres schizophrènes, tous tremblants ; nos plombs sautent sur scène et notre ADN est grillé… Nous avons l’impression d’être quelqu’un en nous faisant passer pour quelqu’un d’autre. Nous tremblons de tous nos membres et nous subissons de petits infarctus, mais nous les subissons tous les soirs. En fait, nous avons la frousse. »

    Le texte de « Stage dogs » (« Chiens de scène ») est conçu comme une histoire qui retrace l’évolution des rapports entre l’acteur « monstre sacré » et le jeune acteur. De quels besoins, de quels désirs, de quelle quête intérieure est née cette tentative de dévoiler le spectacle de la vie dans les coulisses d’un spectacle de théâtre ? Florin Piersic Jr. : « Ce sont des choses qui viennent apaiser un peu cette zone du théâtre où des gens montent sur un piédestal et vous regardent, fiers, de là-haut. Nous devons nous le rappeler. Car la magie du théâtre fonctionne, en effet, ça dépend de ce que l’on met en lumière… ça dépend de beaucoup de choses, en fait. Pourtant, les acteurs sont des êtres très fragiles et très malheureux, qui ont un bagage normal de problèmes réels et un bagage immense de problèmes imaginaires – ceux de leurs personnages. Or, ces bagages, ils ne cessent de les porter et c’est ce qui les rend spéciaux. Pourtant, je pense que certaines répliques de ce spectacle sont nécessaires, on doit les faire entendre, pour équilibrer la balance. Un enthousiasme exacerbé n’est pas sain. Et je parle de l’enthousiasme des spectateurs vis-à-vis des acteurs. En effet, l’acteur a un charisme. On a l’impression qu’ils sont des surhommes. Pourtant, ils sont, eux aussi, des êtres humains et c’est ce que le spectacle veut montrer. »

    Nous nous sommes entretenus avec Marcel Iureş et Florin Piersic Jr. après le spectacle présenté au Festival international de théâtre nouveau d’Arad (ville sise dans l’est de la Roumanie). Joué pour la 20e fois depuis sa première au mois de mars, « Stage dogs » y a fait salle comble, ce qui arrive à chaque fois. Les gens viennent-ils seulement pour voir les deux acteurs ou le texte touche-t-il aussi leur cœur ? Florin Piersic Jr : « Je me suis demandé, à un moment donné : qui une telle pièce allait-elle intéresser ? Nos collègues, les gens de théâtre, seront-ils les seuls intéressés ? Ou bien les critiques de théâtre, les théâtrologues ? Et je commence à découvrir avec stupeur que ce monde caché, ce monde des coulisses et des loges peut intéresser aussi longtemps que les gens s’identifient avec les comédiens. Ils reconnaissent en eux leurs propres émotions, leurs propres sentiments. Et ils disent : oui, cela est possible. Et puis, l’auto-ironie est une arme très efficace dans un spectacle. »

    Puisque « Stage dogs » nous ouvre la porte des loges d’acteur, entrons aussi, pour quelques instants, dans les coulisses des répétitions, pour apprendre comment Florin Piersic Jr et Marcel Iureş ont préparé ce spectacle. Ils nous le racontent, eux-mêmes. Florin Piersic Jr de dire : « Ce qui a été vraiment incroyable, pendant les répétitions, c’était ce rire qui guérit, qui nous a toujours accompagné, les histoires que nous nous sommes racontées, des choses liées à ce que nous étions en train de jouer, des choses qui nous rappelaient combien, en fait, les acteurs sont des êtres humains, combien ils sont de ce monde. Nous nous sommes raconté tellement de choses et nous étions tellement heureux ! Et cela se reflète dans le spectacle, ça aide, car le spectacle est, en grande mesure, une comédie. Tout comme la vie. Je ne crois plus au drame qui ne contient pas une petite touche comique. Tout comme la vie. »

    Et Marcel Iureş d’ajouter : « Ce spectacle a été une expérience de vie, une rencontre ; on n’est pas passé l’un à côté de l’autre. Car on peut mimer ou détruire une relation pour garder sa gloire, la légende. C’est stupide. L’idée de nous engager dans cette guerre des célébrités, des noms et des renommées est terrible. Je n’y crois pas. Je crois, au contraire, à une fusion, car, finalement, on se fond l’un dans l’autre, l’un devant l’autre. Ce sont là de grands mots, mais c’est dans cette direction qu’il faut orienter ses efforts. C’est l’effort fondamental des acteurs qui se rencontrent. C’est ça, la collaboration. On peut se tendre la main, comprendre l’autre. Plus de honte, plus de fausse pudeur. Au théâtre, quand on travaille, on se dénude, pour ainsi dire. Enfin, celui qui peut... » (Trad. : Dominique)

  • Le Festival international de théâtre de Sibiu

    Le Festival international de théâtre de Sibiu

    Le rideau est tombé sur la 25ème édition du Festival international de théâtre de Sibiu. Dix jours durant, quelque 3300 artistes de 73 pays ont offert au public plus de 500 spectacles. Parmi eux- des têtes d’affiche des plus grands théâtres de Roumanie, des productions internationales importantes, des spectacles en plein air joués dans les rues de l’ancienne ville ou encore à l’intérieur des cités et des églises fortifiées saxonnes de la région. La crème des pièces de théâtre des quatre coins du monde- d’Italie jusqu’au Japon ou de Russie jusqu’au Royaume Uni, s’est donnée rendez-vous à Sibiu, au cœur de la Transylvanie.

    Des expositions, des ateliers culturels et même un salon du livre ont été organisés en marge de ce régal culturel mis en place par le comédien Constantin Chiriac:« Nous voilà à la fin de la 25ème édition du Festival international de théâtre de Sibiu. Cela fait 25 ans qu’on se laisse emportés par la passion, pour faire grandir un festival complètement insignifiant il y a un quart de siècle et devenu depuis l’un des plus importants du monde. Pensez un peu au nombre de troupes et de personnalités venues à Sibiu pour le plus grand bonheur du public. Je voudrais vous remercier du fonds du cœur de votre présence et je vous donne rendez-vous l’année prochaine! »

    C’est d’ailleurs grâce au Festival international de théâtre que la ville de Sibiu s’est vu accorder en 2007, année de l’adhésion européenne de la Roumanie, le statut de Capitale culturelle européenne. Et puis, c’est toujours grâce à ce festival et à la Bourse de spectacles mise en place pour l’occasion, que le Théâtre National « Radu Stanca » de Sibiu s’est vu inviter aux plus grands festivals de théâtre du monde: à Edinbourg, Avignon, Naples, Bruxelles, Séoul, Tokyo, Porto ou encore Francfort.

    Le Festival International de Théâtre de Sibiu figure parmi les objectifs stratégiques du Ministère roumain de la Culture, principal financier de l’événement aux côtés de la municipalité locale et avec le soutien de la CE, des centres culturels, des ambassades étrangères de Roumanie, de différents réseaux internationaux et des sponsors privés qui ont contribué à leur tour au budget de 13 millions d’euros versé des fonds publics.

    Cette année, pour la première fois depuis son existence, l’événement s’est déroulé sous le patronat honorifique du président de la République, Klaus Iohannis et sous celui du prince Charles, héritier de la couronne britannique et grand amoureux de la Transylvanie. « La Grande Bretagne est fière de tout ce que vous avez réussi à faire et se félicite de sa modeste contribution à l’aventure impressionnante que vous avez réussi à mettre en place », a affirmé le prince Charles dans un message présenté à Bucarest par l’ambassadeur britannique en Roumanie, Paul Brummell. (Trad : Ioana Stăncescu)

  • Involution – Révolution – Evolution dans la dramaturgie roumaine et dans le théâtre européen

    Involution – Révolution – Evolution dans la dramaturgie roumaine et dans le théâtre européen

    « Involution – Révolution – Evolution » a été le thème proposé cette année par le sélectionneur Oana Borş. Placé, cette fois-ci, sous le signe du changement, le festival a été consacré à la manière dont la société et implicitement le théâtre façonnent la réalité et construisent l’avenir. Le critique et sélectionneur Oana Borş a vu, ces derniers temps, de nombreux spectacles sur des textes roumains et elle parle d’une évolution positive de la dramaturgie autochtone : « La dramaturgie roumaine progresse – à petits pas, il est vrai – mais si l’on est attentif à ce qui se passe dans le monde du théâtre, on peut s’en rendre compte. Il est possible de constater, tout d’abord, une plus grande diversité thématique, les dramaturges ne sont plus focalisés sur cette approche socio-documentaire qui a dominé, pendant quelques années, le théâtre contemporain. Ils abordent des thèmes divers, touchant l’introspection, les relations interhumaines, les relations sociales. La qualité des textes est meilleure, nos dramaturges sont arrivés à leur maturité artistique – je pense notamment à Csaba Székely, Mihaela Michailov et Radu Apostol, qui travaillent ensemble depuis longtemps… Alex Popa est aussi un nom qui se fait connaître de plus en plus. »

    Acceptation et préjugés, identité et cohabitation et surtout amour… Voilà les thèmes qu’aborde le spectacle « Histoire transylvaine », d’après un texte de George Ştefan, mis en scène par Andi Gherghe, une production du centre Multimedia Studio Act de la ville d’Oradea. Le spectacle raconte l’histoire – bien réelle – d’une famille mixte roumano-hongroise de Târgu-Mureş, suivie pendant plusieurs générations. Il y est question de la coexistence des Roumains et des Magyars ainsi que des affrontements violents qui ont eu lieu à Târgu Mureş du 19 au 21 mars 1990. Les acteurs sont des ethniques roumains et hongrois, le spectacle étant joué dans les deux langues. Richard Balint joue le rôle de Ştefan Remeş, membre roumain de la Securitate chargé du dossier du Magyar Szabados Istvan, qu’il envoie en prison. Celui-ci est interprété par Kocsis Gyula. Ce qui est intéressant, c’est que les deux acteurs ont réellement vécu des expériences similaires à celles racontées dans ce spectacle. Nous les écoutons, tous les deux. Passons, pour commencer, le micro à Richard Balint : « Je suis, moi aussi, d’une certaine façon, un produit roumano-magyar. Mon père était Hongrois et ma mère – Roumaine et j’ai vécu des situations similaires. Là où j’ai grandi, j’ai été battu au moins deux fois parce que j’étais Hongrois. Ça arrivait, on n’y pouvait rien. Et en mars 1990, j’ai vécu certaines expériences – pas nécessairement violentes. L’attitude des gens envers nous a changé brusquement. Des gens que l’on pouvait considérer comme des amis, qui habitaient dans le même immeuble que nous, ont commencé effectivement à nous craindre. Il y a eu des tensions là-bas, à Cugir. »

    Et Kocsis Gyula? « Mon père a passé 11 mois en prison, à Oradea, pour avoir voulu franchir illégalement la frontière et quitter le pays. Les communistes l’ont emprisonné parce qu’il voulait être libre. »

    Au programme du volet roumain du festival a également figuré le spectacle «Shakespeare pour Ana », production du Centre des arts Coliseum de Chişinău. Il s’agit d’un spectacle de théâtre documentaire sur la vérité et l’amour, créé à partir d’interviews réalisées dans les prisons N°10 – Goian, pour mineurs, N°7 – Rusca, pour femmes et N°6 – Soroca, pour hommes. Le texte et la mise en scène sont signés par Luminiţa Ţâcu, dont l’intérêt pour le théâtre documentaire est déjà connu. L’actrice et metteuse en scène Luminiţa Ţâcu n’en est pas à son premier spectacle créé à partir d’histoires racontées par des détenus : « En 2008, nous avons monté le spectacle « La Maison M », où figurait entre autres le monologue d’une femme qui avait tué son mari. Un certain temps s’était écoulé et j’ai repensé aux femmes auxquelles j’avais parlé dans la prison de Rusca. J’avais travaillé ce spectacle sur la violence domestique, « La Maison M » et je me demandais à quoi ressemblerait une vie sans amour. Comment les femmes de Rusca vivent-elles leur vie ? Je savais qu’elles avaient des enfants à la maison, qu’elles avaient des maris et qu’elles cherchaient l’amour. Et je savais aussi que certaines d’entre elles le cherchaient là-bas, en prison. Alors l’idée m’est venue de faire un spectacle sur l’amour, un spectacle sur cet amour quasiment impossible. Nous avons décidé de visiter trois prisons spéciales. Nous avons parlé à beaucoup de détenus, mais aussi à des employés des pénitenciers. Ce spectacle est troublant pour nous aussi, car il nous replonge à chaque fois dans ce monde isolé, à chaque fois il nous rappelle que ces gens-là, ils aiment, existent. Et à chaque fois nous éprouvons des regrets, des remords parce que nous vivons en liberté et quelque part, loin de nous, derrière les barreaux, se tient quelqu’un que l’on a connu et avec lequel on a parlé d’amour. »

    Le volet européen du Festival de Timișoara a été représenté cette année par des noms retentissants du théâtre du vieux continent. Oana Borş : « Je suis heureuse de constater que le festival jouit de notoriété et qu’il attire de grands noms du théâtre, de grandes compagnies. C’était un honneur pour nous d’accueillir un spectacle du célèbre metteur en scène Milo Rau, réalisé en collaboration avec le théâtre Schaubühne. Dans son docudrame, Milo Rau parle de la migration des dernières années. Il y a distribué deux acteurs syriens, déjà citoyens européens, et deux acteurs du Vieux continent, plus exactement de Grèce et de Roumanie (Maia Morgenstern, en l’occurrence). Luk Perceval et son théâtre Thalia ont présenté le spectacle « Les Raisins de la colère » – une réinterprétation moderne du texte de John Steinbeck, dans laquelle il se penche sur l’exil et l’identité. »
    (Aut. : Luana Pleşea ; Trad. : Dominique)

  • « L’avenir dure longtemps », ce samedi, à Bucarest

    « L’avenir dure longtemps », ce samedi, à Bucarest

    Figure
    centrale de la pensée marxiste dans la France des années 1960-70, Louis
    Althusser est un philosophe controversé. Il a entamé un renouvellement de cette
    pensée, l’associant au structuralisme, il entreprend une relecture systématique
    de Marx, persuadé qu’il fallait revenir à un aspect scientifique
    et déterministe de la théorie marxisteet défaire l’idéologisation de Marx par le
    stalinisme. Louis Althusser a eu des disciples et des admirateurs, mais aussi des
    détracteurs, et a laissé des traces intarissables dans l’histoire de la pensée
    française. A l’occasion du centenaire de sa naissance, Louis Althusser est célébré à Bucarest, par l’Institut
    français de la capitale roumaine et la Délégation générale Wallonie-Bruxelles
    en Roumanie, à travers deux événements : une conférence d’initiation à la
    pensée de Louis Althusser et
    un spectacle de théâtre, d’après l’autobiographie posthume « L’avenir dure
    longtemps » d’Althusser. C’est de ce spectacle qu’il est question
    aujourd’hui, et nous en recevons les responsables. Michel Bernard – adaptation
    et mise en scène et Angelo Bison – comédien.