Tag: theatre

  • Fest(in) sur le Boulevard, chez “Nottara”

    Fest(in) sur le Boulevard, chez “Nottara”

    Ces jours-ci, la comédie théâtrale récupère tous ses droits sur le boulevard Magheru, le plus connu des avenues de Bucarest, mais aussi l’une de la trentaine d’artères urbaines les plus chères au monde. Le Théâtre « Nottara », sis justement au 20, Boulevard Magheru, est l’organisateur du Festival international de théâtre « Fest(in) sur le Boulevard », dont la première édition a commencé le 12 octobre et sera clôturée une semaine plus tard, le 19 octobre.



    Deux sections se disputent l’attention du public : la première, celle de la compétition, porte un titre rimant avec les temps qui courent, « Quelle crise terrible, mon cher! », tandis que la seconde est tout simplement celle du « Boulevard de la comédie ». Marinela Ţepuş, critique de théâtre et directrice de la compagnie Nottara : « Pourquoi avoir pensé à deux sections? Parce que nous avons imaginé un festival de niche, qui nous permette, d’ici quelques années, d’attirer un financement européen. Nous avons donné ce nom au festival, « Le Boulevard de la comédie », parce que nous avons constaté que le public roumain est friand de comédies. Et également, parce que, depuis 1990, la comédie est très présente dans les deux salles du Théâtre Nottara. En fait, ce Boulevard de la comédie, qui est à fréquenter constamment dans notre salle principale, sera inauguré à l’occasion de ce festival. La compagnie Nottara se donne pour tâche de remettre à l’honneur la comédie boulevardière, qui n’est pas un genre mineur, comme on aurait pu le croire. »



    Les spectacles en compétition, venus de France, Autriche, Serbie, Bulgarie et Roumanie, parlent de la crise dans tous ses états: économique, sociale, politique, sexuelle ou identitaire. Le gagnant sera choisi par un jury dont le président est le comédien Emil Boroghină, directeur du très réputé Festival international « Shakespeare », de la ville de Craiova (sud de la Roumanie).



    Le Fest(in) sur le Boulevard a été officiellement inauguré par un événement inédit, appelé « Tartine au théâtre” », proposé par le metteur en scène Mihai Lungeanu : « Cette proposition s’appuie sur l’idée de faire descendre le théâtre dans la rue, non pas comme manifestation mais comme une sorte de captatio benevolentiae. La plupart des gens passent devant le bâtiment, les directions de déplacement étant clairement parallèles. Moi, j’ai essayé de les pousser à se croiser. Pour que le chemin du passant s’arrête, pendant une minute ou deux, entre deux rideaux de scène ; dans cet espace, il a l’occasion d’apercevoir des extraits de spectacles festivaliers et reçoit une tranche de pain et une brochure-programme, dans l’idée de redéfinir le public. Celui-ci n’est pas une masse amorphe mais un rassemblement de spectateurs. Je crois que ce festival a besoin de cette ouverture non-conformiste, afin d’attirer l’attention du passant. »



    Le metteur en scène Mihai Lungeanu coordonne aussi la section spectacles – lecture du festival, où sont lus des textes dramatiques contemporains roumains consacrés, bien évidemment, à la crise. Le Théâtre « Nottara » accueille également, en marge du Festival international de théâtre Fest(in) sur le Boulevard, le colloque « Quelle crise terrible, mon cher! », une réunion des directeurs de festivals de Bucarest et des régions, des lancements de livre de théâtre et l’exposition « Acteurs, acteurs, acteurs! », où les photographes Maria Ştefănescu et Sorin Radu proposent des portraits de comédiens de la compagnie Nottara. (trad. : Ileana Taroi)

  • Bucharest Fringe – Le marathon du théâtre indépendant

    Bucharest Fringe – Le marathon du théâtre indépendant

    La troisième édition du marathon du théâtre indépendant “Bucharest Fringe” s’est déroulée du 27 septembre au 6 octobre 2013, dans différents espaces indépendants de la capitale roumaine: Le théâtre «A propos», «Unthéâtre», le théâtre «LUNDI» de Green Hours, Carol 53, la théâtre «Mignon», le «Théâtre d’art» de Bucarest et Godot Café Théâtre.



    Ce festival vise à promouvoir le mouvement théâtral indépendant — à savoir les organisations et les espaces de spectacle de Bucarest– et se propose d’offrir au public et aux critiques une sélection de spectacles relevant de toutes les zones performatives: théâtre, théâtre-danse, performance.



    Le prix de la mise en scène est revenu au spectacle “Fin. Work in Progress” de Robert Bălan. “A mes 34 ans, j’ai déjà pris l’habitude d’utiliser l’expression “au temps de ma jeunesse”. Je commence même à prodiguer des conseils sans qu’on me le demande, à avaler toujours plus de cachets ou à prendre de vieux remèdes, à me mettre au lit de bonne heure. Bref, je commence à penser que le temps est venu de devenir «responsable», affirme Robert Bălan, metteur en scène, scénariste et comédien. Il précise d’ailleurs que son spectacle est conseillé aux plus de 30 ans. Ce n’est pas la première fois que “Fin. Work in Progress” rencontre le succès. Voici les propos de Robert Bălan : « Ce fut étonnamment bien. Lorsque j’ai monté le spectacle, je croyais qu’il ne passerait qu’une seule fois, le 8 mars, soit le jour de mon anniversaire. J’ai donc saisi l’occasion pour inviter des amis, histoire d’apprendre si mes dons artistiques n’avaient pas tari. Depuis lors, le spectacle ne cesse de jouir d’un très bon accueil. Comme les autres m’ont conseillé de continuer à le jouer, je l’ai fait inscrire au festival Fringe de Sibiu, puis à celui de Iaşi. Le spectacle a également été présenté à Bucarest, au «Lorgean Theatre», dans le théâtre d’appartement de Jean Lorin Sterian. Il passe maintenant au Théâtre «Apropo», dans le cadre de ce festival et très probablement il figurera aussi à l’affiche de l’ Explore Dance Festival. »



    Robert Bălan nous a également parlé du prix qu’il vient de décrocher lors de la troisième édition de «Bucharest Fringe» : « Je ne m’attendais pas à ce que le spectacle rafle le prix de la mise en scène, même si j’ai aussi une spécialisation en ce sens. C’est en fait de l’art performance dont je suis à la fois le scénariste, le metteur en scène et le comédien. Je l’ai joué en m‘aidant des objets de la maison. Voilà pourquoi j’affirme que ce prix de la mise en scène a été une grande surprise pour moi. »




    Le long-métrage «La position de l’enfant», du réalisateur Călin Peter Netzer, a remporté le prix du meilleur film lors du festival international du film francophone de Namur , qui s’est tenu du 27 septembre au 4 octobre. «La position de l’enfant» a également reçu le prix de la meilleure comédienne pour la performance de Luminita Gheorghiu. Ours d’or au Festival de Berlin de cette année, cette production cinématographique est la proposition de la Roumanie pour les Oscars 2014, dans la section «meilleur film étranger». «La position de l’enfant» avec à l’affiche Luminiţa Gheorghiu, Bogdan Dumitrache, Florin Zamfirescu, Ilinca Goia et Nataşa Raab, est le troisième film de Călin Peter Netzer après «Maria» (2003) et «La Médaille d’honneur» (2010), qui ont aussi glané de nombreux prix.

  • A la Une de la presse roumaine du 18.09.2013

    A la Une de la presse roumaine du 18.09.2013

    Aujourd’hui, dans la presse bucarestoise : fonctionnement de la coalition au pouvoir à Bucarest, protestations des utilisateurs de vélos à venir dans la capitale roumaine, privatisation de compagnies à capitale majoritaire d’Etat envisagée par le ministère de l’Economie, « la guerre du vin » entre la Russie et la République de Moldova, musique et théâtre.


  • Trap Door Theatre, Chicago – en tournée en Roumanie

    Trap Door Theatre, Chicago – en tournée en Roumanie

    Un texte dramatique écrit par un Roumain qui vit en France, une compagnie de théâtre américaine et un metteur en scène roumain d’ethnie magyare — c’est de cette rencontre qu’est né à Chicago, aux USA, un spectacle multi-récompensé qui est en tournée en Roumanie cet été



    « Le mot ‘progrès’ dans la bouche de ma mère sonnait terriblement faux », de Matei Vişniec, a été mis en scène par Szabo K. Istvan au Trap Door Theatre de Chicago, la première ayant eu lieu à la fin de l’année 2011. Une création qui a joui d’un grand succès, puisqu’elle s’est vu attribuer le prix Joseph Jefferson du meilleur spectacle et celui de la meilleure musique originale, écrite par le compositeur roumain Ovidiu Iloc.



    « Le mot ‘progrès’ dans la bouche de ma mère sonnait terriblement faux » raconte l’histoire d’un couple de réfugiés des Balkans qui, une fois rentrés chez eux, se mettent à chercher leur fils mort, tué dans les années des épurations ethniques, pour l’enterrer proprement. Un texte primé en Europe, un texte que les acteurs ressentent comme un défi.



    La comédienne Nicole Wiesner, directrice adjointe de Trap Door Theatre : « Nous, ceux qui avons grandi aux USA, nous sommes très loin de ce genre de sujets, et je pense notamment aux jeunes. La guerre n’a jamais atteint notre vie ; il nous est donc très difficile de comprendre ce que les personnages sont amenés à vivre. Nous avons beaucoup parlé de la guerre, de comment on grandit en temps de guerre. A Chicago, nous avons des amis bosniaques, serbes, qui nous ont raconté leurs expériences de vie. »



    « Le mot ‘progrès’ dans la bouche de ma mère sonnait terriblement faux » est aussi une histoire qui semble capable de traverser les frontières culturelles. Nicole Wiesner : « C’était un de nos spectacles les plus appréciés par le public. Les spectateurs ont été merveilleux, les critiques l’ont beaucoup aimé eux aussi… Nous l’avons joué longtemps, nous avons été nommés et nous avons même gagné quelques-uns des prix dramatiques les plus importants de Chicago… Et je crois que cette réponse tellement forte du public nous a quelque peu surpris. Mais je pense également que c’est un hommage rendu à Istvan, dont la mise en scène a surpris les spectateurs américains, peu habitués à un tel style. »



    En fait, par quoi la façon de travailler du metteur en scène Szabo K. Istvan a-t-elle surpris les comédiens américains ? La réponse de Nicole Wiesner : «Ce que j’aime moi dans ce spectacle c’est l’histoire racontée visuellement, qui va au-delà de la langue dans laquelle on joue et que l’on peut ne pas comprendre, au-delà du sous-titrage. Je crois que même si on était sourd on pourrait voir le spectacle et se sentir ému par l’histoire de la mère, comprendre qui sont ces personnages. C’est ce que j’ai aimé chez ce metteur en scène, ça et le fait qu’il savait ce qu’il voulait. Nous travaillons avec de nombreux metteurs en scène américains qui ne disent pas clairement ce qu’ils veulent de nous, ils préfèrent dire: On va essayer ça ou ça. Istvan a eu une vision de spectacle très claire et nous avons réagi tout de suite parce qu’on s’est sentis rassurés, nous lui avons fait confiance. »



    Le spectacle « Le mot ‘progrès’ dans la bouche de ma mère sonnait terriblement faux », mis en scène par Szabo K. Istvan au Trap Door Theatre de Chicago a été présenté cet été au Festival international de théâtre de Sibiu, ensuite en Roumanie, à Suceava, Rădăuţi, Satu-Mare et Oradea, la tournée prenant fin à Budapest en Hongrie..



    Fondée en 1990, Trap Door a commencé comme une troupe nomade, très appréciée par les publics européens de Stockholm, Berlin et Paris pour son style entre l’expressionnisme et l’avant-garde, basé sur le mythe, le rituel et la révolution. En mars 1994, la compagnie a traversé l’Atlantique pour s’établir aux USA. La troupe inclut actuellement aussi une présence roumaine — l’actrice Simina Contras. (trad. : Ileana Taroi)

  • 84 ans de théâtre national radiophonique en Roumanie

    84 ans de théâtre national radiophonique en Roumanie

    « Nous sommes de beaux fous, amoureux du son. Ce n’est pas pour enregistrer une pièce de théâtre que venons à la radio, mais pour raconter une histoire, dans les conditions où le progrès de la technologie du son a rendu possibles tant de formules inédites et extrêmement efficaces de capter l’intérêt du public. » Ce sont les propos de Ilinca Stihi, la cadette de l’équipe de metteurs en scène du Théâtre National Radiophonique…




    La première pièce de théâtre radiophonique était diffusée sur les ondes de Radio Roumanie le 18 février 1929. Dans cette pièce, intitulée “Ce que savait le village ”, écrite par V. Al. Jan, les rôles principaux étaient interprétés par Maria Filotti et Romald Bulfinski, comédiens du Théâtre National de Bucarest. Vasile Manta, l’aîné de l’actuelle équipe qui travaille à la rédaction théâtrale de la Radio roumaine évoque les débuts de cette aventure culturelle : « A cette époque-là, toutes les émissions étaient diffusées en direct, car il n’y avait pas de support sonore. Ce dernier n’allait apparaître qu’après 1950, sous la forme de la bande magnétique. En Roumanie, l’enregistrement date de 1952. Depuis, cela nous a permis de conserver presque toutes les pièces radiophoniques, dans la phonothèque. Notre patrimoine compte pas moins de 12 mille pièces, de tous les dramaturges connus du monde entier. »




    Il arrive parfois, même à l’âge de la technologie, que les créateurs de théâtre radiophonique refassent l’expérience des spectacles en direct. Nous écoutons Attila Vizauer, rédacteur en chef de la rédaction théâtrale de Radio Roumanie : « A une certaine époque, on réalisait des pièces de théâtre live, avec des spectateurs dans la salle. Toute l’équipe était là: comédiens, techniciens du son et autres spécialistes. Le public était ainsi témoin de tout le travail que suppose le théâtre radiophonique. Nous souhaitons marquer le 85e anniversaire de la radio publique roumaine par un spectacle similaire, avec la variante revisitée de la première pièce radiophonique diffusées sur les ondes 1929, «Ce que savait le village», de V. Al. Jan. »




    Au bout de 84 ans d’existence, le Théâtre National Radiophonique, partie intégrante de la radio publique roumaine, n’a rien perdu de son prestige. Attila Vizauer : « Le théâtre radiophonique roumain est né presque en même temps que celui des grands pays d’Europe, à savoir dans la troisième décennie du siècle passé. Autant dire que nous avons, nous aussi, fait partie de l’avant-garde de la radio. Aujourd’hui, nous devons y réfléchir et nous proposer de garderla cadence avec ceux qui font du théâtre radiophonique de la meilleure qualité. »




    Défiant les sceptiques qui ne croyaient pas en son avenir, le théâtre radiophonique non seulement continue d’exister, mais il ne cesse d’engranger des prix décrochés aux différentes compétitions internationales. Attila Vizauer nous parle des plus récentes de ses participations : « Ce n’est pas sans fierté que j’avoue que le théâtre radiophonique connaît depuis trois ans déjà la routine des prix internationaux : il y a eu celui décroché à Hvar, en Croatie, celui de Bratislava, le festival Prix d’Italie ou bien celui de New York. On attend voir toujours si on a remporté ou non un prix au récent festival de Berlin, mais pour le reste, à chaque fois qu’on a participé, on a fini par être récompensé. On a même remporté le Grand Prix, comme quoi les experts du monde entier nous apprécient pour les éléments nouveaux et spectaculaires de nos productions. La nouvelle génération des réalisateurs fait la gloire mondiale du Théâtre National Radiophonique. »




    Ilinca Stihi s’inscrit justement dans cette nouvelle génération de metteurs en scène. Ses spectacles « Maldoror » et « Argentina », réalisés d’après ses propres scénarios, ont cartonné sur les ondes et auprès du public de tout âge. Sur ses deux productions, c’est plutôt « Argentina » qui a fait carrément le succès de son metteur en scène, après avoir décroché la Médaille d’or de la section «Special Drama » du festival international de la radio de New York. Le palmarès d’Ilinca Stihi est complété par le Grand Prix au concours Premios Ondas de Barcelone, le Prix Marulic au Festival international du spectacle radiophonique, fiction et documentaire de Hvar, en Croatie et une nomination au festival Prix Italie de Turin. Ilinca Stihi : « Argentina a été un véritable phénomène. C’est un spectacle qui transmet mon amour pour la radio, car il tourne autour d’un personnage qui meurt au micro, pendant une émission en direct. C’est le sacrifice suprême. L’histoire, je l’ai entendue à un festival en Croatie où je participais avec « Maldoror ». C’est un membre du jury qui m’avait raconté qu’en Argentine, un célèbre DJ, Fernando Pena, qui souffrait du SIDA est mort pendant qu’il interprétait un personnage au micro. Or, le public a cru que c’était une mise en scène et il continuait d’appeler et de vouloir parler avec lui. Cette histoire m’a tellement touchée que j’ai bien voulu en faire un scénario! »




    Ilinca Stihi a s’est formée à la réalisation de film, pourtant, elle a choisi de faire du théâtre radiophonique. Pourquoi? « Le théâtre radiophonique met à ma disposition un espace imaginaire offrant plus de liberté que la cinématographie. C’est bien étrange que dans un espace tellement intime où l’on travaille en petit comité, où l’on se connaît tellement bien, on arrive à profiter d’un plus de liberté et d’originalité, introuvables dans des secteurs bénéficiant de gros budgets et d’équipes nombreuses. »




    Aux dires du rédacteur en chef, Attila Vizauer, un spectacle de théâtre radiophonique fait une audience d’une centaine de milliers de personne par soirée. Un chiffre que le théâtre classique n’arrive à obtenir qu’au bout de plusieurs centaines de représentations. Or, déjà une pièce de théâtre jouée une centaine de fois est un événement en soi. Du coup, on pourrait affirmer qu’une seule diffusion sur les ondes dépasse souvent cent représentations en salle. Comme quoi, le théâtre radiophonique est le théâtre au public le plus nombreux du monde. (trad. : Ioana Stancescu, Mariana Tudose)

  • Tourisme dans le comté de Dolj

    Tourisme dans le comté de Dolj


    Madame, Monsieur, nous vous invitons en cette fin de semaine à découvrir ensemble le comté de Dolj, dans le sud de la Roumanie. Attesté pour la première fois en 1444 sous le nom de Département des Marais”, le Dolj doit son nom actuelle au dialecte proto-slave. C’est un compté qui impressionne notamment par sa riche histoire et sa nature sauvage. Notre périple d’aujourd’hui commence à Craiova, la ville la plus importante de Dolj.


    Avec des détails, Madame le maire Lia Olguta Vasilescu: « Craiova est une ville très ancienne bâtie sur les lieux de l’ancienne citée fortifiée de Pelendava. La première attestation documentaire date de 1475. Pourtant, ce sont plutôt les quelques monuments de patrimoine dressés par des architectes célèbres qui font la fierté de Craiova. Et je pense notamment à la Maison dite « a Baniei » (de la Banie), ancienne dénomination administrative de la région d’Oltenie. Il s’agit de l’édifice le plus ancien de la ville, construit en 1699 et restauré par les soins du prince Constantin Brancovan. Bâtie sur deux niveaux, en style traditionnel, d’après les plans des architectes princiers, cette construction impressionne par les salles voûtées du rez-de-chaussée et par celles à balcon du premier étage. Il y a ensuite le Palais Jean Mihail qu’il ne faut pas rater. C’est un bâtiment magnifique, réalisé entre 1899 et 1907 d’après les plans de l’architecte français Paul Gottereau et commandé par Constantin Mihail, un des Roumains les plus aisés de l’époque. C’est d’ailleurs à l’intérieur de ce palais que l’on a commencé la construction du Cube de Brancusi, un espace consacré aux oeuvres de l’artiste. Une fois à Craiova, n’oubliez pas de visiter le siège de l’Université de la ville qui occupe l’ancien Palais de la Justice réalisé en 1890 par l’architecte Ion Socolescu, dans un style néoclassique. Ou bien, je vous invite à admirer le siège de l’Hôtel de ville où fonctionnait jadis la Banque du Commerce, imaginée par le célèbre architecte Ion Mincu. L’édifice, achevé en 1916, impressionne par ses intérieurs richement décorés, ses vitraux, ses mosaïques vénitiennes et ses grilles en fer forgé. »


    On ne saurait visiter Craiova sans admirer les belles églises de la ville, véritables joyaux d’architecture. Et nous allons commencer avec le monastère de Cosuna dont seulement la petite église mélangeant le style local à celui byzantin a résisté au passage du temps. Notre périple spirituel comporte aussi l’église du monastère Jitianu en style brancovan, l’église Saint Démettre dressée en 1652 sous le règne du prince Matei Basarab ou encore l’église de la Madonne dite du Mûrier dont les fresques intérieures portent la signature du célèbre peintre roumain Gheorghe Tatarescu. Pourquoi du Mûrier, vous allez demandez… La légende dit qu’une icône miraculeuse a été découverte entre les branches d’un mûrier juste à l’endroit où l’on a fait construire par la suite l’autel.


    Chers amis, dans les minutes suivantes, nous vous proposons une sortie dans le parc Nicolae Romanescu qui fait la fierté de Craiova et de la Roumanie en général. C’est un des jardins d’Europe les plus intéressants, création de l’architecte français Redont et qui s’est vu récompenser de la médaille d’or à de l’Exposition Internationale de Paris, en 1900. Et puisqu’il est immense, nous invitons madame le maire Lia Olguta Vasilescu à nous accompagner dans les allées du parc: « Je crois qu’une fois à Craiova, on ne devrait absolument pas rater l’occasion de faire une promenade dans les allées du parc Nicolae Romanescu, unique en Roumanie et figurant en tête du classement des plus grands jardins européens. Il couvre plus de 76 hectares, il a un hippodrome, des allées et des sentiers et même un zoo. »


    A tout cela s’ajoute un Jardin des Plantes aménagé à l’initiative de la botaniste Alexandra Buia.


    Si c’est plutôt la vie culturelle qui vous intéresse, pas de problème, à Craiova vous serez bien servis! La ville recense plusieurs institutions culturelles tels le Théâtre national ou encore celui des Marionnettes, Orchestre Philharmonique ou bien le Musée d’Art qui présente des oeuvres de Brancusi de la dernière période de création du sculpteur: une version en pierre du « Baiser », « Torse de femme », « Orgueil » ou bien « Tête de garçon ».


    Vous êtes fatigués et vous aimeriez bien vous reposer un tout petit peu? Ca vous dirait d’évader à la campagne pour une bouffée d’air frais et un bon verre de lait de bufflonne? Pas de problème, cela va s’arranger puisque seulement 55 kilomètres séparent Craiova de la commune de Bucovat. Pour plus de détails, nous passons le micro au maire de la commune, Monsieur Vasile Constantin: « Bucovat est une jolie commune, ce qui a poussé bon nombre d’habitants de Craiova à s’y faire construire des maisons de vacances. A la différence d’autres endroits, chez nous, on a la chance de respirer un air très pur. En plus, c’est toujours chez nous que le touriste peut visiter les ruines du camp militaire romain de Pelendava ou encore peut se rendre sur un des plus anciens sites fossilifères d’Europe. Par ailleurs, je dois vous dire que les habitants de notre commune s’occupent de l’élevage des bufflonnes dont le lait est très bon et nourrissant. A la fin, je voudrais vous donner aussi quelques repères culturels de notre commune: et je pense au monastère de l’ancien Bucovat, érigé sur la rive gauche du Jiu et à l’église du village de Bucovat construite par les moines du Mont Athos. »


    Le département de Dolj s’adresse également aux amateurs de chasse ou de pêche ou bien aux passionnés de tourisme d’aventure qui souhaitent faire des sports extrêmes à des prix cassés. Si cette région figure déjà sur la liste de vos destinations futures, permettez-nous de vous faire une petite suggestion avant de vous dire au revoir: le mieux serait de visiter le Dolj en automne quand plusieurs festivals se tiennent dans les parages. A titre d’exemple: le Festival du Poireau, une occasion unique de goûter à la cuisine du terroir qui place cette légume en position privilégiée. ( trad. : Ioana Stancescu)

  • Les inédits des enchères d’art, en Roumanie

    Les inédits des enchères d’art, en Roumanie


    L’année 2012 a vu toute une série de premières dans les enchères d’art organisées en Roumanie, dont la vente aux enchères de travaux signés par Constantin Brâncuşi, d’un mono poste de Formule 1, de la première maison solaire roumaine et d’objets ayant appartenu à des comédiens roumains. Cette année, lors des premières enchères sur le marché roumain de l’art, deux œuvres réalisées par Constantin Brâncuşi — un des artistes roumains les plus connus au monde – ont été emportées. « La Huppe » et « Les Peaux rouges » ont été adjugées en janvier, pour 10.000, respectivement 2.000 euros.


    « La Huppe », un dessin à la plume, a été mis en vente par un collectionneur privé de Bucarest, qui l’avait acquis auparavant à Christie’s. Cette œuvre, achetée 10.000 euros, est un projet d’illustration pour le volume de poèmes « Plantes et animaux », publié à Paris en 1929, par Ilarie Voronca, un écrivain faisant partie du cercle d’amis de l’artiste. « Les Peaux rouges » est une photo – carte postale d’objet d’art, de 1906. L’image de cette carte postale, l’œuvre « Les Peaux rouges », est une des sculptures détruites par l’artiste en 1907, dans un accès de révolte par rapport à ce qu’il avait créé dans sa période impressionniste, un courant auquel Brâncuşi avait adhéré en tant qu’élève d’Auguste Rodin. La carte postale envoyée à un ami est l’unique document présentant une des œuvres disparues. Ella a été reproduite à l’occasion du centenaire Brâncuşi de 1976 dans une revue littéraire roumaine, et provient d’une collection privée bucarestoise. La présence de Brâncuşi sur le marché de ventes aux enchères publiques est un événement unique.


    Constantin Dumitru, journaliste et commissaire d’expositions, affirme pour sa part que 2012 s’est avérée une année bénéfique pour lemarché de l’art. « Il a enregistré une évolution positive, meilleure qu’en 2011 quand il a connu les performances les plus spectaculaires depuis 1990. Je fus particulièrement impressionné de voir pénétrer sur le marché roumain de l’art de plus en plus d’objets, précieux pour le simple fait d’avoir appartenu à des célébrités, chose courante sur les marchés de l’art étrangers. Pourtant, je ne saurais ignorer l’existence sur le marché d’un segment qui n’a rien à voir avec l’art, il ne fait que mimer la valeur. Espérons que cela ne va pas tourner au kitsch ».


    Nous avons voulu apprendre auprès de Constantin Dumitru si la crise a touché le marché roumain de l’art. La réponse fut des plus catégoriques : « Oui, elle l’a influencé sans pourtant le détériorer. Le manque de confiance en l’immobilier, la chute des prix des terrains a entraîné une majoration des prix des objets d’art. Pourtant, le marché de l’art ne reflète pas la situation économique. 2013 s’annonce difficile notamment pour les petits collectionneurs. Le marché de l’art est plein de dizaines de millions d’euros mais pour des œuvres dont les auteurs sont notamment des célébrités décédées. Or, l’artiste roumain, le créateur contemporain a du mal à voir autant d’argent. On se réjouit de vendre pour 300 mille euros un objet ayant appartenu à une personnalité défunte, mais un étudiant ou un professeur aux Beaux Arts se contente de gagner 500 ou mille euros. Je voudrais qu’on exporte davantage, qu’on arrive à vendre plus d’objets sur les marchés internationaux. »


    Le journaliste Marius Tita, rédacteur en chef de Radio Roumanie Internationale et passionné d’art, affirme que le marché roumain connaît une évolution ascendante : « En Roumanie, nous assistons aussi à une diversification de l’offre. Et dans ce cas il s’agit non seulement des objets mis en vente, mais aussi des actions organisées par les maisons de ventes aux enchères. Et dans ce cas, je pense à quelques événements tels ceux organisés par ArtMark, qui hormis les enchères traditionnelles a introduit quelques idées inédites : enchères thématiques, vente d’objets ayant appartenu à la famille royale, d’objets militaires, très appréciés en Europe Occidentale et qui se vendent chez nous aussi lors d’événements spéciaux et de nombreux autres objets, non seulement d’art traditionnel. On assiste donc à une ouverture, mais aussi à une révision des prix et des opinions qui circulent sur le marché de l’art. Bref, cette évolution vers un marché de l’art mature se traduit par la réduction des prix et de la valeur des ventes. On ne peut pas parler d’un enthousiasme du marché de l’art. Il est clair, nous apprenons beaucoup de nouvelles choses, mais on ne peut pas parler d’affaires exubérants ni de revenus incroyables. »


    Une vente aux enchères inédite a proposé aux collectionneurs des objets personnels de grands comédiens roumains, ainsi qu’une série d’accessoires de films et de pièces de théâtre à succès. Le lot le mieux vendu a inclus un bracelet en or et argent à diamants, rubis et émeraudes que la comédienne roumaine Maia Morgenstern a porté dans un film. Au mois d’août, le mono poste de F1 Ferrari F399 piloté par Michael Schumacher en 1999 a été adjugé pour 177 mille euros. Trois Mercedes millésimées 1953, 1959 et 1966, une Ferrari 599 GTB Fiorano édition spéciale Carbon Kit de 2009, une Lincoln Continental 1947 et une Jeep Willys 1948 avec comme accessoires une remorque et une mitrailleuse se sont également retrouvées sous le maillet au mois d’août de l’année dernière. L’ancienne voiture officielle du roi Michel — une BMW 760 Li – a également trouvé preneur au prix de 20 mille euros.


    Le permis de conduire de la princesse Marie, datant de 1904, a été vendu à 5000 euros. Une autre session de ventes aux enchères a eu comme sujet la première maison solaire à 100% roumaine, estimée à 50 mille euros. Malheureusement elle n’a pas suscité l’intérêt du public. La toile la mieux vendue en 2012 a été « Le berger et son troupeau » par Nicolae Grigorescu, adjugée à 195 mille euros. Trois autres toiles signées Nicolae Tonitza ont trouvé preneur à pas moins de 400 mille euros.


    Selon les spécialistes, les transactions qui ont eu lieu l’année dernière se sont chiffrées à environ 40 millions d’euros. Une bonne année, donc, pour le marché de l’art en Roumanie. (trad. : Ligia Mihaiescu, Ioana Stancescu, Alex Diaconescu)

  • Le compositeur Vasile Sirli

    Le compositeur Vasile Sirli


    « J’ai été formé dans un lycée de musique de Timişoara et à l’Académie de musique de Bucarest. J’ai travaillé pendant 8 ans comme rédacteur dans une maison d’édition musicale ; c’est l’époque où j’ai le plus appris, puisque j’ai été l’éditeur de mes propres maîtres et ça m’a fait comprendre qu’un maître peut très bien se tromper, lui aussi. Ça m’a permis d’apprendre l’importance des langages musicaux — comment écrire la musique dite contemporaine, comment écrire la musique classique. Ensuite, j’ai accumulé de l’expérience en tant que producteur de musique à Electrecord, l’unique maison de disques dans la Roumanie de ces temps-là. »


    Ce que vous venez de lire est l’autoportrait de notre invité d’aujourd’hui, le compositeur Vasile Şirli, lors d’une conférence. D’origine macédonienne, Vasile Şirli est né en 1948, dans un village du comté de Timiş, dans le sud-ouest de la Roumanie. Sa mère chantait dans un chœur et écoutait beaucoup de musique à la radio. Şirli déclarait, d’ailleurs, dans une interview, qu’il avait rencontré sa chance musicale grâce à la radio, car il était fasciné par les voix, surtout celles du Chœur d’enfants de la Radio nationale où il aurait aimé chanter. La collaboration avec la Télévision nationale a représenté la première étape d’une belle carrière, qui a inclus des créations pour des productions télévisuelles, théâtrales ou cinématographiques. En 1986, Vasile Şirli quitte la Roumanie et s’établit en France où il arrive à occuper le poste de directeur musical de Disneyland Paris.


    Pourtant, c’est le théâtre et ses sujets « extraordinaires » qu’il préfère.Vasile Şirli : « Dans les spectacles de théâtre, je cherche à connaître les gens et à m’enrichir à travers la musique. Je travaille avec eux de la même façon qu’avec ceux qui font de la littérature, qui en savent tout alors que moi, je ne m’y connais pas du tout. Il me semble très important qu’un acteur, un metteur en scène, un scénographe, participent tous à un spectacle où la musique est « adoptée ». Moi, je me suis toujours vu comme quelqu’un d’«adopté » dans le théâtre ; cette « adoption » me donne la liberté de vous observer, vous, acteurs, metteurs en scène, théoriciens du théâtre et surtout spectateurs. En effet, c’est le spectateur qui m’intéresse. Souvent, quand j’assiste à un spectacle, je regarde autour de moi ; même si je ne suis pas l’auteur de la musique, je suis intéressé par la réaction du public. Par les regards, par la façon de respirer — j’ai vu des spectacles où les spectateurs avaient purement et simplement retenu leur souffle, ce qui est énorme ! Je crois que ça arrive grâce à la musique: nous entrons dans une âme sans nous en rendre compte. »


    Un lien très spécial lie le compositeur Vasile Şirli au metteur en scène Silviu Purcărete — leur première collaboration date du début des années1980, quand celui-ci avait invitéŞirli à écrire la musique d’un spectacle de marionnettes qui allait être produit à Braşov. Vasile Şirli et Silviu Purcărete ont collaboré très fréquemment, ayant formé une véritable équipe. Les deux ont travaillé ensemble y compris à « Quelque part à Palilula », le premier film réalisé par Silviu Purcărete.


    La motivation qui pousse Vasile Şirli à écrire librement c’est qu’il le fait pour « un art complètement éphémère ». « C’est ma fantaisie, c’est mon petit caprice, ce qui me rend serein et libre, avant tout face au public. », déclarait le compositeur dans une interview. (trad.: Mariana Tudose)