Tag: theatre

  • 30.05.2014

    30.05.2014

    FMI — Une délégation du FMI doit entamer lundi une visite à Bucarest, pour une troisième évaluation de l’accord de précaution. A l’agenda des discussions figureront l’élimination du monopole de l’Etat dans deux secteurs clé de l’économie, l’énergie et l’infrastructure, une éventuelle réduction de 5% des cotisations à la sécurité sociale payées par les employeurs. Les entretiens porteront aussi sur les mesures visant à stimuler le marché de l’Emploi et à réduire la fiscalité, que le Ministère des Finances est en train de préparer. Rappelons que l’actuel accord de précaution conclu par la Roumanie avec le FMI et la Commission européenne s’élève à 4 milliards d’euros.



    Recommandations – La Commission européenne va publier au début de la semaine prochaine les recommandations aux pays, suite à des analyses économiques complexes ayant visé les Etats de l’UE. La Commission européenne va leur suggérer de prendre en compte dans la prochaine année des réformes dans des secteurs clé, tels le marché de l’emploi, l’éducation, la recherche et la consolidation budgétaire. L’année dernière, la Roumanie s’est vu adresser 8 recommandations spécifiques concernant entre autres, les politiques fiscales, la santé publique, les embauches, l’administration publique et l’absorption des fonds européens.



    Coopération— La Roumanie est le partenaire le plus honnête et le plus efficace de la République de Moldova — a déclaré la chef de la diplomatie moldave, Natalia Gherman, dans une interview à notre radio. La responsable moldave a évoqué l’assistance de la Roumanie aux démarches de Chisinau visant à réformer la justice et les affaires intérieures, un processus nécessaire pour l’adhésion du pays à l’UE. Natalia Gherman a aussi mentionné le prêt de 20 millions d’euros accordé par la Roumanie à la réforme dans l’éducation et la construction du gazoduc Iasi – Ungheni, qui assurera la connexion de la République de Moldova au système énergétique européen.



    Conseils – Le ministère des Affaires étrangères de Bucarest maintient sa recommandation aux ressortissants roumains, y compris les représentants des médias, de quitter aussitôt la péninsule de Crimée ainsi que les régions de Donetsk et de Lougansk, dans l’est de l’Ukraine. La recommandation intervient sur fond de détérioration dramatique de la situation de sécurité dans ces zones. De même, les citoyens roumains sont conseillés d’éviter les déplacements aussi dans d’autres régions du nord-est, du sud et du sud-est de l’Ukraine.



    Théâtre – Bucarest accueille ces jours-ci la 6e édition du Festival International de Théâtre de rue « B-FIT in the Street ». L’événement propose jusqu’au 1er juin, des dizaines de spectacles de marionnettes gigantesques, concerts, jeux d’eau et de lumière. Y participent plus de 200 artistes de Roumanie, Espagne, France, des Pays Bas, du Royaume-Uni, de Slovaquie, Belgique, Italie et Australie. Parmi les points forts du festival on retrouve un spectacle de jeux de lumières présenté par Aquatique Show International ou une approche inédite de « Hamlet » proposé par le théâtre londonien Shakespeare’s Globe.



    METEO – Une alerte jaune aux pluies, orages et grêle est en vigueur à Bucarest et dans tous les départements de Roumanie jusqu’à samedi soir. Les quantité d’eau peuvent dépasser 30 litres par mètre carré. Les hydrologues ont émis eux aussi une alerte orange aux inondations, valable jusqu’à dimanche sur des rivières de 14 départements, la plupart dans l’est de la Roumanie. De même, plusieurs rivières de l’ouest, du centre et du sud sont visées par une vigilance jaune aux inondations. Les alertes orange et jaune restent en vigueur sur le Danube. Bien que considérablement élevé ce dernier temps, le niveau du fleuve n’augmentera plus à la hauteur des départements de Galati et de Braila. Les maximales de la journée iront de 18 à 24 degrés. 20 degrés en ce moment à Bucarest.

  • “Inside” – à l’intérieur du Musée national du Paysan roumain

    “Inside” – à l’intérieur du Musée national du Paysan roumain

    Nous avons parlé dexpositions, despaces accessibles au public dans un musée. Le Musée national du Paysan roumain est, ces jours-ci, la scène dune expérience insolite poposée par deux jeunes associations (PopUp Theatrics et Doctors Studio) en partenariat avec le grand musée bucarestois. Il sagit dexplorer les côtés cachés de ce monument historique qu’est le bâtiment du MNPR, de révéler ou dinventer des histoires à ce sujet. Le projet sappelle “Inside”, à lintérieur, et il se déroulera du 17 au 21 mai Pour nous en parler – la comédienne Isabela Neamtu et le directeur du MNPR, Virgil Nitulescu.


  • “Trois ruptures” à Bucarest, dans “Fabulamundi. Playwriting Europe”

    “Trois ruptures” à Bucarest, dans “Fabulamundi. Playwriting Europe”

    Trois couples qui se jettent à la figure les quatre vérités, se chamaillent, sentredéchirent, se torturent littéralement – des drames domestiques, certes douloureux pour leurs protagonistes, mais tellement poignants pour les spectateurs grâce surtout au comique involontaire des situations exposées… Se plier en quatre de rire pour mieux réfléchir cest le pari du dramaturge Rémi de Vos dans “Trois ruptures”, une pièce présentée en première lecture publique en Roumanie au théâtre Odeon de Bucarest. Celui-ci s’est associé pour l’occasion avec l’Institut français, dans le cadre d’un projet européen, qui s’appelle « Fabulamundi. Playwriting Europe » (mettre l’Europe en pièces de théâtre). Ce projet associe 5 pays — l’Allemagne, la France l’Espagne, l’Italie et la Roumanie. Avec quels enjeux? Rencontre avec Rémi de Vos, auteur dramatique français, Carlotta Garlanda, coordinatrice de “Fabulamundi”, et Dorina Lazar, directrice du Théâtre Odeon.


  • 29.04.2014

    29.04.2014

    Visas — La République de Moldavie s’est proposé de devenir membre à pleins droits de l’UE en 2019, lorsque la Roumanie assurera la présidence de l’UE, a déclaré le premier ministre moldave, Iurie Leanca. Pour sa part, le chef du gouvernement de Bucarest, Victor Ponta, a assuré que la Roumanie continuerait à soutenir inconditionnellement l’intégration européenne du pays voisin. Les deux officiels se sont entretenus mardi dans une localité située à la frontière roumano-moldave, un jour après la levée de l’obligation des visas européens pour les ressortissants moldaves. Victor Ponta et Iurie Leanca ont aussi discuter avec des citoyens de la République de Moldavie qui ont traversé sans visas la frontière avec la Roumanie. Les ressortissants moldaves munis d’un passeport bio métrique peuvent voyager sans visas dans l’UE depuis le 28 avril 2014. Ils peuvent se déplacer dans les Etats de l’UE seulement à des fins touristiques, leur voyage ne pouvant pas excéder 90 jours.



    Conférence — Le chef de la diplomatie roumaine, Titus Corlatean, fait ces mardi et mercredi une visite à Washington où il doit participer à une conférence sur des thèmes européens. Y participent des officiels de l’administration américaine, de hauts responsables de l’UE, de l’Alliance nord-atlantique ainsi que des chefs de gouvernement, des ministres des Affaires étrangères et de la Défense de plusieurs Etats européens. Selon le ministère roumain des Affaires étrangères, les pourparlers seront dominés par les événements importants ayant abouti à la création d’une communauté transatlantique solide et prospère, ainsi que par les perspectives stratégiques pour l’Europe de l’Est et du Sud. En marge de la conférence, le chef de la diplomatie roumaine rencontrera des officiels de l’Administration américaine, des représentants du Congrès des Etats-Unis et des membres de la communauté roumaine.



    Maison Royale — La princesse héritière Margarita et le prince Radu entament ce mardi une visite publique en Israël, la première que des membres de la Maison Royale de Roumanie font dans ce pays depuis la création de l’Etat hébreu. A l’agenda figurent entre autres des rencontres avec le ministre de la Santé, Yael German, le vice-président de la Knesset, Ruth Calderon, et le Patriarche orthodoxe de Jérusalem, Théophilos III. De même, la princesse héritière et le prince Radu doivent se rendre au mémorial Yad Vashem, où ils prendront part à une cérémonie de commémoration, ainsi qu’à l’Eglise orthodoxe roumaine de Jérusalem. Le prince Radu doit également donner deux conférences à l’Université hébraïque de Jérusalem et à l’Université de Tel Aviv. La visite qui doit s’achever vendredi ; elle sera faite à l’invitation de plusieurs représentants de la Knesset.



    Théâtre — Les meilleurs spectacles de théâtre et artistes roumains de l’année 2013 ont été primés lundi soir par l’Union théâtrale de Roumanie, lors d’un gala accueilli par le Palais de la Culture de Târgu Mures, au centre du pays. « Victor ou les enfants au pouvoir », mis en scène par Silviu Purcarete au Théâtre magyar d’Etat de Cluj Napoca a reçu le prix du meilleur spectacle. Corneliu Raileanu a été désigné le meilleur comédien et Alexandra Fasolà la meilleure comédienne dans un rôle principal.



    Sport — Au Championnat du monde de tennis de table à Tokyo, la sélection féminine roumaine s’est inclinée mardi devant la Corée du Nord. Aujourd’hui encore, la Roumanie doit rencontrer la Chine, championne du monde en titre. Dans le match de début, l’équipe roumaine s’est imposée devant la Slovaquie. Elle rencontrera l’Autriche, mercredi, et la Pologne, jeudi. A l’édition précédente des Championnats du monde, la Roumanie s’est classée 8e.

  • La semaine du 21au 26 avril 2014

    La semaine du 21au 26 avril 2014

    Inondations dans le sud et le sud-ouest de la Roumanie



    La Roumanie a besoin de solutions à long terme pour prévenir les inondations, a affirmé le premier ministre roumain, Victor Ponta, après s’être rendu dans plusieurs localités touchées par des crues ces derniers jours. Et lui d’ajouter que les autorités sont obligées à financer des travaux d’infrastructure chers dans les zones à risque en l’absence d’autres solutions, car il est très difficile de reloger les habitants des régions en question. Des pluies abondantes ont provoqué ces derniers jours des dégâts importants dans plusieurs départements du sud et du sud-ouest du pays. Dans les départements de Teleorman et d’Olt, les hydrologues ont émis une alerte rouge aux inondations sur certaines rivières. Le plus touché par la montée des eaux a été le département de Teleorman, avec 27 localités sinistrées, des milliers d’hectares de terrains et des centaines de fermes endommagés. Le gouvernement a approuvé l’octroi d’environ 12 millions d’euros aux travaux urgents de prévention et d’élimination des effets des inondations. Les pluies ont également provoqué des glissements de terrain dans plusieurs localités.



    Coup d’envoi de la campagne électorale pour les élections parlementaires européennes du 25 mai



    En Roumanie, la campagne électorale pour les élections européennes du 25 mai a officiellement débuté ce 25 avril. Elle doit s’achever le 24 mai, à la veille du scrutin. 15 partis et alliances politiques ou électorales et 8 candidats indépendants se disputent les 32 mandats dont la Roumanie disposera au Parlement européen, un de moins par rapport à la législature précédente. Les principaux candidats sont l’Alliance de gauche, membre de la coalition au pouvoir en Roumanie, formée du PSD, de l’Union Nationale pour le Progrès de la Roumanie et du Parti Conservateur, le PNL et le PDL, de centre-droit, en opposition, l’UDMR, membre elle aussi de la coalition au pouvoir, et le Parti du Peuple –DD (populiste, en opposition). Ainsi, l’Alliance de gauche est–elle en lice, sous l’égide des socialistes européens, le PDL et l’UDMR sous celle du Parti populaire européen (PPE), et le PNL sous celle de l’Alliance des libéraux et des démocrates — ALDE. Pour les élections du 25 mai, le Ministère roumain des Affaires étrangères mettra en place à l’étranger 190 bureaux de vote pour les Roumains de la diaspora, dont Espagne — 18, Italie — 15, République de Moldavie — 8, France –6. Des paquets de 5 bureaux de vote seront aménagés aux Etats-Unis, en Allemagne, et en Belgique ainsi qu’en Afghanistan où des troupes roumaines sont déployées sous l’égide de l’OTAN.



    Une grève d’avertissement des cheminots roumains a affecté la circulation des trains de voyageurs



    Près de 300 trains de voyageurs ont été arrêtés dans les gares mercredi, pendant deux heures, affectant des milliers de voyageurs. Les cheminots roumains ont cessé le travail, mécontents du bas niveau des salaires, de la perte du droit de voyager en train et du licenciement potentiel de 2.500 salariés de la compagnie de fret CFR Marfă. Les salariés de CFR, compagnie détenue par l’Etat roumain, se plaignent de travailler des heures supplémentaires, alors que certains de leurs droits salariaux ont été revus à la baisse ou suspendus, et mettent en cause aussi des conditions de travail précaires. Les syndicats ont annoncé que pendant les négociations avec le ministère en vue de la signature des nouvelles conventions collectives de travail, ils n’organiseraient plus de protestations. Les autorités tentent, depuis plusieurs années, de restructurer et de privatiser les compagnies de transport ferroviaire de l’Etat, mais les pertes et les dettes que ces dernières enregistrent restent substantielles.



    La situation en Ukraine et en République de Moldova focalise l’attention des autorités roumaines



    Face à la situation toujours plus tendue en Ukraine, la Roumanie estime qu’elle doit être le premier Etat à soutenir les efforts des autorités de Chişinău, destinés à une intégration rapide de la République de Moldova dans l’espace communautaire — a déclaré le premier ministre Victor Ponta à la radio publique roumaine. Le chef du gouvernement de Bucarest estime que, pour la République de Moldova, les évolutions en Ukraine et dans la région peuvent constituer un danger, mais aussi une opportunité. Victor Ponta. «Il est dans notre pouvoir de les aider à mettre à profit cette opportunité, celle d’adhérer à l’UE plus tôt qu’ils ne le croyaient ; qu’ils pensent à l’intégration dans l’UE. »


    Par ailleurs, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius et son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier, ont annoncé à Chisinau, que l’UE accorderait à la République de Moldova une assistance technique et financière après la signature de l’Accord d’Association, en vue de la poursuite des réformes. La République de Moldova a paraphé l’Accord d’association en novembre dernier et doit le signer fin juin.




    La ville roumaine de Craiova accueille le Festival international de théâtre « Shakespeare »



    Craiova (sud) accueille la 9e édition du Festival international de théâtre « Shakespeare », une des manifestations du genre les plus importantes en Roumanie et en Europe. Le spectacle « Beaucoup de bruit pour rien », dans la mise en scène de Max Webster, présenté par le Théâtre Globe de Londres, a ouvert l’événement, qui s’étend sur 12 jours. L’édition 2014 est consacrée au 450e anniversaire de la naissance du grand dramaturge anglais. Y prennent part des compagnies de théâtre réputées, dont celle du Théâtre Vahtangov (Russie), ainsi que le Théâtre national de Chine, mais aussi des théâtres, écoles de théâtre ou philharmonies d’Afrique du Sud, de Roumanie, de Lituanie, d’Arménie, de Hongrie, d’Ukraine et de Pologne. (trad. : Ligia Mihaiescu, Dominique, Alexandra Pop)

  • 23.04.2014

    23.04.2014

    Intempéries – 11 départements du sud et du sud-ouest du pays entrent cet après-midi et jusqu’à demain soir en vigilance jaune aux pluies abondantes. Dans les régions signalées, les quantités d’eau dépasseront les 25-30 litres par m², et par endroits, même 50 l/m². Le vent souffle fort, avec des vitesses supérieures à 50-60 km/h. Sur le reste du territoire, le ciel est variable, avec des nuages et des ondées sur des territoires restreints, notamment sur les reliefs. Les maximales de température vont de 16 à 26°, avec 22° à Bucarest. Les pluies abondantes des derniers jours ont causé des crues dans le sud du pays, suite auxquelles au moins 4 personnes ont perdu la vie et quelques centaines ont été évacuées.



    Grève — Les cheminots roumains ont arrêté le travail ce matin suite à l’échec des négociations avec l’administration concernant la signature d’une nouvelle convention collective. 131 trains de voyageurs ont été arrêtés dans les différentes gares, pendant deux heures, affectant des milliers d’usagers. Les mécontentements des syndicalistes sont liés au niveau des salaires, à la suppression du droit des salariés de voyager gratuitement en train et au licenciement potentiel de 2.500 salariés de la compagnie de fret ferroviaire CFR Marfă.



    Exercices – La frégate américaine USS Taylor est entrée, depuis hier, en mer Noire, afin de « promouvoir la paix et la stabilité dans la région », dans le contexte de la crise ukrainienne, lit-on sur le site de la Marine militaire des Etats Unis. Le bâtiment rejoindra le destroyer « Donald Cook », qui se trouve déjà dans la zone pour des exercices communs avec les forces navales de Roumanie, de Bulgarie et de Turquie. Entre temps, Washington a annoncé l’envoi de 600 militaires en Pologne et dans les pays baltes pour des exercices militaires conjoints. 150 soldats arriveront aujourd’hui en Pologne, les 450 autres étant attendus les prochains jours en Estonie, Lettonie şi Lituanie.



    Festival – La IXe édition du Festival international de théâtre « Shakespeare » débute aujourd’hui à Craiova (sud) ; en 2014, 450 années sont commémorées depuis la naissance du grand dramaturge anglais. La série des spectacles sera ouverte par le Théâtre Globe de Londres, avec la représentation de « Beaucoup de bruit pour rien », dont la mise en scène est signée par Max Webster. 12 jours durant, de prestigieuses compagnies de théâtre de quatre continents, dont celles des Théâtres Globe (Royaume Uni) et Vahtangov (Russie), ainsi que de théâtres, écoles de théâtre ou philharmonies de Chine, d’Afrique du Sud, de Roumanie, de Lituanie, d’Arménie, de Hongrie et d’Ukraine se réunissent à Craiova sous le générique « Le Shakespeare de tous » afin de présenter au public une trentaine de spectacles de référence.


  • A la Une de la presse roumaine 16.04.2014

    A la Une de la presse roumaine 16.04.2014

    En plus de l’actualité politique interne avant l’ouverture de la campagne des élections européennes, les quotidiens bucarestois de ce mercredi se penchent aussi sur : les épargnes des Roumains, l’avenir de la production de voitures Dacia, l’avenir des étudiants en ingénierie aérospatiale de Bucarest, la prochaine édition du festival de théâtre Shakespeare et le village biblique ouvert dans la capitale roumaine.


  • La francophonie roumaine au lycée

    La francophonie roumaine au lycée

    Comme chaque année, en Roumanie, le mois de mars est synonyme de francophonie. Au lycée “Gheorghe Lazar” de Bucarest, la langue de Molière a été célébrée par un spectacle inédit combinant théâtre et chanson en français. A l’heure actuelle, la Roumanie compte 27 institutions d’enseignement où les élèves des sections bilingues ont cinq heures de français par semaine, et à la fin des quatre ans de lycée, ils passent un baccalauréat en roumain et en français.


  • Le Théâtre Regina Maria, Reine Marie, d’Oradea

    Le Théâtre Regina Maria, Reine Marie, d’Oradea

    Un couple de jeunes mariés, le cœur rempli de joie, – sous une comète. Tout autour, des invités joyeux et décontractés. A dix ans de son mariage, Elisabeth voudrait bien savoir si le bonheur peut rester sur place et elle décide donc de refaire la fête de son mariage. C’est la prémisse du spectacle La Comète” de Justine del Corte, mis en scène par Radu Alexandru Nica au Théâtre Regina Maria, Reine marie, d’Oradea. Justine del Corte figure parmi les dramaturges allemands les plus appréciés du moment et son texte écrit en 2012 a été mis en scène pour la première fois au théâtre Burgtheater de Vienne par Roland Schimmelpfennig, un des auteurs allemands les plus chevronnés de nos jours.



    Pourquoi le metteur en scène roumain, Radu Nica, a-t-il choisi ce texte? « Ce fut le côté philosophique du scénario qui m’a particulièrement touché. Je ne trouve rien de déplacé à ce qu’un spectacle propose au public un peu de philosophie. J’aime bien que les personnages se mettent à réfléchir sur la vie. Le texte renvoie aussi bien à Tchékhov qu’à Arthur Schnitzler et c’est justement ce mélange ciblé sur les problèmes du monde contemporain qui l’a rendu extrêmement séduisant tant pour moi, en tant que metteur en scène, que pour les comédiens. Tous les personnages ont des rôles très complexes. Il n’y a presque pas de personnages secondaires. Il y a une dizaine de personnages principaux qui jouent dans ce spectacle qui parle du bonheur et s’interroge sur les moyens d’en obtenir le plus possible. Un thème qui a vraiment suscité mon intérêt en tant qu’individu. Car, en tant que cinéaste, j’ai préféré privilégier le thème de la mise en abîme et présenter la fête du mariage comme un épisode quotidien repris sur une scène de théâtre. Du coup, au lieu d’une simple méditation sur le passage du temps, le spectacle a mis en évidence la façon dont le théâtre peut nous aider à nous soustraire au temps qui s’écoule. »



    Ce fut justement à l’occasion du spectacle La comète” que le metteur en scène Radu Nica a découvert la troupe Iosif Vulcan du Théâtre Regina Maria d’Oradea. Au total: quinze comédiens de moins de 40 ans. Radu Nica: « J’ai fait la connaissance d’une troupe assoiffée de jouer un théâtre différent de ce que l’on a fait dernièrement à Oradea. Puisque cette institution a privilégie le côté plutôt commercial, les variétés ce qui n’est pas mal du tout, vu que la salle est de nouveau prise d’assaut par le public . Mais, je crois que le moment est venu d’offrir aux spectateurs des textes dans un registre différent. Or, ce texte, bien que difficile et d’un humour pas du tout facile, n’est pas du tout indigeste. »



    L’édifice du Théâtre d’Oradea, qui accueille aussi bien le Théâtre Reine Marie, que le Théâtre Szigligeti, en langue hongroise, est un des plus importants du patrimoine architectural de la ville. Il a été bâti d’après les plans de la société d’architectes Fellner et Helmer de Vienne. Les travaux de construction ont duré seulement 15 mois, de juillet 1899 en octobre 1900. A l’extérieur, le bâtiment combine harmonieusement le style néoclassique, dominant sur la façade, avec des éléments de néo-Renaissance et néobaroque, tandis que les finitions et les ornements intérieurs relèvent du rococo.



    Cinq ans durant, jusqu’en 2011, l’édifice a subi des travaux de rénovation. La troupe du Théâtre Reine Marie a inauguré l’espace fraîchement remis à neuf par le célèbre musical “Violoneur sur le toit”, deux fois nominé aux prix de l’Union Théâtrale de Roumanie, dans les catégories meilleure scénographie et meilleure actrice dans un rôle secondaire.



    Au micro, Daniel Vulcu, directeur de ce théâtre. « Nous envisageons d’aborder ce genre peu exploité par les autres théâtres de Roumanie, à savoir le théâtre musical. Bien sûr que ce ne sera pas notre unique option, mais nous souhaitons promouvoir ce genre de spectacle et pensons avoir la force de le faire comme il faut. Aux termes de notre stratégie de management, tous les deux ans nous mettons en scène un musical d’envergure. Je crois que nous avons fait la preuve de notre performance en ce qui concerne le musical. Nous n’allons pas pour autant oublier le fait que nous sommes un théâtre dramatique et par conséquent les autres types de pièces ne manqueront pas de notre répertoire. Nous nous sommes proposés de travailler avec des metteurs en scène réputés. La collaboration avec Radu Nica a été de bon augure. Il y a eu aussi d’autres collaborations importantes, comme celle avec Mihai Măniuţiu. C’est lui qui nous a lancé la proposition de transformer un texte classique, celui de Leonce et Lena en un spectacle de théâtre musical ”.



    Comme la ville d’Oradea compte environ 200 mille habitants, les salles du Théâtre Reine Marie sont combles à chacune des 10 à 15 représentations qu’il donne par mois. Daniel Vulcu « Nous avons en tout une quinzaine de spectacles et beaucoup de demandes. A l’approche du Festival de la pièce courte, nous travaillons encore plus. L’année dernière, nous avons monté une cinquantaine de spectacles qui ont été très bien accueillis. Nous avons notre public, qui aime le théâtre. J’oserais même dire que nous sommes créateurs d’une mode en matière de théâtre. Dans les salons de coiffure, dans les banques ou les hôpitaux, partout on parle théâtre, on se demande si l’on a vu tel ou tel spectacle. Lors de la précédente édition du Festival de la pièce courte nous avons présenté deux de nos propres spectacles, accueillis par la Grande Salle. Des troupes de Bucarest y ont également été invitées»



    Parvenu à sa XXe édition et organisé par le Théâtre Reine Marie d’Oradea, le Festival de la pièce courte est le seul événement consacré à la pièce en un seul acte et un des plus longévifs en Roumanie, puisqu’il existe depuis 1976. (trad. : Ioana Stancescu, Mariana Tudose)


  • Ils sont célèbres, ils sont Roumains – Andrei Serban

    Ils sont célèbres, ils sont Roumains – Andrei Serban

    « <>. (Le monde entier est un théâtre / Et tous, hommes et femmes, ny sont que des acteurs.) Shakespeare nous rappelle que nous sommes des acteurs ; c’est une invitation à nous demander, en toute modestie, qui nous sommes. Si nous ne le savions pas ou si nous l’avons oublié, nous découvrons que nous ne sommes pas le centre de l’univers. Nous sommes de simples acteurs sur une scène. Aussi, le théâtre ne concerne-t-il pas uniquement les comédiens qui font ce métier, il fait partie de la vie de chacun de nous et de nous tous. Qu’on le veuille ou non, on joue sans cesse des rôles. »



    C’est ainsi qu’Andrei Şerban, un des metteurs en scène roumains les plus connus à l’étranger commençait, il y a deux ans, sa conférence sur ce que c’est que de jouer un rôle.



    Né le 21 juin 1943 en Roumanie, Andrei Şerban a quitté le pays vers la fin des années ’60, grâce à une bourse offerte par Ellen Stewart en personne, directrice du théâtre « La MaMa » de New York, devenu une des plus importantes scènes du monde. Parmi les rencontres fatidiques de sa carrière compte celle avec l’actrice Meryl Streep, qui a joué, aux côtés d’Irene Worth et Raul Julia dans la pièce « La cerisaie », monté par Andrei Şerban en 1977 au Lincoln Center de New York.



    Le metteur en scène et réalisateur Peter Brook a également marqué l’évolution du jeune metteur en scène roumain, qui a passé une année à Paris, dans le centre de ce grand novateur de l’art du théâtre et du film. Andrei Şerban a aussi connu Jerzy Grotowski, qu’il a rencontré lors des tournées qu’il a faites à Zagreb et Wroclaw au début de sa carrière. Grotowski est un des plus grands metteurs en scène et théoriciens du XXe siècle, dont la pensée a apporté un souffle nouveau dans le monde du théâtre.



    En 2007, le metteur en scène Andrei Şerban démarrait, aux côtés de Corina Şuteu, la directrice, à l’époque, de l’Institut culturel roumain de New York, une série d’ateliers de création théâtrale, destinés notamment aux jeunes. Cette série d’événements s’intitulait « Académie itinérante ». Les ateliers étaient ouverts non seulement aux comédiens, metteurs en scène, scénographes et musiciens, mais aussi aux « jeunes d’esprit et aux autres professions ». Le livre sorti chez Nemira reconstruit l’image « mystérieuse » de l’Académie d’Andrei Şerban.



    Voici les propos du metteur en scène Andrei Şerban au sujet de l’essence de l’Académie itinérante : «Qu’est-ce qui nous manque? De quoi avons-nous besoin? C’est ce genre de questions qui s’est trouvé à l’origine de ces activités. Nous travaillons des matières et allons vers des directions différentes — certains vers le théâtre, d’autres dans d’autres domaines -, mais il manque quelque chose à chacun de nous. Nos besoins ne sont pas les mêmes. Par ailleurs, nous nous retrouvons tous dans ce désir de recherche.



    Ces ateliers peuvent aider la jeunesse — et là je pense à la jeunesse d’esprit — à grimper d’une marche. Ils ouvrent la voie vers une nouvelle éducation, dont nous autres, nous n’avons pas bénéficié. Les ateliers sont comme des cloches qui sonnent le réveil. Matisse affirmait que l’art ressemble à un fauteuil confortable. Ou à une drogue, ajouterions-nous. C’est dire qu’il a toutes les chances de nous endormir, de nous rendre passifs. Malheureusement, le théâtre est, aujourd’hui encore, un sédatif qui finit, à quelques exceptions près, par nous endormir. Il est grand temps de s’évader! ».



    Andrei Şerban a également révolutionné le monde de l’opéra par des idées de mise en scène novatrices. Sa carrière dans le domaine du théâtre lyrique l’a amené en contact avec de grand chanteurs — dont le ténor Placido Domingo — à l’Opéra de Vienne ou au Covent Garden de Londres.



    De nombreuses distinctions ont récompensé son activité au fil des années. Ainsi, en 1975, Andrei Şerban se voyait décerner le prix Obie pour la « Trilogie antique ». « La Cerisaie » qu’il a montée en 1977 a été nominalisée pour les Prix Tony. En 1999, l’Association des critiques de théâtre de Boston lui accordaient le prix Elliot Norton. La même année, la Société des metteurs en scène et chorégraphes lui décernait le prestigieux prix George Abbott, récompensant les artistes qui ont exercé une grande influence sur le théâtre du XXe siècle.



    Andrei Şerban s’est vu attribuer 3 titres de Docteur Honoris Causa. En décembre 2008, on lui décernait l’Ordre national « L’étoile de la Roumanie », la plus haute décoration roumaine. (trad. : Dominique)

  • La comédienne Caroline Gombe

    La comédienne Caroline Gombe

    Originaire de Ploieşti, ville du sud de la Roumanie, Caroline Gombe vit depuis 5 ans aux Etats Unis, où elle construit chaque jour sa carrière de comédienne. Après un master de deux ans à l’Université du Connecticut, Caroline joue dans des pièces de théâtre et des films, dans des séries télévisées, elle chante, danse, fait des vidéo-clips et des publicités.



    Diplômée de l’Université nationale de théâtre et de film de Bucarest, elle a tout de suite décroché un rôle dans le premier musical mis en scène en Roumanie : « Chicago », au Théâtre national de Bucarest. Elle a été, pendant 4 ans, la doublure d’un des personnages principaux, Velma Kelly, mais a également joué les rôles du maître des cérémonies et de Liz. Egalement présente dans « La Cerisaie » de Tchékhov, mais aussi dans Biloxi Blues de Neil Simon. Elle a débuté dans de petits rôles dans des films tournés par des maisons de production étrangères en Roumanie. Elle a eu le privilège de jouer dans Modigliani, avec Andy Garcia, mais aussi dans deux séries télévisées populaires en Roumanie.



    Comment tout cela a commencé? Caroline Gombe se raconte: « Avant d’être admise à la Faculté de théâtre, j’ai travaillé au Théâtre de Ploieşti. Pendant ce temps, j’ai joué dans quelques films pour la maison de production Atlantis, c’étaient des films français. Patrick Malachian, un des réalisateurs connus de M6, m’a posé la question pourquoi je ne me portais pas candidate à la Faculté de théâtre. C’est ce que j’ai fait et je suis aujourd’hui la première comédienne de couleur du théâtre roumain. « Chicago » a été un projet très téméraire, un très bon début dans ma carrière. J’ai joué aussi à Constanţa dans « Les sorcières de Salem » et c’est ainsi que j’ai trouvé ma voie vers l’Amérique. J’ai travaillé avec Gordon Edelstein, directeur du théâtre de New Haven, et avec le réalisateur Nic Ularu. C’est Nic qui m’a parlé des bourses de master aux Etats Unis ».



    2000 contre-candidats dans une salle immense de new York n’ont pas fait peur à Caroline. Après 7 entretiens, elle a obtenu des offres sérieuses de deux universités prestigieuses. Elle a choisi l’université du Connecticut, où, pendant deux ans, sa journée de travail était de 15 heures. « Etre boursier, cela veut dire aussi beaucoup de responsabilité et beaucoup de travail. Moi, je passais 15 heures par jour à l’université, ni plus ni moins. Ma journée durait de 9 h du matin à 9 h du soir. La bonne chose dans cette bourse, en dehors d’avoir été assistante et d’avoir appris à travailler avec les étudiants, c’est que dans le Connecticut, l’université est affiliée à un théâtre où les étudiants en master commencent à jouer dès le deuxième semestre de la première année. J’ai donc fait du théâtre tant que j’approfondissais mes études ».



    Nous avons demandé à Caroline Gombe si le fait d’être une actrice de couleur, originaire de Roumanie, avait influencé sa carrière d’une manière ou d’une autre. «Les rôles que j’avais joués en Roumanie relevaient surtout de mon côté exotique. Le théâtre roumain m’a poussée vers un certain type de rôles pour lesquels je lui suis reconnaissante et que j’ai chéris. En Amérique, j’ai l’occasion de développer un autre type de rôles, qui m’intéressent, et qui sont un tant soit peu orientés socialement. J’ai joué beaucoup de personnages d’Afrique que je n’aurais pas eu l’occasion de jouer en Roumanie, qui n’auraient pas intéressé ici, mais aux Etats Unis c’est courant. J’aime et j’ai toujours aimé m’orienter vers cette zone, je crois en le but du théâtre d’éduquer et d’attirer l’attention sur les différents aspects de la société ».



    Après la fin de son master à l’université du Connecticut, elle a commencé à participer à différents castings pour différents rôles. Même si tous les castings ne se sont pas concrétisés en rôles, chaque rencontre avec ceux qui recrutent de jeunes talents est une bonne chose. Elle a participé à un casting pour « Orange Is the New Black », une des séries télévisées en vogue aux Etats Unis, sans décrocher de rôle. Elle a tenté sa chance aussi avec Nickleodeon et fait partie du casting de Alien Dawn. Elle dit que le fait de ne pas être titulaire d’une « green card » (carte de séjour avec permis de travail) ne l’empêche pas de jouer dans des productions à succès, au théâtre comme au cinéma. « Il y a des studios aux Etats Unis qui regardent à deux fois avant de travailler avec une personne qui n’est titulaire que de l’AEA, au lieu d’avoir la green card. Cette green card est une formule beaucoup plus facile pour travailler. Le visa pour des capacités extraordinaires vous limite dans certaines choses. Il y a des postes et des compagnies avec lesquelles vous ne pouvez pas travailler. En fin de compte, ce qui est important, c’est qui souhaite travailler avec vous. Tout un chacun sait que dans le monde de la télévision, il est très difficile de travailler sans green card. Moi, j’ai réussi. Je l’ai vraiment fait. On demande un niveau de professionnalisme, d’expertise et d’expérience qui doivent être construits en plusieurs années, il faut avoir une carrière solide et qui vous offre des bénéfices; après, les gens avec lesquels vous entrez en contact sont enchantés que vous puissiez postuler pour une green card. Les 5 premières années, c’est très difficile de faire ça. Le temps aidant, vous apprenez et vous gagnez ».



    Vous pouvez lire des articles sur Caroline Gombe dans les archives du New York Times, mais aussi dans « Ruined », une pièce de théâtre de Lynn Nottage, gagnante du prix Pulitzer pour la dramaturgie en 2009. Après le rôle de Sophie, dans « Ruined », elle est devenue membre de l’Union des comédiens des Etats Unis, et compte parmi les seuls étrangers acceptés dans cette organisation. Vous pouvez également la voir dans un clip vidéo du groupe Byron, tourné en 2011. Elle commencera bientôt une campagne de promotion pour un nouveau film d’après un texte de Matei Vişniec. Nous aurons encore l’occasion d’en reparler. Jusqu’alors, vous pouvez la trouver sur son site : www.carolinegombe.com

  • E-Theatrum

    E-Theatrum

    Catalina Biholar est une jeune journaliste de Suceava, qui a trouvé une alternative au fait d’aller au théâtre. C’est aux côtés d’une équipe de professionnels du son et de l’image que la jeune journaliste filme des pièces de théâtre inaccessibles pour différentes raisons aux passionnés de théâtre. Certes, les Roumains de la diaspora comptent parmi les principaux bénéficiaires. Catalina Biholar raconte l’histoire de e-theatrum : «L’idée m’est venue lorsque je me trouvais en voiture, avec mon ami, Cezar Paun. Je rentrais du théâtre de Botosani et je me dirigeais vers Suceava, une ville qui n’a pas de théâtre. On s’est dit d’amener la culture plus près des gens qui n’ont pas accès à l’infrastructure que présuppose une telle forme de culture. Et ce parce que la ville de Suceava ne dispose même pas d’une salle de théâtre, mais seulement d’un foyer culturel. Et on est arrivé à la conclusion qu’il serait plus facile d’avoir recours à Internet, grâce auquel les Roumains de l’étranger, soit une partie importante de notre public, pourraient en bénéficier aussi. On filme notamment les spectacles des théâtres nationaux du pays mais aussi ceux des troupes de comédiens débutants ou indépendantes. Dans la plupart des cas, on filme avec le public dans la salle. On utilise 5 caméras haute fidélité et puis on passe au montage ; on filme aussi dans les coulisses, où le public n’a pas accès, on fait des interviews avec les comédiens, les metteurs en scène ainsi qu’un teaser qui permette au public de choisir le spectacle. Enfin, on poste le film sur Internet. »



    Les pièces de théâtre peuvent être regardées aussi sur les Iphones ou smartphones avec connexion Internet, ainsi que sur les tablettes ou les ordinateurs portables. Toutefois, si on regarde les spectacles sur un ordinateur portable, il serait préférable de le brancher à la télé par HDMI, afin d’obtenir une image plus grande. Combien coûte un billet à une telle représentation? Catalina Biholar répond : «A présent, les abonnements ne sont pas fonctionnels ; ils le seront bientôt. Pour l’instant, si on veut regarder un spectacle sur le site e-theatrum.com, on utilise le système pay per view, ce qui veut dire que l’on paye pour une diffusion et le spectacle peut être regardé à chaque fois que l’on souhaite. Le prix d’un billet au e-theatrum équivaut à celui des billets meilleur marché des théâtres classiques, soit 3 dollars et 99 centimes, l’équivalent de 14 lei. Les théâtres reçoivent une partie des recettes, aux termes d’un contrat passé avec eux. Pratiquement, on est une sorte d’agence qui vend des billets à leurs spectacles. »



    4 spectacles sont actuellement disponibles sur le site e-theatrum.ro mais l’équipe s’est proposé de télécharger vers l’amont un par semaine : « Une demande en mariage de Tchékhov est le spectacle le plus prisé par le public — c’est une comédie filmée au théâtre de Botosani ; c’est d’ailleurs le premier spectacle enregistré par nous. S’y ajoute un autre, toujours de Tchékhov, « l’Ours », ainsi qu’une adaptation très intéressante d’après Schiller, « Marie Stuart » qui a un décor tout à fait inédit, avec des escaliers et des lumières, et très peu de personnages. C’est une très bonne adaptation qui dure deux heures. Une autre pièce à retrouver sur notre site est celle d’un groupe de jeunes acteurs débutants de Suceava, une petite comédie printanière. On l’a choisie afin de montrer à d’autres débutants que e-theatrum peut être un tremplin de lancement pour eux aussi ».



    Nous avons demandé à Cătălina Biholar comment les directeurs de théâtre les avaient accueillis, s’ils n’avaient pas craint de perdre leur public, séduit par la perspective de rester à la maison confortablement calé dans son fauteuil : « Certains n’ont pas compris combien grande est cette opportunité. Cette formule offre une très grande visibilité. Cela me rappelle qu’il y a quelques années, lorsqu’on a diffusé à la télé une pièce à l’affiche sur Broadway, les gens se sont rendus dans la salle de théâtre pour la voir de près. Les habitants de Bacau continuent d’aller au théâtre pour se régaler de la pièce Marie Stuart, mais pour ceux qui habitent ailleurs, dans le pays, comme à l’étranger, le fait d’avoir accès à ce spectacle sur Internet est vraiment une grande chance. »



    Le projet a démarré en province, mais il va bientôt investir les théâtres de la capitale et d’autres grandes villes du pays, réputées pour la qualité de leurs représentations : « Nous allons progressivement inclure des spectacles montés à Bucarest. Nous envisageons de mettre sur la toile deux spectacles du dramaturge Matei Vişniec, avec qui nous collaborons dans le cadre de ce projet. Ce sont deux pièces inédites, dont l’une s’appelle Uşa, la Porte. L’autre, ce sera quelque chose de vraiment unique pour la Roumanie. Nous entamons l’année 2014 avec deux nouveaux spectacles de Matei Vişniec, avec une approche tout à fait inédite. Nous avons également pensé aux enfants et aux parents. Voilà pourquoi le prochain spectacle que nous filmons est celui de Braşov. Un spectacle pour enfants, du théâtre de marionnettes, pour que les parents puissent aller ailleurs, éventuellement dans une salle de spectacle. Nous espérons que chacun des spectacles montés par les grands théâtres du pays arriveront sur e-theatrum, qu’il s’agisse de pièces mises en scène par Alexandru Dabija à Piatra Neamţ ou écrites par Matei Vişniec. Nous attendons aussi les suggestions du public roumain ou étranger relatives aux spectacles qu’il souhaiterait voir. Je ne sais pas si quelqu’un ose penser à la pièce Faust qui se joue à Sibiu, mais on va voir… »



    Si ça vous dit d’aller à la découverte de la dramaturgie roumaine, vous n’avez qu’à consulter le site e-theatrum.ro… (trad.: Mariana Tudose, Alexandra Pop)

  • Le théâtre « Anton Pann » de la ville de Râmnicu Vâlcea

    Le théâtre « Anton Pann » de la ville de Râmnicu Vâlcea

    « Je ne crois pas qu’il existe au monde un autre théâtre neuf, élégant, doté d’équipements ultra-modernes, comme celui-ci, dans une ville de 120 mille habitants. Je vais signaler ce cas absolument unique aussi à l’Institut international de théâtre ». Cette affirmation a été faite par le patriarche de la scène roumaine, le comédien Radu Beligan (qui a fêté en 2013 son 95e anniversaire) ; il se référait au Théâtre « Anton Pann », de la ville de Râmnicu Vâlcea (centre-sud de la Roumanie), une institution artistique sur laquelle ont mis leur empreinte des metteurs en scène réputés, tels Silviu Purcărete ou Alexandru Dabija.



    Le Théâtre « Anton Pann » en tant qu’institution professionnelle est né au mois de mai 1990, mais il continue une tradition artistique locale plus que centenaire. Dans les années 1960 — 1980, le théâtre dit « populaire » de la ville de Râmnicu Vâlcea a été une des troupes d’amateurs les mieux cotées du pays. « Il campiello » (le Carrefour) de Goldoni, dans la mise en scène de Silviu Purcărete est un des meilleurs spectacles de la période plus récente.



    La direction du théâtre est assurée depuis plus d’une décennie par le metteur en scène Adrian Roman, qui a beaucoup rajeuni la troupe : « Depuis plusieurs années déjà, nous essayons de faire baisser la moyenne d’âge des comédiens. Quand j’ai assumé la direction du théâtre, en 2000, j’ai tenu à professionnaliser cette troupe, et j’ai commencé en invitant à nous rejoindre de jeunes diplômés de l’école de théâtre de Craiova. Ensuite, il y a deux ans, je me suis tourné vers Cluj, d’où j’ai fait venir ici la moitié des jeunes formés par Miklos Bacs, un professeur et un être humain que j’admire. Il inculque à ses étudiants une attitude extraordinaire envers le travail et la scène, une attitude que je n’ai pas rencontrée chez d’autres jeunes comédiens. Il y a eu aussi trois autres jeunes formés par Miriam Cuibus et aujourd’hui nous avons une troupe de 15 comédiens, 10 jeunes et 5 anciens. »



    Des metteurs en scène, tels Cristi Juncu ou Vlad Massaci, qui avaient déjà rencontré ces jeunes magnifiques, comme les appelle leur directeur, sont spécialement venus à Vâlcea, afin de travailler avec cette équipe. Adrian Roman : « J’essaie de faire venir ici des metteurs en scène qui affectionnent le théâtre « Anton Pann » et qui, de ce fait, y reviennent constamment. Ce ne sont pas les plus grands, car ils sont chers à embaucher. Ceux qui travaillent avec notre troupe viennent ici pour le plaisir et acceptent nos honoraires, parce que le théâtre est beau, on y travaille bien, à la différence d’autres troupes, notamment de Bucarest, nos comédiens sont logés à l’intérieur du théâtre, donc ils sont toujours là. En été, nous organisons des ateliers professionnels. Notre bâtiment a aussi une très belle salle de répétitions et une très belle terrasse. Ceux qui nous ont rendu visite et les ont vues ont promis de revenir avec des projets intéressants. Nous voulons créer une équipe qui impose une évolution bien précise. »



    L’évolution en question est ciblée sur un certain public, qui n’est pas difficile à deviner. Le metteur en scène Adrian Roman, directeur du théâtre « Anton Pann » de Râmnicu Vâlcea : « Nous ciblons principalement le public jeune. J’ai pu constater que des comédiens jeunes attirent un public jeune, parce qu’ils ont aussi bien l’ouverture d’esprit que la mobilité nécessaire, en province surtout, où les gens bougent peu. Nos concitoyens ont compris que le théâtre « Anton Pann » a une bonne équipe, qui produit de bons spectacles. Nous avons également une troupe de théâtre de poupées et marionnettes, qui propose des spectacles pour enfants ; les petits apprennent ainsi à venir au théâtre, à apprécier cet art, et cela restera dans leurs esprits à l’âge adulte aussi ; nous formons, pour ainsi dire, notre public. »



    Effectivement, le metteur en scène Cristi Juncu s’est profondément attaché à la compagnie « Anton Pann » de Râmnicu Vâlcea. L’automne dernier, il y a créé « La trilogie de Belgrade » de Biljana Srbljanovic, un spectacle touchant sur le quotidien des immigrants à Prague, à Sydney et à Los Angeles. Une dizaine de très jeunes comédiens du théâtre montent sur scène dans cette production. Parmi eux, Vlad Bârzanu, diplômé de 2012 de la Faculté de théâtre de l’Université Babeş-Bolyai de Cluj (centre-ouest) de la Roumanie. Juste après être sorti de l’école, Vlad Bârzanu a été nommé au Prix du meilleur espoir masculin de l’Union théâtrale roumaine (UNITER), pour le rôle Flaut (Flûte) du « Songe d’une nuit d’été » de Shakespeare, mis en scène par Botos Bálint au théâtre « Anton Pann ».



    Tandis que le monde artistique roumain est divisé par un débat sur le statut des comédiens indépendants et celui des comédiens en CDI dans les théâtres d’Etat, Vlad Bârzanu préfère son emploi stable et sans surprises : « Cela me convient, en tout premier lieu parce que j’appartiens à une équipe que j’aime beaucoup et que je connaissais d’ailleurs bien avant d’arriver à Râmnicu Vâlcea parce que nombre de ses membres ont été mes collègues d’université. En plus, je trouve qu’il est rassurant de se trouver dans une position bien claire, notamment de nos jours quand de nombreux comédiens sortent chaque année de toutes les universités théâtrales du pays tout en ignorant quelle voie ils pourraient suivre. Pour moi, c’est très bien comme ça — je me trouve près de Bucarest, je peux suivre mes cours, finir mon master. Les choses s’agencent à merveille ! »



    Pour son nouveau spectacle à Râmnicu Vâlcea, « La trilogie de Belgrade », Vlad Bârzanu parle un peu sur scène de sa propre condition aussi. La pièce est un récit de vie — les personnages racontent à ceux qui sont restés en République serbe, la vie de ceux qui l’ont fuie pour diverses raisons, liées notamment à la situation politique et aux conditions de vie dans le pays. La pièce est un triptyque de conversations téléphoniques à l’occasion du réveillon du Nouvel An, des conversations entre ces immigrants et leurs proches, des monologues sur leurs réussites vraies ou fausses, leur isolement ou leur mal du pays.



    Vlad Bârzan : « Je n’ai pas tant réfléchi au rôle de l’immigrant, qu’à la relation avec mon frère, qui a lui aussi quitté le pays. J’ai travaillé tout d’abord à ce niveau personnel et je suis ainsi arrivé aux gens qui vivent dans un pays étranger, qui ne sont plus chez eux, qui sont seuls, sans amis, loin de ceux qui leur sont chers. Pour un comédien, un tel rôle est difficile mais très beau, parce qu’il offre la possibilité de travailler sur les nuances et de faire passer nombre de choses au public. Après tout, à mon avis, presque chacun d’entre nous a été dans une telle situation, à un moment de son existence — loin de chez lui, sans certitudes pour le lendemain, avec un travail qui lui déplaît mais sans alternative, dans une situation dont la seule certitude est le mal du pays. En quelque sorte, je suis moi-même dans ce cas de figure… Moi, je suis originaire de Baia Mare (nord-ouest de la Roumanie), j’ai fait mes études universitaires à Cluj et maintenant je vis ici, dans le sud du pays… Je suis donc assez loin de chez moi, je suis un petit immigrant, on va dire. Bien sûr, mon cas n’est pas du tout grave, mais a fait travailler mon imagination. »



    Le théâtre « Anton Pann » de Râmnicu Vâlcea a non seulement une troupe très jeune. Il n’a investi ses locaux actuels qu’au 25 septembre 2009, date de l’inauguration de ce premier édifice spécialement conçu pour un théâtre professionnel du département de Vâlcea. Avec ses deux salles, un amphithéâtre extérieur et ses dotations dernier cri, le Théâtre « Anton Pann » dispose d’un des outils les plus modernes et fonctionnels du secteur artistique roumain. Qu’il promet d’utiliser pleins feux… (trad. : Ileana Taroi, Andrei Popov)

  • La 6e édition du festival Temps d’images

    La 6e édition du festival Temps d’images


    Théâtre, danse, vidéo — Temps d’images, c’est un festival ciblé sur la mission sociale de l’art. Miki Branişte est la présidente de l’Association ColectivA et directrice du festival : «Le Festival a démarré d’une manière un peu différente en 2008 et je crois que la direction actuelle s’est dessinée avec le temps. Trois éditions se sont avérées nécessaires pour nous rendre compte où nous en sommes. Un déclic s’est produit en 2011. Les mouvements sociaux dans le monde arabe m’ont beaucoup touchée. Je me suis rendu compte que l’on était témoins de moments très importants et que les changements qui avaient lieu allaient mettre leur empreinte sur l’histoire. C’est pourquoi notre démarche devrait refléter, à l’aide des artistes invités, ce moment crucial pour notre avenir. C’est pourquoi les thèmes abordés relèvent plutôt du domaine social, des changements économiques et politiques qui nous concernent tous. Je pense que l’art peut proposer une perspective nouvelle sur ce que nous considérons d’habitude comme un travail de Sisyphe ».



    Déroulé en novembre, à Cluj, dans le centre-nord du pays, le Festival, à sa 6e édition en Roumanie, a une histoire plus longue dans le paysage européen. Sa création en 2002, on la doit à la chaîne de télévision ARTE et à la Ferme du Buisson — La scène nationale Marne-la-Vallée de France. Le long des années, le projet Temps d’images, soit un festival de théâtre, danse et images photo et vidéo s’est élargi à 10 pays, – Belgique, Estonie, France, Allemagne, Italie, Portugal, Pologne, Roumanie, Hongrie et Turquie.



    Chaque édition du festival organisée en Roumanie a proposé des thèmes différents, s’inspirant des réalités sociales et renvoyant tous à un fil rouge. Miki Braniste : «Si en 2012, le festival a parlé de l’avenir, en 2013 le sujet central a été la solidarité. Les discussions, l’année dernière, avec les artistes et le public ont abouti à la conclusion que l’on ne peut rien faire dans ce monde si on est seuls, et qu’il faut agir ensemble. Je me rends compte qu’il faut aller au delà du concept de solidarité et chercher les causes pour lesquelles on pourrait être solidaires. J’aimerais par exemple inviter des artistes du Japon, un pays confronté à présent à des questions liées à l’écologie. Je pense que ce thème de l’écologie dont l’art traite très peu sera désormais un sujet très important pour nous tous ».



    Le thème de la solidarité s’est donc retrouvé dans tous les événements organisés dans l’édition actuelle du Festival Temps d’images. La directrice Miki Braniste nous en donne quelques exemples: « On a organisé beaucoup de débats qui ont réuni artistes roumains et étrangers, producteurs et directeurs de festivals étrangers. Bien que chacun d’entre eux ait fait le point sur la situation dans son pays, on a bien vu qu’il y avait un problème global et qu’on avait tous besoin de solidarité. C’est un thème qui préoccupe aussi le public. En attestent les retours reçus. Ces débats, on peut les poursuivre à Cluj, même après le Festival, afin de convaincre les gens à assumer leur rôle de citoyens ».



    C’est toujours sur la solidarité que porte le spectacle de danse « Parallel » réalisé par Ferenc Sinkó et Leta Popescu avec à l’affiche les danseuses Lucia Marneanu et Kata Bodoki-Halmen. Un véritable coup de cœur pour le critique de théâtre Oana Stoica: « C’est une représentation qui s’ouvre sous les auspices de la danse contemporaine pour finir sous celles du théâtre. Le spectacle s’interroge notamment sur l’identité, le lesbianisme, la façon dont les hommes et les femmes se regardent les uns les autres au sein d’une société en proie aux clichés et préjugés. Le spectacle parle de tous ces stéréotypes à travers lesquels on a appris à juger l’autre et s’attaque notamment à la sensualité et la sexualité. C’est une production très forte qui place sur le devant de la scène deux artistes dont l’évolution n’a rien à voir avec ce qui se passe d’habitude sur les scènes de Roumanie. Elles arrivent à intégrer la danse et le texte, très poétique d’ailleurs, dans leurs gestes. Concrètement, elles bougent, tout en mettant un fort accent sur les paroles. En dansant en parallèle dans deux espaces différents créés sur la même scène, les deux artistes marquent le passage de l’identité féminine à celle masculine. Or, cette métamorphose s’avère traumatisante, comme par exemple le moment où elles bandent leurs seins de scotch pour annuler leur féminité. Une image très dure et pénétrante pour le public ».



    La sélection du Festival Temps d’Images «a mis en évidence la spécificité actuelle du théâtre roumain: c’est-à-dire des textes à caractère social inspirés des réalités contemporaines », selon le critique Oana Stoica qui nous parle de ce que le festival a de particulier: «Il met en lumière les problèmes de la société en s’interrogeant là-dessus. L’artiste soulève certains problèmes, en insistant sur les vices de la société. Il pose des questions, sans offrir cependant des solutions. Car, finalement, ce n’est pas à lui de le faire, il doit juste de mettre les points sur les i. Je crois que le public a besoin d’une telle approche, vu qu’il se retrouve devant une forme verbalisée de tous ces problèmes qu’il ne sait pas les exprimer tout seul. Je dirais que l’art et le théâtre de Roumanie devraient se pencher davantage sur les tracas des gens de la rue pour en parler plus directement en renonçant aux métaphores »…(trad. : Ioana Stancescu, Alexandra Pop)


  • Le Festival national de théâtre 2013

    Le Festival national de théâtre 2013

    Le spectacle qui a ouvert la 23e édition du Festival national de théâtre et qui a bénéficié, d’ailleurs, du plus grand nombre de représentations dans ce festival a été « Les Troyennes », d’après Euripide, monté par le très connu metteur en scène Andrei Şerban. Ce spectacle, Andrei Şerban l’a réalisé pour la première fois en 1974, à New York, sur la scène du théâtre « La MaMa ». En 1990, il était mis en scène avec les comédiens du Théâtre national de Bucarest, en tant que partie médiane de la « Trilogie antique » ayant marqué, symboliquement, la renaissance du théâtre roumain.



    En 2012, Andrei Şerban a repris « Les Troyennes », cette fois-ci avec les chanteurs de l’Opéra national de Iaşi. Pourquoi, Andrei Şerban ? « C’est que Beatrice Rancea, nommée à la tête de l’Opéra de Iaşi, avait fait partie, dans les années ’90, de l’équipe du Théâtre national de Bucarest où j’ai monté pour la première fois cette tragédie. Et elle a gardé la nostalgie de cette Trilogie, qu’elle voulait reprendre, d’une façon ou d’une autre. Pourquoi à l’Opéra ? Parce que « Les Troyennes » sont une sorte d’opéra, joué et chanté par les acteurs. Cette fois-ci, les personnages sont joués par des musiciens professionnels : chanteurs et cantatrices, chœur et solistes de l’Opéra de Iaşi, qui ont été ravis de vivre cette expérience tout à fait différente de ce qu’ils font d’habitude. Cela a été également une expérience pour les jeunes spectateurs, qui n’étaient pas encore nés en ’90. Certains d’entre eux apprennent à l’école ce qu’a représenté cette Trilogie, entrée aussi bien en Roumanie qu’aux Etats-Unis dans l’histoire du théâtre. »



    Andrei Şerban estime que « Les Troyennes » trouvent très bien leur place dans le contexte social actuel : « C’est une tragédie écrite il y a 2.500 ans, mais qui est universelle. Je pense que toutes les périodes sont marquées par des tensions, dans ce qui se passe sur la scène, on peut trouver des références à ce que la liberté ou la prison signifient sur le plan social ou sur un plan purement humain — car il existe en nous-mêmes une prison et un désir de liberté. Ces deux mots sont extrêmement présents dans le spectacle et les spectateurs qui l’ont vu il y a 20 ans et sont revenus le revoir maintenant, ont affirmé — à ma grande joie — qu’il a la même force, la même vitalité, la même fraîcheur qu’en ’90. »



    Le public de l’édition 2013 du Festival national de théâtre, achevée le 3 novembre, a pu voir en avant-première, pour ainsi dire, le spectacle qui sera présenté en 2014, dans la sélection officielle du Festival d’Avignon, en France, et qui est inclus dans la saison du Théâtre national de Bruxelles.



    Le spectacle, appelé « Solitaritate » – Solitarité et signé par Gianina Cărbunariu, est le fruit d’une collaboration du Théâtre national « Radu Stanca » de Sibiu et du Théâtre national de la communauté française de Bruxelles avec le Festival de théâtre d’Avignon, dans le cadre du projet européen Cities on stage / Villes en scène. « Solitaritate » s’inspire des réalités roumaines, pourtant, ses symboles se retrouvent, sous une forme ou une autre, dans tout espace social du XXIe siècle. Gianina Cărbunariu: « Ce sont des symboles spécifiquement roumains, mais je pense qu’aujourd’hui, le monde entier est confronté aux mêmes problèmes: nationalisme, rejet des valeurs autres que celles traditionnelles, problèmes d’identité. Je ne me suis pas proposé de montrer la Roumanie mais de monter un spectacle à partir de choses que je connais. Il me semble que la question du nationalisme découle de la volonté d’affirmer une identité et, le plus souvent, de l’affirmer beaucoup trop fort, de manière agressive, violentant les autres. Solution perdante à cour, moyen et long terme. C’est plutôt le manque de solidarité qui m’a intéressée — et pas uniquement en Roumanie. Je souhaite poser des questions au public, aux acteurs et à moi-même : Pourquoi ne sommes-nous pas capables d’être solidaires ? Pourquoi ne sommes-nous pas capables d’obtenir ensemble certaines choses ? Ou pourquoi les moments de solidarité sont-ils si rares ? Car ils existent. Il nous faut trop de temps pour nous rendre compte que nous pouvons réaliser des choses si nous unissons nos forces, à un moment donné. »



    Dans section « Les acteurs au premier plan » du Festival national de théâtre a figuré un spectacle impossible à oublier, ne serait-ce que grâce au texte : « Illusions », sur un texte écrit par le dramaturge russe contemporain Ivan Vyrypaev. Ce spectacle, mis en scène par Cristi Juncu raconte une histoire de vie écrite et interprétée avec beaucoup de réalisme. Le comédien Andi Vasluianu raconte comment il a vécu la rencontre avec le texte de Vyrypaev : « Lorsque Cristi Juncu me l’a envoyé pour le lire, je lui ai dit qu’il me semblait terriblement difficile à réaliser. Et non seulement du point de vue du jeu des acteurs. Je me suis posé beaucoup de questions concernant le public, s’il est préparé pour accepter ce texte. Car ce spectacle dépend beaucoup du public, de sa capacité d’accepter et de suivre cette histoire. Ce qui m’a ému, moi, dans cette histoire, c’est l’illusion de la vie. Combien de fois nous tombons dans le piège de cette illusion, combien de fois nous avons l’impression que nous savons de quoi il s’agit et, en fait, une seule phrase peut nous changer la vie. Une phrase qui peut être une illusion, un mensonge. C’est cela, ce texte. »



    Lors de la cérémonie de clôture de la 23e édition du Festival national de théâtre organisé par l’Union théâtrale de Roumanie (UNITER) du 25 octobre au 3 novembre, l’Association internationale des critiques de théâtre a accordé le prix du « Théâtre de demain » au spectacle « Un tramway nommé désir » de Tennessee Williams, mis en scène par Andrei et Andreea Grosu, une production UNTEATRU de Bucarest. (trad.: Dominique)