Tag: Transylvanie

  • Cluj-Napoca

    Cluj-Napoca

    Une ville à notoriété internationale

     

    Cluj-Napoca, une des villes les plus grandes de la Roumanie, a gagné de la notoriété au niveau international grâce aux festivals de musique Untold et Electric Castle, deux événements qui attirent des touristes du monde entier. Mais la ville a aussi une histoire riche et du patrimoine qui la rendent attrayante tout au long de l’année. Il faut aussi mentionner le fait que, pendant les 18ème et 19ème siècles, Cluj a été, en alternance avec Sibiu, la capitale administrative de la principauté de Transylvanie. En plus, Cluj est un important centre économique et universitaire de la Roumanie.

     

    Nous avons choisi pour guide aujourd’hui Bogdan Stanciu, qui est un habitant de cette ville, ancien journaliste et auteur de nombreux reportages de voyage. Nous avons appris pourquoi cette ville importante de la Transylvanie reste attirante même pendant les jours froids d’hiver.

     

    Plein d’expositions intéressantes

     

    Bogdan Stanciu : « Dans cette période, une visite à Cluj peut nous intéresser du point de vue des espaces intérieurs. Je parle surtout des musées : précisément durant cette période il y a plusieurs expositions très intéressantes. Donc, pour ceux qui adorent l’art et la culture, c’est le moment propice pour venir à Cluj. Je commencerais par l’exposition L’Univers de Dalí, qui est arrivée à Cluj après avoir été présentée à Bucarest et qui nous propose une collection de 170 objets d’art signés par le célèbre artiste. Il s’agit de lithographies, art graphique, gravures, sculptures et miniatures en or et diamant. Cette exposition est abritée par la Maison Hintz. La Maison Hintz est un édifice historique de Cluj à l’intérieur duquel une pharmacie a fonctionné pendant des centaines d’années. Ces dernières années, la maison a été restaurée, si bien qu’aujourd’hui on y trouve un très intéressant musée de la pharmacie au rez-de-chaussée. Ensuite, il faut mentionner Le musée du nouvel art immersif (Museum of Immersive New Art, MINA), qui a été ouvert à Cluj l’année passée. Celui-ci est le plus grand musée d’art immersif d’Europe, s’étendant sur une superficie de 4.000 m², et il offre une expérience très intéressante parce que dans cet espace on peut se plonger, pour ainsi dire, dans les œuvres des grands artistes plasticiens ».

     

    A visiter absolument : le Musée National d’Histoire de la Transylvanie

     

    Bogdan Stanciu nous présente aussi le Musée National d’Histoire de la Transylvanie, où se trouvent quelques expositions incontournables :

    « Au Musée d’Histoire de la Transylvanie, il y a une exposition de trésors inestimables, en or, des trésors datant de la période des invasions. Les organisateurs affirment que c’est l’exposition la plus précieuse de l’entière existence de cette institution, parce qu’elle comprend des pièces du trésor de Șimleul Silvaniei, qui ont été rapportées des musées de Vienne et de Budapest. Ce trésor a appartenu à une élite de la population gépide, mais, ayant été découverte pendant la période de l’occupation austro-hongroise de la Transylvanie, les pièces se trouvent à présent dans des musées de Vienne et de Budapest – les capitales de l’ancienne Autriche-Hongrie. Le trésor a été rapporté temporairement à Cluj et on y a ajouté des pièces du trésor de Pietroasele, connu sous le nom de « La Poule d’or et les poussins », et des pièces en or des tombeaux d’Apahida. Cette exposition sera ouverte tout au long de l’année, mais les pièces du trésor qui sont arrivées de Budapest quitteront Cluj au mois de mars parce qu’elles seront exposées ailleurs. Toujours au Musée National d’Histoire de la Transylvanie, je voudrais mentionner le lapidaire qui médiéval et prémoderne, lui aussi inauguré en 2024. C’est une collection sans précédent en Roumanie, surtout du point de vue de la présentation. On y trouve des éléments qui proviennent de différents monuments en style romain, gothique et Renaissance du territoire de la Transylvanie, de même qu’une série de sculptures baroques. Par exemple, on y a apporté plusieurs sculptures du Palais Banffy de Bonțida. »

     

    Bâti à la fin du 17ème siècle et surnommé « le Versailles de la Transylvanie », le Palais ou Château de Banffy est en cours de restauration, mais il fonctionne quand même comme espace pour le festival de musique Electric Castle.

     

    Autres espaces culturels

     

    Et la liste des espaces culturels de Cluj n’est pas terminée.

    Bogdan Stanciu : « Je vais achever cette énumération des expositions temporaires des musées de Cluj avec un événement qui a lieu au Musée Ethnographique de la Transylvanie, proposant aux visiteurs une série d’objets de la collection de l’ethnographe Téglás István, qui a beaucoup étudié la sorcellerie et les sortilèges dans les communautés romes de la Transylvanie au 19ème siècle et a ramené des objets auxquels on a attribué des qualités magiques. Je voudrais mentionner encore deux musées plus petits, privés, qui méritent bien d’être visités : le Musée Steampunk et le Muzeon, c’est-à-dire le musée de l’histoire des Juifs de Cluj. »

     

    A part les musées, les édifices religieux de Cluj sont tout aussi impressionnants. Parmi eux un des plus importants de Roumanie est la Cathédrale Catholique de Saint Michel, qui se trouve sur la place centrale de Cluj et dont la construction a commencé en 1316. Puis, la tour de l’horloge, érigée au 19ème siècle, qui mesure 80 m de haut, est la seconde plus haute tour de l’horloge de Roumanie. L’accès des visiteurs à l’intérieur de la tour est permis quelques jours par an seulement. Cet objectif touristique et beaucoup d’autres endroits intéressants de Cluj peuvent être découverts et explorés lors des circuits à pied. (trad. Catalina Balan)

  • Les chants de Noël dans la tradition roumaine

    Les chants de Noël dans la tradition roumaine

    Chaque année, dans les villages de Roumanie et de République de Moldova, quelques jours avant la fête de la Nativité du Jésus Christ (le 25 décembre dans la plupart des pays de culture chrétienne, mais le 6 janvier en Arménie et le 7 janvier en Russie, Serbie, Géorgie et sur le Mont Athos), des groupes de jeunes se rassemblent. Ils se sont déjà préparés pour un rituel qui remonte à la nuit du temps. Parfois, des enfants les accompagnent aussi, portant une étoile en papier. Le groupe se rend de maison à maison pour chanter des chansons traditionnelles. Après avoir chanté, les hôtes offrent à chacun de la nourriture ou de l’argent. En roumain, cette coutume s’appelle « colindat » et les chants « colinde ». Mais que chante-t-on à cette période des fêtes ? En plus de « réveiller » les hôtes pour les annoncer la bonne nouvelle de la Nativité du Christ, les chanteurs font de vœux de bon augure : que les hôtes aient une nouvelle année pleine de riches récoltes, ou que leurs jeunes filles se marient l’année à venir. Mais comment cette tradition est-elle née et comment est-elle arrivée sur le territoire de la Roumanie actuelle et de la République de Moldova ? Aujourd’hui nous vous invitons à découvrir l’histoire des chants de Noël. Dans les minutes suivantes, nous vous proposons de suivre leurs racines préchrétiennes, leur développement dans l’Antiquité tardive et au Moyen-Âge, dans l’espace du christianisme occidental ou de Byzance, ainsi que leurs premières attestations en Roumanie et République de Moldova.

     

    Des racines depuis l’Antiquité

     

    Le nom des chants de Noël, « colinde » en roumain, est d’origine latine et provient du mot latin « calendae », lui-même dérivé du verbe « calare », qui veut dire « annoncer, donner des nouvelles ».

     

    L’histoire des chants de Noël plonge ses racines dans l’Empire romain, dans sa période préchrétienne. Les Romains appelaient « calendae » les premiers jours de chaque mois. A cette occasion, ils organisaient des festivités en l’honneur de certains dieux, allant de maison en maison et chantant une sorte de chants rituels à caractère sacré. Cette coutume était également pratiquée au début ou à la fin de l’année agricole, et même en automne, pendant la période des récoltes. En particulier, les festivités des « calendae » de janvier étaient très connues et dédiées à l’ancien dieu latin, Ianus Geminus, celui aux deux visages.

     

    Il faut préciser que la célébration de la Nativité n’avait pas toujours lieu le 25 décembre. En fait, jusqu’au milieu du quatrième siècle, les chrétiens fêtaient la Nativité le même jour que la Théophanie, c’est-à-dire le 6 janvier. Ce n’est qu’au milieu du IVe siècle que l’Eglise a établi la date du 25 décembre comme jour de célébration de la fête de la Nativité, afin d’effacer le souvenir d’une grande fête païenne dédiée au culte solaire. L’histoire racontée par les Evangile est chantée dans les chants de Noël. L’ange Gabriel a annoncé à Marie qu’elle donnerait naissance à un garçon et qu’elle l’appellerait Jésus, car il serait le fils de Dieu et régnerait sur Israël pour toujours.

     

    C’est ainsi que les vieux chants païens ont été christianisés, leurs textes étant liés à l’histoire biblique, notamment à l’incarnation et à la naissance de Jésus Christ, adoré comme Fils de Dieu incarné et Sauveur du monde. Le chemin des « calendae » aux chants de Noël a donc été parcouru en plusieurs siècles.

     

    Des « calendae » aux cha nts de Noël

     

    Signifiant « Jésus, brille sur tous » en latin, « Jesus refulsit omnium » est l’un des chants de Noël les plus anciens. Il a été attribué à saint Hilaire de Poitiers (ca. 315-368). L’hymne décrit les mages porteurs de cadeaux arrivant de l’est pour trouver le nouveau-né Jésus. Un autre chant également provenant du quatrième siècle est « Du cœur du Père engendré », en latin « Corde natus ex parentis », du poète romain Aurelius Prudentius (348-405/413).

    Des sources datant du 9e et 10e siècles font référence aux chants de Noël dans des monastères d’Europe du Nord. Bernard de Clairvaux (ca. 1090-1153) a composé une séquence de strophes rimées. Toujours au 12e siècle, le moine parisien Adam de Saint-Victor a utilisé la musique des chansons populaires, introduisant quelques séquences pour des chants de Noël.

     

    « Orientis Partibus », également connu sous le nom de « La fête de l’âne », est un chant français de la fin du 12e siècle. Il est attesté dans le manuscrit Edgerton 2615, qui a été produit à Beauvais, en France, vers le deuxième quart du 13e siècle, très probablement entre c. 1227 et c. 1234. Ce chant a été écrit pour être joué dans le cadre de la « Fête de l’âne », qui avait lieu chaque année le 14 janvier pour célébrer la fuite de Joseph, Marie et de leur enfant Jésus en Egypte. Un détail intéressant est sa composition en deux langues différentes. Les strophes du chant sont en latin, mais le refrain est en français.

     

    Des sources écrites vers le 13e siècle font référence aux chants de Noël sur les territoires d’Italie, d’Allemagne ou bien de la France d’aujourd’hui. Ils peuvent être apparus sous l’influence de François d’Assise (1181-1226), qui les a également introduits dans les services religieux. Ils ont également été utilisés dans des pièces de théâtre. En Angleterre, au 15e siècle, 25 chants de Noël étaient publiés pour Noël et chantés de maison à maison, une coutume préservée jusqu’à aujourd’hui.

     

    Dans le monde byzantin, les sources les plus anciennes et accessibles avec des références aux chants de Noël datent du 11e siècle. Le chant « Le Dieu éternel est descendu », « Άναρχος Θεός καταβέβηκε », est le chant de Noël byzantin le plus ancien dont les vers comme la musique sont connus. Il est associé à la ville de Kotyora sur la mer Noire (aujourd’hui Ordu, en Turquie). Presque tous les chants de Noël sont écrits en utilisant le vers commun appelé « dekapentasyllabos » (soit un iamb de 15 syllabes avec une césure après la 8ème syllabe), ce qui signifie que leur formulation et leurs airs sont facilement interchangeables. Cela a donné naissance à un grand nombre de variantes locales dans les régions de la Grèce d’aujourd’hui, mais aussi des pays des Balkans actuels, dont certaines parties se chevauchent ou se ressemblent souvent dans les vers, la mélodie ou les deux. Néanmoins, leur diversité musicale reste très large : par exemple, les chants de Noël de la région d’Epire sont strictement pentatoniques, à la manière des polyphonies pratiquées dans les Balkans, et accompagnés de clarinettes et de violons. De l’autre côté, sur l’île de Corfou, par exemple, le style est une polyphonie harmonique tempérée, accompagnée de mandolines et de guitares. D’une manière générale, le style musical de chaque chant suit de près la tradition musicale séculaire de chaque région.

     

    Les chants de Noël sur le territoire actuel de la Roumanie

     

    Sur le territoire de la Roumanie, il n’y a pas de données exactes connues pour attester de l’âge des chants de Noël. Les références les plus anciennes remontent au 17e siècle. Un document datant de 1647 fait mention du pasteur Andreas Mathesius, provenant du village de Cergăul Mic, dans le département d’Alba d’aujourd’hui, en Transylvanie, qui se plaint d’une coutume courante parmi les Roumains orthodoxes : il s’agissait d’aller chanter de maison en maison la nuit de Noël. Un autre témoignage sur les chants de Noël de Munténie apparaît au même siècle : dans ses notes de voyage, l’archidiacre Paul d’Alep précise que la coutume des chants de Noël était pratiquée aussi bien la veille de Noël que le jour de Noël, lors des foires en Munténie. Des chanteurs, accompagnés de violoneux, annonçaient la naissance de Jésus. En ce qui concerne la région de la Moldavie, le souverain moldave Dimitrie Cantemir (1673-1723), dans son œuvre Descriptio Moldaviae (en latin « La description de la Moldavie »), fait référence à la tradition des chants de Noël. Dans un autre ouvrage, appelé La Chronique de la vieillesse romano-moldo-valaque, le même auteur émet une hypothèse intéressante sur l’origine du refrain « Leru-i Ler », présent dans beaucoup de chants même aujourd’hui, le reliant au nom de l’empereur romain Aurélien (215-275). Alors, depuis le 17e siècle, dans les trois principautés roumaines, les sources attestent que les chants de Noël étaient une tradition déjà bien enracinée.

     

    Un premier recueil de chants de Noël a été réalisé au 17e siècle, à la fin d’un livre appelé « Catavasier » (soit un livre de culte du rite byzantin utilisé dans l’Eglise orthodoxe, qui contient les hymnes de la Résurrection et d’autres chants des vêpres des samedi soir et des matines du dimanche, en suivant les 8 voix utilisés dans le chant byzantin) imprimé à Râmnic, en 1747. Les chants de Noël insérés étaient précédés d’une brève note explicative : « Là, à la fin du livre, on met aussi les vers que les enfants chantent lorsqu’ils marchent avec l’étoile, le soir de la Nativité du Christ. Et, cher lecteur, sache que ce que tu liras et tu compteras concernant la poétique nous avons imprimé comme nous les avons trouvés, comme les gens les chantaient ».

     

    A part l’annonce de la Nativité du Seigneur, les chants de Noël ont aussi le rôle de formuler des vœux de santé, d’abondance et de paix pour la nouvelle année.

     

    Présents dans toute la tradition chrétienne, les chants de Noël illustrent certains aspects de la vie du Jésus Christ sur terre. Certains parlent de la joie de Sa Nativité, tandis que d’autres rappellent aussi des événements tristes qui, selon la Bible, ont eu lieu après la naissance de Jésus. Parmi eux, la mise à mort des 14 000 bébés par le roi Hérode.

     

    Sur le territoire de la Roumanie, les chants de Noël sont très variés.

     

    Beaucoup commencent avec la prière des chanteurs souhaitant être accueillis dans la maison des hôtes ou récompensés pour leur effort de voyager de maison en maison par mauvais temps et de chanter. D’autre chants rappellent aussi l’hôte parti à la chasse, racontent les aventures des chasseurs, du berger et de la bergère, des filles, des garçons, des familles, du Nouvel An, et de l’agriculture.

     

    Dans les dernières décennies, le travail minutieux de folkloristes, théologiens et musicologues s’est achevé par la composition de nombreux recueils de chants de Noël. Reconnaissant la valeur inestimable des chants de Noël roumains, ainsi que la tradition des chants de Noël en groupe, en 2013 l’UNESCO a inclus cette ancienne coutume dans le patrimoine immatériel de l’humanité.

     

  • Le tourisme actif en Roumanie

    Le tourisme actif en Roumanie

    Grâce à ses paysages exceptionnels et à la diversité des activités en plein elle qu’elle propose, la Roumanie attire chaque année de plus en plus de touristes en quête d’aventure. Les Carpates sont une destination très prisée pour la randonnée, l’alpinisme et l’escalade et disposent de nombreux chemins et itinéraires de différents niveaux de difficulté. Les passionnés de cyclisme peuvent explorer les montagnes et sentiers pittoresques de Transylvanie ou bien découvrir la route des vins à vélo. En hiver, les stations de ski ouvrent leurs portes aux amateurs de la glisse. Bref, les sports et activités en plein air sont l’occasion idéale de découvrir la Roumanie, ses traditions et son patrimoine naturel.

     

    Ana Voican confectionne et fait la promotion d’offres touristiques axées sur ce type d’activités en Roumanie. Elle organise par ailleurs des évènements pour les passionnés du tourisme actif. Ecoutons-là :

     

    “Je pense que la Roumanie est une destination idéale pour ce type de tourisme car elle a beaucoup à offrir. D’abord de par sa richesse géographique extraordinaire, qui permet de découvrir le pays tout au long de l’année, grâce à de nombreuses activités. Eté comme hiver, quelle que soit la saison ou la région, vous trouverez toujours de quoi vous occuper. Par exemple, tant qu’il n’y a pas de neige, vous pouvez encore parcourir l’itinéraire pour vélo de Dealul Mare, jusqu’à proximité de Bucarest, où se trouvent de nombreuses exploitations viticoles. L’itinéraire est facile d’accès et parcourt 20 km, avec seulement 200 m de dénivelé, ce qui le rend accessible aussi bien aux adultes qu’aux enfants. Vous pouvez aussi visiter les attractions touristiques de la région, faire une halte sur la route des vins pour une petite dégustation, pour partager un brunch et faire la fête, entre amis ou en famille.”

     

    Quelles offres pour le tourisme actif en hiver ?

     

    Dès les premières chutes de neige, les stations de ski sont la destination idéale pour les amoureux de la glisse. La Roumanie compte environ 300 pistes homologuées et propose de nombreuses activités et sports d’hiver. Ana Voican poursuit :

     

    “ Les pistes sont généralement inaugurées début décembre et sont ouvertes aux amateurs de ski et de snowboard. Vous pouvez vous rendre dans les stations de la vallée de la Prahova, ou bien du côté de Straja et Păltiniș, où sont généralement organisés tout au long de l’hiver des fêtes et des concours en tout genre. Et la bonne nouvelle, c’est que nous faisons la fête de jour comme de nuit pour ceux qui souhaitent aussi profiter des pistes sous la lumière des étoiles. C’est aussi l’occasion de découvrir les traditions roumaines de Noël, avec les décorations, les cantiques que l’on appelle Colinde, sans oublier la visite du père Noël. La journée, vous pouvez vous promener pour découvrir les joyaux de la région. J’ai personnellement un petit faible pour les offres SPA dont je fais aussi la promotion et qui rencontrent un franc succès. Băile Herculane, Băile Felix, Băile Govora, pour n’en citer que quelques-unes, sont des destinations très appréciées pour leurs bains et eaux thermales, mais on peut aussi profiter de la nature environnante, aller observer les oiseaux, découvrir la faune et la flore locales, le tout en restant en mouvement, ce qui, nous le savons, aide aussi à se détendre et se relaxer.”

     

    Et pour le reste de la famille ?

     

    Pour ceux qui souhaitent partager ce genre d’aventure sportive en famille, la Roumanie propose aussi des forfaits avec activités et évènements à destination de petits et grands, comme nous l’explique Ana Voican :

     

    “ J’adore le tourisme actif, c’est mon domaine de prédilection ! Je recommanderais en ce moment un séjour à Băile Balvanyos, dans le cadre d’une offre quatre étoiles avec un accès au SPA, à la piscine intérieure et extérieure. Ce type de séjour est aussi parfait en famille, avec les enfants. Les paysages sont magnifiques dans cette région. On peut aussi y faire de la luge ou participer aux activités en plein air organisées pour les vacances. Finalement on dispose d’une large palette d’activités pour une expérience inoubliable ! “

     

     

    La randonnée, à pied ou en vélo, c’est toujours rigolo

     

    La saison des randonnées à pied ou en vélo débute quant à elle au printemps, en même temps que les événements, comme nous le raconte Ana Voican :

     

    Avec cette saison débute celle des sports et activités nautiques comme le rafting ou le kayak qui peuvent être combinés dans un même forfait. Pour l’été, nous avons préparé un festival pour les familles avec enfants, du 6 au 9 juin, dans les Monts de Buzau. Quatre jours durant, nous profiterons des nuits étoilées, en roulotte, au glamping ou à la belle étoile selon les préférences de chacun, avec de nombreuses activités organisées en plein air. L’idée est de s’éloigner du tumulte de la ville pour se détendre au milieu de la nature avec les enfants, pour se reconnecter au monde, mais aussi pour s’amuser, évidemment. Nous organiserons des ateliers créatifs, ludiques, nous observerons les étoiles pour tenter de distinguer les différentes constellations, nous nous réunirons autour d’un feu et organiserons des concerts. Je pense qu’il y a beaucoup à faire et les gens sont très demandeurs de ce genre d’activités.

     

    La Via Transilvanica, la plus longue galerie d’art au monde

     

    La Via Transilvanica, « la route qui unit », est un itinéraire touristique de 1 400 kilomètres qui traverse la Roumanie en diagonale et qui est conçue pour la randonnée, le cyclisme et l’équitation. La route est balisée par des bornes peintes, des panneaux indicateurs et une borne en andésite sculptée individuellement à chaque kilomètre. Ces bornes forment peut-être la plus longue galerie d’art au monde et accompagnent les voyageurs tout au long de la randonnée, comme nous l’explique Ana Voican :

     

    “Je voudrais m’attarder un peu sur un projet très apprécié, qui mérite d’être mentionné. Il s’agit de la Via Transilvanica, pour laquelle on a beaucoup investi dans la signalisation, que l’on peut parcourir à pied ou à vélo sur certains tronçons. Elle est splendide et mérite d’être visitée car elle donne une image complète de la Roumanie ! Nous avons rencontré des touristes étrangers. La première chose qu’ils nous ont dite lorsqu’on leur a demandé « pourquoi avez-vous choisi la Roumanie comme destination », c’est que la Roumanie est sauvage. Ils ont accès à des animaux qu’ils ne voient pas seulement à la télévision ou dans les magazines, mais qu’ils voient de leurs propres yeux lorsqu’ils parcourent nos sentiers, des choses qu’ils ne peuvent pas voir dans leurs propres pays.

     

    Ana Voican, promotrice du tourisme actif en Roumanie et organisatrice d’événements, explique que la plupart des touristes à la recherche de ce genre d’activités viennent des Pays-Bas, du Danemark, d’Allemagne, voire même des États-Unis. À l’ère du numérique, où nous sommes toujours les yeux rivés sur nos écrans, il est très appréciable de pouvoir déconnecter pour renouer avec la nature et ses bienfaits.

  • Sibiu et ses environs

    Sibiu et ses environs

    Cibinium en 1191

     

    Située dans le sud de la Transylvanie, Sibiu est une destination importante pour les circuits touristiques et culturels en Roumanie. Mentionnée pour la première fois en 1191 sous le nom de Cibinium, la ville s’est développée dans une zone assez stratégique, près du col de Turnu Roșu sur la vallée de l’Olt, qui reliait à l’époque la Valachie à la Transylvanie. Entre les XIIIe et XVIe siècles, quatre ceintures de fortifications ont été construites. À la fin du XVIIe siècle, Sibiu comptait 39 tours de défense, et à l’intérieur de la citadelle, une activité commerciale et artisanale intense s’y était developée. Le développement ultérieur de la ville a nécessité la démolition d’une partie des fortifications, mais de nombreux bâtiments anciens ont été préservés et peuvent être admirés encore aujourd’hui.

     

    Le centre historique de Sibiu, le plus grand site médiéval de Roumanie, est délimité par les vestiges des quatre ceintures de fortifications, à l’intérieur desquelles se trouvent trois places historiques : la Piața Mare – soit la Grand- Place, la Petite Place (Piața Mică) et la Place Huet. Parmi celles-ci, la Grand-Place a été mentionnée pour la première fois en 1411 comme un marché de céréales, avant de devenir, à commencer par le XVIe siècle, le centre de l’ancienne citadelle.

     

    Des activités pour tous

     

    Alin Chipăilă, président de l’Association du Tourisme du Département de Sibiu, nous a lancé l’invitation de visiter cette ville notamment en automne. Il nous a evoqué également les fêtes de fin d’année :

    «  Il y a de nombreuses activités pour les touristes, y compris les préparatifs que nous faisons pour les fêtes de fin d’année. A la mi-novembre s’est ouvert notre fameux Marché de Noël, qui est beaucoup plus grand et offrira bien plus de surprises que les années précédentes pour ceux qui nous rendent visite. Chaque week-end, chaque jour, Sibiu est animé par des événements culturels, que ce soit des conférences, des expositions, des pièces de théâtre ou des spectacles, de sorte que tous les jours on peut profiter pleinement des richesses de notre cité médiévale. »

     

    Les Palais de Brukenthal

     

    C’est sur la Grand-Place de Sibiu que se trouve également le Musée de Brukenthal, ouvert en 1817, seulement sept ans après l’ouverture de la National Gallery de Londres. Le musée est aménagé dans le Palais Brukenthal, un édifice en style baroque. Il a été fondé par le baron Samuel Brukenthal, gouverneur de Transylvanie de 1777 à 1787, et comprenait initialement près de 1 100 peintures de sa collection personnelle. Toujours dans le centre historique de Sibiu, plus précisément sur la Petite Place, se trouve le Musée d’Histoire de la Pharmacie, avec une collection d’objets spécifiques des XVIe – XIXe siècles. Le musée est situé dans un bâtiment du XVIe siècle, qui a avait accueilli une des plus anciennes pharmacies de Sibiu.

     

    Astra, un musée unique en plein air

     

    Alin Chipăilă, président de l’Association du Tourisme du département de Sibiu, nous a recommandé également une attraction particulière située à proximité immédiate de la ville :

    Si vous vous rendez à Sibiu, il faudrait absolument franchir la porte du Musée en plein air Astra, qui est en réalité une miniature de la Roumanie traditionnelle. Le musée s’étend sur une superficie de 130 hectares. En plus des activités que vous pouvez y découvrir, liées à la gastronomie ou aux métiers traditionnels, vous pourrez explorer les paysages et les maisons traditionnelles à l’architecture emblématique de chaque région de la Roumanie ”

     

    A découvrir dans les environs

     

    Sibiu, ancienne Capitale Européenne de la Culture en 2007, possède effectivement de nombreuses attractions touristiques. En même temps, il est tout à fait recommandable de faire aussi une excursion dans ses environs pendant votre séjour. Par exemple, Mărginimea Sibiului, qui regroupe 18 localités avec des maisons d’hotes et des fermes traditionnelles adaptées pour accueillir les touristes, est une région qui mérite également d’être visitée pour ses traditions, son patrimoine culturel et surtout pour son offre gastronomique, avec de nombreux plats à base de lait et de viande de mouton, l’élevage des moutons étant une des activités traditionnelles de cette région.

     

    Voilà, l’invitation a été faite ! En espérant que vous allez bientôt découvrir la ville de Sibiu et ses alentours, afin de vous immerger dans la culture et les traditions typiques de Transylvanie, nous vous disons bientôt pour une nouvelle destination !

    (Trad. Rada Stanica)

  • La famille Rațiu

    La famille Rațiu

    Une des plus anciennes et respectées familles nobiliaires de Transylvanie

     

    La famille Rațiu (Rațiu de Noșlac de la ville de Turda) est une des plus anciennes et respectées familles nobiliaires de Transylvanie, son histoire remontant au XIVème siècle. Originaire de la commune de Noșlac, dans l’actuel département d’Alba (centre de la Roumanie), la famille Rațiu est déjà mentionnée dans des documents officiels à l’époque de l’empereur Sigismond de Luxembourg (1368-1437). A travers le temps, la famille a reçu plusieurs titres de noblesse, la branche de Turda descendant de Ștefan Rácz de Nagylak (Noșlac), anobli par le prince de Transylvanie à Alba Iulia en 1625. En fin de compte, elle est restée la seule ancienne famille noble roumaine de Turda (ville aristocratique hongroise, au nord-est de la Roumanie actuelle), toutes les autres étant magyarisées et disparaissant graduellement de l’histoire. La famille a donné plusieurs personnalités importantes dans l’histoire des Roumains, tels que Basiliu Rațiu (prêtre grec-catholique) ou bien Ioan Rațiu (figure de proue de la révolution de 1848, avocat et homme politique, président du Parti national roumain et un des auteurs du document intitulé « Le Mémorandum de Transylvanie »). Le nom Rațiu est étroitement lié à la lutte pour les droits des Roumains de Transylvanie et pour la préservation de leur identité nationale face aux politiques d’assimilation.

     

    Ion Rațiu (1917-2000)

    L’histoire récente de la famille a été marquée par la personnalité d’Ion Rațiu (1917-2000). Né dans la ville de Turda, dans le département de Cluj, il s’est fait remarquer en tant qu’homme politique, avocat, diplomate, homme d’affaires, écrivain et journaliste, représentant du parti appelé national paysan (Țărănesc – PNȚ) à l’entre-deux-guerres et devenu au début des années 1990 le Parti national paysan chrétien-démocrate (PNȚCD). Entre 1940 et 1990, Ion Rațiu a vécu en Grande Bretagne, où il a fondé, avec son épouse Elisabeth, en 1979, la Fondation Rațiu (The Rațiu Family Charitable Foundation), pour promouvoir et soutenir des projets éducatifs et de recherche de la culture et de l’histoire de la Roumanie. La fondation a un programme annuel de bourses d’études.

     

    Après son retour en Roumanie en 1990, Ion Rațiu s’est directement impliqué dans la refondation du PNȚ, ultérieurement PNȚCD, aux côtés de Corneliu Coposu (1914-1995), autre figure politique importante de l’histoire de l’après-révolution anticommuniste de décembre 1989). Lors des élections de 1990, le candidat à la présidence de la Roumanie Ion Rațiu a obtenu près de 5% des suffrages, arrivant troisième à la fin du scrutin. Plus tard, il a remporté un mandat de député. En 1991, Ion Rațiu a fondait le journal Cotidianul – premier journal privé d’après 1989.

     

    Ion Rațiu, candidat à la fonction présidentielle juste après la chute du communisme

     

    Pamela Rațiu, descendente de la famille et présidente de la Fondation Rațiu, a parlé de l’héritage d’Ion Rațiu, notamment de sa candidature à la fonction présidentielle:

    «  Lorsque l’on rencontre des gens  qui ont consacré une grande partie de leur vie à faire des choses positives, pour leur pays ou pour leurs semblables, c’est un véritable honneur de les accompagner, de les écouter et d’essayer d’assimiler un maximum de leur expérience de vie. Je comprends bien pourquoi les gens ont été tellement impressionnés par lui et je crois que c’est quelque chose d’incroyable de voir dans les manifs des gens qui portent son portrait. Moi, je crois qu’il a été le plus grand, le meilleur président que la Roumanie n’a jamais eu et je crois aussi fortement que cela est devenu son héritage. Personnellement, je crois aussi que s’il avait réussi à être élu président, il aurait été empêché de réaliser tout ce qu’il aurait pu faire. Il aurait pu mettre en œuvre des changements en profondeur, mais il aurait été rendu impuissant, comme tant d’autres leaders, par ceux autour de lui. Donc, puisqu’il n’est pas devenu président, il s’est transformé en un modèle à suivre, il nous a légué un héritage positif, à la différence de ceux qui détenaient le pouvoir à cette époque-là. »

     

     

    La Fondation Rațiu a développé, par le biais du Forum Rațiu, un partenariat avec le London School of Economics IDEAS ThinkTank. Le Forum Rațiu, qui travaille sur des programmes pour la Roumanie et la région des Balkans, est une plateforme de débats libres sur la démocratie et ses défis dans la région des Balkans. Le Forum rassemble des académiciens, des praticiens et des citoyens roumains qui partagent des idées et des connaissances concernant la dissémination et le soutien des libertés démocratiques en Roumanie et dans les pays voisins.

     

    Des programmes d’éducation législative pour les jeunes 

     

    Le Centre pour la démocratie Rațiu / The Rațiu Democracy Center fait lui aussi partie de l’héritage culturelle d’Ion Rațiu. Son objectif est de promouvoir les valeurs de la démocratie parmi les jeunes par le biais d’initiatives ciblées sur les élèves et les étudiants.

    Il s’agit notamment de programmes d’éducation législative, qui encouragent les jeunes à comprendre et à exercer leurs droits et responsabilités civiques, explique Pamela Rațiu :

     

    « Ce que nous essayons de faire c’est de suivre le chemin ouvert par Ion Rațiu. Tout autour de la famille. Nos pas sont différents, en fonction de notre travail et de nos partenariats respectifs. Mais nous revenons aux valeurs de la famille et à la possibilité, à la chance que nous avons de faire venir cette expérience de toute l’Europe Centrale et Orientale et des Balkans en Roumanie. »

     

    Ion Rațiu a été une figure de proue de la démocratie sur la scène politique roumaine d’après décembre 1989. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Viscri, un village charmant au coeur de la Transylvanie

    Viscri, un village charmant au coeur de la Transylvanie

    Nous nous rendons aujourd’hui dans l’un des villages les plus connus de Roumanie, visité et apprécié tant par les touristes roumains que par les touristes étrangers.

     

    Le village de Viscri du département de Brașov est devenu populaire en Europe après que le roi Charles du Royaume-Uni y a acheté une propriété. La localité fait partie du Patrimoine Mondial de l’UNESCO, elle figure dans des guides touristiques internationaux et elle a fait également l’objet de nombreux reportages dans la presse roumaine et internationale.

     

    Ses principales attractions : la maison du Roi Charles et l’église fortifiée saxonne

     

    Viscri se trouve à 80 km de Brașov et à 40 km de Sighișoara, aux alentours de la commune de Bunești. Ses origines remontent au XIIe siècle, lorsque des Sicules – un groupe ethno-linguistique de langue hongroise présent essentiellement en Transylvanie – s’y sont installés pour défendre la frontière orientale du royaume. Ces derniers ont construit une église en calcaire blanc verdâtre, qui a donné son nom à la localité en hongrois et en allemand. Quelques années plus tard, les Sicules ont été déplacés dans les régions appelées aujourd’hui Covasna et Harghita, et des paysans saxons d’origine germanique ont pris leur place. Malgré une isolation de plus de 800 ans, le dialecte saxon reste similaire à celui du Luxembourg et il est encore utilisé par les habitants allemands du village.

     

    Visite guidée de la Maison du Roi Charles de Viscri

     

    Ruxandra Cernat, productrice de l’émission « La Roumanie Infinie », a visité et adoré la région. Elle nous a fait plusieurs recommandations.

    « A mon avis, Viscri est vraiment un endroit à visiter au moins une fois dans sa vie. Tout d’abord, la Maison du Roi Charles, maison saxonne traditionnelle, a rouvert ses portes au public. Vous pouvez y voir la chambre du roi, des photos de l’ancienne propriétaire, et vous promener dans le potager. Les légumes sont plantés bénévolement par les enfants de la région, et vous pouvez cueillir tout ce que vous désirez, en laissant, si vous le souhaitez, une petite donation à la billetterie. La visite guidée est gratuite et la guide est extraordinaire. A l’entrée, dans la cour, il y a des panneaux avec des photos des familles royales roumaine et britannique, expliquant les liens de sang et historiques entre le Roi Charles et la Roumanie. En plus de la visite de la maison et de la beauté de cet endroit, vous pourrez découvrir un herbier, comme ceux que nous faisions dans notre enfance. Sauf que celui-ci coûte environ 13 000 livres sterling et ressemble à un imposant manuscrit médiéval, contenant toute la flore spontanée de la région, photographiée, dessinée, peinte et archivée. Une salle est également réservée à des expositions de photographie ou de peinture, avec vente, présentant des artistes liés à des événements de l’histoire du pays ou à des familles nobles roumaines. Ensuite, le chemin monte doucement vers l’église fortifiée. La rue est bordée de très belles maisons et aux portes, les habitants vous attendent avec toutes sortes de produits : fruits, fromages, de l’eau de vie du type « țuică » ou « palincă », confitures, mais aussi des vêtements traditionnels et des tissus. ”

     

    Des visites guidées peuvent être organisées sur les pistes cyclables de la région, ainsi que des randonnées en chariot, des dégustations de confitures faites maison, des dégustations de vins ou de palincă (eau-de-vie faite maison) et des randonnées en forêt. Voilà, l’invitation a été lancée ! En espérant vous retrouver à Viscri prochainement, à bientôt pour une nouvelle destination ! (Trad. Rada Stanica)

  • La citadelle de Feldioara

    La citadelle de Feldioara

    Aujourd’hui nous nous trouvons au centre de la Roumanie, dans le département de Braşov, où nous vous invitons à visiter Cetatea / la Citadelle de Feldioara, qui se dresse dans la commune homonyme. Construite au XIIIème siècle, la citadelle de Feldioara était la plus importante fortification réalisée par les chevaliers teutoniques en Transylvanie. Monument classé, mais dans un état de forte dégradation, elle a été complètement restaurée après 2013.

     

    Une citadelle construite par les chevaliers teutoniques 

     

    Georgiana Gămălie, administratrice de la Citadelle de Feldioara, nous a lancé une invitation:

    « Ça vaut le coup de découvrir une citadelle qui était en ruines il y a une dizaine ou douzaine d’années et qui renait pratiquement telle qu’elle était au XVIIème siècle. Son histoire remonte loin dans le temps, puisque les fouilles archéologiques effectuées pendant les travaux de restauration ont mis en évidence des traces d’habitations depuis le Néolithique, l’époque dace et jusqu’à la période médiévale, lorsque les colons saxons arrivent dans la région. Présents eux-aussi dans la zone durant quatorze ans, au début du XIIIème siècle, les chevaliers teutoniques ont baptisé notre commune Marienburg, un nom que la communauté saxonne continue à employer de nos jours. Ce nom se traduit par la Ville de Marie, car la Sainte Vierge était la protectrice des chevaliers teutoniques. Nous avons donc ici un monument historique, mais aussi un espace vivant, dont le contenu culturel d’une grande valeur est apprécié aussi bien par les gens des lieux que par les visiteurs. La belle saison nous permet d’organiser de très nombreux événements, tels qu’un festival médiéval, des festivals du film avec des projections sur le grand mur de la citadelle, ou encore des concerts de musique classique. En bas de la citadelle, vous allez trouver une zone de parking, pour y laisser vos voitures avant d’emprunter à pied le petit chemin pavé qui mène à l’enceinte. Là, dans un périmètre ouvert, vous allez voir des morceaux de murailles de l’église et du monastère cistercien. Trois tours érigées au nord, à l’est et à l’ouest, accueillent des expositions d’histoire, d’archéologie et d’ethnographie, les objets exposés étant donnés par des habitants roumains et saxons de la région. La petite Tour du Nord abrite aussi des modules interactifs que nous devons à un projet intitulé  « La capsule de culture » mis en œuvre il y a quelques années par l’association Forum de Brașov. »

     

    Des expositions à l’intérieur de la citadelle

     

    Georgiana Gămălie a aussi ajouté:  « La cour de la citadelle accueille actuellement une très belle exposition de céramique, « Toucher la mémoire », proposé par un artiste connu, Vlad Basarab. C’est une exposition spéciale, selon nous, car l’artiste a réussi à se connecter à l’histoire des lieux et à l’actualité de la citadelle. L’auteur exprime son propre message lié à la mémoire et au livre. Les visiteurs malvoyants peuvent toucher les objets exposés et se verront proposer des ateliers de modelage au début du mois de septembre. »

     

    Les événements accueillis par Feldioara

     

    L’événement « Les Chevaliers teutoniques sont de retour à la citadelle de Feldioara / Cavalerii Teutoni se întorc în cetatea Feldioara » est arrivé à sa douzième édition et le mois de septembre y apportera les concerts organisés dans des églises fortifiées du Pays de Bârsa. Sachez aussi que l’appli « România atractivă » fonctionne aussi comme un audio-guide en plusieurs langues et présente en réalité virtuelle l’ancien monastère cistercien. La citadelle Feldioara y est trouvable sur la Route des citadelles fortifiées / Ruta Cetăţilor Fortificate. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Le château des Corvin, une légende au cœur de la Transylvanie

    Le château des Corvin, une légende au cœur de la Transylvanie

    L’un des plus beaux châteaux du monde

     

    Le château de Corvin est le monument le mieux préservé de l’architecture gothique, civile et militaire de l’Europe centrale et du sud-est. Situé dans l’ouest de la Roumanie, cet imposant édifice est l’une des principales attractions touristiques de la région. Au fil des ans, le château de Corvin est entré dans de nombreux palmarès à travers le monde : l’un des plus beaux châteaux du monde, mais aussi l’un des plus terrifiants. Ainsi, l’édifice de Hunedoara présente différentes facettes qui ne demandent qu’à être découvertes par les visiteurs, explique Sorin Tincu, directeur du musée du château de Corvin.

     

     « L’histoire du château commence au XIVe siècle, en relation étroite avec celle du fer, un métal qui a défini l’existence de cette commune depuis sa création. En effet, le nom allemand de Hunedoara est Eisenmarkt, en français, Marché du fer. Ainsi, au XIVe siècle, sur le site actuel du château, il existait une petite fortification avec une seule tour de défense, de forme triangulaire, et directement liée à l’exploitation du fer dans la région, mais aussi à l’existence d’un noble qui finit par posséder le domaine de Hunedora. En 1409, le roi Sigismond de Luxembourg cède cette forteresse à un noble roumain nommé Voicu, en raison des nombreux services qu’il avait rendu au roi hongrois. »

     

    Des débuts historiques encore flous

     

    À l’heure actuelle, il n’existe aucune information prouvant attester que le château de Corvin a été bâtit par ce Voicu. A l’inverse, il y a fort à parier que son fils, Ioan de Hunedoara, ait débuté la construction de ce que nous appelons aujourd’hui le château de Corvin, poursuit Sorin Tincu.

     

    « Cette construction s’est déroulée en deux phases. Dans la première, Ioan de Hunedoara a étendu la fortification avec sept nouvelles tours de défense. La particularité de l’architecture militaire transylvanienne réside dans les tours circulaires. Ces tours, que l’on retrouve surtout dans l’Europe du XVe siècle, semblent être arrivées en Transylvanie avec la construction du château de Corvin et à l’époque à laquelle Ioan de Hunedoara a vécu. Après la mort de ce dernier, la construction a été poursuivie par son fils cadet, Mathias Corvin, qui a érigé l’une des premières manifestations de la Renaissance transylvaine. Il s’agit du corps appelé Logia Mattia. Le troisième et dernier grand bâtisseur du château a vécu au XVIIe siècle, il s’agissait du prince de Transylvanie, Gabriel Bethlen, qui construisit une série de bâtiments militaires et civils. »

     

    Une architecture unique et une structure bien conservée

     

    Selon Sorin Tincu, directeur du musée du château de Corvin, l’itinéraire de la visite conduit d’abord le touriste à la cour des hussards. Pour y accéder, il faut traverser le ruisseau Zlaști. Sorin Tincu :

     

     « La traversée de ce ruisseau se fait par un ancien pont-levis qui, dans le passé, avait un segment mobile. En cas de danger, il était relevé. L’itinéraire se poursuit jusqu’à la nouvelle tour d’entrée. C’est également là que se trouve le côté obscur du château, avec la prison et le bastion de torture situés à gauche et à droite du château. Des informations historiques mentionnent également l’existence d’un pilori dans ce secteur. De là, le visiteur est conduit au rez-de-chaussée de la Loggia Mattia, où il reçoit une description générale du château, puis entre dans la cuisine de la garnison, et de là sur une terrasse défendant le pont, avec une vue imprenable sur la cour des hussards et les environs du château. »

     

    Après avoir visité ces différentes salles, le visiteur descend l’escalier qui mène à la cour intérieure du château, d’où il atteint la salle des chevaliers, peut-être l’une des salles les plus emblématiques du château de Corvin, récemment restaurée. Vous ferez alors connaissance avec l’une des légendes du château, nous raconte Sorin Tincu :

     

    « Après la salle des chevaliers, le visiteur arrive à la fontaine monumentale, dont la légende est bien connue. Elle raconte l’histoire de la construction de ce puits par trois prisonniers turcs qui ont travaillé pendant 15 ans en creusant dans le calcaire pour atteindre la nappe phréatique. Cependant, à la fin de leur mission, ils n’ont pas été libérés comme ils le souhaitaient, mais ont été exécutés. L’un d’entre eux aurait alors écrit sur les murs du château, comme le raconte la légende, “L’eau que tu as, le cœur que tu n’as pas”. De la fontaine, le visiteur peut se rendre au lapidaire gothique, où l’on peut admirer un certain nombre d’éléments gothiques retirés des murs du château lors de sa restauration au 19e puis au 20e siècle. Ensuite se trouve la terrasse d’artillerie ou le bastion des munitions, une autre construction du 17e siècle, ainsi que la grotte des ours. Il s’agit d’une petite cour du château. Une légende sanglante raconte que des ours y étaient autrefois gardés et que les prisonniers amenés au château leur servaient de nourriture. »

     

    Un lieu historique mais aussi culturel

     

    Tout au long de l’année, et surtout pendant la saison estivale, les visites du château sont animées par des événements hauts en couleurs. En 2024, le calendrier des événements est riche, comme nous l’explique Sorin Tincu, directeur du musée du château de Corvin :

     

     « Je laisserai de côté les événements plus modestes comme les vernissages d’expositions itinérantes qui sont également très fréquents, pour me concentrer sur les événements de grande envergure comme ceux qui ont lieu en mai, juin et août. Il s’agit notamment du Salon européen des châteaux, pour lequel nous sommes déjà en train de nous préparer. La Nuit des Musées aura quant à elle lieu le 18 mai. Cet événement attire plus de 20 000 visiteurs à la Cour des Hussards. Un événement tout aussi important est la fête médiévale qui a lieu à la fin du mois d’août et qui rend hommage au personnage de Ioan de Hunedoara. Nous organisons également un certain nombre d’événements plus modestes, tels que la Journée de la robotique médiévale, au cours de laquelle des étudiants passionnés de robotique et d’histoire se rencontrent au château de Corvin dans le cadre d’une véritable compétition entre le Moyen-Äge et la modernité. Enfin, l’année se termine  par un concert de chants de Noël dans la chapelle du château. »

     

    Plus de 20 pièces du château de Corvin à Hunedoara ont été rénovées dans le cadre d’un projet européen d’un montant d’environ cinq millions d’euros. L’année dernière, le monument a été visité par plus de 400 000 touristes, roumains et étrangers. Passionnés d’histoire ou simples curieux, n’hésitez pas à faire une petite virée par le château si vous vous trouvez dans la région. Cela vaut le détour ! (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Rimetea

    Rimetea

    Rimetea – le numéro un du classement des plus belles destinations de Roumanie

     

    La récente édition de printemps du Salon du Tourisme de Roumanie est désormais terminée, mais notre intérêt pour les nombreuses destinations demeure vif. Certaines ont reçu le titre de “Destination FIJET Roumanie 2024” par le Club de la Presse Touristique – FIJET Roumanie, dans le but de mettre en lumière des endroits remarquables sur le plan touristique. Nous avons exploré ces destinations, nous les avons découvertes, décrites, proposées et votées.

    Voici donc la destination qui occupe la première place du classement : Rimetea au département d’Alba, dans le centre-ouest de la Roumanie.

     

    Un endroit recherché par les touristes

     

    Lors de la cérémonie de remise des prix pour les Destinations FIJET Roumanie 2024, le maire de Rimetea, Deák-Székely Szilárd-Levente nous a raconté davantage sur sa ville :

    « Rimetea est un endroit merveilleux du nord-est du département d’Alba. C’est un lieu riche en traditions et en coutumes que nous souhaitons préserver, tout en développant son côté touristique, car c’est déjà une localité développée, il s’agit déjà de près de 30 ans de tourisme dans la zone. Rien que dans le village de Rimetea, nous avons environ 50 établissements d’hébergement. Cela signifie qu’environ 6 000 à 7 000 visiteurs séjournent chez nous chaque année, sans compter ceux qui traversent simplement le village, ce qui porte ce nombre à une dizaine de milliers. »

     

    Des maisons blanches aux volets verts, l’image classique de Rimetea

     

    Rimetea accueille ses visiteurs avec une architecture de maisons uniforme. Après qu’un incendie a détruit, il y a un siècle et demi, presque toutes les maisons, le village est rené, et les nouvelles maisons ont été construites selon le même modèle architectural. Ce sont des maisons hautes, avec des murs blancs et des encadrements de fenêtres peints en vert, avec de grandes portes, jardin et verger à l’arrière, certaines d’entre elles ayant été transformées en maisons d’hôtes. La maison la plus ancienne de Rimetea, qui d’ailleurs se différencie des autres, date de 1668. En reconnaissance de son engagement envers la préservation de son patrimoine architectural, la localité de Rimetea s’est vu remettre en 1999  le prix « Europa Nostra » de l’Union européenne, dans le cadre du programme européen de restauration rurale du même nom.

     

    Des bâtiments vieux de plusieurs siècles

     

    Dans la région, les visiteurs ont également la possibilité d’explorer le Moulin à eau, érigé en 1752 et géré par un collectionneur passionné d’antiquités, comme les outils de meunerie et d’autres équipements historiques. Rimetea, dont la première mention remonte à 1257, a connu une prospérité grâce à ses importantes réserves de minerai de fer, devenant ainsi un centre minier et artisanal fleurissant. Le Musée Ethnographique du village, accueilli par le bâtiment de la Mairie, offre une reconstitution fascinante de l’histoire locale.

     

    Un musée éthnographique à ne pas rater

     

    Le maire de Rimetea, Deák-Székely Szilárd-Levente, détaille :

    « À Rimetea, une abondance de découvertes vous attend. Vous pouvez commencer votre exploration par le Musée Ethnographique, qui abrite une collection assez diversifiée. En outre, des musées privés, des costumes traditionnels, des broderies fines et des meubles peints enrichissent le panorama culturel. En tant que localité minière historique, où l’exploitation et la transformation du fer ont perduré pendant des siècles, vous trouverez également des expositions mettant en valeur des outils et autres articles façonnés en fer. »

     

    Un phénomène unique : un double lever du soleil

     

    Ce village est célèbre pour un phénomène unique : en été, le soleil s’y lève deux fois. Une première fois à travers les gorges du massif de Piatra Secuiului, et une seconde fois derrière la crête. Pour célébrer cette particularité, le Festival Double Rise a été lancé en 2015 ; il commence fin juin – début juillet. Ce festival se veut une opportunité unique de découvrir la montagne depuis une certaine colline, accessible par la rue la plus étroite du village. Cette rue mesure à peine un mètre de large et elle serpente parmi les maisons et les jardins.

     

    Des sports extrêmes aussi

     

    Grace à son environnement montagneux, Rimetea accueille également le Rimetea Climbing Open & Highline. L’année dernière, cet événement a même établi un nouveau record en highline, un sport extrême consistant à se déplacer le long d’une corde tendue entre deux points fixes, généralement des rochers, à une grande hauteur au-dessus du sol. Lukas Riediger, l’un des participants, a réussi à traverser avec succès une highline de 330 mètres sur le mont de Piatra Secuiului.

     

    Voilà, l’invitation a été lancée ! En espérant vous avoir convaincu de visiter ce magnifique village de Transylvanie, à bientôt pour une nouvelle destination !  (Trad.  Rada Stanica)

  • Edition 2024 du Winter Romania Historic Rally

    Edition 2024 du Winter Romania Historic Rally

    Du 19 au 21 janvier, les Carpates roumaines se transforment en terrain de rallye géant à l’occasion du Winter Romania Historic Rally. Pour la 8ème édition de la course, près de 400 km de route ont été fermées au public autour de Comandău, en Transylvanie. La compétition est ouverte à tous les amateurs de pilotage extrême et promet un spectacle unique sur les sentiers enneigés et verglacés de ce début de saison. L’événement est gratuit et accessible au public.

    Le Winter Romania Historic Rally est une compétition officielle et reconnue par la fédération roumaine de sports automobiles. Depuis ses débuts, ce spectacle a lieu en plein centre de la Roumanie, un choix technique et personnel de l’organisation, qui partage un attachement particulier à la région.

    Chaque année depuis 2017, l’événement rameute des dizaines d’équipages et des centaines de spectateurs passionnés dans les moyens plateaux de Transylvanie. L’hébergement et le transport vers l’événement ne sont pas pris en compte pour les spectateurs, mais des tronçons entiers sont aménagés spécialement profiter du spectacle. Dans l’ADN de la compétition, on retrouve la conduite sur sols glissants et l’utilisation exclusive de voitures anciennes, immatriculées avant 1995. Cette année, les organisateurs attendent 23 équipages, venus principalement de France et de Belgique mais également de Roumanie.

    Pour davantage de détails sur cet événement, Alan Le Cunff s’est entretenu avec Paul Lacombe, ancien pilote de rallye et co-organisateur de l’événement. Voici son reportage pour RRI.



  • Le roi Carol II et la crise qui a précédé le début de la Seconde Guerre mondiale

    Le roi Carol II et la crise qui a précédé le début de la Seconde Guerre mondiale

    Dès la signature du
    Traité de Trianon, censé mettre un terme à la Grande Guerre et jeter les bases
    d’une paix durable en Europe, la Roumanie n’a eu de cesse de se voir confronter
    aux visées révisionnistes des deux Puissances décidées à en découdre qu’étaient
    l’Allemagne et surtout l’URSS, mais également de ses voisins, sortis défaits de
    la Grande Guerre : la Hongrie et la Bulgarie. C’est ainsi que le 26 juin 1940,
    pratiquement au lendemain de l’armistice signé par la France devant l’Allemagne
    nazie, le gouvernement soviétique adressait deux ultimatums coups sur coups à
    la Roumanie, lui enjoignant de céder la Bessarabie et la partie nord de la
    Bucovine. La 30 août 1940, le second arbitrage de Vienne, concocté par l’Allemagne
    nazie et l’Italie fasciste, décidait l’annexion par la Hongrie de la moitié
    nord de la Transylvanie aux dépens de la même Roumanie. Enfin, le 7 septembre
    1940, par le traité de Craiova, les mêmes Puissances imposaient à la Roumanie
    la cession de la Dobroudja du Sud au profit de la Bulgarie. Aussi, en l’espace
    de seulement 3 mois, la Roumanie se voyait dépouillée de plus d’un tiers de son
    territoire et de sa population. Le désastre externe n’a pas tardé d’avoir des
    retombées en termes de politique intérieure. Acculé de toutes parts, le roi
    Carol II se voit ainsi contraint à quitter le trône en faveur de son fils, le roi
    Michel. Par ailleurs, le régime d’extrême-droite, national-légionnaire et pro
    allemand, dirigé par le général Ion Antonescu, prenait au même moment les rênes
    du pays.


    1940
    marque la fin d’une époque. Le règne de dix années du roi Carol II, dont les
    deux dernières marquées par l’empreinte de son régime personnel, s’achève avec
    fracas. Personnage haut en couleur, intelligent et manipulateur, orgueilleux, avide
    de pouvoir, entouré d’une camarilla d’hommes d’affaires plutôt louches et peu
    regardants, Carol II laisse aux historiens le soin de démêler un héritage pour
    le moins controversé. Car en dépit des griefs qu’on pourrait facilement imputer
    au souverain déchu, dans sa vie privée ou dans l’exercice de ses fonctions
    constitutionnelles, il n’en est pas moins que son règne marque une époque de
    grande prospérité. La capitale du royaume, Bucarest, avait été réorganisée, en
    suivant pour cela les principes censée régenter la vie d’une ville moderne. La
    vie culturelle du royaume s’épanouissait, le rôle de l’Etat dans cet essor n’étant
    point négligeable.


    Gheorghe Barbul secrétaire personnel de celui qui acculera le roi Carol II à quitter le
    trône, le futur maréchal Ion Antonescu, avait été interviewé à cet égard, en
    1984, par l’historien Vlad Georgescu, sur les ondes de radio Free Europe. L’interview,
    conservée par le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine,
    constitue un important témoignage sur la personnalité du monarque déchu, dressé
    par un contemporain avisé, bien que peu enclin à faire l’apologie du roi. Ecoutons
    la voix de Gheorghe Barbul, enregistrée en 1984 :


    « Ion Antonescu, celui qui deviendra le Duce
    roumain, appréciait que la monarchie constituât une institution indispensable
    pour la stabilité du jeune Etat qu’était la Roumanie à l’époque. Il avait cette
    formule selon laquelle seule la monarchie était en mesure de préserver l’Etat
    de l’influence des démagogues. Un Etat où, prétendait le marchal, les propriétaires
    terriens avaient été remplacés par les « propriétaires de voix ». La
    maréchal faisait de la sorte la distinction entre la Roumanie d’avant la Grande
    Guerre, où les propriétaires terriens constituaient la classe dirigeante, et la
    Roumanie post 1920. C’est pour cette raison que le maréchal, bien qu’ennemi
    personnel du roi Carol II, n’acceptait pas à ce qu’on s’attaque à la monarchie,
    même pas à la personne du souverain. Il craignait l’instabilité. Vous savez, le
    roi Carol II avait déjà contribué à fragiliser le trône lorsqu’il avait renoncé
    au trône pour vivre son amour impossible, avant de revenir sur sa décision,
    détrôner son fils mineur, et remonter sur le trône. Or, le maréchal Antonescu
    ne souhaitait pas voir ces coups de force se reproduire. En cette période, deux
    acteurs politiques importants, le Parti national paysan et la Garde de Fer
    souhaitaient le départ du roi Carol II, et le remplacement de ce dernier par
    son fils, le roi Michel. Pas le maréchal Antonescu, car il craignait de trop l’instabilité
    que de telles agissements ne manqueraient pas de provoque
    r ».


    Dans une interview
    passée en 1995, le juriste Radu Boroș, ancien prisonnier politique,
    reconnaissait à son tour le rôle joué par le roi Carol II dans l’essor de l’économie
    nationale, plus particulièrement dans le domaine de l’aviation, durant les
    années 30 du siècle précédent :


    « A
    mes yeux, le roi Carol II demeure un grand souverain. Et je crois que si les
    Roumains l’avaient mieux compris et mieux suivi, la Roumanie aurait accompli
    davantage de progrès dans beaucoup de domaines. Le roi s’était personnellement
    impliqué dans l’organisation et le développement de l’industrie, de l’administration
    publique, dans plein de domaines. Vous savez lorsqu’il était monté sur le trône,
    dans le domaine de l’aviation, c’était le désert. Pendant la Grande Guerre, l’on
    s’était servi de quelques appareils de vol importés et de quelques ballons à
    air chaud. A l’époque, l’aviation c’étaient les ballons. L’on était loin d’avoir
    des avions de combat, des avions de chasse et de bombardement. C’est le roi qui
    avait décidé de nous doter d’une véritable aviation militaire. Grâce à cela,
    des unités industrielles ont été créés, l’IAR à Brasov, où l’on a construit le
    premier appareil de chasse roumain, IAR 14, qui, dans les années 37-38, était l’un
    des meilleurs au monde. C’est toujours le roi qui a donné le coup de pouce
    indispensable à l’essor de l’aviation civile. Le roi avait une vision. Il avait
    compris la place qu’allait occuper l’aviation dans les prochaines décennies et
    avait aidé à la constitution de la première compagnie roumaine d’aviation.
    Avant cela, il n’y avait une qu’une société mixte, la Compagnie franco-roumaine
    de navigation aérienne, créée en avril 1920par le comte Pierre Claret de Fleurieu. »


    Malgré
    tout et en dépit du bon souvenir que le règne du roi Carol II avait laissé chez
    certains de ses contemporains, la figure du souverain demeure encore aujourd’hui
    tachetée par ses agissements politiciens et affairistes, et surtout par l’échec
    de sa politique interne et externe, soldé en fin de compte par l’amputation d’un
    tiers du territoire national à la veille de la Seconde Guerre mondiale. (Trad. Ionut
    Jugureanu)

  • 22.07.2023 (mise à jour)

    22.07.2023 (mise à jour)

    Orban – Déclarations provocatrices et ironiques du premier ministre hongrois Viktor Orbán ce samedi dans le cadre de l’université d’été déroulée à Tusnad les Bains, dans le centre de la Roumanie. Le leader de Budapest a commenté ironiquement les recommandations que celui-ci affirme avoir reçu de la part du ministère roumain des Affaires Etrangères au sujet des thèmes qu’il pourrait évoquer dans son discours. Le chef du gouvernement magyar a suggéré dans ce contexte que la Hongrie pourrait jouer un rôle dans l’adhésion de la Roumanie à l’espace Schengen de libre circulation européenne, vu qu’au milieu de l’année prochaine, ce pays doit assumer la présidence tournante du Conseil de l’UE. Il a souhaité bonne chance au premier ministre roumain, Marcel Ciolacu, qui vient de commencer son mandat, mais a commenté ironiquement que depuis qu’il dirige l’exécutif de Bucarest, la Roumanie a eu une vingtaine de premier ministres. Avant de participer à l’événement de Tusnad les Bains, Viktor Orbán a rencontré le chef du cabinet de Bucarest, Marcel Ciolacu.

    Santé – Le système informatique de la Caisse nationale d’assurance de santé de Roumanie, la Sécu, qui gère tous les rendez-vous et les prescriptions, sera modernisé avec des fonds du Programmé national de relance et de résilience. D’une valeur de 70 millions d’euros, le projet ne devrait devenir entièrement fonctionnel qu’à l’horizon 2025. D’ici là, l’actuel système sera utilisé malgré les nombreuses pannes qui s’enchainent depuis plusieurs semaines. La porte-parole de l’institution, Larisa Mezinu Bălan, a déclaré qu’un des raisons pour lesquelles le système fonctionne de cette manière est le fait qu’il a été inauguré il y a une bonne vingtaine d’années et que les spécialistes nécessaires pour lui assurer la maintenance sont assez rares, puisque les salaires proposées sont inférieures aux salaires du marché. Elle a précisé qu’avant le 30 avril 2025, la sécu envisage d’élargir l’espace de stockage du système actuel, pour que les temps opérationnels s’améliorent. Parallèlement, l’institution demande aux fournisseurs de services de santé et aux médecins de ne pas ajourner les traitements nécessaires aux assurés à cause des problèmes du système informatique, puisque le décompte des services médicaux pourrait se faire aussi hors-ligne.

    Pompiers – Un contingent supplémentaire de sapeurs-pompiers roumains, composé de 50 pompiers est parti ce vendredi pour la Grèce pour rejoindre les 80 camarades déjà présents sur le terrain. Le comité national des situations d’urgence de Roumanie a décidé d’envoyer un module d’intervention supplémentaire pour combattre les incendies en Grèce. Donc au total 130 roumains pompiers combattront les incendies de forêt et de végétation. Selon l’Inspection générale des situations d’Urgence, les pompiers roumains étaient déjà intervenus jeudi pour soutenir les homologues hellènes qui luttent contre les incendies de végétation et de forêt dans des régions au nord-ouest d’Athènes. L’Attique d’ouest est une des régions les plus touchées par les incendies, et plusieurs localités ont déjà été évacuées. Les forces roumaines ont été déployées avec des moyens techniques considérables : véhicules spécialisés dans la lutte contre les incendies de végétation, camions citerne et véhicules tout-terrain.

    Avions – Les deux compagnies aériennes low-cost qui relient les villes de Bucarest, Cluj et Iasi à l’île Italienne de Sicile ont annulé leurs vols. Cette décision est une conséquence de la fermeture de l’aéroport international de Catania Fontanarossa jusqu’au 24 juillet pour des travaux de réparation des dégâts produits par un incendie la semaine dernière. Selon le correspondent de la radio publique roumaine, la fermeture de cet aéroport, un des plus importants de l’île et du sud de l’Italie et le 5e du pays pour une période de sept jours au lieu de trois comme il était prévu initialement, touche fortement le tourisme. Ceux qui en souffrent, sont premièrement, les voyageurs, qui sont redirigés vers les aéroports les plus lointains de l’île et doivent voyager à bord de bus et de cars alors que les températures vont jusqu’à 47 degrés.

    Alerte – Le ministère des Affaires Etrangères de Bucarest annonce que les autorités du Portugal réintroduisent les contrôles aléatoires à la frontière à compter d’aujourd’hui et jusqu’au 7 août, durant la Journée mondiale de la Jeunesse. La mesure vise les postes-frontières terrestres avec l’Espagne, ainsi que les poste-frontière des aéroports. Le long de cet événement, pour la Capitale Lisbonne et pour la région métropolitaine, les autorités portugaises ont établi un paquet de mesures qui implique entre autres, des restrictions de circulation et même la fermeture de plusieurs stations de métro et de train. Du 1er au 6 août, les transports publics à Lisbonne et dans la région métropolitaine circuleront selon un itinéraire et un programme modifié.

    Météo – 16 bassins hydrographiques de la moitié ouest de la Roumanie sont visés par des alertes hydrologiques jusqu’à dimanche à midi. Il y a une alerte code jaune aux inondations pour les basins des rivières Somesul mic, Cris, Mures, Miraj, Aries, Târnava Mica et Târnava mare. D’autres rivières sont également concernées par des alertes. C’est le cas des rivières Bega, Timiş, Bârzava, Caraş, Nera, Cerna, Jiu, Motru, Râul Negru, Olt, mais aussi Ialomiţa, Prahova, Buzău, Putna et Râmnicu Sărat. En effet, la moitié ouest du pays fait l’objet d’une alerte code jaune à l’instabilité avec des phénomènes orageux importants. Les quantités d’eau dépassent les 40 litres par mètre carré pour aller jusqu’à 50 litres.

  • L’écotourisme en Roumanie

    L’écotourisme en Roumanie

    La Roumanie est connue pour ses immenses forêts vierges et ses régions dans
    lesquelles l’artisanat et les traditions locales ancestrales ont été
    préservées. Dans ce contexte, il existe de nombreuses associations qui tentent
    de préserver au mieux ce patrimoine naturel et culturel en sensibilisant les
    habitants et les voyageurs au tourisme durable et responsable.

    Notre invitée du
    jour, Loredana Pană experte en lobbying et coordinatrice du projet Asociația
    Mai Mult Verde (Pour davantage de vert), nous explique en quoi consiste
    aujourd’hui l’écotourisme :

    « On fait en fait ici référence aux
    activités que l’on peut effectuer en vacances, des activités dont l’impact sur
    notre environnement est moindre. De manière générale, le tourisme peut faire de
    gros dégâts sur notre environnement. Les flux importants de touristes, les
    trajets en avion, ce que l’on consomme lorsque l’on part en vacances, tout ça
    laisse une empreinte sur nos destinations de vacances. Faire de l’écotourisme,
    ou du slow-tourisme comme on l’appelle aussi parfois, c’est partir en gardant
    bien en tête notre impact sur l’environnement. Par exemple en n’utilisant pas
    de moyen de transport motorisé, en passant plus de temps au même endroit, ou
    bien en consommant des produits locaux. Il s’agit en fait de réfléchir à notre
    impact sur les communautés locales et à ce que nous laissons derrière nous. Les
    itinéraires écotouristiques peuvent être parcourus à pied, à vélo, à cheval,
    bref, sans engin motorisé. »




    Heureusement, de nombreuses régions roumaines restent encore peu
    développées, ce qui les préserve et leur permet de conserver un environnement
    naturel propice à l’écotourisme. Toutefois explique Loredana Pană,
    l’écotourisme doit être développé dans un cadre légal robuste :




    « Malheureusement,
    je crains qu’il n’existe pas de cadre légal ou national venant soutenir ces
    destinations écotouristiques, et je pense qu’il serait possible de le mettre en
    place, car nous n’en sommes qu’aux balbutiements, mais nous devrions en faire
    beaucoup plus pour que les choses avancent dans cette direction ! »




    Le concept de « destination écotouristique » a été initié en 2012
    par les autorités publiques du tourisme, en partenariat avec des institutions
    et organisations représentées au niveau national. A cette époque, la Roumanie
    était le seul pays d’Europe à proposer un autre système permettant de
    reconnaître les destinations écotouristiques. A l’heure actuelle, on dénombre
    en Roumanie 7 destinations officiellement reconnues comme écotouristiques.

    Cependant, Loredana Pană, experte en lobbying et coordinatrice du projet
    Asociația Mai Mult Verde nous encourage à partir à la découverte d’une région
    qui n’a pas encore été officiellement reconnue comme telle, mais qui n’en
    demeure pas moins idéale pour les amateurs de tourisme durable :




    « Je vous
    recommande les régions longeant le Danube. Nous avons de nombreux projets dans
    ces zones ainsi que dans le delta. Ce dernier est un lieu vraiment magnifique,
    classé au patrimoine de l’UNESCO, qui regorge de paysages splendides et uniques
    au monde, là où le fleuve se jette dans la mer Noire. On y trouve de nombreux
    villages qui ne sont pas encore touristiques. Je recommande chaudement à vos
    auditeurs de prendre quelques jours pour se promener sur les eaux tranquilles
    du delta, dans un petit canot, et de passer du temps avec les habitants de ces
    villages. A l’inverse je ne vous encourage pas à vous rendre dans les hôtels
    resort qui restent à l’écart de ces communautés. Le delta du Danube est unique
    du point de vue de la multiculturalité. En effet, près de 12 ethnies
    différentes vivent dans le delta et la région de la Dobroudja, dans le sud du
    pays. Elles incarnent le parfait exemple du respect des traditions locales et cohabitent
    depuis très longtemps ! »




    D’ailleurs, le plus récent projet de
    l’Association « Mai verde » est l’Itinéraire écotouristique du Danube.
    Loredana Pană nous en parle :




    « C’est une idée que nous souhaitons
    développer davantage. Il s’agit d’un itinéraire de 44 km à parcourir par voie
    de l’eau et par voie terrestre, qui comprend la ville de Giurgiu et 4 communes
    avoisinantes. On peut le parcourir à vélo, à pied, à cheval ou en barque. Il
    est important de ne pas utiliser de moyens de transport motorisés pour ces
    activités proposées en plein air, mais de profiter de la tranquillité de la
    nature et de l’air frais. Nous avons proposé cet itinéraire longeant le Danube
    justement parque nous avons besoin de davantage d’espaces verts pour sortir en
    nature et pour nous détendre. Plus encore c’est aussi bénéfique pour notre
    santé mentale. L’itinéraire est à une heure de distance de Bucarest. C’est une
    zone superbe que le fleuve creuse dans cette partie de son cours. D’ailleurs, dans
    le sud du pays il n’y a pas beaucoup d’options de loisirs et de tourisme sur le
    Danube, à la différence du delta ou de la zone où le fleuve entre dans le
    pays ».




    Les touristes qui souhaiteront parcourir ce nouvel itinéraire auront
    bientôt à leur disposition un site qui leur fournira toutes les informations
    nécessaires, précise notre invitée :


    « D’ici la fin de
    l’année, nous voulons créer une carte virtuelle de cet itinéraire
    écotouristique, car c’est important pour les touristes d’avoir toutes les
    informations à leur portée : par ou se fait l’accès, quel est l’état des
    routes, si la route est adéquate pour les enfants etc. Je vous invite donc à
    suivre le site maimultverde.ro et nos profils sur les réseaux sociaux. Nous
    allons poster toutes les informations nécessaires. »




    Les Roumains ne sont pas les seuls invités à parcourir ces itinéraires
    écotouristiques. En fait, notre invitée avoue avoir rencontré de plus en plus
    de touristes étrangers sur les routes proposées. Ils sont tous attirés par les
    zones sauvages où l’homme n’est presque jamais intervenu. Loredana Pană :


    « Les itinéraires de
    montagne dans le zones très sauvages sont parmi les plus appréciés. La
    Transylvanie est également recherchée, alors que Bucarest est une destination
    qui se prête plutôt pour un city-break. Nous avons même lancé un projet
    environnemental et écologique dans la capitale. Il s’intitule « En plein
    air » et tente de rapprocher la communauté à la ville et aux espaces verts
    moins connus. Certains sont aménagés mais moins fréquentés, d’autres n’ont pas
    été du tout aménagés, ce qui les rend inaccessibles au public. Par exemple, les
    lacs qui longent la rivière de Colentina. Dans les années 60, des dizaines de
    piscines publiques y fonctionnaient et la zone était considérée comme le
    littoral de Bucarest. Aujourd’hui, il n’y a pratiquement rien là-bas. Alors que
    Bucarest pourrait très bien devenir une attraction écotouristique de l’Europe.
    Pourtant, on est encore loin de cet objectif car, pour le moment, il n’y a
    aucune de stratégie en ce sens.»

    Une chose est sûre, on observe une volonté d’effectuer un retour
    à la nature il y de plus en plus accentuée. Et, de ce point de vue, la Roumanie
    a beaucoup à offrir. (trad. Charlotte Fromenteaud, Valentina Beleavski)

  • Une visite royale

    Une visite royale

    Bon nombre de commentateurs et d’analystes se sont demandés si le roi Charles III, devenu souverain du Royaume-Uni après la mort de sa mère, reine Elizabeth II, en septembre dernier, et couronné début mai, visiterait à nouveau la Roumanie. Son attachement à ce pays qu’il a découvert pour la première fois il y a un quart de siècle et qu’il a fréquemment visité entre temps, demeure pourtant inchangé. Ainsi le nouveau roi britannique a-t-il choisi précisément la Roumanie comme destination de son premier voyage à l’étranger après son couronnement. « Je me suis toujours senti chez moi en Roumanie », a déclaré le roi Charles III lors de la réception à son honneur organisée vendredi dernier par le président roumain Klaus Iohannis. Le souverain britannique a prononcé un discours émouvant, qui a commencé en roumain, dans lequel il a cité le poète national de la Roumanie, Mihai Eminescu : « Țară de glorii, țară de dor » « Pays des gloires, pays de la nostalgie ». a-t-il dit, pour continuer en anglais : « Monsieur le Président, mesdames et messieurs, je ne saurais décrire le plaisir que j’éprouve lorsque je visite à nouveau la Roumanie. Je crois que 25 ans se sont écoulés depuis ma première visite dans ce pays remarquable. Quand je suis arrivé ici, et même avant, j’ai ressenti un lien profond avec la Roumanie. Comme je l’ai déjà dit, j’ai appris à aimer la Roumanie, la culture et l’art, le patrimoine, l’histoire, les paysages et la biodiversité » a déclaré le roi Charles III.

    Le président Klaus Iohannis a remercié le souverain britannique pour le rôle qu’il joue toujours dans la protection des valeurs liées à l’identité roumaine et pour son intérêt à ce que constitue le village roumain. Il a aussi rappelé les efforts du roi Charles III pour protéger l’écosystème et pour restaurer la biodiversité unique de la Roumanie. Si le premier jour de sa visite en Roumanie, vendredi dernier a été dominé par les gestes de courtoisie à Bucarest, le roi Charles III a consacré les quatre jours suivants à des visites de villages de deux départements transylvains : Covasna et Braşov. C’est dans ces localités qui ont séduit le monarque britannique dès sa première visite que Charles possède des propriétés qu’il a restaurées, en les sauvant ainsi de la destruction.

    Le roi Charles III a été accueilli par les habitants, avec la même chaleur que durant chaque visite qu’il a faite au cours des deux dernières décennies. Il a apprécié surtout les promenades dans la nature. « Par ce geste, il nous témoigne son affection », a déclaré un responsable local, cité par l’AFP, à propos de la visite du roi.

    L’agence française note que le roi Charles III se targue d’être un parent éloigné d’un prince du XVe siècle connu sous le nom de Vlad l’Empaleur, qui a inspiré le personnage du comte Dracula, et il aurait, selon ses propres dires, « la Transylvanie dans le sang ». Apres sa découverte de la région en 1998, cet écologiste convaincu est devenu un ardent protecteur de ces villages du cœur de la Roumanie fondés au 12e siècle par des colons saxons, rappelle l’AFP. « Ce sera un moment unique pour notre communauté de recevoir le roi, un signe de reconnaissance du travail effectué pendant toutes ces années » souligne Caroline Fernolend, présidente de la fondation Mihai Eminescu Trust consacrée a la protection de l’héritage transylvain et longtemps placée sous le parrainage de Charles.

  • L’association Pro Transylvanie

    L’association Pro Transylvanie

    Le 30 août 1940, à la suite du Second arbitrage de Vienne, la Roumanie se voyait dépecée, forcée de céder la moitié nord de la Transylvanie à la Hongrie, après avoir été contrainte de céder, deux mois plus tôt, la Bessarabie et le nord de la Bucovine à l’URSS. Une semaine plus tard, le 6 septembre 1940, viendra le tour du sud de la Dobroudja, cédé lui à la Bulgarie, suite au traité de Craiova. Mais de tous ces rapts territoriaux, la perte du nord de la Transylvanie était telle une blessure béante au cœur de tous les Roumains. Le nord de cette province historique cédée en 1940 à la Hongrie comptait, selon le recensement de 1930, 2.400.000 habitants, dont 50% ethniques roumains et 38% ethniques magyares, répandus sur un territoire couvrant 43.492 kilomètres carrés. Mais le Second arbitrage de Vienne n’avait que faire de la réalité. Mus par le seul désir de faire table rase du Traité de Versailles et des suites de la Grande Guerre, l’Allemagne, l’Italie et la Hongrie n’avaient de cesse de chambouler les équilibres et de tordre la réalité pour satisfaire leurs seuls intérêts.

    Les suites de la cession territoriale du nord de la Transylvanie furent dramatiques pour bon nombre de ses habitants. En effet, les persécutions et les exactions perpétrées par les autorités de Budapest à l’encontre notamment des juifs et des Roumains ont mis sur les routes de l’exile près d’un demi-million parmi ces derniers. Réfugiés dans une Roumanie exsangue, ces transylvains n’abandonneront jamais le dessein de retrouver un jour leurs foyers. Et c’est en poursuivant cet objectif que le 15 novembre 1940 un groupe de jeunes intellectuels transylvains décident de fonder l’association Pro Transilvania, élisant à sa tête, en tant que président d’honneur, Iuliu Maniu, personnalité politique hors du commun, et président du parti National Paysan. Une association qui n’a eu de cesse de combattre le rapt territorial consenti par le Second arbitrage de Vienne, à travers notamment la diffusion d’émissions de radio destinées aux Roumains qui continuaient à vivre dans cette partie de la Transylvanie passée sous autorité magyare.

    Le professeur Victor Marian, ancien membre de l’association, racontait en 1997 son expérience, lors d’une interview passée pour le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine. Ecoutons-le : « Il faut savoir qu’il s’agissait d’une radio clandestine. On était constamment poursuivi. Et il fallait donc changer constamment d’endroit. L’on avait commencé à émettre depuis Brasov, 41 rue du Château. Par la suite on est allé dans les montagnes qui surplombent la ville de Brasov, à Tampa. On avait déniché une bergerie abandonnée et on s’y était installé. Quant aux rédacteurs, il y avait Leon Bochiş, qui était la tête pensante et la cheville ouvrière du projet. Ensuite, Lucian Valea, Iustin Ilieş et moi-même. Me concernant, je n’ai pu collaborer que jusqu’au milieu de l’année 1942. Ensuite, j’ai eu mon poste d’enseignant dans la ville de Brasov, et mes disponibilités ont diminué ». L’émetteur de la radio « La Roumanie libre », ainsi qu’ils avaient intitulé leur poste, pouvait couvrir 100 Km à la ronde.

    Les informations en provenance des territoires occupés étaient acheminées aux rédacteurs grâce à des courriers discrets. Victor Marian : « Le système était bien mis au point. Et notre radio émettait assez loin. Il y avait des gens de Cluj, ville qui se trouve à 230 km à vol d’oiseau, qui arrivaient à écouter nos émissions. L’on changeait l’endroit d’où on émettait, mais c’était de plus en plus haut. Ce fut d’abord à Tampa, puis sur la montagne Piatra Mare, à Postavaru, ensuite dans les monts Fagaras. Mais à l’époque je ne faisais déjà plus partie de l’équipe. Mais Leon Bochis, on était de bons amis, et il me tenait informé. Et puis, les autorités les avaient pistés lorsqu’ils émettaient depuis les monts Fagaras, et ils ont dû abandonner le matériel et partir en catastrophe. Depuis lors le poste a cessé d’émettre. »

    L’association Pro Transilvania avait aussi édité un journal, intitulé « Ardealul », la Transylvanie, censé lui aussi conserver l’espoir au sein des Roumains qui vivaient en cette partie occupée de leur Transylvanie. Victor Marian : « Le journal était dirigé par Anton Ionel Mureşanu. On nous mettait au courant de l’évolution du front, et de l’évolution de la situation internationale. Nous étions donc informés des démarches entreprises par Iuliu Maniu à Stockholm, à Ankara, à Caire et dans d’autres capitales, pour plaider la cause de cette partie occupée de la Transylvanie. Et nous pouvions informer à notre tour nos auditeurs, sur nos ondes. On craignait surtout les Allemands, qui détenaient des appareils performants de radiolocalisation, et on les craignait surtout lorsqu’on diffusait des informations qui faisaient état de notre volonté de sortir de l’alliance qui nous liait à eux. Et lorsqu’on se sentait pistés, on pliait tout de suite bagage. »

    La diffusion des émissions de la radio « La Roumanie libre » avait cessé en 1942, lorsque les Allemands avaient le vent en poupe et que la poursuite des transmissions mettait en danger la vie des membres de l’association Pro Transilvania. Sous les conseils de Iuliu Maniu, la technique de transmission avait été abandonnée dans les montagnes, alors que ceux qui avaient fait vivre ce poste ont dû fuir en catastrophe. A la fin de la guerre cependant, le vent tourne à nouveau, et le nord de la Transylvanie réintégrera les frontières roumaines à la suite du traité de paix de Paris de 1947. (Trad. Ionut Jugureanu)