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  • Qui travaille après la retraite ?

    Qui travaille après la retraite ?

    Une étude récemment publiée par Eurostat montre que seuls 13 % des citoyens de l’Union européenne restent actifs sur le marché du travail après l’âge de la retraite. Pour 36 % d’entre eux, le désir de rester productif et la passion pour leur métier constituent les principales motivations, tandis que plus de 28 % sont motivés par des besoins financiers. Les autres raisons citées par les personnes interrogées sont le désir de rester socialement intégré (11 %) et l’attrait financier du travail (9 %).

    La même enquête montre que les États baltes affichent les proportions les plus élevées de personnes âgées continuant à travailler après la retraite : près de 55 % en Estonie, et environ 44 % en Lettonie et en Lituanie, tandis que la Grèce et l’Espagne (respectivement 4,2 % et 4,9 %) se situent à l’autre extrémité de l’échelle. La Roumanie se trouve au bas de l’échelle, avec seulement 1,7 % de retraités actifs sur le marché de l’emploi.

    Toutefois, une enquête réalisée par BestJobs vient contredire ces statistiques. En 2021, huit employés roumains sur dix ont déclaré qu’ils prévoyaient de continuer à travailler après leur retraite. Pour mieux comprendre cette réalité roumaine, nous nous sommes entretenus avec Sorina Faier, spécialiste des ressources humaines, qui compte plus de 17 ans d’expérience dans ce domaine.

     « Je pense que la vérité se situe quelque part au milieu. Je ne pense pas qu’Eurostat ait tout à fait raison, parce que les sondeurs ne disposent pas de toutes les données, et dans l’autre enquête les gens disent seulement qu’ils ont l’intention de travailler, mais pas qu’ils travaillent. En effet, de nombreux retraités ne disposent pas d’une pension suffisante sous quelque forme que ce soit – nous savons tous à quel point nos retraites sont faibles en Roumanie – et ils travaillent donc. Mais de nombreux employeurs embauchent de façons illégales et il est clair que ces employés n’apparaissent pas dans les comptes et qu’Eurostat ne peut pas les prendre en considération. »

     

    Des motivations diverses et variées

    Interrogée sur les raisons pour lesquelles les retraités roumains choisissent de rester sur le marché du travail, Sorina Faier estime que les besoins financiers prévalent, mais aussi que le désir de ne pas s’isoler est important.

    « En tant qu’être social, les personnes encore dynamiques, en bonne santé physique et mentale sont très désireuses de continuer à travailler pour conserver leur énergie. »

     

    De l’expertise des seniors

    Mais il existe des différences significatives entre les cadres supérieurs et les cadres moyens, ainsi qu’entre les travailleurs qualifiés et les travailleurs non qualifiés. Dans le cas des premiers, la plupart souhaitent rester dans le même domaine. Selon Sorina Faier, l’état d’esprit des employeurs a changé au cours des dix dernières années et ils sont plus enclins à conserver ou à embaucher des personnes ayant dépassé l’âge de la retraite, car ils ont pris conscience des avantages de l’expertise des professionnels seniors occupant des postes d’encadrement supérieur. Sorina Faier :

     

     « Je constate, d’après tous les entretiens que nous avons et toutes les réunions que je fais avec des cadres supérieurs, qu’ils sont beaucoup plus ouverts à l’embauche de personnes plus âgées, l’atout étant leur ancienneté et les connaissances qu’elles peuvent apporter. Mais si nous parlons de travailleurs qualifiés et non qualifiés, il est certain que la plupart d’entre eux se dirigent vers d’autres secteurs, notamment les services de sécurité, où l’on voit partout des agents de sécurité assez âgés et manifestement à la retraite. En général, lorsqu’ils prennent leur retraite, les travailleurs peu ou pas qualifiés se dirigent vers les services, par exemple de nettoyage, de sécurité, parfois vers la restauration et les services de taxi ».

    Certains seniors choisissent, une fois à la retraite, de se lancer dans l’entrepreneuriat, souvent dans le domaine dans lequel ils ont acquis de l’expérience, suffisamment confiants pour créer une entreprise à partir de zéro.

     « Bien sûr, la plupart d’entre eux créent une entreprise juste suffisante pour leur assurer un certain confort et compléter leur retraite et, oui, ils se concentrent sur les domaines qu’ils connaissent et dans lesquels ils ont construit un réseau suffisamment solide pour que cette entreprise réussisse également. »

     

    Des situations contrastées

    Sorina Faier affirme que les mentalités ont changé par rapport à il y a dix ans, lorsque les gens envisageaient rarement de travailler au-delà de l’âge de la retraite. Aujourd’hui, les Roumains prennent conscience qu’il y a de nombreux avantages à rester actif, à la fois en termes de santé et d’équilibre mental, mais aussi sur le plan financier. Une autre option consiste à travailler en free-lance sur des projets d’enseignement, de traduction, de tutorat ou même d’informatique. Ces derniers, même s’ils ne représentent pas un pourcentage énorme, sont généralement des personnes qui ont constamment perfectionné leurs compétences et se sont tenues au courant des dernières technologies.

    Les données de l’Institut national des statistiques montrent que 4,9 millions de Roumains sont à la retraite, dont un million n’a pas encore atteint l’âge légal de la retraite. L’âge de la retraite en Roumanie est l’un des plus bas de l’UE : 59,5 ans, avec l’Autriche, et son âge de départ à la retraite de 59,6 ans. En revanche, l’Islande, le Danemark, les Pays-Bas et la Suède ont l’âge le plus élevé pour le versement de la première pension – entre 64 et 66,2 ans.

    Les experts roumains estiment que, s’agissant d’une moyenne, il existe de très grandes différences entre les personnes qui partent en retraite anticipée et celles qui continuent à travailler jusqu’à un âge avancé. Parmi les professions qui offrent une retraite anticipée en Roumanie figurent la police, la gendarmerie, les services secrets, le service militaire, la magistrature et l’armée de l’air. (Trad : Clémence P. Lheureux)

  • Bureau 2.0 ou les conditions de travail ont-elles changé depuis la pandémie ?

    Bureau 2.0 ou les conditions de travail ont-elles changé depuis la pandémie ?

    Travailler au bureau ou à domicile ?

     

    Si leur employeur le leur demandait, 82% des salariés ne rechigneraient pas à revenir travailler au bureau, alors même que les trajets peuvent poser problème. C’est ce qui ressort d’un sondage récemment publié par un entrepreneur immobilier en Roumanie. 2024 a vu se confirmer la tendance déjà visible l’an passé d’un retour dans les bureaux. Ce sondage, réalisé au niveau national sur 1168 salariés, révèle que ces derniers s’adapteraient très facilement à ce changement. En effet, 45% des répondants apprécient le fait qu’un retour au bureau permettrait une meilleure séparation de la vie privée et de la vie professionnelle. Pour 53% d’entre eux, ce sont les interactions avec les collègues qui représentent une motivation décisive pour un retour physique au travail. Enfin, dans le cas où ce retour en présentiel serait imposé par l’employeur, seul 18% des employés interrogés envisagerait de démissionner et de chercher un autre emploi à distance.

     

    Andra Pintican est la fondatrice de “Scoala HR”, une société de consulting en ressources humaines. Militante pour l’hygiène mentale des employés, elle ne croit pas que la même recette fonctionne pour tous.

    ” Personnellement je ne crois pas aux recettes universelles. Ce qui convient à une organisation peut se révéler néfaste pour une autre. Pour ce qui est du retour au bureau, je crois que c’est encore un sujet assez sensible pour beaucoup d’entre nous. J’entends des sons de cloche assez différents sur le marché, en fonction des milieux professionnels. J’ai parlé avec des gens issus d’organisation dans lesquelles les employés eux-mêmes ont demandé le retour au bureau mais aussi d’autres dont les organisations ont enregistré de nombreuses démissions suite à un retour en présentiel et une baisse importante du moral des équipes. Je crois qu’il serait préférable de passer de « nos équipes veulent travailler au bureau ou à distance » à « quelles sont les besoins réels de nos équipes ? ». Il faudrait enquêter sur ces besoins et là, attention parce que parfois les employés sont tellement déconnectés de leurs besoins, à cause de leurs vies chargées qu’ils ne peuvent pas les énoncer de but en blanc. Donc il faudrait peut-être faire une analyse des besoins non perçus”.

     

    Le retour au bureau est en hausse

     

    Selon certains spécialistes la tendance du retour au bureau est en hausse et s’explique par le fait que les bureaux ont été rénovés et que les conditions de travail sont désormais meilleures. Mais ces changements ne sont pas uniformes.

    Pour Andra Pintican, il faut considérer que l’expérience du confinement d’il y a quatre ans nous a entrainé à nous adapter plus vite qu’avant.

    “Si demain il y avait un nouveau confinement, avec quelle rapidité croyez-vous que nous reprendrions le travail en ligne ? Probablement assez rapidement, étant donné que nous avons déjà l’expérience du Covid et déjà à cette époque nous avons été parmi les pays européens qui se sont mobilisés le plus vite, d’après les retours de nombreuses entreprises. Et le fait que nous ayons une très bonne connectivité internet nous a permis d’être très performants depuis nos maisons et il est probable que dans une situation similaire nous nous adaptions encore mieux que la dernière fois”.

     

    Peu de changements au lieu travail

     

    Les changements intervenus dans l’environnement de travail depuis la fin de la pandémie ne sont pas uniformes. En effet, 60% des personnes interrogées par le sondage déjà cité indiquent que leurs locaux n’ont pas changé dans les quatre dernières années, 11% déclarent que leur espace est plus petit qu’avant et 8% se plaignent d’une dégradation de leur environnement de travail. De plus, 71% des enquêtés soutiennent que leur entreprise n’a pas déménagé dans les quatre dernières années et seulement 13% disent travailler désormais dans un nouveau lieu, plus grand et mieux équipé. Environ 27% déclarent que leur bureau est trop petit pour les besoins des équipes et 33% déplorent un manque d’équipement.

     

    Les entreprises qui ont changé de siège récemment l’ont fait pour s’installer dans des bâtiments durables, présentant de faibles dépenses d’entretien et une consommation énergétique adaptable. Le charme des zones historiques des villes a donc été remplacé par l’efficacité de bâtiments modernes situés dans des zones plus éloignées.

     

    Les locaux : quelle influence sur l’état d’esprit des employés?

     

    Andra Pintican se demande si c’est bien de cela dont on besoin les employés.

    “La sécurité, le confort et les ressources sont les trois éléments clés au bon déroulement de l’activité. Ils sont cependant insuffisants dans le monde d’aujourd’hui. Nous voulons des employés performants mais surtout nous voulons qu’ils soient innovants afin que les entreprises puissent faire face à la concurrence exacerbée du marché. Donc nous devons nous demander si le milieu dans lequel ces personnes doivent innover est bien susceptible d’offrir l’espace physique et mental nécessaire à cette activité. Au-delà de l’espace et de tous les équipements de sécurité et de confort, je parlerai ici de créativité. Chacun a chez lui un certain état d’esprit qui est déterminé par son espace personnel. C’est la même chose au travail. Le design intérieur des bureaux ne doit pas être pensé en fonction de l’opulence ou de l’image de marque de la société mais afin de créer une expérience immersive au travail qui installe l’employé dans un état de flow. Mais bon, nous sommes là à parler de flow au travail généré par le design intérieur alors qu’en Roumanie, il y a des salariés qui passent l’hiver sans chauffage, sans parler du fait qu’il n’y a même pas de café. Donc il faut commencer par assurer le sécurité et le confort des équipes et après seulement aller plus loin et penser à comment le design peut améliorer les espaces de travail”.

     

    L’état de flow a été popularise par le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi et signifie être totalement impliqué, concentré au maximum sur une activité qui nous rend heureux et nous motive.

     

    On peut aussi imaginer que la joie de retour travailler au bureau dépend de l’âge, plus on est jeune et plus on est content de sortir de chez soi. Les plus âgés sont partagés sur la question. Beaucoup préfèrent des solutions hybrides mais pour d’autres le retour physique au bureau a ceci de bon qu’il les maintient en phase. (trad. Clémence Lheureux )

     

  • Le marché roumain du travail, sous la loupe

    Le marché roumain du travail, sous la loupe

    Le salaire minimum augmente à 3 700 lei (740 euros)

     

    Au 1er juillet, le salaire minimum a augmenté en Roumanie, passant de 3 300 lei (660 euros) à 3 700 lei (environ 740 euros), et le nombre de bénéficiaires en est estimé à plus de 1,8 million d’employés. Cependant, cette décision ne s’applique pas aux salariés de l’agriculture et de l’industrie alimentaire, car ces catégories relèvent déjà d’autres dispositions légales. A noter que le salaire moyen net en Roumanie était de 5 217 lei (1 048 euros) en avril dernier, en hausse de 32 lei (6,4 euros) par rapport au mois de mars, selon l’Institut national de la statistique.

     

    Aide aux personnes en situations spéciales

     

    Le gouvernement de Bucarest a décidé d’accorder une aide humanitaire aux étrangers ou apatrides confrontés à des situations exceptionnelles, en provenance de la zone de conflit armé en Ukraine. Il s’agit d’une somme qui leur permettra de couvrir les frais d’hébergement et de nourriture sur une période déterminée. Cette aide vise à favoriser l’insertion sociale de ces citoyens, en leur garantissant des droits similaires à ceux des citoyens roumains dans les domaines de la santé, de l’éducation et du travail, comme l’a expliqué l’Exécutif. Aux termes d’un décret gouvernemental, les citoyens étrangers ou apatrides provenant de la zone de conflit armé en Ukraine, qui ont obtenu un permis de protection temporaire avant le 1er juillet 2024, auront droit à une série d’avantages sociaux prévus par la législation roumaine, sur la base du renouvellement de leur permis de séjour temporaire et sous réserve du respect des conditions légales d’éligibilité. Ces avantages incluent l’allocation d’État pour les enfants, le revenu minimum d’inclusion, l’indemnité de chômage, l’indemnité d’invalidité ou l’allocation mensuelle du congé de maternité. Ces allocations sont allouées à condition de respecter certaines conditions, spécifiques à chaque cas.

     

    Par ailleurs, les citoyens qui obtiennent pour la première fois un permis de protection temporaire à partir du 1er juillet 2024 auront droit, une seule fois sur une période de 4 mois consécutifs, à une somme forfaitaire mensuelle dont le montant, les conditions et le mécanisme d’attribution seront définis par décret gouvernemental. À la fin de ces 4 mois consécutifs, les bénéficiaires de cette aide auront accès au système d’assistance et de protection sociale en Roumanie.

     

     Les chiffres du chômage en Roumanie

     

    Fin mai 2024, le taux de chômage en Roumanie était de 3,09 %, soit en légère baisse par rapport au mois d’avril, selon l’Agence nationale de l’occupation de la main d’œuvre. En mai dernier, la Roumanie recensait près de 249 000 chômeurs, dont près de 50 000 touchaient une indemnité de chômage, soit environ 2 200 personnes de moins qu’en avril dernier. Plus de 66 000 personnes sans emploi se trouvaient en milieu urbain et près de 183 000 en milieu rural. La plupart d’entre elles sont âgées de 40 à 49 ans, suivies par des personnes ayant plus de 55 ans. En termes formation, les chômeurs sans études ou ayant une formation primaire seulement comptaient pour près de 32 % des chômeurs roumains, selon la même source. Près de 34 % des chômeurs avaient terminé le collège, alors que les personnes ayant fait des études universitaires représentaient 4,5 % des Roumains sans emploi.

     

    Heures de travail

     

    Enfin, les Roumains qui ont un emploi travaillent beaucoup plus que d’autres Européens. Selon une étude d’Eurostat, en Roumanie, on travaille plus d’heures par semaine que la moyenne européenne. En moyenne, un citoyen de l’espace communautaire consacre un peu plus de 36 heures par semaine au travail. Les Grecs ont le programme le plus chargé, travaillant près de 40 heures, suivis des Roumains avec 39,5 heures et des Polonais avec 39,3 heures. Au pôle opposé, l’on retrouve les Néerlandais qui travaillent 32,2 heures par semaine, les Autrichiens avec 33,6 heures et les Allemands – avec 34 heures par semaine. Selon les données d’Eurostat, en Europe de l’Est, à commencer par les Pays Baltes et jusqu’à la Grèce, l’on travaille plus qu’en Europe Occidentale. Par secteurs d’activité où l’on travaille le plus, ce sont les agriculteurs, les employés de la sylviculture et les pisciculteurs qui arrivent en tête de liste avec 41,5 heures, suivis des employés des mines, carrières et du BTP, avec 39 heures. À l’opposé, les employés de l’éducation passent le moins de temps au travail, soit moins de 32 heures par semaine, ainsi que ceux du domaine des arts et du divertissement, avec 33 heures. (trad. Valentina Beleavski)

  • Pourquoi travaillons-nous ?

    Pourquoi travaillons-nous ?

    Le centre de Stratégie, management et développement intelligent du Département de sciences politiques, d’administration et de communication de l’Université Babeș-Bolyai de Cluj-Napoca a réalisé une étude nommée : Pourquoi travaillons-nous ? Les résultats montrent des changements clairs dans l’attitude des salariés envers leurs responsabilités, notamment en ce qui concerne les moins de 40 ans mais aussi des évolutions sur les attentes que les employeurs et les employés ont les uns envers les autres. Ainsi, aujourd’hui le salaire n’est plus le premier aspect pris en compte pour le choix d’un poste, les gens cherchant plutôt un équilibre entre leur vie professionnelles et personnelle. On note aussi un changement d’attitude des employeurs en termes d’autorité et une nouvelle interprétation des fonctions de cadre. Le chef autoritaire qui donne des ordres incontestés tend à disparaitre, face à une génération qui ne se laisse plus impressionnée par ce type de comportement.

     

    Tudor Țiclău, qui est conférencier au sein du département d’Administration et de management public de l’Université de Cluj, détaille pour nous les critères de choix mis en évidence par cette étude :

     

    « Concernant les critères de sélection pour trouver un emploi, nous avons testé 9 facteurs. En premier lieu apparaît la sécurité de l’emploi, en effet 87% des personnes interrogées estiment qu’il s’agit d’un critère important ou très important. En deuxième position vient le type d’emploi, en troisième – les opportunités d’évolution et en quatrième – l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle. Il est intéressant de noter que ces critères se retrouvent aussi chez les étudiants. Nous avons mené la même enquête auprès d’étudiants et la seule différence est que la sécurité de l’emploi arrive pour eux en quatrième position, tandis que l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle arrive en première position. Le type d’emploi et les opportunités d’évolution qu’il offre restent aux mêmes places. Un autre élément remarquable est que le salaire et les bénéfices se classent en cinquième et sixième position, ils ne sont donc pas des critères décisifs. Ils ne prennent de l’importance que s’ils sont très éloignés des attentes. En queue de classement on trouve le travail à domicile et les valeurs des entreprises et en tout dernier le fait de travailler avec des technologies de pointe. En fait, seule la moitié des personnes interrogées considère qu’il s’agit d’un critère pertinent. Ce même classement est valable aussi pour les étudiants ».

    L’étude montre également le souhait et la capacité des employeurs d’entretenir des relations plus ouvertes qu’auparavant avec leurs employés. Tudor Țiclău dresse le tableau des nouvelles relations de travail :

     

    « L’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, mais aussi le bien être au travail sont des éléments de plus en plus importants. Et à partir de nos observations, nous pouvons dire que les directions des entreprises accueillent et accompagnent ces transformations souhaitées par les salariés. Ces critères d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et de bien-être au travail sont particulièrement importants pour la jeune génération, la génération Z. Et nous pensons qu’ils devraient mener à un nouveau paradigme de compréhension des relations entre les entreprises et les salariés, notamment lié au fait que pour ces jeunes travailleurs, l’identité professionnelle a beaucoup moins d’importance que pour les générations antérieures. En d’autres termes, les gens ne s’identifient plus à leur travail. Ça va même plus loin, dans le sens où les postes doivent être façonnés pour correspondre aux besoins des employés. On observe cette délimitation entre la vie professionnelle et la vie personnelle qui représente une revendication forte de la part des jeunes, une demande de respect des limites. Par exemple, ces salariés considèrent qu’une fois la journée de travail terminée, ils n’ont pas à prendre sur leur temps personnel pour régler une situation restée en suspens, ils le feront le lendemain ».

     

    Nous assistons donc à un changement sans précédent des relations entre employeur et employé et ce grâce à la jeune génération, comme nous le rappelle Tudor Țiclău.

     

    « On voit également un changement au niveau de l’encadrement. Il est clair que l’approche classique où un chef autoritaire donne des ordres et explique comment les choses doivent être faites ne fonctionne plus. Aujourd’hui, l’équation de l’encadrement est bien plus complexe. Déjà, pour qu’un cadre soit accepté, quelle que soit l’entreprise ou sa position, il doit posséder des qualités humaines, faire preuve d’empathie, être capable de discuter et de comprendre les besoins des salariés. C’est sur cette base qu’ensuite peuvent se développer les autres compétences attendues d’un cadre : des compétences techniques, une vision, la capacité à partager cette vision, bref des compétences spécifiques au travail de l’entreprise. Les salariés attendent avant tout d’un cadre qu’il soit capable de les comprendre en tant qu’individus, de comprendre leurs besoins et de les traiter comme des égaux. Il y a une réaction de résistance à toute forme d’autorité formelle, c’est caractéristique de la génération Z et ça ne se limite pas au domaine professionnel. C’est un rejet global des valeurs traditionnelles ».

     

    On se demande souvent pourquoi les entreprises préfèrent recruter des jeunes plutôt que des personnes plus âgées, avec plus d’expérience. Tudor Țiclău éclaire notre lanterne.

     

    « Il ne s’agit pas réellement d’une préférence pour des personnes plus jeunes, mais d’une préférence pour un certain type de salarié, qui se retrouve principalement parmi les jeunes. Pour commencer, les entreprises veulent des employés prêts à apprendre en permanence, afin de s’adapter à des marchés en évolution constante. Car un salarié disposé à se former en permanence sera performant dans un plus grand nombre de situations qu’un autre. Ensuite, les entreprises attendent également que leurs employés aient une attitude proactive et soient autonomes dans la résolution des problèmes. Plus précisément, il est attendu des employés qu’ils essaient de résoudre seuls les difficultés auxquelles ils sont confrontés et qu’ils n’aient recourt à leur autorité formelle que lorsque leurs ressources ou leur position ne leur permettent pas de résoudre le problème. Les responsables veulent également des employés qui souhaitent évoluer au sein de l’entreprise et beaucoup d’entreprises ont développé des instruments et des programmes qui cherchent à encourager ce type de comportement. En fin de compte, il relève de l’intérêt de tous que la relation de travail ne soit pas interrompue ».

     

    Respect de la vie privée et individualisation des responsabilités au sein de l’entreprise sont donc les deux faces de ce nouveau paradigme qui tend à s’imposer partout dans le secteur privé. (trad. Clémence Leheureux)

     

  • 09.05.2024 (mise à jour)

    09.05.2024 (mise à jour)

    Elections – A commencer par ce vendredi, la Roumanie est officiellement en campagne électorale pour le scrutin du 9 juin, lorsque le pays organise des élections pour le parlement européen et des élections locales, les premières de cette année. En septembre les Roumains sont attendus aux urnes au scrutin présidentiel et en décembre aux élections législatives. Le 9 juin les citoyens roumains peuvent voter pour le Parlement européen dans n’importe quel bureau de vote de Roumanie et du monde, alors que pour les élections locales, ils peuvent exercer leur droit de vote uniquement dans leurs circonscriptions. Plus de 900 bureaux de vote seront aménagés à l’extérieur des frontières nationales, soit presque le double par rapport aux précédentes élections pour le parlement européen. Les institutions européennes mettent en garde les citoyens européens au sujet du risque accru de désinformation et de manipulation généré par des acteurs se trouvant à l’extérieur de l’espace communautaire. La Commission européenne a lancé une vidéo sur la désinformation qui sera diffusée dans les médias de tous les Etats membres. Les personnes à droit de vote sont exhortées d’avoir une attitude critique envers les contenus diffusés enligne, c’est-à-dire de les analyser rigoureusement et de ne pas croire dès le début tout ce qu’ils lisent ou regardent. Ils devraient savoir que les contenus vidéo ou audio peuvent contenir des enregistrements truqués ou mis hors contexte, ils devraient également vérifier les informations et privilégier les sources fiables.

     

    Europe – La Roumanie a marqué le 9 mai la fête de l’Europe. Dans un message, Klaus Iohannis a déclaré que les européens souhaitaient vivre dans des sociétés libres, avec un état de droit fonctionnel et le maintien de la paix est le défi du moment. Pour sa part, le premier ministre Marcel Ciolacu a précisé qu’après l’adhésion à l’Union européenne, la Roumanie avait bénéficié de plus de 64 milliards d’euros de fonds européens, de l’argent supplémentaire à sa contribution au budget de l’Union. Selon un sondage d’opinion, la moitié des Roumains affirment que l’adhésion à l’UE a produit plutôt des avantages au pays, un taux à la hausse par rapport à celui d’il y à 10 ans. 42 personnes interviewées sur cent affirment que leurs futurs eurodéputés devraient œuvrer prioritairement pour que les Roumains aient les mêmes droits que les autres ressortissants européens et pour que la Roumanie intègre complètement l’espace Schengen de libre circulation européenne, soit aussi avec les frontières terrestres. Pour rappel, le 9 mai 1950, le ministre français des Affaires Etrangères, Robert Schumann proposait de placer la production de charbon et d’acier sous le contrôle d’une autorité commune. Connue sous le nom de la Déclaration Schumann, cette proposition est considérée comme le fondement de l’UE. La Roumanie a rejoint l’espace communautaire le 1er janvier 2007, aux côtés de la Bulgarie. Le 9 mai a une importance historique pour la Roumanie puisqu’elle marque aussi la proclamation de l’Indépendance d’Etat.

     

    Ukraine – La Roumanie pourrait être un centre logistique pour la reconstruction de l’Ukraine, a déclaré jeudi à Bucarest le ministre de l’économie, Radu Oprea, dans le cadre d’une conférence consacrée aux investissements en Europe centrale et de l’est qui a réuni des responsables du système financier – bancaire, du milieu des affaires et des autorités publiques des Etats de la région. « Si nous savons comment faciliter le transit des céréales – entre 70% et 80% des céréales ukrainiennes passent par l’infrastructure roumaine et arrivent partout dans le monde – il est évident que nous savons comment assurer des conditions de sécurité pour le personnel et les équipements ». a dit le ministre Oprea. La situation en Ukraine voisine s’est retrouvée à l’agenda des pourparlers que le chef de l’État roumain Klaus Iohannis a eues à Washington avec le leader de la Maison-Blanche, Joe Biden. Klaus Iohannis a dit que la Roumanie connaissait qu’elle jouait un rôle clé dans les efforts d’aider l’Ukraine d’obtenir la victoire et la paix, de réussir économiquement et de s’intégrer dans l’Union européenne. Le président roumain a évoqué aussi la possibilité que la Roumanie cède à l’Ukraine un système Patriot de défense antiaérienne.

     

    Travail – 1,4 millions de Roumains travaillent au noir, selon un récent rapport de la Commission européenne. Plus de 27% des Roumains âgés de 16 à 74 ans avaient au moins des compétences numériques de base en 2023 par rapport à plus de 55% en Union européenne. Cette situation implique des risques élevés de pauvreté et d’exclusion sociale, notamment dans le cas des enfants, des personnes qui vivent dans les zones rurales, parmi les femmes et les groupes vulnérables. Selon le même rapport, la participation des adultes âgés de 25 à 64 ans à des sessions d’apprentissage, durant les 12 derniers mois a été d’uniquement 19%, de beaucoup sous la moyenne européenne de plus de 40%. Le document souligne aussi le fait que les défis au développement des compétences devraient solutionnés rapidement pour soutenir la transition envers une économie numérique et verte.

     

    Météo – Temps assez frisquet vendredi en Roumanie, surtout la nuit et le matin, mais les maximas du jour sont à la hausse et tournent généralement aux moyennes pluriannuelles. Le ciel sera couvert avec quelques pluies à verse dans l’après midi et le soir. Des orages sont également possibles sur les Carpates occidentales et sur l’ouest des Carpates méridionales, ainsi que sur les régions du sud-ouest, ouest, centre. Les maxima iront de 16 à 22 degrés.

  • L’insertion sociale des personnes vulnérables

    L’insertion sociale des personnes vulnérables

    Les entreprises sociales, actives depuis de nombreuses
    années déjà en Roumanie, se révèlent extrêmement utiles pour l’insertion
    sociale des personnes vulnérables. Par exemple, l’association Ateliers sans
    frontière, recrute par le biais de ses entreprises sociales, en CDD et au
    SMIC, des personnes qui peinent à trouver du travail par ailleurs : des SDF,
    des mères célibataires victimes de violences domestiques, d’anciens détenus et
    des personnes qui cherchent à sortir de leur dépendance. Certains bénéficient
    également de conseils et de cours de requalification afin de se préparer à
    réintégrer le marché du travail et à vivre de manière autonome.

    Qui sont ces
    personnes? Ateliers sans frontière offre une réponse complexe et détaillée à
    cette question dans une étude récemment réalisée que nous présente Claudia
    Petrescu, sociologue à l’Institut de recherche sur la qualité de la vie. Nous
    avons regardé le niveau d’éducation de ces personnes. Quand elles s’expriment
    sur leur vulnérabilité, elles font toujours référence au même niveau
    d’éducation. 28% de l’échantillon des personnes étudiées n’ont pas dépassé le
    niveau collège, n’ont même pas fini le collège en fait. Concernant les revenus,
    39% des personnes les tirent de leur salaire, ce qui est très gratifiant. Mais
    25% de ces revenus proviennent des entreprises d’insertion ou d’emplois
    protégés, ce qui est beaucoup. Seul 14% travaillent pour d’autres types
    d’employeurs, hors dispositifs spéciaux. 55% n’ont pas de revenus constants ou
    pas du tout de revenu. Si on se penche sur les difficultés auxquelles les
    personnes questionnées se heurtent, c’est l’absence d’un lieu de travail qui
    est en tête. Elles sont 40% à l’affirmer. Suivent les problèmes de santé, 34%
    et l’absence d’un logement, 13%. En quatrième place, on retrouve les
    difficultés liées aux enfants. Elles sont nombreuses car nous avons beaucoup de
    femmes victimes de violence. Et nous avons beaucoup de femmes qui n’ont
    nulle part où laisser leur enfant pendant qu’elles travaillent huit heures de
    suite. Parmi ceux ayant déclaré que l’absence d’emploi était leur principal
    problème, 22% ont abandonné l’école à la fin du collège. C’est pour cette
    raison que nous disons que le niveau d’éducation est important pour (comprendre
    la situation de ) ces personnes.



    Les personnes vulnérables sont également en proie à une
    santé précaire.

    Il n’est pas question ici de handicap, les personnes en
    situation de handicap n’entrent pas dans cette catégorie, mais de maladies
    chroniques. Dans ce cas, ce ne sont pas que les chances d’être recruté qui
    baissent, mais aussi la possibilité de garder son emploi dans un contexte où
    l’état de santé ne permet pas un effort prolongé. C’est pourquoi les
    entreprises sociales aident ces personnes à se maintenir en poste. Claudia
    Petrescu: Il est très important de comprendre
    qu’il ne suffit pas de leur offrir un travail, il faut aussi apporter le soutien
    nécessaire pour qu’elles puissent se maintenir en poste. Ce n’est pas facile.
    Ce sont des personnes qui manquent d’éducation, des personnes qui ont réussi
    par le biais d’entreprises sociales à obtenir une formation professionnelle
    etc. Mais ce n’est pas la seule chose qui importe. La partie liée au suivi
    occupe une place centrale dans ces entreprises sociales d’insertion. Les
    professionnels du secteur savent le temps qu’il faut pour informer et conseiller
    correctement les personnes vulnérables. Parfois, un des employés ne vient pas
    travailler, on ne sait pas pourquoi et les accompagnateurs essayent de le
    chercher, de savoir où il est et ce dont il a besoin afin de réussir à le
    maintenir à son poste. Mais ce besoin de suivi et de soutien varie d’une
    personne à l’autre, pour certains cette période dure un mois, pour d’autres un
    an… ou deux, jusqu’à ce qu’ils puissent trouver du travail hors milieu
    protégé.



    Le marché du travail est en manque de main d’œuvre

    C’est ce que révèle une étude réalisée par la Confédération patronale Concordia. Son
    directeur exécutif, Radu Bumete, nous apporte des éclairages: Comme nous sommes nombreux à le
    noter, bien que nous ne soyons plus un pays pauvre, nous en avons parfois
    encore l’air. Et c’est le problème. Mais pourquoi dit-on que la Roumanie est un
    pays pauvre? Nous avons la 10e économie d’Europe. Nous avons dépassé la République
    Tchèque, la Finlande, le Portugal, la Grèce. Juste devant nous se trouvent le
    Danemark et l’Autriche. Je ne parle pas de revenu par habitant, mais de
    l’économie roumaine dans son ensemble. Nous avons aussi du capital, du capital
    autochtone. Il y a beaucoup d’argent en Roumanie et aussi des investissements
    étrangers. Donc il y a de l’argent, il y a de la technologie. Nous produisons aussi
    beaucoup de choses extraordinaires en Roumanie. Mais nous avons un problème
    concernant le nombre de travailleurs, il n’y a pas assez de monde pour faire
    tourner cette économie florissante. Si nous gardons la trajectoire actuelle,
    nous n’arriverons pas là où nous souhaitons arriver, parce que nous manquons de
    personnes.



    Que disent les statistiques sur cette pénurie de main
    d’oeuvre? Où sont donc passés ceux qui devraient faire tourner l’économie roumaine?

    Beaucoup sont à l’étranger, mais Radu Bumete avance une autre explication: Selon l’Institut national de
    Statistique, en 2020-2021, il y a avait en Roumanie 12 millions de personnes
    aptes au travail, âgées entre 15 et 64 ans. Sur ces 12 millions, environ 8
    millions travaillent. Elles sont actives, font quelque chose et touchent un
    salaire. Mais nous avons aussi 4 millions de personnes qui sont totalement
    absentes du marché du travail bien qu’elles aient l’âge de travailler. Elles
    pourraient théoriquement travailler, mais elles ne le font pas. Ce qui fait que
    le nombre de personnes travaillant soit bien moins élevé en Roumanie que dans
    d’autres pays de la région. Et on devrait s’interroger sur cette situation
    parce qu’une partie de ces 4 millions de personnes sont de toute évidence des
    personnes vulnérables.







    Il reste donc beaucoup à faire pour améliorer la
    situation des personnes vulnérables quand et si elles parviennent à sortir des
    dispositifs d’aide offerts par les entreprises sociales. (Clémence Lheureux)







  • Deux nouveaux ministres à Bucarest

    Deux nouveaux ministres à Bucarest

    Un petit remaniement gouvernemental vient d’avoir lieu à Bucarest. Corina Cristea en fait le point. Deux nouveaux ministres à Bucarest Proposées en début de semaine par le PSD, principal parti de la coalition à la gouvernance à Bucarest, les députées Natalia Intotero et Simona Bucura-Oprescu ont prêté serrement d’investiture, mercredi, en présence du président Klaus Iohannis. Simona Bucura-Oprescu devient ainsi ministre du Travail et de la solidarité sociale, à la place de Marius Budai, alors que Natalia-Elena Intotero remplace Gabriela Firea au poste de ministre de la Famille, de la jeunesse et de l’égalité des chances.

    Pour rappel, leurs prédécesseurs ont démissionné la semaine dernière, sur toile de fond d’un immense scandale autour de nombreux abus et cas de maltraitance dépistés dans plusieurs maisons de retraite du sud du pays. Depuis, les autorités ont vérifié plus de 2000 tels foyers, dont plusieurs dizaines ont été fermés et d’autres ont vu suspendre leur activité, tout cela en raison des conditions de vie inadéquates découvertes sur place. En même temps, des amendes d’environ 2 millions d’euros ont été infligées et des enquêtes pénales ont été lancées pour infractions contre les personnes et infractions de nature économique. Déjà deux inspecteurs de l’Agence départementale pour les paiements et pour l’inspection sociale d’Ilfov (sud) ont été retenus pour ne pas avoir évalué correctement la situation d’un foyer pour les personnes handicapées.

    C’est dans ce contexte qu’ont eu lieu les deux démissions, demandées par le premier ministre Marcel Ciolacu. Selon ce dernier, les maires, les présidents des conseils départementaux et les directeurs des institutions locales ou encore les chefs de la police concernés par les perquisitions du parquet antiterrorisme devraient eux aussi en assumer la responsabilité politique. A son tour, le porte-parole du PSD, Lucian Romaşcanu, affirme que suite aux contrôles effectués dans les maisons de retraite, d’autres responsables encore devraient quitter leurs postes : « A l’heure où l’on parle, il est normal de penser que la responsabilité n’est pas uniquement ministérielle, mais elle incombe aussi aux autorités locales. Sans doute, des décisions seront prises au niveau gouvernemental, mais en même temps, les coupables, du moins d’un point de vue politique sinon administratif aussi, devront faire un pas un arrière. C’est un geste de dignité politique », a déclaré le porte-parole du PSD.

    Pour l’instant, les deux nouvelles ministres ont repris leurs portefeuilles. A la tête du ministère du Travail, Simona Bucura-Oprescu, 43 ans, qui en est à son 3e mandat de députée sociale-démocrate, écrivait lundi sur les réseaux sociaux que la loi des régimes spéciaux de retraite, la loi de retraites et celle des salaires dans le système public étaient les priorités de son mandat de ministre pour mener à bout les réformes assumées par le PNRR. Enfin, Natalia Intotero, 47 ans, en est à son 3e mandat de parlementaire du PSD, elle a déjà été ministre en charge des relations avec les Roumains de la diaspora, et désormais elle se retrouve à la tête du ministère de la Famille.

  • 21.11.2022

    21.11.2022

    Justice – Les députés de Bucarest doivent voter aujourd’hui de la demande du ministre de la Justice d’approuver d’une perquisition numérique dans un dossier visant l’ancien édile du 1er arrondissement de la Capitale roumaine, Daniel Tudorache. Il est poursuivi pour une série d’achats illégaux et surévalués au début de la pandémie de Covid 19. Le mois dernier la Direction nationale anticorruption annonçait le début des poursuites pénales à l’encontre de 56 suspects, personnes physiques et morales, dont l’ex maire Marian Vanghelie, conseiller local au 5e arrondissement jusqu’en 2020 et l’ex édile Daniel Tudorache, actuellement député du PSD. Selon les procureurs anticorruption, le groupement aurait été constitué et coordonné par Marian Vanghelie et aurait réussi à obtenir suite à ces contrats plus de 13,5 millions d’euros.

    Exercice – C’est à Cincu, compté de Brasov dans le centre que se déroule à partir d’aujourd’hui et jusqu’à vendredi un exercice militaire impliquant 600 fantassins roumains aux côtés de militaires de France, Portugal, Pologne et Etats-Unis Les objectifs de l’exercice « Black Scorpions » est l’instruction en commun des militaires et implicitement le renforcement de la cohésion des structures par l’entrainement sur le terrain et des exercices tactiques de tirs avec des munitions de combat. Les convois de personnel et les plus de 70 véhicules présentes devraient de retirer depuis le polygone de Cincu samedi.

    Paris – Aujourd’hui à Paris, le ministre roumain des Affaires Etrangères, Bogdan Aurescu, est le coprésident de la 3e Conférence ministérielle de la plateforme d’appui à la République de Moldova, initiée par la Roumanie, l’Allemagne et la France ce printemps. Les travaux visent les options d’assistance d’urgence à la République de Moldova dans le contexte des défis majeurs auxquels cet Etat se confronte tant du point de vue énergétique, qu’économique, humanitaire sur le fond de la guerre brutale d’agression menée par la Fédération de Russie contre l’Ukraine. Cet évènement réunit aussi les présidents français, Emmanuel Macron, et de la République de Moldova, Maia Sandu. A la précédente conférence déroulée dans la Capitale roumaine, les participants ont décidé d’accorder un appui financier de 615 millions d’euros aux autorités de Chisinau.

    Francophonie – Dans le cadre des travaux du sommet de la Francophonie en Tunisie, la Roumanie a souligné l’impact grave sur la sécurité et la stabilité régionales et mondiales généré par l’agression militaire de la Russie contre l’Ukraine. Les responsables roumains ont également évoqué la situation de vulnérabilité à part de la République de Moldova dans ce contexte. Le conseiller présidentiel, Sergiu Nistor, le représentant pour la Francophonie du président roumain, Klaus Iohannis, a souligné aussi la contribution solide de la Roumanie par la promotion de la langue française et des valeurs de la Francophonie, soulignant l’engagement actif de Bucarest dans la coopération internationale et dans l’assistance au développement dans l’espace francophone par le financement de programmes déroulés en Afrique francophone et dans des Etats membres d’Europe centrale et orientale.

    Travail – Le ministre roumain du Travail, Marius Budăi, est aujourd’hui invité à participer à la réunion plénière de la Chambre des Députés pour répondre aux questions des élus de l’USR, d’opposition qui souhaitent connaitre l’état des efforts de réduire les dépenses avec les pensions de retraite spéciales et les pas concrets pour réaliser l’engagement assumé dans le plan national de relance et de résilience. La Commission européenne vient d’annoncer que les pensions des militaires devraient également être réformées tout comme les autres régimes spéciaux et que la Roumanie devrait s’encadrer à commencer par l’année prochaine dans une limite de 9,4% du PIB au chapitre retraites, dans le cadre des conditions à remplir pour approuver la troisième demande de versement des fonds européens. M Budai devrait présenter une série de précisions sur le taux de majoration des retraites, qui s’appliquera à commencer par l’année prochaine. Dans le cadre de la coalition gouvernementale, les opinions sont partagées, les libéraux souhaitent majorer de 15% toutes les pensions de retraite, alors que les sociaux-démocrates insistent que les petites pensions devraient bénéficier de majorations plus importantes.

    Météo – Météo morose sur le nord-est et le sud-est de la Roumanie où les températures ont considérablement chuté par rapport à la semaine dernière. Ciel couvert avec une possibilité de précipitations sur l’ouest. Sur le reste du pays, les précipitations sont déjà présentes. Des chutes de neige sont déjà présentes sur le relief, notamment sur les Carpates orientales et à des altitudes de plus de 1500 mètres. Les quantités d’eau dépasseront les 10 à 15 litres par mètre carré et la vitesse du vent sera particulièrement élevée sur le relief. Les maxima tournent autour des 10 degrés pour monter jusqu’à 18 degrés sur certaines régions. Un temps maussade à Bucarest, avec 7 degrés seulement.

  • Le travail nous éduque, le travail nous élève !

    Le travail nous éduque, le travail nous élève !

    La pandémie aura eu des avantages parfois
    inattendus, comme celui de fournir aux employés de nouvelles armes dans le
    cadre du travail. Nous constatons aujourd’hui un changement de paradigme. En
    effet, ces derniers sont prêts à donner leur démission, même sans avoir trouvé autre
    chose ailleurs, plutôt que d’être contraints à faire toute sorte de compromis.
    Une étude récente a révélé que seuls 3 % des personnes interrogées étaient d’accord
    pour retourner à plein temps sur leur lieu de travail. De même, la majorité a
    déclaré être prêts à démissionner s’ils étaient contraints de faire quelque
    chose qu’ils n’avaient pas envie de faire. 86 % ont déclaré vouloir bénéficier
    d’au moins deux jours de télétravail par semaine, et nous parlons ici d’une
    étude menée sur un échantillon de 10 000 personnes dans le monde entier !






    Découvrons avec Raluca Dumitra, directrice
    marketing du groupe eJobs, les conséquences de la pandémie sur la dynamique du
    marché du travail en Roumanie. A quoi va-t-il ressembler en 2022, et quels seront
    les secteurs qui recruteront le plus ? Nous parlerons aussi évidemment de
    la « Great Resignation » (la grande démission), un phénomène qui
    touche aussi, même de loin, la Roumanie.




    Raluca
    Dumitra : « En 2021, l’expression « Great Resignation »,
    rebaptisée chez nous « la Grande démission », désignait un
    phénomène se rapprochant progressivement de la Roumanie. Dans une étude
    récente, 21 % des personnes interrogées déclaraient être prêtes à démissionner sans
    garantie d’avoir trouvé un autre travail. Même s’il ne s’agit pas d’un pourcentage
    élevé, il n’en reste pas moins surprenant, d’autant que la plupart des employés
    déclarent être peu enclins au compromis dans leur travail. 8 Roumains interrogés
    sur 10 affirment vouloir prioritairement démissionner cette année et assurent
    avoir déjà commencé à chercher autre chose. Le plus surprenant reste leur
    optimisme inébranlable, la plupart étant persuadés de retrouver du travail en
    moins de trois mois. Par ailleurs, difficile de savoir s’il s’agit d’optimisme
    ou de réalisme, mais le fait est que la Roumanie fait face à un déficit chronique
    de talents. Cela met donc les candidats en position de force, ce qui leur
    permet de choisir un poste qui leur plaît et de négocier des conditions avantageuses.
    Sans compter que cela les met en confiance, restant convaincus qu’ils pourront
    démissionner sans avoir de plan B, et de retrouver rapidement du travail. Ils n’ont
    d’ailleurs pas tort en ce sens, car il est vrai que les plus qualifiés
    trouveront facilement un travail qui correspond à leurs attentes. »





    Raluca Dumitra nous explique quels sont les
    secteurs les plus touchés par ce manque de main d’œuvre, quels sont ceux qui
    recrutent et où :




    « A
    l’heure actuelle, le marché du travail est frappé de plein fouet par le manque
    de main d’œuvre. A la mi-février, déjà 60 000 annonces de recrutement
    avaient été postées sur notre plateforme depuis le début de l’année. Beaucoup
    recrutent à Bucarest et dans les grandes villes du pays. Les secteurs les plus en
    demande sont le commerce de détail, les services, les centres d’appels, la
    production, l’informatique et la télécommunication, les transports et la
    logistique, l’industrie alimentaire et le bâtiment. Nous avons refait un
    sondage il y a quelques semaines dans lequel nous avons demandé aux employeurs
    quels étaient selon eux les secteurs qui recruteraient le plus cette année. Les
    trois premières réponses ont été la vente, la production et le bâtiment. Ce
    sont des secteurs qui ont toujours recruté massivement (surtout les ventes),
    car ils peinent à trouver de la main d’œuvre, tout comme les domaine de la
    production ou du bâtiment. Ce dernier secteur a pris un essor considérable ces
    deux dernières années. Par ailleurs, le domaine de l’informatique rencontre
    constamment des difficultés pour recruter. Avant la pandémie, on estimait le
    déficit de spécialistes dans ce secteur entre 20 et 30 000. Aujourd’hui,
    avec toutes les avancées faites dans ce domaine, ce nombre sera certainement
    passé à 50 000. »





    La pandémie nous a permis de découvrir un
    mode de travail hybride, amené à se poursuivre malgré la fin de la crise. Raluca
    Dumitra nous raconte :




    « La
    flexibilité reste un des seuls avantages permis par la pandémie, car nous avons
    tous été contraints de travailler depuis notre domicile. Nous avons développé
    cette capacité à travailler chez nous ou ailleurs, un luxe auquel les employés
    ne veulent plus renoncer. Il y a fort à parier que nous parlions davantage en
    2022 de travail hybride plutôt que de télétravail. C’est en effet ce que
    souhaitent les employés, mais aussi les entreprises. Revenir travailler dans
    les locaux (attention, pas cinq jours par semaine comme c’était le cas avant), oui,
    mais tout en jouissant de cette flexibilité. Il est tout à fait possible que
    nous ne voyions pas de sitôt un retour à cinq jours de travail par semaine dans
    les locaux – ou peut-être plus jamais. En somme, les employés veulent
    revenir au bureau sous leurs conditions, et ce pour plusieurs raisons : le
    contact avec les collègues pour certains, une meilleure concentration pour d’autres.
    Mais sans désir de revenir à temps plein. En outre, les entreprises qui imposeront
    à leurs employés de revenir sur leur lieu de travail sans leur laisser le choix
    (par exemple en les obligeant à revenir les lundi, mardi et mercredi) risquent
    d’en pâtir. Surtout dans un contexte où il est déjà très difficile de recruter
    du personnel qualifié. Celles qui refuseront de comprendre ce besoin de flexibilité
    des employés risquent d’être confrontées à une vague de démissions, en référence
    au phénomène mentionné plus tôt. Quant à la volonté des employés de prendre
    davantage de jours de récupération en 2022, elle est tout à fait naturelle. N’oublions
    pas qu’au cours des deux dernières années, nous avons tous vécu dans un système
    de restrictions. Nous n’avions plus de liberté de circulation. Il fallait
    constamment rester sur nos gardes lors de nos déplacements. Nous avons bien
    moins voyagé que les années précédentes, et tout le monde n’a pas pu partir en
    vacances comme avant. Le télétravail a aussi eu comme conséquence l’altération
    de la frontière entre vie privée et vie professionnelle. Les gens ont donc
    beaucoup travaillé (on a rapporté beaucoup de cas de burnout), il est donc tout
    naturel d’éprouver le besoin de se reposer ensuite »
    , a
    ajouté notre interlocutrice, Raluca Dumitra. (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Manque de consensus sur le certificat numérique covid

    Manque de consensus sur le certificat numérique covid

    Déjà en vigueur dans plusieurs Etats, notamment de
    l’Union européenne, l’obligation de présenter le certificat vert numérique Covid
    sur le lieu de travail a provoqué en Roumanie des disputes véhémentes. Les
    médias de Bucarest affirment que l’adoption avant la fin de l’année d’une
    nouvelle loi du certificat est de plus en plus improbable, tout comme
    l’obligation de le présenter au travail. Les leaders de la coalition
    gouvernementale constituée par le PSD, le PNL et l’UDMR se sont réunis jeudi pour
    débattre du sujet, mais sans aucun résultat concret. Les pourparlers devraient continuer
    la semaine prochaine, après Noël.


    Selon des sources politiques, l’idée de renoncer à
    l’introduction du certificat numérique au travail appartiendrait au président
    Klaus Iohannis. Les leaders de la coalition au pouvoir, le libéral Florin Cîtu et le social-démocrate Marcel
    Ciolacu, estiment désormais qu’une loi qui conditionne l’exercice de sa
    profession risque d’être déclarée inconstitutionnelle. Par contre, dans
    l’opposition, l’USR affirme que sans l’obligation de présenter le passe
    sanitaire au travail, une loi à ce sujet serait tout simplement dépourvue de
    contenu. Dans une lettre ouverte au président Iohannis, les anciens ministres
    de la Santé de l’USR, Ioana Mihaila et Vlad Voiculescu, affirment que cet
    instrument joue un rôle crucial dans la lutte contre les infections et dans la campagne
    de vaccination.


    Les hésitations des politiciens interviennent alors
    qu’une centaine de personnes qui protestaient contre l’introduction du certificat
    numérique covid sur le lieu de travail ont pénétré mardi dans la cour du Palais
    du Parlement de Bucarest. La manif, qui n’a été assumée par personne, a été
    fortement popularisée par l’AUR, parti de l’opposition nationaliste et a réuni,
    selon les autorités, quelque 1 500 personnes. Les élus nationaux de l’AUR, qui
    déploraient le non-respect de plusieurs
    droits fondamentaux, ont été rejoints par de nombreux groupuscules vaccino-sceptiques,
    très visibles et actifs dans l’espace public. Le ministre de l’Intérieur Lucian
    Bode affirme pourtant que le risque que les protestataires entrent dans le
    bâtiment du Parlement était carrément nul puisque la sécurité était assurée par
    300 gendarmes, qui avaient reçu l’ordre d’éviter toute intervention en force.


    Depuis le début de la pandémie en Roumanie, 1,8 millions
    de Roumains ont été infectés au coronavirus et près de 60 000 malades sont
    décédés des suites de la Covid 19. Autrement dit, la Roumanie a perdu en moins
    de deux ans la population d’une ville moyenne, observent les experts. Sur toile
    de fond d’une véritable psychose anti-vaccin entretenue par une partie des
    médias, des politiciens et d’autres personnes publiques, la Roumanie a une
    couverture vaccinale particulièrement faible et sur les 27 Etats membres seule
    la Bulgarie a un taux de vaccination plus bas que la Roumanie. (trad. Alex Diaconescu)

  • 21.12.2021

    21.12.2021

    Coronavirus en Roumanie – Ce mardi la Roumanie a rapporté 826 nouveaux cas de
    coronavirus dépistés en 24h et 88 décès, dont 22 antérieurs à la période de
    référence. Depuis le début de la pandémie, la Roumanie a recensé environ 1,8
    millions de cas de Covid-19 et plus de 58 000 décès causés par cette maladie.
    La Roumanie a aussi un des taux d’immunisation les plus faibles en UE, se
    classant avant-dernière, devant la Bulgarie.






    Normes sanitaires – Le centre-ville de Bucarest était bloqué ce matin par une manifestation
    contre l’adoption du certificat vert numérique obligatoire au travail. C’est le
    parti ultra-nationaliste l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR) qui fait la
    promotion de cette protestation sur les réseaux sociaux et dont les
    parlementaires ont rejoint les manifestants devant le siège du Parlement
    roumain. Par ailleurs, les mesures de santé publique nécessaires pour garder
    sous contrôle une éventuelle 5e vague de la pandémie ont fait
    l’objet d’une réunion entre le ministre social-démocrate de la Santé, Alexandru
    Rafila, et les représentants du milieu des affaires. Les discussions ont porté
    aussi sur l’idée d’introduire l’obligation de présenter le certificat vert
    numérique au travail, pour attester la vaccination, le fait d’avoir eu la
    maladie ou d’avoir effectué récemment un test PCR avec résultat négatif. Selon
    un communiqué du ministère de la Santé, il s’agirait de présenter ce document
    si le pays enregistre une croissance soutenue des cas de coronavirus au cours
    de 3 semaines consécutives, soit un taux de contamination de plus de 1,5 cas
    pour mille habitants. Au moment où l’incidence des cas est à nouveau inférieure
    à 1 cas pour 1000 habitants, on pourra renoncer à l’obligation de présenter le
    certificat vert numérique au travail. C’est la proposition du ministère de la
    Santé.








    Protestations
    – Les membres des syndicats de l’éducation nationale continuent de protester à
    Bucarest, devant le siège du gouvernement. Les trois fédérations syndicales les
    plus importantes de l’enseignement refusent de conclure les moyennes
    semestrielles et menacent par une grève d’avertissement, sans exclure une grève
    générale. Ils demandent aux responsables d’appliquer les majorations salariales
    promises et prévues par la loi. Lundi, les salariés des Chemins de fer de
    Roumanie ont déclenché une protestation spontanée, bloquant la circulation des
    trains pendant quelques heures, mécontents des salaires trop bas. Lundi soir,
    après des négociations, le ministère des Transports et les syndicats se sont
    mis d’accord sur une hausse d’environ 10% pour les salaires des cheminots à
    compter du 1er janvier 2022. D’autres confédérations syndicales ont
    annoncé des protestations pour mercredi. A l’origine de leur mécontentement -
    les mesures adoptées par l’actuel gouvernement et le refus constant d’un
    dialogue social.








    Corruption
    – Depuis le début de la pandémie de coronavirus, il y a presque deux ans, la
    Direction nationale anticorruption a ouvert plus de 160 enquêtes pénales pour
    des infractions en liaison avec à la pandémie, un phénomène qui a gagné en
    ampleur ces derniers temps. D’ailleurs, la Roumanie a mené la plus ample
    enquête en UE concernant plus de 3000 faux certificats de vaccination délivrés
    dans une ville du nord-ouest du pays (Vama Petea). A présent, la moitié des
    enquêtes lancées l’année dernière sont en cours et 8 dossiers avec 22 inculpés
    sont devant les juges.






    Révolution – Les
    héros de la Révolution anticommuniste de décembre 1989 sont commémorés
    aujourd’hui à Bucarest. Dans les endroits symboliques de la révolution des
    cérémonies religieuses et militaires sont prévues. Mercredi de telles
    commémorations auront lieux au Monument de Héros de la Révolution Roumaine
    ainsi qu’aux sièges de la Radio et la Télévision publiques roumaines. Pour
    rappel, la révolte anticommuniste a éclaté le 16 décembre 1989 à Timisoara
    (ouest) pour se répandre sur l’ensemble du pays dans les jours qui ont suivi.
    Le tout a culminé le 22 décembre par la fuite du dictateur Nicolae Ceausescu et
    de son épouse, Elena, après que le siège du Comité central du Parti Communiste
    de l’époque ait été pris d’assaut par les protestataires. Le couple dictatorial
    a été vite attrapé et exécuté le jour de Noël même après un très court procès.
    La Roumanie a été le seul pays de l’ancien bloc communiste où la chute de la
    dictature a eu lieu par la violence. Plus d’un millier de personnes ont perdu
    la vie fin décembre 89 et plus de 3000 ont été blessés. A ce jour, les
    coupables pour ces pertes humaines n’ont pas été identifiés.


    Météo – Il fait
    froid ce mardi en Roumanie, avec des maxima qui vont de -6 à 6 degrés. Il y avait
    du soleil à midi à Bucarest, mais il faisait assez froid : pas plus de 2
    degrés.

  • Siddhartha Bhattacharjee (Inde) – Le travail des mineurs

    Siddhartha Bhattacharjee (Inde) – Le travail des mineurs

    aux termes de
    la loi, il est interdit d’embaucher des personnes âgées de moins de 15 ans en
    Roumanie. C’est à peine à l’âge de 16 ans qu’une personne est consdérée comme
    ayant la capacité de travailler. Selon la Constitution, à l’âge de 15 ans, une
    personne peut signer un contrat de travail, mais uniquement avec l’accord des
    parents ou d’un représentant légal et uniquement pour des activités qui
    correspondent à son développeement physique, à ses compétences et connaissaices et à condition
    que sa santé, son développement et sa formation professionnelle ne soient pas
    affectés. Plus encore « l’enfant a le droit d’être protégé contre
    l’exploitation et ne peut pas être contraint à faire un travail qui présente un
    risque potentiel de nature à compromettre son éducation ou de porter atteinte à
    son état de santé psychique ou physique, à son développement mental, spirituel,
    moral ou social », lit-on sur un site spécialisé en matière d’embauches.
    (salariulmeu.org)






    Toutefois, la
    réalité sur le terrain est quelque peu différente à la loi. En raison de la
    pauvrete, en milieu rural, les enfants sont souvent obligés à participer aux
    tâches quotidiennes. Selon une étude réalisée en 2020 par l’organisation World
    Vision Roumanie, 80% des foyers examinés en milieu rural impliquaient les enfants
    dans les travaux ménagers : il s’agissait de soigner les animaux (40% des cas)
    ou soigner d’autres membres de la famille (14%). Des enfants de 5 à 18 ans passaient
    entre 1h20 et 1h45 par jour à faire le ménage, à soigner les animaux, à
    s’occuper d’autres membres de la famille, à travailler aux côtés des voisins ou
    à aider d’autres familles de leurs village. Avant la pandémie, 6% de ces enfants
    devaient même s’absenter de l’école pour remplir leurs tâches quotidiennes,
    alors que 2% des enfants questionnés ont affirmé « s’absenter tout le temps
    » parce qu’ils se sentent fatigués. C’est ce que constate une étude appelé
    « Le bien-être de l’enfant en milieu rural », réalisée entre juin et
    août 2020 par World Vision Roumanie sur 963 foyers réunissant près de 4 400
    personnes. 936 adultes et près de 3000 enfants ont été interviewés.






    Qu’en est-il
    au niveau modial ? Selon un article paru le 10 juin dernier sur le site de
    l’UNCEF, unicef.org, le niveau de l’exploitation des enfants par le travail a
    augmenté ces dernières années pour atteindre les 160 millions d’enfants du
    monde entier qui travaillent. Leur nombre a augmenté et cotinuera de croitre
    dans le contexte de la pandémie de coronavirus, met en garde l’ogranisation.
    Elle constate une croissnce notable dans les rangs de 5-11 ans, qui comptent actuellement
    pour la moitié des enfants soumis au travail. Alors que pour la tranche d’âge
    5-17 ans, on constate aussi une croissance du nombre des enfants effectuant un
    travail dangereux. D’ici la fin 2022, l’UNICEF préconise que 9 autre millions
    d’enfants du monde entier tomberont victimes de l’exploitation par le
    travail. A cause des crises économiques et des restrictions imposées par
    la pandémie, ils risquent de travailler des heures encore plus longues et dans
    des conditions encore plus précaires. « On perd du terrain dans la luttre
    contre l’exploitation des mineurs par le travail, et cette dernière année n’a
    pas rendu notre lutte plus facile, bien au contraire », déclare la directrice
    exécutive de l’UNICEF, Henrietta Forte, dans cet article publié en roumain sur
    unicef.org .






    Même dans des
    conditions normales et légales les avis sont partagés lorsqu’il est question de
    dire si un mineur devrait oui ou on travailler. Selon un site roumain financier
    (calculatorvenituri.ro), psychologues, sociloogues et économistes ne sont pas
    tous d’accord que le travail rémunéré soit bénéfique pour les 16-18 ans. Les
    jeunes deviendont plus responsables, apprendront à mieux gérer leur temps, à
    surmonter leur timidité, à connaître la valeur de l’argent, à valoriser leur
    travail. Autant d’arguments favorables pour le travail d’un jeune dans des
    conditions légales. Les voix contre invoquent souvent l’importance des études,
    estimant que les ambitions académiques et les résultats académiques des jeunes
    qui travaillent risquent de diminiuer. La possible l’influence négative du
    groupe au sein duquel ils travaillent est à ne pas négliger non plus. D’autres
    encore affirment qu’il est l’important de ne pas surcharger les jeunes
    justement pourqu’ils puissent continuer leur études dans les meilleures
    conditions. Toutefois si un adolescent doit ou veut travailler, mieux serait de
    trouver un emploi temporaire durant les vacances. Et pour cause : il a été
    prouvé que le travail continu des jeunes de 16 à 18 ans ne leur est pas
    bénéfique.






    Autant d’avis
    différents concernant le travail légal des mineurs. Alors que pour
    l’exploitation des mineurs par le travail, telle qu’elle nous est présentée
    cette année par l’UNICEF, cela ne peut que nous inquiéter. C’est là un autre
    effet négatif de la pandémie à ne pas négliger.

  • 04.11.2021 (mise à jour)

    04.11.2021 (mise à jour)

    Gouvernement – Le président roumain, Klaus Iohannis a annoncé jeudi dans la soirée qu’il appellerait à nouveau les partis à des consultations après la cristallisation d’une majorité assumée à même de proposer un gouvernement. Il est clair que les tentatives de constituer des gouvernements minoritaires n’ont pas porté des résultats a ajouté le chef de l’Etat, rappelant que la dernière proposition n’avait pas réuni un nombre suffisant de voix dans le Législatif et que le gouvernement Ciuca ne s’était plus présenté devant le Parlement. Le dernier premier ministre libéral, Nicolae Ciuca a déposé son mandat, lundi après l’échec de sa tentative d’obtenir l’appui parlementaire pour un gouvernement minoritaire constitué par le PNL et l’UDMR. Le premier chef de l’exécutif désigné a été le leader de l’USR, Dacian Ciolos qui n’a pourtant pas obtenu le vote de confiance du législatif. Rappelons que l’exécutif du libéral Florin Cîtu a été destitué par motion de censure. Entre temps, les négociations entre les partis se poursuivent. Les représentants du PNL ont rencontré jeudi ceux du PSD d’opposition afin de constituer un gouvernement aux pleins pouvoirs avec une majorité stable au Parlement. Mercredi, les libéraux ont repris les négociations avec l’USR et selon le leader du PNL, Florin Cîtu, la coalition de droite pourrait être refaite. Le chef de file de l’USR, Dacian Ciolos a pourtant été plus réservé affirmant qu’il attendait la décision des libéraux à l’issue de leurs négociations avec le PSD.

    Coronavirus – Près de 9 000 nouveaux cas de contamination au coronavirus et 489 décès liés à la Covid-19 ces dernières 24 heures, dont 55 datant d’avant cette période – ce sont les chiffres annoncés jeudi par les autorités roumaines. 1 902 personnes atteintes de Covid, dont 33 enfants sont hospitalisées en soins intensifs, un nouveau record pour le pays, où toutes les places dans de telles sections ont été épuisées. Bucarest, la capitale, rapporte un taux d’incidence de 12,44 cas pour 1 000 habitants, en baisse depuis maintenant 13 jours. Le président du Collège des médecins, Daniel Coriu, a déclaré que plus de 92% des personnes décédées des suites de l’infection avec le nouveau coronavirus n’étaient pas vaccinées. Le rythme de la campagne de vaccination a ralenti ces derniers jours, alors qu’il avait augmenté pendant les deux semaines passées. Plus de 82 000 personnes se sont fait vacciner contre la covid ces dernières 24 heures, dont 43 000 avec la première dose. 6,4 millions de Roumains sont à présent entièrement vaccinés.

    OMS – L’OMS se déclare inquiète quant à la dégradation de la situation sanitaire en Europe, épicentre de la pandémie de Covid dans le monde actuellement. Selon le directeur pour l’Europe de l’organisation, Hans Kluge, le taux actuel de transmission et préoccupante dans plusieurs Etats et si la tendance se maintenait, un demi-million de décès pourraient être enregistrés avant février prochain. Selon l’OMS, la situation la plus compliquées est enregistrée actuellement dans les pays de l’Europe de l’Est qui ont une faible couverture vaccinale. Le plus grand nombre de décès rapportés durant les sept derniers jours a été enregistré en Russie, plus de 8 000, en Ukraine 3 800 et en Roumanie 3 100. Des situations inquiétantes ont également été enregistrées au Royaume Uni et en Belgique, confrontées à une explosion de nouveaux cas depuis un certain temps. L’Allemagne rapporte aussi un nombre record de nouveaux cas de contamination en 24 heures, près de 34 000, situation à laquelle ce pays ne s’est plus confronté depuis décembre dernier.

    Nucléaire – Le directeur exécutif de la compagnie Nuclearelectrica, Cosmin Ghita et le président et directeur général de la compagnie américaine NuScale Power, John Hopkins ont signé jeudi à Glasgow en Ecosse, les documents officiels de l’accord visant la construction en Roumanie d’un réacteur nucléaire modulaire de petites dimensions (Small Modular Reactor – SMR). Il s’agit de la première centrale de ce type construite en Europe. Nuclearelectrica et NuScale Power ont conclu le partenariat en vue de la réalisation de ce projet à l’occasion de la réunion des chefs d’Etat, des responsables gouvernementaux, des associations non-gouvernementales et des scientifiques à la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à Glasgow.

    Travail – Le ministère du Travail de Bucarest propose d’augmenter le nombre de travailleurs étrangers admis sur le marché de l’emploi de Roumanie à 100 000 en 2022, soit le double par rapport à 2021. Parmi les principaux domaines qui nécessitent de la main d’œuvre figurent la construction d’immeubles résidentiels et non résidentiels, la restauration et le transport routier de marchandises. Conformément aux chiffres de l’Inspection générale des immigrations, la majorité des citoyens étrangers qui viennent travailler en Roumanie proviennent du Vietnam, République de Moldova, Turquie et Népal.

    Luxemburg – Le parquet européen a
    coordonné une action suite à laquelle quatre personnes ont été arrêtés et des
    actifs d’une valeur de 23 millions d’euros ont été saisis dans un dossier
    d’évasion fiscale en République Tchèque, Roumanie et Slovaquie. Conformément à
    un communiqué du parquet européen, les personnes arrêtées sont soupçonnés
    d’être membres d’un groupe criminel organisé et d’évasion fiscale. Le noyau de
    l’activité infractionnelle a été identifié à Hambourg en Allemagne et le
    blanchiment d’argent se réalisait par le biais d’entreprises de République
    Tchèque et de Slovaquie qui ont des liens aussi en Roumanie. Le parquet
    européen a commencé son activité ce 1er juin cette année et il est
    un organisme indépendant de l’UE responsables avec l’investigation, la
    poursuite pénale et l’envoi en Justice d’auteurs d’infractions à l’encontre des
    intérêts financiers de l’UE dont la fraude, la corruption, le blanchiment
    d’argent, la fraude transfrontalière en matière de TVA. 22 sur les 27 états de
    l’UE sont membres du Parquet européen.


    Météo – Les météorologues roumains
    ont émis ce jeudi des alertes code jaune et orange aux pluies abondantes. La
    première est valable jusqu’à vendredi dans la soirée et concerne plusieurs
    départements du sud-ouest, où les quantités d’eau dépasseront les 40 à 60
    litres par mètre carré. La deuxième concerne plusieurs départements de l’ouest
    et du nord-ouest du pays, valable jusqu’à samedi matin et dans ces régions les
    quantités d’eau pourraient tourner autour des 30 litres par mètre carré. Sur le
    reste du territoire, la météo sera assez douce, avec des températures assez
    élevées pour début novembre. Vendredi, les maxima iront de 16 à 23 degrés.

  • La situation des employés domestiques roumains au sein de l’UE

    La situation des employés domestiques roumains au sein de l’UE

    Au début des années 2000, lorsque la vague d’émigration au départ de la Roumanie vers les autres Etats membres de l’UE s’est intensifiée, la plupart des femmes issues de milieux défavorisés qui quittaient le pays se faisaient embaucher à l’étranger comme employées domestiques. Avec les années, leur nombre a augmenté, et de plus en plus sont atteintes de troubles psychiques connus sous le nom du « syndrome d’Italie ». Pourquoi l’Italie ? Parce que la plupart des victimes sont des travailleurs domestiques étrangers, pas seulement roumains, travaillant dans ce pays. L’Italie étant le pays accueillant la plus importante communauté roumaine de l’UE. Beaucoup parmi ces malades sont soignés à l’Institut psychiatrique Socola de Iaşi, où travaille Petronela Nechita, médecin généraliste et psychiatre.



    « J’ai fait mes débuts en tant qu’interne à Socola en janvier 2008. A l’époque j’entendais déjà parler de ces patients qui revenaient de l’étranger et qui étaient atteints de troubles psychiatriques comme la dépression ou les troubles psychotiques. L’Italie, c’est bien connu, a une population vieillissante. Le pays a accueilli beaucoup de travailleurs roumains qui s’occupent notamment des personnes âgées. Ce sont les fameuses ‟badante” (femmes de ménage), ces aides-soignantes qui s’occupent des personnes âgées. C’est bien plus qu’un travail d’assistant. Elles administrent aussi des médicaments, dispensent certains soins médicaux qui ne relèvent pas de leurs compétences. C’est extrêmement stressant pour elles. Une personne âgée a besoin d’être prise en charge 24h/24h, surtout si elle est atteinte de troubles neuropsychologiques. Il faudrait trois personnes pour couvrir ces 24 heures de soins, car nous avons tous besoin de huit heures de sommeil, huit heures de travail et huit heures de repos actif. Beaucoup parmi les femmes qui partent ainsi à l’étranger travaillent plus de huit heures par jour. Elles ont rarement le temps de prendre une pause pendant la semaine et n’ont, dans certains cas, même pas de jour de repos. Avant de partir à l’étranger, elles devraient s’assurer qu’elles ont bien un contrat de travail garantissant des jours de repos, ou du moins un contrat comprenant des horaires de pause et de travail clairement énoncés. »



    En Italie, un contrat légal limite évidemment le nombre d’heures de travail. Le problème, c’est que nombre de ces « badante » n’ont pas de contrat, et se retrouvent donc en difficulté, comme l’a constaté la militante Silvia Dumitrache, présidente de l’Association des femmes roumaines d’Italie.



    « En général, ces aides-soignantes ont des contrats de travail de 40 heures par semaine. La réalité est en fait toute autre. Il arrive fréquemment que ces femmes soient en fait logées sur leur lieu de travail, chez la personne dont elles s’occupent, qu’elles ne quittent pratiquement pas. C’est inadmissible. Elles sont à la disposition de leur employeur, qu’elles ne connaissent même pas. J’ai pu observer la même chose ailleurs, comme en Roumanie, où on ne sait plus exactement qui propose le contrat et qui veille à sa bonne application. Le flou persiste et c’est probablement volontaire. Ces travailleuses n’ont pas de vie sociale, et beaucoup n’arrivent pas à dormir la nuit, car les personnes dont elles s’occupent ont constamment besoin de soins, même la nuit. La famille du patient arrive ensuite avec d’autres exigences qui n’ont pas été indiquées dans le contrat. Ces familles ne sont pas prêtes à accueillir chez elles des employés ayant des droits, en plus de leurs obligations de travail. »



    Malgré la fatigue, la restriction de leur liberté de mouvement, le manque d’intimité, c’est bien l’absence de leur famille qui affecte le plus ces femmes. Docteur Petronela Nechita nous explique ce qui est à l’origine de ces troubles :



    « C’est l’éloignement avec leurs proches, partenaires, enfants, parents, frères et sœurs, qui les affecte le plus. Beaucoup sont parties car elles étaient financièrement en difficulté. Elles partent travailler à l’étranger en quête d’un salaire qui leur permette d’élever leurs enfants. Elles envoient donc l’argent qu’elles gagnent à la maison, pour subvenir aux besoins des enfants. Beaucoup prévoient de ne partir que quelques mois mais finissent pas rester à l’étranger plusieurs années. C’est cette séparation qui a des conséquences néfastes. Beaucoup parmi ces femmes finissent par divorcer, car la distance nuit à leur relation. Les enfants aussi ont tendance à prendre des distances avec ce parent qui habite à l’étranger. Et lorsque ces femmes finissent par rentrer après plusieurs années, elles ne retrouvent pas le confort émotionnel qu’elles avaient laissé derrière elles. Elles subissent un torrent de reproches de la part de leurs enfants, qui avaient davantage besoin de leur présence que de sécurité financière. »



    Silvia Dumitrache nous explique les conséquences psychologiques que cela engendre chez certaines femmes, déjà fragilisées par une situation précaire et des horaires dépassant la durée légale.



    « Effectivement, celles qui partent en quête d’un travail à l’étranger s’exposent à certains risques, car leur statut de femmes seules les met en situation de vulnérabilité. Il est crucial de légiférer pour que cela change. C’est inadmissible et de surcroit illégal, de faire travailler quelqu’un 24h/24h. C’est humainement impossible. Vous pouvez tenir deux ou trois mois, mais vous finirez par avoir des problèmes de santé. La loi italienne ne prévoit aucunement qu’une personne travaille autant. »



    Après de nombreuses années de sensibilisation à cette question, Silvia Dumitrache estime que les autorités roumaines, et celles des autres Etats membres, sont tout à fait au courant de la situation des victimes du « syndrome d’Italie ». Pour le moment, on attend encore une mise en application totale de la loi et une surveillance accrue de ceux qui la transgressent. Par ailleurs, les campagnes de sensibilisation menées par des activistes tels que Silvia Dumitrache s’orientent dans une nouvelle direction.



    « Nous cherchons aussi à sensibiliser les travailleurs afin qu’ils prennent conscience de la vulnérabilité à laquelle ils s’exposent. On peut porter un tel fardeau pendant un, deux ou trois mois, peut-être même un an, avant de sombrer dans une dépression dont on ne parvient pas à se sortir. Evidemment, chacun est libre de choisir. Tous les cas ne sont pas désespérés. Il arrive que certains s’accommodent très bien de leur nouvelle situation à l’étranger. Quoi qu’il en soit, cela dépasse le cadre de la légalité, car quiconque accueille un employé sous son toit et dans ces conditions ne respecte déjà pas la loi italienne. »



    Bien évidemment, les employés domestiques d’Italie ne sont pas tous roumains. Mais la situation de ces derniers est peut-être encore plus grave, étant donné que la Roumanie est l’un des pays les plus pauvres de l’UE. Ainsi, leur choix de partir peut relever d’une décision personnelle, toutefois influencée par des facteurs externes. Parmi les patients de la psychiatre Petronela Nechita, beaucoup choisissent de reprendre le travail une fois guéris.



    « Nombreux sont les patients qui retournent ensuite à l’étranger, car ils n’arrivent pas à trouver du travail en Roumanie. Beaucoup maintiennent pourtant qu’ils vont rester auprès de leurs proches et de leurs enfants. Mais ils finissent par repartir à l’étranger, souvent avec les mêmes conditions de travail, pour gagner l’argent nécessaire pour subvenir aux besoins de leur famille. »



    C’est pour cette raison que les militants tels que Silvia Dumitrache se battent pour obtenir une meilleure protection des familles transnationales au niveau européen. Mais l’évolution des conditions de ces « badante » et la disparition du « syndrome d’Italie » dépendent aussi de la situation de ceux qui sont restés au pays.


    (Trad. : Charlotte Fromenteaud)



  • Les aînés valent leur pesant d’or

    Les aînés valent leur pesant d’or

    Certains clichés dangereux ont vu le jour dans la société roumaine. Parmi eux, l’idée qu’il est presque impossible de retrouver du travail après 45 ans. Par conséquent, nombreux sont ceux qui, malgré leur mal-être au travail, ne se pressent pas pour trouver un autre emploi, partant du principe que personne ne voudra d’eux. D’autres, sans emploi, et qui ont déjà essuyé plusieurs refus à l’embauche, ont perdu confiance en eux et n’ont plus la motivation de continuer à chercher du travail. Existe-t-il vraiment une malédiction des plus de 45 ans ? Est-ce notre réalité désormais ? Ils ne peuvent pas trouver de travail après cet âge, dans une société qui évolue, il est vrai, à une vitesse vertigineuse ? Quelles qualités et compétences doit présenter un candidat de plus de 45 ans pour espérer se faire embaucher ? Et qu’est-ce qui l’empêche d’avancer ? Raluca Dumitra, Directrice Marketing du groupe eJobs, explique :



    « Il est vrai que les candidats de plus de 45 ans sont ceux qui ont le plus de défis à relever sur le marché de l’emploi. L’une des raisons principales, c’est leur manque d’aisance avec les outils numériques, à la différence des nouvelles générations. Les questions de la flexibilité et de la volonté de sortir de sa zone de confort, de découvrir autre chose, sont aussi moindres chez les candidats de cette tranche d’âge. A l’inverse, il ne faut pas oublier qu’ils présentent aussi de nombreux atouts. Par exemple, leur grande expérience, qu’ils peuvent partager ensuite avec les plus jeunes de leur équipe. Ils ont aussi beaucoup d’endurance et sont très ponctuels. »



    Autrefois, on parlait d’apprentissage sur le tas, littéralement de « voler le métier », en roumain, donc de l’apprendre en regardant quelqu’un qui le pratique. Aujourd’hui on parle d’observation (shadowing, en anglais). C’est du pareil au même : le plus âgé transmet son savoir au plus jeune, et il est d’ailleurs très possible que l’inverse soit vrai aussi. En somme, un employé de plus de 45 ans a plus de chances de conserver son poste (ou d’en trouver un nouveau) s’il est disposé à partager son expérience avec les autres. Après tout, il a lui aussi sûrement « volé » le travail de quelqu’un d’autre pour commencer. Ou plutôt, il a sûrement fait de l’observation. Raluca Dumitra raconte :



    « Il est évident qu’il existe une grande différence en termes de connaissances et d’expérience, et c’est tout naturel, entre les candidats âgés de plus de 45 ans et les plus jeunes. Mais il est possible d’en faire un atout. Il faudrait créer des programmes dans lesquels les plus jeunes feraient de l’observation, pour profiter de l’expérience des plus âgés. Tout le monde pourrait en profiter, les plus jeunes, comme ceux âgés de plus de 45 ans, qui pourraient partager leurs connaissances et ainsi se sentir valorisés au sein de l’entreprise. Et bien sûr, cela représenterait aussi un avantage pour l’employeur. »



    Les candidats de plus de 45 ans présentent aussi des inconvénients. Ils sont souvent plus rigides et certains ne sont pas disposés à revoir leur salaire à la baisse pour un nouvel emploi. Mais voyons ensemble, avec Raluca Dumitra, quels sont les avantages :



    « Les employeurs préfèrent le plus souvent faire appel à des plus jeunes sans expérience, et ce pour des raisons très simples. D’abord, parce qu’ils peuvent les former selon leurs critères, ce qui, pour être honnête, est beaucoup difficile avec les candidats de plus de 45 ans. En effet, plus nous vieillissons, plus il est difficile de faire preuve de flexibilité et de se plier aux attentes des employeurs. D’autre part, il est évident que la question financière entre aussi en compte. Les candidats de plus de 45 ans ont, pour la plupart, des prétentions salariales qu’ils ne veulent pas revoir à la baisse. Il est donc souvent plus rentable pour l’employeur d’embaucher un candidat sur un poste junior avec un salaire moindre, qui sera formé et modelé pour correspondre aux besoins de l’employeur. Bien évidemment, embaucher et former un jeune ne veut pas dire qu’il fera toute sa carrière dans la même entreprise. C’est un risque que l’employeur est prêt à prendre. A l’inverse, on sait que cela représente un risque moindre chez les candidats de plus de 45 ans, car ils sont beaucoup plus stables dans leur choix de carrière. »



    La dernière étude réalisée par eJobs a mis en évidence certains aspects positifs pour la génération des plus de 45 ans. Les voici :



    « Je ne crois pas que 45 ans rime forcément avec difficultés. Il est vrai que ces candidats rencontrent des difficultés lorsqu’il s’agit pour eux de s’intégrer dans une équipe plus jeune. Ils le reconnaissent eux-mêmes. Il est donc évident qu’il existe un conflit générationnel en ce sens, une différence de mentalité qui engendre des problèmes de communication. Dans le cadre de notre étude la plus récente, 42 % d’entre eux ont reconnu ne pas avoir de sujet de conversation en commun avec leurs collègues plus jeunes, et avoir l’impression que c’est à cause de la différence d’âge. C’est encourageant de voir que ces candidats de plus de 45 ans sont prêts à faire ces concessions pour obtenir un meilleur emploi. Près de 45 % d’entre eux affirment être prêts à effectuer une reconversion professionnelle si cela s’avère nécessaire pour l’obtention d’un poste plus intéressant. 16,5 % seraient même prêts à revoir à la baisse leur salaire pour un poste qu’ils considèrent plus prometteur. 8,4 % seraient prêts à partir travailler à l’étranger, et 7 % dans une autre ville de Roumanie. 7 % ont répondu être disposés à apprendre à se servir d’un ordinateur pour travailler. Mais il ne faut pas négliger qu’environ 16 % d’entre eux refuseraient tout compromis, même pour un meilleur poste. »



    L’une des meilleures solutions pour les candidats de plus de 45 ans qui cherchent un travail reste la reconversion professionnelle. Raluca Dumitra ajoute que les Roumains acquièrent ainsi de nouvelles compétences, découvrent un nouvel environnement de travail et gagnent en confiance :



    « Dans l’idéal, il faudrait que de nombreuses entreprises emploient des candidats de plus de 45 ans qui partageraient leur savoir, leurs compétences et leur expérience professionnelle avec les plus jeunes. Tout le monde sortirait gagnant de ce genre de programme. Par ailleurs, j’espère voir de plus en plus de candidats entamer la reconversion professionnelle que 45 % d’entre eux affirment vouloir effectuer. Ils doivent aussi être conscients que leurs compétences sont aussi utiles dans d’autres domaines que le leur. Et surtout, il faut qu’ils comprennent qu’en 2021, le numérique n’est plus un effet de mode, mais bien une condition sine qua non à l’embauche. Ceux qui n’ont pas les compétences numériques nécessaires ont moins de chances que les autres d’être recrutés. Et c’est valable pour toutes les catégories d’âge, pas seulement les plus de 45 ans », a conclu notre interlocutrice, Raluca Dumitra.


    (Trad.: Charlotte Fromenteaud)