Tag: Valachie

  • Les “mucenici”

    Les “mucenici”

    Dans les foyers paysans, les mères de famille préparaient des petites brioches qui avaient la forme du chiffre 8, appelées « mucenici ». En Valachie, les brioches étaient plus petites et devaient être bouillies dans de l’eau, alors qu’en Moldavie elles étaient cuites au four. Le chiffre 8 a aussi une signification spéciale : selon les croyances populaires, les soldats romains chrétiens s’étaient embrassés pour résister au froid. Ce fut le gouverneur romain qui en raison de leur foi chrétienne les avait punis de rester pendant des heures et des heures dans l’eau d’un lac.

     

    Conformément aux traditions, les femmes préparaient 40 brioches appelés « mucenici » ou « petits saints » alors que les hommes devaient absolument boire 40 verres de vin rouge. Pour préparer des mucenici moldaves il faut suivre la recette de pâte à brioche.

     

    Pour un kilo de farine il vous faut 200 grammes de sucre, un verre de lait, 100 grammes de beurre, 6 œufs, de la levure, un peu d’extrait de rhum, du zeste de citrons, des noix et du miel. Mélangez la levure au lait chaud, avant de le verser sur la farine dans un grand bol. Séparez les jaunes d’œuf et mélangez-les avec le beurre fondu à l’aide d’un fouet. Mélangez le tout et pétrissez pendant une bonne demi-heure avant de laisser reposer au couvert dans un endroit bien chaud, à l’abri des courants d’air. Après deux heures environ, coupez la pâte en portions et modelez des bâtonnets d’un centimètre, un centimètre et demi d’épaisseur avec lesquels il faut former des chiffres huit. Posez les « mucenici » sur du papier sulfurisé et puis mettez-les au four préchauffé. Une fois ces brioches bien dorées, les retirer du four et les recouvrir de miel, les parsemer de noix écrasées et de cannelle. Ces brioches étaient ensuite offertes aux enfants du village ou du quartier et peuvent être mangés chaudes ou froides.

     

    Pour les « mucenici » valaques, bouillis, il vous faut un quart de kilo de farine, du sucre et du miel, du zeste de citron, de l’extrait de rhum, 250 grammes de noix écrasées et un peu de sel. Mettez la farine dans un grand bol, ajoutez de l’eau et un peu de sel afin d’obtenir une pâte qui ne colle plus. Coupez de petits bâtonnets de pâte qu’il faut ensuite rouler à la main et former des chiffres huit plus ou moins grands, idéalement d’une dimension de 3 centimètres. Ensuite il faut les laisser sécher sur une feuille de papier pendant plusieurs heures. Enfin, dans une casserole, faites bouillir de l’eau avec 250 grammes de sucre, plusieurs cuillerées de miel et un peu de sucre vanillé. Une fois l’eau portée à l’ébullition, y mettre les mucenici et laisser cuire à feu doux pour qu’ils ne se déchirent pas. Mélangez aussi de temps en temps pour que les « mucenici » ne collent pas les uns aux autres. A la fin de la cuisson, ajoutez le zeste d’un citron et l’extrait de rhum, les noix écrasées et de la cannelle. On mange des « mucenici » chauds avec leur jus de cuisson en dessert ou bien au petit déjeuner.

  • Le 24 janvier – la Petite Union

    Le 24 janvier – la Petite Union

    L’historiographie roumaine s’accorde aujourd’hui pour considérer l’année 1859 comme le moment où seront jetées les bases de l’État roumain moderne. Mais ce que l’on appelle de nos jours « la petite Union » est surtout le résultat du contexte international de l’époque, marqué par la Révolution européenne de 1848 et par la guerre de Crimée de 1853 à 1856. Jusque-là, les principautés roumaines de Valachie et de Moldavie constituaient le terrain de guerre de trois empires : autrichien, ottoman et russe. C’est pour limiter la présence russe dans les deux principautés roumaines, que les puissances occidentales prennent la décision de soutenir l’autonomie des principautés de Moldavie et de la Valachie, allant jusqu’à permettre une éventuelle Union. Conformément à la Convention de paix de Paris, les deux principautés avaient le droit de constituer des armées nationales et bénéficiaient d’une indépendance administrative, du droit d’émettre des lois et de faire du commerce libre avec d’autres Etats.

    Enfin, ce furent les assemblées législatives de Valachie et de Moldavie qui, après de vifs débats, ont fini par élire le colonel  Alexandru Ioan Cuza, en tant que prince souverain, en Moldavie d’abord, le 5 janvier, puis en Valachie, le 24 du même mois. Même si les décisions issues de la Convention de paix de Paris avaient encouragé les unionistes valaques et moldaves, ce fut l’action décisive des hommes politiques des deux Etats qui, tout en respectant à la lettre les termes de la Convention, qui mena à l’union de facto de ces deux principautés danubiennes sœurs. Cette double élection sera l’aboutissement d’un long parcours, de l’effort conjoint de deux générations successives d’élites moldaves et valaques, déterminées à créer un État roumain fondé sur le modèle des États européens modernes. Leur effort à rendu possible la Petite Union du 24 janvier 1859, que nous célébrons de nos jours par une fête officielles.

  • Les chants de Noël dans la tradition roumaine

    Les chants de Noël dans la tradition roumaine

    Chaque année, dans les villages de Roumanie et de République de Moldova, quelques jours avant la fête de la Nativité du Jésus Christ (le 25 décembre dans la plupart des pays de culture chrétienne, mais le 6 janvier en Arménie et le 7 janvier en Russie, Serbie, Géorgie et sur le Mont Athos), des groupes de jeunes se rassemblent. Ils se sont déjà préparés pour un rituel qui remonte à la nuit du temps. Parfois, des enfants les accompagnent aussi, portant une étoile en papier. Le groupe se rend de maison à maison pour chanter des chansons traditionnelles. Après avoir chanté, les hôtes offrent à chacun de la nourriture ou de l’argent. En roumain, cette coutume s’appelle « colindat » et les chants « colinde ». Mais que chante-t-on à cette période des fêtes ? En plus de « réveiller » les hôtes pour les annoncer la bonne nouvelle de la Nativité du Christ, les chanteurs font de vœux de bon augure : que les hôtes aient une nouvelle année pleine de riches récoltes, ou que leurs jeunes filles se marient l’année à venir. Mais comment cette tradition est-elle née et comment est-elle arrivée sur le territoire de la Roumanie actuelle et de la République de Moldova ? Aujourd’hui nous vous invitons à découvrir l’histoire des chants de Noël. Dans les minutes suivantes, nous vous proposons de suivre leurs racines préchrétiennes, leur développement dans l’Antiquité tardive et au Moyen-Âge, dans l’espace du christianisme occidental ou de Byzance, ainsi que leurs premières attestations en Roumanie et République de Moldova.

     

    Des racines depuis l’Antiquité

     

    Le nom des chants de Noël, « colinde » en roumain, est d’origine latine et provient du mot latin « calendae », lui-même dérivé du verbe « calare », qui veut dire « annoncer, donner des nouvelles ».

     

    L’histoire des chants de Noël plonge ses racines dans l’Empire romain, dans sa période préchrétienne. Les Romains appelaient « calendae » les premiers jours de chaque mois. A cette occasion, ils organisaient des festivités en l’honneur de certains dieux, allant de maison en maison et chantant une sorte de chants rituels à caractère sacré. Cette coutume était également pratiquée au début ou à la fin de l’année agricole, et même en automne, pendant la période des récoltes. En particulier, les festivités des « calendae » de janvier étaient très connues et dédiées à l’ancien dieu latin, Ianus Geminus, celui aux deux visages.

     

    Il faut préciser que la célébration de la Nativité n’avait pas toujours lieu le 25 décembre. En fait, jusqu’au milieu du quatrième siècle, les chrétiens fêtaient la Nativité le même jour que la Théophanie, c’est-à-dire le 6 janvier. Ce n’est qu’au milieu du IVe siècle que l’Eglise a établi la date du 25 décembre comme jour de célébration de la fête de la Nativité, afin d’effacer le souvenir d’une grande fête païenne dédiée au culte solaire. L’histoire racontée par les Evangile est chantée dans les chants de Noël. L’ange Gabriel a annoncé à Marie qu’elle donnerait naissance à un garçon et qu’elle l’appellerait Jésus, car il serait le fils de Dieu et régnerait sur Israël pour toujours.

     

    C’est ainsi que les vieux chants païens ont été christianisés, leurs textes étant liés à l’histoire biblique, notamment à l’incarnation et à la naissance de Jésus Christ, adoré comme Fils de Dieu incarné et Sauveur du monde. Le chemin des « calendae » aux chants de Noël a donc été parcouru en plusieurs siècles.

     

    Des « calendae » aux cha nts de Noël

     

    Signifiant « Jésus, brille sur tous » en latin, « Jesus refulsit omnium » est l’un des chants de Noël les plus anciens. Il a été attribué à saint Hilaire de Poitiers (ca. 315-368). L’hymne décrit les mages porteurs de cadeaux arrivant de l’est pour trouver le nouveau-né Jésus. Un autre chant également provenant du quatrième siècle est « Du cœur du Père engendré », en latin « Corde natus ex parentis », du poète romain Aurelius Prudentius (348-405/413).

    Des sources datant du 9e et 10e siècles font référence aux chants de Noël dans des monastères d’Europe du Nord. Bernard de Clairvaux (ca. 1090-1153) a composé une séquence de strophes rimées. Toujours au 12e siècle, le moine parisien Adam de Saint-Victor a utilisé la musique des chansons populaires, introduisant quelques séquences pour des chants de Noël.

     

    « Orientis Partibus », également connu sous le nom de « La fête de l’âne », est un chant français de la fin du 12e siècle. Il est attesté dans le manuscrit Edgerton 2615, qui a été produit à Beauvais, en France, vers le deuxième quart du 13e siècle, très probablement entre c. 1227 et c. 1234. Ce chant a été écrit pour être joué dans le cadre de la « Fête de l’âne », qui avait lieu chaque année le 14 janvier pour célébrer la fuite de Joseph, Marie et de leur enfant Jésus en Egypte. Un détail intéressant est sa composition en deux langues différentes. Les strophes du chant sont en latin, mais le refrain est en français.

     

    Des sources écrites vers le 13e siècle font référence aux chants de Noël sur les territoires d’Italie, d’Allemagne ou bien de la France d’aujourd’hui. Ils peuvent être apparus sous l’influence de François d’Assise (1181-1226), qui les a également introduits dans les services religieux. Ils ont également été utilisés dans des pièces de théâtre. En Angleterre, au 15e siècle, 25 chants de Noël étaient publiés pour Noël et chantés de maison à maison, une coutume préservée jusqu’à aujourd’hui.

     

    Dans le monde byzantin, les sources les plus anciennes et accessibles avec des références aux chants de Noël datent du 11e siècle. Le chant « Le Dieu éternel est descendu », « Άναρχος Θεός καταβέβηκε », est le chant de Noël byzantin le plus ancien dont les vers comme la musique sont connus. Il est associé à la ville de Kotyora sur la mer Noire (aujourd’hui Ordu, en Turquie). Presque tous les chants de Noël sont écrits en utilisant le vers commun appelé « dekapentasyllabos » (soit un iamb de 15 syllabes avec une césure après la 8ème syllabe), ce qui signifie que leur formulation et leurs airs sont facilement interchangeables. Cela a donné naissance à un grand nombre de variantes locales dans les régions de la Grèce d’aujourd’hui, mais aussi des pays des Balkans actuels, dont certaines parties se chevauchent ou se ressemblent souvent dans les vers, la mélodie ou les deux. Néanmoins, leur diversité musicale reste très large : par exemple, les chants de Noël de la région d’Epire sont strictement pentatoniques, à la manière des polyphonies pratiquées dans les Balkans, et accompagnés de clarinettes et de violons. De l’autre côté, sur l’île de Corfou, par exemple, le style est une polyphonie harmonique tempérée, accompagnée de mandolines et de guitares. D’une manière générale, le style musical de chaque chant suit de près la tradition musicale séculaire de chaque région.

     

    Les chants de Noël sur le territoire actuel de la Roumanie

     

    Sur le territoire de la Roumanie, il n’y a pas de données exactes connues pour attester de l’âge des chants de Noël. Les références les plus anciennes remontent au 17e siècle. Un document datant de 1647 fait mention du pasteur Andreas Mathesius, provenant du village de Cergăul Mic, dans le département d’Alba d’aujourd’hui, en Transylvanie, qui se plaint d’une coutume courante parmi les Roumains orthodoxes : il s’agissait d’aller chanter de maison en maison la nuit de Noël. Un autre témoignage sur les chants de Noël de Munténie apparaît au même siècle : dans ses notes de voyage, l’archidiacre Paul d’Alep précise que la coutume des chants de Noël était pratiquée aussi bien la veille de Noël que le jour de Noël, lors des foires en Munténie. Des chanteurs, accompagnés de violoneux, annonçaient la naissance de Jésus. En ce qui concerne la région de la Moldavie, le souverain moldave Dimitrie Cantemir (1673-1723), dans son œuvre Descriptio Moldaviae (en latin « La description de la Moldavie »), fait référence à la tradition des chants de Noël. Dans un autre ouvrage, appelé La Chronique de la vieillesse romano-moldo-valaque, le même auteur émet une hypothèse intéressante sur l’origine du refrain « Leru-i Ler », présent dans beaucoup de chants même aujourd’hui, le reliant au nom de l’empereur romain Aurélien (215-275). Alors, depuis le 17e siècle, dans les trois principautés roumaines, les sources attestent que les chants de Noël étaient une tradition déjà bien enracinée.

     

    Un premier recueil de chants de Noël a été réalisé au 17e siècle, à la fin d’un livre appelé « Catavasier » (soit un livre de culte du rite byzantin utilisé dans l’Eglise orthodoxe, qui contient les hymnes de la Résurrection et d’autres chants des vêpres des samedi soir et des matines du dimanche, en suivant les 8 voix utilisés dans le chant byzantin) imprimé à Râmnic, en 1747. Les chants de Noël insérés étaient précédés d’une brève note explicative : « Là, à la fin du livre, on met aussi les vers que les enfants chantent lorsqu’ils marchent avec l’étoile, le soir de la Nativité du Christ. Et, cher lecteur, sache que ce que tu liras et tu compteras concernant la poétique nous avons imprimé comme nous les avons trouvés, comme les gens les chantaient ».

     

    A part l’annonce de la Nativité du Seigneur, les chants de Noël ont aussi le rôle de formuler des vœux de santé, d’abondance et de paix pour la nouvelle année.

     

    Présents dans toute la tradition chrétienne, les chants de Noël illustrent certains aspects de la vie du Jésus Christ sur terre. Certains parlent de la joie de Sa Nativité, tandis que d’autres rappellent aussi des événements tristes qui, selon la Bible, ont eu lieu après la naissance de Jésus. Parmi eux, la mise à mort des 14 000 bébés par le roi Hérode.

     

    Sur le territoire de la Roumanie, les chants de Noël sont très variés.

     

    Beaucoup commencent avec la prière des chanteurs souhaitant être accueillis dans la maison des hôtes ou récompensés pour leur effort de voyager de maison en maison par mauvais temps et de chanter. D’autre chants rappellent aussi l’hôte parti à la chasse, racontent les aventures des chasseurs, du berger et de la bergère, des filles, des garçons, des familles, du Nouvel An, et de l’agriculture.

     

    Dans les dernières décennies, le travail minutieux de folkloristes, théologiens et musicologues s’est achevé par la composition de nombreux recueils de chants de Noël. Reconnaissant la valeur inestimable des chants de Noël roumains, ainsi que la tradition des chants de Noël en groupe, en 2013 l’UNESCO a inclus cette ancienne coutume dans le patrimoine immatériel de l’humanité.

     

  • Le courrier des auditeurs du 06.12.2024

    Le courrier des auditeurs du 06.12.2024

    Chers amis, bonjour ou bonsoir où que vous soyez ! J’espère que vous allez bien et que vous êtes nombreux à suivre cette nouvelle édition de votre courrier. Après tant de programmes à sujet politique, je vous propose aujourd’hui de nous détendre un peu et de nous pencher sur le tourisme en Valachie, une proposition de M. Jacques Augustin, notre auditeur de Rosny-sous-Bois. Cette question date d’il y a deux mois et elle fait suite à une émission de RRI ciblée sur Timisoara, capitale de la région de Banat.

     

    Le tourisme en Valachie

    Alors, suite à des fouilles sur Internet, je suis tombée sur le site ghidultauonline.ro, où j’ai trouvé une petite liste avec les incontournables à visiter en Valachie. En voici donc les coups de cœur du sud de notre pays, une contrée riche en toute sorte d’objectifs touristiques. Commençons par la capitale roumaine, Bucarest. Surnommée jadis le petit Paris, il s’avère une destination idéale pour un city break. A visiter en toute saison, il a tous les atouts architecturaux, culturels et gastronomiques pour vous séduire.  A moins de deux heures de route de Bucarest, vous allez trouver la localité historique de Curtea de Argeș, ancienne capitale de la Valachie médiévale. Une fois sur place, prévoyez une visite de l’ancienne cour princière et notamment du monastère homonyme. Construit entre 1515-1517, il est considéré un véritable joyau de l’architecture roumaine. Perchée en haut de la montagne dans le même département d’Arges, la cité de Poienari est un objectif touristique très important. C’est ici que le prince régnant Vlad Tepes s’est retiré pour protéger les Roumains de l’armée ottomane.

    A seulement 80 kilomètres de Bucarest, vous aller trouver la ville de Târgoviște, ancien centre économique, administratif et politique de la Valachie. Une fois sur place, vous pourriez découvrir les églises médiévales, les musées et notamment une ambiance d’autrefois qui fait le charme de cette petite localité.

    Dirigeons-nous vers le sud-est et approchons le Danube pour faire une petite halte à Brăila. Considérée jadis comme l’une des localités les plus pittoresques de Roumanie, elle a malheureusement perdu de sa gloire de jadis, sans pour autant perdre complètement son charme. Si vous aimez le poisson, cette ville est pour vous. Il ne vous reste qu’à choisir parmi les terrasses et les restos qui longent le Danube et qui proposent des plats à base de poisson frais.

    Dirigeons-nous vers Buzău, une localité connue surtout pour le cadre naturel. Si la ville se visite très vite, la région vaut le coup d’y rester plusieurs jours. Premier objectif naturel : les Volcans de boue, un site unique en Roumanie et en Europe, un parc naturel protégé où des remontées de gaz surgissent à la surface des cratères, au sein  d’un paysage lunaire, contrastant avec la région verdoyante.

    La route TransBucegi

    Et puisque je viens d’invoquer un des sites naturels les plus connus et les plus visités de Valachie, continuons avec d’autres objectifs de ce type qui se trouvent dans le sud de la Roumanie. Je vous invite donc à emprunter la route TransBucegi qui vous permettra de découvrir un magnifique panorama à quelque 1200 mètres d’altitude. Et puis, restons au cœur du parc naturel du massif de Bucegi pour admirer  deux des formations rocheuses les plus spectaculaires des Carpates : les Babe, en traduction les Vielles femmes et le Sphinx.  Celui-ci se trouve à 2216 mètres d’altitude et une fois à ces pieds, un panorama magnifique vous attend.

    Située à une altitude de 1660 mètres, dans les montagnes de Batrana, la grotte de Ialomita est l’une des plus belles de Valachie. Juste à l’entrée, vous allez trouver le monastère homonyme qui a l’air d’avoir été creusé dans le rocher. Continuons avec deux autres objectifs touristiques à admirer en haut du massif Bucegi : le lac Scropoasa, à 1197 mètres d’altitude et la cascade dite des 7 sources.

     

    Des objectifs culturels en Valachie

    Pour les moins aventureux d’entre vous, le site ghidultauonline dresse aussi une petite liste d’objectifs culturels. En première position, le château de Peles, de Sinaia, ancienne résidence de la famille royale  aux pieds des Carpates. Construit entre 1873-1914, c’est un véritable joyau architectural au cœur d’un domaine absolument fabuleux. A quelques kilomètres, dans la station de Busteni, vous pourriez visiter le château des Cantacuzène. Je vous conseille de prendre un petit café ou un verre de vin sur la terrasse qui vous offrira, peut-être,  la plus belle vue sur le massif de Bucegi.

    Après avoir visité les stations de Sinaia et de Busteni, sur la route qui vous reconduit à Bucarest, vous pourriez vous arrêter quelques heures à Ploiesti, pour visiter un des plus beaux musées de Roumanie, celui des Horloges. Il est unique et il abrite une collection impressionnante d’objets rares portant la signature des plusieurs horlogers célèbres en Europe.

    Voilà donc, le trajet est fait, il vous reste à boucler les valises et à nous rendre visite. Merci bien, Jacques Augustin, de m’avoir donné l’occasion de proposer ce petit tour à travers la Valachie.

     

    Dirigeons-nous vers le continent africain, pour un bonjour amical à Amady Faye, du Sénégal. Comment ça va ? Nous sommes fort contents que vous avez suivi intégralement notre émission en ce jour de dimanche et que l’édition de la chronique Radio Tour consacrée au Tourisme écologique dans le delta du Danube, a suscité votre intérêt. Effectivement, en 2002, le Delta du Danube a été choisi par RRI pour le jeu concours annuel. Bien des choses à vous et à vos proches !

     

    Bonjour, cher Philippe Marsan de Biganos, France. Je suis ravie de vous savoir à l’écoute de nos programmes. Notre ami a suivi le Volet Actualité, tout comme les programmes de musique proposés par RRI ou encore le Courrier des auditeurs. En ce qui concerne la consommation des châtaignes en Roumanie, hé bien, dernièrement, j’en ai mangé à Cluj, en Transylvanie. C’est d’ailleurs la première fois que j’ai vu des châtaignes chauds proposés dans la rue. D’ailleurs, je viens d’apprendre que la châtaigne a une grande richesse minérale, elle est très généreuse en potassium et magnésium et donc, sa consommation nous aide à lutter contre le stress et la fatigue. Elle apporte également des quantités appréciables de calcium et de fer ainsi que de nombreux oligo-éléments comme le manganèse, le cuivre, le zinc, le sélénium, l’iode. Moi, je ne raffole pas les châtaignes, en revanche, j’aime beaucoup la crème de marron, avec du fromage blanc ou de la chantilly. Cela me rappelle des souvenirs quand, lors de mon premier voyage en France, en 1990, juste après la chute du communisme, j’ai passé une semaine dans une colonie d’été, au bord d’un lac, où la seule chose comestible qu’on nous a proposé de manger était justement la crème de marron. Et le pain. Depuis cet été, je suis capable de manger des quantités impressionnantes de crème de marron. Bon et voilà, merci de continuer à écouter nos programmes et à très bientôt sur nos ondes.

    Dernière réponse de cette édition. Et je dis bonjour ou bonsoir à Abdel Aleem d’Inde, un radioamateur qui est à l’écoute des émissions de RRI. Malheureusement, depuis plusieurs années, nous n’avons plus de matériels publicitaires à l’intention des auditeurs. Déjà parce que la promotion passe de plus en plus par le numérique, ensuite, parce que le budget réservé à la publicité a fortement diminué et ensuite, parce que nous sommes, avant tout, un média d’information. J’espère que le contenu de nos programmes soit suffisamment à la hauteur pour combler ce manque. Votre rapport d’écoute sera confirmé par une carte QSL électronique. Ceci dit, bien des choses à vous et à vos proches.

    Madame, Monsieur, c’est tout pour cette édition. Ioana vous dit au revoir et vous donne rendez-vous au micro du courrier d’ici un petit mois. En attendant, portez-vous bien et prenez bien soin de vous.

  • L’Union des Principautés roumaines

    L’Union des Principautés roumaines

    L’historiographie roumaine s’accorde aujourd’hui
    pour considérer l’année 1859 comme le moment où seront posées les bases de l’État
    roumain moderne. 1859 est en effet l’année de la double élection du colonel Alexandru
    Ioan Cuza, comme prince souverain, en Moldavie d’abord, le 5 janvier, en
    Valachie ensuite, le 24 du même mois de janvier. Cette double élection marquera
    de facto l’union de ces deux principautés danubiennes sœurs et sera
    l’aboutissement d’un long parcours, de l’effort conjoint de deux générations
    successives d’élites moldaves et valaques, déterminées à créer un État roumain
    fondé sur le modèle des États européens modernes.










    Accompagnés de Marian Stroia, chercheur
    à l’Institut d’histoire « Nicolae Iorga » de l’Académie de Roumanie,
    nous allons passer en revue la suite d’événements, qui aboutira à la
    constitution de la Roumanie moderne, et décrypter le contexte interne et
    international du moment.






    Marian
    Stroia : « La guerre de Crimée, déroulée entre 1853 et 1855, avait
    bouleversé les équilibres et enclenché une suite d’événements qui ne manquera
    pas de changer en profondeur l’espace du sud-est européen. Cette guerre avait
    d’ailleurs débuté par l’occupation de l’espace roumain par les troupes russes.
    Une occupation déroulée entre le mois de juin 1853 et le mois de septembre
    1854. La Russie essayait de la sorte de faire pression sur l’Empire ottoman,
    pour que ce dernier concède plus de droits aux peuples chrétiens orthodoxes des
    Balkans, qui se trouvaient toujours sous la férule de la Sublime Porte. Pourtant,
    ce n’était au fond qu’un prétexte pour la Russie d’étendre son emprise vers
    l’Europe centrale et de l’Est. »








    L’espace roumain se trouvait enclavé à
    l’époque entre trois empires, celui des Habsbourg, celui des tsars et celui des
    sultans, qui étaient plutôt loin de se soucier de son bien-être et de son existence
    politique. Mais la Moldavie et la Valachie avaient eu alors la chance de
    bénéficier de la présence d’une génération d’hommes d’Etat d’exception, une
    élite qui saura composer avec les intérêts divergents de ces empires
    concurrents, pour donner une chance à la constitution de l’Etat roumain moderne,
    explique Marian Stroia.








    Marian
    Stroia : « Ce que l’on peut constater c’est que la Sublime Porte
    s’avère plus réceptive aux désirs de liberté des Roumains. La Turquie semblait
    être en effet moins conservatrice que la Russie, à cette époque, et les
    tentatives d’affranchissement, initiées par les élites roumaines à partir de la
    révolution de 1848, ont toutes bénéficiées de son appui discret. Cela s’est
    avéré encore plus vrai au temps du règne d’Alexandru Ioan Cuza. L’Empire
    ottoman avait alors essayé de mettre en échec les tentatives russes de faire
    main basse sur les deux principautés roumaines, unifiées à l’occasion sous une
    même bannière. »








    La guerre de Crimée, où l’appétit russe
    pour l’expansion fut mis momentanément en échec, la paix de Paris de 1856 qui
    s’en est suivie, créèrent le contexte favorable à l’accomplissement des
    desseins de cette élite nationale roumaine, précise Marian Stroia : « 1856
    est une année charnière. La nécessité d’un affaiblissement préalable de la
    puissance russe était un élément connu de longue date, d’ailleurs. En 1849
    déjà, le révolutionnaire Dumitru Brătianu l’exprimait en toutes lettres dans
    une missive adressée à son frère, le futur président de Conseil, Ion C. Brătianu.
    Il disait à cette occasion que les objectifs nationaux des Roumains ne pourraient
    s’accomplir que lorsque la Russie était affaiblie. Et 1856 est l’année qui
    marque un déplacement de la double suzeraineté, exercée, jusqu’alors, conjointement
    par la Russie et la Turquie sur l’espace roumain, vers un protectorat, exercé cette
    fois par les Grandes Puissances européennes. Ce changement de paradigme
    constituait l’opportunité tant attendue par les élites politiques roumaines de
    passer à l’action. »








    De grands bouleversements voient le jour
    aussi sur le plan intérieur. L’on voit le parti unioniste et pro-européen
    gagner en importance et en influence, pour devenir prépondérant, affirme l’historien
    Marian Stroia : « Ce sont les élections de 1857 qui donnent le coup
    d’envoi au changement désiré. C’est à cette occasion que le dessein national,
    les points de convergence de l’identité nationale peuvent s’exprimer librement.
    Rappelons, à titre d’exemple, l’autonomie politique, la neutralité, la
    séparation des pouvoirs, la question fondamentale de faire élire un prince
    souverain étranger à la tête de l’État nouvellement constitué, afin d’accroître
    son poids et sa légitimité. Voyez-vous, l’élection du colonel Cuza à la tête de
    cet État, créé par l’union de la Valachie et de la Moldavie, était déjà perçue comme
    un passage obligé et nullement comme le point final de cette évolution toujours
    en marche, censée déboucher à terme sur l’indépendance de la Roumanie, reconnue
    par les Grandes Puissances. »






    Le calcul géopolitique des élites
    roumaines était pourtant simple. Située à la confluence des grands empires
    concurrents et convoitée par ces derniers, la Roumanie devait trouver appui
    ailleurs. Et cet ailleurs fut vite trouvé en France, puissance éminemment
    modernisatrice et porteuse de l’étendard de l’universalisme des Droits de l’homme
    et du citoyen.






    Les
    historiens d’aujourd’hui s’accordent tous pour considérer l’État roumain
    moderne comme une création française, souligne Marian Stroia : « En
    effet, la France a joué un rôle déterminant dans l’accomplissement du désir
    politique d’union de la Valachie et de la Moldavie, puis, plus tard, dans la
    voie vers l’indépendance du nouvel État roumain. Cuza bénéficiait déjà d’une
    éducation occidentale. Francophone et francophile, il était alumnus du collège
    Stanislas de Paris. Sa formation intellectuelle, tout comme celle de la plupart
    des élites roumaines, des révolutionnaires de 1848, était liée à l’Occident, à
    la France en particulier. Et l’appui déterminant est venu de la part de
    l’empereur des Français, Napoléon III, et de l’État français. C’est un fait
    historique qui ne fait aucun doute. »








    Mais le désir d’union, le désir
    d’affranchissement des Roumains a surtout été le fruit des efforts conjugués
    d’une élite roumaine éclairée, explique Marian Stroia : « Une
    élite d’exception, en effet. Des gens totalement désintéressés au plan
    personnel, mus par le seul souci du bien-être et la poursuite de l’intérêt
    commun, par un patriotisme désintéressé. Costache Negri, un des proches du
    prince Cuza et ambassadeur à Constantinople, avait dû être enterré aux frais de
    l’État, ayant dépensé ses biens pour la cause nationale. Et puis aussi, Ion C
    Brătianu, lorsqu’il est allé à Dusseldorf offrir au prince Carol de
    Hohenzollern-Sigmaringen le trône de Roumanie, il a dû vendre une bonne partie
    de ses terres pour couvrir les frais d’un voyage dans l’intérêt de l’État. »








    Quoi qu’il en soit, la double élection
    d’Alexandru Ioan Cuza, le 5 et le 24 janvier 1859, à la tête de la Moldavie et
    de la Valachie, donne le coup d’envoi de la formidable aventure qui débouchera
    sur la constitution de l’État roumain moderne. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • 24/01/2022 (mise à jour)

    24/01/2022 (mise à jour)

    Union — La Roumanie a marqué ce lundi les 163 ans écoulés depuis l’Union des Principautés roumaines de Moldavie et de Valachie, le premier pas important dans la création de l’Etat national unitaire roumain, un précurseur de la Grande Union de 1918. Rappelons-le, le 24 janvier 1859, Alexandru Ioan Cuza était élu prince régnant de Valachie, alors qu’une semaine auparavant il avait été élu prince régnant de Moldavie. C’est durant son règne, entre 1859 et 1866, que furent jetées les bases institutionnelles de la Roumanie moderne par les réformes radicales adoptées. Ce lundi a été un jour férié en Roumanie. Alors que beaucoup de Roumains ont choisi de passer un week-end prolongé, notamment dans les stations de montagne, d’autres ont participé à de nombreux événements publics. Ainsi, des cérémonies militaires et religieuses, des concerts ou symposiums ont été organisés sur l’ensemble du pays — mais marqués toutefois par des restrictions sanitaires. Un service divin a eu lieu à la Cathédrale patriarcale de Bucarest à la mémoire de tous ceux qui ont contribué à l’accomplissement de l’Union de 1859. Les leaders politiques ont également transmis des messages à l’occasion. Le président Klaus Iohannis a affirmé que l’Union du 24 janvier 1859 prouvait combien l’existence d’un projet censé coaguler les énergies du peuple roumain était importante, et a exhorté ses concitoyens à agir avec ténacité pour renforcer le parcours européen et démocratique du pays. Le premier ministre libéral Nicolae Ciucă a estimé que l’acte historique du 24 janvier 1859 avait été le fruit des efforts de l’élite politique du temps. Les Roumains avaient exprimé leur désir d’être unis, mais aussi celui de progresser au plan administratif, économique et social. A son tour, le président de la Chambre des députés et du Parti social-démocrate, Marcel Ciolacu, a mis en exergue le fait que, 163 ans après l’Union des Principautés, les Roumains ont besoin plus que jamais d’unité et de stabilité, afin de faire face aux défis économiques, sanitaires et sécuritaires.



    Covid en Roumanie — Les autorités roumaines ont annoncé ce lundi 12 082 nouveaux cas de personnes infectées au virus SARS-CoV-2 au niveau national, en l’espace de 24 h. 41 décès ont également été rapportés, dont un antérieur à la période de référence. A Bucarest, le taux d’incidence est à la hausse, et il a atteint 10,23 cas par mille habitants. La capitale roumaine est dans le scénario dit rouge, après avoir dépassé le seuil de 3 cas par mille habitants en l’espace de 14 jours. La capacité de dépistage du coronavirus va croître cette semaine jusqu’à 150 000 tests par jour. Plus de 3 800 médecins traitants du pays ont conclu des contrats avec les caisses d’assurance maladie pour tester la population. A Bucarest et dans le département limitrophe d’Ilfov, où la plupart des nouveaux cas sont signalés, des centres de dépistage ont déjà été ouverts dans 20 hôpitaux. Le dépistage sera repris pour les élèves, mercredi au plus tard, après la livraison de plus de 10 millions de kits aux Inspections scolaires. 114 000 doses de vaccin Pfizer/BioNTech destinées à immuniser les enfants de 5 à 11 ans arriveront en Roumanie mardi. Le ministre de la Santé, Alexandru Rafila, estime qu’en Roumanie, le pic de la 5e vague aura lieu dans 3 semaines environ.



    Ukraine – Les Etats de l’OTAN ont placé des forces en attente et ont envoyé des navires et des avions de combat afin de renforcer la défense en Europe de l’Est face aux activités militaires de la Russie aux frontières de l’Ukraine, a annoncé l’Alliance ce lundi, dans un communiqué. En l’occurrence, le Danemark envoie une frégate en mer Baltique et s’apprête à déployer des chasseurs F 16 en Lituanie. L’Espagne envoie des navires qui rejoindront les forces de l’OTAN et a l’intention d’envoyer des avions de chasse en Bulgarie. La France s’est déclarée prête à envoyer des troupes en Roumanie sous commandement de l’Alliance. Les Pays-Bas envoient des avions de combat F 35 en Bulgarie à partir du mois d’avril, afin de soutenir la police aérienne de l’OTAN de la région et mettent en attente un bâtiment et des unités terrestres pour la Force alliée de réaction. Non dernièrement, les Etats-Unis se proposent d’accroître leur présence militaire sur le Flanc est de l’Alliance. Par ailleurs, le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, a remercié lundi l’Union européenne pour une aide macro financière de 1,2 milliards d’euros afin de soutenir Kiev dans une confrontation éventuelle avec la Russie. « Une Ukraine forte est la clé de la sécurité européenne », a affirmé M Zelensky dans un tweet. Rappelons que la Russie a massé environ 100 000 soldats à proximité des frontières de l’Ukraine, et aussi de la technique militaire, ce qui accroît les craintes d’invasion de ce pays.



    Reine Marie de Roumanie — France 3 diffuse, en première, ce lundi, le documentaire « Marie de Roumanie, l’étonnante reine des Carpates », dont la réalisation a pris une année et demie. La production a rassemblé images et photos d’archives, témoignages d’historiens et de membres de la Maison royale de Roumanie. Les tournages ont eu lieu aux Châteaux de Peleş et de Bran des Carpates méridionales, au Musée national de Cotroceni de Bucarest ou encore au monastère de Curtea de Argeş (sud), qui abrite la nécropole des rois de Roumanie. Infirmière des soldats roumains dans les hôpitaux militaires de la Première Guerre mondiale, la reine Marie, épouse du roi Ferdinand Ier, a été reconnue comme une ambassadrice de la cause roumaine. A Paris et dans d’autres capitales européennes, elle a soutenu et obtenu du soutien pour la reconnaissance de la Grande Roumanie et de l’Etat national unitaire roumain.



    Tennis — La joueuse de tennis roumaine Simona Halep s’est inclinée ce lundi devant la Française Alizé Cornet par 6-4, 3-6, 6-4, à Melbourne, dans les huitièmes de finale de l’Open d’Australie, premier tournoi du Grand Chelem de l’année. Halep (15e WTA) a subi sa première défaite de l’année, au bout d’un match dur, de 2 h et 33 minutes, dans des conditions difficiles, par 32°. Simona Halep achève ainsi une série de 8 victoires consécutives. Ce lundi, dans la même compétition et toujours dans les huitièmes de finale, la Roumaine Sorana Cîrstea a perdu devant la Polonaise Iga Swiatek, 7e favorite, par 5-7, 6-3, 6-3.






  • 24/01/2022

    24/01/2022

    Union — La Roumanie marque ce lundi, 24 janvier, les 163 ans écoulés depuis l’Union des Principautés roumaines de Moldavie et de Valachie, le premier pas important dans la création de l’Etat national unitaire roumain, un précurseur de la Grande Union de 1918. Rappelons-le, le 24 janvier 1859, Alexandru Ioan Cuza était élu prince régnant de Valachie, alors qu’une semaine auparavant il avait été élu prince régnant de Moldavie. C’est durant son règne, entre 1859 et 1866, que furent jetées les bases institutionnelles de la Roumanie moderne par les réformes radicales adoptées. Aujourd’hui est un jour férié en Roumanie. Alors que beaucoup de Roumains ont choisi de passer un week-end prolongé, notamment dans les stations de montagne, d’autres peuvent participer à de nombreux événements publics. Ainsi, des cérémonies militaires et religieuses, des concerts ou symposiums sont organisés sur l’ensemble du pays — mais marqués toutefois par des restrictions sanitaires. Un service divin a eu lieu à la Cathédrale patriarcale de Bucarest à la mémoire de tous ceux qui ont contribué à l’accomplissement de l’Union de 1859. Les leaders politiques ont également transmis des messages à l’occasion. Le président Klaus Iohannis a affirmé que l’Union du 24 janvier 1859 prouvait combien l’existence d’un projet censé coaguler les énergies du peuple roumain était importante, et a exhorté ses concitoyens à agir avec ténacité pour renforcer le parcours européen et démocratique du pays. Le premier ministre libéral Nicolae Ciucă a estimé que l’acte historique du 24 janvier 1859 avait été le fruit des efforts de l’élite politique du temps. Les Roumains avaient exprimé leur désir d’être unis, mais aussi celui de progresser au plan administratif, économique et social. Ce souhait est resté inchangé pour toutes les générations futures et a généré des transformations majeures de la société roumaine, a ajouté Nicolae Ciucă. A son tour, le président de la Chambre des députés et du Parti social-démocrate, Marcel Ciolacu, a mis en exergue le fait que, 163 ans après l’Union des Principautés, les Roumains ont besoin plus que jamais d’unité et de stabilité, afin de faire face aux défis économiques, sanitaires et sécuritaires.



    Covid en Roumanie — Les autorités roumaines ont annoncé aujourd’hui 12 082 nouveaux cas de personnes infectées au virus SARS-CoV-2 au niveau national, en l’espace de 24 h. 41 décès ont également été rapportés, dont un antérieur à la période de référence. A Bucarest, le taux d’incidence est à la hausse, et il a atteint 10,23 cas par mille habitants. La capitale roumaine est dans le scénario dit rouge, après avoir dépassé le seuil de 3 cas par mille habitants en l’espace de 14 jours. La capacité de dépistage du coronavirus va croître cette semaine jusqu’à 150 000 tests par jour. Plus de 3 800 médecins traitants du pays ont conclu des contrats avec les caisses d’assurance maladie pour tester la population. A Bucarest et dans le département limitrophe d’Ilfov, où la plupart des nouveaux cas sont signalés, des centres de dépistage ont déjà été ouverts dans 20 hôpitaux. Le dépistage sera repris pour les élèves, mercredi au plus tard, après la livraison de plus de 10 millions de kits aux Inspections scolaires. Le ministre de la Santé, Alexandru Rafila, estime qu’en Roumanie, le pic de la 5e vague aura lieu dans 3 semaines environ.



    Ukraine – Les Etats de l’OTAN ont placé des forces en attente et ont envoyé des navires et des avions de combat afin de renforcer la défense en Europe de l’Est face aux activités militaires de la Russie aux frontières de l’Ukraine, a annoncé l’Alliance aujourd’hui, dans un communiqué. En l’occurrence, le Danemark envoie une frégate en mer Baltique et s’apprête à déployer des chasseurs F 16 en Lituanie. L’Espagne envoie des navires pour se joindre aux forces de l’OTAN et a l’intention d’envoyer des avions de combat en Bulgarie. La France s’est déclarée prête à envoyer des troupes en Roumanie sous commandement de l’Alliance. Les Pays-Bas envoient des avions de combat F 35 en Bulgarie à partir du mois d’avril, afin de soutenir la police aérienne de l’OTAN de la région et mettent en attente un bâtiment et des unités terrestres pour la Force alliée de réaction. Non dernièrement, les Etats-Unis se proposent d’accroître leur présence militaire sur le Flanc est de l’Alliance. Par ailleurs, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, prendra la parole aujourd’hui par visioconférence à la réunion de Bruxelles des ministres des Affaires étrangères de l’UE. Il les informera de ses récentes discussions avec son homologue russe Serguei Lavrov. Le chef de la diplomatie roumaine, Bogdan Aurescu, participe également à cette réunion. Rappelons que la Russie a massé environ 100 000 sioldats à proximité de la frontière ukrainienne, et l’Occident affirme que ce sont des préparatifs de guerre pour empêcher l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN.



    Reine Marie de Roumanie — France 3 diffuse ce soir, en première, le documentaire « Marie de Roumanie, l’étonnante reine des Carpates », dans l’émission d’histoire la plus appréciée de France — « Secrets d’histoire ». La réalisation de cette production a pris une année et demie. Elle a rassemblé images et photos d’archives, témoignages d’historiens et de membres de la Maison royale de Roumanie. Les tournages ont eu lieu aux Châteaux de Peleş et de Bran des Carpates méridionales, au Musée national de Cotroceni de Bucarest ou encore au monastère de Curtea de Argeş (sud), qui abrite la nécropole des rois de Roumanie. Infirmière des soldats roumains dans les hôpitaux militaires de la Première Guerre mondiale, la reine Marie, épouse du roi Ferdinand Ier, a été reconnue comme une ambassadrice de la cause roumaine. A Paris et dans d’autres capitales européennes, elle a soutenu et obtenu du soutien pour la reconnaissance de la Grande Roumanie et de l’Etat national unitaire roumain.



    Tennis — La joueuse de tennis roumaine Simona Halep s’est inclinée aujourd’hui devant la Française Alizé Cornet par 6-4, 3-6, 6-4, à Melbourne, dans les huitièmes de finale de l’Open d’Australie, premier tournoi du Grand Chelem de l’année. Halep (15e WTA) a subi sa première défaite de l’année, au bout d’un match dur, de 2 h et 33 minutes, dans des conditions difficiles, par 32°. Simona Halep achève ainsi une série de 8 victoires consécutives. Ce lundi, dans la même compétition et toujours dans les huitièmes de finale, la Roumaine Sorana Cîrstea a perdu devant la Polonaise Iga Swiatek, 7e favorite, par 5-7, 6-3, 6-3.



    Météo — Temps plus froid que les normales de saison sur la majeure partie de la Roumanie. Les maximales du jour vont de -8 à 3°, les températures les plus élevées étant enregistrées dans le sud du pays. Le ciel est variable, avec des nuages sur le sud et l’est. 0° à midi à Bucarest. Par endroits, dans le sud-est, l’est, le sud et dans et la Courbure des Carpates, il neigera, surtout le soir. Le vent est faible à modéré, plus intense dans les régions est et sud-est, où les rafales peuvent dépasser par endroits les 50-55 km/h. Il est présent aussi dans les Carpates méridionales et la Courbure des Carpates, notamment sur les sommets, où la vitesse du vent est supérieure à 70-80 km/h et le blizzard se manifeste.

  • 23/01/2022

    23/01/2022

    Covid – Un peu
    plus de 14 000 nouveaux cas de coronavirus dépistés en 24h ont été rapportés
    dimanche en Roumanie, ainsi que 24 décès. Malgré le grand nombre d’infections,
    le taux des personnes nécessitant l’hospitalisation est nettement inférieur par
    rapport aux vagues précédentes. Près de 600 malades de Covid sont actuellement en soins
    intensifs. Les autorités s’attendent néanmoins à des nombres record d’infection
    dans la période à venir et à la hausse du taux d’occupation des lits dans les
    hôpitaux. Selon le scénario le plus sombre, la Roumanie pourrait atteindre les
    70 000 nouvelles contaminations quotidiennes dans les deux premières
    semaines de février. Dans la capitale, Bucarest, le taux d’incidence des
    contaminations est aujourd’hui de 9,5 cas pour mille habitants sur 14
    jours. De même, à compter de ce dimanche
    les habitants de la capitale et du département d’Ilfov qui entoure Bucarest ont
    à leur disposition davantage de centres pour se faire tester. Une vingtaine
    d’unités médicales ont ouvert et 8 autres seront inaugurées mercredi prochain.
    Cette décision survient dans le contexte où les services d’ambulance ont
    commencé à enregistrer des retards de 72h même, sur toile de fond de la
    multiplication des demandes pour des tests de dépistage du coronavirus. Enfin, côté
    vaccination, à l’heure où l’on parle plus de 8 millions de Roumains ont reçu
    au mois la première dose du vaccin anticovid.






    Petite Union – La Roumanie marque ce
    lundi, 24 janvier, les 163 ans écoulés depuis l’Union des principautés
    roumaines de Moldavie et de Valachie. Rappelons-le, le 24 janvier 1859,
    Alexandru Ioan Cuza était élu prince régnant de la Valachie, alors qu’une
    semaine auparavant il avait été élu prince régnant de la Moldavie. C’est durant
    son règne, de 1859 à 1866, que furent jetées les bases institutionnelles de la
    Roumanie moderne par les réformes radicales adoptées. Parmi elles :
    l’adoption des Codes civil et pénal, la création d’une armée nationale,
    l’enseignement primaire obligatoire et la création des premières universités. En
    1866, Alexandru Ioan Cuza a été obligé d’abdiquer et de s’exiler. Il a été
    remplacé par le roi Carol Ier, membre de la famille princière allemande de Hohenzollern-Sigmaringen.
    Durant le long règne de Carol Ier, la Roumanie gagne son indépendance face à
    l’Empire Ottoman. Enfin, en 1918, à la fin de la Première Guerre Mondiale, sous
    le règne de Ferdinand, le processus de création de l’Etat roumain moderne est
    finalisé par l’union de la Transylvanie avec le Royaume de Roumanie formé le 24
    janvier 1859 par la Valachie et la
    Moldavie. Plusieurs événements sont prévus donc lundi pour marquer cette union.






    Transports – A
    Bucarest, le transport de surface a repris partiellement ce dimanche après une
    grève générale de 3 jours déclenchée par les syndicalistes de la Compagnie
    municipale de transport en commun (STB), une action déclarée illégale par le
    tribunal. En ce 4e jour de protestation, la STB assure 25% de la
    capacité de transport, alors que des centaines de chauffeurs refusent toujours
    de reprendre le travail. Le conseil d’administration de la compagnie a décidé
    de ne pas lancer des poursuites disciplinaires contre les personnes qui
    recommencent le travail, vu qu’il ne s’agit pas d’actes de nature pénale.
    Toutefois, selon l’édile en chef de la capitale, Nicusor Dan, de
    nombreuses dénonces d’actes d’intimidation et d’agression par les leaders
    syndicaux ont été reçues de la part des chauffeurs et salariés qui souhaitent
    reprendre le travail – ces dénonces ont faites via le numéro vert mis à leur
    disposition par la municipalité. Les salariés de la STB déplorent notamment l’absence
    d’une réponse à fait revendications concernant des hausses salariales et
    demandent la démission du directeur général de la société. A noter aussi, que
    les représentants du Syndicat des transporteurs de Bucarest ont affirmé à
    plusieurs reprises qu’il ne s’agissait pas d’une grève, mais d’un arrêt
    bénévole et spontané du travail par les salariés. Le syndicat affirme en fait
    ne pas avoir initié, ni organisé cette grève.






    Russie-OTAN – Washington considère
    comme « profondément inquiétantes » les accusations de la diplomatie
    britannique selon laquelle Moscou tente d’installer un leader pro-russe en
    Ukraine. «Le peuple ukrainien a le droit souverain de décider de son propre
    avenir et nous sommes aux côtés de nos partenaires élus démocratiquement en
    Ukraine », a déclaré Emily Horne, porte-parole du Conseil national de
    sécurité américain. Et pour cause. Dans un communiqué très dur, la ministre
    britannique des AE, Liz Truss, a dénoncé « l’ampleur de l’activité russe
    visant à miner l’Ukraine ». Elle affirme aussi que Moscou tente d’installer un
    leader pro-russe à Kiev, préparant une invasion de l’Ukraine. Par ailleurs,
    l’OTAN a rejeté les demandes russes de retrait de ses troupes étrangères présentes
    en Bulgarie et en Roumanie et a dénoncé l’idée des sphères d’influence en
    Europe. Dans ce contexte, le premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a
    invité les leaders européens à adopter une position ferme et unie contre la
    Russie, qui a massé plus de 100 000 soldats à sa frontière avec l’Ukraine. De
    même les Pays Baltes, membres de l’OTAN, fourniront à l’Ukraine des missiles
    antichar et des missiles antiaériennes fabriquées aux Etats-Unis. A Bucarest,
    le chef de l’Etat, Klaus Iohannis, a convoqué mercredi prochain une réunion du
    Conseil suprême de défense de la Roumanie.




    Météo – Les températures
    sont à la baisse en Roumanie, avec de maxima allant ce dimanche de -7 à 3
    degrés. Il neige à la montagne et sur l’est du pays. Il fait assez froid à
    Bucarest, avec 0 degrés et un ciel couvert à midi.

  • L’histoire du système médical roumain: la Fondation de Pantelimon

    L’histoire du système médical roumain: la Fondation de Pantelimon

    À Bucarest, l’hôpital Pantelimon a été un tel établissement, situé en fait dans la commune homonyme, devenue avec le temps un des quartiers de l’est de la capitale. Son nom et sa renommée rappelaient le monastère Sf.Pantelimon/Saint Pantaléon, érigé à la même époque. Le document attestant la fondation de l’établissement hospitalier date de l’année 1731, mais les travaux de construction ont en fait débuté en 1735 pour finir à peine en 1750. L’année 1735 a été décisive, à cause de l’épidémie de peste, qui touchait fortement la population la plus défavorisée, qui cherchait d’habitude du traitement dans les monastères. D’ailleurs, le prince régnant de Valachie, Grigore II Ghica, fondateur de l’hôpital, a aussi décidé que le nouvel établissement traite également les maladies transmissibles. Un autre hôpital, entièrement dédié à cette catégorie de maladies, a été construit plus tard, l’hôpital Sf. Pantelimon accueillant les patients atteints d’autres maladies. Au XIXe siècle, l’établissement a subi plusieurs transformations, dont certaines initiées par Constantin Caracaș, un des premiers médecins formés en Occident et qui se sont impliqués dans le développement du système de santé public valaque.



    Mihaela Diana Sprânceană, mastérante de la Faculté d’histoire de l’Université de Bucarest, rappelle les faits : « Au cours de la première moitié du XIXe, en 1832 plus exactement, le prince Grigore IV Ghica, fait démolir l’ancien hôpital et construire de nouvelles salles pour accueillir 37 malades, ce nombre allant augmenter avec le temps. L’hôpital est reconstruit entre 1867 et 1869, étant doté de 80 lits. L’établissement est ouvert aux patients, femmes et hommes, atteints de maladies chroniques, de maladies vénériennes, mais aussi de maladies ophtalmologiques. Il pouvait accueillir environ 350 malades par an, le nombre des décès enregistrés chaque année étant de 12 à 15 morts, indiquent le registre de l’établissement et le médecin Constantin Caracaș. Qui sont les médecins à avoir travaillé à l’hôpital Sf. Pantelimon, à travers le temps ? Eh bien, il y en a eu de très réputés, tels Dimitrie Caracaș et son fils, Constantin Caracaș, une famille d’origine grecque. Constantin Caracaș, dont le frère aussi a été médecin, a étudié à Vienne avant de s’établir à Bucarest, où il est devenu célèbre pour avoir introduit et généralisé la vaccination contre la variole. »



    Puisqu’il appartenait à un monastère, l’hôpital Sf. Pantelimon soignait surtout des gens démunis, mais comme les maladies contagieuses affectaient la population entière, les campagnes de vaccination ont débuté à Bucarest également durant la première moitié du XIXe siècle, le docteur Caracaș ayant combattu en première ligne. Le Règlement de la vaccination, issu en 1875, est un des plus anciens documents médicaux qui nous soient parvenus, raconte Mihaela Diana Sprânceană : « Le premier article stipulait le fait que la vaccination était obligatoire pour l’ensemble de la population. L’article 2 disait que tout enfant devait être vacciné durant sa première année de vie, à l’exception des enfants malades ou souffreteux, pour lesquels la vaccination était facultative. Le vaccin de rappel était prévu à l’âge de 7 ans, mais la vaccination était devenue obligatoire durant l’épidémie de variole. L’article 7 stipulait clairement que les personnes qui ne pouvaient pas présenter des attestations de vaccination réussie n’allaient intégrer aucun service public. C’est une situation identique à celle du pass sanitaires d’aujourd’hui, dont l’absence rend impossible l’accès dans les galeries commerciales ou certaines institutions. Le règlement de 1875 dit aussi que les médecins en charge de la vaccination et du contrôle seront accompagnés par un agent de police dans les villes ou par le maire ou un délégué de la mairie dans les communes rurales, comme cela se passe aujourd’hui, la police ou la gendarmerie étant présentes dans les centres de vaccination. Le renouvellement du vaccin, c’est-à-dire le rappel, allait être administré, en ville, par les médecins de la ville en personne, et dans les communes rurales par les médecins du département, deux fois par an, aux dates antérieurement fixées. »



    Quant à la Fondation de Pantelimon, l’établissement est reconstruit en 1869 de façon à accueillir 80 lits. À l’entre-deux-guerres, le nombre des cliniques s’est agrandi, avec un service de chirurgie, un autre de médecine interne et un troisième de maladies des nerfs. Vers la fin du régime communiste, notamment après le grand tremblement de terre de 1977, l’hôpital et l’église étaient fortement détériorés. Le bâtiment hospitalier et le monastère ont fini par être abattus à la fin des années 1980, pour construire à leur place un hôtel et un restaurant connus sous le nom de Complex Lebăda (le Complexe hôtelier « Le Cygne »). (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Les Principautés roumaines et les épidémies

    Les Principautés roumaines et les épidémies

    Cela fait près de deux ans que la pandémie de covid-19 est en tête des infos et des débats, partout dans le monde. Médecins, psychologues, sociologues, spécialistes de l’éducation et autres experts présentent les données accumulées dans leur champ de connaissances, afin d’en tirer des conclusions pertinentes. Bien que leur profession traite du passé, les historiens ne sont pas non plus restés indifférents aux défis du temps présent et racontent les expériences vécues par l’humanité, confrontée à des épidémies des temps passés. Le virus responsable de la maladie Covid-19 a une identité, car la science du XXIe siècle a réussi à le mettre en évidence et analyser son comportement. Mais à d’autres époques, les agents des infections étaient quasi inconnus, les gens tenant pour responsables la fatalité et le manque de chance. Le Musée national d’histoire de la Roumanie et les Archives nationales se sont donné la main pour organiser une exposition consacrée aux « Épidémies dans l’histoire des Principautés roumaines », accueillie par l’institution muséale. L’année 2021 a marqué le 190e anniversaire des Archives nationales, fondées en 1831, à l’époque du Règlement organique, première ébauche de Loi fondamentale dans les principautés de Valachie et de Moldavie. C’est justement à cette occasion festive que ladite institution a tenu à montrer au public des documents qui parlent des épidémies, de peste, choléra, fièvre typhoïde, de typhus ou de grippe espagnole, ayant frappé ces deux pays roumains. L’archiviste Claudiu Turcitu, coordinateur de l’exposition, en a fournit de nombreux détails intéressants : « Nous nous sommes lancés dans cette démarche afin de montrer ces documents au public dans les circonstances actuelles. Or, quoi de mieux que montrer les documents relatifs aux infections pour marquer les 190 ans d’activité des Archives nationales ? C’est ainsi qu’est née l’idée de l’exposition, d’autant plus que nous préparons aussi un volume de documents sur le service des quarantaines. »L’exposition inclut des documents originaux et des photocopies de cartes, listes, tableaux, pages journaux, documents paroissiaux, enseignes officielles, notices personnelles. Le document le plus ancien, datant du XVIIe siècle, se réfère à une épidémie de peste, maladie qui a tué le plus grand nombre de gens jusque vers la fin du XIXe siècle. Le 12 mars de l’année 7145 (1637), Nedelco donnait à Gligorie un arpent de vigne, des outils et de l’argent qui se trouvaient dans la maison de son frère Tudor, pour y aller chercher « la femme et les fils » tués par la peste et les enterrer, car il «n’y avait eu personne d’autre pour le faire».

    Un autre document, du 27 septembre 1657, nous dit qu’un tel Petre Epure avait donné plusieurs pommiers au pope Neguțu et ses fils, pendant l’épidémie de peste qui avait emporté sa femme et ses enfants, morts sans avoir reçu l’onction des malades. Claudiu Turcitu raconte : « Nous avons commencé avec des documents de 1637. Nous les avons regroupés en fonction des principales épidémies qui ont sévi cet espace jusqu’en 1918. Le premier document est un « zapis » (~attestation) issu par une personne pour l’enterrement de gens emportés par la peste. Viennent ensuite des documents issus en 1813, lors de la terrible épidémie de peste de Caragea Vodă. Nous avons même un « hrisov » (brevet) de 1813, signé par le prince régnant Ioan Caragea pour l’hôpital Dudești, aménagé bien avant, en 1798 et destiné aux malades atteints de la peste. »

    Dans l’exposition, nous apprenons aussi qu’en 1827, Ahmed Pacha, le commandant de la cité de Nicopolis, sur la rive sud du Danube, avait autorisé la libre circulation au nord du fleuve seulement dans la zone de Teleorman, placée en quarantaine. Le reste de la principauté de Valachie affrontait les manifestations violentes de la peste. Un document poignant même pour l’année 1831 est la prière écrite par un chantre d’église dénommé Stan, qui servait au monastère Colțea, à côté de l’hôpital homonyme de Bucarest. C’était à l’époque de la terrifiante épidémie de choléra, qui avait affolé toute la population valaque.

    Un autre document intéressant est l’ordre du 14 février 1846, signé par le prince régnant de Valachie, Gheorghe Bibescu, qui demandait aux parents de faire vacciner leurs enfants contre la varicelle. Outre la peste, l’exposition présente aussi les autres chocs épidémiologiques à avoir frappé la société roumaine au XIXe siècle et durant les premières décennies du XXe, précise Claudiu Turcitu, archiviste aux Archives nationales : « Nous présentons ensuite l’épidémie de choléra à travers des documents appartenant au fonds du service des quarantaines du ministère de la Guerre, les fonds personnels. Ce sont des lettres et des opinions de personnalités de l’époque, au sujet des symptômes de la maladie, des traitements, des ordonnances utilisées pour endiguer l’épidémie de choléra, qui avait duré assez longtemps. Il y a les documents concernant l’épidémie de typhus, éclatée pendant la Grande Guerre, et celle de grippe espagnole, surgie à la fin de la Première conflagration mondiale. L’exposition présente, enfin, des pages des carnets de la Reine Marie, des documents issus par la « Vornicia dinlăuntru » (le ministère de l’Intérieur) et par le ministère de la Guerre, le fonds personnel Ion I. C. Brătianu, un rapport pour obtenir l’argent nécessaire pour combattre le typhus. »

    À travers les époques, les épidémies ont frappé l’espace roumain avec une force dévastatrice, mais les gens ont su s’en défendre. Dans le monde technologique qui est le nôtre, il nous est facile d’imaginer un avenir aseptisé, mais la microbiologie n’a pas dit son dernier mot.

  • Femmes et soins de santé dans la Valachie du XVIIIe siècle

    Femmes et soins de santé dans la Valachie du XVIIIe siècle

    Dans les principautés de Valachie et de Moldavie, les premières institutions médicales modernes apparaissent au XIXe siècle. Jusqualors, des gens sans aucune formation spécialisée prodiguaient des soins de santé. Certains exerçaient, en fait, des occupations bien éloignées, puisqu’ils étaient barbiers, guérisseurs, sorcières, sages-femmes ou popes. Cependant, au XVIIIe siècle, une modernisation, bien que timide, des soins de santé s’amorce en Valachie, avec l’ouverture, à Bucarest, de l’hôpital Colțea, premier établissement hospitalier destiné aux pauvres, à l’époque du prince régnant Constantin Brâncoveanu (Brancovan). La première institution d’enseignement médical allait ouvrir ses portes à ce même endroit, mais le siècle suivant : c’était l’École technique de chirurgie de Colțea. Les femmes ne se retrouvaient pas parmi les apprentis-médecins, mais cela ne les empêchait pas d’être très présentes comme guérisseuses dans la vie des communautés depuis la nuit des temps. La chercheuse Mihaela Diana Sprânceană a étudié les archives de l’hôpital et de l’École de chirurgie de Colțea, où elle a trouvé des informations sur la présence des femmes.



    Ce fut la première école médicale des principautés de Valachie et de Moldavie, qui a fonctionné jusqu’en 1852. Les documents archivés ne mentionnent aucun nom de femme-médecin ou chirurgien formée dans cet établissement. On sait que les médecins sortis de cette école avaient suivi leur spécialisation dans le cadre de l’hôpital, où ils ont traité et même opéré de très nombreux patients. De même, à l’époque, les listes publiques des médecins de Valachie ne contiennent que des noms d’hommes. Les femmes, tout comme les barbiers, les guérisseurs et les popes, dispensaient des soins de santé sans avoir suivi une formation médicale. Mais, dans mon opinion, elles ont joué un rôle particulièrement important dans la vie médicale. Elles assumaient souvent le rôle de sage-femme, donc elles assistaient les femmes lors de l’accouchement et surveillaient la mère et son bébé, s’assurant qu’ils sont en vie. La sage-femme était en mesure de savoir si une femme était ou non enceinte, si elle n’était plus vierge ou si elle avait été victime d’un viol.



    Il est vrai que les services des sages-femmes étaient surtout appréciés à la campagne, faute de mieux. En revanche, les femmes de la ville consultaient des médecins ou des chirurgiens formés à l’étranger. Le médecin Dumitru Caracaș, père de Constantin Caracaș, le premier médecin officiel de la ville de Bucarest au XVIIIe siècle, ne voyait pas d’un bon œil l’activité des guérisseuses et plaidait pour la professionnalisation de ce domaine. La chercheuse Mihaela Diana Sprânceană nous fournit davantage de détails sur le médecin Dumitru Caracaș.



    Pour lui, les sages-femmes des paysans ne sont que de vieilles ignorantes, dont la simple présence est plutôt nuisible qu’utile. Et c’est aussi lui qui insiste sur le fait que, lors de l’accouchement, les femmes de la ville sont assistées par de vrais médecins, non pas par des vieilles ou par des sages-femmes sans expérience. Le guérisseur, tout comme la sage-femme, pouvait donner différents remèdes, surtout aux enfants, contre le mauvais œil, aux femmes qui avaient du mal à tomber enceintes ou qui voulaient se débarrasser d’une grossesse. Aucun livre de médecine en roumain n’avait circulé en terre roumaine avant 1760. Donc les femmes qui soignaient les gens utilisaient des remèdes et des recettes passés d’une génération à l’autre. Ce même docteur, Dumitru Caracaș, affirmait que les gens se fiaient aux sorcières et aux vieilles femmes pour soigner les maladies mentales, considérées comme des châtiments divins. Les gens, à l’époque, comme aujourd’hui, refusaient de consulter un médecin pour traiter, par exemple l’épilepsie ou d’autres maladies neuropsychiques.



    Les noms de ces femmes, leurs sobriquets, d’autres détails de leur vie sont quasi inexistants dans les documents d’époque. Leur existence, bien que cruciale, puisqu’elle comblait le manque d’une intervention professionnelle, est restée anonyme. À travers le temps, l’influence de ces femmes a diminué avec le développement de l’enseignement spécialisé. Mais leur activité, bien que fortement diminuée, a continué jusqu’à nos jours, précise la chercheuse Mihaela Diana Sprânceană.



    Malgré le fait que les sources historiques n’ont pas retenu les noms des femmes, sauf certains documents qui mentionnent leurs sobriquets ou leurs prénoms, elles ont joué un rôle très important dans la vie sociale et médicale du XVIIIe siècle. Pourtant, les documents parlent de leur activité intense dans le domaine des soins de santé. À l’époque contemporaine, celles que l’on appelait les vielles femmes ont continué leur activité jusqu’au XXe siècle, y compris après 1968, l’année de l’adoption du décret de Nicolae Ceaușescu qui interdisait l’IVG. Les femmes ont continué à chercher l’aide des vieilles pour se débarrasser d’une grossesse indésirable.



    Ce n’est que vers la fin du XIXe siècle que la première femme-médecin de Roumanie commence son activité professionnelle : c’était Maria Cuțarida-Crătunescu, diplômée de la Faculté de médecine de Montpellier et titulaire d’un doctorat à l’Université de Paris.


    (Trad. : Ileana Tàroi)




  • La vie sociale du Bucarest phanariote

    La vie sociale du Bucarest phanariote

    Étendue
    sur plus d’un siècle, l’époque appelée « phanariote » est généralement
    considérée comme une période néfaste de l’histoire roumaine. Le mot « phanariote » dérive du nom
    du quartier de Phanar de la vieille ville d’Istanbul, d’où venaient les
    fonctionnaires d’origine grecque que les sultans ottomans envoyaient en tant
    que princes régnants à Bucarest et à Iaşi, à l’époque où la Sublime Porte
    étendait sa suzeraineté aux Principautés roumaines. Commencé en 1716 en
    Valachie et en 1714 en Moldavie et achevé en 1821, le règne phanariote a marqué
    l’orientalisation des Principautés du Danube, équivalant à un retour en
    arrière, selon certaines normes. Cependant, la période phanariote n’a pas été
    une ère totalement sombre, des historiens estimant que, dans certaines œuvres,
    elle a été traitée de manière sommaire, étant aussi, par endroits, mal
    comprise.

    Ce point de vue est partagé par Tudor Dinu, auteur du vaste ouvrage
    en trois volumes intitulé « Bucarest la Phanariote » : « Les
    choses sont extrêmement complexes et devraient être nuancées. Cela n’a pas été
    une période des lumières, car de nombreuses batailles ont été menées à Bucarest
    pendant les guerres russo-autrichiennes-turques de l’époque. D’autre part,
    grâce à l’action de ces mêmes princes phanariotes, ce fut une ère de grand essor
    de la ville. C’est à cette époque-là que les rues de Bucarest sont presque entièrement
    revêtues de bois et que le premier système de bornes-fontaines est mis en œuvre
    pour fournir de l’eau de source fraîche à tous les habitants de la ville. C’est
    aussi l’époque où l’éclairage public apparaît, d’abord sur Podul Mogoşoaiei -
    Le Pont de Mogoșoaia (aujourd’hui l’avenue Victoriei) et plus tard dans
    d’autres endroits. Bucarest devient aussi le centre d’éducation le plus
    important de toute l’Europe du Sud-est grâce à l’Académie princière « Saint
    Sava ».




    Bien que
    le siècle phanariote marque l’orientalisation de la culture roumaine, tendance
    rarement présente auparavant dans l’espace roumain, l’occidentalisation est
    également évidente à cette même époque. La raison se trouve dans le fait que
    les princes phanariotes, tous de souche grecque, deviennent des vecteurs de la
    culture notamment italienne, puis française à Bucarest. Tudor Dinu : « Ma recherche a infirmé, entre autres, l’idée que
    l’occidentalisation des Principautés roumaines n’avait commencé qu’après 1821, à
    la fin de l’époque phanariote. En fait, elle commence avec la première
    occupation autrichienne en 1789, elle s’intensifie avec l’arrivée des troupes
    russes stationnées à Bucarest entre 1806 et 1812, et les Phanariotes permettent
    l’infiltration de la culture occidentale chez nous parce que leur rôle était,
    entre autres, aussi d’informer la Sublime Porte sur les intentions des
    puissances occidentales. Et à partir du 18-e siècle, des Occidentaux commencent
    aussi à s’installer à Bucarest, en particulier des Allemands qui ne venaient
    pas seulement de Transylvanie, mais aussi de régions plus éloignées. Ils ont eu
    une contribution fondamentale au développement de la ville, principalement en
    tant qu’entrepreneurs en construction, ingénieurs et architectes. Ce sont eux
    qui ouvrent les premières brasseries et le premier hôtel à Bucarest. Les
    premiers Français et Italiens font eux-aussi leur apparition, car chaque boyard
    voulait avoir un secrétaire ou un précepteur français pour ses enfants. »


    Puisqu’il
    vient de mentionner les premières brasseries, l’historien Tudor Dinu détaille
    également les plaisirs des Bucarestois du 18-e siècle, décrits amplement dans
    son livre « Bucarest la phanariote.
    Vie quotidienne, divertissement, culture ». Tudor Dinu : « Chaque jour, les Bucarestois allaient dans des
    bistrots où ils écoutaient la musique des ménétriers. D’autres préféraient les
    cafés où l’on fumait, jouait au billard, aux échecs ou aux dames, où avaient
    lieu des spectacles et se produisaient des saltimbanques. Surtout, ils
    s’adonnaient à leur jeu favori – faire et défaire des intrigues politiques en
    tout genre, bien sûr. D’autres se rendaient dans des foires, dont le principal
    amusement était la balançoire, qui attirait tout le monde de Bucarest, même les
    boyards. Mais peut-être la compétition la plus populaire était une sorte de
    sport complètement disparu et inconnu aujourd’hui. Le nom du jeu venait du
    terme ottoman « roseau ». C’était une confrontation entre les
    cavaliers qui maniaient des lances et les jetaient les uns sur les autres, tout
    en essayant de les parer. Ce n’était pas une lutte pacifique, c’était comme une
    sorte de tournoi d’inspiration ottomane. Et, bien sûr, il y avait aussi les
    jeux de hasard, que les Princes phanariotes ont tenté de supprimer, parce
    qu’ils dépouillaient la population. »




    Toutefois,
    il y avait quelques jeux de hasard autorisés par les autorités, telle la
    « loterie des billets », l’ancêtre du loto, qui a survécu jusqu’à nos
    jours. (Trad. Felicia Mitraşca)

  • Paul Jamet (France) – La citadelle de Poenari

    Paul Jamet (France) – La citadelle de Poenari

    Elle est sise en haut d’un rocher, dans le sud de la Roumanie, entre la ville de Curtea de Argeş et non loin du barrage de Vidraru, dans un décor boisé. C’est un édifice à part tant par son emplacement sur des abrupts que par son architecture — aux influences transylvaines, mais aussi byzantines -, mais surtout par les mystères liés à son histoire. On disait cette cité inexpugnable. Ceux qui ont visité ce lieu se sont déclarés fascinés.



    Le nom de la citadelle lui vient du village homonyme, sis à 6 km de là ; ce nom figure dans des sources du XVe siècle. Elle a été la seconde résidence de Vlad l’Empaleur, reconstruite pour lui servir de forteresse contre les Turcs qui l’attaquaient. Considérée une des plus spectaculaires de Roumanie, la cité est de forme allongée ; elle avait initialement une tour en pierre à mission de défense de la frontière nord de la Valachie. Au milieu du XVe siècle, dans une nouvelle étape de construction, Vlad l’Empaleur lui en ajoute quatre et une citerne à eau. Pour construire la forteresse de Poenari, le prince régnant avait employé des personnes condamnées pour des faits graves. Notons aussi que les murailles de la construction étaient en pierre, mortier, solives et en brique et mesuraient 2 à 3 m d’épaisseur — selon une technique byzantine. Le mortier rouge, une autre technique byzantine, d’imperméabilisation, celle-là, avait été utilisé sur les murs de la citerne. La citadelle a été employée à plusieurs fins au fil du temps : abri pour les princes régnants roumains ou du Trésor de la Valachie, et même prison ! Beaucoup de légendes sont liées à cet endroit. Deux disent que l’épouse de Vlad l’Empaleur se serait suicidée là en 1462, soit parce qu’il voulait la quitter, soit parce qu’elle ne voulait pas tomber prisonnière des Turcs qui s’approchaient. Une autre légende dit qu’en 1462, Vlad l’Empaleur aurait réussi à échapper aux Turcs, se cachant dans la forteresse, parce qu’il avait ordonné aux maréchaux-ferrants de mettre les fers aux chevaux à l’envers. Il a ainsi dérouté ses adversaires, qui ont cru qu’il avait quitté la citadelle.



    La cité est abandonnée à la moitié du XVIe siècle. Quelques éléments archéologiques ont été découverts à l’intérieur : une pointe de flèche en forme de feuille, des récipients à usage domestique, des fragments de pots, de la céramique émaillée, des briques et autres.



    En 1955, suite à un puissant tremblement de terre, la cité a perdu son côté nord et le rocher sur lequel il s’appuyait, et n’a plus été reconstruit. Entre 1696 et 1972, elle a été restaurée à plusieurs reprises, et ses remparts — partiellement reconstruits et consolidés. Et d’autres restaurations ont été réalisées à compter de 2010.



    C’est à l’époque communiste que les marches qui permettent d’y accéder ont été bâties. Car la forteresse est visitable. Pour y arriver, courage ! Elle est sise à 850 m d’altitude et il y a 1480 marches à monter, à travers la forêt. Ceux qui s’y sont aventurés ont mis entre 30 minutes et une heure et déclarent que le paysage est enchanteur et une fois en haut — la vue sur la vallée de la rivière Argeş, le barrage de Vidraru et les Monts Făgăraş — imprenable. Dernièrement, une clôture électrique a été installée le long des marches pour tenir les ours à distance.



    La personnalité hors normes de Vlad l’Empaleur a inspiré au fil du temps les écrivains, dramaturges et réalisateurs, qui ont écrit des romans, des nouvelles, mais aussi des scénarios de pièces de théâtre et de films. Et elle a aussi constitué la source d’inspiration pour Jules Verne dans son roman « Le Château des Carpates ». Les légendes autour de cette personnalité mystérieuse fascinent encore de nos jours. Pour eux, Dracula Fest est organisé chaque année au mois d’août dans la citadelle, avec des évènements artistiques et des reconstitutions historiques censés mettre en exergue cette construction modifiée par Vlad l’Empaleur au sommet de la montagne.

  • Bucarest, capitale valaque cosmopolite

    Bucarest, capitale valaque cosmopolite

    Dans l’histoire des principautés de Valachie et de Moldavie, le 18e siècle est connu sous le nom de « siècle phanariote ». C’est une période qui ne coïncide pas précisément avec le début et la fin des années 1700, mais qui débute en Moldavie en 1711 et en Valachie en 1714. Dans le cas des deux Etats, elle s’est achevée en 1821, par la Révolution dirigée par Tudor Vladimirescu, suite à laquelle les princes régnants autochtones sont réinstallés. A l’époque des Phanariotes, les Principautés roumaines étaient vassales de l’Empire ottoman, qui les contrôlait par le biais de fonctionnaires grecs issus du quartier Phanar d’Istanbul. Appelés « Phanariotes », ils étaient oints princes régnants de la Moldavie et de la Valachie pour des règnes assez limités. Cette époque a été toujours vue comme une période de recul et cette image est toujours présente. En fait, les Etats roumains avaient perdu leur autonomie, ils n’avaient plus leur propre monnaie, ni leur propre armée. Les deux principautés avaient été soumises à un processus accéléré d’adoption de la mode, de la culture et des mœurs de l’Orient. Dans la conscience collective, la principale caractéristique de cette période est la corruption, fléau importé d’Orient et toujours présent en Roumanie. Mais il y aussi d’autres facettes de l’époque phanariote, comme le constate l’historien Tudor Dinu : « C’est une époque particulièrement intéressante marquée à première vue par cette « orientalisation » de la société, puisqu’avant les Phanariotes, la culture orientale était assez méconnue dans l’espace roumain. Un seul exemple : à l’époque, tous les délices culinaires de l’Orient étaient à retrouver sur les marchés roumains. Mais en réalité, c’est de cette période que datent aussi les premiers signes de l’occidentalisation des deux Etats, puisque les Phanariotes ont également été un vecteur favorisant de l’arrivée de la culture italienne et ensuite française dans les principautés roumaines. Ma recherche a illustré entre autres le fait que l’occidentalisation de l’espace roumain n’a pas eu lieu après la révolution de 1821. Et les Phanariotes qui s’informaient sur la civilisation occidentale, au début à des fins d’espionnage pour la Sublime Porte, ont permis en fait l’accès de la culture occidentale en Roumanie. »

    Les habitudes et les modèles occidentaux sont arrivés timidement dans les Etats roumains, lorsque ceux-ci étaient des théâtres d’opérations durant les fréquents conflits entre l’Autriche, la Russie et la Turquie. L’occidentalisation intervient suite à la première occupation autrichienne, qui a commencé en 1789, et s’est intensifiée par l’arrivée des troupes russes déployées aussi à Bucarest. Ces soldats russes n’étaient pas les premiers étrangers à s’établir dans la capitale valaque, qui à commencer par l’époque phanariote est devenue une ville vraiment cosmopolite. Ces étrangers se sont peu à peu intégrés dans la société locale pour créer aussi ce mélange des cultures tellement spécifique à la ville de Bucarest. Par exemple, de plus en plus de Grecs se sont installés dans la capitale valaque durant l’époque phanariote, pour constituer une communauté qui comptait entre de 5 à 10 % de la population de la ville. Ces hommes de lettres, dignitaires, entrepreneurs, marchands et artisans se distinguaient pourtant du reste de la population, raconte l’historien Tudor Dinu.

    Mais qui étaient les autres étrangers établis à Bucarest ? « Il s’agissait d’abord de Juifs, une population très dynamique, harcelée par la population chrétienne – qui était à son tour instiguée par le clergé – mais protégée par les princes phanariotes. Ils contribuent de manière fondamentale au développement économique de la ville de Bucarest, notamment dans le domaine vestimentaire, la reliure de livres et la transformation des métaux. Ils sont joaillers, mais aussi marchands. Les Arméniens sont également une présence dynamique. Ils étaient appelés péjorativement des « Juifs chrétiens », puisqu’ils avaient des habitudes similaires et une manière similaire de faire du commerce. Les Roms, appelés à l’époque « Tziganes », étaient extrêmement nombreux. Leur contribution était essentielle dans les travaux trop difficiles pour les Roumains, tels la transformation des métaux, mais aussi l’exploitation de l’or dans les eaux de la rivière Dâmboviţa. Ils étaient aussi les rois des spectacles de rue de l’époque. Habillés de costumes d’ours, ils dansaient sur une musique qui enchantait le public dans les troquets. J’ai également étudié la communauté des Turcs, qui étaient pourtant moins nombreux, puisque les privilèges accordés à la Valachie ne permettaient la présence sur le territoire du pays que d’un secrétaire turc du prince et de son équipe. Il s’appelait « Divan Efendi ». S’y ajoutait une fanfare princière constituée de musiciens turcs, un corps de police ottomane, les « beșlii » et quelques marchands. Les Balkaniques étaient beaucoup plus nombreux. Pour les chrétiens, Bucarest était un véritable Eldorado. Pénétrer l’espace roumain était particulièrement difficile. Il fallait se munir de papiers spéciaux, d’un visa, qui s’appelait « teșcherea » qui permettait l’accès à la terre promise. Les étrangers originaux des Balkans étaient appelés « Serbes », même si des Albanais comptaient aussi parmi eux. Les « Serbes », c’est-à-dire les peuples du sud du Danube, d’origine slave, s’occupaient surtout de la culture des légumes et de la transformation des peaux d’animaux. C’est sur les rues de l’actuel centre historique, Lipscani et Gabroveni, que de nombreux commerçants bulgares déroulaient leur activité. »

    Et ce fut également durant la période phanariote que des Allemands, autres que les Saxons transylvains, commencent à s’installer à Bucarest pour y apporter leur savoir-faire technique. Ils furent suivis par les Français, notamment des enseignants qui donnaient des cours privés aux fils des boyards roumains. En effet, cette époque a eu de multiples facettes et l’entrée des Etats roumains dans la sphère d’influence de l’Orient a en fait mené à leur occidentalisation.

  • 140 ans depuis la fondation de la monarchie roumaine moderne

    140 ans depuis la fondation de la monarchie roumaine moderne

    Si les Roumains pouvaient se targuer d’une histoire commune d’au moins 5 siècles, leur destin politique commun était tout récent en revanche. L’idée d’un Etat commun avait déjà effleuré l’esprit d’aucuns durant les siècles, mais ce n’est qu’à la fin du 18e que le concept de la Dacie contemporaine se précise, par exemple, dans la correspondance qu’échangeaient l’impératrice Catherine II de Russie et l’empereur Joseph II d’Autriche. Les deux têtes couronnées désignaient ainsi les principautés danubiennes, en reprenant l’ancienne titulature préromaine de ce territoire. Mais très vite, dans la première moitié du 19e siècle, l’idée d’un Etat commun des Roumains vivant dans les principautés danubiennes, la Moldavie et la Valachie, fait son chemin. Et l’idée de l’unité des Roumains pénètre dans l’esprit collectif avec une autre idée force, celle de transformer le Danube en un fleuve paneuropéen, afin d’en garantir la liberté de navigation. Avec l’union des principautés danubiennes en 1859, sous le sceptre d’Alexandru Ioan Cuza, avec l’arrivée, en 1866, sur le trône des principautés roumaines unies du prince-souverain Carol de Hohenzollern-Sigmaringen, qui sera proclamé roi de Roumanie le 26 mars 1881, l’ancienne Dacie semble construire à grande vitesse les frontières politiques de sa modernité. Le 10 mai 1866, le jour où le prince Carol débarque sur le sol de son futur royaume, marque le début de la modernité roumaine.



    Le règne de Carol Ier, déroulé entre 1866 et 1914, sera à la fois long et riche. Mais ce fut tout le contraire d’un long fleuve tranquille. L’historien Alin Ciupală de l’Université de Bucarest parle de la première partie de ce règne comme d’une période de transition, l’arrivée du prince allemand sur le trône des principautés roumaines étant perçue par d’aucuns avec une certaine réserve. Alin Ciupală :



    « Mises à part les élites politiques, Monsieur Tout-le-monde demeure assez indifférent à ce prince allemand, catholique, somme toute un étranger pour la plupart de Roumains. Les élites politiques nourrissent en revanche beaucoup d’espoir envers sa personne, surtout après la fin décevante du règne d’Alexandru Ioan Cuza, le premier prince souverain des principautés roumaines unies. Pour sa part, il faut dire que le prince allemand n’arrête pas de s’étonner de l’atmosphère provinciale de Bucarest, capitale de son nouvel État. C’est son épouse, la future reine Elisabeth, qui racontera plus tard, avec beaucoup d’humour, l’épisode. C’est que Bucarest était une ville balkanique et provinciale, loin de pouvoir se mesurer avec les villes allemandes de l’époque, qui étaient familières au prince. A son arrivée, le prince souverain fraîchement appelé à occuper le trône vacant des Principautés roumaines unies va élire domicile au manoir de la famille Golescu, lui aussi très éloigné du confort et de la majesté que constituaient l’image de marque des châteaux de la famille Hohenzollern-Sigmaringen. Mais le prince s’y fera bien vite et surmontera rapidement les désillusions de son début de règne. »



    La Constitution de 1866, l’une des plus modernes de son temps, inspirée par la constitution belge de 1830, fera appeler la Roumanie d’alors la « Belgique de l’Orient ». Une constitution qui fera date et qui sera prête dès le début du nouveau règne de Carol Ier, marquant l’amorce de la nouvelle monarchie constitutionnelle roumaine. Alin Ciupală :



    « A son arrivée dans le pays, le texte de la nouvelle constitution était presque prêt. Pour ce faire, les hommes politiques roumains avaient mis de côté, une fois n’est pas coutume, leurs divergences. Le texte sera rapidement adopté par l’Assemblée constituante, et entrera en vigueur tout de suite après. C’est que la classe politique roumaine désirait rassurer le nouveau Souverain, lui proposant un terrain institutionnel stable, sécurisant, pour éviter de reproduire l’insécurité institutionnelle et la méfiance qui ont caractérisé les relations entre la classe politique et le prince souverain au temps du règne précédant, d’Alexandru Ioan Cuza. Les élites politiques roumaines d’alors avaient pris résolument le pari d’instaurer un régime de monarchie constitutionnelle, doté de toutes les garanties et les garde-fous nécessaires. Mais les élites politiques étaient pressées aussi par la conjoncture internationale et les tensions diplomatiques apparues après qu’Alexandru Ioan Cuza avait été déposé. En effet, les Grandes Puissances avaient reconnu l’union de la Moldavie et de la Valachie le temps de son règne, et pas au-delà. Or, après le 11 février 1866, jour de la déposition de Cuza, se prévalant de cette conditionnalité, la Turquie et l’Autriche ont appelé les Principautés roumaines unies à revenir à l’état de fait d’avant 1859, à se séparer donc. Il leur fallait trouver la parade, et le temps pressait. »



    La crise dynastique de 1871 marque le point d’orgue des difficultés ayant marqué la période de transition du règne de Carol I. En effet, le prince souverain Carol avait été alors tout près de signer son acte d’abdication. Seul le changement de gouvernement l’avait décidé de se raviser. Certains historiens voient l’épisode comme le moment charnière, à partir duquel la monarchie constitutionnelle roumaine, l’Etat roumain moderne, l’union de la Valachie et de la Moldavie seront consolidés sans retour possible en arrière. Tout comme, par la suite, l’indépendance vis-à-vis de la Sublime Porte, obtenue de haute lutte lors de la guerre russo-turque de 1877/1878, avant que le royaume de Roumanie ne devienne une réalité institutionnelle et politique, reconnue de tous, le 10 mai 1881.


    (Trad. Ionuţ Jugureanu)