Category: Espace Culture

  • La 6e édition du festival Temps d’images

    La 6e édition du festival Temps d’images


    Théâtre, danse, vidéo — Temps d’images, c’est un festival ciblé sur la mission sociale de l’art. Miki Branişte est la présidente de l’Association ColectivA et directrice du festival : «Le Festival a démarré d’une manière un peu différente en 2008 et je crois que la direction actuelle s’est dessinée avec le temps. Trois éditions se sont avérées nécessaires pour nous rendre compte où nous en sommes. Un déclic s’est produit en 2011. Les mouvements sociaux dans le monde arabe m’ont beaucoup touchée. Je me suis rendu compte que l’on était témoins de moments très importants et que les changements qui avaient lieu allaient mettre leur empreinte sur l’histoire. C’est pourquoi notre démarche devrait refléter, à l’aide des artistes invités, ce moment crucial pour notre avenir. C’est pourquoi les thèmes abordés relèvent plutôt du domaine social, des changements économiques et politiques qui nous concernent tous. Je pense que l’art peut proposer une perspective nouvelle sur ce que nous considérons d’habitude comme un travail de Sisyphe ».



    Déroulé en novembre, à Cluj, dans le centre-nord du pays, le Festival, à sa 6e édition en Roumanie, a une histoire plus longue dans le paysage européen. Sa création en 2002, on la doit à la chaîne de télévision ARTE et à la Ferme du Buisson — La scène nationale Marne-la-Vallée de France. Le long des années, le projet Temps d’images, soit un festival de théâtre, danse et images photo et vidéo s’est élargi à 10 pays, – Belgique, Estonie, France, Allemagne, Italie, Portugal, Pologne, Roumanie, Hongrie et Turquie.



    Chaque édition du festival organisée en Roumanie a proposé des thèmes différents, s’inspirant des réalités sociales et renvoyant tous à un fil rouge. Miki Braniste : «Si en 2012, le festival a parlé de l’avenir, en 2013 le sujet central a été la solidarité. Les discussions, l’année dernière, avec les artistes et le public ont abouti à la conclusion que l’on ne peut rien faire dans ce monde si on est seuls, et qu’il faut agir ensemble. Je me rends compte qu’il faut aller au delà du concept de solidarité et chercher les causes pour lesquelles on pourrait être solidaires. J’aimerais par exemple inviter des artistes du Japon, un pays confronté à présent à des questions liées à l’écologie. Je pense que ce thème de l’écologie dont l’art traite très peu sera désormais un sujet très important pour nous tous ».



    Le thème de la solidarité s’est donc retrouvé dans tous les événements organisés dans l’édition actuelle du Festival Temps d’images. La directrice Miki Braniste nous en donne quelques exemples: « On a organisé beaucoup de débats qui ont réuni artistes roumains et étrangers, producteurs et directeurs de festivals étrangers. Bien que chacun d’entre eux ait fait le point sur la situation dans son pays, on a bien vu qu’il y avait un problème global et qu’on avait tous besoin de solidarité. C’est un thème qui préoccupe aussi le public. En attestent les retours reçus. Ces débats, on peut les poursuivre à Cluj, même après le Festival, afin de convaincre les gens à assumer leur rôle de citoyens ».



    C’est toujours sur la solidarité que porte le spectacle de danse « Parallel » réalisé par Ferenc Sinkó et Leta Popescu avec à l’affiche les danseuses Lucia Marneanu et Kata Bodoki-Halmen. Un véritable coup de cœur pour le critique de théâtre Oana Stoica: « C’est une représentation qui s’ouvre sous les auspices de la danse contemporaine pour finir sous celles du théâtre. Le spectacle s’interroge notamment sur l’identité, le lesbianisme, la façon dont les hommes et les femmes se regardent les uns les autres au sein d’une société en proie aux clichés et préjugés. Le spectacle parle de tous ces stéréotypes à travers lesquels on a appris à juger l’autre et s’attaque notamment à la sensualité et la sexualité. C’est une production très forte qui place sur le devant de la scène deux artistes dont l’évolution n’a rien à voir avec ce qui se passe d’habitude sur les scènes de Roumanie. Elles arrivent à intégrer la danse et le texte, très poétique d’ailleurs, dans leurs gestes. Concrètement, elles bougent, tout en mettant un fort accent sur les paroles. En dansant en parallèle dans deux espaces différents créés sur la même scène, les deux artistes marquent le passage de l’identité féminine à celle masculine. Or, cette métamorphose s’avère traumatisante, comme par exemple le moment où elles bandent leurs seins de scotch pour annuler leur féminité. Une image très dure et pénétrante pour le public ».



    La sélection du Festival Temps d’Images «a mis en évidence la spécificité actuelle du théâtre roumain: c’est-à-dire des textes à caractère social inspirés des réalités contemporaines », selon le critique Oana Stoica qui nous parle de ce que le festival a de particulier: «Il met en lumière les problèmes de la société en s’interrogeant là-dessus. L’artiste soulève certains problèmes, en insistant sur les vices de la société. Il pose des questions, sans offrir cependant des solutions. Car, finalement, ce n’est pas à lui de le faire, il doit juste de mettre les points sur les i. Je crois que le public a besoin d’une telle approche, vu qu’il se retrouve devant une forme verbalisée de tous ces problèmes qu’il ne sait pas les exprimer tout seul. Je dirais que l’art et le théâtre de Roumanie devraient se pencher davantage sur les tracas des gens de la rue pour en parler plus directement en renonçant aux métaphores »…(trad. : Ioana Stancescu, Alexandra Pop)


  • Horia Mihail – triomphe en Argentine

    Horia Mihail – triomphe en Argentine

    Il a offert au public, à cette occasion, le même récital qu’il avait présenté en Roumanie dans le cadre de la tournée nationale « Le piano voyageur », organisée en 2013, pour la troisième fois, par Radio Roumanie Culture et l’association culturelle Accendo. Horia Mihail — un des meilleurs pianistes roumains de sa génération — conquiert le public par la noblesse de son style. Diplômé du Collège de mathématiques et de physique « Andrei Şaguna » de Braşov, Horia Mihail a étudié le piano à l’Académie de Musique de Bucarest, avec le professeur Constantin Ionescu-Vovu. Après 14 années d’études en Roumanie, l’artiste a suivi les cours de l’université d’Illinois, aux Etats-Unis, où il a travaillé avec Ian Hobson. En 1995, il obtenait son diplôme universitaire et son diplôme de master. En 1999, il obtient le diplôme d’artiste de l’Université de Boston, où il a étudié avec Anthony di Bonaventura.



    En tant que pianiste concertiste de l’Orchestre de la Radio roumaine, Horia Mihail monte souvent sur la scène de la salle de concerts de la Radio, il collabore avec les orchestres symphoniques du pays et il est en même temps soliste de l’orchestre philharmonique de Braşov. A cette activité, déjà très riche, s’ajoutent des tournées à l’étranger. Ce qui fait qu’au fil du temps, il a donné plus de 2 mille récitals et concerts dans 18 pays de 4 continents. Ces dernières années, Horia Mihail a participé à plusieurs projets nationaux dans le domaine de la musique ayant eu un grand impact culturel et social : « Le piano voyageur », « La flûte d’or », « Le violon de George Enescu dans les villages » et « Le duel des violons ».



    A Ushuaïa — ville la plus australe du monde — le récital de Horia Mihail a été accueilli par la salle de concert de l’Hôtel Arakur. L’artiste a choisi 3 sonates de Beethoven : Clair de lune, Appassionata et Pathétique. L’interprétation de Horia Mihail a suscité l’enthousiasme du public, qui l’a longuement applaudi.



    Pour participer au Festival international de musique classique d’Ushuaïa, le pianiste roumain Horia Mihail a bénéficié du soutien de l’Institut Culturel Roumain, de l’Ambassade roumaine à Buenos Aires et de la Radio publique. Voici ce que déclarait Horia Mihail avant son départ pour l’Amérique du Sud:« C’est ma première traversée de l’Equateur en tant que musicien ou touriste. J’irai en Argentine, à Buenos Aires, où je donnerai un récital solo, après quoi je prendrai à nouveau l’avion et je volerai plusieurs heures jusqu’à Ushuaïa, la ville la plus australe du monde. Elle accueille le Festival Beethoven, dans lequel j’ai été invité à donner un récital. Le programme musical que je présente depuis pas mal de temps en Roumanie sera ainsi entendu ailleurs. Cela me réjouit beaucoup, car ce sera le cinquième continent que je découvre d’un point de vue musical. Ce sera un voyage intéressant et j’espère en rapporter de belles histoires. »



    Le Festival International de Musique Classique d’Ushuaïa (qui s’est déroulé du 5 au 19 octobre 2013) et qui en est arrivé à sa 9e édition, a été organisé par le producteur « Festspiele ». Ecoutons à nouveau le pianiste Horia Mihail, qui nous fait part de ses premières impressions liées au moment où il a mis le pied sur le continent sud-américain, plus précisément en Patagonie:« …C’est un paysage vraiment incroyable. C’est vrai que le froid que j’ai dû subir 48 heures durant a mis son empreinte sur ma voix, mais l’atmosphère a été très bonne aux concerts. Le public s’y manifeste très bruyamment lors des applaudissements. J’imagine que c’est ainsi que s’extériorisaient les spectateurs d’opéra il y a 100 ou 150 ans lorsque le spectacle leur plaisait. »



    Avant le concert en Terre de Feu, Horia Mihail a joué à Buenos Aires, le 13 octobre, au Salon du Centre culturel « L’Usine de l’art » (« Usina del Arte »). C’est un espace bien connu dans le paysage culturel d’Argentine, construit, comme son nom l’indique, sur l’emplacement d’une ancienne usine, avec le soutien du gouvernement de la ville de Buenos Aires.



    Sena Latif, chargée d’affaires de la Roumanie en République d’Argentine, a souligné l’importance du domaine culturel pour les relations bilatérales roumano — argentines. Celles-ci disposent d’un immense potentiel à même de renforcer le dialogue entre les deux nations et de faciliter une meilleure connaissance réciproque. Voici les propos de Horia Mihail, à l’issue de sa tournée en Argentine, lorsque le public lui avait réservé une ovation debout plusieurs minutes d’affilée: « A Buenos Aires j’ai joué dans un espace relativement neuf, qui s’appelle Usina del Arte, l’Usine de l’Art. C’est un ensemble composé de deux salles de concert et de bien d’espaces d’expositions, aménagé dans une ancienne usine. Moi j’ai joué dans une de ces salles, destinée à la musique de chambre, qui peut accueillir trois centaines de personnes. J’ai été agréablement surpris de voir la salle comble. Ce concert a été organisé avec l’appui de l’Ambassade de Roumanie en Argentine. J’y ai pu rencontrer quelques membres de la communauté roumaine d’Argentine, qui n’est pas très nombreuse d’ailleurs. Hier soir, j’ai joué dans le cadre de ce festival qui est arrivé à sa 9e édition, organisé à Ushuaïa, au bout du monde. Les gens des parages se plaisent eux-mêmes à appeler cette ville El fin del mundo. Cette année, le compositeur vedette du festival a été Beethoven, ce qui convient à merveille à mon programme musical. Hier soir, j’ai interprété les morceaux que j’avais joués dans « Le piano voyageur ». Cette fois-ci, ma musique résonne à Ushuaïa, devant un public impressionnant compte tenu du nombre d’habitants de la ville, à savoir près de 60.000. Ces concerts rassemblent entre 300 et 700 spectateurs. On y joue toutes les symphonies de Beethoven. »



    La carrière de Horia Mihail comporte aussi un volet international. Il mène une intense activité en tant que président de l’Association Culturelle Accendo. Il organise cinq tournées MusicON du Trio Le Piano roumain, trois tournées Stradivarius et, en coopération avec Radio Roumanie Culture, les tournées nationales le Piano voyageur et le Duel des Violons: Stradivarius vs. Guarneri. Horia Mihail s’est récemment rendu à Chişinău, pour un concert consacré au centenaire du compositeur polonais Witold Lutoslawski. Il a également joué à la Salle de la Radio publique roumaine sous la baguette du chef d’orchestre canadien Julian Kuerti…(trad.: Mariana Tudose, Dominique)

  • Le Festival international de littérature et de traduction de Iasi

    Le Festival international de littérature et de traduction de Iasi

    Une centaine dévénements, 200 invités du monde des livres, plus de 12.000 spectateurs — voilà le résumé statistique de la première édition du Festival international de littérature et de traduction de Iaşi (FILIT) – qui a eu lieu à la fin du mois doctobre. Des auteurs et des traducteurs prestigieux de littérature contemporaine ont partagé des expériences professionnelles diverses, ce qui a permis aux lecteurs passionnés de découvrir ce quest lécriture dun roman, comment vivre de la création littéraire, comment on peut devenir un traducteur à succès.



    Le Festival international de littérature et de traduction a prouvé, dès sa première édition, quil a sa place parmi les plus importants événements du genre du monde de la culture – une affirmation qui appartient à Ulrich Schreiber, fondateur et directeur du Festival international de littérature de Berlin, une des plus grandes manifestations culturelles dEurope. “Le public a été extraordinaire, la presse internationale a été quelque peu prise de court puisque personne nimaginait quune telle chose puisse être possible à Iaşi, ville dont on entendait parler pour la première fois.



    Moi-même, jai été étonné.”, disait lécrivain Dan Lungu, manager du FILIT, lorsquil a remercié les bénévoles et léquipe organisatrice. “Bref, cet événement est allé loin au-delà de mes attentes, la solidarité des institutions autour du projet a été extraordinaire, le public a été nombreux, la presse – active et appliquée. Cest un festival professionnel, qui vise très haut et qui jouit également dune très large participation. Je peut dire que le FILIT na rien à envier aux grands festivals dEurope.”



    Lécrivaine Florina Ilis. ”Au deuxième jour du festival, nous avons rencontré les élèves du Lycée Mihai Eminescu, et à Paşcani, lécrivain Radu Pavel Gheo a participé à une lecture de texte, suivie dun débat avec des lycéens de la ville. Moi, jai essayé dêtre présente à un maximum dévénements, car il ma été impossible de participer à tous. Ils en ont été nombreux, très bien organisés, ce qui a rendu le choix très difficile.”



    Le poète Mircea Dinescu avait lui aussi répondu à lappel des organisateurs du Festival international de littérature et de traduction de Iaşi. “Cétait sympa, il y a eu beaucoup de monde qui a vibré à ma lecture et à mes propos. La rencontre a été assez gaie, ce qui nest pas la règle; dhabitude les réunions de ce genre sont plutôt ennuyeuses et moi, je ne supporte pas ça. Je naime pas ennuyer les gens avec de longs poèmes, qui ne sont pas faits pour être lus devant un public. Il existe une diversité de genres poétiques, certains se prêtent à une lecture publique, dautres non. Jai aussi apprécié la diversité des structures et des écritures poétiques, tout a été très bien.”



    Lécrivaine Adriana Bittel. “Moi, je crois que ça a été une grande réussite, de par la qualité des écrivains invités et de lintérêt surprenant du public. Jai trouvé extraordinaire de voir, lors de certaines séances de lecture ou de rencontres, des centaines de gens venus connaître les écrivains et acheter leurs livres. Or, cet intérêt est lultime satisfaction de tout auteur. Les organisateurs du festival ont fait un travail extraordinaire et je peux me déclarer heureuse.”



    Choyés pendant tout le festival, les jeunes ont eu le dernier mot : un jury de 20 élèves des meilleurs lycées de Iaşi, a élu “le livre le plus aimé de lannée 2012”, un projet de lInspection scolaire départementale Iaşi. “Le Festival international de littérature et de traduction existe parce que la littérature roumaine le vaut bien. Cest une très bonne période pour les livres des auteurs roumains, tout comme pour les films de Roumanie, malgré les temps économiquement difficiles que nous vivons”, pense le traducteur néerlandais Jan Willem Bos. La traductrice française Laure Hinckel a apprécié elle aussi la qualité de ce qui sest passé à Iaşi: “Je salue lexistence de ce festival.



    Le FILIT est organisé en province, sans lappui du centre, cest un festival porté par de nombreux bénévoles et par des programmes conçus effectivement pour le destinataire, pour le lecteur, surtout pour les jeunes.” (trad. : Ileana Taroi)


  • Le Festival national de théâtre 2013

    Le Festival national de théâtre 2013

    Le spectacle qui a ouvert la 23e édition du Festival national de théâtre et qui a bénéficié, d’ailleurs, du plus grand nombre de représentations dans ce festival a été « Les Troyennes », d’après Euripide, monté par le très connu metteur en scène Andrei Şerban. Ce spectacle, Andrei Şerban l’a réalisé pour la première fois en 1974, à New York, sur la scène du théâtre « La MaMa ». En 1990, il était mis en scène avec les comédiens du Théâtre national de Bucarest, en tant que partie médiane de la « Trilogie antique » ayant marqué, symboliquement, la renaissance du théâtre roumain.



    En 2012, Andrei Şerban a repris « Les Troyennes », cette fois-ci avec les chanteurs de l’Opéra national de Iaşi. Pourquoi, Andrei Şerban ? « C’est que Beatrice Rancea, nommée à la tête de l’Opéra de Iaşi, avait fait partie, dans les années ’90, de l’équipe du Théâtre national de Bucarest où j’ai monté pour la première fois cette tragédie. Et elle a gardé la nostalgie de cette Trilogie, qu’elle voulait reprendre, d’une façon ou d’une autre. Pourquoi à l’Opéra ? Parce que « Les Troyennes » sont une sorte d’opéra, joué et chanté par les acteurs. Cette fois-ci, les personnages sont joués par des musiciens professionnels : chanteurs et cantatrices, chœur et solistes de l’Opéra de Iaşi, qui ont été ravis de vivre cette expérience tout à fait différente de ce qu’ils font d’habitude. Cela a été également une expérience pour les jeunes spectateurs, qui n’étaient pas encore nés en ’90. Certains d’entre eux apprennent à l’école ce qu’a représenté cette Trilogie, entrée aussi bien en Roumanie qu’aux Etats-Unis dans l’histoire du théâtre. »



    Andrei Şerban estime que « Les Troyennes » trouvent très bien leur place dans le contexte social actuel : « C’est une tragédie écrite il y a 2.500 ans, mais qui est universelle. Je pense que toutes les périodes sont marquées par des tensions, dans ce qui se passe sur la scène, on peut trouver des références à ce que la liberté ou la prison signifient sur le plan social ou sur un plan purement humain — car il existe en nous-mêmes une prison et un désir de liberté. Ces deux mots sont extrêmement présents dans le spectacle et les spectateurs qui l’ont vu il y a 20 ans et sont revenus le revoir maintenant, ont affirmé — à ma grande joie — qu’il a la même force, la même vitalité, la même fraîcheur qu’en ’90. »



    Le public de l’édition 2013 du Festival national de théâtre, achevée le 3 novembre, a pu voir en avant-première, pour ainsi dire, le spectacle qui sera présenté en 2014, dans la sélection officielle du Festival d’Avignon, en France, et qui est inclus dans la saison du Théâtre national de Bruxelles.



    Le spectacle, appelé « Solitaritate » – Solitarité et signé par Gianina Cărbunariu, est le fruit d’une collaboration du Théâtre national « Radu Stanca » de Sibiu et du Théâtre national de la communauté française de Bruxelles avec le Festival de théâtre d’Avignon, dans le cadre du projet européen Cities on stage / Villes en scène. « Solitaritate » s’inspire des réalités roumaines, pourtant, ses symboles se retrouvent, sous une forme ou une autre, dans tout espace social du XXIe siècle. Gianina Cărbunariu: « Ce sont des symboles spécifiquement roumains, mais je pense qu’aujourd’hui, le monde entier est confronté aux mêmes problèmes: nationalisme, rejet des valeurs autres que celles traditionnelles, problèmes d’identité. Je ne me suis pas proposé de montrer la Roumanie mais de monter un spectacle à partir de choses que je connais. Il me semble que la question du nationalisme découle de la volonté d’affirmer une identité et, le plus souvent, de l’affirmer beaucoup trop fort, de manière agressive, violentant les autres. Solution perdante à cour, moyen et long terme. C’est plutôt le manque de solidarité qui m’a intéressée — et pas uniquement en Roumanie. Je souhaite poser des questions au public, aux acteurs et à moi-même : Pourquoi ne sommes-nous pas capables d’être solidaires ? Pourquoi ne sommes-nous pas capables d’obtenir ensemble certaines choses ? Ou pourquoi les moments de solidarité sont-ils si rares ? Car ils existent. Il nous faut trop de temps pour nous rendre compte que nous pouvons réaliser des choses si nous unissons nos forces, à un moment donné. »



    Dans section « Les acteurs au premier plan » du Festival national de théâtre a figuré un spectacle impossible à oublier, ne serait-ce que grâce au texte : « Illusions », sur un texte écrit par le dramaturge russe contemporain Ivan Vyrypaev. Ce spectacle, mis en scène par Cristi Juncu raconte une histoire de vie écrite et interprétée avec beaucoup de réalisme. Le comédien Andi Vasluianu raconte comment il a vécu la rencontre avec le texte de Vyrypaev : « Lorsque Cristi Juncu me l’a envoyé pour le lire, je lui ai dit qu’il me semblait terriblement difficile à réaliser. Et non seulement du point de vue du jeu des acteurs. Je me suis posé beaucoup de questions concernant le public, s’il est préparé pour accepter ce texte. Car ce spectacle dépend beaucoup du public, de sa capacité d’accepter et de suivre cette histoire. Ce qui m’a ému, moi, dans cette histoire, c’est l’illusion de la vie. Combien de fois nous tombons dans le piège de cette illusion, combien de fois nous avons l’impression que nous savons de quoi il s’agit et, en fait, une seule phrase peut nous changer la vie. Une phrase qui peut être une illusion, un mensonge. C’est cela, ce texte. »



    Lors de la cérémonie de clôture de la 23e édition du Festival national de théâtre organisé par l’Union théâtrale de Roumanie (UNITER) du 25 octobre au 3 novembre, l’Association internationale des critiques de théâtre a accordé le prix du « Théâtre de demain » au spectacle « Un tramway nommé désir » de Tennessee Williams, mis en scène par Andrei et Andreea Grosu, une production UNTEATRU de Bucarest. (trad.: Dominique)

  • «Fest(in) sur le boulevard» au théâtre « Nottara »

    «Fest(in) sur le boulevard» au théâtre « Nottara »

    Double événement comportant une compétition, sous le titre : « Terrible crise, mon cher » et un régal : « Le boulevard de la comédie ».



    Les spectacles en lice dans la première section provenaient de France, Autriche, Serbie, Bulgarie et Roumanie et ils illustraient la crise, sous tous ses aspects : économique, social, politique, sexuel ou identitaire.



    Le grand gagnant a été le spectacle «Candide». Adaptation libre du conte de Voltaire, mis en scène par Cristian Pepino, ce spectacle de marionnettes pour adultes a eu sa première en 2007 au théâtre « Ţăndărică » de Bucarest.



    Qu’est-ce qui a convaincu les membres du jury à le primer ? Nous l’apprenons du plus jeune d’entre eux, le metteur en scène Radu Alexandru Nica : «Premièrement, nous avons tous apprécié la qualité artistique de ce spectacle. Ensuite, le fait que ce n’est pas un spectacle de théâtre bien sage, au contraire, il est plutôt insolent. Moi, je suis ravi quand je vois que les autres ont envie de faire avec les marionnettes ce que j’aurais eu, moi-même, envie de faire, si j’avais travaillé dans ce domaine, à savoir « violenter », les traiter avec beaucoup d’humour, avec cynisme… Cet ancrage dans la zone de l’humour noir nous a tous fascinés. Tous les membres du jury ont été envoûtés par l’approche très lucide de ce texte appartenant à l’époque des Lumières. L’imagination débordante du metteur en scène et des comédiens nous a définitivement séduits. Qu’est-ce qu’un spectacle insolent ? C’est un spectacle provocateur, y compris du point de vue moral. La manière dont il traite de l’amour, dont il le démystifie, dont il le dévoile dans sa zone stupide et grotesque. Et cela ne s’arrête pas là. Il y a aussi la manière dont les marionnettes sont maniées, le rapport qu’il crée entre la zone vidéo et la zone de manipulation des marionnettes, entre le côté chorégraphie et le côté art dramatique : le tout a une grande dose de cynisme.»



    Un autre spectacle à mentionner parmi ceux qui se sont disputé le trophée de la section « Compétition » arrivait de Vienne, mais il était mis en scène par un Roumain. Il s’agit de « Woyzeck », monté par Geirun Ţino au théâtre « Pygmalion ». Originaire de la ville de Brăila (dans le sud-est de la Roumanie), Geirun Ţino s’est établi à Vienne en 1985. Une dizaine d’années plus tard, il créait son propre théâtre : « Pygmalion ». En 2013, l’artiste se voyait décerner « La croix d’or du mérite culturel de la ville de Vienne» pour l’innovation dans l’espace théâtral.



    La célèbre pièce « Woyzeck » de Georg Büchner est un des textes les plus souvent montés dans l’espace allemand. Le metteur en scène Geirun Ţino nous parle de sa vision de ce texte : « Woyzeck est le premier héros de la dramaturgie universelle à préfigurer, en quelque sorte, l’anti-héros. Avant Woyzeck, la quasi totalité des principaux personnages de la littérature dramatique étaient des nobles, des rois, des empereurs… Woyzeck est le premier « propre à rien », un Mr. Tout le monde, si vous voulez, un homme sans personnalité, sans situation sociale précise… Ce qui m’a intéressé, c’était de voir dans quelle mesure une telle personne, avec un tel caractère, pouvait développer le même appétit pour ses semblables, pour l’amour. Y avait-il une différence entre la façon dont un tel être aime et la façon dont aiment les autres ? Et on constate qu’il n’y a aucune différence. Et si, à cet égard, il n’y a aucune différence, alors, forcément, les différences qui pourraient exister à l’égard de tout le reste ne comptent plus. »



    Le festival « Fest(in) sur le Boulevard » s’est ouvert officiellement par un événement inédit appelé « Du théâtre à tartiner ».



    C’est le metteur en scène Mihai Lungeanu qui en a eu l’initiative. Son but était d’attirer l’attention des passants sur le théâtre.



    A la fin du festival, la directrice du théâtre Nottara, le critique Marinela Ţepuş, souhaitait que ces rencontres au-delà de la scène avec le public se poursuivent : « A mon avis, le but d’un festival est de réunir un nombre aussi grand que possible de spectacles de qualité montés en Roumanie et à l’étranger. Mon plus grand désir est d’apporter un grand nombre de spectacles dans les deux sections du festival et de créer un véritable événement artistique dans l’espace public. Il s’agit de ne pas nous limiter au segment de trottoir devant le théâtre « Nottara », d’aller plus loin, de gagner le centre historique de la ville et de rejoindre un festival initié par la municipalité de Bucarest sous le titre : « Le Bucarest de Caragiale ». Ce dernier se déroule tout au long de l’été, pour s’achever le 15 septembre. Le nôtre débute le 15 octobre, nous pourrions donc, pour ainsi dire, prendre la relève. Puisqu’en octobre il fait beau à Bucarest, nous pourrions déterminer les gens à nous rejoindre, nous rapprocher davantage de la communauté, car un festival n’est rien d’autre qu’un festin donné à la communauté. »



    En créant la section « Le boulevard de la comédie », qui doit demeurer une constante de ce festival, le théâtre « Nottara » lançait officiellement, du même coup, sa nouvelle stratégie. La grande salle du théâtre sera dorénavant un « boulevard de la comédie », sur sa scène seront montés uniquement des spectacles de comédie, alors que le studio « George Constantin » sera réservé aux spectacles de théâtre expérimental. Le message que le théâtre « Nottara » souhaite transmettre ainsi est simple et clair : le genre comique n’est pas un genre mineur et la comédie de qualité n’a pas cessé d’exister. (Trad.: Dominique)

  • Un nouveau film de Corneliu Porumboiu – « Quand le soir tombe sur Bucarest ou Métabolisme »

    Un nouveau film de Corneliu Porumboiu – « Quand le soir tombe sur Bucarest ou Métabolisme »

    Le dernier film de Corneliu Porumboiu a divisé les spectateurs en deux camps. Ceux qui estiment que l’histoire, dans son sens classique, s’avère indispensable et ceux qui plaident en faveur d’un cinéma moins narratif. Le critique Tudor Caranfil affirmait, juste après la projection du film, que le nouveau long-métrage de Corneliu Porumboiu « Quand le soir tombe sur Bucarest ou Métabolisme » est un défi et qu’il s’agit du film expérimental le plus passionnant du cinéma roumain. Pour sa part, le critique Andrei Gorzo le qualifie « de production anti-romantique hyper subtile ».



    Le film, on pourrait le résumer de la façon suivante : Paul est en train de travailler à un film dont il est le réalisateur. Alors qu’il tourne une scène de nudité, il s’entretient avec Alina, l’actrice avec laquelle il a une relation amoureuse, avec la productrice, avec un collègue et avec un médecin qui examine son endoscopie. Le film est formé de seulement 17 plans, dont la plupart sont fixes.



    Dans une interview, Corneliu Porumboiu avoue que son intention était de parler de la naissance d’un film et des contraintes imposées. Corneliu Porumboiu : « Ce qui m’intéressait, c’était la relation entre les personnages et l’histoire proprement-dite. L’idée m’est venue il y a trois ans lorsque l’on avait proposé une nouvelle loi de la cinématographie. Selon elle, le concours au Centre National de la Cinématographie prévoyait un découpage de réalisateur. Des souvenirs de la faculté ont refait surface, je me rappelle que durant mes années universitaires j’étais toujours limité par le temps. Je me présentais devant mes professeurs avec des découpages que je faisais tout seul à la maison, en chronométrant les plans du film. Et ce film est né à partir de ces souvenirs. Certes, il pose aussi une question sur la manière dont j’ai commencé à faire du cinéma. »



    « Je me suis formé dans les limites de la pellicule de 35 millimètres, du besoin d’organiser chaque plan. C’est grâce à ces restrictions que s’est développé mon penchant pour les répétitions et les plans plus longs, ajoute encore le réalisateur qui se souvient aussi de ses débuts : «Le film a eu 7 versions de scénario. Il dégage ma nostalgie pour la pellicule; j’ai voulu qu’il fonctionne comme une sorte de miroir renversé; les actions des personnages que l’on découvre progressivement, je les ai reléguées au second plan. Quand le soir tombe sur Bucarest est une sorte d’état d’esprit, un moment du jour que l’on ne voit pas dans le film, une sorte de poésie qui fonctionne en contretemps avec le métabolisme. Le titre renvoie en quelque sorte au regard que je porte sur ce métier ».



    Dans ce film, le rôle du réalisateur est joué par Bogdan Dumitrache. Cet acteur a compté parmi les protagonistes du film «La position de l’enfant», qui a décroché cette année l’Ours d’Or à Berlin. Bogdan Dumitrache raconte comment s’est déroulé le tournage du film «Quand le soir tombe sur Bucarest ou Métabolisme » : « Cela a été plutôt une quête à laquelle nous avons tous participé. Ce fut un de ces cas où je me suis senti très impliqué dans un projet ; nous cherchions tous ensemble et, lorsqu’on trouvait de bonnes choses, on les intégrait au film. Nous avons beaucoup discuté. Nous avons eu un mois de répétitions durant lequel nous avons tout discuté ; il n’y a pas eu d’indications dans le sens classique du terme. Nous connaissions le texte, mais nous l’avons réécrit, en le jouant. Nous avons eu le temps d’assimiler et d’enrichir les personnages. »



    Voici également l’avis du critique Magda Mihăilescu sur ce nouveau film de Corneliu Porumboiu: « La fascination de ce film vient justement d’une certaine désagrégation de la magie du travail sur le plateau de tournage. Tous ces films qui parlent du film ont quelque chose en commun. Le réalisateur est un être solitaire. C’est que le héros du film — le réalisateur — bien qu’ayant eu une relation avec l’actrice, est un homme seul. Tel était aussi le personnage de « La nuit américaine », tel était le personnage des « Séquences » d’Alexandru Tatos. On le voit à sa démarche, à sa façon de fumer, à tout son comportement. »



    «Quand le soir tombe sur Bucarest ou Métabolisme » est le troisième long métrage du cinéaste roumain Corneliu Porumboiu — après « 12:08 à l’Est de Bucarest » et « Policier, adjectif ». Son nouveau film a déjà été sélectionné pour les compétitions des festivals internationaux de Locarno, Sarajevo, Toronto et New York.



    Le film « 12:08 à l’Est de Bucarest », gagnant du prix «Caméra d’Or» en 2006, a valu à Porumboiu la réputation d’un réalisateur et scénariste très sensible au dialogue et intéressé par les vastes ramifications de la vérité’ — écrivait le magazine Variety. (Trad. : Alexandra Pop, Dominique)



  • Les gagnants du jeu-concours “Le Festival George Enescu 2013”

    Les gagnants du jeu-concours “Le Festival George Enescu 2013”

    Chers amis, Radio Roumanie Internationale vous a invités à participer jusqu’au 30 septembre, le cachet de la poste faisant foi, au jeu-concours consacré au Festival international « George Enescu » 2013. La XXIe édition du Festival qui porte le nom du plus grand compositeur roumain s’est déroulée du 1er au 28 septembre et a offert 150 spectacles de musique, d’opéra et de danse, organisés aussi bien à Bucarest que dans d’autres centres culturels de Roumanie.



    Le concours a suscité votre intérêt. A preuve les 493 réponses complètes et correctes que nous avons reçues de votre part. Nous vous en remercions et vous invitons à participer à d’autres jeux-concours aussi organisés par RRI.




    Les prix récompensant vos participations consistent en objets liés à George Enescu, à la musique symphonique et à la culture roumaine en général. Tout cela grâce à notre sponsor, le Complexe Energétique Oltenia, avec l’appui du Musée national George Enescu (les sections de Sinaia et Tescani y comprises ) et de la Régie autonome « Le Journal Officiel » et avec le soutien de la maison d’éditions Casa Radio, la Représentation de la Commission Européenne en Roumanie et l’Association « Euro Foto Art » d’Oradea.



    Les réponses aux questions de notre jeu-concours, vous avez pu les trouver grâce à nos émissions, à nos profils sur Facebook et Twitter.



    Le concours s’est achevé le 30 septembre. Avant de dévoiler les noms des gagnants, nous vous rappelons les questions auxquelles vous avez été invités à répondre.





    Quand est né George Enescu ? Réponse correcte: le 19 août 1881.
    A quelle édition le Festival George Enescu est-il arrivé en 2013? Réponse correcte : à la XXIe.
    Nommez au moins 3 créations musicales d’Enescu. Là, vous aviez le choix entre les nombreuses créations du grand compositeur, telles l’opéra « Œdipe », les 3 symphonies achevées, « Le Poème roumain », « La Rhapsodie roumaine n°1 », « La Rhapsodie roumaine n°2 », les trois suites orchestrales, les sonates pour piano, violon, violoncelle, les quatuors pour piano et cordes, la musique pour les ensembles choraux, les lieds etc.
    Qui est Ioan Hollender? Réponse correcte: le directeur artistique du Festival. Rappelons aussi que Hollender est l’ancien directeur d’origine roumaine de l’Opéra de Vienne.


    Une vingtaine de troisième prix sont allés chez des auditeurs ou des internautes. Parmi eux, Syed Khizar Hayat Shah, du Pakistan, qui a envoyé sa réponse à la Section française de RRI.


    Et M. Shah de nous confier: «Il y a tellement de choses qui mont incité à prendre part au concours. La chose principale est que jaime la Roumanie, un pays très intéressant. La Roumanie a, en effet, une certaine beauté à elle et les gens y sont généralement sincère, bien que souvent assez étrange. Vos programmes sont bien et je les aime beaucoup. Votre site a beaucoup dinformations sur lhistoire et la culture de la Roumanie». Merci beaucoup M. Syed Khizar Hayat Shah pour votre franchise!



    Une trentaine de deuxième prix ont également été adjugés. Parmi les gagnants, on retrouve Raïf Chaaban, du Liban, qui écoute les programmes en français de RRI.


    Notre ami, M. Raïf Chaaban, argumentait: «Ce qui m’a déterminé à participer à ce jeu, est tout d’abord mon admiration pour George Enescu et pour ses oeuvres. J’aimerais exprimer ensuite ma grande joie et plaisir découter votre Radio avec assiduité depuis plus de 26 ans».



    Parmi les 20 gagnants du Premier prix on retrouve Christian Canoën, de France, et Amady Faye, du Sénégal.




    M. Christian Canoën nous explique: «Je suis un grand amateur de musique classique. J’écoute beaucoup Wagner, Beethoven etc. George Enescu ne pouvait donc pas me laisser insensible. J’admire beaucoup son œuvre. En plus, je garde de votre pays un souvenir inoubliable».



    A son tour, M. Amady Faye, du Sénégal, argumentait sa participation: «Violoniste, pianiste, pédagogue, chef dorchestre, compositeur — bref George Enescu est un musicien universel. Participer à ce concours est le plus grand hommage que je pouvais rendre à ce virtuose de la musique classique roumaine dont les agréables rhapsodies me bercent pendant les moments de repos».


    Les trois Prix spéciaux ont été décrochés par Thein Soe, de Malaisie, Jayanta Chakrabarty, d’Inde et Bezazel Ferhat, d’Algérie, qui nous a envoyé sa réponse.


    M. Bezazel Ferhat, d’Algérie, affirmait: «Je me permets tout d’abord de vous dire un grand merci pour cette fabuleuse compétition qui nous donne la chance, à cette époque très dense du monde numérique et technologique, de nous connecter à l’univers très riche de Georges Enesco. Je tiens également à vous remercier pour les informations utiles et intéressantes que vous nous donnez à travers vos programmes. Vive lamitié entre votre station et ses auditeurs et longue vie à RRI, une étoile brillante parmi les radios internationales à travers le monde».



    Les prix vous seront expédiés par courrier. Nous vous prions d’accuser réception, aussi bien du prix que de son contenu, par courrier, télécopie ou courriel. En vous remerciant encore une fois pour avoir tenté vos chances et répondu aux questions du jeu-concours consacré au Festival ”George Enescu 2013”, nous vous attendons nombreux à nos prochains concours! (trad. : Mariana Tudose, Ileana Ţăroi, Andrei Popov)

  • Le Festival International du Théâtre radiophonique innovant Grand Prix Nova

    Le Festival International du Théâtre radiophonique innovant Grand Prix Nova

    Le 18 février 1929, la Radiodiffusion Roumaine diffusait sa première production de théâtre radiophonique, Ce que le village savait” de Ion Valjan, avec au micro les grands comédiens Maria Filotti et Romald Bulfinski. 85 ans plus tard, plus précisément le 5 octobre dernier, cette même pièce, mise en scène cette fois-ci par Mihai Lungeanu, allait clôturer le Festival International du théâtre radiophonique innovant Grand Prix Nova. C’est notre façon de rendre hommage à ceux qui entre 1928 et 1929 osaient innover et inventer un nouveau moyen de communication devenu par la suite un nouveau genre artistique. Il s’agit du Théâtre radiophonique” a affirmé Attila Vizauer, rédacteur en chef de la Rédaction de Théâtre de la Radio publique.



    Au début, le théâtre radiophonique se faisait en présence du public spectateur. La grande scène de la Radiodiffusion accueillait à la fois acteurs et techniciens, tandis que le public, présent dans la salle, assistait à la construction en temps réel de la pièce. A la gloire de ces temps passés, le réalisateur Mihai Lungeanu a décidé de signer une nouvelle adaptation radiophonique de la pièce « Ce que le village savait » pour la présenter sur la scène du Théâtre de comédie de Bucarest, devant un public nombreux. « Le spectateur qui participe à la représentation se retrouve face à une sorte d’alchimie qu’il n’a pas l’occasion de voir normalement puisqu’il ignore ce qui se passe dans un studio d’enregistrement. Or, cette fois-ci, nous avons justement voulu recréer un peu l’ambiance qui se dégage dans un studio, l’improvisation, le jeu de création. Nous avons essayé de recréer en quelque sorte l’énergie avec laquelle, il y a 85 ans, les comédiens ont lu en première au micro une pièce de théâtre transmise sur les ondes. C’était pour la première fois que le public roumain faisait la connaissance, par le biais de l’ouïe, des personnages, d’une histoire, qu’il se laisser emporter, grâce ax son, par les émotions et les états d’âmes des héros, sans la moindre possibilité d’intervenir, pour changer ou améliorer le message ».



    Organisée du 30 septembre au 5 octobre par Radio Roumanie, la première édition du Festival International de Théâtre Radiophonique Grand Prix Nova a mis à l’honneur « l’innovation ». Déroulé sous le haut patronage de son Altesse royale, la Princesse Margarita de Roumanie, le festival a eu lieu sous les auspices du 85ème anniversaire de la première pièce de théâtre radiophonique jamais transmise sur les ondes par la radio publique.



    Bien que le palmarès du Théâtre radiophonique s’enrichisse d’une année à l’autre, le rédacteur en chef de la rédaction de Théâtre ne s’attendait pas à ce que le festival Grand Prix Nova ait un si grand succès. Attila Vizauer : « Chaque étape de l’organisation du festival a été une véritable aventure qui nous a donné de l’optimisme. Une fois terminé le projet, la direction de la radio a donné son aval. Par la suite, on a décidé d’inviter les plus grands professionnels du théâtre radiophonique d’Europe à faire partie du jury. Et ils ont accepté bien volontiers. Prochaine étape : les inscriptions. Au début, elles étaient assez timides. La première participation nous est venue du Vietnam, ensuite d’Ukraine. Mais, petit à petit, les propositions sont devenues tellement nombreuses qu’on s’est vu contraints de prolonger de 15 jours la période d’inscription pour pouvoir répondre à toutes les sollicitations. Suite aux présélections, 25 compagnies de 22 pays ont fait inscrire au total 56 programmes. Ce fut ensuite le moment du festival qui a rassemblé à Bucarest non seulement les productions en lice, mais aussi leurs auteurs désireux de participer aux auditions et aux débats. On a organisé des rencontres en marge de l’innovation, qui a été le leitmotiv de l’actuelle édition. On a donc parlé de l’innovation dans le théâtre radiophonique, des domaines qui s’en servent, des actuelles tendances dans ce genre artistique ».



    Le jury du festival a été présidé par Nils Heyerdhal, président de l’Académie norvégienne pour la Langue et la Littérature, ancien chef du Département de Théâtre de Radio Norvège. Invité au micro de RRI, il a fait le point sur les 4 journées du festival : « J’ai été surpris de constater que pas mal de producteurs et de chaînes de radio s’efforcent de diversifier les moyens de distribution. Le théâtre radiophonique, par exemple, ne se transmet plus seulement sur les ondes, mais aussi en ligne, sur les réseaux sociaux où il suscite discussions et commentaires. Il arrive souvent que toute une communauté se forme autour d’une pièce. Du coup, le public jeune commence à s’y intéresser. C’est la meilleure façon de l’attirer. On doit faire de notre mieux pour capter l’attention des jeunes. Bien sûr, le contenu est lui aussi important, mais on ne doit pas négliger la forme non plus . A l’heure actuelle, ce sont les courtes pièces qui viennent de prendre le dessus. Fini l’époque où l’on devait s’asseoir pour suivre une pièce radiophonique. Maintenant, c’est l’ère de la vitesse. Or, il est important d’encourager cette forme de théâtre court qui privilégie les épisodes de 10 à 15 minutes censés attirer le public jeune. Cela veut dire que les comédiens devraient apprendre à jouer différemment, car ils ne peuvent plus le faire comme dans le cas d’une pièce de Tchékhov, par exemple, qui dure 2 heures, 2 heures et demie ».


    Ces nouvelles tendances se retrouvent aussi dans le spectacle « Hélas, pauvre papa ! » une production de la radio publique qui a valu au réalisateur Attila Vizauer la deuxième place dans la section des pièces courtes. Passons le micro au réalisateur Attila Vizauer : « J’ai fait beaucoup de confiance aussi bien au texte de Petre Barbu qu’au professionnalisme et à l’enthousiasme de mon équipe technique formée de l’ingénieur du son Mihnea Chelaru et du réalisateur musical Madalin Cristescu. Quant au prix, eh bien, je ne m’y attendais pas, je n’y pensais pas, je n’y rêvais même pas ! On ne s’est pas donné pour mission d’obtenir un prix, mais d’organiser un festival, le mieux possible. Ce prix fut donc un véritable cadeau ! »



    A la fin, nous repassons le micro au président du jury, Nils Heyerdhal pour les conclusions sur la première édition du Festival International de Théâtre radiophonique, Grand Prix Nova : « Je voudrais que la radio publique roumaine organise d’autres festivals aussi qui offrent la possibilité aux professionnels de la radio du monde entier de se réunir pour parler de l’avenir et des moyens censés capter l’attention du jeune public ». (trad.: Ioana Stancescu)

  • Ioana Pârvulescu, lauréate du prix de littérature de l’UE

    Ioana Pârvulescu, lauréate du prix de littérature de l’UE

    Lécrivaine roumaine Ioana Pârvulescu compte parmi les 12 gagnants du Prix de littérature 2013 de lUE, qui récompense les meilleurs auteurs en train de saffirmer en Europe. Leurs noms ont été annoncés en ouverture de la Foire du livre de Göteborg, en Suède, par Androulla Vassiliou, commissaire européenne chargée de léducation, de la culture, du multilinguisme et de la jeunesse.



    Le Prix de littérature de lUE attire lattention sur les nouveaux auteurs très talentueux qui autrement ne pourraient pas bénéficier de la reconnaissance quils méritent au-delà des frontières de leur pays dorigine. Ce Prix est également censé permettre aux lecteurs laccès à la nouvelle littérature européenne de très bonne qualité et leur offrir de nouveaux choix.



    Ioana Pârvulescu est maître de conférences à la faculté de lettres de lUniversité de Bucarest, étant spécialisée dans la littérature roumaine moderne. Elle a été, pendant 18 ans, rédactrice de lune des plus importantes publications littéraires du pays, « România literară » – La Roumanie littéraire.


    Et cest toujours Ioana Pârvulescu qui a lancé et coordonné aux Maisons dédition Humanitas la collection de littérature universelle « Livres pour la table de chevet ».



    Ioana Pârvulescu a écrit plusieurs volumes dessais, réédités à plusieurs reprises, dont : « Retour dans le Bucarest de lentre-deux-guerres » – publié en 2003, « Dans lintimité du 19e siècle » – paru en 2005, et « Le livre des questions », lancé en 2010. Elle a également consacré des essais à notre grand dramaturge I. L. Caragiale.



    Ioana Pârvulescu nous dit quelques mot sur le prix qui vient de lui être décerné et sur la Foire du Livre de Göteborg. « On peut parler de deux heureuses coïncidences : la première, cest que jai écrit mon roman en 2009, année où le prix a été créé. Certes, je nen savais rien, mais puisque je crois à une sorte dharmonie qui régit les événements de nos vies, je pense que le fait davoir écrit le roman lannée même où ce prix était institué y a été pour quelque chose. La seconde coïncidence heureuse a été la présence de la Roumanie à Göteborg en tant quinvité spécial de la foire du livre, ce qui a fait que celle-ci a été focalisée sur la littérature de notre pays. Le stand roumain se trouvait juste à lentrée, un endroit privilégié, qui lui assurait une grande visibilité. Parmi les 12 gagnants de ce prix, ce fut donc moi que lon a invitée pour être présente lorsque lannonce a été faite ; la remise des prix est prévue, elle, le 26 novembre, à Bruxelles. »



    Le prix de littérature de lUE récompensait lécrivaine Ioana Pârvulescu pour son roman « La vie commence vendredi », paru en 2009 aux Editions Humanitas et publié en version suédoise en 2011, aux éditions Bonnierforlagen, avec le concours de lInstitut culturel roumain.



    Par le roman « La vie commence vendredi » lauteure faisait son entrée dans le monde de la prose. Il en dit long sur sa fascination pour la ville de Bucarest, telle quelle se présentait au début du 20e siècle et à laquelle elle avait dailleurs déjà consacré le volume dessais « Dans lintimité du 19e siècle ». En achevant ce livre-document, Ioana Pârvulescu affirmait: Jaurais aimé écrire un roman décrivant un voyage dans le temps dun de nos contemporains du 21e siècle qui glisse jusque dans la seconde moitié du 19e siècle.



    Situé à mi-chemin entre le roman et le document, cet essai effleure ce genre littéraire. Ioana Pârvulescu. « Javais 49 ans quand jai débuté dans le genre du roman. Et je dois dire que, pour cela, il faut avoir du courage. Finalement, je pense que les choses ne dépendent pas tellement de nous, il y a toujours quelque chose au-dessus de nous qui nous pousse dans une direction ou une autre et probablement je naurais pas eu le choix, jaurais de toute façon fini par écrire des romans. Ecrire un roman est une aventure extraordinaire, parce que tout le monde en est témoin. Il nest pas du tout simple de créer un monde, en prenant le risque déchouer. Lidée même décrire demande beaucoup de courage. Dailleurs jai fouillé un peu partout pour trouver des définitions de la créativité et la meilleure que jaie trouvée appartient à Paul Johnson, un essayiste que japprécie beaucoup. Il a dit que la créativité est une question de courage. Et, en effet, les gens qui ne sont pas courageux ne sont pas créatifs, non plus. Les personnes trop prudentes, trop réfléchies ne sont pas créatives. »



    Lécrivaine Ioana Pârvulescu a assumé également un autre risque : celui de réhabiliter « le bien », que les romanciers évitent dhabitude. Cela explique peut-être le succès dont ses livres jouissent auprès du public. « Cest très difficile à faire – et cest pour ça que jessaie. Il est beaucoup plus simple, surtout de nos jours, de choquer, déveiller lintérêt des gens en propulsant le mal sur le devant de la scène. Dans la littérature, le bien est devenu prohibé – ou presque. Sur les meilleurs romans il est écrit : «interdit au bien». Je ne nie pas le mal, je ne lannule pas; la vieillesse, la mort, la perte – sous tous ses aspects – ne manquent pas de mes livres, mais je dirais qu’elles se taillent une part déjà importante de ce que le mal représente. A mon avis, il nest pas nécessaire dexhiber toute sorte dhorreurs. Je pense quil est plus difficile de se ranger du côté du bien, de le défendre et de le mettre en valeur. Pourtant, mes romans sont destinés à une lecture à plusieurs niveaux. Le premier devrait être très facile à traverser, car ce sont des romans daction. Bien sûr, il y a dautres niveaux, pour les lecteurs avisés et ces niveaux, je suis très contente quand on les remarque. Par ailleurs, si je devais choisir entre être Alexandre Dumas ou James Joyce, je choisirais dêtre Dumas. Cest quun bon roman daction fraie son chemin vers un nombre plus grand de lecteurs et je le trouve plus agréable. »



    Le plus récent roman de Ioana Pârvulescu sappelle « Lavenir commence lundi » et il est paru lannée dernière aux Maisons dédition Humanitas de Bucarest. (Trad.: Dominique)

  • Le chorégraphe, Gigi Căciuleanu – première à Sibiu

    Le chorégraphe, Gigi Căciuleanu – première à Sibiu

    « Je suis transportée de joie! Gigi Căciuleanu émane une telle joie de vivre, il a une telle capacité d’offrir comme je n’en ai jamais vu chez personne dans ma vie. Et le spectacle est absolument fantastique ! Ce « Mozart Steps » (« Pas de Mozart ») est si riche, il comporte plusieurs niveaux de lecture. Ses créations ont une qualité très subtile. Je ne sais pas comment Gigi Căciuleanu s’y prend, mais il réussit à atteindre en vous les couches les plus profondes. Il est impossible de ne pas vivre un choc émotionnel, visuel, esthétique ou de toute autre nature, même si l’on n’est pas habitué à ce genre de spectacles. J’ai toujours pensé que, si un créateur ressent le besoin de s’expliquer, c’est que, d’une façon ou d’une autre, son œuvre n’est pas complète, parfaite. En ce qui concerne ce spectacle de Gigi Căciuleanu, je n’y a plus rien à expliquer, tellement tout est bien construit, bien agencé, tout est si profond et nuancé ! »



    C’est par ces superlatifs que l’ex étoile de l’Opéra National de Bucarest, Simona Somacescu a décrit son émotion « à chaud », après la première du spectacle de théâtre chorégraphique « Mozart Steps ». Il s’agit d’une production du théâtre National « Radu Stanca » de Sibiu, qui a marqué à la fois l’ouverture de la saison et le 225e anniversaire du théâtre.



    « Mozart Steps » a été créé par le chorégraphe, Gigi Caciuleanu. Il a pris comme point de départ la musique des deux premiers volumes de l’album « Mozart en Egypte » du musicien Hughes de Courson et du professeur égyptien Ahmed al Maghreby. Les deux ont réalisé une fusion entre la création de Mozart et les sons, les rythmes et les instruments spécifiques de la musique égyptienne contemporaine. Leur création est considérée comme un véritable phénomène musical. Gigi Caciuleanu : « C’est du Mozart vu par les « yeux » ou plutôt entendu par les « oreilles » de la musique orientale. Et cela va peut-être vous étonner : parfois, cette musique venant d’Egypte ressemble beaucoup à notre musique traditionnelle — celle du Maramuresh et de la Transylvanie, interprétée au cor des Alpes ou à la flûte champêtre… C’est ce qui m’a d’ailleurs frappé quand j’ai entendu cet album. C’est un Mozart à part. Mozart est pour moi non seulement un génie de la musique, mais aussi un des premiers Européens au sens moderne du terme. Il a écrit des opéras en allemand et en italien… Il a été une sorte de Shakespeare de la musique, qui nous fait nous balader d’un pays à l’autre. Cette musique, je l’avais quelque part dans mon esprit et dans mon corps et je l’attendais depuis longtemps. Quand elle est apparue sur le marché, je l’ai achetée et j’ai commencé à y réfléchir. Et voilà, l’occasion s’est présentée à Sibiu, où j’ai travaillé, cette fois-ci, avec des acteurs. Il n’y a aucun danseur dans ce spectacle. »



    En effet, dans la distribution du spectacle de théâtre chorégraphique « Mozart Steps, » on retrouve des comédiens des sections en roumain et en allemand du Théâtre Radu Stanca, ainsi que des étudiants de la section Comédie de l’Université « Lucian Blaga » de Sibiu. Comment Gigi Caciuleanu est–il parvenu à créer un spectacle chorégraphique avec les comédiens du Théâtre National de Sibiu ? Ecoutons sa réponse: « Ils sont tous des danseurs nés. J’ai constaté qu’ils ont beaucoup de talent. C’est un spectacle difficile pour eux, car la problématique est celle de la danse, avec un espace à organiser, des énergies à doser au maximum. Pourtant, ne pensez pas que c’est un spectacle pour dansailler, comme je me plais à dire. Dans ce spectacle, on danse, effectivement, dans le sens le plus noble du mot, le mouvement et le groupe y jouent le rôle le plus important. C’est d’ailleurs pourquoi on l’appelle du « théâtre chorégraphique » ; c’est que la mise en scène est conçue comme une chorégraphie. Je n’ai pas voulu que les acteurs et les actrices se déguisent en danseurs et danseuses. Au contraire, j’ai voulu qu’ils assument leurs corps de gens « normaux », pareils aux hommes et aux femmes qui restent assis dans leurs fauteuils de théâtre, à nous regarder. J’y tiens beaucoup, depuis toujours. Avec les danseurs, c’est pareil, j’essaie à chaque fois d’obtenir la même chose. »



    Le public présent à la première a d’ailleurs remarqué la performance extraordinaire des comédiens-danseurs, comme Gigi Caiuleanu aiment les appeler. La chorégraphe Simona Somacescu, ex-étoile de l’Opéra National de Bucarest : « Si l’on m’avait emmenée dans la salle de spectacle les yeux bandés, sans que je sache où je me trouve et qui se trouve devant moi, je n’aurais jamais soupçonné qu’en fait, c’étaient des acteurs. Et il ne faut pas oublier une chose : d’habitude on dit « Oui, voilà, il a réussi à faire bouger les comédiens ». Or, ce n’est pas ça, ce n’est pas tout. On doit avoir un sens, un instinct musical. Ça ne suffit pas de leur faire faire des mouvements de bras et de jambes. L’acteur doit aussi avoir une intuition du mouvement, une intelligence du mouvement, une intuition musicale. Savoir comment superposer, comment filtrer le mouvement à travers son propre corps, à travers son intelligence. Et ce sont là des qualités natives. »



    Parmi les comédiens–danseurs qui ont beaucoup impressionné à la fois le public et Gigi Caciuleanu figure la comédienne Diana Fufezan, qui en est à sa première collaboration avec le chorégraphe : “Lorsque j’ai appris que j’étais acceptée dans ce projet, j’ai ressenti une joie comme il m’a rarement été donné d’éprouver dans ma vie. C’est que, dès le casting, j’ai senti que je comprenais ce qu’il voulait, à la façon dont il parlait. Quel a été pour moi le plus grand défi? Tout a été un défi, car c’était comme si l’on devait marcher sur une corde — pour citer les mots de Gigi Căciuleanu, lui-même. Je devais garder en même temps ma force et ma fragilité. Il y a eu des moments où j’ai senti que je n’en pouvais plus, physiquement, pourtant j’ai serré les dents et j’ai continué. Un soir, je suis restée travailler le duo avec Florin jusqu’à 1 heure du matin. Nous sommes restés, après les répétitions avec Gigi, à partir de 10 heures. Cette nuit-là, il nous a fait travailler jusqu’à l’épuisement, nous disant que, pour faire de la danse, il faut se trouver dans un état d’exténuation extrême. Et, en effet, à ce moment-là, j’ai ressenti une sorte de libération et à partir de là, j’ai su que je pouvais tout faire. »



    Pourquoi le mot « steps » apparaît-il dans le titre du spectacle ? Gigi Caciuleanu répond: «C’est que le pas est l’élément de dynamique spatiale que nous avons tous en commun. C’est le premier chaînon, aussi bien d’une danse que d’une simple promenade.»



    Le spectacle de théâtre chorégraphique « Mozart Steps » sera inclus au programme officiel de l’édition 2014 du Festival International de Théâtre de Sibiu. (Trad.: Dominique, Alexandra Pop)

  • Le surréaliste Gherasim Luca

    Le surréaliste Gherasim Luca

    La revue mensuelle « Dilemateca » annonçait récemment la découverte du manuscrit, en roumain, du Vampire passif, texte essentiel pour le surréalisme roumain.



    On savait, jusqu’ici, que Le vampire passif avait été écrit directement en français. L’édition originale de ce texte est parue en français, en 1945, à Bucarest, aux Éditions de l’Oubli. Le manuscrit rédigé en roumain fera avancer les recherches sur l’œuvre de Gherasim Luca. Une édition bilingue du Vampire passif est en préparation aux Maisons d’édition Vinea.



    Gherasim Luca est né à Bucarest. Son père, Berl Locker, était un tailleur juif, qui allait décéder une année après la naissance de son fils. Gherasim Luca parlait 4 langues : yiddish, roumain, allemand et français. Dès 1938, il commence à voyager fréquemment à Paris, où il intègre vite les cercles artistiques du mouvement surréaliste. La deuxième guerre mondiale éclate, l’antisémitisme s’accentue en Roumanie, ce qui le détermine à choisir l’exil.



    En 1945 déjà, il fondait un groupe d’artistes surréalistes dont faisaient partie, entre autres, Gellu Naum, Paul Păun, Virgil Theodorescu et Dolfi Trost. Peu après, il commence à publier — y compris des poèmes en français. Il a inventé une technique surréaliste de collage appelée la cubomanie. C’est toujours lui l’auteur du célèbre manifeste « Dialectique de la dialectique », qu’il a écrit en collaboration avec Dolfi Trost. Harcelé et capturé alors qu’il essayait de fuir le pays, l’étran-juif, comme il se définissait lui-même, a quitté la Roumanie en 1952 pour se rendre à Paris, via Israël. Le 9 février 1994, il se suicidait, en se jetant dans la Seine.



    Gherasim Luca, de son vrai nom Salman Locker, alias Costea Sar et Petre Malcoci, a été non seulement un poète, mais aussi un théoricien du surréalisme fréquemment cité par Gilles Deleuze et Félix Guattari. Il rejoint, dès son très jeune âge, le mouvement d’avant-garde, devenant un membre important du groupe surréaliste « Alge » (Algues). Il fait partie de la famille spirituelle de Sade, Lautréamont, Rimbaud, Huysmans, Breton. L’un des exégètes de Gherasim Luca, le professeur Ion Pop, de Cluj-Napoca, définit ce poète en quelques mots : « Durant les dernières années de sa vie, Gherasim Luca a fait sensation avec plusieurs lectures publiques. Il avait un véritable talent de la déclamation. J’ai écouté et regardé certains des enregistrements conservés et j’ai constaté aussi qu’il parlait avec un fort accent roumain. Il a publié des livres d’une grande diversité, fruit de son inventivité débordante. Gherasim Luca misait sur une sorte d’homophonies, de jeux de mots, car chez lui, le côté ludique du langage était très marqué. Il est actuellement, sans doute, un des noms importants de la poésie française. Il a eu une existence très intéressante ; pourtant, il a vécu dans l’isolement, étant plutôt marginalisé et ne bénéficiant que très tard de la reconnaissance littéraire.



    Pour marquer le centenaire de la naissance du poète Gherasim Luca, le 6 septembre, le Musée du Paysan roumain de Bucarest lui a dédié une soirée littéraire, avec la participation du poète Valery Oişteanu, établi aux Etats-Unis. (Trad.: Dominique)

  • Le dramaturge Szekely Csaba, gagnant du prix Imison

    Le dramaturge Szekely Csaba, gagnant du prix Imison

    Début 2013, l’écrivain Csaba Székely, de Târgu Mureş, ville du centre de la Roumanie, se voyait accorder par la Société des Auteurs du Royaume-Uni le prix Imison, qui récompense le meilleur scénario d’un dramaturge débutant. Il devient ainsi le premier écrivain étranger à recevoir cette distinction. Le scénario primé qui s’intitule Do You Like Banana, Comrades?”, avait déjà été distingué en mai 2009 du prix de la meilleure pièce européenne, lors du concours organisé par la BBC, laquelle en a par la suite diffusé l’adaptation radiophonique. Do You Like Banana, Comrades?”est la première pièce de théâtre écrite par Csaba Szekely, connu auparavant pour sa prose courte.




    Le succès de sa première pièce de théâtre l’a encouragé à en écrire une autre, Fleurs de mine” destinée, cette fois-ci, à la scène. Ce fut un deuxième succès, car en 2011, au Festival national de théâtre de Pecs, en Hongrie, elle remporta le prix Vilmos” du meilleur texte. Premier volet d’une trilogie, elle allait être suivie par Ténèbres de la mine” et Eau de mine”. Mises en scène aussi bien en Roumanie qu’en Hongrie, les deux premiers textes ont décroché des prix importants. Quant au troisième volet de la trilogie, Eau de mine”, il a gagné un concours de dramaturgie organisé par le Théâtre Orkeny Istvan” de Budapest et sera mis en scène cette année même.




    Bref, beaucoup de prix raflés en seulement quelques années.« C’est vrai que j’ai reçu pas mal de prix ces deux dernières années. Quand je croise une vieille connaissance que je n’ai pas vue depuis un certain temps, on me demande invariablement si j’ai reçu un nouveau prix. C’est que la chose n’est pas habituelle par chez nous. Ces prix me donnent bien de la force. Je n’étais pas du tout sûr de moi quand je me suis mis à écrire pour le concours organisé par la BBC. Ce sentiment d’incertitude ne m’a pas encore quitté… J’ignore toujours si j’ai assez de talent pour l’écriture ou si j’arriverai à écrire une bonne pièce. Voilà pourquoi les prix me donnent des ailes et me poussent à poursuivre mon travail. »




    L’action des trois pièces de la trilogie se passe dans un même village minier de Transylvanie. Si le langage et les personnages se ressemblent, la problématique abordée est différente.« Ce qui m’intéresse le plus ce sont les réactions des gens dans telle ou telle circonstance ou encore ce que veut dire «être un homme» ou «être quelqu’un de bien». Ces notions deviennent plus accessibles quand on traite des problèmes sociaux. Ils existent depuis toujours, mais à présent ils sont un peu plus spécifiques, du moins dans les villages de Transylvanie aux habitants de souche hongroise. Comme ces pièces ont été aussi jouées en Hongrie, j’ai pu constater, d’après les réactions des spectateurs, que les situations de vie présentées étaient connues de ce public. Dans la deuxième partie de la trilogie, je traite de la corruption et du nationalisme. Le public, soit-il de Roumanie ou de Hongrie, s’est montré très ouvert à cette problématique universelle. «Fleurs de mine» parle d’alcoolisme, du manque d’emplois, du taux élevé de suicide. Enfin, la troisième pièce, Eau de mine”, a pour thème la religion. L’action se passe dans la maison du prêtre. On fait la connaissance du prêtre et de l’instituteur du village. Il y est question de l’éducation spirituelle, de l’enseignement en Transylvanie, de l’échec de l’éducation, mais aussi de sujets embarrassants pour d’aucuns, tels que la pédophilie au sein de l’église. »




    Csaba Szekely place ces problèmes dans leur contexte social. Dans cette approche, qui lui a d’ailleurs valu le succès, il a eu comme repère les écrits de Tchekhov.« J’ai beaucoup à apprendre de Tchekhov, notamment de sa dramaturgie, de la structure de celle-ci, mais aussi de sa psychologie, de la manière dont il analyse le cœur russe et l’amour ou bien la mélancolie… J’aime beaucoup les phrases de Tchekhov. Il les réalise d’une manière intense et très simple. Il semble parler de la météo et pourtant il dit tout sur l’âme. J’ai moi même essayé avec mes propres techniques de faire de même. Je ne suis pas un pessimiste, au contraire, je suis assez optimiste, mais c’est le scepticisme qui me caractérise le plus souvent. Je suis plus optimiste que mes pièces et je crois que mon optimisme se voit dans l’humour que j’utilise dans ces pièces. A mon avis je dois être plus tragique et plus pessimiste lorsque j’écris, parce qu’autrement les gens perdent leur intérêt. Mon message ne touche plus le public. Pour moi il est très important que le public soit touché par ce qu’il voit sur scène. »




    A l’heure actuelle, Csaba Szekely écrit une pièce pour les comédiens de Figura Studio Gheorgheni, qui sera mise en scène par Alexandru Dabija. Celui-ci mettra en scène aussi la pièce que le dramaturge écrira spécialement pour les comédiens Marcel Iures et Nicu Mihoc, une pièce de théâtre imaginée comme un spectacle itinérant. Csaba Szekely s’apprête aussi à entrer dans le monde du film. Pour le mois d’avril, il écrira une adaptation pour la télévision de la pièce « Fleurs de mine ».




    Csaba Szekely participe aussi à un concours en Hongrie avec une pièce sur le prince régnant valaque Michel le Brave, sous le règne duquel les trois Etats moyenâgeux roumains de Valachie, Moldavie et Transylvanie ont été réunis pour une courte période de temps.


    (trad. Mariana Tudose, Alex Diaconescu)

  • Les Orchestres et les Choeurs de la Radio

    Les Orchestres et les Choeurs de la Radio

    Durant ses neuf décennies d’existence, l’Orchestre de la Radio a réussi à préserver intact son prestige et sa célébrité face au public et aux professionnels de la musique. Pour plus de détails, nous avons invité au micro Mme Oltea Serban Parau, directrice artistique des Orchestres et des Choeurs de la Radio et rédactrice en chef de la chaîne Radio Roumanie Culture. « C’est vers la fin des années 1990 que j’ai commencé à fréquenter les concerts des Orchestres de la Radio. Pour moi, la Salle de la Radio et les concerts qui s’y déroulaient étaient tout aussi importants que ceux de l’Athénée roumain et donc j’étais ravie d’y participer. Mais les choses ont bien changé au fur et à mesure que les espaces censés accueillir des concerts se sont multipliés. A l’époque, on n’avait pas tellement d’options ».



    En effet, de nos jours, les alternatives sont bien plus nombreuses, ce qui a poussé les artistes à sortir des espaces soi-disant conventionnels. Oltea Serban-Parau: « Concurrence oblige, on ne saurait plus ignorer le concept d’image qui, j’ose dire, est devenu dernièrement tout aussi important que l’aspect artistique et le contenu. A l’heure où l’on parle, la Radio publique compte l’Orchestre national, l’Orchestre de Chambre, le Chœur académique, la Chorale d’enfants, l’Orchestre de musique traditionnelle et le Big Band de jazz. Avec l’Orchestre national de la Radio, notre ensemble de musique le plus significatif, on a organisé pas mal de concerts en plein air et on continuera d’en organiser. Dernièrement, nous avons décidé d’inviter plusieurs de nos orchestres à se produire en plein air. Et je pense à la Chorale d’enfants qui a chanté à plusieurs reprises dans le jardin de Cismigiu ou encore aux concerts en plein air d’Andreea Bocelli avec la participation de l’Orchestre national de la radio et de la Chorale. Comme quoi, il est important de sortir de la salle de concerts où le public est attendu deux fois par semaine, le mercredi et le vendredi. Par ailleurs, nos solistes, et je pense à Horia Mihail, Gabriel Croitoru ou Razvan Suma – ont très bien compris la nécessité de sortir de temps en temps d’une salle de concert confortable et à l’acoustique excellente pour voyager à travers le pays et offrir de la bonne musique à un public moins averti. Or, je pense que cette démarche s’inscrit parmi les missions de la radio publique qui s’attache à faire sortir la musique et la culture de ses lieux habituels pour l’offrir aux communautés qui ont du mal à intégrer les salles de concerts ».



    En matière de projets, l’Orchestre de la Radio a de quoi être fier. Leur nombre est impressionnant, comme l’affirme Oltea Serban Parau qui passe en revue les plus importants: « A part les nombreux concerts à guichets fermés de l’Orchestre de la Radio, je voudrais rappeler le grand succès enregistré par la Chorale d’enfants avec le spectacle Dans l’univers de Walt Disney” qui a cartonné auprès du public jeune. Par ailleurs, l’Orchestre national de la Radio a enregistré un immense succès avec Carmina Burana ou encore avec le Requiem de Verdi. Nous avons organisé aussi le Festival Les violons de collection” qui a fait venir sur la scène bucarestoise des violonistes roumains et étrangers célèbres. Et puis, on ne saurait oublier de passer en revue les projets mis en place par Radio Roumanie Culture, à savoir Le piano voyageur”, Le violon de George Enescu arrive au village”, Le duel des violons” ou encore La flûte d’or”. Ce sont là quatre événements qui en sont arrivés à leur troisième édition, ce qui nous rend très fiers ».



    Voicu Popescu se trouve à la tête de la Chorale d’enfants et il s’enorgueillit de s’être vu décerner en 1996 le grand prix « cum laudae » lors du Festival européen de musique pour les jeunes de Neerpelt, en Belgique. Quant à l’Orchestre national de la Radio, eh bien, il se trouve depuis peu de temps sous la direction du jeune et charismatique Tiberiu Soare qui a accompagné l’orchestre dans deux tournées internationales. Repassons le micro à notre invitée, Oltea Serban Parau: « A mon avis, il est très important que l’Orchestre se produise à l’étranger aussi. Ce n’est pas chose facile en raison notamment des frais supplémentaires et des contacts qu’il n’est pas possible d’établir du jour au lendemain. En plus, sans une projection financière à long terme, il est très dur d’avoir des initiatives. Pourtant, dans la saison 2012-2013, l’Orchestre national de la Radio a été en concert à Chisinau. Cela peut vous sembler dépourvu d’importance, mais je vous signale que ce fut la première et la seule fois depuis sa création que notre orchestre se soit retrouvé sur la scène de la capitale moldave. Nous avons retourné une deuxième fois à Shanghaï pour y participer au Festival de printemps, sorte de copie en miniature de notre Festival George Enescu. Et, cet été, on a fait une incursion musicale dans la Bulgarie voisine, plus précisément à Baltchik pour Baltchik Classic Days”, un concert avec à l’affiche Horia Mihail, Gabriel Croitoru, Tiberiu Soare et l’Orchestre national de la Radio ».



    A la fin, disons que l’Orchestre national de la Radio a marqué le bicentenaire de la naissance de Verdi par un concert le 21 juin avec le Requiem du grand compositeur italien. Le public aura l’occasion de revoir l’Orchestre national de la Radio en ce mois de septembre, à l’affiche du Festival International « George Enescu »….(trad.: Ioana Stancescu)


  • Spectacles au FITS 2013

    Spectacles au FITS 2013

    « Vingt ans se sont écoulés depuis la première édition de ce festival qui a rassemblé, dans un premier temps, 3 pays et 8 spectacles seulement. Et nous voilà arrivés à cette 20ème édition avec au programme 350 événements organisés dans 66 espaces, 70 pays participants et quelque 60 mille spectateurs par jour. Autant de chiffres qui placent le Festival International de Théâtre de Sibiu en troisième position dans le classement mondial des festivals du genre après ceux d’Edimbourg et d’Avignon ».



    C’est par ces mots que Constantin Chiriac, directeur du festival et du Théâtre National « Radu Stanca » de Sibiu a marqué la clôture de cet événement culturel qui a transformé Sibiu du 7 au 16 juin en une véritable capitale européenne de la culture et du tourisme.



    Lors de cette vingtième édition, le public a eu l’occasion d’assister à une coproduction réalisée dans le cadre du projet européen « Villes en scène », qui figurera en 2014 à l’affiche du Festival d’Avignon et du Théâtre National de Bruxelles. Il s’agit du spectacle « Solitarity » mis en scène par la jeune Gianina Carbunaru, fondatrice du groupe « dramAcum », une plate-forme pour la promotion de la dramaturgie roumaine dans le monde. Le projet européen « Villes en scène » invite six théâtres européens à participer à un vaste programme sur cinq ans dans le cadre duquel ils vont créer des spectacles autour des enjeux cruciaux liés au vivre-ensemble dans les grandes villes de l’UE.



    Gianina Carbunaru: « Avant de commencer les répétitions, je me réserve normalement le temps de faire un peu de documentation, de fouiller dans les archives. Or, cette fois-ci, cela ne m’a pas pris trop de temps, puisque j’avais dans ma tête une idée très claire sur les thèmes abordés. Il s’agit d’une série de sujets très souvent débattus dans l’espace public. Ce qui m’a particulièrement attirée, ce fut justement la façon dont le discours politique se radicalise de plus en plus pour incriminer les personnes qui s’avèrent inefficaces et peu compétitives. Il m’est déjà arrivé d’entendre des répliques telles que celui qui ne travaille pas, n’a pas le droit de manger! Or, à ce moment là, une question s’impose: que fait-on avec ceux qui travaillent, mais qui ne gagnent pas assez? C’est une question que l’on ne se pose pas généralement. D’habitude, par temps de crise, on préfère trouver des boucs émissaires. Plus grave encore, c’est un discours que l’on entend tellement souvent qu’on finit par l’adopter en présence de nos proches. Une attitude dangereuse qui risque de diminuer le niveau de tolérance enregistré dans les grandes villes. C’est une question à laquelle se confronte aussi bien la Roumanie que le reste de l’Europe ».



    Sur l’ensemble des spectacles présentés lors de cette vingtième édition, ce fut « De la vie des insectes — mystère musical psychédélique» de Karel et Josef Capek, mis en scène par Victor Ioan Frunza au Centre culturel l’UNESCO « Nicolae Balcescu ». Le spectacle est une fable contemporaine récitée par cinq jeunes comédiens et qui parle au public de la mort, de la fragilité de l’homme et de la compétition pour la survie.



    Victor Ioan Frunza : « Ce texte m’a préoccupé depuis longtemps, notamment parce que derrière sa forme ésopique, on trouve pas mal de réalités. Cela nous fait penser aux mystères du Moyen Age, un genre littéraire oublié par les gens du théâtre, mais qui plaide pour l’importance de la morale sur scène. D’ailleurs, en jugeant d’après la réaction du public, j’ai remarqué qu’une certaine naïveté du texte sensibilise le spectateur mieux que ne le fait une réplique directe et brutale. Cette mise en scène d’insectes nous aide à mieux remarquer nos problèmes, tout comme les perspectives sombres de l’avenir. Comme tout spectacle de théâtre, ma pièce n’offre pas de solutions non plus. Par contre, elle sait placer à l’endroit juste des points de suspension, ce qui est beaucoup plus important. »



    Parmi les invités de marque à cette vingtième édition du festival a figuré aussi la compagnie Sasha Waltz and Guest, désignée ambassadrice de la culture de l’UE. Créée il y a vingt ans par la danseuse et chorégraphe allemande Sasha Waltz, cette compagnie est montée sur la scène de Sibiu avec le spectacle « Continuu ».



    Avec des détails, Harriet von Froreich : « Sasha Waltz a toujours mis à l’honneur le dialogue autour duquel a tourné cette édition du festival. Les spectacles de notre compagnie sont ciblés sur le dialogue, sur le contact non seulement entre les artistes, mais aussi avec des édifices ou des espaces spéciaux. Le spectacle Continuu a pris naissance suite aux deux projets déroulés en 2009 au Neues Museum de Berlin et respectivement à Maxxi de Rome. Les deux chorégraphies ont été imaginées en rapport avec la spécificité des locaux, ce qui nous a fait penser à un dialogue réel avec les édifices. Par la suite, on a eu l’idée d’adapter les deux spectacles pour les présenter sur scène afin de partir en tournée dans le monde entier. Et c’est comme cela qu’a pris naissance « Continuu » qui tourne autour de l’idée que l’espace, tout comme la musique, peut devenir protagoniste dans un spectacle. Nous avons invité sur scène un percussionniste qui fait pas mal d’effort physique, puisqu’il faut dépenser beaucoup d’énergie pour jouer une telle musique. Or pour Sasha Waltz il est essentiel que l’on exprime cette énergie, cette dynamique de la musique ».



    A propos de cette vingtième édition du Festival International de Théâtre de Sibiu, le directeur Constantin Chiriac affirmait : « Par cette édition, on a montré que la ville de Sibiu place le dialogue en position privilégiée pour devenir une ville qui a la force et l’orgueil de faire preuve de sa beauté, de sa fierté et de sa capacité d’organiser des événements comparables aux plus importants de ce type existant dans le monde. En plus, c’est une ville qui a la force de continuer la tradition des grands projets. L’actuelle édition parle de l’avenir du théâtre, tout en faire preuve d’une continuité du succès et de notre capacité de nous retrouver dans le top. Or, quoi de plus important que d’avoir pu faire de la performance dans un domaine tellement dur ? »



    Le rideau est tombé sur la vingtième édition du Festival International de Théâtre de Sibiu. Une édition déroulée sous le motto « c’est bien aujourd’hui qu’on fait le demain »…(trad. : Ioana Stancescu)

  • Le Salon International du Livre – Bookfest

    Le Salon International du Livre – Bookfest

    Plus de 90 mille personnes ont franchi le seuil du Salon du livre Bookfest 2013, qui s’est déroulé début juin, à Bucarest, au Centre d’Expositions Romexpo. Les Maisons d’Editions ayant pris part à cette 8e édition du Salon ont proposé aux visiteurs près d’un million de volumes. Nora Iuga, Neagu Djuvara, Lucian Boia, Radu Beligan, Emil Hurezeanu sont autant de personnalités artistiques de Roumanie qui ont lancé leurs livres à Bookfest 2012. S’y ajoutent 24 auteurs et professionnels du livre présentés par l’invité d’honneur de l’édition, le trio Allemagne, Autriche et Suisse.



    Les essais regroupés dans les « Mémoires de la bibliothèque idéale », de Bogdan Suceava, parus chez Polirom, racontent l’histoire des rencontres rendues possibles par les mathématiques. Des rencontres autour de livres contenant les idées de quelques scientifiques, dont Huygens, Newton, Meusnier, Euler, Sophie Germain, mais aussi des rencontres directes avec des personnes ayant marqué le devenir de l’auteur. Ce tableau est complété par des figures emblématiques pour le développement des études mathématiques à l’Université de Bucarest, à savoir Gheorghe Titeica, Dan Barbilian, Nicolae Theodorescu. «Je me considérais avant tout comme une personne qui résout des problèmes de mathématiques. Dès cette époque-là, je pensais que l’expression la plus claire de l’intelligence devrait être l’identification d’une solution précise, optime, qu’il s’agisse de la littérature ou des mathématiques », écrit Bogdan Suceava dans « Mémoires de la bibliothèque idéale ».



    Nous avons demandé à l’auteur, à présent professeur à State University de Californie de nous dire ce qu’il entend par « solution précise » en littérature. « S’il s’agit d’écrire un roman, alors la solution littéraire commence par la voix du narrateur, le moment choisi pour la fin de l’histoire, une fin bien calculée. On pense aussi aux personnages qui seront sur le devant de la scène et au point culminant du récit. Tout cela signifie « solution littéraire ». Ce n’est pas très simple si l’on travaille avec plusieurs personnages, mais cette fois-ci j’ai eu l’occasion de raconter dans un livre comment certaines choses que l’on apprend grâce aux mathématiques finissent par nous aider aussi dans d’autres sphères de la vie culturelle, en l’occurrence dans la littérature . Car ces Mémoires ne sont pas un volume de souvenirs proprement dit».



    « Si le rêve des mathématiciens pur sang c’est de démontrer des théorèmes qui portent leur nom, mon rêve à moi fut de comprendre à fond certaines idées mathématiques, jusqu’à dénicher les conséquences finales qui en découlent, leurs origines historiques et leur évolution à travers le temps » notait Bogdan Suceava.



    « Le volume signé Nora Iuga fut écrit à Vienne, au printemps dernier. Il ne s’adresse qu’aux initiés, à ceux qui l’aiment et l’admirent, aux lecteurs authentiques de poésie ». « Le chien mouillé est un saule » c’est la clé de l’amour et de la haine et un cri d’alarme du poème resté seul ». C’est par ces mots que les Maisons d’édition Cartea Romaneasca entendent présenter le volume de Nora Iuga sur lequel s’attardera dans les minutes suivantes le critique et poète Radu Vancu : « C’est une immense joie pour moi de me voir offrir l’occasion de parler de Nora Iuga et de son livre. Nora Iuga est un véritable modèle à suivre à plusieurs niveaux, une poétesse d’une vitalité extraordinaire qui par son écriture vient contredire les statistiques selon lesquelles l’écrivain roumain est d’un caractère inconséquent, n’a pas de souffle poétique ni de vitalité. Or, sur l’ensemble des écrivains roumains les plus dynamiques, on retrouve notamment plusieurs romancières : Nora Iuga, Angela Marinescu, Ileana Malancioiu. Pour ce qui est de Nora Iuga, cette femme semble faire de la magie. C’est vraiment extraordinaire d’arriver à sortir chaque année un livre nouveau, que ce soit de la poésie, de la prose ou des mémoires, tous écrits de la même manière ambitieuse qui permet à l’écrivain de se réinventer. Vraiment, quel écrivain souhaiterait se réinventer à 80 ans ? Or Nora Iuga fait un véritable tour de force qu’il nous serait impossible de voir autrement qu’une démonstration ».



    L’album d’art “Corneliu Baba” signé par le critique Pavel Şuşară, est sorti aux éditions de la Régie Autonome « Le Journal Officiel » et a été présenté par le critique d’art Tudor Octavian. L’artiste Corneliu Baba, connu notamment pour ses portraits, est considéré comme «peintre de l’homme» et comparé, de ce fait, avec Francisco Goya. La plus grande collection d’ouvrages et d’objets de l’artiste est accueillie par le Musée d’art de Timişoara. Cette donation faite par l’épouse de l’artiste, recèle 90 pièces, dont plusieurs tableaux transférés du Musée d’art et de celui d’histoire et d’art de Bucarest. Ecoutons le critique Pavel Şuşară. Je n’ai pas essayé, dans ce livre, de surprendre, ni d’énoncer sur un ton pédagogique ce qui m’intéressait, mais de définir trois approches de l’œuvre. Il s’agit, tout d’abord, d’une perspective contextuelle, qui vise à placer le peintre Corneliu Baba dans le paysage des arts plastiques. Ensuite, je me suis efforcé de déceler dans son œuvre les expériences notables de tout un siècle. Enfin, je me suis attaché à atteindre la zone de pénombres, dont le décryptage nécessite une lecture spéciale, capable d’animer, de donner de la cohérence et de la crédibilité à l’univers créé par l’artiste.”




    En marge du Salon international du livre «Bookfest», le projet «Trois pays, une même langue» a occasionné la rencontre d’une vingtaine d’invités de langue allemande: éditeurs, écrivains, auteurs de livre pour enfants et jeunes, illustrateurs, penseurs, spécialistes du marketing, de la communication, de la traductologie, ainsi que deux poètes hip-hop.




    Oana Boca, chargée des relations publiques chez Headsome Communication, le partenaire du projet Trois pays, une même langue” nous a fourni davantage de détails. A mon avis, ç’a été une réussite, à en juger d’après mes réactions de nos visiteurs. Je les ai entendus dire que c’était pour la première fois qu’ils parvenaient ainsi à se faire une impression sur les pays invités, ce que l’on a pu constater aussi bien en ville qu’au stand. Ces opinions mises à part, ce sont les ventes qui en disent long. Je viens d’apprendre que le volume de Cătălin Dorian Florescu, Jacob se décide à aimer”, paru chez Polirom est deuxième du classement général des ventes. Le roman dUwe Tellkamp, publié par les éditions Curtea Veche et celui de Jan Koneffke, paru chez Humanitas Fiction ont eux aussi remporté un grand succès de librairie.”




    Un succes incontestable”, une expérience fantastique” — voilà les conclusions des organisateurs, à la fin des plusieurs dizaines d’évenements oragnisés dans le cadre du projet Trois pays, une meêm langue: l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse– invitées d’honneur du salon international du livre Bookfest 2013”. (trad.: Mariana Tudose, Alexandra Pop, Ioana Stancescu)