Category: L’avenir commence maintenant

  • Les défis d’un écosystème de l’information en perpétuel changement

    Les défis d’un écosystème de l’information en perpétuel changement

    Un perpétuel changement 

     

    Ce que nous vivons aujourd’hui est le résultat d’un écosystème médiatique totalement chamboulé, affirme la professeure Alina Bârgăoanu, experte européenne dans la lutte contre la désinformation et membre du Conseil Consultatif de l’Observatoire européen des Médias numériques, dans une intervention sur les ondes de Radio Roumanie, dans laquelle elle parle de la guerre informationnelle, de la dictature des émotions ainsi que de la manipulation des algorithmes sur les réseaux sociaux.

     

    En effet, affirme Alina Bârgăoanu, chaque époque est définie par son moyen de communication dominant, et le rythme des changements dans ce domaine est aujourd’hui si rapide que nous nous sentons submergés, désorientés et anxieux.

     

    Alina Bârgăoanu : « Nous ne sommes pas préparés à un tel rythme de transformation. Si l’on pense à la seule Roumanie, nous ne sommes pas si loin de l’année 1989, où nous n’avions qu’une seule chaîne de télévision. Il y avait au mieux un seul poste télé par foyer, et la durée quotidienne de diffusion de cette chaîne était de deux heures. Après cette période d’austérité informationnelle, il y a eu en effet l’essor endiablé de la presse écrite après 1989, suivie par les chaînes de radio, puis les chaînes de télévision commerciales. L’espace médiatique est devenu extrêmement riche. Nous n’avons pas eu le temps de nous habituer aux chaînes d’information en continu et aux titres à sensation qui nous bombardaient sans cesse que les blogs sont apparus, puis les versions en ligne des journaux, et enfin les réseaux sociaux, qui ont raflé la mise et ont confisqué la plus grande partie de l’espace informationnel. Nous n’avons pas eu le temps de digérer l’expérience Facebook que sont apparues des plateformes basées sur le son et l’image. Et avant même que nous ne nous adaptions à ces changements, l’intelligence artificielle, ChatGPT et ses concurrents, les nouveaux créateurs de contenu sont arrivés. En seulement 35 ans, nous sommes passés de deux heures de télévision par jour à une surabondance informationnelle, à un bombardement continu de contenus variés. »

     

    Une véritable guerre informationnelle

     

    La société entière est prise dans cette tourmente, et l’impact des nouvelles technologies se fait sentir dans toutes les générations. Mais depuis longtemps, nous ne parlons plus de simples distorsions de la vérité ou des faits, explique Alina Bârgăoanu, mais d’une véritable guerre informationnelle, d’une guerre politico-informationnelle, voire d’une guerre cognitive.

     

    Alina Bârgăoanu : « Aujourd’hui, l’écosystème informationnel est devenu une véritable arme. Les plateformes numériques peuvent être transformées en outils censés altérer la réalité, manipuler la cognition et imposer une dictature des émotions. La puissance de ces nouveaux instruments de communication pour déformer la réalité est considérable. Et c’est pourquoi notre défense contre ces armes doit être à la hauteur. Si nous acceptons la métaphore de la guerre informationnelle et cognitive, nous ne pouvons pas laisser les gens se défendre seuls. »

     

    Un outil d’émancipation

     

    Cependant, il ne faut pas oublier que les réseaux sociaux ont également été un véritable outil d’émancipation, permettant de renverser des tyrannies et des gouvernements dictatoriaux, souligne Alina Bârgăoanu :

    « Vous savez, il serait inexact de réduire les réseaux sociaux à leur seul côté obscur. A leurs débuts, ils ont contribué à une réelle démocratisation de l’espace public. Ils ont bousculé les médias traditionnels, parfois à juste titre, car ces derniers devenaient des espaces fermés. Les réseaux sociaux ont permis à de nouvelles voix d’émerger. Mais aujourd’hui, leur côté sombre est très visible, car ils se sont fortement technologisés et permettent une distorsion de la manière dont nous percevons le contenu. Il existe même des entreprises spécialisées dans ce que l’on appelle en anglais le « rent a digital cloud » – elles louent des foules de robots qui vont agir sur cette plateforme selon votre désir. Si vous voulez 1000 likes sur votre publication, vous payez une certaine somme pour les obtenir. Et cette fausse popularité est interprétée par l’esprit humain comme un gage de vérité, ce qui totalement faux. »

     

    Distorsions de la vérité

     

    En effet, la popularité d’une information est souvent perçue comme une validation de sa véracité. Or la viralité d’un contenu est une arme puissante, et les plateformes sociales arrivent à donner des vitesses différentes de propagation du contenu, explique Alina Bârgăoanu qui ajoute : « Des campagnes d’attaques cognitives peuvent être menées même si l’on utilise des éléments réels. Un contenu viral n’est pas nécessairement faux, il peut être conforme à la vérité factuelle. Malgré tout, la distorsion intervient lorsqu’il bénéficie d’une popularité accrue, d’un nombre de visualisations bien supérieur à ce dont il aurait bénéficié en l’absence de la manipulation des algorithmes. La force de l’intelligence artificielle réside aujourd’hui dans sa capacité à distordre la distribution du contenu. »

    (Trad Ionut Jugureanu)

  • Code for Romania

    Code for Romania

    Des solutions informatiques qui tiennent de l’accès à la démocratie et qui facilitent la vie

     

    Sous le slogan « Nous sommes ceux qui nous attendions », est née en 2016 – Code for Romania : une association qui bâtit jour après jour une infrastructure numérique colossale dédiée au bien commun et à la démocratie, en créant des outils digitaux et des solutions informatiques gratuits censés répondre aux problèmes qui tiennent de l’accès à la démocratie et qui facilitent la vie de tous les jours. La première solution ainsi développée a été votdiaspora.ro, une plateforme qui permet aux Roumains de l’étranger de trouver plus facilement leur chemin vers les bureaux de vote. Depuis, informaticiens, sociologues, chercheurs, designers, spécialistes en communication et bien d’autres – soit environ 3.000 volontaires au total – ont fourni à l’État roumain et aux citoyens des dizaines d’applications gratuites qui simplifient la vie. Code for Romania traite des millions de données, statistiques ou lois, et les transforme en sites et applications utiles pour les citoyens. Ainsi, les Roumains peuvent, par exemple, suivre en temps réel les résultats des élections, ou accéder à des informations médicales via des applications comme Sănătatea Mintală.ro, santé mentale.ro, ou Centrul de sănătate.ro, le centre de santé.ro. Grâce à Code for Romania, le Département des Situations d’Urgence dispose également d’une plateforme informatique pour coordonner les ressources humanitaires en cas de catastrophe. Dans ce domaine, l’infrastructure numérique roumaine est devenue un modèle européen, suscitant l’admiration chez leurs collègues hollandais, allemands ou italiens.

     

    Bogdan Ivănel, fondateur de Code for Romania

     

    Le fondateur de Code for Romania, Bogdan Ivănel, n’est pas un expert dans les nouvelles technologies, mais docteur en droit international à Paris, avec un parcours académique qui inclut l’Université d’Utrecht, Oxford et Berkeley. Il a décidé de retourner en Roumanie après près de 11 années passées à l’étranger, le déclic étant la tragédie de Colectiv, où des dizaines de personnes ont perdu la vie dans un incendie déclenché lors d’un concert. Pour comprendre les problèmes à résoudre, Code for Romania a mené pendant huit années les Civic Labs, le plus grand programme de recherche de l’histoire récente de la Roumanie, où ont été recensés 37 problèmes majeurs dans cinq domaines clés : Éducation, Environnement, Groupes Vulnérables, Santé et Participation Civique. Cela a abouti à dénicher plus de 400 solutions numériques nécessaires à la Roumanie, dont 70 ont déjà été développées par Code for Romania.

     

    Bogdan Ivănel : « Notre volonté est à la mesure de nos ambitions, soit construire toute l’infrastructure numérique dont la Roumanie a besoin. Quand nous parlons digitalisation, nous ne pensons pas seulement aux services publics ou aux besoins de l’administration fiscale, mais aussi au secteur social, où ces outils sont essentiels. Par exemple, nous avons développé un système de gestion des cas pour les victimes de violences domestiques. Cela permet aux associations et aux refuges de mieux se coordonner, de savoir combien de lits sont disponibles, combien de psychologues ou d’avocats sont prêts à accompagner les victimes à l’Institut Médico-Légal ou aux urgences. »

     

    En 2022, Code for Romania a conçu la plateforme DOPOMOHA, un système qui a permis à l’État roumain de répartir efficacement des logements et des aides aux réfugiés ukrainiens. Cette plateforme a rapidement attiré l’attention des médias et des organisations internationales, et le projet a été récompensé au Forum de la Paix de Paris et aux États-Unis. L’étape suivante a été franchie en 2023, avec la création de Commit Global, la version internationale de Code for Romania, la première ONG internationale partie de Roumanie.

     

    Commit Global, la première ONG internationale partie de Roumanie

     

    Bogdan Ivănel : « Nous avons vite réalisé que les outils que nous construisions en Roumanie étaient nécessaires dans bien d’autres endroits du monde. Des organisations et des gouvernements nous ont contactés en disant : « Nous avons aussi besoin de ces outils ». Mais nous n’avions pas la capacité de répondre à ces demandes, car notre mission première est la Roumanie. Pourtant, les besoins sont les mêmes partout : 90% des besoins sont identiques, que ce soit au Mexique, en Turquie, en Chine ou en Roumanie. Un tremblement de terre ou une inondation se gère de la même manière, quelle que soit la langue parlée. Nous avons convaincu des gouvernements du monde entier, reçu le soutien de la municipalité de La Haye, et notre siège global est maintenant là-bas. Une équipe de Roumains y travaille. Nous avons également reçu le soutien du gouvernement allemand, notre partenaire stratégique. Nous avons ouvert des portes partout dans le monde : à la Maison Blanche, en Suisse, en Suède, au Royaume-Uni. L’idée est de créer une infrastructure globale à laquelle toute organisation faisant le bien peut se connecter, sans avoir à tout reconstruire à chaque fois. »

     

    L’idée de départ était simple : si l’organisation développe une technologie utile après un séisme, pour les femmes enceintes ou pour lutter contre les violences conjugales, pourquoi ne pas la rendre accessible à d’autres pays ?

    Bogdan Ivănel explique : « Nous sommes confrontés à une urgence mondiale, avec des crises qui se multiplient. Pour y faire face, nous devons doter les organisations qui sauvent des vies avec la technologie nécessaire pour accroitre l’efficacité de leurs actions et améliorer la coordination entre les différents acteurs. »

     

    Aussi, Code for Romania et Commit Global continuent de transformer la technologie en un levier puissant pour le bien commun, en Roumanie et au-delà. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Le phénomène Deepseek

    Le phénomène Deepseek

    Des géants américains de l’IT s’effondrent face à DeepSeek

     

    Les cotations de plusieurs géants américains des nouvelles technologies, dont Nvidia, Microsoft et Meta, se sont effondrées en bourse au mois de janvier dernier après le lancement réalisé par la société chinoise DeepSeek de son modèle d’intelligence artificielle aux performances comparables aux meilleurs agents conversationnels américains, dont le déjà célèbre ChatGPT.

     

    Une prouesse technologique obtenue à un coût dérisoire rapporté aux sommes investies par les géants américains de nouvelles technologies. Le modèle gratuit disponible de DeepSeek dépassait ainsi rapidement la concurrence devenant l’application la plus recherchée de l’App Store Apple aux Etats-Unis. C’est le moment « Sputnik de l’IA » a estimé Marc Andreessen, banquier spécialisé de la Silicon Valley et conseiller du président Donald Trump.

     

     

    Pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de cette révolution, nous avons approché Florin Zeru, spécialiste en communication stratégique à l’Ecole nationale d’Etudes politiques et administratives de Bucarest :

    « L’heure de gloire de DeepSeek est une sorte de boîte de Pandore. Un modèle en source libre, accessible, extrêmement performant et attrayant, mais qui peut comporter des risques bien cachés. Un modèle d’IA aux vertus et aux risques similaires des ceux que comportait la boîte de Pandore dans la mythologie grecque. Une boîte capable, une fois ouverte, de libérer une foule d’effets bénéfiques et malfaisants à la fois. Le modèle open source de DeepSeek, son efficacité remarquable construisent son attraction. Seulement, il nous sera impossible de refermer cette boîte une fois qu’on l’a ouverte. Car ce modèle extrêmement puissant, accessible à tout un chacun, devient un instrument que plus personne ne pourra dorénavant ni arrêter, ni contrôler. Car malheureusement DeepSeek a son talon d’Achille. En effet, en faisant appel à certaines instructions spéciales appelées en langage de spécialité des Jailbreak prompt, soit des briseurs de chaînes, n’importe quel utilisateur peut contourner les limitations et les règles éthiques préprogrammées par le constructeur. Aussi, si dans les mains des chercheurs bien intentionnés DeepSeek serait en mesure d’accélérer leurs recherches pour obtenir de nouvelles molécules et résoudre des problèmes complexes, dans les mains des gens malintentionnés il pourra faciliter la désinformation, créer des codes pour de nouveaux virus informatiques, planifier des attaques dans la vie réelle. Bref, c’est offrir un kalashnikov à tout un chacun, sans se soucier des capacités des usagers à utiliser l’arme à bon escient ».      

     

    Même performance à des coûts inférieurs

     

    Mais là où le bât blesse c’est le coût mille fois moindre qu’a investi la société chinoise par rapport à ses concurrents américains pour obtenir en gros le même produit d’intelligence artificielle. Comment est-elle parvenue ?

     

    Florin Zeru : « DeepSeek est le symbole des ambitions chinoises qui entend s’ériger en leader mondial dans le domaine de l’intelligence artificielle. C’est le symbole des ambitions de Pékin, décidé à combler rapidement le décalage technologique qui sépare encore la Chine des Etats-Unis. Jusqu’au moment du lancement de ce produit, ces derniers avaient une longueur d’avance dans le domaine grâce à leurs sociétés phares : OpenAI, Google, Microsoft. DeepSeek est venu rabattre les cartes. » 

     

    Les données collectées sont stockées sur des serveurs chinois

     

    L’exploit de DeepSeek est d’autant plus marquant que les Etats-Unis ont fait des mains et des pieds depuis des années pour empêcher l’accès de la Chine aux micropuces de dernières générations. Mais le souci majeur des spécialistes tient à ce petit détail : les données collectées sont stockées sur des serveurs chinois, qui se trouvent entre les mains de deux autres compagnies chinoises, comme le précise DeepSeek.

     

    Pour comprendre la mise de cet élément, nous avons approché Flavia Durach, spécialiste en communication :

    « Il ne s’agit pas seulement de ce que nous savons au sujet d’un utilisateur DeepSeek, mais de son profil général d’utilisateur d’internet. Certes, l’on peut espionner ainsi un individu à son insu. Mais plus encore, dans le cadre de cette compétition qui est de mise entre les Etats, ce sont les grandes tendances, la maîtrise de grands nombres qui est recherchée. Les informations ainsi recueillies peuvent certes servir au producteur et l’aider à améliorer son produit, mais elles peuvent aussi être recueillis à des fins moins avouables, et servir à des tentatives de manipulation, pour orienter l’opinion publique, pour orienter le vote, pour falsifier la volonté populaire, le libre arbitre. Décortiquant le profil, le comportement, les préférences, ce n’est pas sorcier. »     

     

    Mais les profils individuels peuvent à leur tour devenir la cible des tentatives des vols d’identité, des vols de données personnelles, de différents types de fraudes, rappelle Flavia Durach. En tous les cas, mettre la main sur des données personnelles c’est détenir une arme extrêmement puissante.

     

    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • 1,5°, ce seuil qui fait la différence

    1,5°, ce seuil qui fait la différence

    2024 restera dans l’histoire comme la première année où la moyenne des températures mondiales a dépassé le seuil de 1,5° par rapport à la période préindustrielle. Un seuil au sujet duquel les scientifiques se sont accordés pour dire qu’il faudrait tenter à tout prix de ne pas dépasser. La mauvaise nouvelle, annoncée par le programme Copernicus de l’UE sur les changements climatiques, présage du pire. En effet, le dépassement constant de ce seuil durant les dix à vingt années à venir risquerait de faire la différence entre une planète habitable et une planète devenue un véritable cauchemar pour ses habitants. Dans le contexte, le professeur Mircea Duțu, président de l’Université écologique de Bucarest, ne mâche pas ses mots :

    « L’on a enregistré un dépassement des valeurs de l’année précédente durant chaque mois, entre janvier et juin 2024. Un nouveau record de la moyenne quotidienne globale a été établi le 22 juillet 2024, à 17,6°. Et il s’agit d’une tendance lourde des dix dernières années. La cause principale, on la connaît : la hausse de la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, la concentration de dioxyde de carbone atteignant 422 parties par million (ppm), un record absolu, l’année dernière, à cause de l’utilisation incontrôlée des combustibles fossiles. Aussi, ce seuil symbolique de 1,5° prévu par l’Accord de Paris a été dépassé. L’on est à 1,6° par rapport à la période de référence 1850-1900. Cependant, pour que cette tendance se confirme il faut encore que cette moyenne se confirme sur une période de plus de vingt ans ».  

     

    Diviser par deux les émissions des gaz à effet de serre avant 2030

    Les 196 Etats signataires des Accords de Paris s’étaient pourtant engagés de diviser par deux leurs émissions des gaz à effet de serre avant 2030, pour viser la neutralité carbone à l’horizon 2050. Force est de constater que l’on est encore loin, alors que la hausse des températures ne fait que contribuer à l’apparition des phénomènes météo extrêmes à travers le globe. Les vagues de chaleur ont fait nombre de victimes l’année dernières, depuis les pèlerins venus faire leur devoir religieux à la Mecque au mois de juin, mais encore au Mexique, en Thailande, en Inde et jusqu’en Grèce. Quatre millions de personnes qui vivent en Afrique centrale et de l’Ouest ont eu besoin d’aide humanitaire à la suite des inondations dévastatrices qui ont fait plus de 1.500 victimes. Plus près de nous, l’Espagne a été à son tour victime l’année dernière à des inondations terribles. Les ouragans ont frappé les Caraïbes, dévastant des larges régions d’Asie, les Filipines en particulier. La sécheresse a touché des régions étendues du continent américain, provoquant des incendies jamais vus jusuqu’aux régions humides de l’Amazonie. Au sud du continent africain, 26 millions de personnes se retrouvent menacés par la famine à cause des conditions météorologiques extrêmes, selon le Programme alimentaire des Nations-Unis. Les scientifiques soutiennent de concert que quasi toutes les catastrophes naturelles de 2024 ont été intensifiées par les conséquences des émissions des gaz à effet de serre évaqué par l’homme dans l’atmosphère. Des catastrophes dont les coûts en termes financiers s’élèvent selon les estimations à près de 140 milliards de dollars. A nouveau, Mircea Duțu :

    « La Terre connaît une véritable poussée de fièvre, surprenante par sa violence. A la fin de la période El Niño au mois de juin et en attendant La Niña pour l’automne, l’on s’attendait à une diminution des températures. Cela n’a pas eu lieu et il est improbable à ce que cela ait lieu dans le contexte actuel. La Niña s’est laissée attendre. Cela dit, depuis des millions d’années l’atmosphère terrestre n’a plus connue une telle concentration de dyoxide de carbone. Pendant les deux dernières millénaires la vitesse de réchauffement de la terre a été lente. La poussé actuelle de fièvre est surprenante. Et dans ce contexte de réchauffement climatique, après le passage d’un El Niño les températures demeurent anormalement élevées. »      

     

    Un signale d’alarme

    Le dépassement de la barre de 1,5°C en une année constitue un signal d’alarme pour l’avenir. Le professeur Mircea Duțu :

    « C’est l’état de l’océan planétaire qu’il faudrait suivre avec attention. 2025 ira probablement se placer sur le podium des années les plus chaudes jamais enregistrées, mais derrière 2023 et 2024. Au mois de décembre passé l’on a constaté une baisse des températures de l’eau de surface des mers. Durant les mois qui suivent nous allons pouvoir mieux comprendre de quoi cette année sera faite, de l’évolution des températures océaniques, qui vont probablement enregistrer des anomalies dans le Pacifique équatorial. »  

    Sans prendre en compte les pertes financières, les spécialistes estiment qu’en l’absence d’une baisse drastique des émissions des gaz à effet de serre, les conséquences des changements climatiques se traduiront par 2,3 millions de décès supplémentaires qui auront lieu dans 854 villes d’Europe avant la fin du siècle. (Trad. Ionut Jugureanu)  

  • Un nouveau mandat de Donald Trump à la Maison Blanche

    Un nouveau mandat de Donald Trump à la Maison Blanche

    Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche pour son second mandat a été suivi de près par les analystes friands de comprendre le nouveau cours que prendra la politique américaine. Une politique annoncée par le slogan « Let’s make America great again », tel qu’avait été le début du discours d’investiture de Donald Trump. Et, en effet, ses partisans tout comme ses détracteurs n’ont pas eu à attendre longtemps. Au-delà de la lutte contre l’inflation et des engagements en matière de défense, le président américain a signé un décret compliquant les démarches administratives pour les personnes transgenres et non-binaires en les empêchant d’accéder à la transition de genre hormonale. Un autre texte ordonne la fin de tout programme de diversité et d’inclusion au sein du gouvernement fédéral. Pour lutter contre l’immigration illégale, le président a signé un ordre exécutif qui prévoit le déploiement de 1 500 militaires supplémentaires à la frontière avec le Mexique, une mesure qui fait suite à des décisions prises juste après son investiture, dont la déclaration d’un état d’urgence à la frontière sud des Etats-Unis. Dans la même veine, dorénavant, la nationalité américaine ne sera plus octroyée automatiquement aux enfants nés sur le sol américain, en étant exclus les enfants issus des parents illégaux. Enfin, pour protéger l’industrie américaine, Donald Trump a dès le début de son mandat lancé une analyse des partenariats commerciaux avec ses voisins, menaçant le Canada et le Mexique des droits de douane de 25% à partir du 1er février. Au niveau international, les Etats-Unis se sont retirés de l’OMS et, à nouveau, de l’Accord de Paris sur le climat. Des mesures qui font frissonner certains. Iulia Joja, professeur à l’Université Georgetown explique :

     

    « Trump entend semble-t-il vouloir redorer le blason américain, fut-ce en mettant à mal ses alliés et la politique étrangère et de sécurité internationale. Mais la vision de Trump est une vision transactionnelle, une vision du court terme qui vise à engranger des résultats pour la durée de son mandat présidentiel. A long terme en revanche, sa politique risque de coûter cher aux Etats-Unis. Mais Trump ne pense pas en ces termes. Malgré tout, il n’est pas sûr qu’à court terme, la politique de taxation des biens importés de Chine et d’autres pays qu’il entend mener ne fassent que des heureux. Car cela se traduira en vérité par une hausse des prix sur le marché américain. »

     

    En Europe, l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche augmente les craintes de voir les relations transatlantiques mises sous pression. Invité à s’exprimer à ce sujet au micro de Radio Roumanie, le chef de la diplomatie de Bucarest, Emil Hurezeanu, explique :

     

    « Il n’est pas exclu de constater un changement de perspective de la part des décideurs américains. Néanmoins, les intérêts géopolitiques des Etats-Unis ne peuvent ignorer le partage des valeurs et des intérêts que ce pays a avec ses alliés traditionnels que sont les Européens. Certes, il se puisse que le centre d’intérêt des Etats-Unis se déplace vers le Pacifique, vers la Chine. Mais cet espace économique puissant, riche de ses 400 millions d’habitants, que constitue l’UE, ne pourra pas être ignoré par les décideurs américains ».   

     

    Pour ce qui est de l’issue de la guerre en Ukraine qu’avait constitué un cheval de bataille pour la campagne présidentielle de Donald Trump, elle demeure toujours incertaine, selon le chef de la diplomatie de Bucarest :

     

    « L’issue de la guerre en Ukraine demeure encore et toujours incertaine. L’UE a aidé l’Ukraine avec plus de 150 milliards de dollars, les Etats-Unis ont fourni 180 milliards jusqu’à l’heure actuelle. Mais au-delà du coût financier, il existe une mise géopolitique, des intérêts à long terme, des intérêts vitaux pour les Etats-Unis. Car une éventuelle victoire de la Russie risquerait de rabattre les cartes aux niveaux régional et international d’une manière extrêmement dangereuse. Le président Trump a fait la promesse de conclure la paix. Il faudrait voir dans quelle mesure cette volonté se traduira dans les faits. Il a nommé pour l’instant un nouvel envoyé spécial pour l’Ukraine et la Russie, un général à la retraite qui dispose d’une expertise respectable et considérable en ce domaine et qui a depuis toujours eu à cœur de défendre les intérêts traditionnels des alliés occidentaux des Etats-Unis. Et puis, la diplomatie américaine demeure puissante et elle aura aussi son mot à dire à ce sujet, peu importe les changements opérés à sa tête ».   

     

    Quoi qu’il en soit, si dans son discours d’investiture Donald Trump a évité de mentionner les crises de sécurité actuelles, dont notamment les guerres d’Ukraine et du Moyen-Orient, il a annoncé la couleur de pacificateur et d’unificateur de son mandat. « Nous allons mesurer nos victoires non tant à l’aune des guerres que nous allons gagner que des traités de paix que nous allons conclure et, surtout, à l’aune des guerres que nous allons savoir éviter », a souligné Donald Trump. Un discours qui, fait notable, a fait également fi de la traditionnelle rivalité des Etats-Unis avec la Chine.

    (Trad. Ionut Jugureanu)

     

  • Les grands défis de l’année en matière de relations internationales

    Les grands défis de l’année en matière de relations internationales

    De son côté, l’Union européenne, espace de paix et de sécurité et qui avait exclu pendant longtemps la guerre du champ du possible, devrait apporter des réponses adéquates à toutes ces questions, et notamment à cette guerre d’Ukraine qui se prolonge depuis déjà trois années. Ce fut un choc pour ce continent qui ne pensait pas qu’une telle guerre soit encore possible sur son sol ou à ses portes, explique le professeur des universités Dan Dungaciu, spécialiste en questions de sécurité. Une guerre qui nous rappelle combien les connexions économiques, les interactions, les contacts, les négociations constituent le seul garant de la paix.

     

    Le modèle franco-allemand d’après la Seconde Guerre mondiale est là pour nous le rappeler, affirme encore Dan Dungaciu :

    « Pourtant, l’on voit aujourd’hui que l’interdépendance économique, les connexions, les relations économiques ne mènent pas toujours à la paix. L’UE devrait se réinventer. Cette Union a été conçue comme un projet post national. Non pas antinational, mais postnational. Or, le monde revient aujourd’hui à une logique nationale, voire nationaliste. On le constate de manière prégnante lors de cette guerre entre la Russie et l’Ukraine. Car la résistance ukrainienne fait appel aux ressources du nationalisme ukrainien. L’Ukraine se réinvente, se redécouvre, se développe grâce à cette identité nationale redécouverte à la faveur de la guerre. Et l’UE devrait se réinventer à son tour face à ce monde qui change, devrait redéfinir son projet et son identité ».  

     

    Des guerres au Proche et Moyen-Orient

     

    Fin 2024, la guerre en Ukraine a été éclipsée par la guerre au Proche-Orient et par la chute du régime Assad en Syrie. Une victoire indirecte mais stratégique d’Israël, esstime Dan Dungaciu :

    « La chute du régime Assad porte un coup au régime iranien, qui se voit priver du corridor terrestre qui lui permettait d’abreuver son allié régional le plus important, les milices Hezbollah. Il est à parier que la nouvelle administration Trump abordera à brève échéance le dossier du Proche-Orient, probablement juste après le dossier ukrainien, une priorité assumée de la présidence de Donald Trump. Et il va falloir voir l’angle d’attaque de l’administration Trump à cet égard. La Syrie demeure à beaucoup d’égards un Etat artificiel, mais qui se trouve au carrefour d’intérêts régionaux divergents. Regardez les intérêts clamés par la Turquie dans la région d’une part, les intérêts iraniens de l’autre, enfin les intérêts israéliens. Et tous ces intérêts devraient s’accommoder entre eux, d’une manière ou d’une autre. Et c’est à l’administration Trump de tenter de définir les contours de futures évolutions dans la région ».  

     

     

    Les bouleversements auxquels l’on assiste au Moyen-Orient sont sans précédent, poursuit Dan Dungaciu :

    « Il faudrait voir de quelle manière interviendra l’administration Trump de sorte à infléchir le cours des événements sans pour autant intervenir militairement dans la région. Parce que s’il y a bien une chose que le président Trump craint c’est celle de se voir attirer dans une guerre non désirée, qu’il considère comme la voie la plus sûre de faire échouer son mandat. Un mandat qu’il désire exceptionnel ».

     

    La guerre hybride menée par la Russie

     

    Plus près de chez nous, la guerre hybride, la guerre numérique que livre la Russie à l’Europe, une guerre censée nourrir notamment l’extrémisme demeure à son tour un sujet inquiétant. Les élections qui doivent se tenir cette année en France et en Allemagne, les élections présidentielles polonaises constituent autant d’opportunités pour le pouvoir de nuisance de cette guerre hybride russe. L’analyste Dan Dungaciu rappelle dans le contexte combien il serait dangereux de laisser la voie libre à cette propagande qui poursuit le dessein d’insinuer le doute dans les valeurs européennes au sein même des sociétés européennes.  (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Exercices de résilience énergétique

    Exercices de résilience énergétique

    Pour et contre le gaz russe

     

    Avec l’arrêt, le 31 décembre passé, du transit du gaz russe sur le sol ukrainien, le début de l’année ramène sur le devant de l’actualité la question ardue de l’approvisionnement en énergie de l’Europe. Le geste de l’Ukraine, qui entend priver Moscou de cette manne financière, se comprend aisément. Budapest et Bratislava, largement dépendantes du gaz russe et entretenant de bonnes relations avec Moscou, ne se sont pas privées de critiquer vertement l’attitude de Kiev. De l’autre côté, le président ukrainien Volodymyr Zelenski a mis en cause l’attitude du gouvernement slovaque qui tente d’ouvrir, selon lui, sous les ordres de Moscou, un second front, énergétique cette fois, contre son pays.

     

    Dans la même veine, la décision de Gazprom d’arrêter, à partir du 1er janvier, les livraisons de gaz vers la république de Moldova a mis en danger l’approvisionnement de la centrale électrique de Cuciurgan, située en Transnistrie et contrôlée par les séparatistes pro russes, qui a décidé d’arrêter de fournir en énergie la plupart du territoire de la république de Moldova, à l’exception de la région pro russe de Transnistrie. Les stocks de charbon, l’autre source d’énergie censée alimenter les centrales électriques moldaves grâce au charbon fourni autrefois depuis le Donbass ukrainien, région occupée aujourd’hui par Moscou, s’amenuisent et risquent de s’épuiser dans un délai de 1 à 2 mois.

     

    Moldova – l’état d’urgence énergétique

     

    Face à cette situation, les autorités moldaves ont institué l’état d’urgence en matière énergétique et ont fait appel aux importations en provenance de Roumanie. Selon les données publiées par Chisinau, plus de la moitié de la consommation d’énergie de la république de Moldova est dernièrement assurée par les importations en provenance de Roumanie, 4e pays de l’UE en termes d’indépendance en matière énergétique par rapport aux importations russes, après la Suède, l’Estonie et l’Islande.

     

    Au niveau de l’ensemble de l’UE, si en 2021 les importations européennes d’énergie étaient alimentées à près de 62% par la Russie, la part de celles-ci n’a cessé de baisser depuis le début de la guerre en Ukraine et depuis la mobilisation européenne autour de la construction des capacités de production d’énergie verte.

     

    Le journaliste et analyste militaire Radu Tudor fait le point de cette guerre de l’énergie.

    Radu Tudor : « Les menaces de Gazprom sont récurrentes. L’hiver dernier déjà, ils ont sorti une vidéo qui montrait comment l’Europe allait geler et comment les Européens allaient mourir de froid. C’est de la propagande. L’Europe a dépassé l’hiver précédant en conservant de 30 à 40% de ses réserves. Quant à la Roumanie, nous pouvons dépasser cet hiver sans problèmes. Nous ferons appel à quelques importations, mais non pas parce que l’on est dépendant de ces importations, mais parce que l’on est connecté au marché européen du gaz. Si l’Europe parvenait à asseoir son indépendance énergétique, cela constituerait un excellent exercice de résilience et un modèle à suivre dans d’autres domaines. Car nous sommes toujours trop dépendants des produits chinois ou indiens, et cela accroît notre vulnérabilité. Il nous faut réapprendre à compter sur nous-mêmes, sur nos ressources et à protéger nos domaines d’importance stratégique. »    

       

    L’approvisionnement en énergie de l’Europe, une priorité

     

    Assurer la résilience énergétique de l’Europe est devenue une priorité depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, et cette volonté se manifeste dans beaucoup de projets mis en œuvre au niveau européen. Cependant, construire des mégas capacités de production d’énergie peut constituer un risque et une vulnérabilité potentielle dans un contexte de guerre. C’est pour cette raison en outre que certains ont jeté leur dévolu sur la construction des capacités de production de moindres dimensions.

     

    Radu Tudor : « Vers la fin des années 70, la Roumanie a mis sur pied son programme nucléaire. Et alors même que l’on faisait partie du Pacte de Varsovie, la Roumanie a choisi une technologie canadienne, une technologie originaire d’un Etat membre de l’OTAN donc, pour ce faire. Le résultat fut l’apparition de la centrale nucléaire de Cernavoda. Aujourd’hui, la Roumanie développe davantage son programme nucléaire en s’appuyant dorénavant sur la technologie américaine des petits réacteurs modulaires (PRM), qui assurera selon moi une meilleure résilience au système énergétique roumain, mais aussi à nos amis, à nos voisins, à ceux qui auront besoin de nous, telle la république de Moldova. »  

     

    Un projet que l’on a tout intérêt de voir aboutir aussi vite que possible, appuie Radu Tudor. Un projet qui assurera à la Roumanie non seulement un statut d’indépendance, mais la transformera en un exportateur qui a son mot à dire en matière énergétique au niveau européen. (Trad. Ionut Jugureanu)

     

  • La Roumanie de plein pied en l’espace Schengen

    La Roumanie de plein pied en l’espace Schengen

    Les frontières extérieures de l’espace Schengen se sont élargies avec l’entrée des frontières terrestres de la Roumanie et de la Bulgarie dans cet espace à partir du 1er janvier dernier, à la suite de la décision prise par le Conseil Justice et Affaires intérieures le 12 décembre 2024. Les nouvelles frontières de l’espace Schengen ont ainsi été déplacées aux frontières qui séparent la Roumanie et ses voisins non membres de l’UE, soit la Serbie, la République de Moldova et l’Ukraine. Plus au sud, les frontières de l’espace Schengen épousent dorénavant les frontières de la Bulgarie avec la Serbie, avec la Macédoine du Nord et la Turquie.

     

    Une adhésion sans cesse repoussée à cause des craintes de certains Etats membres sur la question de l’immigration

     

    Mais c’est précisément les risques d’immigration illégale au long de la frontière qui sépare la Bulgarie et la Turquie qui ont suscité ces dernières années les réserves de l’Autriche au sujet de l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l’espace Schengen.  Ce n’est qu’au mois de novembre dernier que Vienne s’est engagé à Budapest à lever son veto face à la demande de ces deux Etats à l’adhésion à l’espace Schengen. Malgré tout, le doute demeura encore jusqu’au dernier moment, dans le contexte où l’extrême droite hollandaise du Parti pour la liberté avait démarré une procédure parlementaire censée stopper le processus d’adhésion de ces deux Etats à l’espace Schengen.

     

    Valentin Naumescu, professeur spécialisé dans les relations internationales à l’Université Babeş-Bolyai de Cluj, explique :

    « La Roumanie devait intégrer cet espace de libre circulation depuis belle lurette, depuis le mois de mars 2011 pour être précis. A ce moment déjà, la Roumanie observait scrupuleusement les exigences techniques nécessaires à son adhésion de plein droit. Malheureusement, des situations tenant à divers contextes européens, régionaux ou de politique intérieure ont repoussé à chaque fois la date de cette adhésion. Parfois le gouvernement hollandais, parfois le gouvernement autrichien, d’autres capitales aussi, craignant la montée de l’extrême droite dans leurs pays, ont décidé de retarder à chaque occasion l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen. Quoi qu’il en soit, la Commission européenne a statué il y a 13 ans de cela que ces deux Etats remplissaient les exigences nécessaires à leur adhésion. »  

     

    Une adhésion qui apportera de nombreux avantages, aussi bien aux nouveaux adhérents qu’aux autres Etats membres de l’espace Schengen

     

    Dorénavant, la Roumanie tourne la page et entre de plein exercice dans ses prérogatives de membre entier de l’UE. Même chose pour la Bulgarie. Et Valentin Naumescu salue l’adhésion de cette dernière :

     

    « L’adhésion de la Bulgarie à l’espace Schengen est un pas important. La Grèce est dorénavant rattachée physiquement au reste de l’Union à travers la Bulgarie et la Roumanie. C’est un moment important pour l’économie de l’Union, pour les transporteurs, pour tous les Etats membres. Ecourter les temps de transport des marchandises constitue un élément essentiel pour beaucoup de producteurs et d’exportateurs européens. Une meilleure connexion économique de la région avec le reste de l’Union favorisera les investissements et diminuera les coûts. Mais au-delà des retombées économiques, la qualité d’Etat membre de l’espace Schengen représente un élément de prestige et de crédibilité. »     

     

    « Time is money », dit-on. L’adhésion à l’espace Shengen se traduira donc par une amélioration de la productivité des exportateurs roumains, mais donnera aussi un coup de pouce au tourisme de plaisance et d’affaires, au trafic routier et ferroviaire.  La Roumanie devient plus compétitive et plus attrayante aux yeux des investisseurs au sein d’un marché économique européen très compétitif. Par ailleurs, les zones de frontière sont vouées à devenir rapidement de véritables hubs commerciaux. En l’absence des frontières, le commerce local transfrontalier est censé se développer sans entraves, ce qui ne manquera pas de développer de nouvelles opportunités sur le marché de travail et d’impacter positivement la croissance économique.

     

    Pourtant, pendant une période de transition de 6 mois à partir du 1er janvier de cette année, la Roumanie et la Bulgarie poursuivront des contrôles aléatoires à leurs frontières, une mesure censée assurer le passage en douce vers le nouveau système de libre passage. Les risques liées à l’immigration illégale, au terrorisme et à la guerre hybride menée par la Fédération de Russie contre l’UE ont déterminé d’ailleurs ces dernières années la multiplication des contrôles aléatoires sur d’autres frontières intérieures de l’espace Schengen. (Trad Ionut Jugureanu)

  • La Roumanie, étoile montante sur la carte de l’œnotourisme

    La Roumanie, étoile montante sur la carte de l’œnotourisme

    Sur les origines de la viticulture l’on a écrit des tomes entiers. Les traces les plus anciennes nous amènent dans le Caucase, en Mésopotamie, mais aussi en Egypte. C’est sur le territoire de la Géorgie actuelle cependant que la viticulture aurait fait ses premiers pas, 6000 ans avant J-C, selon un groupe d’experts originaires de 7 pays. Les scientifiques ont utilisé la datation au carbone 14 sur des fragments de céramique utilisée dans la confection du vin. Des fragments originaires d’Iran, de Grèce et de Sicile ont été découverts. D’autres traces, vieilles de 7000 ans ont été découvertes en Chine. Il semblerait que des vignes sauvages ont d’abord été utilisées pour produire le vin, avant que la culture de cette plante ne soit maîtrisée par l’homme. Le chai le plus ancien, découvert en Arménie, était utilisé selon les archéologues en 4.100 av J-C. Cătălin Păduraru, avec un doctorat décroché à l’Université des Sciences agricoles et médecine vétérinaire de Bucarest et qui préside Vinarium, soit le plus célèbre concours de vins qui a lieu en Europe centrale et de l’Est, explique que le vin que l’on tient dans son verre n’est pas juste bouche, nez et saveur, mais le concentré d’une histoire riche, écrites par des générations de vignerons. Cătălin Păduraru :

    « La culture de la vigne a impacté grandement l’histoire de l’humanité, et notamment la migration des peuples. Vous savez, avec les céréales c’était facile. Les graines sont conservées facilement et l’on peut les prendre avec soi et les replanter lorsque l’on déménage vers d’autres contrées. L’on sème, l’on moissonne, et l’on s’en va plus loin. Au moment où les populations migratoires qui se déplaçaient vers l’Ouest ont dépassé le Caucase et ont survolé le territoire de la Roumanie et de la Moldavie actuelles, elles ont découvert les vignes. Elles ont appris à utiliser le raisin, à confectionner le vin et s’y sont établies. Parce que la culture de la vigne a un autre cycle que la culture des céréales. Il faut attendre de 4 à 5 ans pour profiter de ses fruits. Et cela a impacté sur le processus de migration ».   

    La culture des vignes bénéficie d’une longue tradition en Roumanie, et si la Roumanie est devenue aujourd’hui l’un des plus importants producteurs de vin, se plaçant 13e au monde et 6e en Europe, c’est aussi grâce à cette longue tradition. Si l’on regarde de plus près la carte viticole de la Roumanie, l’on y découvre les 8 régions où la culture de la vigne s’est transformée en art : les régions vallonnées de la Moldavie roumaine et celle de Transylvanie, les régions vallonnées de Munténie, d’Olténie, de Banat, de Crisana et de Maramures, enfin de la Dobroudja, mais aussi les terrasses danubiennes. Chacune de ces régions et chaque sol à ses propriétés, depuis l’altitude et jusqu’à l’exposition au soleil, ce qui favorise la diversité des cépage, expliquent les spécialistes. A nouveau Cătălin Păduraru qui réinterprète à sa sauce le vieux adage latin in vino veritas :

    « Nous avons procédé à une expérience unique au monde : enregistrer l’empreinte sonore d’une voix dans le vin. Parce que si la matière anorganique, tel le silicium, extrait du sable, et qui sert à fabriquer les puces de mémoire, s’avère capable de conserver la mémoire, pourquoi penser qu’une matière organique, tel le vin, serait-elle dépourvue de cette qualité ? Pour ma part je suis persuadé que le vieux vin, qui a été témoin de tant d’événements, conserve en lui la mémoire de ces expériences. Il nous faut juste apprendre à la déchiffrer. Et je crois que l’adage latin « dans le vin, la vérité » fait justement référence à cette merveilleuse propriété de cette liqueur ».     

    A présent près de 80 propriétés viticoles, dont la plupart sont situées dans la partie sud du pays, se sont lancées dans l’œnotourisme en Roumanie. Un type de tourisme de plus en plus convoité selon notre hôte, Cătălin Păduraru :

    « C’est à l’Institut du vin que nous avons conçu les plans de ce projet de tourisme viticole en tirant profit de la construction de l’autoroute A7, qui reliera la Moldavie, jusqu’à Iasi, peut-être la république de Moldova aussi, à Bucarest. Cette autoroute pourrait devenir l’autoroute du vin, car elle traverse les plus importantes régions viticoles du pays : depuis Dealul Mare et jusqu’à Vrancea. Un écotourisme viticole serait censé se développer à terme grâce à cet axe routier. Un tourisme de caravanes, car il est plus aisé pour les viticulteurs d’aménager des espaces de campement plutôt que d’ériger des dizaines d’hôtels et de chambres d’hôtes. Un tourisme très attractif aussi pour la clientèle étrangère, friande de ce type de tourisme, qui leur permettra de découvrir nos magnifiques régions viticoles ».

    Le rêve de Cătălin Păduraru en passe de devenir réalité ? L’avenir nous le dira bien. (Trad Ionut Jugureanu)

  • Les dangers du stress pour l’organisme humain

    Les dangers du stress pour l’organisme humain

    Le stress, une partie intégrante de la vie quotidienne

     

    Le stress fait partie intégrante de notre rythme de vie et constitue dans une certaine mesure un facteur de protection. Mais les problèmes surgissent au moment où l’on a à faire au stress chronique, qui dure trop longtemps, jusqu’à ce qu’il arrive à provoquer des dysfonctionnements métaboliques, qui affectent le bon fonctionnement du système immunitaire, ce qui nous rend vulnérables face aux infections et à d’autres maladies. Mais le stress constitue un facteur déclenchant ou aggravant pour bien d’autres affections : l’hypertension artérielle, le diabète, les maladies digestives et cardiovasculaires.

     

    La professeure des universités, la doctoresse Diana Păun détaille les conséquences que peut avoir le stress chronique sur l’organisme :

    « Le stress chronique fait monter la production de cortisone. Il s’agit d’une hormone très utile, indispensable à la vie. Le problème c’est que lorsqu’elle est produite en excès, en continu, cela provoque des effets indésirables, qui mènent à des pathologies tels l’accroissement du niveau cholestérol, l’hypertension artérielle, le diabète, l’obésité, cette dernière associée à son tour à un risque accru d’apparition d’autres maladies cardiovasculaires. Le stress chronique provoque ce que l’on appelle le syndrome métabolique. Toutes ces conséquences nous affectent la qualité de vie et l’espérance de vie. C’est pourquoi il est impératif de prendre du recul, se détacher, se reposer. »   

     

    Les effets du stress chronique

     

    La cortisone est une hormone synthétisée par les glandes surrénales, libérée en situation de danger et censée aider l’organisme à mieux faire face à ce genre de situations, explique Diana Păun. Mais sous l’effet du stress chroniques, ces glandes perdent leur boussole. Diana Paun :

    « Il s’agit d’une sorte de mécanisme de désadaptation qu’avait été décrit par des endocrinologues roumains, et qui aujourd’hui s’identifie à ce terme à la mode : le burnout. Car après une longue période de travail, d’effort, de stress, la glande surrénale ne veut plus réagir et s’endort tout simplement. Pratiquement, cela se traduit par une fatigue chronique de l’organisme, ressentie sous la forme de la dépression ».   

     

    Alimentation saine, sport, repos

     

    Aussi, pour maintenir un niveau optimum de la cortisone dans l’organisme il faut s’assurer une alimentation saine, pratiquer du sport et garder du temps pour se reposer et se relaxer. Des techniques de yoga ou de respiration profonde peuvent également nous aider à réduire le niveau de stress et à diminuer la quantité de cortisone libérée par les glandes surrénales. Diana Păun :

    « La production de la cortisone suit le rythme circadien. On en produit davantage le matin, au réveil, lorsqu’on doit se mobiliser pour une nouvelle journée de travail. Ensuite, au fil des heures, le niveau de la cortisone diminue. Le soir, vers 21h00, on se trouve près du gouffre. Ce rythme de production de la cortisone s’installe très tôt, vers l’âge de deux ans, et doit se maintenir pendant toute notre vie. Le maintien de ce rythme de production de la cortisone est signe du bon fonctionnement du système endocrinien. Le biorythme que suit la production de la cortisone s’apparente au biorythme des phases réveil/sommeil, au biorythme de la lumière et de la nuit, dont la principale hormone est la mélatonine. Une hormone naturelle, essentielle au sommeil, et encore trop peu étudiée malheureusement. »    

     

    En effet, ajoute Diana Păun, le stress que nous subissons au quotidien nous perturbe le sommeil, nous perturbe ces biorythmes qui règlent le bon fonctionnement de l’organisme et dont le rôle dans la prévention du déclenchement des maladies est essentiel. Une bonne hygiène de vie est censée prévenir près de , 80% des maladies chroniques non transmissibles. La nutrition correcte, des activités physiques régulières, un sommeil réparateur, le bon management du stress, s’abstenir de consommer des substances nocives et des connexions sociales positives constituent les 6 composantes d’une excellente hygiène de vie. (Trad Ionut Jugureanu)

     

  • La nouvelle étape de la guerre en Ukraine

    La nouvelle étape de la guerre en Ukraine

    Mille jours après le début du conflit, l’Ukraine a pu enfin frapper une cible militaire russe en utilisant les missiles semi-balistiques américains ATACMS. Ce fut pour la première fois qu’après le feu vert donné par l’administration Biden ces missiles ont pu cibler le territoire russe. La décision américaine donnait le change à l’implication des troupes de la Corée du Nord dans le conflit du côté russe. Le professeur des universités Iulian Chifu, président du Centre pour la prévention des conflits, explique les tenants et les aboutissants de ce changement de paradigme américain. Ecoutons-le :

    « Cette permission ne va pas changer le sort de la guerre, ce n’est pas l’arme nucléaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Mais cela constitue une action de rétorsion face à l’engagement de la Corée du Nord du côté de la Russie et devant les attaques russes contre le système énergétique ukrainien. Il fallait réagir face à ces deux éléments. Et l’Occident, les Etats-Unis en premier lieu, ont levé cette interdiction qui était censé protéger initialement le sol russe des frappes ukrainiennes avec des missiles occidentaux. Cela s’applique aussi aux missiles Storm Shadow et Scalp, ainsi qu’aux missiles françaises et britanniques qui comprennent des composantes américaines ».  

     

    La réponse du Kremlin

    La réponse du Kremlin ne s’est pas fait attendre. En effet, en rétorsion, Vladimir Poutine a rapidement signé le décret qui modifie la doctrine nucléaire de la Russie, allégeant les conditions censées mener à une riposte nucléaire de la Russie.

    Sur le terrain, Moscou poursuit son offensive dans la région de Koursk, où l’armée ukrainienne avait engrangé des points cette année, et gagne des points-clés au long du front. Mais la Russie a-t-elle encore les moyens de ses ambitions ?  A nouveau, Iulian Chifu :

    « Nous sommes face à une guerre longue. La Russie n’a pas réduit ses objectifs. Elle tente de mettre l’Ukraine à genoux, de mettre un gouvernement de marionnettes à Kiev, de priver l’Ukraine de son accès à la mer et d’atteindre la frontière avec l’OTAN. D’un autre côté, d’un point de vue financier, il est évident que le prix de cette guerre est énorme et que Vladimir Poutine joue avec l’avenir de la Russie. L’on voit la banque centrale de la Russie relever son taux directeur de 19 à 21%, ce qui est sans précédent les 20 dernières années. L’on voit la Russie faire face avec peine à la hausse de l’inflation et aux difficultés en termes de production, ce qui a aussi des conséquences sur le front. Depuis le début de l’année, la Russie a perdu l’équivalent de 5 divisions en termes de matériel mais aussi d’hommes. Et tout cela pour occuper l’équivalent de 40 km carrés ».   

     

    La Russie a approuvé un nouveau montant record pour ses dépenses militaires

    La guerre d’usure qui s’est installée ne manque pas d’épuiser les deux parties en conflit. Dans son budget 2025, la Russie a approuvé un montant record pour ses dépenses militaires, représentant un tiers des dépenses fédérales. De l’autre côté, les Etats-Unis ont décidé de fournir à Kiev une aide militaire de 700 millions de dollars. Serait-il suffisant pour faire barrage aux ambitions russe ? Le professeur des universités et analyste Dan Dungaciu s’exprime à ce sujet :

    « Mon sentiment c’est que l’aide américaine vise surtout à raffermir les capacités de défense de l’Ukraine et sa position à la table de négociations. Cette aide ne permettra pas de préparer une éventuelle contre-offensive ukrainienne censée libérer le pays, une mission qui semble de plus en plus inatteignable. Il s’agit donc en ce moment de soutenir l’Ukraine pour accroitre ses marges de manœuvre à la table de négociations à l’approche de l’hiver, un hiver qui pourrait s’avérer le plus terrible que la population ukrainienne ait connu depuis le début du conflit. »  

    Une population de guerre lasse, affirme Dan Dungaciu. Car, en effet, si l’année dernière, seuls 33% étaient prêts à négocier avec la Russie, le camp des partisans ukrainiens pour la paix monte aujourd’hui à 52% de la population ukrainienne, qui semble avoir perdu l’espoir d’une issue favorable dans ce conflit.  (Trad. Ionut Jugureanu)

  • La médecine de demain a de beaux jours devant elle en Roumanie

    La médecine de demain a de beaux jours devant elle en Roumanie

    Avoir des données médicales précises, fiables et mises à jour

     

    La pandémie de COVID-19 nous a montré combien le fait de disposer de données médicales précises, fiables et actualisées s’avère indispensable pour pouvoir aborder et résoudre efficacement des crises qui relèvent de la santé publique. Aussi, l’accélération de la digitalisation du domaine a été l’un des effets bénéfiques de la crise. Et c’est ainsi que l’on voit apparaître l’Espace européen des données de santé au printemps 2024, un outil qui permettra à l’UE de tirer pleinement parti du potentiel offert par l’échange, l’utilisation et la réutilisation sûrs et sécurisés des données de santé, au bénéfice des patients, des chercheurs, des innovateurs et des régulateurs.

     

    Cristina Berteanu, docteur en sciences médicales, précise à ce sujet :

    « Il y a en ce domaine un changement de paradigme. En effet, c’est bien le patient qui dispose des droits de propriété sur ses données, qui peut rentrer en contact avec d’autres patients, mais aussi avec des médecins basés dans n’importe quel Etat membre de l’UE. Ensuite, l’accès assuré aux chercheurs et aux régulateurs à ces données est strictement réglementé. L’apparition de ce nouvel outil facilitera les découvertes de nouvelles molécules, l’établissement des politiques publiques mieux fondées, accélérera la mise en place des politiques de prévention et l’accès à des thérapies personnalisées et permettra à l’UE de tirer pleinement parti du potentiel offert par l’échange, l’utilisation et la réutilisation sûrs et sécurisés des données de santé, au bénéfice des patients, des chercheurs, des innovateurs et des régulateurs. L’Espace européen des données de santé devrait devenir opérationnel dès 2025. Mais cela présuppose un effort conséquent en matière de digitalisation des données médicales dans tous les Etats membres. Et la Roumanie ne devrait pas être à la traîne. En effet, 207 hôpitaux roumains bénéficient des fonds européens via le plan national de relance et de résilience ».

     

    Echanges sécurisés des données

     

    En effet, l’Espace européen des données de santé permettra l’accès et l’échange sécurisés à ces données de la part des patients, mais également des professionnels, ce qui devrait améliorer les capacités de diagnostic et les traitements, mais également l’établissement des politiques publiques, et la diminution des coûts. l’Espace européen des données de santé devrait en outre faciliter l’accès des patients à des services médicaux de qualité, accroitre l’efficacité de ces derniers, soutenir la recherche et l’innovation. L’utilisation à bon escient de Big Data et de l’intelligence artificielle feront partie des outils auxquels la médecine pourra faire dorénavant appel. Le premier hôpital intelligent, un projet pilote censé tester le système et faciliter l’entrée du système de santé roumain dans l’ère digitale, verra le jour à Târgu Mureș, au centre du pays.

     

    Cristina Berteanu nous explique le concept de cet hôpital intelligent:

    « La digitalisation du dossier médical du patient, l’utilisation de la télémédecine, de la sécurité cybernétique, de la robotique en chirurgie, l’emploi de la réalité virtuelle dans la formation des professionnels, le développement des algorithmes de l’intelligence artificielle à usage médical, tout cela aura des effets concrets en matière de prévention, pour affiner les stratégies mises en place en la matière, la précision et la rapidité des résultats obtenus ».

     

    La médecine roumaine fait d’ores et déjà appel à l’intelligence artificielle en radiologie et en radiothérapie, mais aussi dans la collecte des données médicales. Et les nouvelles technologies sont déjà employées dans le diagnostic précoce de certaines maladies, dans l’établissement des thérapies personnalisées, dans le diagnostic histo-moléculaire des tumeurs notamment cancéreuses, précise encore le médecin Cristina Berteanu. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Une élection qui ne laisse personne indifférent

    Une élection qui ne laisse personne indifférent

    Le résultat des élections américaines et l’influence qu’exerce ces dernières sur les affaires du monde ne laisse personne indifférent. Le retour en fanfare de Donald Trump à la Maison Blanche après une course qui semblait extrêmement serrée attise les espoirs des uns, les angoisses des autres. Parmi les lignes directrices de sa politique, depuis son focus sur l’économie et jusqu’à ses positions qui font débat concernant l’immigration, les relations extérieures, la guerre en Ukraine ou le changement climatique, toutes sont censées susciter le remue-ménage au sein des chancelleries du monde entier. Ştefan Ciochinaru, professeur des universités et spécialiste en relations internationales le confirme. Ecoutons-le :

    « L’élection de Donald Trump a représenté une excellente nouvelle pour Budapest mais aussi pour Moscou. Une bien moins bonne nouvelle pour Pékin, pour Bruxelles, pour Londres en revanche. Le lendemain des élections américaines, les Britanniques se sont réunis pour envisager leur éventuelle réintégration de l’UE. Quoi qu’il en soit, pendant les six premiers mois de son mandat, Trump va achever de constituer son équipe et va tenter de résoudre un certain nombre de points de son programme qu’il s’est engagé de solutionner au plus vite. Il s’agit tout d’abord de l’immigration illégale, fut-ce au prix de déportations en masse. Plus de 11 millions de gens seraient concernés par cette mesure annoncée pendant sa campagne. Il s’est aussi engagé de relancer l’économie américaine, en faisant baisser les impôts et en subventionnant la réindustrialisation des Etats-Unis, en encourageant le rapatriement de ses industries, qui seront exemptes de diverses taxes. Mais cela ne manquera pas d’attiser la guerre économique. »   

    Aussi, il est prévu à ce que les taxes d’importation pour les produits made in UE grimpent de 10 à 20%, alors que les importations originaires de Chine pourraient se voir taxées jusqu’à 60%. Ștefan Ciochinaru :

    « Sans peur de mots, cela ne tardera pas de déclencher une guerre économique. Pour ma part, je suis persuadé que Donald Trump tiendra parole. Certes, cette politique va créer du travail aux Etats-Unis, l’économie américaine se retrouvera boostée. D’ailleurs, les marchés financiers ont accueilli avec joie son élection. Mais cela créera des conflits sociaux. Le système médical se retrouvera à court de financement. Un système qui est d’ores et déjà plutôt injuste et déséquilibré. Le système de l’éducation nationale sera fragilisé, tout comme le système social. »    

    Climato-sceptique de longue date, Donald Trump avait retiré les Etats-Unis des Accords de Paris lors de son mandat précédent, et les écologistes du monde entier se montrent inquiets quant à la possibilité de reproduire le geste, après que Joe Biden avait fait réintégrer Washington au sein des Accords de Paris. Les actions des producteurs d’énergie éolienne ont d’ailleurs brusquement chuté après l’annonce des résultats aux présidentielles américaines. Mais là où Donald Trump est le plus attendu c’est au sujet des conflits qui partagent le monde : la guerre en Ukraine et la guerre du Proche Orient. Ștefan Ciochinaru :

    « Il est à prévoir une négociation avec Moscou et Kiev lors de laquelle Donald Trump tentera d’imposer la paix par une sorte d’ultimatum politique et stratégique adressé aux belligérants. Trump est un homme d’affaires, un mec qui aime et qui sait négocier et marchander. Mais jusqu’où pourrait-il aller ? Les analystes font état de différents scénarios. Je ne leur donnerai cependant pas une grande importance. Sa marge de manœuvre est malgré tout limitée et son enthousiasme proverbial risque de se voir confronter à la dure réalité du terrain. Affaire à suivre donc. »  

    Au Proche Orient, le leader israélien Benjamin Netanyahu n’a pas caché sa joie lors de l’annonce de la réélection de Donald Trump à la Maison Blanche. Ștefan Ciochinaru :

    « C’est un ami de Trump. L’Iran se retrouve en mauvaise posture et les Accords d’Abraham risquent de se voir mis à mal. La position de l’Arabie Saoudite se voit renforcer. Il est possible à ce que l’on voit l’année prochaine se conclure un accord avec Israël, que l’on assiste à l’apparition d’une sorte de marché commun au Proche Orient. Mais, je le répète, tout cela sera fait en isolant l’Iran et en neutralisant le Hamas, les Houthis et le Hezbollah, ces proxys de l’Iran. »

    Pour ce qui est de la politique à venir des Etats-Unis à l’égard du flanc Est de l’OTAN, qui constitue d’ailleurs l’avant-poste du monde libre, elle sera décidée au Congrès, à la Maison Blanche mais surtout au Pentagone. Car c’est bien le Pentagone qui réfléchit aux différentes stratégies à développer et aux différents cas de figure. Cependant, il est à parier que Donald Trump maintiendra sa position qui veut que les Etats-Unis allouent trop d’argent à l’Ukraine et que ses alliés européens font toujours trop peu pour assurer leur défense.  (Trad. Ionut Jugureanu)

  • La position de la Roumanie au sein du marché européen de l’énergie

    La position de la Roumanie au sein du marché européen de l’énergie

    L’UE a réussi à réduire se émissions de gaz à effet de serre

     

    Alors que le PIB de l’UE a augmenté de 68% ces 35 dernières années, ses émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 37% pendant la même période, signe irréfutable, selon Bruxelles, du découplage réalisé entre pollution et croissance économique. Cette tendance lourde est confirmée en 2023, lorsque les émissions de gaz à effet de serre ont diminué de 8,3% par rapport à l’année précédente, une baisse jamais atteinte depuis 2020, lorsque les effets de la pandémie du Covid-19 ont déterminé une réduction de 9,8% des émissions de gaz à effet de serre. Ces résultats encourageants montrent que l’UE, qui s’était engagé de diminuer de 55% ses émissions de gaz à effet de serre avant 2030 et qui est responsable à l’heure qu’il est de seulement 6% des rejets globaux de ce type de gaz, demeure toujours à la pointe de la transition verte.

     

    Par ailleurs, les données récentes font état d’une hausse conséquente de la production et de l’utilisation de l’énergie verte dans le mix énergétique global, l’Agence internationale de l’énergie évaluant à 560 gigawatts l’énergie renouvelable produite l’année dernière. Pourtant, la hausse des capacités de production d’énergie verte a toujours du mal à suivre la hausse de la demande globale en énergie, relève la même agence. Qui plus est, les incertitudes géopolitiques de ces dernières semaines ont participé à la volatilité des prix, l’Europe montrant encore une certaine vulnérabilité en termes d’approvisionnement. C’est dans ce contexte que la position privilégiée de la Roumanie, qui commence à exploiter intensivement ses gisements de gaz présents dans la mer Noire et qui développe son réseau d’énergie éolienne, peut projeter le pays à devenir un hub énergétique régional. En effet, riche de sa production de 2,3 milliards de mètres cubes de gaz au 2e trimestre de cette année, la Roumanie devient, devant les Pays-Bas, le principal producteur européen de gaz de l’Union.

     

     

    George-Sergiu Niculescu, le président de l’Autorité nationale de réglementation de l’Energie, affirme :

    « Ces résultats ne sauraient pas être là sans les investissements soutenus consentis par les producteurs de gaz, car les gisements accessibles se font rares, et il faut investir davantage pour maintenir ou augmenter l’extraction de gaz. Aussi, Romgaz, compagnie publique, n’est parvenue à maintenir, puis à augmenter ses volumes que grâce aux investissements consentis. C’est toujours grâce aux investissements, privés cette fois, qu’à partir du mois de juin 2022 le système énergétique roumain compte un milliard de mètres cubes de gaz supplémentaire, extraits du plateau continental de la mer Noire ».    

     

    Les avantages de la Roumanie

     

    Mais quels sont les avantages qu’apporte à la Roumanie cette nouvelle position de leader européen de l’énergie ?

    George-Sergiu Niculescu : « La Roumanie devient certainement un leader régional en matière de production d’énergie mais aussi, et c’est encore plus significatif, le plus important producteur européen de gaz naturel. Cela offrira à coup sûr davantage de poids à la position de la Roumanie dans les négociations européennes en matière énergétique et une meilleure protection du consommateur roumain face aux aléas du marché de l’énergie. Enfin, la position du gaz naturel dans le mix énergétique européen se verra à présent renforcée ».   

     

    La dépendance de l’UE du gaz russe a baissé

     

    Un rapport récent de la Commission européenne fait état d’une baisse conséquente de la dépendance de l’UE du gaz russe, qui passe de 45% en 2021 à seulement 15% en 2023. Aussi, les importations européennes de gaz russe passent-elles de 155 milliards de mètres cubes à seulement 12 milliards, cela en l’espace de moins de 3 ans. Et cette tendance ne fait que s’accélérer.

     

    George-Sergiu Niculescu :

    « Nous avons tous pu constater combien dommageable a été la dépendance de l’économie européenne au gaz russe. Il nous appartient de tirer les leçons de l’histoire récente. Quoi qu’il en soit, la Roumanie a la chance de devenir indépendante de toute importation de gaz naturel. Et je suis certain qu’à partir de 2027 nous pourrons encore bénéficier du gaz extrait du gisement Neptune Deep présent en mer Noire ».    

     

    Le président de l’Autorité nationale de réglementation de l’Energie  ajoute que les capacités d’exportation énergétiques de la Roumanie atteignent 3.300 MW, alors que ses capacités d’importation s’élèvent à près de 2.900 MW.  (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Un nouveau pas vers l’intégration européenne de la République de Moldova

    Un nouveau pas vers l’intégration européenne de la République de Moldova

    Elections présidentielles en Moldavie : un premier tour très tendu

     

    Le 20 octobre passé les Moldaves se sont prononcés par référendum en faveur d’une modification de la constitution moldave, permettant à la petite république roumanophone, située entre la Roumanie et l’Ukraine, l’adhésion à terme de leur pays à l’UE, et envoyant du coup, le même jour, en finale de l’élection présidentielle la candidate pro-occidentale Maia Sandu face au candidat pro-russe, le socialiste Alexandr Stoianoglo. Un second tour qui a été finalement gagné haut la main par la première, avec plus de 55% des voix exprimées.

     

    Sandu accuse Stoianolgo

     

    Lors du seul débat électoral télévisé qui a précédé la finale de l’élection présidentielle du 3 novembre, Maia Sandu n’a pas hésité à accuser son adversaire d’être l’homme de Moscou et le cheval de Troie du Kremlin. Stoianoglo, ancien procureur général demis de ses fonctions en 2021 par Maia Sandu pour suspicions de corruption, a par ailleurs été chargé par la présidente en exercice de n’avoir pas envoyé devant la justice les grands noms de la corruption moldave: Igor Dodon, Viaceslav Platon et Ilan Şor. Mais Maia Sandu reprocha aussi à son opposant  sa position ambiguë à l’égard de l’adhésion de son pays à l’UE, position traduite par le refus d’Alexandr Stoianoglo d’exprimer son vote au référendum, alors qu’il avait malgré tout soutenu le parcours européen de son pays lors de sa campagne électorale. En effet, Stoianoglo entend consolider les relations de la république de Moldova avec l’UE tout en maintenant de bonnes relations avec la Russie et la Chine qu’il appelle « des partenaires de développement de la république de Moldova, tout comme l’UE ».

     

    Chisinau dénonce l’immixtion russe dans la campagne électorale

     

    Tout au long de la campagne, Chişinău a dénoncé l’immixtion des services russes dans le processus électoral, des allégations vivement démenties par Moscou. Maia Sandu fit même état, à l’issu du premier tour de l’élection présidentielle, de détenir de s« preuves irréfutables » que des groupes de nature criminelle, soutenus par « des forces hostiles à l’intérêt national », ont tenté de corrompre 300.000 voix, soit 20% de l’électorat moldave. Quoi qu’il en soit, à l’issue de ce premier tour de scrutin, Sandu obtient près de 43% des voix exprimées, alors qu’Alexandr Stoianoglo n’en obtient que 26%.

     

    Un référendum qui passe de justesse

     

    Quant aux résultats enregistrés lors du référendum, plus de 750.000 votes se sont exprimés en faveur de la modification constitutionnelle permettant à la République de Moldova de rejoindre l’UE, soit une avance de seulement 12.000 votes du camp pro-européen, obtenue grâce notamment au vote de la diaspora moldave. Même scénario lors du second tour de l’élection présidentielle, qui a vu Alexandr Stoianoglo s’imposer dans les préférences des Moldaves résidant au pays, alors que la présidente en exercice Maia Sandu a pu faire finalement incliner la balance en sa faveur grâce au vote de la diaspora, où son nom fut plébiscité par 83% des 328.855 votes exprimés à l’étranger. Avec une présence aux urnes qui s’est élevée à 54,31%, près de 1.700.000 Moldaves ont choisi de prendre part à l’issue de cette lutte électorale dont la mise en catimini était le rattachement à terme de leur pays à l’UE ou le maintien du statu quo actuel, favorable à Moscou. Maia Sandu, première personnalité politique qui ait pu emporter deux élections présidentielles successives déroulées au suffrage universel, entre ainsi par la grande porte dans l’histoire de la jeune république.

     

    Les enjeux de ces élections

     

    Quant à l’importance de cette issue électorale, l’analyste politique et militaire Radu Tudor explique :

    « La république de Moldova compte malheureusement sur son sol, dans la région de Transnistrie, des troupes russes d’occupation. Cette région se trouve depuis 34 ou 35 ans sous le contrôle de Moscou. N’oublions pas qu’en 1992, 300 Moldaves roumanophones ont été tués par ces troupes simplement parce qu’ils revendiquaient le droit d’utiliser leur langue natale, la langue roumaine, dans les écoles que fréquentaient leurs enfants. Or cette menace russe, on la ressent davantage encore depuis le début de la guerre en Ukraine. Mais cette menace peut être contournée avec le courage, avec la détermination d’une Maia Sandu et avec le soutien occidental. Car c’est bien la liberté de cette nation moldave qui est la véritable mise. La Roumanie a tout intérêt à ce qu’elle compte autour de ses frontières des Etats stables, pacifiques et démocratiques. Une présence militaire menaçante qui se trouve aux portes de la Roumanie et de l’OTAN est à éviter à tout prix ».  

     

    Aussi, il va de l’intérêt de la Roumanie d’épauler son voisin, la république de Moldova, pour qu’elle poursuive dans sa voie démocratique et européenne, car ce n’est qu’ainsi que nous pourrions tenir à distance ce facteur de déstabilisation que constitue la Russie d’aujourd’hui, conclut Radu Tudor.

    (Trad. Ionut Jugureanu)