Category: L’avenir commence maintenant

  • L’OTAN : 75 ans d’existence et de nouveaux défis

    L’OTAN : 75 ans d’existence et de nouveaux défis

    L’OTAN doit s’avérer prête à répondre aux menaces hybrides

    A l’heure de l’anniversaire de ses 75 ans d’existence l’OTAN se trouve face à de nouveaux défis : guerre en Ukraine, conflit au Moyen-Orient, mais aussi résurgence du terrorisme. L’Alliance doit s’avérer par ailleurs prête à répondre aux menaces hybrides, qu’il s’agisse des cyberattaques, des campagnes de désinformation ou encore des campagnes censées déstabiliser l’un ou l’autre des Etats membres. Les menaces hybrides, qui combinent des éléments militaires, politiques, économiques et informationnels, constituent un défi actuel des plus inquiétants. Sur la chaîne Euronews, le journaliste Cătălin Lența précise qu’il faudrait se rappeler dans le contexte l’objectif premier de la constitution de cette alliance, qui a été celui de rechercher une réponse adéquate, au besoin militaire, aux menaces extérieures. « Et puis l’on se souvient qu’après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis étaient déjà moins amicaux envers l’URSS. Et cette alliance était censée contrer d’éventuelles actions militaires agressives menées par l’Union Soviétique en Europe. Où en sommes-nous aujourd’hui ? L’on peut dire que l’on se retrouve à la case départ, soit tenter de contrer l’agression russe en Europe. Et nous assistons à cette agression depuis 2014, lorsque la Russie a annexé illégalement la Crimée. Et puis rebelote en février 2022, lorsque la Russie envahit l’Ukraine et occupe un sixième du territoire ukrainien. Nous voyons quotidiennement l’agressivité russe à travers les déclarations extrêmement belliqueuses et vindicatives de la Russie à l’égard de la Pologne, des États baltes, de la Roumanie et de la Bulgarie. Moins de la Hongrie, qui entretient encore de bonnes relations avec Moscou », souligne Cătălin Lența. Pourtant, l’Alliance de l’Atlantique Nord a résisté sans faiblir face aux forces du Pacte de Varsovie et s’est constamment adaptée aux défis de sécurité qui n’ont cessé de surgir, a pour sa part déclaré le général Adrian Duţă, vice-président du Centre euro-atlantique pour la résilience. Adrian Duta :

    « L’OTAN s’est non seulement adaptée aux menaces imposées par l’Union soviétique, mais elle s’est développée et s’est élargie grâce au partage des mêmes valeurs et des mêmes intérêts. Comme vous le savez, l’OTAN est passée d’une alliance entre 12 États au départ à 32 aujourd’hui. Mais l’environnement de sécurité particulièrement complexe et les défis auxquels nous devons faire face actuellement sont aussi bien plus nombreux. C’est pourquoi des pays comme la Suède et la Finlande, après de nombreuses années de neutralité, ont pris le virage et ont formulé leur demande d’adhésion à l’OTAN. »

     

    Pour l’OTAN, la meilleure défense est la dissuasion

    Comme on pouvait s’y attendre, l’Ukraine et son soutien face à l’agression russe ont dominé la célébration des 75 ans d’existence de l’Alliance de l’Atlantique Nord, en particulier dans le contexte de l’accroissement de la pression militaire russe et du ralentissement du soutien militaire occidental. Actuellement, les alliés analysent un cadre financier de 100 milliards de dollars qui permettrait à l’OTAN de maintenir la défense de l’Ukraine même dans la perspective de la victoire de Donald Trump aux élections américaines. Certains alliés ont également annoncé leur soutien à l’initiative tchèque visant à acheter des armes et des munitions à des pays tiers afin d’augmenter le volume des livraisons à Kiev. Si l’on dit que la meilleure défense est l’attaque, pour l’OTAN la meilleure défense est la dissuasion et c’est au sommet de Vilnius, d’il y a presque un an, que l’OTAN a élaboré ses nouveaux plans de défense et de dissuasion, des plans qui concernent également notre pays, a déclaré le secrétaire général adjoint de l’OTAN, Mircea Geoană, invité sur les ondes de Radio Roumanie le 2 avril dernier, le jour même la Roumanie célébrait son adhésion à l’Alliance :

    « L’on parle certes d’un renforcement de la défense, de la présence militaire, des technologies militaires utilisées, et tout cela a un effet dissuasif, car la Russie est au courant de toutes ces avancées. Au besoin, nous activerons l’article 5 du Pacte, mais nous espérons toujours que cela ne soit jamais nécessaire. Il n’a été activé qu’une seule fois lors de l’attaque des Etats-Unis le 11 septembre 2001. Il n’y a jamais eu de guerre sur le territoire de l’OTAN. Il n’y a jamais eu de guerre sur le territoire de l’OTAN depuis 75 ans. Et je crois que cette belle histoire de l’OTAN se poursuivra encore pendant de nombreuses décennies. »

     

    Près de 50.000 soldats roumains ont été engagés sur les théâtres d’opérations de l’OTAN

    Pour l’armée roumaine, la période comprise entre la sortie du totalitarisme et le sommet de l’OTAN à Prague en 2002 a été marquée par un vaste processus de réformes et de modernisation qui lui a permis de s’aligner aux normes de l’Alliance. Une fois devenue membre à part entière, les soldats roumains ont testé leurs capacités sur divers théâtres d’opérations, aux côtés des troupes d’autres Etats membres. Aussi, près de 50.000 soldats roumains ont été engagés sur les théâtres d’opérations en Afghanistan, en Irak et dans les Balkans occidentaux. Actuellement, la Roumanie comprend la base militaire de l’Alliance de Deveselu, qui accueille des capacités du bouclier antimissile stratégique, l’aéroport de Kogălniceanu (sud-est) et des centres de formation en Transylvanie (centre). Avec la guerre en Ukraine, Bucarest a acquis une importance stratégique accrue. La région de la mer Noire, longtemps ignorée en dépit des avertissements roumains, s’est avérée vitale dans le contexte actuel de la guerre en Ukraine. Par ailleurs, la Roumanie poursuit son programme d’aide à Kiev, accueille l’un des centres de formation des futurs pilotes ukrainiens sur F-16 et est devenu un acteur majeur dans le processus de déminage de la mer Noire. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Dernière ligne droite vers l’espace Schengen

    Dernière ligne droite vers l’espace Schengen

    Enfin dans Schengen, mais pas tout à fait

     

    17 ans après l’adhésion du pays à l’UE, dans les 17 aéroports internationaux et les quatre ports que compte la Roumanie, les voyageurs à destination ou en provenance des autres Etats de l’espace Schengen ne sont plus soumis au contrôle des documents de voyage. Il s’agit d’un pas important, qui comprend aussi des nombreux bénéfices économiques.

     

    En effet, « le passage à cette nouvelle étape contribue à stimuler les échanges commerciaux entre la Roumanie et les autres Etats membres et favorise l’industrie du tourisme au sein de l’Union et dans les relations avec les pays tiers », a souligné à l’occasion la patronne de la diplomatie de Bucarest, Luminita Odobescu.

     

    Des efforts considérables déposés par Bucarest

     

    Invité sur Radio Roumanie, le ministre de l’Intérieur Cătălin Predoiu détaille les efforts considérables consentis par Bucarest depuis plus d’une décennie pour y parvenir :

    « La Roumanie est en effet préparée à adhérer à l’espace Schengen depuis 2010. Depuis lors, elle avait pris des mesures pour réorganiser ses contrôles aux frontières, pour lutter contre l’immigration clandestine, pour renforcer la coopération policière internationale, pour appliquer pleinement la législation européenne, en adhérant au système d’échange d’informations Schengen, ainsi qu’au système EURODAC, destiné au contrôle du transit des migrants. Des centaines de millions d’euros ont été investis dans ces outils, dans des systèmes parfaitement exploitables et fonctionnels. En outre, huit visites d’évaluation ont été effectuées au cours de ces années pour vérifier le respect des critères Schengen et toutes ces visites ont confirmé le fait que nous remplissons les critères techniques d’adhésion. Eh bien, grâce aux efforts déployés ces dernières années par le ministère roumain de l’Intérieur pour établir une relation de confiance, non seulement avec le ministère autrichien de l’Intérieur, mais également avec les autres ministères de l’Intérieur des États membres de l’Union européenne, avec la Commission européenne, avec le commissaire européen aux Affaires intérieures, avec les autres partenaires de la Roumanie nous y sommes arrivés. (…) Sachez aussi que nous exportons déjà notre expertise en matière de lutte contre l’immigration clandestine, tout comme dans le domaine de l’adaptation de la législation en matière d’asile. »

     

    Ce n’est que le premier pas

     

    À partir de ce moment, le processus d’adhésion de la Roumanie à l’espace Schengen, en ce y compris avec ses frontières terrestres, semble irréversible, bien que la date exacte de la matérialisation de ces desiderata dépend également de facteurs qui ne relèvent pas de la seule intervention diplomatique de Bucarest, mais plutôt des conjonctures politiques extérieures, a déclaré le ministre de l’Intérieur Cătălin Predoiu.

     

    « L’adhésion de la Roumanie avec ses frontières maritimes et aériennes à l’espace Schengen ne représente que le premier pas du processus. En fonction du résultat des élections prévues en automne en Autriche, seul pays encore opposé à l’adhésion de la Roumanie avec ses frontières terrestres à l’espace Schengen, je pense que nous pourrions franchir la dernière étape d’une adhésion complète à cet espace », estime pour sa part le politologue Cristian Pârvulescu.

     

    Comment expliquer le véto de l’Autriche ?

     

    Cristian Pârvulescu : « J’ai eu l’occasion de m’entretenir avec nombre de responsables autrichiens, toutes couleurs politiques confondues. Ils se sentent gênés lorsque l’on aborde la question du véto de leur pays en la matière. La position du gouvernement autrichien représente une injustice faite tant à la Roumanie qu’à l’Autriche. Et si je comprends très bien le contexte politique interne de l’Autriche, je ne puis que constater qu’en fait ils n’ont même pas réussi à atteindre leurs objectifs, car au final, cette situation n’a fait qu’augmenter le poids électoral de l’extrême droite, du Parti de la liberté, et non du Parti populaire du chancelier Nehammer. En conséquence, il est possible que vers la fin de cette année les négociations s’accélèrent, mais cela dépendra également de la présidence hongroise et de la composition de la nouvelle Commission européenne. Il y a donc beaucoup d’impondérables qui, cependant, dans des contextes que l’on peut espérer favorables, pourraient conduire à une résolution favorable de ce problème qui traîne depuis 13 années. »

     

    10 milliards d’euros par an pour la Roumanie

     

    En termes financiers, l’adhésion de la Roumanie avec ses frontières terrestres à l’espace Schengen apportera un bénéfice de 10 milliards d’euros par an.

     

    Cristian Pârvulescu : « Évidemment, l’on nous scrute de près pour voir la manière dont nous nous débrouillons après avoir intégré l’espace Schengen avec nos frontières maritimes et aériennes. Forcément, toute erreur de gestion de ces frontières risque de se voir spéculer par les Autrichiens qui pourraient être tentés de retarder encore les choses, pour justifier leur position antérieure. Bien entendu, nous savons pertinemment que leurs arguments concernant la migration illégale ne tiennent pas debout. Les institutions de l’Union européenne, Frontex en premier lieu, ont d’ores et déjà démonté les supputations autrichiennes. A l’envers de la Roumanie, la Croatie, dont l’entrée dans l’espace Schengen a été autorisée en 2023, se trouve bien davantage exposée que la Bulgarie et la Roumanie face à la route migratoire des Balkans. »

     

    La migration asiatique ne cesse de croître en Roumanie

     

    Il n’en reste pas moins que la Roumanie doit faire de plus en plus face à l’immigration légale en provenance du continent asiatique, en augmentation exponentielle ces dernières années, estime le politologue Cristian Pârvulescu.

     

    En effet, si la Roumanie avait accueilli 100 000 travailleurs extracommunautaires dans les années 2022 et 2023, elle devrait en accueillir un quart de million cette année pour faire face à la pénurie de main d’œuvre interne.

     

    Cristian Pârvulescu : « Ces gens se trouvent légalement en Roumanie, mais l’on doit faire attention, car ils peuvent monter à tout moment dans un avion à destination d’un autre Etat membre de l’espace Schengen. S’ils échappaient aux contrôles diligentés dans les aéroports roumains, nous pourrions avoir un gros souci. Ces travailleurs asiatiques viennent en Roumanie pour trouver un meilleur travail, mais certains caressent sans doute l’espoir de pouvoir aller plus loin, vers l’Europe de l’Ouest, ce que, dans le contexte de la suppression des contrôles aux frontières aériennes, devient parfaitement réalisable. »

     

     Malgré tout, les autorités roumaines assurent que même après l’adhésion des frontières aériennes de la Roumanie à l’espace Schengen, les contrôles n’ont pas disparu du jour au lendemain. (Trad Ionut Jugureanu)

  • Les gros enjeux d’une candidature

    Les gros enjeux d’une candidature

     

    Les candidats

     

    Le Norvégien Jens Stoltenberg remettra sa démission de son fauteuil de secrétaire-général de l’OTAN au mois de septembre, fauteuil d’ores et déjà convoité par quelques grosses pointures de la politique européenne.

     

    Entré en lice, l’actuel Premier ministre néerlandais Mark Rutte a déjà obtenu le soutien de plusieurs membres importants de l’Alliance, tels les États-Unis, la Grande-Bretagne, l’Allemagne ou encore la France. Mais les jeux ne sont pas encore faits puisque le poste, qui revient de droit à un Européen, requiert l’unanimité des 32 membres de l’Otan.

     

    Aussi, le 12 mars passé, Klaus Iohannis, qui achève son dernier mandat à la tête de la Roumanie cet automne, a annoncé sa candidature, fort du soutien de certains États d’Europe de l’Est, décidés de ne plus botter en touche lorsqu’il s’agit d’entrer dans la course aux meilleures positions de l’Alliance de l’Atlantique Nord ou de l’Union européenne. Parmi les arguments que le président roumain avait invoqué en sa faveur, il a parlé de « la profonde compréhension des défis auxquels est confrontée l’Alliance et de la performance de la Roumanie au sein de l’OTAN ».

     

    Mais un troisième nom circule déjà, celui de la Première ministre estonienne, Kaja Kallas.

     

    Le consultant politique Radu Magdin, expert en relations internationales, explique :

    « Le soutien des États-Unis pèse certes très lourd, au-delà de tout processus officiel. Selon moi, les États-Unis sont déjà dans le bateau de Mark Rutte, et ce grâce à leur relation bilatérale historique avec les Pays-Bas. La candidature de Mark Rutte bénéficie en effet d’excellents liens historiques noués par les Pays-Bas avec au moins trois poids-lourd de l’Alliance, à savoir avec les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et l’Allemagne. La Roumanie jouit certes du respect de ces Etats, mais à mon sens, elle ne fait pas le poids. En revanche, Mark Rutte se heurte à l’hostilité bien connue du hongrois Victor Orban, dont le pays joue souvent au véto, qu’il s’agisse de l’Union européenne ou de l’OTAN. La position hongroise pourrait donc servir la candidature du président roumain, faisant barrage pour un certain temps à la marche triomphale du favori hollandais. N’oublions tout de même pas qu’il est fort improbable à ce que la candidature appuyée par les Américains et les autres grands Etats européens soient mise en échec pour autant que les premiers l’appuient de tout leur poids. Par ailleurs, jusqu’à récemment la potentielle candidature au fauteuil de secrétaire général de l’OTAN de la première ministre estonienne, Mme Kaja Kallas, semblait avoir toutes ses chances. Elle avait mené une campagne impeccable en termes d’image publique dans les médias, à travers des éditoriaux et des interviews, se positionnant comme une voix forte et audible de l’Europe centrale et de l’Est. Malheureusement pour elle, elle a été prise dans la tourmente d’un scandale national qui risque de la saboter et de diminuer les chances de sa candidature. A voir encore s’il n’y aura pas un candidat de la dernière heure qui prenne de court tout le monde. Mais à mon sens, l’OTAN n’autorisera pas la tenue d’une compétition longue et tenace, car il importe à l’organisation de montrer que ses membres savent se serrer les coudes et arriver rapidement à un compromis endossé par tous dans le contexte sécuritaire volatil actuel. Je crois donc que, dans l’immédiat, à Bruxelles, les Américains et d’autres alliés tenteront de mettre un terme à cette compétition le plus rapidement possible, justement pour montrer leur détermination et leur capacité à parvenir à un consensus rapide. »

     

    Les atouts de Klaus Iohannis

     

    En annonçant sa candidature, le président Klaus Iohannis a également énuméré les atouts de son pays dans cette compétition, notamment le fait que la Roumanie est devenue un pilier de stabilité et de sécurité dans la région. Il a souligné l’allocation de 2,5% du PIB à la défense, la contribution aux missions et opérations de l’OTAN et à la présence militaire dans les Balkans occidentaux, ainsi que la contribution roumaine à la sécurité de la région de la mer Noire.

     

    L’Europe de l’Est apporte en outre une contribution précieuse aux décisions adoptées au sein de l’OTAN, avait encore affirmé le chef de l’Etat, soulignant que son élection à la tête de l’Alliance constituera le symbole d’une représentation équilibrée, forte et influente de cette région.

     

    Quelles chances pour Klaus Iohannis ?

     

    « Il lui sera difficile d’engranger des points à la table des négociations », estime cependant l’analyste politique Radu Magdin, qui estime que la candidature roumaine souffre de l’absence d’image de marque et du peu d’influence dont joui la Roumanie, et considérant que l’échec d’une candidature aussi avancée que celle du Néerlandais Mark Rutte est improbable.

     

    Le politologue Cristian Pîrvulescu estime cependant que les chances du chef de l’Etat roumain sont « très bonnes ». « Le président Iohannis est un homme politique calculateur, qui ne s’expose pas inutilement, qui réfléchit avant d’avancer ses pions. Un joueur d’échecs, et un excellent joueur. Et cette décision qu’il prend, immédiatement après la rencontre qu’il a eue avec le président du Monténégro, semble indiquer qu’il existe déjà une coalition suffisamment forte pour soutenir sa candidature, une coalition formée par les États d’Europe centrale et orientale », ajoute Cristian Pîrvulescu. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • L’intelligence artificielle : alliée ou menace ?

    L’intelligence artificielle : alliée ou menace ?

     

    L’IA, avec nous depuis 1956

     

    Définie comme un ensemble des théories et des techniques développant des programmes informatiques complexes capables de simuler certains traits de l’intelligence humaine pour assumer certaines charges concrètes et flexibles, l’IA emploie des algorithmes qui utilisent de grands volumes de données et des techniques de pointe qui font appel à l’apprentissage automatique, à l’analyse de langage, à des techniques informatiques.

     

    Des bénéfices multiples 

     

    Devenue discipline académique dès 1956, l’IA est récemment présente de plus en plus dans notre vie quotidienne, et ses bénéfices ne se laissent pas attendre.

     

    Qu’il s’agisse de son utilisation pour améliorer les process d’usinage, pour augmenter la qualité de l’assistance médicale, pour améliorer la sécurité et l’économie en matière des transports, l’IA peut aussi faciliter l’apparition de nouveaux produits ou encore augmenter la sécurité au travail, lorsque les robots reprennent la réalisation des taches pénibles et dangereuses. Mais l’utilisation à grande échelle de l’IA n’est pas exempte de risques pour la sécurité des hommes et des entreprises, pour la démocratie, tout comme pour la sécurité des emplois. Les technologies de contrefaçons profondes risquent de fausser par exemple les processus électoraux et démocratique.

     

    Comment les programmes de contrefaçon profondes peuvent nuire à la démocratie

     

    Flavia Durach, universitaire spécialisée dans l’étude des techniques de désinformation, explique la manière dont ces programmes de contrefaçons profondes peuvent nuire à la démocratie :

    « Ils vont tout d’abord exacerber la composante émotionnelle au sein de l’électorat, ce qui risquent de faire pencher la balance au profit d’un certain candidat ou formation politique. La manipulation émotionnelle détient un rôle essentiel au sein du mécanisme de désinformation, pouvant mener à des décisions irrationnelles, qui font fi de la pensée critique, induire des sentiments forts, telle la peur ou la révolte, qui prennent le dessus sur le rationnel. Prenez l’utilisation des technologies de contrefaçons profondes lors des élections, dans la tentative de compromettre un certain candidat par exemple.  Ce genre de situation instille le doute dans le chef de l’électorat, surtout au sein de l’électorat indécis, d’autant que les produits issus de contrefaçons profondes sont distribués à grande échelle, touchant le public large. »  

     

    Un accord pour lutter contre les tentatives de désinformation en cette année électorale

     

    Pour tenter d’enrayer ce genre de pratiques, un consortium de 20 sociétés du secteur des nouvelles technologies, dont de grands noms de l’IA, telles OpenIA, Microsoft et Meta, ont récemment signé un accord qui les engage à combattre les tentatives de désinformation qui pourront survenir en cette année électorale. Conclu à l’issue de la conférence sur la sécurité de Munich, l’accord a été également signé parles détenteurs des plus importants réseaux sociaux, dont Meta, TikTok et X (ex Twitter), qui se sont à leur tour engagés d’éliminer les contenus toxiques et les infox de leurs plateformes. Et c’est toujours grâce à l’IA que seront identifiés pour être ensuite éliminés les vidéos, les images, les contenus suspects. Par ailleurs, la grande majorité des créateurs de contenu réalisé grâce à l’IA ont agréé d’utiliser le filigrane comme moyen censé faire la distinction entre le contenu réalisé grâce à l’IA et le contenu réel.

     

    C’est un bon début, selon Flavia Durach :

    « Il faut néanmoins prendre en considération l’expérience antérieure, notamment ce qui s’est passé lors de la pandémie du Covid-19, lorsqu’avaient émergé de telles promesses d’étiqueter les contenus réalisés au moyen de l’IA, ce qui n’a pas empêché à ce que des études et des chercheurs indépendants retrouvent un grand nombre d’enfreintes à la règle. Ce qui signifie qu’une bonne partie des infox, de ce contenu toxique passe à travers les mailles du filet. Je demeure donc plutôt sceptique quant à l’efficacité de ces chiens de garde à la lumière des expériences antérieures ».

     

    « En l’absence des mesures législatives, des règlementations établies aux niveaux national et international qui fassent développer l’IA sur des bases éthiques, et en minimisant les risques associés, rien de bon ne sortira de cette affaire », avait conclu Flavia Durach, universitaire spécialisée dans l’étude des techniques de désinformation.

     

    UE : une loi sur l’IA

     

    Des pas importants ont été réalisés en ce sens au niveau de l’UE, dont la nouvelle loi sur l’IA récemment adoptée par le Parlement européen, et qui oblige les producteurs de contenu de clairement marquer les productions réalisées par l’IA. La loi ne deviendra d’application que de manière progressive, dans les deux années qui suivent son entrée en vigueur.  (Trad Ionut Jugureanu)

  • L’Ukraine est entrée dans sa troisième année de guerre

    L’Ukraine est entrée dans sa troisième année de guerre

    Un contexte difficile

     

    L’Ukraine, que la Russie estimait pouvoir mettre à genoux en 30 jours, est entrée le 24 février dernier dans sa 3e année de guerre. Une guerre dont le bilan compte déjà des pertes humaines et matérielles terribles, et qui a mis à rude épreuve les équilibres géostratégiques anciens. Une guerre qui perdure et qui met la pression sur les capacités de résilience des forces ukrainiennes, qui ne cessent d’engranger des pertes de plus en plus considérables à cause du déficit en matière de munition, hommes sous le drapeau et armes disponibles.

     

    L’aide américaine appuyée par le président démocrate Joe Biden est toujours bloqué par les républicains majoritaires au Congrès, tandis que l’ombre d’une possible victoire de Donald Trump à la Maison Blanche devient de plus en plus menaçante.

     

    Le point sur la situation militaire 

     

    Invité sur les ondes de Radio Roumanie, le professeur des univertsitésȘtefan Popescu, spécialiste dans les relations internationales fait le point sur la situation militaire.

    « La guerre d’Ukraine est devenue une guerre de positions, une machine infernale qui fait un nombre significatif de victimes civiles et militaires, de l’ordre de centaines de milliers, qui détruit une quantité impressionnante de matériel, soit des milliers de blindés de part et d’autre, qui consomme des millions d’obus, mais sans percée significative. Une guerre que l’Europe n’avait plus connu depuis les deux guerres mondiales.  Quant à l’Ukraine, ses troupes s’étendent sur une ligne de front de plus de mille Km, alors que la Russie occupe, avec la Crimée, près de 20% du territoire ukrainien. Or, pour faire la différence dans une telle guerre d’usure, il faut disposer des réserves en matière de troupes, de l’ordre des centaines de milliers, du matériel, de munition. Et pour l’instant, l’avantage est du côté russe, car la Russie est de 4 à 5 fois plus peuplée, et qu’elle dispose d’une industrie de guerre localisée loin de la portée des missiles ukrainiens. La Russie dispose en outre du soutien militaire d’un certain nombre de puissances étrangères, telles la Chine, l’Iran, la Corée du Nord. La guerre se trouve donc à un moment charnière, et l’Ukraine se trouve en difficulté. Les Européens, aussi disposés à épauler l’effort de guerre ukrainien qu’ils se montrent, n’arrivent pas à remplacer l’aide militaire américaine, toujours victime des luttes intestines au Congrès américain, par la majorité républicaine de la Chambre des représentants ».   

     

     

    L’Ukraine bénéficie malgré tout de l’aide de l’UE et de l’OTAN

     

    Mais l’Ukraine bénéficie malgré tout de l’aide de l’UE et de l’OTAN, et peut toujours s’appuyer sur la détermination de résistance des Ukrainiens face à l’invasion brutale de leur puissant voisin. « Nous soutenons de manière plus déterminée que jamais l’Ukraine, financièrement, économiquement, militairement, moralement, jusqu’à ce que ce pays recouvre sa liberté », avait martelé à Kiev la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, saluant à la même occasion la « résistance formidable du peuple ukrainien ».

     

    Par ailleurs, à la fin du Sommet G7 qui s’est tenu exceptionnellement à Kiev, ce jour symbolique du 24 février, les leaders des 7 pays les plus développés se sont engagés à soutenir l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire, tout en faisant payer à la Russie l’addition de son aventure militaire. Car même loin derrière le front, les Russes commencent à ressentir le fardeau des sanctions européennes, dont le 13e paquet a été adopté le 24 février dernier.

     

    Et la Russie ?

     

    Lle professeur des universités Ștefan Popescu, spécialiste en relations internationales, précise :

     

    « Les Russes font preuve de résilience. On le savait, on l’avait constaté lors de deux guerres mondiales précédentes. Ils s’accommodent pas mal, voire affectionnent et obéissent à cette figure paternelle du leader, que Vladimir Poutine incarne. Par ailleurs, les zones urbaines, les grandes agglomérations ont été encore peu touchées par les campagnes de recrutement qui ont ciblé les régions périphériques, la Russie profonde, où l’Etat s’est montré généreux envers les familles qui ont fourni des combattants. Cette politique fait que la Russie pourra mener à bien l’effort de guerre programmé pendant au moins cette année. Cela lui permettra d’attendre tranquillement l’issue des élections américaines et l’arrivée possible d’une nouvelle administration. Je crois aussi que nous, les analystes, avons sous-estimés les capacités de l’industrie de guerre russe. La Russie est parvenue à contourner les sanctions occidentales en la matière grâce à la Chine et à la Turquie et continue de produire de l’armement. La Russie a bénéficié encore de l’attitude ambiguë de beaucoup d’autres pays d’alors, tels l’Inde, les Etats du Caucase et de l’Asie centrale, de l’Inde, ce qui lui a permis de poursuivre les échanges commerciaux avec ces pays, voire avec l’Occident, via ces pays. »

     

    La défense, une urgence

     

    Si l’Europe a quelque chose à apprendre de ce conflit est qu’elle devrait investir bien davantage dans sa défense, bâtir sa propre industrie, renforcer ses capacités de production, mieux financer ses armées pour pouvoir défendre ses intérêts même en cas de défaillance de l’allié américain. Loin d’avoir dit son dernier mot, la crédibilité de l’Occident demeure étroitement liée à l’issue de la guerre en Ukraine, rappelle le professeur Ștefan Popescu.

    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Les effets du réchauffement climatique une fois dépassé le seuil de 1,5°C

    Les effets du réchauffement climatique une fois dépassé le seuil de 1,5°C

    Des visées ambitieuses côté climat

    L’Union européenne s’était engagée d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 et s’est donné un premier objectif intermédiaire pour 2030 : réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55 % par rapport aux niveaux de 1990.

     

    Pour 2040, prochaine étape de référence, la Commission européenne s’est donnée pour objectif la diminution de 90% des mêmes émissions des gaz à effet de serre par rapport à leurs niveaux de 1990.

     

    Tout cela, dans des conditions où les phénomènes extrêmes, telles les inondations, la sécheresse, les glissements de terrain ou les périodes caniculaires, ne revêtent plus le caractère d’exception d’autrefois. Nous les ressentons de plus en plus fréquemment et intensément, alors que ces phénomènes semblent s’installer sur de longues périodes. En effet, les données montrent que les neuf dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées depuis le début des relevés officiels.

     

     L’urgence climatique a été officiellement décrétée

     

    L’urgence climatique a été officiellement décrétée, elle est confirmée par les scientifiques et de plus en plus intégrée par la société dans son ensemble, confirme le professeur des universités Mircea Duţu, président de l’Université écologique de Bucarest. Avant d’ajouter : c’est bien maintenant le moment où, si nous agissions efficacement, nous serions encore en mesure de limiter les dégâts en faisant jouer notre capacité d’adaptation, mais sans entraîner des conséquences majeures pour les générations actuelles et sans nuire à l’avenir de l’humanité et au mode de vie qui existe actuellement sur notre planète.

     

    Mircea Duțu : « Récemment, sur la base des conclusions des principaux instituts météorologiques et climatiques du monde, l’Organisation météorologique mondiale a officiellement confirmé que 2023 était de loin l’année la plus chaude jamais enregistrée, avec une température moyenne mondiale dépassant de 1,45° celle de la période préindustrielle. En outre, l’année dernière peut être considérée comme un concentré des catastrophes qui nous attendent si nous n’agissons pas avec célérité, cohérence et détermination. Les records ont été battus à tous les niveaux en 2023 : la moyenne des températures a été largement supérieure à celles des années records précédentes, 2016 et 2020, qui étaient déjà de 1,29°, respectivement de 1,27° plus élevées que la moyenne des températures à l’époque préindustrielle. La température enregistrée chaque mois, entre le mois de juin et le mois de décembre, a fait exploser la barre de 1,5°, avec un record absolu, enregistré au mois de décembre de plus de 1,78° par rapport à l’ère préindustrielle. »

     

    Maintenir en-dessous de la barre de 1,5°, seuil considéré comme crucial pour éviter une catastrophe climatique

     

    Les dirigeants mondiaux s’étaient pourtant engagés en 2015, par l’Accord de Paris, de tenter de limiter la hausse des températures de sorte à la maintenir en-dessous de la barre de 1,5°, seuil considéré comme crucial pour éviter une catastrophe climatique. Malgré tout, après les températures record de 2023, l’année 2024 a débuté sur la même lancée. Jamais l’on n’a eu un mois de janvier aussi chaud et, pour la première fois, nous avons dépassé le seuil de 1,5° par rapport à l’ère préindustrielle pendant une période de 12 mois consécutifs.

     

    Plus précisément, selon les données de l’Observatoire européen Copernicus, entre février 2023 et janvier 2024, la température mondiale de l’air à la surface était de 1,52°C plus élevée que pendant la période 1850-1900. Les spécialistes, tel Richard Betts, directeur d’études sur l’impact du changement climatique au Bureau météorologique national britannique, tentent pourtant de relativiser ces chiffres. Aussi, M. Betts affirme que « cela ne veut pas dire que nous avons dépassé le seuil de 1,5°, fixé à Paris en 2015 pour tenter d’enrayer le réchauffement climatique et ses conséquences. En effet, pour que cela se produise, il faudrait à ce que cette limite soit dépassée de manière stable pendant plusieurs décennies ». Néanmoins, c’est bien d’un signal d’alarme qu’il s’agisse.

     

    Mais, au fond, que signifierait concrètement le dépassement de ce seuil de 1,5°, et quels seraient les effets attendus en ce cas ? 

     

    Le professeur Mircea Duţu explique  : « Le dépassement du seuil de 1,5° par rapport aux niveaux préindustriels pourrait déclencher l’atteinte et le franchissement de plusieurs points de bascule, c’est-à-dire des changements irréversibles dans l’équilibre du système climatique, provoquant des effets en cascade. De tels repères ont déjà été dépassés dans certaines régions du globe et se produiront au niveau planétaire si nous n’arrêtons pas la hausse des températures jusqu’aux niveaux attendus dans les évaluations du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et officiellement assumés par l’Accord de Paris. Au niveau des conséquences concrètes, l’on parle d’extinctions en chaîne en termes de biodiversité, d’épuisement des nappes phréatiques, de fonte accélérée des glaciers, de canicules insupportables, enfin la diminution des terres habitables, ces lieux où l’on peut y vivre normalement, et où l’on ne pourra plus assurer la sécurité alimentaire et où les manifestations de phénomènes météorologiques extrêmes deviendront permanentes. Aussi, selon la NASA, des régions d’Iran, d’Égypte, du Yémen ou d’Arabie Saoudite pourraient devenir inhabitables pour les êtres humains d’ici 2050. »

     

    Pour parvenir à une telle conclusion, poursuit le professeur Mircea Duţu, on a pris en compte à la fois l’indice de température de l’air et celui du thermomètre dit humide. L’humidité élevée de l’air empêche le corps humain de transpirer pour régler sa température, situation qui fait qu’à des températures qui dépassent les 35° la situation devient fatale. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Steadfast Defender 24

    Steadfast Defender 24


    Impliquant 90.000 soldats, 50 bâtiments de guerre, 80
    avions et plus de 1.100 véhicules de combatdont 133 chars, déployés dans une série d’exercices
    militaires successifs, Steadfast Defender (ou « défenseur inébranlable » en
    français) constitue le plus important exercice militaire jamais réalisé par l’Organisation
    du traité de l’Atlantique Nord depuis la fin de la guerre froide. Lancé fin
    janvier, « l’exercice montrera la capacité de l’OTAN à soutenir des
    opérations complexes durant plusieurs mois dans des conditions des plus
    diverses, depuis la Côte atlantique et jusqu’en Europe centrale et de
    l’Est », selon le communiqué de presse de l’Alliance. Prévu se dérouler
    jusqu’à la fin du mois de mai, l’exercice devrait simuler divers scénarios
    censés démontrer la capacité de l’OTAN de consolider sa zone de défense européenne.

    31 Etats membres plus la Suède

    Les manœuvres militaires impliqueront les forces des 31 Etats membres de
    l’Alliance auxquels s’ajoute la Suède, pays en cours d’adhésion, a précisé le
    général américain Christopher Cavoli, commandant suprême des forces alliés en
    Europe. « L’Alliance démontrera sa capacité à consolider son flanc
    européen en déployant des forces originaires d’Amérique du Nord, dans le cadre
    d’un scénario de conflit émergeant, simulé contre un adversaire qui se déploie
    aux frontières de l’Alliance », avait ajouté le général Cavoli. L’exercice
    sera l’occasion de mettre à l’épreuve en situation réelle le nouveau concept du
    Plan régional de défense et d’agencement des forces de l’OTAN, approuvé l’année
    dernière, selon l’analyste militaire Claudiu Degeratu: « Selon les déclarations des responsables de
    l’exercice, ce dernier va se déployer notamment sur le flanc nord de
    l’Alliance. Néanmoins, la particularité de l’approche actuelle consiste dans le
    fait qu’il faudrait en même temps assurer la défense de tout le territoire de
    l’Alliance. Et c’est bien pour cette raison que l’ensemble des Alliés
    participeront à différents degrés à cet exercice. Car le principe qui guide
    depuis deux années la stratégie otanienne prévoit que l’Alliance doit se
    montrer capable de répondre de manière adéquate à quelque défi de sécurité que
    ce soit sur l’entièreté de sa frontière, en accordant une attention
    particulière aux zones de contact et aux points sensibles eu regard les risques
    et les menaces potentiels. Il existe encore ce concept d’une défense à 360°,
    impliquant une mobilisation totale et intégrée, terrestre, maritime, navale,
    mais aussi en termes de cyberdéfense. Et il s’agira de tester grandeur nature
    la mise en œuvre de ce concept. L’OTAN développe par ailleurs non seulement le
    volet militaire disons conventionnel, mais aussi le volet de la cyberdéfense et
    de la défense spatiale. La cyberdéfense demeure certes une priorité. En sus de
    cela, le développement de la défense spatiale pourrait sans doute s’appuyer sur
    les compétences en la matière de plusieurs des Alliés, des Américains en
    premier lieu, mais aussi des Britanniques, des Français, des Italiens. »


    Un exercice qui arrive à point

    Aussi, pour ce qui est de l’opportunité de la mise en
    œuvre d’un tel exercice dans le contexte actuel, Hari Bucur Marcu, expert en
    matière de politiques de sécurité, répond sans hésiter par l’affirmative.
    « Au dernier sommet de l’OTAN, le général Cavoli a dévoilé un document de
    plusieurs milliers de pages dans lequel étaient détaillés les plans de la mise
    en œuvre dans le concret, sur le terrain, des décisions prises par l’Alliance
    lors du sommet. Cela concernait notamment l’augmentation des capacités
    militaires d’action dans le contexte d’une poursuite de l’attitude belliqueuse
    de Moscou à l’égard de l’Europe dans son ensemble. Alors, cet exercice arrive à
    point nommé, dans la continuité logique des procédures qui marquent le passage
    entre décision politique, planification, confrontation des plans aux réalités
    du terrain, afin de s’assurer que la décision politique soit suivie
    d’effet », ajoute l’expert en matière de politiques de sécurité Hari
    Marcu.

    Une stratégie otanienne qui répond aux nouveaux défis sécuritaires

    Et bien que dans la Russie n’est nullement mentionné dans les documents
    relatifs à l’exercice, personne n’est dupe alors que la nouvelle stratégie
    otanienne entend répondre aux défis sécuritaires soulevés par l’invasion russe
    de l’Ukraine. Hari Bucur Marcu : « En effet, s’agissant d’un exercice qui entend
    répondre à une menace inconnue, la Russie n’est pas nommée expressément.
    L’ennemi demeure donc anonyme, inconnu, fictif. Néanmoins, cela ne trompe
    personne, dans la mesure où deux commandements otaniens récemment créés,en 2018-2019, dans le but explicit de répondre
    justement à cette menace russe, seront impliqués dans l’exercice. Parce que
    l’OTAN n’a pas attendu le mois de février 2022, soit l’invasion russe de
    l’Ukraine, pour se rendre compte de l’attitude menaçante de la Russie. Dès le
    mandat du président Trump, les Alliés ont laissé clairement entendre qu’en
    occupant la Crimée en 2014, la Russie avait franchi une ligne rouge, et qu’il
    leur fallait réagir. L’exercice sera par ailleurs l’occasion de la mise à
    l’épreuve en situation réelle de la Deuxième flotte des États-Unis, réactivée le
    1er juillet 2018 à cause de la menace russe. Et l’exercice est censé
    tester la capacité de cette flotte de traverser l’Atlantique, d’arriver en
    Europe et, à partir de là, de se déployer là où elle sera appelée à le faire.
    L’exercice constitue une simulation à grande échelle de la réponse otanienne
    face à une situation de guerre. Des commandements se sont préparés à cette
    éventualité depuis plusieurs années déjà, et il faut tester leurs capacités en
    situation réelle, leurs capacités de commandement et leur degré
    d’interopérabilité. Car il s’agit d’un scénario qui se déroule sur des champs
    de bataille classiques, terrestre, maritime, aérien, mais aussi dans l’espace
    et dans le cyberespace.
    »


    Un exercice d’une ampleur encore inconnue par ce type
    de manouvres militaires donc, conclut Hari Bucur Marcu.





    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • L’économie sous pression : l’impact de l’inflation

    L’économie sous pression : l’impact de l’inflation


    Alors que la Roumanie se trouve depuis 2020 en procédure de déficit excessif, cette année elle devrait renverser la vapeur. Un objectif pour le moins ambitieux en année électorale, soit lannée des élections à tous les niveaux : européens, national, local, en sus des présidentielles. Lannée 2023 la Roumanie a dailleurs fait cavalier seul en matière de déficit excessif, étant le seul Etat membre de lUnion objet de la procédure, et terminant lannée à 6% de déficit, très loin de lobjectif assumé de 4,4% du PIB, et avec un taux dinflation de 6,61% selon les données récentes publiées par lInstitut national de la statistique. Per ensemble, presque tous les clignotants ont viré en 2023 au rouge sur le tableau macroéconomique du pays, alors que les décalages entre les estimations du gouvernement et les résultats obtenus nont fait que saccroitre dans tous les domaines, depuis les rentrées jusquà linflation, en passant par le déficit. « 2023 a été une année compliquée sur le plan économique. Le taux dinflation a certes baissé, à linstar des autres Etats membres de lUE, même si à un rythme moins soutenu. Mais la croissance économique sest essoufflée dans la seconde moitié de lannée, et la hausse du PIB sera probablement autour de 2%, bien en-deçà des estimations », notait lissue du mois de décembre du rapport MONITOR de la zone euro, rédigée sous la coordination scientifique de lacadémicien et économiste Daniel Dăianu. Nous avons questionné la position de la Banque nationale face à cette dérive. Son porte-parole, Dan Suciu, détaille. Ecoutons-le :


    « Ecoutez, lannée 2023 sest achevée sur une note bien moins pessimiste que nous ne lavons anticipé à ses débuts, mais aussi à certains moments tout au long de lannée. Il y avait des craintes accentuées en matière dinflation notamment, mais également au sujet du taux de croissance. Mais lobjectif principal de la Banque nationale est la maîtrise de linflation, en évitant forcément de faire plonger léconomie, comme ce fut le cas dans dautres Etats de la région. Nous devons par ailleurs nous assurer de conserver des ressources suffisantes en matière de devises, gage de la stabilité financière et économique du pays. Or, ces réserves se trouvent à un niveau historiquement haut. De notre point de vue donc, le bilan de lannée précédente est plutôt positif, ce qui crée des prémisses positives pour 2024. Cette année sera certes marquée par toute une série dincertitudes. Un nouveau paquet fiscal est entré en vigueur le 1er janvier passé, ce qui risque dalimenter linflation durant le 1er trimestre de cette année. Il est toutefois prématuré den mesurer limpact exacte, même si lon ne sattend pas à ce que ce dernier soit significatif. Quoi quil en soit, il faut nous assurer que linflation poursuit sa descente, même durant le premier trimestre de lannée. Mais lobjectif central est la baisse de linflation sur lensemble de lannée, même dans léventualité où on constate une poussée inflationniste durant le premier trimestre. »


    Quant aux réserves de la Banque nationale de Roumanie que M. Suciu mentionne dans son intervention, elles ont en effet atteint des records, à 59,77 milliards deuros, soit une augmentation de 13,14 milliards deuros par rapport au 31 décembre 2022. Limportance que ces réserves en devises comportent pour la stabilité financière de la Roumanie est encore souligné par Dan Suciu. Ecoutons-le :


    « Ces réserves constituent le capital détenu par la Banque nationale, elles proviennent de différentes sources, et garantissent le fonctionnement correct du système financier du pays, la stabilité des cours déchange, le nécessaire en matière de liquidités, la capacité du pays à avoir accès à des crédits à des taux raisonnables sur les marchés extérieurs, ce qui nous met à labri des poussées inflationnistes. »


    Selon certains analystes toutefois, le début de lannée sera malgré tout marqué par une telle poussée, provoquée par la hausse des droits daccises et lélimination de certaines facilités fiscales. La baisse de la monnaie nationale par rapport à leuro constitue une autre des craintes de lanalyste financier Adrian Codirlaşu, vice-président de CFA Roumanie, une association des professionnels de la finance :


    « Je mattends à ce que durant les années à venir le leu, la monnaie nationale, reprenne une lente baisse par rapport à leuro, dans la mesure où le taux dinflation de la Roumanie est supérieur au taux dinflation de la zone euro, et dans le contexte du déficit des comptes courants. A cause du nouveau paquet fiscal, les hausses de la TVA, limpôt sur le chiffre daffaires, la hausse des droits daccises, nous aurons une inflation à la hausse en janvier, une hausse dun point, peut-être dun point et demi. »


    Aussi, dans le contexte dun déficit qui se maintient élevé, des politiques fiscales laxistes représentent un véritable risque pour linflation, ajoute Adrian Codirlașu.


    (Trad. Ionut Jugureanu)




  • Une année électorale bien remplie

    Une année électorale bien remplie

    Des élections européennes, locales, législatives et
    présidentielles… L’année 2024 annonce d’emblée son potentiel de bouleversement de
    l’échiquier politique roumain. La coalition entre les sociaux-démocrates et les
    libéraux actuellement aux manettes se déroule sans trop d’accrocs, les deux
    composantes ayant observé scrupuleusement l’accord de coalition conclu au
    départ de leur aventure commune, dont notamment la rocade à la tête de l’exécutif
    à mi-mandat. Les sociaux-démocrates du PSD se voient crédités par des sondages récents
    à 30% des intentions de vote, tandis que les libéraux conserveraient 20% de ces
    mêmes intentions. Ils devront se confronter à une opposition qui se présente en
    ordre dispersé, formée d’une part par la coalition récemment conclue de la
    droite libérale qui regroupe l’Union Sauver la Roumanie, le Mouvement populaire
    et la Force de la Droite, ainsi que par le parti historique de la minorité
    magyare, l’UDMR, puis, d’autre part, par les populistes de Alliance pour
    l’unité des Roumains, créditée à 19,5% des intentions de vote, auxquels
    s’ajoutent les partisans de la sénatrice Diana Sosoaca, dont la formation SOS
    Roumanie risque de dépasser le seuil électoral fixé à 5% et pourrait se
    retrouver sur les bancs du futur législatif de Bucarest. Les populistes et les
    souverainistes de tous bords recueilleraient ainsi près de 25% des intentions
    de vote, avec une tendance à la hausse. La première échéance électorale, les
    élections européennes, aura lieu au mois de juin. Le sociologue Remus Ștefureac
    nous brosse le tableau du contexte dans lequel ce premier scrutin se déroulera.


    « Les élections
    européennes devraient confirmer la montée en puissance des partis populistes,
    non seulement en Roumanie mais dans toute l’Europe. N’oublions pas que cette année
    sont également prévues les présidentielles américaines, qui comportent une
    dimension géopolitique significative pour notre région, pour l’évolution du
    conflit en Ukraine et pour le climat sécuritaire dans la région. Ces élections
    viennent aussi après une succession de crises, la pandémie, la crise sanitaire,
    suivies par la crise énergétique, l’inflation et la crise économique, et
    surtout par une crise de confiance plus globale. La communication, la lecture
    des événements se retrouvent également bouleversés. L’on observe une explosion
    de la désinformation, des infox, la résurgence des angoisses collectives dans
    le contexte de cette guerre qui se déroule pratiquement aux frontières de la
    Roumanie, en Ukraine, et dont l’agresseur, la Russie, n’a pas laissé que de
    bons souvenirs dans l’inconscient collectif des Roumains. Ces scrutins
    électoraux vont se dérouler donc dans ce contexte très angoissant, de toutes
    les peurs, ce qui ne manquera pas d’influer la perception publique et les opinions
    politiques, même si pour l’instant les thèmes de politique intérieure dominent
    le débat. »


    Mais la bataille électorale
    a de plus en plus lieu en ligne, comme le constate Sebastian Fitzek, spécialiste en communication
    publique.


    « Facebook,
    Instagram, Tik Tok deviennent des plateformes prioritaires, dont la maîtrise
    est visée par tous les candidats, qui investissent massivement en matière de
    promotion et qui s’entourent des armées de trolls, allant jusqu’à faire appel
    aux infox parfois. Les discours de campagne vont sans doute cibler les thèmes
    économiques et l’accroissement du niveau de vie, et vont tenter de faire barrage
    aux critiques. Les prévisions économiques auront évidemment leur importance
    dans le contexte. Mais entre le camp des populistes menés par l’Alliance pour l’Unité
    des Roumains et celui des démocrates la bataille fera rage. A l’intérieur même
    de la coalition actuelle, formée par les libéraux du PNL et par les sociaux-démocrates
    du PSD, il n’est pas exclu d’assister à des coups tordus. Les deux partis
    sortent quelque peu chiffonnés et ils pourraient être tentés d’inviter l’Union
    Sauver la Roumanie et l’Alliance de droite menée par cette dernière de
    rejoindre la coalition gouvernementale à l’issue du scrutin, surtout si l’on
    assistait à un effondrement marqué des libéraux aux urnes.
    »


    Le thème de l’immigration
    devrait quant à lui se frayer une place en tête de l’affiche croit pour sa part
    Adrian Cioroianu, professeur des
    universités et ancien ministre des Affaires étrangères :


    « Le sentiment de dilution des valeurs
    nationales, des valeurs européennes, le sentiment d’un danger imminent et
    diffus qui guette l’identité nationale, le sentiment de la présence de ce ver
    qui ronge de l’intérieur la pomme du corps social font le lit de l’extrémisme.
    La montée en puissance des partis populistes partout en Europe n’est pas
    étrangère à ce discours d’exclusion et de haine de l’étranger, thème peu abordé
    par les partis traditionnels. Regardez du côté des Pays-Bas, des pays nordiques
    ou encore de l’Italie. Prenez les positions de M Orban en Hongrie, voire ceux du
    premier-ministre autrichien. Tous font la part belle à la peur qu’inspire l’immigration.
    »



    Au-delà
    des élections européennes, nationales et locales, 2024 sera l’année des présidentielles
    en Russie, mais aussi aux Etats-Unis. Si l’issue des premières est connue d’avance,
    l’issue des dernières s’annonce, selon le professeur Cioroianu, à hauts risques
    non seulement pour les Etats-Unis, mais en égale mesure pour l’Europe et la
    région de l’Asie-Pacifique. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • L’adhésion à l’espace Schengen

    L’adhésion à l’espace Schengen

    Acceptation partielle de la Roumanie et de la Bulgarie au sein de l’espace Schengen

    Fin 2023, le Père Noël européen a
    semblé avoir finalement lu les messages et exaucé les vœux que la Roumanie et
    la Bulgarie formulaient depuis près de 13 ans : leur adhésion à l’espace
    Schengen. En effet, à partir du 31 mars 2024, les contrôles aux frontières
    aériennes et maritimes entre, d’une part, la Roumanie et la Bulgarie et,
    d’autre part, les Etats membres de l’espace Schengen seront levés. Vienne,
    dernière capitale à avoir opposé son véto à l’adhésion, a cependant conditionné
    son accord du renforcement des contrôles aux frontières externes à l’espace
    Schengen, exigeant par ailleurs des investissements dans l’infrastructure et
    une meilleure répartition des demandeurs d’asile qui formulent leur demande en
    Autriche, Afghans et Syriens pour la plupart.

    Appui financier pour Bucarest et Sofia


    Aussi, la Roumanie et la Bulgarie
    continueront à bénéficier d’un soutien financier européen conséquent et de
    l’appui de l’agence FRONTEX pour lutter efficacement contre l’immigration
    illégale. L’adhésion des deux Etats à l’espace Schengen, même si pour l’instant
    avec leurs seules frontières maritimes et aériennes, a été saluée par
    Bruxelles, qui conçoit cela comme un raffermissement dudit espace et comme un
    outil censé encourager le marché intérieur, les échanges commerciales et le
    tourisme, entre les Etats membres.

    L’eurodéputé roumain Victor Negrescu avait à
    son tour salué depuis Bruxelles la décision prise, soulignant combien la suppression
    des contrôles aux frontières aériennes profitera à la diaspora roumaine, facilitant
    également l’acheminement des colis et des transports de marchandises en régime
    d’urgence, sans oublier la montée en grade de la Roumanie en termes
    d’attractivité pour le touriste européen.

    Constanta, le principal port à la mer Noire de la Roumanie, aura tout à gagner.


    Par ailleurs, avec cette suppression
    des contrôles aux frontières maritimes, Constanta, le principal port à la mer
    Noire de la Roumanie, aura tout à gagner. Mais là où le bât blesse demeurent
    les frontières terrestres, encore et toujours exclues de l’espace Schengen,
    même au-delà du 31 mars 2024.

    Le politologue Ştefan Popescu, professeur des
    universités, s’est penché sur la question.




    « Le
    principal atout économique que procure l’appartenance à l’espace Schengen passe
    par l’intégration des frontières terrestres. L’intégration de nos frontières
    maritimes et aériennes n’est donc qu’une étape, dotée d’une importante portée
    symbolique. Mais la mise principale demeure l’intégration des frontières
    terrestres. Et l’année 2024 s’annonce être une année compliquée pour les
    négociateurs. Il y aura des élections un peu partout en Europe dont, an
    automne, en Autriche. Il est donc probable à ce que les négociations portant
    sur l’intégration de nos frontières terrestres à l’espace Schengen se
    poursuivent au-delà de l’année en cours. Les négociateurs auront alors devant
    eux une nouvelle composition de la Commission européenne, une autre réalité politique
    à Vienne. Il n’en reste pas moins que l’intégration des frontières maritimes et
    aériennes à l’espace Schengen demeure une bonne nouvelle, même si le volume de
    ce trafic demeure tout compte fait marginal. »


    Le report du dossier Schengen a affecté la Roumanie





    Pour
    le professeur des universités Ion Bogdan Lefter, le dossier de l’adhésion n’a
    été que trop souvent reporté, affectant les rapports économiques et
    l’attachement symbolique entre les pays jusqu’à aujourd’hui exclus et les pays
    membres de l’espace Schengen.

    « Les
    transporteurs, les échanges, les affaires en souffrent. Les marchandises
    passent du temps aux contrôles, et l’économie en pâtit. L’économie des deux
    Etats concernés en premier lieu, mais par ricochet, même si dans une moindre
    mesure, toute l’économie européenne. Et puis, d’un point de vue symbolique,
    l’intégration à l’espace Schengen enverrait un message de cohésion, ce qui a
    son importance ».


    Des conséquences économiques





    Pour
    revenir aux conséquences économiques, il faut dire que les contrôles aux
    frontières provoquent des pertes se chiffrant à plusieurs milliards d’euros par
    an. Et dans ce contexte, quel rôle devrait endosser la diplomatie de Bucarest ?

    Stefan Popescu :« La diplomatie
    dispose toujours d’une marge de manœuvre. Il faut maintenir le sujet à l’agenda
    de l’Union, faire pression, poursuivre le dialogue enclenché avec Vienne.
    L’Autriche avait pris la Roumanie en otage dans sa tentative d’imposer une
    refonte de l’espace Schengen. Et pour sortir de cette situation, il nous faut
    mettre en avant nos relations bilatérales, la qualité de nos échanges, la
    nature des relations interhumaines tissées entre nos deux nations. Or, ce
    dialogue indispensable nous a fait défaut, et il nous faut donc ajuster le
    tir ».






    Car au-delà des
    discours et des positions populistes promus par le gouvernement autrichien, et
    particulièrement par son ministre de l’Intérieur, il faudrait regarder un peu
    aussi ce que nous avons loupé dans nos rapports avec Vienne, conclut le
    professeur Stefan Popescu. (Trad. Ionut Jugureanu)



  • L’intelligence artificielle et le commerce d’avenir

    L’intelligence artificielle et le commerce d’avenir

    Les programmes d’intelligence artificielle générative,
    tels ChatGPT (produit par la société californienne OpenAI, détenue à 49% par Microsoft)
    ou encore l’assistant virtuel Gemini, lancé le mois dernier par Google, qui
    s’avère capable de traiter les formes les plus variées d’information
    (numérique, texte et audiovisuelle) s’avèrent de plus en plus aptes à s’ériger
    en plateformes autonomes capables de gérer la communication entre une société
    commerciale donnée et sa clientèle. Mais si les bénéficies de l’utilisation de
    l’IA, capable de concevoir des productions inédites, de créer sons et images,
    de réaliser des traductions instantanées, ne sont que trop évidents, qu’en
    est-il des dangers de l’usage malintentionné de cet outil ? Les images
    confectionnées de toutes pièces, et dont l’apparence plus vrai que nature
    s’avère capable de tromper n’importe qui, montrent à profusion le potentiel
    nuisible des capacités de l’IA employée cette fois à des fins de manipulation.
    Une inquiétude que les instances européennes tentent d’enrayer, en élevant des
    garde-barrières suffisamment solides face à l’usage potentiellement indélicat
    de cette nouvelle technologie. Aussi, le Parlement européen a pris à
    bras-le-corps le sujet, exigeant davantage de transparence et une meilleure
    surveillance notamment des algorithmes créés et des immenses bases de données
    utilisées par le système. L’accord final conclu par les instances européennes
    veut ainsi concilier à la fois la nécessité d’encourager l’innovation
    technologique en Europe et la protection du public face aux excès, voire à
    l’usage malintentionné de ces technologies. C’est ainsi que les systèmes
    considérés comme présentant un risque élevé, tels ceux employés dans les
    domaines sensibles, tels l’infrastructure, l’éducation ou encore les ressources
    humaines, devront observer toute une série de règles éthiques, censées prémunir
    le citoyen européen des dérives constatées ailleurs, tel l’usage des techniques
    de surveillance en masse ou encore l’identification biométrique à distance dans
    des lieux publics, bref tout usage censé empiéter sur ce que l’on appelle les
    droits fondamentaux et les valeurs européennes. Les Etats membres ont néanmoins
    obtenu certaines dérogations à ces règles, par exemple dans la lutte contre le
    terrorisme. Quant à l’utilisation de l’IA générative, l’accord conclu entre le
    Conseil et le Parlement européens prévoit la mise en place des règles censées
    assurer la collecte des données dans le strict respect de la législation et le
    développement des algorithmes sans empiéter sur les droits d’auteur, par
    exemple. Les développeurs devront par ailleurs clairement indiquer là où les
    sons, les images ou les textes sont d’origine artificielle, soit générés par
    l’IA. Ces garde-fous permettront donc une utilisation sûre et bénéfique de ces
    nouvelles technologies, dont une récente étude réalisée par Deloitte aux
    Etats-Unis vante les bénéfices de son usage pluridisciplinaire. Aussi, cette étude
    révèle que 60% des directeurs marketing de diverses sociétés interrogées ont
    d’ores et déjà fait appel à l’intelligence artificielle l’année dernière. Selon
    les données récoltées, l’usage de la technologie avait ainsi permis de
    constater un accroissement de 6% des ventes et de 7% en termes de degré de
    satisfaction de leur clientèle, tout cela dans un contexte où les budgets de
    marketing de ces sociétés ont baissé de 7%. Invité sur les ondes de Radio Roumanie
    Vlad Dulea, co-fondateur de la société Kooperativa 2.0, détaille les bénéfices
    supposés par l’emploi de l’IA dans un domaine bien précis, qui est celui du
    commerce en ligne :


    « Il faut
    nous faire à la présence de l’IA dans notre quotidien. Il ne faut pas que cela
    nous effraie, mais l’employer à notre bénéfice. Pensez un peu que dans le
    commerce, cette IA est capable d’automatiser presqu’entièrement les campagnes
    de marketing, de proposer des offres adaptées, de personnaliser les messages,
    de prévenir les tentatives de fraude, d’optimiser les routes de livraison et la
    chaîne d’approvisionnement, réduisant de la sorte les délais de livraison et
    les coûts associés. La relation avec le client sera également améliorée grâce à
    l’utilisation de l’IA. Enfin, cette technologie nous permet par exemple de
    retrouver un produit sur la base d’une simple image du produit recherché,
    facilitant ainsi la tâche de l’usager. Il est plus aisé de télécharger l’image
    du produit désiré plutôt que d’introduire le code ou la description exacte. Ce
    qui est certain c’est que le commerce en ligne profitera grandement de
    l’utilisation à bon escient de l’IA. Mais en même temps, l’interaction humaine demeure
    hautement appréciée. Un domaine tel le conseil à la clientèle ou le service
    après-vente demeure indispensable. Par ailleurs, sentir, voir de près, toucher
    le produit, tout comme la possibilité de l’acquisition immédiate constituent
    encore et toujours des plus-values que seuls les magasins physiques peuvent
    aujourd’hui fournir. »


    Cela dit, avec un chiffre
    d’affaires annuel de près de 10 milliards d’euros, la Roumanie occupe une très
    honorante troisième place dans le commerce en ligne dans sa région, supplantée
    toutefois par la Pologne et la République Tchèque.



    (Trad.
    Ionut Jugureanu)

  • Space X et l’avenir de l’humanité

    Space X et l’avenir de l’humanité

    Une véritable révolution en matière spatiale

    Depuis quelques dernières
    décennies le monde assiste à une véritable révolution en matière spatiale, deux
    noms se détachant du lot : l’entreprise SpaceX, fondée en 2002 par Elon
    Musk, et le programme Artemis de la NASA. En effet, SpaceX s’est imposée en peu
    de temps comme un joueur clé en matière de lanceurs, tablant sur une
    amélioration conséquente dans la gestion de processus et la réduction des
    coûts, notamment grâce à l’emploi des fusées réutilisables.

    SpaceX, joueur clé en matière de lanceurs


    Dès 2005, SpaceX
    planche sur la production de son premier lanceur, Falcon 1, capable de placer,
    selon son constructeur, 670 kg en orbite basse. La société travaille depuis
    2011 à la conception d’un nouveau moteur baptisé Raptor. Initialement, celui-ci
    doit utiliser un mélange hydrogène-oxygène liquide, mais fin 2012 le dirigeant
    de SpaceX indique que le moteur, destiné à propulser un étage supérieur,
    brûlera un mélange méthane/oxygène liquide (LOX). Ce moteur est destiné à
    propulser le lanceur super-lourd Starship, développé à partir de 2016,
    entièrement réutilisable, et capable d’importer 100 tonnes en orbite basse,
    puis 150 tonnes lorsque optimisé. La navette est dotée de deux étages, le
    premier censé propulser le véhicule dans l’espace, le second se comportant
    comme une navette spatiale autonome, capable d’emporter un équipage humain.

    Starship : premier vol, le 20 avril 2023


    Le
    premier vol d’essai au complet de Starship a eu lieu le 20 avril 2023 et s’est
    soldé par un échec partiel. Selon les chiffres affichés, le lanceur a culminé
    sur sa lancée à 39 km d’altitude, avant de redescendre et d’exploser à 29 km
    après un peu moins de 4 minutes de vol. Le deuxième vol d’essai, réalisé le 18
    novembre passé, a vu un fonctionnement en apparence normal des 33 propulseurs
    du premier étage Super Heavy, détruit après la séparation. Le deuxième étage a
    dépassé les 140 km d’altitude avant une perte de contact.

    Invité sur les ondes
    de Radio Roumanie, le chercheur Claudiu Tănăselia fait le bilan du dernier vol en
    date de la navette Starship :


    « J’aimerais
    pour ma part conclure à un test réussi, même s’ils n’ont pas réussi à atteindre
    l’ensemble des objectifs fixés. La navette n’avait pas atteint la vitesse
    orbitale, n’est pas parvenue à faire le tour de la Terre et survoler le Hawaï,
    ainsi qu’il était prévu. De ce point de vue donc l’on pourrait conclure à un
    échec. D’un autre côté, ce test s’inscrit dans la philosophie de l’entreprise
    américaine : essayer, casser et progresser… tant qu’on est en phase de
    développement bien entendu. La navette s’est maintenue en vol plus longtemps
    que lors du premier essai, l’ascension de Starship poussé par le Super Heavy
    était bien plus conformes aux attentes. Une amélioration du pas de tir, aucun arrêt
    des 33 propulseurs Raptor ni d’éléments éjectés depuis la baie des moteurs
    n’ont été aperçus, ce qui confirme l’amélioration de la conception des
    propulseurs. Et ce n’est pas peu de chose que d’avoir 33 propulseurs qui
    fonctionnent de concert près de 8 minutes. D’un autre côté, le premier étage a
    explosé après la séparation, tout comme le second. Il reste donc quelques
    points d’interrogation. Mais moins qu’après le test d’avril, lorsque le
    lancement avait ébranlé le pas de tir, et lorsque plusieurs propulseurs ont mal
    fonctionné, probablement à cause des chocs subis pendant le lancement. Pour ma
    part, je vous le disais, j’apprécie le test comme un succès, même si le vol
    n’est pas arrivé à son terme ».


    Et
    même si la navette n’a pas atteint l’orbite terrestre, ajoute Claudiu Tănăselia, elle est quand même parvenue à
    dépasser 100 km d’altitude, allant donc plus loin que les navettes soviétiques
    des années 60-70, époque où l’URSS tentaient de rattraper les Américains dans
    la course spatiale.

    Artemis : objectif -a mener un équipage sur le sol lunaire d’ici 2025

    Claudiu Tănăselia : «
    Maintenant, le souci qu’il y a, je crois, c’est le timing. Evidemment, l’on
    parle d’une industrie de pointe, de ressources financières et humaines
    considérables qui sont impliquées. Mais la réussite du programme Artemis, dont
    l’objectif est d’amener un équipage sur le sol lunaire d’ici 2025, soit dans
    deux ans, dépend étroitement de la réussite de Starship. Or, cette navette
    n’est même parvenue à se mettre sur l’orbite terrestre, alors qu’elle est
    censée être mise sur cette orbite, à partir de laquelle elle devrait
    réalimenter la navette censée alunir et la renvoyer vers l’orbite lunaire. Il
    est à se demander si SpaceX parvienne à brûler les étapes pour s’avérer fin
    prête en 2025. Il est plus probable à ce que le vol vers la Lune soit remis à
    plus tard, vers 2030 probablement. C’est mon estimation personnelle, compte
    tenu de l’état du programme de la navette Starship, mais aussi de l’état de
    développement des costumes des astronautes censés alunir et des autres éléments
    nécessaires à cette mission. »

    La lune, pas avant 2030


    Selon
    Claudiu Tănăselia, l’homme ne remettra pas le pied sur la lune avant 2030. Et
    la question se pose encore qui sera ce premier humain… Un Américain ou un
    Chinois ? Parce que la Chine prépare elle aussi une mission similaire
    prévue avoir lieu dans la même période. Et cette fois-ci, l’objectif n’est plus
    juste d’atteindre la Lune pour y enfoncer son drapeau, mais d’établir des bases
    permanentes, d’utiliser les ressources du sous-sol lunaire pour alimenter les
    futures imprimantes 3D. Autrement dit : apprendre à vivre sur notre
    satellite naturel, avant d’aller à la conquête de Mars. Une conquête qui, selon
    le chercheur roumain, ne devrait pas avoir lieu avant 2040, voire 2050. (Trad.
    Ionut Jugureanu)





  • La consigne en Roumanie

    La consigne en Roumanie

    Nouveau système de collecte des emballages à usage unique

    Avec un taux de retour des bouteilles réutilisables et à usage unique qui s’élève
    aujourd’hui à seulement 12% rapporté à une moyenne européenne de 50%, la
    Roumanie est bien loin des objectifs fixés par l’UE en matière de recyclage. C’est
    bien la raison pour laquelle un nouveau système de collecte des emballages à
    usage unique en verre, en aluminium ou en plastique dont la contenance varie
    entre 0,1 litre et 3 litres vient d’être mis en place à partir du 30 novembre
    dernier, après moult tractations.

    Green Environment Support : « Par la mise en place de ce système, la
    Roumanie se donne les moyens d’augmenter de manière conséquente ses capacités
    de recyclage, pouvant dorénavant atteindre un taux de recyclage de jusqu’à 80%,
    devenant de la sorte un modèle en termes d’économie circulaire dans sa région, en
    Europe centrale et de l’Est »,

    Green
    Environment Support est une société de conseil spécialisée dans le recyclage et la
    collecte des déchets. Après la Norvège, le Danemark, l’Allemagne, la Belgique,
    l’Islande, l’Estonie, la Slovaquie, la Tchéquie, la Lettonie et la Lituanie, la
    Roumanie devient le 11e Etat membre de l’Union à mettre sur pied un
    tel système de collecte.

    La première année sera un peu difficile, mais après le système devrait fonctionner à 100 %


    Mircea Fechet, le ministre de l’Environnement, Eaux et
    Forêts, se félicite à son tour de la mise en œuvre de ce système et nous parle
    du nouveau paradigme gouvernemental en la matière: «
    Nous nous sommes inspirés de l’expérience des
    autres Etats qui ont implémenté un tel système. Comme toujours, la première
    année sera un peu plus difficile, car il faut un moment pour que le système
    puisse faire ses réglages. Il peut y avoir un code-barres qui ne passe pas, une
    machine qui fait des siennes, une déconnexion du réseau, enfin c’est de petits
    couacs qui surviennent au démarrage. Après la première année, le système
    deviendra opérationnel à 100%. Il s’agit du plus important partenariat de type
    public/privé en Roumanie, et c’est le deuxième le plus important système de
    consigne européen, après celui mis en place en Allemagne, et je m’attends à ce
    que tout le monde, tous les acteurs s’impliquent à fond pour que l’on parvienne
    à atteindre nos objectifs. Si l’on faisait en sorte pour avoir dans 5 ans un
    pays propre, sans bouteilles en plastique qui traînent dans les rues, sans
    emballages jetés à la sauvette, là je serai content
    . »


    Chaque Roumain jette près de 116 kilos de déchets
    par an.

    Selon les statistiques, moins de la moitié de ce volume est à l’heure actuelle recyclée. Le
    programme actuel, auquel participent plus de 80 mille commerces, entend
    renverser la tendance, en se donnant pour objectif la collecte de 7 milliards d’emballages
    par an.

    Dorénavant, au moment de régler vos achats sur la majorité des bouteilles et diverses boissons en bouteille plastique
    vous payez une consigne, l’équivalent de 10 centimes d’euro.

    Une fois vide, il
    suffit de ramener le contenant aux machines de déconsignation prévues à cet effet présentes dans les 80 mille commerces
    participants. Une fois les codes-barres des emballages scannés, vous recevez un
    bon du montant équivalent aux consignes des bouteilles ramenées. Ce bon devra
    être présenté au moment du passage en caisse où le montant sera automatiquement
    déduit du total des achats ou remboursé en espèces. Les produits consignés sont
    facilement identifiés grâce à un logo spécifique.

    Mircea Fechet : « Les commerces qui mettent en vente ces
    produits doivent assurer un point de collecte, qui peut être réalisée soit
    manuellement, soit automatiquement, grâce à des machines de déconsignation, dans le cas de gros volumes qui justifient un tel
    investissement pour le commerçant. La société accréditée RetuRO collectera
    ensuite les emballages récupérés chez les commerçants et remboursera ces
    derniers du montant déboursé au profit de la clientèle en rajoutant un certain
    montant représentant les frais administratifs, censé dédommager les commerçants
    pour leur temps et pour les investissements consentis.
    »



    17 centres régionaux de collecte



    L’administrateur du programme, la société RetuRO, avait annoncé
    l’ouverture de 17 centres régionaux, censés collecter l’ensemble des emballages
    récupérés chez les commerçants. Dans ces centres, les emballages seront
    préparés pour être acheminés vers les usines de recyclage, en vue d’en fabriquer
    de nouveaux.

    Mircea Fechet : « Si l’on se fie aux performances
    des systèmes de consigne mis en place dans d’autres pays, l’on constate par
    exemple que l’Allemagne récupère 95% de ses emballages en verre et 98% de ses emballages
    en aluminium. Certes, le système s’améliore avec le temps. L’on ne va pas miser
    sur de tels chiffres dès la première année, mais après disons trois années de
    fonctionnement, je crois que l’on devrait dépasser la barre de 90% de taux de
    collecte. Ce qui sera une véritable réussite et un progrès formidable pour la
    Roumanie ».



    Des avantages, mais aussi des défis



    Si le système présente des
    avantages indéniables, il devra toutefois faire face à toute une série de défis,
    notamment dans le cas de petits commerçants, dont les volumes ne justifient pas
    l’acquisition d’une machine de déconsignation. Trouver un espace adéquat pour
    entreposer les emballages collectés constitue par exemple un de ces défis dont
    beaucoup de petits commerçants aurait préféré s’en passer. La contrefaçon des
    codes-barres et le risque d’arnaque de la part de certains clients indélicats
    constitue par ailleurs un autre défi auquel le système de collecte mis
    actuellement en place devrait apprendre à se prémunir. (Trad. Ionut Jugureanu)



  • La nouvelle vague d’élargissement de l’UE dans les starting-blocks

    La nouvelle vague d’élargissement de l’UE dans les starting-blocks

    L’Ukraine et la République de Moldova – pays candidats à l’adhésion à l’UE

    Pays candidats depuis l’été
    dernier à l’adhésion à l’UE, l’Ukraine et la République de Moldova viennent de
    recevoir début novembre passé l’aval de la Commission européenne pour démarrer
    les négociations. La nouvelle, accueillie avec joie par les dirigeants
    prooccidentaux de ces deux anciens Etats soviétiques, ne fait pourtant qu’ouvrir
    le long chemin de croix du processus d’intégration. Le premier test devrait
    être passé à mi-décembre, lorsque le Conseil européen devrait à son tour se
    prononcer, à l’unanimité, sur la question, sur base de l’avis remis antérieurement
    par la Commission.

    Certains Etats membres, telle la Hongrie, avaient pourtant d’ores
    et déjà exprimé leurs réserves. Ensuite, au mois de mars 2024, la Commission
    européenne remettra un premier rapport de parcours qui comptabilisera les
    progrès enregistrés par les deux Etats. Pour ce qui est de l’Ukraine, elle
    devrait résoudre les questions qui font état d’une corruption endémique, et améliorer
    la protection de ses minorités. La question de la corruption se pose également en
    république de Moldova, qui devrait par ailleurs améliorer l’état de ses
    réglementations financières.



    Volodymyr
    Zelensky : « L’Ukraine sera demain dans l’UE. Nous allons y parvenir grâce à l’effort de transformation que
    nous allons y déployer, une transformation qui demeure certainement dans l’intérêt
    du peuple ukrainien. Pour nous, l’UE représente un havre de paix et de
    stabilité économique et sociale. Pour l’UE, l’Ukraine constitue un atout qui la
    rendra plus forte. »

    Quant à la présidente Maia Sandu, elle n’y va pas non
    plus par quatre chemins.

    Maia Sandu : « La décision prise par la Commission
    européenne est encourageante et nous pousse à poursuivre dans cette voie :
    faire de la république de Moldova un Etat responsable, qui contribue à la
    sécurité régionale et qui protège ses citoyens. Le chemin sur lequel nous nous
    sommes engagés est semé d’embûches. Mais cela ne nous effraie pas. Notre
    objectif est l’adhésion à l’UE avant 2030 ».


    Mais l’objectif de la
    présidence moldave est pour le moins ambitieux.

    Adrian Cioroianu, ancien
    ministre roumain des Affaires étrangères, explique :


    « Il s’agit d’un objectif,
    pas d’une date butoir. Mais d’un autre côté, fixer une date limite c’est une
    manière d’offrir un horizon raisonnable. Car, regardez un peu de plus près les
    difficultés en matière de politique intérieure avec lesquelles la république de
    Moldova est confrontée. Regardez un peu du côté de la Serbie et des difficultés
    qu’elle a toujours dans sa relation avec le Kosovo. Il faut offrir à ces pays
    un objectif atteignable dans un horizon raisonnable. Démarrer le processus d’adhésion
    n’est au fond qu’une manière de montrer une volonté et une promesse commune,
    réciproque. L’UE a besoin de ces Etats en son sein, mais il faut encore que ces
    Etats intègrent leur besoin des normes et des valeurs européennes. Et il est
    certain que nous souhaitons qu’à l’issue de ce processus, l’on soit plutôt
    semblables que dissemblables. Certes, des différences demeurent même à l’intérieur
    de l’UE, mais il faut bâtir l’Europe sur un socle de valeurs communes,
    partagées par nous tous. »




    Les choses ne seront pas faciles pour Kiev


    Les
    recommandations issues par la Commission de
    Venise se trouvent en tête de la liste des objectifs que l’Ukraine devrait atteindre
    au plus vite. Le journaliste Marin Gherman, directeur de l’Institut d’études
    politiques et du capital social de Cernăuți souligne :


    « Voyez-vous, les choses ne
    seront pas faciles pour Kiev, en particulier la mise en œuvre des modifications
    de la législation relative au droit des minorités. Il existe une opposition
    marquée au niveau du parlement ukrainien, car cette question est analysée à l’aune
    de la guerre avec la Russie. Et lorsque l’on pose la question du droit des
    minorités, les Ukrainiens pensent tout de suite aux Russes, aux velléités de
    russification, à la guerre. Sortir de ce paradigme ne sera pas chose aisée. »


    En sus de cela, l’Ukraine a
    besoin d’une reforme de ses services de sécurité et d’une accélération de sa
    lutte contre la corruption, ajoute Marin Gherman.

    Il y a aussi la question de la Transnistrie



    Il y a enfin la question de la Transnistrie,
    cette région séparatiste qui échappe au contrôle de Chișinău. L’analyse de Iulian Groza, directeur exécutif de l’Institut des
    politiques et des réformes européennes de Chișinău :


    « Lors
    de la conclusion de l’Accord d’association entre la république de Moldova et l’UE,
    il avait été convenu à ce que cet accord produise ses effets sur l’intégralité
    du territoire national. Le volet commercial, qui constituait la partie essentielle
    de l’Accord, n’est entré en vigueur que deux années plus tard. Et grâce à cet
    Accord, la Transnistrie est aujourd’hui bien mieux ancrée à l’espace européen,
    et cela constitue un élément de stabilité pour la région dans le contexte de la
    guerre en Ukraine et pour donner le change à l’influence qu’exerce la Russie en
    Transnistrie. »


    L’évaluation
    réalisée par la Commission européenne en 2023 comprend par ailleurs une analyse
    détaillée de l’état actuel des pays candidats et des progrès enregistrés
    dernièrement dans la voie européenne dans laquelle ils s’étaient engagés. (Trad Ionut Jugureanu)



  • La bande de Gaza : nouveau point de rupture de la stabilité mondiale

    La bande de Gaza : nouveau point de rupture de la stabilité mondiale


    Israël, en guerre, pour la première fois depuis 1973



    Lattaque terroriste du Hamas du 7 octobre passé, débutée par des tirs soutenus de roquettes, suivis par la destruction de la clôture qui séparait la bande de Gaza du territoire dIsraël, par linvasion terrestre et maritime des terroristes du Hamas, puis par le massacre de plus de 1.200 Israéliens, des habitants de plusieurs localités frontalières et des participants à un festival de musique, enfin par lenlèvement de plus de 200 otages israéliens, avait amené une riposte dampleur inégalée dIsraël, déterminant une crise humanitaire sans précédent dans la bande de Gaze.




    Cest pour la première fois depuis 1973 quIsraël se trouve en guerre, appelant à la rescousse de son armée régulière plus de 300.000 réservistes qui tenteront datteindre les objectifs fixés par le premier-ministre israélien Benjamin Netanyahu, soit ni plus ni moins que la destruction totale de lorganisation terroriste du Hamas.



    Les palestiniens, en difficulté



    Aussi, depuis le début des hostilités, des centaines de milliers de palestiniens ont été contraints de quitter leurs foyers situés dans le nord de la bande de Gaza pour se réfugier au sud de cette étroite bande de terre de 365 kilomètres carrés. Par ailleurs, le blocus total imposé par Israël aux habitants gazaouis na pas manqué de provoquer rapidement un manque cruel des produits de base, de leau, de la nourriture, des médicaments et de lélectricité pour les habitants éprouvés par la guerre de ce territoire palestinien. Révoltés par la riposte considérée comme disproportionnelle dIsraël face à lattaque du Hamas, le monde musulman et les sociétés civiles dEurope et des Etats-Unis commencent à se mobiliser lors des marches et des démonstrations de solidarité avec le peuple de Gaza.




    Le monde entier réagit



    La riposte israélienne ne manque pas non plus dattiser des poussées de fièvre à connotation antisémite aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en France et dans dautres pays du monde, où lon constate une recrudescence importante de ce type dincidents. La crise actuelle attise par ailleurs les craintes dassister à un embrasement général au Proche-Orient, alors que les analystes ne manquent pas de sétonner du peu dinfluence quexerce une Union européenne incapable de sentendre sur une position commune et de parler dune même voix pour tenter de résoudre cette crise géopolitique majeure qui est en train de se dérouler à proximité de ses frontières.




    Certains analystes font dailleurs le parallèle entre lincohérence européenne actuelle face à la crise du Proche-Orient et lincapacité de lUnion de prévenir et dinfluer la guerre en Ukraine.



    Selon le professeur des universités Ştefan Ciochinaru, si les deux crises ont effectivement des points en commun, les deux situations demeurent toutefois difficilement comparables :



    « Déjà, en termes dobjectifs, les deux crises sont assez difficilement comparables. Lobjectif de la Russie est de détruire lordre européen et de chasser les Américains de notre continent. Cest bien ce quentend obtenir Moscou en refusant dadmettre le droit de lUkraine de décider librement de ses alliances, en se décidant dinterdire par la force à lUkraine son droit dintégrer lOTAN ou lUE. M. Poutine entend rétablir, et il lavait très clairement dit, par la force la situation qui prévalait avant 2004, maintenir la zone dinfluence de la Russie sur les anciens Etats soviétiques, recréer pratiquement lURSS. Pour ce qui est du Hamas et surtout de ses commanditaires, les Etats-Unis sont visés, mais de façon indirecte, par ricochet. Doù le vaste réseau de connivences diverses nouées entre une partie des Etats arabes et une certaine extrême gauche européenne et antiaméricaine, avec la Russie, lIran et, dune manière moins évidente, avec la Chine. Vous savez, si lon veut contester lordre mondial, la prééminence de lOccident, il faut frapper la tête, il faut frapper lAmérique. En labsence des Etats-Unis, lEurope seule ne pèse pas lourd. Sans les Etats-Unis, le Japon, la Corée du Sud, lAustralie demeureront des îles perdues dans limmensité de lAsie. Sans les Etats-Unis, lOccident risque de tomber comme un château de cartes. Et la réaction européenne est à la mesure de sa cécité habituelle. Depuis un an et demi, depuis le début de la guerre en Ukraine, ce pays européen qui se bat au nom de nos valeurs, je narrête pas de métonner de linconséquence des positions européennes. Et maintenant, face au défi posé par lattaque du Hamas, la situation est encore pire. Lextrême gauche européenne danse la farandole avec lextrême droite, avec limmigration européenne pour coincer Israël, la victime de lagression initiale, dos au mur. Et cette attitude ne manque pas dêtre alimentée par les vieux ressorts de lantisémitisme, de lantiaméricanisme, par les tendances totalitaires ».




    Les nouveaux défis à relever par les démocraties actuelles



    Et le professeur Ciochinaru met en exergue les nouveaux défis auxquels sont confrontés les démocraties, dont notamment la guerre hybride



    Stefan Ciochinaru: « Voyez les assassinats à connotation raciale de ces professeurs qui ont eu lieu en France, voyez les alertes à la bombe dans les gares et les aéroports, les actes antisémites qui se propagent dans des pays de vieille tradition démocratique. Voyez aussi lattitude de la presse européenne, qui fait comme sil ny avait jamais eu les crimes perpétrés par la Russie en Crimée, par le Hamas en Israël, mais qui se montre en revanche terriblement inquiète de ce quelle appelle les actions punitives dIsraël dans les territoires occupés ».




    En attendant des jours meilleurs, la guerre des mots, des phrases assassines et des récriminations réciproques se poursuit de plus belle. Alors que le premier-ministre israélien déconseille à ses concitoyens de voyager à létranger pour les prémunir déventuelles réactions hostiles, lOMS narrête pas de dénoncer les conditions de vie quelle qualifie d« innommables » dont souffrent les habitants de Gaza, et dappeler à un arrêt des combats pour raisons humanitaires, par la voix de son patron, Tedros Adhanom Ghebreyesus. (Trad. Ionut Jugureanu)