Category: L’avenir commence maintenant

  • Octobre, le mois européen de la cybersécurité

    Octobre, le mois européen de la cybersécurité

    Le mois européen de la cybersécurité se traduit dans une campagne annuelle censée sensibiliser aux meilleures pratiques dans le domaine de la cybersécurité. Aussi, au mois d’octobre de chaque année, des centaines d’activités sont organisées dans différents endroits à travers toute l’Europe (conférences, ateliers, cours, webinaires, présentations), destinées à mieux informer le public des menaces en ligne et de l’importance de la prévention dans le domaine de la sécurité numérique. Cette année, la lune européenne de la cybersécurité se concentre sur l’ingénierie sociale, un type de menace basé sur la manipulation du comportement humain pour obtenir l’accès à des informations sensibles. En Roumanie, la Direction nationale de la cybersécurité (la DNSC) souligne que la manière la plus courante utilisée par les pirates informatiques pour voler nos données sensibles demeure toujours l’hameçonnage. Mihai Rotariu, directeur de la communication de la Direction nationale de la cybersécurité explique :

     

    « L’usage de la méthode de l’hameçonnage s’est étendu en particulier au cours de la dernière année vers les réseaux sociaux, vers les médias sociaux. C’est moins cher ainsi, les pirates informatiques n’ont même plus besoin de maintenir un site de phishing ou de payer des spécialistes, ils peuvent simplement compromettre certains comptes de certains utilisateurs, utiliser ensuite la crédibilité dont disposent ces comptes auprès de leurs réseaux d’amis pour leur tendre des pièges et compromettre plein d’autres comptes de réseaux sociaux. »

     

    L’édition de cette année du Mois européen de la cybersécurité a pour thème « Réfléchissez bien avant de cliquer », qui nous rappelle l’exigence de vigilance de la part de tout utilisateur face aux pièges tendues par l’ingénierie sociale, basée sur l’usurpation d’une identité réelle par les pirates informatiques, au nom de laquelle ces derniers envoient des courriels de type hameçonnage ou proposent des offres incroyables qui déterminent les victimes potentielles à offrir l’accès à leurs données sensibles ou personnelles. Mihai Rotariu :

     

    « Il s’agit d’un problème récurrent, commun à tous les États membres. Les pirates informatiques, dans le cas d’une attaque de type hameçonnage, nous appellent directement par téléphone et vont nous présenter un scénario crédible, avec certains éléments véridiques, censés diminuer notre vigilance et nous convaincre de leur fournir des données personnelles ou de cliquer sur un lien ou d’installer une application qu’ils nous proposent. Dans de telles situations l’idéal est d’avoir les bons réflexes, une conduite à tenir, comme nous l’avons dans la vie réelle. »

     

    Nous devons avoir le bon réflexe de toujours vérifier la source du courriel reçu pour la première fois, explique Mihai Rotariu, comprendre si ce courriel provient d’une source légitime, du destinataire dont il prétend émaner, vérifier le texte du message, son orthographe, sa forme, vérifier à l’aide d’un programme antivirus les éventuelles pièces jointes avant de les ouvrir. Mihai Rotariu :

     

    « Nous devons être vigilants, nous devons avoir de la patience lorsque nous travaillons dans cet environnement. Il faut nous habituer à analyser nos gestes, à traiter l’information et à agir à une vitesse décente, car trop souvent nous sommes habitués à le faire beaucoup plus rapidement que dans la vie réelle. Il faut prendre le temps de vérifier les sources avant d’agir, car nos propres actes peuvent compromettre nos données ou nos équipements. »

     

    Très souvent les pirates informatiques n’ont qu’un objectif mercantile, soit soutirer l’accès à nos comptes. Mais pour ce faire ils tenteront de soustraire autant d’informations personnelles que possible : données personnelles, données financières, données sensibles, données d’authentification. Toutes ces données ont une valeur sur le marché noir de la fraude informatique et peuvent être vendues, monétisées. Les pirates informatiques peuvent même échanger entre eux de telles données, pour peaufiner leur connaissance des cibles potentielles. Les statistiques montrent qu’en 2022, l’UE souffrait d’un déficit de professionnels dans le domaine de la cybersécurité qui se situait entre 260.000 et 500.000 personnes. Par ailleurs, une récente enquête en matière de cybersécurité a mis en évidence la nécessité d’accroître les campagnes d’information destinées au public large et d’améliorer les formations en cybersécurité. Aussi pour tenter de couvrir le déficit de compétences, l’UE a créé la plate-forme en ligne intitulée « Academy of Cyber ​​Security Compétences », où n’importe qui peut suivre des cours en ligne pour améliorer ses connaissances en la matière. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • A quel rythme vieillit-on ?

    A quel rythme vieillit-on ?

    « La jeunesse c’est synonyme d’optimisme, c’est baigner dans un état de bien-être et avoir un but pour lequel lutter », était le credo d’Ana Aslan, gériatre roumaine de renommée mondiale. Connue pour ses études portant sur la longévité et pour la découverte de la vitamine H3, commercialisée sous la dénomination de Gerovital H3, Ana Aslan a toujours mis l’accent dans ses traitements visant l’accroissement de la longévité sur la vie saine, la prévention et l’innovation. Elle fonde ainsi dans les années 50, à Bucarest, l’Institut national de gériatrie et de gérontologie, le premier centre d’excellence de ce type au monde, qui prendra en 1992, après la mort de sa fondatrice, son nom.

     

    L’Institut national de gériatrie et de gérontologie Ana Aslan

    L’héritage d’Ana Aslan continue d’inspirer de nouvelles générations de chercheurs et de médecins décidés à poursuivre ses recherches sur l’allongement de l’espérance de vie et la vie de qualité fut-ce pendant le grand âge. L’un de ceux-là est le médecin et professeur des universités Luiza Spiru, présidente de la fondation Ana Aslan International, membre d’un groupe de travail de l’OMS sur le vieillissement actif. Les normes internationales posent l’âge de 65 ans comme seuil pour le début du processus de vieillissement. La réalité est tout autre cependant, nous assure Luiza Spiru. Ce processus peut débuter en effet bien plus tôt. Et malheureusement, l’on assiste au niveau mondial au vieillissement cérébral précoce, causé notamment par le stress chronique, l’anxiété et les dépressions.

     

    L’apparition des maladies neuro-dégénératives

    L’absence de l’exercice intellectuel et cérébral, les angoisses, la haine, les pensées négatives mènent tout droit à l’apparition des maladies neuro-dégénératives, et cela à un âge de plus en plus jeune. Luiza Spiru :

    « Nous avons redéfini le concept de bien vieillir, centré antérieurement sur l’individu. Parce que l’être humain vit au sein d’un écosystème, au milieu des facteurs de stress. Alors, cette nouvelle philosophie met l’accent sur une approche holistique, en intégrant les besoins de l’individu au sein de son écosystème. La Roumanie devrait par ailleurs améliorer sa capacité de screening, améliorer son approche préventive à l’égard des maladies chroniques, car nous avons encore bien du chemin à parcourir à cet égard. Car il ne s’agit pas seulement de changer notre paradigme au niveau mondial, mais de travailler au niveau national et local, ne fut-ce qu’en améliorant la formation des professionnels de la santé, pour implémenter des politiques portant sur le vieillissement actif, en éduquant les usagers des services médicaux. Car seul un pays éduqué à cet égard pourra jouir d’un bon état de santé. »    

     

    Le rôle de l’éducation

    L’éducation est la clé, martèle Luiza Spiru, qui souligne que nous disposons de nos jours de capacités capables d’évaluer le rythme de vieillissement de l’organisme humain mais aussi le risque de développer diverses maladies chroniques. Luiza Spiru :

    « Il faut tout d’abord savoir nous prendre en charge, apprendre à nous aimer. Certains se demandent : à quoi bon ? Est-ce bien d’être égoïste ? Cela dit, oui, il faut être un peu égoïste, mais dans le bon sens du terme. Prendre soin de ses propres besoins, ne pas attendre jusqu’au dernier moment pour aller consulter. Chacun de nous porte la responsabilité première pour son état de santé, pour son bien-être. Je souhaite beaucoup à ce que la Roumanie intègre la « zone bleu » sur la carte du monde. En 2021 j’ai pris part au tournage d’un documentaire réalisé par Digi World. Ce fut l’occasion de côtoyer des centenaires, des gens dont le style de vie semble être à mile lieues du style de vie des générations actuelles, abreuvées au numérique. Des gens qui ont fait la guerre, qui ont affronté des périodes terribles. Mais qui n’ont pas ployé sous le fardeau, qui ne se sont pas laissé aller. Et qui sont toujours des êtres éminemment sociaux, qui n’arrêtent pas de s’intéresser au monde, qui se soignent, qui mangent sainement, qui se réjouissent de la vie, qui en profitent, même si la vie n’a pas été toujours aussi généreuse avec eux. Des gens heureux lorsqu’ils se lèvent au matin, lorsqu’ils peuvent aller à la messe, des gens qui ne fuient pas leurs responsabilités et qui ont fait leur devoir. La responsabilité est l’une des caractéristiques communes de tous ces centenaires, de tous ceux qui ont la chance de connaître le grand âge et de savoir en profiter ».   

    Si l’espérance de vie augmente, il faut encore savoir nous concentrer sur la qualité de vie au grand âge. « Vivre plus longtemps, vivre mieux et de manière autonome constitue sans aucun doute le souhait que chacun d’entre nous chérit dans son cœur », conclut Luiza Spiru.

     

  • Le plan ambitieux de la réindustrialisation de la Roumanie

    Le plan ambitieux de la réindustrialisation de la Roumanie

    Une première tentative de revitaliser l’industrie

     

    C’est pour la première fois ces 35 dernières années que la Roumanie lance un important plan pour la réindustrialisation du pays. Venu après des décennies de désindustrialisation rampante où l’on a assisté au départ de beaucoup d’industries, doté d’un paquet de 3 milliards d’euros, le plan, qui s’adresse aussi bien aux grands industriels qu’aux PME, est censé donner un coup de pouce à ce qu’était le fleuron de l’économie roumaine d’avant 1990.

     

    Aux manettes de ce plan, le vice premier ministre  Marian Neacșu précise :

    « Il s’agit d’un premier plan de ce type, censé revitaliser l’industrie roumaine. Pendant et après la pandémie, l’industrie roumaine et européenne en ont souffert. Affectée par la crise énergétique, par la guerre en Ukraine, par la pénurie des matières premières, la part de l’industrie dans le PIB roumain ne cesse de diminuer. Et cet état de fait affecte la croissance économique. C’est le premier argument. Il y a ensuite le déficit de notre balance commerciale, où des pans entiers de notre industrie marquent le pas. Prenez, selon les données de l’INS pour le premier semestre de cette année, nous avons exporté pour 3 milliards d’euros de produits pétrochimiques et en importer pour 10,6 milliards. D’où un déficit de 7,6 milliards d’euros produit en ce seul domaine. En matière de machines et équipements nous en avons exporté pour 25,26 milliards et en importer pour 27 milliards. En matière de produits manufacturés, c’est la même rengaine : 8,6 milliards d’exportations pour 12,6 milliards d’importations. Il nous fallait donc agir pour revitaliser l’industrie roumaine et pour tenter de réduire le déficit de notre balance commerciale en cette matière ».      

     

    Les trois axes du plan

     

    Le plan concocté par Bucarest comprend trois axes : soutenir les investissements stratégiques, aider la transition énergétique au sein de grandes compagnies, soutenir enfin les producteurs de matières premières.

     

    Marian Neacșu : « Il s’agit d’un plan ambitieux, fruit d’une stratégie plus globale de réindustrialisation, même si affirmer cela de cette manière pourrait vous sembler un brin présomptueux. Mais c’est un premier pas dans cette voie. Une stratégie que nous comptons néanmoins poursuivre au moins à l’horizon 2031, même si les premiers effets de nos actions devraient être perceptibles entre 2025 et 2028 ».    

     

    Des retours positifs

     

    Invité sur les ondes de Radio Roumanie, l’économiste et professeur des universités Mircea Coșea se montre plutôt optimiste, alors même qu’il estime que ce plan pourrait être encore amélioré :

    « L’accent mis par ce plan sur la sidérurgie, sur la métallurgie, sur la pétrochimie, aussi utile qu’il soit montre en même temps notre retard en termes d’évolution industrielle par rapport au reste de l’Europe. Quoiqu’on en fasse, ces industries demeureront des industries énergivores et polluantes. A l’heure actuelle, la plupart de cette production est réalisé dans les pays du BRICS. En importer pourrait nous coûter moins cher que d’en produire. Regardez un peu du côté de la Hongrie. Elle aussi a mis au point son plan de réindustrialisation. Mais son plan encourage les nouvelles technologies, la recherche scientifique en matière des technologies de l’information. Le plus important centre de recherches et développement Huawei est basé à Budapest. C’est là qu’ils conçoivent les batteries électriques et les voitures électriques de dernière génération. Il nous faudrait donc mettre l’accent sur les industries nouvelles, sur les nouvelles technologies, investir dans la recherche et le développement, ne pas se contenter d’acquérir des autres des licences de fabrication pour la production industrielle que nous développons ».        

     

    Une opinion qui en dépit des apparences rejoint les ambitions industrielles du gouvernement de Bucarest. En effet, selon ce dernier, « la nouvelle stratégie industrielle vise la modernisation de l’industrie roumaine, l’amélioration de son niveau de compétitivité, dans un souci de poursuivre la transition vers une industrie verte et digitalisée ».  (Trad Ionut Jugureanu)

     

  • L’énergie européenne à l’épreuve de la crise

    L’énergie européenne à l’épreuve de la crise

    Ces dernières années, l’Union européenne est parvenue à surmonter les risques critiques en matière de sécurité énergétique, en reprenant le contrôle des prix et en accélérant la transition vers la neutralité climatique, selon les conclusions du rapport de la Commission européenne sur l’état de l’Union en matière d’énergie, un document présenté en début du mois d’août passé. Ce type de rapport est publié chaque année pour faire le bilan des progrès enregistrés dans la réalisation d’une Union de l’énergie. « Nous avons établi un cadre juridique complet pour mener le secteur de l’énergie vers un avenir décarbonisé », a expliqué le commissaire à l’Energie, Kadri Simson. « L’UE est désormais bien équipée pour atteindre son objectif de neutralité climatique, tout en s’assurant que son industrie demeure compétitive. Nous avons pris des engagements plus importants au sujet des énergies renouvelables et sur l’efficacité énergétique et nous avons réformé les règles du marché de l’énergie. Par ailleurs, l’UE a imposé des standards très exigeants pour économiser l’hydrogène et pour réduire les émissions de méthane. Après deux années record en termes de résultats en matière d’énergie renouvelable, le pourcentage de l’énergie renouvelable a pour la première fois dépassé le pourcentage de l’énergie fournie par les combustibles fossiles dans notre mix énergétique au premier semestre 2024 », a ajouté le haut fonctionnaire européen. Kadri Simson :

    « Les investissements écologiques ont atteint un niveau record en raison des plans nationaux de relance et de résilience. Jusqu’à la mi-juin de cette année, sur les 240 milliards d’euros investis dans le cadre de ces plans nationaux, 184 milliards d’euros ont été alloués aux réformes et aux investissements liés à l’énergie. L’intégration du marché et le développement des réseaux et des infrastructures jouent un rôle clé pour assurer l’expansion des sources renouvelables. »

    L’Europe devrait s’appuyer de plus en plus sur une énergie plus propre produite en interne et diminuer les importations de combustibles fossiles, pour assurer sa compétitivité à long terme, la sécurité de l’offre, la souveraineté économique et la résilience économique de l’Union, a déclaré Kadri Simson. Nous avons fait des progrès dans la mise en œuvre de nos projets d’intérêt commun et dans l’ajustement rapide de notre infrastructure gazière pour soutenir des modèles alternatifs aux importations en provenance de Russie. Le commissaire européen à l’Energie ajoute :

    « Notre unité et notre solidarité nous ont permis de transformer cette crise énergétique en une opportunité. Ensemble, nous avons réussi à mettre fin aux décennies de dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes. Nos importations s’élevaient à 150 milliards de mètres cubes de gaz russe chaque année. Or, à l’heure qu’il est ces importations ont chuté à 50 milliards de mètres cubes. Notre dépendance à l’égard des combustibles fossiles russes est passée de 45% en 2021 à 15% l’année dernière. Nos réserves de gaz stocké à l’approche de l’hiver ont atteint 90% de nos capacités de stockage, et cela le 19 août, bien avant le 1er novembre, la date butoir. De plus, les Européens ont réduit leur consommation de gaz de 18% entre 2022 et 2024, ce qui dépasse les objectifs initialement fixés par la Commission. »

    Etat membre de l’Union européenne et activement impliquée dans l’effort global de décarbonisation, la Roumanie fait de son mieux pour diminuer sa consommation de gaz naturel. Si quelques années auparavant, les pics de consommation atteignaient jusqu’à 70 millions de mètres cubes par jour, l’année dernière, par exemple, ces pics se sont établis en-deçà de 60 millions, plutôt dans une fourchette qui se situe entre 54 à 55 millions de mètres cubes. Actuellement, les stocks de gaz se trouvent à un niveau record, à près de 94% des capacités. Le stock de charbon dépasse 550.000 tonnes. Aussi, selon les autorités, dans les conditions d’un hiver normal, la Roumanie pourra dépasser la saison froide en s’appuyant uniquement sur la production interne de gaz. Mais au-delà des objectifs liés à la transition énergétique, il existe encore en Roumanie des foyers qui n’ont toujours pas accès à l’électricité. Pour plus de 11.000 personnes et pour près de 5.400 habitations, situées notamment dans des hameaux reculés, l’accès à l’énergie demeure encore et toujours un vœu pieux. C’est pour changer cette donne qu’a été mis sur pied le projet « Energy for Life », censé fournir de l’énergie propre grâce aux panneaux solaires installés dans des zones isolées. Dumitru Chisăliț, président de l’association l’Energie intelligente, explique :

    « Au rythme que nous prévoyons, nous apprécions que dans deux ans nous serions en mesure d’éradiquer cette pauvreté énergétique extrême. Certes, avec l’aide du public. En fin de compte, 5.400 habitations n’est pas rien, mais pas non plus une tâche impossible. Selon nos calculs entre 15 et 27 millions d’euros suffiront pour éradiquer cette pauvreté énergétique extrême, de l’argent qui pourrait être obtenu des sources diverses, d’une part, de certains fonds privés et publics, y compris le programme La maison verte, mais également grâce au développement des réseaux de distribution d’électricité. »

    Au cours des 4 dernières années, grâce à ce projet, l’association est parvenue à fournir en électricité propre 51 immeubles, dont 39 foyers, 10 bergeries et 2 abris de montagne, situés dans 25 hameaux des 5 départements de Roumanie. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Les vulnérabilités du cyberespace

    Les vulnérabilités du cyberespace

    La plus grande panne de l’histoire d’Internet

     

    Plus de 8,5 millions d’ordinateurs qui utilisent le logiciel d’exploitation Windows ont été touchés par la plus grande panne internet au monde au mois de juillet de cette année. Ces chiffres font de cet incident le plus grand cyber-événement jamais enregistré, dépassant par son ampleur et par ses conséquences toutes les cyberattaques et les cyber évènements précédents. Il s’agit pourtant que d’un dysfonctionnement, d’un bug informatique, mais dont les effets se sont apparentés à s’y méprendre à une véritable cyberattaque : l’interruption de certains services, le dysfonctionnement au démarrage de certains ordinateurs utilisant le système d’exploitation Windows, des serveurs ont été affectés.

     

    Une dépendance de plus en plus forte des technologies

     

    Dan Cîmpean, directeur général de la Direction nationale de la cybersécurité explique :

    « Cela nous montre, d’une part, à quel point nous sommes devenus dépendants, en tant qu’économie, en tant que société, en tant qu’utilisateurs, des différents composants logiciels qui font fonctionner nos appareils au quotidien. Cela devient donc de plus en plus complexe, de plus en plus sophistiqué, et nous devons être préparés, en tant qu’utilisateurs, en tant que professionnels du domaine informatique, du domaine de la cybersécurité, à pouvoir affronter ce genre d’incidents. Il ne s’agit certes pas d’une cyberattaque, mais d’un incident aux effets similaires et qui pourrait se multiplier à l’avenir. »

     

    Des efforts de plus en plus complexes

     

    Le même spécialiste attire l’attention sur le fait que « le degré de complexité augmente de manière absolument spectaculaire. Nous, en tant qu’utilisateurs ou responsables de la cybersécurité, avons de plus en plus de mal à comprendre les données clés de ces technologies, leur architecture, leurs caractéristiques, et donc leurs vulnérabilités. Il nous faut consentir à faire un effort absolument spectaculaire pour pouvoir gérer tous les risques liés aux nouvelles technologies. » D’où son plaidoyer en faveur de l’octroi des crédits nécessaires dans le domaine de la cybersécurité. « La cybersécurité a un prix qui n’est sans doute pas anodin, mais il vaut toujours mieux prévenir que guérir ».

     

    Des attaques de plus en plus complexes 

     

    Une attaque informatique exploite toujours les vulnérabilités, les faiblesses des programmes et des logiciels, des systèmes d’exploitation pour obtenir un accès non autorisé à des ressources, pour compromettre des données ou pour prendre le contrôle d’un système, pour installer des logiciels malveillants, pour extraire des données confidentielles et perturber le fonctionnement normal du système informatique.

     

    Dan Cîmpean, directeur général de la Direction nationale roumaine en matière de cybersécurité, abonde dans le même sens :

    « L’un des moyens usités par les acteurs malveillants constitue la création des sites proposant des solutions en matière de cybersécurité, des sources apparemment crédibles de solutions. Ces sites convient les utilisateurs à télécharger des programmes censés résoudre divers problèmes, mais qui en réalité implantent des logiciels malveillants, qui créent ensuite des problèmes. C’est pourquoi il est très important à ce que tout utilisateur, toute équipe informatique fassent appel à des solutions vérifiées et ne téléchargent des logiciels que depuis les sites vérifiés des producteurs des technologies recherchées ».

     

    Une guère hybride aux frontières de la Roumanie

     

    La guerre hybride qui sévit à nos frontières ne fait rien pour arranger les choses, ajoute Dan Cîmpean. Une guerre cybernétique totale, dans laquelle sont impliqués près de 160 groupes de hackers pro-ukrainiens, face à quelques 60, 70 groupes pro-russes. Des groupes qui lancent des cyberattaques parfois à l’aveugle, dans toutes les directions. Car le cyberespace ne connait pas de frontières, et les attaques ciblent des actifs, des serveurs, des ordinateurs portables, des routeurs, un peu n’importe quoi. Et, avec la guerre, les capacités de nuisance se sont développées de manière absolument spectaculaire des deux côtés.

    « Par exemple, en Ukraine, explique le directeur général de la Direction nationale roumaine en matière de cybersécurité, de 70 personnes spécialisées dans le domaine avant la guerre, l’on est passé à 3.200 spécialistes, et ils sont encore en contact avec environ 3.000 entrepreneurs supplémentaires. La cyberpolice ukrainienne a augmenté ses effectifs de 430 personnes avant la guerre à 14.400. Il y a une augmentation absolument phénoménale du nombre d’experts et d’individus qui s’occupent du sujet. Le gros problème que nous avons, c’est qu’il n’y a pas de frontières dans le cyberespace, tout est à une portée de clic, et il est très simple de lancer une opération. »

     

    Selon le même Dan Cîmpean, « en Roumanie, environ 80% des problèmes détectés sont liés à la cybercriminalité. Il existe des groupes fondamentalement motivés par le gain financier, qui veulent voler les données, les chiffrer, exiger une rançon, faire du chantage, obtenir un accès non autorisé, monnayer ce type d’actions. C’est une approche que nous observons depuis 3, 4 ans, et cela restera probablement le principal problème dans les prochaines années. »

     

    Comment réagir ?

    Mais comment il convient de réagir une fois que l’on se retrouve confronté à ce type d’attaque ? Identifier tout d’abord la source du problème, conseille Dan Cîmpean, qui ajoute :

    « Il faut tout suite s’adresser à sa propre équipe informatique, c’est-à-dire aux spécialistes de l’organisation, aux gens qui connaissent intimement l’infrastructure informatique visée, avec ses forces et ses faiblesses, avec ses caractéristiques et son architecture spécifiques. S’adresser aussi au fabricant du logiciel affecté, qui est le mieux à même de connaître les caractéristiques techniques du logiciel. Faire enfin, au besoin, appel aux autorités compétentes, au niveau national ou au sein d’organisations internationales, qui publient des solutions face aux différents types d’attaques ».

     

    Parce que lorsque l’on parle de digitalisation et de cybersécurité, estime Dan Cîmpean, la responsabilité doit être collective. (Trad. Ionut Jugureanu)

     

  • Le nouveau Législatif européen

    Le nouveau Législatif européen

    Clin d’oeil sur les résultats

     

    Si près de 370 millions d’Européens en âge de voter ont été appelés aux urnes du 6 au 9 juin passé pour élire les quelques 720 députés de l’hémicycle de Strasbourg, seuls un peu plus de la moitié ont choisi de faire le déplacement. Les résultats des urnes ont montré que les parties centristes maintiennent une majorité nette au Parlement européen.

     

    Aussi, le groupe du Parti populaire européen demeure le plus important, avec une nette progression par rapport aux élections précédentes. Le Groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et des démocrates s’est classée deuxième, lâchant quelques sièges au passage, alors que Renew Europe conserve la 3e position.

     

    Sur la droite de l’échiquier politique, le Groupe des conservateurs et des réformistes européens et le Groupe Patriots for Europe ont augmenté leurs scores électoraux, obtenant 14 places de plus dans l’Hémicycle, une hausse moins marquée que celle prédite par les analystes avant les élections.

     

    Le Groupe de Verts a en revanche fait beaucoup moins bien, tombant de la 4e à la 6e position. Avec 46 mandats, le Groupe Left fait lui aussi moins bien que précédemment, se voyant relégué à la 7e place.

     

    Enfin, les parlementaires des partis non affiliés à un groupe politique et les eurodéputés indépendants obtiennent ensemble près de 100 mandats.

     

    Quoi qu’il en soit, avec plus de 400 mandats obtenus par les principales forces politiques, l’équilibre des pouvoirs semble demeurer largement inchangé.

     

    L’extrême droite avance et alimente les inquiétudes 

     

    Ce qui a causé, cependant, l’anxiété du monde politique et généré de fortes réactions c’est le progrès significatif réalisé par l’extrême droite dans des pays comme la France et l’Allemagne, où, selon les analystes, l’insatisfaction générale à l’égard de la gestion de la pandémie et les tensions géopolitiques ont largement contribué à ce résultat.

     

    Quel message les électeurs européens envoient-ils à la Commission européenne ?

     

    Est-ce un vote sanction dans certains pays occidentaux ?

    Sorin Ioniţă, président de l’Expert Forum, explique :

    « Au cours des dernières décennies, les sociétés occidentales ont subi la pression de la mondialisation, de l’immigration, du changement climatique, la révolution des nouvelles technologies. Les gens ressentent la pression de ces changements rapides, semblent ressentir le besoin de souffler un peu, de décompresser, de digérer tout cela. Ils jettent alors leur dévolu sur certaines forces populistes qui, d’une manière ou d’une autre, ressassent la même rengaine : « Revenons en arrière, arrêtons le changement ! ». C’est d’évidence un leurre.  Je remarque toutefois n’avoir pas enregistré de surprises majeures par rapport à ce que les sondages ont prédit. Par ailleurs, l’extrême droite est elle-même divisée dans deux grands camps. D’une part, l’on compte les pro occidentaux, les atlantistes, de l’autre les partis pro Kremlin. Il suffit de regarder la très grande différence, par exemple, entre Giorgia Meloni et l’extrême droite polonaise d’une part et l’AfD allemand, un parti qui m’inquiète vraiment. Même le parti de Mme Le Pen a commencé à modérer son discours. »

     

    L’ascension de l’extrême droite ne s’arrêtera pas de sitôt

     

    S’exprimant à son tour sur les résultats des dernières élections européennes, le professeur Stefan Popescu, analyste et commentateur de politique étrangère, considère que l’ascension de l’extrême droite ne s’arrêtera pas de sitôt :

    « Parce que nous sommes dans une période de crises, où les crises s’enchaînent sans pour autant trouver de solutions. La crise économique a pris le relais à la crise sanitaire provoquée par le Covid-19, une crise économique causée par la guerre en Ukraine, par la concurrence entre la Chine et les États-Unis, ce qui conduit à une érosion de l’économie européenne, à des pressions migratoires, qui soulève des questions sécuritaires. Ajoutez à cela les échos de la guerre au Proche Orient. Cette succession de crises concoure à provoquer une atmosphère d’incertitude, qui constitue le terroir privilégié de tous ces mouvements d’extrême-droite. »

     

    Regard sur le contexte général

     

    Invité sur les ondes de Radio Roumanie, Andrei Taranu, professeur en sciences politiques, a parlé du contexte de ces élections et des grands sujets qui préoccupent l’électorat européen :

    « L’Europe occidentale est préoccupée par la guerre en Ukraine et par la question de la paix, par les nouvelles politiques de réarmement au niveau européen, par la possibilité de mettre sur pieds une armée européenne (…) alors qu’en Europe de l’Est les problèmes économiques tiennent la tête de l’affiche. La plupart des européens de l’Est sont inquiets par une éventuelle crise économique qui pourrait survenir, et l’on parle d’une Europe qui va des pays baltes à la Grèce. L’inquiétude des européens du sud du continent, la Grèce, l’Italie, l’Espagne, à l’exception du Portugal, demeure la migration en provenance de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, tandis que les problèmes des pays scandinaves restent liés aux changements climatiques. L’Occident a ce problème lié à la reconstruction européenne, à la révision des traités, pour qu’il y ait une plus grande implication de l’Union, de la bureaucratie européenne dans l’existence et dans la vie des citoyens européens, tandis que l’Est de l’Europe demeure lui méfiant à une plus grande implication politique de l’UE, y compris sur des thématiques telles que la justice, les droits de l’homme et ainsi de suite. »

     

    Quelles devraient être les priorités de la nouvelle Commission ?

    Le professeur Stefan Popescu explique :

    « Les priorités du nouvel exécutif européen seront très importantes, et je dirais essentielles plus que jamais pour l’avenir de l’UE. Tout d’abord, la nouvelle Commission devra continuer à gérer au mieux la guerre en Ukraine, continuer à fournir une assistance appropriée à l’Ukraine, en particulier dans le cas où le 5 novembre prochain nous aurons un changement d’équipe à la Maison Blanche. Ensuite, il faut pouvoir assurer la gestion de la situation post-conflit, car cette guerre ne durera pas éternellement, même s’il est probable à ce qu’elle se poursuive encore l’année prochaine ». 

     

     Mais cette Commission devrait encore assurer la poursuite de l’élargissement de l’Union, ajoute Stefan Popescu, ne fut-ce qu’aux Balkans occidentaux, voire vers l’Ukraine et la République de Moldova, bien que l’élargissement de l’UE demeure encore sujet à caution. Quoi qu’il en soit, le processus d’élargissement présuppose une réforme substantielle du processus de la prise de décisions au niveau européen. (Trad Ionut Jugureanu)

     

  • La dure réalité de l’obésité

    La dure réalité de l’obésité

    Conséquence de notre mode de vie, l’obésité ne nous pose pas seulement un problème esthétique, mais avant tout un problème de santé fréquemment associé à des maladies chroniques, tel le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux, voire certains types de cancer. Une alimentation saine, la pratique du sport et un sommeil de qualité font partie des contre-mesures indiquées par les spécialistes. Dr. Lygia Alexandrescu, professeur d’université et nutritionniste reconnue, explique son credo :

    « Les mères ont un rôle essentiel dans ce processus d’apprentissage à respecter une alimentation saine et équilibré. Nous n’avons pas besoin de suivre des cours en science de la nutrition ou en biochimie alimentaire, mais d’observer tout simplement quelques règles de bon sens. Il faut savoir que nous avons de l’énergie à consommer, et qu’il faut donc offrir à l’organisme un carburant de bonne qualité. Et cela ne peut se faire qu’avec des aliments le moins transformés possible. Les plats préparés de manière industrielle contiennent beaucoup de sel, de graisses, leurs processus de cuisson altèrent souvent la valeur nutritionnelle des ingrédients naturels. En un mot, ils nous font grossir. Tout est question d’éducation. Comme disent les Chinois : si vous voulez avoir une génération en bonne santé, éduquez la population pendant 30 à 40 ans et vous aurez alors une génération en bonne santé. ».

    Les données présentées par l’OMS révèlent cependant la dure réalité : l’obésité est devenue un problème de santé publique mondial. Et la Roumanie ne fait pas exception. En effet, plus de 60 % des Roumains souffrent pour avoir de kilos en trop. Mais que faire pour améliorer la situation ? Encore une fois, Lygia Alexandrescu :

    « Nous avons besoin de nous nourrir. La notion de diète, de régime, est apparue dans la Grèce antique. « Daiata » définissait cependant un ensemble de facteurs qui recouvraient la qualité du sommeil, de l’hydratation, de l’alimentation, de l’activité physique, en un mot le bien-être global. C’est cela le régime. Or, lorsque nous parlons régime en ce moment, nous entendons la nourriture, ou plus précisément la privation de nourriture. On fait fausse route. Si nous parlons de nourriture, nous devons parler de ce dont nous avons besoin, de ce qui nous maintient en bonne santé, et la personnalisation de ce régime est dans ce cas extrêmement importante. Il y a de nombreux critères que nous devons prendre en compte lorsqu’il s’agit d’élaborer un plan alimentaire : l’âge de la personne, son sexe, le type d’activité physique qu’elle déploie au quotidien, son état émotionnel, sa génétique, son état de santé. En parler à son médecin, à son nutritionniste, à son coach sportif, tout cela conduit à l’élaboration d’un régime personnalisé. »

    Une chose est sûre : la qualité de vie des personnes en surpoids se trouve souvent affectée. Aussi, beaucoup d’entre elles connaissant par exemple une faible estime de soi, parfois même dès le plus jeune âge, ce qui peut les amener à souffrir d’états dépressifs plus tard dans la vie. Ou encore des maladies évoquées précédemment, dont les maladies cardiovasculaires occupent une place de choix. La nutritionniste Lygia Alexandrescu :

    « Pour combattre le risque d’AVC, le régime méditerranéen est le plus approprié, c’est-à-dire un régime dans lequel le poisson est consommé au moins 3 à 4 fois par semaine, une cuisine diététique. Une cuisine qui comprend la consommation des légumes contenant de nombreux antioxydants et des glucides de qualité. Il faut aussi éviter le sel et grignoter entre les repas. Grignoter à la limite des fruits à faible indice glycémique, des myrtilles, notre pomme roumaine, des fruits secs, qui jouent un rôle dans la protection du cœur et du cerveau et qui préviennent les maladies cardiovasculaires. Consommer aussi un pain de bonne qualité, riche en fibres, au minimum 60 grammes par repas si l’on parle d’un adulte, le matin et au déjeuner. La pomme de terre au four est également recommandée. Consommer également beaucoup, beaucoup de salade. Tout ce qui est cru aide l’organisme à éliminer le cholestérol nocif, qui provoque le risque d’athérome au niveau vasculaire. Une bonne hydratation est encore une fois très importante, buvez de l’eau à température ambiante. Les soupes de saison sont également fortement recommandées, avec un peu de protéines. Enfin, il faut réapprendre à sourire, apprendre à être reconnaissant pour ce que nous avons, à profiter de la vie. Et, en termes d’activités physiques, la marche à pied est essentielle. »

    Les statistiques sur l’obésité de l’OMS révèlent que plus de 4 milliards de personnes dans le monde pourraient se trouver en surpoids ou en état d’obésité en 2035. D’ici là l’obésité chez les adultes devrait augmenter de plus de 60 % (une hausse estimée de 73% chez les hommes et de 50% chez les femmes), pendant que l’obésité infantile doublerait. Aussi, près de 400 millions d’enfants pourraient vivre avec l’obésité en 2035. Des chiffres qui font froid dans le dos.

    (Trad Ionut Jugureanu)

  • Comment se protéger des cyberattaques ?

    Comment se protéger des cyberattaques ?

    Trois années plus tôt, une photo prise au coucher de soleil, dans le désert d’Arabie Saoudite, a été plébiscité comme la meilleure image de l’année par la National Geographic. Prise de haut, l’image montrait des chameaux sous la forme de petites lignes blanches, alors que le contour des chameaux était formé par les ombres chinois qu’ils projetaient sur le sable. La métaphore : l’on vit à l’ère des illusions, où seules les ombres donnent le contour de la réalité, alors que l’image concrète de cette dernière, l’image des chameaux en l’occurrence, passe totalement inaperçue.

     

    Des choses qui passent inaperçues

     

    Maria Manuela Catrina, directrice adjointe au Directora national pour la cybersécurité, fait appel à cette image métaphorique lorsqu’elle explique combien certaines choses essentielles passent inaperçues en matière de cybersécurité.

     

    Maria Manuela Catrina: « Vous savez, il arrive à ce que les systèmes de cybersécurité détectent en temps réel un changement de comportement dans le réseau, et préviennent l’élément humain qui va alors regarder de près l’origine du dysfonctionnement. Comme lorsqu’on regarde le désert à longueur de journées. Cela n’a l’air de rien d’abord, c’est le désert. Puis, lorsqu’on s’y habitue, l’on remarque le moindre changement, produit par le vent qui souffle par exemple. Parfois, il n’y a pas de vent dans le désert. Et quelque chose s’y passe malgré tout. Et alors on s’y penche là-dessus, l’on essaye de comprendre les tenants et les aboutissants du changement que l’on observe, et l’on tente d’y remédier. Mais ce n’est pas une mince affaire, car le volume d’information, le volume de données traitées est énorme. »

     

    25 000 cyberattaques par jour en Roumanie

     

    Selon des données récentes, la Roumanie affronte tous les jours près de 25.000 cyberattaques, chiffre en forte croissance depuis 2022, tant en termes de nombre qu’en termes de complexité. Au mois de février dernier, une cyberattaque est parvenue à pénétrer le système du parlement de Bucarest, alors que d’autres attaques ont fortement perturbé l’activité des dizaines d’hôpitaux.

    Ioana Stancel, expert en matière de cybersécurité et de santé publique pense qu’il s’est agi pour les pirates informatiques d’une manière de tester les systèmes de cyberdéfense. Un test qui ne manque pas de mettre en danger des données à caractère sensible détenues par les hôpitaux. Et d’ajouter que pour prévenir de tels incidents, il faut impliquer toutes les institutions responsables.

    Ioana  Stancel : « Ceux qui sont responsables de la collecte et du traitement de données, qui assurent la sécurité des réseaux, les administrateurs de réseaux, les institutions publiques, les organisations qui communiquent avec les institutions publiques devraient organiser le passage des données à travers des filtres censés assurer la sécurité des données véhiculées ».

     

    Quelles données sont les plus vulnérables? 

     

    Et Ioana Stăncel vise tout d’abord les données à caractère sensible, à caractère médical, qui risquent de mettre en danger des personnages publics, devenues de la sorte vulnérables aux tentatives de chantage.

     

    Ioana Stăncel : « C’est grave, car ces attaques nous ont montré la vulnérabilité de notre réseau hospitalier. Et à partir de là, l’on coure plusieurs types de risques, depuis la modification criminelle des prescriptions médicales, avec des conséquences que l’on peut deviner et qui peuvent être fatales pour certains patients, et jusqu’à l’immixtion dans le système de facturation, qui peut engranger des frais conséquents de la part de l’Etat ».   

     

    Comment peut-on se prémunir face aux cyberattaques ? 

     

    Maria Manuela Catrina tente une réponse :

     

    « Installer déjà un programme de protection contre les virus sur votre ordinateur et sur votre téléphone portable. Il y a des versions gratuites, et c’est déjà ça. Ces programmes sont capables de vous protéger de pas mal de problèmes. Car l’on est quelquefois pressé ou que l’on ne fait pas attention, et l’on ouvre des documents ou de liens compromis et l’on ouvre la porte aux virus. Ensuite, pensez que l’on rend publics énormément d’éléments sur notre personne. Or, la plupart de ces pirates informatiques dressent au préalable le portrait de la victime, font de l’ingénierie sociale, avant de tenter de soustraire nos données personnelles. Si un opérateur vous appelle se présentant de la part de votre compagnie d’électricité pour vous solliciter les données reprises sur votre carte d’identité, réfléchissez un peu, cela n’a pas de sens. La compagnie en question devrait détenir déjà ces données. Il faut se fier au bon sens, réfléchir à ce que l’on fait sur les réseaux et en dehors. »   

      

    Une autre astuce est de ne jamais se connecter à un réseau Wi-Fi public, dans un hôtel par exemple, sans se connecter à une passerelle VPN. Bien sécuriser également son réseau à la maison, en changeant régulièrement les paroles d’accès et en prenant soin de protéger tous les appareils connectés, y compris l’électroménager ou les jouets des enfants, ajoute Maria Manuela Catrina, directrice adjointe au Directorat national pour la cybersécurité.  (Trad.  Ionut Jugureanu)

  • La viande de culture : vraie ou fausse solution ?

    La viande de culture : vraie ou fausse solution ?

    L’idée de produire de la viande cultivée en laboratoire n’est pas récente. En effet, c’est en 2001 que la NASA commence les premières expériences pour confectionner de la viande cultivée, en produisant le premier échantillon comestible : un filet de poisson, fabriqué à partir de cellules de poisson rouge. Contestée par beaucoup au départ, après des années de recherche et de tests la viande de culture fait lentement son chemin vers la commercialisation. Le premier burger de bœuf artificiel, apparu en 2013, est issu des recherches d’une équipe de l’Université de Maastricht aux Pays-Bas. Préparé et dégusté à Londres, le burger pesait 142 grammes, mais le processus de sa création avait coûté pas moins de 250 mille euros. Les États-Unis et le Singapour sont depuis devenus les premiers pays à autoriser la mise sur le marché de la viande cultivée, alors que le premier restaurant à proposer ce type de viande à sa clientèle a ouvert ses portes en 2020 à Tel Aviv, en Israël. Certains pays européens tels l’Allemagne, l’Espagne et les Pays-Bas investissent déjà de manière significative dans la recherche et le développement, préparant le moment où ce type de viande trouverait son chemin vers le consommateur. D’ailleurs, au cours des dix dernières années, plus de 150 start-ups ont vu le jour dans le monde, investissant environ 2,8 milliards de dollars dans la recherche et le développement de ce type de produit. De son côté, l’UE a investi 25 millions d’euros dans le financement de la recherche sur les protéines durables, dont ce type de viande s’y revendique. Invité sur les ondes de Radio Roumanie, le professeur Petru Alexe de la Faculté des Sciences et d’Ingénierie Alimentaire de l’Université du « Bas Danube » de Galați explique comment ce qui semblait il y a dix ans une idée inspirée des romans de science-fiction devient de plus en une alternative viable pour couvrir les besoins alimentaires accrus d’une population mondiale en expansion :

    « Initialement, l’on parlait de viande artificielle. Puis, vu qu’il s’agisse d’une viande produite à partir de cellules souches récoltées sur des animaux vivants, avant d’être transférées et multipliées dans un bioréacteur, vu que l’on parle donc d’une source vivante, d’origine animale, l’on a conclu que le terme artificiel ne convenait pas. Par ailleurs, pour l’instant il s’agit de multiplier notamment les tissus musculaires. L’animal n’est pas reconstruit en entier, seules les cellules musculaires sont multipliées de manière à obtenir cette masse cultivée de tissu, qui peut être consommée sans problème, ainsi que le démontrent les autorisations obtenues pour la consommation de ce type de viande jusqu’à présent. »

     

    Des techniques de recherche sophistiquées

    En effet, c’est dans le bioréacteur que les cellules souches sont immergées dans un liquide contenant des sels, des vitamines, des sucres et des protéines, ainsi que des facteurs de croissance. L’environnement riche en oxygène et maintenu à température contrôlée permet aux cellules de se multiplier à un rythme rapide. Les cellules souches se différencient ensuite en fibres musculaires, qui fusionnent, et la viande arrive au terme de sa culture en quelques semaines. Petru Alexe :

    « Il peut s’agir de n’importe quel type de viande. Il peut s’agir de poisson, de poulet, de porc et de bœuf. C’est juste un problème de multiplication. Il ne fait aucun doute que le goût de la viande est, en général, directement lié au régime alimentaire. Il s’agit donc de l’influence des nutriments que nous mettons dans le bioréacteur. Car, si l’on fait une analogie, finalement l’animal fait office de bioréacteur, à cette seule exception près qu’il s’alimente tout seul même si on peut l’aider de temps en temps. Le fait est que tout ce que nous apportons dans ce bioréacteur, nous le retrouverons dans la viande. Pour l’instant, nous ne disposons pas d’assortiments très variés, mais les choses sont vouées, comme dans toute recherche, d’aller de l’avant. »

    L’humanité a consommé 364 millions de tonnes de viande l’année dernière, et selon les projections, la demande mondiale de viande augmentera d’au moins 50 % d’ici 2050. Par ailleurs, alors que l’agriculture traditionnelle est mise sous pression en raison de ses effets environnementaux, la viande cultivée pourrait devenir une alternative préférable, selon ses partisans. L’impact environnemental s’avère bien moins dommageable que celui provoqué par la viande produite de manière conventionnelle, dans les élevages, nécessitant 90 % de terres en moins, produisant 94 % moins de pollution atmosphérique et s’avérer de la sorte capable de diminuer les rejets des gaz à effet de serre de 92 %. De plus, contrairement à la viande issue d’un élevage intensif, la viande cultivée ne nécessite pas d’antibiotiques pour contrôler les maladies causées par des bactéries telles que la Salmonelle ou l’E. coli. Ainsi, le phénomène alarmant du transfert d’antibiotiques dans le corps humain via la consommation de viande et le développement de la résistance aux antibiotiques qui s’ensuit, phénomène considéré par l’OMS comme une menace mondiale pour la santé publique, disparaîtrait dans le cas de la consommation de ce type de viande. D’autre part, sous prétexte de protéger les traditions culinaires, l’Italie est le seul pays au monde à avoir interdit, en novembre 2023, la production et la commercialisation de viande de culture. Une loi critiquée vertement par la communauté scientifique et les organisations environnementales. Mais par ailleurs, si l’UE venait d’autoriser la vente de produits carnés cultivés, l’Italie (tout comme la Roumanie d’ailleurs qui semble emboîter le pas à l’Italie, si l’interdiction déjà approuvée par le Sénat allait être adoptée par la Chambre des députés) ne serait pas en mesure d’arrêter les importations en provenance d’autres États membres de l’UE. (Trad Ionut Jugureanu)

  • Renforcer son système immunitaire : véritable méthode de prévention

    Renforcer son système immunitaire : véritable méthode de prévention

    Définie comme la capacité de l’organisme à se défendre contre les virus, les bactéries et les parasites, l’immunité joue un rôle crucial dans le maintien de son état de santé. Aussi, selon les spécialistes, nous disposerions de deux lignes de défense : l’immunité innée, qui comprend des barrières physiques telles que la peau et les muqueuses, mais aussi l’immunité adaptative, composée de cellules et de protéines spécialisées qui ciblent la cause spécifique des infections. Selon les experts, un mode de vie sain, comprenant une alimentation saine, de l’exercice et une hydratation adéquate, demeure essentiel. Un système immunitaire bien armé nous préserve de maladies et s’avère capable de faire face aux conséquences nuisibles du stress. Maria Marcvart, médecin reconnu, spécialisée en ozonothérapie, souligne l’importance de préserver au mieux les capacités de notre système immunitaire, principal atout pour prévenir tout risque pour la santé. Maria Marcvart :

    « Que pouvons-nous faire ? Prenons déjà des vitamines : la vitamine D et la vitamine C. J’y tiens beaucoup, je les prends moi-même et je les donne aux patients. L’on observe, même dans l’ensoleillée Italie, si vous pouvez l’imaginer, même dans les zones rurales, que les gens souffrent de carences en vitamine D. Or, il a été démontré très clairement ces dernières années qu’une carence en vitamine D entraîne la baisse des capacités immunitaires de l’organisme humain. Et un système immunitaire défaillant nous rend vulnérable face aux maladies infectieuses, mais aussi face au risque de développer un cancer. Car ce dernier constitue à son tour une maladie devant laquelle l’organisme doit être en mesure de se défendre. Nous produisons des cellules cancéreuses dès les premiers jours de notre vie, à chaque minute, à chaque seconde de notre vie. Mais si nos lymphocytes, qui sont nos tireurs d’élite, vont bien, et qu’ils sont également en nombre et suffisamment armés, alors tout va bien. »

    L’importance d’une alimentation équilibrée

    Mais comment prendre soin de ces « tireurs d’élite », les lymphocytes ? Par un régime alimentaire équilibré, estime le médecin Maria Marcvart :

    « Une alimentation saine comprend des protéines de bonne qualité et des glucides issus des fruits. Evidemment, tout ce que nous retirons des fruits et des légumes est une excellente chose pour notre santé. Il faut manger au moins une salade par jour ou au moins une collation aux fruits par jour. Je mettrais les produits laitiers un peu plus en retrait. Nous devons nous rappeler que nous sommes la seule espèce à manger du fromage et des produits laitiers à l’âge adulte. Mais il ne faut pas exagérer. Ne pas manger de fromage à chaque repas, mais en manger une à deux fois par semaine. Il faut comprendre que les fromages entretiennent malheureusement un état d’inflammation chronique. L’obésité est également assimilée à un état inflammatoire général, tout comme la dépression. »

     

    L’hydratation, un atout majeur

    Une bonne hydratation de l’organisme joue par ailleurs un rôle essentiel et peut être assimilée à une forme de traitement. Maria Marcvart prône en outre l’ozonothérapie, un traitement qui augmente le niveau d’oxygène présent dans les tissus. L’ozone agit soit directement, notamment dans le cas des virus, des bactéries ou des parasites, soit indirectement, en stimulant l’organisme à faire jouer ses propres mécanismes de défense dans différents cas de figure. Maria Marcvart :

    « L’ozonothérapie constitue un excellent traitement anti-inflammatoire. Elle s’avère efficace pour traiter les inflammations douloureuses aux genoux, aux épaules, les maux de dos et jusqu’au syndrome du côlon irritable, qui est aussi une sorte d’inflammation. De plus, l’ozone constitue un détoxifiant et un excellent antioxydant. Prenez le diabète, une maladie qui provoque énormément de stress oxydatif. Dans ce cas, l’ozone stimule l’organisme à batailler en puisant dans ses propres ressources, en fournissant plus d’oxygène aux tissus qui en ont besoin. Ces maladies de la microcirculation ne peuvent être traitées autrement. L’ozonothérapie sert dans ce cas à équilibrer l’immunité. Il s’agit d’un véritable stimulateur d’immunité. »

    La thérapie à l’ozone peut être utilisée avec de très bons résultats pour combattre aussi bien les simples virus que les maladies auto-immunes, tel le diabète ou l’arthrose, voire en traitement complémentaire de certaines maladies oncologiques, nous assure le docteur Maria Marcvart.

    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • La guerre de l’information toujours plus sophistiquée

    La guerre de l’information toujours plus sophistiquée

    La période électorale qui approche, surtout dans le contexte de la guerre
    qui fait toujours rage à nos frontières, doit nous faire prendre des mesures
    adéquates pour palier à toutes éventualités, a récemment précisé sur les ondes
    de Radio Roumanie Iulian Chifu, professeur des universités et expert en
    sécurité et relations internationales.

     

    Guerre de l’information, guerre psychologique, guerre hybride

     

    Car le temps de la guerre menée sur les seuls champs de bataille est
    depuis longtemps révolu. La guerre de l’information, la guerre psychologique,
    la guerre hybride font aujourd’hui partie intégrante des moyens déployés sans
    retenue par toutes les parties d’un conflit.

     

    « La guerre de l’information
    entend produire des réalités alternatives en faisant fi des réalités
    objectives, en pervertissant la vérité, en utilisant un mix de demi-vérités et de
    faux semblants aux allures de vérité, en truffant le message des syllogismes et
    des sophismes, et en utilisant les outils de la propagande pour accréditer des
    contre-vérités dans l’esprit des gens »,
    expliquait le professeur Chifu
    dans une récente tribune publiée dans le quotidien Adevarul.

     

     

    L’objectif
    principal de la guerre de l’information est d’altérer, d’influer, sinon de
    contrôler la décision de l’adversaire en matière de politique étrangère, de
    politique de sécurité et de défense, en utilisant des schémas narratifs voués à
    saper la confiance, accréditer des contre-vérités censées s’introduire dans
    l’inconscient collectif, pour fragiliser l’adversaire, pour le manipuler et le
    désinformer.

     

    Sommes-nous préparés?

     

    Dans quelle mesure s’avère la société roumaine capable de faire
    face aux moyens déployés par la guerre ide l’information ? Voici l’avis
    éclairé du professeur Iulian Chifu :

     

    « Nous avons récemment
    testé si l’on peut dire la résilience du public face aux infox, face à la
    désinformation. Et si je me permettrais de brosser le portrait du Roumain moyen
    de ce point de vue je dirais qu’il réagit plutôt bien, il s’avère relativement
    méfiant, voire suspicieux devant une information livrée à l’improviste. Il
    regarde à deux fois l’origine du message, il se pose des questions au sujet de
    son contenu. Mais là l’on parle d’une moyenne. Car si l’on regarde de près le
    paysage média roumain actuel, l’on se rende facilement compte qu’on a devant soi
    deux types de public. Car il existe aussi un public prêt à croire dur comme fer
    le mensonge le plus éhonté. Ensuite, ne nous laissons pas berner par les
    apparences, car même le public ou l’individu le mieux averti peut tomber
    victime, dans certaines conditions, d’une infox. Et là l’effet est terrible.
    Car ce dernier bénéficie aux yeux des autres d’un degré de crédibilité bien
    supérieur à la moyenne. Et alors une infox adoptée et retransmise par un
    émetteur crédible risque d’être prise pour de l’argent comptant. Parce que le
    volume d’information auquel chacun de nous se voit confronté au quotidien est
    tel qu’il devient impossible de vérifier jusqu’au bout chaque bout
    d’information qui nous tombe sous les yeux. Et alors l’on se fie volontiers aux
    infos transmises par une source crédible. »

     

     

     

    La guerre de l’information se déroule sur trois
    paliers.

     

    Selon Iulian Chifu, il s’agirait tout d’abord de tenter d’altérer l’espace public de
    l’adversaire, en comprenant en cela l’espace média, internet, les médias
    sociaux, en usant pour cela d’un mix de propagande, de manipulation, de
    désinformation, difficilement décelable.

     

    Au deuxième palier de l’opération l’on
    retrouve les actions qui relèvent des relations publiques. Des personnalités
    qui disposent d’un certain degré de confiance sont embrigadées, afin d’influer
    la décision politique à travers des thèses qu’ils véhiculent dans l’espace public.

     

    Au troisième palier l’on retrouve des opérations élaborées de manipulation psychologique,
    censées produire une certaine réponse au sein du public visé. Il peut s’agir de
    provoquer ou d’accentuer des peurs ancestrales ou subliminales, créer une émotion
    collective, soit rendre le public cible prêt à réagir de la manière désirée
    face à une situation donnée, face à un événement censé surgir ultérieurement.

     

     

    Mais où en sommes-nous dans cette guerre de l’information ?

     

    Le professeur Iulian Chifu explique:

     

    « La technique de la guerre de l’information a été raffinée au fil du
    temps. Si lors de ses premières phases cette guerre ciblait des groupes
    entiers, à l’heure actuelle elle cible des individus selon leurs préférences,
    en prenant en considération leur profil psychologique. Lors des deux dernières
    générations de la guerre de l’information l’on se rapporte à la structure des
    valeurs de l’individu et à l’ensemble des processus mentaux qui se rapportent à
    la fonction de connaissance. Lors de l’avant-dernière étape, la 5e,
    de la guerre de l’information, l’on était parvenu à faire douter la cible des
    informations que lui fournissaient ses propres sens : l’ouïe, la vue, par
    exemple. L’individu arrive à mettre en doute la perception de la réalité
    fournie par ses propres sens. La dernière génération, la 6e, vise le
    piratage des esprits, soit entrer dans le processus de cognition de la cible,
    l’altérer, la diriger, la manipuler à sa guise. La cible est l’individu. Cette
    6e génération technologique de la guerre de l’information n’est
    encore formulée que de manière théorique. Personne n’y est encore parvenu.
    Vladimir Poutine avait demandé à ses services de renseignement début 2022 de
    plancher là-dessus. Le professeur israélien Yuval Harari prétend qu’une telle
    arme existerait déjà. Mais à l’heure qu’il est, personne n’en détient la
    preuve. Il n’en est pas moins vrai que l’arsenal dont la guerre de
    l’information ne cesse de se doter devient de plus en plus étoffé et
    sophistiqué, et qu’il devient à l’individu isolé de plus en plus difficile de
    s’y prémunir efficacement ».

     

     

    Comme dans toute guerre pourtant des contre-mesures existent, nous assure
    pour sa part Iulian Chifu, en précisant que les services de renseignement
    roumains s’avèrent loin d’être inactifs face à ce type de menace.

     

    (Trad. Ionut Jugureanu)

     

  • L’intelligence artificielle dans le monde des banques

    L’intelligence artificielle dans le monde des banques

     

    Le monde de la finance à l’ère de l’intelligence artificielle

     

    De plus en plus présentes dans nos vies, les nouvelles technologies transforment grandement les différents domaines et industries. Le monde de la finance n’y fait pas exception, le recours à l’intelligence artificielle (IA) devenant un impératif pour maintenir un niveau compétitif et offrir de meilleurs services aux clients, affirment les spécialistes du domaine. Rationaliser les processus administratifs, personnaliser les services, prévenir la fraude et améliorer l’expérience de l’usager ne sont que quelques-uns des avantages offerts par l’introduction de l’IA. Il n’en va pas moins que certains risques se font jour devant ce virage technologique, des risques principalement liés à la protection des données et aux pertes d’emplois.

     

    Mais finalement comment l’intelligence artificielle peut-elle contribuer à protéger et sécuriser le secret bancaire et les données sensibles ? Premièrement, en détectant et en prévenant les cyberattaques de manière plus rapide et plus précise, ce qui constitue l’une des caractéristiques clés des pare-feu bancaires qui utilisent l’IA. L’intelligence artificielle peut alors évaluer et analyser rapidement un grand volume de données en temps réel, permettant ainsi une identification rapide et efficace des menaces et la mise en œuvre de mesures de sécurité appropriées. Ses algorithmes peuvent également être utilisés pour automatiser des tâches répétitives et routinières, comme vérifier l’authenticité des documents, ouvrir des comptes en banque ou évaluer la solvabilité d’un emprunteur potentiel, par exemple.

     

    Ces technologies peuvent être encore utilisées pour analyser les données des clients et fournir des solutions personnalisées concernant la gestion des comptes, la planification financière ou les investissements. Par ailleurs, l’usage de l’IA peut jouer un rôle crucial dans la détection et la prévention de la fraude. En effet, des algorithmes d’apprentissage automatique peuvent être formés pour identifier d’éventuelles anomalies présentes dans les transactions, tirant ainsi la sonnette d’alarme sur d’éventuels montages frauduleux.

     

    L’IA – un instrument utile pour les Banques centrales

     

    Quant aux banques centrales, l’intelligence artificielle pourrait représenter un outil prometteur dans la lutte contre l’inflation, affirme Cristian Popa, membre du conseil d’administration de la Banque Nationale de Roumanie, lors d’une récente conférence

     

     Cristian Popa : « Le processus de décision en matière de politique monétaire est encore plus complexe dans les périodes caractérisées par d’énormes changements structurels, telle celle que nous traversons actuellement. Et pour n’en mentionner que quelques-uns : La mondialisation, qui recule ; La régulation, qui devient de plus en plus intense ; Le protectionnisme, que nous voyons croître, au moins au niveau transatlantique ; Les dividendes de la paix qui s’amenuisent, alors que de plus en plus de ressources sont dirigées vers le secteur militaire, au détriment de l’éducation ou de la santé par exemple ; Le vieillissement de la population qui s’accompagne d’une baisse significative du taux de natalité ; La disparition du dividende énergétique ; La question des déficits budgétaires chroniques, qui ne cessent d’augmenter ; Enfin, la transition vers l’économie verte, qui implique également de nouveaux coûts. Tous ces changements structurels semblent indiquer que les pressions inflationnistes persisteront pendant longtemps. Face à cela, l’intelligence artificielle peut limiter l’impact des changements structurels mentionnés, dans la mesure où son utilisation massive pourrait stimuler une croissance économique durable grâce à la hausse de la productivité du travail, et en ouvrant de nouvelles voies vers l’innovation et le progrès. »

     

    Des effets visibles sur le long terme

     

    Cristian Popa estime cependant que le rythme de ces changements reste encore incertain et que l’impact généralisé de la mise sur le marché des technologies qui utilisent l’intelligence artificielle ne pourrait devenir palpable que sur le long terme, car nécessitant une période d’ajustement progressif pour le bien-être des usagers.

     

    Mais l’intelligence artificielle sera à terme en mesure d’améliorer certaines capacités que nous pourrons exploiter dans de nouvelles opportunités professionnelles, explique Cristian Popa. Il n’en reste pas moins, ajoute-t-il, qu’il subsiste des risques liés à la protection des données et à leur juste interprétation par les algorithmes utilisés par l’intelligence artificielle. C’est pourquoi si la BNR compte introduire progressivement ces nouvelles technologies, elle gardera l’œil ouvert sur les risques potentiels et les biais qui pourraient survenir.

     

    Prévisions: l’IA pleinement intégrée dans les services bancaires dès 2030

     

    L’introduction des technologies qui font appel à l’IA se fera dans un premier temps dans les activités bancaires non critiques, excluant pour l’instant d’utiliser l’IA dans la gestion des risques bancaires ou de la prise de décision d’octroi de prêts, a également déclaré Cristian Popa. Pourtant, et en dépit des autres risques associés à l’introduction de l’intelligence artificielle dans le domaine de la gestion financière, liés notamment à la confidentialité des données mais aussi à de possibles effets sociaux, les spécialistes estiment que l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le secteur bancaire soit pleinement intégrée dans la plupart des processus et services bancaires dès 2030. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Nouvelles de plus en plus inquiétantes au sujet du réchauffement climatique

    Nouvelles de plus en plus inquiétantes au sujet du réchauffement climatique

    L’homme, seul responsable du réchauffement climatique, représente le même « danger » pour notre planète que « la météorite qui a exterminé les dinosaures ». C’est bien par ces mots que le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait démarré son allocution prononcée à New York à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement. « Dans le cas du climat, nous ne sommes pas les dinosaures. Nous sommes la météorite. Nous ne sommes pas seulement en danger, nous sommes le danger même », a martelé António Guterres, prenant à partie notamment le secteur des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz), « les parrains du chaos climatique » comme il les a nommés. Réitérant son appel à taxer les bénéfices du secteur pour financer la lutte contre le réchauffement climatique, il a même avancé l’idée d’interdire la publicité des sociétés travaillant dans le domaine des énergies fossiles. « C’est un moment critique pour le climat », a souligné le Secrétaire général de l’ONU, exhortant l’humanité « à se diriger vers la bretelle de sortie de l’autoroute qui mène à l’enfer », dans le contexte où les pays signataires de l’Accord de Paris doivent se donner avant la fin de l’année de nouveaux objectifs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre :

    « Nous jouons à la roulette russe avec la planète. Mais nous devons quitter cette autoroute de l’enfer climatique. Et la vérité est que nous avons le contrôle. La limite de 1,5 degrés Celsius est encore possible. »

     

    Le Secrétaire général de l’ONU a également exhorté les pays riches à s’engager à abandonner le charbon d’ici 2030

    Nous sommes à un moment de vérité, la bataille pour une planète vivante sera gagnée ou perdue cette décennie, selon António Guterres, qui a appelé les dirigeants du monde à prendre des mesures immédiates, notamment en réduisant considérablement la pollution liée au réchauffement climatique et en stoppant tout nouveau projet d’exploitation du charbon. Le Secrétaire général de l’ONU a également exhorté les pays riches à s’engager à abandonner le charbon d’ici 2030, à réduire la consommation du pétrole et du gaz de 60 % d’ici 2035, et à accroître les flux financiers vers les pays les plus pauvres et les plus vulnérables au climat. « Nous ne pouvons pas accepter un avenir où l’on voit les riches protégés dans des bulles climatisées tandis que le reste de l’humanité se voit secoué par des conditions météorologiques extrêmes dans des territoires invivables », a-t-il ajouté.

    Et la vision du Secrétaire général de l’ONU est étayée par des données statistiques irréfutables. En effet, plus de 60.000 personnes sont mortes à cause de la chaleur l’année dernière en Europe, et les chercheurs tablent sur un nombre de 100.000 victimes annuelles d’ici 2040, en l’absence de mesures supplémentaires.

     

    Selon l’annonce du service Copernicus, l’accélération du réchauffement climatique bat de nouveaux records

    Dans une interview pour la chaîne Euronews, Carlo Buontempo, directeur du service de surveillance du climat de l’UE Copernicus, ne mâche pas ses mots :

    « Les décès causés par la chaleur ont augmenté en Europe de 30 % au cours des 20 dernières années. Et la situation est directement liée à l’augmentation des températures, aux périodes caniculaires, aux vagues de chaleur, qui deviennent de plus en plus intenses et étendues. Nous devrions nous attendre à une augmentation conséquente des températures, certainement au cours des cinq prochaines années. »

    Selon l’annonce faite par le service Copernicus au mois de juin dernier, l’accélération du réchauffement climatique bat de nouveaux records, traduits pour la première fois par le dépassement des températures moyennes enregistrées pendant 12 mois consécutifs. La vague de chaleur qui dure depuis un an est « choquante mais pas surprenante » compte tenu du changement climatique provoqué par l’homme, a déclaré Carlo Buontempo, qui n’hésite pas à avertir que le pire est devant nous, à moins de réduire la pollution liée à l’utilisation des énergies fossiles. Les données de Copernicus ont montré que tous les mois depuis le mois de juillet 2023 ont été enregistrées des températures supérieures d’au moins 1,5° par rapport aux températures de l’époque préindustrielle. Considérées comme la principale cause du changement climatique, les émissions de dioxyde de carbone provenant de la combustion de énergies fossiles ont atteint des niveaux record l’année dernière, et cela au fi des accords mondiaux visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre et une expansion rapide des énergies renouvelables. La planète se réchauffe et la chaleur entraîne davantage de précipitations et la fonte des glaces, ce qui ne tarde pas de provoquer des phénomènes météo extrêmes, qui provoquent de gros dégâts au secteur agricole, qui poussent les populations affectées à prendre le chemin de l’émigration, et qui affectent grandement l’état de santé de la population mondiale, avertissent de concert les experts. Les dernières données montrent que le monde est « loin » de pouvoir atteindre l’objectif clé de l’Accord mondial de Paris de 2015, soit celui de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.

    La Terre se réchauffe à un rythme effréné et les températures font sauter tous les records précédents, préviennent les experts. Des nouvelles études concluent par ailleurs que les phénomènes météorologiques extrêmes deviendront plus fréquents et que la sauvegarde de la biodiversité se trouve en grand danger. L’intensité des vagues de chaleur « mortelles », des inondations, des ouragans et d’autres événements climatiques extrêmes se sont déjà aggravés, et la tendance inquiète les spécialistes. Pourtant, « dépasser le seuil climatique de 1,5°C n’agit pas comme un interrupteur qui allume toutes sortes de calamités climatiques, mais chaque petit réchauffement supplémentaire concoure à aggraver la donne », l’on peut lire sur le site de l’Administration américaine de l’atmosphère et des océans. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Regain de désinformation sur les plateformes en ligne

    Regain de désinformation sur les plateformes en ligne

    Fondé sur sept principes clés, le plan de l’UNESCO visant à lutter contre la propagation de la désinformation et des discours de haine en ligne vise à protéger l’intégrité des processus démocratiques et du paysage média au niveau global. Le plan est le résultat d’un processus de consultation sans précédent, déroulé pendant 18 mois, rassemblant plus de 10.000 contributions de 134 pays. « Il existe un besoin urgent de réglementation, les fausses informations et les discours de haine en ligne, accélérés et amplifiés par les plateformes de médias sociaux, représentant des « risques majeurs pour la cohésion sociale, la paix et la stabilité » », a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay. Une enquête commandée par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture et réalisée par l’institut de sondage Ipsos dans 16 pays où se tiennent des élections cette année, dont les États-Unis, montre que 56 % des internautes s’appuient principalement sur les réseaux sociaux pour s’informer, ces dernières dépassant ainsi largement l’influence exercée par les chaînes télé et les sites de médias traditionnels. Cette montée en flèche des plateformes sociales comme principale source d’information suscite des inquiétudes, d’autant que la véridicité des informations fournies soit rarement garantie. Plus de 85 % des personnes interrogées ont exprimé leur profonde préoccupation quant aux conséquences de la désinformation en ligne, et 87 % d’entre elles estiment que ce genre d’infox a déjà impacté négativement le paysage politique de leur pays. Les plateformes de médias sociaux ont été identifiées dans les 16 pays analysés en tant que principale source d’infox par 68 % des répondants. La crise géopolitique et sécuritaire actuelle, aggravée par les scrutins prévus avoir lieu cette année, fait que la vitesse de propagation des fausses nouvelles au sein du public risque d’être plus rapide et percutante que celle des nouvelles vérifiées, a déclaré sur les ondes de Radio Roumanie le professeur universitaire Antonio Momoc, de la Faculté de Journalisme et des Sciences de la Communication de l’Université de Bucarest. Il a analysé le mode de communication dans cet environnement en ligne et la façon dont ces nouveaux médias entendent relever les nouveaux défis auxquels ils se voient confrontés. Antonio Momoc :

    « Les études portant sur les différents réseaux sociaux, qu’il s’agisse de Twitter, Facebook, Instagram ou TikTok, montrent que les fausses nouvelles se propagent davantage et plus rapidement que les informations vérifiées. Il s’agit là d’un élément statistiquement vérifiable. Il va de soi qu’un nombre croissant de personnes sont susceptibles d’appréhender la réalité à travers la loupe déformée des infox qui souvent véhiculent différentes théories complotistes. Prenez TikTok, où une nouvelle théorie du complot est lancée chaque seconde, des théories qui déforment et manipulent l’histoire, les traditions ou l’actualité. Et je ne parle pas des l’hypertrucage, ce procédé de manipulation qui recourt à l’intelligence artificielle pour créer des trucages audiovisuels ultraréalistes. Et la propagation des infox est facilité par les algorithmes, car ces informations captent notre attention, nous maintiennent sur la plateforme plus longtemps et génèrent dès lors davantage de revenus. Ce qui tourbillonne, ce qui se propage, ce qui s’amplifie, ce sont avant tout nos sentiments de frustration et de haine, notre colère et le fait que nous pouvons d’une manière ou d’une autre réagir par des commentaires, par des réactions sur les réseaux sociaux. »

    En effet, les infox s’avèrent souvent capables de nous maintenir captifs aux plateformes, de nous pousser à nous investir dans des échanges houleux, et de renforcer nos idées reçues. Pour donner le change, la presse publique, la radio et la télévision doivent s’adapter rapidement aux nouvelles tendances et être davantage présentes en ligne, en fournissant une information correcte et de qualité, ajoute encore Antonio Momoc :

    « Nous avons réalisé une étude sur la consommation d’Internet et de la télévision avant et après la pandémie. La seconde n’a cessé d’augmenter pendant toute cette période, alors que la première s’est plafonnée. En réalité, la consommation d’Internet était déjà à son maximum encore avant la crise du Covid-19. Il n’y avait plus de marge de croissance. Certes, les gens ont fait davantage d’achats en ligne par exemple, car ils étaient coincés chez eux, mais du point de vue de la consommation d’information, ils ont jeté leur dévolu sur les informations fournies en ligne par la presse traditionnelle, la radio, la télévision ou la presse écrite. Cela démontre que la télévision et la radio conservent leur réputation de fiabilité aux yeux du public. Souvent, les consommateurs d’information connaissent très bien quelles sont les plateformes qui fournissent des infos vérifiées, fiables, qui emploient des journalistes professionnels, et lorsqu’ils désirent avoir accès à des informations fiables, ils y vont. Bien sûr, il y a de plus en plus de journalistes professionnels sur les plateformes alternatives également, mais une présence en ligne plus marquée de la radio et de la télévision, de la presse traditionnelle, leur permet de conserver leur public traditionnel et d’en attirer d’autres. Internet n’est qu’un autre média où un journalisme de qualité peut s’exprimer. »

    Par ailleurs, la capacité du public d’aller chercher et de trouver des sources fiables d’information, de conserver son esprit critique, de disposer d’une culture générale solide constituent le meilleur rempart dans la lutte contre la désinformation sur les plateformes numériques. Et dans le contexte d’une exposition croissante à la désinformation en ligne, les médias traditionnels constituent à n’en pas douter un facteur d’équilibre.

    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • L’immigration, vrai ou faux problème ?

    L’immigration, vrai ou faux problème ?

    Etablir des priorités pour mieux gérer les flux

    Fruit d’un compromis difficile, le pacte européen sur la migration et l’asile récemment adopté par le Parlement européen intervient dans un contexte de hausses inquiétantes des demandes d’asile et des chiffres de l’immigration illégale dans l’Union, notamment en provenance d’Afrique du Nord. 1,14 millions de demandes d’asile ont été enregistrées l’année dernière, un seuil jamais atteint depuis 2016, selon l’Agence européenne pour l’asile, tandis que les entrées illégales, également en hausse, s’élevaient à environ 380.000. Le résultat? Le nombre croissant de migrants génère des tensions et des divisions entre les 27 États membres de l’Union européenne. Remus Pricopie, recteur à l’Ecole nationale d’études politiques et administratives, la SNSPA, a fait une analyse de la situation sur les ondes de Radio Roumanie, où il évoque la nécessité d’établir des critères clairs dans l’étude des dossiers des demandeurs d’asile. Aussi, dit-il « nous devons aider ceux qui sont dans une situation compliquée. Quelles sont les options dont disposent les Ukrainiens ? Quelles sont les options dont disposent les Syriens ? Il n’y a aucune alternative dans des conditions de guerre et tant qu’il y a un conflit en cours, et il est normal que les gens qui se retrouvent dans des conditions de guerre s’enfuient tout simplement pour sauver leur vies. Vous n’avez aucun moyen de dire « non, nous n’acceptons pas, nous n’approuvons pas, retournez en Ukraine ». Mais il existe d’autres situations où cette migration, en fait, est catalysée soit par des trafiquants, soit provoquée pour d’autres raisons. Il nous faut donc ou une priorisation des migrants, parce qu’en fin de compte, les ressources des pays de l’Union européenne sont limitées », martèle Remus Pricopie. Ecoutons-le :

    « L’écart en termes de procédures en matière de politique d’asile entre les différents Etats de l’Union européenne a rendu cette politique assez incohérente. Mais avant que nous analysons la façon dont les demandes d’asile et la politique d’immigration au sens large sont gérées au niveau de l’UE, il ne faut pas se voiler la face : l’immigration est l’une des raisons pour lesquelles le discours extrémiste s’est développé partout en Europe. D’un autre côté, s’avérer capable de gérer ce flux, ce grand nombre de personnes qui arrivent sur le sol européen, devient compliqué. Nous parlons de millions de personnes au niveau de l’Union européenne, nous ne parlons pas de dix ou vingt mille, nous parlons de millions. Certes, la migration existe depuis toujours, depuis que des humains vivent sur la terre. Mais si l’on regarde en arrière, dans les années 70, 80, 90, le nombre d’arrivants représentait un pourcentage relativement faible par rapport à la population des pays respectifs. (…) Prenez l’Autriche, pays avec lequel nous débattons au sujet de notre adhésion à l’espace Schengen, mais l’Autriche compte pour 20% de sa population des gens qui ne possèdent pas la nationalité autrichienne, et cela en sus de nouveaux arrivants qui ont déjà eu accès à cette nationalité. L’Allemagne aussi compte quatre millions de résidents d’origine turque. Les choses sont bien plus compliquées qu’elles ne paraissent de premier abord. »

     

    L’instrumentalisation de l’immigration en tant qu’outil géopolitique

    Remus Pricopie attire également l’attention sur un autre aspect ignoré de la question : l’instrumentalisation de l’immigration en tant qu’outil géopolitique, en prenant pour exemple la Turquie, qui utilise les migrants accueillis sur son sol en tant que moyen de chantage à l’égard de l’UE.

    Aussi, la nouvelle législation européenne récemment passée au vote devant le Parlement européen impose une approche unitaire au niveau de tous les États membres. Il s’agit d’un règlement et non d’une directive, ce qui signifie qu’il sera bientôt d’application dans tous les États membre. Une législation censée accélérer et simplifier les procédures, mais aussi rendre effectif le retour des demandeurs d’asile dont la demande a été déboutée. Un autre élément nouveau est la constitution des bases de données communes au niveau européen, pour limiter le risque de voir pénétrer le sol européen des personnes qui peuvent présenter un risque de sécurité. Les empreintes digitales et les images faciales de toutes personnes de plus de six ans seront collectées et enregistrées dans la base de données européenne Eurodac. Dans le même temps, selon le nouveau règlement, les États membres sont tenus d’assurer aux demandeurs d’asile des conditions d’accueil équivalentes en matière de conditions de vie, d’éducation et d’assistance médicale. Les demandeurs d’asile dont la demande a été considérée comme recevable auront accès au marché de travail local au plus tard six mois après le dépôt de leur demande. Par ailleurs, un mécanisme de solidarité sera mis en place, afin qu’aucun État membre ne supporte seul la pression migratoire, qu’il s’agisse des Etats situés à la frontière méditerranéenne ou au long des routes migratoires terrestres. Remus Pricopie :

    « Le problème migratoire ne peut être surmonté que si les Etats tentent de résoudre, fut-ce partiellement, la cause du problème, la situation délétère qui provoque les vagues migratoires dans les pays d’origine. Pourquoi ces gens quittent-ils leur pays ? Il y a les conflits armés, et j’ai déjà évoqué la situation en Syrie ou en Ukraine. Il y a aussi les régimes politiques dictatoriaux, la violation des droits fondamentaux et la question de la pauvreté. Ainsi, en essayant, à travers les politiques européennes, et même au niveau mondial des Nations Unies, de lutter contre ces causes, la pression migratoire devrait baisser. Si, en revanche, nous tenterions de bâtir des murs ou des clôtures, tôt ou tard le mur sautera. Vous savez, Donald Trump voulait ériger un mur de 4 000 kilomètres de long à la frontière mexicaine. Il ne l’a pas fait finalement. Mais avec ou sans mur il y a eu deux millions d’arrestations à cette frontière l’année dernière. 2 millions de personnes, originaires du Mexique, mais aussi d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, ont tenté de franchir illégalement cette frontière. Le problème migratoire est une question des plus ardues au niveau global, à l’exception peut-être des conséquences du réchauffement climatique. »

    Quoi qu’il en soit, la nouvelle politique en matière d’immigration et d’asile sera d’application à partir de 2026 dans tous les Etats membres de l’UE. (Trad. Ionut Jugureanu)