Category: L’avenir commence maintenant

  • L’OTAN dans le nouveau contexte géopolitique international

    L’OTAN dans le nouveau contexte géopolitique international

    Le président Vladimir Poutine s’est fourvoyé en sous-estimant
    l’Ukraine et l’OTAN, et l’Alliance continuera à soutenir Kiev aussi longtemps
    que nécessaire, a récemment réitéré le secrétaire-général de l’organisation, Jens
    Stoltenberg. Selon le patron de l’Alliance, la victoire de la Russie dans cette
    guerre serait une catastrophe aussi bien pour les Ukrainiens que pour le monde
    libre, car le message que cette victoire enverrait aux autres régimes
    autoritaires, Pékin compris, est que l’emploi de la force paye, ce qui nous
    rendrait nous, Europe, Etats-Unis, d’autant plus vulnérables. « Nous
    ignorons la manière dont cette guerre s’achèvera, mais ce dont nous savons c’est
    qu’il faudrait qu’ensuite nous soyons en mesure de rendre impossible un tel
    passage à l’acte », avait encore ajouté Jens Stoltenberg. Aussi, mise à
    part le soutien direct apporté à l’Ukraine, l’OTAN prépare à un changement de
    paradigme. En effet, l’Alliance n’avait pas eu besoin de revoir ses plans de
    défense à grande échelle depuis des dizaines d’années, vu que la Russie postsoviétique
    n’était plus perçue comme une menace. Or, forcément, cette perception a dû être
    revue de fond en comble depuis le début de la guerre en Ukraine. Une analyse publiée
    par l’agence de presse Reuters prétend que les leaders de l’OTAN devraient discuter
    et peut-être avaler de nouveaux plans militaires secrets lors du futur sommet
    de Vilnius de l’Alliance. Des plans qui détailleront, ce qui serait une
    première après la fin de la guerre froide, la manière dont l’Alliance devrait
    réagir face à une attaque russe. L’analyse citée se fonde d’ailleurs sur les
    déclarations d’un haut fonctionnaire militaire de l’OTAN, Rob Bauer, qui
    appréciait que, je cite, « la différence fondamentale entre gestion des
    crises et défense collective est la suivante : dans la première occurrence
    c’est l’adversaire qui prend l’initiative. Alors, il faut que l’on soit prêt à
    faire face à un conflit à tout moment », fin de citation.

    George
    Scutaru, directeur-général du groupe de réflexion New Strategy Center, abonde
    dans le même sens :




    « Pour ce qui est de l’issue de la guerre en
    Ukraine, diverses hypothèses sont sur la table. Et l’une d’entre elles, qu’on
    ne peut ignorer, est celle d’une escalade possible, une escalade qui mène à un
    conflit ouvert entre la Russie et l’OTAN, vu notamment les éléments d’agressivité
    de la Russie dans le conflit actuel. Et les militaires ne peuvent ignorer une
    telle éventualité. Le monde politique non plus. Il s’agit au fond d’une
    hypothèse de travail mise sur la table par les stratèges militaires, et qu’on
    ne peut pas balayer du revers de la main. Car il est évident que dans l’actuel
    contexte la guerre va continuer, parce qu’on voit bien que l’agressivité de la
    Russie ne fait que s’amplifier. Poutine et son régime ne donnent aucun signe
    qui puisse laisser supposer une issue pacifique au conflit actuel. On se dirige
    vers une guerre d’usure, qui peut basculer vers une escalade brutale de la
    situation. Forcément, tout cela dépend de la réaction russe, mais pour notre
    part, il faut nous tenir prêt pour parer à toute éventualité ».



    La région de la mer Noireconstitue par ailleurs un espace particulièrement
    vulnérable, peut-être le plus vulnérable, ajoute l’analyste. C’est bien dans
    cette région que l’on retrouve les conflits gelés, les guerres ouvertes, tel le
    conflit en Géorgie, l’annexion de la Crimée, la guerre à grande échelle déclenchée
    actuellement par la Russie en Ukraine. « Le monde doit être rassuré sur la
    capacité qu’a l’OTAN de faire face à n’importe quel défi. Mais l’OTAN, c’est
    nous. Car l’Alliance tire sa force dans notre capacité collective »,
    ajoute encore le directeur-général de New Strategy Center.

    Le sommet de Vilnius
    a par ailleurs constitué le principal sujet abordé par l’analyste militaire Claudiu
    Degeratu :


    « Notre
    perception a changé de manière fondamentale. Des plans d’actions tels qu’on en
    concevait avant 1989, tels qu’on va encore le faire maintenant, prennent en
    compte l’existence d’un adversaire bien identifié. Ces 30 dernières années,
    nous avons parlé des plans nord-atlantiques pour faire face à des situations de
    crise, pour des guerres par procuration, pour des interventions qui sortaient
    de l’aire de notre vocation première, celle définie par l’article 5 du traité
    de l’Alliance. Nous planifions nos actions en fonction de la situation, et non
    pas par rapport à un adversaire désigné d’avance. Or, en ce moment même, nous
    avons un adversaire désigné, et il s’agit de la Fédération de Russie. Et face à
    cette nouvelle donne et à la suite des décisions prises lors du dernier sommet
    de Madrid, l’OTAN a d’ores et déjà mis sur pied un concept de défense et de
    dissuasion qui couvre l’Europe entière, un concept de défense qui n’était plus
    de mise depuis la fin de la guerre froide. Il s’agit d’un plan qui couvre l’espace
    qui s’étende depuis l’océan Atlantique et jusqu’à la frontière est de l’OTAN, la
    Norvège, la Pologne, la Roumanie, et jusqu’à la mer Méditerranée. Et les plans concrets
    de défense devraient être en accord avec ce concept de défense et de dissuasion
    et devraient dès lors couvrir tout le territoire stratégique européen. Des
    plans intégrés au niveau de l’OTAN, et qui prennent en considération la
    nouvelle organisation des contingents militaires de l’Alliance, basée sur trois
    types de forces qui réunissent jusqu’à 800.000 soldats, pourvus de différents rôles
    et capacités de réaction. Les forces militaires de l’Alliance devraient s’avérer
    alors capables de faire face à n’importe quelle occurrence sur le théâtre d’opérations
    européen ».


    Il ne s’agirait donc pas juste
    de concevoir des plans de réaction en urgence à des situations imprévues qui
    touchent la Turquie ou la Roumanie ainsi que nous l’envisagions jusqu’à présent,
    souligne encore l’analyste Claudiu
    Degeratu. Dorénavant, la Fédération de Russie devrait savoir que l’OTAN est en
    mesure d’intervenir partout sur le théâtre d’opérations européen, avec la même
    force et détermination, avec la même mobilité et capacité de frappe. (Trad.
    Ionut Jugureanu)

  • Des crises en pagaille

    Des crises en pagaille

    La pandémie de Covid-19 avait semblé donner
    le coup d’envoi à une série d’événements marqués d’incertitudes, dont la mise
    sous pression des finances publiques et le bouleversement des priorités en
    matière de politiques publiques. Qui plus est, avec la guerre déclenchée par la
    Russie en Ukraine, les choses sont loin de s’arranger. L’inflation, boostée par
    la mise sous embargo des produits pétroliers russes, n’a pas manqué de provoquer
    la baisse du pouvoir d’achat des ménages, et de menacer la reprise timide qui s’annonçait
    avec la fin de la pandémie.

    Sur les ondes de Radio Roumanie, la journaliste
    économique Lidia Moise, explique :


    « Les effets de la pandémie sont encore
    là. Les Etats se sont empruntés pour venir en aide au monde des affaires dans
    des domaines qui semblaient chanceler, aux employés en chômage technique ou qui
    risquaient de perdre leur emploi. Or cela n’a fait qu’augmenter la dette
    publique et creuser les déficits. La Roumanie s’en sort plutôt bien en
    apparence, car nous étions déjà en situation de déficit excessif, et à la suite
    de la crise les règles se sont assouplies. Les taux directeurs des banques
    centrales ont été maintenus à un niveau historiquement bas. Mais ensuite l’on s’est
    réveillé devant une montée accélérée des prix et un taux d’inflation effarant.
    La guerre en Ukraine a eu son rôle dans cette situation. La Russie a fait du chantage
    économique, a fermé le robinet du gaz, a fait baisser les quantités livrées et augmenter
    les prix. Le chantage n’a pas eu pour la Russie l’effet escompté, car les
    Américains ont envoyé du GPL aux Européens, tout comme les producteurs du
    Maghreb, qui livraient déjà à la France et à l’Italie, et qui ont augmenté leur
    production pour suppléer la baisse de volume du gaz russe. Mais tout ce petit
    jeu a créé une pression immense sur le marché de l’énergie et une inflation
    galopante, que l’on ressente encore. »




    A la crise énergétique sont venues s’ajouter
    la crise du fret maritime et la crise climatique, ajoute l’analyste, cette
    dernière forçant les Etats de revoir leurs priorités en matière d’investissements,
    pour abandonner les industries polluantes et subventionner la création d’industries
    vertes. Mais les choses ne changent pas du jour au lendemain forcément. Lidia Moise :


    « L’on sent
    toujours des flottements à cet égard. Les Américains se posent la question s’ils
    doivent orienter toujours leurs investissements vers l’extraction du gaz de schiste,
    une industrie qui nécessite des investissements conséquents, mais qui demeure
    très polluante. A ce dilemme vient s’ajouter les débuts d’une crise financière,
    que l’on a déjà pu observer aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, en Suisse par
    exemple, ou encore les problèmes auxquels s’était récemment confrontée la
    Deutsche Bank.La crise des subprimes de 2007-2008 nous a encore
    une fois montré le degré de contamination rapide dont une telle crise est
    capable au niveau global. Les politiciens, européens notamment, avaient été
    pris au dépourvu. Voyez-vous, l’on est devant un monde traversé par une multitude
    de crises globales, chacune avec ses causes et ses effets, et elles s’alimentent
    les unes les autres, menaçant en cela l’état de l’économie mondiale
    . »


    Pourtant, et en dépit des incertitudes, la Roumanie semble maintenir le
    cap dans une mer agitée. La stabilité des finances publiques bénéficie à n’en
    pas douter des fonds considérables mis à la disposition de la Roumanie grâce au
    plan européen de relance et de résilience. Lidia Moise :


    « La Roumanie est
    parvenue à contourner les crises jusqu’à présent, et à demeurer en terre ferme.
    J’espère qu’elle saura poursuivre sur cette lancée, maintenir l’équilibre de
    ses finances. Car si l’on regarde dans la région, les choses ne sont pas reluisantes.
    Regardez la Pologne, qui est parvenue à éviter de justesse la récession l’année
    dernière, après avoir traversé une période de récession technique. Ou encore la
    Hongrie, qui est confrontée à un taux d’inflation effarant, de 20%, et cela
    sans parvenir à faire bouger leur économie. L’Europe, le monde sont confrontés
    à une multitude de crises. J’en ai compté sept. Seule l’Allemagne est passée
    par un tel moment après la Première Guerre mondiale, confrontée aux effets de
    la guerre, de la défaite, puis les effets de la pandémie de grippe espagnole, qui
    a laissé des séquelles au niveau de l’état de santé de la population ; L’inflation
    galopante, alimentée par les réparations de guerre ; Et puis, arrive la
    crise de 1929, les faillites en chaîne des banques, l’écroulement de la bourse.
    La Seconde Guerre mondiale a elle aussi été précédée par une suite de crises
    économiques qui ont touché les Etats européens et les Etats-Unis, et qui ont eu
    pour effet de renforcer les régimes dictatoriaux et le repli sur soi identitaire.
    »


    Des crises qui ont finalement
    débouché sur le désastre collectif qu’a été la Seconde Guerre mondiale, et puis
    l’instauration des régimes communistes totalitaires dans toute l’Europe centrale
    et de l’Est, nous rappelle Lidia Moise. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Quelles frontières pour la médecine de demain ?

    Quelles frontières pour la médecine de demain ?

    De nouveaux concepts et de nouvelles pratiques ont fait dernièrement leur
    apparition dans le domaine médical. Télémédecine, empathie artificielle, informatique
    en nuage, apprentissage automatique, blockchain, voilà quelques exemples où les
    nouvelles technologies rejoignent le savoir-faire médical pour améliorer le
    diagnostic et la prévention notamment. Procéder au suivi de son état de santé au
    moyen d’un simple bracelet électronique porté au poignet, programmer automatiquement un
    rendez-vous chez un spécialiste lorsque les données récoltées appellent à cela
    nous suggèrent déjà l’utilité de l’emploi de ces nouvelles technologies dans le
    domaine médical. Suivre son état de santé en temps réel ou encore parvenir à
    connecter, lorsque le besoin se fait sentir, le patient à son médecin traitant,
    voici quelques pistes qui ne relèvent plus dorénavant du domaine de la science-fiction. Google a ainsi créé un système de détection
    automatique du cancer du sein. Microsoft utilise la réalité augmentée pour
    créer des traitements personnalisés, adaptés au mieux aux besoins due chaque
    patient. Le traitement personnalisé, la constitution et l’accès instantanés aux
    bases de données qui conservent l’historique médical du patient, l’emploi à
    grande échelle des technologies géniques représentent quelques facettes de cette
    nouvelle révolution en matière médicale.

    Invitée sur les ondes de Radio Roumanie,
    Elena Ovreiu, de l’université Polytechnique
    de Bucarest, détaille l’emploi que peut faire la médecine de nouvelles technologies
    :


    « Toutes ces nouvelles technologies digitales servent
    à obtenir de manière plus aisée des informations en temps réel sur l’état de
    santé du patient, de croiser les données relatives à l’historique médical du
    patient, aux traitements qu’il suit. Il faut donc être capable de récolter ces
    informations, de les stocker les mettre en lien, les corréler, les croiser,
    assurer la sécurité des données, organiser ces bases de données de la manière
    la plus judicieuse qu’il soit. La cybersécurité est à cet égard essentielle,
    car nous parlons de bases de données personnelles, confidentielles. Il faut se
    soucier également du degré d’interopérabilité entre les différentes bases de
    données, ce qui implique un certain degré de standardisation des modèles utilisés.
    Et une fois stockées et structurées, il faut encore pourvoir analyser ces données.
    Quelles informations recherche-t-on, au bénéfice du système médical, du système
    de l’assurance maladie, du patient. Enfin, voyez-vous, il s’agit des questions
    assez complexes que l’emploi de nouvelles technologies dans le domaine médical soulève
    devant nous ».



    Mais si une chose est sûre c’est que la médecine de
    demain n’aura plus rien à voir avec la médecine que l’on connaît aujourd’hui.
    Fondée de plus en plus sur l’intelligence artificielle, cette médecine sera en
    mesure de mieux aborder le défi que représente la hausse accélérée des dépenses
    engendrées par les maladies chroniques, qui représentent près des 80% des
    dépenses en matière de soins de santé. Les spécialistes tablent encore sur une
    meilleure précision en matière de diagnostics, une amélioration de la qualité des
    traitements fournis aux patients, et dès lors la réduction des coûts engendrés,
    tout cela grâce à l’utilisation à bon escient de l’intelligence artificielle.

    Cristina
    Berteanu, docteur en médecine intensive-réanimation, et
    directrice en recherche et développement dans le domaine, explique les tenants
    et les aboutissants de cette révolution digitale dans son domaine :


    « Avoir un suivi en
    temps réel de l’état de santé des personnes à risque, des malades chroniques, c’est
    prévenir l’aggravation soudaine de leur état et donc éviter qu’elles n’arrivent
    à l’hôpital en dernier ressort. C’est aussi désengorger les services d’urgence.
    Cela nous permettra d’impliquer par ailleurs le patient dans le suivi de son
    état, dans la gestion des symptômes. Aussi, cela aura pour effet la réduction
    des coûts et un meilleur suivi scientifique de différentes maladies ».




    Cette approche est d’autant
    plus intéressante que la Roumanie se voit confronter à un manque chronique de personnels
    médical, alors qu’elle dispose d’un réservoir riche de compétences dans le
    domaine de nouvelles technologies.

    Le médecin américain d’origine
    roumaine Theo Trandafirescu, spécialiste en pneumologie et en médecine
    intensive-réanimation nous parle de l’avenir de la médecine :


    « Bref, c’est cela l’avenir : la digitalisation
    de la médecine, la constitution des bases de données digitales. Pour améliorer l’état
    de santé de la population, il faut disposer de données fiables, il faut nouer
    des partenariats. Les données sont essentielles pour comprendre la maladie, le
    patient, les effets du traitement, l’évolution. La population aura encore des
    besoins en matière sociale et médicale, et nous devons être capables de relever
    ces défis grâce à l’emploi à bon escient de nouvelles technologies ».


    Le docteur Theo Trandafirescu poursuit encore son
    intervention en détaillant les prouesses de la révolution génétique, qui
    complète de manière heureuse la révolution digitale qui est en marchedans son domaine.


    (Trad. Ionut Jugureanu)



  • La vocation européenne de la République de Moldova

    La vocation européenne de la République de Moldova

    « L’avenir de la
    République de Moldova n’est pas garanti si la guerre en Ukraine ne s’achève de
    la manière que l’on souhaite tous, et cela même qu’une invasion russe de cet
    Etat soit de toute façon hautement improbable. Car si l’Ukraine cédait, la
    vocation européenne de la république de Moldova serait compromise, ce qui
    équivaudrait en termes d’effets à une occupation de facto de cet Etat par
    la Russie », appréciait sur les ondes de Radio Roumanie Dan Dungaciu, le directeur de l’Institut des Sciences politiques et des Relations Internationales de l’Académie roumaine. dans une récente analyse de la
    situation internationale de l’ex-république soviétique, habitée par une
    majorité de roumanophones. La sécurité de cette république demeure la clé de
    voûte de sa vocation européenne, rappelle Dan Dungaciu, qui croit savoir que le
    précédent de l’intégration européenne de la république de Chypre ne saura être
    répliqué par Bruxelles dans le cas de la république de Moldova. Dan Dungaciu:


    « Quoi qu’il en soit,
    la voie la plus directe pour l’intégration européenne de la république de
    Moldova passe encore et toujours par la Roumanie. La Roumanie demeurera la seule
    voie de recours de la république de Moldova, fut-ce dans le pire scénario. La
    Roumanie demeurera à ses côtés, prête à assumer son rôle, son partenariat, en
    dépit des aléas de l’histoire, fit-elle tragique. Et, de fait, passer par la
    Roumanie constitue la voie la plus directe de l’intégration européenne de la
    république de Moldova, cela relève de l’évidence. Cet Etat s’est retrouvé jeté malgré
    lui dans un contexte d’incertitudes, provoqué par la guerre menée par la Russie
    en Ukraine. Et nous ne pouvons qu’espérer que la ligne de front demeure aussi
    éloignée que possible des frontières de la république de Moldova. La présidente
    moldave, Maia Sandu, l’avait d’ailleurs rappelé : si les troupes russes
    parviennent toucher Odessa et le pourtour de la mer Noire, la défense de la
    république de Moldova deviendrait hasardeuse. Cet Etat se voit donc confronté à
    un souci major pour parvenir à assurer sa sécurité ».


    La
    position de neutralité de la république de Moldova, qui demeure à mi-chemin
    entre l’Est et l’Ouest, n’est effectivement pas en mesure de la protéger,
    affirme encore le directeur de l’Institut des Sciences politiques et des
    Relations internationales de l’Académie roumaine Dan Dungaciu. La Russie n’est
    sans doute pas prête de relâcher la pression, considérant toujours la
    république de Moldova comme faisant partie de sa zone d’influence, et tentant d’imposer
    une direction politique pro-russe à Chisinau. Selon la présidente
    pro-européenne Maia Sandu, si l’héroïsme des défenseurs ukrainiens a pu tenir
    les troupes russes loin de la frontière moldave, son pays fait malgré tout face
    à ce qu’elle a appelé une guerre hybride. Même son de cloche de la part d’Anatol Şalaru, analyste politique et ancien membre du gouvernement de
    Chisinau :


    « La république de Moldova fait face à des formes
    de guerre hybride de la part de la Russie. Il s’agit notamment de tentatives de
    déstabilisation du pouvoir légitime. Regardez ces manifestations téléguidées,
    organisées toutes les semaines par le parti Sor, et qui ne poursuivent aucun objectif
    sinon purement politique. Il s’agit des manifestations bidon, les gens sont
    payés pour y prendre part, cela peut aller de 20 euros à plusieurs milliers d’euros,
    en fonction des responsabilités dont sont chargés les manifestants par leurs sponsors
    indélicats. Malheureusement, le gouvernement légitime a été lent à réagir. Il y
    a quelques mois encore, le pouvoir se refusait de dénoncer de tels agissements,
    tout comme le rôle endossé par la Russie dans cette provocation.
    »


    Ce genre de pressions pilotées depuis Moscou peuvent déstabiliser aisément
    la situation à Chisinau, d’autant que les institutions censées défendre les
    intérêts de la petite république roumanophone demeurent fragiles. L’issue de la
    guerre en Ukraine demeure donc d’une importance capitale pour assurer la sécurité
    de la république de Moldova, alors que ladite sécurité demeure un élément
    essentiel pour préserver ses chances européennes. Anatol Şalaru :


    « Vous savez, une fois actée la victoire
    ukrainienne, l’armée russe stationnée dans la république séparatiste de
    Transnistrie n’aura rien à faire que de plier armes et bagages. Plus personne
    ne permettra le maintien de ce cap de pont russe, dans cette enclave illégale
    située entre l’Ukraine et la république de Moldova. Qui plus est, Moscou ne
    sera plus en mesure de financer et de soutenir logistiquement les séparatistes pro-russes
    de cette enclave. Les séparatistes, qui vivent aujourd’hui des retombées du gaz
    russe et de l’aide financière assurée par Moscou, vont se retrouver à court de
    ressources. Le gaz russe, traverse d’abord l’Ukraine avant de rejoindre la Transnistrie.
    Ces ressources disparaîtront au grand dam des séparatistes ».


    Il n’en va pas moins que la république de Moldova
    traverse aujourd’hui une période trouble, et qu’elle serait en de bien mauvais
    draps sans le soutien que lui assure la Roumanie, note encore Anatol Șalaru. Par ailleurs, affirme le commentateur, la
    Roumanie s’est toujours érigé en l’avocat des intérêts moldaves devant les
    institutions européennes, défendant bec et ongles, à chaque occasion, le
    soutien apporté par Bruxelles à la petite république voisine. C’est que la république
    de Moldova risque de constituer le maillon faible de la zone, et qu’en l’absence
    du soutien consenti par la Roumanie et par l’UE à son égard, la république de
    Moldova risquerait de se retrouver dans de bien mauvais draps, achève son
    analyse Anatol Şalaru. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Le droit des femmes à une vie exempte de violence et discrimination

    Le droit des femmes à une vie exempte de violence et discrimination

    La
    notion d’égalité de genre est souvent utilisée pour désigner l’égalité entre les
    femmes et les hommes. Elle décrit une situation dans laquelle femmes et hommes
    jouissent de l’égalité des droits et des chances, où le comportement, les
    aspirations, les souhaits et les besoins des femmes et des hommes sont
    également valorisés et favorisés. Elle implique également d’assurer leur
    égalité dans l’accès et dans la distribution des ressources. Ce principe a été
    endossé par l’Union européenne en tant que valeur essentielle, droit fondamental,
    composante indispensable pour la croissance économique et principe de base en
    matière des droits sociaux. Pourtant, en dépit des progrès enregistrés ces
    dernières années, l’inégalité entre hommes et femmes perdure, sur le marché de
    travail notamment.

    Dans une déclaration commune promue par pas moins de 21 représentations
    diplomatiques de Bucarest, dont celle de la Commission européenne, l’on
    comprend que pour assurer l’égalité de genre, il faudrait tout d’abord s’assurer
    de la place réservée aux femmes dans tous les domaines de la vie privée et
    publique, et ce y compris en matière de représentation politique. Les signataires
    soulignent par ailleurs le droit des femmes de pouvoir vivre dans une société
    exempte de violence et de toute forme de discrimination. La commissaire
    européenne pour l’Egalité, la maltaise Hellena Dali avait souligné à Bucarest
    que « les progrès enregistrés en matière d’égalité des droits demeurent
    toujours en-deçà des attentes, et qu’au niveau de la Commission européenne l’on œuvre pour une Europe où les filles et les femmes
    peuvent s’épanouir en égale mesure et sans entraves, tout comme les hommes ».



    En Roumanie, 46% des femmes soignent des enfants, des personnes âgées ou encore
    des personnes handicapées dans leur famille, contre 25% pour les hommes. La
    représentation politique demeure toujours extrêmement inégale alors que l’on
    regarde du côté de l’un ou l’autre sexe. Aussi, la sous-représentation des
    femmes au niveau parlementaire tout comme au niveau de l’exécutif représente un
    déficit démocratique, selon la commissaire pour l’Egalité. En matière de rémunération
    entre les femmes et les hommes, les premières sont encore trop souvent moins
    bien payées pour un même travail.



    Le thème de l’égalité de genre a été récemment
    abordé au micro de Radio Roumanie par la professeure des universités Andreea
    Paul, qui n’hésite pas à affirmer que pour que la Roumanie devienne une nation
    forte, prospère et compétitive, il faudrait offrir des droits et l’accès égaux aux
    hommes et aux femmes dans le système politique, social et administratif, tout
    comme en matière économique, au sein des entreprises.


    Andreea Paul : « En matière d’égalité
    salariale, la Roumanie est le bon élève de l’Union européenne, ce qui constitue
    une excellente nouvelle. Dans l’ensemble de l’Union, les choses sont en
    revanche moins roses. Il est vrai qu’en matière d’éducation, le système
    européen est parvenu à promouvoir les filles, et celles-ci arrivent à acquérir aujourd’hui
    de hautes compétences professionnelles. Le problème c’est que l’on peine à capitaliser
    ces avancées en matière de hausse de compétences dans une proportion plus
    importante des femmes dans des postes à responsabilités. Dans le privé, les
    choses en matière d’égalité tendent à s’améliorer, à l’exception notable de
    grandes entreprises. Et dans ce cas, le gouvernement avait récemment proposé d’observer
    un quota de genre de 30% dans les conseils de directions des entreprises cotées
    en bourse. Cela voudrait dire qu’il ne peut y avoir moins de 30%, qu’il s’agisse
    de femmes ou d’hommes, au sein d’un conseil de direction d’une grande
    entreprise. Evidemment, l’on est loin actuellement de rencontrer ce desiderata ».






    Et même si le décalage en
    matière de qualité de vie tend à diminuer entre la Roumanie et les autres Etats
    de l’UE, l’égalité de genre, composante essentielle de l’indicateur de la
    qualité de vie, demeure bien loin en Roumanie de ce qu’il est dans les Etats occidentaux
    de l’Union. La professeure Andreea Paul n’oublie pas de mentionner ainsi que
    les quota de 30% dont on parle aujourd’hui chez nous, ont été introduits depuis
    plus de 20 ans dans d’autres pays de l’Union.

    Andreea Paul : « L’on
    doit récupérer un retard important en termes de mentalités. Certes, la rapidité
    des changements que l’on vit de nos jours, l’environnement numérique, la voix
    des femmes qui se fait de plus en plus présente, constituent autant de facteurs
    qui nous aident à avancer plus vite. Mais il faudrait mieux informer sur ce qu’est
    l’égalité de genre, sur les tenants et aboutissants de ce concept. Il faudrait
    respecter davantage les féministes, les activistes féministes, le féminisme en
    général, un terme de plus en plus connoté. Nous sommes tous redevables aux
    féministes. C’est grâce à leur combat que nous avons le droit de voter et d’être
    élues, que nous avons accès aux études, quel que soit leur niveau, que nous
    avons l’accès garanti au marché de l’emploi et à tout type de travail rémunéré,
    ainsi qu’à l’égalité de rémunération pour un travail de valeur égale. Tout
    cela est le fruit du militantisme féministe, des féministes que l’on n’a pas
    cessé de harceler ces dernières décennies »





    Pourtant,
    ajoute Andreea Paul, c’est bien grâce aux fruits de leur
    militantisme acharné que les femmes d’aujourd’hui sont en mesure de vivre de manière
    digne et équilibrée. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Une année de guerre en Ukraine

    Une année de guerre en Ukraine


    « Après une
    année de guerre, la Russie n’a réussi à atteindre aucun des objectifs que
    Vladimir Poutine lui avait assignée lors de sa fameuse allocution du 24 février
    2022. Mais, par ailleurs, aucun des deux belligérants n’est parvenu à s’imposer
    de manière catégorique, alors que la fin de la guerre ne semble pouvoir être
    décidée ailleurs que sur le champ de bataille », avait affirmé le
    politologue Cristian Pârvulescu, dans une interview pour l’agence Agerpres, une
    année après le déclenchement de l’agression russe en Ukraine. « Car ce n’est
    qu’après la fin des opérations militaires que l’heure des négociations sonnera.
    Et il n’y a que trois issues possibles à ce conflit : soit la Russie gagne ; soit l’Ukraine gagne ; ou alors, aucune des parties n’arrive à s’imposer. Dans
    cette dernière situation, l’armistice devrait acter la réalité qui existe sur
    le terrain au moment précis de l’armistice. Or, cette solution semble aujourd’hui
    inacceptable pour les deux parties », avait encore affirmé le politologue
    Cristian Pârvulescu. Pourtant, le nombre des victimes humaines (morts, blessés
    ou disparus au combat) ne fait qu’augmenter de jour en jour, s’élevant à
    plusieurs centaines de milliers des deux côtés du front depuis le début des hostilités.
    Des millions de civils ont été poussé à l’exile. Des villes entières ont été
    rasées.

    Dans une interview pour
    Radio Roumanie, George Scutaru, directeur général du Centre New Strategy, fait
    le bilan de cette année de guerre, et de ce qu’il apprécie comme constituant le
    plus grand défi pour la sécurité européenne et pour l’Organisation du traité de
    l’Atlantique Nord depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale :


    « Ce
    que l’on a pu voir durant cette année de guerre rend malheureusement justice aux
    positions roumaines, baltes, polonaises, aux positions des Etats situés sur le
    flanc est de l’OTAN, et qui avaient depuis longtemps alerté leurs alliés
    occidentaux sur le danger que représentait la Russie, sur l’urgence d’une prise
    de positions censée empêcher que la Russie ne poursuive ses actions agressives,
    à l’instar de celles menées en 2008 en Géorgie, ou encore en 2014, lorsqu’elle
    avait annexé la Crimée. L’on avait encore une fois misé de manière stupide sur
    les bénéfices du dialogue et de la diplomatie, plutôt que sur le rapport de
    force. Et, avec cela, on a débouché sur une guerre à grande échelle. Ce qui est
    remarquable, reste la volonté de résistance du peuple ukrainien. Et dans ce
    contexte l’on voit combien opportun a été le programme d’entraînement des forces
    ukrainiennes, démarré en 2015 par les Etats-Unis, le Royaume-Uni et par d’autres
    Etats de l’OTAN. Parce qu’aujourd’hui, l’on voit une armée ukrainienne tout à
    fait différente de ce qu’elle était avant 2014, et cela a eu un impact concret
    sur le terrain. Et puis, de l’autre côté, l’on a pu voir l’armée russe, corrompue,
    mal dirigée, et qui a dû suivre des plans mal ficelés. Et c’est bien ce qui a
    contribué à l’échec de l’offensive russe sur le terrain. Mais il ne faut pas se
    presser de sabrer le champagne. L’on parle d’une puissance qui compte 140
    millions d’habitants, dotée de ressources énergétiques conséquentes, et dirigée
    d’une main de fer par une classe politique jusqu’au-boutiste. Poutine n’est pas
    près de céder. Et la Russie est en mesure d’un point de vue économique de
    poursuivre cette guerre sur le long terme. Nous nous trouvons devant deux
    scénarios : on pourrait se diriger vers une victoire ukrainienne dans la
    seconde partie de l’année, lorsque son armée serait en mesure de faire pencher
    la balance en utilisant à bon escient l’ensemble de l’armement fourni par les
    Occidentaux, et je parle notamment de chars, de blindés, qui peuvent doter l’Ukraine
    d’une force de frappe capable de rompre le front russe et d’isoler la Crimée, ou
    alors l’on pourrait se diriger vers une guerre d’usure, qui s’éteindrait sur
    plusieurs années, jusqu’à l’épuisement de la volonté de combattre des deux
    pays.
    »


    Une chose est sûre : Au mois de février de l’année
    précédente, le Kremlin misait sur une victoire rapide en Ukraine. Mais la résistance
    ukrainienne et l’aide massive apportée par les Etats occidentaux avait surpris ses
    plans dès les premiers jours de la guerre. La menace nucléaire, voilée ou
    directe, a été constamment présente dans cette équation complexe, provoquant de
    l’émotion au sein des populations et la réaction des dirigeants occidentaux.

    Le secrétaire général adjoint de l’OTAN, Mircea Geoană :


    « La
    Fédération de Russie n’a semble-t-il ni la capacité, ni la volonté d’escalader la
    guerre en Ukraine vers une guerre contre l’OTAN. Ce serait d’ailleurs totalement
    illogique, car l’asymétrie des forces en présence, surtout avec une Russie déjà
    sensiblement affaiblie par le conflit et dotée des capacités militaires qui se
    sont avérées bien en-deçà de leurs propres estimations, est telle que la
    volonté d’escalade du côté russe serait insensée. Mais la Russie essaye d’utiliser
    contre nous, contre nos populations, des éléments de guerre hybride, dont les
    armes que constituent la désinformation et l’intimidation, en faisant usage de
    la rhétorique belliciste et nucléaire. Le Kremlin essaye d’intimider l’opinion
    publique occidentale. Et cela provoque forcément des angoisses. Il s’agit d’une
    réaction tout à fait compréhensible. Mais ce que je voudrais souligner, pour
    calmer un peu les esprits, c’est qu’il n’existe en réalité aucun indice de
    nature militaire qui pourrait nous faire craindre un usage possible des armes
    nucléaires ».



    Mais en dépit de cela,il se peut bien que la rhétorique nucléaire russe, censée
    intimider l’opinion publique occidentale et rompre la solidarité avec l’Ukraine,
    se poursuive, précise encore le secrétaire-général adjoint de l’OTAN, Mircea
    Geoana. (Trad. Ionut Jugureanu)



  • Le risque sismique en Roumanie

    Le risque sismique en Roumanie


    La Turquie a été
    récemment confronté au désastre provoqué par le terrible tremblement de terre
    qui avait frappé le pays le 6 février dernier, dont l’intensité s’est élevée à
    7,8 sur l’échelle de Richter, et qui a été suivi par une série de répliques,
    dont certaines assez puissantes. D’autres pays riverains, dont Israël, le Chypre
    ou encore la Syrie ont également ressenti les secousses, le nord de la Syrie
    étant touché de plein fouet et comptant ses morts par milliers. A la suite du
    désastre, la communauté internationale s’était rapidement mobilisée pour venir
    en aide aux secouristes turcs. L’UE a même activé son mécanisme de protection
    civile, dont la Turquie en fait partie. Plusieurs pays, dont la Roumanie, se
    sont empressée d’envoyer à leur tour des équipes de secouristes sur place.


    Le sismologue Mihail
    Diaconescu de l’Institut de recherche des sciences de la Terre, explique sur
    nos ondes les causes d’une telle catastrophe :


    « Le premier séisme, d’une
    magnitude de 7,8, s’était produit dans la jonction formée par l’intersection
    des plaques africaine, anatolienne et arabique. Le séisme ultérieur, d’une intensité
    de 7,5, a eu lieu sur le segment de faille du Sürgü-Çartak de la faille
    est-anatolienne, avec une orientation est-ouest, donc différente du premier
    séisme. L’on connaissait déjà ces séismes de surface, d’une magnitude supérieure
    à 7, provoqués au long de la faille nord-anatolienne, située au nord de la
    Turquie, et longeant les côtes turques de la mer Noire. Selon le catalogue
    rédigé par notre institut, la Roumanie avait connu au 19e siècle un
    désastre d’une telle amplitude, un séisme de 7,9, considéré comme le pire séisme
    que notre région sismique, la région de Vrancea, risque de provoquer. Certes, s’agissant
    de données historiques, la magnitude de ce séisme n’est que le résultat d’une
    évaluation ultérieure, et en réalité son intensité aurait pu être quelque peu
    en-deçà de notre estimation. »



    Déclenché
    en 1802, le séisme de la région de Vrancea dont nous parle le sismologue Mihail
    Diaconescu a été ressenti jusqu’à Moscou et Constantinople. Les chroniqueurs de
    l’époque contaient avec effroi l’écroulement de tous les clochers de Bucarest. 138
    années plus tard, en 1940, un séisme d’une magnitude de 7,4 aura lieu dans la
    même région de Vrancea, à une profondeur de 133 km, et secouera la terre
    pendant 3 minutes. Plus de 5.000 victimes seront alors enregistrés, dont 1.000 morts
    et 4.000 blessés. La capitale seule déplorera plus de 300 décès, la plupart
    provoqués par l’effondrement d’un building moderne de 12 étages, dont la
    structure en béton armé n’avait pas résisté à la violence des secousses. A la
    suite du séisme de 1940, l’Association générale des ingénieurs civils de
    Roumanie avait commandité une étude portant sur les effets des séismes sur les structures
    en béton armé, de nouvelles normes en matière de construction étant par la
    suite adoptée. En dépit de cela, 37 années plus tard, le 4 mars 1977, un
    nouveau tremblement de terre, d’une magnitude de 7,2 sur l’échelle de Richter,
    touchait la Roumanie de plein fouet, provoquant la perte de 1.570 vies humaines,
    dont pas moins de 1.440 à Bucarest.

    La capitale, de loin la plus touchée, avait
    déploré à l’époque l’effondrement de 33 buildings, alors que bien d’autres
    encore avaient été endommagés. L’épicentre du séisme a été localisé à une
    profondeur de 100 km, alors que l’onde de choc a été ressenti jusqu’aux confins
    des Balkans. 9 années plus tard seulement, en 1986, la Roumanie se voyait à nouveau
    touchée, par un séisme de moindre intensité cette fois, mais qui aurait
    néanmoins provoqué 150 victimes. Enfin, en 1990 la Roumanie se voyait
    confrontée à trois séismes dans la même année, et dont les intensités ont varié
    entre 6,1 et 6,9, provoquant au total 13 décès.

    Invité sur les ondes de Radio
    Roumanie, l’ingénieur Matei Sumpasacu, expert en
    matière de constructions érigées dans les zones qui présentent un risque
    sismique significatif, explique les causes du désastre provoqué par le récent
    tremblement de terre en Turquie, sans oublier de mentionner les risques sismiques
    encourues par la Roumanie.

    Matei Sumpasacu :


    « Pour ce qui est du séisme du 6 février passé,
    il s’agit forcément d’une énorme tragédie. Vous savez, ce n’est pas le séisme
    qui tue, mais les bâtiments qui s’écroulent. Et si le tremblement de terre de
    Turquie a provoqué tant de victimes ce n’est que parce qu’il a frappé une
    région peuplée, caractérisée par une vulnérabilité accrue du bâti face à ce type
    de risque. Cette vulnérabilité provient tout d’abord des normes antisismiques
    ignorées, ou peu adaptées. En effet, ce n’est qu’à partir de 2000 que les nouveaux
    projets immobiliers ont commencé à prendre en considération ce type de risque, mais
    ce n’est qu’après 2018 que les plans de résistance des structures se sont
    véritablement améliorés. Cependant, les bâtiments érigés avant 2000 présentent
    des vulnérabilités manifestes. Et l’on a vu de quoi il s’agissait : des bâtiments
    dont le rez-de-chaussée abritait des espaces commerciaux, des espaces ouverts,
    et puis l’on a pu voir aussi la manière dont ces bâtiments s’enfonçaient, comme
    un accordéon, dès que la structure du rez-de-chaussée cédait. Et cela m’a fait
    penser à la vétusté du fond immobilier roumain, où l’on trouve des buildings érigés
    avant 1977, voire avant 1940, et dont les plans prenaient peu, voire pas du
    tout en considération le risque sismique. »





    Et il
    est parfaitement vrai que parmi les bâtiments qui se sont récemment écroulés en
    Turquie à la suite du tremblement de terre du 6 février dernier, il y avait
    aussi des bâtiments flambant neuf, ou presque. Car, avoue l’ingénieur Sumpasacu,
    avoir à disposition des normes de bonnes pratiques de construction ne suffit
    pas. Encore faut-il les respecter. Et lorsqu’on sait qu’en matière de
    corruption et de pots-de-vin le secteur du bâtiment caracole en tête de liste, l’on
    sera moins étonné par le résultat. (Trad Ionut Jugureanu)



  • Les nouveaux défis de la cybersécurité

    Les nouveaux défis de la cybersécurité

    La guerre déclenchée par la Russie en Ukraine ne pouvait
    pas épargner l’espace virtuel. Certains chercheurs en parlent même comme de la plus
    grande guerre cybernétique jamais connue jusqu’à présent, ou du moins la
    première qui ait impliqué tant de moyens de part et d’autre. En effet, depuis
    le début du conflit, Moscou a lancé un nombre impressionnant de cyberattaques
    contre autant de réseaux de l’infrastructure critique ukrainienne, ayant
    parvenu à endommager Viasat, le réseau de satellites de communications de l’adversaire,
    ce qui avait mis un moment en danger ses capacités de défense.






    Progressivement toutefois, l’intensité des cyberattaques russes
    a diminué, pour se réduire à l’heure actuelle, une année après le début de la
    guerre, à la seule collecte d’informations. Il n’empêche, la guerre en Ukraine,
    les avancées technologiques chinoises, l’emploi grandissant du virtuel au travail,
    phénomène que la crise du Covid-19 n’a fait qu’accélérer, montrent l’importance
    grandissante de la cybersécurité.






    Et le contexte géopolitique actuel, qui est plutôt loin d’être
    à l’apaisement, fait craindre aux diverses organisations une augmentation des
    risques en la matière. Les dégâts provoqués par la cybercriminalité pourraient
    ainsi augmenter de 15% par an jusqu’en 2025, et dépasser des pertes cumulées de
    10.000 milliards de dollars par an, selon le dernier rapport publié par le
    plus important institut international de recherche en matière de cybersécurité, Cybersecurity Ventures. Avec l’usage de l’intelligence artificielle,
    les nouvelles techniques de fraude sur la toile seront plus élaborées et plus
    difficilement détectables, affirme pour sa part le Directorat national pour la cybersécurité de Bucarest. Et si les gérants de l’infrastructure
    critique et des institutions essentielles connaissent bien les dangers encourus,
    il n’en est pas de même pour monsieur Tout-le-monde.




    Certes, parmi les méthodes les plus usitées employées par les fraudeurs en
    ligne, l’hameçonnage demeure encore et toujours en tête de liste. Mais d’autres
    méthodes ont fait leur apparition comme nous l’explique Mihai Rotariu, responsable communication du Directorat
    national pour la cybersécurité de Bucarest.


    Mihai Rotariu : « En début de chaque année,
    l’on constate une recrudescence des cyberattaques. Les fraudeurs profitent du
    contexte, essayent par exemple de profiter de la vague de promotions de fin d’année.
    Pratiquement, ils lancent des campagnes d’hameçonnage, utilisant l’identité
    visuelle de certaines marques bien connues. Il peut s’agir de banques, de
    grandes enseignes, de commerces en ligne, de services postaux, voire de
    certaines institutions publiques : police, direction des impôts, ou encore
    l’agence Europol. L’hameçonnage utilise habituellement les boîtes mail, mais cette
    technique utilise de plus en plus également les textos et les réseaux sociaux, l’objectif
    principal étant la collecte des données personnelles, financières, les mots de
    passe des usagers. La principale méthode utilisée consiste à envoyer la victime
    vers des sites clone, qui ressemblent à s’y méprendre aux vrais sites des
    commerçants, aux sites officiels, mais qui sont hébergés sur les domaines des
    pirates informatiques. C’est pourquoi il faut toujours regarder le nom de
    domaine du site, car nous allons leur fournir des informations confidentielles. »






    Des programmes d”intelligence artificielle que les
    pirates informatiques ont commencé à utiliser constituent un véritable défi.
    Censés automatiser le travail de piratage, capables de mieux s’adapter à l’environnement,
    ils arrivent à augmenter le taux de réussite des pirates informatiques. Mais
    que faire face à cette vague déferlante de piratage informatique ?






    Mihai Rotariu : « En suivant une certaine routine
    en matière de cybersécurité, l’on arrive à se préserver d’à peu près 90% des
    pièges potentiels. Lorsque je parle d’une routine, il faut comprendre les bons réflexes
    que l’on doit tous avoir. C’est un peu similaire aux bons réflexes que l’on a
    dans la vie courante, lorsque l’on travers la rue par exemple. L’on regarde à
    droite, à gauche, la couleur du feu, avant de s’engager. Voyez-vous, c’est à
    peu près la même chose lorsque l’on navigue sur la toile. Il ne faut pas ouvrir
    un lien qui ne provient pas d’une source sûre. Il faut aussi savoir que les
    sociétés qui offrent leurs services en ligne, les institutions financières en
    particulier, ne transmettent jamais des courriels, des textos, des annonces
    sponsorisées comprenant des liens pour actualiser vos données personnelles, ou demandant
    vos données d’authentification. Cela se fait exclusivement grâce aux
    applications d’internet banking. Vous pouvez aussi vérifier l’adresse d’un site
    qui vous semble suspect en utilisant un moteur de recherche. Il faut faire
    encore attention au domaine, pour ne pas tomber sur des sites clones. Méfiez-vous
    enfin des offres commerciales qui vous semblent bien trop attrayantes pour être
    vraies. »







    Toujours prévoir, vérifier et croiser l’information, avant
    de se lancer à ouvrir des liens qui mènent vers des sites inconnus, surtout en
    matière de promotions commerciales, ajoute encore Mihai Rotariu. (Trad Ionut
    Jugureanu)



  • Feuille de route pour la sauvegarde de la planète

    Feuille de route pour la sauvegarde de la planète

    Les températures sont en hausse constante en Roumanie,
    avertissent les spécialistes à l’unisson, 2022 étant la plus chaude année
    depuis que l’on a commencé à réaliser des statistiques du genre, et elle battit
    ce record pour la troisième année consécutive. Par ailleurs, les années les
    plus chaudes des 122 dernières années, soit entre 1900 et 2022, ont été 2019,
    2020, 2022, 2015 et 2007, alors que la décade 2012/2022 a été marquée par une
    hausse constante des températures, d’une année sur l’autre. Et la Roumanie est
    loin d’être une exception, car la tendance est globale.

    La dégradation
    accentuée de l’état de la biodiversité mondiale n’est pas sans lien avec cette
    hausse accentuée des températures, avertissent les spécialistes à l’unisson,
    près de 75% des
    écosystèmes et un million d’espèces étant directement impactés par l’activité
    humaine, ce qui ne tardera pas, par un juste retour de bâton, de mettre en
    danger le bien-être de l’homme, dans la mesure où près de la moitié du PIB
    mondial dépend de la nature. Inquiet du constat, le secrétaire-général des Nations-Unies,
    Antonio Guterres, appelle à conclure ce qu’il a appelé « un traité de paix
    avec la nature ». Et, en effet, au sommet de Montréal qui a eu lieu au mois
    de décembre passé, un accord historique a été adopté.

    Surnommé l’Accord Kunming-Montreal, il entend mettre fin à la perte de la
    biodiversité, voire la restaurer, en fixant des objectifs quantifiés avec un
    cadre de suivi. Après quatre années d’âpres négociations, l’Accord prévoit la
    restauration de 30 % des écosystèmes terrestres et maritimes dégradés d’ici à
    2030, et la protection de 30 % d’aires terrestres et de 30 % d’aires marines. A
    noter qu’à l’heure de la signature de l’Accord seuls 17% d’aires terrestres et
    8% d’aires marines bénéficiaient d’une forme de protection. Le texte de l’Accord
    offre en outre des garanties aux populations indigènes qui vivent dans les
    zones qui concentrent près de 80% des écosystèmes existants. L’accord est
    historique à plus d’un titre, car il s’agit du premier cadre de ce type, un
    cadre ambitieux, prévoyant de réglementer l’usage des pesticides et de mettre
    fin aux subventions néfastes qui ont un impact délétère sur l’environnement. Mircea Duţu, président de l’Université écologique de
    Bucarest, s’exprime sur les ondes de Radio Roumanie sur l’impact attendu de l’Accord
    de Montreal. Ecoutons-le :


    « Il s’agit un peu d’une première victoire, mais il
    nous faut attendre voir ses effets. L’accord a été endossé par consensus, mais
    il devra passer encore par les fourches caudines des processus de ratifications
    des Etats signataires, avant qu’il n’entre en vigueur. L’accord établit un
    nouveau cadre en matière de biodiversité. Pourtant, l’on avait déjà établi 21
    objectifs en 2010, au Japon, pour 2020. Et l’on constate qu’aucun n’a été
    rempli. Evidemment, je ne puis que souhaiter que l’on arrive à remplir une bonne
    partie des 23 objectifs que l’on s’était donné à Montréal. L’Accord entend mettre
    fin au déclin de la biodiversité, voire renverser la vapeur. A long terme, soit
    en 2050, en 2100, l’on voudrait voir l’humanité vivre en communion avec la nature.
    Par ailleurs, les objectifs de l’Accord de Montréal s’accordent avec les
    objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, car le lien entre le réchauffement
    climatique et la perte de la biodiversité le lien est direct. »



    Comme on pouvait s’attendre, la question du
    financement des mesures proposées a été au centre des débats et jusqu’à la
    réunion finale, les Etats du Sud exigeant aux Etats riches du Nord de financer
    les efforts auxquels convenaient de s’astreindre à hauteur de 100 milliards de
    dollars par an au départ, avec un accroissement progressif de l’enveloppe
    budgétaire jusqu’à 700 milliards de dollars jusqu’en 2030. Finalement, l’accord
    conclu prévoit la constitution d’une enveloppe de 30 milliards de dollars par
    an, pour compenser les coûts que les mesures vont faire peser sur les épaules
    des pays moins développés.

    Par ailleurs, ces derniers ont exigé à cor et à cri
    la constitution d’un fonds mondial pour la préservation de la biodiversité, à l’instar
    du fonds constitué lors de la COP 27 sur le Climat déroulé en Egypte, censé
    aider les Etats moins développés à pouvoir mieux affronter les effets du
    changement climatique. Dans ce contexte, la Chine, qui a présidé les travaux de
    la COP 15 sur la biodiversité a finalement proposé en guise de compromis la
    constitution en 2023 d’une composante biodiversité dans le cadre de l’actuel
    Fonds global pour l’environnement. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • L’économie roumaine à l’heure du bilan

    L’économie roumaine à l’heure du bilan

    L’année 2023 a débuté plutôt
    sous de mauvais auspices. Les institutions financières internationales ont
    averti sur le risque de l’entrée en récession de plusieurs économies
    importantes. Même en l’absence de toute mauvaise surprise, la croissance
    mondiale devrait ralentir sérieusement cette année, à cause de l’effet conjugué
    de l’accroissement de principaux taux directeurs, censé empêcher l’envolée de
    l’inflation, la dégradation des conditions financières et les effets de la
    guerre en Ukraine. La Banque mondiale exige des mesures censées atténuer les
    risques induits par la baisse de l’activité économique et les charges de la
    dette auxquels sont confrontés les économies émergentes. Dans une récente
    interview passée sur la chaîne CBS, la directrice-générale du FMI, Kristalina
    Georgieva, affirme
    s’attendre à l’entrée en récession d’un tiers de l’économie globale et d’une
    croissance chinoise en berne, pour la première fois depuis 40 ans en-deçà de la
    moyenne globale, ce qui en dit long. Kristalina Georgieva :


    « Pour la majeure partie de l’économie globale,
    ce sera une année difficile, plus difficile que la précédente. Et cela parce
    que les trois principaux ensembles de l’économie mondiale, à savoir les
    Etats-Unis, l’UE et la Chine, ralentissent simultanément. Les Etats-Unis
    semblent les plus résilients du trio, et ils pourraient éviter la récession. L’on constate notamment la résilience de leur marché de
    travail. Mais cela fait que, à cause de cela, la Réserve fédérale est forcée de
    maintenir ses taux directeurs élevés sur le long terme, pour juguler
    l’inflation. L’UE a été quant à elle durement frappée par les conséquences de
    la guerre en Ukraine. La moitié des Etats européens entrera en récession.
    L’économie chinoise va poursuivre sa décélération, et il est à prévoir une
    année compliquée pour ce pays, ce qui ne manquera pas d’entraîner des
    conséquences au niveau global. Et puis, lorsque l’on regarde du côté des
    marchés émergents, la situation est encore pire. Ces Etats sont impactés par la
    hausse des taux directeurs et du dollar américain. Ces économies vont en
    souffrir.
    »


    Selon la cheffe du
    FMI, la croissance mondiale s’établira cette année à 2,7%, à rapporter à 3,2%
    de l’année précédente. Pour ce qui est de la Roumanie, les spécialistes
    tablent sur une croissance de 2,8% cette année, alors qu’en 2022, la croissance
    du PIB avait dépassé la barre des 5%. Invité sur les ondes de Radio Roumanie,
    l’économiste et professeur des universités Mircea Coşea explique


    « La croissance roumaine est fondée sur la
    dynamique du secteur des services, sur la consommation et, dans une moindre
    mesure, sur l’agriculture. Néanmoins, selon une étude récente de l’université
    Howard, la Roumanie serait 19e en termes de diversification et
    modernisation de l’économie. Mais ces résultats me semblent un peu trop
    optimistes. Il est difficile d’affirmer que la Roumanie fait partie du peloton
    des économies développées, alors que le pouvoir d’achat a baissé de manière constante
    tout au long de l’année précédente. Et puis, l’on doit selon moi affronter deux
    défis majeurs : le déficit de la balance courante et le déficit
    commercial. La réalité est que l’économie roumaine devrait se réformer
    rapidement, pour qu’elle s’avère capable d’affronter avec succès les défis de
    différentes natures qui secouent l’économie mondiale.
    »


    L’année 2023 verra l’apparition de nouveaux acteurs globaux, telle l’Inde,
    croit savoir le professeur Mircea Cosa. Par ailleurs, la balance semble incliner
    du côté des Etats-Unis, du moins pour l’instant, dans la guerre économique qui
    les opposent au géant asiatique, la Chine. Enfin, les Etats qui disposent de
    ressources naturelles semblent pouvoir tirer leur épingle du jeu, et pourront
    davantage profiter de l’actuel contexte économique. Et la Roumanie dans tout
    cela ? Mircea Cosa :


    « Chez nous, le volume des importations
    explose. La production interne, même dans des domaines où l’on devrait pouvoir
    performer, tel l’industrie alimentaire, marque le pas. L’Etat encourage peu les
    mesures de réforme et de restructuration qui devrait avoir lieu au sein du
    secteur privé de l’économie réelle. Les mesures fiscales prises, l’ensemble des
    taxes et les impôts, sont décourageants à cet égard. L’économie roumaine, exsangue,
    devrait malgré tout se retrouver face à deux défis de taille. Le premier c’est
    le défi externe. La croissance européenne est en berne, confrontée à des
    problèmes chroniques et, surtout, au déficit en termes d’énergie et de matières
    premières. Et puis, sur le plan interne, si la Roumanie prend certaines mesures
    sociales pour atténuer le choc de la crise, elle manque de vision, ce qui
    n’aide en rien le secteur privé, et n’aide pas à l’essor de l’économie
    réelle.
    »



    Durant les 11 premiers mois de
    l’année précédente, la Roumanie a enregistré un déficit record de sa balance
    commerciale, de plus de 31 milliards d’euros. Le commerce international de la
    Roumanie est centré sur l’UE, avec plus de 72% des exportations et à près de
    70% d’importations, mais dont l’état de santé laisse à désirer, ce qui ne
    manquera pas d’entraîner des conséquences négatives sur l’état de santé de
    l’économie roumaine.

  • Sanitas per aquam

    Sanitas per aquam

    Débutée sous la menace qui planait toujours de la
    pandémie de Covid-19, remplacée peu après par le spectre menaçant de la guerre
    en Ukraine, la crise énergétique et l’inflation galopante, l’année 2022 a été
    une période où les défis n’ont pas manqué pour le tourisme roumain. Le bilan, esquissé
    par Dumitru Luca, président de l’Association nationale des Agences de tourisme,
    s’avère malgré tout positif. Les restrictions sanitaires antérieures ont sans
    doute joué, par ricochet, un rôle important dans le revirement constaté cette
    année. Dumitru Luca croit qu’il faut « s’attendre à ce que l’engouement
    pour l’écotourisme se poursuive, à ce que de plus en plus de gens découvrent
    les bienfaits et les atouts d’un tourisme respectueux de la nature, et qu’à cet
    égard la Roumanie n’a pas dit son dernier mot ».


    Sur les ondes de Radio
    Roumanie, Nicu Rădulescu, le président de l’Organisation patronale dans le tourisme
    balnéaire, parle de l’offre touristique des stations de profil de Roumanie.
    Ecoutons-le :


    « Les
    ressources naturelles présentes à profusion dans notre pays sont recherchées
    par tous les Européens. Nous pouvons en effet développer un tourisme balnéaire
    de qualité, mettant à profit aussi l’expertise médicale que nous possédons dans
    ce domaine. Nous constatons déjà un abaissement de l’âge médian du touriste
    balnéaire. Il y a 5 ans, cet indicateur tournait autour de 50 ans. Aujourd’hui,
    nous constatons un engouement de jeunes, emballés par nos installations SPA,
    par les centres de Wellness, de bien-être. Pour près de 62% de notre clientèle
    l’on parle de jeunes de 35 à 40 ans. L’on parle donc d’un changement de
    paradigme dans le tourisme balnéaire, qui prend le virage de la prévention,
    plutôt que du traitement des maladies chroniques déjà installées »
    .


    Le facteur déterminant du
    virage pris par l’offre du tourisme balnéaire réside dans le développement
    accéléré de l’offre thalasso, devenue une véritable industrie. Les offres les
    plus convoités sont celles qui comprennent divers types de thérapies et de
    massages, une partie médicale et une partie balnéo-ludique, des cures de remise
    en forme. Les professionnels dans le tourisme balnéaire mettent aussi en avant
    l’importance de l’offre sportive, pouvoir faire de la randonnée, nager,
    grimper, faire du vélo, faire du kayak, pouvoir monter à cheval, jouer au
    tennis, et la liste pourrait s’allonger indéfiniment. A nouveau, Nicu Rădulescu :


    « En
    fait, vous savez, cette approche soi-disant nouvelle était connue depuis l’époque
    romaine. Le terme spa veut dire sanitas per aquam, c’est-à-dire la santé par l’eau.
    Et ce sont bien les Romains qui ont posé la première pierre aux thermes d’Herculane,
    notre célèbre station balnéaire. Nous n’avons rien inventé au fond. Et aujourd’hui,
    tous les hôtels présents dans les stations balnéaires disposent d’une zone de
    thalasso, très prisée par la jeune clientèle. Il s’agit d’une approche qui prend
    en considération non seulement le bien-être corporel, mais aussi le bien-être
    mental. L’eau minérale, telle l’eau sulfureuse utilisée en cure thermale,
    dispose de propriétés bénéfiques lorsqu’elle est consommée. Mais l’eau montre également
    ses bienfaits dans la thalasso. Par ailleurs, nous disposons de ces gaz qui émanent
    des mofettes, ces structures d’origine volcanique. Mais nous disposons encore des
    boues thermales. La Roumanie ne peut pas s’en plaindre. L’on est vraiment gâté.
    Et puis, on a un savoir-faire, reconnu mondialement, dans les domaines de la
    balnéothérapie et de la physiothérapie. Le personnel, les professionnels qui
    travaillent dans le domaine sont bien formés. Et on l’a vu lors de la pandémie,
    lorsque le taux de transmission était en-deçà de 1 pour 1.000 dans les stations
    balnéaires. Enfin, je suis optimiste. La Roumanie touristique de demain sera aussi
    la Roumanie balnéaire. »


    La
    balnéologie a en effet une longue
    tradition en Roumanie, affirme le même Nicu Rădulescu, qui
    nous rappelle que l’Institut roumain de balnéologie, fondé en 1920, fonctionne
    toujours sous l’égide du ministère de la Santé, et que de plus en plus de
    jeunes médecins s’orientent vers le domaine de la balnéothérapie. Nicu
    Rădulescu :


    « Les professionnels
    de la santé roumains ont la cote en Europe, et la médecine balnéaire roumaine a
    une longue tradition. La Roumanie dispose d’une offre extrêmement diversifiée
    en eaux minérales et dans le domaine des conditions naturelles des cures
    balnéaires. Mais ces atouts naturels se doivent d’être mis en valeur par des
    professionnels compétents forcément.
    »


    Quoi
    qu’il en soit, les stations balnéaires
    roumaines semblent avoir de beaux jours devant elles. (Trad. Ionut Jugureanu)



  • La mission Artémis

    La mission Artémis


    Profitant d’une fenêtre d’opportunité, la NASA avait
    lancé cet automne la mission Artémis 1, censée marquer le retour des êtres
    humains sur la Lune. Artémis 1 constitue surtout un vol d’essai, non habitable.
    Le 19 novembre passé, après plusieurs tentatives infructueuses, la nouvelle
    fusée géante de la NASA, intitulée SLS (Space Launch System, le Système de
    lancement spatial), avait finalement lancé vers la lune la capsule Orion. Ce n’est que le 21 novembre dernier, après avoir
    franchi 400.000 kilomètres, qu’Orion approche l’orbite lunaire, se stabilisant à
    128 kilomètres du sol lunaire. Revenue depuis sur Terre, atterrissant au large
    de la Guadalupe, la mission a été couronnée de succès, démontrant la
    capacité de la capsule d’opérer dans l’espace profond, à des températures extrêmement
    basses, démontrant encore les capacités de la navette et de la capsule de
    revenir sans encombre sur terre. Invité
    sur les ondes de Radio Roumanie, Alexandru Mironov,
    journaliste et écrivain de science-fiction et spécialiste des problématiques de
    l’espace, détaille l’importance de la mission Artémis :


    « Cela
    faisait un demi-siècle depuis que l’homme n’a plus mis le pied sur la Lune. Et
    là, on y revient. Artémis, c’est surtout pour être sûrs que l’on dispose d’une
    fusée suffisamment puissante pour franchir cette distance. La capsule a été
    lancée, elle a fait deux ou trois fois le tour de la terre pour accélérer, avant
    de s’envoler vers la Lune. Là, elle a tourné autour de notre satellite naturel,
    avec des mannequins à son bord, qui imitaient la présence des humains, avant de
    rentrer, 26 jours après son décollage, sur terre. Une mission rondement menée.
    »


    Sans
    astronautes à son bord pour l’instant. Pour ne prendre aucun risque. Alexandru Mironov :


    « Une
    nouvelle mission, Artémis 2, sera lancée l’année prochaine. Elle reprendra à l’identique
    le plan de vol de la première mission, mais en embarquant cette fois 4
    astronautes à son bord, dont une femme. La capsule va tourner autour de la Lune,
    ils seront à deux pas du sol lunaire, et ce sera frustrant de ne pas pouvoir le
    franchir. Ils verront certes la terre apparaître derrière la lune, mais ils ne
    pourront pas descendre sur la Lune. Ce sera l’objectif d’une mission ultérieure,
    peut-être dans deux ans, mais je crois que ce sera plutôt dans trois ans. Maintenant,
    il ne s’agira plus simplement de prouver qu’on peut faire cela, fouler le sol
    lunaire de nos pieds, comme c’était le cas lors du programme Apollo. Là, nous
    iront carrément à la conquête de la Lune. Trouver les minerais enfouis dans son
    sol, identifier les meilleurs moyens pour la coloniser peut-être, utiliser l’eau
    de ses glaciers, enfin essayer de nous approprier la Lune. Il y a d’ailleurs
    aussi le plan de construire une sorte de chantier gigantesque, sous la forme d’un
    satellite qui gravite autour de la Lune, et à partir duquel les navettes
    spatiales pourront décoller plus loin, avec très peu d’effort, vers Mars par
    exemple. Il y a eu déjà un précédent : la sonde Orion, qui a suivi ce
    trajet, et qui a été lancée par une fusée géante. Cette fusée, c’est l’affaire
    de la NASA pour l’instant. Mais à l’avenir, il s’agira d’un partenariat public/privé
    sans doute. Elon Musk sera certainement de la partie.
    »


    La
    sonde spatiale Orion avait été
    lancée en 2014, propulsée par la fusée Delta IV, et a fait deux fois le tour de
    la Terre pour tester notamment les qualités de son scout thermique au moment où
    elle allait franchir l’atmosphère. Cette fois en revanche la vitesse avec
    laquelle elle est rentrée dans l’atmosphère terrestre fut encore plus grande, à
    près de 40.000 km/h. Son scout thermique a dû faire face à des températures qui
    se sont élevées à 2.800°, soit la moitié de la température mesurée à la surface
    du Soleil. A nouveau, Alexandru Mironov :


    « Le
    frottement de la navette avec l’air qui est présent dans l’atmosphère terrestre
    fait monter énormément la température, ce qui est un véritable défi. Le scout
    thermique est construit à partir de céramiques aux propriétés tout à fait
    particulières. Deux accidents terribles se sont produits dans le passé à cause
    des manquements constatés dans les propriétés des scouts thermiques utilisés.
    Mais je suis optimiste. Je crois qu’aujourd’hui les chercheurs sont parvenus à
    bien maîtriser cette technologie. Et cela nous ouvre des opportunités immenses.
    Revenir sur la Lune et puis, aller bien au-delà.
    »


    Des
    caméras performantes ont pu surprendre la rentrée d’Orion dans l’atmosphère
    terrestre, immortalisant le moment spectaculaire de l’ouverture de ses 11 parachutes.
    D’ailleurs, Orion marque un record, dépassant, le 28 novembre 2022, le
    précédent record de distance franchie, record détenu par la navette Apollo 13, depuis
    1970. Orion parcourut au total 430.000 kilomètres, soit le plus long trajet
    jamais franchi par une navette capable d’embarquer des humains à son bord.
    (Trad. Ionut Jugureanu)



  • La longue marche de la Roumanie vers l’espace Schengen

    La longue marche de la Roumanie vers l’espace Schengen

    Le rêve de la Roumanie et de la Bulgarie de faire rapidement partie de
    l’espace Schengen a été arrêté net par le véto opposé par l’Autriche lors du
    dernier conseil Justice et Affaires intérieures de l’UE. Pourtant, à peine
    quelques jours avant la réunion, les autorités de Bucarest semblaient soulagées
    d’avoir obtenu l’aval des Pays-Bas, après des années de combat acharné de la diplomatie
    roumaine contre l’opposition de ce pays à l’adhésion de la Roumanie à l’espace
    Schengen. La volte-face autrichienne fut perçue dans le contexte encore plus
    mal. Prétextant des vagues déferlantes d’immigrés, Vienne est demeurée
    inflexible. Mais son véto ne manqua pas de faire des remous à Sofia et à Bucarest,
    mais également à Bruxelles.






    Des représentants du Parlement et de la Commission européenne firent en
    effet part de leur déception face à la position autrichienne. Même le président
    autrichien, Alexander Van der Bellen, s’est délimité de la position de son
    Exécutif, dirigé par le chancelier Karl Nehammer. « Je
    regrette profondément cette décision qui bloque l’adhésion de la Roumanie et de
    la Bulgarie à l’espace Schengen », avait-il déclaré, alors même qu’il
    reconnaissait les difficultés rencontrées par l’Autriche dans la gestion d’un
    afflux de plus en plus important de demandeurs d’asile. Bloquer Schengen n’est
    cependant pas la panacée, avait-il prévenu.






    De son côté, le principal responsable du véto autrichien, le chancelier
    Karl Nehammer, réfute en bloc, sur la principale chaîne publique de son pays,
    les insinuations des ceux qui l’accusent de faire le lit de l’extrême droite et
    de poursuivre des objectifs de politique intérieure par la position de son
    gouvernement à l’égard de l’élargissement de l’espace Schengen à la Roumanie et
    à la Bulgarie, se contentant de mettre en avant dans son interview les 75.000
    immigrés illégaux sur les 100.000 rentrés au pays, et dont une bonne partie
    aurait,selon le chancelier autrichien, transité la Bulgarie et la Roumanie.








    Pour sa part, le premier-ministre roumain Nicolae
    Ciucă trouve la position de l’Autrichecomplètement injustifié : « L’ensemble
    des Etats européens se sont accordés d’ouvrir aux Roumains l’accès à l’espace
    Schengen, reconnaissant les efforts consentis par la Roumanie pendant des
    années pour renforcer ses frontières, et pour protéger les frontières
    européennes. Tous, avec une seule exception : l’Autriche. Dès lors,
    l’unanimité européenne nécessaire en cette matière a volé en éclats. L’Autriche
    avait fondé sa position en mettant en avant toute une série d’allégations et
    des chiffres, qui se sont avérées fausses. Nous avons démonté les chiffres
    avancés par l’Autriche, utilisant pour ce faire les données recueillies par les
    agences de l’UE. Par ailleurs, nous reconnaissons les difficultés auxquelles
    sont confrontées les Etats membres qui deviennent la cible des flux migratoires,
    et nous avons toujours essayé de trouver ensemble des solutions, et de nous
    montrer solidaires dans le contexte européen. De ce fait, nous ne pouvons que
    regretter la position inflexible de l’Autriche ».






    Pour comprendre
    quelles sont les conséquences de la non admission de la Roumanie à l’espace Schengen
    pour notre économie, nous avons invité à l’antenne Mihai Ionescu, président exécutif de l’Association nationale des exportateurs
    et des importateurs de Roumanie et coprésident du Conseil roumain à
    l’exportation.






    Mihai Ionescu : « Vous savez, il y
    a tout d’abord l’effort financier consenti pour sécuriser nos frontières avec
    l’espace non communautaire. Il s’agit d’investissements qui s’élèvent à des
    milliards d’euros. Et voilà que maintenant, malgré tout, la Roumanie est laissé
    hors l’espace Schengen, à cause d’un véto parfaitement illogique et en dépit du
    constat unanime des organismes spécialisés, qui avaient souligné que la
    Roumanie remplissait entièrement les conditions techniques nécessaires à
    l’adhésion. Et cette situation affecte grandement nos exportations et nos
    importations. Chaque poids lourd attend des heures aux frontières. Or, chaque
    heure perdue c’est de l’argent jeté par la fenêtre, et cela se traduit par la
    baisse de compétitivité de nos produits et de nos entreprises sur les marchés
    étrangers. Il s’agit d’une sorte d’entrave au commerce, mise en cause par
    ailleurs par l’Organisation mondiale du Commerce, une barrière artificielle,
    érigée pour des raisons politiques, et qui participe à la hausse du déficit
    commercial de la Roumanie. Cette année, notre déficit commercial de s’élève à
    33 milliards d’euros, soit 1.500 euros par tête d’habitant. Une charge importante,
    reportée en partie sur les épaules des générations futures. Et tout cela,
    pourquoi ? Pour que quelques politiciens, mus par leurs seuls intérêts de
    nature politique intérieure, se jouent de nous. Pour preuve, prenez l’ensemble
    des réactions, non seulement des Roumains, mais encore de nos partenaires de
    l’UE, parfois des Autrichiens même ».







    L’économie roumaine pourrait en effet subir une perte sèche de dix milliards
    d’euros par an tant que la Roumanie demeure hors l’espace Schengen, avait pour
    sa part estimé le ministre de l’Economie Florin Spătaru.






    Mais les autorités roumaines montent au front,
    et continuent de chercher des solutions constructives face au blocage
    autrichien, décidées d’utiliser tous les mécanismes qui sont à leur disposition
    pour y parvenir.




    Le président roumain, Klaus Iohannis : « Ce vote, aussi décevant qu’il soit, ne me
    fera pas reculer. Je reste personnellement investi dans ce dossier, et décidé
    de faire avancer les choses jusqu’à ce que la Roumanie devienne membre à part
    entière de l’espace Schengen ».



    Enfin, selon un sondage d’opinion diligenté par l’Académie roumaine juste
    avant la réunion du Conseil JAI, près de 78% des Roumains considèrent que la
    Roumanie est traitée par ses partenaires européens comme un Etat de seconde
    zone de l’UE, et près de 70% des répondants apprécient que la Roumanie remplit
    l’ensemble de ses engagements, et qu’elle parviendra un jour à faire partie de
    l’espace Schengen de l’UE. (Trad. Ionut
    Jugureanu)

  • De nouveaux défis pour l’Alliance de l’Atlantique nord

    De nouveaux défis pour l’Alliance de l’Atlantique nord

    Nominalisée
    comme « défi » par l’OTAN à l’occasion de son dernier sommet de Madrid,
    la Chine demeure, avec la guerre en Ukraine, en tête de la liste des
    préoccupations de l’Alliancede l’Atlantique nord. Les alliés sont en effet préoccupés par le renforcement
    des capacités militaires chinoises, et par la possible coopération de cette
    dernière avec la Russie, a déclaré le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, à l’issue d’une réunion ministérielle de l’OTAN,
    accueillie en Roumanie. Antony Blinken avait à cette occasion accusé la Chine d’« utiliser
    la désinformation, de procéder à un accroissement accéléré et opaque de ses
    capacités militaires et de coopérer avec la Russie ». Les défis à long
    terme que la Chine semble poser à l’Alliance occidentale ont occupé une place
    particulière dans les discussions. Ecoutons à cet égard Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN :


    « L’OTAN est une alliance de
    l’Europe et de l’Amérique du Nord. Mais les défis que nous abordons sont des
    défis globaux, et c’est à cette échelle que nous agirons. La Chine n’est pas un
    adversaire, nous continuons d’avoir des relations avec la Chine lorsque les
    intérêts de l’Alliance l’appellent, par exemple pour faire connaitre notre
    position à l’égard de la guerre illégale déclenchée par la Russie contre l’Ukraine.
    Les ministres ont pris acte de l’ambition militaire de la Chine, de ses progrès
    en matière technologique, de ses activités cyber et hybrides. La guerre en
    Ukraine a mis en évidence la dépendance dangereuse que nous avons entretenue par
    rapport au gaz russe. Il nous faut évaluer ce genre de choses, notre dépendance
    à l’égard des régimes autoritaires, à l’égard de la Chine, mais pas seulement,
    dans le domaine de la production des technologies, des chaînes d’approvisionnement,
    de l’infrastructure. Si nos relations avec la Chine sont vouées à s’étoffer, il
    nous faut prendre conscience de notre degré de dépendance, pour mieux gérer les
    risques qui en découlent »
    .


    Au
    sommet de l’Alliance de Bucarest avaient par ailleurs été abordés d’autres
    sujets d’actualité, tel le prochain élargissement de l’OTAN à la Suède et à la
    Finlande, les risques terroristes, ou encore le soutien de l’Alliance pour la
    stabilité et le renforcement des capacités de la Bosnie, de la Géorgie et de la
    République de Moldova, trois Etats partenaires de l’OTAN. Mais le sommet n’a
    pas pu faire fi de l’actualité, dominée par la guerre en Ukraine et par ses
    conséquences néfastes. « L’Ukraine a fait des progrès
    significatifs face à l’invasion russe, mais cela ne doit pas nous faire sous-estimer
    la Russie, dont les missiles poursuivent leur œuvre destructrice à l’encontre
    des villes, des civiles et de l’infrastructure critique ukrainienne »,
    avait été noté dans les conclusions de la réunion de l’OTAN du mois de
    novembre. L’OTAN doit faire en
    sorte pour que l’Ukraine sorte victorieuse de sa guerre contre l’envahisseur,
    et notre « mission ardue est de s’assurer que l’Ukraine triomphera de
    cette guerre en tant que nation européenne souveraine, démocrate et
    indépendante », avait assuré le secrétaire-général de l’Alliance, Jens
    Stoltenberg. Et le même de souligner « qu’il faut mobiliser pour cela une
    aide militaire, économique, financière et humanitaire constante et consistante,
    et c’est bien ce que nous faisons ». A Bucarest, les alliés ont en effet
    annoncé des contributions significatives au Paquet d’Assistance compréhensive
    de l’OTAN, censées offrir à l’Ukraine l’aide matérielle dont elle a cruellement
    besoin, y compris en termes d’approvisionnement en combustible et en
    générateurs électriques. D’autant plus que la fin de la guerre semble encore
    éloignée. Mais quel pourrait donc être l’objectif à long terme de la Russie ?
    Dan Dungaciu, directeur de l’Institut des Sciences politiques et des relations internationales
    de l’Académie roumaine, essaye d’apporter sur nos ondes une réponse :


    « Dans la mesure où des
    négociations démarrent alors que les troupes russes se trouvent toujours en
    territoire ukrainien (et aujourd’hui elles occupent encore près de 15% du territoire
    ukrainien), alors la Russie part avec un avantage certain. De fait, elle
    bénéficie de deux atouts : Tout d’abord, elle est fort habile en matière
    de négociations, car elle parvient à faire comme si elle n’était pas l’agresseur,
    s’érigeant en médiateur. La Russie avait déjà endossé ce genre d’attitude lors
    de la guerre en Géorgie, lors du conflit en Transnistrie, se mettant en habits
    de faiseuse de paix, alors que c’était elle l’agresseur. Mais il y a encore un
    autre élément qui pèse aujourd’hui en faveur de la position russe. Il s’agit de
    l’énorme capacité de manipulation du régime, qui explique la popularité dont
    Vladimir Poutine et sa politique jouissent au sein de la population russe. Les Russes
    pensent alors que leur pays mène une sainte guerre contre l’Ouest, contre l’OTAN
    et les Etats-Unis. Monter la mise de la sorte, c’est pour changer le statut de
    la victoire ou de la défaite. L’objectif initial de la soi-disant « opération spéciale » ne
    compte plus. Plus personne ne parleen
    Russie à l’heure actuelle de la guerre russo-ukrainienne ni même de l’opération
    spéciale. La propagande russe parle tout simplement de la guerre contre l’Occident ».




    Si l’Ukraine n’arrive pas à
    vaincre la Russie, le Kremlin, le président Poutine et les autorités russes
    pourraient en profiter pour dire dans leurs messages transmis à la population :
    vous voyez, ni même tout l’Occident allié n’arrive pas à nous vaincre ! »
    a encore précisé le professeur Dan Dungaciu. (Trad. Ionut Jugureanu)



  • Les métiers de l’avenir

    Les métiers de l’avenir

    Les avancées technologiques ne manquent pas de pousser encore
    davantage cette évolution. Beaucoup de métiers pénibles, à caractère répétitif,
    tendent à disparaître, s’ils n’ont pas déjà été jetés aux oubliettes depuis
    belle lurette. Les spécialistes en robotique, en cybernétique, en intelligence
    artificielle, les créateurs d’espaces virtuels et les développeurs de
    programmes semblent avoir, eux, le vent en poupe. Mais les métiers des services
    à la personne, les professions médicales, les physio et les kinésithérapeutes
    semblent avoir de beaux jours devant eux. A l’avenir, sans doute les créateurs de chatbox, ces agents
    conversationnels dont nul ne pourra plus se passer, les managers des magasins
    intelligents, les chirurgiens de la mémoire, les développeurs des énergies
    alternatives, les pilotes de navettes spatiales et les cliniciens de l’espace,
    les juristes spécialisés en éthique de la génétique ou en droit de
    l’intelligence artificielle, figureront peut-être en tête de liste des
    chasseurs de têtes. Tout comme les techniciens des énergies renouvelables, les
    spécialistes des exploitations minières en eaux profondes, les professeurs
    virtuels, les maîtres des technologies de l’assistance, les ingénieurs
    spécialisés en matériaux plastiques régénérables ou encore les formateurs à la
    survie en conditions extrêmes. Tous ces métiers et bien d’autres encore ont été
    mis à l’honneur lors de la 5e édition du Guide des métiers de
    l’avenir, organisée par l’Initiative pour la compétitivité, INACO.






    Quoi qu’il en soit, une
    chose est sûre : la crise d’une main d’œuvre suffisamment qualifiée n’a
    fait qu’accéléré un processus d’automatisation déjà bien enclenché dans bon
    nombre de domaines, depuis les forces armées jusqu’à la médecine, en passant
    par le maintien de l’ordre public, l’agriculture et les services. Aujourd’hui
    déjà, l’on peut rencontrer des robots qui ont remplacé les soldats sur les
    champs de bataille, les technologies invasives en chirurgie, les caissières des
    supermarchés, voire les serveurs dans la restauration rapide. Le travail et les
    capacités de l’humain sont souvent complétés à bon escient par des dispositifs
    intelligents, dotés d’une grande capacité d’analyse, comme l’affirme sur nos
    ondes Andreea Paul, présidente d’INACO.








    Andreea Paul : « Nous
    sommes aujourd’hui invités à devenir ami avec des technologies de plus en plus
    complexes, avec des appareils de plus en plus miniaturisés. Nul métier ne peut
    plus faire fi de la technologie. Prenez l’avocature, et ses programmes
    spécialisés dans l’analyse législative de différents systèmes de droit. Prenez
    la robotique et l’imagerie médicale, qui nous évitent des interventions
    médicales invasives, fastidieuses et hasardeuses, réduisant de manière
    conséquente le temps de récupération à la suite d’une intervention. Prenez la
    télémédecine, qui permet au médecin basé au Royaume-Uni par exemple d’ausculter
    son patient qui se trouve en Afrique du Sud. Prenez encore la criminalistique,
    et le cas du premier criminel identifié au Royaume-Uni, en 2017, par
    l’intelligence artificielle, sur la seule base des informations fournies par
    des témoins. Et là, l’on parle de maintenant, d’aujourd’hui, des technologies
    déjà utilisées, et qui sont en train d’améliorer notre quotidien ».






    L’engouement pour la
    technologie ne manquera cependant pas de faire naître d’autres formes de
    troubles dépressifs, d’autres maladies et, a fortiori, des thérapies et des
    thérapeutes censés pouvoir les aborder efficacement. Tels les thérapeutes
    spécialisés en matière de « détoxification technologique », par
    exemple.






    Par ailleurs, l’utilisation
    des drones dans l’agriculture appelle à la formation du « fermier
    digital », capable de coordonner le déplacement des drones censés
    recueillir des données au sol, offrir des informations sur l’état des plantes,
    l’apparition des maladies, le déficit en eau ou en nutriments du sol. Ces mêmes
    drones peuvent d’ailleurs répandre des traitements appropriés sur les cultures.
    Andreea Paul est résolument optimiste, car l’histoire nous montre, dit-elle,
    que toute nouvelle révolution industrielle apporte davantage de postes de
    travail qu’elle n’en supprime.




    Andreea Paul : « Ces
    technologies intelligentes, qu’il s’agisse des programmes ou des robots, prennent
    en charge le travail humain, le travail répétitif notamment. Nous, en revanche,
    nous conservons l’intelligence, la créativité. C’est nous qui allons les
    concevoir, les réparer, les améliorer. Certes, la réticence au changement, la
    méfiance sont dans la nature humaine. Nous ne sommes pas tous des lumières en
    matière de technologie. Il y a des leaders dans le domaine, ceux qui créent les
    technologies, et puis les usagers, qui les utilisent. Mais il existe
    effectivement un risque de nous retrouver devant une catégorie de gens
    difficilement employables. Yuval Harari en parlait déjà en 2013, et proposait
    comme solution le revenu minimum garanti. Le débat autour de ce sujet a déjà lieu,
    non seulement au niveau de l’UE, mais aussi à travers le monde. L’idée de
    mettre un impôt sur les robots persiste. Et il est probable que la génération
    de nos enfants le fasse. Et puis, d’autres métiers apparaîtront, tels que les
    avocats spécialisés dans le droit des robots, car ces derniers seront des
    acteurs sur le marché de travail ».




    Une chose est sûre :
    le progrès ne s’arrêtera pas de sitôt, et l’on sera bien tenu de s’y adapter,
    conclut encore Andreea Paul. (Trad Ionut Jugureanu)