Category: L’avenir commence maintenant

  • Les conséquences prévisibles du déclin démographique


    Une récente étude réalisée par la Chambre de commerce roumaino-américaine tirait la sonnette dalarme en affirmant que la Roumanie pourrait enregistrer une baisse dun million de personnes de sa force de travail pendant la prochaine décade. Avant 2026 déjà létude en question pronostiquait une baisse de 220.000 personnes, à moins que des mesures résolues soient prises par les décideurs publics pour limiter la casse. Avec une population qui compte 20 millions de personnes, la Roumanie ne compte que 5 millions dactifs, soit un quart de sa population, alors que 5 autres millions, bien quen âge de travailler, ne se retrouvent pas dans les statistiques des personnes actives. Léconomiste et professeur des universités Mircea Coşea, de lAcadémie commerciale de Bucarest, détaille la situation sur les ondes de Radio Roumanie. Ecoutons-le :


    « Nous avons à cet égard deux éléments qui devraient être pris en compte. Il y a dune part le syndrome italien, cette tradition qui fait que les enfants ont du mal à quitter le foyer parental, même lorsquils sont mariés et forcément en âge de travailler. Lon rencontre parfois des gens qui ont 35 ou 40 ans, et logent toujours chez leurs parents. Cest plus douillet, mais cela naide pas, car ces gens préfèrent saccommoder de cette situation et ne vont pas chercher à devenir professionnellement, financièrement indépendants. Il sagit dun phénomène que lon rencontrait en Italie il y a 20 ou 30 ans, doù lappellation. De lautre côté, nous avons ce phénomène qui fait que, pour des raisons électorales, certaines catégories sociales reçoivent des subventions, des allocations, différents types daides, qui font que les gens ne sont pas motivés daller chercher du travail. La Roumanie perd ainsi une partie importante de sa force de travail active et, de surcroît, la compétition électorale se trouve mise à mal. »


    Le déclin démographique accentué de la Roumanie inquiète le professeur Mircea Cosa. Dailleurs, au niveau de lUE, la démographie est en berne, ce qui ne présage rien de bon.


    Aussi, si au début du 19e siècle lEurope comptait pour 15% de la population mondiale, en 2050 elle ne représentera plus que 5%, effet dun double mouvement : la baisse de la natalité européenne conjuguée à une hausse accentuée de la natalité dans dautres parties du monde. En 2050, lâge médian de lEuropéen sera de 49 ans. Résultat des courses : la mise sous pression du marché du travail, des systèmes de retraite et de lassurance maladie.


    Le déclin démographique constitue le principal défi qui devrait être adressée par la Roumanie daujourdhui et de demain. A la baisse de la natalité sajoute la forte émigration dune population jeune et active, phénomène qui a caractérisé les dernières décennies et qui ne fait quaggraver le constat. Le professeur Mircea Coșea ajoute à cet égard :


    « Entre 4 et 5 millions de Roumains vivent à létranger. Ils donnent naissance à des enfants. A lheure actuelle, lon compte davantage de nouveaux nés dorigine roumaine qui naissent à létranger que dans le pays. Il va dès lors de soi que le déclin de la main dœuvre ne fera quempirer. Or, face à cela, lEtat roumain tarde à prendre des mesures proactives, tarde à construire une politique démographique résolue, une politique qui encourage les jeunes familles à avoir des enfants, à élever leurs enfants, qui encourage et facilite cela. Lon na pas assez de crèches, décoles maternelles, décoles tout court. Or, cette attitude nonchalante aura un prix, à payer dans le futur. Lon est déjà réduit à importer de la main dœuvre, alors que des pans entiers de la population active roumaine refusent de travailler pour les motifs déjà invoqués précédemment. »


    Selon les estimations, la population de la Roumanie devrait être ramenée à 15 ou 16 millions dhabitants à lhorizon 2050. Quoiquil en soit, le déclin démographique engage le pronostic vital des générations futures, car il se se traduira par une société vieillissante dans une économie rétrécie et, pour les économistes, par un bouleversement de léquilibre entre loffre et la demande. Or, pour renverser la tendance, il y a urgence à mettre en œuvre des politiques natalistes et familiales qui encouragent les jeunes couples à avoir davantage denfants et à pouvoir les élever correctement, qui encouragent les jeunes mères à trouver un meilleur équilibre entre vie familiale et vie professionnelle. « En labsence des politiques qui stimulent la natalité, qui aident les parents à élever leurs enfants, sans places à suffisance dans les crèches, dans les écoles, il est illusoire despérer à un renversement de la tendance actuelle », ajoute le professeur Mircea Coșea. (Trad Ionut Jugureanu)




  • La Roumanie face au changement climatique

    La Roumanie face au changement climatique

    Les effets provoqués par le
    réchauffement climatique, qu’il s’agisse de vagues de chaleur, de tempêtes violentes
    ou d’autres phénomènes météorologiques extrêmes deviennent de jour en jour plus
    évidents et ne semblent épargner personne. Face à cela, l’humanité devra d’une
    part s’adapter aux nouvelles conditions climatiques, de l’autre tenter de
    réduire les émissions de gaz à effet de serre, qui constituent la cause
    principale de la situation actuelle. Victime à son tour de ces effets, la
    Roumanie tente de trouver une parade. D’autant que les données enregistrées
    dernièrement laissent peu de place au doute. En effet, le dernier rapport
    rédigé par la Banque mondiale qui vient de sortir pointe la vulnérabilité
    particulière de la Roumanie face aux effets du changement climatique, dont des
    phénomènes tels la sécheresse et les inondations se taillent la part du lion.

    Cezar Gheorghe, journaliste spécialisé dans les questions agricoles, explique
    sur les ondes de Radio Roumanie :


    « Nous avons certes la chance de
    compter les Carpates dans notre géographie. Les montagnes collectent l’eau qui
    tombe en neige en hiver, pour la rendre aux champs au printemps. Les eaux usées
    de grandes villes peuvent également être employées à cette fin. Enfin, l’emploi
    de la technologie peut également nous porter secours. Prenez le cas d’Israël et
    de ces usines qui désalinisent l’eau de mer. Cela pourrait constituer une bonne
    solution pour irriguer la région de Dobroudja par exemple en puisant dans la
    mer Noire. »


    Les
    chercheursplanchent
    par ailleurs sur des plantes capables de s’avérer moins gourmandes en eau. Costel Vânătoru, directeur de la Banque de ressources
    génétiques et végétales de Buzău, précise à cet égard :


    « Certains
    continuent de mettre en doute le phénomène du changement climatique, alors
    qu’il est bien là, bien installé et que ces conséquences se font ressentir
    davantage d’année en année. Les spécialistes n’ont de cesse de tirer la
    sonnette d’alarme et ils le font depuis cent ans déjà. Constantin Garofid, il y
    a voici cent ans depuis qu’il mettait en exergue l’importance des bandes
    forestières, censées protéger les terrains agricoles et les agglomérations
    humaines face aux facteurs météorologiques extrêmes. Une nouvelle loi, qui
    encourage la création de ces bandes forestières, n’est pourtant pas observée,
    alors qu’elle est entrée en vigueur depuis quelques années déjà. Il faudrait
    par ailleurs s’inquiéter de créer des réserves d’eau, qui puissent nous aider à
    passer sans dégâts les périodes de sécheresse. Il faut enfin réfléchir et
    adopter des espèces de plantes, des cultures qui soient moins gourmandes en eau.
    Continuer à cultiver à grande échelle les céréales, tel le blé, le maïs, le
    tournesol, le colza, est une erreur. Nous devrions aussi développer
    l’horticulture, cultiver les plantes aromatiques, les plantes médicinales. La
    végétation spontanée roumaine regorge de plantes extrêmement utiles. Il
    faudrait les identifier et les cultiver de manière structurée, car c’est bien
    ce genre de plantes qui est véritablement adapté au climat du pays. Nous avons
    donc ce potentiel formidable, qu’on semble pour l’instant ignorer avec superbe.
    Depuis la chute du communisme, l’agriculture roumaine est à la dérive. Les
    têtes pensantes se sont avérées incapables d’élaborer des stratégies cohérentes
    et à long terme, des politiques agricoles adéquates destinées aussi bien aux
    grands cultivateurs qu’à l’agriculture de subsistance, à l’agriculture
    familiale. Face à cette situation, notre banque s’est alors attachée à publier
    des guides de bonnes pratiques adaptés aux besoins de chaque agriculteur, quelle
    que soit sa taille. »




    La question
    du changement climatique avait d’ailleurs constitué le thème central du dernier
    Sommet sur le changement climatique qui s’était tenu à Bucarest les 19 et 20
    octobre dernier, et qui avait réuni plus de 1700 participants et plus de 90
    conférenciers. 827 000 personnes ont pu
    suivre en direct la conférence sur le compte X (ex-Twitter) de la plateforme We Don’t Have Time. Sorin Grindeanu, le
    ministre roumain des Transports, a mis à l’occasion en évidence l’impact des
    phénomènes météorologiques extrêmes, tels les incendies de végétation, sur
    l’état des infrastructures, prônant la transition vers les modes doux de
    déplacement.

    Sorin Grindeanu :


    « La Roumanie est engagée
    pleinement dans le processus de transition énergétique. Il faut pour cela
    continuer d’appliquer un mix de politiques fiscales qui couvrent l’ensemble du
    domaine des transports, le combustible, l’immatriculation et la circulation des
    véhicules. Il faudrait viser aussi le marché d’automobiles d’occasion
    importées, qui devrait être mieux réglementé. La politique en matière de
    transport doit promouvoir davantage le transport vert, le transport ferroviaire
    et le transport naval ».




    Selon le
    dernierrapport
    issu par la Banque mondiale en la matière, la Roumanie pourrait tripler son PIB
    dans les trente prochaines années à condition de s’avérer capable d’améliorer
    sa résilience face au changement climatique et de poursuivre dans la voie de la
    réduction des émissions des gaz à effet de serre. En revanche, les
    investissements requis par la transition énergétique sont estimés à 356 milliards de dollars à l’horizon 2050, soit 3% du
    PIB de la Roumanie. (Trad. Ionut
    Jugureanu)



  • Le mois d’octobre, le mois européen de la cybersécurité

    Le mois d’octobre, le mois européen de la cybersécurité


    Le mois européen de la cybersécurité est une campagne annuelle de
    sensibilisation qui a lieu dans toute l’UE censée de mieux faire connaître les
    menaces qui pèsent sur la cybersécurité et de promouvoir la cybersécurité
    auprès des citoyens et des organisations européens. Chaque année, le mois d’octobre
    est riche en événements : des centaines de conférences, des ateliers, des
    présentations, des formations en matière de cybersécurité sont organisés à
    travers l’Europe. « Le mois européen de la cybersécurité
    entend améliorer l’information des usagers au sujet des risques qui pèsent en
    matière de cybersécurité, concernant la nature des menaces, apprendre comment
    les éviter, intégrer les bonnes reflexes lorsqu’on est amené à naviguer dans le
    monde digital, tout en demeurant en sécurité
    », expliquait à l’occasion du lancement du mois européen
    de la cybersécurité Margaritis Schinas,
    vice-président de la Commission européenne, chargé des Migrations et de la
    promotion du mode de vie européen. La réalité nous montre à profusion que les
    cyberattaques et la criminalité informatique ont pris un essor réellement
    inquiétant dans toute l’Europe. Une tendance à la hausse, dont la tâche se voit
    facilitée par l’augmentation exponentielle du nombre de dispositifs connectés à
    travers le monde, un nombre estimé à 22,3 milliards avant 2024. La digitalisation
    et la connectivité rampante qui caractérisent de plus en plus notre quotidien nous
    offrent des opportunités concrètes et nous aident à mieux faire face aux nouveaux
    défis, ainsi que l’on a pu constater lors de la crise Covid-19. Mais elles
    posent à leur tour de nouveaux défis, dont le plus important est représenté par
    la menace des cyberattaques et par leurs conséquences sur l’économie et la
    société. En effet, des secteurs stratégiques, tels les transports, l’énergie,
    la santé ou encore le système financier, des secteurs caractérisés par la
    hausse de l’utilisation digitale peuvent être mis en danger par de tels
    agissements et deviennent dès lors plus vulnérables. Une réponse solide en
    matière de cybersécurité constitue la seule garantie pour préserver un cyberespace
    ouvert et sûr pour tous les usagers. Cezar Bărbuceanu, expert au sein du
    Directorat national en matière de cybersécurité affirme :


    « Le pirate
    informatique essayera de tourner à son avantage toute information qu’il puisse
    obtenir au sujet de sa cible potentielle. Il va essayer de tromper l’usager peu
    avisé, lui soutirer des informations, pas nécessairement au sujet de son compte
    en banque, mais peut-être au sujet de ses contacts, de son réseau, dans l’objectif
    de pénétrer par exemple le système informatique de son entreprise ou ceux de
    ses amis, de ses partenaires, de ses connaissances. Ces attaques, de type
    hameçonnage, sont lancées en vagues successives, et peuvent rapidement infester
    des milliers de cibles à partir d’un seul utilisateur qui s’était laissé berner
    sans s’en rendre compte
    . »


    La cybersécurité constitue l’ensemble
    des mesures prises dont l’objectif est d’assurer un environnement digital sécurisé.
    Les spécialistes n’hésitent pas d’assimiler ces formes de cybercriminalité à la
    longue liste d’arnaques téléphoniques, de fraudes en ligne, d’abus de confiance
    de divers types face auxquels on a dû de tout temps apprendre à se prémunir. Pourtant, le potentiel nuisible de telles attaques
    déroulées dans le cyberespace se voit aujourd’hui découplé grâce aux
    caractéristiques intrinsèques de l’univers de l’informatique interconnectée. Manuela Catrina, directrice adjointe du Directorat
    national de cybersécurité, ajoute :


    « La période de la pandémie
    avait accéléré la digitalisation et la connectivité, une très bonne chose en
    soi. Cela fait dorénavant partie de notre quotidien à tous. Mais cet état de
    fait présente aussi des failles potentielles. Vous savez, les adultes ne détiennent
    pas toujours les meilleurs outils pour appréhender ce changement de paradigme. Manier
    la technologie de l’information, c’est un usage qu’ils n’ont pas hérité de
    leurs parents. Ils se sentent souvent démunis, et font appel à leurs enfants pour
    s’y retrouver. C’est un domaine nouveau, en évolution constante. Mais, d’un
    autre côté, la sécurité dans le cyberespace n’est pas tellement différente de
    ce qu’il y avait comme bons réflexes en matière de sécurité personnelle. Vous
    savez, lorsqu’on rentre le soir chez soi, l’on a ce bon réflexe, de tourner la
    clé dans la serrure une fois la porte fermée derrière soi. Eh bien, en matière
    de cybersécurité, c’est un peu la même chose. 90% des risques dans ce domaine
    peuvent être prévenus de manière très simple, en faisant appel à ce genre de
    réflexes de bons sens. Changer les paroles régulièrement, vérifier l’identité
    des ceux qui nous contactent, ne pas fournir des informations personnelles aux destinataires
    inconnus. Le maillon faible en matière de cybersécurité n’est pas la machine,
    mais l’homme, l’usager. Et je reste persuadé que l’usager roumain peut facilement
    devenir un usager averti, capable de prendre les précautions nécessaires pour
    sa propre sécurité et pour celle de ses proches. Les Roumains sont des gens
    intelligents, et qui adoptent à bras ouverts les nouvelles technologies. Et j’ai
    confiance dans leur capacité à apprendre à s’en servir en toute sécurité. Vous
    savez, si ma grand-mère est parvenue à maîtriser l’utilisation sécurisée du
    téléphone portable, des réseaux sociaux, c’est que votre grand-mère, votre tante,
    vous sauriez en faire autant
    ».


    Et les spécialistes insistent sur les bons réflexes que tout un chacun
    peut facilement adopter dans l’usage courant de nouvelles technologies. Aussi,
    vérifier toujours l’identité de l’expéditeur des courriels reçus dans sa boîte,
    en appelant par exemple la société en question s’il s’agit d’une offre quelconque
    ou d’une demande d’informations. Autre astuce : faire attention à l’orthographe
    utilisé dans la correspondance, car ces pirates, souvent étrangers, font appel
    aux logiciels de traduction pour traduire leur texte dans la langue du destinataire,
    ce qui ne manque jamais de donner lieu à des erreurs d’orthographe facilement repérables.
    Enfin, utiliser un moteur de recherche pour vérifier l’existence d’une société,
    d’une offre spécifique, de l’adresse électronique en question. Des réflexes
    simples, rapides, et qui peuvent garantir durablement notre cybersécurité. (Trad. Ionut Jugureanu)


  • Le défi permanent posé par une inflation installée dans la durée

    Le défi permanent posé par une inflation installée dans la durée

    L’inflation galopante avait mis l’Europe
    en émoi, même si, après le pic atteint au second semestre de 2022, elle semble revenir
    tout doucement à des meilleurs sentiments. Il n’en est pas moins vrai que les
    experts tablent sur le maintien d’un taux d’inflation inquiétant jusqu’en 2024
    au moins dans les principales économies de la planète. La situation demeure
    donc inconfortable, pour ne pas la qualifier d’inquiétante. Dans son rapport
    prospectif, l’OCDE, qui regroupe les premières 35 économies mondiales, met en
    exergue les déficits budgétaires dont se voient grevés la plupart des gouvernements,
    alors que si l’inflation semble diminuer à la suite des baisses des prix alimentaires
    et de l’énergie, l’indice de l’inflation de base, celui qui fait fi
    des composantes les plus volatiles de l’inflation, demeure, lui, à des niveaux
    bien supérieurs aux estimations des banques centrales. Aussi, l’OCDE apprécie
    que « l’un des principaux risques de la situation présente réside dans la
    réaction des banques centrales, qui pourraient se laisser tenter de poursuivre
    la hausse de leurs taux directeurs, ce qui a pour effet de saper la confiance
    des entreprises et des consommateurs, alors que la hausse des taux des prêts
    hypothécaires, des prêts aux entreprises monte un peu partout. »


    Force est de constater que la Roumanie
    ne fait pas cavalier seul dans le domaine. L’analyste
    économique Constantin Rudniţchi ajoute qu’à cette hausse d’inflation importée s’ajoute
    dans la situation de la Roumanie une certaine absence de ce qu’il appelle la
    discipline budgétaire, tout cela dans le contexte d’un déficit chronique et de
    la hausse des emprunts publics.


    Écoutons
    Dan Suciu, le porte-parole de la Banque centrale roumaine :


    « Les prévisions actuelles au sujet
    du taux d’inflation estimé en fin d’année demeurent tout à fait en ligne avec
    ce que l’on avait prévu au mois d’août dernier, soit une baisse de l’inflation,
    grâce notamment à la baisse des prix des matières qui avaient enregistré des
    hausses significatives l’année dernière. Il n’empêche que l’inflation demeure
    une préoccupation constante de notre politique monétaire. Par ailleurs, la
    récolte agricole, plutôt bonne, nous aide dans le contexte. Les hausses des
    prix alimentaires ont commencé à plafonner, et l’intervention du gouvernement
    censée limiter cette hausse a sans doute été aussi pour quelque chose. Voici un
    peu ce que l’on peut dire de l’année en cours ».



    Aussi, la
    banque centrale table sur un taux d’inflation de 7,5% pour la fin de l’année, alors que ce même taux devrait être réduit à
    4,4% pour l’année prochaine. Mais les risques encourus inquiètent toujours les
    analystes. 2024 s’annonce déjà comme une année électorale, une période
    généralement caractérisée par un relâchement fiscal pas toujours justifiée d’un
    point de vue économique, alors que la capacité d’absorption des fonds européens
    demeure l’autre point d’achoppement. Et tout cela dans le contexte fait d’incertitudes
    de la guerre en Ukraine, dont l’issue tarde de pointer à l’horizon.

    Ecoutons à
    nouveau Dan Suciu, le porte-parole de la Banque nationale de Roumanie :


    « L’on observe des évolutions assez
    contrastées de certaines économies de l’Ouest de l’Europe, mais également des
    pays de notre région. La Roumanie peut se targuer de la meilleure croissance de
    la région, alors que nos voisins et d’autres pays, c’est le cas de l’Allemagne
    notamment, tentent vaille que vaille d’avoir une croissance positive et d’éviter
    la récession. Il est important de connaître le contexte dans lequel l’on se
    trouve, déjà pour ne pas avoir des attentes irréalistes. La situation en Europe
    a été affectée par la guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine, par la
    crise énergétique qui s’en est suivie, par les perturbations des flux de d’approvisionnement
    constatées après la fin de la pandémie. La croissance économique est demeurée
    modeste dans tous les Etats européens, alors que la Roumanie table sur une
    croissance de 2%, ce qui n’est pas rien dans le contexte actuel. Cette
    croissance est le fruit des investissements, des fonds européens que l’on était
    parvenu de faire fructifier, et cela nous rende optimiste. »


    Mais la baisse
    de l’inflation pourrait s’avérer beaucoup moins rapide que ce que les spécialistes
    avaient initialement prévu. Adrian Codirlaşu, vice-président de l’Association des investisseurs de Roumanie ajoute:


    « L’introduction
    des nouvelles mesures fiscales aura un impact sur les prix. La hausse des
    accises, la hausse de la TVA sur certains produits usuels, la hausse du prix du
    pétrole, la taxation du chiffre d’affaires, la hausse du salaire minimum, tout
    cela met sous pression la profitabilité des entreprises et provoquera des hausses
    des prix. »



    Il faudrait
    donc s’attendre, si l’on se fiait à l’analyse d’Adrian Codirlașu, à
    voir ressurgir des pressions inflationnistes durant le premier trimestre de l’année
    prochaine, avant de constater une nouvelle baisse du taux d’inflation. Le
    sondage réalisé par l’Association des investisseurs de Roumanie auprès de ses membres
    fait état d’une inflation de 7,5% pour 2024, un taux bien supérieur à celui de
    4,4% préconisé par la Banque nationale. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • D’autres conséquences de la guerre en Ukraine

    D’autres conséquences de la guerre en Ukraine

    A deux pas de la
    frontière roumaine, la guerre déclenchée par la Russie à l’Ukraine il y a déjà plus
    d’un an et demi depuis bat son plein, et semble encore loin d’une issue
    espérée. En effet, les attaques des drones russes, la plupart d’origine
    iranienne, qui visent l’infrastructure portuaire de l’Ukraine ne cessent de
    s’intensifier, certains fragments de ces appareils ayant franchi dernièrement
    la frontière, pour se retrouver du côté roumain. Car la guerre militaire menée
    par la Russie contre l’Ukraine s’accompagne d’une guerre économique non moins
    dommageable, qui cible actuellement en priorité l’exportation des céréales
    ukrainiennes, principale source de devises pour ce pays en guerre.

    George
    Scutaru, directeur-général de l’institut New Strategy
    Center
    explique :


    « La Russie a transformé les céréales
    ukrainiennes en arme de guerre, non seulement contre l’Ukraine, mais encore
    contre l’Afrique, et plus largement contre l’Europe. En privant les populations
    africaines des céréales ukrainiennes, la Russie souhaiterait accroître
    l’instabilité sur le continent, et provoquer des nouvelles vagues de réfugiés
    qui mettent sous pression l’Europe et le soutien qu’elle apporte à l’Ukraine.
    Mais l’objectif premier de la Russie est d’étrangler une Ukraine exigüe, de la priver
    de ses ressources en devises, de la priver des ressources qui lui permettent de
    résister face à l’agression russe. Or, c’est par la Roumanie que transitent 85%
    des céréales ukrainiennes. Aussi, en détruisant l’infrastructure portuaire, les
    ports ukrainiens de Reni, Izmail et Kilia, qui se trouvent au contact de la
    frontière roumaine, la Russie souhaiterait parvenir à stopper les exportations
    des céréales ukrainiennes. »




    Le soutien offert par l’Occident à l’Ukraine depuis le
    début du conflit demeure dans le contexte indispensable à l’Etat victime de
    l’agression russe. George Scutaru encore :


    « La guerre déclenchée par la Fédération de
    Russie contre l’Ukraine est une guerre déclenchée par l’autocratie contre la
    démocratie. La défaite de l’Ukraine signifierait la défaite de tous ces Etats
    qui soutiennent aujourd’hui l’Ukraine. Et une telle perspective augure mal de
    la suite. Des Etats autocratiques, tels l’Iran, la Corée du Nord, la Chine
    pourraient dès lors avoir les coudées franches sur la scène internationale.
    C’est pour cette raison que les Roumains doivent comprendre l’absolue nécessité
    de soutenir l’Ukraine. Parce que, vous savez, si l’on arrêtait l’aide
    internationale octroyée à l’Ukraine, l’alternative serait de nous retrouver
    dans 3 ou 4 ans, avec l’armée russe aux frontières. Alors, pour nous, et en
    dépit des différents qui ont pu à un moment ou à un autre de notre histoire
    récente nous éloigner de la position ukrainienne, le choix est simple :
    plutôt que d’avoir pour voisin la Russie, il vaut mieux avoir aux frontières
    une Ukraine démocratique, intégrée dans l’OTAN et dans l’Union européenne. De
    surcroît, épauler l’Ukraine à résister face à l’agresseur russe, c’est aussi
    garantir l’indépendance de la république de Moldova. »


    L’indifférence ou une position de neutralité dans le
    contexte actuel ne ferait qu’encourager les visées expansionnistes russes et
    saper les fondements du droit international en laissant les coudées franches à
    l’agresseur. Parce que le conflit devrait bien tôt ou tard prendre fin. Mais les
    contours de ce monde post conflit ne nous sont pas indifférents. George
    Scutaru :


    « Si la Russie se verra condamner par les cours internationalesde justice, il n’est pas exclu de voir l’Ukraine se
    saisir des avoirs russes gelés par les Etats occidentaux. Il s’agit d’un
    pactole qui s’élève à 320 milliards de dollars, un fonds qui pourrait
    participer à la reconstruction de l’Ukraine après la guerre, auquel vont
    s’ajouter les aides octroyées par les Etats et par d’autres sources
    indépendantes. Or, par sa proximité géographique, la Roumanie devrait jouer un
    rôle de premier plan dans la reconstruction de l’Ukraine. Mais pour cela, elle doit
    se positionner de manière intelligente. Nous sommes membre de l’OTAN, et certaines
    compagnies censées prendre part à la reconstruction de l’Ukraine pourraient
    établir chez nous leurs sièges et leurs bases arrière. Les régions d’Odessa, de Mykolaïv, de Kherson,
    très impactées par la guerre, se trouvent tout près de nos frontières. Et pour
    ce faire, nous bénéficierons d’un autre atout encore, car à partir de 2027 la
    Roumanie deviendra le premier producteur de gaz de l’UE, grâce à l’exploitation
    des gisements enfouis sous la mer Noire. Disposer de ces sources d’énergie est
    loin d’être anodin. »




    Mais pour l’instant il faut bien se rendre à
    l’évidence : l’on s’est installé dans une guerre d’usure, où aucun des
    belligérants ne semble disposé à lâcher du lest. D’une part, l’Ukraine qui
    pousse son offensive pour tenter de percer les dernières lignes russes qui
    défendent le territoire ravi à l’Ukraine au début du conflit, de l’autre la
    Russie, décidée à en découdre. George Scutaru, le patron de New Strategy Center présage:


    « La stratégie russe pour la période à venir est
    de miner l’aide apportée par le monde occidental à l’Ukraine. Les élections à
    venir en Roumanie, dans d’autres Etats de l’UE, aux Etats-Unis également
    constituent des moments que la Russie essayera de mettre à son profit, en
    essayant de s’immiscer dans le processus électoral, pour faire gagner ses
    partisans et pour arriver à démobiliser ces Etats dans le soutien qu’ils
    fournissent à l’Ukraine. Pour ma part, je reste persuadé que si l’aide militaire,
    économique, financière et politique que le monde démocratique apporte à
    l’Ukraine va se poursuivre, l’Ukraine aura en fin de compte gain de cause dans
    cette confrontation. »




    Dans
    le cas contraire, nous serions réduits à regarder impuissants la victoire d’une
    dictature sur cette coalition des démocraties. Ce qui serait catastrophique.


    (Trad.
    Ionut Jugureanu)





  • L’adhésion à l’espace Schengen reste une priorité

    L’adhésion à l’espace Schengen reste une priorité

    Cela
    fait bientôt 12 années depuis que la Roumanie et la Bulgarie se voient contraintes
    de demeurer en dehors de l’espace Schengen, alors même qu’elles avaient d’abord
    intégré de plein droit l’Union européenne et qu’ensuite elles avaient rempli l’ensemble
    des critères requis pour faire partie de cet espace dépourvu de contrôle aux
    frontières. Les ressortissants des deux Etats demeurent dès lors les seuls
    citoyens européens toujours contraints de montrer encore patte blanche aux
    frontières. Mais les dégâts économiques que cet état de fait induit sont bien
    plus graves que cela. Une réalité rappelée dernièrement par la voix de la présidente
    du Parlement européen, Roberta Metsola, qui apprécia que maintenir ces pays à
    la porte de l’espace Schengen constituait un acte injuste et injustifié, et que
    « limiter leur droit de libre circulation entraînait des coûts supplémentaires
    aux deux économies ». En effet, le préjudice estimé pour la Roumanie seule
    s’élèverait à près de 200 millions d’euros par mois, selon les calculs réalisés
    par d’analystes indépendants, alors que le gouvernement de Bucarest table pour
    sa part sur une perte sèche de 2% de son PIB, et songe à demander des
    dédommagements. Dans la même veine, pendant son discours sur l’état de l’Union,
    la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait exhorté
    Vienne de lever son véto singulier face à l’entrée de la Roumanie et de la
    Bulgarie dans l’espace Schengen. Requête rejetée, du tac au tac, par cette
    dernière par la voix du ministre de l’Intérieur autrichien, M Gerhard Karner,
    qui affirma que vouloir étendre dans le contexte actuel l’espace de libre circulation
    était sans fondement, mettant en avant que « les données concernant les
    tendances migratoires sont à la hausse, et que l’on a besoin de plus de
    contrôles aux frontières plutôt que d’une diminution ». Aussi, selon la
    thèse soutenue par Vienne, la Roumanie et la Bulgarie s’avèreraient incapables
    de contrôler leurs frontières, une assertion gratuite et que tout semble
    infirmer. En effet, selon la présidente de la Commission, « la Roumanie et
    la Bulgarie représentent un modèle de bonnes pratiques en matière de politiques
    d’asile et de renvoi d’immigrés illégaux ».

    Selon le professeur des
    universités et analyste Ştefan Popescu, les
    déclarations de la cheffe de l’Exécutif communautaire doivent être prises au
    sérieux.


    « Ces déclarations donnent un signal politique
    fort. Il faut souligner dans le contexte que cela fait des années depuis que des
    représentants des institutions européennes, qu’il s’agisse de certains
    commissaires, voire du président de la Commission, et dont la mission est, on
    le sait, de réaliser une forme de consensus, eh bien, ont donné des signaux positifs.
    Là où le bât blesse, c’est la position de certains Etats. En la matière, l’unanimité
    est requise. Evidemment, en revanche, face à cette opposition incompréhensible,
    la Roumanie pourrait à son tour faire valoir son droit de véto dans différentes
    matières, comme mesure de rétorsion. Mais, vous savez, utiliser le droit de
    véto, comme le fait l’Autriche en cette matière, est un couteau à double tranchant. »


    Au mois de juillet,le Parlement européen avait voté une résolution exhortant les Etats
    membres de permettre l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace
    Schengen avant la fin de cette année, alors que l’Espagne, la détentrice en titre
    de la présidence tournante du Conseil de l’UE, avait placé l’adhésion des deux
    Etats au même espace Schengen en tête de liste des priorités de sa présidence.


    Par ailleurs, 17 années
    après l’adhésion de la Roumanie à l’UE, le Mécanisme de coopération et de vérification
    de l’UE, mesure transitoire visant à faciliter les progrès dans les domaines de
    la réforme judiciaire et de la lutte contre la corruption dans les deux Etats, vient
    d’être clos par la Commission européenne. Un argument de plus pour l’adhésion
    immédiate à l’espace Schengen selon le premier-ministre roumain Marcel Ciolacu, qui rappela à l’occasion
    que les objections soulevées par le passé à l’adhésion de son pays à l’espace
    Schengen étaient fondées justement sur les soupçons concernant la supposée absence
    d’indépendance de la justice de son pays. Mais la position intransigeante de l’Autriche
    qui, pour rappel, usa de son droit de véto au dernier Conseil Justice et Affaires
    intérieures pour empêcher les deux Etats de rejoindre l’espace Schengen,
    représente une décision arbitraire et que rien ne justifiait, selon le
    premier-ministre roumain, qui n’hésita pas de menacer Vienne d’une procédure
    devant la Cour européenne de Justice si cette position devrait se reproduire au
    prochain Conseil JAI.

    Une procédure déjà lancée d’ailleurs par l’eurodéputé
    roumain Eugen Tomac, membre du parti le Mouvement populaire.


    « Vous savez, la proposition
    qui avait été mise sur la table du Conseil JAI du 8 décembre dernier était qu’après
    l’évaluation positive des conditions remplies par la Roumanie, la Bulgarie et
    la Croatie, les trois Etats rejoignent l’espace Schengen. Or, seule la Croatie
    avait passé le vote. La Roumanie et la Bulgarie ont été recalés. Mais en cette
    matière, l’Autriche avait enfreint les règles de droit et les traités de l’UE,
    y compris la législation portant sur l’espace Schengen lorsqu’elle avait voté,
    en une même session, aussi bien pour et contre l’élargissement de l’espace
    Schengen. Pour sa part, la Commission européenne, seule institution habilitée
    de constater si un Etat remplissait ou non les conditions requises pour faire
    partie de cet espace, avait pour sa part constaté, et cela fait 12 années maintenant,
    que la Roumanie et la Bulgarie le font. Le Parlement européen était arrivé lui
    aussi à la même conclusion. En revanche, au Conseil JAI, les Pays-Bas d’abord,
    maintenant l’Autriche, usent de manière abusive de leur droit de véto. De
    manière abusive, car cela nous prive dans les faits de pouvoir jouir d’un accès
    entier et légitime au marché unique européen, d’un accès garanti par les
    traités. Cela nous empêche de pouvoir jouir des mêmes droits dont jouissent les
    450 autres millions d’Européens. Et cela devient inacceptable. »




    A sa défense, Vienne réitère que sa position intransigeante
    n’est pas mue par le désir de nuire aux deux Etats concernés, mais qu’elle
    entend protester de la sorte contre ce qu’elle appelle « un système en
    panne », et de rappeler que « seules des frontières externes sûres peuvent
    rendre possible une Europe dépourvue de frontières intérieures ». (Trad Ionut Jugureanu)

  • La face cachée des réseaux sociaux

    La face cachée des réseaux sociaux

    Selon les données publiées par l’une des études les plus
    importantes portant sur le degré de confiance que le public attache aux nouvelles
    véhiculées en ligne, le Digital News Report, publié par l’Institut Reuters, il
    semblerait que les lecteurs s’avèrent de moins en moins intéressés de puiser dans
    les sources traditionnelles d’information pour s’informer sur les actualités
    les plus pesantes, telle la guerre en Ukraine ou la crise économique,
    privilégiant le plus souvent les infos glanées çà et là, notamment sur les
    réseaux sociaux. Et il est vrai qu’il nous suffit d’ouvrir Facebook, Instagram
    ou TikTok sur son smartphone, sur sa tablette ou sur son ordinateur portable pour
    tomber sur une foule d’informations d’actualité, le plus souvent invérifiables,
    cela s’entend. La professeure Raluca Radu, de la Faculté de Journalisme et des Sciences de la communication
    de l’université de Bucarest, le partenaire roumain de l’institut Reuters, l’auteur
    de l’étude portant sur les habitudes de la consommation de l’information et les
    audiences numériques, détaille sur nos ondes les principaux résultats de cette
    étude :


    « Il y a eu un moment,
    pendant la pandémie de Covid-19, lorsque les médias traditionnels avaient
    supplanté les réseaux sociaux en tant que principale source d’information. Mais
    vous savez, le souci avec ces réseaux c’est que souvent ils évitent d’envoyer leur
    public vers les médias traditionnels, et préfèrent le garder chez eux. C’est le
    cas notamment de TikTok et d’Instagram. Deux réseaux plébiscités par les jeunes
    en général, par les jeunes roumains en particulier. Et l’une des surprises de
    notre étude c’est justement la bonne santé de TikTok, dont la communauté
    grandit d’une année sur l’autre de façon exponentielle. Evidemment, cela s’explique
    en partie du fait qu’il s’agit d’un réseau utilisé surtout par les jeunes, qui
    sont plus nombreux tous les ans, et qui viennent avec leurs habitudes de
    consommation. Dans d’autres pays, dans des pays plus développés et plus stables
    en termes de démocratie, en Europe de l’Ouest notamment, TikTok ne bénéficie
    pas du même succès. TikTok fait son marché dans les pays en voie de
    développement, en Amérique du Sud, au Moyen Orient notamment. Or, les Roumains étanchent
    leur soif d’information grâce à TikTok. »


    L’étude met en exergue les défis que doivent affronter
    les médias classiques, telle la baisse de l’intérêt et de la confiance de la
    part du public. La confiance du public dans les médias ne cesse en effet de
    baisser, le rapport 2023 soulignant que 7 Roumains interrogés sur 10 évitent de
    puiser leur information dans les médias traditionnels. Le sentiment de
    lassitude face à l’abondance d’information, que la pandémie et la guerre en
    Ukraine n’ont fait qu’accélérer, constitue sans doute l’une des causes, sans qu’elle
    soit la seule, de la baisse de l’intérêt du public par rapport aux informations
    fournies par les médias traditionnels.


    Antonia Matei, lectrice à la Faculté de Journalisme et
    des Sciences de la communication, déclare à son tour :


    « Il faut néanmoins
    reconnaître que les journalistes ne sont pas sans tâche. Vérifier une information
    de nos jours prend plus de temps qu’il y a, mettons, dix ans, lorsque l’on ignorait
    encore cette pandémie d’infox. Le travail du journaliste a profondément changé.
    Il travaille sous une pression quasi constante. Qui plus est, les rédactions
    roumaines ne disposent pas de ce professionnel chargé de vérifier la véridicité
    d’une information. Ce sont les journalistes qui doivent le faire, en sus de
    leur travail habituel, et cela prend du temps ».


    Raluca Radu confirme pour sa part la permanence du
    stress et de la pression qui sont le lot commun du quotidien de tout
    journaliste, où qu’il se trouve :


    « La presse est en perdition, c’est un fait. Et
    ce n’est pas juste du fait du public qui se réfugie sur les réseaux sociaux. Il
    existe aussi cette pression croissante exercée sur les journalistes de la part des
    pouvoirs publics, de la part des Etats. Nos collègues d’Oxford ont ainsi trouvé
    bon d’insérer à bon escient dans ce dernier rapport la place qu’occupe le pays
    étudié dans le classement dressé par l’association Reporters sans frontières et
    portant sur la liberté de la presse. Un classement établi sur base des questions
    telles que : « Y a-t-il des journalistes qui se sont fait agresser ?
    As-tu peur de donner ton avis sur les réseaux sociaux ? As-tu besoin de l’accord
    d’une institution publique pour lancer ton site ? » Et puis, vous
    savez, les conditions de travail des professionnels de la presse dans les pays
    où l’on répond par l’affirmative à ces questions sont assez terribles. Il y a
    un vrai retour des autocraties dans le monde. Une véritable confrontation entre
    ces autocraties, qui tentent de grignoter de la sorte davantage de pouvoir et d’influence.
    Et, face à cette situation, les journalistes et la presse indépendante sont
    tenus de constituer le dernier rempart de la démocratie ».


    Et ils le font à leurs risques et périls, alors que
    ces gens aimeraient peut-être parfois se laisser tenter à leur tour de laisser
    tout tomber, pour regarder, dans la chaleur de leurs chaumières, quelques gags qui
    passent sur les réseaux sociaux, conclut, avec une certaine exaspération, Raluca
    Radu.


    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • La montée en puissance de la consommation de drogue en Roumanie

    La montée en puissance de la consommation de drogue en Roumanie

    Le Rapport annuel sur la situation de la consommation de drogue en Roumanie, édité par l’Agence nationale de lutte contre les drogues (ANA), brosse un tableau sombre de la consommation de drogue en 2021 en Roumanie. Agence de référence dans le domaine, l’Agence nationale de lutte contre la drogue souligne que 10,7% des Roumains âgés de 15 à 64 ans ont consommé au moins une fois dans leur vie une des drogues considérées illicites par la législation roumaine, alors que 6% l’ont fait pas plus loin que l’année précédente. Les jeunes (de 15 à 34 ans) sont évidemment les premiers touchés, les habitudes de consommation débutant souvent durant l’adolescence.

    Le cannabis est plébiscité par la plupart des consommateurs, talonné de près toutefois par les nouvelles substances psychotropes. Le marché des drogues illicites fait par ailleurs état d’une offre croissante en matière de cannabis et de cocaïne. Aussi, l’année 2021 a été marquée par des saisies record de ces produits, près de 75% de la quantité des drogues saisies étant destinés au marché roumain, ce qui constitue un indicateur indéniable de la vitalité de ce marché illégal, selon les spécialistes. Dans le rayon de bonnes nouvelles, notons toutefois la poursuite de la baisse de ce que l’on appelle la consommation récréative, -12% l’année précédente. Mais au-delà des chiffres et autres statistiques, les spécialistes ne cessent de tirer la sonnette d’alarme quant aux dangers que la consommation des drogues illicites fait courir à ceux qui se lancent dans cette échappatoire illusoire que constitue l’usage des substances psychotropes.

    Expert du domaine, le sociologue Cătălin Țone fait état sur les ondes de Radio Roumanie de l’urgence que constitue le développement des services de prévention et de lutte contre le trafic des stupéfiants : « C’est à nous, adultes et spécialistes, de regarder de près non seulement nos propres enfants, mais aussi leur entourage. Il nous revient à nous, professionnels du domaine, d’apporter de l’information, utile et lisible, destinée aux parents, qui se retrouvent démunis face à ce phénomène. Il faut encourager la mise sur pied des alternatives réalistes face à l’attrait que les drogues font miroiter à nos enfants. Qu’il s’agisse d’activités sportives ou de socialisation, tout ce que peut faire monter le niveau de la dopamine. Il faut que les adultes, parents et enseignants, puissent arriver à renouer le lien avec leurs enfants, pénétrer dans leur monde, comprendre leurs besoins. Parce que les tentations dangereuses sont à leur portée, parce que l’internet et les réseaux sociaux pullulent d’influenceurs de pacotille qui font croire à nos enfants que consommer c’est cool. Face à cela, il nous faut réagir. Il faut regarder aussi de plus près du côté de ces festivals de musique, nous inspirer un peu de l’expérience des Etats d’Europe occidentale, qui sont déjà passés par là. Car la Roumanie est devenue une destination prisée dans le domaine du tourisme musical, du tourisme de loisir. Mais cela peut donner lieu à des dérives inquiétantes dans le domaine de la consommation des drogues illicites ».

    Selon les données officielles, la Roumanie peut se targuer d’occuper encore l’une des dernières places dans le domaine de la consommation de drogue en Europe. Mais les spécialistes sont inquiets, accusant notamment le peu de fiabilité des données recueillies. Se trouvant en premier ligne, le docteur Radu Tincu, anesthésiste-réanimateur et spécialiste en toxicologie, explique :

    « Nous parlons d’intoxications aiguës provoquées par les nouvelles drogues de synthèse et qui mettent en danger la vie du consommateur, qui peuvent provoquer l’encéphalopathie toxique, soit un état qui appelle à mettre le patient sous respirateur. Nous parlons de cardiotoxicité, soit un état de toxicité au niveau du cœur, qui provoque des arythmies, voire l’arrêt du cœur. Nous parlons de toxicité rénale, car le degré de toxicité de certaines substances psychotropes provoque l’insuffisance rénale, qui appelle l’utilisation de la dialyse. Par ailleurs, on le sait, la prise régulière de drogues développe ce phénomène d’accoutumence au niveau du cerveau, et le consommateur se doit d’augmenter régulièrement la concentration de la substance toxique présente dans son organisme pour obtenir l’effet escompté. Ce qui ne manque jamais de développer l’état de dépendance du patient. Or, une fois la dépendance installée, la prise de drogues devient régulière, faute de quoi le sevrage risque de faire des ravages. Or, le consommateur, victime de sevrage, n’est plus en mesure de contrôler ses réactions, et il sera prêt à tout pour obtenir la dose convoitée. D’où l’apparition d’actes violents et d’une forme de criminalité intimement liée à la consommation de ces substances ».

    Face au phénomène, les autorités jouent toujours la carte de la répression, les peines encourues par les trafiquants mais aussi par les consommateurs étant récemment revues à la hausse par le législateur roumain. Pour sa part, l’Agence nationale de lutte contre les drogues poursuit ses programmes de prévention, renforçant le système national de prévention et d’assistance destiné aux consommateurs. Aussi, durant l’année 2021, l’Agence s’enorgueillit d’avoir déroulé plus de 20 000 actions de prévention à destination notamment des milieux scolaires, familiaux et communautaires, des campagnes qui ont touché près de 700 000 personnes.
    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Les ambassadeurs gastronomiques de la Roumanie

    Les ambassadeurs gastronomiques de la Roumanie

    La plăcinta dobrogeana, cette pâtisserie traditionnelle roumaine, ressemblant à une petite brioche de forme carrée, fourrée de telemea, un caillé lui aussi typiquement roumain, des œufs et du yaourt, constitue un feuilleté très prisé dans la région sud-est du pays, sinon dans tout le pays. Et cette plăcinta doborogeana vient justement de recevoir la reconnaissance et la protection européenne offerts par le label IGP, en tant que produit d’Indication Géographique Protégée. La pâtisserie, à la consistance douce et tendre, due au mélange d’œufs et de yaourt, se remarque par son apparence particulièrement croustillante. Mais les étapes de sa labélisation ont démarré bien plus tôt, et plus précisément en 2017, lorsque l’Association traditionnelle Moesis a été constituée dans le but précis de promouvoir les produits et les producteurs traditionnels roumains, mais aussi de formaliser cette identité distincte des produits traditionnels roumains. Plăcinta dobrogeană complète ainsi la liste, encore tenue, des produits alimentaires roumains bénéficiant du label d’Indication Géographique Protégée. Une liste qui comprend toutefois encore le magiun de Topoloveni, le saucisson de Sibiu, la carpe à grosse tête de Ţara Bârsei, le maquereau danubien fumé, la saucisse de Pleşcoi, le telemea de Sibiu, le fromage Săveni, la salade d’œufs de brochet de Tulcea et la salade traditionnelle aux œufs de carpe.

    Pour ce qui est de la placinta dobrogeana, il faut dire que le savoir-faire de sa création compte plusieurs centaines d’années, et qu’elle n’est jamais absente de la table du Nouvel An dans le sud du pays, souvent cachant une pièce de monnaie dans ses entrailles, censée porter chance à celui qui la retrouvera, comme nous renseigne Paula Vals, la dirigeante de l’association traditionnelle Moesis. A vrai dire, la recette, transmise de génération en génération, était censée mettre à l’épreuve l’habilité de jeunes mariées de confectionner le meilleur feuilleté. Car c’est bien la mariée qui, au lendemain de ses noces, se devait de confectionner de ses propres mains la fameuse pâtisserie traditionnelle, pour faire montre de ses capacités de maîtresse de maison.

    Ștefan Pădure, président de l’association pour la promotion des produits roumains, au micro de Radio Roumanie, nous expliquer les conditions qu’a dû remplir placinta dobrogeana pour arriver à obtenir ce prestigieux label de produit d’Indication Géographique Protégée :

    « Selon le règlement 1305 de l’UE, les réglementations concernant les produits AOP (Appellation d’Origine Protégée) et IGP (Indication Géographique Protégée) permettent aux États membres de subventionner ces produits dans le cadre de la politique agricole commune. Il existe en fait trois réglementations pour autant de types de produits protégés : les produits bénéficiant du label « Indication géographique protégée » (IGP), ceux bénéficiant du label « spécialité traditionnelle garantie » et produit de montagne, enfin ceux bénéficiant du label « Appellation d’origine protégée » (AOP). Il existe ensuite la réglementation européenne en matière des produits bio, tout comme celle concernant les vins, les spiritueux et les boissons aromatisées. Ces réglementations s’appliquent uniformément au niveau de tous les États membres de l’Union. En sus de cela, chaque Etat membre dispose de ses propres systèmes nationaux de qualité. L’on distingue ainsi, en Roumanie, deux types de produits alimentaires labélisés selon le système national : le produit traditionnel et la recette établie. Lorsque ces produits labélisés selon le système national sont communiqués à la Commission européenne et respectent les rigueurs du règlement 1305, ils bénéficient des mêmes droits que les produits labélisés AOP et IGP. Aussi, les États membres tentent de certifier un certain nombre de systèmes nationaux de qualité, et de labéliser autant de leurs produits alimentaires nationaux que possible, parce que, une fois reconnus, ces produits peuvent bénéficier de subventions émanant de la Politique agricole commune. Et pour les agriculteurs, pour les producteurs agricoles, ce soutien demeure essentiel. En sus de cela, ce système permet de préserver la qualité d’un produit, la survie d’une recette traditionnelle. »

    Au niveau de l’UE, il existe actuellement plus de 1.600 produits bénéficiant du label indication géographique protégée ou appellation d’origine protégée. L’Italie en compte 317, la France 260, l’Espagne 204, suivie par l’Allemagne, le Portugal et la Grèce, avec chacun plus de 100 produits labélisé. La Chine même, alors qu’elle ne fait pas partie de l’UE, compte actuellement 99 produits labélisés de la sorte.

    Ștefan Pădure, président de l’association pour la promotion des produits roumains, nous renseigne encore sur la marche à suivre pour la labélisation d’un produit qui correspond aux normes de qualité requise :

    « Le label AOP (Appellation d’Origine Protégée) désigne un produit originaire d’un lieu, d’une région ou d’un pays, dont la qualité ou les caractéristiques sont essentiellement dues à un environnement géographique spécifique et à ses facteurs naturels intrinsèques (matières premières, caractéristiques environnementales, localisation) et humains (production traditionnelle et artisanale) et dont les phases de production, transformation et élaboration se déroulent dans l’aire géographique définie, conformément à des règles de production strictes, établies dans le cahier des charges de production. En revanche, les conditions à remplir pour bénéficier du label IGP (Indication Géographique Protégée) sont plus laxes. Ce label désigne un produit originaire d’un lieu, d’une région ou d’un pays spécifique, mais les matières premières nécessaires à sa fabrication peuvent être importées. L’Europe a compris en fait le bénéfice qu’il y avait à préserver le caractère local ou régional d’un produit à l’heure de la mondialisation, et c’est précisément ce qu’elle fait à travers ces systèmes de labélisations européens et nationaux. Les choses se passent de manière très contrôlée, et c’est très bien ainsi ».

    Outre les produits alimentaires, la Roumanie possède également des spiritueux inscrits au registre des appellations d’origine (AOP) et des indications géographiques (IGP) qui sert à protéger les noms géographiques ou traditionnels désignant des produits agricoles (autres que le vin) dont l’identité et les principales caractéristiques sont déterminées par leur origine. Aussi, le ministère roumain de l’agriculture a récemment entamé les démarches nécessaires pour labéliser la marque « Pelin », dans la catégorie des boissons aromatisées.(Trad. Ionut Jugureanu)

  • L’ère digitale à l’heure des défis

    L’ère digitale à l’heure des défis

    L’apparition et l’essor d’internet a projeté le monde dans l’ère digitale.
    L’accès immédiat à l’information que cela implique a par ailleurs impacté de
    manière significative notre manière d’apprendre, notre manière d’envisager le
    monde, mais cela a aussi permis l’apparition d’une économie entièrement
    nouvelle : l’économie digitale. Accéder au type d’information désiré,
    communiquer de façon instantanée avec des interlocuteurs situés à des milliers
    de kilomètres, faire fi de ces deux éléments autrefois incompressibles qu’étaient
    l’espace et le temps nous a ouvert la porte vers un monde entièrement nouveau.

    Et la toile ratisse large :
    du commerce jusqu’au divertissement, en passant par l’information et une offre
    infiniment étoffée de services. Pourtant, toute médaille connaît son revers. Avec
    internet, de nouveaux défis ont vu le jour, et pas des moindres. Et, à ce titre,
    la protection des données, et des informations confidentielles et personnelles fait
    partie du lot. Si la toile est née
    dès le début des années 60 grâce aux efforts conjugués des chercheurs et
    développeurs américains, britanniques et français, qui se sont ingéniés à
    mettre en réseau, à faire communiquer leurs ordinateurs, 10 années plus tard
    tout ce petit monde se dotait déjà des lois, des règles, des protocoles censés
    faire fonctionner ce réseau des réseaux. Les premiers services commerciaux d’internet
    voient le jour à la fin des années 1980.

    Mais ce n’est qu’à partir du milieu
    des années 1990 aue l’usage que l’on fait de la toile prend son véritable
    essor. Depuis le monde technologique et jusqu’au monde culturel, en passant par
    la communication et le commerce, tout se voit profondément impacté par le
    phénomène. La messagerie instantanée, le courriel électronique, les appels téléphoniques
    passés par VoIP (pour voice over Internet Protocol), le tchat vidéo, et puis la
    kirielle de sites, blogs et réseaux sociaux qui firent leur apparition ces dernières
    décennies n’ont pas manqué de modifier et de façonner notre quotidien de façon
    significative. Et dans cette révolution, des quantités de données de plus en
    plus importantes s’échangent, passent d’un continent à l’autre à des vitesses
    de plus en plus rapides grâce aux autoroutes en fibre optique.

    Sur les
    conséquences de la révolution digitale, le journaliste Ion Vaciu, président du
    Conseil pour la transformation digitale, en sait quelque chose :


    « De manière pratique, grâce à internet, tout a viré au virtuel. Le
    monde financier est passé à la monnaie virtuelle, l’industrie est passée à l’ère
    des robots, où il est possible de travailler à distance. L’agriculture même a
    été impactée. Il n’existe aucun domaine du quotidien qui ne soit pas impacté
    par l’ère digitale. Impacté de manière positive, je dirais. Parce que, qu’est-ce
    au fond la toile, ce réseau des réseaux, cette toile planétaire, et qui est
    allée même au-delà des frontières de notre planète grâce aux réseaux de
    satellites de télécommunication ».


    La toile roumaine avait
    démarré au mois d’avril 1993, rappelle le journaliste Ion Vaciu. L’apparition
    du courriel électronique avait donné un nouveau souffle à la recherche,
    notamment universitaire. Un premier réseau internet reliait déjà certaines universités
    et lycées dès 1993. Mais le premier réseau à haut débit ne voit le jour qu’en
    2000. Depuis lors, la Roumanie s’est frayée une bonne 10e place
    mondiale en termes de vitesse du réseau. Quant à l’avenir, à nouveau le journaliste Ion Vaciu :


    « Vous savez, les chercheurs identifient dix grandes
    tendances dans le domaine. L’on a, d’une part, l’internet des objets, soit l’accroissement
    de la vitesse de connexion, du degré d’interconnectivité des objets et des
    dispositifs intelligents, tout cela avec des applications directes dans des
    domaines aussi variés que la santé, le transport, l’industrie. Ce matin même j’avais
    lu une nouvelle qui relatait de la possibilité de connecter des objets qui a
    priori n’étaient pas connectés entre eux, grâce à la technologie 6G, grâce aux
    satellites et à une fonction de type radar. L’on pourra donc à l’avenir, vers
    2030, connecter entre eux des objets qui ne sont pas connectés à internet. Ensuite,
    voyez-vous, le 5G, ces réseaux à haut débit, c’est formidable. Mais en Roumanie
    l’on n’a réussi à couvrir que 3% du réseau internet par le 5G. L’on a donc
    encore beaucoup à faire. Parlons ensuite de l’edge computing, soit informatique
    en périphérie de réseau, qui représente une méthode d’optimisation qui consiste
    à traiter les données à la périphérie du réseau, près de la source des données.
    Or, le développement de cette infrastructure est encore à un niveau balbutiant chez
    nous, alors que les bénéfices en termes de réduction de coûts sont là. Il y a
    encore beaucoup à faire dans le domaine du développement de l’intelligence
    artificielle, dont tout le monde en parle, et qui est un vieux rêve de l’humanité,
    aujourd’hui à portée de main. Enfin, la réalité virtuelle et augmentée est un
    autre aspect, qui permet d’utiliser les technologies pour offrir des expériences
    interactives et d’immersion en différents environnements, tels le monde des jeux
    vidéo, le tourisme, l’enseignement ».


    Rappelons encore la technologie blockchain et les crypto monnaies, le cloud
    computing pour définir les contours de l’infrastructure nécessaire aux nouvelles
    technologies, la cybersécurité et la protection des données, ou encore la
    réglementation indispensable au monde digital pour avoir une image d’ensemble
    de ce que sera la toile de demain et ses myriades d’applications, souligne
    encore le journaliste Ion Vaciu, spécialiste des nouvelles technologies.


    (Trad Ionut Jugureanu)



  • La création du cyberbouclier européen

    La création du cyberbouclier européen

    Confrontée à un nombre
    croissant de cyberattaques, l’UE entend donner la réplique en mettant plus d’un
    milliard d’euros dans un projet censé assurer sa sécurité cybernétique.
    « Notre ambition est de créer ce bouclier cybernétique européen qui
    permette une meilleure détection des attaques en amont » avait asséné le
    commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton, tout en précisant que
    le temps de réaction actuel depuis le moment où un programme malveillant
    commence à se répandre et jusqu’à ce qu’une réaction appropriée s’enclenche
    peut atteindre 190 jours. « Monsieur Breton fait appel à ce genre de
    comparaison imagée pour souligner qu’il faudrait restreindre le nombre
    d’utilisateurs et d’entités potentiellement vulnérables face à une
    cyberattaque », explique sur nos ondes Mihai Rotariu, le patron de la Direction
    communication du Directorat national de cybersécurité. Mihai Rotariu :


    « Il faudrait appréhender une cyberattaque à
    l’instar d’une rivière. Prenez, si vous parveniez à filtrer l’eau en amont, presque
    aussitôt que les substances polluantes avaient été déversées et commencent à
    l’infester, vous pourriez éviter d’amplifier les dégâts. Souvent, en matière de cybersécurité, les choses
    fonctionnent de la même façon. Monsieur Breton a par ailleurs parlé d’investir plus
    d’un milliard d’euros, dont les deux-tiers seront financés par des sources
    européennes, afin de constituer des centres d’opérations de
    sécurité
    (SOC) un peu partout en Europe. Ces centres seraient alors
    capables de détecter presque en temps réel le moment où nouveau virus est
    introduit et commence à se répandre. Ces centres constitueront donc une sorte
    de bouclier européen en matière de cybersécurité, censé devenir opérationnel,
    selon le commissaire, dès le début de l’année prochaine ».


    À terme, le cyberbouclier européen sera constitué de plusieurs plateformes d’opérations
    de sécurité transfrontières, chacune regroupant les centres d’opérations de
    sécurité établis dans au moins trois États membres. Il utilisera pour cela des
    outils de pointe, tels que l’intelligence artificielle (IA) et l’analyse
    avancée des données. Au-delà du cyberbouclier européen, la proposition de la
    Commission européenne comprend la constitution d’un mécanisme destiné à
    répondre aux situations d’urgence en matière de cybersécurité. En effet,
    « avec la guerre en Ukraine, les cyberattaques ont explosé, augmentant de
    140% en Europe. Or, dans ce contexte, la mise en commun et une meilleure
    coordination de nos forces au niveau européen constituent une urgence, car la
    menace sécuritaire ne fait que s’accroître. », affirmait le commissaire
    Breton à l’occasion du Forum international en matière de cybersécurité, accueilli
    à Lille. Mais quel est l’état actuel de l’Union en termes de
    vulnérabilités ? A nouveau, Mihai Rotariu :


    « La cybersécurité prend une importance
    croissante dans le contexte actuel. Cela affecte non seulement l’industrie des
    technologies de l’information, mais encore les décisions politiques. L’on parle
    depuis des années d’un marché digital européen, un marché sûr, qui garantisse
    la sécurité de l’utilisateur. Malheureusement, le volume et la complexité des
    cyberattaques peuvent rendre l’utilisateur réticent face aux nouvelles
    technologies. Ces nombreux exemples où des bases énormes de données ont fuité
    et se sont retrouvé dans le domaine public ou entre des mains malveillantes ne
    sont pas de nature à rassurer l’utilisateur. Ces incidents, auxquels s’ajoutent
    une éducation digitale précaire et un niveau insuffisant en matière de
    cybersécurité peuvent décourager l’utilisateur européen de faire appel aux
    instruments digitaux, qui devraient lui simplifier la vie et diminuer les coûts
    des opérations. »


    « La cybersécurité constitue une responsabilité
    commune » est ainsi devenu le slogan européen en la matière, selon Mihai Rotariu. Par ailleurs, pour bien gérer les
    crises, il faut s’avérer proactif, et capable de partager les informations.
    Mihai Rotariu :


    « Il faut encore travailler notre vitesse de
    réaction, notamment dans ce contexte de guerre en Ukraine, pour s’avérer
    capables de répondre au mieux à cette augmentation en termes de nombre et de
    complexité des attaques. L’on observe l’utilisation de l’intelligence
    artificielle dans les attaques lancées ces derniers mois, pour créer des
    scénarios plausibles pour les utilisateurs, pour leurs victimes potentielles.
    Les utilisateurs peu avertis s’avèrent de moins en moins capables d’identifier
    les pièges que cachent ces attaques dans l’environnement digital. C’est pour
    cela qu’il nous faut réagir au niveau européen. Un peu à l’instar de la manière
    dont on réagit dans le domaine de la protection civile européenne : les
    Etats membres doivent investir et raffermir leurs propres capacités de lutte
    contre les cyberattaques, et puis prêter aussi main forte aux autres Etats
    membres en cas de besoin ».


    Aussi, la Roumanie a vocation de devenir un leader
    régional en matière de cybersécurité, Bucarest abritant d’ores et déjà le siège
    du Centre européen de compétences en cybersécurité, institution censée
    améliorer les compétences et la capacité de réaction européenne en cette
    matière, en collaborant notamment avec le réseau des centres nationaux de
    cybersécurité. C’est que la Roumanie dispose d’un excellent réservoir au monde de
    spécialistes de haut vol dans le domaine, n’hésite pas à le rappeler Mihai
    Rotariu.


    (Trad Ionut Jugureanu)





  • La pollinisation des plantes

    La pollinisation des plantes

    Partie intégrante des écosystèmes sains, les pollinisateurs jouent un rôle essentiel
    sinon irremplaçable dans la reproduction du vivant. Mais les statistiques des
    dernières années s’avèrent plutôt terribles, le déclin en termes de nombre et en
    terme de variété d’espèces des insectes pollinisatrices sur le territoire de l’Union
    européenne étant alarmant. Parmi les causes de cette évolution inquiétante notamment
    les conséquences des activités humaines, dont l’usage à grande échelle des pesticides
    et des engrais par les promoteurs de l’agriculture intensive. Cette approche ne
    manque pourtant pas de mettre en danger la santé humaine, la sécurité alimentaire,
    et jusqu’à la qualité de vie de nos sociétés. La société civile pourtant, à l’instar
    du monde scientifique, se mobilise de plus en plus. Plus d’un million de
    citoyens européens ont appelé des mesures fermes de la part de Bruxelles, pour
    arrêter l’hécatombes des pollinisateurs. La dernière initiative citoyenne en
    date, intitulée « Sauvons les abeilles et les agriculteurs », présentée
    devant la Commission européenne au mois d’octobre 2022, plaide pour une transition
    soucieuse de la sauvegarde des abeilles. Quatre années auparavant, la même
    Commission européenne avait en effet adopté le cadre européen censé combattre
    le déclin des pollinisateurs sauvages. L’initiative visait des objectifs précis
    pour 2030, précisant les actions à entreprendre pour y parvenir. Une nouvelle
    étape a encore été franchie par la Commission européenne récemment.

    Le commissaire européen en charge de l’Environnement, le Lituanien Virginius Sinkevicius :

    « Les pollinisateurs sauvages
    demeurent essentiels pour parer aux effets du changement climatique. En leur
    absence, nos assiettes seront plus pauvres, nos fermiers également. Malgré tout
    nos efforts, il faut bien reconnaître que les populations de pollinisateurs se
    trouvent en déclin, certaines même en danger. Or, quatre des cinq espèces de
    plantes à fleurs ont besoin de ces pollinisateurs. Les scientifiques tirent
    pourtant la sonnette d’alarme, avertissant du déclin inquiétant d’un tiers des
    espèces d’abeilles, de papillons, de bourdons. Cet état de fait est
    véritablement inquiétant. Les pollinisateurs doivent être protégés. Leur
    extinction mènerait à l’effondrement des écosystèmes. L’on se trouve devant le
    scénario catastrophe, qu’il faut éviter à tout prix. Le nouveau pacte doit
    renverser la tendance et cela avant 2030.
    »


    En effet, près de 80% des cultures et des plantes à fleurs dépendent directement du processus
    de pollinisation. C’est pourquoi la perte des pollinisateurs représente une des
    plus importantes menaces à l’égard de la nature, menaçant par ailleurs notre
    sécurité alimentaire et le bien-être des sociétés humaines par la diminution inévitable
    des productions agricoles.

    Il faudrait regarder sans doute de plus près le
    phénomène, martèle encore le commissaire européen chargé de l’Environnement, Virginius Sinkevicius :


    « Il
    nous faut nous munir d’abord de ce que l’on apprécie comme l’objectif principal de
    notre intervention, soit renverser le déclin avant 2030. Il nous faut ensuite
    identifier les trois mécanismes principaux pour y parvenir, en abordant à
    chaque fois les causes. A cet égard, il s’agira tout d’abord d’arriver à une
    meilleure conservation des espèces menacées et de leur habitat. Nous allons
    donc identifier les pollinisateurs caractéristiques aux habitats protégés, en
    vertu de la Directive habitats. Ensuite, nous comptons aménager un réseau de passages
    destiné spécifiquement aux pollinisateurs. Enfin, nous allons fixer des règles
    pour améliorer l’habitat des pollinisateurs qui vivent en milieu urbain. La
    deuxième direction d’action vise la reconstitution des habitats des zones
    agricoles. Nous l’oublions trop souvent, mais une partie significative de la
    superficie de l’Union est occupée par les cultures. Il nous faut donc intégrer ce
    desiderata d’une agriculture protectrice avec les pollinisateurs dans le cadre de
    notre Politique agricole commune. Le dernier axe de notre intervention visera
    la diminution de l’usage des pesticides, qui constituent une menace majeure pour
    un grand nombre d’espèces. »




    Parmi les actions
    envisagées par la CE, notons encore la
    mise sur pied d’un système de monitoring, l’appui à la recherche et à l’évaluation,
    en identifiant sur les cartes les principales zones de pollinisation avant
    2025, sans oublier les actions censées accroître le degré d’information et de
    promouvoir la dissémination des connaissances scientifiques. Mais la mobilisation de la société civile dans la défense du vivant, tout
    comme la promotion de la coopération demeurent des éléments indispensables. Bruxelles appuiera par ailleurs les efforts des Etats membres dans l’élaboration
    de leurs stratégies nationales, mais aussi les entreprises et les citoyens
    désireux de faire avancer la question. (Trad. Ionut Jugureanu)



  • La baisse inquiétante de la population roumaine

    Ce qui
    relevait du sens commun jusqu’ici a été officiellement acté par le dernier
    recensement de la population résidente sur le territoire de la Roumanie. Le déclin
    démographique se poursuit et ne manque pas d’inquiéter les spécialistes. En effet,
    depuis le dernier recensement de 2011, la population résidente dans le pays a
    baissé de 1,1 millions de personnes, alors que depuis 1990 la Roumanie accuse
    une perte sèche de 4 millions de personnes. L’émigration est principalement pointée
    du doigt, suivie de près par la baisse constante de la natalité. Une baisse de
    5% par rapport à 2011, de 12% par rapport à 2002, fait que nous sommes revenus
    au niveau de 1966, soit avant le déclenchement de la politique pro nataliste
    outrancière menée par Nicolae Ceausescu. Il est vrai toutefois que cette
    tendance inquiétante n’est pas spécifique à la seule Roumanie, d’autres pays de
    la région l’enregistrant également.




    Invité sur les ondes de Radio Roumanie,
    Tudorel Andrei, président de l’Institut national de statistique, analysant les
    données issues du dernier recensement s’inquiète davantage du vieillissement
    accéléré de la population résidente, plus que de la baisse constatée, en termes
    absolus.




    Tudorel
    Andrei : « La baisse de la population résidente constitue un phénomène
    commun à toute l’Europe de l’Est, voire constaté au-delà, en Europe occidentale.
    Malheureusement, en effet, en Roumanie, en Bulgarie, en Croatie, cette baisse
    est encore plus marquée qu’ailleurs. Les causes de ce phénomène sont multiples,
    et il faudrait suivre les aléas de la période de transition, depuis la période communiste
    à nos jours, pour mieux saisir le phénomène. Les départs enregistrés ont été massifs dès la chute du
    communisme, fin 1989. Le phénomène s’est diminué progressivement dans les
    années 2012, 2013, et à partir de là il faudrait regarder du côté de la
    natalité et de la mortalité. En fait, durant cette dernière période de
    transition, nous cueillons ce que nous avons semé durant la première période. Par
    ailleurs, durant cette période les mentalités ont changé. Les couples font
    moins d’enfants, il y a un changement des mentalités par rapport au moment où les
    couples décident d’avoir leur premier enfant, mais aussi par rapport au nombre total
    d’enfants que le couple désire avoir ».







    Beaucoup de femmes sont en outre aujourd’hui davantage
    attirées qu’il y a 20 ou 30 ans à se forger une carrière. Les opportunités
    présentes dans l’offre des formations et les places qui leur soient accessibles
    sur le marché de travail les attirent davantage. La période passée aux études a
    également augmenté. L’âge auquel elles décident d’avoir leur premier enfant a augmenté
    dès lors de manière proportionnelle. Des revenus plus attrayants relèguent la
    vie de famille au second plan. Les jeunes s’investissent dorénavant davantage dans
    leur carrière, et repoussent d’autant le moment d’avoir leur premier né. Tudorel Andrei ne manque pas de s’inquiéter de la
    baisse de la population résidente comprise dans la tranche d’âge 15-64 ans. Une baisse inquiétante de 1,4 million affecte
    cette tranche d’âge, ce qui fait diminuer la proportion de cette dernière par
    rapport à la population globale, qui passe de 68% en 2011 à 64% en 2022.






    Mais que
    faire pour renverser la tendance ? Tudorel Andrei : « Les données
    font état d’une diminution du taux d’émigration. Il chute, pour ainsi dire
    depuis 5, 6 ans déjà. Dans les années qui ont suivi l’adhésion de la Roumanie à
    l’UE, 2007, 2008, il y avait plus d’un demi-million de Roumains qui quittait le
    pays tous les ans. Mais la perte de population s’est poursuivie malgré la
    diminution récente du taux d’émigration, cette cause étant supplantée par la
    baisse de la natalité et par l’accroissement de la mortalité, causé par le vieillissement
    accéléré de la population. La natalité et la mortalité constituent des
    phénomènes extrêmement complexes. Les tendances ne changeront pas du jour au
    lendemain quoi qu’on en fasse. Il faut se projeter sur le long terme. Les
    résultats en termes de politiques publiques peuvent être saisis 10 ou 20 années
    plus tard, certainement pas de suite. Vous savez, nous avons connu un tel choc
    brutal de tendances dans notre histoire. Cela a eu lieu en 1967, lorsque
    Nicolae Ceausescu avait mis l’IVG hors la loi. Il avait cette capacité de procéder
    de la sorte, car la Roumanie était une dictature. Mais l’échec de cette
    politique est un cas d’école. Le revers de la médaille, on a pu le saisir dans
    les années 2006-2007, lorsque ces enfants, nés dans les années 1967-1968, ont émigré
    en grande partie en Occident. »







    La perte de 4 millions de personnes sur une
    population qui comptait 22 millions n’est pas anodine. Des pans entiers de l’économie
    roumaine tournent au ralenti à cause de l’absence de la main d’œuvre disponible
    sur le marché de travail. L’Horeca et le bâtiment sont les domaines les plus
    affectés. Le système de retraites se voit également mis sous pression. En effet,
    la Roumanie est loin du rapport idéal, qui prévoit 4 personnes potentiellement actives
    pour 1 retraité. En Roumanie, neuf retraités sont pris en charge par dix
    personnes actives. Et du côté de l’équilibre budgétaire du système de retraites
    les pronostics sont sombres. En 2030, le système de pensions sera à bout de
    souffle.




    Qui plus est, une fois la crise
    sanitaire passée et les beaux jours de la reprise économique revenus à l’Ouest,
    il est à prévoir une reprise de l’offre d’emploi mieux rémunéré en Europe
    occidentale, ce qui ne tardera pas de se traduire par une diminution de la
    population active présente en Roumanie. Aussi, en 2030, la population résidente pourrait être ramenée à
    18 millions de personnes, selon l’Institut national de statistique. La Roumanie
    perdra ainsi sa place du 7e Etat le plus peuplé de l’UE, au profit
    des Pays-Bas. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • La nouvelle architecture de sécurité et des relations internationales du 21e siècle

    La nouvelle architecture de sécurité et des relations internationales du 21e siècle

    Une année après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, Vladimir Poutine
    martèle encore et toujours que l’enjeu principal de cette guerre est la survie
    de la Russie en tant qu’Etat souverain. Devant un parterre d’ouvriers de l’industrie
    russe d’aviation militaire, le maître du Kremlin avait repris sa vieille rengaine
    au sujet des intentions occidentales d’anéantir la Russie. Il ne s’agit pas d’une
    mission géopolitique, avait-il martelé à l’occasion, mais d’une mission de
    survie, censée assurer les conditions du développement futur du pays, tout en accablant
    l’Occident d’instrumentaliser l’Ukraine contre la Russie. Pour ce qui est de l’Ukraine,
    M Poutine avait réitéré combien la Russie n’avait ménagé pendant des décennies aucun
    effort pour maintenir de bonnes relations avec ce pays, avant que les choses ne
    basculent, lors de ce qu’il continue d’appeler « le coup d’Etat fomenté
    par l’Occident en 2014 ». Ce n’est sans doute pas la dernière, et
    certainement pas la première fois que le leader russe donne cette version de
    faits, reprise d’une réalité parallèle.


    Le professeur Iulian Chifu, spécialiste de l’espace
    ex soviétique et auteur de l’ouvrage intitulé « La nouvelle architecture
    de sécurité et des relations internationales du 21e siècle » offre sur
    les ondes de Radio Roumanie son analyse au sujet des dernières évolutions de
    cette zone de turbulence que nous traversons aujourd’hui dans les relations
    internationales. Iulian Chifu :


    « Ce que Mikhaïl Gorbatchev n’avait pas pu
    prévoir, et n’avait pas su négocier lorsque la réalité s’est présentée devant lui,
    a été le délitement de l’Union Soviétique. Le fait qu’une fois libérés de la
    prison des peuples, ainsi qu’était considéré à l’époque l’Union Soviétique, les
    nations qui la composaient allaient essayer de retrouver leur identité, et de suivre
    leurs propres voies. La chute de l’Union Soviétique a été un processus naturel.
    Le régime communiste s’est accroché jusqu’au bout, jusqu’au délitement de cet
    Etat mosaïque artificiel, contrôlé et maintenu par la force et la terreur de l’idéologie
    totalitaire. Et dans mon ouvrage, je pose ces questions : Dans quelle
    mesure pourrait survivre le régime de M Poutine à une défaite en Ukraine ?
    A quoi va ressembler la Russie post Poutine ? Et pour essayer d’apporter
    un début de réponse à ces questions, j’avais bien évidemment lu bon nombre d’analyses
    traitant du sujet, avant de forger ma propre analyse. Et mon livre démontre, je
    crois, que M Poutine n’est pas en mesure de survivre politiquement à une
    défaite en Ukraine. Certaines informations en provenance de différents services
    de renseignement laissent même entendre que l’on est en train de réfléchir à sa
    succession. A une succession qui adviendrait non pas à la suite des révoltes
    populaires, mais qui serait plutôt assurée depuis l’intérieur du régime, une
    succession donc censée assurer justement la survie de ce dernier, après avoir
    remplacé le fondateur. C’est un peu ce qui s’était passé lors du débarquement
    de Nikita Khrouchtchev par le Comité central du parti communiste de l’URSS, et
    son remplacement par un proche, qui faisait partie du premier cercle du pouvoir ».



    Aussi, selon le professeur Iulian
    Chifu, Vladimir Poutine ne pourrait être renversé et remplacé que par l’un de
    ses proches collaborateurs, dans ce qui pourrait être une tentative censée
    sauver le régime. Dans son ouvrage, le professeur Chifu rappelle aussi la situation
    désastreuse des militaires russes, jetés en chair à canon dans les premières
    lignes de cette guerre affreuse, dont ils ne connaissent ni les tenants, ni les
    aboutissants, alors qu’ils sont munis d’armes fabriquées il y a 80 ans. Et si
    les Ukrainiens ne disposent pas encore d’armes et de munition en suffisance
    pour compenser de manière décisive la supériorité numérique russe, il n’en est
    pas moins vrai qu’une année après le déclenchement de la soi-disant « opération
    spéciale » en Ukraine, le régime Poutine s’évère incapable de fournir,
    fut-ce à usage interne, une narration sensée et crédible qui puisse justifier
    cette guerre insensée.

    Mais dans cette équation géopolitique extrêmement
    tendue, il ne faut surtout pas, selon le professeur Iulian Chifu, sous-estimer
    le rôle et les intérêts de la Chine :


    « Là où le bât blesse pour
    M. Poutine c’est que la puissance a changé de camp au niveau global. L’on est
    passé d’un monde bipolaire, un monde régenté par les deux superpuissances de la
    guerre froide, à un monde qui compte deux grandes puissances et plusieurs
    puissances régionales, mais la Russie ne se retrouve plus parmi les deux
    premières. Les grandes puissances d’aujourd’hui sont les Etats-Unis et la
    Chine. Et cela fait mal, compte tenu des ambitions nourries par M Poutine et par
    les Russes en général, abreuvés depuis toujours à l’idée d’un monde où ils
    doivent jouir des zones d’influence. Le président chinois, Xi Jinping, représente
    une puissance en plein essor, une puissance qui aspire à devenir un leader qui
    pèse au niveau global. Pour la Chine, M Poutine est un acteur de seconde zone,
    un partenaire de circonstance, mais qui crée du désordre. Pékin avait envoyé un
    message assez clair à Moscou, il ne s’agit pas d’une proposition d’issue au
    conflit à proprement parler, mais elle avait quand même posé quelques jalons, dicté
    quelques principes, censés clarifier la position chinoise au sujet de la guerre
    en Ukraine. Il s’agit, primo, de la non-utilisation de l’arme nucléaire et,
    secundo, finir cette guerre au plus vite. »


    Pourquoi ? Eh bien, parce que, selon le professeur Chifu, fut-ce
    de manière indirecte, cette guerre est dommageablepour la Chine. La Chine de Xi Jinping tire sa puissance
    de la croissance de son économie. Et pour cela, pour poursuivre sur cette
    lancée, sans faire trop de vagues, elle a donc besoin de paix et de stabilité. Si
    la Russie provoque du désordre au niveau mondial, la Chine a des problèmes. Les
    intérêts et les visions de M Xi et de M Poutine divergent donc profondément. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • La rotation du pouvoir en Roumanie

    La rotation du pouvoir en Roumanie

    Un événement inédit a eu lieu en juin, sur la scène
    politique de Roumanie. Un an et demi avant les élections parlementaires, le
    premier ministre, le libéral Nicolae Ciuca, a démissionné dans le cadre de la
    rotation du pouvoir convenue par le PNL avec le PSD, au terme d’un accord
    politique signé en novembre 2021. À son tour, le leader social-démocrate Marcel
    Ciolacu a été nommé pour former un nouveau gouvernement. Une grande partie du
    nouveau cabinet est le même que celui dirigé par l’ancien premier ministre
    libéral Nicolae Ciuca, aujourd’hui président du Sénat. Mais puisque l’UDMR a
    décidé de quitter la coalition au pouvoir, ses ministres ont été écartés.


    En parlant de ses priorités gouvernementales, Marcel
    Ciolacu a affirmé vouloir réduire l’inflation, accroître le pouvoir d’achat et
    majorer le budget alloué aux investissements. Son gouvernement souhaite privilégier
    les réformes et l’économie, afin que les résultats deviennent visibles et que
    les Roumains puissent en profiter. La preuve d’une bonne gouvernance est la
    baisse de l’inflation et des prix des denrées alimentaires, a affirmé M.
    Ciolacu. Mon cabinet souhaite booster aussi l’agriculture, le BTP et l’énergie,
    trois branches qui, de mon point, font la différence dans les yeux de la
    population, a lancé le premier ministre social-démocrate.


    Invité à Radio Roumanie, le professeur des universités
    Andrei Țăranu a fait fin juin, une radiographie de l’échiquier politique de
    Bucarest.




    « La Roumanie a eu, si vous me permettez, un certain
    ascendant sur les pays de l’Europe centrale et de l’Est. Cette rotation du
    pouvoir qui est, avouons-le, une idée insolite, s’est avéré un modèle à succès
    puisqu’elle a offert au pays un plus de stabilité politique. C’est ce qu’on
    nous a laissé croire. Par exemple, la Macédoine du Nord s’est dit intéressée
    par le compromis politique choisi par la Roumanie. Si lors des élections en
    Grèce, Mitsotakis n’avait pas obtenu la majorité, le modèle roumain aurait pu
    être une solution. »


    Pour la Roumanie, 2024 sera une année électorale par
    définition, avec des élections parlementaires, présidentielles et
    europarlementaires. Voilà pourquoi, l’électorat a les yeux rivés sur la scène
    politique, en proie à des changements permanents, précise Andrei Țăranu :


    « Il y a, bien évidemment, des partis qui ont le
    vent en poupe, notamment les partis d’extrême droite. Après, il y en a d’autres
    en chute libre et qui essaient de grimper à tout prix dans les sondages. Voilà
    pourquoi, ça chauffe en Roumanie, non seulement du point de vue météorologique,
    mais politique aussi. On est à moins d’un an des élections, puisque le 6 juin
    prochain, la Roumanie organisera le scrutin euro parlementaire qui marquera le
    coup d’envoi de la grande bataille électorale. Les euro-parlementaires sont
    importantes surtout parce qu’elles donnent l’occasion aux partis de voir leur
    position sur l’échiquier politique. Or, à en croire les sondages, on a déjà des
    partis qui ne se portent pas bien du tout. »




    Pour les deux partenaires de la coalition au pouvoir, le
    PSD et le PNL, cet été ne sera pas synonyme de la tranquillité et du repos,
    avertit Andrei Ţăranu sur les ondes de Radio Roumanie :




    « Malheureusement, le modèle politique mis en place
    par la Roumanie, les années de pandémie et d’autres facteurs tout aussi
    problématiques s’ajoutent à la crise qui se propage partout dans l’UE. Avoir
    une Allemagne avec un taux d’inflation de plus de 9%, c’est du jamais vue
    depuis la Deuxième Guerre mondiale ! Or, puisque nombre de marchés
    européens y compris celui roumain, dépendent de Berlin, la situation est pleine
    d’incertitude. Voilà pourquoi, les responsables politiques devraient agir
    rapidement, notamment pendant les mois d’été, pour trouver des politiques
    publiques censées endiguer les grandes crises. Souvenez-vous de l’année 2010,
    quand des tensions sociales et des mouvements de protestation ont éclaté en
    Roumanie. Voilà pourquoi, le gouvernement Ciolacu n’aura pas un mandat simple
    ni du point de vue économique, ni du point de vue électoral ou
    politique. »




    Dans un message, le chef de l’Etat, Klaus Iohannis, a
    transmis aux ministres du cabinet Ciolacu que les prochains mois seront
    difficiles, avec de nombreux problèmes à résoudre. Pourtant, Iohannis se dit
    confiant que l’actuel gouvernement soit capable de préserver la stabilité, tout
    en faisant preuve d’efficacité comme son prédécesseur. Il nous reste encore un
    an et demi pour trouver des solutions aux problèmes auxquels le pays se
    confronte, avant d’entamer une période électorale qui sera un véritable défi
    pour la société. A part les quatre scrutins électoraux qui marqueront l’année
    2024, le pays a besoin d’un gouvernement responsable, a encore affirmé le
    président roumain qui a rappelé que la rotation du pouvoir, une première en
    Roumanie, s’est déroulée rapidement et sans problèmes.