Category: Société

  • La Société civile roumaine met à l’honneur ses élites

    La Société civile roumaine met à l’honneur ses élites

    Le Gala pour la société civile, créé en 2002, vise à récompenser ou encourager des réalisations et initiatives concrètes mises en œuvre par des organisations de la société civile à tous les niveaux. Pour l’édition de cette année, plus de 220 projets portant la signature de différentes ONG ont rivalisé dans les 17 sections du gala. Nous vous proposons de passer en revue les principaux prix décernés lors du Gala 2013 pour la société civile.



    Et nous allons commencer par le grand prix accordé dans la section « Education, Enseignement et Recherche » et remis à l’Association Little People pour son projet « Mon école à l’hôpital ». Un projet par lequel l’association s’est proposée d’aider les enfants hospitalisés dans les sections d’oncologie à récupérer les classes manquées grâce à des cours soutenus par des bénévoles. D’ailleurs, « l’Association Little People » a décroché le plus important nombre de trophées, cinq au total, pour d’autres projets consacrés aux enfants. Présente au gala, Oana Rusu, responsable du service de presse au sein de cette ONG, déclare : « Nous allons partager ce prix avec tous les enfants qui prêtent de l’importance à l’école. Grand merci de soutenir notre démarche d’amener à l’école tous ces enfants auxquels on a appris qu’ils ont besoin d’éducation quelles que soient les difficultés. Il est extraordinaire de voir ce qu’on est arrivé à faire dans les hôpitaux. De cette manière, les enfants peuvent faire des cours, tout comme leurs collègues, sans se sentir exclus ».



    Passons à la section « Art et culture » qui a choisi d’accorder le premier prix à la Fondation « La princesse Margareta de Roumanie » pour le projet « Les jeunes talents ». Un projet par lequel la fondation accorde des bourses aux jeunes musiciens et plasticiens roumains vivant dans la précarité. Pour plus de détails, nous invitons au micro le directeur exécutif de la Fondation, Mugurel Margarit-Enescu : « C’est un très beau projet, auquel on tient énormément puisqu’il se propose de donner une nouvelle chance aux jeunes doués issus de familles en détresse. En l’absence du soutien qu’on leur prête -et je parle des bourses et de toute sorte de méthodes de promotion- leur carrière s’éclipserait, en privant la Roumanie de la beauté qu’ils sont à même de créer. C’est un projet qui s’inscrit dans la tradition de la Maison Royale de Roumanie de soutenir la culture ».



    Dépourvus de tout brin de verdure, plusieurs quartiers de HLM de Bucarest sont des endroits pollués et peu accueillants pour les familles avec enfants. Ainsi, répondant à un appel au civisme, les citoyens d’un quartier bucarestois ont-ils mis sur pied une association pour aménager une petite aire de jeux devant leurs immeubles. Un effort récompensé du premier prix dans la section « Civisme et implication dans la sphère publique ». Delia Mihalache, membre du Groupe d’Initiative civique Callatis-Drumul Taberei a affirmé: « Nous dédions ce prix à ceux qui défendent un autre parc, à savoir le parc Gezi d’Istanbul. Des gens qui par leur action, luttent pour le droit de mener une vie honnête dans leur pays et de se voir consulter au moment où des initiatives risquent d’influencer leur vie. Nous espérons que ce prix nous ouvrira les portes de la Municipalité,pour nous donner la permission à nous et à d’autres citoyens de participer aux séances publiques ».



    Deux ONG se sont vu remettre le trophée de la société civile dans la section «Santé». Il s’agit de la Fondation «Sainte Irène” pour son projet «Soulager la souffrance provoquée par le cancer» et de l’Association M.A.M.E pour le projet «L’enfance, cela ne se vit pas à l’hôpital». La fondation «Sainte Irène» met en place des soins palliatifs pour les personnes atteintes d’un cancer. Ema Madalina Popescu, présidente de la Fondation: « Je tiens à vous remercier au nom de tous les malades du cancer qui subissent en toute discrétion leurs traumas: souffrance, abandon, honte, indifférence, désagrément qu’ils risquent de produire à leurs proches. Je dois vous dire que notre équipe a de plus en plus de mal à remplir le vide créé par le désintérêt des autorités qui semblent vivre le mythe hallucinant d’une jeunesse sans vieillesse et d’une vie sans mort ».



    Maria Culescu, fondatrice de l’Association M.A.M.E, elle-même atteinte d’un cancer qui l’a obligée dans le passé à se faire hospitaliser, sait donc très bien à quoi rime une vie sur un lit d’hôpital. C’est d’ailleurs la principale raison qui l’a poussée à mettre en place le projet «Soulager la souffrance provoquée par le cancer» au travers duquel la fondation organise différents ateliers de création, spectacles et événements à l’intention des enfants atteints de cette terrible maladie. Maria Culescu: « Moi, j’ai eu la chance d’avoir des collègues qui m’ont soutenue et qui m’aiment bien, peut-être parce que je suis un ancien malade qui consacre son temps aux personnes souffrant à leur tour d’un cancer… Je remercie toute l’équipe, nos partenaires et nos sponsors ».



    Les projets consacrés à l’environnement figurent à l’agenda de plusieurs organisations non gouvernementales de Roumanie. Sur leur ensemble, un a particulièrement attiré l’attention du jury. Il s’agit du projet «La chasse aux chasseurs dans la Réserve de la Biosphère du Delta du Danube» de l’Association «Sauvez le Danube et le Delta». Un projet par lequel l’ONG a milité contre les démarches en faveur d’une relégalisation de la chasse au Delta. L’Association a invoqué le risque que la reprise d’une telle activité pourrait causer des préjudices à la communauté locale dépendante des ressources et opportunités offertes par la biodiversité.



    Invité sur scène pour la remise du prix, Liviu Mihaiu, représentant de l’Association «Sauvez le Danube et le Delta» a affirmé: « Ma plaidoirie ne s’adresse pas à l’équipe avec laquelle j’ai collaboré tout au long de cette campagne. Ma plaidoirie vise les représentants de la société civile présents dans la salle. En Roumanie, il nous faudrait encore 50 ans de travail pour pouvoir réparer tout ce qu’on a détruit ».



    Déroulée sous le slogan « Le bien peut être sensationnel », l’édition 2013 du Gala pour la société civile a recensé un nombre record de projets en lice. Une réalité qui prouve que malgré la pénurie des ressources financières, la société civile continue à soutenir les catégories défavorisées de la population. (trad.: Ioana Stancescu)

  • Internet et ses dangers

    Internet et ses dangers


    Il est difficile aujourd’hui d’imaginer l’univers des jeunes sans Internet. Dès leur très jeune âge, ils sont aptes à naviguer — surveillés ou non par les parents. Ils y trouvent les informations dont ils ont besoin dans tous les domaines, des programmes éducatifs, ils peuvent communiquer très facilement. Pourtant, ce réseau comporte certains dangers, notamment pour les très jeunes, qui ne savent pas encore distinguer entre réalité et fiction — en ligne !


    Une étude de l’Organisation «Sauvez les enfants» fait état d’une augmentation du nombre d’enfants qui utilisent le réseau Internet, les nouveaux comportements étant doublés de nouvelles menaces à mesure que la technologie utilisée devient de plus en plus mobile. Gabriela Alexandrescu, présidente exécutive de l’organisation « Sauvez les enfants — Roumanie » : « En Roumanie, la plupart des enfants — soit 86% d’entre eux — naviguent sur Internet quotidiennement ou presque. 65% le font à partir de dispositifs sans fil. Dans ces conditions, leur surveillance par les parents est de plus en plus difficile. Pour avoir une idée des risques que les jeunes encourent, disons que 90% d’entre eux affirment utiliser au moins un réseau social. Le profil de 21% des enfants interrogés pour cette étude est public. Les programmes d’information et d’éducation mis en oeuvre dans les écoles commencent pourtant à porter leurs fruits, car ce pourcentage ne cesse de diminuer — pas de façon vertigineuse — mais il est quand même en baisse. Ce qui prouve que les enfants commencent à apprendre quelles sont les données personnelles qu’ils peuvent rendre publiques. Par ailleurs, en Roumanie, 43% des enfants affirment avoir regardé des images à caractère sexuel au cours de la dernière année et 70% d’entre eux les ont trouvées sur Internet. »


    L’âge moyen auquel les jeunes commencent à naviguer sur la Toile a chuté jusqu’à 9 ans — contre 10 ans en 2010. Les dispositifs sans fil (portable, tablette) ont progressé de 17% en 2010 à 65% en 2012 — et leurs prix sont devenus de plus en plus accessibles.


    Selon une étude réalisée par l’organisation « Sauvez les enfants », pour les adolescents, qui traversent une période difficile et confuse de leur existence, Internet peut être plutôt une mauvaise qu’une bonne chose. Ils passent plus de temps sur Internet au détriment de l’étude et de l’exercice physique


    La moitié des enfants ayant participé à cette étude affirment avoir été insultés ou dérangés sur Internet et avoir rencontré, en face à face, une personne contactée sur la Toile. 10% de ces enfants se sont sentis insultés ou mécontents d’une telle rencontre.


    L’accès aux dispositifs sans fil et l’essor des réseaux de sociaux imposent de nouveaux défis — souligne Liliana Preoteasa, directrice générale de la Direction pour l’Education et la Formation tout au long de la vie du Ministère de l’Education de Bucarest : «A l’école, il est certes possible de contrôler les sites que les élèves visitent pendant les heures de classe. Il y a des dispositifs et des moyens à cette fin. A la maison il doit être également possible d’appliquer certaines méthodes de contrôle parental. Cela est pourtant de plus en plus difficile à réaliser si l’enfant utilise le portable. Or, cette navigation peut les amener effectivement vers des «zones de danger ».»


    Malheureusement, l’éducation en matière d’Internet est presque inexistante en Roumanie. Près de 80% des parents n’imposent à leurs enfants aucune restriction à l’utilisation d’Internet. Beaucoup d’entre eux ignorent les expériences négatives de leurs enfants sur le réseau, d’autres ne maîtrisent pas la technologie et ne possèdent donc pas les compétences nécessaires pour contrôler leurs enfants.


    L’organisation « Sauvez les enfants » a proposé en ce sens la mise en circulation, dans les établissements scolaires de Roumanie, d’un guide contenant des informations théoriques et pratiques sur l’utilisation en toute sécurité d’Internet par les élèves. Les spécialistes de l’organisation offrent également des conseils aux jeunes et aux adultes qui souhaitent apprendre comment utiliser Internet en toute sécurité.


    Lors de la présentation de l’étude, le chef du Service de lutte contre la criminalité informatique de l’Inspection générale de la police, Virgil Spiridon, a précisé que le niveau de la criminalité informatique enregistré en Roumanie n’est pas élevé ; pourtant, partout dans le monde, la tendance est ascendante. Les fraudes bancaires, l’accès illégal aux sources confidentielles d’information appartenant aux compagnies et aux gouvernements, le harcèlement et le chantage ont envahi Internet et y prolifèrent à un rythme accéléré.


    Ce qui caractérise la Roumanie, en matière de criminalité informatique, c’est surtout la diversité et la nouveauté des moyens utilisés. Virgil Spiridon: «Côté chiffres et statistiques, nous avons enregistré en 2012 un millier de cas de cyber criminalité en tout genre. 200 dossiers font déjà l’objet d’une enquête judiciaire. Il s’agit de 1200 infractions et 542 inculpés. Quant à la sécurité des enfants sur Internet, c’est à l’école et à la famille qu’incombe le plus de responsabilité.»


    Gherghe Serban, membre de l’Association professionnelle des fournisseurs de services électroniques, nous donne une idée de l’ampleur de ce phénomène dans le monde: « Si l’on compte actuellement dans le monde 7 milliards de dispositifs interconnectés par Internet, le trafic général Internet doublera d’ici 2015, alors que le trafic sur portable augmentera 11 fois.»


    Pour les jeunes générations, les jeux de l’enfance se sont déplacés devant l’ordinateur. Le jeux sur Internet ont remplacé les jouets et les rêves des enfants des générations antérieures. Internet est-il une bonne ou une mauvaise chose ? Cela dépend de ses utilisateurs. (aut.:Teofilia Nistor; trad. : Dominique)

  • L’émancipation des femmes du milieu rural

    L’émancipation des femmes du milieu rural


    En Roumanie, le milieu rural, qui concentre près de 45% de la population, accueille toujours une bonne quantité de main-d’œuvre insuffisamment valorisée tant pour le bénéfice personnel que pour celui de l’économie. En plus, la population féminine de la campagne roumaine, qui représente 56,6% du nombre total de femmes roumaines, est, semble-t-il, la catégorie la plus touchée, de ce point de vue. On ignore souvent le travail et la vie qu’elles mènent dans l’intimité des foyers ruraux.


    Pour 67% de ces femmes, leur emploi, pour ainsi dire, consiste à travailler pour le bien-être et le confort de leurs familles, sans autre récompense que la satisfaction personnelle. Pourtant, ce travail ne leur confère pas d’indépendance sociale ou financière. Et si ces femmes transformaient leur travail quotidien en activité à profitfinancier ou autre?


    C’est ce que vise la Fédération des syndicats des agriculteurs, Agrostar, par le biais du projet E-Word. Destiné à l’émancipation des femmes rurales et financé par le programme européen sectoriel de développement des ressources humaines (POSDRU), il a concerné 2050 femmes de 6 régions de développement rural de Roumanie. Le projet mentionné s’est proposé de dispenser des cours de formation et de conseiller les femmes qui souhaiteraient trouver un emploi ou monter une affaire, en transformant leur activité courante en un travail rémunéré.


    Détails avec Oana Calenciuc, coordinatrice technique du projet « E-Word. L’Emancipation des femmes, condition du développement rural » : «Nous avons mis sur pied quatre centres d’information et de conseil dans les comtésdeTimiş, Arges, Dolj et Galaţi, à l’intention des femmes vivant en milieu rural. Plus de 800 personnes ont contacté le personnel de ces centres et environ 48% d’entre elles ont pris part à un cours de formation professionnelle. Ces centres leur ont fourni toute sorte d’informations et de conseils, y compris en matière d’entrepreneuriat et de réconciliation entre vie familiale et vie professionnelle».


    Suivant les différentes options des femmes, nous avons organisé cinq cours de formation professionnelle auxquels ont participé 1200 femmes. Elles y ont acquis des connaissances censées les préparer pour des métiers comme manucuriste, vendeuse, pâtissière ou ouvrière dans les fabriques de conserves de fruits et légumes. Oana Calenciuc : «Les cours les plus recherchés ont été ceux de vendeuse dans le commerce de détail, de manucuriste et de pâtissière. Par contre, les demandes de cours de baby-sitter ont été les moins nombreuses. Nous avons également aidé les participantes à trouver un job. Jusqu’à la fin du projet, 130 femmes en avaient trouvé un ou démarré une petite affaire. Je ne saurais oublier de mentionner le cours d’initiation à l’informatique destiné à une centaine de femmes des départements d’Olt et de Dâmboviţa, au bout duquel elles ont passé un examen de certification des compétences».


    A la fin de ces cours et grâce à eux, justement, certaines femmes ont décidé de monter leur propre affaire ou bien d’accéder à des fonds européens pour financer l’affaire qu’elle avaient déjà. Elena Odagiu, du comté d’Olt, mère de deux garçons, a transformé sa passion des fleurs en une affaire : « Les fleurs ont été une de mes plus vieilles passions. J’ai ensuite accédé à un projet financé par des fonds européens. C’est un projet ciblé sur les fleurs et légumes dans des endroits protégés. C’est ma propre affaire, je suis la maîtresse de ma vie et de mon temps. C’est moi qui décide de mes actions, quand je pars en vacances et quand je travaille. C’est là un des avantages, dont le plus important est celui de pouvoir passer du temps avec ma famille, mes enfants, mon mari. Le fait d’avoir ma propre affaire et que c’est moi la propriétaire font que je me sente à l’aise ».


    Pour Ecaterina Olteanu du département de Prahova, les fonds européens lui ont aussi donné la possibilité de transformer une activité domestique en une lucrative : « Mon mari a obtenu des fonds européens pour l’agriculture, ce qui nous a permis de développer notre ferme. J’ai par la suite suivi les cours de transformation des fruits et légumes et nous avons commencé à conserver les légumes et à produire des conserves de légumes à tartiner, selon des recettes traditionnelles ainsi que des légumes saumurés ».


    Démarrer sa propre affaire a aussi permis à Ecaterina de mieux se connaître et de mettre à profit son temps et sa personnalité: «Je peux dire que j’ai eu beaucoup de courage. Au moment où j’ai commencé à apprendre plus que je ne savais, j’ai décidé de me mettre en route. J’ai le grand privilège de pouvoir passer du temps avec ma famille, de rester chez moi et de savoir ce que j’ai à faire. Et ce que je fais, c’est bien pour moi et ma famille».


    Mariana Feraru de Vâlcea, dans le sud du pays, a 9 enfants, l’aîné ayant 23 ans et le cadet 5 ans et demi. Au mois de mars elle accouchera à nouveau. Ce sont les enfants qui l’ont stimulée dans ses démarches. Mariana Feraru : «J’ai suivi les cours de Agrostar. Je veux mettre en place une société, j’ai déposé mon dossier et j’attends l’approbation. C’est une société de commerce de détail et de transport. Il faut ouvrir la voie à un meilleur avenir à nos enfants. Pour moi, l’agriculture a toujours été sur le premier plan. J’aimerais que tous les parents dirigent leurs enfants vers l’agriculture car c’est elle qui nous donne à manger».


    Pour toutes ces femmes, l’important c’est d’avoir trouvé une activité lucrative qui leur permet de passer du temps avec leur famille. (trad.: Mariana Tudose, Alexandra Pop)

  • Le réseau des cytostatiques

    Le réseau des cytostatiques


    Depuis deux ans et demi environ, les malades du cancer de Roumanie ont de grandes difficultés à trouver les médicaments dont ils ont besoin.Suite aux signaux lancés par les associations de patients, le ministère de la Santé de Bucarest a été contraint de reconnaître qu’il y avait « des discontinuités dans l’approvisionnement » en cytostatiques, notamment pour une vingtaine de ces produits. Les patients atteints de leucémie ou du lymphome de Hodgkin en sont les plus touchés, mais ils ne sont pas les seuls.


    Comment en est-on arrivé là ? En vertu d’une bureaucratie dysfonctionnelle — selonVlad Mixich, journaliste spécialisé dans les questions de santé, qui travaille pour le site “Hotnews.ro” : « La loi roumaine prévoit du traitement gratuit pour les malades du cancer, qu’ils versent ou non des contributions au système national d’Assurance maladie. On en est arrivé là parce que l’Etat roumain est incapable de financer les services qu’il promet et surtout de gérer un problème d’organisation. Une grande partie de ces médicaments ne sont pas très chers, pourtant la politique de l’Etat roumain est de choisir le prix le plus bas pour les médicaments qu’il importe de l’UE. Ce prix est imposé aux producteurs. Or, à ce prix, les distributeurs de médicaments du pays n’ont aucun intérêt à apporter ces cytostatiques en Roumanie, car ils ne font aucun profit. »


    Hormis les distributeurs privés, il existe aussi une société d’Etat chargée de l’achat et de la distribution de médicaments. Appelée Unifarm, cette société sous-financée se confronte également à la bureaucratie excessive. Le public a été surpris de découvrir, au début de cette année, qu’une partie des cytostatiques absents du marché se trouvaient dans les dépôts d’Unifarm. Mais pourquoi n’arrivaient-ils pas dans les hôpitaux et aux malades ? Vlad Mixich : « L’enfer bureaucratique est à nouveau d’actualité. Les responsables d’Unifarm affirment avoir informé les managers des hôpitaux de l’existence de ces médicaments. A leur tour, les managers affirment avoir demandé au ministère ces médicaments et signalé périodiquement leur absence. Ce qui est sûr c’est que les gens d’Unifarm affirment qu’ils ne peuvent pas envoyer les médicaments de leur propre gré aux hôpitaux. Même s’ils avaient annoncé l’absence des médicaments de leurs stocks, les responsables des hôpitaux déclarent qu’ils n’ont rien reçu. En fait, ils ne pouvaient pas acquérir des médicaments provenant des dépôts d’Unifarm, parce que la Caisse nationale d’assurance maladie rembourse aux hôpitaux l’argent pour ces médicaments avec un délai d’environ 200 jours après l’achat. Or Unifarm demandait aux hôpitaux de payer les médicaments sur place. Voilà comment les médicaments présents dans les dépôts d’Unifarm n’arrivaient pas aux malades. »


    Alors que les hôpitaux, les caisses d’assurances et la société Unifarm luttaient contre la bureaucratie, les malades, eux , luttaient contre un ennemi beaucoup plus impitoyable : le cancer. C’est pourquoi les malades ont laissé les autorités prisonnières de la bureaucratie qu’elles avaient créée et ont commencé à chercher eux-mêmes des solutions. Parmi elles : « le réseau des cytostatiques », nommée ainsi par le journaliste qui l’avait présentée pour la première fois à l’opinion publique, Vlad Mixich : « Le fonctionnement du réseau est très simple. Il existe un site www.medicamente-lipsa.ro ouvert à tous ceux qui ont besoin de tels médicaments. Le site contient une liste qui est mise à jour périodiquement. Si un malade trouve son médicament sur la liste, il ne fait que compléter un formulaire envoyé aux administrateurs du site. Le médicament est ensuite sollicité au réseau de bénévoles, qui compte plusieurs centaines de personnes dans tous les pays de l’UE. Ils cherchent les médicaments dans les pharmacies de la ville où ils habitent. S’ils trouvent ce médicament, ils annoncent les administrateurs du site et le patient qui est à son tour informé. Au moment où le malade est d’accord, le bénévole se rend à la pharmacie pour l’acheter avec son propre argent en vertu de l’ordonnance envoyée par le malade de Roumanie. Le médicament arrive en Roumanie par avion, par la poste ou bien par bus. Une fois qu’il reçoit le médicament, le malade le paie et son argent va au bénévole qui a l’acheté. »


    Plusieurs centaines de personnes figurent déjà sur le site du réseau. Les bénévoles membres du réseau des cytostatiques se trouvent notamment en UE puisque la législation de ces pays prévoit la possibilité que toute pharmacie de l’Union délivre des médicaments en vertu d’ordonnances émises dans un autre pays membre.


    Cristian Cojocaru, atteint d’un lymphome de Hodgkin, est membre du réseau des cytostatiques. Il y est arrivé après avoir eu recours, sans succès, à différentes associations et cherché sur Internet les médicaments dont il avait besoin. Il a même contacté les producteurs du Japon et des Etats-Unis. Cristian Cojocaru : « En Roumanie, je n’ai pas cherché trop longtemps, car je savais d’avance que je ne les trouverais pas. Ayant accès à Internet, à la téléphonie internationale, je me suis débrouillé assez vite… A un moment donné, j’ai appelé toutes les pharmacies de Debrecen, en Hongrie, où il m’était plus facile de me rendre pour avoir tous les cytostatiques qui m’avaient été prescrits. Car il est très important de ne pas commencer le traitement avant de s’être procuré tous les médicaments nécessaires.. S’il s’était agi d’une femme âgée, habitant, par exemple, dans une commune du département de Galaţi, où l’on risque, en hiver, d’être bloqué par la neige, elle n’aurait certainement pas pu se procurer les médicaments. »


    Donc, même avec le réseau, les médicaments ne peuvent arriver que chez les malades qui bénéficient de certaines facilités. Et même pour ceux-là, la quête peut durer des mois et retarder le traitement. Fin janvier, le gouvernement a adopté une décision censée régler ce problème : le ministère de la Santé a emprunté 800.000 euros au Trésor. Cet argent sera versé à la compagnie nationale UNIFARM pour acheter des cytostatiques à l’avance. Cristian Cojocaru ne se fait pourtant pas trop d’illusions : « Si l’on commande les médicaments par la même filière, on les aura la semaine prochaine et on commencera le traitement dans deux semaines. Ils plaisantent ou quoi ? Les choses ne peuvent pas changer du jour au lendemain. Les médicaments, on doit les trouver au moment où l’on en a besoin et non pas une semaine ou un mois plus tard.»


    En attendant l’arrivée des cytostatiques en pharmacie, le ministère de la Santé annonce des mesures des plus méritoires : d’une part, réorganiser le programme national, en accordant plus d’attention à l’éducation, à la prévention primaire et au dépistage précoce de la maladie et, d’autre part, réaliser un registre national dont le but serait de rendre l’accès au diagnostic et au traitement plus équitable qu’aujourd’hui. (trad.: Alex Diaconescu, Dominique)

  • La Journée mondiale de la Radio

    La Journée mondiale de la Radio


    A linitiative de lUNESCO, la Journée mondiale de la radio a lieu ce mercredi 13 février, date choisie en hommage au 13 février 1946, jour de création de la Radio des Nations Unies.


    Les auditeurs ont été invités à dire par des messages audio , ce que la Radio représentait pour eux:


    Sergio Valzania, adjoint au directeur de Radio RAI.


    « Je souhaite que Radio Roumanie garde son charme et sa capacité d’offrir des émissions extrêmement variées à un public divers : c’est là d’ailleurs le rôle qu’a une radio publique, à savoir d’aborder une gamme large de sujets pour un public différent et non pas de rechercher uniquement la publicité, comme c’est le cas des radios privées. Je pense qu’il faut saisir cette occasion aussi pour souligner la capacité des services publics de radio à se montrer plus dynamiques que la télévision quand il s’agit de découvrir les relations profondes entre les pays, de les maintenir vivantes et d’essayer de les améliorer ».


    Efim Arteev de Russie


    « Bien que la radio perde du terrain face à la télévision avec ses programmes si colorés, bien que de nouvelles technologies fassent leur apparition dans les télécommunications et qu’Internet ne cesse de séduire les gens à travers le monde, pour moi les résultats de la bonne vieille radio demeurent incontestables et ce moyen de communication se fait entendre dans tous les coins du monde. Cette « découverte » merveilleuse perdure de nos jours encore — même dans les régions sous-développées où Internet a du mal à pénétrer. Toute personne peut écouter la voix du modérateur préféré, se mettre au courant des problèmes auxquels ses semblables à travers le monde se voient confronter ou encore écouter une dédicace musicale depuis un pays exotique. Moi, je figure parmi les milliers de personnes qui aiment la radio pour son ouverture vers le monde et son accès facile. J’appelle tout le monde à rejoindre aussi vite que possible la communauté des amateurs de la radio et à découvrir l’irrépétable fascination des ondes radiophoniques ».


    Frederick Moe du New Hampshire, aux Etats-Unis.


    « A l’époque de mon enfance, dans les années ‘60, mon père était dépanneur d’appareils radio. Il avait aménagé son propre atelier dans le sous-sol de notre maison. Je me rappelle que je suis tombé par hasard sur un récepteur radio ondes courtes que mon père était en train de réparer. Je me suis aussitôt mis à tourner les rouages et à presser les boutons, fasciné par la multitude de sons et de langues mais aussi et surtout par la musique qui se faisaient entendre. Le signal radio était extrêmement clair, on aurait dit que les programmes étaient transmis depuis la pièce à côté. La radio ramène la joie dans mon cœur et me permet de découvrir le monde entier depuis le chez moi, au New Hampshire, où les ondes radio sont encore vivantes et pleines de magie ».


    Christer Brunstrom de Suède:


    « La radio a depuis toujours joué un rôle crucial dans ma vie. En 1962 j’ai découvert les radiodiffuseurs internationaux sur ondes courtes et je suis resté sous leur charme pour toute la vie. J’aime la manière dont les émissions radio stimulent l’imagination. J’aime en égale mesure communiquer avec les radiodiffuseurs à travers le monde. Les chaînes de radio internationales représentent ma principale source d’information et de divertissement ».


    Miguel Ramon Bauset d’Espagne


    « Ce moyen de communication m’a aidé depuis toujours à me former en tant que personne, à découvrir le monde qui m’entoure. De même, il m’a permis de faire la connaissance d’un grand nombre de gens, dont beaucoup sont devenus de très bons amis pour moi. La Radio, quelles que soient ses voies de transmission, c’est de l’information et de la connaissance — c’est un camarade, une source importante et inépuisable de culture pour le pays d’où elle émet. Mon amie, la radio, mon camarade dans les voyages, reçoit un hommage en ce début d’année. Sincères félicitations pour cet événement! »


    Volodimir Pivovarov, dUkraine


    « J’écoute près de 20 radios chaque jour et j’envoie des rapports de réception. J’échange aussi des courriels avec d’autres passionnés de la radio, qui trouvent intéressantes mes opinions sur le monde actuel, la vie et les dernières informations sur ce qui passe dans l’univers radiophonique. La Radio est très importante pour moi. C’est une passion qui m’a donné pour la première fois l’occasion de voyager au delà des frontières nationales, plus précisément en Roumanie. Cela se passait en 2004, lorsque le service ukrainien fêtait son 10e anniversaire. J’ai visité la Roumanie, aux côtés de mon épouse et ma fille, et j’ai eu la chance de découvrir ce pays. Un rédacteur du service ukrainien nous a tenu compagnie tout au long du séjour dans le département de Suceava. »


    Mohamed Al-Sayed Abderrahim d’Egypte:


    « Il me fait un très grand plaisir de rappeler, lors de la Journée mondiale de la Radio, le rôle humanitaire de ce moyen de communication ainsi que sa dimension historique, culturelle et sociale. Et ce parce que la Radio a été et continue d’être, de par ses émissions, la voix magique, née et créée du progrès et de la technologie. La Radio demeure, de par son âge et simplicité, un moyen d’information agréable et utile pour toutes les sociétés. Mes meilleurs vœux à Radio Roumanie et à toutes les radios du monde ».

  • Annonces et sites de rencontre

    Annonces et sites de rencontre


    En temps de crise — et non seulement -, dans un monde où de plus en plus le temps nous échappe, on peut se demander si dans nos programmes si chargés il y a encore de la place pour les rencontres sentimentales. La réponse est affirmative. Pour cela, on a toujours le temps — et, même plus que jamais, dirait-on, à en juger d’après le succès des agences et des sites de rencontres. C’est comme si, pour eux, la récession économique n’existait pas. Ainsi, en 2010, lorsque la crise battait son plein, un nouveau système de rencontres romantiques a été introduit en Roumanie : le speed-dating(rencontres rapides ou express).



    Simona State, fondatrice de la première agence de ce genre en Roumanie, explique: « Ce sont des rencontres auxquelles sont invités — en nombre égal — des jeunes gens et de jeunes femmes. Ils se parlent pendant 7 minutes, au bout desquelles ils décident s’ils souhaitent se rencontrer de nouveau, s’ils se trouvent sympathiques et veulent échanger leurs numéros de téléphone et adresses par notre intermédiaire. Cela peut sembler difficile, au premier abord. Pourtant, il a été scientifiquement prouvé qu’il suffit de 30 secondes pour se faire une idée d’une personne que l’on rencontre pour la première fois. Et pour se rendre compte si on souhaite la rencontrer de nouveau, on n’a pas besoin de plus de 7 minutes. Il ne s’agit pas d’entamer tout de suite une relation ».







    D’ailleurs, Simona State ne se considère pas la patronne d’une agence de rencontres, mais plutôt d’un réseau social offline. Les gens arrivent à se connaître, à s’amuser, à lier des amitiés et peut-être même des relations amoureuses. Une centaine de relations nouées et un mariage conclu — c’est le bilan de cette agence de rencontres express. La moyenne d’âge des clients est de 35 ans. Pourtant, à cette modalité ont recours aussi bien des jeunes ayant à peine dépassé la vingtaine que des personnes de plus de 55 ans. Les rencontres ont lieu dans deux cafés du centre historique de la ville de Bucarest. Pour ceux qui s’y rendent, la vitesse de déroulement de ces rencontres n’a rien d’étonnant, car ils sont tous des gens dont le programme est très chargé et qui sont donc habitués à tout faire vite.


    Simona State : « Il y a évidemment aussi des personnes timides, pourtant la plupart de nos clients sont des gens très dynamiques et bien ancrés dans la vie professionnelle. Or, le plus souvent ils décident très vite qu’il est plus facile pour eux de rencontrer quelqu’un par notre intermédiaire. Nous organisons ces rencontres après avoir opéré une sélection, en fonction de certains critères. Les gens s’y rendent à un certain moment de la journée et rencontrent d’autres personnes dans un laps de temps très bref. Ceux qui sont très occupés — et ils en sont nombreux — économisent ainsi beaucoup de temps ».


    A noter également l’apparition des agences de rencontre spécialisées dans le milieu corporatiste. Dans ce cas, les clients sont des employés des compagnies multinationales, donc des personnes qui partagent les mêmes habitudes, mécontentements et aspirations. Bien qu’ils passent beaucoup de temps au travail, ces gens-là préfèrent le contact direct par le biais des rencontres express à celui virtuel.


    Simona State précise: «Nous amenons les gens ensemble. C’est là notre principal objectif. Les critères permettent une compatibilité minime entre les gens que nous mettons en contact. Les rencontres sont face à face, et non pas virtuelles. En Roumanie, pendant pas mal d’années, on privilégiait les rencontres en ligne sur certains sites. A présent, on ressent le besoin des rencontres directes, vu que les gens passent beaucoup de temps au bureau ou chez eux, sur Facebook. La communication authentique fait défaut. C’est cet aspect que nous avons voulu changer, en facilitant l’interaction réelle. Ce type de rencontre tout à fait naturelle commence à gagner du terrain ».


    Malgré la nouveauté du concept des rencontres express, les sociétés qui le mettent en place ne ressentent pas les effets de la crise. Il en va de même aussi pour les agences de rencontres classiques qui se portent elles aussi plutôt bien. Daniela Bogdan, directrice d’une agence de rencontres estime que malgré les rendez-vous échoués, les gens n’abandonnent pas la recherche de l’âme sœur: « Peu de personnes réussissent du premier coup. Beaucoup de gens ont besoin de deux, trois relations avant de trouver la personne qu’il leur faut. En fait, toutes ces expériences sont un excellent exercice quand il s’agit de connaître les gens. C’est grâce à elles que nous évoluons. Il s’agit d’une vie à vivre ensemble, mais pas mal de fois, les gens se trompent et ont donc besoin de refaire leur vie. Une agence donne la possibilité aux gens de faire la connaissance du partenaire idéal. Et la vie n’est pas toujours très généreuse de ce point de vue. Métro boulot dodo — nous ne donne pas la chance d’entrer en relation avec beaucoup de personnes » .


    Bien qu’Internet s’avère très utile, Daniela Bogdan encourage les rencontres directes : « Nous nous proposons d’amener les gens face à face, car parfois un regard vaut mille mots. On organise le rendez-vous au moment où les deux personnes en question ont témoigné de l’intérêt pour le profil de l’autre. Ce sont eux qui ont fait la sélection. Les mettre en contact direct c’est plus important que de perdre du temps sur les réseaux de socialisation. C’est beaucoup plus simple de choisir quelqu’un avec qui vous avez sympathisé d’emblée, dès la vue de sa photo, ou encore après avoir lu ce qu’il a écrit sur lui-même, sur ses aspirations ».


    Bref, bien qu’il facilite le choix du partenaire idéal, Internet ne peut pas remplacer l’approche réelle et l’intimité. (trad.: Alexandra Pop, Dominique)