Category: Terre Verte

  • Les ONGs luttent pour protéger les rivières des Carpates

    Les ONGs luttent pour protéger les rivières des Carpates

    Les investisseurs vont jusqu’au cœur des montagnes pour chercher des endroits propices pour produire de l’énergie verte, mais au prix de la destruction de la nature sauvage. Dans d’autres pays européens, la biodiversité alpine a été irréversiblement endommagée par l’intervention humaine alors qu’en Roumanie, les Carpates sont toujours caractérisés par leur remarquable biodiversité. On peut y croiser des espèces sauvages qui existaient jadis sur tout le continent européen.

    A l’exception de la Russie, dans les Carpates roumaines on peut trouver la plus nombreuse population de gros carnassiers d’Europe formée d’ours, de loups et de lynx, ainsi que des régions entières couvertes de forêts vierges. Les rivières de montagne sont également peuplées d’une riche variété d’espèces de poissons. Malheureusement la construction des micro centrales a transformé l’eau pure des rivières et ruisseaux de montagne en un mélange de boue et de pierres qui rend impossible toute forme de vie. La faune des invertébrés aquatiques est touchée, ainsi que les lieux de reproduction des poissons.

    Les chantiers exigent la construction de routes forestières jusqu’aux cours d’eau, des bulldozers et des excavateurs agissent au cœur de la nature pour modifier la configuration du sol. L’apparition de constructions en béton ne fait qu’interrompre les connexions naturelles des différents cours d’eau produisant une fragmentation des habitats. La productivité est plus importante si la vitesse de l’eau qui passe par les turbines des micro centrales hydrauliques est elle aussi plus élevée. C’est pourquoi ces constructions sont placés dans des aires protégées ou à la limite de celles-ci, c’est-à-dire dans des régions protégées par les législations roumaine et européenne.

    Evidemment les ONGs de protection de l’environnement s’opposent vivement à de tels projets énergétiques. La fédération de la Coalition Natura 2000 vient de gagner un procès contre le ministère de l’Environnement et d’arrêter les projets de construction de pas moins de 4 micro centrales hydrauliques sur les rivières Bistra Marului, Sucu et Olteanu des monts Ţarcu. Le directeur de cette coalition environnementale, Liviu Cioineag, explique : « Il s’agit d’une bataille que nous menons depuis des années par le biais de nos membres World Wildlife Roumanie et l’Association Altitudine de Timisoara. Cette association qui gérait le site Nature 2000 a même perdu son rôle d’administrateur parce qu’elle a donné un avis négatif à ces projets énergétiques. Malheureusement l’Agence de protection de l’environnement de Caras Severin n’a pas tenu compte de cet avis, ni des saisines déposées par la coalition des associations environnementales et c’est alors que nous avons été obligés à recourir à la Justice. Le procès a duré plus d’une année, nous avons remporté chaque étape et finalement la Cour d’appel a rendu une décision irrévocable annulant les avis d’environnement des quatre projets énergétiques. Il s’agit de micro centrales hydrauliques qui produisent beaucoup plus que l’on peut s’y attendre. Leur impact sur les habitats autour des rivières, sur les zones ripariennes donc est extrêmement important alors que leur contribution au réseau énergétique national est plutôt faible. »

    Le massif Ţarcu est une zone naturelle compacte sans aucune localité, à l’exception de Poiana Marului et de la station touristique Muntele Mic. Plus de 10 mille hectares sont couverts de forêts vierges et près de 2000 hectares sont couverts d’arbres âgés entre 165 et 185 ans. La région a été désignée site d’importance communautaire pour la protection de certaines espèces et habitats vulnérables spécifiques aux rivières, y compris des espèces de poissons, d’écrevisses et de loutres, protégées en Roumanie et en Europe.

    Les poissons peuvent souffrir des modifications de leur habitat naturel. Pour se développer, ils ont besoin d’un volume d’eau et d’une diversité des micro-habitats relativement importants, alors que les micro centrales constituent une menace pour ces espèces. Liviu Cioineag : SON « Ces projets sont plus que des simples turbines qui utilisent la force de l’eau. Les micro centrales hydrauliques utilisent aussi d’immenses conduits longs de plusieurs kilomètres qui traversent le lit des rivières. Pour les poser, il faut inévitablement couper des arbres, détruire les paysages, les plantes, les animaux, l’ichtyofaune, les poissons fuient parce que ces capteurs d’eau assèchent les rivières. Je ne sais pas si vous avez déjà vu une rivière asséchée, où ne subsistent que des pierres. C’est ce qui se produit au moment où il existe une captation d’eau en amont, une micro centrale hydraulique qui a drainé toute l’eau pour produire de l’énergie. Si de tels projets arrivent à voir le jour, ils laissent les rivières dépourvues d’eau. »

    Quelques micro centrales hydrauliques existent déjà sur les rivières des Monts Ţarcu. Elles ont été construites pendant les années précédentes lorsque la mise en application de la législation européenne n’était qu’à ses débuts et personne n’anticipait leur impact sur les rivières. Liviu Cioineag : « A l’étranger de tels investissements ne reçoivent plus des avis favorables parce qu’il a été démontré qu’ils ne sont pas utiles, leur impact sur l’environnement est considérable alors que leur contribution énergétique et assez petite. Les investisseurs ont continué d’arriver en Roumanie dans des endroits inexplorés jusqu’ici et utilisent les rivières de montagne justement parce que la chute d’eau est plus importante. Le débit est faible, mais la force de l’eau est supérieure, donc grâce à un investissement relativement petit, ils réussissent à réaliser un projet qui rapporte beaucoup d’argent aux investisseurs uniquement par des subventions et non pas suite à l’énergie produite. Ces subventions sont supportées par nous par le biais des factures d’électricité que nous payons. Nous payons des certificats verts qui vont à ces investisseurs qui théoriquement produisent de l’énergie verte. »

    Plusieurs rivières des Monts Retezat, où se trouve le plus ancien Parc National de Roumanie, ainsi qu’un site Natura 2000, ont été captées et déviées. Dans d’autres départements de Roumanie, tant la population locale que les institutions publiques ont compris l’impact négatif de ces centrales et se sont opposés à de tels investissements. Les ONG environnementalistes organisent des colloques et des conférences pour demander l’arrêt de telles constructions. Jusqu’ici environ 200 micro centrales hydrauliques ont été bâties sur les rivières des Carpates. (trad. Alex Diaconescu)

  • Le Gala Green Business Index

    Le Gala Green Business Index

    Cette année, 260 entreprises présentes en Roumanie s’y sont inscrites. Ce classement est l’unique instrument gratuit d’évaluation de la performance environnementale sur base d’indicateurs inspirés des normes internationales dans 7 domaines spécifiques à la protection de l’environnement : développement durable, gestion des ressources, impact sur l’environnement, management des déchets, bâtiments et espaces verts, achats verts et transports.

    La 5e édition de cette prestigieuse compétition vient de s’achever et une vingtaine de compagnies ont été récompensées de prix. Ninel Lazar, manager du projet Green Business Index, a loué les progrès enregistrés par ces entreprises et leur a recommandé de poursuivre leurs activités de protection de l’environnement : « C’est réjouissant de voir qu’un taux impressionnant d’entreprises ont amélioré substantiellement leurs performances par rapport aux années précédentes. Cette année, près de 73% des entreprises évaluées utilisent des instruments ou des éléments de design écologique pour leurs produits. Par rapport à l’année dernière, 34% des entreprises ont réussi à réduire de plus de deux tiers leur consommation d’eau. Plus de la moitié ont réduit leurs consommations énergétiques par rapport à l’année 2014, mais les opportunités sont immenses parce que seules 36% de ces sociétés font un audit régulier de leur consommation énergétique. 66% des compagnies n’utilisent pas de substances dangereuses en tant que matières premières, 40% des sociétés ont réduit leurs émissions de gaz dans l’atmosphère, également par rapport à l’année précédente. Un peu moins de la moitié ont réduit les quantités nettes de substances polluantes déversées dans l’environnement par les eaux usées et près de 38% n’utilisent pas les décharges comme solution de management des déchets non-ménagers. »

    Lors de l’édition de cette année du classement Green Business Index, la banque ProCredit Bank a obtenu le plus important score aux catégories management de déchets et achats verts. Gabriela Ercàu, responsable du département Energie verte chez ProCredit Bank : « Nous visons trois directions de gestion des activités environnementales. La première est un système de gestion interne. Nous avons mis en place un suivi centralisé des indicateurs de consommation du papier, de l’énergie, des carburants, de la chaleur, afin d’optimiser la consommation sans pour autant péricliter nos conditions de travail. Pour tous les types de déchets, nous avons conclu des contrats de recyclage avec des firmes spécialisées pour chacun de nos sièges. De plus, quand nous sélectionnons nos fournisseurs, nous cherchons à conclure des partenariats avec des entreprises qui mettent en œuvre les mêmes principes et qui peuvent être certifiés, comme par exemple par le certificat ISO 14001. Le but de cette démarche est l’achat d’équipements et de solutions efficaces du point de vue énergétique et écologique. Là, je mentionnerais l’utilisation de véhicules avec des émissions réduites de CO2, l’achat de papier recyclé et de systèmes d’éclairage à base de LEDs. Le deuxième critère est l’administration des risques environnementaux dans le processus d’octroi des crédits. Il s’agit d’une analyse approfondie de toutes les activités économiques qui impliqueraient des risques environnementaux ainsi que le rejet des demandes de crédit déposées par les entreprises impliquées dans des activités jugées dangereuses pour l’environnement et qui figurent sur la liste d’exclusion de notre institution. La troisième direction est celle des crédits qui soutiennent le développement économique durable. Dans le cas des PMEs et des fermiers, ce type de financement contribue à augmenter la performance des affaires dans l’utilisation des technologies modernes et efficaces, qui soutiennent en même temps la protection de l’environnement. »

    Le gagnant des catégories « Impact sur l’environnement » et «Transport durable » a été la société KPMG Roumanie, qui a également décroché des prix pour le management des déchets et le développement durable. Geta Diaconu, directrice des Services environnement et durabilité, a précisé que vu que la compagnie KPMG propose des services de conseil dans ce domaine, elle doit absolument résoudre ses propres problèmes environnementaux : « Avant de conseiller ses clients sur la gestion leur affaire d’une manière durable et écologique, il faut d’abord que nous appliquons nous mêmes des mesures similaires. Nous avons décidé, il y a plusieurs années, d’être plus attentifs aux questions environnementales et d’appliquer les principes écologiques, même si notre activité est limitée aux bureaux. Dans le domaine des transports nous avons décidé de réduire nos émissions polluantes et nous mettons à la disposition de nos salariés des minibus parce que nos bureaux se trouvent à Baneasa, dans la banlieue nord de la Capitale. Nous les encourageons également à utiliser le vélo et j’avoue que moi-même je suis fan de cyclisme. »

    DHL International est la société roumaine la plus performante en matière d’environnement en 2015. C’est pour la 4e fois que ses représentants montent sur la scène du Gala des prix Green Business Index. Les atouts de cette compagnie de transport en messagerie sont l’expérience et l’appui du groupe DHL qui bénéficie de l’expérience acquise dans tous les pays où celui-ci est présent. L’objectif stratégique de la compagnie, qui a également été adopté par sa filiale roumaine, est la réduction de 30%, jusqu’en 2020, des émissions de carbone par rapport à l’année 2007. Comparée à l’année dernière, la baisse des émissions de carbone a été de près de 20%, ont déclaré les responsables de la compagnie en tête du classement Green Business 2015.

    Raluca Fişer, présidente de l’ONG Green Revolution se déclare satisfaite du résultat de la compétition de cette année et invite les entreprises à participer à la prochaine édition, celle de 2016. « Il existe des entreprises, tant des multinationales que des PMEs, qui ont enregistré des performances en matière d’environnement, qui ont souhaité d’un côté évaluer leur situation et de l’autre voir où elles se situent par rapport aux autres compagnies ayant participé à cette compétition. Je peux vous dire que cela n’a pas été simple. Peut-être que nous avons simplifié un peu la structure et la formule de calcul mais les questions sont adaptées à toutes les normes internationales. Une nouvelle directive européenne d’évaluation non-financière entrera en vigueur l’année prochaine, et le projet Green Business Index souhaite aider les entrepreneurs roumains à améliorer les performances écologiques de leurs sociétés. Pour conclure, on peut affirmer que les entrepreneurs roumains ont commencé à se rendre compte de l’importance des performances environnementales qui sont liées aux résultats financiers et que les performances dans le domaine s’améliorent d’une année à l’autre. » a déclaré Raluca Fişer, présidente de l’ONG Green Revolution. Rappelons-le, cette association est la première ONG d’écologie urbaine de Roumanie dont l’objectif est la mise en œuvre des mesures sur lesquelles repose la construction d’une ville verte.

  • Le Parc naturel « Apuseni »

    Le Parc naturel « Apuseni »

    Le Parc naturel Apuseni est une aire protégée créée en 2004, dans l’Ouest de la Roumanie, dans les Carpates Occidentales dont elle porte le nom. La géologie de la zone fait de ce parc un endroit unique, le relief karstique y ayant favorisé la formation de grottes d’une grande importance pour les explorateurs. Les petits villages épars blottis sur les pentes à plus de 1400 mètres d’altitude, où les traditions anciennes se sont conservées, y ajoutent un charme particulier. Le décor est magnifique : forêts de conifères et de feuillus, arbustes, prés reverdis, avec une flore et une faune d’une grande richesse.



    Le directeur du parc, Alin Moş, explique : « Le parc recèle plus de 1550 espèces végétales, dont 96 sont protégées. Quant aux animaux, il y en a plus de 1380 espèces, dont 147 protégées. Une trentaine d’habitats naturels ont été recensés, dont 6 sont prioritaires, car d’intérêt européen, où des mesures supplémentaires de protection et de conservation seront appliquées. 1500 grottes se trouvent à l’intérieur de cette aire naturelle, dont la plupart abritent différentes espèces de chauves-souris. 18 ont été recensées jusqu’ici. Sur le territoire du Parc Naturel Apuseni on rencontre plus de 45 espèces de mammifères, dont les grands carnassiers sont les plus connus, notamment le loup, le lynx et l’ours. Ils y a pourtant aussi d’autres espèces — comme le chamois ou la loutre — que l’on doit protéger. Pour en revenir aux grands carnassiers, le Parc Naturel Apuseni a été intégré au projet britannique « Life Connect Carpathians » qui bénéficie d’un financement européen et qui vise à restaurer et à conserver les habitats naturels en danger des Carpates Occidentales. A cette fin, les loups et les ours ainsi que les espèces dont ils se nourrissent seront recensées. Ces espèces font actuellement l’objet d’études, d’analyses, de recherches pour déterminer la dimension de ces populations sur le territoire du Parc. »



    « Cetăţile Ponorului » – « Les citadelles de Ponor » sont la principale attraction du Parc. Il s’agit d’une véritable cité naturelle façonnée par les eaux. Alin Moş: « Cetăţile Ponorului » représentent un des plus importants phénomènes karstiques du sud-est de l’Europe. Elles impressionnent par leur aspect majestueux.



    Cet ensemble karstique constitué de 3 dolines de grandes dimensions s’étend sur 1 km de long. L’entrée de la grotte, dont la paroi se dresse à 70 mètres de haut, compte parmi les plus imposantes d’Europe. Elle impressionne toujours, tout comme « les Citadelles » dans leur ensemble. »



    La Roumanie occupe une des premières places en Europe pour ce qui est du nombre de ses grottes. Or, la plupart se trouvent dans les Carpates Occidentales et elles sont des plus spectaculaires : cascades de plusieurs mètres de haut, salles ornées de stalagmites, colonies de chauves-souris — voilà quelques-unes des richesses souterraines des Carpates Occidentales.



    Le directeur du Parc Naturel Apuseni, Alin Moş, nous présente quelques grottes touristiques: « La Grotte des Ours est très connue. Parmi les grottes de Roumanie, elle bénéficie de la meilleure infrastructure et du plus grand nombre de visiteurs — plus de 80 mille par an. Mentionnons également une grotte d’importance mondiale — le Glacier de Scărişoara — qui, suite aux études menées ces dernières années, est considéré actuellement comme le plus grand glacier souterrain du monde et le plus ancien d’Europe. Le glacier de Scărişoara bénéficie, lui aussi, d’une bonne infrastructure. Un nouveau réseau d’éclairage y a été mis en place il y a quelques années qui protège mieux l’habitat souterrain et qui met davantage en valeur ce bloc de glace. La grotte comporte des stalactites et des stalagmites, seulement elles sont de glace. Le nombre de visiteurs a progressé dernièrement à 35 mille par an.



    Tout près du Glacier de Scărişoara se trouve une autre grotte aménagée pour être visitée, il s’agit de « Poarta lui lonele » – la Porte de Ionele. Elle n’est pas aussi spectaculaire, pourtant elle est beaucoup plus facile d’accès, étant située à proximité de la route nationale 76, dans le village de Gârda.



    La 4e grotte touristique est « Le glacier de Vârtop ». Déjà très connue, elle bénéficie d’une plus grande notoriété depuis que les traces de l’homme de Vârtop y ont été découvertes, datant d’il y a 40 mille ans et qui atteste le fait que dans le passé bon nombre de grottes des Carpates Occidentales avaient été habitées. Rappelons enfin la Grotte de Coliboaia, qui recèle des peintures rupestres comptant parmi les plus anciennes connues actuellement entre les Alpes et l’Oural. Elles datent d’il y a 35 mille ans, ce qui atteste, une fois de plus, la présence humaine dans les parages dès les temps les plus anciens. »



    Plus de 500 mille touristes visitent annuellement le Parc Naturel Apuseni. Le tourisme rural s’est développé dans la vallée de la rivière Arieş, qui accueille de nombreux touristes pendant les week-ends. Pendant la saison froide, elle est une destination recherchée par les passionnés des sports d’hiver. (trad. : Dominique)

  • Le Parc Naturel Putna de Vrancea

    Le Parc Naturel Putna de Vrancea

    Le Parc Naturel Putna de Vrancea se trouve au centre nord – ouest des Monts Vrancea, qui font partie des Carpates de courbure. Sur ses 38.000 hectares, il abrite et conserve une riche biodiversité spécifique à la zone, consistant en grands carnivores, amphibiens, reptiles, poissons, invertébrés, 12 espèces d’oiseaux protégés au niveau européen et la liste se poursuit. Ses habitats forestiers très compacts et inaccessibles sont l’endroit idéal pour les grands carnivores. S’y ajoutent d’autres types d’habitats : forêts de chênes, arbustes alpins, végétation boréale, alpages et prairies de fauche de montagne. Parmi eux, la Réserve naturelle de Tişiţa est l’aire protégée la plus importante du parc. Elle est située à 850 m d’altitude, le long du bassin moyen et inférieur de la rivière du même nom. Les Gorges de Tişiţa ressemblent à un canyon, à hautes parois et zones de plaine, accessibles par la voie ferrée forestière. Un des secteurs des Gorges de Tişiţa est impraticable, car trop étroit : le canyon fait 3 à 10 m d’épaisseur. Quant à la rivière, son eau est profonde par endroits et les paysages sont époustouflants. La Réserve naturelle de Tişiţa s’étale sur 4 km et demi, étant une des zones protégées les plus vastes de la contrée de Vrancea, dans l’est de la Roumanie.

    Quelles richesses recèle cette réserve ? Réponse avec Ion Militaru, directeur du Parc Naturel Putna: «Dans la réserve de Tişiţa, qui compte 2700 hectares, on peut admirer l’edelweiss, qui pousse ici à l’altitude la plus basse de Roumanie. On y trouve également l’orchidée appelée le Sabot de Vénus et une espèce de papillon qui ne vit que dans ce parc et dans la région de Cluj en Transylvanie. S’y ajoute une espèce de rhododendron spécifique des Balkans, le lilas commun et le Trolle d’Europe. Autre curiosité : des chamois, qui ont été amenés dans le parc de Putna en 1981 et 1983. On estime que cet animal a été réintroduit dans ce parc, puisque, selon des documents trouvés dans les archives de l’empire austro-hongrois, le dernier exemplaire de chamois avait été chassé à Tişiţa en 1902. Nous avons également de nombreux herbivores, dont le cerf élaphe qui a des traits génétiques très importants et très bien définis par rapport aux autres populations de cervidés des Carpates. S’y ajoute une riche population de loutres. Malheureusement, les pluies de 2005 ont détruit les habitats aquatiques, mais à compter de cette année, nous y avons réintroduit la truite, pour que la population de loutres puisse garder son équilibre. D’ailleurs, les eaux de la réserve de Tişiţa abondent en truites. Parmi les grands carnivores je mentionnerais l’ours, le lynx et le loup, des espèces importantes à l’échelle européenne. C’est pour elles que la zone a été déclarée site d’importance communautaire. Vu qu’il s’agit d’une zone isolée et à l’abri de l’intervention humaine – il n’y a que deux localités dans la région du parc – de nombreuses autres espèces sont dans un très bon état de conservation.»

    Une autre réserve naturelle protégée depuis 1970 est « Groapa cu Pini » (Le trou aux pins) qui s’étale sur 11 hectares. Et puis, les poissons préhistoriques sont un véritable trésor pour le tourisme de la région, mais aussi pour les chercheurs, affirme Ion Militaru : «C’est une réserve de type fossilifère. Les couches de roches recèlent des traces de poissons, reptiles et escargots disparus il y a longtemps. C’est justement pour protéger ces gisements que la zone a été déclarée réserve naturelle. Elle est facile d’accès, car située près d’un trajet touristique. Au total, le parc de Putna compte 7 réserves naturelles. Parmi elles – la forêt de Lepsa Zboina, une réserve naturelle de fleurs couvrant plus de 200 hectares et la Chute d’eau de Putna, une des plus belles de Roumanie, qui est une réserve géomorphologique. La chute a 80 mètres de hauteur et l’eau forme un lac de 12 mètres de profondeur. Je ne saurais oublier de mentionner la réserve naturelle du Mont Goru, plus haut sommet des monts Vrancea, culminant à 1787 mètres et unique endroit où pousse le pin nain de montagne».

    Pour protéger toute cette biodiversité, le parc naturel de Putna a bénéficié d’un financement européen. Démarré en 2010, le projet a visé 3 grandes directions dont nous parle Ion Militaru : «Dans une première étape, nous avons dressé l’inventaire de tous les éléments de flore et de faune, cartographié tous les habitats forestiers et fait une distribution des espèces d’intérêt communautaire. Autre objectif : éveiller les consciences. En ce sens, aux côtés des responsables de la gestion de différentes zones forestières, nous avons organisé des actions censées sensibiliser les enfants et les élèves à ce patrimoine naturel. Nous avons aussi rencontré les personnes chargées du patrimoine cynégétique, afin de mettre correctement en œuvre la législation en vigueur et de pouvoir gérer de manière équilibrée les ressources biotiques et abiotiques. La 3e direction visait à renforcer notre capacité institutionnelle par le truchement des stages de formation du personnel et à doter notre siège de l’équipement nécessaire. Le projet a été finalisé l’année dernière et sa valeur totale a été de 360.000 euros».

    A retenir donc : un endroit merveilleux, avec des paysages à couper le souffle, qui mérite bien le détour. C’est le Parc Naturel Putna de Vrancea. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Les espaces verts de la capitale roumaine

    Les espaces verts de la capitale roumaine

    Pendant le dernier quart de siècle, la ville a perdu la moitié de ses espaces de verdure constitués de parcs, jardins, parterres paysagers longeant les rues et forêts. Un habitant de Bucarest bénéficie actuellement de moins d’un quart de la superficie d’espace vert fixé par les normes internationales. Si, en 1990, la capitale roumaine comptait 3500 hectares d’espaces verts, à présent elle n’en a plus que 1600. A cette situation précaire a contribué, entre autres, la mise en œuvre, en 2000, d’un projet d’urbanisme qui a coïncidé avec la loi, adoptée la même année, de la rétrocession des terrains confisqués par le régime communiste.

    La capitale a ainsi perdu des centaines d’hectares d’espaces verts. Et des dizaines d’hectares des grands parcs bucarestois risquent d’être recouverts de béton si les autorités ne prennent pas de mesures – avertissent les organisations actives dans le domaine de l’environnement qui militent pour la conservation des zones vertes. Dan Trifu est vice-président de l’Association Eco-Civica, organisation impliquée, aux côtés de l’Association « Sauvez Bucarest », dans plusieurs procès contre la mafia immobilière de la capitale : « Il s’agit de grandes étendues de verdure. 28 hectares ont été arrachés au Parc Tineretului, à l’aide de faux introduits dans les documents d’urbanisme. Par exemple, après la chute de Ceauşescu, le Palais des Enfants de Bucarest, faisant partie du Parc Tineretului, comptait 44 hectares. Dans le projet d’urbanisme de l’an 2000, il figure avec 16 hectares. Ce sont les principales armes auxquelles les autorités ont eu recours pour s’approprier ces espaces verts. En 2000, nombre d’entreprises et de plateformes industrielles avait déjà été privatisées, ce pourquoi il n’y avait plus d’espace disponibles pour cette mafia des rétrocessions. 2000 a été une triste année pour Bucarest. Cette mafia a très bien préparé le terrain par les projets d’urbanisme ; ainsi, sur de grandes superficies, comme celles du nord de la capitale – différents parcs et tout ce qui était les pépinières de Bucarest – ont été érigées des constructions. »

    Des centaines d’hectares alloués aux pépinières de Bucarest, qui assuraient les plants d’arbre censés être plantés à l’intérieur de la ville, ont changé de statut, étant déclarés zones destinées à la construction. A proximité de la forêt de Băneasa a été érigé tout un quartier d’immeubles et de villas étendu sur 600 hectares. On avait même prévu la construction d’une autoroute à 6 bandes qui devait traverser la forêt, pourtant les organisations environnementales ont réussi à arrêter la mise en œuvre de ce projet. Des centaines d’arbres fruitiers appartenant au Centre de recherche de Băneasa ont été abattus illégalement. Dan Trifu explique: « D’importantes superficies appartenant à l’Institut de pomoculture de Băneasa sont devenues la propriété de personnes douteuses, qui souhaitent détruire la zone et présentent des projets d’urbanisme pour y ériger des constructions. A proximité de l’Aéroport de Bucarest-Baneasa, a été créée une aire commerciale très connue en sacrifiant des dizaines d’hectares de vergers de l’Institut d’Agronomie de Bucarest. Le plus bel alignement de chênes rouges d’une capitale européenne, celui dont bénéficiait Bucarest le long de la route nationale 1, a été défriché pour construire cette aire commerciale. Des centaines d’hectares d’espaces verts ont été anéantis et le niveau de pollution a augmenté dans la zone. »

    Ces 25 dernières années, plus d’un million d’arbres et d’alignements ont disparus de Bucarest. Presque la moitié des arbres qui bordaient jadis les rues de la capitale n’existe plus de nos jours, se révolte Dan Trifu : « Les statistiques font état de quelque 150 hectares de zones vertes compromises entre les immeubles suite aux travaux prévus par le Projet d’urbanisme datant de 2000. Il faut comprendre que toutes ces zones vertes se trouvant autour des immeubles locatifs ou des institutions publiques ne figurent pas comme telles dans le projet d’urbanisme. C’est une tromperie. Une sorte de crime commis par les autorités locales de Bucarest qui n’ont pas conféré un statut approprié à toutes ces zones vertes. Du coup, elles ont été attribuées soit aux zones industrielles soit aux espaces d’habitation. Prenons l’exemple du Parc Izvor dont 8 hectares, presque la moitié de sa surface, figure comme zone constructible dans le Projet d’urbanisme de la capitale ! C’est inimaginable ! Ou encore le Parc Tineretului qui, en plus des 28 hectares de perdus, fut sur le point d’en perdre trois autres destinés à la construction d’un campus universitaire privé. Le Parc de l’Ecole Polytechnique s’est vu rétrocéder presque la moitié de sa superficie et il risque à présent d’abriter trois immeubles de bureaux de 26 étages chacun, selon le Plan d’urbanisme. Le Parc Prisaca Dornei a perdu 6 hectares de terrain. Actuellement, il n’y reste qu’une petite zone ressemblant toujours à un parc, puisque le reste est couvert de villas et de restaurants…Ce parc abritait jadis la zone la plus verte d’un quartier résidentiel de la capitale. Là, nous avons perdu 2 autres hectares d’espaces verts. Dans cette zone, de beaux alignements d’arbres et parterres de fleurs longeaient le parc. Et c’était toujours là que se trouvait la plus magnifique plantation de thuya de Bucarest. Quant au parc IOR, à présent il s’appelle « Alexandru Ioan Cuza », car la moitié a été rétrocédé. »

    Tous les parcs de Bucarest ont donc été amoindris, alors que des squares entre les immeubles ont complètement disparu. Plusieurs parcs ont été sauvés grâce aux efforts des organisations environnementales, suite à des procès. C’est le cas du Parc Carol, où l’on envisageait de construire la cathédrale de la nation, et du parc de la Gare du Nord, qui devait devenir un parking souterrain. Bucarest compte 23 m2 d’espaces verts par tête d’habitant, le calcul prenant en compte les parcs, les cimetières, les alignements d’arbres et les forêts.

    Les organisations environnementales contestent, elles, ce chiffre, affirmant que les autorités avaient inclus, parmi les espaces verts, la forêt de Băneasa, qui se trouve, en fait, à l’extérieur de la ville et la superficie des lacs de Bucarest. Selon les ONGs, chaque habitant de la capitale roumaine bénéficierait de 8,5 m2 de verdure. De toute façon, Bucarest est devenu un perpétuel chantier, ce qui entraîne un niveau de pollution de l’air qui tue des milliers de personnes chaque année. La nature réclame ses droits. Finira-t-elle par triompher ? (Trad. : Dominique, Ioana Stăncescu)

  • Une campagne en faveur des directives Natura 2000

    Une campagne en faveur des directives Natura 2000

    Perdre sa biodiversité – voilà un des plus grands risques quencourt lenvironnement. De nombreuses espèces doiseaux et danimaux ont déjà disparu, les habitats sont dégradés. Pour une gestion durable de la biodiversité, lUE a créé un réseau daires protégées fondé sur 2 Directives visant à protéger les zones naturelles les plus précieuses dEurope. Cest grâce à ces deux lois majeures, que lEurope compte actuellement plus de 26.000 sites terrestres et marins, soit le réseau daires naturelles protégées le plus grand au monde, qui couvre un cinquième de la superficie de la Terre et 4% de la superficie marine du continent.



    La Roumanie compte 531 sites Natura 2000 qui sétalent sur 23% de son territoire. Cest pourquoi, le pays occupe la première place en Europe en termes de biodiversité et détient les derniers écosystèmes à 100% naturels du Vieux Continent. Après des années defforts pour conserver et protéger la nature partout en Europe, la Commission Européenne a proposé que les deux Directives Natura 2000 soient évaluées afin de déterminer leur efficacité. Les écologistes sinquiètent, car la disparition des Directives pourrait affaiblir le cadre législatif destiné à la conservation de la nature et annuler les progrès législatifs réalisés aux cours de plusieurs années. Cest pourquoi, une centaine dONGs européennes, dont le World Wide Fund (le Fonds mondial de la Nature) et la Société Ornithologique de Roumanie, ont lancé une campagne pour sauver les deux Directives, appelant les citoyens européens soucieux de leur environnement à signer la pétition en ligne intitulée «Nature Alerte».



    Ovidiu Bufnilă, responsable de communication dans le cadre de la Société Ornithologique de Roumanie, explique lorigine et limportance de ces deux Directives : «La Directive Oiseaux est apparue en 1970 à un moment où elle était vraiment nécessaire. Par exemple, le faucon blanc était en voie de disparition à lépoque, il nen restait que quelque couples sur lensemble de lEurope. Heureusement, cet oiseau vit en Roumanie au Delta du Danube et tout le long du fleuve. Cest donc au moment où cet oiseau majestueux, le plus grand en Europe, était sur le point de disparaître, qua été édictée la Directive Oiseaux : une loi qui fixait des objectifs très clairs pour la protection des oiseaux et des animaux en Europe. Ensuite, en 1992, voit le jour la Directive Habitats qui réglemente les aires naturelles protégées, notamment lhabitat des animaux sauvages. Lenjeu en est notre environnement, lair que nous respirons dans les forêts, les pâturages, bref des zones qui nécessitent de très grands efforts pour être récupérées. Le non respect de ces deux Directives peut entraîner des conséquences extrêmement néfastes pour lenvironnement et pour la santé. »



    De nombreux habitats et espèces ont survécu justement grâce aux projets de conservation, affirment les représentants des ONG environnementales. Rien quen Roumanie, les deux Directives ont aidé à protéger des sites importants, dont le Plateau du Hârtibaci en Transylvanie, les Monts Tarcu, Buila-Vânturariţa, Grădiştea Muncelului-Cioclovina, Apuseni ou encore le Delta du Danube. Ovidiu Bufnilă nous en dit davantage: «Le faucon blanc était en voie de disparition il y a quelques décennies, alors quà lheure actuelle on recense plus de 10.000 couples en Europe : non seulement en Roumanie, mais aussi en Norvège, en France ou en Ecosse. Donc il est possible de protéger la nature à petits pas et de ramener différentes espèces en Europe. Cest le cas de lours brun en Espagne. Il ny en avait plus, mais ils y sont revenus grâce au réseau Natura 2000. Sy ajoutent les martes, les lynx. La Roumanie a encore des loups, mais lespèce était à un moment donné menacée dextinction en Pologne. Il sagit donc dun réseau qui couvrira bientôt toute lEurope et qui permettra aux animaux sauvages de se multiplier, car les chiffres sont désastreux à lheure actuelle. En fait, 60% des animaux et des plantes importantes au niveau européen et 77% des habitats sont en danger. Au sein de lUE, pas moins de 25% des mammifères marins et 15% des mammifères terrestres risquent de disparaître. Il sagit de 38% des poissons deau douce, 41% des mollusques deau douce, 22% des amphibiens, 21% des reptiles ; sy ajoutent libellules, oiseaux et papillons – tous risquent la disparition.»



    Au cours de quelques décennies seulement, lEurope a perdu plusieurs centaines de milliers doiseaux suite à la disparition de leur habitat engendrée par lagriculture agressive, les constructions, la pollution ou lexploitation à outrance des forêts, des océans, des rivières, des lacs et du sol. Sy ajoutent les changements climatiques, affirme Ovidiu Bufnilă : «Ces 30 dernières années, plus de 420 millions doiseaux ont disparu des pays de lUE. La principale cause en a été lagriculture intensive. Rien que dans le secteur agricole nous avons perdu plus de 300 millions doiseaux par rapport à 1980. Les papillons des pâturages ont diminué de 60% par rapport à 1990. La manière dont lagriculture est pratiquée de nos jour – voilà le principal ennemi des sites Natura 2000 et de la nature européenne. Cest pourquoi les efforts de conservation sont énormes. Par exemple, le pélican frisé, le plus grand oiseau de Roumanie, vit au Delta du Danube et le long du fleuve, où il passe lhiver. Mais la population de pélicans frisés était peu nombreuse à un moment donné. Elle a augmenté grâce à des projets spéciaux et aux mesures de préservation. Malheureusement, la Roumanie a perdu cette année une centaine de pélicans frisés, suite à la grippe aviaire de ce printemps. 26 pélicans frisés ont également disparu en Bulgarie pour les mêmes raisons. »



    Les bénéfices du Réseau Natura 2000 sont estimés à quelque 200 – 300 milliards deuros par an provenant des services décosystémiques. Les sites marins rapportent annuellement 1,5 milliards deuros de bénéfices, tandis que les sites Natura 2000 attirent environ 2,4 milliards de visiteurs par an et ont généré entre 4,5 et 8 millions demplois sur lensemble de lUE.



    Le 24 juillet a été la date butoir de la consultation publique en ligne pour sauver les Directives Natura 2000. Près dun demi-million de personnes ont exhorté la Commission européenne à ne pas modifier la législation visant la protection de lenvironnement sur le continent. Les résultats définitifs de ce sondage seront publiés cet automne, tandis quune décision finale sur lavenir du paquet législatif Natura 2000 est à prévoir pour 2016.

  • La protection des oiseaux en Roumanie

    La protection des oiseaux en Roumanie

    La Roumanie recense plus de 400 espèces d’oiseaux. Certains d’entre eux sont sédentaires, d’autres viennent y nicher ou hiverner, enfin il y en a qui transitent seulement par la Roumanie pendant les migrations d’automne ou de printemps. Plus de 80% de ces oiseaux vivent dans le Delta du Danube et sont migrateurs dans leur majeure partie. Pourtant, au fil du temps, certaines espèces ont disparu de l’avifaune de Roumanie. Tel est le cas du gypaète barbu, jadis roi des Carpates ou encore de la grande outarde, la plus grande ailée du monde. Cette dernière vivait par le passé dans la Plaine du Baragan ou dans les steppes de la Dobroudja, mais la cupidité des chasseurs a fait qu’elle n’existe plus que dans les livres spécialisés.



    Même dans ces conditions, l’avifaune de Roumanie continue d’être assez riche, affirme Ovidiu Bufnilă, responsable de la communication au sein de la société ornithologique roumaine: « A la différence d’autres pays, la situation de notre avifaune est assez bonne. Une des espèces d’oiseaux connues dans le monde entier est la grue cendrée. Si les grues ont contourné la Roumanie, un certain temps, cette année elles ont recommencé à transiter notre pays. On en a recensé 73, un nombre important maintenant, mais qui passait pour normal auparavant. Dans cette période de l’année, on peut observer bien des groupes de grues. Elles se reposent au bord des lacs et s’y nourrissent, avant de prendre leur envol vers la Suède. En Roumanie il existe toujours des oiseaux qui disparaissent peu à peu des pays d’Europe Occidentale, dont le moineau domestique. Par exemple, on ne peut plus voir cet oiselet que dans trois endroits de Londres. On y organise même des visites guidées pour les observer. En matière d’oiseaux emblématiques pour la Roumanie, il convient de mentionner l’aigle royal, qui figure d’ailleurs sur les armoiries du pays. C’est le plus agressif des rapaces diurnes d’Europe. Il peut chasser même des chevreuils ou des chamois. Puisque le printemps est là, nous allons nous réjouir de l’arrivée des guêpiers, ces oiseaux au plumage joliment coloré en vert, rouge, jaune ou bleu. »



    La disparition des habitats ou leur dégradation représentent une menace à la préservation des oiseaux sauvages partout dans le monde. Si elle ne respecte pas certaines règles, la chasse peut, elle aussi, entraîner la disparition de différentes espèces. Il y a deux mois, la Chambre des députés de Bucarest a adopté un texte relatif à la modification de la loi sur la chasse. Ces modifications ont pourtant suscité le mécontentement des ornithologues, car elles autorisent la chasse sur les propriétés privées sans la permission du propriétaire. En plus, la saison de chasse de certains gibiers à plumes a été prolongée d’une période allant jusqu’à trois mois. Ovidiu Bufnilă: « Commençons d’abord par les espèces chassables. Et ce que nous avons contesté dans la loi de la chasse c’est qu’elle propose d’élargir la période de chasse pour cinq espèces, parmi lesquelles l’oie sauvage qui arrive en Roumanie pendant l’hiver. L’UE impose une certaine période de chasse. Si cette période est dépassée, nous entrons déjà dans la période de migration prénuptiale. C’est une période durant laquelle les couples d’oies commencent à se former, et la chasse de ces oiseaux est interdite au niveau européen. Or si on donne le feu vert à la chasse, nous risquons une autre procédure d’infraction à la législation communautaire de la part de la Commission européenne, comme ce fut le cas en 2010, lorsque les parlementaires n’ont plus approuvé la loi permettant d’élargir la saison de chasse. »



    Les ornithologues contestent également les quotas élevés établis par la nouvelle loi de la chasse qui dépassent les effectifs d’oiseaux dont dispose la Roumanie. Ecoutons à nouveau Ovidiu Bufnilă, responsable de la communication de la Société ornithologique roumaine : « Rien qu’un exemple : l’oie des moissons. En Roumanie sa population ne compte qu’entre 10 et 100 exemplaires. En échange, le quota de chasse pour cet oiseau et de 27 mille exemplaires. Cela veut dire que cette espèce est utilisée en tant que parapluie. Au moment où s’achève la saison de chasse à l’oie cendrée ou à d’autres espèces d’oie, la saison de chasse à l’oie des moissons commence. Donc les chasseurs peuvent chasser toute sorte d’oies et affirmer qu’ils ont chassé des oies des moissons. Ce subterfuge nous concerne, puisque nous risquons de nous retrouver sans cette espèce. Si les effectifs arrivent à une centaine d’exemplaires, vous vous rendez compte ce qui se passera si la saison de chasse se prolonge. Cette espèce disparaîtra tout simplement. »



    Le printemps, la Roumanie est une destination pour les oiseaux chanteurs. La grive litorne arrive en Roumanie au début mars et elle chante notamment au coucher du soleil. Le rossignol vient du sud de l’Afrique pour nidifier dans des lisières et des forêts. L’alouette est le plus petit oiseau qui intéresse les chasseurs de Roumanie. Elle chante à l’aube dans les champs. Les oiseaux chanteurs sont touchés par la nouvelle législation vu que la chasse aux alouettes est permise. La Roumanie est d’ailleurs un des quelques Etats membres de l’UE qui permettent cette chasse, affirme Ovidiu Bufnila : « Le tourisme cynégétique s’accentue malheureusement ces derniers temps en Roumanie. Il existe des société qui promettent aux chasseurs de pouvoir tout mettre à leur disposition. Côté oiseaux, il existe deux types de chasse que les touristes italiens et libanais pratiquent en Roumanie. La chasse à l’oie et au canard dans les étangs et le long du Danube en hiver et la chasse à l’alouette vers l’automne. Les Roumains, eux ils ne chassent pas trop les alouettes, mais pour les Italiens cela est une véritable délicatesse. Ca nous fait mal de voir nos oiseaux chanteurs tomber sous les rafales des chasseurs étrangers. Les chasseurs italiens font un véritable carnage puisqu’ils tuent tous les oiseaux chanteurs. Il ne visent pas uniquement les alouettes et ne cherchent pas à éviter les autres oiseaux. Non ! Ils ne chassent pas un seule et unique espèce d’alouette, ils les tuent toutes, y compris la mésange charbonnière, ainsi que des oiseaux pour lesquels la chasse est interdite. Donc on parle d’un véritable massacre dans l’avifaune roumaine puisque tous nos oiseaux chanteurs risquent d’être tués. »



    La loi de la chasse et de la protection du fonds cynégétique a été renvoyée au Parlement de Bucarest par le président roumain Klaus Iohannis qui avait reçu une lettre ouverte signée par 16 ONGs, parmi lesquelles la Société Ornithologique roumaine qui, arguments à l’appui, lui demandaient de ne pas promulguer un tel texte législatif. (trad.: Mariana Tudose, Alex Diaconescu)

  • Projet de développement des communautés rurales du Delta du Danube

    Projet de développement des communautés rurales du Delta du Danube

    Unique zone deltaïque à être classée Réserve de la biosphère sous l’égide de l’UNESCO, le delta du Danube est le troisième au monde pour ce qui est de la richesse de sa biodiversité, après la Grande barrière de corail et l’archipel des Galápagos.



    Malgré l’énorme potentiel touristique de la contrée, ses habitants sont très pauvres. Ils manquent de tout élément de confort, comme l’eau potable ou les réseaux d’assainissement, n’ont pas d’emplois ni ne bénéficient de soins de santé. Economiquement défavorisée, cette zone a donc besoin de projets de développement durable et de l’appui des autorités.



    La mise en valeur des métiers artisanaux et des traditions locales, les excursions sur les lacs et les canaux, la cuisine du terroir à base de poissons, ce ne sont que quelques-unes des activités censées augmenter les chances de développer cette région. Malheureusement, l’offre en matière de services de qualité n’est pas très riche. Cela s’explique notamment par l’absence d’une infrastructure adéquate et du personnel qualifié du secteur touristique.



    Puisque de plus en plus de touristes du pays et de l’étranger s’intéressent aux vacances passées au cœur de la nature, l’Association « Ivan Patzachin — Mila 23 » propose une nouvelle modalité de faire du tourisme dans le delta du Danube. Un tourisme responsable qui établisse un équilibre entre d’une part la valorisation du patrimoine (biodiversité, traditions, communauté de pêcheurs), de l’autre le volet économique se traduisant par un tourisme de qualité, qui rapporte de l’argent.



    Il s’agit du projet « Lotca Habitat: Pescaturism în Delta Dunării », « La Barque à rames – habitat — Tourisme de pêche dans le delta du Danube », un concept nouveau en Roumanie, mais très répandu déjà en Europe. Détails avec Teodor Frolu, vice-président de l’Association « Ivan Patzachin — Mila 23 »: « Il s’agit d’offrir au visiteur l’expérience d’une demi-journée ou d’une journée passée aux côtés d’un pêcheur. Ils vont ensemble à la pêche, en utilisant les barques à trames traditionnelles, appelées lotci. Comme il existe plus d’un endroit propice à la pêche, cette activité est également un loisir, car elle s’accompagne de belles promenades aussi. Ensuite, une fois le poisson capturé, touriste et pêcheur vont ensemble chez ce dernier et se mettent à le cuisiner selon les recettes traditionnelles. Le poisson devient ainsi un produit à valeur ajoutée, économiquement parlant. Bref, on a affaire à un séjour différent, inoubliable pour tout visiteur venu de Roumanie ou d’ailleurs ».



    Les représentants de l’Association « Ivan Patzaichin Mila 23 » ont passé en revue les bénéfices de ce projet. Teodor Frolu :« La pression sur les populations de poissons baissera parce que la quantité du poisson pêché diminuera. Tout poisson pêché dans le delta sera intégré au circuit économique, c’est-à-dire vendu aux touristes à un prix plus élevé puisqu’il sera cuisiné. Donc en pêchant moins, le pêcheur gagne plus. La deuxième chose très importante est liée au fait qu’il est question d’un service spécifique de tourisme écologique : la mise en valeur d’une composante importante des traditions locales, du patrimoine local. Peu de monde sait que la gastronomie fait partie du patrimoine immatériel d’une région, qu’elle compte parmi les valeurs de la région. Puis, ce projet produit une source alternative de revenus à la pêche pour les pêcheurs du delta. Et même si la quantité de poisson qui part du delta a baissé, la communauté de pêcheurs accrédités compte toujours près de 1800 personnes. Si au moins une partie d’entre eux diversifient leur activité, c’est un gain pour la région et pour la communauté. »



    Cinq familles de pêcheurs font déjà partie de ce projet. A partir de ce printemps, ils sont prêts à offrir aux touristes la possibilité d’expérimenter la vie d’un pêcheur de la Réserve. La barque à rames a été conçue pour transporter 10 personnes et le moteur de 5 chevaux peut lui conférer une autonomie d’environ six heures, à une vitesse de 8 km/h. Durant les voyages en canot traditionnel, les touristes ont l’occasion d’observer et de photographier les oiseaux, une passion de plus en plus répandue dans le delta du Danube, puisque cette région est un véritable paradis des oiseaux et des poissons.



    Le delta du Danube reçoit la visite de plus de 325 espèces d’oiseaux, dont 70 non-européennes. C’est ici qu’arrive chaque printemps le pélican, véritable symbole du delta du Danube, qui forme la colonie la plus nombreuse d’Europe. Le delta est vraiment spectaculaire au printemps, affirment les ornithologues. C’est pendant cette saison que la migration a lieu, et que le delta est envahi par des oiseaux venus d’Afrique et du bassin méditerranéen. Et c’est toujours au printemps que l’on peut écouter les chants des oiseaux puisque la saison de reproduction s’achève au mois de juin. En avril-mai, on a affaire à une véritable explosion de vert. Les roseaux poussent et les nénuphars s’emparent des lacs. Par ce projet les représentants de l’association souhaitent créer un modèle qui serait ensuite répliqué à travers le delta. A la fin du projet, ils vont réaliser un film de présentation de la manière dont cette activité de pêche et de tourisme fonctionne. Une caravane se rendra dans une dizaine de localités du delta pour rencontrer et parler aux représentants des communautés de pêcheurs, afin de répéter l’expérience des pêcheurs de Mila 23 dans d’autres communautés similaires. Teodor Frolu : « Nous leur assurons de l’assistance et nous allons emmener des experts censés les aider à mettre sur pied leur propre offre touristique. Nous mettons à leur disposition trois barques que nous avons imaginé en tant qu’embarcations touristiques. Nous voulons que le canot appelé lotca devienne une sorte de gondole vénitienne du delta du Danube. En Italie, tout touriste de passage par Venise s’est pris en photo près d’une gondole. C’est ce que nous souhaitons voir aussi dans le delta du Danube. La lotca devrait devenir peu à peu un point d’attraction traditionnel, ainsi qu’un service touristique. »



    Le projet « Lotca Habitat: Pescaturism în Delta Dunării » est financé par l’Agence allemande de coopération internationale par le biais de la plate-forme de coopération dans le domaine du tourisme de la région du Danube. Le projet démarré en octobre 2014 devrait s’achever en juillet 2015. Il dispose d’un budget de près de 30 mille euros, dont 25% provient de la part de l’association Ivan Patzaichin-Mila23.

  • Le parc naturel de la Petite île de Braila.

    Le parc naturel de la Petite île de Braila.

    Plus de 200 espèces d’oiseaux y trouvent refuge pour nidifier et se nourrir. En effet, la région est située sur le plus important corridor de migration des oiseaux du bassin inférieur du Bas-Danube, à mi-distance entre les endroits de nidification du nord de l’Europe et les refuges d’hiver d’Afrique. Plus de 170 espèces, soit la moitié des espèces d’oiseaux migrateurs spécifiques à la Roumanie, sont protégées au plan international par le biais des conventions de Berne, Bonn et Ramsar. Vu qu’une grande partie de ces espèces sont des oiseaux aquatiques, en 2001, la Petite île de Braila a été inscrite au réseau Ramsar, qui vise la conservation et l’utilisation durable des zones humides. C’est le deuxième site de Roumanie protégé par cette convention, après le delta du Danube.

    Plus de détails sur la biodiversité du Parc avec Radu Moisei, directeur du Parc naturel de la Petite île de Braila: « Côté espèces présentes, les oiseaux sont bien entendu les plus importants. On peut y trouver 52% de la faune aviaire de Roumanie, dont notamment trois familles de faucon blanc, soit les oiseaux les plus grands de Roumanie, dont l’envergure des ailes est de deux mètres et demi. Ces oiseaux sont au sommet de la pyramide trophique. On y trouve aussi des espèces d’oiseaux rares, tels le martin-pêcheur d’Europe et le cormoran pygmée. Cette dernière espèce est très rare, puisque dans le monde elle compte seulement 14 mille exemplaires et 48% de sa population mondiale est à retrouver dans le delta du Danube et dans notre parc. De nombreux oiseaux sont seulement de passage par cette région au printemps et en automne. Certains oiseaux y passent l’hiver, comme c’est le cas du cygne chanteur qui nidifie quelque part dans la région des lacs de Finlande ou près des lacs Mazures en Pologne. Le cygne muet et de nombreuses autres espèces d’oiseaux peuvent être également observés dans le Parc naturel. »
    Un projet financé par l’UE se déroule actuellement dans la région afin susciter l’intérêt des touristes et des passionnées de la nature sur cet endroit à part. L’administration du parc a déjà investi plusieurs millions d’euros dans l’infrastructure touristique terrestre et aquatique, dans la reconstruction écologique de 215 hectares de ce qui était jadis la forêt alluviale de l’île de Braila, ainsi que dans des études sur la biodiversité de cette aire protégée. Le projet n’ignore pas non plus la perception du public sur le patrimoine naturel de la Petite île de Braila et il prévoit aussi l’élaboration de matériaux informatifs sur la région, d’un guide de comportement écologique et d’un film sur le parc.
    Intitulé « L’écosystème Chiriloaia, une merveille verte près de Braila », ce film a déjà été primé au festival international du film ethnographique de Zlatna 2014. «Il s’agit de quatre points d’observation mobiles et flottants des colonies d’oiseaux, notamment de cormorans, hérons et aigrettes. Les ornithologues professionnels ou amateurs pourront observer les comportements de ces volatiles à partir ce ces structures métalliques légères mais résistantes aux intempéries et aux conditions hivernales, couvertes de roseau et de jonc. Dans le cadre du même projet, nous avons l’intention de créer un centre itinérant d’information et de communication. Il pourra se déplacer sur l’eau et il comportera une salle de conférences, un musée, une bibliothèque ainsi que des dortoirs pour les bénévoles qui y travailleront. Ce centre sera installé sur un ponton flottant à deux niveaux, avec des dimensions de 30 sur 14 mètres. Grâce à ce centre, nous avons l’intention de relier toutes les 24 communautés rurales du parc afin de sensibiliser les habitants de la région aux problématiques et à la protection de l’environnement, au respect des règles de vie à l’intérieur d’un tel endroit protégé. Le Parc naturel de la Petite île de Braila s’étale sur une soixantaine de kilomètres du cours inférieur du Danube, entre le pont de Giurgeni-Vadu Oii en amont et la ville de Brăila en aval. Il s’agit d’un endroit où le fleuve de sépare en 7 canaux délimitant autant d’îles inondables, accueillant, à leur tour, une cinquantaine de lacs. C’est bien là que nous allons disposer nos observatoires ornithologiques flottants. A part cela, sachez que nous avons également une infrastructure terrestre permanente – 12 autres observatoires de l’avifaune, dont la moitié a été mise en place en l’an 2000 par l’Université de Bucarest, grâce au financement fourni par un projet Life, donc avant la création de ce parc. »
    Lors des endiguements effectués dans les années 1960, les autorités communistes ont également fait remplacer les peupliers et les saules de souche locale avec d’autres espèces euro-américaines, qui poussaient plus vite et qui étaient utilisées à la fabrication de la cellulose. Les spécialistes ont toutefois constaté que les racines du peuplier canadien ne stabilisaient pas la rive du fleuve, la forêt étant parfois emportée par les eaux. C’est pourquoi le processus a recommencé à zéro, en procédant au reboisement de l’endroit avec des espèces danubiennes. C’est ainsi que les peupliers noirs et blancs, ainsi que les saules autochtones sont revenus sur leurs emplacements d’origine, suite à cette démarche de reconstruction écologique de longue durée. Six mille hectares du parc naturel sont actuellement occupés par les forêts.
    Démarré en 2011, le projet a déjà atteint plusieurs de ses objectifs.
    Les touristes étant de plus en plus intéressés de visiter ce coin de nature, les autorités locales souhaitent l’intégrer dans les grands circuits spécialisés. Mais l’infrastructure manque à ce jour – c’est pourquoi l’on envisage d’aménager un site d’hébergement sur une soixantaine d’hectares, avec hôtel, camping et un port de plaisance, ainsi que de délimiter plusieurs trajets touristiques proposant randonnées et pêche sportive. (trad.: Alex Diaconescu, Andrei Popov)

  • Les dauphins de la Mer Noire

    Les dauphins de la Mer Noire

    Cela, grâce à un projet unique en Roumanie, appelé « Dauphins et hommes, un exemple de développement durable », mis en oeuvre par la Société d’Explorations océanographiques et de protection du milieu marin « Oceanic Club » de Constanta. Le projet se déroulera dans le sud du littoral roumain, entre le Cap Midia et la commune de Vama Veche. Les touristes pourront donc prendre différentes embarcations de pêcheurs pour découvrir les endroits où vivent les dauphins.



    C’est un type de tourisme très profitable, qui existe déjà dans nombre de pays, et qui sera inclus dans le paquet de services offert par les hôtels du bord de mer roumain, affirme le directeur d’«Oceanic Club» de Constanta, Răzvan Popescu Mirceni: « Le but du projet est de promouvoir en Roumanie la pratique de « Dolphin watching » — observation des dauphins, une activité éco touristique existant dans de nombreux pays – Islande, Grèce, Italie, Espagne, Portugal, Afrique du Sud, Australie, Etats — Unis. L’idée est d’impliquer les communautés locales, notamment les pêcheurs, les conducteurs d’embarcations et les tours-opérateurs dans des activités proposées comme services touristiques, à savoir des excursions en mer qui permettront aux visiteurs de découvrir les dauphins dans leur habitat naturel. C’est une initiative apparue dans les années ’90, qui s’est développée au début des années 2000 et qui a connu un essor fulminant en l’espace de 10 ans, entre 2000 et 2010, selon les statistiques du WWF (World Wildlife Fund, le Fonds mondial pour la nature) qui font état de recettes allant de quelques dizaines de millions de dollars jusqu’à plus d’un milliard de dollars. Ce sont les communautés locales qui ont bénéficié de tout cet argent, notamment les pêcheurs qui ont commencé à manifester un vif intérêt pour l’élevage et la protection des dauphins. Et ce parce qu’ils ont commencé à les considérer aussi comme une source de revenus. Cela a également aidé à réduire la pêche au niveau local ».



    Les volontaires d’Oceanic Club surveillent depuis 8 ans déjà les dauphins du sud du littoral roumain de la mer Noire. Ainsi, ils ont identifié plusieurs familles de dauphins vivant à des distances allant de 300 m à 7 — 8 km au large des côtes entre les stations de Vama Veche et Navodari. Un déplacement au large coûte entre 30 et 200 euros, en fonction du type d’embarcation. Les touristes peuvent prendre des photos ou filmer les dauphins à au moins 100 mètres de distance. Răzvan Popescu Mirceni : «Nous avons instruit 25 personnes qui sont devenues guides professionnels d’observation des dauphins. Nous avons également réussi à attirer plusieurs tours-opérateurs et à créer une plate-forme destinée au dialogue et à l’échange d’informations entre ceux qui peuvent offrir directement ce service et ceux qui peuvent faire venir les touristes. Nous souhaitons que ce soit du tourisme organisé, qui respecte de hauts standards et avoir un flux permanent de visiteurs. Pratiquement, tous ces paquets de services doivent être organisés de manière responsable, tant par rapport à l’environnement que pour ce qui est du développement d’une affaire locale. Ce projet nous a permis d’offrir plusieurs instruments utiles pour toutes les parties concernées. Il s’agit d’un guide de bonnes pratiques accessible à tous. Il est gratuit, en ligne et sur papier. De plus, en février nous allons finaliser un film documentaire sur les manières de pratiquer l’observation des dauphins dans les meilleures conditions de sécurité pour l’environnement, pour les touristes et pour les personnes qui souhaitent mettre sur pied une telle affaire».



    3 espèces de dauphins vivent actuellement en mer Noire. Bien qu’ils soient protégés par la loi et que la Roumanie soit signataire de plusieurs conventions internationales, le nombre des dauphins a baissé de 2 millions dans les années ’50 à quelques dizaines de milliers seulement à présent. Le plus souvent ils meurent dans les filets de pêche. Răzvan Popescu Mirceni: « A cause de la baisse de la pêche industrielle, plusieurs espèces pélagiques qui vivent dans la profondeur la plus proche de la surface ont pu multiplier leurs effectifs, ce qui attire les dauphins. C’est vrai, la pêche d’autres types de poissons est beaucoup plus répandue, notamment pour ceux qui vivent au fond de la mer, tels que le turbot ou le gobie. A l’heure actuelle l’on pratique la pêche industrielle utilisant des cages, ce qui n’est pas bien du tout… Mais d’autres espèces, comme le sprat, le chinchard ou l’athérine ont commencé à se multiplier, et cela attire une bonne partie de la population de cétacés du bassin ouest de la mer Noire vers les eaux marines roumaines, surtout en été. Je dois vous dire aussi qu’en 2012 — 2013 nous avons organisé plusieurs expéditions marines et que nous avons rencontré des dauphins dans 65 des plus de 70 missions que nous avons entreprises. A présent nous avons cartographié nombre de régions où les dauphins vont pour se nourrir, pour socialiser ou pour se reposer. Nous connaissons donc les horaires et les conditions météo ainsi que les périodes de l’année où l’on peut les rencontrer. Bref, nous savons quel est le meilleur moment pour faire un tel voyage et nous le recommandons à tous ceux qui pratiquent cette activité, avec une certitude de 98% d’y trouver des cétacés ».



    Notons pour terminer que le 1er mai 2015 sera le premier jour officiel de l’observation des dauphins en mer Noire. (Trad. Valentina Beleavski)



  • Animaux apparus récemment sur le territoire roumain

    Animaux apparus récemment sur le territoire roumain

    Ils se sont adaptés et ont formé des populations viables, augmentant ainsi la biodiversité. Ces immigrants sont arrivés soit accidentellement, suite à des changements climatiques, par exemple, soit en quête de nourriture, soit comme espèces destinées à la chasse. Connu dès l’antiquité pour sa chair savoureuse, le mouflon — ancêtre des ovins sauvages d’Europe — peuplait jadis les montagnes méditerranéennes.



    A présent, les mouflons sont répandus depuis les régions isolées de Corse, de Chypres et de Sardaigne jusqu’en Asie Mineure. En Roumanie, les mouflons ont été introduits, en vue de leur acclimatation, dans le sud de la Dobroudja, où le sol est rocheux, les forêts cachent de nombreux ruisseaux et le climat est proche de celui des régions méditerranéennes.



    Ion Bogdan, directeur de la Direction forestière Constanţa: « L’enclos de Negureni fait partie d’un ensemble destiné à l’élevage intensif du gibier, notamment du mouflon. S’y ajoute le chevreuil et nous souhaitons y apporter aussi le daim. Nous avons 65 exemplaires de mouflons. Cet enclos de 270 hectares a été créé en 2004. Avant, dans les années ’90, il y avait un enclos beaucoup plus petit d’un hectare et demi qui accueillait une quinzaine de mouflons, dont la qualité de vie n’a pas été des meilleures. Par conséquent, en 2004, nous avons été obligés de l’élargir. Nous avons fait venir d’Autriche une trentaine d’animaux qui, aux côtés des mouflons déjà existants ont donné naissance à une génération de mouflons en excellent état de santé ».



    Le daim est un animal mythique, ses cornes renvoyant aux rayons du soleil et aux branches des arbres. Elles se renouvellent périodiquement, c’est pourquoi le daim est aussi un symbole de la régénération de la nature. Les murs intérieurs des maisons traditionnelles roumaines sont donc souvent décorés de cornes de daim ou de chevreuil, dont le but est de protéger la tranquillité et le bien-être de la famille.



    Ovidiu Ionescu, doyen à la Faculté de Sylviculture de Brasov, nous en dit davantage : « Le daim est une espèce importée. Son histoire est assez intéressante puisque le daim est apprécié pour sa beauté dès l’antiquité. Cette espèce a été répandue par les empereurs romains partout dans l’empire et puis sur tout le continent Européen. Dans l’espace roumain il fut introduit à l’époque de l’Empire de l’Autriche Hongrie. Les premières populations de daim s’étaient établies dans l’ouest du pays. Le parc de chasse de Sarlota dans la contrée de Banat, dans le sud-ouest du pays a joué un rôle très important dans l’évolution des populations de daim en Roumanie. Ce parc a été la principale source de colonisation du daim sur d’autres terrains de chasse du pays. Une quarantaine de populations se sont ainsi constituées à travers la Roumanie. A l’époque communiste ces populations ont été identifiées dans 27 départements du pays, qui présentaient des conditions favorables au daim. La population la plus nombreuse était celle de Scornicesti, là où il y avait aussi une population de gros gibier spécialement créé pour les parties de chasse de Nicolae Ceausescu. Apprécié tant dans la gastronomie que dans la faune sauvage, en tant qu’élément extrêmement valeureux, le daim fait actuellement partie de l’écosystème de nombreuses forêts de basse et moyenne altitude de Roumanie. »



    C’est dans l’ouest de la Roumanie, à 44 kilomètres de Timisoara que se trouve le plus ancien et le plus grand domaine de chasse de Roumanie. Il a été fondé par des colons saxons en 1771. Il s’agit du domaine de chasse de Charlottenburg ou Sarlota qui s’étend actuellement sur 1200 hectares. En 1890, un pavillon de chasse y fut bâti, puis en 1902, la forêt a été aménagée et entourée d’un enclos pour devenir un parc de chasse avec une superficie de 18 hectares.



    Le parc a été colonisé avec plusieurs exemplaires de daim, originaires de la Serbie et puis de Bohème, Allemagne et Autriche. Périodiquement, les aristocrates de l’époque s’y rendaient pour s’amuser lors d’une partie de chasse. Après la première guerre mondiale, la forêt et le domaine de chasse de Charlottenburg est géré par l’Etat. A l’heure actuelle le Roi des forêts de Sarlota c’est le daim. C’est la plus nombreuse population de daim de tous les domaines de chasse roumains. Les forêts de la contrée apparaissent comme un véritable paradis pour les chasseurs roumains et étrangers.



    Afin de marquer les 110 ans depuis la création du domaine de chasse de Sarlota, la régie nationale des forêts Romsilva a inauguré un Musée de la chasse et de la nature. Ecoutons Andrei Kiss, spécialiste du Musée du Banat de Timisoara « Le but de tout musée des sciences de la nature est de présenter des collections et des curiosités de la nature et de la diversité biologique. Toute une série de principes écologiques relatifs à la biodiversité et notamment à sa protection peut apparaître grâce notamment à un point fixe, tel ce musée ».



    Utilisant le modèle de Sarlota, Romsilva gère 11 terrains de chasse, créés pour élever des espèces telles le daim, le sanglier, le cerf commun et le mouflon. (trad.: Dominique)

  • Les premiers rideaux forestiers

    Les premiers rideaux forestiers


    Les domaines agricoles de la région de Ialomiţa allaient être dotés eux aussi de rideaux d’acacias servant à protéger contre l’enneigement et à apaiser les vents. Les plantations autour des manoirs et de leurs annexes ont joué un rôle important. En 1884, on a procédé à la fixation des sables de la contrée d’Olténie. C’est là qu’entre 1890-1895 on a planté les premiers rideaux forestiers d’acacias. Ils étaient destinés à fixer une superficie de 3000 hectares de sables mobiles ou semi mobiles, la Roumanie comptant parmi les premiers pays au monde à avoir adopté cette solution. Il y a quelques siècles, la plupart des sables d’Olténie étaient stabilisés et protégés grâce au tapis vert des forêts et des pâturages naturels.



    Malheureusement, avec le temps, l’agriculture intensive et les déboisements ont favorisé l’apparition des tempêtes de sable. Les désastres causés par les sécheresses qui ont sévi en 1929 et 1935 ont largement contribué à faire naître un courant d’opinion favorable aux rideaux forestiers. Sporadiques, au tout début, ces plantations d’arbres n’étaient pas liées entre elles. On les retrouvait surtout sur les champs et les pâturages. A compter de 1950 on met en place de véritables réseaux de rideaux forestiers à l’intérieur de plusieurs centres d’expérimentations agricoles.



    Après la réforme de l’agriculture de 1945, près d’un millier d’hectares de rideaux forestiers sont venus s’ajouter à ceux déjà existants, surtout dans les comtés de Ialomiţa, Buzău et Brăila. Pourtant, en 1958, en raison de la politique d’élargissement des superficies agricoles, ces travaux commencent à être vus d’un mauvais œil. Pire encore, on va procéder au défrichement de plusieurs milliers d’hectares de forêts censés protéger les champs, les routes nationales et les voies ferrées. Les rideaux forestiers des stations d’expérimentations agricoles n’y ont pas échappé non plus. Voici les explications de Adam Crăciunescu, directeur général de la Régie autonome des forêts Romsilva:“Au fil du temps, on a constaté, surtout dans la plaine du Bărăgan, mais aussi dans l’ouest et l’est de la Roumanie, que ces infrastructures périclitent sous l’effet des neiges et des vents soufflant de l’est. Ceci étant, il serait bon de mettre en place des rideaux forestiers le long des voies de communication. Ces forêts protégeaient autrefois non seulement les chemins de fer, les routes nationales et les autoroutes, mais aussi les terrains agricoles. De 1906 jusqu’à l’entre-deux-guerres, la Roumanie a eu un programme ambitieux de création de rideaux forestiers. Dans la plaine du Bărăgan, seule la Dobroudja du Sud, surnommée le Quadrilatère, est toujours couverte de telles forêts à rôle de protection, que nous devons au travail des ingénieurs forestiers et des sylviculteurs roumains”.



    Cet automne, la Régie Nationale des Forêts Romsilva a démarré l’aménagement, dans le sud du pays, du premier rideau forestier de protection planté depuis 25 ans en Roumanie. Le rideau s’étendra sur 11 km le long de l’autoroute A2, qui traverse la comté de Ialomiţa, et il couvrira 24 hectares. Selon les responsables de Romsilva, des études de faisabilité ont été réalisées pour 600 kilomètres de rideaux forestiers sur l’ensemble du pays, mais leur aménagement dépend des propriétaires des terrains respectifs, qui doivent donner leur accord.



    Les propriétaires des terrains situés au bord des routes nationales sont encouragés à participer à ce programme et permettre l’aménagement des rideaux forestiers sur leurs terrains, en échange d’une rente. Si les propriétaires refusent, Romsilva procédera à des expropriations pour cause d’utilité publique. Adam Crăciunescu: «Des rétrocessions ont été approuvées sans tenir compte de ces superficies et on s’est rendu compte, après ’90, qu’elles nous étaient nécessaires. Le Parlement de Bucarest a approuvé une loi sur les rideaux forestiers, pourtant cela ne suffit pas, car actuellement les terrains visés ne se trouvent pas à la disposition de l’Etat. Ici, à Feteţi, nous avons réussi à obtenir 24 hectares de terrain gérés par l’Administration des domaines de l’Etat, que nous avons fait passer, par une décision gouvernementale, sous l’administration de la Régie nationale des forêts. C’est de cette façon que nous avons pu commencer à planter le premier rideau forestier le long de l’autoroute A2. »



    Il suffira d’un programme cohérent s’étendant sur une période de 10 ans pour aménager les rideaux forestiers dont la Roumanie a besoin — affirmait le directeur général de Romsilva. L’idée n’est pas nouvelle, pourtant, c’est la première fois depuis l’adoption, en 2002, de la loi 289 sur les rideaux forestiers de protection, qu’un budget a été alloué à cette fin. Cette année le budget se monte à 30 millions de lei et, de l’avis des responsables de Romsilva, cette somme devrait être doublée à partir de 2015. « Quelque 1.700 km de rideaux forestiers sont nécessaires pour protéger les routes, à quoi s’ajoutent les rideaux destinés à la protection des champs. Une partie de l’étude de faisabilité a été réalisée dans le cadre de ce projet, nous savons à présent où les rideaux doivent être plantés, le problème c’est que les propriétaires n’acceptent pas de mettre ces terrains à la disposition de Romsilva. Une fois les propriétaires consultés, s’ils refusent, on procédera à des expropriations pour que ces rideaux puissent être aménagés — avant tout dans le sud et l’est de la Roumanie, les plus exposés aux tempêtes de neige qui risquent de perturber en hiver le trafic routier. »



    En Roumanie, les rideaux forestiers de protection couvrent à présent 2 mille hectares, ce qui représente environ 10% de la superficie nécessaire.


    (trad. Mariana Tudose, Dominique)

  • Le Rapport « Planète vivante » 2014

    Le Rapport « Planète vivante » 2014

    Le Rapport « Planète vivante » 2014 élaboré par le Fonds mondial pour la nature (WWF) constate une chute de plus de moitié des populations mondiales despèces sauvages ces 4 dernières décennies. En outre, le document relève que les gens vivent et consomment les ressources naturelles comme s’ils avaient une deuxième planète à leur disposition. En fait, la demande de ressources naturelles de la part de l’humanité dépasse de 50% la capacité de régénération de la Terre. L’étude en question montre aussi que la plus grande menace pour la biodiversité réside dans l’impact combiné de la perte et de la dégradation d’habitats. S’y ajoutent la pêche et la chasse, ainsi que les changements climatiques.



    Détails avec Magor Csibi, directeur de la branche roumaine du Fonds mondial pour la nature : « Malheureusement, au fil des 40 années depuis que nous élaborons l’étude « Planète vivante », la biodiversité est décroissante. Dans le même temps, notre empreinte se fait sentir de manière de plus en plus prégnante. La consommation s’accroît de jour en jour et nous ne faisons rien pour avoir une planète saine. Les populations de poissons, d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens et de reptiles ont diminué de 52%, ces 4 dernières décennies. Autrement dit, plus de la moitié des animaux de notre planète a péri. Par exemple, 76%, soit trois quarts des espèces d’eau douce sont éteintes. C’est terrifiant surtout si l’on considère notre tendance à la consommation. Nous vivons et consommons comme si l’on disposait d’une demi – planète de plus ».



    Le rapport « Planète vivante » montre que seule une gestion efficace des aires protégées peut sauvegarder la faune sauvage. Un exemple en ce sens est celui des populations de tigres du Népal, espèce classée comme menacée d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature. En général, à l’intérieur des aires protégées, le danger d’extinction est réduit de moitié. L’étude met en garde aussi contre le déclin des populations animales marines, en régression de près de 40% entre 1970 et 2010. Parmi les animaux les plus touchés, il convient de mentionner la tortue marine, plusieurs espèces de requins, mais aussi des oiseaux migrateurs tels l’albatros. Le recul de la biodiversité est plus critique dans les zones tropicales, souligne encore l’étude en question.



    Magos Csibi: « Les pertes les plus significatives sont enregistrées dans les régions qui subissent une forte pression économique, surtout celles d’Amérique du Sud, d’Afrique et d’Asie du sud-est. On ne saurait pas pour autant les estimer en chiffres absolus, car l’Europe des 40 dernières années a elle aussi connu une forte tendance à l’exploitation industrielle. Heureusement que la biodiversité du vieux continent enregistre à présent un certain redressement. N’oublions pas, pour autant, que l’Europe et les autres continents mettent la pression sur l’Amérique du Sud, l’Afrique et l’Asie du sud – est pour ce qui est des ressources dont ils ont besoin ».



    Du point de vue de l’empreinte écologique, c’est-à-dire de la pression exercée par l’humanité sur les écosystèmes, il faut dire qu’il existe un grand décalage entre les différents pays. Certains d’entre eux, tels les pays arabes ou ceux fortement développés (Etats-Unis, Suède, Belgique, Danemark) consomment beaucoup plus que notre planète n’est capable d’offrir. Par contre, la consommation de certains autres n’atteint même pas la moitié de ce que peut produire la planète.



    La Roumanie a une faible empreinte écologique, vu l’effondrement de son industrie, affirme Magor Csibi: « La Roumanie se situe un peu en dessous de la moyenne. Si tous les habitants de la planète vivaient comme les Roumains, ils consommeraient autant que produiraient 1,4 planètes. Elle enregistre la plus faible empreinte carbone sur l’ensemble de l’UE. Ce résultat n’est pas le fruit d’une stratégie visant le développement durable, mais plutôt du démantèlement de son industrie après 1989. L’industrie n’a plus connu de reprise et en ce moment il n’y a pas de stratégies cohérentes à même d’assurer le développement durable de toutes ses branches, dont les transports et le bâtiment par exemple. Enfin, dans bien d’autres domaines, le souci pour l’environnement est inexistant ou très faible ».



    Le rapport « Planète vivante » relève également que plus de 200 bassins hydrographiques qui alimentent quelque 2,5 milliards d’habitants souffrent d’un déficit d’eau au moins un mois par an. Les auteurs du document proposent aussi des solutions. Ils suggèrent l’élargissement de la superficie des aires protégées, la conservation et la régénération des forêts, une gestion adéquate des ressources en eau, la protection des espèces ou la reconstruction des zones humides. De l’avis des spécialistes, un accord global favorable à une économie reposant sur la diminution des émissions de dioxyde de carbone est essentiel, compte tenu du fait que l’utilisation des combustibles fossiles est à présent le facteur qui pèse le plus lourd sur l’empreinte écologique, lit-on dans la Xe édition du Rapport « Planète vivante ». (trad. Mariana Tudose)

  • Delta du Danube: les toitures en chaume de jonc inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO

    Delta du Danube: les toitures en chaume de jonc inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO

    Le Delta du Danube est la plus grande réserve naturelle d’Europe, inscrite, depuis 1991, au patrimoine mondial de l’UNESCO. Réputée pour sa beauté, cette contrée suscite aussi un réel intérêt scientifique. Considérée du point de vue de l’étendue, la réserve de la biosphère du Delta du Danube compte pour la 5e zone humide de la Terre et la 2e d’Europe. En ce qui concerne l’importance écologique, elle se classe 3e au monde. Le Delta du Danube a non seulement une flore et une faune riches et intéressantes, mais aussi des caractéristiques qui la rendent unique au monde. Le jonc couvre près de 78% de la superficie totale de cette région deltaïque. Bien que ses propriétés physiques le recommandent comme un matériau de construction idéal pour l’architecture moderne, les Roumains se désintéressent de cette ressource renouvelable. Ainsi se fait-il que le jonc, coupé en hiver, est vendu aux constructeurs de maisons des quatre coins du vieux continent. Les maisons de vacances aux toits de jonc prouvent que l’utilisation de ce matériau non seulement n’est pas obsolète, mais elle relève d’une technologie orientée vers l’avenir et respectueuse de l’environnement.



    Détails avec Loredana Pană, coordinatrice de projet à l’Association « Letea au patrimoine de l’UNESCO »: “ Nous encourageons l’utilisation du jonc en tant que matière première. Il peut servir à la fabrication de briquettes de chauffage, à la construction des toits ou à l’isolation thermique. A condition qu’elles soient bien agencées pour éviter que l’eau ne s’y infiltre, les toitures en chaume de jonc résistent même une centaine d’années. En plus, elles s’avèrent un excellent isolant thermique, car elles maintiennent la fraîcheur de la maison en été et la chaleur en hiver. Bien des habitants des lieux avouent regretter d’avoir renoncé aux toits de jonc pour des toitures en métal, justement parce qu’il fait très chaud dans la maison pendant l’été. En Grande Bretagne, par exemple, le toit en chaume de jonc est très tendance”.



    Malheureusement, le métier de couvreur de chaume risque de disparaître de sitôt. Des maisons aux murs doublés à l’extérieur de planches et aux toitures en chaume de jonc, spécifiques à l’architecture deltaïque, on n’en trouve plus que dans le village de Letea, de la commune de Rosetti. Le métier de chaumier mériterait donc de figurer sur la liste du patrimoine culturel de l’UNESCO, afin de sauvegarder la tradition du tressage du jonc. C’est à cette fin que l’Association « Letea au patrimoine de l’UNESCO », en partenariat avec le Centre pour les politiques durables Ecopolis et le Centre de ressources pour la participation publique, a récemment lancé la campagne d’information “Le jonc c’est du solide”. Cette campagne, partie intégrante du projet éponyme, se propose de promouvoir le paysage rural du delta.



    Loredana Pană: « L’idée de notre projet c’est de montrer que ces toits en chaume de jonc qui se font encore dans le delta du Danube sont uniques. Certes, des toits en chaume on en trouve aussi en Hongrie, au Royaume – Uni et dans d’autres coins de l’Europe, mais les techniques de construction utilisées en Roumanie sont uniques. Il s’agit de techniques traditionnelles, les ouvriers des lieux utilisent des outils qu’ils se confectionnent eux-mêmes et qui risquent de disparaître. A Letea, par exemple, il n’y a qu’un seul artisan chaumier. Ce que nous souhaitons c’est conférer du prestige à notre région, éveiller l’intérêt du public pour le paysage traditionnel rural qui ne cesse de se raréfier en Roumanie, car il y a très peu de programmes de conservation du village authentique roumain. C’est précisément ce que nous nous proposons par ce projet : promouvoir le patrimoine culturel du Delta et à long terme préserver les écosystèmes et l’environnement tout en développant le tourisme culturel. »



    Près du village de pêcheurs de Letea se trouve la forêt du même nom. , C’est la forêt subtropicale la plus septentrionale d’Europe et l’unique forêt de hêtres au monde qui a poussé sur un îlot. Les touristes qui s’y rendent préfèrent loger chez l’habitant, dans les maisons traditionnelles du delta. Voilà pourquoi les pensions touristiques nouvelles pourraient utiliser le jonc comme couverture de toit, espèrent les initiateurs du projet.



    Loredana Pana : « Nous préparons une étude pour l’UNESCO qui sera prête en novembre sur les techniques de travail et les méthodes traditionnelles de construction des toits. Dans l’étude figurent aussi les noms des artisans chaumiers, parce qu’il est important de montrer que ce métier existe toujours. Nous n’en avons identifié que deux tels maîtres artisans. C’est au ministère de la culture de décider si cette technique peut être incluse par la Roumanie au patrimoine de l’UNESCO.Lors des discussions déroulées jusqu’ici, les responsables du gouvernement nous ont transmis qu’il existe des chances, vu le caractère unique de ce métier, ce qui est un critère très important ».



    Soulignons que le projet bénéficie de l’appui de toutes les autorités locales et centrales compétentes dans le domaine de la culture. Pourtant leur mobilisation sur le terrain s’avère difficile. La protection du paysage rural traditionnel dans le delta du Danube ne semble pas être une priorité, affirment les représentants de l’Association Letea à l’UNESCO. C’est également crucial que les habitants de Letea comprennent que la tradition locale doit perdurer, surtout que leur région accueille des milliers de touristes chaque été. (trad. Mariana Tudose, Alxandru Diaconescu)


  • Les énergies renouvelables, un domaine prioritaire à Baia Mare

    Les énergies renouvelables, un domaine prioritaire à Baia Mare

    La municipalité de Baia Mare (dans le nord-ouest de la Roumanie) a remporté la compétition appelée « Ligue des Champions des sources d’énergies renouvelables de Roumanie », dans la catégorie des localités à 100.000 habitants. La compétition a été coordonnée à l’échelle nationale par l’Université Vasile Alecsandri de Bacău et s’inscrit dans le projet européen Intelligent Energy Europe. Y ont participé la majorité des municipalités qui s’intéressent à ce sujet.



    Les efforts du maire Cătălin Chereches et de son équipe visant à transformer la municipalité de Baia Mare en « Capitale verte » de la Roumanie ont porté leurs fruits. « Nous souhaitons tout d’abord générer de l’efficacité énergétique et aider les citoyens à épargner leur argent, grâce à nos projets de réhabilitation thermique des immeubles d’habitation de la ville de Baia Mare. 70 immeubles en sont concernés à présent, mais il y en aura plusieurs centaines d’ici 2020. Nous avons commencé par les écoles, où, il y a deux ans, nous avons installé des panneaux pour chauffer les gymnases et assurer l’eau chaude. Si nous avons entamé notre projet par les établissements scolaires c’est parce que dans ces espaces la consommation énergétique était importante et les coûts assez élevés. Ensuite, nous nous sommes penchés sur les investissements privés dans la construction de centrales hydroélectriques, en faisant attention à ce que leur emplacement n’endommage pas l’environnement. Nous avons désormais plusieurs investissements nouveaux à Baia Mare et souhaitons mettre à profit les fonds européens pour en créer d’autres dans ce domaine précis de production d’énergie en utilisant le potentiel hydrographique des rivières de la contrée avoisinante. »



    Il convient de mentionner aussi que la ville de Baia Mare fait partie de la première association roumaine s’intéressant à l’efficacité énergétique des énergies renouvelables et qui s’appelle « Villes – Energie Roumanie ». Baia Mare est également membre fondateur de l’Agence de gestion énergétique « Maramures ». En outre, cette municipalité a adhéré en 2008 à l’initiative européenne « Convention des Maires ». Elle envisage de mettre en place des mesures concrètes de lutte contre le réchauffement global et les changements climatiques. Nous écoutons le maire de Baia Mare, Cătălin Chereches : « Nous souhaitons transformer en parc naturel une vaste zone boisée située à proximité de la ville de Baia Mare. Celle-ci deviendrait ainsi une des rares villes d’Europe à être entourée d’un parc de 15.000 hectares. Un parc naturel comportant des zones protégées, de sites Natura 2000. Dans la zone urbaine, nous souhaitons développer plusieurs projets — dont certains déjà en cours — visant à faire de Baia Mare une ville verte. Plusieurs espaces seront créés ou réaménagés — il s’agit, plus exactement, d’un nouveau parc de 5 hectares et de deux autres parcs, plus anciens, pour créer des oasis de verdure à l’intérieur de la ville et assurer une vie meilleure et plus saine à ses citoyens. Un autre projet vise à réhabiliter tous les bâtiments appartenant à la municipalité, notamment pour accroître leur efficacité énergétique et réduire les factures. Nous donnerons ainsi un exemple à suivre aux sociétés commerciales et aux personnes privées. »



    D’autres investissements ont été consentis à Baia Mare pour moderniser l’éclairage public et le parc automobile et le doter de moyens de transport modernes et moins polluants. La ville a également investi dans la valorisation des déchets biodégradables. «La ville de Baia Mare a conclu un contrat de concession pour la salubrité publique. Nous disposons d’une décharge publique comportant plusieurs lignes de tri des déchets qui sera en service jusqu’en 2017. En 2014 déjà, nous rejoindrons un projet de financement européen pour construire une nouvelle déchetterie qui puisse accueillir les ordures de la moitié du département de Maramureş. Ce système de gestion intégrée des déchets comportera des centres de collecte et de tri. »



    Dans la Ligue des champions des sources d’énergie renouvelable de Roumanie, 3 autres administrations locales ont été primées : la municipalité de Taşca (du comté de Neamţ) — dans la catégorie des localités de moins de 5 mille habitants ; la municipalité de Mizil, du comté de Prahova (dans la catégorie des localités comptant entre 5.000 et 20.000 habitants) et la municipalité d’Alba Iulia, du comté d’Alba, dans la catégorie des localités comptant entre 20.000 et 100.000 habitants.(Trad. : Mariana Tudose, Dominique)