Category: Terre Verte

  • Protéger les forêts séculaires de Roumanie

    Protéger les forêts séculaires de Roumanie

    La Roumanie continue davoir des forêts vierges, dépourvues de routes ou de sentiers, aux espèces autochtones darbres de tous âges, allant dun an à des centaines dannées. Dans ces écosystèmes stables, vu quils pourrissent, les arbres tombés réintègrent le circuit naturel par labondance de vie créée. Dans ces forêts, personne ne chasse, personne ne cueille des fruits des bois ou des plantes médicinales. Les forêts quasi-vierges sont celles où des coupes ont été pratiquées, mais lintervention a été très limitée ; cest pourquoi la forêt sest rapidement régénérée. Jusquil y a peu, le sol de 80% des forêts roumaines navait jamais été foulé par les êtres humains.





    Aujourdhui, seuls 2/3 dentre elles sont vierges et quasi-vierges. Même ainsi, la Roumanie détient la plus grande superficie de forêts séculaires dEurope. Les hêtraies du bassin de la rivière Nera, les mélanges de sapin et de hêtre de Sinaia, les mélanges de hêtre, de sapin et dépicéa commun de Bucovine, la forêt séculaire Slătioara, les rouvraies des Monts Zarand (ouest) ou de Cozia (sud) ne sont que quelques-unes des forêts les mieux conservées de Roumanie. Une partie dentre elles sont portées sur la liste avancée à lUNESCO en vue de figurer au Patrimoine mondial.




    Valentin Sălăgeanu, coordinateur de campagnes de Greenpeace, nous a déclaré : «En 2005, une étude faite au niveau national a indiqué que nous avions environ 218.000 ha, et létude nétait même pas complète. Les 10 années suivantes, à peu près la moitié de ces forêts auront été détruites. Malheureusement, une grande partie de cette destruction a eu lieu de manière légale, parce que jusquen 2012, il ny avait aucune disposition légale qui reconnaisse la valeur de ces forêts. Et alors, ces écosystèmes de si grande valeur ont été détruits ou coupés, le tout étant conforme à la loi. Depuis 2012, une série de critères et dindicateurs ont été introduits pour que ces forêts soient faciles à identifier. Une mesure de protection a été prise, mais elle nétait que partielle, et absolument insuffisante. De ce fait, même après 2012, lorsque la reconnaissance légale de ces forêts existait, une partie dentre elles ont encore été détruites. Aujourdhui, en 2017, nous avons, selon les estimations optimistes des ONGs denvironnement, Greenpeace comprise, le plus probablement 120.000 ha. La moitié ont donc été détruites.»





    Pour que ces forêts séculaires qui nous restent soient protégées sur le long terme, à la fin de lannée dernière, la création dun Catalogue national des forêts vierges et quasi-vierges a été décidée. Ce processus présuppose plusieurs étapes de travail, disait Valentin Sălăgeanu : « La première chose à faire, cest que la loi de lannée dernière, en vertu de laquelle une forme légale de protection est instituée – à savoir ce Catalogue – soit améliorée. Il y a certains blocages dans la procédure didentification et de reconnaissance de ces forêts qui font que les efforts des ONGs ne connaissent pas le succès. La deuxième chose quil faut nécessairement faire, cest que largent mis de côté dans le Fonds pour lenvironnement, à savoir 2,5 millions deuros pour identifier et cartographier ces forêts, soit utilisé par un appel doffres public, pour que le process soit rapide et que nous puissions inventorier ce quil reste. Le 3e aspect, extrêmement important, cest que tout le monde, à commencer par le ministère des Eaux et des Forêts, Romsilva, les propriétaires privés, les ONGs, arrive à la conclusion que la coopération est nécessaire. A défaut, nous perdons un patrimoine pour toute lEurope. Et cest dommage, car de tels écosystèmes une fois perdus, sont impossibles à refaire. »





    La vaste majorité de ces forêts appartient à lEtat, mais aussi à des propriétaires privés. Cest pourquoi les propriétaires de forêts se verront accorder des compensations, assure Valentin Salageanu : « Jusquici – quelques oppositions de la part des propriétaires privés, parce quune fois classées dans ce catalogue, ces forêts ne pourront plus être exploitées économiquement. Donc les propriétaires navaient plus rien à gagner une fois leurs forêts étaient inscrites dans ce registre. En échange, nous avons à compter de la fin de lannée dernière une décision de la Commission européenne par laquelle les propriétaires qui perdent des rentrées potentielles générées par les forêts se voient accorder des compensations. Donc le gouvernement en place doit tout simplement appliquer cette décision de la Commission européenne pour que les propriétaires privées soient dédommagés et pour quaucun obstacle à la protection de ces bois nexiste plus. Ces compensations sélèveraient à 500 euros par hectare et par mois. »





    Les forêts incluses au Catalogue seront soumises à un régime plus strict de protection, aucun chantier ni nulle autre activité humaine ne sera plus permise dans un bois séculaire. Les seules activités permises seront la recherche, léducation et les visites touristiques.



    Valentin Salageanu : « En fait, ce catalogue est une base de donnés, disponible au grand public qui inclut toutes les informations liées à ces bois. Une fois les forêts incluses dans ce catalogue, leur statut change, on ne peut plus opérer aucune intervention forestière. Donc, on introduit chaque hectare, avec son emplacement précis, ses coordonnées GPS, avec leur nom, tout bois ayant ce statut de bois vierge ou quasi-vierge. Jusquici, 13 mille hectares de telles forêts ont été répertoriés. Dans la deuxième phase, les 24 mille hectares de forêts de hêtre proposés sur la liste du patrimoine mondial de lUNESCO seront réévalués et inclus au Catalogue puisquils sont également en train de disparaître. Puis, dans la troisième phase, par un effort commun, tous les facteurs intéressés commenceront à rédiger des cartes avec les forêts vierges que nous possédons et dont on ne connaît pas encore lemplacement ».





    Selon des estimations, en une année, le Catalogue national des forêts vierges et quasi-vierges sera complet et disponible sur le site du ministère des Eaux et des Forêts de Roumanie. (Trad. Ligia Mihaiescu, Alex Diaconescu)

  • Le défilé de la rivière Jiu

    Le défilé de la rivière Jiu

    Le Parc national « Le Défilé du Jiu » compte parmi les aires protégées les plus spectaculaires de Roumanie. Il longe la Vallée du Jiu et d’étend sur plus de 11.100 hectares, entre les massifs Parâng et Vâlcan. Cette superficie est couverte à hauteur de 80% par des forêts de hêtre et de chêne sessile, de charme et de frêne. Les spécialistes ont identifié plus de 700 espèces de plantes et quelque 440 espèces d’animaux, dont certaines sont protégées par la loi. Malheureusement, la flore et la faune seront menacées par les travaux hydro – énergétiques qui devraient capter les eaux de la rivière Jiu dans certains secteurs et les diriger ailleurs, via des conduites de très grande taille.

    Le biologiste Călin Dejeu, qui s’active depuis des années à sauver les rivières de montagne, continue de faire des démarches pour stopper ce projet : Ce Parc national est le plus spectaculaire du pays. C’est une immense étendue de nature sauvage, hétérogène, qui s’étale sur la verticale, depuis les creux des montagnes jusqu’à la vallée de la rivière Jiu. Les forêts d’épicéa sont prédominantes dans les zones plus hautes et froides. Viennent ensuite les espèces thermophiles, tel le frêne à fleurs, que l’on peut observer à la sortie du défilé. Il y a aussi des forêts vierges ou quasi-vierges, qui couvrent les versants. Les rochers et les cataractes de la rivière rajoutent au charme de ces endroits. La flore, très variée, dénombre 17 espèces. En haute montagne, on rencontre des genévriers et de nombreuses espèces d’orchidées. Très riche elle aussi, la faune compte 11 espèces d’amphibiens (le triton crêté, la salamandre), des reptiles (la vipère à cornes), 135 espèces d’oiseaux, un couloir de migration des oiseaux migrateurs, dont l’aigle royal, le hibou grand-duc, la cigogne noire. On a même signalé la présence, pendant certains hivers, du cormoran pygmée. Le projet hydro – technique que l’on envisage de mettre en oeuvre dans le défilé suppose de sécher la rivière, ce qui affectera bien des espèces. On ne peut même pas imaginer combien grand en sera l’impact sur certaines espèces d’oiseaux et sur les quelque 13 espèces de poissons répertoriées jusqu’ici, qui vivent dans ce cours d’eau, dont 4 sont protégées : le chabot de rivière, le barbeau, le goujon et la Sabanejewia. Une seule espèce endémique y a été retrouvée. Il s’agit de la nisipariţa, ou la Sabanejewia romanica, qui ne vit qu’en Roumanie ».

    Le Jiu est la rivière de Roumanie la plus propice pour la pratique du rafting, mais elle ne le sera plus quand elle sera captée, son débit devant passer de 20 m3 par seconde à l’entrée dans le défilé à seulement 2,7 m3/s, s’inquiètent les spécialistes. Călin Dejeu a déjà déposé une pétition signée par plus de 20 mille personnes, qui souhaitent l’annulation de ce projet. Il a également saisi la justice européenne au sujet de l’illégalité de ce projet, dont il détaille le parcours.

    Călin Dejeu: « Les travaux ont démarré en 2004 et ont heureusement progressé très lentement, de sorte qu’en 2012, seulement 45% du projet étaient réalisés. Ensuite, toujours par bonheur, la compagnie d’électricité Hidroelectrica ayant été déclarée en défaut de paiement, on a suspendu les travaux jusqu’en 2016. Autant dire que ce n’est pas la loi environnementale qui sauve pour l’instant la rivière Jiu, mais les ennuis financiers de la société Hidroelectrica. Or, il aurait fallu tout arrêter en 2005, lorsque le défilé du Jiu a été déclaré Parc national, car les travaux hydro-techniques sont tout à fait incompatibles avec ce statut. Dans n’importe quel pays du monde, on ne touche pas aux parcs nationaux. On ne peut pas détruire la nature et encore moins une aire protégée et ce avec l’aide des autorités. C’est du jamais vu et c’est une honte, une tragédie nationale. Pour l’instant, il n’y a de dégâts que dans la zone des chantiers, mais le grand désastre surviendra quand le projet aura fini et la rivière sera déviée, son lit devant passer par le tunnel. Le paysage est désolant dans les chantiers, car pour construire des chemins d’accès on a dynamité et abattu la forêt ».

    Plus de 450 micro-centrales hydrauliques sont actuellement à différents stades de construction ou de fonctionnement à travers la Roumanie. Plusieurs d’entre elles se trouvent au cœur de sites figurant dans le réseau européen Natura 2000.

    Călin Dejeu : « A regarder sur la carte la chaîne des Carpates, on voit des rivières détruites par les barrages ou des micro-centrales hydrauliques. Il ne reste que quelques cours d’eau ou des segments des rivières d’antan. L’affluent du Jiu, le Jiet, est complètement sec en raison des travaux de captation effectués par la compagnie Hidroelectrica. Toute l’eau s’écoule sous la montagne avant de se jeter dans une autre rivière, Lotru. Le Jiet n’a pas encore atteint son débit naturel. Même la rivière Capra, du Transfăgărăşan, a été déviée. Ses eaux sont acheminées par des tuyaux et la cascade d’autrefois n’existe plus… »

    En novembre 2013, la branche roumaine de l’organisation écologiste WWF (Le Fonds mondial pour la nature), a parlé de la nécessité de protéger les rivières des Carpates. Elle a lancé la campagne Les rivières de montagne, dernière chance et déposé une pétition auprès des autorités roumaines, demandant que des mesures soient prises afin de préserver ces cours d’eaux. (Trad. Mariana Tudose)

  • Le bison d’Europe en liberté

    Le bison d’Europe en liberté

    Le bison dEurope, le plus grand mammifère terrestre du continent, a beaucoup souffert en raison du braconnage et de la fragmentation de son habitat. Disparu de la nature dEurope Occidentale dès le 11e siècle, seulement 50 exemplaires de bisons dEurope ont survécu à travers le monde. A compter de la deuxième moitié du 20e siècle, les bisons ont été peu à peu réintroduits dans plusieurs forêts du continent.



    Après une absence denviron 200 ans, le bison dEurope est rentré aussi en Roumanie. En 1958, la première réserve a été fondée à Silvut, près de Hateg, dans le centre-ouest de la Roumanie. Dix ans plus tard, une autre réserve fut inaugurée dans le Parc naturel de Vânatori Neamt. Elle fut suivie, en 1983, par la réserve de Bucsani, au comté de Dâmbovita, dans le sud du pays, qui possède actuellement une des plus nombreuses populations de bisons dEurope de tout le pays, à savoir 32 animaux adultes et 5 petits.



    En 2008, une autre réserve a été fondée dans la commune de Vama Buzaului, alors quen 2012, les ONGs World Wildlife Fund (le Fonds mondial pour la nature) Roumanie et Rewilding Europe ont démarré une initiative visant à réintroduire les bisons dans le massif de Ţarcu. La première étape de ce projet a eu lieu en 2014. Dès lors, chaque printemps, des bisons sont transportés depuis des centres de reproduction et des réserves naturelles de pays tels la Belgique, lAllemagne, lItalie et la Suède. Le projet vise également à repeupler en bisons des Monts Poiana Rusca, adjacents au Massif de Ţarcu.



    A présent il y a 25 bisons en liberté dans le Massif de Ţarcu et 29 tels animaux dans les autres forêts de la région de Moldavie, dans lest du pays. Depuis pas moins de six ans, le Parc naturel de Vânatori Neamt mène un projet visant à mettre en liberté ces mammifères.



    Sebastian Catanoiu, directeur du parc : « Cest lunique endroit du pays où les bisons dEurope se trouvent aussi en état de liberté complet, partiel et en captivité. Nous avons 7 bisons dans notre jardin zoologique qui peuvent être vus par le public tout le temps, 13 animaux dans des enclos dacclimatation, en semi-liberté, où on les prépare pour la mise en liberté, et 29 en liberté. Sur ces derniers, quatre ont été introduits dans la nature ce printemps. Depuis six ans déjà, nous mettons chaque année des bisons en liberté.



    Ces six dernières années, les bisons ont exploré quelques 60 mille hectares et dépassé les limites du parc. Certains des ces animaux sont arrivés près du lac de retenue de Bicaz, dautres sont arrivés dans le comté de Suceava. Les bisons dEurope en semi-liberté disposent dun espace de 180 hectares entouré par un enclos. On les prépare à la nature sauvage et cest pourquoi on les nourrit uniquement durant lhiver. En été, ils doivent se nourrir avec les ressources qui se trouvent dans cet espace, parce quune fois libérés ils doivent savoir utiliser la flore et les ressources de nourriture disponibles sur le terrain.



    Je peux vous dire que sur les 29 bisons dEurope qui se trouvent actuellement dans la nature sauvage, six sont nés en liberté, cest-à-dire quils nont jamais eu de contact avec lHomme. Ils sont sauvages à 100%. »



    Hormis la Réserve de bisons, près du Parc naturel de Vânatori Neamt il y a aussi une réserve appelée « la Forêt dargent ». Sétendant sur quelque 2,4 hectares et composée surtout de bouleaux, cette forêt est formée darbres âgés de plus de 100 ans, auxquels sajoutent des plantes plus jeunes, entre 20 et 50 ans.



    Et cest dans la même région que se trouve la réserve forestière « le Bois de cuivre », sétendant sur 10,2 hectares et formé principalement de chênes rouvres, mais aussi despèces de plantes dune rare beauté. Une autre réserve naturelle est « la Forêt démeraude », soit la réserve de chênes « Dumbrava », qui sétend sur 56,6 hectares, avec des chênes séculaires et plus de 200 espèces de plantes vasculaires.



    Vama Buzaului est une localité pittoresque aux pieds des Monts Ciucas du comté de Brasov. Cest ici que se trouve la plus récente réserve de bisons de Roumanie, des animaux qui seront réintroduits dans la nature sauvage les années à venir, explique Tiberiu Chirilas, maire de la localité de Vama Buzaului : « Cette réserve a deux composantes. Comme toute réserve naturelle, son but est de sauver cette espèce et de repeupler la région avec ces animaux, alors que la deuxième composante est le tourisme qui fonctionne avec succès. Lannée dernière par exemple, environ 14 mille personnes ont franchi son seuil. La réserve a été fondée fin 2008, à partir dune dizaine dexemplaires et actuellement, elle a quelque 37 bisons.



    Plusieurs ONGs et autres institutions nous ont demandé de leur fournir des bisons dEurope pour quils soient remis en liberté dans dautres régions de la Roumanie. Nous avons par exemple une demande de la part de WWF Roumanie pour une opération de ce genre dans le comté de Caras-Severin, dans le sud-ouest. Le Parc de Vânatori Neamt a également fait une demande similaire.



    Nous avons actuellement 11 hectares et nous envisageons élargir cette réserve sur une superficie supplémentaire de 80 hectares. En effet cette extension de la réserve nest pas uniquement nécessaire en raison de la multiplication des bisons, mais elle vise aussi à améliorer le processus de libération de ces animaux dans la nature. Cet espace de 80 hectares sera pour les bisons une sorte de zone de semi-liberté, visant à les préparer à être remis en liberté. »



    A laide des fonds européens, le maire de Vama Buzaului souhaiterait mettre à la disposition des touristes plusieurs gîtes ruraux. Les vacanciers pourront participer à toutes les activités quotidiennes des familles de la région et découvrir les produits du terroir : « Jaimerais que les gîtes ruraux de Vama Buzaului se développent pour accueillir les touristes qui passent par cette Réserve, parce que dans la même région il y a aussi la cascade Urlatoarea, des itinéraires touristiques qui mènent au Mont Ciucas, il y a aussi lancienne douane de la frontière entre les Principautés de Moldavie et de Valachie. Nous souhaitons dailleurs créer un musée de la Douane de Buzau. »



    Le massif de Ciucas fait partie des Carpates de Courbure et se fait remarquer par ses rochers spécifiques, mais aussi par une biodiversité remarquable. Nous y trouvons 22 habitats dintérêt communautaire, plus de 1200 espèces de plantes, quelques milliers dhectares de forêts vierges, soit 22% du total du fonds forestier de Roumanie. (trad. : Alex Diaconescu)

  • La colline de Consul intégrée aux itinéraires de randonnée

    La colline de Consul intégrée aux itinéraires de randonnée

    La Parc national « Les Monts Măcin » est une aire protégée d’intérêt national située dans le sud-est de la Roumanie, en Dobroudja. Déclaré Réserve de la Biosphère en 1998, il est le seul parc national du pays à protéger d’importantes surfaces de végétation caractéristiques de la steppe, très rare en Europe. Le Parc national « Les Monts Măcin » a été créé pour protéger de nombreuses espèces de plantes menacées, qui ne sont pas protégées par d’autres réserves naturelles et dont certaines ne poussent en Roumanie que dans cette contrée. Dans les Monts Măcin, non loin de la commune d’Izvoarele, se trouve la colline de Consul, une crête en pierre volcanique, que les autorités locales souhaitent intégrer cette année aux itinéraires de randonnée de la zone. 4 nouveaux itinéraires seront créés, comportant des sites archéologiques et religieux.

    La colline de Consul a une altitude de 333 mètres et elle a été déclaré réserve naturelle en 1927. Le directeur du Parc national « Les Monts Măcin », Viorel Roşca explique : « La colline de Consul est le point de départ du premier itinéraire: Consul, Alba, Valea Teilor. Il s’agit d’une des deux réserves déclarées par la reine Marie en 1927. Cette décision fut prise suite à un voyage que le roi Ferdiand, la reine Marie et les princesses y avaient fait une année auparavant. En 1926, le cortège royal s’était embarqué sur un navire à Olteniţa et a descendu le Danube, arrivant dans ces parages mirifiques de la Dobroudja, suivant le bras Măcin. Ils ont été charmés par ces paysages dignes d’un conte de fées, comme ils les ont appelés, ainsi que par la riche végétation de la zone. Sur la colline de Consul, la reine Marie a trouvé un endroit magnifique pour faire de la peinture. Les plantes propres aux zones arides et les plantes qui aiment l’humidité s’y donnent rendez-vous, car la région est traversée par la rivière Taiţa, ce qui non seulement rend cet endroit encore plus pittoresque, mais lui confère aussi une grande valeur scientifique. La reine Marie était accompagnée par un pharmacien auquel elle demandait des renseignements sur ces plantes. Celui-ci lui expliquait que c’étaient des plantes rares, dont certaines n’étaient à retrouver qu’en Dobroudja. C’est donc un honneur pour nous d’inclure cette colline dans notre itinéraire de randonnée, qui suscitera sans doute l’intérêt de ceux qui aiment la beauté. »

    Dans les Monts Măcin on peut aller à pied, à cheval ou en vélo. Les itinéraires de cyclotourisme sont de difficulté moyenne et ils relient les localités proches du Parc. Sur les sommets de ces montagnes et à leur pied se trouvent des citadelles antiques et des monastères qui constituent autant de points d’intérêt pour l’écotourisme et pour le tourisme religieux.

    Viorel Roşca: « La région des Monts Macin en général est une alternative touristique unique pour les vacanciers désireux d’admirer des paysages creusés par le vent ces derniers 500 millions d’années. Mais le fondement géologique, important du point de vue scientifique, est celui qui soutient une autre richesse unique : la végétation. On peut y trouver des clairières d’un rouge sang, en effet la couleur des pivoines roumaines et des pivoines des steppes, avec des fraxinelles, des dianthus des rochers, des espèces d’orchidées et des iris à part. Ce sont autant de zones que nous essayons de promouvoir auprès du grand public, passionné de paysages superbes, de loisirs et de calme, puisque jusqu’à présent les Monts Hercyniens sont connus plutôt par le monde des scientifiques, par les étudiants qui font des masters et des doctorats, qui y trouvent des terrains à explorer et qui peuvent dévoiler nombre de secrets scientifiques. Nous rencontrons également une espèce d’Achillée millefeuille naine, haute de seulement 15 centimètres, mais qui émane au simple toucher un parfum de musc. Aux côtés du crocus doré, il y a aussi une autre espèce appelée gymnospermium, qui est une véritable rareté. L’aire naturelle de cette espèce est à retrouver en Anatolie, en Turquie et en Irak. Une autre espèce intéressante est le charme d’Orient qui déploie sa couronne comme une ombrelle sur les autres plantes durant l’été et dont les racines s’étendent sur un rayon de 25 mètres, fixant ainsi la végétation et le sol de la colline de Consul. L’herbe du Japon est une autre espèce qui témoigne de la biodiversité spécifique à la steppe de la région de Dobroudja. »

    La variété des écosystèmes terrestres, forestiers et rocheux, combinée à plusieurs écosystème aquatiques de la région, confère aux Monts Macin des conditions favorables pour un grand nombre de populations d’oiseaux. Les Monts Macin se situent sur les voies de la migration qui suivent les cours des rivières Prut et Siret. Nombre d’oiseaux migrateurs passent par ce corridor. Nous y trouvons aussi la plus importante zone de nidification des oiseaux rapaces de la Dobroudja. Dans les crevasses des Monts Macin se trouvent les nids du faucon sacré, une des espèces les plus en danger de Roumanie, mais aussi ceux de la buse féroce.

    Viorel Rosca : « Les Monts Macin constituent un corridor inestimable pour la migration des oiseaux en général et des grands rapaces en particulier. A partir de la Colline de Consul on peut observer pendant la saison touristique des oiseaux importants rares : l’aigle pomarin, la buse féroce, la bondrée apivore et le circaète Jean-le-Blanc. Tous ces oiseaux peuvent être admirés avec une bonne paire de jumelles seulement, que l’administration du parc peut fournir. Nous avons aussi deux grottes où vivent deux espèces de chauves-souris, dont une est très rare. C’est pourquoi dans cette zone, qui est un véritable laboratoire naturel, il faut pratiquer un tourisme responsable.»


    L’administration du Parc national des Monts Macin espère qu’au moins 15 mille personnes puissent visiter en 2017 cette aire protégée. Déjà, à l’intérieur du parc, il y a sept endroits de camping et cette année, les premières 80 places d’hébergement seront ouvertes dans les localités d’Isaccea, Cetatuia et Traian. (Trad. Dominique, Alex Diaconescu)

  • Les animaux quittent le Cirque d’hiver roumain

    Les animaux quittent le Cirque d’hiver roumain

    Il a fallu que 11 animaux périssent dans un incendie récemment déclaré dans les locaux du Cirque d’hiver Globus de Bucarest pour que la Roumanie remette en question leur présence dans l’arène. Un incident malheureux qui a divisé le pays en deux: d’une part ceux pour qui l’exploitation des animaux renvoie à la torture et de l’autre ceux pour qui le cirque sans animaux perdrait une bonne partie de son charme. Nombre d’ONG roumaines ont demandé que la Roumanie rejoigne les rangs des pays européens interdisant totalement la présence des animaux de spectacle. Leur sort est trop cruel pour fermer les yeux, s’indigne Magor Csibi de l’Association WWF Roumanie. Contraints à la captivité, dans des cages souvent trop petites, ces animaux sont dressés de force pour réaliser des numéros qui les font souffrir à chaque exécution.



    Prenons l’exemple des lions. En savane, ils ont à leur disposition plus de 400 km de terrain. Dans un cirque, ils doivent se contenter de quelques mètres seulement. Magor Csibi: « Tous ces animaux occupent des espaces étendus à l’état sauvage, ils ont besoin de végétation, ils ne peuvent pas mener leur vie en captivité. Ils sont très rares les Zoos qui arrivent à répondre à leurs besoins. Quant aux cirques, ils ne pourront jamais leur offrir une bonne qualité de vie. Un tigre, par exemple, ne vivra jamais de son gré aux côtés d’autres tigres car ils finiront toujours par se disputer la suprématie et du coup, ils deviendront agressifs. En plus, un tigre boit pas mal de litres d’eau par jour et le cirque ne lui en fournit pas. Ces animaux passent 94% de leur temps derrière des barreaux. Le reste du temps, ils le passent dans l’arène pendant le dressage ou les spectacles. Du coup, la plupart du temps, ces animaux sont en souffrance. »



    Il est impossible de préciser le nombre exact d’animaux sauvages enfermés dans les cirques de Roumanie, puisque la plupart de ces institutions sont ambulantes. Pourtant, on sait que ces animaux proviennent soit d’élevages spéciaux, soit ils sont souvent capturés à l’état sauvage. Malheureusement, tant que le dressage des tigres et le profit qui en découle continuent à être légaux, la demande ira avec, malgré l’impact sur la population de tigres dans le monde. Magor Csibi: «A l’heure où l’on parle, on recense quelque 2000 tigres à l’état sauvage et trois fois plus en captivité. Puis, on a de nombreuses espèces de singe qu’on emploie dans les spectacles de cirque. A part le déboisement, c’est justement le commerce qui met en danger l’avenir de tous ces animaux. Rien qu’un exemple: il y a six ans, notre équipe a intercepté, en Thaïlande, un transport de 12 bébés tigres. C’est ce qui arrive quand on autorise le cirque aux animaux, les zoos ou encore la possibilité, pour les particuliers, de détenir un tigre comme animal de compagnie. Toutes les sous-espèces du tigre sont menacées de disparaître, ce qui fait que, tant que la demande est là, les animaux continuent à être en danger.»



    Les ONG responsables de la protection des animaux affirment qu’une fois en captivité, ceux-ci sont forcés à renier leurs instincts en accomplissant des tours ridicules et douloureux. Magor Csibi: « Au moment où les félins craignent le feu et nous, on les pousse à sauter à travers un cercle en flammes, la simple récompense ne suffit pas. Pour qu’un fauve renie ses instincts, il lui faut plus qu’une simple motivation positive. Du coup, on doit lui faire peur, le terroriser. Il existe d’autres méthodes pour apprendre aux enfants des choses, sur les animaux, qui ne nécessitent pas forcément leur présence dans l’arène. On vit en pleine ère technologique, on a toute sorte de documentaires, de films en 3D, la réalité virtuelle ne va pas tarder, comme quoi, les enfants bénéficient d’un tas de moyens qui leur permettent d’observer les animaux à l’état sauvage. Ça ne sert à rien de les voir en souffrance, enfermés dans des cages, se conduisant différemment des ceux en liberté. Et puis, on ne peut pas affirmer qu’une fois dressés, ces fauves sont nos amis. Pas du tout. On ne peut pas fourrer notre tête dans la gueule d’un lion ou d’un tigre, on ne peut pas rester près d’un ours, car ces animaux sont sauvages et ne sont donc pas habitués à la présence de l’homme. Il est évident qu’on ne verra jamais dans la forêt un ours conduire un vélo ou un tigre sauter dans le feu. Ce sont là des choses que ces animaux ne feraient jamais de leur propre gré.»



    Les ONG pour la protection de l’environnement réclament ladoption d’une loi qui interdise la présence des animaux dans les spectacles de cirque. Magor Csibi: « On a obtenu la modification du Règlement de fonctionnement du Cirque Globus et l’interdiction des animaux sauvages dans ses spectacles. Un deuxième arrêté sur l’interdiction totale des spectacles de cirque avec des animaux est actuellement sur la table du Conseil général de la Municipalité de Bucarest. Et puis, un projet de loi interdisant ces spectacles sur le territoire de la Roumanie se trouve au Parlement depuis la législature précédente. Des amendements à cette loi ont été déjà avancés et on espère un vote au printemps. Si ça ne marche pas, alors on cherchera des députés pour avancer une nouvelle loi. Car on est déterminé à aller jusqu’au bout, jusqu’à ce que ces pratiques disparaissent de chez nous aussi. 14 pays de l’UE ont déjà interdit complètement les spectacles avec animaux et 19 autres – partiellement.»



    Initiatrice d’une pétition en ligne sur l’interdiction des animaux de spectacle, l’Association WWF a ramassé jusqu’à présent plus de 30.000 signatures. Entre temps, dimanche dernier, le Cirque Globus a présenté son dernier spectacle avec animaux. (trad. : Ioana Stancescu)

  • Le Groupe Milvus, 25 ans de protection de l’environnement

    Le Groupe Milvus, 25 ans de protection de l’environnement

    L’Association pour la protection des oiseaux et de la nature « Groupe Milvus », de la ville de Cluj Napoca, est active depuis 25 ans sur le terrain de la conservation des volatiles et de l’environnement. Pendant ce quart de siècle, les écologistes de l’association ont eu de nombreuses activités liées à la vie des oiseaux : baguage de plusieurs espèces, observation de la migration des rapaces des monts Măcin et du Bosphore, situé sur une des plus importantes routes migratoires d’Europe.



    Selon le directeur du « Groupe Milvus », le biologiste Papp Tamás, l’organisation a aussi contribué à la création de plusieurs aires naturelles protégées: « Puisque la superficie cumulée des aires protégées de Roumanie ne représentait que 7% de la richesse naturelle du pays, l’adhésion à l’Union européenne a fait monter ce chiffre à plus de 23%. Personnellement, je crois que notre association y a eu une contribution de poids et c’est d’ailleurs notre plus grand succès des 10 dernières années. Partant de nos études concernant oiseaux, mammifères et habitats, nous avons fait de nombreuses propositions d’aires protégées, plus de 200, des plus petites jusqu’aux plus étendues ayant été retenues. Plus encore, en ce moment, nous en gérons une douzaine, sachant que nous avons aussi contribué à la mise en page des plans de gestion de ces aires protégées. »



    De l’avis du fondateur de l’association écologiste de Cluj Napoca, Papp Tamás, la protection de la nature n’est toujours pas une priorité en Roumanie, qui est le seul pays de l’UE à ne pas allouer de budget aux aires naturelles protégées, à l’exception de la Réserve du delta du Danube. Elle n’a pas non plus d’Agence nationale pour les aires naturelles protégées, qui soit en charge de la gestion des écosystèmes et des habitats naturels. L’association écologiste « Groupe Milvus » fait ainsi un effort remarquable dans le domaine de la protection de la nature et des oiseaux, explique Papp Tamás: «Par exemple, nous avons beaucoup travaillé sur les rapaces : des projets, dont certains financés par la Commission européenne, ciblés sur le faucon sacre, sur le faucon kobez ou sur l’aigle pomarin. Le projet concernant le faucon sacre a été probablement le plus spectaculaire, puisque cette espèce avait disparu de notre faune il y a une dizaine d’années ; or, les mesures prises ont permis de réintroduire ce rapace en Roumanie. Même chose pour le faucon kobez, dans la Plaine occidentale de la Roumanie ; nos interventions, dans le cadre d’un projet à financement européen, ont permis d’accroître le nombre d’individus appartenant à cette espèce volatile menacée. Quant à l’aigle pomarin, qui est emblématique pour la Transylvanie, nous espérons réussir à endiguer son déclin aussi. Et puis, nous avons beaucoup travaillé sur les cigognes, étant les premiers à installer, en l’an 2000, des supports pour les nids construits sur les poteaux électriques ; en 2014, il y en avait déjà deux milliers à travers la Roumanie. Il reste pourtant bien des choses à faire au profit des cigognes et d’autres espèces d’oiseaux qui se tuent par milliers à causes des lignes électriques à haute tension. »



    Le Groupe écologiste Milvus est la seule organisation roumaine qui prend en charge les oiseaux blessés, les soigne et les réintroduit par la suite dans la nature. L’organisation a également créé un numéro vert disponible 24h sur 24 à l’intention de tous ceux qui trouvent et veulent aider des volatiles mutilés. Papp Tamás: « Il y a une quinzaine ou une vingtaine d’années on n’y avait pas pensé, mais nous l’avons mis en place puisque notre organisation a gagné en notoriété et il y avait de plus en plus de gens qui trouvaient des oiseaux blessés et qui les emmenaient chez nous. Les deux centres d’aide, nous les avons mis en place précisément parce qu’il n’y avait pas de structure pour soigner les animaux blessés. Nous collaborons aussi avec une association de médecins vétérinaires, Vets4Wild, et nous avons créé tout un réseau national de sauvetage et d’aide aux animaux sauvages. Nous avons recruté un médecin vétérinaire dans chaque département du pays parce qu’il est essentiel d’intervenir rapidement quand on trouve un oiseau blessé, par exemple, et il faut le faire aussi près que possible de l’endroit où l’on a trouvé. Notre centre le mieux équipé se trouve dans le village de Sânsimion, dans le département de Harghita, où nous avons de grandes volières adaptées au traitement des oiseaux ayant subi des traumatismes physiques ».



    Et ce n’est là qu’un début — 2017 devrait voir développer les projets du « Groupe Milvus » vers des directions inédites en Roumanie, assure Papp Tamás, directeur de l’organisation : « Nous avons quelques actions déjà en déroulement et que nous allons poursuivre. Notre priorité est la publication d’un Atlas des oiseaux nidifiants de Roumanie, que nous avons réalisé en partenariat avec la Société d’ornithologie du pays. Nous travaillons sur ce projet depuis déjà un an et ce sera une publication inédite en Roumanie, qui ne connaît pas la distribution exacte des espèces par régions. Par ailleurs, nous œuvrons pour sauver le Rolier d’Europe, un très bel oiseau bleuâtre qui niche chez nous. Malheureusement, dans la Plaine occidentale roumaine, la population de Rolier a dramatiquement diminué et nous tentons d’intervenir. En 2017, nous allons également multiplier nos actions visant à conserver les effectifs d’oiseaux rapaces, de grands mammifères carnassiers , mais aussi d’espèces moins visibles tels le spermophile ».



    Sensibiliser le plus grand nombre de Roumains et notamment de jeunes à la sauvegarde de la faune est une des dimensions essentielles de l’activité du « Groupe Milvus ». Dans cette veine pédagogique, l’organisation a créé la Bourse Milvus pour les étudiants et les jeunes chercheurs qui travaillent dans le secteur environnemental, afin d’encourager les projets inédits et les initiatives individuelles. (trad. : Ileana Taroi, Andrei Popov)

  • Le Rapport Planète vivante 2016

    Le Rapport Planète vivante 2016

    Le Rapport Planète vivante du Fonds mondial pour la nature tire la sonnette d’alarme : la biodiversité est en danger. L’effectif des populations de mammifères, de poissons, d’oiseaux, de reptiles et d’amphibiens a chuté de 58 % au cours des 40 dernières années. Les animaux vivant dans les forêts, les lacs, les rivières et les zones humides sont les plus touchés. L’homme en est responsable : par la destruction des zones sauvages au profit de l’agriculture, par le braconnage et les défrichages, il a décimé des populations entières de tigres asiatiques, de rhinocéros, d’éléphants africains, de vautours et même de poissons. La pollution mène, elle aussi, à la disparition de certaines espèces.

    Selon le rapport « Planète vivante 2016 », la perte de biodiversité et le déclin des espèces seraient principalement dus à la pression agricole internationale. Surexploitation des espèces et des terres, appauvrissement des sols, pollution (intrants chimiques, transports…), provoquent la dégradation quasi généralisée des habitats, et pèsent lourd dans la balance. Les polluants industriels affectent les baleines tueuses et les dauphins des mers de l’Europe. La pêche excessive met en danger un tiers des espèces de requins et de raie pastenague.

    Magor Csibi, directeur du Fonds mondial pour la nature Roumanie nous fournit des détails sur ce rapport : « Le rapport dit en fait que si nous continuons à vivre de la même façon et d’avoir le même impact sur la nature, la sixième disparition massive des espèces sera déclenchée sur la planète. Deuxième conclusion du rapport Planète vivante 2016 : nous sommes entrés dans une nouvelle ère géologique, appelée Anthropocène – ou âge de l’homme. Cela veut dire que si des restes des météorites et des volcans d’il y a 100 mille ans se retrouvent dans les couches rocheuses, de la même façon, des restes de ce que l’homme produit à présent – à commencer par les matières plastiques et la pollution – se retrouveront dans les couches rocheuses dans quelques millions d’années. L’homme a donc commencé à avoir un impact non seulement sur son environnement immédiat, il affecte, du point de vue géologique et morphologique, l’avenir de la planète. »

    Selon le rapport précédent, celui de 2014, la Terre a perdu la moitié de ses populations d’espèces sauvages en 40 ans. Cette tendance se maintient – indique le nouveau rapport.

    Magor Csibi: « Depuis 1970 jusqu’à présent, en 46 ans, nous avons perdu 58% de la biodiversité totale de la planète. Si cette tendance s’accélère, la situation va s’aggraver et dans les 4 prochaines années, deux tiers des espèces de la planète vont disparaître. Ces pertes ne sont pas comparables, car dans certaines zones elles sont plus importantes. Par exemple, au cours des 46 dernières années, la biodiversité des eaux douces a régressé de 80% et la biodiversité terrestre d’environ 53%. Cela veut dire que le problème est grave et que nous sommes en train de perdre même des espèces très connues et très proches de nous. Le plus souvent, quand on parle d’extinction, nous pensons aux espèces dont nous savons qu’elles sont en danger, on pense par exemple aux tigres, à l’éléphant africain, au rhinocéros noir et ainsi de suite. Pourtant, cette fois-ci, il pourra s’agir d’espèces beaucoup plus proches de nous. Par exemple, dans 10 ans, la population de ton, un aliment accessible sur toute la planète, pourrait baisser sévèrement, pour disparaître complètement par la suite. En Roumanie, une telle espèce menacée est le perce-neige, qui risque de disparaître, parce qu’il est cueilli massivement au printemps. Nous avons également un problème global avec la population d’abeilles, qui a diminué sévèrement et si des mesures ne sont pas appliquées très vite, ce qui arrivera ne sera pas du tout agréable. »

    Les chercheurs avertissent que l’homme doit changer de comportement et trouver des solutions pour restaurer les écosystèmes dont il dépend. Diminuer la quantité de déchets alimentaires et remplacer les combustibles fossiles par des sources d’énergie renouvelable, sont les premières mesures qui s’imposent pour sauver la biodiversité.

    Magor Csibi : « Nous autres, consommateurs, nous devons changer de comportement, réduire le gaspillage. On constate que dans l’agriculture les problèmes sont extrêmement graves. En ce moment, nous nous nourrissons de 12 espèces végétales et de 5 espèces animales ; nous avons donc remplacé la grande biodiversité de la planète par 17 espèces, ce qui se répercutera sur l’avenir de la Terre. L’agriculture est la plus grande menace pour les forêts. C’est elle la première responsable des déboisements. 70% des ressources d’eau sont utilisés pour l’agriculture. Cela engendre la surconsommation, dans les conditions où l’on jette une partie des aliments produits. Plus d’un tiers des aliments produits au niveau mondial se retrouve chaque année à la poubelle. Nous avons également beaucoup de choses à changer dans le domaine de l’énergie aussi. On est dépendant des combustibles fossiles et si l’on n’entreprend rien de ce côté là, les changements climatiques progresseront. Et il y a des indices que nous sommes sur le point d’atteindre un seuil. »

    Le rapport « Planète vivante », cette analyse scientifique sur la santé de notre planète, présente également quelques exemples d’espèces qui, grâce aux efforts de conservation, ont pu être sauvées. Le lynx est de retour en France, le panda géant et le castor ne sont plus menacés et des efforts sont faits en Roumanie pour réintroduire le bison dans son milieu naturel. (Trad. : Dominique)

  • Le Parc national Ceahlau

    Le Parc national Ceahlau

    Le Parc national de Ceahlău, aire protégée d’intérêt national située dans le nord-est de la Roumanie, plus précisément dans le massif éponyme, s’étale sur plus de 7000 hectares. Il cache une remarquable biodiversité, tandis que ses forêts abritent la quasi-totalité des espèces animales vivant dans la chaîne des Carpates. Les ermites et les moines de passage dans cet endroit y ont apporté un souffle de sainteté.

    Au fil du temps, les phénomènes naturels ont façonné différentes formes dans les rochers, qui ont inspiré nombre de légendes et sont devenues autant d’attractions touristiques. Parmi elle, le Pic de la Cloche ( Toaca), la Foudroyée (Detunatele), La Pierre à eau, le Rocher de Dochia. A en croire les légendes, ce massif doit son nom au gypaète barbu (sorte de vautour) qui jadis hantait les lieux. Daniel Dieaconu, professeur d’histoire et auteur d’une anthologie recueillant une cinquantaine de légendes et histoires liées au massif de Ceahlau, nous en parle: Le mont Ceahlău n’est pas le plus haut de Roumanie ni des Carpates Orientales, mais ce qu’il a de particulier c’est le fait d’être entouré de vallées profondes qui lui confèrent un air majestueux. Son unicité réside dans ses pentes très escarpées, dans les formes étranges et fascinantes ciselées dans la pierre par le vent et la pluie (colonnes, crocs, aiguilles). C’est la quête d’explications à ces phénomènes qui explique l’apparition des légendes. Nous avons réussi à en recueillir 52. Ceahlau est en effet le mont de Roumanie à avoir inspiré le plus grand nombre de légendes. Un autre élément caractéristique c’est la présence d’innombrables ermitages et monastères perchés sur la montagne ou parsemées dans les vallées des environs. Selon les historiens et les anthropologues, le massif de Ceahlău aurait été le mont sacré des Daces. Lorsque le monachisme naît au nord du Danube, les moines venus du mont Athos ont choisi cette montagne, sacrée, au fil des siècles, par leurs prières et ascèse. D’ailleurs, tout comme le mont Athos, Ceahlău a son saint patron protecteur et sa fête. En outre, le Pic de la Cloche (Toaca) et celui de Panaghia, rappellent les impressionnantes masses rocheuses sculptées par l’érosion au sommet du mont Athos. A commencer par le 19e siècle, les jeunes de la génération quarante huitarde se mettent à recueillir du folklore local. Vasile Alexandri et Alecu Russo sont les premiers à y glaner des légendes. C’est un berger des lieux qui raconte à Gheorghe Asachi la légende de Dochia et de Trajan. Elle allait devenir notre mythe fondamental, le mythe de l’ethnogenèse des Roumains.

    Les amoureux de la nature qui s’aventurent dans ces montagnes y découvrent des forêts épaisses, des pâturages alpins et des formations à genévriers, des chutes d’eau, des rochers isolés, des vestiges historiques et des monuments de la nature. Les touristes peuvent choisir parmi 7 trajets de 5-6 km, dont le point de départ se trouve au pied de la montagne et dont certains aboutissent au sommet Toaca, qui s’élève à près de 2000 mètres d’altitude. Daniel Dieaconu explique : « Dans le massif de Ceahlău il y a de nombreux trajets. On peut prendre pour point de départ les localités de Bicaz ou de Durău ou une des communes environnantes. Durău et Izvorul Muntelui, situé tout près de Bicaz, restent pourtant les plus importantes portes d’entrée dans le parc. Ces localités disposent également de centres d’information où les touristes peuvent obtenir des renseignements et trouver des dépliants. L’année dernière plusieurs panneaux d’affichage ont été installés en montagne, qui présentent des informations sur la biodiversité du parc. Les légendes de la montagne figurent également, en roumain et en anglais, sur des panneaux d’affichage placés à proximité des rochers dont elles racontent l’histoire. »

    Les forêts du massif de Ceahlău sont constituées de hêtres, de charmes et de sapins. La flore et la faune de cet écosystème sont d’une grande diversité. Daniel Dieaconu: « Le massif de Ceahlău compte de nombreux genres et espèces végétales. On y a recensé un millier d’espèces de fleurs, représentant deux tiers de la flore du pays. C’est un véritable laboratoire naturel. Les étudiants de nombreuses facultés y viennent pour leurs travaux pratiques. Dans la zone de protection se trouve une réserve de mélèze, un conifère au feuillage caduc. Campanules des Carpates, polytrics communs, violettes et piloselles abondent dans les prés de ce massif. Parmi les fleurs déclarées monuments de la nature comptent l’edelweiss, la nigritelle, l’anémone hépatique, qui font partie de la catégorie des orchidées de montagne. Le lys de montagne et l’œillet sauvage sont des espèces spécifiques du massif de Ceahlău. En 1970, 16 exemplaires de chamois provenant du massif de Retezat, dans les Carpates Méridionales ont été amenés dans le massif de Ceahlău. Au début, ils ont vécu dans un enclos immense, pourtant, un très fort orage a détruit la clôture. Ayant retrouvé leur liberté, les chamois se sont répandus jusque dans les monts de Giurgeu. A présent, il y en a une centaine. Parfois on peut apercevoir des groupes de chamois comptant une vingtaine d’exemplaires. L’ours y est également à retrouver, mais il est solitaire et il évite l’homme. Parmi les espèces animales, il convient de mentionner le lynx et le coq de bruyère. Quant aux petites espèces d’amphibiens et de reptiles, mention spéciale pour le triton crêté et le sonneur au ventre jaune. S’y ajoutent plusieurs espèces d’oiseaux, dont la buse variable, le tichodrome échelette et la chouette. »

    Le Parc national de Ceahlău a été déclaré Site d’importance communautaire en 2007 pour 13 habitats et pour quelques espèces de mammifères, d’amphibiens et de reptiles, ainsi que de plantes. Des projets ont été déroulés dans la zone, dans le but de la protéger et de préserver ces merveilles de la nature. (Aut.: Teofilia Nistor)

  • Centre de sauvetage des oursons orphelins…

    Centre de sauvetage des oursons orphelins…

    Un centre de sauvetage des oursons orphelins a été créé, il y a plus de 10 ans dans le massif de Hăşmaş, dans le comté de Harghita. Y sont accueillis les oursons retrouvés dans les forêts des Carpates. Ils y sont surveillés, soignés et nourris, pour retourner ensuite à la vie sauvage. Bien que l’ours soit une espèce protégée au niveau national et européen, le nombre d’oursons orphelins ne cesse d’augmenter notamment à cause du braconnage et de la présence humaine dans les forêts alpines. L’apparition des hommes à proximité de leurs tanières, surtout pendant la période d’hibernation, effraie les ours femelles, qui s’enfuient, laissant leurs petits tous seuls. En outre, cette espèce est de plus en plus chassée en raison du prix très élevé d’un trophée d’ours – qui vaut entre 4.000 et 15.000 euros. Souvent, les ours femelles sont tuées et leurs petits restent orphelins, alors qu’ils ne sont pas encore préparés pour la vie sauvage et ne peuvent pas faire face aux dangers.

    Le centre de sauvetage des oursons orphelins a été créé par Leo Bereczky, par amour pour cette espèce emblématique de la Roumanie: « Cette idée est née de la nécessité, pour la Roumanie et pour les Carpates, de secourir le nombre assez important d’oursons restés orphelins suite à la présence humaine dans les forêts à l’interaction entre l’homme et la nature. Ce fut une heureuse rencontre entre le financeur qui a démarré ce projet – la Fondation « Vier Pfoten » (« Quatre Pattes ») – et notre souhait de secourir ces oursons. 10 d’entre eux se trouvent actuellement dans notre centre. Nous sommes heureux d’avoir pu sauver jusqu’ici et rendre à la vie sauvage une centaine d’oursons qui ont réintégré sans problèmes leur milieu naturel. Les oursons sont amenés au Centre suite à une demande adressée par les autorités habilitées ou par la police. Pratiquement, la personne qui trouve un ourson orphelin annonce les autorités locales, qui nous en avertissent ; alors nous nous rendons sur les lieux pour le récupérer. »

    Cet orphelinat pour oursons couvre 20 hectares et il est situé dans une région isolée de montagne. L’interaction entre l’ourson et l’homme est aussi limitée que possible, pour que petit animal puisse se réadapter plus facilement à la vie sauvage.

    Leo Bereczky : « La vie des oursons dans ce centre est aussi proche que possible de celle des ours qui vivent en liberté. Les petits sont élevés dans des enclos qui leur offrent un milieu entièrement naturel, où ils peuvent développer leurs instincts. Il faut savoir qu’au moment de sa naissance, l’ourson est doté de tous les instincts nécessaires pour lui assurer la survie : l’instinct de fuir, de se réfugier dans une arbre lorsqu’il est en danger, les instincts liés à la nourriture etc. Chez les petits, ces instincts sont innés, ils les possèdent donc déjà à leur naissance et ne les acquièrent pas de leurs mères, par apprentissage. C’est pourquoi il est possible de les élever de manière à ce qu’ils restent des animaux sauvages. Nous gardons les oursons dans des enclos de plus en plus grands, l’espace dont ils disposent correspondant aux nécessités écologiques des individus. La nourriture supplémentaire leur est fournie de manière à ce qu’ils n’en associent pas la source à la présence de l’homme. Ils trouvent la nourriture que nous déposons à leur intention comme s’ils la trouvaient dans la nature. Ils grandissent donc comme tous les autres oursons, la seule différence étant l’absence de leur mère, dont le principal rôle est en fait de protéger ses petits. Après un an et demi environ, l’un des enclos est ouvert et les oursons commencent à explorer les alentours du centre. Cette exploration de l’environnement est plus intense à mesure que la nourriture placé dans l’enclos diminue. Nous les déterminons ainsi à explorer de plus en plus, à s’éloigner de plus en plus, jusqu’à ce qu’ils deviennent des ours libres, se répandant dans le milieu naturel. »

    De nombreux oursons restent orphelins annuellement dans la région des Carpates et malheureusement le Centre de sauvetage de Harghita risque d’être fermé, faute de financement. Dans ces conditions, le sort des oursons orphelins est incertain. Le Fonds Mondial pour la Nature Roumanie a lancé une campagne de collecte de fonds déroulée du 7 septembre au 15 octobre. Nourrir un ourson coûte environ 3.500 euros par an. Apparemment c’est beaucoup, pourtant tout le monde peut devenir le protecteur des oursons orphelins. En offrant seulement 4 euros et demi, on peut assurer la nourriture d’un ourson orphelin pour un jour. Il suffit de quelques clics sur le site wwf.ro/orfelinat. A part la nourriture et la protection, les oursons du centre de sauvetage bénéficient aussi d’un milieu sûr et de soins vétérinaires. L’argent collecté permettra à Leo Bereczky de développer le Centre, afin qu’un plus grand nombre d’oursons orphelins puissent y trouver l’aide dont ils ont besoin, pour retourner ensuite dans la nature.

    Leo Bereczky: « Nous sommes en quête de donateurs pour que le projet puisse être continué. C’est un projet important, nous ne pouvons pas fermer le Centre. Sinon, les oursons orphelins n’auront plus de chances de survivre. Sans ce projet, ils finiront au zoo ou dans des enclos construits illégalement, où les conditions de vie de ces animaux sont affreuses. Elever un ourson coûte entre 3.500 et 4.500 euros par an. Pratiquement, nous avons besoin de 50 mille euros par an pour sauver le projet. »

    La Roumanie compte plusieurs milliers d’ours, soit environ 40% de la population d’ours du continent. (Trad.: Dominique)

  • Combien verte est l’énergie éolienne?

    Combien verte est l’énergie éolienne?

    En matière de politiques énergétiques de l’UE, la Roumanie se porte très bien au chapitre énergies renouvelables. L’objectif établi pour 2020, à savoir couvrir 24% de la consommation finale d’énergie par des sources renouvelables, a déjà été atteint. L’énergie éolienne a joué un rôle important en ce sens, même si cette source s’est imposée relativement tard en Roumanie puisque la majorité des capacités de production ont été inaugurées ces 10 dernières années. Le rythme de développement du secteur éolien a été extrêmement rapide et à présent, l’énergie éolienne arrive à compter pour 12,3% du total de la production d’énergie de Roumanie.

    La plupart des turbines éoliennes ont été construites dans la région de Dobroudja, dans le sud-est, une région délimitée par le Danube et la mer Noire, où le potentiel du vent est particulièrement important. Cette région est également caractérisée par une riche biodiversité, protégée par le biais des deux aires naturelles : la réserve de la biosphère du Delta du Danube et le parc national des Monts Macin. C’est pour cette raison que l’installation massive des turbines éoliennes n’a pas été saluée avec enthousiasme par les experts en protection de la nature.

    Marina Druga, responsable de la Société ornithologique roumaine :« A présent, certains parcs éoliens roumains ne sont pas en règle. Ils sont situés sur les itinéraires de migration des oiseaux et certains habitats d’intérêt communautaire de la région de Dobroudja ont été détruits. Ces habitats sont à retrouver uniquement en Roumanie. Chaque projet doit être analysé séparément puisque parfois ils ne sont pas en règle. Mais pour cela il faut réaliser des études minutieuses. »

    Les effets sur la vie des oiseaux sont déjà visibles, affirme Marina Druga : « Certaines ONGs ont identifié des exemplaires d’espèces d’oiseaux de proie morts. Il s’agit notamment de l’aigle pomarin. Ces cas particuliers ont été découverts par hasard par des spécialistes qui se trouvaient sur le terrain pour des projets qui n’avaient rien en commun avec l’énergie éolienne. Ce qui est clair, c’est que ces exemplaires d’oiseaux sont morts précisément à cause des éoliennes ».

    Les organisations environnementales ne disposent pourtant pas de données statistiques qui puissent illustrer complètement les effets négatifs des turbines éoliennes sur les oiseaux et notamment combien d’oiseaux heurtent les pales des centrales éoliennes. Les représentants des producteurs d’énergie éolienne arrivent même à contester cette possibilité.

    Catalina Dragomir, présidente du Comité directeur de l’Association roumaine de l’énergie éolienne : « Ce qui est sûr, c’est que les parcs en train d’être installés, ainsi que ceux déjà mis en service, sont constamment suivis. Nous n’avons vu aucun rapport, aucun document qui puisse identifier des impacts négatifs sur l’environnement. »

    Combien dangereuses sont les turbines éoliennes si elles sont érigées le long des couloirs de migration des oiseaux ? Catalina Dragomir, représentante des producteurs d’énergie éolienne :« Par définition, ces machines ne sont pas dangereuses. Dans la mesure où il y a des problèmes ou bien des risques, ces investissements ne recevront pas les avis environnementaux nécessaires. Cela signifie l’arrêt net de tout investissement dans la région en question ou bien un changement de l’emplacement de l’investissement. Il n’y a aucune autre alternative. Il y a eu pas mal de cas où des projets n’ont pas reçu des avis d’environnement. Parfois ces avis prévoyaient des mesures de suivi, tellement coûteuses et qui avaient un impact si important sur l’investissement que la décision finale a été d’annuler le projet ».

    Les organisations de protection de l’environnement affirment qu’elles suivront plus attentivement les données relatives aux parcs éoliens afin de produire leurs propres informations et études. Marina Druga, de la Société ornithologique roumaine : « La plupart des parcs éoliens de la région de Dobroudja ont été développés entre 2013 et 2014. Or, à l’époque, nous n’avons pas réussi à collecter assez de données. Entre temps, un projet de collecte de données a été mis au point et les infos sont envoyées directement à la Commission européenne. Il faut préciser clairement qu’au moins la Société ornithologique roumaine ne s’est jamais prononcée contre le développement de l’énergie éolienne. Mais nous voulons que celle-ci se développe selon une stratégie, conformément à des études, dans des régions où les turbines n’ont aucun impact négatif sur les espèces d’oiseaux, sur les habitats des chauves-souris par exemple. »

    Catalina Dragomir, présidente du Comité directeur de l’Association roumaine de l’énergie éolienne, assure que cette source s’est développée en Roumanie après des études d’impact environnemental solides : « Toute cette partie de développement des investissements dans l’énergie renouvelable a été très bien étudiée par les différentes autorités avec des compétences dans le domaine. L’évaluation de l’impact environnemental est une des étapes les plus importantes dans l’évaluation de la faisabilité d’un parc éolien. Je peux vous dire que tous ces investissements sont réalisés avec des fonds mis à la disposition des entrepreneurs par des institutions financières locales, nationales et même internationales. Elles demandent toutes à l’entrepreneur de garantir les revenus produits à l’avenir par le parc éolien pour qu’elles puissent récupérer leur investissement. Tout délai, toute interruption du fonctionnement pour des raisons environnementales ne fait que produire des risques aux investisseurs. C’est pourquoi ceux-ci vérifient attentivement la qualité des études d’impact environnemental et les décisions qui sont prises par la suite. Des avis d’environnement sont demandés dès la phase initiale de développement d’un projet éolien. Des rapports sont réalisés par des sociétés autorisées qui ont aussi une riche expérience dans le domaine. Confirmées ensuite par l’Agence d’environnement de l’Etat, ces études sont ensuite utilisées pour adopter ou pas des mesures supplémentaires de protection de la nature ou de suivi du projet durant les différentes périodes : développement, construction et exploitation. Cela veut dire qu’après la mise en service d’un parc éolien, celui-ci est constamment suivi par des entreprises spécialisées et leurs rapports sont régulièrement envoyés aux agences de l’Etat qui évaluent son impact sur l’environnement. Les autorités identifient des risques ou des problèmes potentiels. »

    Les objectifs ambitieux de l’UE visant la production d’énergie de sources renouvelables ne peuvent pas se réaliser avec des effets négatifs sur la nature. L’impact environnemental des projets de parcs éoliens doit être attentivement évalué pour que les risques soient réduits au minimum. Ce n’est qu’ainsi que ces technologies vertes seront vraiment propres. (Trad. Alex Diaconescu)

  • Le Géoparc du « Plateau de Mehedinţi »

    Le Géoparc du « Plateau de Mehedinţi »

    Situé dans le sud de la Roumanie, le géoparc « Le plateau de Mehedinţi » est une aire protégée dintérêt national, étendue sur 106.000 hectares et créée il y a 10 ans, afin de protéger et de conserver des réserves et des habitats naturels dune grande diversité biologique. La beauté des lieux et le potentiel touristique de la région viennent du contraste entre les plateaux aux larges panoramas vers les montagnes qui les entourent et les vallées profondes, parsemées de gorges et de grottes.







    Notre invité daujourdhui est Valentin Jujea, grand amateur de montagne et membre du Service des Secouristes en montagne des départements de Mehedinţi et de Caraş-Severin et du Géoparc «Le plateau de Mehedinţi». Nous lavons invité à nous décrire la zone plus en détail : «On peut dire beaucoup de choses là-dessus. Le plateau de Mehedinţi est un mélange parfait entre géologie, action humaine et action du climat, qui ont permis lapparition dhabitats et de micro-habitats spécifiques. Un de ses aspects les plus importants est son climat tempéré continental aux influences sous – méditerranéennes. Sy ajoute un relief très varié. De même, le calcaire a permis à plusieurs espèces de plantes rares et très rares de vivre dans cette zone. Toutes ces valeurs de la faune et de la flore sont protégées dans 17 réserves naturelles, intéressantes pour les visiteurs en tout genre – touristes, scientifiques ou passionnés daventure. La zone est riche en objectifs culturels et historiques, en traditions et métiers traditionnels. On y trouve des forgerons, des potiers et des tisseurs qui pratiquent toujours leur métier. Par ailleurs, le plateau de Mehedinţi a un réseau hydrographique très riche. Toutes les rivières y arrivent de louest et coulent vers lest ou le sud, en créant autour delles de nombreux caves et avens qui recèlent à leur tour une micro – faune bien spéciale. Il sagit des fameux complexes karstiques de Ponoare, dont font partie les lacs Zătonul Mare et Zătonul Mic et la grotte de Ponoare. Un peu plus au nord, se trouvent la grotte de Bulba et le complexe karstique de Topolniţa Epuran. Sy ajoute une réserve de lilas sauvages. Cest un lilas qui ne peut pas exister sans dautres espèces dont le chêne rouvre, le chêne pubescent, le chêne chevelu, le chêne de Hongrie, le frêne à fleurs ou encore larbre à perruques. Par ailleurs, cest toujours ici que lon a découvert une plante carnivore du type utricularia. Cest ici que vit également la tortue appelée la Cistude dEurope. Les orchidées sont dautres plantes rares à retrouver dans la région du Plateau de Mehedinţi. Nous venons dailleurs de découvrir une nouvelle espèce dorchidée dans un endroit où lon croyait quelles ne poussaient pas. »











    Parmi les endroits mentionnés par notre invité, la grotte de Topolniţa fait partie des monuments naturels. Cest une des grottes les plus spectaculaires de Roumanie, avec des formations uniques au monde. Avec une longueur de 11.000 mètres, cest la 2e grotte la plus grande de Roumanie et la 17e du monde. Parmi ses galeries, disposées sur 5 niveaux, celle qui porte le nom du savant roumain Emil Racovita est la formation spéléologique la plus impressionnante des Carpates. Valentin Jujea nous parle maintenant des réserves naturelles du plateau de Mehedinti : « Il y a 17 réserves naturelles au total. Parmi elles, je mentionnerais la forêt Draghiceanu, une belle forêt de noisetiers de Byzance et de marronniers. Vers le sud, sétend une forêt de pins noirs. Mis à part les plantes, cette zone est connue pour ses reptiles, dont la vipère des sables, la vipère péliade et le scorpion, auxquels sajoute une multitude dinsectes. Cest un véritable réseau trophique. Toute cette faune lie sa vie au karst où elle crée des formes de relief uniques. Des vallées profondes et des plaines souvrent de lest à louest. Du nord au sud, on voit que le plateau de Mehedinţi a été fragmenté par les habitats humains. Dans ces zones, ce sont les gens qui ont réussi à sadapter à lenvironnement et non pas linverse. Ici, les gens aiment toujours leurs villages, leurs terres, leurs maisons. Ils ne les vendent, ni ne les détruisent pas. »







    Le géoparc du plateau de Mehedinţi fait actuellement lobjet dun projet européen de plus de 300.000 euros. Loccasion délaborer le Plan de gestion intégré du géoparc et une étude dimpact nécessaire à la mise en place dune stratégie qui rende plus efficaces les activités de conservation de lenvironnement. Le projet concerne toutes les 17 aires naturelles protégées. On y a déjà démarré laménagement de 11 trajets touristiques. On y a fait linventaire des monuments naturels, culturels et historiques des communautés locales et on a délimité les réserves naturelles. Par ces investissements, les autorités locales se proposent dintroduire le Géoparc du Plateau de Mehedinţi dans le circuit touristique international et de protéger les plantes et les animaux se trouvant sur la liste rouge des espèces menacées de lUnion internationale pour la conservation de la nature. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Le Massif de Pădurea Craiului – destination touristique en devenir

    Le Massif de Pădurea Craiului – destination touristique en devenir

    Situé dans le nord-ouest des Carpates Occidentales, le Massif de Pădurea Craiului s’apprête à devenir une destination pour le l’écotourisme. La documentation requise pour sa certification a été déposée et un projet a été mis au point pour le développement de cette région, financé par des fonds norvégiens. Déroulé entre 2014 et 2016, ce projet avait pour but d’identifier les sites qui ont un potentiel touristique et les investissements à faire pour que le Massif de Pădurea Craiului devienne attrayant pour les vacanciers.

    Au micro Paul Iacobaş, chef du Centre pour les Aires protégées et le développement durable du comté de Bihor: « Nous avons créé plusieurs itinéraires pour cyclotouristes. Ils ne sont pas balisés ; pourtant, il y a des cartes et des descriptions en anglais et en roumain. Les touristes disposent de deux centres de location de vélos et d’un minibus. Grâce à d’autres projets, nous avons déjà réussi à développer un réseau de grottes touristiques – dont les plus remarquables sont la Grotte aux cristaux de la mine de Farcu et la Grotte de Meziad. Leur aménagement répond aux normes européennes pour ce qui est de la sécurité de leur visite et l’impact faible sur l’environnement. Il convient de mentionner aussi les Grottes de Vadu Crişului et Unguru Mare. Ces 4 grottes font donc partie du réseau que les touristes peuvent visiter dans les meilleures conditions. Nous sommes en train d’aménager un réseau de grottes spéléo-touristiques, qui seront disponibles à partir de 2018. Il s’agit de 10 grottes qui ne bénéficieront pas de ponts, d’échelles ou d’éclairage à l’intérieur, mais qui disposeront d’aménagements de sécurité et de guides pour accompagner les touristes. S’y ajoutent des parcours d’aventure. Il y a 2 via ferrata, qui combinent la randonnée et l’escalade. Munis de l’équipement de protection, le touristes peuvent les parcourir sans savoir grimper. Et puis, il y a le parcours de rafting, qui s’étend entre Bulz et Vadu Crişului, et qui traverse les spectaculaires gorges du Criş Rapide. Avec un degré de difficulté entre léger et moyen, ce parcours peut être adapté pour être accessible aux enfants ou aux familles. On peut louer un canot, on dispose de moniteurs et des services d’assistance technique, pour que la descente puisse se dérouler en toute sécurité. »

    Le Massif de Pădurea Craiului sera également doté d’un réseau de sentiers thématiques, que l’on pourra visiter en vélo. Le réseau s’appellera « Le sentier du karst », car cette aire protégée abonde en phénomènes karstiques – grottes, avens, gorges, sources d’eau à écoulement. La plus grande partie de l’aire protégée « Les Gorges du Criş Rapide – Pădurea Craiului », intégrée au réseau Natura 2000, est couverte de forêts, parsemées de vastes clairières et des prés fleuris. Andrei Acs, manager du site Natura 2000 Pădurea Craiului, nous parle de sa biodiversité: « Pădurea Craiului est une aire protégée d’intérêt européen. Elle abrite plus de 37 espèces d’importance communautaire et plus de 16 habitats. On a plusieurs espèces de grands carnivores – le loup, l’ours, le lynx – on a des loutres et puis des espèces de flore protégées, comme l’iris nain et l’anémone des montagnes. Il convient de rappeler aussi le chêne pubescent, qui est une espèce méditerranéenne rare dans cette zone du pays. Les roches calcaires émanent de la chaleur, changeant un peu le micro-climat de la zone, ce qui explique pourquoi plusieurs espèces de plantes rares poussent dans cette région. »

    Le Massif de Pădurea Craiului est parsemé de grottes, dont un grand nombre abritent des colonies de chauves-souris. Andrei Acs: « On compte plus de 16 espèces de chauves-souris – depuis le Grand Rinolophe, qui est la plus grande chauve-souris de Roumanie, jusqu’à la plus petite, de la taille d’un pouce. Toutes les grottes de Pădurea Craiului abritent des colonies de chauves-souris de différentes dimensions. Il s’agit de 2000 cavités naturelles recouvrant les 40 mille hectares de ce massif. La grotte de Meziad accueille la deuxième grande colonie de Roumanie et une des plus grandes d’Europe, comptant plus de 60 mille exemplaires en hiver. Nous avons également des réserves naturelles botaniques – et non seulement. Par exemple, les Gorges du Criş Rapide est un réserve qui réunit grottes, vestiges archéologiques et espèces de plantes uniques qui poussent sur les versants, justement en raison du micro-climat de la zone dû aux roches calcaires. Le Massif de Pădurea Craiului est également un habitat propice aux oiseaux, qui y nichent. Parmi les oiseaux rares, on a recensé 3 couples d’aigles royaux, espèce considérée comme disparue, mais qui depuis une dizaine d’années est de retour en Roumanie. Nous avons également deux nids de cigogne noire, très rare en Europe. »

    La zone de Pădurea Craiului conserve encore des traditions anciennes et des métiers traditionnels. A Roşia se trouve un moulin à eau vieux de plus d’un siècle et qui fonctionne encore. Les églises en bois de Petreasa et de Beznea ou celles en brique de Remetea et de Vadu Crişului attendent leurs visiteurs.La Roumanie compte d’autres destinations certifiées pour l’écotourisme : la région de Mara-Cosău-Creasta Cocoşului, au Maramureş, le pays de Haţeg, les collines de Transylvanie et le delta du Danube. ( Trad. : Dominique)

  • Terres agricoles à haute valeur naturelle

    Terres agricoles à haute valeur naturelle

    La Roumanie continue de détenir quelques-unes des terres agricoles et surfaces à haute valeur naturelle d’Europe, à retrouver dans les zones rurales de Transylvanie, du Maramures, des collines sous-carpatiques et du sud-ouest du pays. Ce sont des endroits où les pratiques agricoles traditionnelles, le pâturage raisonnable et l’absence des engrais chimiques ont permis la survie d’une flore spontanée et d’une faune sauvage d’une diversité exceptionnelle. Cinq millions d’hectares, soit 30% de la surface agricole de la Roumanie, sont associés à des fermes de petites dimensions, d’habitude familiales.

    La région des villages saxons de Transylvanie est très riche en prés secs, résultats d’une pratique non intensive de l’agriculture vieille de plusieurs centaines d’années. Ces terres abritent des habitats peuplés d’espèces végétales et animales disparues ailleurs en Europe. Ben Mehedin, porte-parole de la Fondation Adept Transilvania, précise : « Ce sont des terres sur lesquelles est pratiquée une agriculture à impact minimum sur l’environnement, ce qui fait qu’aujourd’hui encore, nous y trouvions une grande richesse de plantes, animaux et insectes. Les pratiques agricoles ont produit des denrées alimentaires, tout en permettant à la nature sauvage de vivre. Nous avons mis en œuvre un projet, cofinancé par le Programme de coopération helvéto-roumain, dans six zones pilote, situées toutes en Transylvanie : les monts Harghita, Sighisoara – Târnava Mare, Târnava Mică – Miercurea Nirajului, les monts Zarand et la Vallée de Barcău. Nous nous sommes proposé, entre autres, de mettre en lumière ces surfaces à haute valeur naturelle, ceux qui y habitent et leurs produits. »

    Déroulé entre 2013 et 2016, le projet de la Fondation Adept Transilvania a pour but d’améliorer la conservation des prés et de fournir de l’assistance et des idées de marketing aux fermiers de ces lieux, a expliqué Ben Mehedin : «Notre projet a eu trois grandes composantes. Celle de politiques publiques s’est ciblée sur l’utilisation de fonds publics pour soutenir ces zones, qui, elles-mêmes, fournissent des biens publics. L’agriculture à faible impact sur l’environnement est à l’origine de biens publics moins visibles dans le produit final d’une telle zone, par exemple air pur, eau pure, pollinisation, agro-biodiversité, résilience aux changements climatiques etc. La deuxième composante du projet a été l’effort d’identifier une meilleure position de ces produits sur le marché, parce qu’ils sont plus propres, plus sains, plus goûteux. La dernière composante a inclus la formation de facilitateurs de la communication ou agents de développement, qui parlent au monde de la sauvegarde de ces traditions et des produits tels fromages, charcuteries, variétés de miel, confitures. Ce sont des zones d’agriculture mixte. Dans les fermes familiales, on pratique un élevage en conséquence, de 1-2-3 têtes de bovins. Il y a aussi la production de foin pour le gros bétail ; le foin est récolté au moins une fois par an, ce qui a permis d’obtenir des prairies à la richesse végétale différente des zones où l’on pratique une agriculture intensive. »

    Malgré leur valeur pour les communautés rurales et pour la société dans son ensemble, la plupart de ces pâturages, de ces prairies semi-naturelles et zones mosaïquées, cultivées de manières extensive, subissent une pression croissante, du fait de l’abandon, de l’intensification de l’activité agricole et des changements survenus dans l’usage que l’on fait des terrains.

    Voilà pourquoi le projet a visé à identifier des solutions censées préserver les pratiques agricoles traditionnelles. Cela aurait pour effet non seulement la survie de certaines communautés rurales, mais aussi et surtout la production de nourriture saine et la conservation de la nature. Ben Mehedin: « Nous souhaitons créer les conditions nécessaires pour que ces produits soient reconnus et que la demande soit suffisante, de sorte que les producteurs puissent continuer ce mode de vie par leurs propres forces, comme cela a été fait depuis des siècles, bref en évitant de dépendre des subventions ou des financements. En règle générale, une société s’appuie sur la classe moyenne. Nous, nous souhaitons une classe moyenne constituée d’agriculteurs. Si les petits producteurs ne sont pas soutenus, aidés, la société court le risque de les voir disparaître. Or, il ne faut surtout pas oublier que, dans le contexte de l’économie globale, les décisions erronées mettent en péril les agriculteurs, ces gardiens des terres, et partant la sécurité de la nourriture. Enfin, il convient de mentionner aussi le fait que la production agricole, ces terrains, produisent plus que les terres exploitées de manière intensive, compte tenu de la valeur et des coûts de la production agricole. »

    Les fondations Adept et ProPark, ainsi que la branche roumaine du Fonds mondial pour la nature viennent d’organiser conjointement une conférence de portée européenne, lors de laquelle on a présenté le modèle agricole pratiqué en Transylvanie et essayé de trouver des solutions aux problèmes qui menacent la survie même de la nature et des communautés locales.(trad. Ileana Taroi, Mariana Tudose)

  • Au secours des forêts des Carpates

    Au secours des forêts des Carpates

    Etendu sur 198 mille hectares, le massif de Fagaras, dans les Carpates méridionales, se distingue par des paysages sauvages d’une rare beauté et par une très riche biodiversité. Il est d’ailleurs un des sites Natura 2000. Malheureusement, depuis quelques années, ces montagnes souffrent à cause de défrichements à tout-va. Le département d’Arges, par exemple, a enregistré le triste record du plus grand nombre de défrichements illégaux – 6.458 – identifiés par les autorités entre 2009 et 2011, mais ce chiffre a bien augmenté depuis. Les forêts privées sont les plus menacées, car leurs propriétaires n’ont pas acheté des services de gardiennage, malgré une obligation légale en ce sens. Cette situation n’est pas unique, elle est, en fait, une réalité partout dans le pays.

    Depuis quelques années, la Fondation « Conservation Carpathia » déroule un projet censé sauver les forêts. Grâce à des fonds provenant de donations internationales, la fondation achète les forêts des Monts Făgăraş qui sont mises en vente. Elle procède à leur reboisement et mène aussi des activités de restauration des zones dégradées. Mihai Zotta, directeur technique de la Fondation « Conservation Carpathia » raconte comment tout a commencé : « L’idée est née dans les années 2005-2006, lorsque les coupes de bois illégales avaient commencé dans le parc national Naţional Piatra Craiului, suite aux rétrocessions de forêts. Christoph Promberger, notre directeur exécutif, et Hanganu Horaţiu, à l’époque directeur intérimaire du parc, ont invité plusieurs philanthropes, soucieux de préserver la nature, à visiter la zone. Les discussions menées par la même occasion ont débouché sur la conclusion que ce n’est pas la variante classique, à savoir la lutte contre les coupes illégales, qui peut sauver les forêts, mais une autre, perçue comme assez étrange en ces temps-là. Il s’agit de l’achat de forêts, qui, aujourd’hui encore, paraît louche aux yeux de certains. C’est en 2007 que l’on a acquis les premières superficies boisées dans le Parc national Piatra Craiului. Conséquence: les coupes illégales ont repris ailleurs, sur la Vallée de la Dambovita, dans une zone des Monts Făgăraş, récemment classée site Natura 2000. La déforestation ayant touché, entre 2004 et 2010, près de 2 milliers d’hectares de superficies boisées, on a acheté des forêts là aussi. Il y a jusqu’ici plus de 600 contrats d’achat et de vente. Au départ, personne n’aurait imaginé que l’on puisse acquérir ainsi plus de 16 mille hectares de forêt. »

    Pour la gestion des forêts achetées, la Fondation a créé son propre district forestier et une association de chasse, la première du pays à ne rien chasser. La Fondation détient aussi trois pépinières où l’on produit des plants de reboisement. Les spécialistes de la Fondation « Conservation Carpathia » jugent très important de garder la composition naturelle de la forêt. Plus de 2.500 hectares de forêt, situés dans la Vallée de la Dâmboviţa, dans la région de Rucăr, ont été déboisés illégalement entre 2005 et 2011, sans presque aucune action de repeuplement. Les activités de régénération ont déjà démarré sur les 400 hectares achetés par la Fondation, précise Mihai Zotta: « Initialement nous avons acheté toutes les forêts que l’on pouvait sauver, pour qu’elles ne soient pas coupées. Ensuite, notamment après 2012, on a commencé une série de projets de reconstruction écologique, dont le plus important est co-financé par la Commission européenne. C’est dans le cadre d’un projet Life Natura que l’on a acheté environ 400 hectares de massifs forestiers coupés, sur les plus de 2000 qui existent dans la région, et pour lesquels nous réalisons cette reconstruction écologique. En fait, les activités effectives de reconstruction écologiques sont réalisées grâce au cofinancement qui vient de la part de la Commission européenne, alors que les forêts sont achetées par la Fondation par ses propres moyens. Nous avons trois petites pépinières où nous produisons une partie des plantules nécessaires aux reboisements. Il y a une centaine d’années, ces forêts de la Vallée de la Haute-Dâmbovita étaient formées de hêtres ainsi que d’un mélange de hêtres et de conifères. Ces forêts étaient riches en espèces de sapin, hêtre, érable sycomore, épicéa, orme, puis à l’étage supérieur, les montagnes étaient couvertes de sorbiers et de nombreuses autres espèces. A l’époque communiste, avec l’exploitation intensive des forêts de cette région, il a existé une politique de replanter des forêts de conifères au lieu de forêts d’espèces valeureuses. La raison invoquée était le fait que ces arbres arrivaient à maturité plus vite et que leur bois avait plus de valeur pour le bâtiment et pour l’industrie locale du meuble. Aujourd’hui, nous devons replanter les espèces qui composaient jadis les forêts de la région. »

    Hormis la reconstitution des forêts qui avaient existé jadis dans le massif de Fagaras, la Fondation envisage de replanter les aulnes qui couvraient les vallées de la rivière Dâmbovita et de ses affluents. Entre temps, cette ONG achète aussi d’autres massifs forestiers afin de créer finalement une zone protégée dans le sud des Carpates ou les coupes d’arbres et la chasse soient complètement interdites. Mihai Zotta : « Ce que nous souhaitons c’est que les monts Fagaras, entièrement ou même partiellement, c’est-à-dire l’étage alpin, les forêts vierges, les forêts qui n’ont pas encore été exploitées, soient incluses dans un Parc national. Les monts Fagaras auraient du constituer le premier parc national de Roumanie. Cela n’a pas été possible en raison des différents intérêts socio-économiques. Et à ce sujet, nous essayons également de suivre aussi un autre chemin. Nous souhaitons initier dans toutes les communautés autour du massif de Fagaras un projet visant à identifier des affaires soutenables qui puissent produire des revenus pour les communautés locales, sans nuire à l’environnement et en mesures de contribuer à la conservation de la nature. Par conséquent, en 5 – 10 ou 20 ans, ces communautés locales pourraient se rendre compte que le Massif de Fagaras est le plus important capital de la région. Nous avons fait quelques pas sur ce chemin. Nous déroulons un projet dans le cadre duquel des études socio-économiques ont été réalisés afin d’élaborer des plans d’affaires. C’est un premier pas que nous considérons indispensable pour la création à l’avenir d’un parc national. »

    La Fondation « Conservation Carpathia » fera don à l’Etat roumain des aires protégées qu’elle mettra au point, à condition que l’Etat s’occupe de leur administration et qu’il veille au maintien d’un régime stricte de conservation.

  • Les loups des Carpates

    Les loups des Carpates

    La
    Roumanie compte une des plus grandes populations de loups d’Europe, mais même
    ainsi, l’espèce est menacée à cause du morcellement de l’habitat, du
    braconnage, des conflits avec les chasseurs ou de l’absence d’une gestion de la
    situation par les autorités. Le manque d’un plan de management au niveau
    national et l’absence d’informations concrètes sur la structure et la dynamique
    de la population de loups peuvent conduire à la mise en place de mesures de
    gestion erronées qui affectent l’existence de cette espèce sur le long terme.
    Afin de maintenir une population viable et saine de loups dans les Carpates,
    sur le long terme, l’Agence pour la protection de l’environnement du comté de
    Vrancea (est), en collaboration avec les agences de ceux de Harghita et Covasna
    (centre) et avec une ONG locale, mènent le projet européen WolfLife. Il s’étale
    sur 4 ans, jusqu’en 2018, dans la partie centrale et méridionale des Carpates
    orientales, sur l’étendue de six départements. Bien qu’au niveau national et
    international, les loups soient protégés par toute une série de lois et
    conventions, telles que la Convention de Berne, la Convention Cites, la
    Directive européenne ou la Loi de la chasse, cette espèce continue d’être
    menacée, et le projet WolfLife pourrait améliorer leur situation. Une année
    après le lancement du projet, quelques données importantes ont été collectées
    sur la vie des loups des Carpates.






    Silviu Chiriac,
    chef de projet et expert en conservation des grands carnassiers à l’Agence de
    protection de l’environnement de Vrancea : « Nous avons identifié,
    tout d’abord, la présence de chiens errants dans les habitats peuplés par le
    loup comme étant une menace sérieuse en raison des maladies et de la
    concurrence de ces chiens errants. Nous avons également considéré que le grand
    nombre de dégâts produits par le loup aux fermiers pouvait mener à une escalade
    des conflits entre les fermiers et cette espèce, ce qui pouvait se solder par
    une mortalité élevée parmi les loups. Nous avons pensé aussi que l’image
    négative du loup parmi la population rurale et urbaine de la Roumanie pouvait
    intensifier les conflits à l’avenir aussi. En partant de ces menaces, nous nous
    sommes proposé d’appliquer sur le terrain, dans l’espace des 6 comtés concernés
    (Vrancea, Bacău,
    Mureş, Covasna, Harghita şi Neamţ), des actions concrètes
    de préservation et de protection de cette espèce. »






    Parmi les actions menées
    dans le cadre du projet, un inventaire des meutes présentes sur le terrain a
    été dressé, et aussi de leur mortalité. Les habitudes des loups ont été
    étudiées, en matière d’établissement des territoires et de leur superficie, de
    déplacement des meutes, leur taille ou encore la diète de ces animaux.






    Silviu
    Chiriac: « En ce qui concerne la grandeur des territoires
    et des meutes ainsi que le nombre d’individus dans chacune, nous avons appris
    que les meutes des Carpates de Courbure ne sont pas si fortes point de vue
    nombre que celles d’Amérique du Nord. Ici, la grandeur moyenne d’une meute
    pendant l’hiver les de 3-4-5 individus, alors qu’en Amérique du Nord, les
    meutes de loups peuvent atteindre même 24 individus. La taille des meutes est
    directement proportionnelle à la quantité de nourriture disponible, car même si
    nous avons des populations viables d’espèces de proies (chevreuil, cerf,
    sanglier), elles ne sont pas pour autant si importantes que l’affirment
    les administrateurs des fonds cynégétiques. Nous avons appris
    que les chiens errants représentent 20% des proies des loups. D’où la
    conclusion que soit les chiens errants vivant dans les forêts sont très
    nombreux, ce qui confirme la menace que nous avons identifiée, soit que la
    nourriture traditionnelle des loups, à savoir les espèces d’ongulés, n’est pas
    suffisante. »








    Les informations recueillies grâce au projet
    WolfLife montrent que les chiens errants et les chiens de bergers non
    surveillés ont un impact significatif sur les espèces faunistiques sauvages.
    Pour résoudre ces problèmes, les éleveurs de bétail sont conseillés de renoncer
    aux chiens métissés en faveur des traditionnels chiens de bergers.






    Explications avec Silviu Chiriac: « A compter de mars, le
    ministère roumain de l’Environnement sera l’unique institution européenne du
    domaine à disposer d’un chenil destiné à l’élevage des chiens de berger roumain
    des Carpates. Les exemplaires de cette race homologuée en Roumanie ont fait la
    preuve de leur efficacité en tant que gardiens de troupeaux. C’est un chien
    docile, qui ne s’attaque pas aux hommes et ne s’éloigne pas trop du périmètre
    de la bergerie pour chasser les bêtes fauves. Avec l’aide de cette race, nous
    essayons d’aider les bergers à mieux protéger les enclos. Nous souhaitons
    mettre en place un réseau de propriétaires de chiens de berger. Dans une
    première étape, nous allons leur donner, gratuitement, un mâle et une femelle
    de cette race. Ensuite, les bergers s’engageront, sur la base d’un contrat, à
    prendre soin de cette famille canine et à offrir, à leur tour, des chiots à
    d’autres éleveurs d’animaux. Nous espérons que ce réseau s’élargira et qu’il
    sera vraiment utile aux bergers. »








    Le projet
    WolfLife vise aussi à une meilleure cohabitation entre les loups et les
    habitants, précise Silviu Chiriac: « Dans les 6 comtés concernés par le
    projet, nous avons créé une aire de démonstration, pour montrer aux bergers
    comment réduire les dégâts causés aux bergeries par les loups, les ours et les
    lynx. 6 fermiers de ces 6 départements ont reçu à titre gracieux des barbelés
    électrifiés et toute sorte de systèmes acoustiques et olfactifs qui aident à diminuer les dégâts produits
    par les loups. A partir de l’été prochain, nous y emmènerons des fermiers de
    certaines autres contrées pour de courtes visites leur permettant de voir sur
    place comment ça fonctionne. »









    Les loups jouent un rôle
    essentiel dans le maintien de la viabilité de la faune sauvage et dans
    l’existence d’écosystèmes naturels sains et précieux d’un point de vue
    écologique, scientifique et touristique. Les Carpates roumaines abritent plus
    de 2700 exemplaires de loup. (Trad. Ligia Mihaiescu)