Category: L’invité du jour

  • Alain Fischer, figure de proue de la science contemporaine

    Alain Fischer, figure de proue de la science contemporaine

    Nous parlons sciences, recherche et vaccination à l’occasion de la visite en Roumanie, du professeur Alain Fischer, figure de proue de la science contemporaine, invité par l’Académie roumaine des scientifiques.

     

    Universitaire, médecin et chercheur de renommée mondiale, le professeur Alain Fischer est l’une des personnalités les plus influentes dans le domaine de l’immunologie et de la médecine génétique. Au cours d’une carrière impressionnante, il a révolutionné le traitement des maladies immunodéficientes grâce à ses travaux pionniers en thérapie génique et est considéré comme l’un des architectes de la nouvelle ère de la médecine personnalisée. Les travaux du professeur Alain Fischer ont ouvert de nouveaux horizons dans le traitement des maladies auto-immunes et inflammatoires, influençant la recherche mondiale en immunologie.

     

    Alain Fischer a été aussi l’un des principaux architectes de la stratégie de vaccination de la France durant la pandémie, apportant une expertise scientifique essentielle en matière de santé publique.

     

    La Roumanie bénéficie ainsi de la présence d’une personnalité de premier plan dont l’expertise contribuera au renforcement des relations académiques et scientifiques entre la Roumanie et la France.

     

    Au micro de Dan Sterian de Radio Roumanie Régionale, Alain Fischer parle des points forts de sa carrière, de sa visite en Roumanie, de la coopération scientifique et médicale roumano-française, et surtout de l’importance de la vaccination en tant que principal instrument dans la lutte contre les maladies graves.

     

     

  • Hommage aux compositeurs qui ont péri dans la Shoah

    Hommage aux compositeurs qui ont péri dans la Shoah

    Le 27 janvier 2025 le monde entier a marqué les 80 ans écoulés depuis la libération du camp nazi de concentration d’Auschwitz. L’occasion de ramener les horreurs de l’Holocauste dans l’attention publique et d’insister sur l’importance que cette histoire ne se répète jamais. Les hommes politiques et les derniers survivants de la Shoah n’ont pas été les seuls à en parler en cette fin janvier.

     

    Parmi les artistes, par exemple, le pianiste franco-roumain Dimitri Malignan se donne pour mission de faire vivre les créations des compositeurs qui ont péri dans l’Holocauste.

     

    Six millions de juifs ont été tués par les nazis et leurs collaborateurs entre 1941 et 1945, dans toute l’Europe. Les musiciens ont été aussi touchés, comme n’importe qui d’autre. On peut compter au moins 36 compositeurs qui ont été assassinés dans la Shoah ; des centaines d’autres ont été persécutés, emprisonnés ou contraints à l’exil. Certains d’entre eux étaient des compositeurs très connus avant la guerre, d’autres étaient de jeunes talents prometteurs.

     

    C’est pourquoi le projet « Missing Voices » de Dimitri Malignan a pour objectif de restituer et partager avec le grand public les vies et œuvres des compositeurs assassinés dans les camps de concentration nazis. Ces personnes ont subi une double peine, selon Dimitri Malignan : « elles ont été assassinées dans les conditions les plus atroces, et leur musique a été la plupart du temps complètement oubliée par la suite.»

     

    Le 27 janvier, l’Ambassade de Roumanie en France a donc accueilli un événement censé rendre hommage à ces artistes disparus et méconnus mais dont l’œuvre n’est pas moins importante. Au programme récitation de textes et poèmes de Benjamin Fondane (1898-1944) en introduction par Maïa Brami et interprétation d’œuvres de Pál Hermann, Daniel Belifante, Henriette Bosmans, Leo Smit par le pianiste franco-roumain Dimitri Malignan et la violoniste Sarah Bayens.

     

    Au micro de Daniela Coman, correspondante de Radio Roumanie à Paris, Dimitri Malignan parle de l’importance de son projet et de ses racines roumaines.

     

     

     

  • Eric Chacour, un économiste écrivain

    Eric Chacour, un économiste écrivain

    Né à Montréal de parents égyptiens, Éric Chacour a vécu entre la France et le Québec (Canada). Diplômé en économie appliquée et relations internationales, il travaille dans le secteur financier.

    En 2024, il remporte le Prix des 5 continents de la Francophonie pour son premier roman, « Ce que je sais de toi », également sélectionné pour le Prix Renaudot et le Prix Femina.

    Le livre a été traduit ou est en cours de traduction dans une quinzaine de langues et la version roumaine devrait sortir chez Humanitas.

    Un fragment de son roman « Ce que je sais de toi » a fait l’objet de la 15e édition du concours national de traduction « Mot à monde » organisé par l’Institut français de Roumanie à Cluj, qui a réuni 164 étudiants de 19 universités de Roumanie et de la République de Moldavie. L’auteur a été présent à la mi-novembre à Bucarest pour plusieurs réunions avec les passionnés de littérature de Bucarest et de Cluj.

     

    Eric Chacour est au micro d’Eugen Cojocariu pour RRI.

    Audio Player
  • La Roumanie vue par Léa Marest Buisson, stagiaire à RRI

    La Roumanie vue par Léa Marest Buisson, stagiaire à RRI

    RRI est fière d’accueillir chaque année des stagiaires francophones, de leur faire part de nos techniques de journalistes francophone et de partager avec eux notre amour pour la Roumanie et pour la langue française. Notre invité d’aujourd’hui a passé un mois au sein de notre rédaction de Bucarest, elle s’appelle Léa Marest Buisson et nous l’avons invitée au micro pour nous parler de son expérience roumaine – journalistique et personnelle. Voici ce qu’elle nous a raconté juste avant son départ, à la fin de son stage.

     

  • Quelles priorités pour la politique de cohésion de l’UE?

    Quelles priorités pour la politique de cohésion de l’UE?

    Sous la devise « Donner aux régions les moyens d’agir », des milliers de représentants d’administrations et d’autorités locales et régionales, des institutions européennes, de jeunes responsables politiques, d’universitaires, d’ONG et du secteur privé se sont réunis du 7 au 10 octobre à Bruxelles pour partager leurs connaissances, leurs expériences et leurs idées sur la manière de faire progresser les aspects pratiques et territoriaux liés à la politique de cohésion.  C’est la mission de la 22e édition de la Semaine européenne des régions et des villes. C’est la plus grande manifestation annuelle consacrée à la politique régionale. Depuis sa première édition en 2003, chaque année, quatre jours durant, les régions et les villes mettent en valeur leur capacité à créer de la croissance et des emplois et mettre en œuvre la politique de cohésion de l’Union européenne.

     

    A occasion de la Semaine européenne des régions et des villes, Eugen Cojocariu s’est entretenu avec Younous Omarjee, vice-président du Parlement Européen sur les priorités de la future Commission européenne en matière de politique régionale, avec un regard plus particulier sur la Roumanie.

     

     

     

  • Victor Ioan Stoian : créer des jeux vidéo éducatifs en français

    Victor Ioan Stoian : créer des jeux vidéo éducatifs en français

    Organisé en commun par le Centre francophone pour l’Europe Centrale et Orientale (CREFECO), le Bureau régional de l’AUF en Europe Centrale et Orientale, l’Université “Politehnica” de Bucarest et la société Serious Evo International, le Hackathon “Jeu parle français” 2024 a désigné ses gagnants au début du mois de septembre. Trois projets ont occupé le podium de cette édition du concours de création de jeux vidéo en langue française de type jeu sérieux : le Vietnam est monté sur la plus haute marche, suivi par l’Albanie – deuxième et la Roumanie en troisième position.

    C’est Victor Ioan Stoian, jeune étudiant en première année à la Faculté d’ingénierie en langues étrangères de l’Université bucarestoise Politehnica, que nous avons invité à nous parler du projet qui a eu la médaille de bronze, pour ainsi dire. Sa participation à l’édition 2024 de ce concours de création de jeux vidéo en français n’est pas due au hasard, puisqu’à l’Université Victor Ioan Stoian veut se spécialiser en Ordinateurs et technologie de l’information en langue française. Il répond aux questions d’Ileana Taroi.

     

  • Grégory Rateau, un débat sur la poésie en Roumanie et en France

    Grégory Rateau, un débat sur la poésie en Roumanie et en France

    Aujourd’hui nous parlons de la Roumanie et de la France et de leur relation avec la poésie. Nous profitons de la parution récente d’un recueil intitulé « Le pays incertain », écrit par Grégory Rateau, poète, écrivain et journaliste français qui vit et travaille depuis un bon moment déjà en Roumanie. Ensemble, nous jetons un regard très personnel sur les sources d’inspiration d’un poète, nous réfléchissons sur l’état actuel du marché de la poésie en Roumanie et en France et nous essayons de regarder encore plus loin et anticiper en quelque sorte l’avenir de la poésie. Bonne écoute!

     

  • Mukul Pal (Inde)

    Mukul Pal (Inde)

    Venu pour faire ses études universitaires à Cluj

     

    Né à New Delhi, Mukul Pal, suit ses études d’abord à l’Université de Delhi, puis dans une école de commerce à Hyderabad, avant d’obtenir une maîtrise à l’université Babeș-Bolyai de Cluj, en Roumanie, et de suivre des cours post-universitaires dans le bine célèbre Massachusetts Institute of Technology de Cambridge, aux Etats-Unis. Spécialisé dans les marchés financiers mondiaux et la gestion de placements, Mukul Pal vit désormais à Toronto, au Canada. Mais c’est surtout ses 15 années de vie en Roumanie, qu’il a passé pour la plupart dans la région de Cluj, qui nous intéressent aujourd’hui.

     

    Pourquoi la Roumanie ?

     

    Mais tout d’abord, pourquoi avoir choisi la Roumanie :

    Mukul Pal : « C’est drôle, mais j’avais toujours agi de manière spontanée, parfois impulsive. J’ai rencontré quelqu’un à Mumbai, nous nous sommes sentis très proches, et c’était pour moi comme un signe que le moment était venu de fonder une famille. J’ai dit à ma mère que j’avais rencontré une fille et qu’elle vivait en Roumanie, que nous avions la chance de fonder une famille. Après deux ou trois mois, je l’ai suivie en Roumanie pour rencontrer à mon tour sa famille. C’était ainsi que j’ai débarqué en Roumanie, un peu par hasard. »

     

    Quand avez-vous déménagé en Roumanie et comment avez-vous trouvé la vie ici ?

    Mukul Pal : « La première fois, c’était en septembre 2004, et ce fut comme un choc culturel. Le paysage était différent de ce que je connaissais en Inde, à Mumbai, les gens étaient très différents, la culture du pays était pour moi étrange. Bucarest me paraissait triste, morose, les traces de la période communiste étaient encore très présentes. Cluj en revanche me paraissait différent, c’était presque un autre pays. J’avais somme toute des difficultés à m’y faire, à m’adapter à ce nouvel environnement. »

     

    Un Indien parmi des Roumains

     

    Mukul Pal lancera toutefois bientôt son affaire, il acquiert des propriétés, se fait des amis. Mais quel regard portaient les Roumains sur cet Indien qui débarquait ainsi dans la ville de Cluj ?

    Mukul Pal : « Après la première année de vie en Roumanie, je me suis rendu compte que je devais reprendre ma vie en main, en faire quelque chose. J’ai débarqué à Cluj en 2005, alors que les Roumains étaient encore très peu habitués à croiser des étrangers dans la rue. La ville de Cluj d’alors était encore loin de la ville foisonnante et cosmopolite d’aujourd’hui. Les employeurs n’étaient pas habitués à voir un étranger débarquer chez eux pour postuler à un emploi. Les étrangers étaient des investisseurs, pas des employés. C’était une posture inhabituelle pour un étranger que la mienne. Je me suis mis alors à mon compte, lançant une petite société de conseil. Je suis spécialisé dans les marchés des capitaux, je bénéficie d’une expérience de 25 ans, il m’était facile de faire du conseil spécialisé dans ce domaine. J’ai fait finalement déménager ma société de Mumbai à Cluj. C’était plutôt facile d’ouvrir une entreprise de conseil. Il est vrai aussi que les six premiers mois ont été difficiles parce que nous ne savions pas comment faire, quoi faire, mais une fois passé ce délai les choses sont allées de l’avant ».  

     

    Mukul Pal a par la suite fondé plusieurs sociétés, mêlant ses passions pour la la psychologie, la finance et les mathématiques. Il est même parvenu à introduire une innovation financière à la bourse NASDAQ et possède une entreprise spécialisée en intelligence artificielle. Passionné de jazz, il demeure un inconditionnel de semi-marathons.

     

    La Roumanie, aujourd’hui

     

    Mais à quoi ressemble la Roumanie aujourd’hui ?

    Mukul Pal :« En sanskrit, l’ancienne langue de l’Inde, on dit que la terre est notre maison. J’ai fait mienne cette philosophie. Extrapolant, la Roumanie a été ma maison. J’ai eu la chance de vivre en Roumanie, dans les collines de Transylvanie, et c’était un bonheur, un cadeau de Dieu. Je me suis enrichi de cette expérience. Lorsque je vivais en Transylvanie, je rendais tous les jours grâce à Dieu pour cette vie simple, une vie facile, où je me trouvais entouré des gens de cœur, des gens simples, comme je n’en ai pas vu à New Delhi ou à Mumbai. J’ai depuis rencontré ce mode de vie ailleurs en Inde, car l’Inde est aussi un pays très spirituel, mais Mumbai et Delhi sont de grandes villes. Vous savez, lorsque quelqu’un passe près de 14 ans de sa vie dans un endroit, c’est qu’il est chez lui là-bas. Et puis je me suis fait des amis là-bas et j’ai mon équipe qui travaille à Cluj, à Hunedoara, à Alba. Je suis toujours en lien avec beaucoup de gens qui travaillent en Roumanie dans le domaine financier, dans le domaine des marchés, avec des économistes. Pour moi, Cluj est devenue ma maison, et je souhaiterais être enterré au cimetière de Cluj. »

     

    À la fin de la discussion, j’ai demandé à Mukul Pal s’il avait remarqué quelque chose qui n’allait pas si bien en Roumanie et qu’il aimerait voir changer…

     

    « Je n’ai pas eu de mauvaises expériences. J’ai toujours été très heureux et très satisfait de ma vie en Roumanie, ce fut pour moi une expérience de vie pour ainsi dire sans reproches. Je ne changerais rien de ce qu’est la ville de Cluj, la vie à Cluj. J’y ai vécu et travaillé bien mieux qu’à Mumbai, car à Mumbai les distances sont très longues et je devais voyager chaque jour une ou deux heures en train. Les innovations que j’ai réalisées n’auraient pas été possible si je n’avais pas vécu à Cluj. Cette ville a énormément compté dans ma vie et pour ma carrière ». (trad. Ionut Jugureanu)

  • Borja Mozo Martin

    Borja Mozo Martin

    Borja Mozo Martin, né à Madrid, vit et travaille en Roumanie depuis 2016. Devenu philologue après des études universitaires et postuniversitaires suivies à l’université Complutense de Madrid, il devient rédacteur et traducteur littéraire, spécialisé en littératures française et espagnole. Son parcours professionnel l’amène vivre d’abord en France, où il enseigne pendant 10 années la langue et la littérature française dans plusieurs universités, avant de découvrir les lettres et la littérature roumaines et de commencer sa collaboration avec l’institut Cervantes de Bucarest. Il se lance dès lors à faire connaître la littérature roumaine contemporaine en Espagne, traduisant les romans Intérieur Zéro de Lavinia Braniște, L’on entendait la stridulation des grillons de Corina Sabău, L’impossible l’art de la fugue de Dumitru Țepeneag ainsi que le Dictionnaire onomastique de Mircea Horia Simionescu. A l’heure de notre interview, il planchait sur la traduction en espagnol d’un roman de Dan Lungu, La petite fille qui jouit au Dieu. Mais comment s’est-il passionné des lettres roumaines ?

     « Cette littérature roumaine contemporaine m’intriguait. Et pour y avoir accès, je me suis d’abord penché sur la langue roumaine. Cette découverte de la langue d’abord, de la littérature ensuite fut passionnante. Les classiques de la littérature roumaine étaient déjà accessibles en espagnol, grâce à des traductions réalisées entre les années 70 et 90, jusqu’en 2000 en Espagne. 

    Vous savez, les traducteurs des œuvres littéraires effectuent un travail remarquable. Alors qu’ils sont peu nombreux, ils parviennent non seulement à faire traduire l’œuvre en tant que telle, mais ils deviennent ses principaux promoteurs et, plus largement, de la littérature d’un pays dans leur pays d’origine. Quant à moi, j’ai été attiré depuis mes plus jeunes années par la littérature française, par la culture française. Et c’est par ce biais que j’ai découvert le monde de l’exile roumain parisien et sa place paradoxale dans la culture française des années 70 et 80.     

    Je me suis dès lors intéressé de plus près à ces personnalités parisiennes d’origine roumaine, à leur place dans la culture française, à la trace qu’ils y ont laissée. Je parle évidemment de Monica Lovinescu, de Dumitru Țepeneag, de Mircea Eliade, des autres personnalités culturelles d’origine roumaine qui ont marqué d’une manière ou d’une autre la culture française de l’époque. C’est de là qu’a démarré mon intérêt pour les lettres roumaines, pour les écrivains roumains. J’ai voulu apprendre davantage sur ces gens, sur leurs parcours, sur la manière dont ils sont parvenus à conserver à la fois leur identité culturelle roumaine et à influer la culture française, comment ils sont parvenus à constituer une vraie communauté, à conserver et à faire entendre leurs voix en exile. »  

    Borja Mozo Martin choisit donc de s’établir pour de bon en Roumanie en 2016.  Mais quelles furent les raisons de cette décision somme toute tellement importante dans la vie d’un homme ?

    « J’avais manifesté d’abord l’intérêt de tout lecteur à l’égard de la littérature roumaine contemporaine. Une littérature qui parvient à faire connaitre l’univers spirituel de la Roumanie d’aujourd’hui. Et puis, je me suis rendu compte qu’en dépit de la proximité linguistique et culturelle avec la France et l’Espagne, la Roumanie demeurait quasiment inconnue en Occident. Et j’ai trouvé là un peu ma raison d’être. Il nous faut connaitre ce qui se passe ici, en lisant, en écoutant la radio, car je suis aussi un auditeur passionné des émissions radio. Alors, ce projet un peu fou de m’établir pour de bon en Roumanie a pris corps peu à peu dans ma tête. J’ai pris ensuite part à un programme d’échanges universitaires organisé en partenariat par le ministère des Affaires étrangères de Madrid et le ministère de l’Education nationale de Bucarest. C’est grâce à ce programme que des universitaires espagnols ont pu venir enseigner dans des universités roumaines. J’y suis venu en 2016 et j’ai enseigné pendant trois années à Bucarest. En 2016 je ne suis pas venu avec l’idée de continuer ma vie ici. Mais en découvrant de près cette Roumanie à laquelle je rêvais depuis des années, j’y ai été fascinée. Et puis, mon processus d’intégration dans la société roumaine a été plutôt aisé et bien agréable. »   

    Mais quels aspects de la Roumanie d’aujourd’hui ont tant fasciné le traducteur Borja Mozo Martin ?

    « Je ne pense pas que je sois un cas singulier vous savez. Sur beaucoup d’étrangers qui viennent d’Europe de l’Ouest, la Roumanie exerce une sorte de fascination. Vous savez, ma génération, ceux qui sont nés dans les années 80 ont bien évidemment entendu parler du communisme, du bloc de l’Est, mais ils ignorent pour beaucoup les mutations qui ont eu lieu après la chute du mur de Berlin. Nous nous sommes tous un peu formés à cette image construite pendant notre enfance sur ce monde qui se trouvait de l’autre côté du mur, un monde méconnu, fascinant, proche et éloigné à la fois, un monde qui n’existe plus aujourd’hui, mais dont les traces sont encore perceptibles.  

    Il demeure en effet, non seulement en Roumanie, mais dans toute l’Europe centrale et de l’Est une réalité différente, fascinante, qui reste à découvrir, et qui constitue le début d’un dialogue extrêmement fécond entre deux cultures, deux mondes, mais aussi un dialogue avec soi-même, car il s’agit aussi d’une opportunité de se questionner sur soi, sur ses réalités, sur ce qu’est l’Europe. La découverte des réalités roumaines fut pour moi une sorte de voyage non seulement dans l’espace et le temps, mais également un voyage vers mon identité d’Européen. »   

    Mais pourquoi avoir choisi de demeurer en Roumanie à la fin de cette période de trois ans d’échanges universitaires ?

    « Je vous le disais, je me suis senti dès le départ très à l’aise, un peu chez moi. Je connaissais déjà la proximité culturelle qui existe entre nos deux pays, entre l’Espagne et la Roumanie. Je connaissais des Roumains qui vivaient en France et en Espagne, je connaissais la Roumanie, certes de loin. Mais dès le départ, je me suis senti très à l’aise, très proche de la société roumaine, davantage encore que lors de mon arrivée en France ou dans d’autres pays francophones que j’ai visités. Cela a été un processus naturel, allant de soi. » 

    Pour finir, nous avons questionné notre interlocuteur sur ce qu’il voudrait voir s’améliorer dans la Roumanie d’aujourd’hui.

    « Ce que je trouve un peu étrange c’est le sentiment que j’ai parfois en Roumanie que les gens valorisent trop peu la solidarité, le vivre ensemble, que l’on assiste à un regain de l’individualisme, ce qui est contreproductif. Pour moi, originaire d’Europe occidentale, où l’intérêt collectif est mis en valeur et défendu, il m’est difficile de m’y faire. Et j’aimerais que l’on puisse assister à un changement de paradigme en Roumanie aussi, et que les Roumains puissent apprécier et choyer davantage le bien commun et l’intérêt collectif. »   

    (Trad Ionut Jugureanu)

  • Darko Jovik (Macédoine du Nord)

    Darko Jovik (Macédoine du Nord)

    Darko Jovik, né en Macédoine du Nord, à Veles, monte dans la capitale, à Skopje, pour suivre des études en droit. Après un passage de neuf ans, entre 2004 et 2013, aux États-Unis, dans le New Jersey et à Chicago, où il rencontre sa future épouse, une Roumaine originaire de Cluj, il s’établit en Roumanie, à Cluj même, en 2013, où il va fonder en 2015 une brasserie artisanale. Il nous raconte le début de sa vie en Roumanie, dans la ville natale de son épouse, à Cluj.

    « Je ne me suis pas senti dépaysé. Culturellement, je trouve que la Roumanie et la Macédoine du Nord sont assez proches.  Mon premier étonnement fut de constater que la Roumanie d’alors était presque dépouvue d’autoroutes. J’ai atterri à Bucarest et j’ai dû rejoindre la ville de Cluj par des routes nationales, en piètre état. Ensuite, nous nous sommes installés chez mes beaux-parents, dans la même cour. Cette immersion m’a beaucoup aidé à comprendre la culture et a facilité mon apprentissage du roumain. Cluj est une ville assez internationale, il y a beaucoup d’étrangers, et puis, après avoir appris la langue, il m’a été facile de nouer des liens avec les gens du pays. »

    Après presque une décennie de vie aux États-Unis, Darko Jovik est arrivé en Roumanie. Nous lui avons demandé comment il avait trouvé la vie ici, comment il avait décidé d’ouvrir cette petite brasserie artisanale et comment allait son affaire.

    « Déjà, ma Macédoine natale est un pays plus étriqué et, de toute évidence, plus pauvre que l’Amérique du Nord. La Roumanie est un peu entre les deux. Les grandes villes roumaines, Bucarest, Cluj, sont des endroits qui ont connu un essor économique foudroyant ces dernières années. Il y a d’évidence un grand écart entre la qualité de vie qui est de mise dans ces grandes villes et le reste du pays. Il fait bon vivre ici, mais la vie est chère. D’autre part, l’on dispose de plus de temps pour soi, pour sa famille ici, en Roumanie, qu’aux Etats-Unis. Mais il faut savoir jouer sur cet équilibre entre vie privée et vie professionnelle. C’était d’ailleurs notre idée de départ : monter une affaire à taille humaine, qui nous permette d’une part de vivre décemment, mais qui nous offre aussi l’opportunité de nous ménager un temps de qualité pour notre vie de famille, plutôt que d’être obligés de rester assis au bureau ou dans les embouteillages pendant des heures jusqu’à ce que nous rentrions à la maison. Quant à la brasserie, elle avait démarré sur les chapeaux de roues. Mais après la pandémie les choses sont devenues moins roses, avec les hausses des prix dans l’énergie notamment. Nous espérons cependant que cette année sera un peu meilleure. »

    Nous avons demandé à Darko Jovik ce qu’il aimerait pouvoir changer en Roumanie.

    « C’est une très bonne question que la vôtre. La première chose qui me vient à l’esprit serait d’améliorer la prévisibilité fiscale. Moi, en tant qu’entrepreneur, je suis durement impacté par le moindre changement en la matière. Or, voyez-vous, le code fiscal a été modifié à dix reprises depuis que j’ai fondé mon entreprise. C’est très malsain. Et c’est la première chose à améliorer selon moi. Nos politiciens ne nous aident pas et nous n’en avons pas nécessairement besoin, nous avons juste besoin d’eux pour maintenir la stabilité au niveau macroéconomique, pour assurer une meilleure prévisibilité en matière fiscale. Les jeunes devraient se sentir plus concernés par l’avenir du pays, s’impliquer davantage, ne fut-ce qu’en allant voter. Or, voyez-vous, c’est surtout les gens d’un certain âge qui vont aux urnes, c’est eux qui décident de l’avenir du pays. Il faudrait changer la manière d’appréhender la politique, la manière dont on s’y investit. Or ces choses-là, ça prend du temps, cela peut prendre toute une génération. »

    Darko Jovik est papa d’un petit garçon de presque 6 ans. Je lui ai demandé ce qu’il voulait pour son enfant : le voir grandir et se construire un avenir en Roumanie, ou préfère-t-il l’encourager à tenter sa vie à l’étranger ? Aujourd’hui, la Roumanie est-elle votre maison ?

    « Oui, je me sens chez moi. Le fait que j’ai vécu dans trois pays jusqu’à présent me fait dire que votre maison est là où votre famille se sente chez elle. En même temps, quand j’arrive en Macédoine, je me sens aussi chez moi. J’ai de la famille en Macédoine, des gens qui me sont chers.

    Quant à l’avenir de mon enfant, votre question me met dans l’embarras. Peu de parents seraient en mesure de donner une réponse à cette question. Nous ignorons ce que l’avenir nous réserve. Certes, des villes comme Cluj, peut-être Timișoara, Bucarest certainement peuvent se prévaloir d’une bonne qualité de vie, des opportunités qu’elles offrent.  Encore faut-il trouver un bon travail, bien gagner sa vie et puis savoir gérer le stress inhérent au rythme d’une grande ville. De toute manière, il est bien trop tôt pour envisager un tel choix. Mon fils vient seulement de débuter sa vie d’élève. Certes, nous essayons de lui offrir autant d’opportunités que possible, lui faire connaître et vivre plus que ce que nous avons eu, et nous espérons qu’il saura faire ses propres choix le moment venu. C’est le plus important. »

    S’il devait pouvoir réaliser un échange culturel entre ces pays chers à son cœur, la Roumanie et la Macédoine du Nord, que pourraient-ils s’apporter l’un à l’autre ?

    « Ce sont deux pays très proches à bien d’égards. En termes culturels, en cuisine, en musique, dans la manière de vivre. Le fait que la Macédoine soit un pays légèrement plus petit fait qu’il a un air plus convivial, plus familial. On passe aussi plus de temps en famille. Cluj, ma ville d’adoption, finit par être très peuplée. Il faut planifier si on veut aller quelque part, mais c’est normal, je pense. Avec la croissance de la ville, c’est un peu normal. A l’inverse, je ne sais pas si j’apporterais quelque chose de Roumanie en Macédoine, car je n’ai pas l’intention de retourner en Macédoine. Ma vie en ce moment est ici et continue ici. Je n’ai pas l’intention d’y retourner. » (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Andrea Fogliazza (Italie)

    Andrea Fogliazza (Italie)

    Pourquoi la Roumanie ?

     

    Andrea Fogliazza vient d’Italie, et plus précisément d’un village italien situé à proximité de la ville de Parme. Devenu bucarestois d’adoption depuis de nombreuses années, il a ouvert sa propre entreprise et donne des cours de conduite défensive.

     

    Mais pourquoi a-t-il choisi de venir s’installer en Roumanie ?

    Andrea Fogliazza : « Je suis arrivé en Roumanie pour la première fois en 2002, puis je me suis progressivement décidé à m’installer ici à partir de 2009. Ce n’est qu’en 2013 que j’ai ouvert mon entreprise. Dans le passé, j’étais passionné par la moto, j’étais un inconditionnel de la moto, puis j’ai eu un accident un peu compliqué et je suis passé à la voiture. Lorsque je suis arrivé en Roumanie en expat je m’occupais d’informatique et des services informatiques pour le compte d’une multinationale. Entre-temps, nous avions présenté un projet à la BMW en Allemagne, un projet qu’ils ont approuvé en 2012 puis, en 2013, nous avons démarré la collaboration. Avant 2002, je travaillais déjà dans la société mère italienne, dans son siège de Modène, en informatique. Et déjà à l’époque l’on pouvait constater une forte augmentation du nombre d’informaticiens roumains, tandis qu’en Italie, il était dévenu difficile de dénicher des personnes spécialisées dans ce domaine. Et c’est ainsi que mon entreprise de Modène a choisi d’ouvrir sa première succursale en Roumanie, dans la ville de Cluj. 

    Quant à moi, je me suis engoufré dans cette niche : le développement de logiciels. L’entreprise a progressivement pris son envol, et d’une entreprise qui comptait initialement 15 employés, nous sommes arrivés à 100, puis 200, puis 500, jusqu’à atteindre 1.200 employés répartis dans trois filiales, à Iași, Oradea et Bacău. Je suis arrivé en Roumanie à cette époque, en 2002, lorsque l’expansion démarrait. Ce fut une belle aventure. Je suis né en 1973, et j’ai vécu, jeune, de très belles années en Italie. De 1983 à 1998 disons, c’était probablement la plus belle période de l’Italie moderne. Il y avait beaucoup d’enthousiasme, les gens travaillaient, il y avait une forte croissance économique, il y avait beaucoup d’argent sur le marché, de nombreuses entreprises qui se développaient. Et j’ai grandi dans un environnement où les gens étaient heureux, on socialisait, on se retrouvait autour d’un café le soir, nous nous asseyions là pour raconter des histoires, nous parlions jusqu’au petit matin. A partir des années 2000, 2002, le vent a tourné. Il y avait des signes avant-coureurs des crises à venir, les gens ne sortaient plus autant, l’esprit communautaire s’effilochait.

    Ensuite, lorsque je suis arrivé en Roumanie, que je marchais dans le vieux centre de Bucarest ou à Iași, dans le quartier Copou, j’ai pu ressentir à nouveau cet optimisme, l’air frais de cette envie de vivre avec ce qu’on avait. Vous pouviez rester trois heures devant une bière, deux heures devant un café. Et d’une manière ou d’une autre, j’ai retrouvé exactement la même ambiance que j’avais connue en Italie dans ma jeunesse, cette capacité à s’amuser avec des amis, à raconter des histoires avec des amis, que l’on ait de l’argent ou pas. Goûter aux plaisirs simples de la vie. »

     

    La Roumanie, un nouveau chez soi

     

    Andrea Fogliazza a été séduit par la Roumanie. Il s’y est établi, a fait sa vie et a bâti sa carrière dans son pays d’adoption.

    Mais qu’est-ce aujourd’hui la Roumanie pour lui ?

     

    Andrea Fogliazza : « La Roumanie c’est mon chez moi, c’est ma maison. Mais la Roumanie a à son tour été touchée par la crise financière de 2008. A cause de cette crise, à cause de l’apparition de certaines lois qui ont commencé à entraver le développement de l’entreprise où je travaillais à l’époque, la société mère a décidé de déménager les activités de la filiale roumaine en Albanie. Or, je ne voulais pas quitter le pays, et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à étudier le marché, à voir ce que l’on pouvait faire, et en 2013 nous avons décidé de lancer notre propre entreprise. Puis, à cette époque j’ai rencontré une très belle fille, une Roumaine, qui est aujourd’hui ma femme. En 2018 notre petite fille est née. Pour moi, la Roumanie est aujourd’hui ma maison, d’autant que pendant la période du Covid-19, pendant un an et demi, je ne suis pas sorti d’ici, et que des amitiés solides se sont nouées. J’ai compte beaucoup de très bons amis roumains, alors que j’en compte beaucoup moins d’italiens. 

    Certes, au départ, c’était plus difficile de comprendre la marche des choses. Je parle de la fiscalité, de certaines choses qu’on ne découvre que lorsque l’on entre dans les détails. Mais partout où j’allais, dans n’importe quelle institution dont j’avais besoin, peu importait la raison, l’on me parlait gentiment, il y avait de l’écoute, une volonté de résoudre, de solutionner les choses auxquelles je me voyais confronter. Quant à nous, nous avons essayé d’agir de façon honnête dès le départ, et de faire les choses comme il faut. Nous savions dès le début que l’on voulait bâtir une entreprise qui dure. Aussi, nous avons mis sur pied un plan de croissance. Je viens d’Italie, où l’entreprise est souvent héritée, où elle est le fruit d’une longue tradition. Il n’existe pas cette approche qui consiste à mettre sur pied et développer durant trois années une entreprise pour la vendre au plus offrant et engranger le plus de bénéfices au bout de cette période. Or, je crois qu’il manque aux entrepreneurs roumains cette vision du long terme, de la durabilité. »

     

    Clin d’oeil sur le système éducationnel roumain 

     

    Nous avons demandé à Andrea Fogliazza ce qu’il aimerait voir améliorer en Roumanie.

     

    Andrea Fogliazza : « Ecoutez, je vis en ce moment une situation particulière qui concerne ma petite fille. Ce que je n’aime pas, c’est que ma petite fille suive son parcours scolaire dans une école maternelle privée. Jusqu’à mon arrivée en Roumanie, je ne savais même pas qu’il existait des jardins d’enfants ou des écoles privées, parce qu’en Italie l’on ne va dans une école privée que si on ne veut pas apprendre. Ceux qui veulent apprendre vont à l’école publique, et là-bas vous avez tout ce dont vous avez besoin. Si tu n’en as pas envie, alors tu vas dans une école privée. Mais là où le bât blesse en Roumanie c’est que l’on est pratiquement poussé vers le système privé, alors alors que le système public pâtit du désintéressement de l’Etat et de l’absence d’investissements. Et à l’heure qu’il est je suis en train de discuter avec ma femme à ce sujet, et il se puisse que l’on soit obligé d’envoyer notre fille en Italie pour qu’elle puisse suivre ses cours au sein de l’école publique. Or ce genre de défaillances, cette démission de l’Etat de ses missions fondamentales est perceptible non seulement dans le système de l’éducation, mais aussi dans le domaine de la santé. Pour moi, cela constitue un énorme gâchis. En procédant ainsi, en ségrégant les enfanyts, les gens, l’on perd son identité. La société ne peut exister en l’absence de ces services de base que sont la santé et l’éducation. »

     

    Un sens du civisme qui inspire 

     

    Mais qu’est-ce qu’il apprécie le plus en Roumanie et, surtout, qu’aimerait-il emporter d’ici dans son Italie natale ?

     

    Andrea Fogliazza : « Le sens du civisme politique pour sûr. Je me suis engagé à mon tour lors de ces mobilisations populaires pour la défense de la démocratie et de l’Etat de droit. Et j’ai grandement apprécié la capacité de mobilisation des Roumains lors de ces manifestations. C’était incroyable! En Italie, je n’aurais jamais vu cela, une grande manifestation organisée, comme lors du mouvement « Résistons ! », sur la place Victoriei, c’était impressionnant. Cet esprit de mobilisation. J’ai trouvé incroyablement beau que tout le monde se mobilise et réussisse à faire bouger les lignes. J’apprécie encore cet esprit de convivialité, le fait que les gens savent se rassembler dans le parc, rire, s’amuser, et ce quels que soient les problèmes ou la situation financière auxquels ils se voient confronter. J’apprécie aussi l’endurance des Roumains. J’ai des amis qui travaillent dans des domaines où ils se voient confronter à plein de difficultés. Pourtant, ils font preuve de patience, ils n’abandonnent pas, ils s’accrochent, ils ne lâchent pas. Enfin, l’inventivité. »

     

    Le trafic routier, un grand souci

     

    Enfin, dernière question, qu’est-ce qu’Andrea Fogliazza aimerait apporter de l’Italie à la Roumanie ?

     

    « Si nous parlons, par exemple, du trafic routier, là il y a vraiment un gros souci. Et c’est bien pour cela que j’ai ouvert mon auto-école de conduite préventive. Lorsque je vois certains comportements, certaines situations où je n’étais au fond que spectateur, mais où vous voyez des gens qui s’empoignent au beau milieu d’un carrefour pour le non respect d’une règle de priorité, là j’ai mal. Pourtant, les choses évoluent dans le bon sens vous savez. On le constate lors des événements qu’on organise. Il y a de plus en plus de jeunes qui prennent part à ces événements et ils sont beaucoup plus respectueux, ils conduisent mieux, de manière préventive. Mais il y a encore des situations telles que celle que j’avais mentionné. Il manque encore une certaine déférence, un certain respect à l’égard des autres. Et je crois qu’en Italie, nous accordons plus d’attention au client, à l’usager, à la qualité du service, aux gens, à la façon dont nous saluons les gens lorsqu’ils entrent dans notre magasin, à la façon dont nous leur parlons, et pour tout vous dire je tiens beaucoup à ces formes de civilité. »(Trad. Ionut Jugureanu)

  • Fang Shuang (Chine), baryton à Bucarest

    Fang Shuang (Chine), baryton à Bucarest

    Un baryton chinois à l’Opéra comique pour enfants de Bucarest

     

    Né en Chine, dans la ville de Qingdao, Fang Shuang a suivi des études universitaires au département de chant et des arts du spectacle de l’Université Nationale de Musique de Bucarest, pour devenir baryton. Depuis 2013, il se produit régulièrement sur les planches de l’Opéra Comique pour Enfants de Bucarest, mais également au Théâtre Municipal de Baia Mare ou encore au Théâtre Metropolis de Bucarest. En 2016, le baryton Fang Shuang se voit consacrer au Concours international d’interprétation musicale Vox Artis de Sibiu en recevant le prix spécial Opersanger Studio Wien. Il est aussi familier de l’émission grand public « Les Roumains ont du talent » où il a remporté la troisième place, ancien professeur de chinois à l’Institut Confucius de l’Université de Bucarest.

     

    Pourquoi l’opéra et pourquoi la Roumanie? 

     

    Fang Shuang nous raconte comment il est passé de la Chine à la Roumanie et ce qui l’a attiré vers le métier de chanteur d’opéra.

    « Pour commencer avec la dernière partie de votre question, il faut que je vous dise avoir été emballé par la musique depuis mon plus jeune âge. Déjà à la maternelle, ma mère s’en souvient et je m’en souviens également, j’adorais chanter, alors que j’arrivais encore à peine à parler. De toute manière, je n’ai jamais été très bavard, j’avais toujours été un enfant particulièrement calme. Quoi qu’il en soit, je crois dans la destinée, je crois vraiment que c’était écrit quelque part que j’allais voir mon rêve se matérialiser en Roumanie. C’est un pays que j’adore et auquel je suis très attaché. Mais si j’ai débarqué en Roumanie c’est surtout grâce à mes parents. Ils sont arrivés dans ce pays en 2003, et m’ont fait venir deux années plus tard, en 2005. Pendant ces deux années de séparation, nous ne nous sommes pas vus du tout, financièrement ce n’était pas simple. En 2005, je suis arrivé ici, j’ai commencé à prendre des cours, à apprendre le roumain, ensuite je suis entré dans l’année préparatoire organisée par le ministère de l’Éducation et destinée aux étudiants  étrangers. Puis, en 2006 je suis entré au Conservatoire. »

     

    Ses parents l’ont rejoint en Roumanie

     

    Après avoir pris leur retraite en Chine, les parents de Fang Shuang sont venus commencer une nouvelle vie en Roumanie, et ont fini par ouvrir une entreprise.

    « Vous savez, mes parents ont pris leur retraite relativement tôt alors qu’ils se sentaient toujours d’aplomb et qu’ils voulaient tenter leur chance ailleurs. La première période n’a pas été exempte de difficultés, et financièrement ce n’était pas facile. Au début, pendant toute une période, on a partagé à trois la même pièce. Mais ce fut une expérience pour le moins intéressante. »

     

    Très touché par la gentillesse des Roumains

     

    Fang Shuang est désormais parfaitement intégré à notre société. En fait, il préserve un mix fait de respect des traditions et de la culture de son pays d’origine et des coutumes roumaines qu’il fit récemment siennes. Maîtrisant aujourd’hui parfaitement le roumain, il se rappelle avec une certaine nostalgie le temps où il devait s’orienter dans la rue en demandant sa route aux passants dans un roumain plutôt incompréhensible. Tel ce jour où une fille l’aida à retrouver son chemin, l’accompagnant jusqu’à l’hôtel:

     

    « Vous êtes formidable, je ne sais pas d’où vous tenez cette histoire. Je ne l’ai pas racontée souvent. Mais elle est véridique. En effet, j’étais au début, je ne connaissais pas le roumain, elle ne connaissait pas l’anglais, et j’ai regretté ensuite de n’avoir pas demandé son nom. Voyez-vous, comme elle ne pouvait pas m’expliquer le chemin à prendre, elle a eu la gentillesse de m’accompagner carrément jusqu’à mon adresse, à l’hôtel où je logeais à l’époque. Son geste m’a beaucoup touché. »  

     

    Qu’est-ce que Fang Shuang apprécie en Roumanie ?

    « La Roumanie est aujourd’hui ma maison. Il y a quelques années, nous disions que ce serait notre résidence secondaire. Mais j’ai vécu 15 ou17 ans en Chine et puis en Roumanie au mois de mai je fêterai les 19 belles années depuis que je vis ici. J’ai passé plus de la moitié de ma vie dans ce pays. Et la Roumanie est un pays magnifique, une nature incroyable, la mer, les montagnes, des endroits qu’il vaut la peine d’aller visiter, un pays qu’il faut parcourir et connaître. »  

     

    Des villes un peu trop bondées

     

    A la fin de notre entretien, j’ai demandé à Fang Shuang s’il y avait quelque chose qu’il aimerait voir améliorer dans son pays d’adoption.

    « La Roumanie compte quelques grandes agglomérations urbaines qui connaissent sans doute des problèmes de mobilité, des embouteillages, de la pollution.  La Chine se voit également confronter à ce genre de défis et s’efforce de trouver les meilleures solutions. Des solutions qui pourraient peut-être convenir à la Chine, peut-être moins à la Roumanie, je ne sais pas. Mais je ne puis qu’espérer que ce genre de problèmes spécifique à toutes les grandes villes du monde puisse trouver une réponse adéquate et adapté au contexte roumain. »

    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • La Roumanie vue par Alan LeCunff, ancien stagiaire de RRI

    La Roumanie vue par Alan LeCunff, ancien stagiaire de RRI

    A la rédaction en langue française de RRI, nous sommes fiers d’accueillir chaque année des stagiaires francophones, de leur faire part de nos techniques de journalistes francophone et de partager avec eux notre amour pour la Roumanie et pour la langue française. Notre invité d’aujourd’hui a passé deux mois au sein de notre rédaction de Bucarest, il s’appelle Alan LeCunff et nous l’avons invité au micro pour nous parler de son expérience roumaine – journalistique et personnelle. Voici ce qu’il nous a raconté juste avant son départ, à la fin des deux mois de son stage.

     

     

  • Un documentaire sur le passé communiste des Roumains

    Un documentaire sur le passé communiste des Roumains

    A 24 ans, Manon Orsi visite pour la
    deuxième fois la Roumanie, un pays qui fera l’objet d’un documentaire qu’elle
    prépare dans le cadre d’un Master spécialisé dans la vidéo. Après trois ans d’études
    à la Faculté de Beaux-arts de Valence, avec une mention Arts, Manon décide de s’aventurer
    sur le chemin des arts visuels pour le journalisme. Elle change donc de région
    et elle opte pour un master à Lorient dans le cadre duquel elle veut réaliser
    un film documentaire sur le passé communiste des Roumains. Pour apprendre davantage
    sur son projet, j’ai invité Manon dans le studio de RRI.

  • Pascal Jourdana, co-fondateur de La Marelle, est venu à Iasi, au Festival FILIT

    Pascal Jourdana, co-fondateur de La Marelle, est venu à Iasi, au Festival FILIT

    Co-fondateur de la Marelle, une association à but non lucratif qui soutient la littérature et les projets littéraires, Pascal Jourdana est venu pour la troisième fois au Festival international de littérature et de traduction littéraire de Iasi, à l’invitation de Monica Salvan, responsable des Relations Internationales du FILIT. Ioana Stancescu a fait sa connaissance un soir, dans le hall de l’hôtel Unirea et, elle a décidé d’ignorer le bruit des pas et des voix, pour lui proposer un entretien spontané pour RRI.