Category: L’invité du jour

  • Ruxandra Sartori, amoureuse de la blouse roumaine

    Ruxandra Sartori, amoureuse de la blouse roumaine

    Loin des yeux, près
    du cœur. C’est de cette manière qu’on pourrait décrire les sentiments que
    nombre de ressortissants roumains ressentent pour leur pays natal. C’est aussi
    le cas de Ruxandra Sartori, fonctionnaire européenne vivant à Luxembourg,
    mariée à un Français et qui malgré la distance qui la sépare de la Roumanie,
    continue à nourrir son âme roumaine de manière soutenue. Dernièrement, elle a
    décidé de célébrer la Journée de la blouse roumaine, en apprenant à broder une
    telle blouse à la main auprès de l’association Semne cusute, des Signes cousus.


    Une interview d’Ioana Stăncescu.



  • Raluca Petru, psychologue

    Raluca Petru, psychologue

    Plus d’un tiers de l’humanité a été
    placée deux mois durant en confinement afin d’être mise à l’abri de la
    pandémie mondiale de coronavirus. Une situation sans précédent à fort impact
    aussi bien sur le quotidien des gens, sur leurs familles, mais aussi sur leur équilibre psychologique.


    Même si le dé-confinement s’est produit
    et que les autorités ont levé l’état d’urgence, les risques persistent et la
    vie a du mal à retourner à la normale, malgré le souhait des gens. Comment les
    Roumains se conduisent-ils en cette période et quels ressorts psychologiques
    cache leur comportement, voilà des questions auxquelles Raluca Petru,
    psychologue, essaiera de répondre.

  • Clara Cernat

    Clara Cernat

    Clara Cernat respire la musique. Elle forme un couple avec le pianiste et compositeur français Thierry Huillet, à la vie comme à la scène. Ensemble, en cette période de confinement, ils se laissent inspirer par la musique roumaine et lancent des Rhapsodies dune grande sensibilité et dune grande virtuosité quils vous invitent à découvrir.







  • Ciprian Apetrei, journaliste et écrivain

    Ciprian Apetrei, journaliste et écrivain

    Six journalistes roumains établis dans quatre pays européens – l’Italie,
    la Grande Bretagne, la France et l’Espagne- ont lancé en avril une campagne
    virtuelle censée sensibiliser les Roumains de la diaspora sur les risques qui
    pourraient découler de leur potentiels déplacements en Roumanie dans le contexte
    de pandémie. Parmi les six noms, on retrouve celui de Ciprian Apetrei,
    journaliste roumain et enseignant; établi en Bretagne, auteur du volume
    L’homme à sa fenêtre. Aujourd’hui, il sera avec nous, par téléphone, pour
    discuter ensemble aussi bien de cette campagne que de la façon dont il vit le
    confinement.

  • Cristina Hermeziu

    Cristina Hermeziu

    Cristina Hermeziu, journaliste, traductrice, écrivaine, docteur en philologie, critique littéraire, établie à Paris depuis octobre 2004 quand elle arrive dans la ville des Lumières avec une bourse post doctorale à l’Université Panthéon Assas. C’est par ces mots qu’on pouvait décrire brièvement le parcours de cette Roumaine qui depuis son installation en France n’arrête pas de se battre pour rendre la littérature roumaine encore plus visible. Elle signe des articles dans des publications prestigieuses telles le Magazine Littéraire, La Lettre, ActuaLitté ou encore Hermès, elle publie un recueil de 30 témoignages des Roumains de la diaspora sous le titre « La révolution lointaine», un volume de vers « Paris ne croit pas aux larmes » ou encore le livre « Vue depuis la Tour Eiffel » où son œil et sa plume de journaliste deviennent extrêmement visibles. Dernièrement, Cristina Hermeziu a coordonné un volume dont le titre est fortement d’actualité : « La vie sur facebook. Je like, donc j’existe ». Depuis Paris, par téléphone, Cristina Hermeziu est aujourd’hui en dialogue avec nous.



  • Michele Giove, expat en Roumanie

    Michele Giove, expat en Roumanie

    Michele Giove est originaire de la ville de Bari, du sud de lItalie. Il est conseiller en projets et fonds européens et sest établi en Roumanie en 2015. Mais il avait déjà visité notre pays à plusieurs reprises, envoyé par sa compagnie pour dérouler plusieurs projets.







    Ayant constaté que la Roumanie lui offrait de nombreuses opportunités de développement personnel et que le style de vie y était similaire à celui italien, Michele Giove a décidé dy rester. A lheure où lon parle, il travaille à domicile, comme nombre dentre nous, mais il ne se soucie par trop de la crise économique qui sentrevoit. Au contraire, il espère que la période à venir sera une opportunité de développement professionnel.







    Plus encore, Michele na pas lintention de rentrer en Italie et regarde lavenir dun œil confiant : « Bien sûr, à lire les nouvelles et à parler avec nos amis, on constate que les gens ont peur et que personne ne sait exactement ce qui va se passer. Malheureusement, les restrictions imposées partout dans le monde auront un impact sur léconomie aussi. Je sais quil existe déjà un dialogue entre la Roumanie et lItalie et au niveau de lUE aussi sur les démarches à faire pour réduire limpact de cette crise sur les compagnies et sur la population, et je sais aussi que les spécialistes sont en train de plancher sur un plan concret en ce sens. Mais, à en croire lanalyse de certains économistes, il est possible que les effets soient encore plus graves que ceux de la crise financière de 2008. La compagnie pour laquelle je travaille aide ladministration publique à décider comment dépenser largent public. De mon point de vue, la manière dont les fonds européens seront utilisés aura une importance cruciale dans les années à venir. Par conséquent, nous aurons beaucoup de travail de conseil à faire pour la Roumanie et la Commission européenne, surtout au moment où lon décidera à quoi servira cet argent. On discute déjà et on tente de trouver une formule fonctionnelle pour que les Etats membres puissent utiliser une partie des fonds attribués par la Commission européenne pour soutenir les compagnies et tous ceux qui ont souffert des pertes financières pendant cette période de confinement. Ici en Roumanie, je travaille aussi pour la Commission européenne et pour dautres Etats membres et je pense que mon travail sera encore plus nécessaire dans un proche avenir. »







    Voilà, Michele Giove est un des chanceux qui peuvent continuer à travailler et voir leur emploi se développer. Une fois arrivé en Roumanie, il sest vite adapté à la vie dans notre pays. Une des premières choses quil a remarquées a été lesprit entrepreneur des Roumains et leur manière de se réinventer sans cesse.







    Est-ce une caractéristique qui les aidera à surmonter plus facilement les difficultés qui les attendent ? Michele Giove répond : « Cest une très bonne question. Oui, je crois que cela leur servira. Beaucoup de choses changeront et cette période de restrictions déterminera de nombreuses personnes à repenser leur vie et à réfléchir sur les défis quelles auront à relever prochainement. Jai peur quun changement radical de vie ne soit un trauma pour beaucoup dentre nous, mais jespère vraiment que loptimisme que jai remarqué et le désir dêtre meilleurs resteront de mise. Cest un aspect très important à mon avis. Je suis persuadé quun changement, aussi effrayant quil soit, vient avec de nombreuses opportunités pour ceux qui sauront les voir. Si nous sommes vraiment proactifs, chacun dentre nous pourra trouver une nouvelle chance dans cette période hors du commun. »







    Michele Giove a eu du mal à renoncer à la vie sociale ; sortir avec ses amis ou faire du sport en plein air – cela lui manque beaucoup. Néanmoins, il a compris dès le début de cette pandémie que cest ce quil fallait faire. La compagnie pour laquelle il travaille a pris tout de suite la décision de placer ses salariés en télétravail, ce que Michele apprécie beaucoup.







    Quant à sa famille dItalie, il nous a raconté que : « Toute ma famille et mes amis dItalie vont bien puisquils vivent dans le sud du pays, qui est plus à labri par rapport à ce qui se passe en Lombardie, en Vénétie et en Émilie- Romagne. Tout comme en Roumanie, les autorités locales et les compagnies du sud de lItalie ont suivi ce qui se passait en Chine et ont vite réagi. On a permis aux gens de travailler chez eux, bien avant que cela ne soit décidé officiellement, une décision qui sest avérée très utile, je lespère, pour mieux gérer cette crise. Cela fait 4 semaines déjà que je suis en télétravail. Certes, ce nest pas facile de changer complètement de style de travail et de vie sociale, de ne plus sortir en ville, ni de faire du sport. Je suis en contact permanent avec mes collègues, avec mes amis de Bucarest, mais en réalité je suis tout seul chez moi. Mais je suis confiant que tout passera plus facilement si lon continue comme ça. »





    Le confinement est encore plus difficile en période de fête. Le 12 avril, les chrétiens catholiques ont célébré Pâques. Pourtant personne nest jamais seul tant que la radio existe, affirme Michele Giove : « En fait, je ne suis seul que physiquement. Je sens que nous vivons tous quelque chose qui nous touche tous et je crois que si nous sommes unis, nous pourrons mieux résister. Les fêtes pascales sont très importantes pour moi et, ces 5 dernières années, jai eu la chance de célébrer en Roumanie tant la fête catholique que la Pâque orthodoxe. Jespère que tout le monde trouvera un moment pour contacter sa famille et ses proches ou bien ses amis, pour nous soutenir les uns les autres et nous pourrons tout surmonter, jen suis sûr. »





    Nous remercions Michele Giove pour ce message optimiste et encourageant et pour son amour inconditionnel pour la Roumanie et les Roumains. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Constantin Bălăceanu-Stolnici

    Constantin Bălăceanu-Stolnici


    Nous avons un invité spécial : Constantin
    Bălăceanu-Stolnici, pionnier de la neurocybernétique, médecin neurologue,
    professeur de neuropsychologie et d’anatomie du système nerveux, membre
    honoraire de l’Académie roumaine, membre de l’Académie des Gens de Sciences de
    Roumanie et de l’Académie des sciences médicales de Roumanie, pour ne citer que
    quelques titres.






    Constantin
    Bălăceanu-Stolnici est né en 1923, à Bucarest. Deux décennies durant il a été médecin
    gériatre praticien hospitalier et chef de clinique à l’Institut national de
    Gérontologie, créé en 1952 par la fameuse docteure Ana Aslan. En 1964, l’Organisation
    mondiale de la santé a proposé cet établissement de soins et de recherche comme
    modèle d’institut gériatrique aux pays développés.




    Pour
    commencer, notre invité nous parle de son travail au sein de cet institut et de
    sa collaboration avec Mme Aslan : «
    Ce fut une collaboration très intéressante, fructueuse, bénéfique tant pour moi
    que pour l’Institut. J’y ai passé 25 ans et j’ai même fini par le diriger.
    Cette institution était intéressante du point de vue scientifique, grâce aux
    recherches menées non seulement sur des questions liées à la pathologie, mais
    aussi à la sociologie, à la biochimie, à la biologie du vieillissement. Elle
    était importante aussi d’un point de vue pratique, puisqu’on y soignait des malades. Cet institut
    a traité des milliers de malades âgés, alors que Mme Aslan a eu aussi une autre
    contribution méconnue des autres : une partie de l’Institut a été
    transformée en une sorte de refuge pour les pauvres, les sans-abris, chassés
    des rangs de l’aristocratie roumaine. Ils n’ont pas été cachés, puisqu’il est
    impossible de cacher des gens dans un hôpital public. Mais ils ont été inclus
    dans une sorte de groupe de recherche. Et si on le lui reprochait, Mme Aslan
    répondait tout simplement : « mais qu’est-ce que vous auriez préféré,
    que je fasse des expérimentations sur la classe ouvrière ? ». »






    Il
    s’agit sans doute de la période communiste, lorsque les riches et les aristocrates
    étaient chassés par le régime, alors que la classe ouvrière bénéficiait de plus
    en plus de droits. Mais revenons à notre invité, Constantin Bălăceanu-Stolnici,
    qui a signé plusieurs inventions. Parmi elles, le thermomètre électronique pour
    mesurer la pression intraoculaire.




    Constantin
    Bălăceanu-Stolnici s’en souvient : « A
    l’époque où j’étais assistant de clinique à la section de neurologie, l’on a
    créé un institut très intéressant d’ophtalmologie et d’ORL et on m’a demandé de
    diriger son laboratoire de médecine expérimentale. C’est là que j’ai pratiqué
    la médecine expérimentale, en me penchant, avec mes collègues Brucker et
    Willenz sur des questions liées à la pression intraoculaire. Nous avons voulu
    clarifier certains aspects liés au glaucome. Nos ouvrages ont été publiés et
    largement commentés à l’étranger. Personnellement, je n’ai pas pu voyager, car
    la circulation des Roumains était limitée à l’époque, mais d’autres ont pu le
    faire, comme le professeur Păcuraru de Cluj, qui a présenté nos
    travaux à l’étranger. Puis, au moment où nous avons eu un peu de liberté de
    nous déplacer, j’étais déjà connu à Paris, à la Société française
    d’ophtalmologie ».






    Il
    faut dire aussi que notre invité, Constantin Bălăceanu-Stolnici est un pionnier
    de la neurocybernétique et compte parmi les créateurs du modèle cybernétique du
    neurone.






    Constantin
    Bălăceanu-Stolnici nous en parle : « C’était
    une époque assez difficile. On l’a oublié, mais les débuts de la cybernétique
    se sont heurtés à une forte opposition de Staline contre l’étude de ce domaine.
    Je n’ai jamais compris pourquoi il avait horreur de la cybernétique et pourquoi
    il l’avait définie comme une pseudoscience dangereuse, inventée par les
    capitalistes pour détruire la classe ouvrière. Ce titre avait été spécialement
    choisi pour donner un cadre pénal à cette science. Par conséquent, on ne
    pouvait mener que des recherches clandestines à cette époque-là. Moi, j’ai
    découvert la cybernétique en 1948, lorsque j’ai rencontré le professeur Matei
    Balş, qui m’a donné le livre de Norbert Wiener. C’est ainsi que j’ai commencé à
    travailler dans ce domaine. J’ai aussi rencontré Edmond Nicolau, qui était
    ingénieur et mathématicien, et nous avons travaillé presque 25 ans ensemble
    dans le domaine de la cybernétique. Le modèle cybernétique du neurone a été une
    des premières choses que nous avons réalisées. »









    Une
    vie consacrée aux sciences médicales et à la recherche, Constantin
    Bălăceanu-Stolnici est une figure de proue du monde scientifique roumain. (Trad. Valentina Beleavski)



  • Alina Cicani

    Alina Cicani

    Nous sommes en guerre, a affirmé récemment le président de la France, Emmanuel Macron, en appelant ses compatriotes à la mobilisation générale. Alina Cicani est Roumaine et habite Paris. Connue au grand public pour son film documentaire « La Roumanie d’une dictature à l’autre », diffusé sur la chaîne française de télévision, Public Sénat, Alina a décidé de se mobiliser pour aider son pays d’origine. Confinée chez elle depuis quelques semaines déjà, avec deux enfants en bas âge qui redécouvrent leurs boîtes Lego, un chat et des projets à dérouler, Alina Cicani a décidé de se batailler pour donner un coup de main au système médical de son pays natal. Un système dont les failles n’arrêtent pas de faire peur. A l’heure où l’on parle, les hôpitaux et les médecins de Roumanie manquent d’équipements nécessaires censés leur permettre une prise en charge correcte des malades. Et le nombre de cas d’infection augmente. La situation la plus grave s’enregistre à Suceava où l’entrepreneur Stefan Mandachi a mis en place une collecte de fonds sur le site www1cm.ro. On a téléphoné à Alina Cicani pour apprendre comment la solidarité roumaine fonctionne-t-elle au-delà des frontières et par quels moyens a-t-elle décidé d’aider ses co-nationaux. Une interview d’Ioana Stăncescu.



  • Ayako Funatsu

    Ayako Funatsu

    Ayako Funatsu est née au Japon, près de Tokyo, dans la ville de Yokohama, où elle a terminé le lycée. C’est également là qu’elle a commencé sa carrière, dans une entreprise de produits industriels. A 25 ans, elle a lu dans dans le journal local un article d’actualité sur la Roumanie. C’était dans les années ’90, lorsque les autorités de l’époque invitaient des touristes du monde entier à visiter la Roumanie, un pays très peu connu, mais extrêmement intéressant. Ayako n’avait jamais voyagé seule jusque-là, et cette visite en Roumanie a changé sa vie. Deux semaines durant, elle a voyagé d’un coin à l’autre du pays, de Sibiu à Suceava, pour découvrir des personnes à part, avec lesquelles s’est liée d’amitié. Après sa première excursion en 1995, Ayako est revenue chaque année en Roumanie jusqu’en 2000, lorsqu’elle s’y installe définitivement. Elle a commencé à collaborer avec une agence de voyages en tant que guide pour des groupes de touristes japonais, qui ont visité tout le pays et auxquels elle a montré tout ce qu’il y a de plus beau en Roumanie. Elle parle de son pays adoptif avec un enthousiasme débordant : « La première fois que je suis arrivée ici, c’était en 1995 et j’avais seulement un sac à dos. J’avais 25 ans et c’était pour la première fois que je voyais un pays aussi beau et avec des gens tellement aimables et gentils. J’ai eu la chance de composer moi-même le programme des touristes japonais, et par conséquent je leur ai présenté la Bucovine, un endroit qui me va droit au cœur où je dois absolument faire venir des touristes. Je leur ai parlé de l’histoire de la Roumanie, qui est extrêmement intéressante. Elle m’a beaucoup impressionnée, et en plus, j’ai également été attirée par la langue roumaine. C’est pourquoi, à présent, j’ai l’impression de connaitre l’histoire de la Roumanie mieux que celle du Japon. Les touristes japonais apprécient aussi la cuisine roumaine, puisqu’elle est similaire à la nôtre. Nous aimons beaucoup la cuisine roumaine. Je soulignerais que ce que nous aimons le plus, ce sont les gens, leur hospitalité. Nous trouvons en Roumanie quelque chose que nous avons oublié depuis longtemps. Par exemple, si nous visitons des villages, les gens nous invitent à nous montrer leurs maisons et parfois ils nous invitent joyeusement à partager un repas avec eux. Le Japon aussi est un pays très beau et c’est l’endroit d’où je viens, je ne peux pas dire des choses négatives sur mon pays. Mais la manière dont nous accueillons les gens s’est peu à peu perdue à travers le temps. Une fois arrivée en Roumanie, j’ai découvert que les Roumains nous aident inconditionnellement. Leur ouverture, leurs bras ouverts au maximum sont des choses que nous avons déjà oubliées et lorsque nous arrivons ici, nous nous rappelons que jadis on a eu nous aussi une telle atmosphère agréable. Je crois que nombre d’êtres humains à travers le monde ont oublié toutes ces choses-là et qu’en arrivant en Roumanie on commence à se rappeler qu’elles existaient. Chaque fois que nous visitons le pays, nous sentons cette chaleur humaine et nous arrivons à adorer les sourires des gens des parages. »

    Ayako a étudié la Communication et les relations publiques à l’Université de l’Ouest de Timisoara, puis elle a suivi plusieurs cours internationaux afin de maitriser l’art de l’origami. A présent, Ayako donne des cours d’origami et gère une petite entreprise qui crée des fleurs en papier, mélangeant les techniques japonaise et américaine. Elle collabore avec l’atelier de papier artisanal « Le moulin à papier » de Comana où elle tient normalement un atelier d’origami. A présent, ses cours sont disponibles uniquement en ligne.

    Les traditions chrétiennes-orthodoxes ont conquis Ayako dès son premier voyage en Roumanie, lorsqu’elle a visité le monastère d’Agapia, ainsi que plusieurs monastères et ermitages de Bucovine. A présent, 20 ans après sa première arrivée en Roumanie, Ayako parle le roumain et elle ne cesse d’exercer cette langue quotidiennement. En fait, le roumain est la première langue étrangère qu’elle a apprise et qu’elle souhaite maitriser à perfection. Elle chante des chansons d’amour appelées « romante » en roumain, elle adore l’œuvre du poète Mihai Eminescu, elle lit les ouvrages de Ion Creanga et d’Anton Pann.

    Ayako est souvent vêtue d’une blouse roumaine et célèbre les fêtes roumaines. Ayako Funatsu a aussi un rêve à long terme : elle souhaite consolider son business pour qu’il existe également d’ici cent ans et pour que ses fleurs en papier soient exposées au Musée d’art de la Roumanie. « Lorsque je vous parle, je porte une blouse roumaine et je me sens très à l’aise. En fait, j’ai cinq blouses traditionnelles que je porte chaque jour du lundi au vendredi et à l’occasion des fêtes. Durant les fêtes, je ne peux être qu’en Roumanie. C’est une chose confirmée et reconfirmée à deux ou trois reprises lorsque j’ai quitté la Roumanie avant Noël. Je sentais un certain manque et je me suis rendu compte qu’afin de vivre au maximum ces périodes de fêtes – Noël, le Nouvel an, Pâques – je devais absolument être en Roumanie. Il est très important pour moi d’être ici. Chaque fois à Pâques, je me rends à l’église près de chez moi, à Comana, et j’assiste à la messe toute la nuit. Je me rappelle que la première fois que j’ai assisté à une messe pascale en Roumanie, c’était en 1997, et j’ai passé toute la nuit à l’église de Radauti, consacrée à Etienne le Grand. A l’époque, je ne savais pas pourquoi il fallait passer toute la nuit à l’église. Je me rappelle qu’il faisait très froid et que je ne pouvais pas entrer dans l’église puisqu’elle était pleine de monde. Après m’être installée en Roumanie en 2000, je me suis peu à peu rapprochée de l’église. Je me suis rendue aussi au monastère de Gura Humorului, où j’ai séjourné pendent trois jours et j’ai eu l’occasion de parler aux religieuses et à la supérieure, où je me suis familiarisée avec l’orthodoxie. En 2015, mon amie de Bucarest, qui possède une maison à Comana, m’a fait venir à la petite église de cette commune. Dès lors, j’ai commencé à m’y rendre chaque dimanche. Je me suis rendu compte que je m’y retrouvais et même si je n’arrive pas à comprendre à 100% tout ce que le prêtre dit, j’éprouvais certaines émotions. Je suis designer, je suis artiste et je veux créer un art qui n’existe pas encore dans le monde en développement, ce que je fais ici, en Roumanie. Je ne peux pas oublier non plus l’endroit d’où je suis partie, j’utilise une partie de ce que j’y ai appris et je continue à développer cet art en Roumanie. Je veux réaliser quelque chose de nouveau, un nouvel art. Voici mon rêve pour les 100 prochaines années. Je veux vivre encore au moins 50 ans et je n’imagine même pas de rentrer au Japon. J’ai le sentiment de réussir à réaliser ce que je me suis proposé, mais je dois être ici, en Roumanie, où l’air des lieux me plait et m’inspire constamment. »

    Ayako a été très touchée par ce qui se passe actuellement dans le monde suite à la pandémie de coronavirus. Elle donne des cours d’origami en ligne et imagine de nouveaux modèles de fleurs en papier qu’elle souhaite lancer sur le marché à la fin de cette crise. Elle a tenu à transmettre un message aux auditeurs de RRI. « Je vous remercie de m’avoir écoutée parler mon roumain à l’accent japonais. A mon sens, ce qui se passe est peut-être un épisode répétitif de l’histoire. J’ai appris à toujours avoir des pensées positives et je crois que nous traversons une période très difficile. Je ne sais pas combien elle va durer, c’est quelque chose que je ne peux pas prévoir. La seule chose que je sais, c’est que nous avions besoin de cette période. Je crois que lorsqu’elle se terminera, pas après un mois ou deux, mais après une période plus longue, nous n’allons pas revenir à la situation d’avant, nous allons sans aucun doute nous développer. A mon avis, le monde sera différent, meilleur de beaucoup, un monde que nous devons construire. Nous sommes très chanceux, puisque maintenant nous commençons à construire les fondations d’un monde qui n’a pas existé jusqu’ici, nous avons la chance de le construire à partir de zéro. Pour moi, c’est un défi et j’attends déjà impatiemment que cette période se termine. Une époque meilleure viendra aussi pour tous les artistes. Je prévois un avenir très lumineux. »

  • L’égalité femmes-hommes dans la Roumanie actuelle : défis et perspectives

    L’égalité femmes-hommes dans la Roumanie actuelle : défis et perspectives

    Un nouveau 8 mars, Journée internationale des femmes (ou des droits des femmes), est passée, dans l’ambiance connue des années précédentes, de réunions thématiques, interviews et articles de presse, rappelant les problèmes persistants auxquels se confrontent les femmes sur notre planète. Dans un contexte mondial de crises économiques, politiques, idéologiques, et aujourd’hui également de santé publique, nous sommes amenés à nous interroger sur l’évolution de l’égalité femmes-hommes et des droits fondamentaux des femmes et des filles.Le Centre pour les Politiques de l’égalité des chances de l’Université de Bucarest a proposé une nouvelle édition d’une table ronde qui a permis des témoignages et des échanges autour de ces thèmes. Pour en parler, j’accueille Ionela Băluță, professeure des universités et doyenne de la FSP-UNIBUC, directrice du CPES et enseignante du master « Les politiques de l’égalité des chances en Roumanie et UE ».



  • Le jardin de verre de Tatiana Tîbuleac

    Le jardin de verre de Tatiana Tîbuleac

    Le 5 mars, lors d’un événement accueilli par l’Ambassade roumaine de Paris, les Editions Syrtes ont lancé la traduction en français du roman Le jardin de verre de l’écrivaine moldave, Tatiana Tîbuleac, prix de l’Union européenne de littérature en 2019.

  • Diana Lupu en dialogue avec les ados

    Diana Lupu en dialogue avec les ados

    Diana Lupu est une jeune psychothérapeute qui s’est proposée de créer un espace de dialogue sécurisant pour les adolescents et adapté à leurs besoins. Ainsi, en compagnie de Raluca Anton, Diana Lupu mène actuellement un projet inédit dans plusieurs lycées de Bucarest, qui encourage les élèves à s’exprimer sur les principaux problèmes émotionnels auxquels ils sont confrontés à leur âge.

    Diana Lupu : Le projet Love Is Fun but Complicated est né il y a un an, porté par Raluca Anton et moi-même, et a impliqué une ouverture au public. Nous avons cherché à communiquer avec les gens, à appréhender leur rapport à l’intimité, avec eux-mêmes, et leurs questions à ce sujet. Nous demandons toujours à nos invités ainsi qu’au public quel message ils ont reçu, lorsqu’ils étaient enfants, au sujet de l’intimité et des relations, et ce que leur ont transmis leurs parents en ce sens. Systématiquement, les personnes interrogées nous ont répondu qu’elles n’avaient jamais abordé cette question ou qu’elles avaient eu honte d’aborder ce sujet avec leurs parents. De là nous nous sommes interrogés sur le rôle que nous pouvions jouer dans une situation qui tire son origine dans l’enfance ou dans l’adolescence. Nous nous sommes penchés sur l’adolescence, car il s’agit d’une période tumultueuse, pleine de questions et marquée par l’anxiété.

    C’est avec les élèves du Collège national Gheorghe Lazăr de Bucarest que Diana Lupu a débuté le projet. Les participants et les organisateurs se sont mutuellement surpris par leur courage et leur sincérité.

    Diana Lupu : Nous avons lancé le projet Love Is Fun but Complicated s’invite dans ton lycée avec le Collège national Gheorghe Lazăr de Bucarest, où nous avons eu la surprise de rencontrer 250 élèves. Ils nous ont impressionnés car ils ont fait preuve de curiosité et de courage en osant prendre la parole au micro devant tous leurs camarades. Ils ont parlé de leurs relations amicales, de leurs relations avec leurs professeurs, avec leurs parents et de comment ils abordent certains sujets sensibles avec eux. Cette expérience a été surprenante. Si nous leur offrons un espace dans lequel ils se sentent en sécurité, ils viennent à notre rencontre et se dévoilent. Un tel espace leur offre la possibilité de parler, de s’exprimer et d’obtenir des informations de la part de spécialistes.

    En plus d’instaurer un dialogue avec les adolescents, la psychothérapeute Diana Lupu participe à d’autres projets à impact social. Le plus important est celui qui vient en aide aux femmes victimes d’abus de toutes sortes.

    Diana Lupu : En plus de Love Is Fun, je travaille actuellement sur un autre projet qui me tient à cœur et qui s’intitule Si eu reusesc (Moi aussi j’y arrive), avec l’Association pour la liberté et l’égalité de genre. Ce projet cherche à mettre en avant l’idée de réussite chez les femmes qui ont été victimes de violences et s’en sont sorties, car souvent les médias véhiculent des informations négatives. Ce qui nous préoccupe c’est qu’en Roumanie, une une femme puisse être victime de violences aussi bien physiques que psychologiques, ou encore d’abus financiers, et qu’on lui dise qu’elle ne peut rien y changer. Grâce à ce projet, l’année dernière, nous avons réussi à mettre en place notre premier groupe de soutien, composé de 25 femmes qui sont parvenues à surmonter leur condition et à rompre la spirale de la violence.

    Diana Lupu est persuadée que nous sommes, en général, de plus en plus attentifs aux problèmes auxquels sont confrontés les gens qui nous entourent. Il est cependant essentiel d’agir. Plus nous sommes nombreux à apporter notre soutien, plus nous sommes en mesure d’aider ceux qui en ont le plus besoin.

    Diana Lupu : Il est essentiel que la société en prenne conscience, mais je pense qu’ensuite il faut agir. C’est ce que nous tentons de faire avec ce projet, agir et donner l’impulsion, car cela produit un effet boule de neige. Au depart elle est petite, puis à mesure qu’on la fait rouler elle grandit, jusqu’à devenir énorme. Il en est de même avec les gens. Nous ne nous rendons pas compte que la violence existe. C’est terrible de rester sans rien faire.

    Le pouvoir de faire évoluer les mentalités dans notre société réside dans la volonté des jeunes générations à s’impliquer activement dans leurs communautés respectives.

    Quelle est la façon la plus utile de s’impliquer ? Diana Lupu : Le conseil que je donne est basé sur mon expérience personnelle : le bénévolat. Il faut trouver une association ou une organisation qui partage vos valeurs et vos idées. Dans laquelle vous pourrez vous épanouir et constater que vous pouvez faire quelque chose. Il est important de prendre conscience que ce qui semble être une action minime pour le bénévole est en fait d’une importance capitale. Le bénévolat apporte énormément en termes de développement personnel et de connaissance de soi.

    Depuis le lycée, la psychologue et coach Diana Lupu s’est consacrée à des activités en lien avec l’éducation et l’intégration sociale. Sa mission se poursuit encore aujourd’hui après des adolescents pour qui elle est une amie de confiance. (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Voyages littéraires

    Voyages littéraires

    Après un premier livre consacré à la Roumanie, le jeune auteur français installé à Bucarest, Grégory Rateau, publie un premier roman placé, lui, au Liban. Voyage littéraire dans le studio de RRI.



  • L’auteur jeunesse, Alina Ghimis

    L’auteur jeunesse, Alina Ghimis

    A l’occasion de l’édition 2019 du Salon du livre Gaudeamus, organisé par Radio Roumanie, les enfants ont été gâtés par le large choix de bouquins qui leur a été destiné. Parmi ceux-ci, mentionnons Sacha et le Royaume secret d’Alina Ghimis. Une avocate qui a quitté la Roumanie pour se rendre dans un premier temps, en Italie, avant de s’installer sur la Côté d’Azur, plus précisément à Nice, où elle a commencé à faire de la littérature pour les petits. Son public le plus fidèle fut représenté d’abord, par ses propres enfants qui d’ailleurs lui ont inspiré l’histoire de Sacha et le Royaume secret.

    Ecrit dans un premier temps en roumain, le livre a été traduit par la suite, en français, par Alina même. La version française est disponible sur amazon.fr. Les enfants vont certainement adorer les péripéties des Maël et Maïa, les jumeaux nés en France qui pendant leurs vacances se lieront d’amitié avec Sasha, un petit garçonnet qui connaît le passage vers un monde secret et plein de mystères, peuplé de sorcières, princesses et autres créatures fantastiques. Qui est en fait, cette jeune maman qui a changé complètement de carrière et de pays, tout en restant extrêmement proche de sa Roumanie natale ? Découvrons Alina Ghimis.

  • Odile Serre – L’amour de la littérature roumaine

    Odile Serre – L’amour de la littérature roumaine

    Odile Serre est éditrice au Seuil, maison dédition historique en France. Présente en Roumanie pour le Festival international de littérature et de traduction FILIT de Iaşi, ses propos et son expérience permettent de mieux comprendre le secteur français du livre. Un marché très compétitif où les auteurs étrangers, notamment, trouvent difficilement une place. Mais la discussion avec elle était aussi loccasion de passer en revue les auteurs roumains publiés au Seuil, ainsi que les raisons de leur publication.


    Une interview dElena Diaconu