Category: RRI Culture

  • Nos recommandations culturelles pour la fin octobre

    Nos recommandations culturelles pour la fin octobre

    D’abord, nous vous invitons au cinéma.

     

    Bucharest Feminist Film Festival

     

    Vous le savez peut-être déjà , en Roumanie, tous les étrangers peuvent aller au cinéma sans problème puisque tous les films sont projetés en version originale avec sous-titres. Seuls les dessins animés sont doublés et même là il y a toujours l’option de voir le film en version originale. Donc, n’hésitez pas, allez au cinéma.

     

    Par exemple, du 17 au 20 octobre, le cinéma du Musée du paysan Roumain de Bucarest propose une nouvelle édition du Festival du Film Féministe – Bucharest Feminist Film Festival. Après les projections, des sessions questions – réponses sont prévues pour tous ceux qui aiment débattre. Arrivé à sa 4e édition, ce festival pas comme les autres invite cette fois-ci à explorer la relation plutôt compliquée des femmes avec leur corps, à démystifier la beauté universelle et à en débattre par la suite au-delà des barrières conventionnelles.

     

    Les films de Cannes à Bucarest

     

    Si vous préférez d’autres sujets, alors sachez que les films de Cannes sont de retour à Bucarest. Du 25 octobre au 3 novembre, ils seront projetés dans les salles déjà consacrées du festival – le cinéma Elvire Popesco de l’Institut Français de Bucarest, le cinéma du Musée du Paysan Roumain, la salle Auditorium du Musée national d’art de la Roumanie ou encore au cinéma de la galerie marchande Baneasa. Vous pourrez même y rencontrer le gagnant du Prix du Meilleur réalisateur de la catégorie Un certain regard, Roberto Minervini, primé pour son film « The Damned». Les courts- métrages n’y manqueront pas non plus, à visionner toujours  au Musée du Paysan Roumain.

     

    « Les films de Cannes à Bucarest, dans ton quartier »

     

    Cette année, le festival veut s’approcher davantage du public et va dans les quartiers de la capitale, du 25 au 31 octobre. Sous le titre « Les films de Cannes à Bucarest, dans ton quartier », les meilleures pellicules présentées sur la Croisette seront projetées dans des salles de cinéma des 6 secteurs de la ville et en plus à titre gratuit ! Et les surprises ne sont pas finies, parce que cette année le public aura droit aussi aux meilleurs titres de la Berlinale ! Un véritable régal pour les amateurs du cinéma ! Les vrais passionnés de film sont aussi invités à s’inscrire aux ateliers qui accompagneront les projections afin d’explorer de plus près les différentes identités culturelles et d’échanger avec des spécialistes de la psychologie, des arts et de la culture. Bref, le festival « Les films de Cannes à Bucarest » se veut bien plus qu’un événement cinématographique, c’est une invitation au dialogue, aux dires de ses organisateurs.

     

    Le Festival national de Théâtre

     

    Nous avons aussi une invitation au théâtre. C’est le Festival national de Théâtre qui a lieu à Bucarest du 18 au 28 octobre, accueilli par le Théâtre national de Bucarest. A l’affiche : des spectacles-lecture proposés par de jeunes créateurs, un module éducationnel avec 10 spectacles qui s’adressent notamment aux élèves ou encore 5 spectacles invités de l’étranger, soit d’Allemagne, d’Irlande, de Pologne et de Belgique. Au menu : danse allemande, marionnettes belges, introspection, réflexions sur les relations entre les générations proposées par un spectacle irlandais ou encore un retour à 1989 au moment de la chute du couple dictatorial roumain Nicolae et Elena Ceausescu dans une production Pologne-Roumanie.

     

    Tout cela à part une liste impressionnante de spectacles roumains présentés dans le cadre du Festival, les lancements de livres ou les différents ateliers et débats. C’est la 34e édition du FNT.

     

    Le festival de la lavande

     

    Enfin, si vous préférez passer un peu de temps en plein air, alors voici quelques événements organisés dans les rues de la capitale roumaine. Au centre-ville, le Festival de la lavande mélange cette fois-ci lavande et citrouille à l’approche de la fête d’Halloween. Les producteurs locaux de produits à base de lavande se donnent rendez-vous du 20 au 22 octobre rue Arthur Verona pour présenter leurs créations inédites.

     

  • « La personnalité de Theodor Aman. Inscriptions, fantaisies et autres excentricités ».

    « La personnalité de Theodor Aman. Inscriptions, fantaisies et autres excentricités ».

    Clin d’oeil sur Theodor Aman

     

    L’exposition est intitulée « La personnalité de Theodor Aman. Inscriptions, fantaisies et autres excentricités ».

    Theodor Aman (1831-1891) était un peintre, graphiste, sculpteur, pédagogue et académicien roumain, fondateur des premières écoles roumaines des Beaux-arts de Bucarest et de Iași (nord-est). Il était également l’initiateur des premiers salons d’art en Roumanie. Il est considéré comme le premier artiste moderne dans l’histoire de l’art roumain.

     

    La commissaire de l’exposition, l’historienne de l’art Greta Șuteu nous explique :

    « L’exposition-événement de cette année au Musée Theodor Aman est une première, car elle ne porte pas l’attention du public sur les créations de Theodor Aman, mais tente de mettre en valeur certains aspects qui peuvent révéler l’homme qu’était Aman. »

     

    Une exposition d’objets personnels

     

    Greta Șuteu nous raconte aussi comment l’exposition a été mise en œuvre :

    « Heureusement le patrimoine du musée contient divers objets personnels de l’artiste et de sa famille, laissés par Mme Aman dès 1904, lorsqu’elle a cédé la maison et toute la collection d’art pour ouvrir le musée. Grâce à ces objets, dont la grande majorité étaient gardés dans les dépôts, nous avons pu reconstituer différentes hypostases de l’homme Aman, à partir desquelles nous pouvons tenter de révéler différents profils. »

     

    Un artiste aux multiples facettes

     

    Quelles sont les facettes de la personnalité de l’artiste Theodor Aman que l’on peut découvrir dans l’exposition et comment sont-elles présentées au public ? Greta Șuteu nous explique :

    « En ordre chronologique, je commencerais par l’enseignant Aman. Il se révèle dans l’exposition en tant que fondateur de l’Ecole des Beaux-Arts et professeur de nos premiers maîtres de la fin du 19e et du début du 20e siècle, surtout à travers des textes, à savoir des fragments de correspondance entre lui et ses élèves, fragments qui sont absolument charmants. Ainsi découvre-t-on un professeur sérieux, mais aussi très proche de ses élèves et de certains élèves fascinés par lui, qu’ils aiment et respectent énormément. Le poète Aman est moins connu par le public. Il a publié quelques poèmes dans « Noua Revistă Română » (Le nouveau magasine de Roumanie). Qui plus est, nous avons été surpris de constater qu’en plus de peindre, Aman était aussi sculpteur. Le musée révèle aussi son activité de musicien puisqu’il jouait du violoncelle. Un autre aspect intéressant est la personnalité d’Aman. L’homme du monde Amman organisait des soirées musicales, mais aussi des bals, généralement masqués, dans cette maison spectaculaire, auxquels tout le gratin de la capitale était invité et qui étaient évoqués dans les journaux du monde entier. Nous disposons de fragments de ces journaux dans lesquels les événements qui se sont déroulés ont été évoqués avec des détails somptueux. Un autre aspect intéressant est le collectionneur Aman. Nous possédons une importante collection d’objets orientaux. Sans oublier Aman le propriétaire, celui qui avait construit cette maison spectaculaire. Enfin, n’oublions pas la personnalité d’Aman, qui s’est révélé être un pilier de la société dans laquelle il a vécu. Le plus important est que nous avons exposé le projet de Theodor Aman pour la couronne royale de Roumanie, à savoir la couronne d’acier. »

     

     

    L’histoire de la couronne royale de Roumanie est fascinante. Le premier roi de la Roumanie après la Guerre d’Indépendance (1877-1878), Carol I, a souhaité une couronne d’acier, et pas une d’or, pour symboliser le courage des soldats roumains dans la Guerre d’Indépendance. Une commission a délégué Theodor Aman de faire le projet de la couronne, qui a été ensuite construite à partir d’un char capturé pendant la bataille de Plevna (30 août 1877).

     

    Le public est attendu à l’exposition jusqu’au 30 mai 2025 de dimanche à mercredi, de 10 à 18 heures. Le site du musée offre plus d’informations sur la maison de Theodor Aman : https://muzeulbucurestiului.ro/muzeul-theodor-aman.html

     

     

  • « Spectrosthesia » : quand l’art visuel est inspiré par la musique classique

    « Spectrosthesia » : quand l’art visuel est inspiré par la musique classique

    Une peintre connu pour ses créations interactives, un mélange de matériaux et de techniques

     

    La peintre d’origine roumaine Elena Nicoleta Albu, née dans l’ancienne ville-port danubienne de Brăila (à l’Est de la Roumanie), a présenté au début de cet été une exposition personnelle à Chişinău, capitale de la République de Moldova. Intitulée « Spectrosthesia », elle était accueillie par le Musée national d’art de l’État voisin. Elena Nicoleta Albu est connue pour ses créations interactives – dessins, peintures, objets et installations d’art, dans lesquels elle emploie un mélange de matériaux et de techniques. Ses ouvrages ont été exposés dans des musées et des galeries d’art à travers la Roumanie et le monde ou  se retrouvent dans des collections privées de plusieurs pays.

     

    « Spectrosthesia », sa nouvelle exposition arrive à Chisinau

     

    « Spectrosthesia » est un mot inventé par l’artiste pour désigner une association d’éléments environnants – architecture, ombres et lumières, rythmes et couleurs – qui expliquent l’analyse visuelle de compositions musicales dont elle réinterprète les spectrogrammes dans des compositions également visuelles.

     

    Elena Nicoleta Albu a expliqué le concept de l’exposition de Chişinău : « J’ai exposé cinquante-six ouvrages, rassemblés sous le générique « Spectrosthesia », ce mot que j’ai inventé pour partager avec le public mes expériences de synesthésie. Il évoque l’association visuelle des éléments qui nous entourent avec les spectrogrammes des sons. Je vous donne un exemple : l’architecture des bâtiments, avec leurs lumières et leurs ombres, avec les rythmes, les couleurs et les formes rencontrés en tant qu’éléments de langage, dans l’art visuel mais aussi en musique. Le dictionnaire définit le spectrogramme comme une représentation visuelle du spectre de fréquences d’un son, rapporté au temps ou à d’autres variables. »

     

    Des compositions musicales réinterprétées visuellement

     

    Comment Elena Nicoleta Albu a-t-elle analysé les compositions musicales réinterprétées visuellement dans « Spectrosthesia », avec quel résultat artistique ? Voici sa réponse :

    « Dans ma démarche artistique, j’ai analysé la fréquence, le tempo et la hauteur des sons des compositions et j’y ai ajouté une touche personnelle, exprimée visuellement, à travers des gestes, des couleurs et des matériaux différents… J’aime expérimenter avec des matériaux, mais aussi avec des techniques qui me rapprochent de ma perception de ce qui se passe autour de moi et surtout dans moi-même… L’exposition a mis en lumière plusieurs approches artistiques : des toiles peintes dans mon atelier alors que j’écoutais de la musique et que mes gestes suivaient mes sentiments. J’en ai réalisé d’autres pendant que des amis musiciens jouaient du violon ou du piano. C’est fascinant de voir qu’ils sont capables de reconnaître les rythmes de leur musique interprétés visuellement dans mes créations. Même si, bien souvent, ce ne fut qu’une improvisation d’un instant. »

     

    Un art inspiré des grands noms de la musique classique 

     

    Elena Nicoleta Albu ajoute aussi les sources d’inspiration de son exposition :

     « La plupart des ouvrages exposés je les ai réalisés d’après des compositions musicales des grands classiques. Mais j’ai été curieuse de découvrir les différences entre les styles musicaux de périodes historiques différentes. Je suis donc passée de Bach, Vivaldi et Beethoven à la musique atonale de Schönberg, Alban Berg et John Cage. ». (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Les chefs-d’œuvre du patrimoine du MNIR, plus près du public

    Les chefs-d’œuvre du patrimoine du MNIR, plus près du public

    Faciliter la rencontre du public avec les richesses du musée

     

    C’était en 2012 que le Musée national d’histoire de Roumanie (MNIR) lançait le projet « Chefs-d’œuvre du patrimoine du MNIR » conçu pour faire connaître au grand public une série d’artefacts inestimables des collections du musée.

     

    La muséographe Erica Ioja explique la conception et les intentions à l’origine dudit projet : « Ce projet a été imaginé pour aller à la rencontre des visiteurs qui n’avaient pas d’accès au patrimoine culturel national faisant partie des collections du Musée national d’histoire. L’espace réservé aux expositions s’est rétréci en raison des travaux de restauration du bâtiment qui abrite le musée. Donc dès le début il a été question de faciliter la rencontre du public avec les richesses composant les collections du musée et d’attirer l’attention sur des objets d’une valeur culturelle, artistique et historique particulière. Cela, en les présentant soit dans le cadre de l’événement récurrent « Objet du mois / Exponatul lunii », soit à travers la plateforme en ligne Capodopere2019.ro, ou encore les catalogues des collections publiés annuellement par le musée depuis le début du projet en 2012. »

     

    Que voir ? 

     

    Le Musée national d’histoire de Roumanie présente depuis le mois de juin une exposition de grandes dimensions consacrée au projet « Chefs-d’œuvre de patrimoine du MNIR ».

     

    Erica Ioja explique le processus du choix des objets exposés:  « Il est très difficile de choisir juste quelques chefs-d’œuvre pour les présenter dans cette exposition, puisqu’il s’agit d’un projet d’envergure. Mais je pense avant tout à la sélection de peintures, qui inclut le portrait du prince  Mihail Sturdza réalisé par un peintre anonyme, la toile « Les prisonniers » peinte par Nicolae Tonitza à l’époque de la Grande Guerre, l’effigie de la Reine Marie habillée de l’uniforme d’infirmière de la Croix Rouge. J’ajouterais aussi le trône de la reine Elisabeth, des portraits votifs des fragments de peinture murale de l’Eglise « Les Saints Trois Hiérarques / Sfinții Trei Ierarhi » de Iași, le violon de George Enescu, des costumes traditionnels ayant appartenu à l’aviatrice Smaranda Brăescu, le Baril de Khorsabad, un artefact particulièrement rare du IIIème av. J-C., ainsi que de nombreuses autres pièces exceptionnelles qui attendent justement d’être découverts par les visiteurs de notre exposition. »

     

    Les chefs-oeuvres – disponibles aussi en ligne

     

    La muséographe Erica Ioja a également mis en évidence l’autre composante importante du projet « Chefs-d’œuvre du patrimoine du MNIR », qu’est le site capodopere2019.ro, une plateforme en ligne à la disposition des amoureux d’art  qui peuvent y admirer ces artefacts des collections du musée: « Admirer une œuvre d’art dans une photo n’équivaut absolument pas au fait de l’admirer en réalité. N’empêche, il y a aussi des avantages dans le fait de regarder des photos et d’apprendre l’histoire d’un objet tout en étant confortablement assis chez soi et à son propre rythme. La preuve – le très grand nombre de personnes qui ont visité chaque mois le site capodopere2019.ro. Il est important de réduire au maximum la distance entre le public et le patrimoine muséal. Et pour ce faire nous devons mettre à profit cet outil précieux qu’est internet. », a conclu la muséographe Erica Ioja, du MNIR. (Trad. Ilenaa Ţăroi)

  • L’écrivain Mircea Cărtărescu récompensé du Dublin Literary Award

    L’écrivain Mircea Cărtărescu récompensé du Dublin Literary Award

    Le roman « Solénoïde » de l’écrivain roumain Mircea Cărtărescu a remporté le Dublin Literary Award 2024. Dans sa motivation, le jury a souligné « les passages d’une grande beauté », souvent « particulièrement inventifs et pleins d’accents philosophiques et lyriques », « Solénoïde » étant, selon les jurés, « l’œuvre d’un écrivain européen important ». Ils ont également apprécié la traduction en anglais réalisée par Sean Cotter, qui avait réussi à saisir « la précision lyrique » du roumain, rendant ainsi le roman accessible à un nouveau public. Parue aux éditions  Deep Vellum Publishing à l’automne 2022, la traduction de Sean Cotter a compté parmi les meilleurs livres de l’année, recueillant des chroniques élogieuses dans des publications importantes telles que The New York Times, The New Yorker, Publishers Weekly, The Financial Times. Le nom de Mircea Cărtărescu se retrouve ainsi sur l’impressionnante liste d’anciens gagnants du Dublin Literary Award, aux côtés du Turc Orhan Pamuk, du Français Michel Houllebecq, de la Roumano-Allemande Herta Muller (Prix Nobel de littérature en 2009). Écoutons Mircea Cărtărescu parler de son roman « Solénoïde ».

     

    « L’un des grands thèmes est justement cette méditation sur le monde, sur la réalité, sur ce que nous vivons actuellement. L’autre thème, qui le croise en quelque sorte, est celui du salut. Ou bien, dans un langage plus théologique, le thème de la rédemption: que pouvons-nous faire pour sortir de cette réalité? Comme vous le savais, tous les mythes gnostiques affirmaient la même chose: tu n’es pas d’ici, tu n’es qu’une étincelle de divinité ensevelie dans de la matière et ton devoir est de t’en évader, qui que tu sois. Ton devoir est de regrimper jusqu’à la grande flamme divine dont cette étincelle s’est détachée. Je vous avoue qu’après avoir fini mon roman « Orbitor », j’ai mis quatre ans pour décider du projet suivant. Je n’ai presque rien écrit pendant ces quatre ans, chaque jour de ma vie je n’ai fait que penser à ce que je voulais faire, au choix de mon prochain sujet. Avec l’âge, j’ai compris qu’il ne me restait plus beaucoup de temps devant moi, que je ne pouvais pas le gaspiller sur des bagatelles, qu’il m’était impossible d’écrire des trucs sympas, comme on le fait tous les jours  sur Facebook. Bon, je peux écrire ça aussi, mais je voudrais faire autre chose aussi, écrire un livre testamentaire, un livre vraiment important. Où je raconte, d’emblée si possible, tout ce que j’ai vécu. Essayer de faire un concentré de mon expérience de vie pour laisser quelque chose derrière moi, comme on dit. Laisser quelque chose de concret et d’utilisable par ceux qui viennent après nous. Pour moi, ce livre est une clé de voûte de tout ce que j’ai déjà fait, la pierre angulaire sur laquelle s’appuie la voûte de mes autres livres. »

     

    En 2022, le Los Angeles Times a désigné « Solénoïde » de Mircea Cărtărescu « meilleur livre de fiction de l’année » aux Etats-Unis. L’influent quotidien californien accorde des prix qui comptent parmi les plus prestigieux de l’espace littéraire américain. Paru aux Editions Humanitas de Bucarest en 2015, « Solénoïde » a déjà était traduit en espagnol, catalan, suédois, français, allemand, slovaque, bulgare, croate, italien, danois, néerlandais, anglais, norvégien et hongrois. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • « Un Stradivarius dans les écoles »

    « Un Stradivarius dans les écoles »

    La musique classique vient à la rencontre des jeunes roumains à travers le projet éducationnel national « Un Stradivarius dans les écoles », composante d’un projet plus ample, initié par la fondation culturelle « Gaudium Animae » et intitulé « La musique nous inspire ». Le très apprécié musicien Răzvan Stoica et son violon Stradivarius, fabriqué en 1729, accompagnés par la pianiste Andreea Stoica,  se sont rendus dans des établissements scolaires des villes de Iași, Piatra Neamț, Suceava, Bucarest, Deva et Hunedoara. Cette tournée inhabituelle inclut vingt-sept récitals égrenés jusqu’à la fin de l’année, qui faciliteront la rencontre de plus de cinq mille personnes avec la musique classique. Élu meilleur violoniste européen de l’année 2013, Răzvan Stoica a offert au public venu l’écouter des morceaux de compositeurs emblématiques tels que Händel, Bach, Haydn, Mozart, Paganini, Ravel, Stravinski et Ciprian Porumbescu. Răzvan Stoica:

     

    « L’atmosphère des concerts a été fantastique et j’avoue que cette attention des enfants nous a beaucoup impressionnés, Andreea et moi. Ils ont vraiment participé à ce que nous leur avons proposé, ce qui compte énormément pour nous tous, puisque le projet « Un Stradivarius dans les écoles » a pour but de ramener la musique classique et le violon Stradivarius au plus près des élèves. Je vais vous raconter la naissance de ce projet, imaginé par la Fondation culturelle « Gaudium Animae ». Cătălina Pârvu, directrice de la Fondation, s’est appuyée sur le très bon retour des tournées habituelles, comme la Baroque Tour, durant lesquelles nous offrons 20% de la capacité de la salle et des billets gratuits pour les jeunes. Compte tenu des retours très encourageants, nous avons souhaité rencontrer des élèves intéressés par la musique classique. Car nous espérons les voir dans un avenir proche remplir les salles de concert pour se régaler de cette musique. »

     

    Une approche non-conventionnelle de la musique

     

    « Un Stradivarius dans les écoles » propose une approche non conventionnelle de la musique classique par le biais du contact direct avec le public jeune. Dans ses interviews, le violoniste Răzvan Stoica parle de l’importance de la compréhension, de la construction d’un lien intime avec la musique, or le projet « Un Stradivarius dans les écoles » exprime justement ce type d’ouverture à un domaine considéré comme moins accessible. Răzvan Stoica.

     

    « Je crois qu’en tant qu’artistes, nous avons l’obligation morale de faciliter l’accès des jeunes à cette musique. Je me souviens combien il était important pour moi, quand j’étais élève au Collège national de musique « George Enescu » de Bucarest, de pouvoir assister aux concerts grâce à l’accès gratuit à l’Athénée roumain et à la Salle de concerts de Radio Roumanie. Je crois que cela a fortement contribué à ma formation artistique. Or c’est ce que souhaitons offrir à ces jeunes et c’est un devoir pour nous, en tant qu’artistes, d’imaginer et de mettre en œuvre de tels projets. De plus, la joie que nous éprouvons à la fin d’un projet est unique. Je le dis très sincèrement, notre satisfaction est sans égal. »

    Le projet « Un Stradivarius dans les écoles » se poursuivra dans les années à venir. Mais il vient aussi d’être décliné dans une variante pour les universités, « Un Stradivarius dans les universités », également à l’initiative de la Fondation culturelle « Gaudium Animae ». (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Ioana Mischie – participante à la première compétition immersive à Cannes

    Ioana Mischie – participante à la première compétition immersive à Cannes

    Le projet de l’artiste roumaine Ioana Mischie « Human Violins: Prelude (Multi-Users Version) » a eu sa première mondiale au Festival de Cannes, dans la section « Compétition Immersive», nouvellement créée dans le cadre du festival et dédiée  aux projets touchant à la réalité virtuelle. Au fait, il s’agit d’une expérience RV élargie, inspirée d’un fait réel, qui invite à réfléchir sur la manière de préserver l’héritage humain le plus créatif à travers les générations successives. Le public est invité à suivre une histoire tissée autour du personnage fictif d’Alma, une amoureuse du violon qui se voit offrir la chance de jouer de son instrument et de prolonger ainsi son héritage musical. Ioana Mischie a raconté sa présence au Festival de la Cannes.

    « C’était une édition historique pour nous tous, artistes impliqués et organisateurs, puisque cette compétition immersive a marqué sa première édition. C’était aussi très émouvant car notre projet, « Human Violins: Prelude », a eu un public venu du monde entier, de Chine, du Venezuela, d’Inde, de tous les continents ; nous avons pu en parler  avec les gens, apprendre comment ils s’étaient rapportés à notre projet et à l’histoire que nous avions racontée. Nous avons eu des échanges très intéressants et une expérience absolument mémorable. Nous sommes rentrés avec plein d’idées pour de nouveaux projets dans les bagages et aussi très heureux de constater que le public avait très bien accueilli notre projet, la seule production roumaine de la sélection, qu’ils avaient trouvé innovant, capable d’engendrer des tendances audiovisuelles. »

     

    La sélection pour la Compétition immersive du Festival de Cannes de cette année a inclus huit projets, dont des expériences collectives de réalité virtuelle et de réalité mixte basés sur l’emplacement, ainsi que des productions de projection cartographique et holographique, a raconté Ioana Mischie.

     

    « En effet, il n’y a eu que huit projets sélectionnés, ce qui a été très réjouissant pour nous, car il y avait des artistes de pays tels que la France, le Canada, Taiwan, des pays qui soutiennent la création immersive par le biais d’importantes politiques nationales. C’est la raison pour laquelle je considère que le fait d’avoir réussi à mettre la Roumanie sur cette liste a été une performance immense. D’ailleurs, notre projet a aussi été la première co-production Roumanie-France dans le domaine de la RV et à Cannes nous avons représenté les deux pays. Nous espérons que cette participation au Festival constitue une invitation ouverte aux décideurs de la culture à investir dans ce domaine, qui est absolument extraordinaire, capable de devenir une marque du pays, puisque la Roumanie a des artistes débordant de talent, une communauté technologique et une infrastructure technologique très avancées. Nous pouvons donc monter très haut dans ce domaine si nous y faisons des investissements sur mesure. Nous avons constaté avec émerveillement que cette forme d’art est reconnue et célébrée, et puis cela nous a permis de rencontrer d’éventuels nouveaux collaborateurs. Et nous espérons que ce ne soit qu’un début et que les bonnes nouvelles continuent. Mais il faut dire que ce début se produit au bout de douze ans de travail, voilà pourquoi nous espérons mettre à profit cette expérience et la développer dorénavant. »

     

    Par sa Compétition Immersive, le Festival du film de Cannes s’est proposé de mettre en lumière la prochaine génération d’artistes internationaux, qui redéfinissent le récit et inventent de nouvelles expériences basées sur la narration, qui vont au-delà du traditionnel écran bidimensionnel du cinéma. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • La blouse traditionnelle de Bihor, à l’honneur

    La blouse traditionnelle de Bihor, à l’honneur

    Installation textile, mode et héritage culturel

     

    Au mois de juin de cette année, la Galerie Creart de Bucarest a accueilli l’exposition personnelle « Chimeşa. The Old Blouse » de l’artiste et designer Dorin Negrău. Cela a donné au public l’occasion de regarder des créations issues d’une collaboration avec des artisans locaux de Ţara Crişurilor (le Pays des Criş), au nord-ouest de la Roumanie. Un « solo show » pour ainsi dire, qui a mixé mode, installation textile et héritage culturel, selon un concept inédit.

     

     

    Dorin Negrău a fait des études de pharmacie à la faculté spécialisée de Cluj-Napoca (au nord-ouest de la Roumanie), mais il n’a jamais mis à profit son diplôme universitaire, puisqu’il était attiré par l’univers de la mode et de la création vestimentaire. Après avoir vécu plusieurs années à Paris, il a traversé l’océan Atlantique et s’est installé à New York en 2008. Dix ans plus tard, en 2018, il est rentré en Roumanie, où il a mis en place un « Centre traditionnel pour se connecter à une vie simple ». Au fait, il a transformé la maison de ses grands-parents en un lieu de rencontre, avec ateliers de maîtres artisans, événements, spectacles de théâtre et concerts de musique traditionnelle.

     

    Un concept inédit

     

    Lors du vernissage, Dorin Negrău a expliqué le concept de son exposition « Chimeşa. The Old Blouse » :

     « C’est une exposition hommage à la Chimeşa de Bihor, à la chemise ou blouse de la région de Bihor, un hommage à ma grand-mère, à toutes les grands-mères de partout et au temps que nous, en tant que grands-enfants, nous avons passé avec elles. Un hommage aussi à tout ce que nous apprenons et qui reste avec nous(…) Dans cette exposition, j’ai essayé de montrer le plus grand nombre d’éléments du costume traditionnel de Bihor, de cette « chimeşa ». Chaque produit inclut des techniques anciennes, des détails d’une blouse de Bihor, des tissus de chanvre ou de soie naturelle, de coton, d’un mélange de laine, cachemire et soie et autres… C’est une collection petite, mais dense. Elle est aussi hétérogène, pour ainsi dire, permettant à chaque visiteur de s’y retrouver avec joie et plaisir. »

     

    La blouse roumaine ou la blouse de Bihor

     

    L’artiste Dorin Negrau soutient-il le mouvement en-ligne « La blouse roumaine » ?

    « Je soutiens à distance, si je puis dire, le projet de « La blouse roumaine ». Il y a d’autres fondateurs et promoteurs. Moi, j’ai constamment soutenu les motifs traditionnels roumains, la blouse roumaine. C’est d’ailleurs la raison de mon désir de produire un projet concernant la blouse – la « chimeşa » – de Bihor. »

     

    Un artiste très engagé

     

    La commissaire de l’exposition, Ana Daniela Sultana, a présenté des détails biographiques et professionnels sur Dorin Negrău :

    « Il est un designer et un artiste, un véritable créateur plurivalent. Dorin Negrău, dont j’ai appris avec étonnement sa formation de pharmacien, a mis ensemble, d’une manière spectaculaire, la mode et la beauté, il a lancé une gamme de produits de beauté appelée « Clona ». Il entreprend également une multitude de choses culturelles, pour mettre en valeur l’artisanat traditionnel et les motifs traditionnels du costume roumain. Il est en plus organisateur de festival et ses projets, ses créations, la résidence artistique mise en place dans le village de sa grand-mère et le festival « Grâu Fest » le prouvent. ». (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Le Festival Rocanotherworld, à Iasi

    Le Festival Rocanotherworld, à Iasi

    Du rock, de l’art et des gens 

     

    La ville de Iasi, (nord-est de la Roumanie) a accueilli du 20 au 23 juin la neuvième édition du Festival Rocanotherworld, déroulée dans la zone d’agrément Aroneanu. Il s’agit non seulement du plus important événement de ce genre de la région, mais aussi d’un voyage – découverte dans le monde de l’art, de la musique et des êtres humains.

     

    Lancé en 2016, ce festival rassemble à chaque fois des gens de milieux divers dans un environnement vibrant et polychrome, mettant en lumière des valeurs telles que la curiosité, l’originalité et l’empathie.

     

    Rocanotherworld 2024

     

    Anca Floroiu, directrice de communication de Rocanotherworld, a résumé l’édition 2024 de ce mélange de concerts et d’événements connexes :

    « L’édition de cette année a offert l’affiche la plus impressionnante jamais présentée sur la scène principale. Deux soirées de musique rétro et électro sur la scène The Dome et un salon disco avec trois canaux sur le sable, où des DJs locaux ont assuré le mixage. Pour attirer un public nombreux, les élèves et les étudiants ont bénéficié d’une réduction de 50% sur les billets individuels et les abonnements tandis que l’entrée était libre pour les enfants de moins de 12 ans et pour les personnes à besoins spécifiques. Le festival a aussi accepté la présence des animaux de compagnie. En plus des concerts, le public a pu participer à des activités sportives ou récréatives dans le périmètre du complexe sportif, tels que des jeux pour petits et grands, des zones de lounge, de détente, des concours de « meet and greet » avec leur groupe musical préféré et autres. »

     

    Des artistes de renom à l’affiche

     

    Parmi les artistes roumains ayant participé au festival Rocanotherworld de cette année, Anca Floroiu a mentionné, entre autres, Alternosfera, Om la Lună, Fără Zahăr ou encore K not K. La liste des participants internationaux avait inclus les noms d’Asaf Avidan, La Chica, Rossario Internulo et Gala. Anca Floroiu a également rappelé les événements connexes du festival. Track 2 : « Dans la catégorie des événements connexes, nous avons eu deux débats, les 22 et 23 juin, au jardin Palas. Nous avons organisé, comme d’habitude, la collecte « As-tu une petite couverture » au profit des animaux abandonnés dans les abris de la ville. Les gens ont apporté de la nourriture et des médicaments pour les chiens et les chats, des produits d’entretien des paddocks, des produits désinfectants, mais aussi des couvertures, des tapis et même des vêtements usés. », a conclu la directrice de communication du festival Rocanotherworld.  (Trad. Ileana Ţăroi)  

  • L’exposition « Le phénomène Pitesti »

    L’exposition « Le phénomène Pitesti »

    Du 24 mai au 24 juillet 2024, le Musée national d’histoire de Transylvanie de Cluj-Napoca (nord-ouest de la Roumanie) et le Musée national « Brukenthal » de Sibiu (centre de la Roumanie) présentent à Cluj-Napoca l’exposition intitulée « Le phénomène Pitesti. Le vrai visage du communisme en Roumanie ».

    «Le phénomène Pitesti » est une « expérience scientifique » qui s’est déroulée en Roumanie dans les années 1950. Son but était de transformer profondément le psychisme des prisonniers politiques du régime communiste, au point d’obliger les éventuels opposants politiques à devenir eux-mêmes des tortionnaires. Cela a débuté en 1949, dans la prison de la ville de Pitesti (120 km au nord-ouest de Bucarest). Cette terrible expérience a duré jusqu’à 1952. La commissaire de l’exposition, Andreea Corca, du Musée national « Brukenthal » explique l’exposition :

    « Nous avons réalisé cette exposition en partenariat avec le Mémorial de la Prison de Pitesti et le Pénitencier Jilava de Bucarest. Il s’agit d’une exposition itinérante. Le premier vernissage a eu lieu à Sibiu en novembre 2023. Ensuite, elle est arrivée au Mémorial de la Révolution à Timisoara et elle se trouve actuellement au Musée d’histoire de Transylvanie de Cluj-Napoca. Comme je l’ai déjà mentionné, je crois que pour nous, les jeunes de la génération née après la Révolution, après la chute du communisme, il est de notre devoir moral de connaître les horreurs survenues sous le régime communiste. C’est aussi un acte de justice symbolique, que nous devons affirmer, quelle que soit l’idéologie à laquelle adhéraient ceux qui en ont été les victimes. Tout comme à Sibiu et Timișoara, cette fois aussi nous avons organisé une section spécifiquement consacrée aux victimes locales de l’expérience de Pitesti. A Cluj, 15 personnes ont été victimes de cette expérience. Elles sont passés par le pénitencier de Pitesti. Parmi elles, Cornel Pop. Il a perdu la vie derrière les barreaux après avoir été impliqué dans les violences à Pitesti. Il faisait partie du groupe d’Eugen Țurcanu, il a été jugé et en 1954, et a été exécuté par balle au pénitencier Jilava de Bucarest. »

     

    D’où viennent les pièces de l’exposition ? La commissaire Andreea Corca nous explique :

    « La majorité des objets sont originaux et proviennent du Fort 13 du Pénitencier Jilava. Ils ont été utilisés dans un espace muséal pour la première fois l’automne dernier, au Musée d’Histoire de Sibiu. Nous avons moins de pièces provenant du pénitencier de Jilava. Parmi elles, un vêtement de prison appelé « zeghe ». Cette situation est due au fait que la prison de Pitesti a connu une évolution historique différente de celle du pénitencier de Jilava. Pour cette raison, beaucoup moins d’objets ont été conservés à Pitesti. »

    Quel était le concept de l’exposition, un concept destiné au jeune public ?

    « Le très jeune public devrait comprendre à travers cette exposition que l’idée du totalitarisme, qu’il s’agisse d’un totalitarisme d’extrême droite ou d’extrême gauche, doit être abandonnée en tant que moyen de gouverner. C’est précisément ce que nous essayons d’expliquer à travers cette exposition, qui suit le fil chronologique des événements tragiques survenus à Pitesti entre 1949 et 1952. »

     

    A la fin de notre discussion, la commissaire Andreea Corca nous a parlé de la réaction du public :

    « L’impact de cette exposition a été assez important. En général, l’exposition a été très appréciée par les jeunes qui connaissent moins l’histoire de la Roumanie au siècle dernier, mais je pense qu’elle a rencontré un franc succès. Elle a accueilli des milliers de visiteurs, de Roumanie mais aussi de l’étranger, et c’est précisément pour cette raison que nous avons créé l’exposition bilingue. »

    A part des informations sur le phénomène Pitesti et la chronologie de la répression dans la prison de Pitesti, l’exposition accueille des objets originaux du système pénitentiaire communiste, comme du mobilier des cellules, des cartes postales et des photographies.

    L’expérience Pitesti, appelé aussi « la rééducation par la torture » était en fait, une forme de torture systématique appliquée aux étudiants anticommunistes. Cette méthode était utilisée pour soutirer des informations aux victimes pour arrêter d’autres opposants, mais la violence a également détruit la personnalité des victimes qui ont été rendues incapables de mener toute action d’opposition au régime. Durant cette période sinistre, plus de 600 étudiants ont été torturés. Qui plus est, elle s’est étendue à d’autres pénitenciers à partir du printemps 1950, où plusieurs centaines de prisonniers politiques ont été torturés.

     

  • L’âge, le corps et la danse en perspective

    L’âge, le corps et la danse en perspective

    Une résidence artistique pour les danseurs

     

    L’Association Developing Art présente cette année la deuxième résidence artistique au sein du projet « All Sorts of Care », intitulée « L’engourdissement de tes pieds et la beauté de tes mains » – perspectives sur l’âge, le corps et la danse, résidence soutenue par la chorégraphe Andreea Novac. Elle se déroule dans la ville de Cluj-Napoca (nord-ouest de la Roumanie).

     

    La chorégraphe, interprète et co-fondatrice de Developing Art, Andreea Novac nous explique le projet :

    «  « L’engourdissement de tes pieds et la beauté de tes mains » poursuit une recherche que j’ai commencée l’année dernière, que j’imagine se dérouler sur une longue période et s’intéresser à la relation entre le corps, l’âge et le mouvement. J’ai traversé encore deux étapes avant la résidence dans laquelle je suis actuellement. Maintenant, lors de la troisième résidence à Cluj, j’explorerai mon positionnement personnel sur le sujet. « All Sorts of Care » est un projet conçu comme la continuation des efforts de Developing Art pour parler des sujets qui nous intéressent, qui nous affectent, qui ont un potentiel réflexif, régénérateur ou critique. Il s’agit d’un projet construit à partir de trois résidences artistiques indépendantes, dans lesquelles trois artistes –Irina Marinescu, Alina Ușurelu et moi-même – accompagnées par trois chercheurs spécialisés en psychologie, gérontologie et ingénierie forestière, parlent du rire, de l’âge et de la nature. Ces thèmes sont vus ou médiatisés à travers le corps et le mouvement. »

     

    Les résidences ont lieu en juin à Timișoara, Cluj et Socolari. En septembre prochain les artistes se réuniront à Bucarest, dans le cadre d’un événement plus ample et plus approfondi, où ils présenteront les résultats des trois recherches.

     

    L’âge, le corps et la danse en perspective

     

    La chorégraphe Andreea Novac nous explique comment elle définie la relation corps-âge-danse :

    « Le rapport entre le corps, l’âge et le mouvement n’a pas toujours été important pour moi. Et pourtant cela m’intéresse maintenant, vers l’âge de 40 ans, lorsque les premiers signes d’usure sont apparus sur le corps, et par conséquent j’ai commencé à réfléchir sur mon avenir professionnel. A mon avis, ce sont des thèmes complexes, qui n’apportent pas toujours du bien et du réconfort. Cela a des conséquences multiples et très différentes, qui, à mon avis, méritent et exigent une compréhension tout aussi complexe. »

     

    Un endroit où les artistes puissent se réunir, échanger et créer

     

    Qu’est-ce qu’une résidence d’artiste ? Andréa Novac explique :

    « Une résidence artistique, expliquée d’une manière très schématique, représente le temps, l’espace et les ressources offerts à un artiste ou à des collectifs artistiques pour travailler à un projet. Cela peut être une recherche théorique ou artistique, une performance, un spectacle, un matériau écrit, une discussion, une présentation. En fait, il y a toute une série de formats de résidences artistiques et de multiples formes sous lesquelles les résultats de ces résidences peuvent être présentés au public. »

     

    Finalement, la chorégraphe Andreea Novac nous a fait par de son crédo :

    « Voilà ma pensée personnelle : plus je reste dans la recherche, plus elle se révèle à moi riche, sensible et très, très nécessaire. »

    (trad. Andra Juganaru)

  • Deuxième édition du Festival Lynx

    Deuxième édition du Festival Lynx

    LYNX, le premier et unique festival de Roumanie consacré au film documentaire et à la photographie de nature, s’est déroulé à Brasov du 4 au 9 juin dernier. Après le programme de l’année dernière, qui comprenait 8 documentaires internationaux, tous vendus, dont la plupart étaient des premières en Roumanie, le festival est revenu avec une nouvelle sélection qui a ravi les cinéphiles et les amoureux de la nature. Le programme de la deuxième édition comprenait 13 documentaires, dont 9 premières nationales, avec comme invité d’honneur Morten Hilmer, photographe réputé pour ses prises de vue de l’Arctique. Dan Dinu, directeur artistique du festival LYNX, nous a parlé de la photographie, largement mis en avant cette année par le festival :

     

    « Depuis le début, le festival s’est également orienté vers le domaine de la photographie. L’année dernière, nous avons organisé des expositions de photographies et nous sommes coorganisateurs du concours international Milvus Photocontest. La différence avec l’édition de cette année réside dans le fait que l’année dernière, aucun photographe de renommée internationale n’est venu à Brasov, nous avons seulement organisé une interview en ligne avec un photographe. Mais il est certain que la partie photographie est très importante pour nous car les deux arts visuels, le cinéma et la photographie, sont très utiles lorsqu’il s’agit de mettre en valeur la nature. Ce sont également des outils qui montrent le monde dans lequel nous vivons d’une manière simple, visuelle et facile à comprendre. C’est pourquoi nous aimons beaucoup les deux associations qui organisent le festival, România Sălbatică et Asociația Forona. La photographie et le cinéma – les deux arts promus par ces associations – parviennent à faire aimer la nature par le biais d’une exposition de photographies ou d’un film documentaire. »

     

    Sensibiliser à l’importance de la nature

     

    Initiative de România Sălbatică, le festival LYNX a pour principal objectif de sensibiliser à l’importance de la nature, et ce dès le plus jeune âge. À cette fin, le festival collabore étroitement avec l’association Forona (organisation roumaine des photographes de nature). Dan Dinu, directeur artistique du festival LYNX, poursuit :

     

    « Nous prévoyons un album de photos et travaillons également sur un projet visant à mettre davantage l’accent sur cet art. En même temps, nous voulons éduquer et sensibiliser les gens aux espèces qui vivent autour de nous et qui sont si bénéfiques et importantes pour nos vies. D’une certaine manière, à travers tous nos projets et activités réalisés dans le cadre du Lynx Festival et des deux associations co-organisatrices – Wild Romania et Forona Association – nous essayons d’éduquer le public dans cette direction. Comme nous aimons à le dire, nous essayons de faire de la conservation par l’éducation. Avec l’aide des ONG impliquées, nous avons également influencé de nombreuses établissements scolaires. Et si vous regardez ce qui s’est passé ces dernières années – depuis la création de la Semaine verte dans les écoles – nous avons proposé des projections gratuites de România Sălbatică. Au début, nous étions sceptiques, mais nous avons été surpris de voir que beaucoup d’écoles voulaient voir le film et le projeter. Ainsi, en deux ans, le film a touché plus de 350 000 enfants, ce qui a été une grande, très grande réussite pour nous. Je dis cela parce que nous sommes convaincus que les réactions que nous avons eues de la part des écoles après la projection du film, ces enfants ont été sensibilisés, ils ont compris l’intérêt du film et de la protection de la nature. »

     

    Le documentaire Songs of Earth , produit par l’un des cinéastes allemands les plus prolifiques, Wim Wenders, qui a été nommé et récompensé dans de nombreux grands festivals de cinéma tout au long de sa carrière, a été projeté lors de la cérémonie d’ouverture de la deuxième édition du festival LYNX.

  • « Les couleurs du « dégel » »

    « Les couleurs du « dégel » »

    Le Musée national du paysan roumain et l’Association pour la culture et l’art « Arbor » invite le public à l’exposition-événement intitulée « Les couleurs du « dégel ». Le village de Bessarabie dans la peinture des années 1960 ». Il s’agit d’une exposition qui présente des œuvres moins connues, de petites dimensions, appartenant aux collections privées de 14 artistes importants de République de Moldova. Nous avons parlé de l’exposition ainsi que du contexte historique et culturel des œuvres exposées à Bucarest avec l’historien de l’art de République de Moldova, Constantin I. Ciobanu :

    « Il s’agit d’une exposition intéressante, liée à une période passionnante, car le mot « dégel », qui est utilisé par les historiens de l’’art de l’ex-Union soviétique, désigne une période au cours de laquelle de nombreux artistes se sont lancés, y compris en Bessarabie. Car on ne peut nier l’influence non négligeable des grands centres de l’ex-Union soviétique, tels Moscou ou Leningrad, (aujourd’hui Saint-Pétersbourg), sur Chisinau. N’oublions pas qu’à l’époque de Staline, toute relation avec la Roumanie était interdite. En effet, pendant les années de « dégel », au milieu des années 1950, une exposition de quelques artistes visuels roumains a eu lieu à Chisinau, y compris des artistes importants tels que Nicolae Grigorescu, ou Teodor Aman. Cette période de « dégel » était également intéressante car de nouveaux courants sont apparus au sein du « réalisme socialiste », courants radicalement différents de l’académisme dit « stalinien », qui existait jusque-là. Le style « sévère » ou « austère », comme le désignent les critiques d’art, est aussi apparu. Bien sûr, ce style affectait davantage les républiques qui avaient une industrie développée, car il s’agissait d’un style majoritairement urbain, orienté vers l’environnement urbain, mais il y avait également certaines répercussions sur la Bessarabie. Pour la Bessarabie, la fin des années 1950 et le début des années 1960 était en réalité une période de libération, permettant de relâcher d’abord les moyens d’expression. »

     

    Quels sont les sujets vers lesquels les artistes moldaves ont orienté les concepts et les styles pendant les années 1960, lors du « dégel » ? Constantin I. Ciobanu nous répond :

    « Ils se sont surtout concentrés vers un reflet assez fidèle de l’esthétique de la terre mère, comme le révèle l’exposition. Les motifs ruraux dominent principalement. Je dirais que le leitmotiv de cette exposition était la démonstration du poème « Terre de Bessarabie », qui se distinguait toujours, même au sein des expositions d’Union (note de la rédaction : soviétique) : lorsqu’une œuvre réalisée en République de Moldova arrivait, on se rendait immédiatement compte qu’il s’agissait de quelque chose d’hétérogène par rapport à la typologie soviétique. »

     

    La conceptualité artistique des années 1960 a été définie par la réinterprétation d’un slogan soviétique, une réinterprétation qui a apporté de nouveaux langages d’expression artistique. L’historien d’art Constantin I. Ciobanu nous en dit plus :

    « N’oublions pas qu’à la fin des années 1950 et surtout pendant les années 1960, l’on a réévalué le slogan « socialiste par rapport au contenu et national par rapport à la forme ». Il s’agissait d’un slogan à première vue prolétarien et communiste qui existait depuis 1925. C’est Stalin qui l’a prononcé pour la première fois. Ce slogan existait aussi dans les années 1930, 1940 et 1950. Personne ne lui accordait d’attention. Plus tard, certains esthéticiens et critiques d’art ont compris qu’en fait, beaucoup de variétés picturales des œuvres pouvaient être défendues grâce à la deuxième partie de ce slogan, « national par rapport à la forme ». Ils pensaient surtout aux pièces de l’artisanat populaire. Et pourtant, dans ces pièces d’artisanat populair,e on retrouve des motifs abstraits et de couleurs locales. On y retrouve de nombreux éléments, même de l’art abstrait. Ces esthéticiens et critiques d’art ont utilisé ce slogan pour défendre les artistes qui proposaient une palette plus riche que le clair-obscur de l’époque stalinienne, ou bien qui proposaient des éléments abstraits dans leurs créations. »

     

    Quel est le contexte dans lequel on peut regarder l’exposition du Musée National du paysan roumain ?

    « L’important est que cette exposition est en fait une section, une fraction d’un événement tout aussi important qui se déroule ces jours-ci au Musée National d’Art de Roumanie. Il s’agit d’une exposition sur l’art de la Bessarabie. Ici, il s’agit d’une sorte de développement, d’amplification et détail de cette impression générale. Au Musée National d’Art on regarde l’art des cents dernières années, en commençant avec les premières associations d’artistes de Bessarabie, tandis qu’au Musée National du paysan roumain on voit uniquement une section, mais une section très importante. »

     

    L’exposition fait partie du projet culturel intitulé « Grecu Rosu Ciobanu et les autres. La redéfinition de l’esthétique en Bessarabie pendant les années 1960 ». Il s’agit d’un effort pour faire connaître au public roumain la création artistique des noms les plus importants de l’art contemporain de Bessarabie. Le projet vise l’activité artistique des peintres de Chisinau et met en lumière leurs efforts d’innovation sur toile de fond du « dégel » de l’époque de Nikita Khrouchtchev (1953-1964), lorsqu’une nouvelle vision est née, proposant un rafraîchissement du langage plastique. Parmi les peintres qui l’ont adopté, on retrouve Mihail Grecu, Valentina Rusu Ciobanu, Ada Zevin, Glebus Sainciuc et Igor Vieru. L’exposition est ouverte du mercredi au dimanche, de 10h à 18h jusqu’au 19 mai.

  • “Cvartal”, l’histoire des quartiers d'”immeubles rouges” de Bucarest

    “Cvartal”, l’histoire des quartiers d’”immeubles rouges” de Bucarest

    Eh bien, il faut dire que l’histoire de Bucarest, y compris celle plus récente de l’époque communiste, est désormais mieux connue de ses habitants. C’est le grand mérite, entre autres, de plusieurs jeunes historiens, qui ont décidé de ramener leur recherche académique plus près du large public par des conférences et des tours guidés à travers la ville. Leur projet le plus récent s’intitule « Cvartal » (Quartier) et il comporte un film documentaire et plusieurs brochures présentant plusieurs zones de Bucarest avec leurs mini-communautés qui vivent dans ce que l’on appelle les quartiers « d’immeubles rouges ». Ceux-ci doivent leur nom à leur ressemblance à l’architecture soviétique et aussi au fait qu’ils ont été bâtis dans les années 1950. Afin de faire connaître leur histoire et d’en éclaircir certains aspects architecturaux, l’historien Răzvan Andrei Voinea et le réalisateur Dan Mihai Radu ont créé le document « Cvartal/Qquartier ».

     

    Les débuts du projet

     

    Au micro de RRI, Dan Mihai Radu nous parle pour commencer des débuts de ce projet et de la manière dont il a été mis en œuvre :

    « Ce projet a démarré il y a une année et demie, mais, en fait, notre collaboration date d’il y a cinq ans environ. Notre mission c’est de faciliter l’accès à la recherche historique à un public aussi large que possible. C’est pourquoi nous avons réalisé une série de films courts, des documentaires, distribués via Internet, et basés sur les recherches faites par Răzvan Andrei Voinea sur les immeubles construits entre 1910 et 1945. Après, nous avons aussi créé une application mobile dotée de réalité augmentée pour présenter ces recherches à un public jeune et orienté plutôt vers les jeux. D’ailleurs, cette application mobile ressemble beaucoup à un jeu, car elle permet de se promener à travers les quartiers et d’en apprendre davantage sur leur histoire. Et lorsque nous avons atteint ce moment de l’étude ciblée sur les ensembles d’immeubles construits entre 1945 et 1958, nous avons décidé de faire un film documentaire et 10 livres pour raconter l’histoire comprimée de chacun des 10 quartiers de Bucarest que Răzvan Andrei Voinea et son équipe ont étudié ».

     

    Impact sur la vie quotidienne des habitants et sur l’identité des communautés locales

     

    Il s’agit en fait de quartiers bien connus de la capitale roumaine qui existent de nos jours encore. Par exemple : Panduri, Vatra Luminoasă, Bucureștii Noi, Olteniței, Drumul Sării, Drumul Taberei, Tei. Leur trait commun : ils sont tous construits en tant qu’ensembles d’immeuble, pas trop hauts, très similaires les uns aux autres, voire identiques, avec au centre une sorte de jardin intérieur, et qui donnent l’impression de vivre au sein d’une petite communauté. L’occasion d’explorer aussi l’impact de ces ensemble d’immeubles sur la vie quotidienne de leurs habitants et sur l’identité des communautés locales. Leur architecture est très semblable au style soviétique, mais, en fait, leur aspect a très peu à faire avec le style russe, puisqu’il a été conçu par de grands architectes roumains, dont certains s’étaient fait remarquer depuis déjà l’entre-deux-guerres. Sur la toile de fond de cette grande histoire de la ville viennent se superposer les histoires personnelles des habitants des lieux – toutes racontées dans le documentaire réalisé par Dan Mihai Radu.

     

    Un cinéma expérimental

     

    Dans sa tentative de donner la parole aux descendants, des premiers occupants, des immeubles rouges, celui-ci avoue s’être heurté à pas mal de difficultés. Dan Mihai Radu :

    « En général, les gens sont très ouverts. Durant la période de avant-production et de documentation du film, lorsque nous avons parcouru ces quartiers en disant aux habitants que nous avions l’intention de faire un film sur leur histoire, les gens se sont tout de suite ouverts et ont répondu à nos questions. Par la suite, lorsque nous avons voulu entrer dans les détails et nous leur avons demandé de filmer dans l’intimité et de leurs appartements une bonne partie d’entre eux n’ont plus été tellement ouverts. Peut-être, que c’est à cause du fait que nous vivons à présent sous l’assaut des contenus vidéo, ce qui amène les gens à s’ouvrir de moins en moins, et ceux qui acceptent de le faire sont moins authentiques. Du coup, devant la caméra, les gens commencent à changer de discours et à livrer leurs souvenirs d’une manière un peu différente que dans la vie de tous les jours. C’est ici que notre projet s’est heurté à plusieurs difficultés. Somme toute nous avons réunis une vingtaine d’heures de matériel vidéo uniquement pour les interviews et à un moment donné le film risquait d’entrer dans une zone de production du type « Talking Heads ». Ce qui n’est pas la chose la plus souhaitable pour un documentaire que l’on veut projeter dans une salle de cinéma. Alors, étant donné que tous ces ensembles d’immeubles sont aussi des expérimentations architecture, nous avons opté nous aussi pour une formule de cinéma expérimental pour notre documentaire ».

     

    Mission accomplie

     

    Résultat : un documentaire qui a été projeté à titre gratuit, dans tous les quartiers visés – soit en plein air dans les parcs, soit dans les petites salles de quartier qui existent encore – pour que ses habitants puissent le voir en toute tranquillité et mieux se familiariser avec l’histoire de l’endroit où ils ont passé la majeure partie de leur vie. Mission accomplie. Malgré les difficultés, les salles ont été combles et le documentaire de nos invités à réussi en fin de compte d’aider les Bucarestois à explorer le patrimoine culturel des quartiers de leur ville. Les projections sont désormais terminées, mais tous ceux qui souhaitent se familiariser avec l’histoire des « immeubles rouges » de leur quartier, peuvent se procurer en ligne, les brochures contenant toutes les données recueillies par nos invités. (trad. Valentina Beleavski)

  • « Les bons garçons vont au paradis », le dernier film du réalisateur Radu Potcoavă

    « Les bons garçons vont au paradis », le dernier film du réalisateur Radu Potcoavă

    Présenté en compétition au festival italien du Bergamo Film Meeting, le film offre une vision moderne du monde d’après. Les deux acteurs principaux Bogdan Dumitrache et Cosmina Stratan, interprètent deux anciens camarades de lycée qui se retrouvent, après leur décès, sur une plage. « Les bons garçons vont au paradis » est le premier long métrage de Radu Potcoavă qui en a fait le scénario et la réalisation. Le réalisateur a écrit le scénario pendant la pandémie, imaginant les deux personnages se retrouver sur une plage déserte après leur mort. Radu Potcoavă  nous raconte :

     

    « J’avais envie d’écrire ce film depuis très longtemps. J’attendais de faire mes débuts en tant que scénariste, et c’est maintenant chose faite. Il est évident que j’ai écrit et réécrit plusieurs scénarios, mais jamais je n’avais écrit et réalisé une histoire moi-même du début à la fin. Pendant cette période d’écriture du scénario, je lisais énormément d’histoire à mes filles, et le ton de ces récits m’a inspiré. Car les histoires pour enfant sont simples, délivre un message clair, limpide, accessible à tous. La peur du ridicule n’existe pas, on ne craint pas que le message soit trop simple, qu’il ne soit pas assez profond. En lisant ces livres, j’ai pris conscience que c’est le ton que je voulais adopter mon prochain film : accessible et avec un message clair. Je ne voulais pas que le spectateur rentre chez lui et passe la nuit à s’interroger sur le message que j’ai voulu faire passer. Malgré tout, je ne pense pas que mon film soit superficiel.  C’est juste un film facile à comprendre pour tout le monde. Et je peux vous assurer que je n’ai pas du tout peur de faire un film grand public. Voilà ma conception du cinéma : sa mission est de rassembler les gens, de leur faire passer un bon moment, le tout avec un message fort et intelligible. »

     

    Le film a été réalisé par une équipe de professionnel de l’industrie du cinéma roumain. Andrei Butică en est le directeur de la photographie, Cătălin Cristuțiu s’est occupé du montage, Alexandru Dumitru du son,  Alin Zăbrăuțeanu de la musique et Mălina Ionescu a signé la scénographie et les costumes. Le film a été produit par Wearebasca. Radu Potcoavă nous explique son choix d’avoir réalisé une comédie de ce genre :

     

    «  Je n’ai pas le sentiment que nous traversions une période facile, surtout en Roumanie. SI l’on cherche du drame, on en trouve. Il suffit, par exemple, de se rendre au supermarché et de voir à quel point les prix des produits ont augmenté, ou bien de regarder nos factures, ou encore de suivre l’évolution de l’indice ROBOR. Nous avons ce qu’il faut de drames. Ainsi, avec tous ces petits problèmes quotidiens qui s’accumulent, je pense qu’à la fin de la journée, lorsque nous quittons le travail, nous ressentons le besoin d’aller voir un film pour nous détendre un peu et nous faire oublier le pays dans lequel nous vivons. Détendons-nous pendant au moins une heure et demie, puis rentrons chez nous gentiment, tranquillement, détendus, et peut-être le lendemain matin ne penserons nous plus à tous les problèmes que nous avons. C’est pourquoi je pense que nous avons besoin de comédie, c’est un désir organique et naturel. »

     

    Radu Potcoavă avait préalablement réalisé la comédie à succès « Cuscrii » ; le drame « Vara s-a sfarsit » (l’été s’est terminé). Il a aussi coréalisé les séries « Vlad » et « Ai nostri » (Les notres) pour la télé roumaine. Il a aussi réalisé plusieurs court-métrages qui ont rencontré un franc succès. Trois d’entre eux ont d’ailleurs été nominé pour le prix Gopo. (Trad : Charlotte Fromenteaud)