Category: RRI Culture

  • Le Festival du Théâtre Jeune fête ses 18 ans

    Le Festival du Théâtre Jeune fête ses 18 ans

    Ideo Ideis – le Festival du Théâtre Jeune – a fêté ses 18
    ans d’existence en aout dernier, à Alexandria, dans le sud de la Roumanie. Cette
    manifestation artistique et sociale a commencé en tant qu’événement permettant
    aux adolescents passionnés de théâtre de rencontrer des professionnels de
    l’industrie et de créer des spectacles sous leur direction. Cette année, des
    adolescents de 15 villes se sont rendus à Alexandria, où ils ont travaillé avec
    des mentors et des formateurs, des personnalités très connues du monde du
    théâtre et du cinéma roumains. Parmi les invités spéciaux, mentionnons l’acteur
    Marcel Iureș et le journaliste Cătălin Ștefănescu.


    Liviu Romanescu, acteur et directeur du Festival du
    Théâtre Jeune Ideo Ideis, nous a présenté plus en détail quelques moments de cette 18e
    édition :


    « On a mis en place une série d’événements
    culturels dédiés à la fois aux adolescents et à la communauté d’Alexandria.
    Cette année, nous avons eu un nombre important de jeunes participants, et nous
    avons également eu des invités étrangers venus de Norvège, des artistes qui ont
    travaillé avec les coordinateurs des groupes sélectionnés pour cette édition. Tout
    comme lors des éditions précédentes, nous avons organisé notre fameuse Cinémathèque
    tardive, où les participants ont pu regarder les premières roumaines de
    l’année, des films primés aux Gala des Prix Gopo ou au Festival International
    du film Transilvania (TIFF). Nous avons aussi monté des spectacles de théâtre
    professionnel, ainsi que des spectacles en plein air dédiés aux familles et aux
    plus jeunes. Cette année encore, les adolescents ont réalisé des peintures
    murales dans différents endroits. Pour nous en tant qu’organisateurs,
    avoir atteint les 18 ans de festival – cela nous a donné la liberté de faire
    tout ce que nous avons désiré, sans pour autant oublier de faire attention aux
    conséquences de nos actions. Pour cette édition anniversaire, nous avons donc
    essayé d’encourager davantage les jeunes à partager leurs idées et à
    s’impliquer, tout en les aidant à prendre conscience de l’importance de la
    manière dont ils interagissent avec l’environnement. Bref, nous avons insisté
    sur le fait que toutes ces interactions laissent des traces. Je tiens également
    à mentionner que depuis quelques années, nous en sommes arrivés au point où
    nous accueillons d’anciens diplômés d’IDEO IDEIS en tant qu’organisateurs, mais
    aussi en tant qu’artistes professionnels. Nous sommes donc au stade où le
    festival et le mouvement Ideo Ideis commencent déjà à accueillir les jeunes
    qu’ils ont formés dans cet esprit. »

    « Tu fais ressembler
    le monde à toi-même » – le message de l’édition Ideo Ideis de cette année
    n’a pas été seulement un salut adressé aux adolescents qui regardent le monde avec
    audace, mais aussi une manière de les inviter à cultiver leur curiosité, pour
    qu’ils puissent assumer la transformation de la société par des moyens
    créatifs. En même temps, il représente un miroir tourné vers la communauté
    d’Alexandria, qui a accepté avec confiance et ouverture le défi d’accueillir
    chaque année le plus grand événement consacré à l’éducation alternative par le
    biais du théâtre.(Trad. Rada Stănică)

  • Le Festival international de la bande dessinée historique de Braşov

    Le Festival international de la bande dessinée historique de Braşov

    Le
    centre historique de la ville de Brașov (centre de la Roumanie) a accueilli, en
    août dernier, la sixième édition du FIBDI – Le Festival international de la bande
    dessinée historique. Six expositions, quatre lieux archiconnus (la Maison et la
    Place du Conseil, le Bastion des tisserands et le Parc des héros), nombre de
    concours, ateliers et une classe de maître se sont partagé l’agenda de l’événement.
    L’historien Nicolae Pepene, directeur du festival, a détaillé la programmation: Ce n’est
    pas qu’un simple un festival de la bande dessinée historique, c’est un festival
    qui s’inscrit dans l’histoire, grâce principalement à nos invités. Nous avons
    réussi à réaliser ce que nous nous sommes proposé dès la première édition, à
    savoir faire de notre festival un lieu de rencontres où passionnés de la bande
    dessinée et auteurs plus ou moins jeunes ou âgés se rassemblent dans un cadre
    professionnel et amical pour parler de l’histoire de la bande dessinée
    historique roumaine, parce que cette histoire est très intéressante. Et cette
    année nous avons eu la chance de pouvoir rassembler autour d’une table ronde
    les maîtres qui avaient débuté dans les années 1970. Quelle impression produit
    une réunion, en 2023, sur le début d’auteurs prestigieux dans les années 1970,
    dans la revue « Cutezătorii »/Les Téméraires » !



    L’événement
    central du festival a été « Le Centenaire Gopo » – Cent ans depuis la
    naissance d’Ion Popescu Gopo (1923-1989), artiste plasticien et dessinateur,
    réalisateur, acteur et scénariste de film. Ses créations l’ont imposé en tant
    que personnalité remarquable du cinéma roumain, le court-métrage « Brève
    histoire » ayant remporté la Palme d’Or à Cannes en 1957. Nicolae Pepene a
    aussi parlé de l’anniversaire de Gopo: L’anniversaire de la naissance de Gopo, le
    « Centenaire Gopo », n’arrive qu’une fois. Et nous l’avons célébré à
    Brașov et peut-être que Gopo lui-même nous sourit de quelque-part d’en haut,
    avec le sourire qu’il avait dessiné sur le visage de son petit homme, son
    personnage. Gopo a peut-être souhaité que cela se passe à Brașov, car, d’après
    ce qu’on m’a dit, il aimait cette ville et nous ne serions que la main de sa
    volonté. C’est madame Anca Moscu, l’âme de cette célébration et aussi
    petite-fille du grand artiste, qui m’en a parlé. Nous avons réussi à rassembler
    une équipe, qui organisé cette exposition en collaborant avec deux importantes
    institutions du domaine de l’histoire de l’art roumain – les Archives
    nationales de film et le Studio Animafilm. Ce trésor de pièces historiques
    ayant appartenu à Gopo a été présenté pour la première fois. Les deux institutions
    les ont ramenées à Brașov, me les ont confiées et le résultat c’est
    l’exposition que vous avez vue et que j’invite tout le monde à voir ; elle
    restera ouverte jusqu’en janvier prochain et occupe deux salles, où Ion Popescu
    Gopo est placé dans une galerie universelle, aux côtés d’autres grands auteurs.
    Nous y exposons une photo de lui aux côtés de Walt Disney, ainsi que plusieurs
    pièces exceptionnelles. Pouvoir regarder de très près un diplôme du Festival de
    la Cannes, ça veut dire que nous avons ici la Palme d’Or de 1957! Et puis aussi
    le Trophée de Karlovy Vary, des dessins des archives du maître, gardés par sa
    famille, les Archives nationales de film et le Studio Animafilm. Selon moi,
    c’est une expo spectaculaire. On passe ensuite de la section en noir et blanc à
    la section en couleurs, celle des films de Gopo. Ça commence avec « Des
    pas vers la lune » et « On a volé une bombe », en noir et blanc,
    pour passer aux couleurs et à la musique avec « Maria, Mirabela » et
    « Harap Alb ». Nous exposons aussi des équipements utilisés par Gopo
    pour réaliser ses films, des affiches, y compris de l’étranger, des diplômes
    accordés à différents festivals et ainsi de suite.



    Le
    directeur du FIBDI, Nicolae Pepene, a enfin ajouté: L’édition de notre Festival de cette
    année a été la meilleure. Et c’est bien normal puisque nous avons accumulé de
    l’expérience et nous avons acquis une renommée certaine. Nous avons eu
    quelques d’invités français qui nous ont
    aidés à monter en puissance. Nous avons proposé de nouvelles sections. Nous
    sommes donc sur le bon chemin, voilà la conclusion. Je n’ose pas penser au fait
    que six éditions ce n’est pas beaucoup pour un festival. L’année prochaine, la
    septième édition sera une sorte de seuil à franchir vers une nouvelle étape et
    nous ferons de notre mieux pour proposer un thème historique surprise. –
    a promis le directeur du Festival
    international de la Bande dessinée historique de Braşov. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • La Nuit des musées à la campagne

    La Nuit des musées à la campagne

    La
    Nuit des musées est arrivée à sa dix-neuvième édition en Roumanie. En revanche, la Nuit des musées à
    la campagne en a eu sa première dans la nuit du 2 au 3 septembre dernier. Mis
    en place par la même équipe organisatrice de éditions urbaines, l’événement
    culturel a été riche en objectifs ayant valu le déplacement.

    Dragoș Neamu,
    initiateur et coordinateur de cette Nuit des musées campagnarde, explique la
    raison de la décision de l’organiser: Dernièrement, j’ai remarqué un
    phénomène très intéressant qui se manifeste durant la Nuit de musées : de
    nombreuses maisons-musées, collections privées et publiques, objectifs
    culturels, divers et à valeur de patrimoine, des communes et des villages de
    Roumanie, se connectaient à l’événement classique. Ce qui nous a fait
    comprendre le besoin croissant des communautés rurales de se faire connaître,
    d’exposer leurs collections et de débattre en toute sincérité de la valeur du
    patrimoine culturel rural. C’est ce qui nous a inspirés. Lorsque nous avons
    arrêté notre décision, nous avons certes envisagés d’autres aspects aussi, dont
    évidemment le côté inédit de l’événement, car, vous le savez déjà, c’était la
    seule initiative de ce genre au niveau européen.



    Contrairement,
    peut-être, à la perception générale, il n’y a pas que des musées ou des
    objectifs ethnologiques dans les communes et villages de Roumanie, une réalité
    que la Nuit des musées à la campagne a mis en lumière, explique Dragoș Neamu : La plupart des gens ont été surpris par l’incroyable diversité du
    patrimoine muséal et culturel du monde rural. Sous certains aspects, cette
    diversité est même plus marquée que ce que l’on trouve dans l’espace urbain.
    Les collections à caractère ethnologique et ethnographique sont complétées par
    un grand nombre d’autres choses. Vous avez peut-être appris avec étonnement
    qu’il existe des celliers des fées, ou un Musée des tissus et des contes, il a
    été possible de visiter des granges aménagés d’une manière très créative, des
    moulins non seulement à eau et à vent, mais aussi à papier. Il y a des espaces
    de créativité rurale, artisanale, des ateliers de poterie, des points
    gastronomiques, des parcs archéologiques, des monuments du Néolithique. La
    commune de Medieșul Aurit, dans le département de Satu Mare (nord-ouest), a proposé une réserve
    archéologique. Il y a eu un tas de châteaux, palais, manoirs nobiliaires,
    églises fortifiées. La Nuit des musées à la campagne a eu lieu dans 36 départements
    à travers le pays, rassemblant pour cette première édition 140 nouveaux
    objectifs. Notre cible était de rassembler une centaine d’objectifs, mais nous
    avons largement dépassé ce chiffre. Vous voyez donc que c’est bien plus que de
    l’ethnographie – c’est de l’histoire, de l’écologie, de la vie quotidienne,
    privée, rurale, c’est aussi de l’histoire ancienne et contemporaine, des
    contes, de l’art plastique et de l’art traditionnel, artisanal. Vous trouvez
    tout ce que vous voulez dans le monde merveilleux du village roumain.



    Outre les
    musées, les maisons-musées, les églises et les ateliers de métiers
    traditionnels du monde rural, la Nuit des musées à la campagne a aussi mis en
    évidence les communautés qui ont créé tout cela, raconte le coordinateur de
    l’événement, Dragoș Neamu :Tout d’abord, la communauté est poussée au
    premier-plan justement par l’existence même de cet événement. Viennent ensuite
    les objectifs de ces communautés et qui fonctionnent comme des centres de
    mobilisation locale à travers lesquels ces communes se font connaître. Ces
    objectifs deviennent les marques de ces localités. Quand on dit Bran, on dit le
    Château de Bran. Quand on dit Nucșoara, dans le département d’Argeș, on dit la
    maison-musée d’Elisabeta Rizea. Ces analogies apportent de la plus-value à une
    communauté. S’il y avait aussi une plus-value au plan économique et social, ce
    serait encore mieux. C’est pour cela qu’en organisant cette Nuit des musées à
    la campagne, nous voulons identifier les meilleures solutions pour les besoins
    culturels de ces espaces ruraux. Nous souhaitons même lancer un débat public
    sur les problèmes de patrimoine liés à la condition du paysan roumain, au
    village roumain, à la meilleure mise en valeur du potentiel local, à la mise en
    place de trajets touristiques plus complexes, plus intéressants et plus divers,
    que nous pourrions promouvoir à l’échelle européenne, afin d’attirer davantage
    de touristes et de booster l’attractivité de ces lieux. De tels objectifs sont
    nombreux et ils peuvent devenir de véritables pôles de réceptivité touristique
    et culturelle.



    Compte tenu de ces objectifs
    généreux, la Nuit des musées à la campagne ne s’arrêtera pas après cette
    première édition, mais elle continuera dans les années à venir. (Trad. Ileana
    Ţăroi)

  • L’exposition « Artistes représentés dans la collection d’art des époux Macovei »

    L’exposition « Artistes représentés dans la collection d’art des époux Macovei »

    Le Musée de la ville de Bucarest, ou le Musée
    municipal Bucarest (MMB) s’adresse de nouveau aux amateurs d’art, en leur
    proposant un projet inédit. L’exposition « Artistes représentés dans la
    collection des époux Macovei » est une première, accueillie par la
    résidence des donneurs – « La collection d’art Ligia et Pompiliu
    Macovei » – dans un immeuble dans le style éclectique français, érigé au
    début du XXème siècle. Le public a ainsi l’occasion d’y admirer des œuvres qui
    n’ont plus été exposées depuis un certain temps déjà.


    Pompiliu Macovei (1911-2009) a été un
    architecte, diplomate et homme politique roumaine, ambassadeur à l’UNESCO et
    collectionneur d’art passionné. Son épouse, Ligia Macovei (1916-1998) a été une
    peintre formée à l’art décoratif. La muséographe Cristina Ioniță fait une
    présentation de la maison-musée: « Ces dernières
    années, nous avons organisé des expositions dédiées à Ligia Macovei. Cette année, nous
    avons décidé de réaliser une exposition avec des œuvres signées par d’autres
    artistes présents dans la collection des époux Macovei. Ce sont des créations
    qui n’ont plus été vues ces derniers temps et dont les auteurs sont Constantin
    Piliuță, Alexandru Ciucurencu, Aurel Cojan, Ion Musceleanu, Rudolf
    Schweitzer-Cumpăna, Brăduț Covaliu et bien d’autres. « La collection d’art
    Ligia et Pompiliu Macovei » fait partie de l’ensemble des musées et des
    collections du patrimoine du Musée municipal Bucarest. Ouverte au public depuis
    plus de vingt ans, elle se trouve dans la résidence privée des donneurs. Les
    deux époux ont été des artistes eux-mêmes, elle était peintre et dessinatrice,
    lui était architecte et diplomate. Leurs positions sociales et intérêts
    professionnels les ont fait voyager beaucoup, à travers le monde. Cela leur a
    permis de rencontrer de nombreuses personnalités de l’époque et de construire
    cette impressionnante collection, que nous admirons aujourd’hui. »



    Cristina Ioniță a ensuite présenté
    l’exposition: « Y sont exposés des ouvrages qui
    représentent des lieux – sources d’inspiration visités par les artistes. Rudolf Schweitzer-Cumpăna, qui
    s’est constamment inspiré du monde du village, est présent avec une toile
    représentant deux paysannes assises à une table. L’humanité des personnages,
    très loin d’une image idéalisée, confère beaucoup d’authenticité à cette œuvre.
    Aurel Cojan, peintre de l’environnement citadin, nous emmène dans un monde qui
    réunit des éléments fondamentaux des agglomérations urbaines. Son tableau
    « Maison avec cour » (« Casă cu curte »), huile sur carton,
    est intéressante par le jeu de la composition, par l’expressivité des formes et
    par la manière unique de peindre la réalité extérieure dans un décor expressif
    et authentique. La toile « Paysage citadin avec église » (« Peisaj
    citadin cu biserică »), de Lucian Grigorescu, montre un ensemble de
    plusieurs petites maisons et d’immeubles à étages, devant une église peinte en
    position centrale, mais éloignée. L’intensité chromatique est complétée par les
    nuances délicates, ce qui offre au regard un lyrisme captivant. Les œuvres
    exposées expriment des thèmes et des approches très variés, offrant en même
    temps des informations précieuses sur les sources d’inspiration préférées des
    artistes. La sélection proposée au public, complétée avec deux créations de Ligia
    Macovei, contient des paysages citadins, des jardins, des parcs, des
    natures statiques avec
    fleurs, des portraits et des scènes mettant en scène personnages et lieux
    rencontrés au fil des voyages, un nu féminin et des objets personnels des
    artistes. Les techniques utilisées sont, elles-aussi, très variées :
    gouache sur papier, aquarelle sur papier, huile sur différents matériaux. »




    La
    muséographe Cristina Ioniță a enfin ajouté: « Cette exposition met au premier plan des thèmes essentiels de la
    peinture, tels que fixer dans les tableaux des éléments représentatifs de
    lieux, de coutumes et traditions. Nous avons essayé de présenter les œuvres en
    fonction de la thématique et des auteurs et d’inviter les visiteurs à découvrir
    ou redécouvrir l’ensemble de la collection, qui est une incursion culturelle
    dans des époques et des endroits différents. »

    L’exposition
    « Artistes
    représentés dans la collection des époux Macovei » est ouverte jusqu’au 26
    novembre. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • La Roumanie, invitée d’honneur du Festival du Livre sur les quais de Morges

    La Roumanie, invitée d’honneur du Festival du Livre sur les quais de Morges

    La Roumanie sera
    mise à l’honneur à la quatorzième édition du Livre sur les quais qui se
    déroulera du 1er au 3 septembre à Morges, sous la présidence de l’écrivaine française Marie-Hélène
    Lafon. Près de 180 autrices et auteurs rencontreront leur public lors des
    dédicaces et dans le cadre de discussions, de croisières littéraires, de
    performances, d’ateliers ou d’animations pour la jeunesse. Parmi les invités,
    des noms importants de la littérature roumaine et de la traduction
    littéraire : Gabriela Adameşteanu, Cristian Fulaş, Raluca Antonescu, Radu
    Bata, Ramona Bădescu, Dana Grigorcea, Radu Ioanid, Marius Daniel Popescu,
    Simona Sora et Ion Vianu, ainsi que les traducteurs Jean-Louis et Florica Courriol
    que j’ai le plaisir d’accueillir au micro de RRI, par téléphone, depuis Lyon.



  • « Messages gravés dans la pierre » – un nouveau projet de culture urbaine

    « Messages gravés dans la pierre » – un nouveau projet de culture urbaine

    Le Musée de la ville de Bucarest vient de lancer un nouveau projet de
    culture urbaine – « Messages gravés dans la pierre » – qui se propose
    de réaliser la numérisation des crucifix en pierre de Bucarest. Cela devrait
    aboutir à une carte des lieux où s’érigent les monuments, ainsi qu’à une exposition
    accueillie par le musée municipal. Cezar Petre Buiumaci, manager du projet,
    explique le concept: Le Musée de la ville
    de Bucarest a lancé cet été le projet, de numérisation des crucifix en pierre
    de Bucarest « Messages gravés dans la pierre ». Un projet cofinancé
    par l’Administration du Fonds culturel national, avec deux composantes
    principales : la première rassemble l’identification, l’inventaire et
    l’étude des crucifix en pierre érigés sur le territoire de la capitale ;
    la seconde concerne l’introduction de ces monuments dans le circuit public à
    travers un site web dédié, une exposition, un catalogue, une conférence et des
    ateliers d’histoire urbaine pour les élèves des lycées « Iulia Hașdeu »,
    « Ady Endre » et « George Coșbuc » et pour les étudiants de
    la Faculté de lettres de l’Université de Bucarest. Notre projet s’est proposé
    d’identifier et de mettre en valeur les crucifix en pierre de la ville, afin
    d’en faire un sujet de recherches, d’identifier des modalités de faire passer
    le message, de remémorer des événements de l’époque médiévale et de l’époque
    moderne de l’histoire roumaine ; de trouver aussi les modalités de résoudre
    des situations critiques, les promesses ou la mise en évidence de certains
    comportements, aussi bien à l’intention de ceux qui étudient l’histoire, la
    géographie et l’anthropologie urbaine, que des communautés locales où se
    dressent ces monuments, pour qu’en fin de compte, toutes ces personnes prennent
    conscience de l’importance de ces éléments d’identité locale. Le projet
    implique aussi la réalisation d’une carte interactive de tous ces monuments.



    Pour ce qui est des endroits de la capitale où se dressent les crucifix en
    pierre, Cezar Buiumaci a ajouté : Les crucifix en
    pierre sont éparpillés dans plusieurs zones de la ville de Bucarest, certains
    en étant assez visibles, d’autres moins. Au centre-ville, il y a un ensemble de
    ces crucifix du côté de Universitate ; cet ensemble commémore l’héroïsme de
    ceux qui sont morts au nom de la liberté en décembre 1989. Le crucifix
    principal a été érigé sur les ordres du métropolite Neofit, qui le voulait une
    sorte de borne de frontière sur les terres appartenant à la Métropolie. Les
    crucifix encore en place ont été érigés entre les XVIIIème et XXème siècles
    pour établir les limites des propriétés ou pour rappeler une victoire princière
    dans une guerre. Par exemple, le Crucifix de Leon Vodă, à l’église Sfântul
    Dumitru Slobozia, célèbre la victoire du voïvode Léon contre Matei Basarab en
    1631 ; il est aussi le plus ancien crucifix non funéraire de Bucarest. Ou
    bien le crucifix de Papa Brâncoveanu, ayant également un rôle de cénotaphe,
    mentionne le meurtre de celui-ci en 1655, pendant la révolte des Seimeni (corps
    militaire d’infanterie composé de soldats mercenaires assurant la garde de la
    Cour princière en Valachie ou en Moldavie) et des Dorobanți (fantassins) ;
    de nos jours, il se trouve en bas de la colline de la Métropolie. Un crucifix
    en pierre se trouve à l’intérieur de l’autel de l’église Oborul Vechi,
    construite au XVIIIème siècle dans l’espoir de mettre fin à l’épidémie de peste
    qui sévissait dans la ville. Le crucifix acquiert ainsi une double
    signification – protéger les gens contre les malheurs et rappeler le malheur
    qui s’était abattu sur eux.




    Cezar Buiumaci a expliqué
    quels autres types de crucifix peut-on rencontrer à Bucarest: Un type de crucifix différent est celui qui rappelle les
    constructeurs d’une fontaine et qui en est le plus répandu d’ailleurs. Il y
    avait cette coutume qui faisait que les gens plus aisés ou la communauté
    entière construisaient une fontaine, plantaient un arbre ou bien érigeaient un
    crucifix pour rappeler les noms de ceux qui avaient construit le puits.
    Assouvir la soif d’un passant était quelque chose de très important et de cette
    façon les constructeurs considéraient qu’ils offraient de l’aumône en leur nom
    de leur vivant. Le passant assoiffé se désaltérait à l’ombre de l’arbre et
    lisait les noms gravés sur le crucifix. Les monuments étaient sculptés par des
    maîtres tailleurs de pierre.
    – a
    conclu Cezar Petre Buiumaci, manager du projet « Messages gravés dans
    la pierre », du Musée de la ville de Bucarest. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Douze années d’activité du Moulin à papier de Comana

    Douze années d’activité du Moulin à papier de Comana

    Le 6 août
    dernier, la commune de Comana (dans le département de Giurgiu, au sud de la Roumanie)
    s’animait pour accueillir l’événement « Le Douzième anniVERSaire sur la
    Colline du Moulin » / « 12 aniVERSare pe Dealul Morii », créé
    pour marquer les 12 ans passés depuis l’ouverture de l’Atelier-musée « Le
    Moulin à papier/Moara de Hârtie ». C’était en 2011 que les époux Dana et
    Ion Georgescu imaginaient et mettaient en pratique un projet pionnier dans la
    petite commune sise à une cinquantaine de km de Bucarest, sur la route vers le
    Danube.

    Cette année-là, les époux Georgescu souhaitaient trouver un endroit où
    les gens puissent recréer un lien avec les métiers du livre. A présent, en
    2023, Dana Georgescu revit ce moment précis: Nous avons découvert
    Comana en 2010. L’année suivante, nous avons réussi à y acheter un terrain et y
    faire construire l’Atelier-musée « Le Moulin à papier », le lieu où
    nous avons commencé à raconter l’histoire des métiers du livre, du papier
    manuel, de l’imprimerie et de la reliure de livre. Le début, c’était le 6 août 2011.
    Quelques années plus tard, nous avons réussi à construire deux ateliers où nous
    fabriquons actuellement du papier, avec les élèves et les adultes qui viennent
    nous voir. L’équipe a commencé à s’agrandir en 2016, quand nous avons réussi à
    inaugurer le Village des artisanats. Nous avons mis en page un projet qui a
    obtenu un financement du gouvernement norvégien ; cet argent nous a permis
    d’acheter un autre morceau de terrain et d’y construire ces ateliers, où nous
    avons voulu présenter les métiers traditionnels roumains d’une façon moderne,
    adaptée et intéressante pour les enfants et les adultes de notre temps. Ce que
    nous essayons de faire c’est de les familiariser avec ces activités tellement
    importantes et j’ose dire que nous le faisons avec un certain succès. A
    présent, nous recevons des milliers d’enfants et d’adultes, principalement
    pendant l’année scolaire, durant les semaines d’activités complémentaires
    « L’école autrement » et « La semaine verte ».



    Le moulin à
    papier a été complété non seulement par le Village des artisanats, mais aussi
    par une cuisine, ouverte pendant les années difficiles de la pandémie. Dana
    Georgescu explique: Nous avons réussi à compléter le projet
    démarré en 2011 avec une cuisine sociale: la cuisine de la Colline du moulin.
    Nous l’appelons ainsi parce qu’elle se trouve en effet sur la Colline du moulin
    de Comana. Elle existe grâce à ceux qui y viennent déjeuner, à ceux qui participent
    à nos activités, mais c’est une cuisine qui offre aussi des repas chauds aux
    personnes défavorisées de notre communauté, notamment aux enfants et aux
    personnes âgées. Nous avons voulu créer quelque chose de solide et cela fait
    deux ans que nous offrons des repas chauds gratuits à vingt-deux personnes, plusieurs
    fois par semaine.



    La cuisine de la Colline du moulin
    prouve que les projets du Moulin à papier ont des fins culturelles, mais aussi
    économiques et sociales. Les métiers artisanaux ravivés et enseignés à Comana ont
    pour but d’aider les communautés locales à devenir autonomes. Dana Georgescu explique ce que l’on peut
    apprendre au Village des artisanats: Les
    métiers du début sont toujours là et ils ont le plus grand succès: la
    fabrication manuelle du papier, l’imprimerie manuelle, la reliure de livre. Au
    Village des artisanats, nous avons organisé des ateliers divers : d’utilisation
    du métier à tisser, de tressage de tapis ou des poupées d’osier par les enfants,
    de ferronnerie, de poterie (dans cet atelier nous avons installé une roue de
    poterie vieille d’une centaine d’années) avec une petite production d’objets.
    Il y a aussi des ateliers de travail du bois et de boulangerie. Et puis aussi
    d’autres ateliers pour nos visiteurs : création de cartes de vœux,
    peinture sur papier et sur céramique. Chaque année scolaire, nous essayons de
    mettre à jour notre offre pour qu’elle attire le plus grand nombre de visiteurs.



    Pour marquer les douze ans d’existence
    du Moulin à papier, les visiteurs ont pu profiter de démonstrations pratiques,
    ainsi que des moments de lecture de poèmes, pour souligner le dévouement que l’on éprouve pour le livre à Comana. (Trad. Ileana Ţăroi)



  • Aman chez Aman

    Aman chez Aman

    Depuis
    le mois juin dernier, les amateurs d’art sont invités à visiter une exposition
    accueillie par un des musées les plus intéressants de Bucarest – la maison-atelier-musée
    du peintre Theodor Aman, composante du Musée de la ville de Bucarest.
    L’exposition « Aman chez Aman » est dédiée à Theodor Aman (1831 -
    1891), le premier grand artiste plasticien classique, peintre et graphiste,
    pédagogue et académicien, fondateur des premières écoles des beaux-arts de
    Roumanie, à Bucarest et à Iasi.

    Les toiles présentées au public appartiennent à
    la Pinacothèque du Musée de la capitale, certaines n’ont jamais été exposées,
    ou du moins les dernières décennies, d’autres ont fait l’objet de longs et
    difficiles travaux de restauration. La muséographe et commissaire de
    l’exposition, Greta Şuteu, ajoute d’autres précisions : Aman nous rend visite à travers
    ses toiles. C’est le noyau de l’exposition que nous avons ouverte cet été et
    qui est atypique en ce sens que nous avions l’habitude de montrer des œuvres du
    patrimoine du musée. Or, cette fois-ci, nous avons ramené des créations d’Aman
    qui retournent dans sa maison. Par une chance inespérée, la Pinacothèque de
    Bucarest, elle aussi intégrée au Musée de la ville, détient huit tableaux
    peints par Theodor Aman. Des œuvres qui n’étaient pas exposées, ni restaurées, plutôt
    en mauvais état, et stockées dans l’entrepôt. Depuis deux ans, ces toiles
    subissent des travaux de restauration et cela a été une chance extraordinaire.
    Nous sommes tout simplement émerveillés de les voir en pleine lumière aujourd’hui.
    Et puisqu’elles ont été restaurées, nous avons pensé que leur meilleure
    rencontre avec le public devrait avoir lieu là où elles ont été créées. Ces toiles sont donc toutes exposées
    dans l’atelier du peintre.


    Greta
    Şuteu a ensuite passé en revue les ouvrages exposés pour la première fois
    devant le public actuel :
    Ce sont des œuvres appartenant à des périodes de création et à des genres
    différents. Nous pouvons dire qu’elles couvrent parfaitement l’ensemble de la
    carrière d’Aman, depuis l’académisme du début au pré-impressionnisme de la
    dernière période, ainsi que la plupart des genres abordés par le Maître. Le
    portrait y est très bien représenté, sur trois périodes, dont celle de la
    maturité avec le portrait de la mère du peintre. Ce portrait a d’ailleurs une
    histoire intéressante. La mère d’Aman était décédée en 1868, quand la maison de
    son fils n’était pas encore finie. Donc elle n’y avait jamais mis les pieds.
    Aman peint ce portrait en 1880. Donc, ce tableau est en fait le portrait du
    souvenir que l’artiste gardait de sa mère. Vous voyez, on peut dire que la dame
    rend en effet visite à son fils. Nous exposons aussi deux miniatures, de
    véritables joyaux : le thème en est historique – « L’assassinat de
    Ghica III » – et l’œuvre choque par ses couleurs audacieuses, par la façon
    dont l’artiste perçoit un élément, le raffinement d’une broderie par exemple. C’est
    une création de sa deuxième année d’études universitaires, quand il avait à
    peine vingt ans. Selon le critique et historien de l’art Radu Bogdan, c’est le
    premier tableau à l’huile sur un thème historique peint par Aman. Il s’agit
    donc effectivement d’une création de début.




    La commissaire de
    l’exposition « Aman chez Aman », Greta Şuteu, a aussi lancé une invitation : Nous attendons nos
    visiteurs fidèles à venir admirer cette exposition, mais nous invitons aussi
    tous ceux qui n’ont peut-être pas encore découvert ce musée, unique en son
    genre.
    (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Art Safari 12 Love Edition

    Art Safari 12 Love Edition

    Érigé
    dans le Vieux Centre de la capitale roumaine Bucarest, le Palais Dacia-România
    a été, en juillet, la scène de l’inauguration de la douzième édition du
    Pavillon d’art « Art Safari – Love Edition ». Fruit d’un partenariat
    avec des musées d’art roumains et internationaux, mais aussi avec des
    collectionneurs privés, l’édition actuelle est structurée sur plusieurs
    thèmes : l’amour, le portrait et ses personnages, les rétrospectives
    Constantin Artachino (1870-1954, peintre et membre fondateur de la Société
    « Jeunesse artistique ») et Ion Alin Gheorghiu (1929-2001, peintre et
    sculpteur, membre de l’Académie roumaine).

    Ioana Ciocan, directrice générale
    d’Art Safari, détaille l’offre proposée au public : Love Edition
    dit d’abord que, dorénavant, nous choisirons à chaque fois un thème pour Art
    Safari, dans la rue Lipscani. Ensuite, Love Edition parle de ces sentiments qui
    nous réveillent le matin, qui nous lancent des défis, des sentiments forts, éprouvés
    par nous tous – l’affection, l’amour, la haine parfois. Tout a commencé en
    2017, avec la collaboration entamée avec la National Portrait Gallery de
    Londres, et qui vient de se concrétiser. Le contrat a été particulièrement
    difficile et l’équipe d’Art Safari a dû surmonter énormément de difficultés. Le
    musée londonien n’avait jamais eu de collaborations dans cette région de
    l’Europe. Nous avons réussi à gagner leur confiance et voilà qu’au premier
    étage du bâtiment de la rue Lipscani, des toiles importantes, réalisées entre
    le XVIème et le XXIème siècle, sont accrochées aux murs peints en rose clair et
    rose foncé. Plus de cent ouvrages – des
    toiles de maître, signées par Gainsborough ou Van Dyck par exemple, par
    Andy Warhol ou David Hockney, des œuvres qui racontent des histoires d’amour.
    Les feux ne sont pas braqués sur les artistes, mais sur les personnages des
    tableaux. Et je suis sûre que le public, que nous attendons dans la seconde
    moitié de la semaine au Palais Dacia-România, pourra y reconnaître ses
    personnages préférés : le roi Henri VIII d’Angleterre, le musicien John
    Lennon, l’actrice Audrey Hepburn, le roi Charles III quand il était prince de
    Galles lors de son mariage avec Lady Diana, ou encore le Prince Harry et Meghan
    Markle. C’est une exposition à ne pas rater. Egalement au premier étage, on
    peut admirer la rétrospective Constantin Archino, mise en page par le Musée de
    la ville de Bucarest. La commissaire de l’expo, Elena Olariu, a choisi de
    présenter trois étapes principales de la création de l’artiste. C’est une
    exposition qui va vous surprendre, car on y écoutera des voix enregistrées, on
    lira des lettres, on laissera le regard caresser le velours de la Dobroudja,
    que le peintre a si bien montrée dans ses tableaux.


    Ioana
    Ciocan a également expliqué la rétrospective Ion Alin Gheorghiu, ainsi que la
    toute nouvelle collaboration avec le musée londonien « Victoria and Albert
    Museum » : Ion Alin Gheorghiu est le protagoniste d’une
    grande exposition rétrospective et d’un texte de présentation écrit par Andrei
    Pleşu. Les œuvres présentées appartiennent à des collectionneurs roumains, mais
    aussi au Musée national d’art de Roumanie. Les sculptures proviennent du
    Théâtre national, car les créations de Gheorghiu se trouvent dans des lieux
    très surprenants. Je voudrais souligner la zone dédiée à l’atelier de
    l’artiste, où l’on voit des objets personnels – photos, icônes, toiles à peine
    commencées – et puis aussi ses couleurs, ses pinceaux et son chevalet, envoyés
    par le Musée d’art de Constanţa. Enfin, l’exposition la plus spéciale jamais
    proposée par Art Safari, est un défi lancé aux visiteurs par la commissaire Ruth
    Hibbart, de Victoria and Albert Museum. L’exposition met en scène un combat à
    mort entre des zombies et des nymphes. En fait, c’est une lutte entre le bien
    et le mal, ce sont les monstres que nous apercevons ou affrontons tous,
    mais également l’espoir que nous tous nourrissons de voir le bien triompher à
    la fin.
    , a conclu Ioana Ciocan, directrice générale d’Art Safari.





  • « Rétroversions » – une anthologie de récits d’autrices roumaines contemporaines

    « Rétroversions » – une anthologie de récits d’autrices roumaines contemporaines

    La
    maison d’édition roumaine « Paralela 45 » a lancé sur le marché du
    livre national une anthologie de récits – « Rétroversions » – réunissant des textes que les vingt-deux autrices
    invitées consacrent aux différents aspects de la féminité contemporaine: la
    mère, les dysfonctionnements du couple, l’équilibre précaire entre vie privée
    et vie professionnelle, la violence en famille et les suffocantes mentalités
    patriarcales qui perdurent.

    La poétesse et journaliste Cristina Ispas, en
    charge de l’édition du recueil, a expliqué la sélection des écrivaines invitées: Il y a eu plusieurs critères, car je voulais de très bonnes écrivaines,
    issues de générations différentes. En même temps, je cherchais des autrices qui
    ne s’étaient pas vraiment fait remarquer dans le domaine de la prose. J’ai
    pensé qu’elles se sentiraient encouragées à écrire et, en effet, les textes
    proposés ont été une pure joie. En plus, j’ai aussi inclus trois autrices de
    Bessarabie (République de Moldova), parce que j’ai également cherché des styles
    différents. J’ai pensé à leurs voix distinctes et j’ai essayé de les intégrer
    dans cette anthologie, de façon à mettre en lumière ce qui individualise leurs
    textes, en évitant le trop de ressemblances stylistiques ou thématiques. Et
    j’espère avoir réussi à le faire.

    Les
    vingt-deux autrices ont été invitées à écrire sur des sujets qui parlent de
    femmes en situations de vulnérabilité. Le résultat final a été une anthologie
    de textes et d’angles d’une grande diversité, explique Cristina Ispas: Ma première pensée a été de ne pas me retrouver uniquement devant des
    textes sur des femmes de la classe moyenne, travaillant dans une multinationale
    ou habitant au centre-ville de Bucarest ou d’une autre grande agglomération
    urbaine du pays. J’ai voulu que l’on regarde aussi, quand-même, des personnages
    féminins que nous croisons souvent, autour de nous : voisines, vendeuses
    au supermarché du quartier, une femme rencontrée dans la salle d’attente d’un
    cabinet médical. Mais j’ai eu peur que les autrices ne comprennent mon idée
    comme une restriction et qu’elles finissent par choisir un personnage qui leur
    soit plutôt étranger. Il m’a donc été très difficile de respecter le concept
    que j’ai moi-même lancé. Mais il y a plusieurs autrices, telles que Corina
    Sabău ou Ioana Bradea, par exemple – qui ont parfaitement respecté l’idée de
    départ.



    Cristina Ispas, l’éditrice de l’anthologie « Rétroversions », a
    elle-aussi contribué avec un récit à l’anthologie parue aux éditions Paralela
    45. Son texte tourne autour d’un personnage féminin apparemment banal et sans
    relief, mais que l’autrice sait parfaitement mettre en valeur. Cristina Ispas
    raconte: J’ai choisi ce personnage parce qu’il me
    semble très important de parler aux gens autour de nous. Pour un écrivain, la
    meilleure façon de comprendre l’autre est, à mon avis, à travers un texte, en
    essayant de construire une histoire et de comprendre en même temps celle de
    l’autre. J’ai aussi voulu décrire des typologies rencontrées assez souvent chez
    nous, des situations qui se répètent et que j’ai voulu mettre en évidence. En
    plus du personnage principal, qui éprouve des tas de peurs, mais qui est aussi
    ouvert à d’autres opinions et qui ne pense pas avoir raison à chaque fois. J’ai
    essayé de montrer qu’aucun de nous n’est dessiné uniquement en noir et blanc.
    Nous avons tous des personnalités complexes, avec du bon et du mauvais. Ce
    serait idéal de tenter de nous tolérer et de nous comprendre les uns les autres
    le plus possible, de ne pas tourner le dos à cause d’une faute ou d’un
    mouvement erroné.


    Le premier volume de
    l’anthologie « Rétroversions » sera suivi par un second, avec des
    textes signés par d’autres auditrices, que les éditions Paralela 45 publieront bientôt. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Le portrait communiste dans les collections du Musée de la ville de Bucarest

    Le portrait communiste dans les collections du Musée de la ville de Bucarest

    Le
    Palais Suțu, un des sièges du Musée de la ville de Bucarest, accueille ce
    mois-ci une exposition qui met en scène l’histoire récente de la Roumanie à
    travers le portrait, un genre de la peinture très apprécié: « Entre Gheorghiu-Dej et Nicolae
    Ceaușescu. Le
    portrait communiste dans les collections du Musée de la ville de Bucarest ».
    Gheorghiu-Dej (1901-1965) a été le chef communiste de la Roumanie de 1947 jusqu’à
    sa mort en 1965. Le dictateur Nicolae Ceaușescu (1918-1989) a été le dernier
    leader communiste de la Roumanie et le chef d’Etat de la République Socialiste de
    Roumanie entre 1967 et la chute du régime communiste, provoquée par la
    Révolution de 1989.


    L’exposition
    du Palais Suțu a pour but de présenter la diversité des visages sous le régime
    communiste. Le portrait de cette époque-là est riche de sens: il est un acte de
    mémoire des personnes représentées, mais il montre aussi un désir de grands
    idéaux. Les nouveaux héros de ces toiles sont des gens sans aucune trace de
    sang bleu.


    Cezar
    Petre Buiumaci, un des trois commissaires de l’exposition « Entre
    Gheorghiu-Dej et Nicolae Ceaușescu. Le portrait communiste dans les collections
    du Musée de la ville de Bucarest », en explique le concept :

    « L’exposition
    rassemble des ouvrages d’art plastique – peintures, gravures, sculptures d’art
    décoratif et artisanal, mais aussi photos, affiches et coupures de presse. Tous
    les éléments du culte de la personnalité aussi bien dans le cas de Gheorghe
    Gheorghiu-Dej que dans celui de Nicolae
    Ceaușescu. Cette démarche est importante parce qu’elle montre au public
    l’agression visuelle infligée à la population par la propagande politique du
    régime communiste imposé en Roumanie par Staline et l’Armée rouge. La démarche
    a aussi voulu rappeler une époque qui ne doit pas être ramenée à la vie, tout
    en montrant aux nouvelles générations un type de manifestation qu’elles
    puissent reconnaître rapidement, en cas de tentatives de la restaurer. »


    Delia
    Bran, deuxième commissaire de l’exposition, décrit les éléments de style de la
    période historique :

    « Le canon artistique de la période est ce que l’on a appelé
    le réalisme socialiste. Au temps de Gheorghe Gheorghiu-Dej, le canon en matière
    de portrait découle directement de celui de Moscou. Dans la plupart des
    portraits du leader roumain, la mise en scène ressemble à celle des portraits
    de Lénine. Les artistes roumains se voient imposer ce canon par la contrainte
    et la formation artistique, et là je pense aux comités de conseil artistique du
    début des années 1950. Par les objets exposés, nous avons voulu aussi mettre en
    lumière cette « confiscation », disons, de l’artiste par la politique
    culturelle de l’État communiste. Plus précisément, il s’agit d’un phénomène de
    mainmise sur l’artiste, d’abord à travers un canon éducatif, ensuite par les
    répartitions de fin d’études à des emplois dans des entreprises industrielles.
    Donc, quelle que fût la période, sur l’ensemble du régime communiste, l’art
    officiel a gardé, selon nous, des caractéristiques du réalisme socialiste, mise
    en œuvre par le biais de la réforme de Jdanov. L’exposition retient cette
    nature de l’art de l’époque, tout en essayant de montrer aussi le côté plus
    profond de la relation entre l’artiste et l’art officiel …. Nous souhaitons
    qu’elle soit comprise et interprétée sur plusieurs niveaux et nous espérons
    pouvoir offrir une expérience agréable à tous nos visiteurs, quel que soit leur
    âge. »


    Enfin, Nicoleta
    Bădilă, troisième commissaire de l’exposition « Entre Gheorghiu-Dej et Nicolae
    Ceaușescu. Le
    portrait communiste dans les collections du Musée de la ville de Bucarest »,
    accueillie par le Palais Suțu, passe en revue les types et les styles de
    portraits exposés :

    « L’art du portrait a toujours été flexible, prenant en
    compte les styles des époques et les exigences du bénéficiaire. À la différence
    d’autres genres artistiques, le portrait est une négociation entre l’artiste et
    le sujet, tandis que le produit final devrait être une limite posée à la
    réalité. … Vous allez retrouver dans cette exposition les ainsi appelés
    portraits d’apparat de Gheorghe Gheorghiu-Dej et de Nicolae Ceaușescu, dont
    l’objectif était de souligner les atouts de pouvoir des personnages représentés.
    Outre cela, trois thèmes artistiques, directement associés à l’image
    officielle, dominent l’iconographie officielle: les portraits de
    révolutionnaires, ceux qui montrent les visites de travail (sur le terrain) et
    les portraits associés aux réussites du régime communiste, également visibles
    dans cette exposition. »



    Rappelons
    que l’exposition « Entre
    Gheorghiu-Dej et Nicolae Ceaușescu. Le portrait communiste dans les collections
    du Musée de la ville de Bucarest » est ouverte jusqu’à la fin de ce mois au
    Palais Suţu, un des sièges du Musée d’histoire de la ville de Bucarest. (Trad.
    Ileana Ţăroi)

  • « Rendez-vous au Jardin »

    « Rendez-vous au Jardin »

    Le
    Domaine Ghica Ghergani, sis à une quarantaine de km de Bucarest, dans le
    département de Dâmbovița (sud de la Roumanie), accueillait, à la mi-juin,
    l’événement culturel « Rendez-vous au Jardin ». Le temps d’un
    week-end, sept sculpteurs roumains ont investi de leurs créations les allées du
    parc Ghica, dans le cadre de cet événement, placé sous l’égide du programme
    européen homonyme.


    Le
    domaine appartient actuellement à Irina Bossy-Ghica, arrière-arrière-petite-fille
    d’Ion Ghica (1816-1897), grande personnalité historique, politique et
    culturelle de Roumanie. Irina Bossy-Ghica, qui a passé la plupart de sa vie en France, a
    travaillé dans les secteurs de la culture et du journalisme. Elle est revenue
    en Roumanie après la révolution anticommuniste de 1989, se donnant pour mission
    de restaurer le patrimoine familial et de lancer un changement dans l’approche
    culturelle de la société roumaine. Irina Bossy-Ghica explique pour RRI l’événement
    « Rendez-vous au Jardin » au Domaine Ghica Ghergani: « 2023 a été la troisième édition de l’événement européen « Rendez-vous au Jardin »,
    que nous accueillons depuis 2021. En plus du jardin que j’ouvre au public, j’ai
    toujours souhaité offrir aussi une exposition de sculpture. Cette fois-ci, nous
    avons invité sept sculpteurs qui exposent leurs créations dans les allées du
    jardin. Et puisque le thème de cette année a été « La musique du jardin »,
    nous nous sommes aussi régalés d’un petit récital, un duo de violon et
    violoncelle, dans la salle au sous-sol du manoir, spécialement construite pour
    accueillir de tels impromptus et dont l’acoustique est exceptionnelle. La
    sélection d’artistes visuels a appartenu
    à Mme Reka Dup, cheffe de la section Sculpture de l’Union des artistes
    plasticiens. C’est elle qui nous a conseillé d’inviter ces jeunes sculpteurs,
    les premiers, d’ailleurs, à répondre à notre appel. »



    Irina
    Bossy-Ghica s’est également arrêtée sur les difficultés liées aux travaux de
    restauration du domaine familial: « Nous nous débattons pour réussir à restaurer ce manoir,
    gravement détérioré notamment durant la deuxième guerre mondiale. Le
    tremblement de terre, produit à cette époque-là, est à l’origine de
    l’effondrement de l’étage supérieur, qui n’a malheureusement plus été refait,
    car le régime communiste a nationalisé la propriété. Un hôpital y a été
    installé, avec la préservation, plus ou moins, du parc. Mais les dégradations
    les plus graves ont eu lieu après 1990, car la fermeture de l’hôpital a permis
    le libre accès de tout un chacun dans le parc, ce qui a facilité la dégradation
    des bâtiments, y compris le pillage de la chapelle. Le toit en cuivre a été
    enlevé et la pluie a fait le reste pendant quinze ans. Voilà donc les résultats
    de cette période de transition durant laquelle je n’ai pas pu récupérer la
    propriété. J’en ai réussi au bout de quinze ans et, depuis, nous essayons de la
    remettre en état. Nous avons reconstruit l’étage, construit la seconde aile du
    bâtiment, restauré la chapelle et nous essayons d’entretenir le parc, mais il y
    a encore tant de choses à faire. Nous nous trouvons sur la Route des châteaux,
    une des douze routes de tourisme culturel que la Roumanie veut créer dans le
    cadre du projet « La Roumanie attractive » … »



    Pour
    conclure, Irina Bossy-Ghica a rappelé les activités culturelles déroulées
    chaque année sur le Domaine Ghica Ghergani: « Je prépare des projets culturels chaque année. En juin, le premier
    weekend a été occupé par cet événement – « Rendez-vous au Jardin » ;
    en septembre, nous aurons « Les Journées européennes du patrimoine »,
    et à cette occasion j’organiserai toujours ici un événement culturel – une
    exposition, un concert ou des conférences publiques. Parfois, au tout début du
    mois d’octobre, nous accueillons des spectacles du « Théâtre d’enfants de
    Vienne » et nous gardons l’espoir de pouvoir continuer à dérouler divers
    partenariats avec des salles de cinéma ou des troupes de théâtre désireuses de
    s’impliquer dans l’organisation d’un festival du genre en plein air. Notre parc
    se prête parfaitement à de telles activités culturelles. »
    a précisé Irina Bossy-Ghica au micro de RRI.
    (Trad. Ileana Ţăroi).

  • L’exposition « Raffet. Illustrations de voyage »

    L’exposition « Raffet. Illustrations de voyage »

    Le
    Palais Suțu de Bucarest, un des sièges du Musée de la ville, accueillait, à la
    mi-juin, le vernissage de l’exposition de gravures « Raffet. Ilustrații de
    călătorie/Raffet. Illustrations de voyage », consacrée au dessinateur,
    peintre et graveur français Denis Auguste Marie Raffet (1804-1860). À travers
    son œuvre, il a notamment mis en exergue l’épopée napoléonienne (les
    événements, les batailles et la vie sociale, politique et culturelle du temps
    de Napoléon Bonaparte (1769-1821). La commissaire de l’exposition, Nicoleta
    Bădilă, a expliqué le concept à la base de cette présentation des créations de
    Raffet:

    « L’exposition s’est proposé de ramener devant les regards curieux des
    visiteurs un paquet de gravures signées par l’artiste français Denis Auguste
    Marie Raffet. Les pièces faisant partie du patrimoine du Musée de la ville de
    Bucarest ont dès le début été créées comme illustrations de voyage imaginées en
    1837, durant une expédition scientifique à laquelle Raffet avait pris part. Les
    lithographies, qui suivent chaque étape de cette incursion, présentent des
    images représentatives de la Valachie, de véritables témoignages historiques
    réalisées de main de maître. »


    Nicoleta
    Bădilă propose une ébauche du portrait de Denis Auguste Marie Raffet.


    « Connu aujourd’hui pour ses gravures, Raffet a étudié la peinture à
    l’École des Beaux-Arts de Paris, mais il a préféré la lithographie. Au bout
    d’une carrière artistique étendue sur plus de trente ans, il avait créé plus de
    2000 gravures avec des techniques variées. Les scènes de combat, les uniformes
    militaires et les portraits de soldats dominent l’ensemble. Napoléon Bonaparte
    est visiblement le personnage principal de l’œuvre de Raffet, qui se penche
    aussi sur des faits historiques de première importance pour la France,
    notamment des épisodes de la Révolution française, sur des événements
    contemporains de l’artiste et sur des portraits. Ses nombreux voyages à travers
    l’Hexagone et l’Europe lui fournissent du matériel pour des compositions plus
    amples, avec des éléments géographiques en toile de fond et des scènes de genre. »


    La
    commissaire d’exposition Nicoleta Bădilă ajoute d’autres détails sur
    l’exposition ouverte au Musée de la ville de Bucarest:

    « En 1837, Raffet
    rejoint une expédition scientifique au départ de Paris et à destination de la
    Crimée, dirigée par Anatoli Demidov, un riche entrepreneur industriel russe,
    qui s’intéressait à la science. La composition de l’équipe a pris en compte les
    domaines scientifiques à la mode à l’époque. Médecins, sociologues, botanistes,
    géologues, biologistes et deux artistes ramassent des informations sur le relief,
    l’histoire, les statistiques financières, l’administration, la criminalité, les
    minerais, les sols, la météo, la population. Leur effort est à l’origine d’un
    livre en quatre volumes, qui raconte tout le voyage : « Voyage dans
    la Russie méridionale et la Crimée », publié à Paris en 1840. Le premier
    volume couvre l’étape navale du périple et les escales dans les grandes villes
    parsemées sur le trajet: Vienne, Bucarest, Odessa, Sébastopol. On y trouve des
    tas de détails sur la route elle-même, les populations, les coutumes, les
    vêtements, le système des chevaux de relais, les situations financières,
    démographiques ou sociologiques. Sachant tout de même que ces informations
    étaient superficielles et ne reposaient sur aucun vrai recensement. Ce volume
    est le seul illustré avec des lithogravures réalisées par Auguste Raffet.
    L’ouvrage coordonné par Anatoli Demidov sort en 1840, accompagné d’un album
    contenant une centaine de lithogravures de Raffet, qui viennent compléter
    l’information visuelle du premier volume. Ce sont ces gravures que présente
    l’exposition ouverte au Palais Suțu. Parmi elles, 15 représentent des images
    des Principautés roumaines – 10 de Valachie et 5 de Moldavie. Ce sont notamment
    les danses traditionnelles qui ont surpris l’artiste. Celui-ci leur dédie deux
    gravures, l’une représentant une danse du village de Cerneți, dans la région de
    Mehedinți, et l’autre – une ronde valaque jouée par des lăutari (ménétriers)
    roms et dansée par les instrumentistes du 2ème Régiment, chez le prince
    Alexandru Dimitrie Ghica. Les images représentant des paysans, engagés dans des
    activités diverses, se mélangent avec celles des grandes villes, des paysages
    naturels ou des chevaux de relais attachés à des carrosses ou charrettes. La
    Foire de la Saint Pierre, organisée à Giurgiu, sur les rives du Danube, est une
    occasion extraordinaire de montrer des gens de différentes communautés, qui
    interagissent les uns avec les autres, pour célébrer la simplicité de la vie,
    vécue par les paysans lors d’une fête. »
    , a conclu Nicoleta Bădilă, la commissaire de l’exposition
    « Raffet. Illustrations de voyage », accueillie par le Musée de la
    ville de Bucarest. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • L’exposition « Mythos – art et mythologie »

    L’exposition « Mythos – art et mythologie »


    Fin 2022,
    l’Association pour la culture et l’art « Arbor » a démarré
    le projet intitulé « Mythos – art et mythologie ». Le projet s’adressait
    aux élèves de collège et de lycée du Lycée Académique
    d’Arts Plastiques « Igor Vieru » de la capitale de la République de
    Moldova, Chișinău. Ils devaient créer des œuvres d’art illustrant des aspects
    de la mythologie grecque, revisités dans une approche moderne et amusante
    par le célèbre écrivain britannique Stephen Fry. Ainsi est née
    l’exposition des œuvres créées par les jeunes artistes, intitulée « Mythos
    – art et mythologie », présentée à la Galerie Arbor de Bucarest.

    L’organisatrice
    et la commissaire de l’exposition, Victoria Nagy Vajda, nous a offert des
    détails sur l’exposition et le projet :

    « Cette exposition est née des livres
    que j’avais l’habitude de lire à mes enfants avant de dormir dès qu’ils étaient
    petits. Un des bouquins que nous avons appréciés a été « Troie »,
    de Stephen Fry, traduit par l’écrivain Radu Paraschivescu. A part son humour,
    ce récit par Stephen Fry est aussi très intéressant, très complet. Qui plus est,
    la Galerie Arbor est un lieu où au moins une fois par an j’essaye
    d’organiser des activités pour les enfants qui étudient l’art et qui souhaitent
    approfondir davantage leurs connaissances, en faire une carrière même. Car
    on le sait très bien très peu de jeunes artistes réussissent à s’affirmer, c’est
    pourquoi je trouve que ce type de contribution est important. En visitant
    leur école, j’ai constaté qu’ils n’avaient jamais travaillé sur le thème de la
    mythologie. Et malheureusement, ils ont très peu de classes de
    mythologie dans le curriculum, alors que la mythologie est un thème essentiel
    de l’histoire de l’art et très important pour leur développement. »


    Victoria Nagy
    Vajda nous a offert encore des détails sur les thèmes préférés des élèves et
    sur les techniques qu’ils ont utilisées :


    « Ils ont préféré les sujets romantiques. L’histoire
    d’Orphée a été reproduite le plus souvent. L’histoire de Pâris et de la
    pomme de la discorde aussi. Il y a aussi des œuvres sur Apollon, le dieu des
    arts, du chant et de la musique, ainsi que sur la guerre, y compris la Titanomachie,
    c’est-à-dire le combat entre les Titans. Ils ont utilisé toute une variété de
    techniques. La plupart des œuvres ont été peintes à l’huile. Quelques-unes
    ont des dimensions moyennes, mais il y a aussi de grands tableaux. Certains
    enfants ont travaillé à l’aquarelle. Les élèves de terminale n’ont pas
    fait partie de ce projet, car ils sont préoccupés par le Baccalauréat. Nous
    avons exposé ici, à la Galerie Arbor, presque 90 % des œuvres, car il
    m’a été trop difficile de faire un tri plus rigoureux. »


    Victoria Nagy
    Vajda nous a parlé aussi de la rencontre des élèves moldaves avec Radu
    Paraschivescu, le traducteur des livres de Stephen Fry. D’ailleurs, Radu
    Paraschivescu a été présent au vernissage de l’exposition.

    « Cette rencontre les a rapprochés davantage de la mythologie et de
    la littérature avant tout, mais aussi d’un modèle intellectuel. Parce qu’il est
    important pour eux de voir des exemples réels, des artistes qui ont réussi, qui
    sont connus, qui ont eu des résultats extraordinaires pour toute la société.
    Avoir de tels modèles les motivera à vouloir réussir à leur tour. Il est
    essentiel de les encourager toujours, afin qu’ils prennent du courage et de la
    confiance en soi. J’aimerais bien voir ces enfants, et nous tous d’ailleurs, être
    motivés par leur passion et que cette passion puisse devenir un métier duquel
    ils puissent s’entretenir. On aurait une société idéale si cela était possible ».

    Avant de finir, nous vous invitons à découvrir les créations des élèves
    inspirées de la mythologie grecque sur la page Facebook de l’exposition
    « Mythos – art et mythologie »,
    https://www.facebook.com/events/2145184365674410/.
    Vous y trouverez aussi des interviews avec Radu Paraschivescu ainsi qu’avec
    deux enseignantes du lycée « Igor Vieru » de Chşinău. (Trad. Andra Juganaru)





  • Les vêtements des personnages des tableaux votifs

    Les vêtements des personnages des tableaux votifs

    Dans le cas des Principautés danubiennes de Valachie
    et de Moldavie, les plus de cent ans de suzeraineté ottomane se sont
    accompagnés d’une influence visible de la culture et de la civilisation
    orientale dans les sociétés locales. Cette influence s’est notamment manifestée
    durant les règnes « phanariotes », de 1714 en Moldavie et 1716 en
    Valachie à 1821 dans les deux États. Tout au long de cette période, la Sublime
    Porte y avait installé en tant que princes régnants des fonctionnaires grecs du quartier
    istanbuliote du Phanar. Cependant, l’« orientalisation», apportée par les
    règnes phanariotes avait déjà commencé à s’essouffler entre 1806 et 1812,
    lorsque les troupes occidentalisées de Moscou, engagées dans la guerre
    russo-turque, avaient occupé les Principautés roumaines. Pour la première fois,
    les șalvars féminins et masculins commençaient à céder la place aux robes et
    respectivement aux pantalons, l’anteri et le caftan se voyaient remplacer par
    les redingotes et les fracs, le fichu des femmes par le chapeau, le bonnet ișlic
    (du turc « bașlic ») par le haut-de-forme. L’adoption des modes
    vestimentaires occidentales ne s’était pas fait sans heurts, dû à la
    conjoncture politique et militaire du début du XIXème siècle qui poussait les
    Principautés roumaines tantôt du côté de la Russie et de l’Autriche, tantôt du
    côté de l’Empire ottoman, qui fut la puissance suzeraine pendant longtemps. L’événement
    décisif allait être la signature du Traité d’Andrinople en 1829, le
    remplacement du style de vie oriental par celui occidental devenant
    irréversible. Les vêtements ont été les premiers à changer, une réalité très
    visible dans les portraits des boyards de l’époque, mais aussi dans les
    portraits peints à l’intérieur des églises, les ainsi appelées « fresques
    votives ». Celles réalisées dans la première partie du XIXème siècle
    suggèrent que de nombreux boyards, notamment ceux ayant choisi de vivre sur
    leurs domaines, à la campagne, étaient restés fidèles à l’ancienne mode et à la
    tradition vestimentaire orientale. Mais les adeptes de la mode occidentale
    apparaissent eux-aussi sur les murs des églises qu’ils ont fait bâtir. D’habitude
    représentés aux côtés d’autres membres de leur famille, ces fondateurs
    témoignent à travers le temps de la façon dont leurs vêtements combinaient le
    nouveau et l’ancien, à une époque du changement et de l’éclectisme. L’historien
    Tudor Dinu s’est intéressé aux portraits votifs d’époque, pour noter que :




    « Les tableaux votifs des églises de cette
    période-là sont 141 au total et représentent plus de 1100 personnes habillées
    selon la mode du temps. Il y a évidemment des boyards traditionnalistes qui
    préfèrent l’antéri, le caftan et le kalpak, tandis que leurs fils passent à la
    redingote, au frac et au haut-de-forme. Nos musées gardent dans leurs
    patrimoines environ 200 costumes du XVIIIème siècle et du début du XIXème,
    ainsi qu’environ deux cents portraits de chevalet. Pour comparaison, il existe 1100
    figures de fondateurs d’églises habillés à la turque ou à l’allemande, comme on
    disait autrefois. Cette source d’informations inexploitée jusqu’à présent
    contribue donc beaucoup à rendre plus claire l’image de la mode de l’époque. »




    Dans son livre « Moda
    în Țara Românească. Între Fanar, Viena și Paris. 1800 și 1850 / La mode en
    Valachie. Entre le Phanar, Vienne et Paris. 1800 – 1850», Tudor Dinu a notamment
    étudié les églises bâties par les boyards dans la première moitié du XIXème
    siècle en Olténie, dans la partie couverte de nos jours par les départements de
    Gorj et de Vâlcea, c’est-à-dire une zone relativement prospère et plus à l’abri
    des destructions entraînées par les guerres. Les portraits votifs de ces lieux
    de culte montrent à la fois la continuation des traditions vestimentaires à une
    époque marquée par de profonds changements et le passage à une mode nouvelle,
    un moment de cohabitation du nouveau et de l’ancien. L’historien Tudor Dinu explique
    cet éclectisme :




    « Les grands boyards, qui occupaient aussi une
    fonction administrative, siégeaient au conseil princier et ne pouvaient pas se
    permettre d’abandonner en public ou en privé cette tenue orientale qui était
    une marque de leur statut social. Même le couvre-chef représentait la fonction
    officielle remplie par la personne qui le portait. Le prince arborait un ișlic
    au fond blanc, chez les boyards d’un rang plus élevé ce fond était rouge et il
    était vert dans le cas des boyards de rang inférieur. Quand ils attendaient
    d’être nommés à une fonction officielle, les boyards ou les fils de boyards
    portaient un couvre-chef très bizarre appelé kalpak, qui ressemblait à un
    ballon ou à une poire. Voilà pourquoi ils ne pouvaient pas renoncer
    officiellement ces vêtements avant les années 1830. En revanche, les dames
    n’ont pas eu de difficulté à adopter la mode occidentale. Au lendemain de
    l’occupation russe de la principauté, en 1806, les dames ont tout de suite
    commencé à imiter la mode apportée par les Russes. »




    Les adeptes du renouveau ne se faisaient pas prier
    pour se laisser peindre sur les murs de l’église dans leurs habits à l’« allemande »
    ou occidentaux. Ce fut le cas des fondateurs de l’église du village de
    Hurezani, dans le département de Gorj, dont tous les membres de la famille
    auraient pu se retrouver dans les revues de mode de l’époque. Pourtant, cette
    nouvelle mode avait eu aussi ses détracteurs, assez bruyants d’ailleurs, ajoute
    Tudor Dinu.




    « Leurs arguments découlaient plutôt d’un
    conservatisme de nature religieuse. Assez étrangement, ils disaient que la
    nouvelle mode poussait aussi bien les dames que les hommes au péché. Le
    pantalon a fait l’objet d’une dispute furibonde entre les traditionnalistes et
    les progressistes, d’autant plus que ce n’était pas très facile pour un homme
    de passer d’une mode à l’autre. Pour mettre le nouveau vêtement, il fallait
    maigrir un peu avant. L’anteri, une sorte de robe unisexe, était plus
    confortable que le pantalon pour les personnes rondes. Le gilet aussi, la
    redingote ou le frac demandaient des sacrifices. Par contre, les dames, elles,
    se sacrifiaient volontiers et se laissaient suffoquer par le corset, afin
    d’avoir une taille plus fine, une taille de guêpe comme on dit. »




    Malgré les inévitables difficultés du début, la
    nouvelle mode vestimentaire a réussi à s’imposer, suivie assez rapidement par
    le changement du mobilier, de l’aménagement intérieur des maisons et de
    l’architecture. (Trad. Ileana Ţăroi)