Category: RRI Culture

  • Le festival de lecture pour les enfants, Narrative

    Le festival de lecture pour les enfants, Narrative

    L’événement a été organisé par la Fondation Curtea Veche.

     

    La première étape s’est déroulée au Collège National de l’école Centrale de la capitale, et la seconde, au Lycée Pédagogique de Timisoara. A Bucarest comme à Timisoara, les enfants et les adolescents âgés de 7 à 14 ans ont eu à leur disposition un salon du livre, des ateliers créatifs, ainsi que des rencontres avec des écrivains. Tout pour que chacun nourrisse sa passion pour la lecture et les livres. Irene Arsene, présidente de l’Association Curtea Veche, nous a expliqué que le Festival Narrative n’est pas uniquement consacré à la littérature ou à la fiction pour les enfants, mais aussi aux manuels théoriques adaptés à leur âge. « C’était la demande. Premièrement nous nous sommes concentrés sur « la lecture par plaisir », je fais ici référence à la littérature roumaine et universelle. Nous avons aussi organisé des ateliers et nous avons également appris que, par la lecture, nous formons notre esprit critique pour pouvoir développer notre cerveau et l’éducation des enfants. Nous avons été très surpris de constater que les premiers ateliers dans lesquels se sont inscrits les enfants étaient ceux consacrés aux sciences. Ils voulaient en apprendre davantage sur la chimie, la physique ou la robotique. C’était une vraie surprise. Ils ont aussi manifesté de l’intérêt pour le théâtre, par exemple, ou la cinématographie. Ce festival est une vraie fête, le seul consacré à la lecture pour les enfants, quelque chose dont je n’ai jamais entendu parler avant. C’est une rencontre très plaisante entre les parents, les enfants et les pédagogues. Lorsque les enfants poursuivent les ateliers, les parents peuvent aussi participer à des rencontres avec des psychologues pour parler de leur problèmes, et leur demander comment inciter les enfants à lire ou comment les aider à lire davantage. »

     

    A chaque nouvelle édition, le taux de participation a dépassé nos espérances.

     

    Lors de l’édition de mars dernier par exemple, plus de 2 000 enfants se sont inscrits. Ils ont eu l’opportunité de participer à 50 ateliers sur des thèmes divers, de l’écriture créative aux rencontres avec des psychologues de renom ou des écrivains. Irene Arsene a constaté que les enfants étaient très facilement captivés par des sujets qui les intéressent. Elle nous a aussi parlé de ce qu’elle avait observé à travers les quatre édition du festival Narrative :

     « En parlant d’un sujet ou d’un livre adapté à leur tranche d’âge, on constate que l’on obtient très rapidement des résultats. En organisant le festival Narrative entrecoupé de pause d’une semaine entre chaque activité, nous avons eu des retours très positifs des parents qui nous ont raconté que leur enfant avait lu chaque jour de la semaine pendant la période de pause qui précédait la deuxième semaine d’activité. Peu importe le thème ou le livre choisi par l’enfant, l’important est qu’il lise chaque jour. Il peut commencer par lire 10 minutes, puis 20 minutes, ce qui lui permet déjà d’acquérir un bagage intellectuel extraordinaire. Les neurosciences ont démontré qu’un enfant qui lit seulement quelques livres durant sa scolarité aura déjà un niveau de vie supérieur à la moyenne ».

    Ce week-end à Timisoara, au Collège pédagogique national Carmen Sylva, le festival Narrative organise des ateliers de bande dessinée sur la mythologie de la Grèce antique, d’écriture créative, d’initiation au théâtre et d’analyse comparative entre les livres et leurs versions cinématographiques. (Trad : Andra Juganaru & Charlotte Fromenteaud)

  • “Entre la Roumanie et la France. Un parcours artistique remarquable”

    “Entre la Roumanie et la France. Un parcours artistique remarquable”

    30 ans depuis l’adhésion à part entière de la Roumanie à l’OIF

     

    Inaugurée à la fin de l’année dernière, l’exposition annuelle de la Pinacothèque de Bucarest s’inscrit dans le contexte des événements censés marqués les 30 ans depuis l’adhésion à part entière de la Roumanie à l’OIF. En effet, la moitié du XIXème siècle, marque par les ouvrages exposés le moment où les peintres roumains approchent à grands pas l’art européen. Theodor Aman, fondateur de l’Ecole des Beaux Arts de Bucarest, figure parmi les artistes roumains ayant fait leurs études à Paris. Mme Angelica Iacob, à la tête de la Section consacrée aux Beaux-Arts du Musée de la capitale roumaine passe en revue les coups de coeur de l’exposition „Entre la Roumanie et la France. Un parcours artistique remarquable”.

     

    « Cette exposition réunit des oeuvres des artistes roumains de la fin du XIXème siècle et du début du Xxème siècle. Et je pense notamment à Theodor Aman, Nicolae Grigorescu et Ion Andreescu. De grands artistes, très connus, mais qui sont présents dans notre exposition avec des ouvres inédites. Par exemple, nous avons choisi plusieurs paysages qu’Aman a peints en France, parmi lesquels „Promenade dans le parc”. S’y ajoutent des croquis portant la signature de Nicolae Grigorescu, dont „Homme dans un costume” ou d’autres tableaux intéressants et moins connus comme „Souvenir de Barbizon”. C’est un ouvrage qui nous rappelle le fait que les peintres roumains arrivés en France ont étudié non seulement à Paris, mais aussi à la célèbre école de Barbizon, en contribuant de cette manière au renouvèlement du langage artistique dans la peinture du XIXème siècle. Parmi les oeuvres datant de cette période-là, nous avons aussi un paysage inédit, récemment restauré, réalisé par Filip Marin dans la Forêt de Fontainebleue. Cet artiste est connu notamment pour ses sculptures. C’est un sculpteur très présent dans le patrimoine de la Pinacothèque de Bucarest et nous sommes contents de pouvoir offrir au public une nouvelle perspective de son art. »

     

    L’art au cœur des relations diplomatiques roumano- françaises

     

    Pendant la période l’entre deux guerres, de nombreux artistes roumains choisissent de partir en France pour étudier la peinture avec des noms célèbres tels Lucien Simon, Jean-Paul Laurens, Henri Mattise. Angelica Iacob, à la tête de la Section consacrée aux Beaux-Arts du Musée de la capitale roumaine, poursuit:

     

    « Comme vous le savez peut-être déjà, beaucoup d’artistes roumains se sont orientés vers la France pour visiter les expositions et surtout, pour étudier aux côtés de leurs confrères français et étrangers.De cette manière ils ont contribué à l’épanouissement d’un art qui à l’époque, était en plein processus de modernisation. Parmi les peintres roumains, il y en a qui ont exposé à Paris. Il convient de préciser que la Roumanie a inauguré un Salon des artistes indépendants similaire à celui de Paris. Donc, voilà, il y a des similitudes entre l’art roumain et français. Notre exposition se propose de surprendre les rapports entre certains artistes français et les personnes de l’époque, de Roumanie. Voilà pourquoi nous avons ouvert une petite section consacrée aux collectionneurs Anastase et Elena Simu dont les portraits ont été réalisés par Antoine Bourdelle, un artiste français très connu. Disons aussi que l’exposition de Bucarest offre au public la chance d’admirer une sculpture en bronze de Jean-Antoine-Marie „Antonin” Idrac (1849-1884), qui a été offerte par le Conseil communal de la ville de Paris à la Municipalité de Bucarest, le 22 août 1938. Cette sculpture a été transférée par la suite du cabinet du maire général de la capitale roumaine à la Pinacothèque de Bucarest. C’est un ouvrage qui met en lumière les fortes relations diplomatiques roumano- françaises. »

     

    L’exposition „ Entre la France et la Roumanie, un parcours artistique remarquable”, gérée par les commissaires d’exposition Elena Olariu et Angelica Iacob est ouverte jusqu’en septembre. (trad : Ioana Stancescu)

  • Ochi și urechi, le nouveau projet initié dans le cadre du festival Animest

    Ochi și urechi, le nouveau projet initié dans le cadre du festival Animest

    Transformer les salles de cinéma en espaces accueillants et inclusifs

    « Ochi și urechi » (les yeux et les oreilles), le nouveau projet du Festival international du film d’animation Animest, offrira aux spectateurs une expérience visuelle adaptée à leurs besoins, accessible aussi en salle de cinéma comme en classe ou devant les écrans d’ordinateur. A travers cette initiative, les organisateurs du plus grand festival de films d’animation d’Europe de l’Est visent à contribuer au développement de nouveaux outils alternatifs pour les enfants malentendants. Avec l’aide des élèves des écoles spéciales de Bucarest et avec la consultation permanente des enseignants, 10 films d’animation pour enfants de tous âges seront interprétés en langue des signes roumaine et avec un sous-titrage adapté aux enfants malentendants. Les productions pourront être visionnées dans n’importe quel établissement scolaire en Roumanie, comme outils d’apprentissage alternatifs à travers le film. La composante éducative du projet deviendra une extension du programme Academia Minimest, à travers lequel Animest propose des films d’animation gratuits sur des sujets éducatifs et des fiches de travail pour les étudiants et les enseignants des écoles de Roumanie. Le projet s’inscrit dans la démarche de l’association Animest visant à transformer les salles de cinéma en espaces accueillants et inclusifs, sans contrainte. Ligia Soare, coordinatrice du projet nous en dit plus :

    « Je suis traductrice audiovisuelle depuis 20 ans. Mais avant, je ne savais pas comment rendre un film accessible à un spectateur malentendant. Il y a beaucoup de choses à apprendre et j’ai commencé à les apprendre il y a quelques années seulement. C’est ainsi que nous avons commencé à étudier ce que le handicap et le produit culturel signifient pour ces personnes. Le projet que j’ai initié est né de ces préoccupations. Bien sûr, nous avons également réalisé des documentaires, nous sommes beaucoup renseignés à ce sujet et avons décidé qu’il était temps de démarrer ce projet. Malheureusement, il existe actuellement très peu d’événements culturels accessibles aux personnes en situations de handicape, quel qu’il soit. Et malheureusement, nous ne sommes généralement pas disposés à communiquer avec ces personnes, nous ne savons pas comment les atteindre et cela les empêche aussi de nous joindre. Et puis nous avons décidé qu’il fallait combler ces lacunes. C’est notre devoir, en tant que festival ouvert à toutes les catégories de public. »

     

    Promouvoir l’inclusion en rendant le cinéma accessible à tous

     

    Cette initiative s’inscrit dans un projet plus large visant à promouvoir l’inclusion en rendant le cinéma accessible à un très large public, déclare Ligia Soare, coordinatrice du projet initié par le Festival international du film d’animation Animest :

    « Nous avons proposé, pendant ces 14 mois de projet – en partenariat avec la Fondation Orange – de nous concentrer sur la réalisation de films accessibles aux personnes malentendantes, en particulier les enfants. Car nous avons, au sein du Festival Animest, une section intitulée Minimest, pour nos plus jeunes spectateurs du festival. Nous avons également la Minimest Academy, un projet éducatif qui intègre l’animation à l’école et donne aux enseignants accès à de nombreux matériels pédagogiques qu’ils peuvent utiliser en classe.C’est notre proposition, apprendre avec les enfants, avec les psychopédagogues et avec les professeurs d’enfants hypoacoustiques, pour faire en sorte qu’ils aient eux aussi accès à ces films. C’est une étape pour l’instant. Nous espérons que lors de la prochaine édition du Festival Animest, nous rendrons les films accessibles aux personnes malentendantes. Par la suite, nous espérons apprendre à rendre les produits culturels accessibles à des personnes qui peuvent avoir d’autres besoins. Ce n’est qu’une première étape dans la démarche que nous avons en tête, d’autres projets viendront ensuite. Mais nous poursuivrons notre chemin dans les années à venir pour apprendre aux autres à organiser des événements similaires. »

    Afin de promouvoir le concept de cinéma inclusif dans la communauté créative nationale et d’encourager les producteurs, distributeurs, organisateurs d’événements cinématographiques et d’espaces de projection à faire un pas vers l’adoption de formules de présentation de films accessibles en Roumanie, l’Association Animest propose aussi aux professionnels des séances de formation et d’information. (trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Le musée national Brukenthal de Sibiu ouvre ses portes gratuitement au grand public

    Le musée national Brukenthal de Sibiu ouvre ses portes gratuitement au grand public

    Le Musée national Brukenthal de Sibiu (centre) continue
    sur sa lancée en ouvrant gratuitement ses portes au public une fois par mois.
    Si en 2023 les personnes âgées jouissaient déjà de cet avantage, l’institution
    a décidé de viser un public plus large en 2024 en ouvrant grand ses portes aux
    habitants de la ville. Alexandru Chituță, directeur du musée, nous
    raconte :




    « Nous
    voulions voir les choses en grand, c’est la raison pour laquelle nous avons
    décidé d’étendre notre invitation à tous les habitants de Sibiu à partir du
    mois de janvier. Nous cherchons avant tout à perpétuer la tradition, et comme
    vous le savez sûrement, le Musée Brukenthal
    fut le premier à ouvrir ses portes au public au 19ème
    siècle.D’ailleurs, dans son testament, le baron Samuel von Brukenthal a exprimé
    clairement sa volonté de voir le public jouir de son héritage. Il a donc légué
    son palais et sa collection aux habitants de Sibiu avant tout. C’est aussi ce
    qui nous a poussé à aller plus loin dans notre démarche cette année. Nous avons
    le plaisir d’accueillir chaque année environ 500 000 visiteurs, mais nous
    sommes convaincus qu’il est essentiel de nous impliquer davantage dans la vie
    culturelle et locale, et d’offrir aux habitants de Sibiu la possibilité de
    découvrir le musée gratuitement une fois par mois. »




    La décision prise l’année
    dernière d’ouvrir les portes une fois par mois aux personnes âgées a eu des
    résultats tout à fait positifs, augmentant le nombre de visiteurs
    considérablement, ce qui a encouragé son directeur, Alexandru Chituță, à pouruisvre la démarche :






    « Nous avons
    eu des retours très positifs l’année dernière, dès le premier jour, de
    nombreuses personnes âgées sont venues. En janvier 2023, dès le premier mois, plus de
    600 retraités sont venus visiter le musée. Et 4 000 sur l’année. Cette
    année, le premier jour de l’ouverture
    gratuite au public en janvier, des centaines de personnes sont venues, de tout
    âge et de tout horizon. Nous en sommes ravis, c’est la preuve que notre musée
    n’est pas une vieille institution poussiéreuse que l’on ne visite qu’une seule
    fois dans sa vie. C’est une institution culturelle dont les portes sont
    ouvertes et qui offre une expérience sans cesse renouvelée, permettant de
    déconnecter et de se sentir bien, d’oublier pour un temps les préoccupations du
    quotidien. Et ça, pour nous, ça n’a pas de prix. »






    Composé de plusieurs musées, le noyau du Musée national Brukenthal
    réside dans la collection d’art européen du baron Samuel von Brukenthal :
    estampes, pièces, livres et bien d’autres choses encore. Après sa
    nationalisation en 1948, le Musée national Brukenthal a été agrémenté du Musée August
    von Spiess, du Musée de la pharmacie et du Musée d’histoire de la Maison Altemberger.
    Fondateur du musée, le baron Samuel von Brukenthal, gouverneur de Transylvanie
    à la fin du 18ème siècle, était un grand collectionneur. Au cours de
    sa vie il acquit un nombre impressionnant d’œuvres d’art. Une collection
    devenue musée public à partir de 1817, sous le nom de Musée Brukenthal, l’une
    des premières institutions du genre en Europe. (Trad : Charlotte
    Fromenteaud)

  • Comment mettre en valeur de manière culturelle le patrimoine industriel ?

    Comment mettre en valeur de manière culturelle le patrimoine industriel ?

    Dès les années 1970-1980, les bâtiments
    appartenant à des plateformes industrielles désaffectées ont été reconvertis en
    lieux culturels. Ils ont été transformés en musées ou en centres artistiques.
    En Roumanie, suite à la fin d’activité de nombreuses fabriques et usines, les
    complexes de bâtiments industriels ont soit été abandonnés, soit démolis, pour
    valoriser uniquement les terrains. Pourtant, on trouve des exemples de
    patrimoines immobiliers reconvertis en espaces culturels. Ces exemples ont été
    analysés dans l’œuvre « L’architecture industrielle historique. Des
    possibilités de récupération durable. Les cas de Timisoara » publié par les
    éditions ACS et écrit par l’architecte Raluca Maria Trifa :




    « Malheureusement,
    en Roumanie, la situation n’est pas bonne. Peu de bâtiments ou ensembles
    industriels ont bénéficié de projets de réhabilitation. J’en dresse un inventaire
    dans le livre. Il faut mentionner l’ancienne usine de traitement des eaux
    industrielles transformée en centre éducationnel, l’ancienne station hydraulique
    d’Urseni, devenue un musée de l’eau, ou l’ancienne fabrique de peintures Azur,
    devenue le centre culturel Faber. Il faut ajouter le Musée du Transport public,
    organisé dans l’un des anciens bâtiments du dépôt de tramways sur le boulevard
    Take Ionescu, qui voué à devenir un méga-projet culturel, un centre
    éducationnel d’art et de technologie, mais qui malheureusement n’a pas été mis
    en œuvre. Et c’est la fin de la liste des exemples de Timisoara. »




    Quelle est la situation à Bucarest, une
    autre ville massivement industrialisée pendant le régime communiste ?
    Raluca Maria Trifa répond :




    « A
    Bucarest non plus, le patrimoine industriel n’a pas bien été mis en valeur,
    même si il y a eu quelques tentatives. Ce fut le cas avec le complexe
    industriel Wolff, une plateforme à la limite du parc Carol, dont l’un des
    bâtiments est à l’heure actuelle un club bien connu du public de Bucarest et où
    des concerts sont parfois organisés. On retrouve aussi la bourse des
    marchandises, qui a bénéficié d’une réhabilitation partielle, c’est-à-dire que
    le corps principal du bâtiment a été rénové. En ce qui concerne le reste, je ne
    dirais pas que le patrimoine industriel de Bucarest a bénéficié d’une attention
    particulière. Quant à la Hale Laminor, elle est utilisée, mais pas de la meilleure
    manière. En ce qui concerne les fabriques de bière Grivita ou Louther,
    malheureusement, on a perdu la plupart des bâtiments et les trois autres qui
    existent encore ne sont pas réhabilités. Voilà la situation dans laquelle se
    trouve Bucarest. »




    Alors, qu’est-ce que l’on pourrait faire
    ou comment pourrait-on valoriser d’une manière culturelle les endroits
    appartenant au patrimoine industriel désaffecté ? A partir du cas de
    Timisoara, Raluca Maria Trifa a abordé la question dans son livre,
    « L’architecture industrielle historique. Des possibilités de récupération
    durable. Les cas de Timisoara » :




    « L’idée
    est que, lorsque l’on intervient sur un ensemble industriel et on démolit la
    plupart des bâtiments, qui est la manière dont on procède aujourd’hui,
    l’ensemble industriel perd sa cohérence. Alors, on perd d’une part la valeur
    culturelle ou artistique de l’ensemble, mais on perd aussi le témoignage et les
    symboles qui appartiennent à ce type de patrimoine. Je ne pourrais pas affirmer
    qu’une fonctionnalité adéquate, qui pourrait être imitée en tant que modèle
    pour beaucoup de bâtiments ou d’ensembles industriels, existe. Mon livre
    propose un modèle d’analyse pour déterminer le potentiel de réutilisation pour
    les bâtiments industriels, qui tient compte d’un ensemble très complexe de critères :
    économiques, sociaux, culturels, artistiques etc. Par conséquent, afin de
    mettre en œuvre un tel modèle de reconversion, il est clair que l’on a besoin
    d’une analyse détaillée de l’ensemble, et
    de chaque bâtiment individuellement. »




    Raluca Maria Trifa a vraiment fait cette
    analyse, y compris des exemples de bonnes pratiques, dans son livre « L’architecture
    industrielle historique. Des possibilités de récupération durable. Les cas de
    Timisoara ».
    (Trad : Andra Juganaru)



  • Des toiles pour raconter la Bible

    Des toiles pour raconter la Bible

    En début de cette année, l’exposition intitulée « La
    Septante » de l’artiste Paul Hitter a ouvert ses portes au Musée national
    de la littérature roumaine de Bucarest (MNLR).

    La Septante, explication


    La Septante désigne l’ensemble des plus anciennes
    traductions de l’intégralité de la Bible hébraïque en grec. Selon une source
    historique du IIe siècle avant Jésus Christ, la traduction des cinq premiers
    livres de l’Ancient Testament a été faite par 72 traducteurs (six pour chacune
    des douze tribus d’Israël de l’époque) à Alexandrie, vers l’an 270 avant Jésus
    Christ, à la demande du roi et pharaon d’Egypte Ptolémée II. Le nom de
    « Septante » renvoie donc au nombre 72. Selon une autre source, les
    72 érudits avaient traduit séparément l’intégralité du texte et, lorsqu’ils ont
    comparé leur travail, ils ont été surpris de constater que les 72 traductions
    étaient toutes identiques.

    Des expositions dans les pays des Balkans



    Mais retournons à l’exposition « La Septante » de
    Bucarest. Il faut dire que les ouvrages présentés font partie d’un voyage
    artistique que Paul Hitter souhaite faire dans les années à venir. Il s’agit notamment
    d’organiser une exposition chaque année dans un pays des Balkans, visant à consolider
    l’expressionnisme balkanique – soit un concept et un courant que l’artiste a lancés
    il y a plus de 10 ans.


    L’exposition de Bucarest présente au public 24 peintures
    et une sculpture, le tout représentant des scènes et des personnages de
    l’Ancien Testament. D’où vient cette fascination pour l’Ancien Testament ?
    L’artiste Paul Hitter avoue qu’il a longtemps travaillé sur cette exposition et
    nous explique les thèmes choisis :



    « J’ai travaillé environ un an et demi
    pour cette exposition. Je me suis arrêté à environ 80 % lorsque le conflit entre
    Israël et la Bande de Gaza a commencé. Je me suis demandé s’il était utile
    d’exposer dans ces conditions. Les ouvrages nous présentent des personnages de
    l’Ancien Testament, des prophètes. J’ai choisi les histoires et les personnages
    qui m’ont impressionné le plus dans les livres talmudiques. Je fais partie de
    la première génération, celle d’après 1990, à étudier la religion à l’école. Je
    peux dire qu’en général j’étais attiré par la religion, mais, en plus de
    l’enseignement religieux proposé à l’école, il y avait un enseignement
    religieux proposé par les Eglises réformée, catholique et orthodoxe. J’ai
    découvert alors en parallèle divers livres, parmi lesquels « La Bible pour
    les enfants », réalisés par les églises réformées. Plus tard, dans
    l’adolescence, j’étais un fervent auditeur des radios « La voix de
    l’espérance » et « La voix de l’Évangile », où beaucoup de ces
    histoires de l’Ancien Testament étaient expliquées. Ce sont des histoires
    plutôt ignorées par les églises non-réformées. Ces histoires ont été
    représentées à de nombreuses reprises dans l’histoire de l’art. J’y trouve une
    très grande puissance, un très grand impact. Je dois avouer que ces derniers
    temps, c’est-à-dire pendant la période où j’ai peint ces œuvres, je me suis
    aussi renseigné sur la version juive à propos de ces personnages. Mais l’histoire
    est complexe, car comme on le sait, ce que l’on appelle la « Torah »
    est la parole de Dieu et chaque mot, selon chaque rabbin, peut être interprété
    ou réinterprété et chaque histoire peut être interprétée et réinterprétée dans
    une multitude des manières. A un moment donné, j’ai dû dire stop et rester dans
    le cadre classique, que les chrétiens connaissent plus ou moins, mais qui nous
    est plutôt familier. »



    Que peut-on voir concrètement dans les ouvrages
    exposés ? Paul Hitter répond :



    « Eh bien, on voit Adam et Eve, Moïse
    séparant les eaux, Jonas dans la gueule de la baleine, le sacrifice d’Isaac,
    David et Goliath, Judith et Holopherne, le prophète Elie, Daniel dans la fosse
    aux lions. A mon avis, il y a beaucoup de personnages intéressants de l’Ancien
    Testament. »

    Des personnages connus et moins connus de la Bible


    Effectivement, beaucoup de personnages bibliques sont
    représentés dans l’exposition. Les plus connus sont Adam et Eve, le prophète
    Moïse, qui a traversé miraculeusement la mer Rouge, l’adolescent David
    vainquant le géant Goliath, le prophète Jonas avalé par la baleine, ou encore
    Daniel dans la fosse des lions.

    Paul Hitter a représenté aussi des héros moins connus de
    l’Ancien Testament. Parmi eux,
    le prophète Elie, qui, au IXe siècle avant Jésus
    Christ, s’était opposé au roi Achab et à sa femme Jézabel.



    Des épisodes représentatifs de l’Ancien Testament


    A part les
    personnages, les épisodes les plus représentatifs de l’Ancien Testament se
    retrouvent aussi dans l’exposition imaginée par Paul Hitter. Par exemple, la
    toile « Le sacrifice d’Isaac » rappelle le moment où Dieu a demandé à
    Abraham de lui offrir en sacrifice son fils bien aimé, Isaac. Une autre
    histoire représentant le courage, également retrouvée dans l’exposition, est
    celle de Judith, une jeune veuve qui, pour sauver son peuple attaqué par les
    Assyriens, a décidé d’assassiner elle-même leur chef, le général Holopherne, en
    le décapitant pendant qu’il dormait.


    Egalement à voir dans cette l’exposition : un
    objet-installation avec lequel les visiteurs sont invités à interagir. Il
    s’agit de la représentation du « Veau d’Or », que les Hébreux ont créé
    des boucles d’oreilles en or des femmes et des enfants, pour l’adorer comme
    dieu.


    Mais qu’a voulu exprimer l’artiste Paul Hitter à travers
    cette œuvre ?


    « Le veau d’or a été créé par les Juifs
    lorsque Moïse se trouvait sur le mont Sinaï pour recevoir les « Tables de
    la Loi ». Puisqu’ils avaient trop longtemps attendu Moïse, ils pensaient
    qu’il ne reviendrait plus et ils sont revenus alors aux vieilles croyances
    païennes. C’est ainsi qu’ils voulaient faire une représentation physique de
    Dieu. Je crois que nous, et tous les peuples en général, tout au long de
    l’histoire (mais ce fait peut être particulièrement observé de nos jours dans
    le postmodernisme, au troisième millénaire) – nous adorons différents veaux
    d’or. Je voulais faire une sorte de blague. Chaque visiteur de l’exposition peut
    mettre un autocollant d’une certaine société ou entreprise, soit chacun avec
    son veau d’or. »

    Après l’exposition de Bucarest, Paul Hitter prépare une
    exposition en Bulgarie. L’artiste nous en offre des détails :



    « J’aurai une exposition à la Galerie
    nationale de Ruse. C’est une exposition avec des personnages de Bulgarie. Comme
    vous le savez, j’ai inventé un style appelé « L’expressionnisme balkanique ».
    C’est pourquoi, dans les années à venir, si l’on parle encore des Balkans, je
    me suis proposé d’exposer une fois par an dans un pays de cette région. Je
    pense que la Turquie suivra, un pays qui nous a beaucoup influencés. »



    Après de l’exposition de
    Bucarest, on peut admirer les œuvres de Paul Hitter de 16 à 30 janvier 2024, à
    Rousse : une autre série originale de peintures intitulée « Ame
    bulgare » qui présente des personnages de la culture et de l’histoire de la Bulgarie. (trad. Andra Juganaru)

  • Castelul Crăiţei

    Castelul Crăiţei

    Tournée
    dans le Massif de Piatra Craiului, dans un cadre d’une beauté à couper le
    souffle, le film « Le château de Craita » la production la plus
    récente de Liviu Marghidan, raconte l’histoire de deux frères qui, séparés par
    le divorce de leurs parents, se réunissent à l’occasion des grandes vacances.
    Sauf que, les projets se modifient radicalement après que les deux enfants
    disparaissent lors d’une expédition clandestine en montagne. Les trajets
    empruntés par l’équipe du tournage sont authentiques à cent pour cent et ils
    ont été parcourus à l’aide des Secouristes en montagne. Tout le tournage a été
    un processus difficile, puisque les acteurs ont escaladé eux-mêmes les versants.
    Du coup, ils ont été obligés de s’entraîner pour pouvoir relever le défi lancé
    par le réalisateur Liviu Marghidan. « C’est une expérience que je
    répéterais à tout moment. Nous avons vécu des journées de tournage d’une
    intensité extrême, nous avons dépassé nos limites pour obtenir une expérience
    inoubliable. Suite aux retours des spectateurs, on pourrait dire que nous avons
    fini par toucher leur corde sensible. C’est ce qu’un bon film doit faire »
    a déclaré la productrice Ruxandra Flonta. Et elle d’ajouter :




    « Ce film m’a entièrement séduit, aussi bien son
    idée, que sa réalisation, il m’a plu dès le départ et jusqu’à la fin. La
    plupart des films actuels, et je parle notamment des productions roumaines, ne
    mettent pas la nature en avant. Ou bien, si la nature elle existe, elle n’est
    pas mise à profit comme elle devrait être. Or, c’est ce qui sait faire Liviu
    Marghidan. Il l’a déjà fait dans ses projets antérieurs quand il a mis à profit
    les paysages uniques du delta du Danube. Cette fois-ci, il a su mettre en avant
    la région aux pieds du Massif de Piatra Craiului. Plaiul Foii comme cette
    région est connue en Roumanie mérite toute notre attention. Après, bien sûr que
    le scénario du film a contribué au succès. Mais bon, déjà l’endroit où l’action
    se déroule est important. Quelque part, nous avons construit une histoire
    autour de ce bout de nature. C’est une histoire qui se tisse autour des
    relations de famille, des relations comme on en trouve partout. Alexandru Popa
    est celui auquel on doit le scénario et je le remercie pour sa patience,
    puisqu’il a été obligé d’écrire plusieurs variantes avant de trouver la bonne.
    Et même en ayant la bonne, il a été question de lui faire une suite, mais bon,
    on a fini par abandonner cette idée.
    »




    Considéré par les critiques comme « un film doux,
    chaleureux, clair et douloureux qui raconte à travers des images et des sons
    issus de la nature l’histoire d’un autre univers », « Le château de
    Craita » est le troisième long-métrage de Liviu Marghidan. Le film a
    bénéficié d’un accueil fort chaleureux de la part du public. La productrice
    Ruxandra Flonta revient au micro :




    « Le film laisse place aux interprétations. Après
    chaque projection en salle suivie d’un débat avec les spectateurs, ceux-ci se sont notamment penchés sur la
    signification de la fin. En fait, c’est une fin qui parle différemment aux
    gens, même moi et le réalisateur, nous avons des regards différents. Or moi, je
    trouve fascinant de quitter la salle de cinéma et de continuer à penser au sens
    du film. Ce n’est pas la première fois que je le dit, je trouve qu’un film doit
    nous pousser à réfléchir et à comprendre pourquoi il nous a plu. Ce sont ces
    films que moi j’aime bien, ceux qui me poussent à cogiter et non pas ceux qui
    me font juste marrer à cause des petites blagues et des anecdotes
    ».




    Projeté en première au Festival international de film
    TIFF, « Le château de Craita » a figuré dans les sélections
    officielles des festivals Alpin Fest, Anonimul et Bucharest International Film
    Festival.







  • Des livres sur des personnalités Roms de Roumanie

    Des livres sur des personnalités Roms de Roumanie

    Des livres sur les Roms écrits par des Roms

    Des livres sur les Roms
    de Roumanie, écrits par un groupe de neuf jeunes d’ethnie gitane et destinés
    notamment aux élèves roms, voilà comment pourrait-on décrire le projet
    éditorial Roma S/heroes lancé par l’Association Cu alte cuvinte En d’autres
    mots, en collaboration avec le Département pour la langue et la littérature
    romanès de l’Université de Bucarest.

    Suite à des ateliers d’écriture créative
    animés par l’écrivaine Iulia Iordan et la journaliste Delia Marinescu, neuf
    jeunes Roms ont écrit quatre recueils consacrés chacun, à un personnage célèbre
    de la même ethnie.

    Le professeur des universités, Alexandru Zamfir, a figuré
    parmi les coordinateurs du projet. Il nous en donne des détails:

    Dans un premier temps,
    le projet a été lancé en langue roumaine. Ce ne fut que par la suite que des
    jeunes Roms, élèves dans différents lycées de la capitale, ont été cooptés pour
    écrirer sous la coordination de professionnels, une série de livres ayant comme
    protagonistes des personnalités issues de leur ethnie qu’ils ont même pu
    interviewer. Puisque les personnages littéraires renvoient tous à des personnes
    de la vie réelle. Il s’agit du comédien Sorin Sandu Eurel, du chanteur
    Connect-R et des activistes Loredana Mihaly et Nicoleta Bițu, connue pour son
    expérience dans la lutte pour les droits de l’homme.




    Pourquoi il est si
    important que les enfants apprennent sur toutes ces personnalités à travers des
    livres?

    Alexandru Zamfir, professeur des universités nous explique:


    D’abord, il est très
    important que nous produisions de tels matériels littéraires qui présent des
    héros Roms. On les appelle des héros, puisque les enfants les voient comme
    tels. Surtout que dans l’imaginaire des enfants issus de cette ethnie, de tels
    personnages n’existent pas. Or, il est important de les créer pour contrebalancer l’imagine négative que l’on attribue aux Roms
    dans les médias et au sein de la société, en général. Il est donc important,
    notamment pour les jeunes Roms, de se voir présenter des personnages qui les
    font penser à des personnes réelles, dont les histoires de vie coïncident
    parfois avec leurs propres histoires.

    Une édition bilingue, roumano-romanès




    Un autre aspect à signaler
    est le fait que les quatre livres sont parus en édition bilingue,
    roumano-romanès. Alexandru Zamfir:


    Dans un premier temps,
    les livres ont été écrits en roumain. Et puis, à notre grande joie, on a été
    coopté par la suite pour les traduire en romanès. La traduction a été assurée
    par les étudiants de notre département des Etudes en langue et littérature
    romanès de la Faculté des langues et des littératures étrangères de
    l’Université de Bucarest. C’est un pas en avant très important pour les enfants
    roms des écoles roumaines. L’édition est bilingue et donc, c’est un grand plus
    d’avoir accès aux deux versions, aussi bien en roumain, qu’en romanès.






    Le projet éditorial,
    Roma S/Heroes, a été primé aussi bien dans le cadre du Gala de la société
    civile que dans le cadre du gala de l’Administration du Fond culturel national,
    l’édition 2023, puisque ce fut le Fonds qui a financé la parution des livres.
    Les 1800 exemplaires ont été distribués dans 450 écoles maternelles des
    villages pauvres de Roumanie. Une version électronique est accessible en ligne,
    gratuitement. (Trad. Ioana Stancescu)





  • Un Noël avec Winston, de Corinne Desarzens

    Un Noël avec Winston, de Corinne Desarzens


    Lauréate d’un Prix suisse de
    littérature en 2020, Corinne Desarzens sort des sentiers battus d’une
    biographie ordinaire et dresse le portrait d’un Winston Churchill parfaitement
    humain. Dans son roman « Un Noël avec Winston » paru chez les
    Editions La Baconnières, le grand homme politique se dévoile avec ses défauts
    et ses qualités à travers des anecdotes et des histoires. Traduit du français
    par Florica et Jean-Louis Courriol pour les éditions Eikon, le roman a été
    lancé à la Foire du livre Gaudeamus, en présence de son auteure et du couple
    des traducteurs.



  • Les 11 ans de la librairie française Kyralina de Bucarest

    Les 11 ans de la librairie française Kyralina de Bucarest

    Novembre
    oblige, la librairie française Kyralina de Bucarest fait la fête. En 2023, elle
    a marqué ses 11 ans d’existence, un anniversaire célébré sur trois jours, par
    la venue de plusieurs intervenants et l’organisation d’évènements francophones pour
    toutes et tous.


    Comme
    toujours, le programme a été façonné autour des gouts et centres d’intérêts de
    l’équipe et la communauté Kyralina. Littérature, illustration, podcast, univers
    sonores, le weekend était riche de tous ces modes d’expression. Clémence
    Lheureux était sur place. Voici son témoignage.

  • Quelle responsabilité morale pour l’intelligence artificielle?

    Quelle responsabilité morale pour l’intelligence artificielle?

    Récemment,
    la Faculté de Philosophie de Bucarest, par son Centre de recherche de l’éthique
    appliquée, a obtenu un financement européen de 1 million et demi d’euros, via
    le programme Horizon, pour développer un projet intitulé «
    avataResponsibility ». Les fonds ont été alloués par le Conseil européen
    pour la recherche à l’équipe roumaine qui a remporté l’édition 2023 de la
    prestigieuse compétition européenne ERC Starting Grant, dont le taux de succès n’est que de 15 %.

    Le projet roumain doit se dérouler de janvier 2024 à décembre 2028 et
    il se propose d’examiner la responsabilité éthique de l’Intelligence
    artificielle.


    Mihaela Constantinescu coordinatrice du projet avataResponsibility:

    « Pratiquement, ce projet vise une zone de niche de
    l’intelligence artificielle, celle de l’éthique de l’intelligence artificielle
    et notamment l’éthique des avatars dotés d’une intelligence artificielle. On
    examine non seulement la manière dont les avatars sont utilisés par
    l’intelligence artificielle, mais aussi la manière dont ils sont conçus et les
    normes sur lesquelles devrait reposer leur création, sans oublier les
    éventuelles demandes liées à la règlementation et aux politiques publiques à
    mettre en place. On se penche donc sur toutes ces dimensions et sur le rôle des
    organisations aussi, puisque souvent ce sont les grandes corporations celles
    qui développent de tels avatars, que l’on parle du milieu numérique ou de la
    variante robotique en milieu physique. O part de l’idée que d’ici 5 à 10 ans,
    toutes les technologies qui rendent possibles les avatars seront convergentes.
    Sans doute, l’Internet des objets – the internet of things, dont on parle
    depuis un certain temps déjà – gagnera en ampleur. Il s’agit là de l’interaction
    entre les éventuelles entités dotées d’intelligence artificielle. Il ne sera
    plus question uniquement d’Internet en tant que lien entre les gens. Il s’agira
    aussi d’Internet en tant que lien entre des objets existant dans l’espace
    physique. Mais au-delà de l’espace physique, on parlera aussi d’une réalité
    augmentée, par exemple, accessible à l’aide des lunettes produites déjà par de
    nombreuses compagnies. Or ces lunettes seront portées dans la vie quotidienne
    et afficheront des éléments numériques dans l’espace physique. Bref, c’est à
    l’aide des avatars que nous pourrons interagir avec toutes ces réalités
    virtuelles ».


    Dans très peu de temps, l’univers réel et celui virtuel seront entremêlés dans
    notre activité quotidienne.

    Mais, puisque le risque qu’un avatar de
    l’intelligence artificielle devienne autonome n’est pas encore plausible, les
    chercheurs du Centre de la Faculté de
    Philosophie de Bucarest se proposent de savoir en quelle mesure les
    programmeurs de l’intelligence artificielle respectent les normes morales
    généralement valables.

    Et ce n’est pas tout. Le projet « avataResponsibility » a plusieurs autres objectifs

    Mihaela Constantinescu : « Nous voulons savoir quelles sont les implications de
    l’utilisation des avatars. Par exemple, pour voir qui en porte la
    responsabilité morale, qui peut être tenu coupable ou au contraire, qui peut
    être récompensé pour ce qui se passe à l’aide des avatars. Nous voulons définir
    ce qu’il faut faire pour ne pas perdre la connexion entre celui qui se trouve
    derrière un avatar et les actions de cet avatar, pour que la responsabilité,
    qui appartient en fait à celui qui dirige l’avatar, ne se perde pas, ne se
    dissipe pas. Effectivement, il y a des initiatives de recherche qui tentent de
    pousser les frontières de cette zone et de donner davantage d’autonomie à un
    avatar, qu’il soit numérique, de la réalité augmentée ou un robot. Alors, c’est
    à nous d’examiner les limites à leur imposer, y compris par des règlementations
    »



    A la fin des 5 années d’étude, l’équipe du projet « avataResponsibility » se
    propose de fournir au large public des recommandations pour créer un cadre
    normatif de la responsabilité morale de l’intelligence artificielle. Apparemment,
    l’avenir commence maintenant et il rime avec intelligence artificielle. (Trad. Valentina Beleavski)







  • Le Festival International du Film d’animation, ANIMEST

    Le Festival International du Film d’animation, ANIMEST

    Le court métrage « Un crabe dans la piscine »,
    réalisé par Alexandra Myotte et Jean-Sébastien Hamel, a remporté le Trophée
    Animest lors de la 18e édition du Festival international du Film
    d’animation. « C’est l’histoire émouvante de Zoé et son frère, Théo, qui
    doivent se débrouiller tout-seuls. L’histoire nous emmène dans un monde
    fantastique, à travers l’imaginaire des enfants », ont déclaré les membres
    du jury qui ont désigné le film gagnant. Le lauréat du Trophée Animest 2023 se
    voit automatiquement garantir une place sur la liste des candidats éligibles à
    une nomination aux Oscars, décernée par l’Académie du Film Américaine.

    Selon
    Mihai Mitrică, le directeur du Festival international du Film d’animation
    Animest, l’édition de cette année était spéciale :


    « Cette année, plus de 40 courts
    métrages ont participé à la compétition roumaine. Il y avait des courts
    métrages de tout le pays, ce qui nous a fait très plaisir. Avant l’édition de
    cette année, nous recevions principalement des films de la part des étudiants
    de Bucarest, Cluj et Oradea, où il existe des départements d’animation au sein
    des facultés de cinéma et des beaux-arts. En revanche, cette année, nous avons
    également reçu des films de Iasi et de Galați, et nous sommes heureux de
    commencer à recevoir des productions de plusieurs régions. La sélection finale
    a eu environ 90 minutes, avec 12 courts métrages réalisés par des étudiants en
    cinéma et qui ont beaucoup évolué. D’ailleurs, la qualité des films témoigne
    également de l’évolution de l’école roumaine d’animation, de ces départements
    d’animation créés il y a quelques années dans plusieurs universités. Il est
    très important que ces départements se différencient des départements qui
    étaient autrefois appelés génériquement Multimédia, où le son, le montage et l’animation
    étaient étudiés ensemble. Désormais, les étudiants peuvent opter pour seule
    l’animation en tant que spécialisation. Nous sommes très heureux de présenter
    leurs films au festival. D’ailleurs, c’était aussi un de nos principaux objectifs
    lorsque nous l’avons fondé en 2006, soit de promouvoir et d’aider les personnes
    qui choisissent de réaliser des films d’animation. Et nous sommes vraiment
    heureux que beaucoup de ceux qui envoient leurs films à Animest nous disent à
    quel point le festival les a aidés, que c’est grâce à l’Animest, ils ont
    commencé à faire des films, voulant voir leurs films projetés sur un grand
    écran. »


    Devenue déjà une tradition, la rétrospective que le
    festival Animest consacre chaque année aux pays fortement présents sur la carte
    internationale du cinéma d’animation a mis, cette année, le cinéma letton au
    premier plan lors de sa 18e édition, avec pour invité – le studio de
    cinéma Atom Art, venu présenter ses créations à Bucarest. Des noms
    représentatifs du domaine étaient aussi présents aux projections et aux débats
    organisés, offrant au public de tous âges une perspective unique sur le cinéma des
    Pays Baltes, qui s’affirme de plus en plus dans le monde des films d’auteur.

    Mihai Mitrică, directeur d’Animest nous explique :


    « La Lettonie est un pays en plein essor si l’on parle de
    l’industrie cinématographique en général. Qui plus est, l’animation qui y est
    réalisée s’est beaucoup développée et a pris de l’ampleur ces dernières années.
    L’une des raisons en est qu’ils réalisent beaucoup de films pour enfants et
    qu’ils sont très demandés pour cela, et pas seulement par les télévisions des Pays
    Baltes. Les pays ayant une tradition dans le cinéma d’animation, tels la France,
    achètent des films en Lettonie. Lorsque nous leur avons proposé l’année
    dernière d’être présents au festival, ils ont été ravis et nous avons donc
    réalisé une rétrospective cohérente des films produits en Lettonie. »



    Et ce n’est pas tout. Du
    6 au 15 octobre, les courts métrages les plus récents et les plus beaux dédiés
    aux enfants ont été présentés au sein de la Compétition Minimest, jugée par les
    plus petits, alors que les matins de week-end, des histoires pour toute la
    famille ont animé les salles de cinéma de Bucarest. Voilà pour la 18e édition
    du festival international du film d’animation Animest, devenue déjà une
    tradition en Roumanie. (trad. Andra Juganaru)

  • Brancusi : des sources roumaines et des perspectives universelles

    Brancusi : des sources roumaines et des perspectives universelles

    L”Exposition « Brancusi : des sources
    roumaines et des perspectives universelles » a ouvert ses portes au Musée
    national des Beaux-arts de Timisoara. C’est pour la première fois ces 50
    dernières années que la Roumanie consacre une exposition à cet artiste
    d’origine roumaine. L’événement fait partie du programme Timisoara – capitale
    européenne de la culture en 2023. Une occasion d’admirer des sculptures
    célèbres telles Mademoiselle Pogany, Tête d’enfant, le Baiser ou la Prière. Les
    œuvres de Brancusi proviennent de collections publiques et privées de Roumanie
    et de l’étranger, de galeries célèbres telles le Centre Pompidou de Paris, la
    Fondation Guggenheim, la Tate Gallery de Londres ou le Musée national d’art de
    Bucarest ou encore celui de Craiova. L’exposition invite le public à explorer
    la manière dont Brancusi a réussi à traverser toutes les frontières -
    géographiques, historiques, formelles ou de genre pour s’assurer une place à
    part, en dehors de tout courant artistique. L’exposition reste en place jusqu’au
    28 janvier 2024.


    L’institut Français de Timisoara est une des institutions
    grâce auxquelles cette exposition a été possible. Pour nous en parler, Eugen
    Cojocariu a eu au micro Tilla Rudel, la directrice de l’antenne de Timisoara de
    l’IFR. Elle parle de l’importance de cette exposition consacrée à Brancusi et
    d’autres projets de l’IFR.

  • “Mémoires”, une exposition rétrospective de Samy Briss à Bucarest.

    “Mémoires”, une exposition rétrospective de Samy Briss à Bucarest.

    L’Auberge de Gabroveni, centre culturel de la
    municipalité de Bucarest accueille d’ici le 12 octobre prochain la première
    l’exposition « Mémoires », une rétrospective de peinture, sculpture
    et dessin du grand artiste juif d’origine roumaine, Samy Briss.


    Personnalité remarquable du monde des arts plastiques,
    Samy Briss est né en 1930 à Iaşi, dans le nord-est de la Roumanie. En 1958, à
    l’instar de nombreux intellectuels roumains de l’époque, il devient une des victimes
    de la vague du « réalisme socialiste », soit l’art officiel imposé par le
    régime communiste. Au moment où sa première exposition de peinture de Bucarest
    est interdite, il quitte la Roumanie, aux côtés de sa famille, à la fin de
    l’année 1959, et, après un long voyage à travers l’Europe, il finit par
    s’établir à Haïfa. Suit une décennie durant laquelle il participe à plusieurs
    expositions de groupe, tant en Israël qu’à l’étranger, mais c’est à peine en
    1971 que Samy Briss arrive vraiment sous la lumière des projecteurs. C’est la
    Galerie Romanet de Paris qui l’invite à exposer ses créations dans la capitale
    française et lui propose un contrat exclusif de 5 ans. Sa carrière décolle en
    France donc, pour continuer aux Etats-Unis et puis dans le monde entier. En
    2019, en guise de reconnaissance et d’appréciation de son art au niveau
    international, le gouvernement français récompense Samy Briss du titre de
    Chevalier des Arts et des Lettres.


    La première exposition de Samy Briss en Roumanie a été
    possible en 2011, dans sa ville natale, Iasi, aux Galeries d’art « Dana ».


    12 ans plus tard, cet automne, l’artiste revient dans son
    pays d’origine pour présenter au public roumain une exposition rétrospective
    réunissant une centaine de créations – tableaux, sculptures et dessins.
    Intitulée « Mémoires » l’exposition a déjà parcouru la Roumanie,
    s’arrêtant à Oradea (nord-ouest), Cluj-Napoca (centre-ouest) et Iasi (nord-est).
    C’est le plus grand événement jamais consacré à Samy Briss en Roumanie,
    puisqu’aux créations mentionnées s’ajoutent des éléments de la vie personnelle
    de l’artiste – des photos, des documents personnels, des lettres, des articles
    de presse, l’affiche de l’exposition interdite par le régime communiste et même
    quelques tableaux faisant partie de cette exposition interdite. Tout cela est à
    découvrir ces jours-ci à Bucarest, à Hanul Gabroveni, l’Auberge de Gabroveni,
    qui est le centre artistique de la municipalité.


    Lors du vernissage de l’exposition « Mémoires » de
    Samy Briss dans la capitale roumaine, Eugen Cojocariu a invité l’artiste
    nonagénaire au micro de RRI. Voici ce que celui-ci lui a déclaré.

  • “iMigrate”, ou quartre artistes roumains à la rechcerche de l’”american dream”

    “iMigrate”, ou quartre artistes roumains à la rechcerche de l’”american dream”

    En août
    dernier, le groupe E T A J Artist Run Space a traversé l’océan pour
    se rendre à Los Angeles (L.A.) aux États-Unis, dans le cadre d’une expérience
    artistique et culturelle sur l’american
    dream, l’émigration et la connexion avec le milieu artistique américain,
    intitulée « iMigrate. Biologie des Transitions ». Quatre artistes roumains (Mircea Modreanu, Ilina
    Schileru, Lucian Sandu Milea et Răzvan Năstase) ainsi que quatre artistes
    américains ont mis sur pied, en un lapse de temps assez court, une exposition à
    la galerie Durden and Ray de L.A. – un dialogue artistique, culturel
    et idéologique roumano-américain.

    Nous avons rencontré Mircea Modreanu,
    l’initiateur du voyage et du projet, qui nous a déclaré:


    « Je suis
    allé aux Etats-Unis. L’idée était avant tout de traverser l’Atlantique avec un
    sac sous le bras et de se mettre à produire là-bas. Je peux vous parler de mon
    travail, de mes échecs et de mes réussites. En fait tout mon travail est parti
    d’un échec que j’ai fini par transformer en réussite. L’idée c’était de se
    rendre sur place, et Los Angeles est remplie de SDF et de poubelles. J’ai récupéré
    beaucoup de détritus avec l’objectif d’en faire des moulage pour constituer un
    bas-reliefs avec des négatifs des déchets sur les murs. J’ai œuvré au
    ramassage de ces déchets pendant toute une semaine, j’ai acheté du plâtre et
    j’ai constaté après coup qu’il était de mauvaise qualité et ne durcissait pas.
    Après 5 jours cela ne fonctionnait toujours pas, il m’a donc fallu trouver une
    autre stratégie. J’ai décidé de faire un autoportrait avec mon chien. J’ai
    réutilisé tous les matériaux déjà récupéré pour en faire une installation qui
    m’aiderait pour la photo. Je suis parti avec une valise sous le bras et j’ai
    dessiné en chemin, j’ai fait quelque croquis. Notre processus artistique a
    donné lieu à une exposition. Quatre artistes roumains, et quatre américains. Le
    public a très bien accueilli l’exposition. Nous avons aussi pour projet
    d’exposer ensuite en Roumanie, mais dans un autre format, tout en gardant les
    quatre même artistes, mais en tenant compte de notre expérience
    outre-Atlantique. Je gère aussi un espace appelé « E T A J Artist Run
    Space » qui accueillera l’exposition.
    »


    L’artiste visuel Ilina Schileru a partagé avec nous son
    expérience au sein de ce projet. Elle nous raconte :


    « Le voyage a duré deux semaines, du 6 au 19
    septembre, avec un vernissage en plein milieu du séjour, le 12. Cela fait déjà
    deux ans que nous avons pour projet d’exposer dans le cadre d’un projet artistique
    collectif à l’étranger, aux Etats-Unis justement. Quel était le sujet ?
    Nous avons abordé des thèmes comme la migration en imaginant ce que cela
    représenterait pour nous de faire nos bagages en une journée en quittant tout
    comme ça du jour au lendemain pendant une période de crise. Et nous avons
    dressé un parallèle d’une certaine façon. Nous avons aussi fait référence à tous
    ces Roumains qui ont quitté et continuent de quitter notre pays depuis les
    années 1990, afin d’aller trouver du travail dans le reste de l’Europe, en
    Espagne ou en Italie surtout. C’est finalement comme cela que s’est créée notre
    diaspora qui n’a fait que croître depuis lors. Puis il y a ce mythe de
    l’artiste qui n’est pas prophète en son pays et doit partir ailleurs pour
    essayer de faire ses preuves. Voilà, pour ce projet nous étions quatre artistes
    roumains et quatre américains. Nous sommes partis avec une seule valise et
    chacun d’entre nous a réfléchi à comment faire passer notre message avec le
    moins de matériel possible. Nous ne sommes pas partis du principe que nous
    aurions de l’argent pour ce voyage et notre projet.
    »


    Ilina Schileru a brièvement passé en revue les quatre
    propositions artistiques faites par chacun des participants:


    « J’ai
    réalisé un dessin au fusain dans lequel j’ai imaginé une sorte de carte mentale
    d’un univers parallèle. Comment les choses se seraient-elles passées si mes
    grands-parents avaient immigré aux Etats-Unis dans les années 1950 au moment de
    leur mariage ? J’ai mis sur cette carte toutes les informations que
    j’avais collectées durant mon parcours. En théorie, nous avons commencé à
    réfléchir à ce projet au moment où nous avons pénétré dans le hall de
    l’aéroport Otopeni de Bucarest. Nous sommes partis du principe qu’en entrant en
    contact avec les autres voyageurs, y compris à Istanbul, nous allions nous
    inspirer aussi de leurs récits. Lucian a pris beaucoup de vidéos et a
    reconstitué en réalité virtuelle une grande partie de ce voyage, y compris nos
    visites au supermarché. Razvan qui est photographe a fait un projet en
    cyanotype. Je sais qu’il s’est promené autour du bâtiment de Bendix dans lequel
    nous avons exposé, et il a été surpris par la diversité commerciale proposée.
    C’était comme un immense marché Obor, beaucoup plus étendu. Mircea voulait
    quant à lui réaliser une œuvre en plâtre, mais puisque dans ce genre de projet
    il s’agit aussi de s’adapter, nous nous sommes rendus compte qu’il fallait
    utiliser un type de plâtre bien particulier. Lui avait récupéré du plâtre qui
    non seulement de séchait pas, mais qui de surcroit était très fragile. Il a
    donc dû reconstruire, repenser l’ensemble de son projet et c’est ainsi que lui
    est venue l’idée de peindre, tout en mettant sur pied une installation qui
    intégrerait ces sacs de plâtre, dont six n’avaient pas été ouverts.
    »




    Si l’exposition s’est achevée début septembre, vous pouvez tout de même retrouver des photos
    pour vous faire une idée sur la page Facebook du projet E T A J Artist Run Space qui continue son voyage vers de
    nouvelle aventures artistiques.

    (trad : Charlotte
    Fromenteaud)