Category: RRI Culture

  • TIFF Education

    TIFF Education

    L’acteur australien Geoffrey Rush a été l’invité spécial
    du Festival International de Film Transylvanie TIFF.22, qui a eu lieu à Cluj du
    9 au 18 juin. Sa carrière de plus de 40
    ans, durant laquelle il a incarné de nombreux personnages dans des films primés
    mais aussi dans la célèbre série de films fantaisie « Pirates des
    Caraïbes », a été honorée à Cluj-Napoca, où Geoffrey Rush s’est vu offrir
    le Prix pour l’ensemble de sa carrière.




    A partir de cette année, la section TIFF Education
    comprend toutes les initiatives du Festival International de Film Transylvanie consacrées
    à l’éducation cinématographique des enfants, des enseignants ou des familles. Une
    riche sélection de films, d’ateliers d’art dramatique et d’animation, d’activités
    pour la fin de semaine, un cinéma gonflable et une série de courts métrages
    Disney – voilà les ingrédients du Festival qui s’est déroulé cette année. Maria
    Dobre, la coordinatrice du programme TIFF Education, nous a offert des détails :




    « Cette année, la section TIFF Education a
    inclut tous les programmes éducationnels du Festival. Tous les jours du
    Festival, nous avons organisé des ateliers à Cluj, ainsi que dans la ville Florești, ce qui a représenté une première. Pendant les éditions
    précédentes, à Florești, nous organisions uniquement l’évenement appelé « La fin de semaine en famille », qui était
    surtout consacré aux enfants. Cette année, nous avons aussi proposé des
    ateliers ludiques. En plus des activités qui font partie du TIFF Education, nous
    avons installé, pour les plus petits spectateurs, dans le parc à côté du centre
    commercial Iulius de Cluj, près du ponton, un cinéma gonflable, que nous avons
    apporté de Portugal. Nous y avons diffusé plusieurs séries de courts métrages. Je
    voudrais mentionner, premièrement, les animations fascinantes de Ion Popescu-Gopo, dont on fête cette année les 100 ans. Nous
    avons aussi proposé des animations non-verbales, la série la plus recente créée
    par LEGO, LEGO DreamZzz; mais aussi la série d’animation roumaine Legendarium, très apréciée. »





    La section EducaTIFF de cette
    année a compri une séléction de 12 titres. Toutes les projections EducaTIFF ont
    été suivies de discussions, quelques-unes même en compagnie d’invités spéciaux,
    afin d’éveiller la curiosité et l’esprit critique des jeunes spectateurs. Mara
    Dobre nous a aussi parlé des ateliers EducaTIFF




    « Nous avons proposé
    des ateliers d’écriture créative, de journalisme, d’animation, d’art-thérapie.
    Ces ateliers sont coordonnés par des formateurs experts dans ces domaines.
    D’ailleurs, les ateliers art-thérapie, que je considère très précieux, ont été
    une première. Leur formatrice, Iulia Ioana Huiduc, a proposé des activités pour les apprennants de tous
    les âges, mais nous avons tenu compte surtout des élèves. Dans le cadre de ces
    ateliers, ils ont appri à parler des émotions sous formes d’images et de
    dessins. Pour les ateliers d’animation nous travaillons avec un studio de
    Cluj-Napoca, ainsi qu’avec Agata Tabacu, une artiste qui vit en Angleterre
    depuis longtemps, qui est une très bonne animatrice. Nous continuons notre
    collaboration avec GEN Magazine, une publication dédiée aux jeunes, nos
    partenaires média pour l’atelier de journalisme cinématographique. Cette année,
    Alexandru Ciocan, l’éditeur de la publication, a été le formateur envoyé par le
    magazine. L’atelier d’écriture créative a été coordonné par l’auteur jeunesse
    Alex Moldovan, très apprécié pour sa série de livres Olguța. »





    L’initiative du Festival
    d’apporter l’éducation cinématographique dans les écoles a continué avec
    l’événement Reshape éducation. Il s’agit de deux jours de rencontres (les 15 et
    16 juin) où toute une variété de sujets, comme les modèles de succès dans la
    cinématographie roumaine, les actions sociales dans le domaine de la
    cinématographie ou bien les plateformes et films consacrés aux jeunes ont été
    débattus. (Trad. Andra Juganaru )

  • La petite machine à écrire

    La petite machine à écrire

    Aujourd’hui nous parlons écriture
    et jeunesse et nous nous penchons sur le gagnant de la catégorie du « Meilleur
    projet consacré à la promotion de la culture écrite » en 2022, tel qu’il a
    été récompensé par les Prix de l’Administration du Fonds Culturel National
    (AFCN). Cette dernière est une institution publique gérée par le ministère de
    la Culture et la principale source de financement public pour le secteur
    culturel indépendant de Roumanie. Eh bien, pour 2022 le meilleur projet du
    domaine de la culture écrite s’intitule « La petite machine à écrire ».

    Mis sur pied par l’association De Basm (en français « Comme un conte de
    fées »), qui réunit des auteurs connus de littérature jeunesse de
    Roumanie, ce projet est le résultat de leur l’interaction avec les élèves et les
    enseignants, comme nous le dit l’écrivaine Adina Rosetti :


    « L’idée de ce
    projet, qui est aussi un guide, nous est venue à l’esprit suite aux nombreux
    ateliers et rencontres avec les enfant que nous avons eus au cours de notre
    expérience. Chacune des 5 écrivaines qui y participent, dont moi-même, nous
    avons reçu une multitude de questions de la part des enfants avec lesquels nous
    avons interagi. Ainsi avons-nous découvert qu’ils étaient curieux de savoir
    comment on construit les histoires. Ce sont des enfants qui aiment lire et qui
    souhaitent en savoir davantage, des enfants qui ont tenté même d’écrire, mais
    se sont bloqués à un moment donné. Et alors ils nous ont posé plein de
    questions, en nous disant : « j’ai commencé à écrire une histoire,
    mais je ne sais pas comment la continuer » ou bien « je veux écrire,
    mais je n’ai pas d’idée pour commencer » ou encore « comment pourrais-je
    construire un personnage ? par où commencer ? » Voici notre
    motivation pour lancer ce projet. D’une part il s’agit d’offrir aux enfants un
    guide simple et amusant qui les aidera à écrire leurs propres histoires et
    d’autre part, nous avons voulu lancer un possible instrument de travail pour
    les professeurs de roumain à utiliser en classe. »




    Ainsi a vu le jour « La petite
    machine à écrire » – un guide d’écriture créative, en format numérique, qui
    apprend aux enfants à construire leurs propres contes de fées et leurs
    personnages, à mieux rédiger des dialogues ou à trouver un bon sujet pour leur
    texte. Des conseils pratiques, des idées, des scénarios et des jeux aussi – le
    tout pour aider les petits écrivains en herbe à mettre sur papier leur
    premières lignes. Ce guide est disponible sur le site de l’association De
    Basm. Mais plusieurs classes d’élèves ont eu la chance de le tester en
    compagnie de ses auteurs mêmes.

    Adina Rosetti nous en parle : « En novembre dernier,
    nous, les écrivaines du projet, à l’aide de l’Association nationale des
    professeurs de langue et de littérature roumaine, nous avons choisi 10 classes
    de première et de 2e année de collège de plusieurs villes du pays et
    une classe de République de Moldova. Chaque écrivaine y a fait un mini-cours
    d’écriture créative sous forme d’ateliers en ligne. Chacune d’entre nous a eu 3
    rencontres avec une classe, au cours desquelles nous avons testé les jeux et
    exercices créatifs proposés dans le guide. Les professeures de roumain y ont
    participé aussi et ont avoué avoir beaucoup aimé notre approche. Elles ont par
    la suite partagé ce guide avec les communautés d’enseignants. A la fin des
    ateliers nous avons organisé un webinaire pour les professeurs de roumain pour leur
    présenter le guide et les retours des élèves mais aussi pour leur donner la
    possibilité de nous faire part de leurs impressions ».




    Les auteures de « La petite machine
    à écrire » espèrent avoir bientôt une version sur papier de ce guide, pour le
    transmettre dans le plus grand nombre d’écoles que possible, à travers le pays,
    pour tous les enfants désireux d’écrire. (Trad. Valentina Beleavski)







  • Des gens bien/ Oameni de treaba

    Des gens bien/ Oameni de treaba

    Avec un palmarès impressionnant et un thème qui a suscité
    de vifs débats aussi bien parmi les
    critiques, que parmi les spectateurs, le film Des gens bien, Men of Deeds, du
    réalisateur roumain, Paul Negoescu, est désormais disponible sur Netflix. Grand
    gagnant du Gala des Prix Gopo, les Oscars du cinéma roumain, le film est une
    comédie noire qui raconte l’histoire d’Ilie, un ancien policier qui a décidé de
    quitter la ville pour s’établir dans un village à la frontière nord de la
    Roumanie, en rêvant de mener une existance paisible et d’avoir son propre
    verger. Il passe le plus clair de son temps à gérer les conflits mineurs qui
    perturbent l’ambiance au bistro et préfère fermer les yeux sur les escroqueries
    du maire. Mais, le jour où un crime perturbe la tranquilité du village, Ilie
    essaye de devenir ce qu’il n’a jamais été: un justiciaire. Dans le rôle du
    policier Ilie, le public verra Iulian Postelnicu dont l’interprétation lui a
    valu trois trophées: celui du meilleur acteur du Gala des Prix Gopo, un autre
    décroché au Festival Cottbus en Allemagne et puis, le troisième au Festival
    international de Namur, en Belgique.


    Iulian Postelnicu avoue avoir préparé minutieusement son
    rôle:


    J’ai parcouru la législation, je me suis documenté sur
    les vergers, sur l’Académie de Police, sur la routine des policiers aussi bien
    des ceux qui travaillent à la campagne, que des ceux vivant dans les petites
    villes. J’ai regardé des documentaires sur Internet pour me faire une idée plus
    ample sur ce personnage et ce travail de documentation m’a beaucoup servi.





    Des gens bien a remporté au total cinq prix lors du
    dernier Gala des Prix Gopo: le trophée du meilleur long-métrage, celui du
    meilleur réalisateur, du meilleur acteur dans un rôle secondaire pour Vasile
    Muraru, celui du meilleur scénario accordé à Radu Romaniuc et Oana Tudor et du
    meilleur montage pour Eugen Kelemen.

    Nous avons interrogé le réalisateur Paul
    Negoescu sur le défi de faire un film à partir d’une histoire qui ne lui
    appartenait pas et qui, en plus, se passait dans un village, au nord de la
    Roumanie.

    J’ai mis du temps avant de dire oui, notamment parce que
    le scénario était loin de mes points d’intérêt. En plus, l’action se passait
    quelque part, dans le nord de la Moldavie roumaine, une région que je
    connaissais très peu, puisque je ne m’y suis rendu qu’en touriste. Disons aussi
    que la vie à la campagne me reste presque méconnue, je n’y ai jamais vécu, je
    n’ai pas de famille en milieu rural. Mais j’ai fini par céder aux insistances
    de Radu Romaniuc et, après une deuxième lecture du scénario, je me suis rendu
    compte que, dans cette histoire, ce qui suscitait vraiment l’intérêt c’était le
    personnage. En fait, je me suis aperçu que la vie de ce type m’intéressait
    vraiment, que je voulais raconter son histoire et que finalement, le village
    n’était qu’un cadre sur lequel j’ai dû tout simplement me documenter.



    Le film a suscité dès le départ l’attention des
    critiques. Projeté en première
    internationale au Festival du film de Sarajevo, Des gens bien a enthousiasmé
    la publication britannique Screen International qui l’a comparé avec les
    westerns des frères Coen ou encore avec les films de Tarantino. Le magazine
    Variety a parlé du policier Ilie comme d’un homme bloqué dans une culture de
    la corruption au point où on ne sait pas où ses impulsions commencent et où ses
    principes finissent. Pour sa part, Cinéuropa a fait les louanges du jeu
    remarquable de Iulian Postelnicu qui brille à l’écran, en construisant à
    partir de zéro – avec un nouvel accent, une nouvelle posture et une gamme
    impressionnante de grimaces – un personnage que le public ne sait pas si c’est
    à plaindre ou à détester. Récemment, la société américaine Dekanalog a acheté
    les droits de distribution du film aux Etats-Unis où Des Gens bien sera lancé
    dans le courant de cette année. (Trad. Ioana Stancescu)



  • Des auteurs roumains présents cette année au Salon du livre de Paris

    Des auteurs roumains présents cette année au Salon du livre de Paris

    Fin d’avril, l’Institut Culturel Roumain de Paris a invité des écrivains
    roumains de renom au Salon du Livre de Paris, l’événement le plus important
    dédié aux livres, organisé par la capitale française. Gabriela Adameşteanu,
    Adriana Babeţi, Doina Lemny et Stejărel Olaru ont répondu à l’appel. Ils se
    sont rendu au stand de la Roumanie ouvert cette année sous le slogan « La Roumanie
    – un pays qui se raconte ». Le programme a inclus une vingtaine d’événements,
    dédiés aux plus récents livres roumains traduits en français, y compris des
    romans, des volumes de poésie, des ouvrages de non-fiction et des bandes dessinées.


    La prose a été la vedette d’un de ces événements. Le stand de la Roumanie a
    lancé à cette occasion les traductions en français des romans « Zogru »,
    par Doina Ruşti (Editions du Typhon, 2022), « Et demain les Russes seront
    là », par Cristian Ciocan (Editions Tropismes, traduit par Florica
    Courriol 2022) ainsi que « Ioşca », par Cristian Fulaş (Editions La
    Peuplade, Canada, 2022). Les deux premiers romans ont été traduits par Florica
    Courriol, tandis que pour la traduction du troisième, Florica Courriol a
    collaboré avec Jean-Louis Courriol.


    Nous avons discuté avec Florica Curiol des qualités des livres qu’elle
    avait traduits récemment en français.


    « La valeur entière des livres
    m’a convaincue. Bien sûr, cela veut dire que tant le style, que l’histoire sont
    importants. Il y a des romans écrits par des auteurs roumains qui ont été
    traduits dans d’autres langues, mais qui, jusqu’ici, ne sont jamais arrivés en
    France. Parmi eux, on compte « Zogru », le roman de l’écrivaine Doina Ruști. En
    Roumanie, le livre a paru en 2006. Ensuite, il a été traduit dans d’autres
    langues, étant apprécié partout. C’est précisément cette appréciation qui m’a
    déterminée à le traduire, car je me suis imaginée qu’il aurait du succès dans
    l’espace francophone aussi. Ensuite, « Ioșca », le roman de Cristian
    Fulaș, m’a impressionnée dès sa première page. Lorsque je tombe sur un roman
    très fort et que je suis persuadée de sa valeur, je lui cherche un éditeur
    immédiatement après l’avoir lu. Comme il décrit des scènes qui se passent sur
    les sommets enneigés des Carpates, j’ai pensé que les lecteurs canadiens seraient
    plus sensibles à cette histoire-là. C’est la raison pour laquelle j’ai choisi
    pour lui un éditeur canadien et pas français, qui l’a publié tout de suite. Ma
    relation avec Iulian Ciocan est plus ancienne. D’ailleurs, moi, j’aime beaucoup
    les écrivains de République de Moldova. Qui plus est, j’ai déjà traduit deux
    livres qui ont paru aux Editions Belleville, devenus ensuite les Editions Tropismes.
    Le roman dystopique « Et demain les Russes seront là » en est un.
    L’année dernière, lorsque l’Ukraine était envahie, Iulian Ciocan, qui est aussi
    un journaliste, a accordé une longue interview à la publication « Le
    Monde ». La responsable des Editions Tropismes a remarqué cette interview,
    où Iulian avait mentionné aussi son roman. C’est comme ça que l’intérêt pour son
    livre s’est né. »


    Disons pour finir que l’écrivaine
    de prose, Gabriela Adameşteanu, a
    participé aussi au stand de la Roumanie à un dialogue avec Cristina Hermeziu,
    sur l’édition française du roman « Fontana di Trevi » (Editions
    Gallimard, traduit par Nicolas Cavailles. Le stand de la Roumanie a accueilli
    aussi la présentation de la chercheuse Doina Lemny, en dialogue avec la
    chercheuse Mica Gherghescu, sur ses publications les plus récentes :
    « Brancusi, la chose vraie » et « Brancusi et ses muses »
    (Editions Gourcouff-Gradenigo, 2023) (trad. Andra Juganaru)

  • L’exposition « Le ciel en plusieurs longueurs d’onde »

    L’exposition « Le ciel en plusieurs longueurs d’onde »

    Le Musée de la ville de Bucarest
    (MMB) offre à ses visiteurs l’opportunité de découvrir l’unique observatoire
    astronomique de la capitale roumaine ouvert au public : l’Observatoire
    astronomique « Amiral Vasile Urseanu ». L’amiral Vasile Urseanu
    (1848-1926) est le fondateur de la Société roumaine d’astronomie, dont il fut
    le premier président en 1908, et de l’Observatoire astronomique populaire, qu’il
    fit construire à ses frais en 1910. Le bâtiment de l’Observatoire a la forme d’un
    navire qui culmine par un dôme astronomique de haut de 5 mètres. Lors de son
    inauguration, l’Observatoire était équipé d’un excellent objectif Zeiss d’un
    diamètre de 150 mm. Après la mort de l’amiral, sa femme a fait don du bâtiment
    à la mairie de Bucarest, qui a joué un rôle important dans la démocratisation
    de l’astronomie auprès du grand public.


    Nous avons rencontré le muséographe Adrian Șonka de la
    section Anthropologie urbaine de l’exposition proposée par le Musée de la ville
    de Bucarest, « Le ciel en plusieurs longueurs d’onde » :




    « Notre exposition est composée de 5 grands
    panneaux sur lesquels nous avons représenté le ciel, avec plusieurs types de
    lumières. Un petit panneau explicatif illustre le tout. Nous pensions que les
    gens avaient besoin de voir des images du ciel, d’objets cosmiques, avec les
    différents types de lumières que les astronomes peuvent observer. L’exposition
    peut être visitée tous les soirs jusqu’à l’automne. Pour chaque type de
    lumière, on peut observer l’image du ciel dans son intégralité. Dans le ciel,
    selon le type de lumière, différents objets peuvent être observés. Dans la
    partie visible, par exemple, on peut voir beaucoup d’étoiles et de nuages de
    poussière. Dans la photo du ciel en infrarouge, seuls les nuages de poussière
    peuvent être observés. Par contre, dans la version du ciel en rayons X et rayons
    gamma, seuls les objets les plus chauds de l’Univers peuvent être vus. Pour
    chaque type de lumière, il y a une photo du cœur de notre galaxie. En son
    centre, on trouve un trou noir supermassif. Son image et celle de ses
    frontières changent en fonction du type de lumière dans lequel on les observe.
    Par exemple, le trou noir et le disque qui l’entoure peuvent être observés grâce
    aux ondes radio. Dans l’infrarouge on ne voit que les nuages de poussière qui
    sont en direction du trou noir. Par contre, dans l’espace visible on ne voit
    presque rien, sauf des étoiles.
    »




    Adrian Șonka nous a expliqué
    comment nous percevons le ciel, celui visible à l’œil nu et celui vu à l’aide d’instruments :




    « C’est très intéressant si on pense à la
    lumière que la rétine de notre œil peut détecter. Nous, les êtres humains,
    ainsi que de nombreux animaux sur Terre, nous sommes adaptés à la lumière que
    le Soleil émet en plus grande quantité. Nous appelons cette gamme de lumière le
    spectre visible, la gamme visible, et bien sûr nous observons le ciel dans la
    gamme visible. Dans ce type de lumière, généralement les étoiles qui ne sont ni
    trop froides ni trop chaudes émettent de la lumière. Tout ce que nous voyons à
    l’œil nu dans le ciel serait des étoiles, qui émettent un certain type de
    lumière. Dans l’infrarouge, par exemple, on peut voir des objets froids, telles
    des étoiles froides. On peut y voir aussi des nuages de poussière réchauffés
    par la lumière des étoiles de notre galaxie. Sous un autre type de lumière, on
    ne peut voir que les nuages de gaz, ceux qui forment actuellement des étoiles. A
    l’aide des rayons gamma ou rayons X, on peut voir les objets les plus chauds de
    l’Univers, les supernova, soit les restes de supernova, le gaz qui se réchauffe
    autour des étoiles massives, ainsi que les galaxies qui contiennent des trous
    noirs. Maintenant, bien sûr, notre œil s’est adapté à la lumière émise par le
    soleil, qui pénètre dans l’atmosphère et peut arriver jusqu’à nous. Mais une
    grande partie de la lumière présente dans l’Univers est bloquée par notre
    atmosphère. Cela est un aspect positif, car toutes les lumières ne sont pas
    favorables à la vie. Les limites de notre œil sont données par le type de
    cellules présentes dans la rétine. Nous ne pouvons voir qu’une certaine partie
    du spectre électromagnétique, de toute la lumière de l’Univers. En fait, on dit
    actuellement que nos yeux perçoivent très peu de la lumière qui existe dans
    l’Univers.
    »


    Adrian Șonka nous a aussi offert
    des informations concernant le programme de l’exposition, accueillie par
    l’Observatoire astronomique « Amiral Vasile Urseanu » de
    Bucarest :




    « Ceux qui souhaitent nous visiter peuvent
    venir en journée pour voir l’exposition. Ensuite, après 19h30, ils peuvent
    venir observer le ciel à l’aide du télescope. Cela dépend aussi de la saison.
    Par exemple, au printemps on peut voir très bien les planètes Vénus et Mars.
    Tous les mois, deux semaines durant, on peut également voir la Lune, vers le
    début du mois. Bien sûr, à part les planètes, il y a des étoiles et des
    constellations. Nous conseillons tous nos visiteurs : un guide leur
    explique et leur montre différents objets, soit à l’aide d’un télescope, soit à
    l’œil nu. La dernière entrée est permise à 21h et les observations se terminent
    vers 21 h 30. L’Observatoire est ouvert entre 14 h et 21 h 30.
    »


    Pour finir, nous vous
    recommandons de visiter avant tout le site web du Musée de la Municipalité de
    Bucarest, pour vous renseigner davantage sur cette exposition intitulée « Le ciel en plusieurs longueurs
    d’onde » :


    https://muzeulbucurestiului.ro/expozitia-cerul-lungimi-unda/


    (trad. Andra Juganaru)

  • In Memoriam: Corneliu Baba 25

    In Memoriam: Corneliu Baba 25

    Le Musée des Collections d’Art de Bucarest accueille,
    jusqu’à la fin mai, l’exposition intitulée « In Memoriam : Corneliu
    Baba 25 ». L’événement est organisé afin de marquer le 25e
    anniversaire de la disparition de Corneliu Baba, peintre roumain qui a dédié la
    plupart de ses œuvres aux portraits. L’exposition réunit 50 œuvres de peinture
    et graphique réalisées entre 1977 et 1997, ainsi que plusieurs objets ayant appartenu
    à l’artiste.


    Malgré les idéologies différentes auxquelles les artistes
    devaient faire face au 20e siècle, Corneliu Baba a décidé de rester
    fidèle aux conventions du langage spécifiques à la peinture classique. Il a trouvé
    son inspiration tant chez de grands artistes visuels roumains, tels Nicolae
    Grigorescu et Nicolae Tonitza, que chez les peintres européens, tels El Greco,
    Goya et Rembrandt. Ses œuvres sont exposées à Tokyo, New York, Pékin,
    Bruxelles, Moscou et Berlin.


    Les toiles et les objets personnels exposés ce
    printemps au Musée des Collections d’Art font partie de la collection dont l’épouse
    de l’artiste, Constanţa Baba, a fait don au Musée en 2011. S’y ajoutent 12 autres
    œuvres de graphique, études et croquis faisant partie de la collection de l’artiste, mis à
    disposition du musée par la commissaire de l’exposition, Maria Albani. Ainsi
    l’exposition présente-telle aussi la démarche artistique de Corneliu Baba, ses
    préoccupations thématiques et les techniques qu’il a utilisées au cours des
    deux dernières décennies de son activité.


    Liliana Chiriac, cheffe du département du Musée des
    Collections d’Arts, (qui a été, en fait, inauguré en 1978 comme section faisant
    partie du Musée National d’Art de la Roumanie), nous explique :


    « Nous avons
    décidé de présenter tant une collection que de recréer partiellement l’espace
    dans lequel l’artiste même a créé. Ainsi exposons-nous la table est les objets
    qui s’y trouvaient toujours : la clochette, le cahier des croquis de
    Corneliu Baba et son encrier. Dans les dernières années de sa vie, Corneliu
    Baba a travaillé plutôt depuis chez lui, car il était malade et ne pouvait pas
    se déplacer. C’est la raison pour laquelle nous avons tenu à recréer
    l’intérieur de sa maison-atelier au Musée des Collections d’Art. Madame Maria
    Albani, qui possède une exposition des ouvrages de Corneliu Baba, nous a en
    prêté 12, des croquis pour la plupart, mains aussi des peintures, de la
    dernière période la vie de Corneliu Baba. Dans ses Journaux personnels,
    l’artiste avait parlé tant de ses œuvres, que de ses obsessions à ce moment-là.
    Il mentionnait aussi le fait qu’il revenait aux mêmes dessins ou motifs. Et c’est toujours dans ses Journaux personnels qu’il avoue que les moments
    d’enthousiasme alternaient avec des périodes de découragement. Cela va sans
    dire, car l’artiste n’a pas eu une relation facile avec les autorités
    communistes, qui le blâmaient d’être formaliste. Malgré tous ces obstacles,Corneliu Baba s’est imposé en tant qu’illustrateur de livres et aussi qu’en
    tant qu’artiste. Dans sa dernière période, les thèmes les plus fréquents ont
    été les rois fous et les arlequins. C’est toujours vers la fin de sa vie qu’il
    a peint beaucoup d’autoportraits et des portraits de sa femme, Constanța, qu’il appelait en utilisant le
    diminutif Țuca. Corneliu Baba a été sans doute un peintre
    authentique et réaliste, car il ne falsifiait pas et n’idéalisait pas l’homme,
    mais il le représentait tel qu’il était en réalité, pas seulement lors de ses
    moments de bonheur, mais aussi pendant des moments moins agréables. »



    L’exposition « In Memoriam : Corneliu Baba
    25 » promeut aussi les 3e et 4e tomes de la série
    Confessions et Journaux, disponibles dans les librairies de plusieurs musées
    d’art du pays. Dans ses Journaux, Corneliu Baba a révélé toute une variété d’opinions
    concernant non seulement la vie et son activité, mais aussi les régimes
    politiques qu’il a vécus. (trad. Andra Juganaru)





  • “Entre les révolutions” de Vlad Petri, prix FIPRESCI à la Berlinale

    “Entre les révolutions” de Vlad Petri, prix FIPRESCI à la Berlinale

    Entre les Révolutions (Between Revolutions), deuxième long métrage documentaire du Roumain, Vlad Petri, a remporté récemment le Prix FIPRESCI de la Fédération internationale de la Presse cinématographique, dans le cadre de la section Forum du Festival internationale du film de Berlin.

    Imaginé sous la
    forme d’un documentaire, le long-métrage suit la correspondance entre une
    Roumaine et une Iranienne ayant vécu sous deux régimes différents, celui de
    1970 et celui de 1980. C’est un film qui met en lumière les similitudes et les
    différences entre l’Iran et la Roumanie. L’approche est poétique, elle laisse
    la place aux interprétations et le montage est si bien fait qu’il permet au
    film de révéler toute sa force.
    Ce sont les mots par lesquels le jury du
    festival a motivé son choix. La section Forum inclut des films d’une esthétique
    particulière, qui se proposent à porter un regard différent sur le langage
    cinématographique, mais aussi sur le discours socio-artistique. Vlad Petri se
    dit très attaché aux sujets politiques et sociaux. Ses productions, à la
    frontière entre le documentaire et la fiction, ont participé à de nombreux
    festivals de film comme celui de Berlin, de Rotterdam, de Srajévo ou encore de
    Jihlava.






    Entre les révolutions repose sur des documents issus
    des archives et met en lumière les vies et le destin des deux femmes, une
    Roumaine et une Iranienne, amies et collègues à la faculté de Médecine de Bucarest,
    dans les 1970. En 1979, au moment où le changement de régime iranien devient
    une certitude, Zahra quitte sa copine et retourne dans son pays, pour faire la
    révolution. Dix ans durant, leur seul moyen de communiquer sera par écrit, à
    travers des lettres qui décrivent le combat mené par les femmes pour faire
    entendre leurs voix.






    Vlad Petri nous raconte comment l’idée d’un tel film lui
    est venue:






    Je suis parti pour faire ce film en pensant aux
    histoires que ma mère me racontait sur sa vie estudiantine. Et je fus curieux
    d’observer les changements politiques et révolutionnaires à travers le regard
    d’une femme. Je profite pour rappeler la contribution extraordinaire de
    l’écrivaine Lavinia Braniste à ce projet, car c’est elle qui a écrit les
    lettres de mes deux protagonistes. Moi, j’ai voulu revisiter l’histoire du
    point de vue des femmes ayant vécu leur jeunesse dans les années 80, comme ce
    fut le cas de ma mère. Et, j’ai voulu présenter aussi bien la perspective des
    femmes de Roumanie que d’Iran. En fait, je me suis proposé de remettre dans le
    contexte des images et des histoires présentées par des hommes durant les
    régimes paternalistes iranien de Ruhollah
    Khomeini et roumain, de Nicolae Ceausescu. Mon film est un mélange de poésie et
    de politique et j’aime bien cet aspect. En parlant de ce côté poétique, j’avoue
    que cela fait des années que je suis fasciné par le cinéma iranien, notamment
    par Abbas Kiarostami
    et Mohsen Makhmalbaf, dont les films respirent la poésie. Voilà pourquoi
    j’ai considéré important de rappeler le nom de Forugh Farrokhzad, poète,
    cinéaste et féministe qui s’est battue pour les femmes iraniennes dont les
    droits continuent à être ignorés ».









    Vlad Petri est triple gagnants des Prix GOPO. En 2015,
    son documentaire Bucarest, où es-tu? a remporté le prix du meilleur film de
    début. Six ans plus tard, son court-métrage documentaire Le cerf est passé
    devant moi remporte le trophée GOPO, un prix qu’il se verra accorder en 2022
    aussi pour Le même rêve.(Trad. Ioana Stancescu)

  • Une histoire d’amour de 6000 ans : les amoureux de Gumelnița

    Une histoire d’amour de 6000 ans : les amoureux de Gumelnița

    Le
    Musée national d’histoire de la Roumanie, le MNIR, accueille l’exposition « Une histoire d’amour de 6000 ans : les amoureux de
    Gumelnița » qui présente des pièces préhistoriques célébrant le sentiment
    humain le plus complexe : l’amour. Nous nous sommes entretenus avec la
    muséographe et commissaire de l’exposition Andreea Bîrzu.




    Les
    hommes préhistoriques étaient-ils amoureux ? Andreea Bîrzu :


    « Il
    semble qu’ils l’étaient. Oui, en fin de compte, l’amour est universel. Je ne
    vois pas pourquoi il n’aurait pas existé aussi pendant la préhistoire. Je
    voudrais parler d’une pièce de cette époque, du Néolithique pour être plus
    précise. C’est une pièce découverte sur le site archéologique de Gumelnita, en
    Olténie, dans le sud de la Roumanie, près du Danube. C’est un artefact unique,
    notamment pour sa forme. C’est une paire de statuettes anthropomorphes, c’est-à-dire
    qui imitent la silhouette humaine. Elle est tout à fait spéciale, une des rares
    pièces de ce genre qui ont été découvertes, de celles qui représentent un
    couple homme-femme dans l’art néolithique de l’Europe du sud-est. Quelques
    autres pièces représentant des couples ont été découvertes mais leur forme
    diffère de celle de la pièce que nous exposons. Par exemple, une pièce
    intéressante de ce point de vue a été découverte à Sultana. C’est un site
    archéologique qui relève de la culture de Gumelnița et se trouve aujourd’hui
    dans le département de Calarasi. La pièce que nous exposons est en argile, elle a été modelée à la main
    par les artisans, décorée avec des incisions et des perforations, cuite pour
    être plus résistante, puis peinte en rouge et blanc, les pigments ne sont plus
    visibles que sur quelques parties des statuettes. Il est difficile de dire
    comment ces statuettes étaient utilisées, quelle était leur fonction. On parle
    d’une œuvre qui a plus de 6000 ans et qui appartient à une civilisation dont on
    ne sait que très peu de choses. Une société humaine spécifique et complexe, la
    civilisation de Gumelnita que l’on connait surtout au travers de ses céramiques
    absolument singulières, certaines peintes à la graffite, d’autres en or. C’est
    une civilisation qui s’étendait sur tout le territoire roumain actuel, en
    particulier en Munténie et en Dobrogée mais aussi sur l’actuelle
    Bulgarie. »






    Andreea
    Bîrzu nous a décrit la pièce exposée au MNIR et est revenue pour nous sur les
    motivations de l’exposition :


    « Revenons à l’artefact
    que nous exposons au Musée national d’histoire de Roumanie. C’est une
    découverte unique, représentant une des créations originales de cette
    civilisation. Ce qui attire particulièrement l’attention c’est la manière dont
    les deux personnages sont dépeints et l’affection qu’il en émane. Les corps
    sont collés et ont une base commune. On remarque que le bras gauche de la
    statuette féminine tient d’une certaine manière la statuette masculine par la
    taille et le bras droit du personnage masculin se trouve dans le dos du
    personnage féminin, la prenant par les épaules dans un geste de tendresse et de
    protection. Nous avons décidé d’exposer cette œuvre pendant le mois où on
    célèbre l’amour, avec la saint Valentin et la fête roumaine de Dragobete. Cette
    exposition est accessible au public jusqu’à la fin du mois, du mercredi au dimanche. »




    De
    quoi réfléchir à la permanence des sentiments…(trad. Clémence Lheureux)



  • Le Festival du Film français en Roumanie

    Le Festival du Film français en Roumanie

    Le Festival du Film
    Français (FFF) en Roumanie s’apprête à marquer sa 27ème édition qui se
    déroulera du 15 au 26 mars, à Bucarest et dans 12 villes du pays : Cluj-Napoca,
    Timișoara, Iași, Arad, Brașov, Brăila, Constanța, Craiova, Sfântu Gheorghe, Sibiu, Suceava et Târgu Mureș. Pour cette année, less
    organisateurs ont choisi comme thème Cinéma, mon amour. Victor
    Benderra, chargé du mission audio-visuelle chez l’Institut français est avec
    nous, par téléphone. Ensemble, on passera en revue les points forts de cette
    nouvelle édition du Festival du film français, un événement très attendu par
    les cinéphiles et les francophones de Roumanie.

  • Anca Vasiliu, lauréate de l’Académie Française pour l’ensemble de sa recherche en philosophie

    Anca Vasiliu, lauréate de l’Académie Française pour l’ensemble de sa recherche en philosophie

    Parmi les lauréats de l’Académie française en 2022 figure
    la chercheuse roumaine Anca Vasiliu, historienne et philosophe, qui a reçu le
    Grand prix de philosophie, pour
    l’ensemble de son œuvre. La chercheuse, également récompensée en 2013 par
    l’Académie française du Prix Montyon et de la médaille d’argent pour sa monographie
    Images de soi dans l’Antiquité tardive,
    est née à Bucarest en 1957. Avant son départ en France au début des années
    1990, elle avait travaillé à l’Institut d’histoire de l’art. En 1998, elle a
    été recrutée en France par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS)
    en tant que chercheuse. Elle travaille actuellement au Centre Léon Robin de
    recherche sur la pensée antique de l’Université de la Sorbonne Paris IV.


    Anca Vasiliu est docteur habilitée à diriger des
    recherches doctorales. Elle a enseigné des cours en philosophie grecque
    classique à l’Université Paris X Nanterre entre 1998 et 2004. Depuis 2007, elle
    enseigne à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Au CNRS, depuis 2000, elle
    coordonne le Séminaire de recherche sur la transmission des thèmes et de
    concepts philosophiques de l’Antiquité au Moyen Âge. En 2003, elle a fondé la
    revue franco-roumaine de philosophie ancienne Chôra.




    Elle a publié
    plusieurs monographies, portant sur l’image dans les théories de l’âme, de
    l’intellection et du langage dans l’antiquité et l’antiquité tardive. Parmi ses nombreux
    œuvres, il faut mentionner : La
    traversée de l’image (Desclée de Brouwer, Paris, 1994), Du diaphane. Image, milieu, lumière dans la
    pensée antique et médiévale (Vrin, Paris, 1997), Dire et voire. La parole visible du sophiste (Vrin, Paris, 2008), Divine technique. Art et langage homérique à
    la fin de l’Antiquité (Classiques Garnier, Paris, 2016), Penser Dieu. Noétique et métaphysique dans
    l’Antiquité tardive (Vrin,
    Paris, 2018), ainsi que Montrer l’âme. Lecture du Phèdre de Platon (Sorbonne
    Université Presses, 2021). Elle a publié aussi un volume de poèmes, intitulé
    Entre la gloire et la peau (Corlevour, Paris, 2020).


    Une autre
    direction de sa recherche est l’image dans l’iconographie monastique byzantine moldave.
    Parmi ses œuvres, on retrouve Architectures de l’image. Monastères de
    Moldavie, XIVe-XVIe siècles (Paris, Méditerranée, 1998), livre qui
    a été traduit en italien (Jaca Book, Milan) et en allemand (Hirmer Verlag,
    Munich) et qui a été vendue en 10.000 exemplaires.


    Passer de l’histoire de l’art à la philosophie
    antique était un processus naturel, avoue Anca Vasiliu, car entre ces deux
    domaines il y a une connexion indéniable :


    « A la fin des années 1970, lorsque j’étudiais l’histoire
    de l’art à Bucarest, j’ai choisi d’étudier également la culture byzantine.
    L’art byzantin est très profondément lié à la pensée, à la théorie de l’image
    et à la culture ancienne de l’Antiquité. Moi je m’intéressais au langage de
    l’image dans le monde byzantin et médiéval. Alors ce fut inévitable pour moi
    d’aller aux textes et d’étudier les textes patristiques et la théologie des
    premiers siècles byzantins, évidemment en essayant de comprendre les sources de
    cette pensée. C’était déjà un point de départ philosophique. Par conséquent, le
    passage à la philosophie dans le monde universitaire français, que j’ai fait en
    préparant mon doctorat, a été tout à fait naturel. Ce n’était pas du tout une
    rupture, mais tout simplement une continuité. La philosophie antique et de l’antiquité
    tardive, que j’explore maintenant, est un domaine de recherche lié aux thèmes
    que j’avais abordés. Dans la première partie de ma formation, j’ai fait des
    recherches sur l’esthétique, la perception, la définition du visuel et du visible,
    sur la question de la lumière et de l’optique, sur l’image, ou bien sur la
    constitution de l’image par le biais du langage. J’avais déjà commencé à aborder
    tous ces sujets lorsque j’étudiais en Roumanie et que je travaillais en
    Roumanie dans la recherche. C’était, donc, une continuité. Les choses se sont
    enchaînées tout naturellement. »




    Les monographies Dire
    et voire. La parole visible du sophiste (Vrin, Paris, 2008) et Montrer l’âme. Lecture du Phèdre de Platon (Sorbonne Université Presses, 2021) sont les deux
    premières parties de la thèse d’habilitation d’Anca Vasiliu, intitulée Vérité de l’image, de Platon à Basile de Césarée.
    Elles sont consacrées à la problématique de l’image dans la philosophie de
    Platon. La troisième partie de
    sa thèse est la monographie intitulée « EIKÔN. L’image dans le discours des trois Cappadociens », consacrée
    à la pensée philosophique des trois théologiens les plus importants du IVe
    siècle, Basil de Césarée (ca. 329-378), son frère cadet, Grégoire de Nysse (ca.
    335-395) et leur ami, Grégoire de Nazianze (ca. 329-390). Etant toujours en
    dialogue dynamique avec le célèbre philosophe ancien Platon, les Pères
    Cappadociens ont utilisé la notion de l’image (eikôn en grec ancien), qui est devenue le concept d’icône divine,
    d’une manière à la fois rhétorique, exégétique et théologique.


    Mais comment Anca Vasiliu s’est-elle adaptée aux
    exigences académiques d’un domaine de niche, mais tellement fascinant, comme
    celui de la philosophie ancienne et de l’Antiquité tardive ? Ce fut un processus
    lent, mais assumé, répond la chercheuse, qui poursuit :


    « L’adaptation a été lente. C’est un
    environnement très exigeant, qui m’a motivée. En fait, cette exigence motive
    tous ceux qui souhaitent vraiment se professionnaliser d’une manière profonde
    et qui sont passionnés de leur travail. C’est un milieu très exigeant, mais c’est,
    effectivement, un domaine de niche qui demande beaucoup de travail, une sorte d’option
    pour une vie extrêmement réservée et intériorisée. Lorsque l’on écrit une monographie
    de philosophie, on ne doit pas s’attendre à des ventes énormes et à un grand
    nombre de lecteurs. Mais en France, la philosophie est une discipline
    populaire, une discipline qui attire encore beaucoup de jeunes, même vers notre
    spécialisation, celle de la philosophie antique et médiévale. Nous avons
    beaucoup de doctorants, beaucoup d’options pour mener des recherches dans la
    philosophie d’une manière très professionnelle. C’est la deuxième raison pour
    laquelle cela vaut la peine de s’occuper de ces sujets et de promouvoir la
    formation dans la philosophie ancienne. En effet c’est la philosophie antique
    qui pose les fondements de la pensée philosophique en général ainsi que de
    l’esprit critique et du raisonnement. Bien que la recherche de l’antiquité soit
    un domaine de niche, c’est la niche d’où les grands esprits sont issus. »


    Ajoutons au panorama des monographies publiées par
    Anca Vasiliu toute une collection d’articles et d’études disséminées dans des
    volumes collectifs. Parmi les thèmes que la chercheuse Anca Vasiliu a abordés,
    il faut noter la vue et le regard, la constitution du visible, les usages des images
    visuelles, linguistiques ou mentales, ou bien le mélange du langage et de
    l’image dans le discours philosophique.


    Au cours des dernières années, Anca Vasiliu a
    continué sa collaboration avec le milieu universitaire roumain, notamment pour témoigner
    de la beauté et de la profondeur des textes anciens. Elle est co-directrice de
    la revue de philosophie ancienne et médiévale Chôra, parue chez les Editions Polirom. Elle a collaboré aussi à la
    traduction de la monographie Le Vocabulaire
    Européen des Philosophies, dont elle a coordonné la partie consacrée à la
    philosophie roumaine.


    Anca Vasiliu nous en offre des détails :


    « « Le Vocabulaire Européen des Philosophies » n’est pas seulement un dictionnaire de
    termes philosophiques. L’intention n’était pas de faire un dictionnaire de
    termes philosophiques. L’ouvrage se veut une réflexion culturelle et politique de la place que les concepts européens de
    la philosophie, qui sont en effet des concepts gréco-latins, occupent de nos
    jours encore. Par la façon dont ils ont migré vers d’autres langues et
    cultures, ils ont diffusé la culture gréco-latine et, en même temps, ils ont
    été transformés contextuellement par leur traduction ou transposition dans d’autres
    langues et, par la suite dans d’autres cultures. Du coup, le livre que nous
    venons de publier n’est pas une simple traduction. Par rapport à l’édition
    française entièrement traduite, nous introduisons aussi de nombreux termes
    roumains, issus de textes philosophiques ou de culture populaire, que nous
    avons retrouvés dans des thèses philosophiques de Lucian Blaga ou de Constantin
    Noica. Ces termes ont leur propre histoire linguistique, culturelle et philosophique.
    Ce dictionnaire contient également des données sur les traducteurs de
    philosophie des XVIIIe, XIXe et de la première moitié du XXe siècles qui, par leurs
    traductions du grec, du latin, de l’allemand et de l’italien, sont devenus les
    fondateurs des écoles philosophiques roumaines. »



    Le Grand prix de philosophie de l’Académie française,
    que la chercheuse Anca Vasiliu a reçu pendant la séance publique annuelle du 1er
    décembre 2022, a été créé en 1987 pour récompenser une œuvre perçue comme une
    contribution majeure à ce domaine. Notons que la plupart des lauréats de ce
    prix sont des auteurs nés en France. Après Emmanuel Lévinas, Anca Vasiliu est
    le 2e citoyen français né hors de France à recevoir ce prix, ainsi
    que la troisième femme à être récompensée par cette distinction. (trad. Andra
    Juganaru)

  • Un partenariat entre l’art théâtral et le Musée des Horreurs Communistes

    Un partenariat entre l’art théâtral et le Musée des Horreurs Communistes

    Fondé il y a presque deux ans, sous la tutelle du
    Ministère de la Culture, le Musée des Horreurs Communistes n’a pas siège fixe à
    ce jour. Cela ne l’empêche pourtant pas de mettre sur pied différents projets.
    Et bien qu’il soit encore jeune, il a déjà organisé plusieurs expositions
    itinérantes et interactives.


    Ce qui plus est, il a récemment mis en scène un spectacle
    de théâtre pas comme les autres. Accueillie par le Musée du Paysan Roumain de
    Bucarest, la pièce intitulée « Je
    n’ai jamais rien volé » invite le public à entrer dans l’atmosphère
    quotidienne de la dernière période de l’époque communiste, soit les années
    1980. Le jeune auteur et metteur en scène, Radu Savin, ainsi que les acteurs – récemment
    diplômés de l’Université Nationale d’Art Théâtral et Cinématographique -
    récréent des situations typiques pour ces années-là, lorsque, afin de survivre,
    les gens devaient recourir à des complicités et subterfuges inimaginables dans
    une société normale.


    Le spectacle interactif « Je n’ai jamais rien volé » ne pouvait être présenté que dans
    un endroit non-conventionnel, tel les salles du Musée du Paysan Roumain.


    Mais comment et pourquoi est-ce qu’un jeune metteur en
    scène, de 27 ans, a écrit et a dramatisé un texte sur le communisme et depuis
    quand est-ce qu’il étudie ce chapitre de l’histoire de la Roumanie, achevé il y
    a plus de 30 ans ? Radu Savin répond :


    « Tout a commencé quand j’étais lycéen. Lorsque je me confrontais à
    la réalité qui m’entourait dans ma ville natale, Galați,
    intensivement industrialisée,
    j’essayais de
    comprendre l’apparence de notre ville. Pour tout objet que l’on peut toucher,
    voir ou dont on peut sentir l’odeur, il y a une histoire que l’on peut rechercher.
    Maintenant, 10 ans plus tard, en écrivant ce scénario, j’ai souhaité approfondir
    ce processus de découverte, afin de comprendre les raisons de l’état actuel de
    notre société. Je pense que c’est la responsabilité, tant de ma génération, que
    de celles qui nous ont précédés et de celles qui suivront, de comprendre notre
    bagage culturel et historique.
    »


    Pour sa pièce de théâtre, au lieu des grands drames ou des crimes commis
    par le régime communiste, Radu Savin a choisi de présenter l’existence
    quotidienne de trois étudiants de l’Institut Agronomique de Bucarest. C’est la
    manière dont il a respecté le concept du Musée des Horreurs Communistes, comme
    nous avoue son manager, Alexandru Groza :


    « L’objectif
    du Musée est de présenter la vie quotidienne, c’est-à-dire les éléments qui
    constituaient le noyau de la vie réelle entre 1945 et 1989. Par conséquence, le
    mot « horreurs », présent dans la titulature du Musée, ne nous oblige
    pas de devenir un tribunal. C’est un musée qui présente les faits historiques
    et développe la pensée critique, et laisse aux visiteurs la capacité d’interpréter
    ou d’analyser. Quant au metteur en scène Radu Savin, je l’ai connu absolument
    par hasard, lorsque je cherchais un siège pour le Musée. Je l’ai rencontré à la
    Maison de la Presse Libre, lorsque je faisais un tour des espaces qui pouvaient
    devenir des espaces d’exposition. Il y a réussi, avec son équipe, de créer
    tellement bien une sorte de bureau d’un maire local, qu’il a réussi de me faire
    changer de perspective, sans que je m’en rende compte. Vu sa capacité de mettre
    en scène un concept dans un espace tellement neutre, je me suis dit :
    « Et si je répliquais l’idée ? » C’est comme ça que j’ai trouvé
    une idée appropriée pour ce musée, qui pouvait devenir la marque du Musée des
    Horreurs Communistes, car la pièce de théâtre en est représentative. Même si pour
    l’instant elle appartient au Musée, elle a la liberté de circuler et de se
    développer.
    »


    Présenté récemment en avant-première, le spectacle « Je n’ai jamais rien volé » met
    ensemble de manière unique l’art théâtral et un espace d’exposition. Les
    éléments de décoration sont, en fait, des objets du patrimoine du Musée des
    Horreurs Communistes. Histoire d’entrer au plus profonds dans l’atmosphère de
    cette époque qui a tellement marqué le peuple roumain. (trad. Andra Juganaru)

  • Classix Festival

    Classix Festival

    Entre le 26 février et le 4
    mars, la belle ville de Iași, au nord-est de la Roumanie, un lieu chargé
    d’histoire et de culture, sera l’hôte d’un événement unique, qui mêlera musique
    classique et art contemporain. D’ailleurs, le Festival Classix est le premier
    festival de musique classique et d’art visuel indépendant de Iași. Cette année,
    à l’occasion de sa quatrième édition, pendant les 7 jours de spectacles, le
    public sera invité à 8 concerts et pourra rencontrer plus de 90 personnalités
    internationales de la musique classique, participer à 63 Master Classes, plusieurs débats, conférences et ateliers.


    Le thème de cette édition du
    festival est la « Métamorphose ». C’est par ce concept artistique, que
    le Festival Classix 2023 exposera toute une série des transformations :
    musique classique en musique contemporaine, littérature fantastique en musique
    de film, ou bien harmonie musicale minimaliste en rythmes exotiques.


    Chaque événement réunira des
    artistes nationaux et internationaux, des amateurs de musique classique,
    étudiants, élèves et professionnels. Nous avons discuté avec Patricia Butucel,
    co-fondatrice et directrice du Festival Classix :


    Patricia Butucel : « Pendant cette période nous
    organisons à Iași, pour le grand public, de nombreuses activités, événements,
    concerts, expositions et surprises. Dans le cadre du Festival, nous sommes
    heureux de poursuivre cette année aussi la tradition du projet « Classix
    in Art », Il s’agit d’un projet que nous avons lancé en 2021 et qui s’est
    développé chaque année, par lequel nous soutenons les jeunes musiciens et les artistes
    indépendants. L’année dernière nous avons lancé aussi la série des Master
    Classes. Cette année nous en proposerons 63 sessions pour 8 spécialisations
    différentes, soutenues par 15 musiciens professionnels, qui faciliteront le
    perfectionnement des élèves, étudiants et diplômés des lycées et universités à
    profil musical du pays. L’édition de cette année sera, en fait, un test de
    maturité pour le Festival Classix. Cet événement est né en 2020, juste avant le
    début de la pandémie. Malgré le contexte et les restrictions, le festival a
    grandi chaque année, développant de nouvelles directions et de nouveaux projets
    adjacents. Nous sommes, donc, heureux d’être de nouveau en compagnie de nos
    partenaires, de notre cher public, des artistes et des experts invités. Nous
    sommes persuadés que l’aventure contemporaine et classique de cette année sera
    tout à fait mémorable.
    »


    Les événements du festival se
    dérouleront dans de nouveaux lieux, en dehors des salles de concert typiques. En
    voici un exemple : le premier concert de piano dans une cathédrale de Iași,
    accompagné par des projections visuelles.


    S’y ajoute une série des
    concerts thématiques inédits, qui commencera par « Natura Viva », qui met en évidence le lien entre la
    foi et l’harmonie de la nature. Ensuite, « Balkan Spirit » invite à un voyage depuis l’oasis idyllique
    des harmonies minimalistes vers le désert des rythmes balkaniques. Le concert
    suivant, intitulé « Romantic
    Rendez-Vous », nous présente un panorama d’hypostases du
    romantisme : à commencer par le romantisme allemand, métamorphosé de l’élégance
    au drame, et jusqu’au romantisme russe. Après, le concert « Innuendo » entraînera le public
    dans une aventure mélodique pleine d’allusions aux effets sonores et aux
    illusions émotionnelles. « Mystic
    Tales » les invitera à connaitre une métamorphose mystique, à travers
    la tradition et la fantaisie. A partir des trésors musicaux polonais, le
    concert les fera plonger dans un nouvel univers sonore, créé par le Seigneur
    des Anneaux, imaginé par Martin Romberg. Enfin, le spectacle intitulé en
    anglais « The Past Presents the
    Future » (le passé nous présente le futur) va illustrer l’évolution de
    la musique, à travers les instruments les plus divers.


    Le pianiste Dragoș Cantea,
    co-fondateur et directeur artistique du Festival Classix, nous donne davantage
    de détails sur ces concerts et les artistes participants :


    Dragoș Cantea : « Dans cette édition il y aura
    des artistes du monde entier : d’Espagne, des États-Unis, de Colombie, de Corée
    du Sud, de Suisse ou du Royaume-Uni. Trois artistes viendront de la Corée du
    Sud, dont la violoniste Hyeyoon Park, la plus jeune lauréate du concours ARD de
    Munich. Elle ouvrira cette quatrième édition du Festival Classix, le 26
    février, à la cathédrale romaine catholique de Iași, dans le concert « Natura
    Viva », accompagnée par l’Orchestre Philharmonique d’État de Moldova et
    dirigée par le roumano-américain Vlad Vizireanu. Le programme artistique, qui
    se trouve à la frontière de la nature et de la spiritualité, comprend des
    œuvres de Vivaldi et de Ralph von Williams. De plus, l’Ensemble danois Esbjerg viendra
    en Roumanie pour la première fois. Ce groupe, composé aujourd’hui de dix
    musiciens, est le plus ancien ensemble de chambre d’État de Danemark. Ils
    abordent un répertoire adapté aux publics amateurs de littérature
    cinématographique, mais aussi d’œuvres contemporaines. Ils seront donneront
    deux concerts à Iasi. Le 28 février, ils auront un concert à caractère plus
    classique, intitulé « Romantic rendez-vous », au Palais de la Culture
    de Iași. Puis, le 1er mars, à la Maison de Culture des Etudiants,
    ils présenteront une sélection impressionnante d’œuvres de compositeurs de bande
    son originale, spécifique des pays nordiques. C’est une musique contemporaine à
    laquelle nous ne sommes pas très habitués dans les conservatoires roumains ou dans
    les festivals de musique contemporaine en Roumanie. De même, une présence
    intéressante est un duo exotique du Danemark et de République de Moldova,
    composé de Ștefan Diaconu à la flûte et de Radu Rățoi à l’accordéon. Intitulé « Moldo
    duo », le groupe tiendra, le 3e mars, dans le foyer du Palais
    de la Culture, un récital mixte, qui comprendra des œuvres de Piazzolla,
    quelques œuvres de Ștefan Diaconu lui-même, ainsi que d’autres surprises de plusieurs
    compositeurs moldaves. Le concert « Balkan Spirit » est un concert
    particulier, car il présente deux parties très contrastées. Le concert débutera
    avec un trio intéressant, dont les chansons visent le minimalisme et l’introspection.
    Le minimalisme est une tendance à la mode, notamment dans le design, mais ici
    il commence à conquérir de plus en plus les esprits et les cœurs, y compris
    dans la musique classique. La deuxième partie du concert sera plus rythmée,
    puisque nous profiterons de deux ensembles de percussions. Le précurseur du
    printemps, le concert « Innuendo », aura lieu le 1er mars
    à la Maison de la Culture des Etudiants. C’est un concert qui met en équilibre
    les allusions de la musique contemporaine aux contes de fées et à la musique de
    film en général. Nous entrerons dans l’univers de science-fiction de la musique
    classique que nous n’avons pas encore exploré.
    »


    En espérant que la suite de
    métamorphoses proposée dans la quatrième édition du Festival Classix ait
    éveillé votre intérêt, nous vous invitons à naviguer sur le site Web de
    l’évènement : https://classixfestival.ro/en/,


    Il faut savoir que les concerts seront
    diffusés en direct sur les pages Facebook du Festival Classix et de ses
    partenaires. Ceux qui souhaitent s’impliquer
    dans l’organisation de cet événement unique peuvent se porter bénévoles, sur le
    même site Web.


    (trad. Andra Juganaru)



  • « Kulterra » – une nouvelle gallérie d’art à Bucarest

    « Kulterra » – une nouvelle gallérie d’art à Bucarest

    « Kulterra »
    est une galerie d’art contemporain de Bucarest, fondée pendant la pandémie, en
    2021. Elle vise à soutenir le développement des jeunes artistes plasticiens en
    début de carrière. La galerie est activement impliquée dans le développement
    constant de chaque artiste qu’elle représente. Elle organise aussi des
    expositions, à la fois individuellement et en coopération avec d’autres
    institutions culturelles publiques ou privées. Ștefan Vezure, un des
    partenaires fondateurs de « Kulterra », nous a fourni beaucoup
    d’informations concernant la fondation de la galerie, le rêve à l’origine de
    cette initiative et son évolution tout le long de l’année post-pandémique
    2022 :


    Ștefan Vezure : « Mon associé et moi, nous étions
    mécontents de ce qui se passait avec l’art en Roumanie. C’est ainsi que la galerie
    « Kulterra » est apparue. Elle est toujours à ses débuts. Nous avons
    beaucoup de projets, que nous vous invitons à découvrir à l’avenir. Le mot
    « Kulterra » n’a pas de traduction, chacun peut s’imaginer un sens à
    partir de ce jeu de mots. Nous avons ouvert « Kulterra » en 2021.
    C’était effectivement une période difficile, mais, en fait, chaque époque est
    difficile pour l’art en Roumanie. Au début, tout était un hobby, un jeu, une
    expérimentation. Lors du vernissage de notre première exposition, intitulée
    « CNNCT/DSCNNCT » (n. r. les
    mots anglais « connect » et « disconnect », sans voyelles) qui
    appartenait à Obie Platon, en pleine pandémie, nous avons eu 350 invités. C’est
    suite à leurs réactions et impressions positives, que nous avons conçu beaucoup
    de plans et d’idées tant pour « Kulterra » que pour l’art roumain en
    général. C’était un an prolifique, très constructif et bon pour nous. On a
    encore beaucoup à apprendre. Le plus difficile a été de comprendre que, pour
    l’instant, le monde de l’art roumain est similaire à celui du football roumain.
    Ce qui nous motivait c’est voir que chaque exposition nous apportait de
    centaines d’invités. Nos artistes en sont tout à fait contents et des gens que
    nous ne connaissons pas, nous offrent de retours positifs, donc nous comprenons
    que nos vernissages sont appréciés.
    »


    La
    mission de « Kulterra » est de créer une communauté d’artistes qui puissent
    collaborer, de stimuler les initiatives créatives et d’encourager les interactions
    productives entre des diverses tendances artistiques. Les fondateurs de la galerie
    se proposent de mettre ensemble les qualités d’une institution culturelle
    classique et celles d’une plateforme d’art moderne par la collaboration avec
    des commissaires d’expositions et des artistes locaux et internationaux.


    Inclusion,
    communication et créativité – voilà les ingrédients d’une belle communauté
    artistique. La galerie « Kulterra » vise aussi à encourager une
    approche spéciale de l’activité artistique et la compréhension de l’art
    contemporain. Ses fondateurs souhaitent créer une plateforme de communication
    entre les artistes et les commissaires d’exposition, entre les experts et les
    collectionneurs – c’est-à-dire entre tous qui sont intéressés par le
    développement de l’art contemporain roumain.


    Ștefan
    Vezure nous a fait part ses idées pour l’année 2023 et il nous a présenté aussi
    quelques artistes que sa galerie représente sur le marché de l’art roumain.


    « A mon avis, 2023 sera un tournant
    pour l’art roumain contemporain. Je souhaite qu’il soit au moins aussi prolifique
    que 2022. Les plans pour « Kulterra » en 2023 restent une surprise
    agréable pour le public. De mon point de vue, l’art contemporain roumain est
    encore un art superficiel, mais je pense qu’il a beaucoup de potentiel. Nous
    avons des artistes extraordinaires dans le pays, mais beaucoup d’entre eux sont
    ignorés. Il faut mentionner Alex
    Baciu, Mihu, Obie Platon, Arina Bican, Teona Toderel, Elena Bria, Misha
    Diaconu, Natalia Romanciuc, Valeria Glibiciuc. Beaucoup d’entre eux sont encore
    jeunes et j’en suis sûr qu’ils deviendront connus pas seulement en Roumanie,
    mais surtout ‘à l’étranger
    ».


    En espérant de vous avoir suscité la curiosité à en
    savoir davantage sur les artistes plasticiens roumains contemporains, nous vous
    invitons sut le site web de la galerie Kulterra pour découvrir ses projets pour
    2023 : https://kulterra.art/ . (trad.
    Andra Juganaru)

  • Le Chœur National de Chambre « Madrigal – Marin Constantin »

    Le Chœur National de Chambre « Madrigal – Marin Constantin »

    Le Chœur National de Chambre « Madrigal – Marin Constantin » porte le nom de son créateur Marin Constantin (1925 – 2011), chef d’orchestre et spécialiste réputé des répertoires de la Renaissance, du baroque, du grégorien et du folklore roumain. Il a créé ce chœur en 1963. Comme d’habitude, à la fin de l’année qui vient de s’achever, le chœur « Madrigal » a tenu une série des concerts dédiés aux Fêtes, intitulée « Sur le chemin de Noël ».

    En 2023 il prépare de nouvelles surprises pour ses admirateurs et les amateurs de ce type de musique. Emil Pantelimon, le manager du chœur, nous a parlé des spectacles de Noël, du concept artistique dans le contexte social et politique actuel, ainsi que des événements auxquels Madrigal vient de participer : « Le Chœur National de Chambre « Madrigal – Marin Constantin » accompagné par plus de 800 enfants, membres des chœurs « Cantus Mundi », vient d’achever la série des concerts « Sur le Chemin de Noël » dans tout le pays. C’est une tradition de Madrigal que de chanter des chants de Noël avant les Fêtes de fin d’année. A Cluj, par exemple, nous avons eu un spectacle extraordinaire, merveilleux, avec une énergie fantastique, des larmes aux yeux des spectateurs pendant le concert et un tonnerre d’applaudissements à la fin. Le son inégalable et unique du chœur Madrigal a transmis d’une manière impressionnante l’émotion de Noël. Notre tournée a continué à Târgu Mureș, Timișoara, Craiova, Iași, Suceava et s’est achevée dans la Capitale, les 19 et 20 décembre derniers. Notre équipe est très grande, généreuse et très travailleuse. A chaque spectacle nous sommes accompagnés par les acteurs Ofelia Popii et Marius Turdeanu, ainsi que par une équipe technique en charge des décorations, de la lumière et du son. Le chœur Madrigal ne donne pas de simples concerts, mais de véritables spectacles à chaque fois. La fête de Noël est l’occasion de se réunir autour de la même table, de partager la joie et les souvenirs, de s’embrasser, d’exprimer sa gratitude et son amour. Tout cela est très important. Or, tout au long de son histoire, le chœur Madrigal a raconté justement cette histoire de famille pendant les spectacles qu’il a offerts. Même dans les temps difficiles du communisme, pendant ces années-là ténèbres et froides, lorsque la spiritualité était interdite et la censure était imposée partout, Madrigal a eu le courage de chanter des chants de Noël. Depuis 1966 jusqu’à présent, ce chœur n’a pas cessé de chanter les chants de Noël et cela a eu une vraie importance pour les Roumains. Grâce à cette continuité, en Roumanie, le son de Noël est la voix du Madrigal. Beaucoup de gens nous ont dit que pour eux Noël n’existait pas sans le chœur Madrigal. A tous les moments importants de la vie, qu’ils soient plus ou moins beaux, faciles ou difficiles, que l’on soit seul et opprimé, ou bien entouré par sa famille, c’est l’art, la culture, la musique, c’est le chœur Madrigal qui offrait aux Roumains de la tranquillité et de l’appui. C’est la raison pour laquelle je remercie mes collègues qui ont contribué à nos spectacles de cet hiver. C’était un spectacle merveilleux, qui nous a charmés avant les fêtes. Et même si la première représentation a eu lieu en 2021, le thème de la guerre y a été en quelque sorte prémonitoire : le spectacle finit par un triptyque : un chant ukrainien, un Psaume du poète roumain Lucian Blaga et un chant russe. Une sorte de résolution du conflit, si vous voulez. Vous voyez, l’art touche tous les niveaux de la vie, y compris le niveau social, l’art n’est jamais absent de nos vies. »

    Les 800 enfants qui ont accompagné le Chœur Madrigal font partie d’un projet unique qui vise l’intégration sociale et culturelle par la musique. Il s’agit de l’initiative Cantus Mundi, un programme national qui a deux objectifs principaux. D’un côté, les membres du Chœur Madrigal organisent pro bono des ateliers pour les chefs de chœur débutants, qui souhaitent fonder un chœur. D’autre côté, les membres de Madrigal soutiennent les enfants issus de tous les milieux sociaux, surmontant ainsi toute barrière, qu’elle soit ethnique, sociale, économique ou une conséquence des capacités physiques ou mentales réduites. Les chorales Cantus Mundi non seulement font la promotion du chant, tant en Roumanie que dans la diaspora, mais elles forment aussi de véritables noyaux culturels.

    Le manager du Chœur National de Chambre « Madrigal – Marin Constantin » nous a raconté une expérience artistique unique que les auditeurs ont eu l’occasion de vivre avant les Fêtes. Il s’agit de la réalité virtuelle. Ecoutons encore Emil Pantelimon : « Le 4 décembre 2022 nous avons ouvert la série « Madrigal 60 » tant à Cluj, avec le spectacle intitulé « Sur le Chemin de Noël », qu’à Bucarest, avec un autre événement, intitulé « La maison des chants de Noël ». C’est un nouveau concept qui nous aide à raconter l’histoire du chant de Noël folklorique ainsi que celle du chant de Noël, que nous n’avons jamais cessé de chanter en Roumanie depuis 1966. Le public a eu l’occasion de vivre un pot-pourri d’expériences visuelles, auditives, olfactives même, le tout garni d’effets spéciaux et même bénéficier d’une rencontre en réalité virtuelle avec les membres du chœur ».

    Nous vous invitons à mieux connaître le Chœur Madrigal et à vous délecter de l’harmonie, la tendresse et la douceur des ses chants en navigant sur son site web ou bien en téléchargeant son application mobile https://madrigal.ro/en/ . Et même si les concerts des fêtes d’hivers ont pris fin, les Roumains ont hâte de revoir bientôt sur scène ces choristes, vêtus de leurs costumes somptueux, dans leurs spectacles fascinants. (trad. Andra Juganaru)

  • Exposition de l’œuvre de Pia Massaci au Musée de la ville de Bucarest

    Exposition de l’œuvre de Pia Massaci au Musée de la ville de Bucarest

    Fin 2022, le Musée de la ville de
    Bucarest, situé dans le Palais Suţu, a accueilli une nouvelle exposition de
    peinture consacrée au féminisme dans l’art, plus précisément à Pia Massaci,
    l’une des femmes peintre de la Roumanie de l’entre-deux-guerres. Connue pour sa
    chromatique, ses portraits et ses paysages, Pia Massaci (1908-1992) incarne aux
    dires d’Elena Olariu, directrice adjointe du Musée, le prototype de l’artiste
    tombé dans l’oublie.


    « L’aile du musée de la ville de Bucarest consacrée aux Beaux arts a
    accueilli une exposition consacrée à Pia Massaci, une femme-peintre née à
    Constanţa, dans la famille d’un avocat. Elle a débuté en 1935, dans le cadre du
    Salon officiel de Bucarest, par une exposition comportant un autoportrait et
    des poupées italiennes, deux thèmes qui lui sont restés très chers, puisqu’ils
    reviennent aussi dans d’autres expositions, y compris dans celle dont il est
    question aujourd’hui. C’est une exposition qui réunit plusieurs autoportraits,
    des natures mortes, des paysages dont un, inspiré du marché Matache de Bucarest
    et dont c’est justement le titre. D’ailleurs, ce tableau a déjà été exposé en
    2021, au pavillon Art Safari, dans le cadre d’une grande exposition consacrée aux
    femmes-peintre de Roumanie, intitulée « Séduction et triomphe dans
    l’Art ». Suite à cet événement, les descendants de Pia Massaci nous ont
    contactés pour nous mettre à disposition des documents d’archive, des photos et
    une cinquantaine de tableaux issus de la collection familiale. Il s’agit, je
    vous le rappelle, d’une artiste tombée dans l’oubli pendant plusieurs années.
    Or, le Musée de la ville de Bucarest mène une politique spéciale de recherche
    afin de récupérer les artistes relégués aux oubliettes. Que s’est-il passé
    exactement, avec cette génération de l’entre-deux-guerres ? Voilà la question à
    laquelle nous tentons de répondre. Pour commencer, il convient de préciser que
    dans ces années-là, de nombreux artistes ont été victimes de la crise
    économique. Parmi eux, beaucoup ne jouissaient pas de l’attention des
    critiques. Cela peut s’expliquer par le nombre important de peintres que la
    Roumanie comptait à cette époque-là. Malheureusement, à l’issue de la Seconde
    Guerre mondiale, le pays s’est vu installer à sa tête la dictature communiste
    qui n’encourageait que les artistes proches du régime. Par conséquent, de nombreux
    peintres de l’entre-deux-guerres sont entrés dans un cône d’ombre et nous
    tentons de les faire redécouvrir au public.
    »


    Elena Olariu, directrice adjointe
    du Musée national de la ville de Bucarest se penche dans les minutes suivantes
    sur le parcours académique et la carrière artistique de Pia Massaci.


    « Pia Massaci a été l’élève de Jean Alexandru Steriadi et de Camil
    Ressu, deux figures emblématiques de
    l’art roumain. Elle a aussi été lauréate du Prix de l’Académie des Beaux Arts
    de Iaşi en 1942. Ses ouvrages ont été présents dans tous les salons officiels
    de l’époque. Durant la période communiste, elle a eu quelques vernissages
    personnels. Elle a travaillé aussi bien à Braşov qu’à Tulcea, Constanţa et
    Balcic, en Bulgarie. Plusieurs de ses tableaux se trouvent dans des collections
    privées en France, en Allemagne, en Pologne, en Israël ou au Canada. Sa famille
    détient une cinquantaine de tableaux dont plusieurs ont été exposés au Palais Suţu, dans le cadre de cette exposition gérée
    par la commissaire Angelica Iacob. Personnellement, ce qui m’attire
    particulièrement chez Pia Massaci est le fait de la voir choisir ses sujets en
    fonction de ses propres préférences. Elle peint en fonction de ses envies, sans
    renoncer à sa touche féminine. A la différence d’autres femmes peintres qui ont
    essayé de se rapprocher de l’art masculin afin de plaire à une certaine
    catégorie de public ou aux critiques,
    Pia Massaci a privilégié un art purement féminin, d’une grande valeur. Elle a
    peint selon ses envies.
    » a conclu Elena Olariu. (Trad : Ioana Stancescu)