Category: RRI Culture

  • Les archives d’architecture et leurs pépites

    Les archives d’architecture et leurs pépites

    Lorsque le temps et les temps, avec leurs restrictions sanitaires,
    le permettent, les Bucarestois explorent leur ville et ses environs grâce, en
    partie, aux actions de l’association Istoria artei (L’Histoire de l’art). Le
    plus récent projet de l’ONG vise à retracer l’histoire du Corps des
    architectes, une institution de l’entre-deux-guerres qui accordait aux diplômés
    de la Faculté d’architecture et d’ingénierie l’autorisation d’exercer leur
    métier. Cela a surtout été l’occasion pour Istoria artei de présenter au grand
    public les membres de cette institution, à travers de biographies bien
    documentées, fruit de minutieuses recherches dans les archives.

    Oana Marinache,
    la directrice exécutive de l’association, explique : « Nous avons commencé par
    faire une recherche documentaire, car ce fonds n’a pratiquement jamais été
    accessible aux spécialistes. Dans un premier temps, nous avons sélectionné
    quelques dossiers, surtout d’architectes hommes, mais de quelques femmes aussi.
    Cette phase du projet s’est principalement déroulée en ligne. Nous avons
    numérisé des études de cas et beaucoup de photos, que nous avons ensuite utilisées
    pour faire des présentations, en ligne, à l’intention d’élèves de Ploiești et
    de Bucarest. C’est ce que nous faisions auparavant aussi, mais tous ces
    ateliers qui ne peuvent plus avoir lieu en présentiel, nous les organisons maintenant
    à l’aide d’outils numériques. Plus tard, nous avons organisé des tours guidés
    thématiques. A Bucarest, nous avons évoqué les architectes Statie et Iorgu
    Ciortan et un autre, moins connu aujourd’hui, Alexandru Zaharia. A Sinaia, nous
    avons présenté toute une série de créations architecturales de personnalités
    qui travaillaient principalement à Bucarest, mais qui ont aussi reçu des
    commandes dans cette station de montagne. »




    Les tours guidés de Bucarest ont visé de grands bâtiments, bien
    connus aux habitants de la capitale roumaine, mais qui, finalement, savent peu
    de choses sur ceux qui les ont conçus. Néanmoins, aux dires de Oana Marinache,
    la situation est en train de changer : « En suivant les traces
    de Statie Ciortan, nous avons découvert, avec les participants au tour,
    l’histoire de l’immeuble construit pour accueillir le Journal officiel et sa typographie.
    Aujourd’hui, le palais en question, situé en face du Jardin de Cișmigiu, abrite
    les Archives nationales et traverse un ample processus de restauration. Nous
    avons regardé, ensuite, le bâtiment monumental qui sis derrière le Palais de la
    Caisse des dépôts et consignations de l’avenue Victoriei, appartenant à présent
    à la Police roumaine. Mais au départ, cet édifice avait été conçu pour
    accueillir le bureau des Douanes de la Poste. L’architecte Statie Ciortan a
    également été, pendant de longues années, professeur des universités, mais
    aussi architecte en chef du ministère des Finances. C’est pourquoi à Bucarest,
    comme dans d’autres villes, ses bâtiments ont principalement accueilli le Trésor
    ou d’autres institutions en lien avec les taxes et les impôts. »




    Les guides de Istoria Artei sont aussi allés dans le nord de la
    capitale afin de retrouver les créations de l’architecte Alexandru Zaharia.
    Dans les années 30, il a été à l’origine de deux styles très prisés, proches du
    modernisme : le cubisme et l’éclectisme méditerranéen. Ce dernier est très
    exotique et attire encore les regards, avec son mélange d’éléments décoratifs mauresques
    et vénitiens. Mais Sinaia, qui se trouve à deux heures de Bucarest, mérite elle
    aussi le détour. Située au pied des Monts Bucegi, cette station est
    principalement composée de résidences secondaires, dont beaucoup sont conçues
    par des architectes célèbres.

    Oana Marinache raconte : « A Sinaia, il y a
    nombre d’architectes à découvrir : Petre Antonescu, Duiliu Marcu,
    Henrietta Delavrancea-Gibory ou encore Paul Smărăndescu. En prime, à travers
    nos recherches, nous en avons découvert un autre : Jean Krakauer, connu à l’étranger
    sous son pseudonyme John Kryton. »




    Né en 1910 à Bucarest, d’une famille juive, Jean Krakauer a quitté
    la Roumanie dans les années ’40 pour s’établir et travailler au Royaume-Uni et,
    plus tard, il s’est installé au Canada. Mais on trouve encore, dans les rues de
    Bucarest et de Sinaia, les maisons au charme à part que John Kryton ou Krakauera dessinées dans sa jeunesse. (Trad.
    Elena Diaconu)

  • Fragment. L’expérience de la restauration

    Fragment. L’expérience de la restauration

    Une
    nouvelle exposition accueille les visiteurs (en personne ou dans le monde
    virtuel) au Musée national d’histoire de la Roumanie, jusqu’à la fin mai.
    « Fragment. L’expérience de la restauration » est une incursion dans
    le monde fascinant et délicat de la restauration, une invitation à découvrir
    les secrets qui se cachent derrière les objets de la collection d’un musée.
    Nous nous sommes entretenus à ce sujet avec un des membres du Laboratoire de
    restauration du métal du Musée national d’histoire, Bogdan Dumitru
    Mladin : « L’exposition
    « Fragment. L’expérience de la restauration » présente au public le
    métier de restaurateur sous un angle tout à fait nouveau. Notre volonté était
    d’amener le grand public à comprendre ce qui se passait derrière les pièces
    exposées dans un musée. Alors, avec nos collègues du Département de
    restauration, nous avons organisé une exposition dédiée à ce métier. En plus du
    travail manuel en lui-même, la restauration demande des connaissances dans
    divers domaines – physique, chimie, biologie et ainsi de suite. Nous avons
    accordé une importance particulière à l’accrochage de cette exposition, pour la
    rendre aussi attractive que possible pour le grand public et surtout pour le
    jeune public. Le métier de restaurateur est encore peu pratiqué, alors une des
    fonctions de « Fragment. L’expérience de la restauration » est d’attirer
    les jeunes vers ce métier. »




    Le
    Musée national d’histoire de la Roumanie a été fondé en 1970 et c’est le plus
    important musée d’archéologie et d’histoire du pays. Le Département de
    restauration a pour mission principale la conservation à long terme des artefacts
    du Musée en suivant les standards les plus élevés du domaine, mais aussi la
    recherche et le développement des méthodes de restauration et de promotion de
    la culture matérielle. On peut observer toutes ces directions de travail dans
    l’exposition « Fragment. L’expérience de la restauration », comme le
    témoigne Bogdan Mladin : « L’exposition
    est divisée en deux grandes zones : la partie laboratoire – précisons que
    nous avons en tout six laboratoires au Musée d’histoire, le laboratoire de
    restauration du métal, du bois, de la céramique, de la peinture, des tissus et
    des livres anciens. Ensuite, il y a la zone d’exposition proprement-dite. Le
    public peut y voir tout l’éventail d’objets que nous restaurons, exposés d’une
    manière innovante, car nous souhaitions nous éloigner de la scénographie
    classique. En prime, nous avons invité quelques artistes contemporains à créer
    des œuvres en partant du titre de l’exposition ou des pièces de notre
    collection. Les pièces que nous travaillons viennent, pour la plupart, de sites
    archéologiques, de dépôts ou de collections privées. Ces objets sont très
    variés : depuis les tableaux jusqu’aux voitures – plus spécifiquement, la
    première voiture immatriculée à Bucarest. Il faut avoir un penchant pour
    le beau et s’intéresser à beaucoup de domaines, pour ainsi saisir et comprendre
    les éléments qui influencent un objet tout au long de sa vie. »


    Bogdan
    Mladin propose une comparaison avec la médecine pour faire comprendre plus
    facilement ce que c’est la restauration. Ce qu’un médecin fait pour le corps
    humain, pour une personne, c’est ce que les restaurateurs font pour les objets.
    Ils sont, en quelque sorte, les médecins des objets : chacun souffre d’une
    maladie qu’ils arrivent à guérir avec un traitement spécialisé. Mais intéressons
    nous aux différents objets « guéris » que l’exposition
    « Fragment » fait voir au grand public. Le restaurateur Bogdan
    Mladin : « Dans l’exposition,
    nous présentons tout un dépôt très important, découvert en 2012 à Tărtăria,
    dans le département d’Alba qui se trouve au centre du pays. Il y avait des
    ornements et des pièces de harnachement que nous voulions vraiment mettre en
    avant dans l’exposition. Finalement nous avons réussi à recréer une tête de
    cheval grandeur nature et avons présenté les objets dessus. De même pour les
    bijoux. Pour ce qui est de la céramique,
    nous avons toute une variété de pièces, à partir du néolithique et jusqu’à l’époque
    contemporaine. Pour le bois, nous travaillons des meubles et des icones. Pour
    les livres, ce sont surtout des cartes. Au laboratoire de tissu, mes collègues
    ont inclus dans l’exposition quelques pièces très importantes, à savoir le
    drapeau liturgique d’Etienne le Grand, restauré par leurs soins, ainsi qu’une
    des robes de gala de la Reine Marie. Du côté des tableaux, nous avons des
    toiles signées Luchian ou Tonitza, des œuvres très importantes qui se trouvent
    dans les collections du Musée. »


    Si
    vous n’habitez pas à Bucarest ou si vous ne pouvez ou ne voulez tout simplement
    pas vous déplacer pour visiter cette exposition, pas d’inquiétude ! Un
    site dédié vous attend à l’adresse restauraremnir.ro et sur YouTube vous pourrez
    regarder un tour virtuel de l’expo. (Trad. Elena Diaconu)

  • Retour sur scène pour les artistes de Sibiu

    Retour sur scène pour les artistes de Sibiu

    Après
    une pause de presque 3 mois, lorsque les théâtres ont été fermés partout en
    Roumanie sur toile de fond de la hausse du nombre des cas d’infection au
    coronavirus, les comédiens du Théâtre pour enfants et jeunes Gong, de Sibiu, reviennent
    sur scène. Leur première proposition au jeune public de cette ville transylvaine
    sise au cœur de la Roumanie est « Le rêve d’Hermann », mise en scène par
    Eliza Pauna, un spectacle musical qui invite les spectateurs à un voyage
    imaginaire dans leur propre ville.






    Le retour des artistes sur scène a été un moment plein d’émotion
    et d’enthousiasme, dit Adrian Tibu, le directeur du théâtre Gong de Sibiu :
    « Nous espérons que cette année sera bienveillante avec nous tous. Nous
    sommes très heureux d’avoir commencé cette année sur les planches, devant un
    public, on est très enthousiastes, et la joie de la rencontre a été d’autant plus
    forte qu’il s’agit d’une première. Nous avons réussi à offrir aux petits une
    nouvelle occasion de découvrir le théâtre d’animation, évidemment dans le strict
    respect des mesures sanitaires. Les réactions ont été des meilleures. « Le
    rêve d’Hermann » est un spectacle musical composé par Charlie Fălămaș, qui y met
    aussi sa casquette d’acteur. C’est une sorte de déclaration d’amour pour cette
    ville charmante, avec ses maisons anciennes, sa Grand Place, son Palais Brukenthal.
    Le tout est illustré à l’aide des dessins réalisés par l’artiste Dan Perjovski.
    Par ailleurs, il est vital pour nous de jouer devant un public, c’est notre
    raison d’être en tant que théâtre d’une communauté qui se veut une chronique
    vivante de ce qui se passe autour de nous. Nous avons également préparé un
    autre spectacle, « Gulliver », qui est une adaptation de Leta Popescu d’après
    le texte homonyme de Gellu Naum. Cela a été possible puisque l’année dernière
    nous avons repensé notre programmation, l’adaptant au contexte actuel. Par exemple
    « Le rêve d’Hermann » est un tout petit spectacle, avec seulement 3
    acteurs sur scène, histoire de pouvoir garder la distanciation sociale pendant
    les répétitions et de respecter toutes les normes imposées pour que tout le
    monde se sente en sécurité. »








    Hermann, le protagoniste
    du spectacle, est un garçon de 8 ans qui se heurte à toutes les difficultés d’un
    enfant de son âge : l’école est trop difficile, le temps ne lui suffit
    plus pour jouer, il est souvent réprimandé par ses parents et ses profs car
    tout le monde veut le changer, alors que lui, il ne veut que rester le même
    enfant rêveur et drôle. L’imagination est donc un des super-pouvoirs d’Hermann,
    si bien qu’un banal chemin vers l’école devient toute une aventure, où le
    garçon arrive à sauver ses parents, ses professeurs et même la ville tout
    entière.






    Eliza Pauna, qui signe la
    mise en scène du spectacle et qui y joue aussi, ajoute : « Cela fait
    longtemps que j’ai eu l’idée de ce spectacle. Hermann est un enfant qui joue en
    route vers l’école en s’imaginant toute sorte de choses : qu’il est quelqu’un
    d’autre, que les maisons lui parlent. C’est un garçon qui déborde d’imagination.
    C’était amusant de travailler sur ce spectacle avec Daniel Chirila. Mais vu qu’il
    ne dure que 55 minutes, il a fallu renoncer à certaines choses prévues
    initialement. Par ailleurs, nous avons voulu absolument intégrer les dessins de
    Dan Perjovski dans notre production, même si notre public cible est très jeune
    et ne le connaît pas. Les enfants ne savent pas encore qu’il est un des
    artistes et dessinateurs roumains les plus importants. Mais c’est ainsi que le
    spectacle lance plus d’interrogations. Après le spectacle, les enfants sont
    invités à exprimer leurs opinions sur un mur. Et nous n’avons pas été surpris du
    tout de voir qu’ils ont écrit des messages concernant leur école, leurs enseignants,
    leur temps libre – soit les mêmes sujets dont on parle dans le spectacle. Je
    suis ravie d’avoir intégré l’équipe du théâtre Gong grâce à ce scénario adapté
    à la ville de Sibiu. Sous peu, je jouerai aussi le rôle du Renard dans le
    spectacle « Le Petit prince », d’après Antoine de Saint-Exupéry, mis
    en scène par Bobi Pricop. »








    En attendant, la petite marionnette Hermann continue à exprimer
    sur scène les angoisses des petits qui ne veulent pas encore grandir mais qui
    doivent quand même s’adapter à la vie réelle. Une invitation pour les enfants à
    exprimer leurs besoins et pour les adultes à réfléchir davantage sur l’essentiel
    de l’enfance. (trad. Valentina Beleavski)

  • Les Nuits de la lecture 2021

    Les Nuits de la lecture 2021

    « Les
    Nuits de la lecture », un événement créé par le ministère français de la
    culture et arrivé à sa cinquième édition, se déroulent du 21 au 24 janvier, en
    Roumanie aussi, grâce à l’Institut français de Roumanie. Durant un weekend
    « rallongé », le livre et la lecture sont les vedettes des activités
    proposées par les quatre antennes de l’IFR – Bucarest,
    Cluj, Iaşi et Timişoara. Et c’est Eufrozina Băiţan, responsable de la
    Médiathèque de l’Institut, qui nous fera découvrir l’édition 2021 des Nuits de
    la lecture en Roumanie.



  • La Journée de la culture roumaine marquée par l’ICR Paris

    La Journée de la culture roumaine marquée par l’ICR Paris

    Fêtée le 15 janvier, en hommage à la naissance du grand poète national Mihai Eminescu, la Journée de la Culture roumaine est marquée chaque année par toute sorte de manifestations culturelles, à Bucarest, comme à Paris, Berlin, Madrid, Chişinău, Prague ou New York.

    Célébrons donc ce 171ème anniversaire de la naissance d’Eminescu en compagnie de l’ICR de Paris dont la directrice Doina Marian est avec nous par téléphone, pour passer en revue les coups de cœur de l’agenda mis en place par l’institution qu’elle dirige. Un agenda riche et inédit, ayant bénéficié de l’appui et du talent d’une équipe enthousiaste, d’un artiste comme Mircea Cantor et d’une quarantaine de personnalités proches de la culture roumaine.

  • 10 ans de visites guidées dans Bucarest

    10 ans de visites guidées dans Bucarest

    Fin 2020, « L’Association pour l’histoire de l’art » – une ONG – comptait déjà vingt années d’activité consacrée, pour l’essentiel, au patrimoine de la ville de Bucarest. En partant du constat que les Bucarestois méconnaissent l’histoire de leur ville, l’association s’est proposé de combler cette lacune. Pour ce faire, elle a organisé des visites guidées et des conférences et publié des livres présentant au grand public l’architecture de la capitale roumaine et son évolution dans le temps. Ces activités s’adressent aussi bien aux adultes qu’aux jeunes, voire même aux enfants.

    Cela fait maintenant dix ans que l’association organise des ateliers d’histoire de l’art à l’intention des petits. L’idée des visites guidées est née de la curiosité des parents qui accompagnaient les petits aux ateliers et qui ont manifesté leur intérêt pour l’histoire et le patrimoine de la capitale, a précisé notre interlocutrice, Oana Marinache, directrice de l’Association d’histoire de l’art : « Il y a 8 ou 9 ans, nos visites guidées dans Bucarest n’étaient pas aussi demandées ou populaires. Par contre, ces dernières années, les demandes ont été si nombreuses que l’on a eu du mal à les satisfaire toutes. Certes, en 2020, il y a eu des contraintes liées au nombre de participants, mais la curiosité incite le public à découvrir de nouveaux endroits et à écouter de nouvelles histoires. En plus, on a affaire à un public plus éduqué, grâce à la participation à différents événements organisés par d’autres associations. Les gens veulent découvrir de nouvelles rues, voir les intérieurs des maisons historiques. Nous essayons de répondre à ces demandes en proposant des projets culturels ou éditoriaux ou en créant des événements inédits dans la mesure du possible. Nous nous adressons surtout au public bucarestois. Nous avons pourtant remarqué, surtout lors des excursions d’une journée ou des événements organisés ces dernières années dans des villes comme Sinaia ou Constanța, la présence de participants autres que les Bucarestois. Nous nous réjouissons donc de voir se répandre le désir de connaître le patrimoine. »

    Au fil des années, l’Association pour l’histoire de l’art a bénéficié du soutien financier et logistique de plusieurs institutions publiques et privées. Elle a diversifié son activité, notamment après la création de la maison d’édition Istoria artei. C’est là que sont parues les monographies de quelques architectes importants. Celles-ci ont servi de point de départ pour de nombreuses conférences consacrées à des sujets liés au patrimoine de Bucarest et non seulement. Oana Marinache : « La plupart des travaux que nous avons publiés au cours des 8 dernières années sont le fruit des recherches dans les fonds d’archives sur des architectes remarquables. On en est déjà à la 7e monographie. La grande majorité des personnalités auxquelles elles sont consacrées sont des architectes étrangers. Notre recherche, qui commence par la fin du 19e siècle, est arrivée à la période de l’entre-deux-guerres. Elle s’est matérialisée en plusieurs portraits d’architectes nés en Roumanie, mais issus de familles internationales. Reste encore à découvrir les cas particuliers, les destins impressionnants et susceptibles d’offrir des modèles à suivre même de nos jours. En plus de la collection éditoriale et des visites guidées, je mentionnerais la série de conférences que nous avons organisées au Musée de la ville de Bucarest, dans différentes galeries ou dans des centres culturels. »

    Entre temps, un autre projet de l’association a vu le jour. Il s’agit de la revue Arhitur, qui invite le lecteur à découvrir les endroits où l’emmèneraient les visites guidées.

  • “L’ambulance des monuments” remporte le prix du public Europa Nostra 2020

    “L’ambulance des monuments” remporte le prix du public Europa Nostra 2020

    Et c’est un objectif réussi, à commencer par la Transylvanie, dans le centre-ouest et continuant par l’Olténie dans le sud et jusqu’en Moldavie dans l’est. Et le succès des architectes et des bénévoles de l’« Ambulance des monuments » est désormais connu en Europe aussi. Ce projet roumain vient de remporter le Grand Prix du Public dans le cadre des Prix européens du Patrimoine Europa Nostra 2020. Les citoyens européens ont exprimé leurs préférences pour différents projets dans un sondage enligne auquel ont participé 12 mille personnes et la plupart des voix ont été obtenus par l’ « Ambulance des Monuments ». Auparavant, au mois de mai, le projet de l’Association Monumentum avait obtenu aux côtés de 21 autres programmes et activités culturelles, le Prix européen du Patrimoine Europa Nostra décerné cette fois-ci par la Commission européenne. Ceux qui l’automne dernier avaient obtenu le Prix du Public ont compté parmi les lauréats validés par un jury composé d’experts. Qu’est ce que signifie être favori du public ? C’est l’architecte Veronica Vaida, une des personnes à avoir initié l’ « Ambulance des monuments » qui nous l’explique. « Nous avons tous été extrêmement émus et enflammés. Nous sommes enthousiastes aussi en raison du fait que ce projet est déjà considéré un projet susceptible d’être dupliqué aussi dans d’autres parties d’Europe. Et cela nous réjouit beaucoup. Il y a cette sensibilité envers le patrimoine qui s’est répandue et déjà de plus en plus de personnes apprécient le patrimoine. C’est grâce à l’attention envers le patrimoine que les communautés commencent à changer, tout comme la relation des communautés et les mentalités puisque nos bénévoles y mettent toute leur énergie et enthousiasme envers un objet de patrimoine que la communauté ignorait probablement. C’est ce qu’a rendu enthousiaste le public européen aussi ».

    Utilisant des techniques et des matériaux de constructions traditionnels, les architectes et les bénévoles de l’ « Ambulance des monuments » ont mis en sécurité des monuments en danger jusqu’à leur réparation complète. Veronica Vaida explique la manière dont « l’Ambulance des monuments » fonctionne : « En principe, là où la communauté le souhaite et où il y a un initiateur au niveau local, on nous fait appeler afin d’évaluer la situation en fonction de plusieurs paramètres parmi lesquels la valeur du monument, l’état dans lequel il se trouve et les possibilités de financement. « L’ambulance » est une sorte de trousse de secours composée d’outils apportés par une camionnette qui transporte aussi les matériaux et les bénévoles. D’habitude nous prenons en charge tout ce qui est documentation, nous aidons la communauté à obtenir les informations nécessaires pour une intervention d’urgence et ce n’est qu’ensuite que nous intervenons effectivement. Nous sommes une sorte de service d’urgences SMUR des monuments. Nous ne restaurons pas le bâtiment mais nous ressuscitons seulement ce malade, nous le mettons en sécurité. Le restaurer signifie beaucoup plus que cela. La plupart des fois nous nous occupons de la charpente, afin de protéger le monument de la pluie. Et en plus, souvent, nous effectuons des opérations de consolidation de la fondation. »

    Hormis les efforts de ressusciter les métiers traditionnels, l’ « Ambulance des monuments » est aussi une démarche éducative par le biais de laquelle les communautés locales découvrent a valeur des monuments près desquels ils habitent et s’organisent pour les sauvegarder. Veronica Vaida : « C’est un projet qui vise aussi les jeunes, puisqu’il a un côté éducatif. Mais il ces valences éducatives s’appliquent aussi dans le cas des communautés locales. C’est pourquoi pour nous, par le biais de l’Ambulance, on réalise une sorte de synergie de la communauté et des experts qui interviennent sur un monument. Même les étudiants qui souhaitent devenir spécialistes en ce genre d’intervention sont considérés experts. Par conséquent, notre organisation crée le cadre adéquat pour que tous ces acteurs, y compris les communautés locales, puissent se rencontrer et travailler ensemble au bénéfice des monuments. Espérons que le projet sera repris aussi ailleurs en Roumane » a déclaré Veronica Vaida, une des initiateurs de l’Ambulance des monuments. Suivez-les sur ambulanta-pentru-monumente.ro et sur les réseaux sociaux pour découvrir les joyaux du patrimoine architectural roumains que ces jeunes passionnés tentent de sauvegarder.

  • Elvire chez vous, un cinéma en ligne

    Elvire chez vous, un cinéma en ligne

    Nous sommes sur le point de
    boucler une année – oh, combien ! – éprouvante, qui avait, pourtant, si
    bien commencé. La pandémie de coronavirus nous a obligés à redéfinir notre
    existence, en imposant des restrictions sévères à notre quotidien. Pour qu’ils
    puissent survivre en ces temps tellement difficiles, les acteurs culturels,
    parmi les plus en difficulté à cause de la pandémie, ont inventé de nouveaux
    moyens de rester en contact avec leur public. C’est le cas du programme
    « Elvire chez vous », proposé par le cinéma Elvire Popesco (Institut
    français de Roumanie-Bucarest). Des détails fournis par Ioana Dragomirescu,
    responsable de la salle Elvire Popesco.

  • Le Musée national du Paysan Roumain à la fin de l’année 2020

    Le Musée national du Paysan Roumain à la fin de l’année 2020

    Considéré comme l’un des musées les plus importants de la capitale roumaine, le Musée national du Paysan roumain a continué d’être présent dans la vie culturelle de la capitale, malgré l’actuel contexte pandémique. Pour plus de détails, on a invité au micro son directeur, le professeur docteur Virgil Nitulescu: Comme toutes les autres institutions culturelles de Roumanie, soient-elles publiques ou privées, le Musée national du Paysan roumain a été, lui aussi, affecté par la pandémie. Du coup, on a été obligé de réduire les horaires d’ouverture. On a également constaté qu’une partie de notre public fidèle a renoncé, ces derniers mois, à nous rendre visite. Les raisons possibles en sont multiples: la peur, la baisse de l’appétit culturel pour les événements déroulés en présentiel, parallèlement au développement des expositions virtuelles. Il faut mentionner que depuis 9 ou 10 mois, notre musée propose toute sorte de programmes virtuels très appréciés par notre public. Par ailleurs, on s’enorgueillit du fait que, lors de la dernière édition de la Nuit des Musées, notre institution a réuni le plus grand nombre de visiteurs, même s’il avait été inférieur à celui des années précédentes. Comparé aux autres, notre musée a reçu le nombre le plus élevé de visites virtuelles, ce qui nous a rendu confiants. On espère donc que, l’année prochaine, une fois de retour à la normalité, on arrivera à faire revenir le public dans nos salles.

    Le Musée national du Paysan roumain attirait de nombreux visiteurs, chaque fin d’année, à l’occasion des grands marchés de Noël organisés sur place. Ces événements proposaient non seulement une large variété d’objets traditionnels et de produits du terroir, mais aussi une incursion dans les coutumes roumaines spécifiques de cette période. Cette année, la fête de Noël sera marquée autrement, précise Virgil Nițulescu: Pour l’instant, on n’a prévu que deux foires hebdomadaires d’ici Noël. On ne se permet pas d’organiser des événements censés attirer un public nombreux, car on sait qu’à l’heure où l’on parle, les gens ont d’autres soucis. En revanche, on prépare des expositions pour la fin de l’hiver et le début du printemps, donc pour la période février- mars 2021. On a prévu pour ce moment-là un événement qui attirera, je l’espère bien, un public nombreux. Il s’agit d’une exposition réalisée avec des instruments multimédias, consacrée au grand sculpteur roumain Constantin Brancusi. C’est, si vous voulez, une exposition contemporaine, pour ainsi dire. A part cet événement que l’on compte organiser à l’occasion de la Journée nationale dédiée à Brancusi, né le 19 février, on organisera un spectacle, en ligne, sans public, pour célébrer la Journée de la culture roumaine. Ensuite, à partir de la mi-février, on espère renouer avec notre programme habituel et pouvoir présenter au public quelques expositions qu’il a fallu reporter en raison de la pandémie. Personnellement, j’espère avoir un agenda bien riche pour le printemps et l’été 2021, bien sûr, en admettant que l’on puisse bénéficier d’un financement adéquat. Car, en ce moment, on ignore le montant de l’enveloppe qu’on se verra attribuer en 2021: (trad. Ioana Stancescu)

  • Le musée du communisme de Târgoviște

    Le musée du communisme de Târgoviște

    Une
    incursion dans la très complexe histoire de la ville de Târgoviste
    (dans le sud de la Roumanie) ne serait jamais complète sans une
    halte dans un des plus récents musées de la ville : le musée
    du Communisme, aménagé dans l’ancienne base militaire située près
    de la gare. Nous écoutons Ovidiu Cârstina, directeur du Complexe
    national muséal de la Cour princière parler de ce musée et de son
    histoire : « Certes,
    il est de notoriété qu’en décembre 1989, les époux Ceausescu ont
    été jugés et exécutés à Târgoviste, dans un bâtiment
    construit au début du 20e
    siècle pour abriter l’Ecole de cavalerie – un projet initié par
    le roi Carol Ier.
    L’école a fonctionné jusqu’en 1947, pour devenir ensuite base
    militaire, soit l’Unité militaire UM 01417 de Târgoviste. »

    Sachez
    que la ville de Târgoviste est surtout connue pour son héritage
    moyenâgeux, pour les lieux de culte et les ruines des cours
    princières datant des 15e
    et 16e
    siècles, lorsque la ville était la capitale de la Valachie. Ovidiu
    Cârstina nous fait part de l’idée derrière la création de ce
    musée : « Vu l’intérêt croissant des touristes étrangers, nous avons
    ouvert ce musée en 2013, suite à une décision du Conseil
    départemental de Dâmbovita de permettre au grand public d’accéder
    à cet espace étroitement lié à notre histoire récente. C’est un
    endroit qui invite à réfléchir aux événements de 1989 et à
    notre situation actuelle et à ce que nous voulons devenir à
    l’avenir. Tous ceux qui franchiront le seuil de cette exposition que
    nous avons nommé « Les métamorphoses d’un lieu de la mémoire »,
    découvriront un intérieur entièrement préservé depuis le moment
    du procès et de l’exécution des Ceausescu. L’exposition est
    toutefois consacrée à l’idée de la métamorphose parce que nous
    avons souligné la longue histoire de cet espace depuis l’époque de
    l’Ecole de cavalerie et jusqu’au moment 1989. Notre grande chance a
    été la délocalisation de la base militaire et la conservation
    parfaite de ses locaux depuis 1990. »


    Le
    procès et l’exécution du couple dictatorial Nicolae et Elena
    Ceausescu a eu lieu dans les circonstances des événements
    révolutionnaires de Roumanie, déroulés du 16 au 25 décembre 1989.
    La condamnation à mort a été prononcée par un tribunal militaire
    exceptionnel. Les époux Ceausescu ont été placés en détention à
    Târgoviste, dans les locaux de cette facilité militaire, du 22
    décembre 1989, lorsqu’ils avaient perdu le pouvoir et fui Bucarest
    et jusqu’au 25 décembre lorsqu’ils furent exécutés. Ovidu
    Cârstina explique ce que les touristes peuvent voir actuellement :« Pratiquement, le visiteur, le touriste, découvrira 3 espaces
    intérieurs qui ont été réaménagés en décembre 1989, du jour au
    lendemain, pour ainsi dire : il s’agit d’une pièce où les
    officiers du renseignement traitaient la correspondance spéciale et
    dans laquelle ils ont été obligés d’introduire 3 lits pour
    pouvoir héberger le couple dictatorial et leur garde de corps, un
    l’officier de la Securitate, l’ancienne police politique. Ce dernier
    les a accompagnés constamment, sans savoir qu’ils n’allaient pas
    rentrer à Bucarest et qu’ils allaient séjourner à Târgoviste du
    22 au 25 décembre, soit 4 jours et 3 nuitées. L’espace dans lequel
    a eu lieu leur procès est assez familier pour de nombreux Roumains,
    qui ont visionné le procès des Ceausescu la nuit du 25 au 26
    décembre 1989. En plus, l’espace dans lequel il a été reçu pour
    quelques minutes après le moment de la visite médicale avant le
    procès est également reconnaissable. S’y ajoute l’extérieur, et là
    je parle précisément du mur devant lequel les deux ont été
    exécutés par balles et qui a été mis en valeur par les soins des
    restaurateurs, pour que les visiteurs puissent voir les traces que
    le peloton d’exécution a laissées. Certes, l’exposition proprement
    dite est liée au désir des gens de découvrir cet espace, qui
    s’inscrit dans toute une série de lieux symboliques de l’histoire du
    communisme roumain parmi lesquels figurent la Maison du Peuple. Je
    vous laisse découvrir dans les cahiers d’impressions ce que les
    visiteurs pensent actuellement de la manière dont ce procès fut
    mené, de l’exécution des époux Ceausescu et de ce qu’elle a
    signifié pour la Roumanie ces 30 dernières années. »

    Voilà
    donc autant d’arguments pour franchir le seuil du musée du
    Communisme de Târgoviste, une occasion de faire une incursion
    inédite dans l’histoire récente de la Roumanie, de découvrir un
    endroit symbolique, chargé aussi de controverses. Un voyage pour le
    moins pas comme les autres. (trad.Alex Diaconescu)

  • La première pièce de théâtre en réalité virtuelle de Roumanie

    La première pièce de théâtre en réalité virtuelle de Roumanie

    Par ces temps
    difficiles du point de vue sociale et culturel aussi, le théâtre « Andrei
    Mureșanu » de Sfântu Gheorghe (dans le centre de la Roumanie) fait une
    proposition inédite aux amateurs de spectacles du genre : du théâtre en
    ligne, et pas n’importe comment. Une pièce de théâtre en réalité
    virtuelle ! La réalité virtuelle permet de vivre une expérience immersive.
    Vous, spectateur, vous êtes au cœur de l’action et pouvez regarder à 360 degrés
    autour de vous. Imaginez être au centre d’une sphère à l’intérieur de laquelle
    sont projetées des images. C’est à vous de choisir où regarder, ce qui rend l’expérience
    très personnelle.




    Nous avons
    discuté avec Eugen Gyemant, le metteur en scène du « Vol au-dessus d’un
    nid de coucou ». Ce spectacle, une adaptation du roman homonyme de
    l’Américain Ken Kessey, est le premier projet en réalité virtuelle du théâtre
    de Sfântu Gheorghe. Eugen Gyemant : « Notre projet de théâtre en
    réalité virtuelle sortira bientôt. La pièce « Vol au-dessus d’un nid de
    coucou » a eu sa première en avril 2018, mais à présent vous pourrez avoir
    une expérience théâtrale tout à fait nouvelle. La personne derrière ce projet,
    c’est Ana Maria Popa, la directrice du Théâtre « Andrei Mureșanu » de
    Sfântu Gheorghe. Le spectacle dure deux heures et 40 minutes, mais pour pouvoir
    le regarder le plus confortablement possible, il est divisé en épisodes brefs.
    C’est comme une série, vous pouvez la
    regarder intégralement d’un seul coup ou trouver un autre rythme. Vous pourrez
    voir le spectacle à l’aide de tout casque de réalité virtuelle ou directement
    sur un écran. Bien évidemment, l’expérience de la réalité virtuelle est
    immersive. Vous aurez la sensation de vous trouver à l’intérieur du spectacle
    et de prendre part à l’action. »




    Ce projet pilote
    fait du théâtre « Andrei Mureșanu » un des premiers au monde à
    s’ouvrir à cette nouvelle technologie. Nous avons posé la question à Eugen
    Gyemant, le metteur en scène du spectacle en réalité virtuelle, sur les difficultés
    à créer un tel projet : « Ça a été très intéressant de filmer ce
    spectacle en réalité virtuelle, tout a dû être repensé comme un spectacle pour
    un seul spectateur. C’est une expérience intéressante, surtout, car, à la
    différence d’un tournage « normal », on sent beaucoup plus que l’on
    est présent et que l’on prend part à ce qui se passe. Ça n’a pas été facile
    d’adapter le spectacle, les choses sont racontées un peu différemment en
    réalité virtuelle. Ce n’est pas du théâtre et ce n’est pas du film, tout doit
    être pensé du point de vue du spectateur qui est libre de regarder partout. En
    tant que spectateur, c’est comme si l’on était devant une vraie pièce, on peut
    regarder là où on choisit de regarder. Les acteurs interagissent directement
    avec vous, ce qui peut être très intéressant. »


    Pour finir, nous
    étions curieux d’avoir l’opinion du metteur en scène sur l’expérience du
    théâtre en réalité virtuelle. Fera-t-il partie de l’avenir du théâtre,
    notamment dans le contexte actuel ? Eugen Gyemant : « Je ne crois pas que la réalité
    virtuelle pourra jamais remplacer l’expérience directe d’un spectacle. Je ne
    crois pas non plus que ça soit une solution d’urgence durant la période de
    crise que nous traversons. Pour moi, c’est un langage tout autre et c’est une
    grande opportunité de pouvoir l’explorer. »




    Certes, pour le
    moment, le théâtre en réalité virtuelle n’est pas une activité bien économique,
    sachant que peu de monde a un casque de réalité virtuelle chez soi. Si ce n’est
    pas votre cas, pourquoi ne pas lire ou relire le roman qui a inspiré cette
    pièce de théâtre, « Vol au-dessus d’un nid de coucou » de Ken
    Kessey ? Sur papier ou sur liseuse, il reste fabuleux ! (Trad. Elena
    Diaconu)

  • „Berliner” du réalisateur Marian Crisan, primé au Festival du film de Moscou

    „Berliner” du réalisateur Marian Crisan, primé au Festival du film de Moscou

    Le
    long-métrage « Berliner » du réalisateur roumain Marian
    Crisan s’est vu décerner le prix « Keen Eye » accordé
    par la Fédération russe des clubs de cinéma lors de la 42e
    édition du Festival international du film de Moscou qui s’est
    déroulé en octobre. « Berliner » est le 4e
    long-métrage du réalisateur Marian Crisan, connu aussi pour les
    films « Morgen », « Rocket » et « Orizont »,
    mais aussi pour la mini-série produite par HBO Roumanie, « Valea
    muta »/« La Vallée muette ».

    Le protagoniste du
    film « Berliner » est Mocanu, un politicien en pleine
    campagne électorale pour une place au Parlement européen qui se
    retrouve coincé dans la petite ville transylvaine de Salonta. Il est
    accueilli par Viorel, un citoyen comme les autres, chauffeur de
    tracteur de son état. C’est à partir de la maison de celui-ci que
    le politicien continuera sa campagne électorale. Marian Crisan parle
    du prix récemment obtenu au Festival international du film de Moscou
    et des origines de ce projet : « Malheureusement,
    nous n’avons pas pu être présents à Moscou pour présenter le
    film, le festival aurait dû se dérouler en avril et tous les
    préparatifs étaient faits compte tenu de cette date. La projection
    de Moscou a constitué la première internationale du film Berliner
    et normalement on aurait dû être présents, mais à cause de ces
    temps incertains, nous avons décidé de ne plus faire le voyage à
    Moscou. Nous avons participé à une conférence de presse en ligne
    assez étrange avec des journalistes de Moscou, présents à la
    projection. Ce fut une discussion assez difficile, déroulée via un
    interprète et un modérateur. Et pourtant, cela s’est bien passé
    parce que les acteurs Ion Sapdaru et Ovidiu Crisan étaient à mes
    côtés. Le premier est heureusement locuteur de langue russe et
    diplômé de la Faculté de film de Moscou. »

    Le
    point de départ du film « Berliner », c’est le roman
    « Ich bin ein Berliner » par Gabriel Andronache, dont le
    titre rappelle la célèbre réplique du président américain John
    Fitzgerald Kennedy. Ecoutons Marian Crisan : « Initialement il
    s’agissait d’une adaptation du roman pour le cinéma, mais suite aux
    discussions avec Gabriel Andronache, nous avons conclu que l’on
    pourrait écrire une histoire inspirée de plusieurs fragments. Il
    s’agissait de quelques fragments qui parlaient d’une campagne
    électorale dans une petite ville de province. Et justement, cela qui
    m’a incité : trouver une histoire relative à la manière dont se
    déroule une campagne électorale dans une petite ville ou en milieu
    rural, dans un tel endroit ignoré normalement par les politiciens.
    Et c’est ainsi que j’ai commencé à écrire le scénario, même si
    le sujet du roman n’était pas une campagne électorale, son sujet
    principal était différent. Néanmoins, nous avons commencé à
    écrire et nous avons écrit assez rapidement la première esquisse.
    Nous nous sommes décidés à nous pencher sur ce thème de la petite
    ville, où a lieu une campagne électorale et où un politicien reste
    immobilisé. Nous nous sommes imaginé que cette petite ville était
    à nouveau Salonta, ma ville natale, là où j’ai tourné aussi
    Morgen, un lieu sur lequel j’écris très facilement, et dont les
    habitants m’inspirent. Gabriel Andronache a lui aussi écrit
    facilement les dialogues, surtout les répliques du politicien,
    puisque nous avons décidé dès le début de construire ce
    personnage qu’est le politicien moldave qui arrive en Transylvanie.
    Et c’est ainsi que nous avons imaginé le scénario qui possède
    inévitablement un côté comique, parce que la rencontre et
    l’interaction de ces deux personnages diamétralement opposés,
    provenant de mondes entièrement différents – un politicien qui part
    vers le Parlement européen et un chauffeur de tracteur provenant
    d’une petite ville de province – est en soi plutôt comique. C’est un
    film sur les petites villes, comme il y en a partout en Roumanie. En
    fait, c’est plus que tout cela, il s’agit de citoyens simples qui
    tous les quatre et cinq ans sont appelés aux urnes pour élire leurs
    représentants. C’est ainsi qu’ils sont obligés d’entrer dans ce
    cirque électoral d’où ils sortent le plus souvent manipulés et par
    la suite – entièrement oubliés », a conclu Marian Crişan, le
    réalisateur du film « Berliner », primé au Festival
    international de film de Moscou.


    Mentionnons
    pour terminer que le casting du film « Berliner »
    comprend Ion Sapdaru, Ovidiu Crisan, Maria Junghietu, Sorin Cociş,
    Ion Ruşcuţ, George Dometi, Petre Ghimbaşan, Eugen Ţugulea et
    Ioana Chiţu.

  • Les manoirs du sud-ouest de la Roumanie, objet de recherche du projet “Monumentaliste”

    Les manoirs du sud-ouest de la Roumanie, objet de recherche du projet “Monumentaliste”

    Pour Dragoș Andreescu, le projet «Monumentaliste» associe son métier de graphiste et de photographe à sa passion pour les bâtiments patrimoniaux et la randonnée. Pour le grand public, le même projet signifie la découverte surprenante de beautés architecturales insoupçonnées et le voyage virtuel dans des coins du pays qu’il ne pourrait atteindre que très rarement, de façon concrète.

    Active depuis plusieurs années sur les réseaux sociaux, la page «Monumentaliste» présente les fruits des recherches sur des manoirs oubliés d’Oltenie, sous forme de documentation accompagnée de belles photographies artistiques. Son initiateur, Dragoș Andreescu, avoue avoir pensé pour la première fois à cette démarche, il y a 12 ans, en 2008 : J’ai commencé à découvrir certains manoirs, dont celui dit de Barbu Poenaru à Poiana Mare. Un édifice magnifique et impressionnant, mais malheureusement laissé à l’abandon. Entre temps, j’ai essayé de savoir s’il y en avait d’autres. Voilà cinq ou six ans que j’essaie de les trouver tous. En fouillant dans les archives, j’ai appris qu’il y en avait environ 1500 dans toute la région d’Olténie. Moi, j’en ai découvert quelque 800, les autres ayant été démolis ou modifiés à tels point qu’ils sont devenus méconnaissables. Nous avons également créé une communauté de «monumentalistes», qui compte plus d’un millier de membres dans tout le pays. C’est un grand groupe d’amateurs désireux de recueililr des documents dans leur coin de pays concernant tous ces joyaux architecturaux qui valent la peine d’être sauvés.

    La communauté de «monumentalistes» c’est plus d’un millier d’amoureux ou de passionnés de patrimoine. Il s’agit d’historiens de l’art, d’architectes, d’artistes ou bien d’ étudiants en architecture. Avec leur aide, la page Monumentaliste est pratiquement devenue un inventaire des manoirs de Craiova, de Calafat, de Caracal et de Târgu Jiu. A ces villes s’ajoute la zone rurale du sud-ouest de l’Oltenie. A première vue, en termes de patrimoine immobilier, elle ne présente pas d’intérêt particulier aux yeux d’un profane. Pourtant, à la parcourir à pied, elle réserve plein de surprises agréables, cachées au milieu de la nature.

    Le travail de documentation et de présentation comporte trois étapes postérieures à la découverte proprement dite du bâtiment: sa photographie sous tous les angles, la recherche dans les archives et sur Internet et l’image promotionnelle. Cette dernière est réalisée de manière à mettre en évidence même le charme des manoirs abandonnés ou en ruine, comme c’est malheureusement le cas de nombreuses découvertes des «monumentalistes». Dragoș Andreescu: 70% de ces manoirs ne sont pas rénovés, mais espérons que les gens comprendront que ces joyaux d’architecture sont très importants aussi bien pour eux, en tant que propriétaires, que pour la société, en général. C’est justement ce à quoi vise le projet que nous développons sur les réseaux sociaux: sensibiliser les gens à la valeur du patrimoine immobilier et en faire la promotion. En ce qui concerne la rénovation ou la restauration, nous avons réussi à amener l’Ambulance des monuments ici, en Olténie. On a donc créé l’Ambulance des monuments de l’Olténie du sud-ouest. Il y a eu, déjà, une première intervention: d’autres volontaires et moi, nous avons refait le toit de la cula Cioabă-Chintescu, dans le village de Șiacu, du comté de Gorj et résolu les problèmes de structure. Bref, on l’a mise en sécurité. C’est aux villageois de la remettre à neuf pour lui redonner l’éclat d’antan. Précisons que la cula est une sorte de maison fortifiée, spécifique à la région d’Olténie durant le 18e et le 19e siècle .

    L’Ambulance des monuments est une organisation non gouvernementale qui s’attache à sauvegarder le patrimoine immobilier en sécurisant des bâtiments classés. En 2020, elle a compté parmi les lauréats de la section Éducation, Formation et Sensibilisation des Prix européens du Patrimoine / Prix Europa Nostra. En mettant sur pied la filiale d’Olténie, Dragoș Andreescu espère que toujours plus de bâtiments historiques menacés seront sauvés avec l’aide des professionnels du domaine. Dragoș Andreescu : Nous essayons de gagner à notre cause les architectes, car, depuis un bon bout de temps, certains d’entre eux apposent leur signature sur des projets de démolition ou de sois-disant rénovations qui, en fait, n’ont rien à voir avec l’aspect originel du bâtiment Ce sont eux qui devraient parler davantage avec les propriétaires pour leur faire comprendre que ces joyaux architecturaux n’existeront plus, à un moment donné et qu’à force de démolir de plus en plus de bâtiments historiques, les villes et les villages finiront par perdre leur identité

    Dans un proche avenir, la communauté des «monumentalistes» espère éveiller l’intérêt des autorités locales pour la protection du patrimoine immobilier. Elle a déjà réussi son coup dans l’espace virtuel, où elle compte plusieurs dizaines de milliers d’adeptes.

  • Production de la radio roumaine en finale en Asie

    Production de la radio roumaine en finale en Asie

    « Je
    dois dire que ça a été une surprise, une très belle surprise pour
    toute notre équipe. C’est une pièce courte, parmi plusieurs autres
    plus amples, sur un thème assez féministe… Cette confirmation
    nous a beaucoup réjoui »
    déclarait
    la metteuse en scène Ilinca Stihi, de la rédaction du « Théâtre
    national radiophonique » de Radio Roumanie, après avoir appris
    cette nouvelle la semaine dernière.

    Qu’est-ce-que la Maison du
    Peuple signifie pour la société roumaine actuelle ? Eh bien, sachez
    que les Roumains la détestent et l’admirent à la fois. La
    construction de ce bâtiment monumental, qui accueille le Parlement
    roumain, ainsi que plusieurs autres institutions de l’Etat, a
    commencé à la fin du régime communiste roumain et il a été
    achevé après la Révolution de 1989. Il est actuellement l’immeuble
    administratif le plus étendu au monde après le Pentagone, et pour
    l’ériger il a fallu raser plusieurs quartiers historiques et déloger
    une bonne partie de la population de la capitale roumaine qui y
    habitait. Nombre de ces gens ne se sont jamais refaits après le choc
    de voir leurs maisons et tout un quartier disparaître. L’édifice
    est encore plus détesté, puisqu’il est associé à présent à la
    politique politicienne et à la corruption. D’autre part, l’actuel
    Palais du Parlement est objet de fierté nationale pour nombre de
    Roumains, pour lesquels il représente la grandeur des temps passés,
    un véritable chef d’œuvre de l’ingénierie roumaine, fabriqué
    à 100% en Roumanie, depuis le béton et jusqu’aux tapis et
    chandeliers.

    Sachez
    que le réseau URAP est composé de 260 membres, diffuseurs de médias
    dans plus de 70 pays sur quatre continents. La liste des finalistes
    est composée de 4 productions et la présence de cet essai sonore
    proposé par Radio Roumanie est une première de plusieurs points de
    vue. Quelles seraient les possibles explications de ce succès
    inattendu ? C’est Ilinca Stihi qui répond.

    « Je
    suis heureuse de compter Ioana Ieronim parmi mes amis, je l’apprécie
    particulièrement tant humainement qu’artistiquement. J’ai déjà
    collaboré avec elle. Cette fois-ci, je peux affirmer que son volume
    sur la Maison du Peuple de Bucarest a figuré parmi mes sources
    d’information et s’est avéré un véritable défi. Nous faisons
    partie de générations différentes, je ne peux pas dire que, pour
    moi, la Maison du Peuple ait été un thème de méditation. En
    lisant le texte, je me suis tout de suite rendu compte que c’était
    un symbole très important de l’histoire récente, sis au beau milieu
    de notre Capitale et dont nous ne nous rendons pas compte souvent
    qu’il existe. Mais il a une influence énergétique sur nos
    tentatives de trouver un itinéraire vers l’avenir. Généralement,
    je ne cherche pas à obtenir des prix et je n’attends pas avec
    impatience le résultat d’un concours, mais certes je suis très
    curieuse de savoir qui sera le gagnant, cette fois-ci. »

    Quelles
    sont les autres pièces figurant sur la liste courte des finalistes ?
    Ce sont « New Year’s Day at Home Door », proposé par la
    radio nationale de Chine, « Tears in Wuhan », par Radio
    Republik Indonésie, et « The Days of Depression » du
    Japan Broadcasting Corporation.

    linca
    Stihi avoue ne pas savoir quels ont été les atouts de sa pièce qui
    ont convaincu le jury de la compétition, mais affirme que ce qui a
    peut-être compté, ce sont le message de ce bref essai sonore de 10
    minutes et sa réflexion sur un type de dictature mégalomaniaque. Ou
    ce fut, peut-être, le tissu entre les voix et la musique,
    spécialement composée pour cette pièce, et le design sonore qui
    ont réussi à dépasser parfaitement les barrières culturelles
    entre nos espaces. Et aussi les voix et le talent des trois
    comédiennes -
    Coca Bloos, Ana Ciontea, Sandra Ducuță – qui ont livré le
    message parfois subliminal de sa propre génération. Une équipe
    majoritairement féminine, incarnant, peut-être, les différentes
    voix de l’auteure, détachées et adaptées d’un autre volume
    d’Ioana Ieronim, intitulé « Chiffres en délire, collage et
    vers ».

    Figurer
    parmi les quatre finalistes des Prix de l’Union de radiotélévision
    Asie Pacifique (URAP) 2020 est une performance en soi pour le théâtre
    radiophonique de Roumanie, dont le palmarès ne fait que s’enrichir
    d’une année à l’autre, surtout dans l’espace européen et
    américain. A tout cela vient d’ajouter le festival Grand Prix Nova,
    de Radio Roumanie même, qui s’est déroulé en ligne en 2020. Cette
    nouvelle tombe à pic, selon Ilinca Stihi : « Surtout
    en ce moment, lorsque de nombreux festivals ont été annulés, cette
    nouvelle est une motivation supplémentaire dont on avait besoin. La
    culture est dominée à présent par une sorte de mélancolie, pour
    ainsi dire. Tout moment festif, qui se déroule désormais à
    distance, est vécu avec beaucoup plus d’intensité qu’auparavant. »


    Pour
    finir, sachez que l’URAP est une association professionnelle fondée
    en 1964, qui donc fêtait, l’année dernière, 55 ans d’existence
    durant lesquels elle a soutenu le développement des activités
    média, a représenté les intérêts communs et stimulé la
    coopération des diffuseurs de radio et de télévision, par la
    promotion de leurs productions. Les Prix de l’URAP récompensent
    notamment la manière dont les médias reflètent et posent des
    questions sur des sujets du monde contemporain. (trad. Alex Diaconescu)

  • Le Festival du film français en Roumanie

    Le Festival du film français en Roumanie

    Amoureux du cinéma et de celui français en particulier, réservez vos soirée et vos places! La grande messe annuelle du film français en Roumanie anime la vie culturelle de onze villes roumaines, Bucarest en tête, en ce début d’automne. Radio Roumanie Internationale souhaite vous aider à faire votre choix, c’est pourquoi notre rédaction a invité au micro Ioana Dragomirescu, la responsable de la salle Elvire Popesco de l’Institut français de la capitale et chargée de la programmation du festival, pour des précisions fort utiles.