Category: RRI Culture

  • Sauvegarde du patrimoine de Herculane-les-Bains

    Sauvegarde du patrimoine de Herculane-les-Bains

    Connue depuis l’Antiquité pour ses eaux aux
    propriétés thérapeutiques, la petite ville d’Herculane-les-Bains a peu à peu acquis
    un statut de station balnéaire de luxe. C’est au cours du 19-e siècle que la
    ville atteint l’apogée de sa gloire. Aujourd’hui, pas moins de 74 objectifs,
    sites archéologiques, statues, monuments et ensembles architecturaux, se
    trouvent que la Liste des monuments historiques de Roumanie. A la fin du 19-e
    et au début du 20-e, c’est ce patrimoine qui faisait de Herculane-les-Bains une
    des destinations les plus prisées du continent européen. Qui plus est, la ville
    est au cœur d’un parc naturel très pittoresque de l’ouest de la Roumanie,
    Domogled-Valea Cernei. Eaux thermales, sorties en nature et beautés
    architecturales, le tableau semble parfait. Hélas, depuis des années le centre
    historique de la ville est en proie à une dégradation accélérée à cause,
    surtout, de problèmes juridiques engendrés par une privatisation douteuse.




    Ce qui se passe actuellement avec les bâtiments
    historiques d’Herculane-les-Bains est « une tragédie nationale »,
    d’après l’architecte Oana Chirilă, membre de l’association Herculane Project.
    En 2017, elle a initié, avec un groupe d’étudiants en architecture enthousiastes,
    ce projet de revitalisation de la zone historique d’Herculane. Pour commencer,
    ils ont choisi un monument majeur de la ville : les Thermes de Neptune, vieux
    centre de traitement et de relaxation. Oana Chirilă : « Herculane
    Project est ce que nous appelons une plateforme de réactivation. Réactiver ou
    redonner vie au centre historique d’Herculane-les-Bains. Nous avons deux
    directions d’action principales. Tout d’abord, réactiver les Thermes de
    Neptune, c’est notre premier projet, qui occupe la plupart de notre temps.
    Ensuite, réactiver culturellement et socialement le centre historique par
    différents projets. Nous ne souhaitons pas uniquement redonner vie à un
    monument, mais aussi changer l’offre culturelle actuelle. Nous ne pouvons pas
    nous contenter de restaurer les bâtiments, de leur offrir des fonctions qui
    généreraient du développement économique ou social. Nous visons aussi à changer
    les mentalités, à éduquer, à réintroduire ces lieux historiques dans la
    communauté. Et je ne pense pas seulement à la communauté locale, mais aussi aux
    gens de passage. Comme c’est une station balnéaire, environ 100.000 personnes
    viennent à Herculane chaque année. Les ressources existent, il faut juste les relier
    entre elles. C’est ça la réactivation, pour résumer. »




    Pour le moment, il n’est pas possible de
    réellement restaurer les bâtiments historiques de la ville, alors les bénévoles
    travaillent seulement à consolider les Thermes de Neptunes. Oana Chirilă : « Pour
    ce qui est des Thermes, justement parce qu’il existe un blocage juridique et
    plusieurs saisies sur le terrain affèrent, nous avons pu seulement faire
    quelques interventions d’urgence. Malheureusement, le bâtiment, y compris au
    niveau de sa structure, a été endommagé avec le temps. Alors nous avons fait des
    travaux, temporaires et réversibles, afin de conserver et de maintenir
    l’immeuble en l’état, en attendant la restauration. Pour le moment, nous
    voulons finaliser cette intervention. Nous en sommes à la moitié et avons dû
    nous arrêter, faute d’argent. Nous avons tout fait avec l’aide de la société
    civile. Nous avons collecté quelque 60.000 euros de dons et sponsoring, que
    nous avons ensuite utilisés pour ce bâtiment. »




    Herculane Project a besoin de 100.000 euros, en
    tout, pour finaliser les travaux aux Thermes de Neptune. Oana Chirilă : «
    Nous préparons une campagne pour cet été. Nous visons plus large et voulons
    réactiver d’autres monuments aussi. On aura cette collecte de fonds et nous
    continuerons à soutenir l’administration locale pour ce qui est de la future
    fonction de l’immeuble. Une partie de nos sponsors sont intéressés de
    s’impliquer aussi dans la restauration, quand le moment viendra. Voilà pour
    notre activité du moment. Mais le plus urgent reste de finaliser
    l’intervention, car il y a des endroits que nous n’avons pas encore consolidés,
    comme le toit, par exemple. »




    Un autre objectif majeur de l’association
    Herculane Project est de faire inscrire l’ensemble architectural d’Herculane-les-Bains
    au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le processus est en cours, l’association a
    démarré les discussions avec les autorités roumaines et avec le comité UNESCO.
    (Trad. Elena Diaconu)

  • Nouveaux débuts en littérature : Ema Stere

    Nouveaux débuts en littérature : Ema Stere

    « Parmi les 94
    manuscrits reçus cette dernière année, la maison d’édition Polirom de Iași a
    choisi « Copiii lui Marcel » / « Les enfants de Marcel »,
    de Ema Stere comme gagnant de notre Concours annuel de début »
    – c’est un extrait d’un communiqué de presse de Polirom,
    une des maisons d’édition les plus renommées de Roumanie.


    « Je serais
    ravie que ce livre, dont je n’attendais pas grand-chose, soit lu avec la même
    joie que j’y ai mis en l’écrivant »
    , avoue l’autrice, Ema Stere,
    journaliste à Radio România Cultural, la chaîne culturelle de Radio Roumanie.
    Qui est-elle et comment voit-elle « Les enfants de Marcel », cette
    histoire où le suspense, le mystère et les retournements de situation ne
    manquent pas ? Ema Stere : « Des jeunes vont à la campagne, quelque part
    dans un village imaginaire. Les étapes que leur groupe parcourt sont les étapes
    parcourues par toute communauté. Ensuite, j’ai aussi voulu m’amuser, car, au
    bout du compte, c’est pour ça que j’ai écrit ce livre. Il y a beaucoup de
    personnages, j’espère que le lecteur arrive à les distinguer. Il y a aussi une
    narratrice qui ne sait pas tout, car elle fait confiance à la mémoire du
    village où s’installe ce groupe de jeunes. Et, comme la mémoire collective
    n’est pas toujours précise, la narratrice connait seulement une petite tranche
    de réalité, très tirée par les cheveux en plus. Par-dessus le marché, cette
    narratrice a une personnalité dominatrice. C’est le genre à garder les gens
    près d’elle et à assumer les mérites pour toute la communauté. « C’est moi
    qui ait fait, c’est moi qui… » C’est un personnage important, car tous les
    évènements sont filtrés à travers son discours. »




    Neuf ans, avec des
    pauses – c’est ce qu’il a fallu à Ema Stere pour… élever les enfants de Marcel.
    Enthousiaste, elle a fait des recherches dans plein de directions, tous des
    chemins qui se sont ouverts en écrivant. Elle a rédigé son livre à la main, a aménagé
    une étagère d’auteurs utopistes dans sa bibliothèque pour l’occasion et, en
    gros, à profité pleinement de toute l’expérience. C’est son mari qui a été son
    premier lecteur. Son enchantement l’a fait montrer le manuscrit à d’autres et,
    enfin, à l’envoyer au concours de début des éditions Polirom. La suite de l’aventure ?
    Ema Stere : « Je m’attendais à recevoir un message type,
    quelque chose dans le genre « Nous sommes désolés, mais non, pas
    encore. » Quand j’ai reçu le courriel de l’éditeur Adrian Botez qui m’annonçait,
    ravi, que j’avais gagné, et qui me demandait mon nom, j’étais chez moi et je me
    suis mise à crier. J’étais très heureuse. Maintenant, j’attends la sortie du
    livre, je n’ai pas d’autres attentes. Généralement je n’attends pas à recevoir
    des choses, ni pour Noël, ni pour mon anniversaire. Voilà que mon histoire
    personnelle me montre qu’en n’attendant rien, on en reçoit bien davantage. Cela
    semble fonctionner pour moi, en tout cas. »




    Ema Stere prouve que
    le célèbre proverbe « Tout vient à point à qui sait attendre » ne
    s’applique pas en toute situation. Enfin, elle nous a parlé d’une société
    utopique. « Si j’avais à bâtir, en pensée, une société utopique, elle devrait
    avoir le sens de la mesure et du ridicule. Nous en avons tous besoin. »

    (Trad. Elena Diaconu)

  • Ambulance pour les monuments

    Ambulance pour les monuments

    La Commission européenne a récemment révélé la
    liste des 21 programmes et activités culturelles qui se sont vu décerner en
    2020 les Prix européens du Patrimoine / Prix Europa Nostra. Parmi les lauréats
    figure aussi le projet roumain « Ambulance pour les monuments »,
    primé dans la section Éducation, Formation et Sensibilisation. L’ONG locale
    Asociatia Monumentum a lancé ce projet en 2016 afin de sauver des centaines de
    bâtiments historiques de Transylvanie. Elle a formé des étudiants dans l’emploi
    des métiers traditionnels de construction et a attiré l’attention des
    communautés locales sur l’importance des monuments de leurs localités.






    L’architecte Eugen Vaida, initiateur du
    projet, sur les débuts de cette initiative : « On a commencé par
    six interventions effectuées dans le sud de la Transylvanie avant de nous
    diriger vers le Banat aussi, par l’intermédiaire de l’Association pour un
    Patrimoine actif. L’année dernière, on a mis en place deux autres Ambulances
    pour les monuments, l’une à Salaj et l’autre à Arad. D’ici la fin de l’année,
    on espère élargir notre champ d’activité à la Moldavie, au nord de la Valachie
    et à l’ouest de l’Olténie. Nous, on intervient sur des édifices déjà classés monuments
    ou appartenant au patrimoine. Au sein de l’Association pour un Patrimoine
    actif, on déroule aussi des projets de restauration des bâtiments vernaculaires
    non listés qui ne bénéficient pas de l’intervention de l’Ambulance. Celle-ci
    s’occupe notamment des églises en bois, des églises fortifiées, des ruines daciques
    ou encore des sites archéologiques. On s’est penché aussi sur des moulins à eau.
    On essaie d’intervenir sur tous les types de monuments historiques. »









    Les chantiers ouverts en Transylvanie par
    l’Ambulance pour les monuments réunissent des experts bénévoles issus de
    différents domaines tels des architectes restaurateurs, des ingénieurs en
    bâtiment, des étudiants, des historiens et des maîtres artisans. Sans se
    traduire par des travaux complets de restauration, les interventions ont le don
    de sauver les bâtiments de la dégradation, en attendant la réparation complète
    du monument en question.






    Eugen Vaida : « Notre rôle est
    d’empêcher que des édifices déjà dégradés ne se dégradent davantage, car
    beaucoup sont sur le point de s’écrouler. Nos équipes de professionnels ont
    travaillé à remplacer les toits endommagés, à protéger les murs contre
    l’effondrement, à mettre en place un drainage adéquat des eaux et à stabiliser
    les peintures murales. A l’heure où l’on parle, on est déjà intervenus sur 32
    monuments historiques. Dans le cas de vastes ensembles architecturaux, nous ne sommes
    intervenus que ponctuellement, sur un seul bastion ou un seul mur. Les édifices
    sauvés se retrouvent tous en Transylvanie et à partir de cette année on
    élargira nos travaux dans d’autres régions aussi, à l’extérieur des Carpates.
    Ce sera un véritable défi à relever puisqu’on se heurtera à d’autres
    mentalités. Mais bon, on espère pouvoir sauver tout le patrimoine de la Roumanie,
    pas seulement celui de la Transylvanie ».









    Comment l’Ambulance des monuments
    intervient-elle concrètement ? Eugen Vaida explique : « On
    essaie de respecter le plus possible la technologie traditionnelle. Mais, dans
    certains cas, nous sommes tenus d’employer des matériaux contemporains compatibles
    avec ceux utilisés initialement. C’est ça, le défi d’une restauration. Lors de
    la remise des prix, le jury a motivé son choix en nous félicitant pour la
    sensibilité avec laquelle on est intervenus sur les monuments et sur la façon
    dont on a su préserver leur authenticité. A titre d’exemple, nous sommes contre
    le revêtement des monuments en béton, une procédure qui porte atteinte aux
    édifices. Alors, on se bat pour préserver les toits en bardeaux. On mène des
    études et des recherches en ce sens, afin de conserver les toitures
    traditionnelles que ça soit celles d’il y a 50 ans ou celles d’il y a 200 ans.
    Nous sommes donc très attentifs quand on choisit nos matériaux ».






    La compétition pour les Prix du patrimoine /
    Prix Europa Nostra, se poursuit jusqu’en septembre quand trois gagnants
    recevront également le Prix du Public au terme d’un vote en ligne effectué
    jusqu’au 1er septembre, via le site Internet d’Europa Nostra, à
    l’adresse https://vote.europanostra.org/.

    Et
    puis, toujours en septembre, sept des 21 projets déjà récompensés se verront
    attribuer sept Grands prix. Bien évidemment, « l’Ambulance des monuments »
    espère remporter l’une de ces distinctions importantes. (Trad. Ioana Stancescu)








  • Geanina Cărbunariu reçoit le prix “Théâtre” de Radio Roumanie Culture

    Geanina Cărbunariu reçoit le prix “Théâtre” de Radio Roumanie Culture

    Radio România Cultural prime chaque année les « meilleures réussites dans le domaine culturel ». Mais voilà que le gala de cette 20e édition, qui devait avoir lieu fin mars à Bucarest, a été transféré sur les ondes. Les gagnants ont été annoncés pendant l’émission « GPS culturel » et c’est ainsi que Gianina Cărbunariu a reçu le prix « Théâtre » pour son « projet managérial visionnaire », mais aussi pour le spectacle « Frontal » qu’elle a mis en scène au Théâtre de Piatra Neamț.

    « Frontal » est une adaptation libre du conte « Povestea unui om leneș » / « L’histoire d’un homme paresseux », de Ion Creangă, un célèbre écrivain de la région de Neamț. Beaucoup d’éléments sont venus étoffer le texte d’origine : des interviews menées par l’équipe de création, des études sociologiques et anthropologiques et même des commentaires piochées sur internet qui parlent d’inégalité sociale. La pièce essaie de révéler les mécanismes contemporains de criminalisation de la pauvreté, le rôle des médias dans la construction de stéréotypes qui associent pauvreté et paresse, mais aussi les conséquences sociales de ces récits.

    Gianina Cărbunariu : « La réception de ce prix arrive dans un contexte assez inhabituel. Entre chacun de nous et les autres s’installe, ou s’est déjà installé, la dénommée distance ou distanciation sociale. Évidemment, cette distance est supposée nous protéger. Mais, dans le même temps, elle soulève beaucoup de questions sur un tissu social qui était déjà assez fragile. De manière ironique, ou peut-être pas, c’est justement cela que le spectacle « Frontal » proposait : parler de la distanciation sociale, croissante ces dernières années, envers les plus vulnérables d’entre nous. En ce moment, le théâtre, un art qui implique une communication directe entre artistes et public, doit trouver des réponses à plusieurs questions : comment va-t-il survivre en cette période ? Et, surtout, comment pourra-t-il contribuer à réparer ce tissu social qui est en danger de se déchirer sous nos yeux ? »

    Gianina Cărbunariu est, depuis 2017, la directrice du Théâtre municipal de Piatra Neamț, connu sous le nom de Théâtre de la Jeunesse. Une programmation très variée y a permis la création d’un espace de réflexion sur les défis sociaux contemporains. L’enjeu était de proposer au public, pour débat, des spectacles qui traitent de sujets d’actualité. Le Théâtre a fait venir des metteurs en scène réputés à Piatra Neamț et a lancé deux appels à projets à l’intention de jeunes créateurs avec le soutien financier de l’Administration du fonds culturel national (AFCN). En plus, ces deux projets, « Mic-RO laboratoire de création théâtrale » et #SafeSpoTT, ont impliqué des bénévoles lycéens qui ont pu suivre toutes les étapes de création d’un spectacle, de l’idée et jusqu’à sa première.

    Gianina Cărbunariu : « Il y a trois ans, j’ai proposé un projet managérial au Théâtre de Piatra Neamț, un projet que j’avais appelé « Le Théâtre de la Jeunesse, CO-laboratoire de création ». Pour moi, c’est aussi un projet artistique, où l’équipe du théâtre amène les spectateurs à se rapprocher de l’art du spectacle, mais aussi d’une compréhension plus profonde, commune, des réalités de notre société. Dans la période à venir, nous devrons trouver des territoires de liberté de pensée et d’imagination. Et peut-être même utiliser ce temps pour inventer une monde plus équitable pour nous tous. Je remercie les journalistes de Radio România Cultural d’assister à la première de chaque nouvelle création du Théâtre et au Festival de Piatra Neamț. Pour moi, ce prix est une reconnaissance de notre travail d’équipe. Alors je remercie et je félicité tous mes collègues, toute l’équipe du Théâtre de Piatra Neamț et, bien évidemment, tous ceux qui ont pris part à la réalisation du spectacle « Frontal ». Je souhaite qu’on se revoie au plus vite dans les salles de théâtre. » (Trad. Elena Diaconu)

  • Maisons mémorielles présentées en ligne

    Maisons mémorielles présentées en ligne

    Par ces
    temps de distanciation sociale, les expositions peuvent venir dans la maison de
    tout un chacun grâce à la technologie numérique. Même si, à première vue, la
    littérature, les maisons mémorielles et les archives traditionnelles n’ont pas
    de rapport avec les plateformes en ligne et avec les appareils numériques, le
    Musée national de la littérature roumaine de Bucarest a réussi à combiner ces
    domaines. Si les visiteurs ne peuvent plus se rendre physiquement aux maisons
    mémorielles consacrées à des écrivains, les muséographes peuvent les apporter
    près d’eux par le biais des réseaux sociaux. Par de brèves présentations vidéo,
    diffusées fréquemment, les spécialistes du Musée de la littérature de Bucarest
    partagent avec nous des aspects moins connus de la vie des auteurs, mais aussi
    des maisons qu’ils ont habitées.




    Andreea
    Drăghicescu, la représentante du Musée national de la littérature roumaine,
    explique : « Il s’agit d’une série de documents vidéo sur les
    auteurs dont les noms sont portés par les maisons mémorielles du réseau du
    Musée national de la littérature roumaine : Tudor Arghezi, Ion Minulescu, Liviu
    Rebreanu, George Bacovia et Anton Pann. J’aime croire que nous apportons des
    informations qu’ils souhaitent connaître à tous ceux qui nous suivent au cours
    de cette période parce que, même si certains qui visitent notre site ont déjà
    visité notre musée auparavant, je suis sûre que nos muséographes leur
    fournissent des éléments qu’ils n’ont pas l’occasion de leur offrir dans un
    tour guidé bref. C’est, pour nous aussi, une bonne occasion d’offrir à ceux qui
    visitent notre site des détails plus poussés, peut-être aussi sur des
    manuscrits auxquels le public n’a pas eu accès, car certains n’ont pas été
    exposés. Maintenant on peut voir de quoi ces manuscrits ont l’air. En plus,
    nous avons aussi de nouveaux détails sur la vie de ces écrivains. Comme vous le
    savez peut-être, beaucoup de ces maisons comportent aussi dans leur appellation
    le nom des épouses des auteurs qui y ont habité. Ces épouses ont été, à leur
    tour, des personnalités marquantes de la culture de l’époque respective, non
    seulement par l’appui accordé à leurs époux, mais aussi par leur propre
    personnalité artistique. Certaines ont été écrivaines, d’autres – artistes.
    Cette fois-ci, nous fournissons aussi des informations relatives à leur
    peinture et à leurs œuvres, et je pense maintenant à Agata Bacovia et à Claudia
    Millian. Nous parlons aussi de Mioara Minulescu, fille des poètes Ion Minulescu
    et Claudia Millian, de Fanny et Puia Rebreanu, l’épouse et respectivement la
    fille du prosateur Liviu Rebreanu. »






    En
    plus, du matériel audio et vidéo inédit, ancien et nouveau, sur les écrivains,
    est mis à la disposition des visiteurs sur les sites gérés par le Musée
    national de la littérature roumaine. Andreea Drăghicescu : « Cela fait
    au moins dix ans que nous collectons des films de tous les événements réalisés
    par le Musée national de la littérature roumaine. Ces dernières années, nous
    avons eu même deux ou trois événements par jour. Nous reprendrons dès que
    possible une activité intense par l’intermédiaire du site
    www.cineliteratura.ro, un projet lancé en 2018 dans lequel on trouve aussi du
    matériel vidéo et audio d’exception, avec différents écrivains de différentes
    époques. Nous avons tous les jours du matériel audio et vidéo avec nos
    expositions, nos archives et notre patrimoine. Nous avons intégré un projet
    consacré au musée numérique, lancé auparavant. C’est un musée numérique que
    nous avons retrouvé ; nos collègues travaillent pour numériser des manuscrits,
    des photos, des images d’archives, des dactylogrammes etc. Par ce musée
    numérique, les gens commencent à avoir accès aux archives intégrales du Musée
    de la littérature, vu qu’il y a déjà des dizaines de milliers de pages de
    manuscrits scannés et disponibles sur le site. »




    Outre
    toutes ces nouveautés, le Musée de la littérature, à l’instar d’autres
    institutions similaires de Roumanie, organise des tours virtuels de son
    exposition permanente. (Trad. Ligia Mihaiescu)

  • Les artistes verriers en ligne

    Les artistes verriers en ligne

    Cela fait 32 ans que les artistes verriers de Roumanie se réunissent chaque année, au Salon du verre, pour présenter leurs créations les plus représentatives. Lancé en 1988 et organisé sous le patronage de l’Union des artistes plasticiens de Roumanie, le salon fut obligé de passer pour la première fois en ligne, en raison de l’actuelle pandémie mondiale. Du coup, les meilleurs artistes verriers roumains se sont donné rendez-vous cette année au sein des Ateliers du Salon du Verre déroulés virtuellement du 29 avril au 13 mai. Toutes les créations ont pu être admirées dans le cadre d’une vidéo de présentation de 25 minutes partagée sur les réseaux sociaux et vue par plus de 2000 internautes.

    A part ce chiffre record, l’édition en ligne du Salon s’est réjouie aussi d’un nombre impressionnant de participants : 54 artistes allant des plus connus jusqu’aux débutants. Le commissaire de l’exposition, Vladimir Cioroiu, nous en parle :« On a contacté tous les artistes verriers, y compris ceux habitant la province, membres des filiales locales de l’Union des artistes plasticiens de Cluj, Buzau et Targu-Jiu, pour leur demander de nous envoyer des photos de leurs créations. De toute façon, même pour une exposition réelle, on aurait dû collecter du matériel photographique pour en faire un catalogue. Toutes ces photos sont à admirer dans une vidéo qui s’ouvre par les propos de la critique d’art Alexandra Craciun. L’occasion de vous dire que dorénavant, toute exposition personnelle ou collective sera organisée pas seulement in situ, mais aussi virtuellement. Car nombreux sont ceux qui n’ont pas la possibilité de se rendre sur place pour voir les œuvres de leurs propres yeux. »

    A part la beauté et l’originalité des créations, le public peut admirer le raffinement des techniques que les artistes-designers utilisent pour travailler le verre et pour le combiner avec différents métaux, comme le fer. Si jadis, les artistes apprenaient leur savoir-faire dans les ateliers des maîtres artisans, à l’heure actuelle, les choses se passent différemment. Vladimir Cioroiu : « Au début, il y a 40-45 ans, il y avait surtout des maîtres verriers qui maîtrisaient le soufflage du verre. C’était la technologie pour ainsi dire traditionnelle. Bien que les hautes technologies n’aient pas pu pénétrer en Roumanie pendant le régime communiste, on a compensé avec notre créativité et du coup, les œuvres roumaines ont impressionné les Occidentaux. A présent, on bénéficie enfin de tous les moyens modernes pour travailler le verre. Un salon comme le nôtre offre l’occasion de passer en revue toutes les techniques depuis celles traditionnelles et jusqu’à celles avant-gardistes, telle la fusion. Le verre se laisse modeler aussi bien au chaud qu’au froid… On peut le couper, le ciseler, le graver… Il y a de nombreuses techniques que l’on utilise en même temps et ça, c’est très intéressant. »

    Si toutes ces explications ont attisé votre curiosité, on vous attend en ligne pour pouvoir admirer, ne serait-ce que virtuellement, les créations en verre des artistes roumains.

  • Les écrivains lisent en ligne

    Les écrivains lisent en ligne

    Ecrivaine contemporaine dynamique et prolixe, scénariste et traductrice, Doina Ruști sest vu récompenser de nombreuses distinctions importantes. Parmi elles, le prix « Ion Creangă », décerné par lAcadémie roumaine pour ses romans qui mêlent le réel et limaginaire, lhistoire et la fiction. Les romans « Le fantôme du moulin », « Lizoanca à lâge de 11ans », « Zogru », « Le chat du vendredi » ou encore « Homérique » jouissent de lappréciation du public aussi. Comme en cette période de confinement les foires du livre et les lancements de livres sont suspendus, Doina Ruști maintient le contact avec ses lecteurs grâce à des lectures enregistrées et postées sur les réseaux sociaux. « Sans cela, jaurais été en proie à la pire dépression. Lhomme nest pas voué à une existence solitaire. Même lécrivain a besoin de communiquer avec les autres », avoue Doina Ruști, qui poursuit :



    « Au début, ces enregistrements étaient plutôt un jeu. Plus tard, je me suis lancée dans des commentaires autour de mes lectures, ce qui me permettait dentrer en contact avec mes lecteurs. Ce fut quelque chose dextraordinaire. Le fait déchanger quelques lignes, de communiquer, de partager sur les réseaux sociaux lenregistrement de la lecture de fragments de mon dernier roman, Homérique, ma beaucoup aidée à traverser cette période qui nous met tous à rude épreuve. En plus, la lecture à haute voix a contribué à élargir la perception que javais de ma propre écriture. Cest vraiment stimulant pour un homme de lettres de sentendre lire et dapprendre ce que les autres pensent de ses œuvres. Jai même réalisé une sorte de série de lectures. Cette entreprise, je lai vécue comme si cétait le prolongement de la souffrance provoquée par le fait dêtre sujette à une expérimentation presque philosophique ou ontologique. Toutes ces lectures ont constitué une sorte de résumé de mes écrits antérieurs, mais aussi une illustration de lidée que lhomme a besoin de la confrontation avec le monde extérieur. Lisolement nest profitable que dans la mesure où il aide à trouver les voies de lextériorisation. »



    Les lecteurs de Doina Ruști envoient des messages privés pour lui faire part de leurs commentaires ou suggestions:



    « Les gens préfèrent communiquer directement. Moi aussi jai trouvé stimulant déchanger des impressions avec mes lecteurs qui sont dailleurs très attentifs. Il y en a qui connaissent à fond mes écrits et qui savent par cœur le nom de tous mes personnages. Bref, ce type de communication ma fait du bien. Il ma arrachée à la tristesse du confinement, à lincertitude à légard de lavenir. »



    Préparer la lecture, cette rencontre indirecte avec les lecteurs, et faire le montage vidéo, cela représente déjà un rituel qui aide lécrivaine à dépasser les moments de déprime. Doina Ruști affirme que la lecture en ligne lui procure une sorte d’euphorie :



    « Il y a toute une histoire derrière chaque lecture. La lecture nest pas que le simple fait de lire. Elle suppose aussi lenregistrement, le montage vidéo et sa mise en ligne. Jaime surtout jouer avec les images et les illustrations musicales. Ces renvois au visuel contribuent à rehausser le texte lu. En plus, toute cette activité comble mon besoin de communiquer, dêtre solidaire avec mes semblables, car nous vivons tous maintenant comme des prisonniers. Jai choisi de lire de petites histoires optimistes, qui remontent le moral ou des histoires damour. Jai donc laissé de côté les fragments tragiques où il est question de personnages qui vivent des moments difficiles. »



    De lavis de lécrivaine Doina Rusti, de telles lectures conviennent à merveille pour rendre cette période de distanciation sociale plus supportable et nous préparer pour le déconfinement. (Trad. Mariana Tudose)

  • Prix des Jeunes écritures 2020

    Prix des Jeunes écritures 2020

    Pour la deuxième année consécutive,
    l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et Radio France Internationale
    (RFI) organisent le Prix des jeunes écritures RFI-AUF. Malgré la situation
    sanitaire internationale, RFI et l’AUF se mobilisent à distance pour faire
    vivre ce prix de création littéraire dont les modalités, de participation pour
    les candidats et de délibération pour le jury, sont intégralement numériques.
    Avec pour objectif déclaré de promouvoir l’écriture et la lecture du français à
    travers la littérature courte, tout en offrant la chance aux passionnés
    d’écriture et de littérature de se révéler à eux-mêmes et à leur public, le
    concours de cette année incite les participants à soumettre au plus tard le 17
    mai, un récit de fiction de 8000 caractères maximum (espaces compris) qui devra
    obligatoirement débuter par l’incipit : « Suis-je dans le noir ou ai-je les
    yeux fermés ? Peut-être les deux. » Il s’agit de la première phrase du roman
    les Mille maisons du rêve et de la terreur de Atiq Rahimi, Prix Goncourt et
    président du jury de l’édition 2020 du Prix des jeunes écritures RFI-AUF. Pour
    plus de détails sur l’édition 2020 du Prix des jeunes écritures, on a invité au
    bout du fil, M. Mohamed Ketata, directeur régional de l’AUF.

  • Un site Internet qui vous donne de bonnes nouvelles

    Un site Internet qui vous donne de bonnes nouvelles

    Par ces temps de crise sanitaire, la crainte habituelle de tomber malade est amplifiée et doublée, pour certains, par le confinement. Dans ces conditions, les bonnes nouvelles deviennent aussi importantes que loxygène. A première vue, elles ne sont pas trop nombreuses, dissimulées par les histoires dramatiques, les statistiques alarmantes et les informations de dernière minute présentées en boucle par les télévisions et les sites dinformations.







    Nous avons néanmoins trouvé un site où loptimisme est le mot dordre et lattitude positive est de mise, comme son nom lindique : https://www.vestibune.com/ (bonnes nouvelles). Son créateur, Florin Ghioca, est un photo journaliste, spécialiste de la photographie des spectacles de théâtre. Il sait très bien mettre en valeur la beauté et la bonté des gens. A son avis, à lheure actuelle, le besoin davoir de bonnes nouvelles est plus grand que jamais.




    Florin Ghioca : « Le site que jai créé, vestibune.com, qui deviendra bientôt vestibune.info, vient combler ce besoin et soutenir les gens dun point de vue moral. Plus encore, il se propose de montrer que de bonnes choses se passent encore autour de nous, que les gens nont pas perdu leur humanité et quils sont prêts à tendre la main aux autres. On parle donc de bonnes nouvelles et de bonnes actions en égale mesure. Par exemple, on parle de grandes compagnies qui simpliquent dans la lutte contre la pandémie, on présente des héros de ces jour-ci, des ONG qui se sont mobilisées de manière exemplaire pour venir en aide aux personnes âgées et aux malades. On parle par exemple, dun hôpital mobile construit à zéro. Pratiquement, tout ce qui est une bonne nouvelle ou une bonne action figurera sur notre site. Ainsi, tout Roumain qui nécessite une bouffée doxygène et dun moment de joie dans cette période de confinement, saura où les trouver. »




    A rechercher plus à fond, on constate que les bonnes nouvelles ne manquent pas en cette période trouble. Beaucoup de gens se sont mobilisés pour aider les personnes âgées seules ou isolées, dautres ont commencé à confectionner des masques de protection. A Iasi (nord-est), par exemple, des étudiants ont créé une petite bibliothèque en ligne gratuite. A son tour, lInstitut pour létude et le traitement du trauma offre de lassistance psychologique gratuite pendant la pandémie. Et la liste est bien longue. Evidemment, toutes les infos sont vérifiées avant dêtre postées, car il faut bien faire la différence entre les vraies nouvelles et les fake news. « Les gens ont eu assez des mauvaises nouvelles », constate Florin Ghioca. Le nombre croissant des visiteurs de son site le confirme.







    Florin Ghioca : « La première semaine, on a eu près de 100.000 visiteurs uniques. En cette période de confinement à domicile, je me réjouis de pouvoir réunir en un seul endroit tout ce qui est de positif en Roumanie, de sorte que les gens puissent y entrer le matin, en buvant leur café et avoir droit à quelques minutes de bonheur en parcourant ce site. Les 6 premiers jours, javais posté environ 80 bonnes nouvelles. Un nombre assez surprenant, mais pas trop important par rapport à lavalanche de mauvaises nouvelles. A chaque fois que lon allume la télé ou on entre sur un site dinformation on apprend le nouveau chiffre des décès et dinfections. Cest normal davoir des statistiques de ce type et den parler, mais les gens veulent connaître aussi dautres aspects de cette pandémie, savoir que nous continuons de nous entraider et que de bonnes choses se passent encore. Nous avons besoin dune attitude positive et de bonté par ce temps difficiles disolement et dinsécurité. La dépression peut sinstaller à tout moment et cest pourquoi un site comme celui-ci peut faire du bien ».







    Voilà donc une belle initiative : apporter de lespoir aux gens. Nhésitez pas à entrer sur le site vestibune.com ou vestibune.info même si vous ne connaissez par le roumain, souvent les images parlent delles-mêmes. Et, pourquoi pas, recherchez des sites pareils de chez vous. Il y en a sans doute, comme il y a plein de bonnes nouvelles malgré les difficultés auxquelles on est tous confrontés ces jours-ci. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Céramique monumentale à Medgidia. Un projet innovateur des années 1970

    Céramique monumentale à Medgidia. Un projet innovateur des années 1970

    Il était une fois une association roumaine qui se donnait pour but de promouvoir la céramique roumaine. Et il était une fois, à Medgidia, dans le sud-est de la Roumanie, une colonie de création de céramique monumentale.







    Plusieurs décennies séparent ces deux projets. Les colonies artistiques de Medgidia ont eu lieu dans les années 1970, alors que lassociation mentionnée tente, de nos jours, à faire revivre ce patrimoine culturel national oublié. Et pour cause. Ces colonies restent quasi inconnues, aujourdhui, même des spécialistes, alors que cest justement là que furent jetées les bases de la céramique roumaine moderne.







    Les débuts de ce phénomène remontent aux années 1970. Cest entre 1971 et 1977 quenviron 80 ouvrages en céramique monumentale ont vu le jour à Medgidia. Leurs créateurs en ont fait don à la ville pour décorer différents espaces publics – parcs, places publiques ou encore la falaise du Canal de Carasu. Malheureusement, il ny en reste plus grand-chose, de nos jours, car la plupart de ces créations ont été détruites lors des travaux de construction du canal reliant le Danube à la mer Noire, à la fin des années 70 et au début des années 80. A lépoque, ces colonies de création étaient quelque chose dinédit. Cétait pour la première fois que la céramique prenait une forme monumentale, étant censée décorer les espaces publics de cette petite ville de Dobroudja.





    Cest justement pour remettre en valeur ce patrimoine culturel oublié, quune nouvelle initiative est née. Une équipe de céramistes a démarré un projet de recherche, intitulé « Patrimoine culturel revisité. Les Colonies de Medgidia – phénomène fondateur de la céramique roumaine contemporaine». Ils ont interviewé des artistes ayant participé à ces colonies de création, ils ont épluché les archives.




    Oana Rill fait partie de cette équipe et nous parle des débuts de ce projet : « Ce fut une initiative commune, lancée par Gheorghe Fărcășiu, un céramiste avec lequel nous avons beaucoup collaboré ces dernières années. En fait, Gheorghe Fărcășiu comptait parmi les invités au premier projet du domaine de la céramique, déroulé par notre association. Il nous a montré un catalogue douvrages de cette époque-là. Bien que je sois diplômée de la section de céramique de la faculté darts plastiques, jignorais complètement lexistence de ces colonies et je ne connaissais pas non plus les céramistes qui y avaient participé. Et je me suis rendu compte que si jen avais été au courant, jaurai évolué, peut – être, différemment. »





    Pour savoir davantage sur ces colonies, léquipe de Oana Rill a voyagé aux 4 coins de la Roumanie : à Bucarest (sud), Medgidia, Constanţa (sud-est), Sibiu, Alba-Iulia et Sighişoara (centre). Ses membres sont aussi entrés en contact avec les artistes établis à létranger, dont certains aux Etats-Unis. Ils ont étudié des documents darchives – articles de la presse de lépoque ou des magazines spécialisés, photographies des années 70 se trouvant dans des collections privées. Eduard Andrei fait lui aussi partie de léquipe qui a mis sur pied ce projet ambitieux intitulé « Patrimoine culturel revisité. Les Colonies de Medgidia – phénomène fondateur de la céramique roumaine contemporaine ».



    Eduard Andrei explique pourquoi ce phénomène méconnu est tellement important pour ce domaine de lart : « Notre intérêt pour les colonies de céramique monumentale de Medgidia part du constat évident que ce sujet est quasi inconnu. Cest valable aussi pour les spécialistes. Et là je pense aux étudiants des facultés des Beaux-Arts, de la section de Céramique. Pratiquement, ils nont pas eu accès jusquici à une base de données bibliographiques, ni aux documents darchive qui les aident à comprendre limportance de ce phénomène. A notre avis, ces colonies de création de Medgidia ont jeté les fondements de la céramique roumaine contemporaine. Avant, la céramique était considérée comme un art mineur, qui produisait des objets de petites dimensions, dutilité générale. Et elle était traitée comme telle. Or, une fois lancées les Colonies de Medgidia, la céramique a conquis lespace public. Du coup, on ny pensait plus uniquement en termes de petits objets. Ce fut aussi une expérimentation technique très intéressante pour les artistes participants, qui navaient pas travaillé de pareils ouvrages auparavant, en fait, ils navaient jamais créé de la céramique sculpturale, censée décorer les espaces publics de Medgidia. »




    Dans les années 70, à Medgidia, un art qui restait normalement à lintérieur des ateliers sortait pour la première fois à lextérieur. Les parcs de la ville étaient parsemés de sculptures géantes en céramique, aux formes plus ou moins abstraites. De nos jours, il nen reste plus que des photos, réunies sur le site du Musée national dart contemporain de Roumanie, dans la section docu.magazin, consacrée à la Documentation et à la Mémoire numérique. Et grâce à léquipe de céramistes passionnés dont nous venons de parler, les Colonies de céramique de Medgidia sont à découvrir aussi dans un volume bilingue, en roumain et en anglais. Lalbum a été lancé en novembre 2019 à Medgidia et à Bucarest, en présence dartistes participants. (Trad. Valentina Beleavski)


    Découvrez des photos ici:


    http://www.documagazin2.mnac.ro/galeriemedgidia.html


  • Cours de culture générale à l’intention des bucarestois

    Cours de culture générale à l’intention des bucarestois

    Cela fait plus de dix ans que les bucarestois désireux d’approfondir leurs connaissances humanistes ont à leur disposition les ateliers organisés par la Fondation Calea Victoriei (l’Avenue de la Victoire, en français). Inspiré du nom du célèbre boulevard traversant la capitale roumaine, cette fondation a vu le jour en 2007 grâce à deux sœurs qui ont espéré offrir aux jeunes tout ce que l’école n’arrivait pas à leur fournir en matière d’humanisme.



    Sandra Ecobescu, présidente et fondatrice de Calea Victoriei : J’ai pris pour point de départ l’exemple personnel et j’ai commencé à réfléchir aux disciplines et aux professeurs qui m’ont manqué au lycée. Moi, en tant qu’étudiante en Lettres, j’ai eu droit à des professeurs d’exception et pourtant, il y a eu des matières insuffisamment approfondies. Du coup, avec ma sœur, on a souhaité offrir au public toutes ces connaissances issues des différentes branches culturelles dont l’école ne se préoccupe pas. Par exemple, la philosophie, que l’on n’aborde pas, parce qu’elle est souvent remplacée par des classes de maths, ou encore la musique, à la place de laquelle on fait de la physique. C’est ainsi que nous avons eu l’idée de faire des cours pour parler philosophie, histoire de l’art, musique ou encore histoire de la ville de Bucarest. Après, on a pensé à ceux censés enseigner aux jeunes tous ces sujets. Donc, à part les domaines d’intérêt, on a aussi trouvé les mentors, tous ces professeurs charismatiques, très ouverts devant les élèves et prêts à annuler l’ambiance stressante ou encore ennuyeuse qui règne le plus souvent dans les salles de classe. Dans un premier temps, nos ateliers s’adressaient aux lycéens et aux étudiants. Et puis, au bout de quelques leçons, on a fini par constater l’intérêt d’un public tous âges confondus. Si, au début, on a imaginé une sorte d’école à l’intention des jeunes, finalement, on s’est rendu compte que l’intérêt que les bucarestois prêtaient à nos ateliers ne tenait pas compte de leur âge. C’est à partir de ce moment-là que nous avons décidé d’organiser des ateliers pour tout le monde. De ce fait, le même cours peut être fréquenté aussi bien par un jeune de 18 ans que par un fonctionnaire d’une trentaine d’années, une avocate de cinquante ans et un retraité de 70 ans. On pourrait donc affirmer que d’une certaine façon, on a mis en place le concept de formation continue, très à la mode en Occident et qui commence à se développer chez nous aussi ».



    Les cours imaginés par la Fondation Calea Victoriei s’organisent en fonction des différentes thématiques abordées : dramaturgie, philosophie, diplomatie, développement personnel, psychologie, musique, danse, anthropologie ou encore astronomie.



    Sandra Ecobescu : Nos professeurs sont des passionnés de tel ou tel domaine. Ils sont experts amoureux de leur travail, chercheurs, artistes, bref des personnalités qui n’arrêtent pas de s’instruire. Si je devais énumérer leurs qualités, je dirais excellents spécialistes, passionnés de leur travail, désireux d’en apprendre davantage, soucieux de se perfectionner, charismatiques et modestes, capables de dialoguer avec les autres. Dans un premier temps, on s’est dit : on va fonder une école où les gens peuvent approcher leurs mentors et puis, on a constaté plusieurs choses. On a vu que suite à nos cours, il y en a qui changent de domaine professionnel, d’autres qui redécouvrent d’anciens talents, comme par exemple l’écriture ou la peinture. D’autres ont vécu une expérience encore plus fantastique puisqu’ils ont démissionné des compagnies pour lesquelles ils travaillaient et se sont mis à leur compte. Des relations d’amitié se créent entre les professeurs et les participants, un véritable mentorat est mis en place ».



    En ce moment d’isolement, la Fondation Calea Victoriei offre à tous ceux désireux d’en apprendre davantage sur différents domaines une série de cours en ligne. (Ioana Stancescu)


  • Anton Pann

    Anton Pann

    Il a également été un personnage légendaire dont l’influence se fait toujours sentir dans les localités où il a vécu : à Braşov, à l’Ecole et à l’église du quartier de Şchei, à Râmnicu Vâlcea et même à Bucarest, où sa maison transformée en musée est ouverte au grand public depuis novembre 2018. A en croire les documents, Anton Pann est né en 1796, à Sliven, en Bulgarie, et il a consacré une grande partie de sa vie aux voyages dans différents pays et régions avant de s’établir à Bucarest, dans la banlieue de Lucaci. C’est là qu’il s’est acheté la maison récemment transformée par les soins du Musée national de la littérature en musée. Dans les minutes suivantes, Madalina Schiopu nous propose une visite guidée de l’édifice :



    « Quand Anton Pann y a emménagé, la maison était déjà construite et à en croire son propriétaire, elle comportait quatre pièces. Deux d’entre elles étaient côté rue, vis-à-vis de deux ou trois autres maisons, englouties par de grands jardins. Les champs s’étalaient derrière toutes ces bâtisses érigées dans la banlieue de Lucaci. »



    Le nom d’Anton Pann se rattache aussi à la création des paroles de l’actuel hymne national, « Réveille-toi, Roumain ! » qui fut inspiré au poète Andrei Muresanu par un poème religieux du rhapsode. Notre guide, Madalina Schiopu, se penche sur l’activité religieuse d’Anton Pann :



    « Il fut une des personnalités importantes de l’Eglise orthodoxe puisqu’il a gagné sa vie en tant que professeur de musique sacrée. Il enseignait la théorie religieuse des psaumes dans les églises bucarestoises et celles des alentours. Ensuite, on ne saurait ignorer le rôle qu’Anton Pann a joué dans la littérature roumaine. Il est l’auteur de « L’Histoire de la parole » et des « Ruses de Nastratin Hogea ». Ces deux volumes, tout comme ses recueils de poèmes, ont été imaginés dans cette maison même où, semble-t-il, Pann avait aménagé une petite pièce pour écrire et une terrasse pour sortir le soir et jouer de la guitare. »



    Décédé en 1854, Anton Pann a légué sa maison de Bucarest à l’Eglise de Lucaci qui, malheureusement, l’a négligée jusqu’à ce que la demeure tombât en ruine. Heureusement, le Musée de la Littérature roumaine a décidé de s’investir pour en faire un musée. Les efforts ont été soutenus, affirme Madalina Schiopu.



    « L’actuelle maison ne ressemble plus à celle du passé dont l’état de dégradation était tel que seuls les piliers sont restés debout. On a donc tout fait reconstruire sur les lieux de l’ancienne demeure. Il suffit de franchir le seuil du musée et de regarder les objets qui s’y trouvent pour se rendre compte de la personnalité et de l’œuvre d’Anton Pann. Il y a, par exemple, un zootrope et praxinoscope, deux jouets optiques ayant précédé la cinématographie moderne et que les enfants pouvaient utiliser pour regarder des dessins en mouvement avec les personnages créés par Anton Pann. Les instruments de musique sont une autre attraction. Il s’agit d’une collection de 23 instruments datant de l’époque des princes phanariotes, du début du XIXème siècle. Chaque instrument est prévu d’un casque qui permet d’entendre le son qu’il faisait. Parmi tous ces instruments, la plupart orientaux, les visiteurs peuvent découvrir aussi quelques instruments roumains tels la cobza, une sorte de luth, ou encore le cymbalum.



    Avec sa multitude de dispositifs interactifs, le Musée Anton Pann se veut un endroit ludique qui attire les jeunes visiteurs, notamment par un tour guidé conçu à leur intention. Madalina Schiopu :



    « Il s’agit d’un tour des objets. Chaque mois, on choisit un objet parmi ceux qui sont exposés et à partir de cet objet-là, on esquisse le contexte historique et on s’attarde sur les personnalités qui s’en sont servi. Par exemple, une machine à imprimer. Un tel objet nous permettrait de parler de l’histoire de l’imprimerie dans le monde. A part les tours guidés, on met en place différents ateliers à l’intention des enfants de 6 à 14 ans. On essaie de s’adapter à l’âge de nos jeunes visiteurs et de les attirer vers nous par des histoires et des anecdotes. Pour les tout-petits, on a fait des ateliers basés sur les Ruses de Nastratin Hogea et sur la morale qui s’y dégage et on les a encouragés à dessiner. Après, on a mis en place des ateliers de muséographie pour expliquer aux enfants ce qu’un musée veut dire et l’activité dans un tel établissement. C’est important qu’ils comprennent que derrière les expositions permanentes et visibles, il y a tout un univers caché. Pour les fêtes, on a mis en place des ateliers de cantiques basés sur ceux écrits par Anton Pann. Et puis, en mars, on a fait des ateliers de création de martisoare. Et la liste continue ».


    (Trad. Ioana Stancescu)

  • Blasons exposés au Musée de la ville de Bucarest

    Blasons exposés au Musée de la ville de Bucarest

    Le Musée de la ville de Bucarest, dont le siège central se trouve dans lune des plus anciennes résidences aristocratiques de la capitale roumaine, recèle entre autres des collections d’objets extrêmement précieux, dont certains ont appartenu à différentes familles de boyards. Ces objets, qui suscitent l’intérêt du public sont périodiquement présentés lors d’expositions à thème. Tel est le cas de l’exposition Elites et blasons du vieux Bucarest”.


    Du 18 février au 10 mai, les Bucarestois peuvent admirer, au Palais Sutu, maints objets portant des blasons de l’élite aristocratique roumaine de la deuxième moitié du XIXe siècle et du premier quart du XXe. Parmi elles, les familles Sutu, Cantacuzène, Ghika, Mavrocordato, Filipesco, Stourdza, la famille princière Cuza et la famille royale de Roumanie. Dana Nicula, commissaire d’exposition, nous parle de cette initiative: « Les objectifs de notre démarche visent à recomposer, à l’aide des armoiries, l’univers des familles nobles de Bucarest. Le public est ainsi familiarisé avec des notions telles que blason, emblème ou généalogie. Un accent particulier est mis sur le lien spécial qui existe entre le blason et son possesseur. Le fait de décorer d’armoiries les maisons, les monuments funéraires ou les objets d’usage quotidien était l‘apanage des rois et des nobles ».


    Comme le siège central du Musée de la ville de Bucarest se trouve au Palais Sutu, il est tout à faut naturel que l’on mette au premier plan cette famille noble qui a fait construire le palais au début du XIXe siècle. On y retrouvera donc nombre d’objets portant les armoiries des Sutu. Parmi eux, des objets en cristal ou en porcelaine. Dana Nicula: « Il y a par exemple un service de table en porcelaine de Sèvres, armorié, un autre en cristal de Bohème portant le blason de la famille Sutu, des verres en cristal à monogramme gravé, surmonté de la couronne princière. Le blason de cette famille est également gravé sur le fronton du palais et au dessus du miroir en cristal que l’on peut admirer dans le hall du musée. La gravure héraldique sur le fronton du palais a été exécutée sur ordre de Costache Suţu, premier gentilhomme de la chambre du prince régnant. Parmi les objets exposés figurent aussi un plateau en porcelaine de Sèvres portant l’emblème des Mavrocordato, à savoir un phénix sortant des flammes. Le blason de la famille Stourdza, soit l’auroch de Moldavie et un lion rampant portant la couronne royale, peut être admiré sur un service de table. Ces mêmes armoiries ont été utilisées par le prince Michel Stourdza. Deux assiettes en porcelaine fine ayant appartenu à la famille Cantacuzène sont armoriées, portant, au centre, le mot Zamora”. Pourquoi ce nom? Eh bien, Gheorghe Grigore Cantacuzino (Cantacuzène), surnommé le Nabab, a fait construire un palais imposant entre 1907 et 1911, daprès les plans de architecte Ion Berindei. Le palais a été dressé sur son domaine situé à Buşteni et connu sous le nom de Zamora. »


    Si vous êtes de passage dans la capitale roumaine, ne manquez pas de vous rendre au Musée de la ville, qui accueille, jusqu’ à la première décade du mois de mai, l’exposition Elites et blasons du vieux Bucarest». (Trad. Mariana Tudose)

  • Martisoare pas comme les autres

    Martisoare pas comme les autres

    Sur toile de fond de météo printanière, la fête du martisor, le 1er mars, semble approcher à grands pas. Rappelons-le, au cours de cette fête qui symbolise l’arrivée du printemps, les Roumains, mais aussi les Bulgares et les Macédoniens, s’offrent les uns les autres des martisoare, soit des petits pendentifs décorés d’un fil blanc et d’un autre rouge. Le plus souvent, ce sont les hommes qui en offrent aux femmes. Et vu que cette année, on marque les 170 ans depuis la naissance du poète Mihai Eminescu, le poète roumain le plus grand et le plus représentatif, l’association Moara de Hârtie/Le Moulin à papier de Comana, à proximité de Bucarest, a décidé de mélanger la tradition du martisor et la mémoire du poète Mihai Eminescu pour produire des martisoare inédits. Moara de hârtie est une association d’artisans basée dans le village de Comana, à une cinquantaine de km dans le sud de la Capitale roumaine qui se propose de recycler le papier et de l’imprimer selon des techniques anciennes. Cette année, les artisans du Moulin à papier ont imaginé des livres en miniature que les Roumains peuvent offrir en cadeau aux dames à l’occasion du martisor.

    Lancé en 2020, ce martisor n’est pas le premier produit de ce projet, affirme Dana Georgescu de l’Association « Le Moulin à papier ». « Le projet a démarré en 2017 et initialement, nous avons choisi des vers tirés de poésies qui décrivaient des aspects du printemps, que nous avons ensuite inclus dans un livre en miniature. Quelle meilleure idée pour le Moulin à papier que d’imaginer un petit livre contenant des vers ? Puis nous avons constaté qu’il serait intéressant de créer de petits livres avec des textes d’auteurs roumains importants. Nous avons commencé il y a plusieurs années par les poésies d’Ana Blandiana, pour continuer par celles de Nichita Stanescu. Vu que 2018 a été l’année du centenaire de la Grande Union, nous avons inclus aussi un texte écrit par la reine Marie. Cette année, lors du 170e anniversaire de Mihai Eminescu, nous avons décidé de créer de petits livres avec des vers de son œuvre. »

    Les livres en miniature signés Mihai Eminescu, imprimés sur du papier recyclé et confectionné manuellement à Comana sont commercialisés en plusieurs versions, explique Dana Georgescu : « Le modèle le plus simple est un petit livre avec des couvertures en papier manufacturé chez le Moulin à papier par des gens de la communauté locale. Il est attaché à un petit carton et décoré d’un fil tressé rouge et blanc. Dans l’autre variante de martisor, le petit livre se trouve à l’intérieur d’une boite en carton qui imite un livre. Celle-ci est également confectionnée manuellement, et décorée de fleurs pressées. Sur la couverture de chaque livre en miniature nous avons inséré en fait une fleur bleue, qui suit en fête le thème de cette année qui est la couleur bleu. Pour nous, le bleu est la couleur d’Eminescu, puisqu’il signifie les hauteurs et les profondeurs. Sur le grand livre, la signature du poète est imprimée en feuille d’or. C’est une édition absolument superbe. »

    Même si la fleur bleue est un symbole d’Eminescu, qui donne d’ailleurs le titre d’un poème très connu, à l’intérieur des petits livres se trouvent aussi quelques vers inédits. Explication avec Dana Georgescu : « Nous avons découvert des vers absolument à part dans le magazine Manuscriptum, paru en 1991 sous la coordination de Petru Creția. Ce sont des vers d’Eminescu d’inspiration traditionnelle réunis dans un poème sans titre, auquel on a donné ensuite le titre « Entre le nouveau et le grand », en fait le premier vers du manuscrit respectif. Ce ne sont pas des poèmes connus, mais je crois que chaque femme aimera recevoir un tel martisor. »

    Les livres en miniature réalisés à Comana peuvent être portés en tant que broches selon le modèle du martisor traditionnel, mais aussi gardés comme objets décoratifs dans une mini-bibliothèque écologique.

  • Le film « Ivana the Terrible », Grand prix du Festival du film de Zagreb

    Le film « Ivana the Terrible », Grand prix du Festival du film de Zagreb

    « Le prix est attribué au portrait cinématographique d’une génération qui semble figée dans la puberté. Des jeunes trop intelligents pour choisir de vivre la vie de leurs parents, mais trop faibles pour bâtir un monde nouveau. Le film parvient à trouver le moyen de capter le public grâce au charme, à la spontanéité, à l’auto-ironie de l’actrice principale qui en est aussila réalisatrice. Un film qui joue avec le flou des frontières entre le documentaire et la fiction ». C’est ainsi que le jury a motivé son choix. Inspirée de la vie de sa réalisatrice, cette création cinématographique tourne autour du moment où Ivana Mladenović décide de passer l’été dans sa ville natale, Kladovo, entourée des siens. Ecoutons Ivana Mladenović, réalisatrice, coscénariste et actrice :



    « Mon film précédent, « Soldats. Une histoire de Ferentari », esttiré du roman éponyme d’Adrian Şchiop, qui y joue son propre rôle. Dans cet autre film, « Ivana the Terrible », j’ai choisi d’aller un peu plus loin, de prendre pour point de départ ma propre expérience, mon histoire à moi. Je lui ai sans doute conféré des allures de ciné-fiction, mais j’ai choisi de faire interpréter leurs propres rôles à mes amis et aux membres de ma famille. C’est une formule qui débouche sur la comédie et qui oblige en même temps à se mettre à nu, car, je pense que trop souvent on a tendance à se prendre au sérieux. Faire ce film n’a pas été chose facile, car il part de mon vécu, qui n’a pas été forcément agréable. Bref, il y est question d’un moment de détresse que j’ai traversé il y a deux ans. J’y parle de la santé physique et mentale, des relations entre deux pays, d’une jeune fille qui choisit de partir en Romanie et puis de revenir en Serbie, des divergences entre les générations. Vous voyez bien que ce n’est pas chose aisée que de mettre tout ça dans un film. »



    « Ivana the Terrible », qui a également remporté le Prix spécial du jury du Festival de Locarno, parle avec humour et tendresse de gens et de lieux, d’appartenance, du mal du pays. La famille et les amis de la réalisatrice sont invités à livrer leurs propres émotions, à s’interpréter eux-mêmes dans ce récit cinématographique construit autour d’une femme qui ne trouve sa place sur aucune des deux rives du Danube. Ivana Mladenovic signe la réalisation du film et en cosigne le scénario avec Adrian Şchiop. La réalisation artistique du film appartient à Ana Szel et à Andrei Rus, Carmen Tofeni en est la responsable d’image, tandis que le montage porte les signatures de Patricia Chelaru et de Cătălin Cristuţiu. Voici ce que déclarait Ivana Mladenovic à propos de sa décision de confier la réalisation de l’image au duo Ana Szel – Andrei Rus :



    « Ce fut un excellent choix. Ana Szel avait signé il y a dix ans la réalisation du film « Le ventre de la baleine », diffusé en première au festival de Locarno, dans la même section où allait être inclus, en 2019, le film « Ivana the Terrible ». Ana Szel avait choisi d’y jouer elle — même, aux côtés de sa famille et de ses amis. Autant dire que l’expérience d’Ana Szel m’a énormément aidée à prendre la décision de faire appel à mes proches pour tourner « Ivana ». Ça a été une belle expérience pour moi. Ana Szel, Andrei Rus et Adrian Şchiop sont de très bons amis et le fait de travailler avec des gens si proches m’a aidée à me livrer avec mes bons et mes moins bons côtés. »


    (Trad : Mariana Tudose)