Tag: art

  • « L’abeille, notre super-héros »

    « L’abeille, notre super-héros »

    « L’abeille, notre super-héros, 100 millions d’années au service de l’environnement » est le nom complet du nouveau projet lancé par le Géoparc UNESCO du Pays de Haţeg, en collaboration avec l’Université de Bucarest. Par ce biais, les initiateurs du projet entendent tirer la sonnette d’alarme au sujet de l’impact qu’aurait la disparition brutale de ces insectes sur l’équilibre du monde naturel. C’est ainsi qu’une sculpture de grandes dimensions, intitulée « Cohabitation », et réalisée par l’artiste Dragoş Neagoe, a été placée au sein du géoparc. Au visage en pierre, aux traits humains, que la sculpture suggère, a été attachée une ruche d’abeilles, qui sculptera davantage les traits de l’humain, en transformant peut-être l’œuvre d’art en une ruche géante et inédite. Protégée par un panneau en plexiglas, la ruche en formation se laisse librement admirer par les visiteurs étonnés.

    Le sculpteur Dragoş Neagoe, apiculteur passionné, nous offre des détails concernant sa démarche artistique. Ecoutons-le : « C’est en 2008 que je suis devenu apiculteur. J’avais bien saisi que la survie des abeilles était sujet à caution. Des ruches entières s’éteignent lorsque l’on récolte le colza ou le tournesol, à cause de l’emploi massif d’insecticides et de pesticides dans ces cultures. J’ai pris le parti des abeilles tant qu’artiste. En 2019 déjà, j’avais créé une exposition au Palais de Mogosoaia, près de Bucarest. Parce que j’aimerais éviter que l’on n’arrive à rencontrer les abeilles qu’au Zoo. Être obligé d’aller là pour voir une abeille, lui tourner autour, et s’exclamer : « Wow ! C’était beau il y a cent ans. » »

    Et, en effet, l’histoire de l’abeille se confond à l’histoire de l’apparition des premières plantes et des premiers insectes sur Terre. Le professeur Mihai Emilian Popa de la Faculté de Géologie et Géophysique de l’Université de Bucarest, nous plonge au moment des origines. Ecoutons-le : « Les abeilles, de par leur origine, de par leur évolution, sont intimement liées à l’évolution des plantes à fleurs, les angiospermes. L’origine de ces dernières se situe vers la fin du Jurassique, il y a près de 160 millions d’années. Et la diversification des plantes va main dans la main avec la diversification des familles d’abeilles. Il y a eu depuis toujours une histoire d’amour entre les angiospermes et les abeilles. Ils avaient évolué ensemble, ils se sont diversifiés et soutenus les uns les autres au fil du temps. Les angiospermes ont besoin d’abeilles pour se faire polliniser, mais les abeilles ne vivent que grâce aux plantes à fleurs, qui leur fournissent l’essentiel de leurs repas. Il s’agit d’une histoire à succès, une histoire qui se poursuit depuis la nuit des temps. Parce que l’évolution continue à son tour. Il s’agit d’une histoire commune, celle des plantes à fleurs et celle des abeilles, une seule et unique histoire ».

    A l’instar de l’histoire des plantes, l’œuvre en pierre conçue par Dragos Neagoe n’est pas non plus achevée. La forme du visage humain qu’elle représentait au départ sera travaillée par la ruche. Pour l’admirer, vous pouvez la voir grandeur nature une fois que vous aurez rendu visite au Géoparc du Pays de Hateg, mais aussi en ligne, sur le site du même géoparc. Alina Ciobanu, coordinatrice du projet et présidente de l’association « Drag de Hațeg », explique : « Les abeilles vont continuer à bâtir leurs alvéoles sur le matériau de l’installation, dont les proportions et l’apparence continueront à évoluer de la sorte au fil du temps. Il s’agit d’un procédé inédit, technique utilisée pour la première fois par un artiste roumain. L’installation est à la fois un acte artistique unique et une méthode didactique qui permet de suivre en direct et en continu la vie des abeilles. Le projet, promu par l’association Drag de Hațeg, entend œuvrer au développement durable de la région du Pays de Hațeg. Car notre objectif est de promouvoir le patrimoine naturel, culturel et social des communautés locales, de consolider leur identité, grâce aussi au tourisme, dans le contexte de l’existence du Géoparc UNESCO du Pays de Hateg. »

    Situé dans le centre-ouest de la Roumanie, le géoparc se trouve au croisement de plusieurs routes culturelles anciennes, qui reliaient les provinces historiques de Transylvanie, de Banat et d’Olténie. Dans le périmètre de l’actuel géoparc ont été découverts les fossiles des dinosaures nains, caractéristiques de la région. Le site, partie depuis 2005 du réseau européen et mondial des Géoparcs, qui réunit 169 territoires de 44 pays, a reçu le sacre en 2015, devenant site UNESCO. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Le Musée Zambaccian de Bucarest

    Le Musée Zambaccian de Bucarest


    Au nord de Bucarest, dans un quartier résidentiel, dont la construction remonte à lentre-deux-guerres, se trouve un intéressant musée dart: le Musée « Krikor H. Zambaccian ». Installé dans le bâtiment spécialement conçu pour abriter une collection dart, le musée est la création dun commerçant passionné dart et désireux daider les artistes. Né en 1889 à Constanța, Krikor Zambaccian est issu dune famille dorigine arménienne dont il a poursuivi la tradition commerciale, dabord dans sa ville natale, ensuite à Bucarest, après 1923 quand il y emménage. Cependant, sa passion a toujours été orientée vers les arts, nous explique Ilinca Damian, muséographe au Musée des Collections dart de la capitale. Une fois installé à Bucarest, Krikor Zambacciany ramène également lentreprise familiale. Il sest occupé toute sa vie de limpression textile et en général du commerce textile. En plus de ça, sa grande passion a été de collectionner des objets dart, notamment de lart plastique roumain et français. Il a découvert sa passion lors de ses études à Paris où, entre cours de comptabilité et déconomie, il a trouvé le temps daller visiter des galeries et des musées et dassister à des conférences et des débats. Krikor Zambaccianest devenu ainsi un autodidacte dans le domaine de lart. Il est parvenu également à se lier damitié avec des artistes français, comme Henri Matisse, et, à son retour en Roumanie, il sest également lié damitié avec des artistes roumains de sa génération. Tout doucement, il a commencé à constituer sa collection.




    Cela sest produit après avoir déménagé à Bucarest en 1923, car les objets achetés auparavant, dans une première tentative de constituer une collection, ont été perdus pendant la Première Guerre mondiale. Les premières œuvres dart collectionnées à Bucarest appartenaient aux artistes avec lesquels Zambaccian sétait lié damitié; nous allons tout découvrir avec Ilinca Damian: Toute sa vie, il a noué une très étroite amitié avec le peintre Gheorghe Petrașcu. Il achetait périodiquement des œuvres créées par ce maître, quil visitait tous les dimanches, mais il entretenait également une étroite amitié avec Theodor Pallady, qui lui rendait visite dans son bureau. Il a aussi été ami pendant un certain temps avec Nicolae Tonitza et Francisc Șirato. En fait, il était ami avec presque tous les artistes de lépoque et les a soutenus tout au long de sa vie. Ainsi, au-delà de son travail de collectionneur, il était aussi mécène des artistes. Comme tous les collectionneurs de lépoque, Zambaccian a su apporter dans sa collection des œuvres appartenant aux soi-disant «pères de lart moderne roumain»: Nicolae Grigorescu, Ion Andreescu, Ștefan Luchian, ainsi que Theodor Aman. La sélection de tableaux de Luchian achetés par Krikor Zambaccian a été appréciée dès le début et il a même déclaré avoir dédié à Ștefan Luchian un autel dans sa collection. De plus, il était assez généreux concernant le prix auquel il achetait les tableaux soit directement à lartiste, soit à dautres collectionneurs. Il considérait quune œuvre dune qualité particulière valait un bon prix, donc il préférait toujours donner plus que négocier.




    Parce quau fil des ans, la collection sagrandissait et avait besoin dun espace de stockage et de présentation sur mesure, au début des années 1940, Krikor Zambaccian a construit une maison conçue à la fois comme un musée et comme une habitation. Cest le siège actuel du musée Zambaccian. Ilinca Damian: En 1942, la maison était déjà finie et pouvait être visitée une fois par semaine. Bien que Zambaccian lait pensée comme un musée, il y a vécu jusquen 1962, quand il est décédé. La maison a été conçue dans un style moderniste. En fait, plusieurs éléments peuvent être discernés: à la fois du style néo-roumain et du style minimaliste, avec également des influences mauresques. Donc la maison a plutôt un style éclectique. Zambaccian a envisagé douvrir un musée dès 1932-1933. Avant même la construction de la maison, il a commencé à discuter avec la mairie de Bucarest, mais aucun accord na été conclu sur lespace où les œuvres dart allaient être exposées. Le plan initial était de faire don de la collection dart qui se trouvait dans sa maison de lépoque, un espace dexposition inadapté aux visiteurs. Les négociations avec la mairie ne se sont pas concrétisées, mais le désir de Zambaccian était de réaliser un musée ouvert au grand public. Ainsi, dans les années 1940, il a fait construire sa propre maison à cet effet et en 1947 il a réussi à faire don à lÉtat de sa collection dart roumain. La donation complète sest finalementfaite en trois étapes: en 1947, en 1957 et en 1962, au décès du collectionneur. Actuellement, elle contient 300 œuvres de peinture et de sculpture roumaines et européennes.




    Malheureusement, pendant le régime communiste, la collection a été déplacée dans un autre bâtiment, dans un musée abritant plusieurs collections dart, et la maison de Zambaccian a été utilisée à des fins différentes de celles souhaitées par le collectionneur. Au début des années 2000, après de longs travaux de restauration, la collection a été ramenée dans le bâtiment qui lui avait été destiné à lorigine, et aujourdhui la maison et la collection Zambaccian peuvent être visitées, tel que leur créateur et propriétaire dorigine la désiré. (Trad. : Felicia Mitraşca)




  • Marina Palii, sélectionnée pour le programme « Berlinale Talents » 2021

    Marina Palii, sélectionnée pour le programme « Berlinale Talents » 2021

    Les participants venaient de 65 pays du monde et ont été choisis sur pas moins de 3 000 candidats. Également de Roumanie, la productrice Anda Ionescu et la directrice d’image Biró Boróka ont aussi été sélectionnées. Marina Palii a évoqué les rôles qui ont marqué sa carrière, mais aussi sa participation au programme « Berlinale Talents ». « Pour moi, ce fut très important, puisque Berlinale Talents est un des événements majeurs dans le monde du film. C’est pourquoi être sélectionné à Berlinale Talents est une preuve de très haute appréciation. Après avoir participé l’été dernier au concours Sarajevo Talents, j’ai décidé de postuler aussi pour cet atelier organisé de la Berlinale. A cause de la situation mondiale, une variante de compromis a été trouvée et tous les ateliers ont migré sur Zoom. C’est ainsi que j’ai eu la possibilité de prendre part à des ateliers avec des cinéastes du monde entier, du Pérou, du Chili, des Philippines, de Thaïlande, d’Australie, tout le monde a migré sur Zoom : très intéressant de ce point de vue, même si le contact direct nous a manqué. Et pourtant, pouvoir parler avec des collègues de tous les coins du monde depuis sa chambre, ce fut une nouveauté. J’ai participé à des ateliers de trois heures environ chaque jour, des ateliers qui nous ont familiarisé avec la méthode Alexander Technique. Les ateliers ont été menés par deux formateurs, Kristof Konrad et Jean-Louis Rodrigue, qui pratiquent cette méthode depuis longtemps. Les deux ont organisé leurs ateliers le plus souvent aux Etats-Unis et il y a déjà de nombreux acteurs qui travaillent d’après cette méthode, essayant d’aborder la construction d’un personnage utilisant la technique Alexander. Il s’agit, grosso modo, d’une série d’exercices de mouvement et de relaxation de la respiration. J’ai travaillé sur des scènes de films célèbres avec les collègues d’autres pays sur Zoom, ce qui a été une nouveauté, mais nous nous sommes adaptés et les choses se sont très bien passées. »

    « La facilité d’interpréter un rôle tant en français qu’en roumain et la capacité de construire des personnages puissants ». Ce ne sont que deux des arguments énoncés par le jury qui a sélectionné l’actrice Marina Palii au programme Berlinale Talents 2021, une composante de la 71e édition du Festival du film de Berlin. Marina Palii est diplômée de l’Université nationale d’art théâtral et cinématographique I. L. Caragiale de Bucarest et de la Faculté de lettres, spécialisation Philologie (polonais-français). Actuellement, elle est comédienne au Théâtre classique Ioan Slavici d’Arad, dans l’ouest de la Roumanie. Elle a joué dans quatre films roumains et étrangers réalisés par des cinéastes renommés. Ecoutons Marina Palii parler du rôle qui l’a consacrée, Olga, de « Malmkrog », du cinéaste roumain Cristi Puiu. Ce film a été primé au Festival du film de Berlin. « Après la participation au Festival du film de Berlin de l’année dernière, les choses sont allées plutôt bon train. Tant à Sarajevo qu’à Berlin j’ai proposé un fragment vidéo, un collage des films Malmkrog et La forêt d’argent, probablement que cet aspect-là a également compté dans cette sélection. Pour en revenir à Malmkrog, ce fut une très belle expérience, qui m’a beaucoup aidée. Pratiquement, ce fut mon début dans le film d’auteur. Malmkrog et Olga ont constitué un véritable tour de force, qui m’a beaucoup aidée à renoncer à tout ce que je croyais être le jeu de l’acteur de cinéma et la construction d’un personnage, parce que dans ce film, je n’ai pas appliqué grand-chose de ce que j’avais appris à la faculté. Certes, à la faculté il n’y a pas de module entièrement consacré au cinéma, il n’y a que des ateliers, des cours qui ont lieu lorsque différents cinéastes sont invités. Une formation solide pour le cinéma n’est pas possible à la faculté et c’est pourquoi chacun arrive à apprendre comme il peut, par imitation, et en apprenant des choses auprès d’autres collègues. Ce fut donc un défi immense que de jouer le rôle d’Olga, de travailler avec Cristi Puiu, qui m’a conduite jusqu’à certaines limites que j’ai dû dépasser. Et là je pense surtout à la résistance physique, car jouer un rôle en français n’a pas été simple du tout. Ce qui plus est, il s’agit d’un texte assez difficile, il y a eu des improvisations, ce que j’ai beaucoup aimé. Le fait qu’un cinéaste m’a conféré la liberté d’improviser et m’a investie de sa confiance a été pour moi une immense joie, j’ai ressenti cela comme un moment de liberté totale. Il est extraordinaire que sur dix propositions faites, une seule est acceptée. Pour résumer, Olga a été un personnage à la création duquel j’ai beaucoup travaillé. »

    Marina Palii fait également partie de la distribution du spectacle « L’école et la famille », une démarche théâtrale construite sur des textes du grand dramaturge roumain Ion Luca Caragiale par le metteur en scène Cristian Ban et réalisé au Théâtre classique « Ioan Slavici » d’Arad.

  • Le marché d’art en Roumanie

    Le marché d’art en Roumanie

    Quelles ont été les performances du marché d’art et d’objets de collection de Roumanie en 2020? Nous avons échangé avec Alina Panico, responsable des relations publiques de la Maison de vente aux enchères « A10 by Artmark », sur les plus importantes maisons de vente aux enchères et transactions d’arts, sur les tendances du marché et sur les artistes plasticiens roumains les plus convoités: « Nous trouverons 5 maisons de vente aux enchères sur le marché d’art de Roumanie: A10 by Artmark, Alice, Quadro, Historic et Vicart. Si nous calculons la moyenne arithmétique des 10 transactions les plus importantes de 2020, il en résulte une moyenne de 116.250 euros. Si nous comparons ce chiffre à la moyenne du top 10 de 2019, soit 119.000 euros, il n’en résulte pas de différences significatives -environ moins 2,36%, mais, du point de vue du volume total du marché, les calculs partiels et provisoires indiquent pour 2020 une hausse de quelque 20% du nombre et de la valeur des transactions par le biais des enchères. Dans les enchères d’art de Roumanie, l’art de patrimoine continue d’en être le principal segment, notamment les créations des artistes d’importance nationale, qui concrétisent toujours les valeurs de marché les plus élevées. L’année 2020 a offert un nouveau record absolu pour le marché d’art de Roumanie: l’œuvre « Țărăncuță cu fuior pe cale/Jeune paysanne à la quenouille » de Nicolae Grigorescu a été adjugée 220.000 euros. Le peintre national est suivi par les grands maîtres Ștefan Luchian et Nicolae Tonitza, dont les œuvres « Vas cu garoafe/Vase aux œillets » et « Irina » ont été adjugées 125.000 euros et 120.000 euros respectivement. En 2020, l’art de patrimoine a été suivi par l’art contemporain, dont le record a été enregistré par l’œuvre « Untitled (Memory) » signé par l’artiste roumain contemporain le plus convoité dans le monde, qu’est Adrian Ghenie. L’œuvre a été achetée au bout de 27 pas d’enchère et de 10 minutes et 42 secondes, avec un prix de départ de 20.000 euros et adjugée 110.000 euros. »

    Nous avons voulus apprendre par Alina Panico des détails du processus d’authentification des œuvres d’art, combien sûrs les acheteurs peuvent être de l’objet d’art acheté: « Pour authentifier une toile, l’on prend en compte plusieurs aspects: le sujet, le support utilisé (toile à peindre, papier ou autres), les inscriptions au verso du tableau, les couleurs, la touche, les reproductions et les mentions dans les journaux de l’époque ou dans des catalogues d’exposition. En même temps, les œuvres d’art, les pièces de collection sont authentifiées par des experts autorisés par le ministère de la culture, par domaines d’expertise (par exemple, art plastique ou décoratif). Le travail d’expertise prend en compte le style, l’exécution, le thème, offrant plus d’informations que la signature de l’auteur. Ultérieurement, chaque œuvre est évaluée par un évaluateur qualifié, qui nous dit la valeur financière de l’ouvrage sur le marché, à ce moment-là. Seulement après avoir parcouru toutes ces étapes, les acheteurs peuvent être sûrs à 100% de l’authenticité des ouvrages qui viendront compléter leurs collections. »

    Notre interlocutrice, Alina Panico, nous a parlé du profil de l’acheteur d’art de Roumanie, des collectionneurs et du record roumain du marché d’art en 2020: « Nous avons des acheteurs intelligents et éduqués, qui continuent à acheter des objets d’art, car il n’en voient pas que la valeur culturelle, mais aussi un récipient de valeur financière dans lequel ils peuvent garder leur argent pendant une période d’insécurité. En thésaurisant par l’art, on s’attend à récupérer, à la fin d’une crise, au moins la valeur transférée dans l’œuvre d’art. Nous avons des acheteurs qui préfèrent une plateforme en ligne, car cette année, dans le contexte tellement connu qui a favorisé le transfert dans l’espace virtuel de toute l’activité de vente d’art, Le nombre de comptes de participation actifs, ouverts par les collectionneurs ou les investisseurs dans l’art, a littéralement explosé, ayant triplé en seulement quelques mois. Mais nous avons aussi des acheteurs qui deviennent solidaires avec les actions caritatives que nous lançons, en 2020 ayant eu 6 ventes aux enchères caritatives. Compte tenu du nombre double de ventes aux enchères au cours d’une année qui nous a déconcertés, secoués et mis très à mal, mais aussi compte tenu de la hausse de 20% des transactions d’art, de manière contre-intuitive, probablement, pour la plupart d’entre nous, nous pouvons conclure que, par des temps éprouvants, de nombreux Roumains ont opté plus clairement pour des valeurs fondamentales et durables, telles l’art, l’identité culturelle, l’histoire nationale et, pas en dernier lieu, l’action caritative. Il n’y a pas de classement officiel des collectionneurs d’art de Roumanie, mais nous pouvons dire que ces dernières années l’on a compris en Roumanie qu’avoir des objets d’art à la maison ne signifie pas nécessairement avoir un revenu substantiel. Les Roumains ont commencé à acheter des pièces de collections, des objets d’art même avec des valeurs financières moyennes. Mais en 2020, le record a été établi par le même artistes roumain contemporain le plus convoité, Adrian Ghenie, dont l’ouvrage de la série « Lidless Eye », qui déconstruit le portrait du peintre Van Gogh, a été adjugé plus de 5 millions d’euros chez Sotheby’s à Hong Kong. Et c’est toujours Ghenie qui occupe les positions 2, 3 et 4 avec des œuvres adjugées entre 2 et 4 millions d’euros chez Sotheby’s ou Christie’s. »

    A la fin de notre entretien, Alina Panico nous a fait part de plusieurs conclusions sur le marché d’art de Roumanie en 2020: « Donc, l’année 2020 s’inscrit dans la tendance à la hausse suivie par le marché d’art de Roumanie depuis quelques années. Continuant les hausses spectaculaires enregistrées déjà, les années précédentes, 2020 a été l’année où les joueurs du marché d’art se sont concentrés sur l’établissement de nouveaux records et hausses inattendues sur le marché, ils ont cherché un marché alternatif, où ils puissent sécuriser leur argent, en suivant les recommandations des investissements qui approchent la zone de thésaurisation – une destination qui a été utile pour préserver la valeur des épargnes, de l’argent, et l’art représente une forme extrêmement stable, comparé aux banques, par exemple. » (Trad. Ileana Taroi)

  • « Rendez-vous aux jardins » au Domaine Ion Ghica de Ghergani

    « Rendez-vous aux jardins » au Domaine Ion Ghica de Ghergani

    Situé à 40 km de la capitale, Bucarest, le Domaine Ion Ghica de Ghergani, dans la ville de Răcari du département de Dâmboviţa, a offert tout au long du mois de juin des expériences inédites aux visiteurs. Et pour cause, le Domaine a accueilli l’exposition « Exploring art and nature » organisé à l’occasion du projet français « Rendez-vous aux jardins » par lequel les communautés sont encouragées à découvrir les jardins publics ou privés à travers l’Europe. Le Domaine de Ghergani, la Roumanie le doit à Ion Ghica, une personnalité marquante de la seconde moitié du XIXème siècle. Homme politique libéral, académicien, économiste, mathématicien, écrivain, pédagogue et diplomate, Ion Ghica a été cinq fois premier ministre, quatre fois président de l’Académie roumaine et dix années durant, ambassadeur à Londres. Le domaine qui porte son nom est une oasis de verdure au cœur de laquelle se trouvent l’ancien manoir et une chapelle construite par le célèbre architecte du XIXème siècle Grigore Cerchez. Le parc s’étend sur 27 hectares et charme le visiteur par la beauté de la nature.



    Davantage sur l’exposition « Exploring art and nature » avec Ilina Schileru, plasticienne et une des commissaires de l’exposition : « L’exposition s’inscrit dans un circuit européen initié il y a 18 ans, en France, par le Ministère français de la Culture, et depuis trois ans, dans le reste de l’Europe aussi. Nous, les membres de l’Association D3M et le Groupe Etaj, nous nous sommes vu inviter par Madame Irina Bossy-Ghica, arrière-arrière-petite-fille de Ion Ghica et propriétaire du domaine de Ghergani, à organiser un événement à l’occasion du Rendez-vous aux jardins. Le tout, avec le soutien de Șerban Sturdza, ancien directeur en chef de l’Ordre des architectes et en charge des travaux de rénovation du manoir. En moins d’un mois, nous avons réussi à réunir 50 artistes, un nombre supérieur à ce que l’on s’était proposé dans un premier temps. Nous avons mis en place des installations, des sculptures, nos ouvrages se trouvent aussi bien dans la forêt que à l’intérieur du manoir. »



    Qui ont été ces artistes et quels ont été les thèmes abordés ? Ilina Schileru répond : « Je pourrais vous donner quelques exemples d’artistes urbains, comme Mihai Zgondoiu qui détient Atelier 302 ou encore Raluca Ilaria Demetrescu qui vient d’exposer dans la nouvelle partie que le Musée du paysan roumain a consacrée à l’art contemporain roumain. On a essayé de faire un mix d’artistes plus et moins connus, mais qui restent tous très importants. Et ce qui est encore plus important que leurs noms, c’est la relation qui s’est tissée entre eux et l’ambiance qu’ils sont arrivés à créer dernièrement. Car ils sont venus mettre l’exposition en place et du coup, ils se sont aidés réciproquement. C’est cet aspect de communauté artistique qui me tient le plus à cœur. Je n’arrête pas de plaider en faveur de la solidarité, je trouve cela très important. Surtout que notre communauté n’est pas nombreuse. Mais ensemble, on a réussi à obtenir un événement très beau, présenté à un public peu habitué à ce type d’art, ce qui a rendu l’exposition encore plus inédite. »



    Un projet proposé pour la première fois en Roumanie, et qui a eu un très grand succès. Effectivement, un important public roumain et français avait fait le déplacement pour visiter cette exposition le jour de son inauguration, en présence de SE Laurence Auer, ambassadrice de France en Roumanie. Les visiteurs, et j’en étais, ont passé une fin de journée superbe au Domaine Ion Ghica de Ghergani, dans son décor boisé, aux arbres centenaires, et animé par ces œuvres inédites des artistes contemporains. Sa propriétaire, Mme Irina Bossy-Ghica, se propose de le vouer à des événements culturels et artistiques dès lors que la rénovation du manoir sera terminée, et même avant. (Trad. Ioana Stancescu, Ligia Mihaiescu)


  • 12.06.2020 (mise à jour)

    12.06.2020 (mise à jour)


    Economie – La Banque mondiale va
    accorder un prêt de 150 millions d’euros à la Roumanie pour que le pays
    améliore la qualité et l’efficience de son système de santé. Les autorités
    roumaines visent plusieurs chantiers avec cet argent : moderniser le
    système de consultations à distance, améliorer le dépistage du cancer du col de
    l’utérus, acheter de l’équipement médical pour les brûlés et construire deux
    centres de soins pour les brûlés au sein de l’Hôpital pour enfants Grigore
    Alexandrescu de Bucarest et, respectivement, de l’Hôpital d’urgence de Târgu
    Mureş, au centre du pays.
    L’accord de prêt signé par Bucarest complète un financement initial accordé par
    la Banque mondiale pour un projet en cours de déroulement. Sa date butoir est
    le 31 décembre 2024.




    UE – La Commission européenne a
    commencé l’évaluation des plans nationaux d’investissement envoyés par les
    Etats membres qui souhaitent bénéficier du Plan européen de relance. L’exécutif
    européen a déjà réclamé à Bucarest des informations supplémentaires concernant
    les disparités entre les montants communiqués par le gouvernement pour les
    mêmes projets dans différents documents. La Commission dispose de deux mois
    pour aviser les plans nationaux, qui doivent nécessairement respecter deux
    conditions : chaque pays doit allouer au minimum 37% des fonds à la transition
    écologique et 20% au secteur digital. L’éducation, la santé, les transports,
    l’infrastructure, la digitalisation et la réforme de l’administration publique
    sont les principaux domaines d’investissement compris dans le Plan national de
    relance et de résilience de la Roumanie. Les quelques 30 milliards d’euro
    demandés à l’Europe devraient être dépensés avant la fin de l’année 2026.




    Coronavirus – Le nombre de
    contaminations au nouveau coronavirus reste bas en Roumanie. Samedi, on a
    rapporté 127 contaminations et 5 décès des suites de l’infection. 236 malades
    sont actuellement en réanimation. Le rythme de la campagne de vaccination a
    quelque peu ralenti – un peu plus de 41.000 doses de vaccin anti-Covid-19 ont
    été administrés dans les dernières 24 heures.




    Culture – Un nouvel espace d’art, les
    Ateliers Malmaison, a ouvert officiellement ses portes à Bucarest. Le projet,
    qui occupe environ 3 000 mc d’un bâtiment historique du centre de la capitale,
    regroupe une cinquantaine d’artistes, des galeries et des associations
    culturelles. C’est la plus importante initiative de ce type à Bucarest, et elle
    suit en quelque sorte le modèle de Cluj, avec Fabrica de pensule / La fabrique
    de pinceaux, reconnue au niveau international pour notamment ce qu’on a appelé
    l’Ecole de Cluj. Les Ateliers Malmaison occupent partiellement deux étages du
    bâtiment du même nom, vieux de 177 ans. Ici ont fonctionné, tour à tour, une
    école militaire, un tribunal militaire, une prison politique durant le régime
    nazi du maréchal Antonescu et un centre de détention de la Securitate au début
    du régime communiste. Les artistes qui s’y trouvent disent vouloir réintroduire
    le bâtiment dans la vie de la ville et démarrer ainsi une nouvelle étape de sa
    longue histoire.






    Football – Les derniers préparatifs
    sont en cours pour le coup d’envoi de l’UEFA Euro 2020 en Roumanie. Quatre
    matchs auront lieu sur l’Arène nationale de Bucarest, dont le premier, entre
    l’Autriche et la Macédoine du Nord, est prévu ce dimanche 13 juin au soir.
    Suivront Ukraine – Macédoine du Nord le 17 juin et Ukraine – Autriche le 21
    juin, tous comptant pour le groupe C, ainsi qu’une rencontre des huitièmes de
    finale prévue le 28 juin. Par ailleurs, deux équipes d’arbitres roumains font
    partie, pour la première fois, de la sélection de l’UEFA pour diriger les
    matchs de la compétition.






    Météo – Le mauvais temps ne quittera
    pas la Roumanie avant mardi, avec des pluies importantes à caractère orageux
    attendues sur la moitié nord du pays et des pluies de courte durée sur le reste
    du territoire. Les rivières de 15 départements sont sous vigilance jaune crues
    jusqu’à lundi midi. Les températures restent élevées, avec des maximales qui
    iront dans les prochaines 24 heures de 20 à 28°C.

  • 12.06.2021

    12.06.2021




    Coronavirus – Le nombre de
    contaminations au nouveau coronavirus reste bas en Roumanie. Samedi, on a
    rapporté 127 contaminations et 5 décès des suites de l’infection. 236 malades
    sont actuellement en réanimation. Le rythme de la campagne de vaccination a
    quelque peu ralenti – un peu plus de 41.000 doses de vaccin anti-Covid-19 ont
    été administrés durant les dernières 24 heures. Plusieurs mesures sanitaires évoluent à partir de ce samedi 12 juin. Davantage de personnes peuvent participer aux événements privés tels les mariages et les baptêmes, jusqu’à 200 personnes dans les espaces intérieurs et sans limite dans les espaces extérieurs, à condition que le taux d’incidence dans l’endroit où a lieu l’événement ne dépasse pas les 3 pour mille habitants et que les invités soient vaccinés, soient testés négatifs ou aient été malades de la Covid-19 dans les trois mois précédant l’événement. Le nombre de participants aux activités culturelles, artistiques ou de divertissement déroulées en plein air a également augmenté de 500 à 1 000. Toutefois, les participants sont tenus de respecter les mêmes conditions : vaccin, test négatif ou preuve d’une infection récente. De même pour les rassemblements électoraux, limités à 1 000 participants, qui doivent respecter aux mêmes règles.




    UE – La Commission européenne a
    commencé l’évaluation des plans nationaux d’investissement envoyés par les
    Etats membres qui souhaitent bénéficier du Plan européen de relance. L’exécutif
    européen a déjà réclamé à Bucarest des informations supplémentaires concernant
    les disparités entre les montants communiqués par le gouvernement pour les
    mêmes projets dans différents documents. La Commission dispose de deux mois pour
    aviser les plans nationaux, qui doivent nécessairement respecter deux
    conditions : la répartition des fonds envisagée par chaque pays doit allouer au
    minimum 37% des fonds à la transition écologique et 20% au secteur digital. L’éducation,
    la santé, les transports, l’infrastructure, la digitalisation et la réforme de
    l’administration publique sont les principaux domaines d’investissement compris
    dans le Plan national de relance et de résilience de la Roumanie. Les quelques
    30 milliards d’euro demandés à l’Europe devraient être dépensés avant la fin de
    l’année 2026.




    Culture – Un nouvel espace d’art, les
    Ateliers Malmaison, a ouvert officiellement ses portes hier à Bucarest. Le
    projet, qui occupe environ 3 000 mc d’un bâtiment historique du centre de la
    capitale, regroupe une cinquantaine d’artistes, des galeries et des
    associations culturelles. C’est la plus importante initiative de ce type à
    Bucarest, et elle suit en quelque sorte le modèle de Cluj, avec Fabrica de
    pensule / La fabrique de pinceaux, reconnue au niveau international pour
    notamment ce qu’on a appelé l’Ecole de Cluj. Les Ateliers Malmaison occupent partiellement
    deux étages du bâtiment du même nom, vieux de 177 ans. Ici ont fonctionné, tour
    à tour, une école militaire, un tribunal militaire, une prison politique durant
    le régime nazi du maréchal Antonescu et un centre de détention de la Securitate
    au début du régime communiste. Les artistes qui s’y trouvent disent vouloir réintroduire
    le bâtiment dans la vie de la ville et démarrer ainsi une nouvelle étape de sa
    longue histoire.




    Musées – La 17e édition de
    la Nuit des musées a lieu cette nuit en Roumanie, un peu avant la date retenue
    par d’autres pays européens, à savoir le 3 juillet. De nombreux événements se
    dérouleront dans près de 200 lieux culturels de 70 villes et villages un peu
    partout en Roumanie. A Bucarest, on compte plus de 40 espaces qui seront ouverts
    au public cette nuit, dont, et c’est une première, le bâtiment de l’Hôtel de
    ville, construit au début du 20e siècle. Ce soir, vous aurez le
    choix entre admirer des expositions, seuls ou lors de visites guidées, assister
    à différents concerts et spectacles ou bien découvrir des lieux plus secrets,
    comme les bâtiments des Instituts culturels étrangers ou des ateliers d’artistes.
    Lancée en 2005 par le ministère français de la Culture et placée aujourd’hui
    sous le patronage de l’Unesco, du Conseil de l’Europe et du Conseil
    international des musées, la Nuit européenne des musées a lieu tous les ans. En
    2020, à un moment où la pandémie de Covid-19 avait fortement impacté les
    institutions culturelles au niveau mondial, plus de 60 musées et opérateurs
    culturels roumains s’étaient organisés pour célébrer la Nuit de musées le 14
    novembre, notamment à travers des événements en ligne.








    Météo – Le mauvais temps continue ce
    week-end en Roumanie, avec la plupart du pays placée sous vigilance jaunes pluies,
    orages et vents forts. 15 départements sont sous vigilance jaune crues jusqu’à
    lundi midi, la où les quantités d’eau pourront dépasser, par endroits, les
    35-40 l/mc. Toutefois, les températures restent élevées, avec des maximales qui
    iront dans la journée de 20 à 29°C. 24° et un ciel couvert à midi à Bucarest.

  • Rendez-vous aux jardins 2021 en première en Roumanie

    Rendez-vous aux jardins 2021 en première en Roumanie

    Les 4, 5 et 6 juin, le Domaine Ion Ghica de Ghergani, situé dans la ville de Răcari du département de Dâmboviţa (sud), organise, avec lAssociation D3M, une célébration de lart roumain contemporain sous le titre Exploring art and nature – Explorations art et nature. Linterlocutrice de Ligia est Mme Irina Bossy-Ghica, propriétaire du Domaine. Retrouvez le programme complet de cet événement sur https://www.facebook.com/DomeniulIonGhica.

  • Art et tradition 2021

    Art et tradition 2021

    L’exposition Art et tradition 2021, initiée par la Galerie Arhiva de Arta, l’Archive d’art inaugurée à la mi-mai fermera ses portes le 23 mai. Il s’agit d’un événement à but caritatif qui se déroule en partenariat avec la Société nationale de Croix rouge de Roumanie, sous le haut patronage de sa majesté Margareta, gardienne de la couronne de Roumanie et membre du mouvement international de la Croix Rouge. Une quarantaine d’artistes contemporains – peintres, sculpteurs, dessinateurs – ont répondu au défi lancé par la Galerie l’Archive d’art.

    L’exposition est organisée exclusivement afin d’aider les enfants démunis des centres E.G.A.L. ouverts par la Croix rouge en Roumanie. D’ailleurs, ce n’est pas pour la première fois que cette galerie d’art contemporain indépendant, fondée par Ingrid Stegaru et dédiée à la promotion des artistes à la recherche d’un débouché sur le marché mondial de l’art, organise un événement à but caritatif. Ingrid Stegaru donne quelques détails sur l’exposition Art et Tradition 2021 ouverte au Musée du paysan roumain : « Nous avons fondé la Galerie de l’archive d’art pour aider les enfants. Ce fut un projet que j’ai eu au cœur, et une des raisons pour laquelle j’ai lancé ce projet est le fait que je ne peux pas avoir d’enfants. Une autre raison est le fait que les artistes ne sont pas soutenus comme il le faut et nombre d’entre eux n’ont pas le courage de frapper aux portes d’institutions roumaines pour présenter leurs projets et expliquer qu’ils souhaitaient organiser une exposition. Nous essayons de monter ces expositions surtout dans les institutions d’Etat, dans les musées, où les œuvres peuvent être exposés dans des conditions adéquates. Nous collaborons avec nombre d’artistes membres de l’Union des plasticiens, tels Mircea Muntenescu, Dan Băncilă, Alina Băncilă, Dorina Șuteu, Dorin Apreutesei, Magda Urse. Ils ne sont d’ailleurs que quelques-uns des près de 200 artistes membres de l’Union avec lesquels nous avons collaboré. Par les événements organisés, la galerie de l’archive d’art se propose de venir en aide des enfants démunis et cette coopération avec la Croix rouge nous réjouit beaucoup, puisque c’est elle qui a initié les centres E.G.A.L. Avec l’argent que nous avons remporté ces derniers mois suite à l’organisation de tels événements, nous avons réussi à acheter aux enfants des jouet et des sucreries, bref toute sorte de cadeaux à Pâques ». a expliqué Ingrid Stegaru, fondatrice de la Galerie de l’archive d’art.

    N’oubliez pas donc, en visitant cette exposition ouverte jusqu’au 23 mai au musée national du paysan, vous aurez l’occasion non seulement d’admirer des œuvres d’art contemporain, toiles et sculptures, inspirées de l’art traditionnel, mais aussi de faire le bonheur de plusieurs enfants démunis de Roumanie. Mentionnons aussi que la Croix rouge roumaine a fondé quatre centres d’accueil appelé les centres E.G.A.L, acronyme d’Education, Générosité, Habiletés et Liberté à l’intention des enfants qui ont besoin de chances égales à une vie normale. Dans chaque centre, une cinquantaine de bénéficiaires – enfants, jeunes et leurs parents sont inclus chaque jour dans un programme intégré de développement, déroulé avec l’appui de bénévoles.

  • La correspondance comme art et liant entre les générations

    La correspondance comme art et liant entre les générations

    Le Musée national d’art contemporain de
    Bucarest (MNAC) continue d’être près des gens. Cette fois-ci, un nouveau projet
    a attiré notre attention. Baptisé « L’art par correspondance », il vise à
    tisser des liens authentiques entre les seniors, les enfants et l’art contemporain,
    d’abord à travers une série d’activités pilotes. Démarrées en janvier 2021,
    elles font partie d’une démarche de longue haleine. En clair, il s’agit de
    faciliter les échanges entre enfants et seniors par le biais de la
    correspondance, de créer des liens émotionnels entre eux, mais aussi avec l’art
    contemporain, à une époque où la solitude pèse lourd, surtout sur les
    communautés isolées.




    Mălina Ionescu, responsable du volet
    éducation au sein du Musée national d’art contemporain de Bucarest, explique : « Ce
    modèle de collaboration est largement utilisé à l’étranger, depuis un certain
    temps. Notre programme « Community Art » s’adresse aux milieux scolaires en
    général, mais nous essayons également d’atteindre les communautés scolaires qui
    n’ont pas la possibilité de venir ici, à savoir les communautés défavorisées ou
    celles qui n’habitent pas Bucarest. Comme nous connaissons les enfants de
    Teach for Romania et les seniors de Seneca Anticafe,
    nous avons pensé que le musée pourrait très bien jouer le rôle de liant entre
    eux. Ce liant est donc la correspondance, car, malheureusement, pour le moment,
    la visite du musée et le contact direct entre les deux groupes de bénéficiaires
    sont impossibles dans le contexte de la crise sanitaire actuelle. »


    Notons que Seneca Anticafe est une
    librairie en ligne dont une partie des recettes sert à envoyer des colis
    alimentaires aux personnes âgées ; Teach for Romania,c’est le
    nom du programme qui aide les jeunes dont le talent et les aptitudes leur
    permettront de devenir des enseignants inspirants, promoteurs d’une pédagogie
    innovante.






    Le projet se propose de créer des équipes
    formées de seniors et de juniors qui, six mois durant, échangent leurs
    réflexions par le biais des lettres. Les enfants ont appris des notions d’art
    contemporain à partir desquelles ils ont écrit des lettres à thème, lors d’un
    atelier virtuel, organisé sur Zoom.






    Mălina Ionescu, notre interlocutrice, détaille
    : « Jusqu’à présent, nous n’avons eu qu’un seul atelier, pendant lequel
    les enfants ont présenté aux seniors l’ensemble du projet. Nous leur avons
    proposé la correspondance comme moyen de créer des liens entre des personnes
    appartenant à des tranches d’âge qui pourraient leur être très familières :
    petits-enfants, pour les seniors et grands-parents, pour les enfants. Ils ont
    donc endossé ces rôles et ont, bien sûr, interagi en tant qu’amis éloignés. Le
    projet a commencé avec les enfants. Lors du premier atelier, nous leur avons
    expliqué ce que signifie une correspondance, en général. N’oublions pas que la
    notion de courrier n’est plus si familière de nos jours, vu que la
    communication est presque entièrement numérique. Nous avons également parlé de
    la façon dont une lettre peut devenir une forme d’art. Et là, on se réfère tant
    à la lettre en soi qu’à l’expédition de la missive. Le projet n’en est qu’à ses
    débuts. »






    La phase pilote du projet rassemble 30 seniors
    seuls de Giurgiu, inscrits dans le programme « Nos grands-parents »,
    et 30 enfants de 12 à 13 ans, de deux écoles des villages de Herăști et
    Izvoarele, du département de Giurgiu, incluses dans le programme « Teach
    for Romania ».






    L’enthousiasme initial mis à part, on
    ignore comment cette correspondance va se dérouler, avoue Mălina Ionescu, qui ajoute
    : « La première proposition était de considérer que la lettre est en
    elle-même une forme d’art, au-delà, bien sûr, de son tout premier rôle, à
    savoir celui de vecteur de communication. Communiquer par des lettres, c’est
    quelque chose de nouveau pour les enfants. Notre approche légèrement différente
    de ce qu’est la correspondance postale, à savoir la lettre, l’enveloppe et
    l’envoi postal a représenté le premier pas vers la notion de mail-art. La
    lettre peut devenir une forme d’expression artistique, lorsqu’on se rapporte au
    signe graphique comme à une image, autrement dit si l’on s’intéresse non
    seulement au contenu, mais aussi à la forme qui l’accompagne. Pour les enfants,
    le papier à lettre et l’enveloppe sont devenus des feuilles à couvrir de
    dessins, de peintures. Nous leur avons présenté plusieurs exemples de jeu avec
    l’enveloppe et l’écriture. On leur a également fourni des crayons de couleur et
    de l’encre de différents types pour qu’ils puissent aller au-delà d’une simple
    lettre où tout ce qui compte, c’est le message transmis par les mots. »






    Mălina Ionescu nous a parlé de la
    prochaine étape du projet : « Nous espérons que les seniors seront très
    réceptifs, qu’ils se laisseront prendre au jeu. Nous souhaitons qu’ils prennent
    plaisir à échanger avec les juniors, qu’ils portent un regard différent sur la
    correspondance postale et qu’ils comprennent que la lettre peut servir de forme
    d’expression personnelle. Pour la prochaine étape, notre objectif c’est
    d’organiser, lorsque ce sera possible, des rencontres entre seniors et juniors,
    par le biais des visites du musée et des ateliers, qui permettront aux gens de
    se rapprocher les uns des autres, mais aussi du musée. »




    Dans les mois qui viennent, les enfants
    pourront participer à un atelier Zoom pour fabriquer différents objets et
    écrire des lettres, qui parviendront aux seniors au même moment où ils
    recevront le colis alimentaire envoyé régulièrement par Seneca. L’échange de
    lettres sera possible grâce aux bénévoles de Seneca et de Teach for Romania. (Trad. Mariana Tudose)

  • Contemporary art at the time of the pandemic

    Contemporary art at the time of the pandemic


    The National Museum of
    Contemporary Art in Bucharest has never ceased to be close to people in many
    ways, and we’ve grown accustomed to that. This time, one of the museum’s new
    projects drew our attention. It is themed Art through correspondence.
    The project seeks to create a genuine bond between seniors, children and
    contemporary art. Initially, the project has been implemented through a string
    of pilot activities that took off in January this year but which are
    nonetheless part of a long-term undertaking. The eventual aim of the project is
    bringing together, through correspondence, the children and the elderly, also
    creating emotional ties between people of those age brackets as well as a bond
    of a different order, between those people and contemporary art, at a time when
    the feeling of loneliness takes its toll on people’s psyche, especially in the
    isolated communities. Mălina Ionescu is the head of the National Museum of
    Contemporary Art’s education section.

    Malina Ionescu:

    It is
    a model of working together that in recent years has been used on a large
    scale, abroad. And because we, at the museum, through our ‘Community Art’ program, have been trying to
    relate to school communities in a broader sense and we have also been trying to
    reach out to the school communities that do not have the possibility to come to
    us, be they underprivileged communities or communities lying outside Bucharest,
    and then we thought that, because we know the children with Teach for Romania or
    the elderly people with the Seneca Anticafe, the museum would be a proper bond
    when it comes to having the two relate to one another. We have been doing that
    through correspondence, sadly, because this is the context that we’ve got and
    because the direct contact with the museum, but also between the two groups of
    beneficiaries, is, as we speak, impossible.


    For a six-month timespan,
    the project seeks to form senior-junior teams that on a monthly basis will
    convey their thoughts through letters turned works of contemporary art.
    Children have learned notions of contemporary art, based on which they created
    thematic letters as part of a workshop Malina Ionescu gave on Zoom.

    Malina Ionescu:


    For the time being, I’ve only had one
    workshop with the children, and I also
    had one presentation of the whole project for the seniors. The suggestion has
    been made, that of the correspondence, to the children as well as to the
    seniors, it was presented to them as an opportunity to befriend correspondents
    belonging to age brackets that could be very familiar to them, nephews, for the
    elderly, and grandparents, for the children. They placed themselves in such positions,
    of grandparents and nephews and of course, that of distance friends. The
    project began with the children, we’ve had the initial workshop where we span
    the yarn of what having a correspondence meant, in general, since the concept
    is quite unfamiliar, given that, almost all correspondence and communication
    are digital, we also spoke about how a letter can in fact become a work of art,
    in its own right, but also through the process of posting it as the letters are
    to be received by the senior. The project is still in its early days.


    The project’s pilot stage brings
    together 30 lonely grandparents in Giurgiu county, currently on a program
    labelled Our grandparents, there are 30 schoolchildren aged 12 and 13, from the
    Herasti and Izvoarele villages, Giurgiu county, who are registered with two
    schools that have been included in the Teach for Romania project.


    The parties involved have
    got enthused in the beginning. However, nobody knows what turn the
    correspondence project is going to take.

    Malina Ionescu:


    The
    first suggestion was to view correspondence as a form of art, rather than view it
    as a form of communication. Of course, the challenge we’ve had was twofold,
    since for the children, communication itself was something unusual, under that
    form, the written one, a physical one, that is, while for the elderly, it was
    not, whereas the fact that we have come
    up with an approach that was slightly off-the-beaten-track as regards what a
    letter and an envelope meant and the idea of posting it, that was a primary contact
    with what mail-art meant, the letter which itself can turn into a form of
    artistic expression, when we relate to the graphic and the visual sign as if
    they were an image and not just an ordinary form of the written text, capable of
    conveying the content alone and when the text and the form to go with it become
    just as important as the message itself, through drawings, through
    interventions. What they in fact did was to view the page and the envelope as
    pages on which they could draw and paint. We presented children with various
    means of playing, with the envelope and with the letter, with the message, and
    we made available for them all sorts of colors and pencils and ink, enabling
    them to go beyond the letter where all that matters is what you convey through
    words alone.


    Malina Ionescu tells us what is expected from the next step to be taken
    as part of the project.


    We hope the
    elderly will be quite responsive as well and, when it comes to the next
    letters, they will answer too and will be encouraged to go beyond the
    correspondence proper with a child and what they would like to convey to that
    child and
    use that medium as a form of
    personal expression, since that’s what it’s all about after all. And what we
    most want is that, in the next stage of the project, when it is possible, we should
    bring the children and the elderly together at the museum, for a couple of
    workshops and visiting sessions so that certain bonds may become stronger, between
    them, but also between them and the museum.


    Each of the coming months
    will see a workshop for children being held on Zoom. Children will create all
    sorts of materials and will write letters that will be sent to the seniors
    together with the usual food parcel Seneca sends them every month. The exchange
    of letters will be made possible through the Seneca volunteers and through
    Teach for Romania.






  • Le monastère de Văcărești

    Le monastère de Văcărești

    Le monastère a disparu en 1986, mais le nom de Văcărești nous est resté, puisqu’il désigne le boulevard qui mène à Piața Sudului/la Place du Sud et au parc naturel formé près de l’ancien site du monastère. Le 29 octobre 1974, l’organisme législatif de la République Socialiste de Roumanie adoptait une loi qui lançait « la systématisation urbaine et rurale » du pays, autrement dit la politique de démolition d’une partie du centre-ville de Bucarest imaginée par Nicolae Ceauşescu. Jusqu’en 1977, cette politique avait été appliquée plutôt localement, en prêtant attention aux détails. Mais, après le tremblement de terre catastrophique de cette année-là, Ceaușescu a changé d’approche, imposant des démolitions brutales et le découpage de grandes artères de circulation. Des dizaines de milliers de logements pavillonnaires particuliers, des bâtiments uniques, tels l’Hôpital Brâncovenesc et l’Institut de médecine légale « Mina Minovici », et des églises ont été abattus. Ce fut aussi le cas du grand monastère de Văcăreşti.



    L’ensemble monastique avait été bâti entre 1716 et 1722 par Nicolae Mavrocordat, le premier prince régnant phanariote de Valachie nommé par l’Empire ottoman. Les deux enceintes de l’ensemble occupaient environ 18.000 mètres carrés, parmi les vergers éparpillés sur la colline de Mărţişor. Pour l’architecte George Matei Cantacuzino (Cantacuzène), le monastère de Văcăreşti était « un sommet de l’art brancovan ». Le film documentaire « Calea Văcărești/L’avenue Văcărești », réalisé au début des années 1970 à la demande du Musée d’histoire de la ville de Bucarest, est la seule pièce d’archives qui montre en détail l’immense monastère perdu. Les images en sont d’autant plus précieuses pour le spectateur d’aujourd’hui. Dans cette édition de notre rubrique, nous vous invitons à écouter deux extraits de la bande-son du film. Le premier explique l’importance de la tradition de l’architecture valaque des siècles antérieurs dans la construction du monastère de Văcărești.



    « La construction de l’ensemble monastique de Văcărești a commencé au printemps de l’année 1716, sur un escarpement de la colline, avec une vue exceptionnelle sur le bourg de Bucarest. Les travaux ont été finis en 1722. Son fondateur était Nicolae Mavrocordat, le premier prince de la série des règnes phanariotes en Valachie, comme le rappelle l’inscription votive en langue roumaine, frappée en pierre. Les édifices valaques les plus renommés étaient l’Eglise princière de Curtea de Argeș, le monastère de Cozia fondé par le prince Mircea le Vieux, le monastère de Mihai Vodă, qui à l’époque se trouvait dans la partie « haute » de Bucarest, tandis que le monastère de Radu Vodă se était dans la partie « basse » du bourg, l’église Sfântul Gheorghe/Saint Georges également de Bucarest, mais surtout le monastère de Hurezi, érigé par le prince Constantin Brâncoveanu/Brancovan. Ce furent les monuments — sources d’inspiration pour les maîtres-bâtisseurs du prince Nicolae Mavrocordat qui allaient construire l’ensemble monastique de Văcărești. »



    Le monastère bâti par la famille Mavrocordat était un sommet des arts du 18e siècle en Valachie. La preuve — les colonnes, les bas-reliefs, les décorations intérieures et extérieures de l’église. L’ensemble abritait la plus grande bibliothèque du pays, un cave à vins, des bâtiments et des dépendances utilisés par la communauté de moines. Le second extrait de la bande-son du film documentaire parle des dons importants faits par le prince Nicolae Mavrocordat à l’établissement dont il était le fondateur et qu’il chérissait tant, un mérite reconnu par la postérité.



    « Le prince a fait de riches dons à l’établissement, qu’il avait fondé, et il a décidé que l’argent soit utilisé pour « accueillir les étrangers, nourrir ceux qui ont faim, soigner les malades, consoler ceux qui étaient en prison ». Lorsque Nicolae Mavrocordat fut emporté par la peste en septembre 1730, il a été enterré à l’intérieur de l’église du monastère, dans une tombe en marbre, dont la pierre tombale était décorée des armoiries des deux pays dont il avait été prince régnant. »



    Au bout de plus d’un siècle de vie monastique et spirituelle, au milieu de du 19-siècle, le monastère de Văcăreşti change d’utilisation. Lors de la Révolution de 1848, qui avait ébranlé l’Europe entière, l’armée russe y emprisonne des chefs des révolutionnaires valaques, transformant ainsi l’établissement en maison d’arrêt. D’ailleurs, la construction se prêtait à une telle utilisation, puisque le prince Nicolae Mavrocordat avait prévu, dans la première enceinte, une résidence princière et un corps de garde pour les troupes qui assuraient sa protection. En 1868, le monastère est officiellement transformé en prison, où étaient incarcérés les auteurs de complots contre l’Etat, alors que l’église et la seconde enceinte préservaient leurs utilisations initiales. Des personnalités importantes de la littérature roumaine, dont les écrivains Liviu Rebreanu, Tudor Arghezi, Ioan Slavici, ont été détenues à Văcărești. Le fondateur, en 1927, du mouvement fasciste de la Légion de l’Archange Michel, Corneliu Zelea Codreanu, a lui aussi été incarcéré là-bas, une des icônes exposées à l’intérieur de l’église lui ayant servi de source d’inspiration. Le régime communiste installé en Roumanie 1947 a emprisonné à Văcărești des gens quelconques et des adversaires politiques, tels l’évêque grec-catholique Vasile Aftenie.



    La menace de la disparition de l’ensemble de Văcăreşti commence à se faire sentir au début des années 1980. La décision de le démolir a été prise pour faire de la place aux projets de construction d’un gigantesque palais des congrès, d’un immense stade, d’un complexe de sport et d’un siège de tribunal. Les efforts désespérés des spécialistes de sauvegarder l’ensemble n’ont pas abouti. Ceauşescu en personne a donné l’ordre de le démolir le 2 décembre 1984. Les croix, les colonnes et toutes les pièces sculptées qui ont pu être sauvées de la destruction ont été ensuite abritées aux palais de Mogoşoaia et, en moindre mesure, à l’église Stavropoleos de Bucarest. En 1990, il a existé une proposition de reconstruire l’ensemble monastique dans son intégralité, mais à présent, c’est un centre commercial qui se dresse à sa place.


    (Trad. : Ileana Ţăroi)

  • EXPO_02_GEN ou la représentation du genre dans la photographie

    EXPO_02_GEN ou la représentation du genre dans la photographie

    EXPO_02_GEN est la deuxième exposition, dans une série de
    trois, qui présente une sélection de la Collection d’images de Mihai Oroveanu.
    Historien de l’art, photographe, commissaire d’exposition et collectionneur,
    Mihai Oroveanu avait aussi une fine connaissance de la scène d’art
    internationale. Il a organisé et co-organisé de nombreuses expositions et a
    écrit plusieurs livres d’art, dont « Les ateliers d’artistes de
    Bucarest » et « La Roumanie Moderne. Documents photographiques
    1859-1949 ». Mais surtout, il a eu un rôle essentiel dans la création du
    Musée national d’art contemporain, dont il a été le directeur depuis
    l’ouverture en 2001 et jusqu’à sa mort en 2013.


    Le projet « L’image photographique entre passé et avenir »,
    dont fait partie l’exposition EXPO_02_GEN, cherche à explorer et à mettre en
    valeur la riche collection constituée par Mihai Oroveanu, une des plus
    importantes archives photographiques de Roumanie. Le projet, porté par la
    galerie bucarestoise Salonul de proiecte,
    en partenariat avec Fotogalleriet Oslo,
    a d’ailleurs été conçu pour palier à l’absence d’institutions dédiées à la
    photographie ou à l’étude de l’image en Roumanie. Les trois expositions prévues
    dans le projet peuvent être visitées dans les locaux de Salonul de proiecte, à l’intérieur du le Palais Universul à
    Bucarest, là où durant la première moitié du 20e siècle a fonctionné la
    typographie du journal du même nom.




    EXPO_02_GEN montre un large éventail de techniques qui
    mettent en lumière l’évolution du dispositif photographique. La sélection des
    images fait penser au montage vidéo, avec des juxtapositions inattendues qui
    bousculent le sens donné traditionnellement aux images, pour stimuler l’interprétation
    personnelle. C’est Magda Radu, commissaire d’exposition et historienne de l’art,
    qui nous parle des différences entre EXPO_02_GEN et la première exposition du
    projet : « C’est une exposition largement différente de la
    première, tant dans la configuration, que dans la scénographie et l’approche.
    Elle présente, aussi, beaucoup plus de pièces de l’archive de Mihai Oroveanu.
    La première exposition était dédiée à l’exploration de l’espace urbain de
    Bucarest, à la ville en transformation durant différentes époques. Cette
    fois-ci, le sujet est différent et il est très présent dans l’archive. C’est
    pourquoi nous avons proposé de regarder la représentation du genre dans
    l’immense panoplie d’images qu’offre la collection de Mihai Oroveanu. »




    Ouverte sans bénéficier d’un vrai vernissage, EXPO_02_GEN
    peut être visitée durant quatre mois, de début mars à début juillet. L’expo met
    en avant des figures féminines, porteuses d’une vision modernisatrice du pays.
    Magda Radu nous la détaille encore : « Il s’agit, pratiquement, d’une analyse des
    représentations du genre dans plusieurs types de photos – des photographies du
    19e siècle jusqu’à celles des dernières décennies de la période communiste.
    Vous pourrez y voir beaucoup de photos de studio, très répandues en Roumanie à
    la fin du 19e. Il y avait de nombreux studios photo dans le pays, comme le
    studio « Julieta » à Bucarest et autres. Ces studios avaient leurs propres
    accessoires, costumes et décors, divers et variés. Par ailleurs, il y a aussi
    des instantanés anonymes, et là on peut y voir beaucoup de scènes de fête.
    C’était l’époque où une photographie était un événement dans la vie de tout un
    chacun. »




    Pour voir tout cela, vous avez jusqu’à début juillet pour
    vous rendre au Palais Universul de Bucarest, dans la galerie Salonul de proiecte. Sinon, rendez-vous
    sur la page Facebook de la galerie, où vous pourrez voir une partie des images de la riche
    collection de Mihai Oroveanu. (Trad. Elena Diaconu)

  • Un centre commercial et son… musée

    Un centre commercial et son… musée



    Pop Up Museum, cest le projet culturel dun centre commercial de Bucarest, Sun Plaza, qui se propose de présenter aux habitants de la capitale les musées de leur ville. Lancé en 2020, Pop Up Museum a mis en place trois expositions lannée dernière, en collaboration avec le Musée des chemins de fer roumains, avec le Musée du parfum et avec lInstitut astronomique de lAcadémie roumaine.



    La première exposition de cette année est une expo photo dédiée aux achats dautrefois, aux grands marchands de la capitale roumaine et à la manière de promouvoir leurs produits bien avant lindustrie de la publicité. Le Musée de la ville de Bucarest est le partenaire de cette exposition ; son directeur, Adrian Majuru, explique : « Cest le centre commercial qui en a eu lidée. Nous avons répondu à linvitation dy installer une exposition, nous avons proposé le thème et le concept et nous y voilà. Cest une histoire dédiée aux emplettes au cours de lhistoire, à Bucarest et dans les alentours de la capitale, qui sétale sur environ 300 ans. Lintérêt du musée, à travers cette récupération dimages darchives et dactivité, cétait dobserver ce que lon avait gardé dans les habitudes liées aux courses, mais aussi ce que lon a perdu et, surtout, ce que lon va perdre : tout dabord linteraction avec le vendeur. Dans le passé, on allait dans un magasin de tissus, on choisissait la couleur, la texture, on discutait avec le vendeur qui nous donnait des conseils en fonction des vêtements que lon souhaitait se faire faire du tissu en question. Ce type de dialogue avait aussi lieu dans une mercerie, même dans une épicerie ou chez un maraîcher. Le changement, surtout après 1990, cest la possibilité de choisir seul ses produits et déliminer ainsi linteraction avec le vendeur. Cela a pris de plus en plus dampleur, notamment après les années 2000, avec les centres commerciaux. Leur ancêtre, cest le magasin universel, qui existe depuis le 19e siècle en Europe de lOuest, et que lon a connu aussi en Roumanie, à compter de 1948, avec une franchise des magasins Lafayette – cest lancien magasin Victoria, situé avenue de la Victoire. Dans ce type de magasin on rencontre éventuellement les caissiers, avec lesquels on échange éventuellement un regard au moment de régler – par carte ou en espèces. »



    Le shopping en ligne, cest le présent et sûrement lavenir du commerce. Mais regarder en arrière garde toujours son intérêt, cela peut nous aider à mieux comprendre notre époque. Adrian Majuru, directeur du Musée de la ville de Bucarest, sur la proposition faite aux visiteurs du centre commercial Sun Plaza : « Une flânerie dans le temps, du 18e siècle jusquà la fin des années 80, avec des intérieurs de magasins, des clients et des vendeurs, et beaucoup de types de magasins différents : des librairies et des boutiques de maraîchers jusquaux magasins de meubles ou de tapis. Ce sont des choses que lon ne retrouve plus aujourdhui dans laménagement dun centre commercial, car le magasin universel englobe tout cela. Le type de commerce vraiment spécifique pour lépoque actuelle, cest le magasin de bricolage intérieur et extérieur. Beaucoup dentre nous avons aménagé nos appartements en faisant usage dune variété de gestes quotidiens que lon naurait même pas imaginés il y a 50 ans. Nous allons donc vers un type de service commercial et de vie quotidienne qui modèlent nos comportements et nos mentalités. Le maître-mot pour le futur, mais qui est déjà présent, cest le confort. »



    Le Musée de la ville de Bucarest a une vraie volonté dinvestir des espaces alternatifs. Adrian Majuru nous en parle en détaillant un peu plus le dispositif utilisé pour lexposition du Pop Up Museum : « Image et texte, car on ne peut pas les séparer. Nous avons surtout choisi des images du secteur 4, où est implanté ce centre commercial. Cela fait quelques années que nous sortons de nos espaces muséaux, car le public non-muséal est ailleurs, dans les centres commerciaux par exemple. Ce nest dailleurs pas notre première présence dans un centre commercial. Nous allons aussi investir bientôt une zone sécurisée à laéroport dOtopeni. Nous allons exposer des pièces de patrimoine dans le Terminal départs. Nous continuerons aussi notre collaboration avec lexposition Art Safari, avec de grands projets artistiques dans des espaces informels. Et ce qui nous intéresse vraiment, cest dentrer dans les écoles, où nous souhaitons organiser des expositions autour de léducation. »



    Pop Up Museum proposera encore trois expositions de trois musées, en accès libre jusquen juillet 2021. Après lexposition dédiée aux achats et aux emplettes, une autre ouvrira au mois de mai, sur un siècle de télécommunications en Roumanie. On pourra y voir les téléphones et les radios de nos grands-parents, mais aussi des équipements de communication utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale, partie de la collection du Musée des télécommunications. La troisième exposition de lannée nous fera découvrir le monde de laviation roumaine avec la participation du Musée de laviation. Maquettes des avions réalisés par les pionniers de laviation en Roumanie, objets et documents ayant appartenu à lingénieur Aurel Vlaicu, concepteur du premier avion de construction métallique du monde, uniformes et simulateurs de vol, technique de radiolocalisation et de lartillerie antiaérienne, une partie de la collection du Musée sera à découvrir bientôt dans le Pop Up Museum de Sun Plaza, à Bucarest. (Trad. Elena Diaconu)






  • Romania’s art market in 2020

    Romania’s art market in 2020


    What were the performances of the art and collectible objects market in Romania in 2020? RRI talked to Alina Panico, PR Manager with the A10 by Artmark, about the most important auction houses and art transactions, about trends in the market and about the most sought-after Romanian fine artists:



    Alina Panico: “Operating in Romanias art market are 5 auction houses: A10 by Artmark, Alice, Quadro, Historic and Vicart. If we were to make an arithmetic means of the top 10 auction sales in 2020, we get an average of 116,250 euro. Compared to the figure for 2019, the difference is not substantial: about negative 2.36%, but in terms of the total market volume, preliminary data point to an approx. 20% increase in 2020 of the number and value of auction sales compared to 2019. Most of the Romanian art auctions involved heritage items, especially works by national “classics. The year 2020 brought a new all-time record for the Romanian art market: the painting “Peasant Woman with Distaff by Nicolae Grigorescu was sold for 220,000 euro. The national painter Nicolae Grigorescu is followed by great masters Ștefan Luchian and Nicolae Tonitza, whose works “Vase with carnations and “Irina sold for 125,000 Euro and 120,000 euro respectively. Heritage art was followed in 2020 by contemporary art, where the record was set by “untitled (memory) by the most sought-after Romanian artist internationally, Adrian Ghenie. His work was sold for 110,000 euro in 27 steps taking 10 minutes and 42 seconds, from an opening price of 20,000 euros.



    We also asked Alina Panico about the art authentication process. How certain can buyers be about a work of art that they purchase?



    Alina Panico: “Several aspects are taken into account in authenticating a painting: the themes, canvas, colour scheme, brush strokes, references in the media of the time or in exhibition catalogues. Collectibles are also certified by experts authorised by the Culture Ministry and qualified in various areas, such as fine art or decorative art. Expert reports look for more information than the artists signature. Subsequently, a qualified appraiser will tell us the financial value of that particular art work in the market. Only after taking all these steps can buyers be 100% certain of the authenticity of the works they intend to purchase.



    Alina Panico also told us about the profile of the art buyer in Romania, about collectors and the Romanian record in last years art market:



    Alina Panico: “We have smart and educated buyers, who continue to purchase art not only for its cultural value, but also as a financial instrument to preserve their savings at a time of great uncertainty. When you keep your savings in art works, you expect at the end of a crisis to get back at least the same amount of money you have invested. We have buyers who prefer an exclusively online platform, and given this years context, which encouraged the transfer of all art sales online, the number of active accounts opened by art collectors or investors tripled in a matter of months. We also have buyers who embrace the charity causes that we promote, and in 2020 we had as many as 6 charity auctions. If we take into account the doubling of the number of charity auctions in a year that has confused and tried all of us, and the 20% increase in transactions involving art works and collectible objects, the conclusion that may surprise many of us is that at difficult times many Romanians made a clear choice to support fundamental and long-standing values like art, cultural identity, national history and charity. There is no official standings of art collectors in Romania, but we could say that over the past few years people have come to understand that keeping art works in ones home is not necessarily conditional on substantial incomes. Romanians have started to purchase collectible objects, art works with medium financial costs. But in 2020 the record was set by the internationally acclaimed Romanian contemporary artist Adrian Ghenie, whose work in the “Lidless Eye series, deconstructing Van Goghs portrait, was sold by Sothebys in Hong Kong for more than 5 million euro. Ghenie also holds the second, third and fourth places in this top, with works sold at Sothebys or Christies for 2 to 4 million euro.



    At the end of our talk, Alina Panico drew a few conclusions on the year 2020 in the Romanian art market:



    Alina Panico: “So 2020 stayed on the upward trend that took shape in the Romanian art market a few years ago. With spectacular increases similar to those seen in previous years, 2020 was a year when players in the art market focused on setting new records and unexpected market increases, on finding an alternative market to invest their money, and art was a highly stable option compared to banks, for instance. (tr. A.M. Popescu)