Tag: art

  • La semaine du 15 au 21 février

    La semaine du 15 au 21 février

    La Roumanie, parmi les pays européens ayant vacciné le plus de personnes

    La Roumanie compte toujours parmi les Etats de l’Union européenne qui ont vacciné le plus de personnes contre la Covid-19, a déclaré le coordinateur de la campagne nationale de vaccination, le médecin Valeriu Gheorghiţă. Le responsable a ajouté que les bénéfices de la vaccination étaient déjà visibles dans le pays, deux mois seulement après le début de la campagne d’immunisation. D’après les chiffres officiels, près de 90% des personnels médicaux ont reçu les deux doses et plus de 98% des soignants ont reçu la première injection. En ce moment, la Roumanie est en train de vacciner les personnes de plus de 65 ans, les malades chroniques et les salariés des secteurs jugés essentiels. La plupart des doses administrées jusqu’à présent provenaient des laboratoires Pfizer/BioNTech, mais les vaccins Moderna et AstraZeneca sont aussi utilisés depuis ce mois-ci. Plus de 1,3 millions de doses ont été utilisées en Roumanie depuis le début de la campagne de vaccination, le 27 décembre dernier, a encore précisé le Comité national de coordination de la campagne d’immunisation contre la Covid-19. A partir de la mi-mars, le rythme de vaccination connaîtra une accélération considérable, car 200 cabinets médicaux supplémentaires commenceront à administrer des doses.

    Le régime spécial de retraite des sénateurs et des députés, abrogé par le Parlement de Bucarest

    Le Parlement de Bucarest a adopté, mercredi, à une large majorité, un projet de loi qui prévoit l’abrogation des retraites spéciales pour les sénateurs et les députés, six ans après que les sociaux-démocrates avaient fait entrer ces bénéfices dans la loi. Aux dires du président de la Chambre des députés, le libéral Ludovic Orban, la suppression de ce régime spécial de retraite n’est qu’un premier pas. Il faudra s’attaquer frontalement à toute la législation en la matière, afin d’ arriver à un système de retraites contributif en Roumanie, a indiqué le leader du principal parti au pouvoir. 800 anciens parlementaires touchent à présent ces pensions de retraite spéciales, qui représentent près de 10 millions d’euros par an, payés du budget de l’Etat. De l’avis de Ludovic Orban, la loi adoptée cette semaine par le législatif est « parfaitement constitutionnelle » et ne pourrait pas être déclarée inconstitutionnelle par la Cour constitutionnelle de la Roumanie.

    Suppression de la controversée Section d’enquête des infractions de la Justice

    L’exécutif roumain a adopté jeudi un projet de loi relatif à la suppression de la Section d’enquête des infractions de la Justice, malgré l’avis négatif émis la semaine dernière par le Conseil supérieur de la magistrature. Les recommandations des institutions européennes et internationales ont compté parmi les arguments en faveur de cette mesure, promue par le ministre de la Justice Stelian Ion. Le ministre a rappelé les controverses apparues lors de la création de la Section d’enquête et le bilan d’activité de l’institution, qu’il juge honteux. De l’avis du vice-premier ministre Dan Barna, de l’Union Sauvez la Roumanie-PLUS, la décision du gouvernement « nous éloigne de l’héritage toxique laissé par les gouvernements du Parti social-démocrate et par Liviu Dragnea et constitue un premier pas pour « réparer » les lois de la justice. La Roumanie se donne actuellement pour tâche de retrouver la crédibilité et la dignité du fonctionnement du système de justice. » Dans un message posté sur les réseaux sociaux, l’ex-ministre social-démocrate de la Justice Robert Cazanciuc soutient que la Section d’enquête est la seule structure du Parquet libre de toute ingérence politique. Les procureurs de l’institution sont recrutés uniquement par le Conseil supérieur de la magistrature, le garant de l’indépendance de la justice, argumente M. Cazanciuc.

    Les syndicats poursuivent leurs protestations

    Les syndicats ont poursuivi leurs protestations cette semaine, à Bucarest et dans d’autres villes de Roumanie. En début de semaine, des salariés de la police, de l’administration publique, de l’assistance sociale et des finances se sont rassemblés devant le siège du gouvernement. Ils ont été suivis, plus tard dans la semaine, par des travailleurs d’autres secteurs d’activité. Les syndicalistes ont également manifesté devant les sièges de deux partis membres de la coalition au pouvoir – le Parti national libéral et l’Union Sauvez la Roumanie-PLUS. De l’avis des protestataires, le projet de budget de cette année prône l’austérité et ne fera que prolonger la crise économique engendrée par la pandémie. Les employeurs et les salariés de l’industrie de l’hospitalité se sont joints aux protestations, tout comme les cheminots. Ces derniers réclament l’application du Statut du personnel ferroviaire, soit un texte de loi qui prévoit la majoration des salaires et des investissements pour la modernisation des lignes de chemins de fer.

    Le secrétaire général de la confédération syndicale Cartel Alfa, Petru Dandea, déclarait : « La Roumanie traverse une période de crise économique. Il ne faut pas proposer des mesures d’austérité en plus de cela, car ça ne fait qu’empirer les choses. Il paraît que le gouvernement ne comprend pas cela. C’est ce que nous visons par nos protestations, sensibiliser les ministres et l’exécutif, justement pour qu’ils proposent des politiques de développement. C’est ce qui manque dans le contexte actuel, de crise. »

    A leur tour, les membres de la Fédération Solidaritatea Sanitară ont réclamé, dans la rue, plus de fonds pour la Santé, le respect de leurs droits légaux et des mesures de protection pour les salariés du secteur.

    La Journée Brancusi, fêtée en Roumanie et dans le monde

    La Roumanie a, en la personne de Constantin Brâncuşi, un ambassadeur unique au monde, qui continue à nous représenter avec vertu et grand honneur, même après son passage vers l’au-delà, affirmait le ministre de la Culture, Bogdan Gheorghiu, dans un message transmis pour la Journée nationale Constantin Brâncuşi. La Roumanie fête la naissance du célèbre sculpteur le 19 février. Cette année, plusieurs événements, en ligne pour la plupart, ont marqué les 145 ans écoulés depuis la naissance de l’artiste. L’Institut culturel roumain a également marqué cet anniversaire, à travers ses antennes de Bucarest, Paris, Bruxelles, Chişinău, Lisbonne, Londres et Madrid. Pionnier de la sculpture moderne abstraite, Constantin Brâncuşi, ou Brancusi, est considéré comme un des sculpteurs les plus importants du 20e siècle. Vous connaissez peut-être ses œuvres en bronze ou en marbre, polies jusqu’à la perfection, les visages ovoïdes ou les oiseaux en plein vol. Brancusi a aussi façonné le bois, retravaillant souvent des motifs d’inspiration folklorique que l’on peut, pour la plupart, retrouver dans son village natal de Hobița, dans le sud-ouest de la Roumanie. (Trad. Elena Diaconu)

  • La Journée nationale Constantin Brancusi

    La Journée nationale Constantin Brancusi

    Depuis 2015, le 19 février marque une fête nationale en Roumanie. C’est le 19 février 1876 qu’est né à Hobita, dans le sud du pays celui qui allait devenir une des personnalités artistiques roumaines les plus fortes, charismatiques et géniales – le sculpteur Constantin Brâncuşi. Afin de lui rendre hommage, de nombreuses manifestations sont organisées en Roumanie et à l’étranger. Après être sorti en 1902 de l’Ecole de Beaux-Arts de Bucarest, le jeune Constantin Brâncuşi se rend à Paris, où en 1905 est admis à la prestigieuse Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts. Il refuse d’être l’apprenti d’Auguste Rodin par les mots « Rien ne pousse à l’ombre des grands arbres ». Brâncuşi commence à exposer ses œuvres dans la Ville Lumière, où il créé la première version du « Baiser », thème qu’il reprendra sous différentes formes et qui culminera par la « Porte du baiser », un des éléments de l’Ensemble monumental de Târgu Jiu, ville de sa région natale.

    A Paris il loue un atelier rue du Montparnasse et entre ainsi en contact avec l’avant-garde artistique parisienne, se liant d’amitié avec Guillaume Apollinaire, Fernand Léger, Amedeo Modigliani, Henri Matisse et Marcel Duchamp. Il participe à des expositions collectives à Paris et Bucarest, inaugurant les cycles Maiastra, la Muse endormie et Mademoiselle Pogany, mais il expose aussi aux Etats-Unis, où ses œuvres fond sensation dès leur première apparition. De 1914 à 1940, son activité créatrice arrive à l’apogée.

    Les œuvres des cycles « L’Oiseau dans l’espace » et des Ovoïdes ainsi que les sculptures en bois datent également de cette période très prolifique. A Paris, le Centre Pompidou détient une grande partie des œuvres de Constantin Brâncuşi, que l’artiste avait léguées à la Roumanie. Pourtant, c’est la France qui les a acceptées et mises en valeur, vu que dans les années ’50 les autorités communistes de Bucarest ont tout simplement refusé de les accepter. C’est pourquoi certaines œuvres de Brâncuşi et tous les objets de son atelier sont à retrouver dans un espace spécialement aménagé près du Centre Pompidou, « L’Atelier Brâncuşi ».

    Le grand artiste roumain s’est éteint le 16 mars 1957 pour être ensuite enterré au cimetière parisien du Montparnasse. En Roumanie, à l’époque de l’installation du régime communiste, dans les années 1950, Brâncuşi est contesté et critiqué, étant jugé comme un représentant du formalisme bourgeois cosmopolite. Et pourtant, sa première exposition personnelle d’Europe ouvre ses portes en décembre 1956, au musée d’Art de Bucarest. Ce ne fut que dans les années ’60 que le grand artiste est « redécouvert » en tant que génie national. Quelle est la place que Constantin Brâncuşi s’est créée dans la sculpture mondiale ? Figure centrale du mouvement artistique moderne, Brâncuşi compte actuellement parmi les sculpteurs les plus importants du 20e siècle.

    Novatrices, ses œuvres sont de loin les créations les mieux cotées de tout artiste roumain et se situent en 4e position des œuvres les plus valeureuses au monde. Les sculptures de l’artiste sont les plus recherchées et s’arrachent à prix d’or dans les maisons de vente, principalement aux Etats-Unis. En 2018, une de ses créations s’est vendue pour quelque 57 millions d’euros. Ses photographies et dessins, qui constituent des clefs de lecture de son œuvre, ont également la cote auprès des collectionneurs du monde entier.

  • Labyrinth – Halfway. Flowers Were Here

    Labyrinth – Halfway. Flowers Were Here

    A laborious work, Labyrinth – Halfway is the result of research and
    community art experiments conducted by visual artist Roxana Donaldson, visual
    arts researcher Cristina Irian and Cristina Bodnărescu, who was in charge of putting
    the footage and ideas of the two artists into a film that went on to be shown
    at a film and video festival called VKRS Bucharest. Cristina Irian tells us
    more about the whole project:


    This is both an artistic and a civic project because
    it aims to provide an active response to the need to keep a community together
    in times of crisis and symbolically salvage discarded flowers and turn them
    into art objects. I worked directly with bouquets of flowers Roxana got me from
    the market, from which I made eight dolls which I named the Matache dolls and
    which appear to be dancing. In the second part of the project I used the dolls
    and their shapes and added what I called poems in flowers. I kept a video record
    of the entire transformation of a bouquet of flowers.



    A performance was also created, and here’s Roxana
    Donaldson telling us more about it:


    We intended this project as an encounter
    between people and plants in an urban environment. We wanted to speak about the
    lives of people and that of flowers in these times of isolation and anxiety
    generated by the Covid pandemic. We wanted to see how people live and survive together
    in cities. The performance was inspired by the flowers discarded by the small
    local producers in markets last November. This was the starting point and we
    ended up making a film and then turning the dried flowers into works of art. I’m
    an interdisciplinary visual artist and I’ve always been interested in eco-art
    and plant-art and I wanted to create interdisciplinary and conceptual art with
    and about plants. The performance involved our meeting at the half way point between
    her market and mine, where we each bought ten flowers on the last day before
    the markets were closed. And so, when we met at this halfway point, which happened to be on a street called Labyrinth, we exchanged flowers. We basically gave
    each other flowers in the middle of the pandemic, during lockdown, at a time
    when the city was cold, empty and shut down. We filmed everything, including
    the sounds of the city, because we wanted to create a record of our urban
    performance.



    The life of the flowers continued in their adoptive
    homes, the artists’ homes, and after drying out, they underwent a process of reinvention.
    Roxana Donaldson:


    I painted their story on canvas, writing in
    pen ‘rescued abandoned flowers’ and these words blended into each other
    becoming patches of colour and over these patches of colour I sewed flowers and
    thus created a work of art which I exhibited in the street as part of the
    second performance. I called it Flowers Were Here, because the flowers had
    returned to a place they’d been to before. We each left a work: mine was a wall
    covering made from canvas with flowers and hers was a doll made out of dried
    flowers. They remained on the wall where we exhibited them as part of this
    free-art performance, which is all about putting your whole heart into the creation
    of pure art, art that is not regimented, and gifting it to the city, to the
    community, for free and unconditionally.


    Cristina Irian added:


    The first part of the project took place
    in the morning, the second in the afternoon and the next thing is for us to meet
    for a third time on the same street, but this time in the evening, to use the objects
    we created in a different way. I will focus on the shape of the doll and the
    shadows it casts in an endeavour to reactivate the space.



    The third part of the project will have different
    components: a showing of a film on the life of the flowers which were transformed
    into works of art, an exhibition of new works into which the dried flowers are
    integrated, and a new urban performance.

  • L’art et la révolution –  le peintre Constantin Daniel Rosenthal

    L’art et la révolution – le peintre Constantin Daniel Rosenthal

    Ses œuvres figurent dans les manuels d’histoire et de nombreuses générations les ont admirées et se sont imprégnées des idéaux qu’elles expriment. Deux sont ses toiles les plus connues : « La Roumanie brisant ses chaînes sur le Champ de la Liberté », réalisée en 1848, et « La Roumanie révolutionnaire », réalisée en 1850. Elles ont eu une influence considérable sur l’idée – moderne à l’époque – de création de l’Etat unitaire et de la nation roumaine. Constantin Daniel Rosenthal a vu le jour en 1820 à Pest, en Autriche-Hongrie. Bien que né dans une famille de marchands juifs qui parlaient le hongrois et l’allemand, il a consacré sa vie aux aspirations nationales roumaines.

    Il est mort à l’âge de 31 ans, dans une prison de Pest, après avoir été arrêté par les autorités autrichiennes pour espionnage et incitation à des activités révolutionnaires. Il a fait des études d’art à Vienne et il a adhéré aux idées révolutionnaires radicales. Selon les historiens de l’art, Rosenthal serait arrivé à Bucarest vers l’année 1842, pour des raisons demeurées obscures. A Vienne, il semble s’être lié d’amitié avec le peintre roumain Ion Negulici, qui allait participer activement à la révolution de 1848 à Bucarest. Dans la capitale de la principauté de Valachie de l’époque, Rosenthal fréquente les cercles révolutionnaires radicaux, représentés par les libéraux francophiles menés par le journaliste et homme politique C.A. Rosetti. Les deux toiles mentionnées furent la plus importante contribution de Rosenthal à la révolution roumaine. La femme qui lui a servi de modèle a été la célèbre Mary Grant, d’origine écossaise, devenue Maria Rosetti par son mariage avec C.A. Rosetti.

    Personnalité remarquable, douée d’une énergie débordante, Maria Rosetti incarnait, dans les deux toiles, la beauté de la Roumanie et sa détermination à se forger un nouveau destin. Dans « La Roumanie révolutionnaire », elle porte une blouse roumaine et un collier de pièces d’or brille sur sa poitrine blanche. Un ample voile de gaze spécifique du costume traditionnel roumain couvre ses cheveux noirs luisants et elle tient entre ses mains le drapeau tricolore. Maria Rosetti comme symbole la Roumanie révolutionnaire faisait partie de l’iconographie de l’époque, où souvent une jeune femme incarnait les idéaux politiques et sociaux.

    L’historien de l’art Adrian-Silvan Ionescu résume la contribution de Rosenthal à l’imaginaire politique et révolutionnaire roumain de 1848. Inspiré par ses sentiments patriotiques, dans sa toile « La Roumanie brisant ses chaînes sur le Champ de la Liberté », Rosenthal a illustré impeccablement le mouvement révolutionnaire roumain. Cette peinture de petites dimensions a été lithographiée et distribuée aux masses populaires, contribuant à perpétuer les nouvelles idées de l’époque. Il faut également noter que Rosenthal a pris pour modèle Maria Rosetti, qui était écossaise. Il est très amusant de constater que la Roumanie a été représentée par une Ecossaise – mais cette Ecossaise était mariée à C.A. Rosetti et elle avait le cœur roumain.

    Comme toute ville en train de se moderniser, Bucarest était en pleine effervescence durant la première moitié du 19e siècle. Eminemment orientale jusqu’en 1800 et sans monuments publics, la ville de Bucarest était qualifiée de marginale par les voyageurs étrangers du point de vue des conditions qu’elle offrait et de la qualité de la vie de ses habitants.

    Le 23 juin 1848, dans l’ancienne cour de la mairie, sur l’emplacement actuel du Musée des collections d’art, avenue de la Victoire, fut placée la statue « La Roumanie libérée », réalisée par Constantin Daniel Rosenthal. Le journal révolutionnaire « Pruncul român » (« L’enfant roumain ») en donnait la description suivante : « Le monument représente une femme enveloppée dans une toge, une couronne de lauriers dans ses cheveux longs, qui lui tombent sur les épaules. A ses poignets, on voit les restes des chaînes qui l’avaient tenue prisonnière. Dans sa main droite, elle tient un long bâton qui se termine par une croix, dans sa main gauche, elle tient une balance, symboles de la foi et de la justice. Un de ses pieds écrase les ennemis, représentés par un serpent » . Dans le même journal, C.A. Rosetti décrivait la démolition de la statue : « La statue représentant la Roumanie libérée, portant la balance et la croix, symboles de la justice et du christianisme, qui se trouvaient dans la cour de la mairie, fut démolie sur l’ordre de M. Emanoil Băleanu. Cet acte de vandalisme, il l’accompagna de mots si méchants et ignobles que notre plume refuse d’en noircir le papier. Le socle fut également démoli, sans respecter le droit de propriété » .

    Adrian-Silvan Ionescu explique. Peu nombreux sont ceux qui savent que Rosenthal a été le premier sculpteur de monuments publics de Roumanie. Il a réalisé cette statue de la Liberté, installée Place de la mairie, sur l’actuelle Avenue Victoria. La statue était pourtant faite d’un matériel périssable : le plâtre. Au moment où le gouvernement provisoire s’est réfugié en Transylvanie, fuyant les Turcs, la statue a été démolie par les réactionnaires. Elle resta debout quelques semaines et ce fut tout. En 1849, une année après la révolution, cette sculpture a été reproduite dans les pages de la revue « Illustrirte Zeitung » de Leipzig, très probablement d’après un dessin de Rosenthal. Celui-ci parlait très bien l’allemand, son oncle était le rédacteur d’une revue de langue allemande de Buda. Il était donc en contact avec le monde de la culture et avec la presse européenne. Rosenthal a été à la fois un révolutionnaire et un artiste. Il a été dévoué à son art, fin connaisseur des physionomies, de la psychologie humaine et un excellent observateur du caractère roumain. Il a même souhaité être roumain, il s’est toujours considéré Roumain, en dépit du fait qu’il ne parlait pas le roumain. Et il est devenu roumain non seulement pour avoir reçu la nationalité, mais aussi et surtout par son œuvre.

    Constantin Daniel Rosenthal a été le Juif, le Magyar et le Roumain qui a fait siennes les idées de son temps, leur a consacré sa vie et les a représentées à travers son art. La révolution fut, sans doute, une d’entre elles. (Trad. : Dominique)

  • Les œuvres d’art sacrifiées sur l’autel de la révolution roumaine de 1989

    Les œuvres d’art sacrifiées sur l’autel de la révolution roumaine de 1989

    Le prix payé par les Roumains, qui ont tenté et réussi, fin décembre 1989, à recouvrer leur liberté, au terme dune révolution sanglante, a été pour le moins élevé. En effet, sur les décombres du régime communiste, lon a pu compter des milliers de victimes : morts, blessés et estropiés. Au prix payé en vies humaines sajoute la perte dune partie importante du patrimoine culturel, partie en fumée dans les incendies qui ont embrasé, en ces jours de terrible combat, le bâtiment de lancien palais royal de Bucarest, siège du Musée national dart de Roumanie, ainsi que le bâtiment de la Bibliothèque centrale universitaire, les deux situés à proximité de lancien siège du comité central du Parti communiste roumain, visé par les tirs, après la fuite du couple Ceauşescu. Cest ainsi que 400.000 volumes et dimportants manuscrits ont été réduits en cendres dans lincendie de la Bibliothèque, pendant que des dizaines de toiles de maîtres, roumains et étrangers, ont été perdus, croyait-on, à jamais dans lincendie du Musée national dart.



    Récemment, ce dernier a pourtant accueilli le vernissage de lexposition intitulée « Laboratoire 2. 1989. La restauration des toiles criblées de balles », censée remettre les toiles restaurées ces dernières années dans le circuit muséal. Avec nous, les commissaires de lexposition, Sorina Gheorghiță et Ioan Sfrijan, nous racontent lhistoire dun événement auquel lon aurait préféré ne jamais assister.

    Sorina Gheorghiță : « Lincendie avait détruit presque entièrement latelier de restauration du musée. Malgré cela, dès janvier 1990, nous avons commencé les travaux de restauration de certaines œuvres affectées par le désastre. Ces œuvres proviennent de la galerie dart européen et de la galerie dart roumain de notre pinacothèque. De cette dernière, nous avons réussi à restaurer 47 toiles, dont une trentaine provient de la galerie dart européen. Dautres toiles appartenant à la même galerie ont été restaurées dans des ateliers spécialisés à létranger. »



    Parmi les œuvres restaurées et exposées à loccasion, lon compte des toiles signées par bon nombre de maîtres roumains, tels Andreescu, Grigorescu, Henția et Mirea. Sorina Gheorghiță : « Ces œuvres faisaient partie de lexposition permanente de notre pinacothèque, et ont donc été les premières à avoir souffert des dégâts. Après la réouverture du musée, certaines de ces œuvres, affectées par lincendie, ont été retirées. Cela a été une bonne occasion de mettre en lumière des toiles moins connues du public, et préservées dans les réserves du musée, dont notamment « Safta florăreasa », « Safta la fleuriste » et « lAutoportrait », deux toiles de Ion Andreescu, ainsi quune autre œuvre dAndreescu, intitulée « Drumul mare », « La grande route ». Des toiles de Nicolae Grigorescu, qui faisaient à lépoque partie de lexposition permanente du musée, telles « Vânatul », en français « Le gibier», « Buchetul de flori », « Le bouquet de fleurs » et « Țiganca din Ghergani », « La gitane de Ghergani », ont aussi été affectées par lincendie. Tout comme « Lorica », toile de Ștefan Luchian, des œuvres de Sava Henția, ou encore une esquisse préparatoire de George Demetrescu Mirea pour lune de ses œuvres monumentales. »



    Pourtant, et en dépit de tous les efforts, certaines toiles ont été perdues à jamais. Sorina Gheorghiță : « Parmi les toiles les plus abîmées il y a lesquisse de Mirea et le Paysage dAndreescu. LAutoportrait dAndreescu a aussi énormément souffert. Dans latelier de restauration, détruit par lincendie de 1989, lAutoportrait de Theodor Aman, œuvre de grandes dimensions et dune grande complexité, a été définitivement perdu. Cette dernière, tout comme deux autres œuvres affectées durant ces événements ne pourront malheureusement pas être restaurées, parce que les principes de restauration en vigueur ne permettent pas de combler une partie aussi importante de ces toiles par des techniques de restauration. »



    Lactuelle exposition met, certes, en lumière les œuvres restaurées, mais raconte également le travail laborieux des restaurateurs roumains et étrangers, qui la rendue possible.

    Nous avons questionné Sorina Gheorghiță au sujet des causes du désastre souffert par la Pinacothèque nationale en 1989: « Certaines toiles ont été sciemment vandalisées. On leur a carrément tiré dessus. Lon a tiré sur les portraits, des balles ont transpercé les toiles au niveau de la gorge ou de la poitrine du modèle. Je ne pense pas quelles soient des balles perdues, mais plutôt dune action de destruction concertée. Cétait le cas de la peinture intitulé « Safta florăreasa », « Safta la fleuriste ». Et cest pourquoi elle tient la tête daffiche, étant devenue limage de notre exposition. Mais il y a eu aussi des balles perdues qui ont fait elles aussi des ravages. », explique Sorina Gheorghiţă.



    Ioan Sfrijan raconte, lui, le désastre provoqué par lincendie qui a embrasé latelier de restauration de la pinacothèque lors des événements de décembre 1989. Ioan Sfrijan :« Lon a tiré à coups de canon sur cette partie du bâtiment de la pinacothèque. Ils ont aussi utilisé un accélérateur, pour être sûrs que lincendie provoqué produise un désastre. Latelier de restauration se trouvait dans une salle de laile qui donnait sur la rue Știrbei, et il a été très abîmé. Beaucoup dœuvres du peintre Theodor Aman ont été détruites, car une exposition Aman était en préparation à lépoque. Lon avait tiré sur son célèbre Autoportrait, puis aussi sur la toile intitulée « Bărbat cu medalii turcești », « Lhomme aux médailles turques », qui napparaît pas dans lexposition actuelle. A lépoque, la pinacothèque était en train de préparer une exposition thématique intitulée « Le portrait dans la peinture européenne », pour la galerie dart européen, et là aussi les dégâts ont été terribles. En tout, pas moins de 39 toiles ont brûlé dans latelier de restauration. »



    En fin de compte, 47 tableaux exposés à la Galerie dart roumain et 30 qui appartenaient à la Galerie dart européen ont finalement été rendus au circuit public, après restauration, à loccasion de lexposition actuelle. Dautres toiles de maîtres sont passées en revanche au passif dune révolution qui, en dépit de ses zones dombre, a sonné le glas des 45 années de dictature communiste, et marqué la renaissance des libertés publiques en Roumanie. (Trad. Ionuţ Jugureanu)


  • Retour sur Art Safari 2020

    Retour sur Art Safari 2020

    En septembre 2020, un événement très attendu a eu lieu dans la capitale roumaine : le Pavillon d’art de Bucarest – Art Safari. C’est le nom, drôle et quelque peu bizarre, que s’est donnée cette foire d’art lancée il y a sept ans. Nous avons souhaité faire un retour sur l’édition 2020 de l’événement et avons invité au micro à cet effet la directrice d’Art Safari, Ioana Ciocan :« C’est pour la première fois dans l’histoire du Pavillon d’art de Bucarest – Art Safari que nous investissons deux espaces distincts : l’impressionnante tour Victoria Tower, qui se trouve en plein centre de la capitale, sur la Calea Victoriei, et puis un espace très surprenant, le centre commercial AFI Cotroceni. Nous avons choisi ce dernier car c’est plus simple, plus accessible, d’amener l’art là où sont les gens. Si les gens vont dans les centres commerciaux, c’est donc une décision toute naturelle que d’y installer un pavillon d’art. Nous avons eu une vraie antenne à AFI Cotroceni. On y a construit un espace avec différentes installations artistiques, interactives, conçues pour toute la famille et, bien évidemment, en accès gratuit. Une autre chose intéressante, c’est qu’Art Safari a pu également être visité de nuit. Alors chaque nuit, du 11 au 27 septembre, de petits groupes de visiteurs ont pu profiter de tours guidés, mais aussi de petits spectacles de musique. Dans des conditions difficiles… Cette année, nous avons dû tenir compte de ces mesures qui sont déjà rentrées dans la norme maintenant : distanciation sociale, masque et, chose très importante, un nombre limité de personnes à l’intérieur d’Art Safari. Cela s’est traduit par le fait que seules 175 personnes pouvaient visiter simultanément les expositions installées dans les 11 000 mètres carrés de Victoria Tower. Nous avons dû respecter cette suggestion des ministères de la Culture et de la Santé, pour nous assurer que tout le monde visite le musée temporaire Art Safari en toute sécurité. »

    Nous avons également évoqué avec Ioana Ciocan les deux expositions d’Art Safari 2020 qui ont eu le plus de succès auprès du public – les Pavillons Sabin Bălașa et Gheorghe Petrașcu. La directrice d’Art Safari :« Après les mois passés chez nous, on s’est rendu compte combien les événements culturels nous manquaient. On était très contents de pouvoir organiser la septième édition d’Art Safari, dans ces conditions oh combien difficiles. Le pavillon dédié à Sabin Bălașa, peintre contemporain célèbre avant, mais aussi après la révolution anticommuniste, a occupé tout un étage du bâtiment. Chaque toile de Sabin Bălașa a été une sorte d’escapade dans un univers très étrange, peuplé d’être féminins et masculins surpris en train d’entreprendre des voyages initiatiques. Nous avons obtenu un prêt de grande valeur et unique jusqu’à présent : la Chambre des députés de Roumanie nous a prêté huit œuvres de grandes dimensions signées par Sabin Bălașa. Nous avons vraiment souhaité inclure les portraits de Nicolae Ceaușescu et de son épouse dans l’exposition, mais malheureusement nous n’avons pas pu les obtenir. Il était important de faire savoir au public que Sabin Bălașa n’était pas seulement l’auteur de ce cosmos bleuâtre, mais aussi de beaucoup d’œuvres de propagande. Le premier étage de l’immeuble de Calea Victoriei a été dédié à Gheorghe Petrașcu – un des artistes les plus aimés de l’art roumains, un grand maître, mais qui n’a plus eu, hélas, d’exposition dédiée depuis 1972. »

    Cette année, Art Safari a aussi fait venir à Bucarest un projet inédit pour l’espace artistique de l’Europe de l’Est. Ioana Ciocan nous en dit davantage : « En 2020, nous avons dédié le Pavillon international à de l’art rebelle importé des Etats-Unis : les Guerrilla Girls. Ce groupe d’artistes féministes, fondé en 1985 à New York, a composé une exposition historique, comprenant leurs œuvres les plus célèbres. On parle de travaux de 1985, mais aussi des années ’90 et même de 2020. Ce groupe a été créé pour protester contre les pratiques genrées des musées américains. Et non seulement : cette année même, nous avons pu voir au Musée national d’art de Roumanie une exposition avec uniquement des artistes hommes. Il se peut que la protestation de 1985 des Guerrilla Girls n’ait pas encore atteint la Roumanie et c’est pourquoi on était heureux et honorés d’accueillir ce groupe historique, une première pour la Roumanie et pour toute la région. »

    Le public a vraiment apprécié le côté interactif des expositions, tout comme les propositions pour les jeunes amateurs d’art. Ioana Ciocan s’en souvient avec plaisir :« Le Pavillon l’Ecole de Bucarest, conçu par la commissaire Silvia Rogozea, a eu l’ambition de montrer un condensé de l’art bucarestois des 30 dernières années. Pour figurer dans l’exposition, les artistes ne devaient pas être nés, élevés et éduqués à Bucarest, mais il fallait qu’ils aient eu un lien fort avec la ville à un moment de leur vie d’artiste. Cela a donné une exposition très éclectique, très appréciée par le public, très photographiée. Un hashtag Art Safari recueille sur Instagram les captures les plus réussies de l’Ecole de Bucarest. L’exposition a compris aussi une installation audio, réalisée en collaboration avec l’artiste Ana Bănică, qui a fait un carton, notamment parmi le jeune public. Pour cette édition d’Art Safari, nous avons aussi proposé quelque chose d’unique : le Pavillon des enfants. Nous avons demandé aux enfants de nous envoyer des « œuvres » qu’ils ont réalisées pendant le confinement du printemps dernier. Ça a été absolument fascinant de les recevoir – des travaux sur papier, sur toile, des collages, des photos, des choses découpées dans des magazines. Tout l’univers des enfants réalisé pendant une période bien difficile pour eux. Mais c’était encore plus fort de regarder les petits venir à Art Safari et voir leurs œuvres exposées dans un musée pour la première fois. Suite à cela, nous voulons continuer ce pavillon des enfants pour l’édition 2021. »

    Pour finir, Ioana Ciocan, directrice d’Art Safari, nous a parlé des difficultés à organiser un projet culturel en cette période particulière :« Nous avons été récompensés pour l’énorme effort consenti par l’équipe pour organiser l’événement durant cette pandémie par l’enthousiasme des visiteurs. Nous avons eu du plaisir, encore une fois, de voir les gens faire la queue pour voir de l’art, comme c’est le cas d’ailleurs pour toutes les grandes expositions internationales. Nous étions contents d’offrir aux gens l’expérience d’une visite parfaitement adaptée aux temps que nous vivons. Cela a vraiment été une édition très spéciale et je voudrais aussi mentionner notre équipe de bénévoles : cette année, nous avons eu plus de 80 jeunes lycéens désireux de faire du bénévolat dans le domaine de l’art et qui ont choisi Art Safari à cet effet. »

    Si vous avez passé l’âge du lycée, sachez que vous pouvez toujours vous rendre à Art Safari en simple visiteur. En 2021, pour la huitième édition ! (Trad. Elena Diaconu)

  • Explorer le Bărăgan

    Explorer le Bărăgan

    Récemment présenté au public, « Explorateur au Bărăgan » est le premier guide touristique destiné exclusivement à cette région du sud-est de la Roumanie qui est carrément absente de tout autre guide touristique de la Roumanie. Les voyageurs auront accès à une ressource complète leur permettant de découvrir le patrimoine matériel et immatériel du Bărăgan. La plate-forme inclut aussi le premier guide audio de la région, le premier musée en 3D qui lui est consacré, ainsi que des tours virtuels dédiés à deux personnalités culturelles roumaines. La première est Ionel Perlea, compositeur et chef d’orchestre qui est monté sur des scènes célèbres : l’Opéra de Rome, la Scala de Milan, le Métropolitain Opera de New York, l’orchestre symphonique de Connecticut. Le second grand artiste roumain évoqué par le guide est le sculpteur Nicapetre, auteur de travaux monumentaux en Roumanie, Hongrie, Autriche et Allemagne, mais aussi au Canada, son pays adoptif.

    Commençons un voyage virtuel fascinant, aux côtés de Cristian Curuş, manager de projet qui explique comment est apparue cette idée : « Je suis né à Slobozia, une ville considérée actuellement comme l’âme du Bărăgan. Toute mon enfance, respectivement mon adolescence, j’ai entendu dire les mêmes paroles : chez nous il n’y a pas de touristes et personne ne cherche à améliorer la situation. C’est alors que j’ai décidé de faire bouger les choses. Nous sommes une équipe de sept personnes et l’idée de départ du projet est issue du besoin de promouvoir le Bărăgan, qui a cependant des sites touristiques du patrimoine culturel matériel, des bâtiments et des monuments, du patrimoine naturel et immatériel. Il y a des histoires du Bărăgan qui méritent d’être dites et de nombreux lieux qui méritent d’être découverts et qui ne sont mentionnés dans aucun des guides touristiques élaborés, au niveau local, national ou bien international. Par exemple, dans le plus important guide touristique au monde, Lonely Planet, il y a un chapitre dédié à la région du Bărăgan, une demi-page seulement qui parle de la ville de Brăila. »

    Pour le projet « Itinerama Explorateur au Bărăgan» une centaine de sites à potentiel touristique ont été identifiés dans une première phase, explique Cristian Curuş : « Certains de ces sites sont toutefois mis en valeur. Il s’agit des musées territoriaux et des sites archéologiques que les touristes peuvent visiter en achetant un ticket d’entrée à un prix modique. Il y a pourtant de nombreux sites touristiques qui ne sont pas inscrits au circuit touristique. Ils sont classés au patrimoine culturel national de Roumanie, mais ils ne sont pas exploités. Nombre de ces sites sont des manoirs, des églises et même des sites archéologiques auxquels les gens n’ont pas d’accès. Par exemple, dans le cas du site de Popina Borduşani, dans le département de Ialomiţa, l’accès des touristes n’est plus possible depuis deux ans. Et c’est pourquoi dans le cadre de ce projet, nous envisageons d’organiser, l’année prochaine, en coopération avec le musée départemental de Ialomiţa une série de tours guidés. Le guide de la région de Bărăganpropose quatre types de tours, en fonction des différentes régions et de ce qu’il y a à voir. On commence par le Haut Bărăgan, avec les sites les plus importants des départements de Calaraşi et de Ialomiţa, puis le Bărăgandu sud au nord, qui inclut une série de sites qui longent le Danube, entre les villes de Calaraşi et de Brăila, un tour des manoirs et un autre des lieux de culte. Ce sont des voyages que les touristes peuvent organiser eux-mêmes. Pour les aider, sur le site du projet itinerama.ro, toute une série de cartes interactives seront disponibles pour voir les distances en kilomètres, entres les sites, et le temps nécessaire pour les parcourir. Espérant que la pandémie devrait finir en 2021, nous proposons une série de tours guidés, en compagnie de guides locaux. »

    Initialement, les tours guidés se dérouleront en Roumain et en Anglais. Puis, en fonction des demandes, il existe l’intention de les organiser aussi en Italien, Allemand et Espagnol. Ce qui plus est, le site itinerama.ro aura une section en anglais, où tous les sites touristiques seront présentés en version texte et en version audio. Cristian Curus, manager de projet nous présente deux de ces endroits à ne pas rater : « Je commencerais par Popina Borduşani, un des sites archéologiques qui m’a le plus impressionné. Il est situé près de la commune de Borduşani, dans le département de Ialomiţa, dans un endroit entouré de lacs. Une fois arrivés là-bas, on découvre non seulement l’histoire des lieux, mais aussi des paysages féeriques. C’est une expérience que les Roumains cherchent d’habitude à l’étranger. C’est une expérience complète, dans le cadre de laquelle l’histoire et la nature vont ensemble et pour un étranger arrivé en Roumanie, nous pensons que c’est l’essence même de notre projet. C’est un lieu intéressant puisque ce fut ici qu’a été découvert le premier village préhistorique étudié en Roumanie, datant d’il y a 6500 ans. C’est également dans cette région que deux civilisations préhistoriques ont existé : Boian et Gumelniţa. Elles ont été comparées du point de vue du développement social et économique aux civilisations d’Égypte et de Mésopotamie. Faisons un saut dans l’histoire pour dire que les manoirs du Bărăgan constituent la principale attraction de nos tours et les destinations préférées de notre guide. Je recommande une visite au manoir Marghiloman de Hagieşti, qui est un immeuble classé, mais délabré. Il date du début du 20-e siècle et vient d’être inclus dans un programme de restauration et de mise en valeur déroulé sous la coordination de l’Institut national du patrimoine. Le projet est complexe, il devrait s’étendre sur trois ans, mais à la fin, le bâtiment accueillera un centre culturel et éducationnel. »

    L’église d’Ivăneşti est également incluse dans les tours guidés. Abandonnée au milieu des champs, elle a une histoire particulièrement étrange. Les habitants de l’ancien centre du village ont pensé qu’elle avait été frappée d’une malédiction, et c’est pourquoi ils ont quitté non seulement le lieu de culte, mais tout le village. De nombreuses autres histoires tout aussi intéressantes sont à découvrir en franchissant le seuil des musées de cette région. Cristian Curuş : « Cette deuxième composante inclut des tours virtuels par le biais desquels nous vous invitons à découvrir des endroits qui nous sont particulièrement chers. Parmi nos propositions figurent la Maison musée de Ionel Perlea, l’endroit où est né le chef d’orchestre et compositeur roumain. Il est connu surtout à l’étranger, notamment à Milan et à New York. Le deuxième site touristique proposé est le musée Nicapetre de Brăila. Vous verrez les travaux les plus connus du sculpteur. Malheureusement, il est un artiste beaucoup plus connu aux Etats-Unis, au Canada et au Japon qu’en Roumanie. »

    Le projet itinerama.ro, « Explorateur au Bărăgan » est financé en partie par l’Administration du fonds culturel national et par des activités indépendantes. (Trad. Alex Diaconescu)

  • מירצ’ה חזן בתערוכה שמיים פתוחים

    מירצ’ה חזן בתערוכה שמיים פתוחים

    האמן MIRCEA CANTOR מייצג את רומניה בתערוכה הקולקטיבית של אמנות עכשווית “שמיים פתוחים”, שתפתח בין התאריכים 12-14 בנובמבר 2020 במסגרת התוכנית “Loving.Art Making.Art”, בחסות עיריית תל אביב. מהדורת השנה תוקדש לאמנות אירופאית ותתקיים בחוץ, ברחובותיה הראשיים של העיר.



    מירצה קנטור יציג עבודות מהסדרה “נניח שיכולתי לשמוע את הצליל הזה. עכשיו ”, שהוא יצר בשנת 2015. יליד 1977, נולד באורדיה (צפון מערב רומניה), מירצה קנטור חי ועובד בפריז, אך גם בערים שונות ברומניה. בשנת 2004 הוא קיבל את פרס חברת החסות האמנותית הצרפתית פול ריקרד, המוענק מדי שנה לאמן הנחשב למייצג ביותר על בימת האמנות הצעירה בצרפת. בשנת 2008 הוא היה מועמד לפרס ARTES MUNDI.

  • Raul Passos (Brésil)

    Raul Passos (Brésil)

    Il a étudié la composition et la direction d’orchestre à la Faculté de musique et des beaux-arts de l’Etat de Paraná au Brésil et les lettres à l’Université fédérale du même Etat. Il a fait un master en interprétation musicale à l’Université nationale de musique de Bucarest, ville où il s’est installé en 2017. Raul Passos a une vaste expérience en tant que traducteur. Il a également publié des articles dans un magazine de musique brésilien. Tout au long de sa carrière, il a enseigné le piano, la théorie musicale et a été chef de chœur. Raul a aussi fait office d’interprète du portugais au roumain pour la Police fédérale du Brésil.

    Il s’est petit à petit rapproché de la Roumanie, vu la distance géographique qui sépare les deux pays. Voici ce qu’il avoue : « En effet, nous sommes un peu loin, géographiquement parlant, mais d’un point de vue culturel et linguistique, nous sommes très proches. Dès mon enfance, j’ai éprouvé une sorte d’attirance pour l’Europe de l’Est, en général. Mon père parlait souvent de l’histoire du Vieux continent, de la Roumanie, de la Hongrie, enfin, des pays satellites de l’Union soviétique. Ces endroits éloignés me semblaient entourés d’une aura magique. Ces histoires-là, il me les racontait pour éveiller ma curiosité. Il a bien réussi son coup, car je me suis mis à chercher des informations sur l’Europe de l’Est, sur la Roumanie tout particulièrement, le pays qui a le plus suscité mon intérêt. Plus tard, alors que j’étais à la Faculté de composition et de direction d’orchestre, j’ai travaillé sous la houlette du compositeur brésilien Harry Crowl. Lors de ses nombreux voyages à travers le monde, il avait rencontré quelques Roumains aussi. Parmi eux, le compositeur Sorin Lerescu, avec qui il avait un lien à part. En l’entendant parler de lui, je lui ai dit que j’aimerais aller une fois en Roumanie, car j’étais bien curieux de connaître ce pays. Et comme il a pris mes propos au sérieux, il a fait les premières démarches pour qu’une fois mon diplôme universitaire en poche, je puisse parachever mes études en Roumanie. C’est ainsi qu’allait commencer l’histoire de mes liens avec la Roumanie et la langue roumaine. Après avoir fait un master ici, je suis rentré au Brésil, sans pour autant perdre le contact avec la Roumanie. J’ai appris le roumain du mieux que je pouvais. Je l’étudie toujours et je m’efforce de le parler aussi bien que je peux. En même temps, j’ai commencé à tisser des liens entre la Roumanie et le Brésil, parce que j’ai constaté que les deux pays ne se connaissaient pas vraiment. Chaque fois que j’ai eu l’occasion de donner un récital au Brésil, j’ai essayé d’y inclure l’œuvre d’un compositeur roumain, comme par exemple Enescu, Constantinescu, Marțian Negrea, de sorte à familiariser le public brésilien avec la culture roumaine. Et puisque je travaillais aussi comme traducteur du roumain vers le portugais, je me suis penché sur des poèmes de Tudor Arghezi et d’Octavian Goga. Mes traductions ont paru dans plusieurs magazines littéraires du Brésil. En 2016, le président de l’organisation pour laquelle je travaille actuellement m’a proposé de venir m’installer en Roumanie. Je devais m’occuper de la gestion de la juridiction de langue roumaine de cette organisation. J’ai accepté l’invitation et suis venu avec ma femme. C’était la première fois qu’elle s’y rendait. Elle parle elle aussi le roumain. Depuis avril 2017, nous vivons ici, à Bucarest. »

    Raul Passos tente donc de construire un pont culturel entre son pays d’origine, le Brésil, et la Roumanie, son pays d’adoption. A quoi ressemble sa vie maintenant et pourquoi cela vaut-il la peine de venir en Roumanie ? Voici ses réponses : « Je crois que tout pays mérite d’être connu de plus près. J’avais un professeur ici, à Bucarest, Mme Verona Maier, qui disait que la curiosité est une forme d’amour. C’est justement ce que je ressens envers la Roumanie. J’ai toujours eu cette curiosité, ce désir d’en savoir davantage. C’est ce qui explique, je crois, mon lien émotionnel avec la Roumanie. Elle a bien des choses en commun avec mon pays natal, le Brésil. Et je ne parle pas que de l’origine latine des deux langues. Les Roumains disent, par exemple, qu’ils font contre mauvaise fortune bon cœur. Cela vaut pour le peuple brésilien aussi. En vivant ici, j’ai découvert plusieurs similitudes entre nos deux pays et nos deux peuples. »

    Le fait de parler le roumain et d’avoir ici des amis a aidé Raul Passos et sa famille à s’intégrer tout de suite dans l’ambiance de la capitale roumaine. Cependant, la vie n’y a pas toujours été facile et Raul avoue que la Roumanie l’a changé. Qu’est-ce qui lui manque le plus du Brésil ? : « Les amis que j’ai laissés là-bas, les liens émotionnels, mais je suis conscient qu’il y a toujours un prix à payer. Pourtant, je ne regrette pas d’être parti et d’avoir emménagé ici. J’ai une vie spéciale et agréable en Roumanie. A part mes amis, ce sont quelques plats qui me manquent et puis certains fruits, que j’ai du mal à trouver ici. Votre pays m’a toujours poussé à devenir meilleur. C’est vrai que j’ai dû relever certains défis, mais ils m’ont aidé à évoluer. Je trouve que les défis qui se sont posés devant moi, ici, ont été enrichissants pour mon développement personnel. Et pour cela, je suis très reconnaissant à la Roumanie », a conclu le musicien brésilien Raul Passos au micro de RRI.

  • L’art et la révolution –  le peintre Constantin Daniel Rosenthal

    L’art et la révolution – le peintre Constantin Daniel Rosenthal

    Le peintre et révolutionnaire Constantin Daniel Rosenthal est l’artiste symbole
    de la révolution roumaine de 1848 en Valachie. Ses œuvres figurent dans les
    manuels d’histoire et de nombreuses générations les ont admirées et se sont
    imprégnées des idéaux qu’elles expriment. Deux sont ses toiles les plus connues
    : « La Roumanie brisant ses chaînes sur le Champ de la Liberté », réalisée
    en 1848, et « La Roumanie révolutionnaire », réalisée en 1850. Elles
    ont eu une influence considérable sur l’idée – moderne à l’époque – de création
    de l’Etat unitaire et de la nation roumaine.






    Constantin Daniel Rosenthal a vu le jour en 1820 à Pest, en
    Autriche-Hongrie. Bien que né dans une famille de marchands juifs qui parlaient
    le hongrois et l’allemand, il a consacré sa vie aux aspirations nationales
    roumaines. Il est mort à l’âge de 31 ans, dans une prison de Pest, après avoir
    été arrêté par les autorités autrichiennes pour espionnage et incitation à des
    activités révolutionnaires.






    Il a fait des études d’art à Vienne et il a adhéré aux idées
    révolutionnaires radicales. Selon les historiens de l’art, Rosenthal serait
    arrivé à Bucarest vers l’année 1842, pour des raisons demeurées obscures. A
    Vienne, il semble s’être lié d’amitié avec le peintre roumain Ion Negulici, qui
    allait participer activement à la révolution de 1848 à Bucarest. Dans la
    capitale de la principauté de Valachie de l’époque, Rosenthal fréquente les
    cercles révolutionnaires radicaux, représentés par les libéraux francophiles menés
    par le journaliste et homme politique C.A. Rosetti. Les deux toiles mentionnées
    furent la plus importante contribution de Rosenthal à la révolution roumaine. La
    femme qui lui a servi de modèle a été la célèbre Mary Grant, d’origine
    écossaise, devenue Maria Rosetti par son mariage avec C.A. Rosetti. Personnalité
    remarquable, douée d’une énergie débordante, Maria Rosetti incarnait, dans les
    deux toiles, la beauté de la Roumanie et sa détermination à se forger un
    nouveau destin. Dans « La Roumanie révolutionnaire », elle porte une
    blouse roumaine et un collier de pièces d’or brille sur sa poitrine blanche. Un
    ample voile de gaze spécifique du costume traditionnel roumain couvre ses cheveux
    noirs luisants et elle tient entre ses mains le drapeau tricolore. Maria
    Rosetti comme symbole la Roumanie révolutionnaire faisait partie de
    l’iconographie de l’époque, où souvent une jeune femme incarnait les idéaux
    politiques et sociaux.






    L’historien de l’art Adrian-Silvan Ionescu résume la contribution de Rosenthal
    à l’imaginaire politique et révolutionnaire roumain de 1848 : « Inspiré par ses sentiments patriotiques, dans
    sa toile « La Roumanie brisant ses chaînes sur le Champ de la
    Liberté », Rosenthal a illustré impeccablement le mouvement révolutionnaire
    roumain. Cette peinture de petites dimensions a été lithographiée et distribuée
    aux masses populaires, contribuant à perpétuer les nouvelles idées de l’époque.
    Il faut également noter que Rosenthal a pris pour modèle Maria Rosetti, qui
    était écossaise. Il est très amusant de constater que la Roumanie a été
    représentée par une Ecossaise – mais cette Ecossaise était mariée à C.A.
    Rosetti et elle avait le cœur roumain ».








    Comme toute ville en train de se moderniser, Bucarest était en pleine
    effervescence durant la première moitié du 19e siècle. Eminemment
    orientale jusqu’en 1800 et sans monuments publics, la ville de Bucarest était
    qualifiée de marginale par les voyageurs étrangers du point de vue des
    conditions qu’elle offrait et de la qualité de la vie de ses habitants.








    Le 23 juin 1848, dans l’ancienne cour de la mairie, sur l’emplacement
    actuel du Musée des collections d’art, avenue de la Victoire, fut placée la statue
    « La Roumanie libérée », réalisée par Constantin Daniel Rosenthal. Le
    journal révolutionnaire « Pruncul român » (« L’enfant roumain »)
    en donnait la description suivante : « Le monument
    représente une femme enveloppée dans une toge, une couronne de lauriers dans
    ses cheveux longs, qui lui tombent sur les épaules. A ses poignets, on voit les
    restes des chaînes qui l’avaient tenue prisonnière. Dans sa main droite, elle
    tient un long bâton qui se termine par une croix, dans sa main gauche, elle tient
    une balance, symboles de la foi et de la justice. Un de ses pieds écrase les
    ennemis, représentés par un serpent ». Dans le même
    journal, C.A. Rosetti décrivait la démolition de la statue :
    « La statue représentant la Roumanie libérée, portant la balance et la
    croix, symboles de la justice et du christianisme, qui se trouvaient dans la
    cour de la mairie, fut démolie sur l’ordre de M. Emanoil Băleanu. Cet acte de
    vandalisme, il l’accompagna de mots si méchants et ignobles que notre plume
    refuse d’en noircir le papier. Le socle fut également démoli, sans respecter le
    droit de propriété ».






    Adrian-Silvan Ionescu explique : « Peu nombreux sont ceux qui savent que Rosenthal a été le premier
    sculpteur de monuments publics de Roumanie. Il a réalisé cette statue de la
    Liberté, installée Place de la mairie, sur l’actuelle Avenue Victoria. La
    statue était pourtant faite d’un matériel périssable : le plâtre. Au
    moment où le gouvernement provisoire s’est réfugié en Transylvanie, fuyant les
    Turcs, la statue a été démolie par les réactionnaires. Elle resta debout
    quelques semaines et ce fut tout. En 1849, une année après la révolution, cette
    sculpture a été reproduite dans les pages de la revue « Illustrirte
    Zeitung » de Leipzig, très probablement d’après un dessin de Rosenthal.
    Celui-ci parlait très bien l’allemand, son oncle était le rédacteur d’une revue
    de langue allemande de Buda. Il était donc en contact avec le monde de la culture
    et avec la presse européenne. Rosenthal a été à la fois un révolutionnaire et
    un artiste. Il a été dévoué à son art, fin connaisseur des physionomies, de la
    psychologie humaine et un excellent observateur du caractère roumain. Il a même
    souhaité être roumain, il s’est toujours considéré Roumain, en dépit du fait
    qu’il ne parlait pas le roumain. Et il est devenu roumain non seulement pour
    avoir reçu la nationalité, mais aussi et surtout par son œuvre ».







    Constantin Daniel Rosenthal a été le Juif, le Magyar et le Roumain qui a fait
    siennes les idées de son temps, leur a consacré sa vie et les a représentées à
    travers son art. La révolution fut, sans doute, une d’entre elles. (Trad. :
    Dominique)

  • Visite guidée découverte de l’art de rue de Bucarest

    Visite guidée découverte de l’art de rue de Bucarest

    La
    présence du street art dans les villes de Roumanie est de date assez récente.
    Bien que cet art semble à la portée de tous, rares sont ceux qui le remarquent
    sur leur chemin. D’où les initiatives promotionnelles, à travers des balades.
    C’est justement d’une telle initiative que nous allons parler aujourd’hui.


    Valentin
    Dobrin, l’organisateur de l’un de ces circuits alternatifs, nous a confié que
    l’idée lui était venue après un city break en 2018, à Berlin, ce haut lieu de
    l’art urbain en Europe et dans le monde : « J’ai
    participé à un tour alternatif là-bas et j’ai beaucoup aimé l’idée. De retour
    en Roumanie, je me suis demandé s’il en y avait chez nous aussi. Je savais que
    le street art avait pris de l’ampleur dernièrement et que l’on pouvait voir de
    plus en plus de peintures murales. J’ai découvert qu’il y avait deux autres
    circuits, destinés plutôt aux touristes. J’ai eu l’idée de faire un circuit
    accessible aux habitants de Bucarest, pas seulement aux touristes. Et c’est là
    que tout a commencé. »



    En
    l’écoutant parler, moi, la Bucarestoise, je me suis posé la question si je
    connais vraiment ma ville, si je sais ce qu’elle cache. Mon doute a été
    confirmé par Valentin Dobrin : « La
    grande majorité des Bucarestois connaît deux ou trois endroits où cet art de
    rue se déploie. Ils ont une petite idée des artistes locaux et certaines
    connaissances sur cet art. Pourtant, une grande partie de ce que je leur montre
    leur est inconnue. Et à la fin, beaucoup sont étonnés et disent qu’ils sont
    passés plusieurs fois par un certain endroit de la ville sans deviner quelle
    beauté se cachait derrière tel ou tel immeuble. La visite guidée a lieu au cœur
    de Bucarest, avec pour point de départ la Place Revoluţiei. Notre itinéraire
    passe par l’Avenue de la Victoire, le jardin de Cişmigiu, Calea Griviţei et
    enfin Piaţa Romană. Cela prend environ trois heures et demie. »


    La
    communauté des artistes de rue commence à se développer, précise notre
    interlocuteur, qui ajoute : « Les
    artistes proviennent d’horizons divers. Certains d’entre eux sont les gamins
    d’hier qui faisaient du graffiti – rien de plus naturel que de passer du
    graffiti au street art. D’autres s’étaient exercés auparavant à la bande
    dessinée. Enfin, il arrive que des illustrateurs finissent par se passionner
    pour le dessin mural. Cette communauté artistique grandit et je pense que l’on
    assiste à un développement organique et très beau de l’art de rue à Bucarest.
    L’art urbain n’est pas que de l’art mural. C’est aussi les stickers, ces
    autocollants que l’on peut voir sur les poteaux, sur les panneaux de
    signalisation. Cela renvoie également au collage, mais il existe aussi d’autres
    genres de technique de street art. »




    Nous
    sommes à la frontière entre légal et illégal, car si les autorisations sont
    toujours prises pour les grandes interventions, les petites y échappent. J’ai
    demandé à Valentin Dobrin s’il y avait un univers thématique du street art
    : « C’est
    très varié. Les thèmes peuvent relever du social, de la politique, mais cela
    dépend de l’expérience et des sentiments de chaque artiste. Et puis l’art de
    rue peut se décliner en graffitis, peintures murales, stickers et collages. Il
    y a des artistes qui fabriquent même des figurines en céramique, qu’ils collent
    dans les espaces publics. Or, si quelqu’un ne vous les montre pas, il est presque
    impossible de les trouver. En plus, j’essaye de clarifier un peu l’éternelle
    question : est-ce de l’art ou du
    vandalisme ? Beaucoup de gens confondent les deux, ne connaissent
    pas la différence entre le graffiti et le street art. Le graffiti est une écriture
    sur un mur ou un dessin, réalisé par quelqu’un à des fins on peut dire publicitaires.
    Tout ce qui compte pour l’auteur, c’est que son nom soit quelque part sur un
    mur et que les autres le voient. Par contre, dans le street art, le dessin ou
    l’écriture sont porteurs d’un message. A mon avis, on parle d’art urbain
    lorsqu’un dessin provoque une réaction du spectateur. »




    Et
    parce que nous voulons nous promener dans de beaux endroits, Valentin Dobrin a
    lancé une invitation : « Tant qu’il n’y a pas de restrictions, ces tours guidés
    ont lieu tous les dimanches, à partir de 11h00. Davantage de détails sur le
    site alternative-bucharest.com.
    » (Trad. Mariana Tudose)





  • ישראל הוזמנה ל Art Safari 2020

    ישראל הוזמנה ל Art Safari 2020

    ישראל הוזמנה לתערוכת האמנות – Art Safari 2020 שפתוחה בין התאריכים 11 בספטמבר לבין 20 בספטמבר בבוקרשט. זה האירוע הגדול ביותר המוקדש לאמנות ברומניה. את ישראל מייצגת עבודת טקסטיל גדולת מיימדים, חתומה על ידי גילי אביסר.



    אביסר, הוא אמן מורכב, היוצר עולם פנטסטי של חומרים וצבעים, בזכות הכישרון והמקוריות שמאפיינים אותו. הטכניקה שלו, משחק בין יצירה להצגה, נותנת לאמן את היכולת להתאים אישית את החללים שבהם הוא מציג. זו הסיבה שאנחנו יודעים שהעולמות שהיא יצור למהדורה זו יעבירו את הציבור לממדים חדשים, אמר דייוויד סרנגה, שגריר ישראל ברומניה.



    המוזיאון הזמני יארח בסך הכל 11,000 מ”ר של מורשת רומנית ואמנות עכשווית, כמו גם אמנות בינלאומית. לראשונה בתולדות האירוע, ארט ספארי יתקיים בשתי מקומות: מגדל ויקטוריה, בניין מהמאה ה -21, הממוקם במרכז הבירה, וקניון AFI קוטרוצני.



    ארט ספארי יארח תערוכה המוקדשת לSABIN BALASA, צייר רומני עכשווי מפורסם. ביתן המוזיאונים מוקדש לצייר הרומני GHEORGHE PATRASCU, אחד המאסטרים הגדולים החשובים ביותר באמנות בתחילת המאה העשרים.



    AFI Cotroceni Art Safari מארח 1,000 מטרים רבועים של אמנות, ומציע 4 חוויות ייחודיות: פיסול, אומנויות טקסטיל, ומתקן אמנות הפתעה רחב היקיפים לכל הגילאים. ארט ספארי רשם 165,000 מבקרים בשש המהדורות הקודמות.

  • L’art qui nous protège

    L’art qui nous protège

    Voilà comment les choses se passent : les enfants posent sur le papier des taches de couleur ; Roxana Ene et son fils, Alexander, les artistes de léquipe ROXY&KIDS ART, les voient et les réinterprètent, leur donnant un sens. Cest une expérience dont nous avons déjà eu loccasion de vous parler : les enfants samusent dans un paradis de couleurs et de substances – crayons, feutres, fruits, chocolat, il y a même du dentifrice, tandis que les artistes, Roxana et Alexander, poursuivent le voyage. Quelques taches de couleur couchées sur le papier peuvent devenir le prétexte dune peinture complexe, avec des personnages. Des peintures expressives… Si lexpressivité est voulue ou involontaire, personne ne peut le savoir. Parce quil sagit de projets dart faits avec et pour les enfants atteints dautisme, de trisomie ou de traumas psychiques. Roxana Ene mène, depuis 2010, des projets dart collaboratif dans des centres de placement ou avec des enfants en situation de handicap, en Roumanie et en Allemagne.



    Voilà quelques années, un livre a été réalisé avec les dessins complétés des enfants. Son titre ? « Tu vois aussi ce que je vois ? », avec le sous-titre « Livre créatif pour les enfants, les parents et les professeurs ». Le projet au cours duquel il a été réalisé a mis en évidence les besoins des enfants en situation de handicap.


    Lannée dernière, nous avons rencontré Roxana à un festival urbain, « Femmes dans la rue de Mătăsari », où elle faisait connaître les « fote » (jupes ou tabliers traditionnels) réalisées dans ses ateliers dart collaboratif. Cest un élément du costume traditionnel féminin que lon retrouve tant en Roumanie quen Allemagne. Les « fote » à modèle ont connu un grand succès, pouvant être portées autour de la taille, sur le côté, sur la poitrine, par des femmes comme par des hommes. Beaucoup des créations vestimentaires réalisées dans le cadre des projets de Roxana ont été portées à des festivals connus tels le Festival Gopo du cinéma roumain, et dautres. Malgré cela, le succès des projets ne consiste pas en lappréciation des œuvres créées et leur achat, mais surtout en la collecte de fonds pour soutenir les enfants en situation de handicap.



    Ainsi, en novembre dernier, la collection de vêtements heART COUTURE était lancée (jupe en tulle, « fotă », T-shirts, écharpes), dans un défilé de mode de 20 jeunes trisomiques et 20 jeunes volontaires accompagnateurs, le premier défilé de mode où tant les créateurs que les modèles étaient des personnes trisomiques. Et vu que le printemps est une saison de renaissance sur tous les plans, Roxana Ené et léquipe ROXY&KIDS ART lancent un nouveau projet :


    « La « fota » est née lannée dernière, à la même époque. Une année plus tard, cétait le tour des bandanas. Cest comme si je les avais vus pour la première fois dans ma vie. Je nai jamais attaché dimportance à ces objets vestimentaires, ils ne me vont pas bien, moi, jai eu des châles, des fichus, surtout au cou, pas sur la tête. Quand jai vu les enfants de lHôpital Marie Curie, en 2017, certains dentre eux portaient des bandanas en guise de couvre-chef. Leur image ma beaucoup impressionnée. Trois années sont passées et elle est restée dans ma mémoire. Jai été animée par lidée de faire une joie à ces petits. Ils devenaient les créateurs de ce bandana, et je pense que cela leur donnait un sentiment de joie, de fierté, comme sils disaient : « voilà ce que je porte, voilà ce que jai ! » Dailleurs, je pensais que même les parents peuvent les porter, ou les médecins et les infirmières, comme une sorte duniforme, en signe de solidarité. Voilà lhistoire, en bref. »


    A linstar des « fote », la collection heART COUTURE et les bandanas sont également le résultat dun projet dart collaboratif, explique Roxana :


    « Je suis allée à lhôpital Marie Curie ; un groupe denfants de 7-8 ans ont fait de la peinture abstraite. Moi, je prends loriginal de lenfant, je fais une copie couleur et je travaille sur cette copie, sans intervenir sur loriginal. Je le regarde effectivement comme on regarde le ciel, comme on voit les nuages, avec toute sorte de formes. Un nuage peut avoir la forme dun éléphant ou peut-être que pour un enfant, il ressemble à un tracteur ou à un arbre. Cest le phénomène de la métamorphose dans lart. Et interprétant ce travail, je ne le rends pas meilleur, je ne fais que le réinterpréter. » La technique apprise par Roxana et Alexander est issue dun besoin, parce quils travaillent beaucoup avec des enfants atteints dautisme non-verbal, qui ne peuvent pas énoncer ce quils ont à transmettre. Cest là quils interviennent et quils essaient de devenir la voix de ces enfants.



    Au-delà du désir de réinterpréter certaines formes dart, léquipe ROXY&KIDS ART continue davoir des plans intéressants. Comme dans le cas des projets antérieurs, ils souhaitent une plus grande prise de conscience de la part du public, et une collecte de fonds au bénéfice des enfants qui ont différents problèmes. Notre interlocutrice précise :



    « Jessaie ! Jai dabord pensé à tous les enfants, et aussi au fait que tous ceux qui sont grands, beaux, merveilleux et en bonne santé, pourraient venir donner un coup de main ! Cest ainsi que jai imaginé que les bandanas pouvaient lier les gens dune certaine façon, plus vite que toute autre forme dart que nous ayons abordée jusquici. En les montrant aux jeunes, maintenant, nous avons souhaité collecter des fonds, prier nos semblables daider en offrant un bandana à ces enfants.


    Un projet en développement, qui bénéficie déjà dun soutien important. (Trad. : Ligia Mihăiescu)

  • A bâtons rompus avec Chef Samuel Le Torriellec

    A bâtons rompus avec Chef Samuel Le Torriellec

    Samuel Le Torriellec est un chef hors norme : il aime les tatouages, a cuisiné pour le Pape, a été juré à MasterChef. Goût, honnêteté, expérience et partage sont les mots qu’il emploie en parlant d’une gastronomie de qualité. Bonne nouvelle: au mois de septembre, chef Samuel Le Torriellec ouvre son propre restaurant à Bucarest!



  • La Blouse roumaine au Palais royal

    La Blouse roumaine au Palais royal


    Le Palais royal de Bucarest, situé au cœur de la ville et qui accueille le Musée national dart de Roumanie, rouvrait ses portes à la mi-mai, mais pas tous les espaces pouvaient être visités à ce moment-là. Paula Varga, responsable de communication au Musée, nous a fourni des détails sur la réouverture des espaces muséaux après le confinement : « A présent, tous les espaces gérés par le Musée national dart de Roumanie sont ouverts et ils peuvent, donc, être visités, en respectant évidemment les normes de sécurité sanitaire en vigueur. Quand je dis espaces muséaux, je me réfère, en dehors de la Galerie nationale et de la Galerie dart européen, qui se trouvent dans le Palais royal, aux Musées Zambaccian et Theodor Pallady et au Musée des Collections dart. En plus, à compter du 24 juin, quand on a célébré la Journée internationale de la Blouse roumaine, nous avons également rouvert les espaces historiques. Ainsi peut-on visiter la Salle du trône, la Salle à manger royale et lEscalier des voïvodes. La réouverture a été marquée par une séance photo spéciale. Quatre comédiennes du Théâtre Nottara, Mihaela Subțirică, Ioana Calotă, Daniela Minoiu et Crenguța Hariton, ont mis des costumes traditionnels roumains pour illustrer le lien entre ces espaces historiques et la Blouse roumaine. Cet événement fait partie dune collaboration en cours avec le Théâtre Nottara où des comédiens interprètent des scènes inspirées douvrages exposés ici, dans le musée. Sur le site Internet du théâtre, vous trouverez neuf telles réinterprétations renvoyant aux ouvrages de Grigorescu, Tonitza, Ciucurencu, Rubens ou Rodin. Cette campagne, qui continuera jusquà la fin août, nous réserve beaucoup dautres surprises. »



    Le costume traditionnel roumain nous fait penser aux contrées riches en traditions et coutumes, au grand compositeur George Enescu et à la « Rhapsodie roumaine », à Ciprian Porumbescu ou à Gheorghe Zamfir et à sa flûte de Pan magique, aux tableaux romantiques de Nicolae Grigorescu ou dIon Andreescu. Le costume traditionnel, notamment la blouse roumaine, a aussi une étroite liaison avec la Maison royale de Roumanie, précise notre interlocutrice, Paula Varga: « Tant la reine Elisabeth que la reine Marie ont aimé le costume traditionnel roumain quelles ont souvent adopté dans leur tenues, y compris lors de rencontres de haut niveau. Les photos avec la reine Marie habillée en costume traditionnel sont célèbres. Dailleurs, dans la pièce située près de la Salle du trône, on peut admirer nombre de portraits royaux, dont deux représentent les reines vêtues de costumes traditionnels roumains. En plus, des personnages portant ces costumes sont à retrouver dans les décorations du palais. La bonne nouvelle, pour tous ceux qui souhaitent visiter la Salle à manger royale, la Salle du trône ou lEscalier des voïvodes, cest que les horaires de visite ont été élargis. Jusquici, on ouvrait seulement pour « le mardi des Espaces historiques ». Désormais, ces espaces-là sont ouverts au public du mercredi au dimanche, pendant les horaires douvertures du musée. » (Trad. Mariana Tudose)