Né à Timisoara, en Roumanie et parti par la suite en Suisse où il s’installe avec sa famille, Cătălin Dorian Florescu est l’auteur de nombreux romans écrits en allemand, dont trois traduits en français : “Le Masseur aveugle” (Liana Levi, 2008), “Le Turbulent Destin de Jacob Obertin” (Seuil, 2013) et le tout récent « L’Homme qui apporte le bonheur » (Editions des Syrtes, 2024), traduit de l’allemand par Elisabeth Landes. Mathieu Fabre de la librairie française Kyralina en a fait son coup de coeur.
Tag: delta du Danube
-
L’Homme qui apporte le bonheur, de Cătălin Dorian Florescu
-
Ecotourisme dans le delta du Danube
Un endroit unique au monde
Le Delta du Danube, le deuxième delta d’Europe en termes de superficie et le delta le mieux conservé, a été inclus dans le patrimoine UNESCO en 1991. Il a été aussi classé réserve la biosphère au niveau national. Il est considéré comme un paradis de la nature, mais aussi une destination de tourisme durable. Nous vous invitons aujourd’hui à découvrir les manières de pratiquer un tourisme écologique, dans pour la nature, afin de ne pas toucher à la beauté de la région.
Le guide de notre voyage est Iliuță Goean, qui se déclare un touriste irrémédiablement amoureux du delta du Danube, et ce depuis 20 ans. Cela fait 15 ans déjà il a sa propre agence de tourisme et qu’il aide les touristes à découvrir la région, tout en prenant soin de la nature.
Iliuță Goean : « Imaginez-vous le paradis. C’est ça le delta du Danube. C’est le dernier endroit sauvage d’Europe, le dernier endroit où l’on se sent vraiment au cœur de la nature intouchée par l’homme. C’est l’endroit d’Europe ayant la plus grande biodiversité. Il recèle le plus grand nombre d’espèces d’oiseaux, d’insectes, de plantes et de poissons. Si vous voulez voir plus de choses dans la nature que n’importe où ailleurs en Europe, alors venez au delta du Danube. Par ailleurs, le tourisme écologique est celui qui ne fait aucune intervention sur la nature, qui tente de laisser une empreinte presqu’inaperçue, sans rien détruire. Il faut éduquer surtout les jeunes en ce sens, car ce sont eux qui représentent l’avenir, il faut absolument leur apprendre à faire du tourisme écologique. »
Pratiquer un tourisme respectueux de la nature
Si l’on souhaite passer par le delta du Danube sans rien détruire, il faut choisir un programme qui inclut des bateaux à vitesse moyenne ou réduite et surtout pas de bateaux à grande vitesse, explique Iliuță Goean. Les bateaux rapides sont extrêmement nocifs pour l’écosystème du Delta. En revanche, si vous êtes habitués à faire du sport, vous pouvez opter pour des déplacements en kayaks ou canoës.
Iliuță Goean : « Se sont vraiment les moyens les plus écologiques pour explorer le delta du Danube. Moi je ne suis pas né ici, au delta. J’y suis venu il y a 20 ans pour y rester. Cela faisait longtemps que je me rendais au delta en été ou en automne pour pécher. Mais je me suis décidé d’y rester il y a 20 ans et j’ai déménagé ici, à Mila 23. Après avoir habité dans plusieurs endroits du delta j’ai fini par choisir Mila 23 parce que cet endroit me semble le mieux placé pour explorer le delta. Il se situe sur l’ancien coin du bras Sulina. Il n’est pas très influencé par la navigation commerciale, contrairement aux principaux bras du Danube. C’est un endroit tranquille, très beau et, qui plus est, il s’enorgueillit d’une cuisine traditionnelle exceptionnelle. C’est ici qu’a récemment ouvert ses portes le Musée Ivan Patzaichin, devenant un point de référence du delta du Danube. C’est l’Association Ivan Patzaichin qui a réussi aussi, après plusieurs années, à établir un itinéraire pour les bateaux à rames et bientôt une application mobile pour explorer le delta sera lancée. Ceux qui souhaitent utiliser une barque à moteur ont à leur disposition des programmes de randonnée tous les lundis, les jeudis et les dimanches. Nous accueillons les touristes à Tulcea et nous les amenons à Mila 23. Nous collaborons avec les unités d’hébergement, administrées par les habitants de la région, qui savent faire de la cuisine spécifique du delta. »
Optez pour des paquets complets, randonnées inclue
Si vous êtes tentés, avant de venir au Delta du Danube, de réserver d’abord votre hébergement, et puis rechercher des options de transfert et des excursions, le résultat se sera pas des meilleurs.
Iliuță Goean explique : “De nombreuses personnes d’imaginent qu’en arrivant au milieu du delta, ils trouveront une avalanche de guides et d’embarcations qui les attendent à les transporter partout. Pourtant, ce n’est pas du tout le cas, parce que généralement, les unités d’hébergement sont assez petites et leur logistique est adaptée à la taille de leur propriété. Alors, si on choisit un hébergement qui ne propose pas de programme touristique avec tours en bateau, on risque de ne pas pouvoir découvrir le delta. C’est pourquoi, je recommande toujours aux touristes de s’acheter un paquet complet, car cela peur permettra de savoir quelle sera l’embarcation utilisée. Je déconseille les bateaux recouverts de bâches d’où il est impossible de voir quelque chose. Je recommande chaleureusement les bateaux ouverts qui permette de vivre une expérience authentique. Vous pouvez tout voir et tout entendre. Il y a des centaines d’espèces d’oiseaux qui chantent, surtout au printemps, et ça vaut vraiment la peine de les écouter. Et surtout, vous risquez de perdre le spectacle du vol des oiseaux. La moitié des oiseaux que vous aurez l’occasion de voir, vous les verrez en vol. Dans une embarcation recouverte, vous serez privés de cette expérience.»
Observer les oiseaux
Le delta du Danube est la destination roumaine parfaite pour voir certaines espèces d’oiseaux à part. L’observation des oiseaux est une activité récréative, qui permet de découvrir l’environnement, d’observer les conditions favorables à l’existence des oiseaux et d’autres espèces de faune. Durant cette activité, il n’est pas du tout recommandé de faire des incursions dans les nids, pour ne pas déranger les oiseaux et ne pas les effrayer. Les photos doivent se faire sans flash, car il faut garder le silence pour que les oiseaux continuent leur routine quotidienne.
Notre invité nous fournit des détails sur ces activités : « Les tarifs des programmes d’observation des oiseaux commencent à 1 500 lei par personne, pour quatre jours et trois nuitées, période qui inclut aussi deux transferts. Ceux-ci se déroulent le premier et le dernier jour, mais incluent eux aussi des arrêts pour observer les oiseaux, alors que deux jours sont pleins d’activités. Il y a également des programmes d’initiation pour les enfants. De nombreuses familles souhaitent éduquer leurs enfants et leur faire découvrir le tourisme écologique. C’est pourquoi il existe un tel trajet d’initiation dans l’observation des oiseaux. Il y a des guides spécialement formés pour ces projets, soit des personnes qui enseignent aux enfants l’art de l’observation des oiseaux. Ces informations et découvertes fascinent les enfants qui se frayent un beau chemin dans la vie justement grâce à ces programmes. »
Quand faut-il se rendre au delta?
Les photographes et les passionnés d’oiseaux peuvent se rendre dans le delta tout le long de l’année. Par ailleurs, ceux qui souhaitent découvrir la nature et se relaxer, peuvent s’y rendre d’avril à octobre. Le reste de l’année, les températures ne sont pas trop douces, affirme Iliuță Goean, guide touristique et patron d’une agence de voyage dans le delta du Danube.
Iliuță Goean : « Tard en automne, ce sont les pêcheurs qui s’y rendent, alors qu’en hiver c’est le tour des photographes et des passionnés d’oiseaux, parce qu’il y a des espèces d’oiseaux qui passent uniquement l’hiver en Roumanie. Elles peuvent être vues uniquement en hiver et pas en été. Mais passer des vacances en famille au delta en hiver, si tous les membres ne partagent pas les mêmes passions, cela ne n’est pas trop confortable. Je vous recommande vivement de visiter le delta. Mais soyez quand même vigilants lorsque vous achetez un paquet touristique ! Les embarcations doivent être découvertes, si vous souhaitez une expérience merveilleuse et recommandez à d’autres de répéter ce que vous avez vécu. Vous pouvez découvrir la nature, la gastronomie, la tranquillité, bref plein de choses que vous ne trouverez pas ailleurs. Si vous êtes passionnés d’oiseaux, venez du 15 avril au 15 juin, si vous voulez profiter de la chaleur et vous baigner, aller à la mer, à Sulina, alors il faut venir en été. Enfin, si c’est la migration des oiseaux qui vous intéresse, alors les mois de septembre et d’octobre sont les meilleurs. »
Pour conclure, à retenir que la saison des vacances dans le delta du Danube commence en avril et dure jusqu’à octobre. Le calendrier des événements est très riche aussi et inclut entre autres le Festival International du film indépendant ANONIMUL, Tulcea Fest, les Journées de la ville de Sulina, la fête du village de Mila 23, la fête de la bouillabaisse à Crișan ou encore le marathon du delta du Danube à Sulina. Tous ces événements sont prévus en pleine saison, en été. Venez nombreux ! (trad. Andra Juganaru, Alex Diaconescu)
-
Vacances dans le delta du Danube
Un endroit unique
Aujourd’hui, nous vous proposons d’explorer les possibilités de passer des vacances dans le delta du Danube, une zone unique en Roumanie et en Europe, avec de vastes étendues de roseaux, où l’on trouve de nombreuses espèces d’oiseaux et d’animaux. Sur les canaux et les lacs du delta il y a des nénuphars blancs et jaunes, et l’eau est si limpide que l’on peut voir, comme dans un aquarium, les plantes subaquatiques.
Letea, la forêt subtropicale la plus au Nord du monde
Puis, la forêt de Letea est un endroit spécial, car c’est une des réserves naturelles de Roumanie les plus anciennes. En fait, c’est la forêt subtropicale la plus au Nord du monde. Le paysage en est exceptionnel, les arbres de la forêt avec leurs lianes tropicales alternant avec les dunes de sable. Les chênes y dominent, certains vieux plus de 300 ans, mais on peut également y trouver plus de 10 espèces d’orchidées et une espèce de liane pouvant atteindre jusqu’à 25 m.
Et comme l’un des meilleurs points de départ pour les excursions au delta est Sulina, la ville la plus à l’est de la Roumanie, avec une histoire fascinante, nous avons essayé de découvrir les différentes manières dont on peut explorer y explorer le delta. Pour ce faire, nous avons invité au micro Iulia Pascale, présidente de l’Association « Descoperă Sulina » (Découvrez Sulina) :
Iulia Pascale : « Nous proposons des forfaits touristiques qui incluent à la fois le transfert de la ville de Tulcea à Sulina et les excursions dans le delta du Danube. Nous les appelons plutôt des expériences en nature, et nous proposons des excursions en bateau ou en kayak, selon la condition physique des touristes, ainsi que des forfaits qui peuvent inclure des expériences gastronomiques. Nous avons un point d’information touristique et nous nous assurons que chaque touriste qui nous rend visite passe des vacances extraordinaires et vit une expérience inoubliable. »
Des plats délicieux à base de poisson, préparés sur place
Cela va sans dire que la région offre une abondance de spécialités culinaires à base de poisson. Par conséquent, une expérience gastronomique pourrait inclure de la pêche sportive en bateau, suivie d’une pause dans une maison d’hôte locale, où les hôtesses préparent des recettes traditionnelles : la « ciorba » de pește, une soupe aigre à base de poisson avec plusieurs types de poissons du Danube, le « storceag », une soupe de poisson relevée à la crème fraiche, autrefois faite à base d’esturgeon, une espèce strictement protégée aujourd’hui. Dans cette offre gastronomique variée, on trouve également la « ciorbă » de perişoare, une autre soupe aigre avec des boulettes de poisson haché, ou encore le « Steak » de poisson, ainsi nommée car le poisson est cuit au four avec des pommes de terre, des saucisses, d’autres petits poissons ou des boulettes de poisson. Les salades d’œufs de poisson, le pain de poisson, le poisson fumé ou mariné sont également des entrées à ne pas manquer. Autant de plats délicieux, préparés sur place, à découvrir au delta du Danube. A noter que tout est frais et fait maison.
Que peut-on visiter ?
Nous avons invité notre interlocutrice à nous indiquer quels sites touristiques exceptionnels nous devrions visiter une fois sur place.
Iulia Pascale : « Tout d’abord, vous devez absolument visiter le cimetière de Sulina. Pour les touristes étrangers, une grande attraction est le « point zéro », soit la Mila 0 du Danube, où le Danube se jette dans la mer Noire. Il y a aussi des excursions organisées pour admirer le coucher de soleil, qui est spectaculaire et différent chaque soir. N’oubliez pas non plus le vieux phare de Sulina, qui ouvre cette année. C’est le phare de la Commission Européenne du Danube qui témoigne de l’histoire de la ville de Sulina depuis 1956 ».
En tant que destination de vacances, le Delta du Danube met en avant un tourisme lent, axé sur les randonnées en nature, à la découverte de la biodiversité, de la multiculturalité, des traditions et la de gastronomie locale. Les visiteurs peuvent ainsi profiter de ce que l’on appelle le “tourisme deltaïque”.
Voilà, l’invitation a été lancée ! En espérant que vous allez découvrir cet endroit unique de Roumanie et du monde, nous vous disons à bientôt pour une nouvelle destination ! (Trad. Rada Stănică)
-
La côte roumaine à la Mer Noire..
Madame,
Monsieur, l’été s’est confortablement installé en Roumanie, le soleil est au
rendez-vous et les vacances sont sur le point de commencer. Avec ses stations
modernes qui s’enchaînent tout au long de la côte de la Mer Noire, ses plages
de sable fin baignées par des eaux limpides, la Roumanie pourrait constituer
une excellente destination pour la saison estivale. D’ailleurs, cette région en
bord de mer qu’on appelle la Dobroudgea, ne se cantonne pas seulement à ses
plages, mais aussi aux stations thermales ou encore au Delta du Danube. Stefan
Necula, à la tête du site touristique litoralulromânesc.ro la considère comme
l’une des destinations les plus belles de Roumanie, notamment après les travaux
de modernisation de ces dernières années. Une fois sur place, les vacanciers
auront à choisir entre baignades, cures, fêtes ou sorties culturelles.Stefan
Necula:
« Le
littoral roumain de la mer Noire commence avec les stations de Eforie Sud et
Eforie Nord dont les plages viennent d’être élargies. D’ailleurs,
l’élargissement des plages se poursuivra sur l’ensemble de la cote qui s’avère
une destination idéale pour tout le monde, notamment pour les familles avec
enfants. On y trouve de nombreux hôtels qui proposent des activités pour les enfants,
des piscines, des centres de loisir ou même des tobogans gonflables installés
directement sur la plage. Il y a, par la suite, le Delphinarium et l’Aquarium
de Constanta. Nous avons dans toutes les stations des clubs de nuit pour ceux
qui veulent faire la fête et danser. Et puis, on a des attractions culturelles
uniques dans cette partie de l’Europe, comme par exemple, le Musée
d’archéologie de Mangalia, ou encore celui d’Histoire de Constanta. N’oublions
pas les centres SPA ou ceux de cures thermales. »
Si vous
êtes à la recherche d’un centre de thalassothérapie au bord de la mer, vous
pourriez choisir parmi les hôtels qui proposent dans leurs locaux un jacuzzi,
un sauna sec ou humide, des massages relaxants ou contre la cellulite ou encore
des salles de fitness pour retrouver de l’énergie. Les cures balnéaires, les
massages déstressant, bref, toutes ces procédures de bien-être se déroulent
sous l’œil attentif des professionnels de la santé. Et puisqu’on en parle, ajoutons
que la boue sapropélique du lac de Techirghiol est célèbre non seulement en
Roumanie, mais dans le monde entier, pour ses propriétés curatives.
A part
les centres SPA et de bien-être, le littoral roumain vous attend aussi avec un
riche agenda de festivals. Notre invité, Ștefan Necula, poursuit :
« Le nombre de festivals a augmenté. Cette année, l’agenda
côtier a débuté le 1 mai par la dixième édition d’un grand festival de musique.
Il y a ensuite le festival NeverSea, déjà consacré et très attendu par les touristes.
Pour ce qui est des attractions naturelles qui font la fierté du sud-est de la
Roumanie, il convient de mentionner, bien évidemment, le Delta du Danube qui propose
des ballades d’un jour, à bord des embarcations de petites dimensions permettant
de se frayer un chemin sur les canaux étroits. C’est une excellente occasion
pour les vacanciers d’observer la nature sauvage et surtout les oiseaux. Si
vous connaissez déjà le Delta, vous pourriez opter pour d’autres randonnées à
travers la Dobroudgea, une région pluriculturelle où cohabitent de nombreuses
ethnies. Voilà pourquoi, durant de telles sorties organisées, vous aurez la
possibilité de goûter à des plats spécifiques. Par exemple, du poisson préparé
selon une recette tatare. Je vous assure, les possibilités de connaître la
Dobroudgea sont nombreuses et des plus intéressantes.
La
plupart des étrangers qui se rendent en Roumanie pour passer leurs vacances sur
la côté roumaine de la mer Noire viennent des pays de l’UE, précise Ștefan
Necula:
« Le plus
souvent, les étrangers qui viennent en Roumanie passer leurs vacances sur les
bords de la mer Noire le font suite aux interactions qu’ils ont eues avec des
ressortissants roumains. La plupart viennent d’Italie et d’Espagne. Ou encore,
de Grande Bretagne, pays qui est sorti de l’UE. Je pense que le plus important
est de maintenir l’afflux de touristes étrangers intéressés par la Roumanie et
dont les retours sont principalement positifs. Ils aiment bien les Roumains
qu’ils considèrent accueillants, ils aiment bien les produits du terroir et par
conséquent, une fois rentrés chez eux, ils comptent y retourner. »
Côté prix, les locations de vacances au bord de la
mer Noire restent pour la plupart,
accessibles. Bien sûr, il faut toujours prendre en considération le rapport
entre les tarifs et les services proposés, mais, aux dires de Ștefan Necula, il y a un large choix d’hébergements.
« L’offre
d’hébergement et l’infrastructure hôtelière ont dernièrement le vent en poupe.
Si l’on prend en considération la hausse des prix des billets d’avion pour les
destinations estivales consacrées, on verra que la Roumanie reste une
destination accessible. Concrètement, un séjour de cinq nuits, pour deux
personnes, vers la mi-juillet, dans un trois étoiles de Mamaia, la station la
plus prisée de la côte roumaine, vous fera débourser quelque 270 euros. Si vous
optez pour un quatre étoiles, dans les mêmes conditions, vous aurez à payer
quelque 400 euros la chambre double. Pour la même période, mais en vous déplaçant
vers le sud, à Eforie Nord,vous aurez à
payer 230 euros pour cinq jours, dans un trois étoiles et 670 euros pour cinq
jours dans un quatre étoiles, petits déjeuner et diners compris. »
Le plus facile pour
rejoindre la côte roumaine de la mer Noire est de prendre l’avion jusqu’à
Constanta, desservie par l’aéroport international de Mihai Kogalniceanu. Malgré
des travaux de modernisation jusqu’à la fin de l’année, son activité n’est pas
perturbée. Une autre solution serait de venir sur Bucarest et de vous y rendre
en voiture, en empruntant l’autoroute A2, surnommée « autoroute du Soleil »,
qui relie la capitale à Constanta, en seulement trois heures de route. (Trad : Ioana
Stancescu)
-
La semaine du 20 au 26 février 2023
Le chef de l’Etat roumain, présent au sommet des neuf de
Bucarest, de Varsovie
‘L’unité et la solidarité
pour l’Ukraine sont absolument essentielles et représentent l’arme secrète dont
disposent les pays alliés, a fait savoir le chef de l’Etat roumain, Klaus
Iohannis, lors de la réunion extraordinaire des pays du groupe « des neuf
de Bucarest », organisée à Varsovie. Créé en 2015, suite à l’annexion de
la Crimée par Moscou, le groupe des pays en Format Bucarest 9 représente une
initiative des présidents roumain et polonais et comporte aussi la Bulgarie,
l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Slovaquie et la Tchéquie.
La Russie a ramené la guerre en Europe et les pays alliés du Flanc Est de
l’OTAN se trouvent en première ligne des efforts de lutte contre les
conséquences négatives de ce conflit brutal et illégal, a martelé Klaus
Iohannis. Et lui de plaider en faveur d’une présence militaire américaine
renforcée, parallèlement à la mise en place d’une stratégie des Etats-Unis pour
la région de la Mer Noire. La réunion de Varsovie s’est déroulée en présence
aussi bien du chef de la Maison Blanche, Joe Biden que du secrétaire général de
l’OTAN, Jens Stoltenberg. M. Biden s’est engagé à protéger les pays du Flanc
oriental de l’Alliance qui, a-t-il précisé, se trouvent en première ligne face
à la Russie. Pour sa part, M. Stoltenberg a déclaré que l’Ukraine doit se voir
accorder l’aide dont elle a besoin et que la Russie doit être empêchée à porter
atteinte à la sécurité européenne.
Un an depuis l’invasion russe de l’Ukraine
Un an après le début de
l’invasion russe de l’Ukraine, le ministre roumain de la Défense, Angel Tîlvăr,
a affirmé la volonté de la Roumanie de continuer à soutenir Kiev aussi
longtemps que nécessaire. Le peuple roumain fait confiance à un système
international fondé sur des règles et non pas sur des agressions, a ajouté le
responsable roumain. Le conflit russo-ukrainien a produit la plus grande vague
de réfugiés en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Des millions
d’Ukrainiens sont entrés en Roumanie, la plupart pour la transiter. Pourtant,
une centaine de milliers d’entre eux ont choisi d’y rester. Dans ce contexte,
le chef de la diplomatie roumaine, Bogdan Aurescu, a réitéré le soutien pluridimensionnel
que Bucarest a accordé à Kiev. Il a rappelé les facilités économiques, le
soutien aux exportations des quelques 13 millions de tonnes de céréales,
l’ouverture de nouveaux points de passage de la frontière commune, l’assistance
bilatérale au parcours européen de l’Ukraine. Parallèlement, les autorités de
Bucarest ont décidé de la fermeture du Centre russe pour la Culture et la
Science de Roumanie. Selon un communiqué du Ministère roumain des Affaires
Etrangères, « à travers ses actions, le centre s’est éloigné
irrémédiablement des objectifs culturels proposés, en devenant un instrument de
propagande, de désinformation et de justification des crimes de guerre commis
par la Fédération de Russie en Ukraine ». Le Centre doit suspendre ses
activités jusqu’au 20 août au plus tard.
La présidente moldave, Maia
Sandu, en visite à Bucarest
Le
lendemain de la réunion de Varsovie du groupe des pays en Format Bucarest 9 et
après avoir reçu les encouragements du président américain, Joe Biden, la
cheffe de la République de Moldova, Maia Sandu, a visité Bucarest pour des
discussions avec Klaus Iohannis. Les deux responsables politiques ont passé en
revue les relations bilatérales et les projets communs. Une occasion pour Mme.
Sandu de remercier la Roumanie de son soutien constant, notamment dans le
contexte de la crise énergétique actuelle. Pour sa part, Klaus Iohannis a
dénoncé les menaces extérieures sans précédent à l’adresse de la République de
Moldova. Bucarest restera vigilent devant les actions hybrides orchestrées par
la Russie et continuera à soutenir fermement le respect de la souveraineté et
de l’intégrité territoriale de son voisin moldave, entre les frontières
mondialement reconnues. Le président roumain a félicité les autorités
pro-occidentales de Chisinau pour la manière calme et professionnelle dont
elles ont su relever les défis du dernier temps. En visite à Bucarest, Maia
Sandu a rencontré aussi le premier ministre, Nicolae Ciuca et le président de
la Chambre des députés, Marcel Ciolacu.
Qu’est-ce qui se passe avec
le canal de Bystroe
Cette
semaine, la Roumanie a fait part de ses inquiétudes après que des indices ont
révélé d’une opération de dragage lancée par l’Ukraine sur le canal de Bystroe,
qui traverse une région côtière commune, très sensible du point de vue
écologique. Bucarest a donc demandé à Kiev de vérifier les travaux qui se
déroulent. Pour sa part, l’Ukraine a affirmé avoir fait passer le calage des
navires qui naviguent sur le canal de Bystroe de 3,9 à 6,5 mètres. Bucarest
s’est dit préoccupé par les travaux qui, dit-il, risquent de porter atteinte à
l’écosystème qui fait partie du Patrimoine mondial de l’UNESCO, tout en violant
les traités internationaux de protection environnementale. En fait, la classe
politique roumaine et une partie de l’opinion publique s’alertent sur le risque
que l’Ukraine aurait dragué le canal plus qu’il ne fallait pour le rendre
navigable pour des navires plus gros. Selon Reuters, après que le pays s’est vu
limiter l’accès à ses ports à la Mer Noire, les céréaliers ukrainiens naviguent
sur le canal de Bystroe. Le chef du gouvernement de Bucarest, Nicolae Ciuca, a
déclaré que tous les travaux en dehors des ceux ordinaires, d’entretien,
nécessitent une explication. Pour sa part, le chef de la Chambre des députés,
le social-démocrate, Marcel Ciolacu, a affirmé que la protection du Delta du
Danube n’est pas négociable. L’Ambassade ukrainienne à Bucarest a transmis que
les travaux déroulés exclusivement dans la limite des frontières ukrainiennes
s’inscrivent dans le cadre des opérations courantes de dragage de la voie
navigable.
-
L’élimination de la pollution des eaux du Danube, à Mahmudia, dans le delta du Danube
C’est en
2016, que la commune de Mahmudia, située sur le bras Sfântul Gheorghe, au beau milieu
du delta du Danube, pouvait se féliciter d’avoir mené à bien son premier projet
de réhabilitation écologique mis en œuvre dans le delta. Les artisans de l’initiative,
soit les autorités locales, l’administration de la réserve de la biosphère du delta
du Danube, et le Fonds mondial pour la nature Roumanie, sont parvenus, grâce
aux fonds européens, à rendre à l’état naturel près de mille hectares de
terrain agricole. Le terrain, partie du delta, avait été desséché entre les
années 85/89 par le pouvoir communiste, qui n’avait de cesse de projeter sa
vision volontariste de transformation de la société sur les hommes et la nature.
Mais la fin du régime communiste a aussi sonné le glas de grands projets
agricoles et d’aménagement du territoire initiés par le pouvoir d’alors. D’ailleurs,
près de 70% des mille hectares desséchés n’avaient jamais servi aux cultures.
Il n’en va pas moins que les travaux de dessèchement initiés à l’occasion avaient
affecté grandement l’équilibre des écosystèmes naturels, et qu’il devenait
urgent de prendre les mesures appropriées pour rétablir l’équilibre naturel de
la zone. Depuis ces interventions de réhabilitation, le Fonds Mondial pour la
nature Roumanie s’était engagé à réaliser le suivi de la zone qui avait été
réhabilitée. Camelia Ionescu, responsable du département des eaux douces de l’association,
nous offre quelques éléments du dernier rapport réalisé par l’association cette
année.
« L‘idée
est de comprendre ce qui se passe exactement sur le terrain, après avoir implémenté
un projet de réhabilitation d’une telle envergure. Pouvoir suivre et comprendre
donc la manière dont un terrain agricole redevienne une zone naturelle, humide,
partie du delta. Comprendre la manière dont la nature récupère ses droits, mais
aussi la manière dont la communauté, les hommes peuvent bénéficier de ce
changement. Et les résultats sont plutôt encourageants. La biodiversité s’est reconstituée
dans toute cette zone de près
de mille hectares. En fait, dès que l’eau avait réinvesti l’espace, nous avons
pu assister à l’arrivée massive d’oiseaux. Il y a six ans de cela, c’était au
mois d’avril, que l’on a pu reconnecter la zone avec les eaux du Danube, du
bras Sfântul Gheorghe. Puis, au mois de juin suivant, l’on a fait un premier
bilan. Maintenant, six années après, vous imaginez aisément que les choses ont
bien évolué. Lors de notre dernier bilan, l’on a pu compter la présence de près
de 7.000 exemplaires d’oiseaux, des 55 espèces différentes. Et puis, nous avons aussi
approché les habitants, la communauté de Mahmudia, pour mieux comprendre la
manière dont leur vie avait changé à la suite de notre intervention. Parce que,
voyez-vous, même si notre objectif principal vise à améliorer la situation de l’habitat
naturel des espèces protégées, le bien-être des habitants de Mahmudia nous
tient beaucoup à cœur. Nous avons donc diligenté une étude à ce sujet. Et les
résultats sont également encourageants. En effet, 60% des habitants apprécient
que les activités économiques, et tout particulièrement le tourisme, ont été encouragées
du fait de notre intervention. Ils ont pu constater un véritable essor du
tourisme dans la région depuis, sans doute favorisé par la proximité du delta,
par le fait que le village est à nouveau entouré par la réserve naturelle du
delta, et point par ces pâturages, qui avaient remplacé dans les années 80 le
delta. Et cette évolution ne peut que nous réjouir, voire nous encourager à
essayer de soumettre de tels projets dans d’autres endroits affectés par l’intervention
de l’homme dans la région du delta. »
Car cette
manière de comprendre la réhabilitation des marais, l’amélioration de l’habitat
sauvage, la préservation de la qualité de l’eau ne vient pas à l’encontre de l’intérêt
des communautés locales et de leur développement, mais essaye d’y parvenir à
travers l’essor d’un tourisme respectueux de la nature, tout comme à travers le
développement des activités de pisciculture et d’agriculture traditionnelle. Camelia
Ionescu encore :
« Vous
savez, avant la chute du régime communiste, près de 30% de la superficie du
delta du Danube avait été desséché, pour être transformé en des terres
agricoles. Ces terres apparaissent aujourd’hui comme de véritables plaies
ouvertes sur la carte du delta. Mais ces terres peuvent être rendues à la vie
sauvage, peuvent être transformées en des zones où la pisciculture se développe.
Parce que, vous savez, et en dépit de ce que l’on pense en général, les gens d’ici
se désolent de la disparition du poisson, de la diminution des réserves. Or,
ces zones qui faisaient autrefois partie intégrante du delta, qui ont été
desséchées et transformées en terrain agricole par la suite, ces zones pourraient
être inondées à nouveau, et devenir le paradis sur terre des pêcheurs. Et, au
lieu de cela, l’on constate, encore ces dernières années, que les superficies
occupées par les fermes piscicoles diminuent au profit des terres agricoles, ce
qui est un non-sens absolu. Près de 5.500 hectares sont ainsi passés à la
trappe. Alors, plutôt que de pratiquer la pêche, l’on préfère pratiquer l’agriculture.
Faire cela est un non-sens absolu dans le delta du Danube ».
La
réhabilitation des zones affectées a été, en effet, conçue de sorte à favoriser
la reprise des processus naturels, et le développement de l’habitat naturel. Et
si l’objectif déclaré des initiateurs du projet réside en l’amélioration de la situation
de la biodiversité du delta, il n’en va pas moins que les retombées économiques
ne sont point négligeables. Parce que, avoir du poisson à sa table ne doit pas
devenir un lointain souvenir ni pour les habitants du delta, ni pour les
touristes. « Il nous faut poursuivre l’effort de réhabilitation écologique
du delta », martèle donc à son tour Cristian Tetelea, spécialiste des
travaux de réhabilitation écologique du Fonds mondial pour la nature Roumanie.
(Trad. Ionut Jugureanu) -
Le delta du Danube
La
saison touristique vient de débuter dans le delta du Danube. Ce dernier s’étend
entre la région roumaine de Dobrogea et l’Ukraine. Il est le deuxième plus
grand et le mieux préservé des deltas européens. Il est classé au patrimoine
mondial de l’UNESCO depuis 1991 et fait partie des réserves naturelles classées
de Roumanie. Le delta du Danube offre une multitude de possibilités pour les
vacances, comme nous l’explique Cătălin Ţibuleac, président de l’association de
gestion touristique du delta du Danube :
« N’oubliez pas que le delta du Danube
était, pendant la pandémie, la seule destination sûre, et c’est toujours le cas
aujourd’hui. Nous avons ouvert 400 logements à des prix accessibles pour tous
les budgets. Il est essentiel pour les touristes de découvrir la gastronomie
locale : le ragout de poisson, les saucisses de poisson, un repas
traditionnel à base de poisson, bref, le poisson dans toute sa splendeur !
S’ils choisissent de rejoindre le delta en voiture, alors Jurilovca, Mahmudia,
Murighiol sont des destinations idéales. En revanche, les villages de Crişan, Sulina et Sfântu
Gheorghe ne sont accessibles que par bateau. Il y beaucoup d’endroits
incroyables à voir, le delta regorge de lieux superbes ! »
Corina
Davidov, porte parole de l’Association du delta du Danube, nous a mis l’eau à
la bouche en décrivant certaines spécialités gastronomiques locales :
« Pour
chaque spécialité roumaine, il existe dans le delta un équivalent à base de
poisson : le ragoût de poisson, le poisson frit, etc. On met le poisson au
four avec des pommes de terre et tout ce qui va avec : des saucisses, des
mici de poissons, tout, à part le dessert, est à base de poisson. »
Une
destination de luxe a ouvert ses portes sur l’une des petites îles situées en
plein cœur du delta. La Holbina accueille des touristes roumains, mais aussi
français et suisses. Silvia Savu, gérante des lieux, nous parle des activités
touristiques qu’offre le delta :
« Beaucoup viennent pour la pêche,
d’autres pour observer les oiseaux, d’autres pour apprendre à faire du kayak.
Certains se promènent seulement dans la nature, d’autres encore viennent
s’installer ici pour travailler pendant la semaine. Ils profitent ainsi du
calme et du paysage, une atmosphère propice au travail. »
Le
village de Jurilovca a reçu le titre de « village d’excellence »
décerné par la Commission Européenne via la plateforme EDEN. Galina Teleucă,
maire adjointe du village, nous raconte :
« Jurilovca est un des plus beaux villages de
Roumanie. Sa couleur représentative est le fameux bleu de Jurilovca, que nous
vous invitons à découvrir. La saison touristique y a déjà commencé. On peut y
pratiquer de nombreux types de tourisme : gastronomique, religieux,
archéologique, on peut faire des randonnées en voiture, à vélo, en kayak, en
canot, découvrir le delta du Danube ou le bord de la mer Noire. Et puis, il
faut aussi connaître les habitants de Jurilovca qui vous raconteront plein
d’histoires ! »
Crişan
est une des communes les plus recherchées par les touristes qui souhaitent
mieux connaître le delta du Danube. Son maire, Silviu Rahău, nous en
parle :
« La commune de
Crişan compte 3 villages : Crişan, Mila 23 et Caraorman. D’un point de vue
touristique, l’endroit regorge de chambres d’hôte. La forêt de Caraorman attire
de plus en plus de touristes d’une année à l’autre. A Crişan, il y a plein de
gîtes ruraux, un hôtel 5 étoiles et un autre 4 étoiles. Enfin à Mila 23 la
gastronomie locale est à l’honneur, puisque les touristes peuvent se loger le
plus souvent chez l’habitant. »
Et
justement à propos des habitants de la zone, nous avons invité au micro de RRI
Grig Bejan, le propriétaire d’une pension éco-touristique de Murighiol, un
autre village important du delta. Il nous a expliqué pourquoi cela valait la
peine de visiter les lieux :
« L’endroit
est superbe. Les touristes peuvent faire des randonnées en bateau ou en kayak, en
paddle ou en hydro-bicyclette. Venez profiter de tout ce que le delta du Danube
peut vous offrir. »
Voilà,
le delta est sans nul doute une destination à ne pas rater en Roumanie. Mais
avant de s’y rendre, il faut connaître quelques normes à respecter. Viorica
Bâscă, directrice de la Réserve de la biosphère du delta du Danube, les
passe en revue pour nous :
« En tant
qu’administration de cette Réserve de la biosphère et autorité compétente en
termes de protection de l’environnement, nous souhaitons bien informer les
touristes. D’abord, ils doivent savoir que l’accès à l’intérieur de la Réserve
de la biosphère est possible en présentant un permis d’accès pour les
touristes, soit un permis d’accès pour les automobiles et pour les
embarcations. On peut se les procurer en ligne sur le site de l’ARBDD
(Administration de la réserve de biosphère du delta du Danube) ou par SMS.
Puis, la visite du delta doit se faire dans le respect de la nature, tout comme
la nature nous respecte en nous offrant l’immense variété d’espèces et
d’habitats de cette réserve unique. »
Voilà,
chers amis, autant de raisons de prévoir quelques jours pour visiter le delta
du Danube, surtout à la belle saison. (trad. Charlotte Fromenteaud, Valentina
Beleavski) -
Tourisme en Roumanie en 2021
Malgré la pandémie et les restrictions, le tourisme a continué à exister grâce aux efforts des opérateurs touristiques d’adapter leurs offres au contexte sanitaire actuel. Du coup, les villes et les capitales ont perdu du terrain dans les préférences de voyage des Roumains, qui ont préféré dernièrement les sorties en nature et les séjours à la campagne, dans des gîtes ruraux.
L’année touristique 2021 s’est ouverte par l’un des projets les plus ambitieux que la Roumanie avait mis dernièrement en place : Via Transilvanica. Il s’agit d’un projet en cours, comportant 1 200 km de chemin de randonnée, du nord de la Roumanie, de Putna, en traversant la Transylvanie, jusquau au sud-ouest, à Drobeta Turnu Severin. Il peut être parcouru à pied ou à vélo, intégralement en plusieurs semaines ou en partie, selon la force et le souhait du voyageur. Linfrastructure de Via Transilvanica fournit des données sur des possibilités dhébergement et de restauration, mais aussi des informations historiques et culturelles sur les différentes zones géographiques.
Prochaine étape touristique à avoir découvert en 2021 : la région de Buzău. L’occasion d’admirer les Volcans de boue de Berca ou de visiter le Musée de l’ambre, financé par des fonds européens. La série de nos voyages touristiques s’est poursuivie par une petite halte à Râșnov, première ville touristique de Roumanie dont la promotion a été faite en 2009, par des fonds européens. Une fois sur place, le visiteur aura l’occasion de faire de nombreuses randonnées en montagne ou de participer aux festivals médiévaux qui ont lieu entre les murs de la cité médiévale, si la pandémie le permet.
Depuis les sommets des Carpates, on est descendu vers les bords du Danube, dans le département de Mehedinți, connu pour ses grottes et ses nombreuses possibilités de pratiquer le tourisme d’aventure : escalade, rafting, équitation ou cyclisme. Par la suite, nous avons emprunté la route menant de la localité d’Orșova vers les Grandes Chaudières du Danube, là où le fleuve, coincé entre les parois abruptes, semble bouillonner.
Et puis, ce fut toujours durant les six premiers mois de l’année dernière que nous avons visité le comté de Satu Mare. L’occasion de faire le tour des attractions touristiques et de découvrir la Vallée du Someş, connue pour le savoir-faire de ses habitants de travailler les métaux précieux provenant des Monts Maramureş. Et puis, si vous vous en souvenez, on vous a fait le tour du site archéologique de Porolissum, avant de vous faire visiter la Réserve naturelle dite du Jardin des Dragons ou de vous faire goûter à la cuisine du terroir.
Une fois le printemps installé, on vous a invités à découvrir ensemble les offres proposées par les opérateurs touristiques réunis en ligne pour l’édition 2021 de la Foire du tourisme de Roumanie. Une excellente occasion de boucler vos vacances, tout en découvrant les meilleures destinations de Roumanie. En plus, la plate-forme virtuelle a permis aux visiteurs de comparer les prix et de choisir les séjours les plus attrayants. Le premier mois du printemps dernier, on vous a proposé une visite dans la région de Harghita, riche en paysages merveilleux qui s’adapte très bien au tourisme pratiqué généralement par les familles avec de jeunes enfants. Une semaine plus tard, on a mis le cap sur la Vallée de la Prahova, l’une des régions les plus visitées du pays. Une fois sur place, on a alterné tourisme d’aventure, visites des musées et dégustation de vins.
L’année 2021 s’est avérée une excellente occasion d’en apprendre davantage sur un projet européen censé promouvoir le cyclotourisme au long du Danube. Cofinancé par l’UE, le projet a réuni dix pays, dont la Roumanie, qui ont fait la promotion du tourisme en deux roues. La liste des destinations proposées l’année dernière a été complétée par une escapade au delta du Danube. Une fois arrivés dans la région de Dobroudja, on a visité des sites archéologiques fascinants, des gorges d’une rare beauté, des monastères anciens et bien évidemment, le delta du Danube, Réserve de la biosphère.
Une semaine plus tard, on a quitté le fleuve et la mer pour grimper en haut du Mont Piatra Craiului, l’une des destinations les plus sûres en temps de pandémie quand la distanciation est essentielle. D’ailleurs, ce fut toujours par des raisons sanitaires que nous avons encouragé dernièrement le tourisme en plein air, tel le tourisme équestre. La Roumanie recense plusieurs haras dont certains sont proches de différentes réserves naturelles. L’une de ses réserves, celle des Monts Apuseni, on vous l’a fait visiter l’année dernière.
Puisque l’été a permis une certaine levée des restrictions sanitaires, nous avons décidé d’en profiter et de vous inviter au département de Vâlcea pour faire du tourisme religieux et balnéaire. Après quoi, on a continué notre périple à travers la Roumanie, en réservant une séance de dégustation dans les caves à vin du département de Timiș. Les vacances estivales riment toujours avec soleil et mer. Du coup, souvenez-vous qu’en 2021, on vous a accompagnés au bord de la mer Noire avant de vous inviter en Transylvanie, pour visiter les églises fortifiées et emprunter les petites ruelles médiévales de la cité de Sighişoara, inscrite au patrimoine de l’UNESCO.
L’automne, c’est la saison des vendanges. On vous a donc proposé une incursion dans la viticulture roumaine, l’occasion de découvrir les cépages les plus renommés du pays. Et puis, par une belle journée automnale, on vous a fait le tour du Parc national de Văcărești, premier parc naturel urbain de Roumanie, situé à 5 kilomètres du cœur de Bucarest.
La série de voyages entrepris dans le courant de l’année dernière s’est poursuivie par une escapade au département de Hunedoara qui doit sa célébrité aussi bien au Château des Corvin, à la cité de Sarmizegetusa, au Parc national Retezat ou au Géo parc international du Pays de Haţeg qu’aux produits du terroir tels le fromage à la truffe ou aux olives noires.
Pour la fin de l’année, on a choisi deux régions connues pour la façon dont elles ont su préserver les traditions et les coutumes ancestrales. Il s’agit de la Bucovine et du Maramureş, deux destinations idéales pour y passer les fêtes de fin d’année.
Comme vous pouvez le constater, 2021 s’est avéré une année riche en idées et en suggestions touristiques. Des destinations pour tous les goûts, des voyages en toute sécurité ; à vous, chers amis, de faire votre choix.
(Trad. : Ioana Stăncescu)
-
L’automne au Delta du Danube
Deuxième plus long fleuve d’Europe, le Danube prend sa source en Allemagne, dans le massif montagneux de la Forêt-Noire, et traverse 10 pays et quatre capitales, avant de se jeter dans la Mer Noire par trois bras, en formant l’un des deltas les plus beaux au monde. Déclaré réserve de la biosphère en 1990 et classé au patrimoine de l’UNESCO depuis 30 ans déjà, le Delta du Danube est une des destinations touristiques les plus connues de Roumanie. Avec une superficie de 580 000 hectares, dont le complexe lagunaire Razim-Sinoe, le delta du Danube est le troisième plus étendu delta d’Europe, après ceux de la Volga et du Kouban. Les trois bras par lesquels le Danube se jette dans la Mer Noire sont Chilia, Sulina et Sfântul Gheorghe. Le bras le plus nordique, celui de Chilia, long de 120 kilomètres, représente presque 60% du débit du fleuve, tandis que le plus méridional, celui de Sf. Gheorghe, n’a que 70 kilomètres et permet seulement la navigation fluviale. Le troisième bras, celui de Sulina, est devenu navigable suite à des travaux intervenus entre 1862 et 1902, quand sa longueur a diminué de 93 km à 64 km et le volume d’eau a augmenté, pour permettre la navigation maritime. Du coup, entre 1870 et 1938, la ville de Sulina a connu une véritable période de gloire.
Considérée comme « la petite Venise de l’Orient », Sulina était à l’époque une ville cosmopolite, abritant 7 consulats et 22 minorités ethniques. Les églises, les monuments funéraires de l’ancien cimetière de la ville, le phare ou le palais de la Commission européenne du Danube témoignent de nos jours encore de cette période fleurissante. La plupart des touristes qui visitent le Delta du Danube le font en été. Cette année, en raison de la pandémie et des restrictions sanitaires, leur nombre a dépassé à peine 110.000, dont la plupart étaient de Roumanie. Même si l’été est la période idéale pour prendre ses vacances, le delta du Danube est très beau à découvrir quelle que soit la saison, opine Cătălin Țibuleac, à la tête de l’Association de management de la Destination touristique le Delta du Danube, affirme que: « Le delta est beau à visiter aussi bien au printemps qu’en été ou en début d’automne. Ce sont les principales périodes de l’année, quand les touristes déferlent sur place, mais je vous assure que cette région est tout aussi belle pendant la saison froide, en octobre, novembre et même en hiver quand elle devient le paradis des pêcheurs. C’est le moment propice pour y organiser des concours de pêche sportive ou pour inviter les pêcheurs à pratiquer cette activité tout simplement, pour leur propre plaisir, à un moment où le tourisme familial est inexistant. Par ailleurs, la saison froide est aussi la saison préférée des photographes, quand ils retrouvent le calme de cette région. Voilà deux activités à pratiquer en dehors de la saison touristique, à part, bien évidemment, les balades sur les canaux qui restent spectaculaires en hiver aussi. En automne, on bénéficie du spectacle de la nature qui change de couleurs, tandis qu’en hiver, on peut même pratiquer la pêche sous la glace, pourquoi pas ?, ou on peut faire du patin à glace sur les canaux gelés ».
La beauté de la nature, les étendues d’eaux, les oiseaux et les poissons, le doux soleil qui caresse le Danube de ses rayons ou les quelques goûtes de pluie qui nous rafraichissent- le delta du Danube offre un spectacle naturel unique, qui devient encore plus intéressant au moment où l’on découvre les traditions et les coutumes des lieux. Il suffit d’avoir la chance d’assister à une fête locale, l’occasion d’admirer la variété des costumes, pour avoir la dimension de la richesse de cette région. Cătălin Țibuleac : « C’est une nécessité que le delta du Danube reflète la diversité des traditions et son pluriculturalisme. En fait, quand on pense au tourisme spécifique à cette région, on pense forcément à la biodiversité, à la nature, aux traditions, à la cuisine du terroir, au multiculturalisme, voilà, à tous ces éléments qui intéressent le visiteur ».
Si vous êtes en quête d’une expérience unique, faites-nous confiance et dirigez-vous vers le sud du delta, là où le Danube se jette dans la mer Noire. Il suffit de traverser en bateau le lac de Goloviţa, pour arriver à Gura Portiței, une bande de sable fin qui sépare les eaux salées de la mer de celles du lac. C’est dans cet endroit extrêmement pittoresque que nous avons rencontré Laurențiu Niculae, gérant du complexe touristique de Gura Portitei, un endroit où toutes les maisons sont peintes en blanc et bleu, avec des murs en terre et des toits en chaume, selon l’architecture locale. « Village touristique et pêcherie, Gura Portitei ou Portita comme on l’appelle en Roumanie, est connue pour avoir l’une des plages les plus au calme du littoral roumain. L’accès se fait en bateau depuis Jurilovca. Au bout d’une traversée de 20 minutes, vous allez vous retrouver dans un endroit unique en Europe. Le nom de Gura Portitei rappelait dans un premier temps l’endroit où la lagune de Golovița communiquait avec la Mer Noire. La fermeture, en 1970, de cette lagune a entraîné la désalinisation des eaux du lac. Le village de Gura Portitei se trouve sur la bande de sable qui sépare ces deux mondes. Du coup, c’est l’endroit idéal pour admirer la flore et la faune locales et partir à la découverte de la côte de la mer Noire. Nous, on s’efforce de préserver intactes toutes les valeurs locales. Durant la période estivale, on a des spectacles de folklore, des ateliers des maîtres artisans. On fait de notre mieux pour continuer à proposer aux touristes une vraie cuisine du terroir. En automne, le delta est une destination idéale pour les pêcheurs qui prennent d’assaut les lacs. En revanche, en hiver, il est plus difficile de traverser le lac de Golovița, car il gèle souvent, en raison du grand froid ».
Seulement 40 à 60 mètres séparent le lac de la mer et il arrive que, pendant les orages, la petite plage de Gura Portitei se retrouve sous les eaux. Des vacances dans le delta du Danube seraient incomplètes sans goûter aux plats locaux à base de poisson. Que ça soit pour admirer la nature, pour prendre en photo les paysages pittoresques, pour profiter de la cuisine du terroir ou pour faire de la pêche, le Delta vous attend en toute saison pour y passer des vacances. A la fin, on vous signale qu’en ce moment, le ciel du Delta est pris d’assaut par les oiseaux migrateurs qui viennent de l’Arctique pour hiverner en Roumanie ou pour faire une petite escale, avant de continuer leur voyage. (Trad. Ioana Stancescu)
-
Guy Le Louët (France) – Propriétés du prince Charles de Galles en Roumanie
En fait, lintérêt de lhéritier de la Couronne britannique pour la Roumanie ne date pas d’hier, puisqu’il créait une fondation déjà en 1987, pour aider les intellectuels roumains à être en contact avec des universités occidentales — notamment Oxford et Cambridge. En avril 1989, à Londres, il a tenu un discours sur la situation dramatique des villages roumains — vous vous souvenez peut-être, pour Ceauşescu, l’heure était à la systématisation. Les villages étaient rasés pour faire des terrains agricoles ou les maisons des gens étaient démolies pour céder la place à des immeubles collectifs.
Le prince de Galles est venu pour la première fois en Roumanie en 1998 et il est tombé sous le charme de la Transylvanie, cette région du centre du pays, de sa nature, de l’habitat, des traditions et des gens de l’endroit. Il déclare avoir pour ancêtres Vlad l’Empaleur, mais aussi la comtesse Claudine Rhédey de Kis-Rhéde, née sur le territoire de notre pays au XIXe siècle. Depuis lors, il vient chaque année, même plusieurs fois par an en Roumanie pour y séjourner, mais ce n’est pas tout.
On ne sait pas exactement combien de propriétés le prince Charles a acquises en Roumanie, mais il s’agit d’au moins une dizaine. Et quand je parle de propriétés, il faut entendre des maisons traditionnelles, anciennes, certaines plus que centenaires, qu’il a achetées. Ainsi, à Valea Zălanului, un hameau de 150 habitants du département de Covasna (centre), où le temps s’est arrêté et les gens vivent au rythme de la nature, il achète une, puis deux, puis trois et, selon certains, même une quatrième maison de plus de cent ans. Préoccupé par la conservation du patrimoine, des traditions et par la promotion du tourisme durable, il les a rénovées avec les mêmes matériaux que ceux qui avaient été utilisés à l’origine et les mêmes techniques, les a aménagées avec des objets traditionnels authentiques, mais les a aussi équipées de salles de bains tout confort et elles peuvent être louées. Le magazine Vanity Fair a fait un classement des plus belles maisons du monde parmi lesquelles figure une de ces propriétés. Le prince Charles a aussi quelques maisons à Breb, un village traditionnel du Maramureş (nord).
Il a créé une fondation pour soutenir les communautés rurales du pays. En 2015, l’héritier de la Couronne britannique a créé une autre fondation avec pour mission de protéger le patrimoine architectural du pays et de soutenir le développement rural et le développement durable. Cette fondation offre des programmes gratuits de formation aux métiers traditionnels qui avaient quasiment disparu.
Le prince a également acheté des maisons traditionnelles aussi dans le village de Viscri, listé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce village a une église fortifiée saxonne dont la construction a commencé au XIIe s. Il entendait ainsi sauver le patrimoine architectural transylvain, mais aussi le style de vie et les métiers traditionnels. Viscri est maintenant hautement touristique, et son église a été listée parmi les plus belles du monde par la publication The Telegraph.
Il s’est beaucoup investi dans la conservation des monuments historiques, dans des villages saxons de Transylvanie, fondés au XIIe siècle, dont certains figurent aujourd’hui sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, mais non seulement. Ainsi, en trois ans, la fondation a investi dans ces activités un million de livres sterling, rénovant des édifices représentatifs avec les mêmes matériaux et les mêmes techniques. Un exemple, c’est l’Eglise de la Dormition de la Mère de Dieu de Strei, un monument historique de l’art roman du XIVe s.
Lorsqu’il vient en Roumanie, l’héritier de la Couronne britannique aime se balader en pleine nature, rencontrer les villageois, et se donne pour tâche de promouvoir les produits traditionnels de ces villages. L’idée, c’est de créer un circuit économique autour de ces monuments pour permettre aux habitants d’avoir des emplois. Ainsi, les chaussettes traditionnelles tricotées par les femmes de Viscri sont exportées en Allemagne et de là, ailleurs en Europe occidentale.
La fondation du prince se propose de sauver une église vieille de 800 ans, celle de Drăuşeni, au département de Braşov ; à cet effet, un plan a été élaboré. Il prévoit la rénovation de l’église, la construction d’un café, de places d’hébergement et d’ateliers de métiers traditionnels. C’est un projet pilote. S’il fonctionne, il sera étendu à d’autres monuments médiévaux en péril. Il finance par ailleurs la rénovation d’une église en bois du département d’Arad, celle de Luncşoara, mais aussi de deux autres dans le département de Mureş : celles de Curtelnic et celle de Bălăuşeri.
Nombre de ces projets sont sélectionnés par l’Association L’Ambulance des monuments, dont nous vous avons déjà parlé sir nos ondes, et qui bénéficie du soutien financier du prince Charles. Une maison fortifiée du département de Gorj a également été restaurée ainsi. Ce ne sont que quelques exemples des activités des fondations du prince de Galles en Roumanie.
En 2011, le prince Charles commente le documentaire Wild Carpathia, du réalisateur britannique Charlie Ottley — un documentaire fabuleux sur la Roumanie. Pour la petite histoire, entre temps, Charlie Ottley a acheté une maison traditionnelle et a emménagé en Transylvanie ! En 2020, en pleine pandémie, dans un autre film commenté par lui, le prince Charles a exhorté les Roumains à passer leurs vacances en Roumanie et à y découvrir « les richesses incroyables » de ce pays. Il avoue être venu pour la première fois en Roumanie une vingtaine d’années auparavant et y avoir découvert un pays « étonnant », qui occupe depuis lors une place à part dans son cœur, et qu’il « se sent chez lui ici » à chaque visite. « La Roumanie est un pays étonnamment divers, dit-il, du delta du Danube, la zone humide la plus grande et la plus sauvage d’Europe, aux forêts, aux sources et aux monastères de Bucovine, de Moldavie et du Maramureş, aux collines des Apuseni ou aux étendues inhabitées de Harghita, aux précieuses collections des musées de Bucarest ou à la beauté sauvage du défilé des Portes de fer, aux châteaux, aux montagnes et aux villages saxons de Transylvanie ou aux vallées reculées du Banat et de la Crişana. Une si riche diversité naturelle et culturelle réunies sous le même drapeau est remarquable et c’est une des caractéristiques qui font de la Roumanie un coin à part de l’Europe. »
Et le prince Charles déclare qu’il regrette que la pandémie ne lui ait pas permis de voyager en Roumanie, mais il continuera à plaider pour la protection des « trésors uniques » de la Roumanie. Bien entendu, la presse roumaine parle de chaque voyage ou séjour du prince en Roumanie, et de toutes ses activités.
-
Le Courrier des auditeurs du 30.07.2021
Bucarest fond sous la canicule, et cea ne fait que commencer. En fin de semaine, la ville est désertée de ses habitants qui vont se rafraîchir, notamment au bord de la mer Noire. Ainsi, la semaine dernière, 150 000 touristes avaient investi la côte roumaine, un record pour cet été. D’ailleurs, c’est la saison des vacances ; d’autres, et j’en fais partie, ont choisi de faire un tour en Roumanie. Un tour de 2 000 km en 9 jours, qui a été très apprécié par ceux qui ont vu les photos ou qui connaissent déjà les endroits. Je me propose de vous le raconter pour vous donner des idées de voyage, vu que nous l’avons imaginé aussi pour un membre de la famille qui est étranger.
Partis de Bucarest, nous avons rejoint Dunavăţu de Jos, une commune du delta du Danube, dans le département de Tulcea (sud-est). En chemin, vous pouvez également visiter la ville-port de Constanţa, Mamaia, la perle de la côte roumaine de la mer Noire, et l’ancienne cité de Histria, fondée par les colons grecs au 6e s. avt. J.-C. Cette dernière est aussi la ville la plus ancienne attestée sur le territoire de la Roumanie. Sachez que la Dobroudja est, à cette époque, pleine de champs de tournesol d’une très grande beauté ; nous nous sommes arrêtés pour faire un nombre impressionnant de photos. Le delta nous a accueillis avec une météo très agréable, ce qui nous a permis de faire deux promenades en barque. L’une à partir de Dunavăţu de Jos, pour aller jusqu’à la plage sauvage de Perişoru, à la mer Noire, à travers plusieurs canaux de toutes les dimensions, dont certains – minuscules. Nous avons eu la joie de voir pélicans, cormorans, aigrettes, cygnes, foulques, grèbes huppés, hérons cendrés et autres évoluer parmi les nénuphars et les roseaux. Le lendemain, nous avons pris un petit bateau de Jurilovca pour aller jusqu’à Gura Portiţei, une langue de terre où vous avez d’un côté le lac Goloviţa et de l’autre — la mer Noire. Pour ceux qui souhaitent assaisonner leurs vacances d’histoire, ne passez pas sans visiter la citadelle médiévale d’Enisala, construite dans les années 1300 en haut d’une colline empierrée. Les fouilles archéologiques qui y ont été pratiquées ont permis de mettre au jour deux logements du premier âge du fer. De là, vous avez une superbe vue sur les environs.
Nous avons quitté à regret le delta, traversé le Danube en bac à Brăila et mis le cap sur une autre attraction dont nous vous avons souvent parlé à l’antenne : les Volcans de boue de Berca, au département de Buzău. Un paysage lunaire, tout à fait inédit, avec de petits cratères bouillonnants et des coulées de boue nous attendait — contrastant avec les forêts avoisinantes. Je n’ai jamais rien vu de semblable, je peux dire qu’il vaut bien le détour. Le lendemain, nous avons visité le camp de sculpture en plein air de Măgura, dans le même département. En effet, c’est sur ces collines qu’un camp de sculpture pour artistes émoulus de l’Académie d’architecture de Bucarest et même pour des lycéens avait été organisé, entre 1970 et 1985. Les sculpteurs ont laissé leurs 256 œuvres monumentales là, et aujourd’hui l’exposition s’étale sur 21 ha. On dit que des phénomènes paranormaux se produisent à proximité, dans la forêt ; je ne les ai pas expérimentés. A l’hôtel où nous avons passé la nuit, en pleine forêt, nous avons eu un visiteur tout à fait inattendu le matin : un renard qui a pris son petit déjeuner avec nous. Les hôteliers le connaissent depuis trois ans et il vient se faire servir des victuailles tous les jours ; il en emporte pour nourrir aussi sa famille.
Nous avons de nouveau pris la route pour aller à Şirnea, un petit village éparpillé sur des collines, au département de Braşov (centre). Jusque-là, nous avons admiré le paysage et le superbe lac de Siriu, à l’eau turquoise. Aux environs de Braşov, nous avons visité l’église médiévale fortifiée de Prejmer, du XIIIe siècle, incluse au patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est toujours un plaisir de la revoir, surtout quand il fait beau. Bien entendu, nous ne pouvions pas passer à côté de Braşov sans faire un tour au centre-ville. La rue piétonne était très animée, nous y avons pris du bon temps. Nous sommes passés par Poiana Braşov et sommes arrivés à Şirnea, dans un paysage bucolique, avec beaucoup d’animaux. Nous y sommes allés pour faire des randonnées dans les alentours. Un trajet trouvé sur une application semblait séduisant ; 15 km par monts et par vaux, partiellement à travers la forêt, s’est avéré très très beau, mais aussi particulièrement fatigant. Nous l’avons parcouru en 6 heures ; on se reprend de la fatigue, on ne garde que les bons souvenirs. Néanmoins, il convient d’y aller avec un équipement approprié, et aussi d’emprunter un itinéraire adapté à sa condition physique.
Il existe au département de Braşov un site rupestre très intéressant, qui est aujourd’hui un monastère, celui de Şinca Veche, creusé dans les Monts Făgăraş. Il est présumé par certains être vieux de 7 000 ans et avoir des origines daciques ou même plus anciennes. Un lieu très calme, très beau et très intéressant que les gens visitent pour ses légendes et ses mystères. Il comporte cinq pièces, et une sorte de tour haute de 10 m, par laquelle la lumière naturelle pénètre dans ce lieu étrange. Il a deux autels, ce qui indique ses origines préchrétiennes. On dit que cet endroit de recueillement est béni de Dieu et plein d’énergie positive. On y a découvert un symbole similaire au Yin et Yang et aussi l’étoile de David. Selon d’autres, c’est un lieu où des phénomènes paranormaux se passeraient, aussi. Au-delà de tout, un endroit vraiment intéressant à visiter.
En route ! Avant de rejoindre notre gîte à Viştişoara, dans le département de Braşov, en pleine nature, nous avons visité le monastère Brâncoveanu (XVIe siècle), à Sâmbăta de Sus. A proximité, vous avez aussi un lieu appelé La Vâltori, dans le village de Lisa. Les vâltori, ce sont des tourbillons construits sur un cours d’eau, où les villageois lavaient leur linge par la seule force motrice de l’eau, sans lessive. Des machines à laver traditionnelles, si vous voulez. Il y avait aussi un métier associé, qui pouvait ou non être en rapport avec le traitement de la laine. Nous avons ainsi vu tous ces équipements des années 1900, et aussi des équipements pour traiter et filer la laine datant de la même époque et toujours fonctionnels. Là encore, très intéressant !
Pas loin, au département de Sibiu, je vous recommande de voir l’Abbaye cistercienne de Cârţa, unique en Roumanie, une construction d’art roman et gothique fondée par les moines bourguignons et érigée d’abord en bois, vers 1202-1209, et ensuite en pierre, par des tailleurs de pierre français. Sa première attestation documentaire remonte à 1225. Les moines avaient un style de vie ascétique et leur activité était vouée à l’intérêt de la communauté. On y voit des chapiteaux, des clés de voûte, des fenêtres ainsi que le portail ouest, du XVe siècle. Vous verrez aussi l’église évangélique du XIIIe s. Cette abbaye a eu un rôle majeur dans l’histoire politique, économique et culturelle de la Transylvanie.
Ne passez pas à côté de la citadelle de Făgăraş, dans la ville homonyme. Même si l’extérieur est en rénovation pour lui rendre l’aspect d’il y a 200 ans, présenté dans les gravures d’époque, l’intérieur est visitable. Forte d’une histoire de 600 ans, elle a conquis les tenanciers du site de voyages Hopper qui l’ont déclarée le deuxième plus beau château du monde voici quelques années — article présenté par le Huffington Post. Faire quelques pas dans l’ancien centre-ville de Sibiu est aussi un must ; laissez-vous envoûter.
En quête de beauté, nous avons emprunté la Transalpina, la route la plus haute de Roumanie, qui traverse les Monts Parâng du nord au sud, et qui culmine à 2 145 m. Une route construite d’abord par les Romains, semble-t-il. En tout cas, les bergers des alentours de Sibiu l’empruntaient avec leurs moutons pour se rendre en Valachie. Modernisée à compter de 2009, elle est spectaculaire aujourd’hui. La beauté des paysages est à couper le souffle. 138 km parfois à travers des forêts et parfois même à travers les nuages, avec des lacs, et des paysages bucoliques. Une fois arrivés à Horezu, vous pouvez visiter le monastère de Hurezi du XVIe s., figurant au patrimoine mondial de l’humanité, et aussi les ateliers des potiers. Nous avons terminé le tour par les Cule, ces maisons fortifiées de Măldăreşti, au département de Vâlcea (sud).
Chers amis, pour ceux qui seraient intéressés, je peux révéler les noms des hôtels et des gîtes que j’ai choisis, et qui se sont avérés excellents. Voilà, j’ai été un peu longue, mais j’espère que mon récit vous donne des idées de vacances en Roumanie.
-
Découverte du département de Tulcea
Mais aussi et surtout cette zone
abrite un endroit unique au monde : la réserve de la Biosphère « Le
delta du Danube ». Point de départ : Tulcea, chef-lieu du département
homonyme, surnommée « la ville sise aux portes du Danube ». Ici commencent
tous les itinéraires touristiques les plus intéressants de la région.
Notre guide d’aujourd’hui
est Horia Teodorescu, président du Conseil départemental de Tulcea. Il nous dit
que les portes d’entrée au delta du Danube sont les localités de Murighiol,
Mahmudia et Jurilovca, qui méritent bien d’être visitées.
Dans ce qui suit, il
propose un itinéraire pour tout touriste qui se rend dans cette partie de la
Roumanie : « Je lui conseillerais de d’arrêter pendant une journée
dans la ville de Tulcea pour voir ses objectifs touristiques : le Musée
d’Art, l’Aquarium, le Musée d’Ethnographie, la Maison Avramide et bien d’autres
endroits qui le tiendront occupé toute la journée. Puis, je lui dirais de louer
une chaloupe, il y a plein de moyens de transport sur l’eau appartenant à des
opérateurs publics et privés, et de se rendre au delta du Danube. Sulina, Mila
23, Crișan et bien d’autres localités disposent de très beaux gîtes ruraux d’où
peut commencer l’exploration du delta. Une randonnée sur les canaux est la
première chose à faire pour admirer les beautés des lieux. Une journée ou deux
ne suffiraient pas pour tout explorer. Parmi les objectifs touristiques à ne
pas rater, je mentionnerais la forêt de Letea, les villes de Caraorman et
Sulina ou encore le Vieux Phare de Sulina. Visiter les villages du delta sera
aussi une bonne occasion de découvrir les traditions et la gastronomie locales,
de passer de merveilleux moments de détente et de découverte et de se faire de
très beaux souvenirs. On peut aller observer les oiseaux dans la nature, faire
des randonnées en canot, en barque électrique ou à moteur. Partout il y a des
guides prêts à accompagner les touristes. Ils sont très bien préparés et
pourront bien vous renseigner.»
Sans doute c’est le delta
du Danube qui fascine le plus et qui attire le plus grand nombre de touristes,
mais il faut dire que le département de Tulcea a plein d’autres destinations
intéressantes, qui valent le détour. Par exemple, notre invité nous recommande
de faire une excursion dans les Monts de Măcin (Munții Măcinului), les
montagnes les plus vieilles et les plus basses de Roumanie. Les Monts de Măcin
auraient fait partie d’une ancienne chaîne montagneuse dont les sommets
dépassaient les 3000 m d’altitude et qui parcourait l’Europe de l’ouest à
l’est. De nos jours, il n’en reste que ces collines de Dobroudja, celles
d’Ecosse et de Bretagne.
Horia Teodorescu, le
président du Conseil départemental de Tulcea nous donne d’autres exemples de
passe-temps inédits en Dobroudja : « Les touristes découvriront des
objectifs touristiques très divers, voire uniques, au département de Tulcea. On
y trouve trois monastères très intéressants, à Celic-Dere, Saon et Cocoș. On
peut visiter aussi les caves à vins de Tulcea, dont celles de Măcin et
Niculițel, où l’on peut faire des dégustations. S’y ajoutent les caves à vin de
Babagad et de Baia. Et on ne saurait oublier non plus les Monts de Măcin, où
l’on peut faire des randonnées à pied ou bien à VTT. Ce sont en fait les
montagnes les plus anciennes de Roumanie. »
Maintenant que l’on
connaît un peu plus sur la beauté et l’histoire de la région du delta du Danube
et de la Dobroudja, précisons que cette zone se distingue des autres régions de
la Roumanie aussi par la multiculturalité. Plusieurs ethnies y coexistent dans
le plus strict respect de leurs traditions et coutumes.
Horia Teodorescu nous en
parle : « Cela fait 3 ans qu’une ONG s’active pour promouvoir le côté
multiculturel et multi-ethnique du département de Tulcea. Et pour cause. Pas
moins de 16 minorités y cohabitent en parfaite harmonie. Nous sommes devenus un
exemple de bonne cohabitation et de bonnes pratiques, y compris en Europe. D’où
la richesse gastronomique et de traditions de la zone, préservée par les Russes
lipovènes, les Ukrainiens, les Aroumains, les Grecs ou encore les
Italiens. »
Le tourisme est bien sûr
une priorité pour les autorités locales, affirme Horia Teodorescu, chef du Conseil
départemental de Tulcea, qui ajoute : « Au niveau du département de
Tulcea, nous avons une stratégie mise au point par la Banque Mondiale, avec
deux composantes importantes pour son développement. La première, c’est le
tourisme. Nous avons réussi à identifier les priorités qui nous permettront de
développer le tourisme. Et là je pense à la route express, aux aspects
sanitaires, à l’Hôpital départemental et à l’aéroport. Un touriste doit avoir
un accès facile à sa destination, y arriver vite, bénéficier de bonnes
conditions de logement et de tarifs bon-marché. S’y ajoute un autre projet que
nous espérons mettre en place dans les 2 ou 3 années à venir, afin de rendre le
delta du Danube accessible par de nouveaux bateaux écologiques. C’est un projet
très ample, qui, nous sommes persuadés, haussera la qualité du tourisme au
département de Tulcea. Une chose est claire : il faut s’inspirer des
grands pays ayant une longue tradition dans l’industrie du tourisme ».
A la fin de notre balade
virtuelle dans l’extrémité est de la Roumanie, Horia Teodorescu, vous lance une
dernière invitation : « Il faut saisir toute occasion de visiter le
département de Tulcea, avec toute l’offre dont je viens de vous parler. Vous
n’allez pas le regretter, puisqu’il y a des choses extraordinaires à voir. Nous
espérons bien pouvoir finaliser d’ici deux ans la modernisation du Port de
Tulcea, cette porte d’accès au delta du Danube.
»
Chers amis, n’hésitez pas
à demander à votre tour opérateur de vous renseigner sur des vacances au delta
du Danube. Le printemps est le moment idéal de le visiter, mais le delta est superbe
à la belle saison aussi, tout comme au printemps. (Trad. Valentina Beleavski) -
Le cahier de recettes du Delta du Danube
Le Delta du
Danube est le troisième grand delta d’Europe et le vingt-deuxième au monde. Sa
superficie augmente annuellement de 40 m² et
il abrite des écosystèmes naturels – aquatiques et terrestres – inscrits au
patrimoine de l’UNESCO. Plus récemment, le Delta du Danube a compté parmi les
11 zones protégées du monde choisies pour la Journée internationale de la
biodiversité 2019. Le thème de cette édition était : « Notre biodiversité,
notre nourriture, notre santé » et chaque participant a présenté la
recette d’un plat spécifique. Ce n’est donc pas étonnant que les recettes du
Delta du Danube soient devenues l’objet d’un projet de recherche, réalisé par
l’Association « Letea à l’UNESCO », en collaboration avec le Centre
pour les politiques durables Ecopolis et avec le concours de l’Administration
du fond culturel national (AFCN).La coordinatrice du projet « Le cahier
de recettes du Delta », Loredana Pană, nous en parle : « Nous avons mis en œuvre le projet
cet été, dans l’une des communes les plus isolées du Delta :C.A.Rosetti. J’y suis allée
accompagnée du groupe Mixer, qui est constitué de deux artistes – Ana
Botezatu et Corina Bucea. Notre but était de réaliser une recherche sur le
terrain. Nous avons invité 10 femmes des 4 villages de la commune – Letea,
Periprava, Sfiștofca et Rosetti – et nous leur avons demandé de nous parler de
leur façon de faire la cuisine et de leurs recettes préférées. Nous avons voulu
savoir aussi quelle était l’origine des plats et comment elles avaient appris à
les préparer. Il est important de savoir que cette commune est caractérisée par
une grande diversité ethnique. Nous avons donc parlé à des membres de la
communauté des Ukrainiens, de la communauté des Russes lipovènes et de la
communauté des Roumains, en essayant de voir comment les recettes ont été
influencées par les différentes ethnies. Ce qui a confirmé l’existence d’une très
bonne communication entre ces groupes ethniques, et nous avons obtenu des
informations précieuses. Les résultats de notre recherche figurent sur la
plateforme du projet. »
Quels sont donc
les résultats de cette recherche minutieuse effectuée sur le terrain ? Loredana
Pană : « Il s’agit d’enregistrements
vidéo, de montages audio, de photos et d’extraits des entretiens que nous avons
eus avec ces femmes. Sur notre site est également à retrouver un cahier de 160
pages, que nous allons d’ailleurs faire imprimer, où nous avons inséré des
fragments de ces entretiens, des recettes, ainsi que des copies des cahiers de
recettes de nos interlocutrices, cahiers qui ont d’ailleurs constitué le point
de départ de notre dialogue. »
Sur le site se
retrouvent des photos de ces vieux cahiers de recettes écrites à la main, ainsi
que les recettes qu’ils contiennent : omelette économique à la levure,
pour obtenir une plus grande omelette en utilisant moins d’œufs, différents desserts
comme, par exemple, les bombons aux noix et les éclairs. Les recettes de plats spécifiques
de la région – à base de poisson, évidemment – ne manquent pas : pommes de
terre au four accompagnées d’œufs de poisson et de foie de maquereau ou bien
carpe grillée. L’idée de ce projet n’est pas nouvelle. Loredana Pană explique : « Cette idée est née d’un entretien
avec les artistes Ana Botezatu et Corina Bucea. Elles ont mis initialement en
œuvre ce projet dans la région de Cluj, en Transylvanie, et nous l’avons trouvé
excellent. Nous avons donc souhaité le continuer au Delta du Danube. Une
exposition était prévue à Bucarest et à Cluj, mais, malheureusement, dans les
conditions actuelles, ce n’était plus possible. Nous avons été obligées de tout
transférer en ligne, ce que je regrette beaucoup. Le bon côté de cette nouvelle
formule, c’est que les matériels seront ainsi archivés et le public aura libre
accès à tous les documents du projet. »
Nous avons
invité Loredana Pană à partager avec nous sa découverte du Delta : « Ce que j’ai toujours aimé et que
j’ai pu remarquer une fois de plus, c’est que le Delta a une certaine
fragilité. Le fait qu’il est la terre géographiquement la plus jeune du pays,
en train de se former, d’une année à l’autre, qu’il émerge, en fait, des eaux,
lui confère un charme à part. Et ce charme est à retrouver dans toutes les
traditions des gens des lieux – leur cuisine comprise. Par exemple, dans les
villages du Delta, les maisons sont toutes construites avec très peu de matériaux,
pour que, si le niveau des eaux monte, on puisse tout laisser et partir. Avec
la cuisine, c’est pareil. On prépare la nourriture avec très peu d’ingrédients.
La recette du bortsch de poisson, par exemple, a été enrichie, de nos jours, à
l’intention des touristes, mais, le bortsch tel que les grands-parents le
préparait ne contenait que du poisson, des pommes de terre et de l’oignon. C’était
les seuls légumes utilisés – peut-être aussi parce que, très probablement, ils
n’en avaient pas d’autres – et s’ils veulent préparer leur bortsch à
l’ancienne, c’est tout ce qu’ils mettent dedans. Entre temps, les choses ont
changé. En principe, les recettes des habitants du delta sont simples, sans
trop de légumes, peut-être parce qu’ils n’en avaient pas beaucoup. Les pêcheurs
préparaient leur bortsch sur place et ils pouvaient le faire, même s’ils
restaient au milieu des eaux pendant des semaines. Toutes les femmes avec
lesquelles j’ai parlé m’ont dit que le secret, c’était le poisson frais. »
Et Loredana Pană
m’a fait venir l’eau à la bouche avec une recette qu’elle préfère parmi toutes celles
découvertes au Delta : « J’ai beaucoup aimé le bortsch
rouge russe, de betterave et de choux. On peut le préparer avec ou sans viande.
La recette est à retrouver dans le cahier que nous avons publié. »
Nous y
découvrirons de vieux plats de pêcheurs, pour une vie plus savoureuse. (Trad. Dominique) -
Ivan Patzaichin
Ivan Patzaichin est le plus grand nom du canoë-kayak roumain de tous les temps. Son palmarès est riche, entre autres, de 8 titres de champion du monde, remportés entre 1970 et 1983, et de 4 médailles d’or olympiques, réunies lors de 5 éditions des JO, entre 1968 et 1984.
Ivan Patzaichin est né le 26 novembre 1949. Il a fait ses débuts dans le sport, en 1967, en s’inscrivant au club bucarestois Dinamo. Il avait été encouragé par le fait que 3 jeunes de son village natal, Mila 23, du delta du Danube, étaient devenus champions du monde à Berlin. 3 mois plus tard, il remporte son premier succès : il se classe 2e au championnat national des juniors. En 1968, au Mexique, Ivan Patzaichin remporte sa première médaille d’or olympique, à l’épreuve de 1000 m double de canoë.
Un de ses succès reste dans la mémoire commune pour l’histoire qui l’accompagne. Le 5 septembre 1972, aux JO de Munich, lors des qualifications pour l’épreuve individuelle de 1000 m, sa pagaie s’est cassée dès le début de la compétition. Les arbitres n’ont pourtant pas arrêté la course, comme le règlement le demandait. Alors, le sportif roumain a dû ramer jusqu’à la fin avec le bout de pagaie qui lui restait. Il a terminé le parcours trois minutes après le premier classé. Après plusieurs discussions, en fin de compte, on a permis à Ivan Patzaichin de participer à la demi-finale. Il s’y classe premier, enregistrant plusieurs records. Il entre en finale en tant que favori et il la remporte avec 4 secondes d’avance face au 2e classé, Tamás Wichmann, de Hongrie. Jusqu’à la fin de sa carrière, Ivan Patzaichin ajoute deux autres médailles d’or olympiques à son palmarès : en 1980, à Moscou, et en 1984 à Los Angeles, à l’épreuve de 1000 m double.
Une fois retiré de la compétition, Ivan Patzaichin entraîne pendant des années les équipes nationales de canoë-kayak de la Roumanie, qui remportent des dizaines de médailles aux compétitions continentales, mondiales et olympiques. Il devient aussi un des plus grands promoteurs du delta du Danube, avec ses gens et ses traditions, en organisant des compétitions d’embarcations traditionnelles et en soutenant des projets portant sur le tourisme durable dans cette réserve de la biosphère. (Trad. Valentina Beleavski)
-
La régularisation du Delta du Danube
Le Delta du Danube est une création magnifique de la nature, mais en même temps un chef d’œuvre de gestion de l’environnement remontant à la seconde moitié du 19e siècle. Fruit de l’intelligence humaine, les travaux réalisés dans le Delta avaient pour but de transformer le fleuve afin de rendre possible la navigation des navires commerciaux et assurer le développement économique et la mobilité humaine dans la région. La régularisation du Delta du Danube a été un projet grandiose visant à faire de ce fleuve une voie navigable paneuropéenne. Si l’on compare la carte actuelle du Delta à une carte d’avant 1856, on constate que l’un des 3 bras du fleuve a subi de nombreux changements, étant transformé en canal.
L’historien Constantin Ardeleanu, de l’Université du Bas Danube de Galați raconte les débuts de la régularisation du Delta du Danube. « Ce fut une entreprise extrêmement intéressante du point de vue technique, entamée en 1856 et qui continue, en fait, de nos jours, car des travaux doivent encore être exécutés régulièrement à Sulina pour maintenir la navigabilité du fleuve. La manière dont ces travaux ont été réalisés à l’époque a été vraiment révolutionnaire. Ils ont été coordonnés par un ingénieur britannique, Charles Hartley, une personnalité de renommée mondiale – qui s’est d’ailleurs vu décerner des distinctions prestigieuses pour son projet d’aménagement du Danube. Plus tard, il allait être consultant technique au sein de la Commission internationale pour le percement de l’isthme de Suez, contribuant à la navigabilité d’un des canaux les plus importants pour le commerce mondial. »
Avant de se jeter dans la mer Noire, le Danube se divise en trois bras entre lesquels se tisse le Delta : Chilia, au nord, Sfântu Gheorghe (Saint Georges), au sud, et Sulina, au milieu.Parmi ces trois bras, Sulina fut choisi comme principale voie de navigation. Il a une longueur de 71 km et il se jette dans la mer Noire à proximité du port homonyme, ancien village de pêcheurs devenu, à l’époque, la plus cosmopolite des villes roumaines. Les travaux de régularisation avaient pour but de couper les méandres du fleuve, consolider ses rives, nettoyer et approfondir son lit. Constantin Ardeleanu explique. « Les travaux ont commencé en 1857. Pour cela il fallait choisir l’un des bras du fleuve. Plusieurs variantes étaient prises en compte. Hartley estimait que le bras de Sfântu Gheorghe était le meilleur choix. D’autres ingénieurs préféraient Sulina, pour l’aménagement duquel les coûts estimés étaient moindres. Les travaux ont commencé effectivement en 1858 et les digues de Sulina, qui sont toujours là, ont été inaugurées en 1861. Comme premier résultat, la profondeur du Danube au-dessus de la barre de Sulina – un banc de sable qui s’y forme – a augmenté de 2,5 à près de 5 m en cinq ans, et elle a continué d’augmenter jusqu’au 8 m qu’elle mesure à présent. »
Pourquoi des travaux d’une telle ampleur étaient-ils nécessaires ? Les raisons sont d’ordre géopolitique et économique. Les embouchures du Danube ont été contrôlées, pendant plusieurs siècles, par l’Empire ottoman, qui n’avait témoigné aucun intérêt pour leur aménagement. L’offensive de la Russie, entamée durant la première moitié du 18e siècle, avait porté ses fruits et repoussé l’influence ottomane vers le sud. Pourtant, la Russie, devenue puissance garante des Principautés Roumaines par le traité de paix signé à Andrinople en 1829, considérait le Danube comme peu important pour son économie. La navigation sur le fleuve dans la zone de ses embouchures était difficile et le trafic commercial sporadique et même chaotique. Les alluvions qui s’y accumulaient entravaient la navigation et la rendaient peu sûre. Pourtant, l’intérêt témoigné par l’Empire britannique, vers la moitié du 19e siècle, pour les importations de céréales fit naître le projet de régularisation de ce grand cours d’eau européen. L’œuvre de Charles Hartley, ingénieur en chef de la Commission européenne du Danube, a été à tel point multidisciplinaire et complexe, que l’auteur de ce projet grandiose de régularisation danubienne a été surnommé « le père du Danube ».
Constantin Ardeleanu affirme que: « Ce que les ingénieurs ont réalisés sous la coordination de Hartley était un chef d’œuvre non seulement technique, mais aussi scientifique. Car ce n’étaient pas de simples ingénieurs qui ont construit quelques digues à Sulina ; c’étaient de véritables savants qui ont dû comprendre comment fonctionnait la nature, comment fonctionnait ce système vivant qu’est le Delta – quelle était la quantité d’alluvions transportée par le fleuve et comment ces alluvions étaient distribuées entre ses 3 bras – afin de pouvoir faire du Danube une voie navigable pour les navires transporteurs lourds. Il s’agissait de comprendre le fleuve et – comme Hartley se plaisait à dire – de l’apprivoiser et le transformer au bénéfice des communautés humaines. »
Par la régularisation du Delta du Danube et l’aménagement du Canal de Sulina, l’espace roumain s’ouvrait sur la mer. Ce fut une « bouffée d’oxygène » qui a permis à l’Etat roumain de mettre en œuvre ses propres projets. (Trad. : Dominique)