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  • L’église orthodoxe roumaine, à l’heure de son Centenaire

    L’église orthodoxe roumaine, à l’heure de son Centenaire

    2025 : année du Centenaire du Patriarcat Roumain

     

    Le Saint-Synode de l’Église orthodoxe roumaine a déclaré 2025 – année du centenaire du Patriarcat roumain. Une loi à cet effet a également été adoptée par le Parlement de Bucarest. En fait, l’anniversaire est double ! En effet, il y a 100 ans, le 4 février 1925, l’Eglise orthodoxe roumaine devenait un Patriarcat, alors que 40 ans plus tôt elle avait déjà fait un pas dans ce sens en devenant autocéphale, le 25 avril 1885. Un moment du bilan, donc, pour l’Eglise ! Outre ses activités liturgiques actuelles et l’assistance religieuse qu’elle apporte dans les hôpitaux, les orphelinats, les prisons et les maisons de retraite, l’Église orthodoxe, qui est majoritaire en Roumanie, déploie également une vaste activité sociale et philanthropique en faveur des personnes défavorisées et des personnes confrontées aux problèmes les plus divers.

    Et cela ne date pas d’hier !

     

    Des centres pour aider les personnes vulnérables

     

    Le conseiller social du patriarche Daniel de Roumanie, le prêtre Ciprian Ioniță, évoque brièvement le passé de cette activité :

    “C’est le commandement de notre Sauveur Jésus-Christ d’aimer notre prochain et ceux qui ont besoin d’aide, et nous, en tant qu’Église, nous avons toujours eu des centres socio-médicaux dans les monastères, et dernièrement certains d’entre eux ont été accrédités, autorisés et offrent des services de qualité aux personnes vulnérables. Immédiatement après 1990, des fondations ont été créées aux côtés de l’Église : par exemple, l’association Diaconia, la fondation St Macrina de Solidarité et Espérance – une autre fondation à Iasi, qui possède également le plus grand hôpital de l’Église orthodoxe… Il y en a tellement ! Nous disposons d’une carte actualisée de tous les services sociaux sur social-fililantantropic.patriarhia.ro. Vous y trouverez tous les services que l’Église développe actuellement. Chaque diocèse a au moins un secteur socio-philanthropique où il y a un conseiller et des inspecteurs diocésains, ainsi que des ONG. Et le prêtre qui veut développer une activité dans sa paroisse peut s’adresser au diocèse pour être guidé ou bien à nous, au Patriarcat. Nous avons également une Fédération qui rassemble les ONG les plus importantes de l’Eglise et il y en a actuellement 27”.

     

    La zone rurale, le plus en besoin

     

    L’action de la Fédération de Philanthropie, à travers les associations et fondations qui la composent, n’exclut ni les zones urbaines, ni les zones rurales. Mais, étant donné que les besoins sont plus importants dans les villages, les actions qui leur sont destinées représentent 60 % de l’ensemble des actions menées par les associations religieuses.

     

     

    Le père Ciprian Ioniță nous en dit plus.

    “Puis-je vous donner un exemple actuel ? La Fédération de philanthropie mène une campagne intitulée ‘Rend le sourire à une personne âgée’ destinée aux personnes âgées vulnérables. Nous avons reçu une demande d’une paroisse située quelque part à la frontière entre le comté de Bacău et le comté de Harghita… qui souhaitait participer à notre campagne de consultations ophtalmologiques et de lunettes gratuites. Comment ça se passe concrètement ? Nous allons sur place avec nos volontaires, nous faisons la consultation pour les personnes âgées, et ensuite nous retournons à Bucarest, nous commandons le type de lunettes dont chaque personne a besoin et nous les lui faisons parvenir. Aujourd’hui même, nous avons reçu une demande pour 70 personnes. Nous avons des activités que nous organisons et qui sont sur notre page Facebook… Un prêtre m’a appelé, je lui ai dit de contacter d’abord le conseiller social de l’archidiocèse de Roman et Bacău, avec lui nous avons fait une demande, nous l’avons présentée au Patriarche et évidemment il donne son feu vert”.

     

    Aide aux toxicomanes

     

    L’Église aide les personnes âgées, qui sont les bénéficiaires les plus nombreux. Mais elle aide aussi quelque 130 000 enfants dont le destin est difficile, des mères célibataires, des femmes victimes de violences domestiques, des malades qui n’ont pas les moyens de payer les services médicaux, qui n’ont rien à mettre sur la table ou qui ont besoin d’être conseillés – par exemple, les chômeurs ou les toxicomanes.

     

    Le père Ciprian Ioniță apporte des détails.

    “La Fédération de philanthropie est un organisme de formation et nous avons un cours de spécialisation dans le domaine de l’aide aux toxicomanes. Au départ, nous avons pensé qu’il serait utile pour nos confrères prêtres de connaître ce problème. Mais entre-temps, nous avons reçu de très nombreuses demandes de la part d’enseignants ou de personnes qui travaillent dans certains centres de traitement des dépendances et nous abordons, dans ce cours, toute la partie relative aux dépendances – alcool, dépendances numériques, toxicomanie… Et vous devez savoir que c’est un cours qui, ces derniers temps, est très apprécié. Les cours sont suivis par ceux qui veulent aider les personnes en situation d’addiction, mais nous avons également organisé un cours à Târgu Mureș, il y a quelques années, où des personnes qui avaient dépassé leur addiction voulaient suivre ce cours, afin d’être en mesure d’aider les personnes dans des situations similaires”.

     

    Le cours de lutte contre la toxicomanie existe depuis 2022 et a permis de former environ 500 personnes à ce jour. Les cours de spécialisation ou de formation professionnelle présentent également un grand intérêt. À l’avenir, l’Église orthodoxe souhaite par exemple développer son propre réseau d’aides à domicile.

     

    Aides à domicile

     

    Ciprian Ionita poursuit sur ce projet et d’autres encore.

    “Nous considérons que les personnes âgées sont très vulnérables et ont besoin d’aide et c’est pourquoi nous voulons former un réseau de soins à domicile pour l’ensemble du Patriarcat, d’autant plus que les statistiques montrent que la Roumanie devient un pays plutôt vieillissant et, d’une manière ou d’une autre, il faut soutenir ces personnes. C’est l’un de nos projets pour l’avenir proche. En ce qui concerne les enfants, différents projets ont été soumis. Nous avons eu des projets et nous allons en avoir d’autres dans le domaine de l’écologie. Nous avons pris des initiatives au sein de l’Église orthodoxe roumaine, en collaboration avec la République de Moldavie. Hier encore, je suis revenu d’un cours sur la violence domestique, auquel j’ai participé en tant que formateur pour des prêtres”.

     

    Des difficultés, aussi

    Le siècle d’existence et de riche activité du Patriarcat roumain a été marqué, selon le Patriarche Daniel, par de nombreuses bénédictions, mais aussi par des épreuves difficiles. Quelles sont les difficultés en termes d’activité socio-philanthropique ? Le conseiller patriarcal Ciprian Ionita répond :

    “Le plus difficile, parfois, c’est quand, par manque de fonds, parce que nous sommes limités, un centre ferme et que nous réfléchissons à la manière de transférer les personnes qui sont dans ce centre ou qui dépendent de nos services vers un autre centre. Mais, Dieu merci, même si un centre a fermé, deux ont probablement ouvert. Si, par exemple, en 2022, nous avions 767 services, cette année nous en avons 100 de plus, soit 867”.

     

    Le conseiller social du patriarche roumain, le père Ciprian Ioniță, est coauteur d’un livre sur le travail socio-philanthropique de l’Église orthodoxe depuis un siècle. Il sera publié en octobre, lorsque l’année du centenaire du patriarcat roumain culminera avec la grande consécration de la cathédrale nationale de Bucarest. Construite à côté du Palais Parlement, son immense dôme le dominant, la cathédrale semble le juste symbole de la place centrale occupée par l’Eglise orthodoxe roumaine dans les affaires du pays. (trad. Clémence Lheureux)

  • 28.11.2024 (mise à jour)

    28.11.2024 (mise à jour)

    Election – La décision de la Cour constitutionnelle de Roumanie de demander au Bureau électoral central de recompter tous les votes du premier tour de l’élection présidentielle a été critiquée par plusieurs partis politiques. « La Cour constitutionnelle de Roumanie joue avec la sécurité nationale », a écrit sur Facebook la candidate de l’USR, Elena Lasconi, qui s’est qualifiée pour le second tour des élections présidentielles. Elle affirme que l’extrémisme doit être combattu par le vote. Le chef du parti Force de droite, Ludovic Orban, qui s’est retiré du premier tour en faveur d’Elena Lasconi, estime que le Cour constitutionnelle de Roumanie fait le jeu du parti social-démocrate (actuellement au pouvoir au sein de la coalition gouvernementale) pour écarter la candidate de l’USR du tour décisif des élections. Il est d’avis que le résultat du vote est clair, net et sans équivoque. Pour sa part, le président de l’Alliance pour l’unité des Roumains, George Simion, a critiqué la Cour constitutionnelle et l’a accusée de se transformer en pion sur l’échiquier politique. Selon la loi, la Cour constitutionnelle de Roumanie doit annuler les élections en cas de fraudes susceptibles de modifier l’attribution du mandat ou l’ordre des candidats éligibles au second tour. Dans cette situation, la Cour constitutionnelle de Roumanie ordonnera que le premier tour des élections présidentielles soit répété le deuxième dimanche suivant la date de l’annulation des élections.

    Cette décision du recompte fait suite au constat, par le Conseil suprême pour la défense du pays, réuni ce jeudi à Bucarest, de l’existence de cyber-attaques visant à influencer l’équité du processus électoral lors du premier tour des élections présidentielles roumaines. Les membres du Conseil ont confirmé que, dans le contexte actuel de sécurité régionale et en particulier dans le contexte électoral, la Roumanie, ainsi que d’autres États du flanc est de l’OTAN, est devenue une cible, en particulier pour la Russie, qui cherche de plus en plus à influencer l’agenda public de la société roumaine. La Présidence roumaine a souligné que l’analyse des documents avait révélé que le candidat indépendant Călin Georgescu avait violé la législation électorale, en bénéficiant d’une diffusion massive avec traitement préférentiel accordé par la plateforme TikTok, ce qui a eu un impact sur le résultat final du premier tour. A cet égard, les membres du Conseil suprême pour la défense ont demandé aux autorités chargées de la sécurité nationale, à celles chargées du bon déroulement du processus électoral, ainsi qu’aux organes de poursuites pénales, de prendre d’urgence les mesures nécessaires pour clarifier ces questions.

     

    Cybersécurité – De son côté, le Service Spécial des Télécommunications a signalé qu’aucune vulnérabilité n’a été identifiée en ce qui concerne la sécurisée des services de communication et de technologie de l’information mis à la disposition de l’Autorité Electorale Permanente, organisatrice des élections présidentielles du 24 novembre. Le Service Spécial des Télécommunications a également indiqué qu’il n’a reçu, ni avant ni pendant le processus électoral, aucune information de la part d’autres entités responsables de la cybersécurité concernant d’éventuelles cyber-attaques.

     

    Eglise – Le Synode de l’Eglise Orthodoxe Roumaine a rappelé aux membres du clergé qu’ils n’étaient pas autorisés à adopter une position politique ni de participer à des campagnes électorales. En revanche, ils sont obligés de garder la neutralité pendant les déclarations publiques, ainsi que dans leur activité pratique. L’opinion politique d’un prêtre ne doit s’exprimer que par son vote personnel et secret – ont rappelé les hiérarques de l’Eglise Orthodoxe Roumanie avant les élections législatives du 1er décembre, jour de la fête nationale roumaine et avant le second tour du scrutin présidentiel du 8 décembre. Qui plus est, le Synode a réitéré son appel aux leaders des partis politiques à ne permettre ni le recrutement de membres de la part du clergé ni l’utilisation des personnes, des espaces, des cérémonies religieuses ou des signes religieux à des fins politiques. L’Eglise Orthodoxe Roumaine ne soutient ni parti politique, ni idéologie politique, mais conseille tous les fidèles à faire des choix qui visent la mise en œuvre du bien-être du pays et à promouvoir les valeurs chrétiennes dans la société. A l’occasion du dernier recensement de la population, 85,3 % des résidents se sont dits de confession chrétienne orthodoxe.

     

    Défilé – Quelque 2 500 spécialistes et militaires, 190 moyens techniques et 45 aéronefs participeront au traditionnel défilé militaire à Bucarest organisé le 1er décembre, à l’occasion de la fête nationale de Roumanie. Aux côtés des militaires roumains, quelques 240 soldats étrangers participent au défile. Il s’agit de militaires alliés d’Etats tels l’Albanie, la Belgique, la République Tchèque, la Croatie et la France. Une exposition d’équipement militaire sera également organisée à la fin des cérémonies officielles. La fête nationale de Roumanie sera marquée par des cérémonies militaires aussi dans d’autres grandes villes roumaines, ainsi que sur les théâtres d’opérations où sont déployés des militaires roumains.

     

    Schengen – Les contrôles à la frontière de la Roumanie avec l’espace Schengen de libre circulation européenne seront levés le 1er janvier 2025 – c’est ce qu’ont décidé mercredi les représentations des Etats membres de l’UE à la réunion COREPER à Bruxelles. Le dernier pas sera l’adoption formelle dans le conseil européen, à la mi-décembre.  Mercredi également, le département d’Etat des Etats Unis a annoncé que la Roumanie a enregistré un taux de rejet des demandes de visa en dessous des 3%, le seuil imposé par la législation américaine et réalisé ainsi un des principaux critères de qualification au programme Visa Waiver.

     

    Auto – La Roumanie, l’Italie, la Pologne, la Bulgarie, la République Tchèque, la Slovaquie et l’Autriche demanderont aujourd’hui aux ministres européens de la Concurrence de trouver une solution permettant aux constructeurs automobiles d’éviter des amendes à partir de 2025, lorsque des réglementations plus strictes en matière d’émissions de dioxyde de carbone entreront en vigueur dans l’Union européenne. Les sept pays exigent des actions pour préserver la compétitivité de l’industrie automobile européenne, à un moment où elle est confrontée à d’importantes difficultés liées à la production, au travail et à la concurrence mondiale, note Bloomberg. Renforcer la position des fabricants européens sur la scène mondiale est l’une des principales priorités d’Ursula von der Leyen au cours de son deuxième mandat de présidente de la Commission européenne.

     

    Météo – Ciel couvert et mauvais temps en Roumanie. Des pluies sont annoncées sur le centre et sur la moitié sud. A plus de 1 500 m d’altitude la neige est bel et bien présente et une nouvelle couche se formera faisant le bonheur des entrepreneurs du tourisme et des passionnés du ski. Les maxima vont de 3 à 12 degrés. 7 degrés sous un ciel de plomb actuellement à Bucarest.

  • Le Monastère de Lainici

    Le Monastère de Lainici

    Situé dans les gorges du Jiu, à 32 km de la ville de Târgu Jiu, le monastère de Lainici a été fondé au 14ème siècle par le moine Nicodim dans un endroit alors isolé. La première construction en bois n’existe plus. Le premier document attestant de l’existence d’un lieu monastique à Lainici date de 1784, époque à laquelle les nobles de la région de Gorj ont contribué à la construction d’un monastère avec des dépendances et de hautes enceintes en briques. L’église du monastère a été construite dans la première moitié du 19ème siècle, décorée par la suite avec des fresques intérieures et une iconostase de style byzantin. En 1880, la route traversant les gorges du Jiu a également été construite, facilitant le voyage vers ce lieu de culte.

     

    Le monastère de Lainici a été très endommagé pendant la Première Guerre mondiale, étant dévasté et pillé par les soldats allemands. Après avoir été restauré, il a de nouveau subi des épreuves dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, au moment de l’instauration du régime communiste en Roumanie. Le monastère a été transformé en une soi-disant “maison de repos pour prêtres” jusqu’en 1970, sans possibilité d’y célébrer des offices religieux, car les portes de l’église avaient été verrouillées.

     

    Un monastère en plusieurs étapes qui reflètent chacune un pan de l’histoire

     

    Après la chute du régime, d’autres constructions ont été érigées au sein du monastère de Lainici, y compris une église qui surprend toujours les visiteurs par sa conception architecturale. Le père archimandrite Ioachim Pârvulescu, l’abbé du monastère, nous a fourni plus de détails à ce sujet :

     

    « La construction d’une autre église était envisagée depuis des décennies et la Révolution de 1989 nous a offert l’occasion de le faire. Le 18 avril 1990, la première pierre a été posée. Le terrain étant en pente, cela a créé un sous-sol, et nous avons décidé d’en faire une église. Nous avons alors pensé à concevoir le programme iconographique de manière à ce que l’église en bas représente l’église des catacombes, car l’histoire de notre Église chrétienne se divise en deux périodes fondamentales. La première est celle de l’église des catacombes, lorsque le christianisme était une religion illégale. Ensuite, de 313 jusqu’à aujourd’hui, c’est l’église libre. En tenant compte de cette division de l’histoire de l’Église en deux périodes fondamentales, nous avons conçu le programme iconographique ainsi. L’église du sous-sol n’est pas encore peinte. Elle sera ornée de peintures retraçant l’histoire de l’Église, de l’an 1 à 313, avec des représentations concrètes, non pas des fables, mais de l’archéologie biblique, de l’histoire et des saints des trois premiers siècles. Ensuite, les peintures de l’église supérieure, déjà consacrée depuis 2011, représentent des sccèbes allant de 313 jusqu’à aujourd’hui. Finalement, il s’agit d’une chronologie de l’histoire de l’Église, de ses origines à nos jours, avec des saints de toutes les époques et de toutes les régions, marquant ainsi son universalité. »

     

    Un moment important de l’histoire récente a eu lieu le 23 juillet 2006, lorsqu’une copie de l’icône miraculeuse “Gorgoepicuus”, ou en roumaine “Grabnic Ascultătoarea” (celle qui écoute rapidement), a été apportée du Mont Athos au monastère de Lainici. Cette icône a été spécialement réalisée pour le monastère de Lainici et représente la cinquième copie réalisée au cours du dernier siècle par les moines du Mont Athos.

    (Trad. Rada Stanica)

  • L’église roumaine de Jéricho

    L’église roumaine de Jéricho

    Le monde chrétien s’est toujours beaucoup intéressé à ses lieux saints d’Orient, où il a construit des édifices ouverts aussi bien aux habitants de ces terres qu’aux pèlerins. Les fidèles chrétiens ont érigé des églises et des monastères sur des lieux, tels que Bethleem, Nazareth, Jéricho ou Jérusalem, qui ont accueilli Jésus Christ, selon les livres saints. Les chrétiens orthodoxes roumains n’ont pas fait exception à cette règle.

     

    Un monastère orthodoxe roumain allait faire son apparition à Jéricho en 2014.

    Ainsi, Jéricho, la plus ancienne ville du monde, accueille une église roumaine. Les archéologues estiment que Jéricho a été fondée environ 9 500 ans avec J. Ch., autour d’une source d’eau dans le désert rocheux de Judée. L’histoire longue et compliquée de la ville s’est écrite selon des points de vue différents : celui des détenteurs du pouvoir et celui des gens qui attachaient de l’importance à la signification religieuse. L’histoire de l’église roumaine de Jéricho commence en 1988, lorsque l’idée d’un établissement monacal vit le jour. Les travaux de construction commencèrent pourtant à la fin des années 1990 et un monastère orthodoxe roumain allait faire son apparition dans le paysage urbain local quinze ans plus tard, en 2014.

    L’architecte et professeur des universités Sorin Vasilescu est l’auteur du projet de l’église roumaine de Jéricho. Il a raconté les premiers temps de l’existence du monastère roumain de la plus ancienne ville du monde.  « Un miracle nous a permis, à nous Roumains, d’avoir une église à Jéricho. Tous nos dons, destinés à la Terre Sainte ont été détournés par l’église grecque. Nous n’avons pratiquement rien, bien que de nombreuses présences chrétiennes y aient été entretenues grâce à l’argent des princes roumains, sans parler des monastères dont la gestion était confiée au clergé grec. Au fait, la quasi-totalité des monastères se retrouvait dans cette catégorie et contribuaient financièrement à l’existence-même de la vie chrétienne. Par miracle, des pèlerins roumains s’établissent à Jéricho où ils achètent une propriété au début du XXème siècle. Le fils de ces Roumains de Bârlad a reçu un message de ses parents, lui disant: quand tu partiras aussi, ne laisse pas notre propriété aux Grecs, mais donne-la à notre Eglise. »

     

    L’architecte doit respecter le lieu où il va implanter sa création.

    De nos jours, l’enceinte et l’ensemble des dépendances ne rappellent en rien les difficultés rencontrées à travers le temps, dont une avait été liée à l’intégration du projet dans son site, fait savoir Sorin Vasilescu. « C’est un problème extrêmement compliqué pour un architecte qui doit construire dans un monde entièrement différent du sien. Comment faut-il construire? Faut-il voir ça comme un implant, comme une transplantation d’organes entre ton monde et celui où tu es allé? Ou trouver plutôt les éléments qui apprivoisent cet implant? En principe, l’architecte doit respecter le lieu où il va implanter sa création. Alors, il y a eu cette idée de tout construire en pierre. Rien de plus honorable pour un architecte, puisque l’on parle tellement de la qualité de la pierre. La pierre pérenne n’est pas un représentant du relatif, mais du durable dans l’absolu. »

     

    Quel style architectural faudrait-il choisir pour que le site reste valable dans le monde d’aujourd’hui?

    Une autre difficulté, a encore précisé Sorin Vasilescu, a été liée aux tendances artistiques actuelles et à leur harmonisation avec la tradition de l’architecture byzantine. « Il a existé ensuite une deuxième question particulièrement difficile: quel style choisir pour une église dont la construction a commencé au XXème siècle, pour qu’il reste valable dans le monde du XXIème siècle? Voilà une question extrêmement difficile. Les architectes occidentaux, aussi bien catholiques que réformés, y ont donné une réponse nette. Plusieurs créations, appartenant à de grands noms de l’histoire de l’architecture, sont des espaces sacrés modernes. La chapelle réalisée par Le Corbusier à Ronchamp, en France, est un de ces chefs d’œuvre, un autre étant l’église de l’autoroute, construite par Michelucci. Ce sujet se complique davantage dans le monde orthodoxe dans lequel l’idée de tradition a aussi un côté restrictif. D’autre part, si l’on sait comprendre les restrictions imposées au nom de la tradition, alors la tradition en question saurait se développé sous un horizon différent. »

     

    L’église roumaine de Jéricho a des dimensions proches de l’église Kretzulescu de Bucarest

    Avec sa superficie de 3.000 mètres carrés, le monastère roumain de Jéricho est orné d’une entrée monumentale et surplombée d’une tour-clocher. S’y ajoutent une maison cléricale, un bâtiment pour loger les pèlerins, des logements pour les moines, un autre du prieuré et bien-sûr l’église, point central de l’ensemble. Avec des dimensions proches des celles de l’église Kretzulescu de Bucarest, soit 15 mètres de haut, 10 mètres de large et 20 mètres de long, l’église suit la tradition de l’architecture du monde byzantin, tel que décrite par Sorin Vasilescu.  « Dans ce monde, les éléments formels ont leur propre évolution et l’effort créatif finit par se concentrer sur une forme appelée la croix grecque inscrite. Dans une église composée d’une entrée, un pronaos, un naos et l’espace dédié à l’autel, des raisons symboliques mais aussi liées à la construction expliquent l’existence de quatre piliers qui se dressent dans le naos, en y délimitant un carré. C’est précisément sur ces piliers, sur ce carré, qu’il faut élever une tour, qui, en principe, est un cercle. Placer un cercle sur un carré n’est pas facile. La pensée du monde romain, suivie par celle du monde oriental, ont rendu possible cette opération. »

     

    L’ensemble monacal roumain de Jéricho est un repère pour les pèlerins. Son poids spirituel s’adresse à tous ceux qui sont à la recherche de Dieu. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Les Pâques en Roumanie : une richesse des symboles et traditions

    Les Pâques en Roumanie : une richesse des symboles et traditions

    De la
    lumière sainte, des œufs peints, un lapin avec des
    cadeaux, des repas en famille, le sacrifice de l’agneau, la « pasca », beaucoup d’émotions dans la vie liturgique – voilà la richesse
    des Pâques roumaines. Dans les minutes suivantes, nous vous proposons une brève
    présentation de l’histoire, des traditions et des significations des principaux
    éléments qui composent ce que l’on appelle « la plus grande fête du
    christianisme ».




    L’étymologie
    du mot « Paști » (Pâques en roumain, au pluriel)
    nous conduit vers les anciens égyptiens. En hébreux, le mot
    « Pesach », qui signifie « passage » a été hérité de la
    langue des Egyptiens. Le monde romain-byzantin l’a emprunté ensuite, sous la
    forme « Pascha », nom neutre, d’où il est entré dans les langues
    latines.




    Chez les
    Juifs, « Pessah » ou la fête des pains sans levain, reste la fête la
    plus importante. Elle commémore la traversée miraculeuse de la mer Rouge, qui
    les a conduits de l’esclavage sous les égyptiens à la liberté. Le Pessah juif
    était célébré huit jours durant, du 15eau 22e jour du
    mois de Nisan, septième mois de l’année civile des Hébreux et premier mois de
    leur année sacrée. La cène qui marquait le passage de la mer Rouge avait lieu
    dans la nuit du 14eau 15edu mois, à la pleine lune, après
    l’équinoxe du printemps. En 33 de notre ère, cette fête coïncida avec des
    événements étonnants racontés dans la Bible, ayant Jésus Christ pour
    protagoniste et qui se passaient dans la province romaine de la Judée : il
    s’agissait d’un autre passage, de la mort à sa propre Résurrection, à l’époque
    du préfet romain Ponce Pilate.


    D’ailleurs,
    les Romains avaient toujours l’habitude de célébrer le passage vers un temps nouveau.
    Pour un certain laps de temps, la Rome antique célébrait le Nouvel An le 1er
    mars. Ce mois marquait plusieurs autres célébrations de grands dieux de la
    végétation et de la fécondité qui, à l’origine, étaient des personnifications
    du Soleil. Par exemple, le dieu Mars était considéré l’incarnation du Soleil à
    l’équinoxe du printemps. Bien avant d’être considéré comme le dieu de la
    guerre, il était considéré le « Jeune Soleil », un dieu de la
    fécondité et de l’abondance, de la multiplication des grains et des animaux. Le
    même mois de mars, les romains célébraient aussi les Matronalia, la fête des épouses et des mères de famille, dédiée à
    Junona Lucina et à Matrona. Lucina (nom provenant du mot « lux »,
    « lumière » en latin) était la déesse de la lumière, tandis que Matrona
    (nom provenant de « mater », « mère » en latin) était la
    protectrice des mères.


    Le 15e
    mars était à la fois le jour de Jupiter et le jour d’Anna Perenna, dont
    le nom signifiait « l’année pérenne », c’est-à-dire éternellement
    renouvelée. Le jour du 25e mars était appelé Hilaria (« jour de la joie » en latin) parce que c’était
    le jour de la résurrection d’Attis, l’époux de Cybèle, déesse de la fécondité,
    honorée dans l’ensemble du monde antique. C’était donc un jour de la victoire
    de la vie sur la mort et d’une promesse d’immortalité. Dans la Grèce classique
    aussi il y avait une fête du printemps, qui était liée à Dionysos, représentant
    le Soleil fécondateur. Son nom était « Anthesterion »,
    provenant du grec où ce mot signifie « fleur ». Par ailleurs, dans la
    Rome antique, Flora, la déesse du printemps, des fleurs et de la floraison,
    était aussi vénérée pendant un festival appelé Floralia. Il n’est donc pas surprenant qu’en Roumanie, le dimanche
    des Rameaux (appelé « Florii ») marque les 7 derniers jours de
    préparation avant Pâques.




    Les
    traditions roumaines dédiées aux fêtes pascales placent au centre l’œuf, peint
    surtout en rouge, mais aussi dans d’autres couleurs. Le rouge symbolise le
    sang, le feu, mais aussi l’amour et la joie de vivre, le jaune signifie la
    lumière, la jeunesse et le bonheur, le vert symbolise la renaissance de la
    nature, l’espoir et la fécondité, tandis que le bleu est la couleur de la
    vitalité et de la santé. Sur les œufs peints selon la tradition roumaine, les
    lignes utilisées ont aussi des significations des plus diverses. La spirale
    signifie l’éternité, la ligne verticale symbolise la vie, la ligne horizontale
    représente la mort, tandis que le rectangle signifie la pensée et la sagesse.


    Assis autour de la table, les gens cognent entre
    eux les œufs peints, en disant « Le Christ est ressuscité » et en
    répondant « Il est vraiment ressuscité ». L’œuf, présent dans
    de nombreuses mythologies, symbolise avant tout, la source de la vie et la
    naissance de notre monde. Les habitants de l’Égypte et de l’ancienne Perse, par
    exemple, s’offraient des œufs, teints ou peints, qu’ils cassaient avant de les
    manger, comme un acte sacré, pour aider le monde à renaître.




    Un autre
    symbole pascal est le lapin qui offre des cadeaux. Le lapin appartient à la
    lignée du bestiaire lunaire et aux archétypes associés au clair de la lune.
    Dans l’art chrétien médiéval, il avait une signification particulière : il
    était vu comme hermaphrodite, ce qui a conduit à la connexion avec la Vierge
    Marie, la mère de Jésus Christ, en raison de sa virginité. Les images avec un
    lapin offrant des cadeaux et des œufs de Pâques sont spécifiques à l’Allemagne
    et remontent au XVe siècle. Le lapin est aussi un symbole de la fertilité,
    présent dans toutes les mythologies. Il est associé à la divinité de la Terre
    Mère, à l’idée de la régénération et du renouvellement ininterrompu de la vie.
    C’était aussi un être céleste, qui incarnait une ancienne déesse germanique,
    Eostra, mythifiant le printemps et la fécondité, encore adorée au XIIIe siècle,
    à la campagne. Comme les Saxons célébraient l’arrivée du printemps avec des
    fêtes tumultueuses, les missionnaires chrétiens n’avaient d’autre choix que de
    les intégrer. En outre, la fête païenne d’Eostra coïncidait avec la célébration
    de la résurrection de Jésus Christ.




    L’agneau
    est un autre animal associé à Pâques. Son symbolisme est lié à la célébration
    juive du passage de la mer Rouge. A Pâques, chaque chef de famille devait
    choisir un agneau ou un bouc mâle de son troupeau, sans défauts physiques, qu’il
    devait garder du 10e jusqu’au 14e jour du mois de Nisan
    et le sacrifier d’un coup de poignard avant de le manger. L’agneau est aussi le
    signe de la douceur, de la simplicité, de l’innocence et de la pureté, autant
    d’attributs de Jésus-Christ.




    Pendant
    les 7 jours des Pâques juives, on ne consomme que du pain sans levain. Ce pain
    rappelle le pain sans levain que les Israélites ont préparé la nuit de leur fuite
    d’Égypte et symbolise, par l’absence de ferments levants, la propreté, la
    prévention de corruption et l’appel à une vie pure et sainte. Les traditions
    populaires roumaines sont loin de cette tradition juive qui associe le pain à l’amertume
    de l’esclavage en Égypte. Pour marquer la joie à Pâques, la « pasca »est,
    en fait, un pain sucré.




    La dernière
    partie de notre programme est consacré au jour de célébration de Pâques. Bien
    que les catholiques et les protestants aient célébré Pâques le 9 avril dernier,
    les Pâques orthodoxes ont lieu, cette année, le dimanche, 16. Cette situation découle
    des calculs astronomiques imprécis qui ont servi au premier synode œcuménique,
    organisé à Nicée en 325 de notre ère, de décider que les Pâques chrétiennes ne
    seraient plus célébrées au même moment que la fête juive, mais le premier
    dimanche après la pleine lune suivant l’équinoxe de printemps. La notion d’équinoxe
    vernal avait une signification particulière, car elle était considérée comme un
    moment représentatif du temps primordial où Dieu sépara la lumière des ténèbres
    et ordonna que la lumière soit donnée par le soleil – le jour, et par la lune -
    la nuit.


    Jusqu’en
    1582, tous les chrétiens célébraient Pâques à la même date. Le changement de date
    dans le christianisme occidental s’est fait par une réforme du calendrier
    initiée par le pape Grégoire VIII, qui voulait corriger le décalage découvert
    par les astronomes entre le calendrier utilisé jusqu’alors, soit le calendrier
    julien, et le temps astronomique réel. En utilisant le calendrier julien, la
    date de Pâques était, donc erronée. Alors que les catholiques commençaient à
    célébrer Pâques selon le nouveau calendrier rectifié, les Eglises orthodoxes
    continuaient, elles, à célébrer selon le calendrier julien, qui indiquait
    pourtant l’équinoxe et la pleine lune à des dates qui ne correspondaient plus
    aux dates astronomiques. Ceci explique l’écart qui persiste de nos jours encore.


    Lors de
    la conférence inter-orthodoxe de Constantinople en 1923, les Eglises orthodoxes
    ont essayé de trouver un compromis entre les deux calendriers, julien et
    grégorien. Lors de cette conférence, on a donc fixé Noël selon le calendrier
    grégorien, et Pâques, selon l’ancien calendrier julien.




    Avant de
    finir l’exposée de ce panorama des traditions pascales en Roumanie, il faut
    préciser que la plupart des Roumains suivent, du point de vue liturgique, la
    tradition byzantine. Les 7 jours de la Semaine sainte prennent fin à la nuit de
    la Résurrection, ce moment culminant de la fête pascale. La Semaine Sainte
    débute par le Dimanche des Rameaux. Dans les églises à travers la Roumanie, les
    prêtres rappellent dans leurs offices religieux chaque instant avant le sacrifice
    suprême que Jésus-Christ a fait pour sauver l’humanité entière. C’est une nuit
    spéciale, symbolisant la nuit de la lumière, de la purification, la libération
    de l’humanité de l’esclavage de l’enfer, du mal et de la mort. C’est pourquoi la
    fête pascale est une célébration de la lumière. A minuit, lorsque les gens se
    rendent au service de la Résurrection, ils allument des bougies, symbolisant le
    passage des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie.




    En vous
    remerciant de votre attention, nous souhaitons à ceux qui célèbrent Pâques, de Bonnes
    Fêtes, ainsi qu’à tous ceux qui nous écoutent, un printemps plein d’espoir et
    de lumière ! (écrit par Andra Juganaru)

  • L’octogone confessionnel

    L’octogone confessionnel

    Un témoignage unique de la coexistence millénaire de plusieurs ethnies de confessions religieuses différentes sur cette partie du territoire roumain. Nous avons rencontré Valentin Coman, guide touristique, qui a accepté de nous parler plus en détail de l’histoire de ces différents monuments religieux : «Cet octogone reflète l’histoire de la ville de Constanța à partir du moment où le Sultan a décidé de construire une ligne de chemin de fer (en 1860) faisant d’un petit village de pêcheurs et de bergers une communauté tout à fait exubérante, optimiste et qui s’est développée avec une confiance inébranlable en l’avenir. C’est ainsi que sont apparu à Constanța des communautés de Grecques, d’Arméniens, de Juifs, etc. Ensuite, après la guerre d’indépendance et la mise en place d’une administration roumaine, la communauté roumaine commence naturellement à s’étendre. Chacune des communautés disposaient déjà de ses lieux de culte, la plus ancienne étant l’église grecque Metamorfosis, construite au milieu du 19ème siècle, sous le règne d’un sultan particulièrement tolérant. On raconte que le terrain sur lequel elle a été construite aurait été offert par le Sultan Abdul-Aziz. C’est à la même période qu’aurait été érigée la mosquée de Hunkiar, le plus ancien lieu de culte musulman de Constanţa, qui aurait elle-même été construite à la place d’une mosquée encore plus ancienne. »

    Valentin Coman complète : « La plupart des lieux de culte que l’on retrouve aujourd’hui dans le vieux centre de Constanţa, ville colorée, multiculturelle et cosmopolite, créée entre 1860 et le début de la 2e guerre mondiale, appartiennent à une communauté qui a pris racine à cette époque. La communauté bulgare à, malheureusement, quant à elle disparu suite à un traité plus ancien entre les états roumain et bulgare, le Traité de Craiova. On retrouve la Grande Synagogue, toujours debout, mais malheureusement très endommagée, probablement à cause de la diminution progressive de la communauté des marchands juifs qui s’est aggravée après la seconde guerre mondiale. Les 40, 50 personnes qui composent aujourd’hui la communauté juive n’avaient sûrement plus le courage d’entretenir le bâtiment. Mais la Grande synagogue est liée à un autre édifice, plus ancien, celui de la Synagogue Ashkénaze, disparue aujourd’hui, mais dont l’emplacement resté inoccupé se trouve à côté. On retrouve aussi l’Eglise arménienne. Le bâtiment que l’on connaît aujourd’hui est en fait celui de l’ancienne école arménienne. On doit à cette communauté de marchands de superbes monuments, dont la « Casa cu Lei »/ « la maison aux lions » qu’il convient de mentionner, et qui est surement le troisième plus bel édifice de la ville. Elle avait aussi une petite église en bois qui a malheureusement été détruite dans un incendie. A la place, on a reconstruit un petit cloché de pierre, accolé à l’édifice, et ce lieu de culte a pu poursuivre sa mission spirituelle. »

    La ville recèle encore bien des histoires, car comme nous l’a assuré notre interlocuteur, sous ces nombreux édifices se trouvent les ruines de la vielle basilique de Tomis. Valentin Coman nous raconte : « Nous avons ici, à Constanţa, deux lieux de culte, les plus imposants, à savoir la cathédrale des saints Pierre et Paul, premier lieu de culte orthodoxe de langue roumaine construite aux alentours de la fin du 19e siècle. Elle aussi a une histoire fabuleuse, puisqu’elle est toujours debout, malgré les ravages provoqués par les bombardements pendant la guerre. On retourne ensuite la Mosquée Carol 1e, la seule portant le nom d’un chrétien, le roi Carol 1e de Roumanie. On l’appelle aussi la mosquée du roi, en hommage au monarque qui avait autorisé sa construction, rappelant aux citoyens qu’ils étaient tous frères, égaux et tolérants les uns envers les autres, désireux de construire ensemble plutôt que de se diviser. Il s’agit aussi du premier monument de Roumanie construit en béton armé à la demande du roi qui souhaitait faire un cadeau à la communauté musulmane de Dobrogea. Un lieu qui a toujours été ouvert aux visiteurs. Sans oublier l’église catholique de St Antoine de Padoue, elle aussi construite sur le site d’une église plus ancienne encore. Comme je l’ai mentionné, les Britanniques sont venus, en 1860, construire une voie de chemin de fer reliant les villes de Constanţa et Medgidia dans un premier temps, avant d’être prolongée jusqu’à Cernavodă. La construction de cette église a donc été très très compliquée, elle a demandé de nombreux efforts et nécessité beaucoup de dons. Cela ne fait que rendre son histoire encore plus belle. Pendant la seconde guerre mondiale, l’édifice, considéré comme beau et solide, a été utilisé comme dépôt de munitions par les troupes soviétiques qui avaient conquis la ville. Aujourd’hui il s’agit d’une belle cathédrale qui continue de poursuivre sa mission spirituelle. »

    L’histoire complexe d’une ville cosmopolite parfumée par les embruns de la Mer Noire qui mérite d’être visitée.(Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • 26.10.2022

    26.10.2022

    Bruxelles – Le premier ministre roumain, Nicolae Ciuca,
    le ministre des Affaires Etrangères, Bogdan Aurescu et celui de la Justice,
    Catalin Predoiu, font une visite de deux jours à Bruxelles pour des entretiens
    avec le président du Parlement européen, Robert Metsola, la cheffe de la
    CE, Ursula von der Leyen et le secrétaire général de l’OTAN, Jens
    Stoltenberg. L’occasion pour Nicolae Ciuca de rencontrer aussi son homologue
    belge, Alexander de Croo et de signer plusieurs documents de coopération dans
    le domaine nucléaire. Les responsables roumains rencontreront aussi des
    représentants de la communauté d’affaires roumano- belge.
























    Schengen – Des experts de la Commission Européenne et des pays membres de
    l’UE présentent ce mercredi, à Bruxelles, au Groupe du travail pour
    l’évaluation Schengen, les conclusions de leur mission d’évaluation de la
    Roumanie et de la Bulgarie. Le rapport est positif dans le cas de la Roumanie,
    apprend-on auprès de sources gouvernementales. Les experts néerlandais n’ont
    pas participé à la récente mission qui, disent-ils, n’a pas couvert suffisamment
    de domaines et ont demandé une mission supplémentaire. Le ministre roumain des
    Affaires Intérieures, Lucian Bode, et son homologue néerlandais ont décidé de
    se rencontrer prochainement à la Haye. Rappelons-le, la semaine dernière, le
    Parlement européen a adopté une résolution non-législative qui soutient à une
    large majorité, l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace de libre
    circulation. Ultérieurement, le Parlement des Pays Bas a adopté une résolution
    pour demander au Gouvernement de ne pas voter l’adhésion de Bucarest et de
    Sofia à Schengen. Les autorités roumaines rappellent que le pays répond à tous
    les critères techniques et que donc, il est prêt d’intégrer l’espace européen
    de libre circulation. L’adhésion des deux pays à Schengen pourrait figurer à
    l’agenda du Conseil Justice Affaires Intérieures des 8 et 9 décembre.












    Justice – La Cour Suprême de Roumanie a statué que la
    décision de la Cour Constitutionnelle sur la prescription des faits s’applique de
    manière rétroactive, selon le principe de la loi la plus favorable. Une telle
    décision portera atteinte à des milliers de dossiers et permettra à des
    inculpés d’échapper à la justice. Parmi les personnages célèbres ayant quitté
    la prison grâce à la prescription des faits figure l’ancien chef de la Chambre
    des députés, le libéral Bogdan Olteanu. L’actuelle décision de la Cour pourrait
    servir également à l’ancienne ministre Elena Udrea, actuellement emprisonnée.








    Eurostat
    Le gaspillage alimentaire total dans le bloc communautaire a atteint en 2020,
    127 kg par habitant, selon les données d’Eurostat dans son premier rapport à
    l’échelle de l’UE sur le sujet. Selon cette source, les ménages étaient
    responsables de 55 % du gaspillage alimentaire total dans l’UE au cours de la
    première année de la pandémie de COVID-19, les 45 % restants étant générés à
    d’autres étapes de la chaîne d’approvisionnement alimentaire.Les restaurants et
    les services de restauration représentaient 12 kg de déchets alimentaires par
    personne en 2020, soit 9 % du total du bloc, tandis que la vente au détail et
    les autres distributions alimentaires gaspillaient le moins. En Roumanie, selon
    le Ministère de l’Agriculture, les Roumains gaspillent au moins 70 kilos
    d’aliments par an.













    Protocole – L’Eglise Patriarcale Roumaine et le Ministère de la Santé ont
    signé un protocole de collaboration pour dix ans, pour permettre des activités
    religieuses dans les établissements sanitaires publics. Selon l’Eglise
    orthodoxe, les deux parties s’engagent à encourager un style de vie sain, à
    lutter contre la consommation des produits et substances nuisibles à la santé,
    à contribuer à l’éducation et au soutien des parents pour le bien être de la
    famille. Puisque le nombre de prêtres orthodoxes présents dans les hôpitaux
    dépasse actuellement 250, les deux parties ont décidé de faire les démarches
    nécessaires pour la mise en place au sein du Ministère de la Santé d’un post de
    responsable de l’assistance religieuse.



















    Météo – En Roumanie, la journée de mercredi
    apporte une légère chute des températures qui continuent à dépasser les
    normales saisonnières. Le ciel est variable et des pluies éparses risquent de
    toucher le nord, le centre et l’est du territoire, tout comme les régions de
    montagne. Les températures iront de 15 à 25 degrés. 21 degrés mercredi
    midi, à Bucarest.



  • Jacques Augustin (France) – Jeûne le Vendredi saint ?

    Jacques Augustin (France) – Jeûne le Vendredi saint ?

    Selon la tradition religieuse, les orthodoxes pratiquants jeûnent non seulement le Vendredi saint, mais observent le carême une quarantaine de jours avant Pâques. C’est même le carême le plus dur de l’année du point de vue alimentaire, appelé le Grand Carême. C’est une préparation du corps et de l’esprit pour la Résurrection du Seigneur. Le carême était observé différemment à travers les temps. Certains jeûnaient seulement le Vendredi saint, d’autres — deux ou encore trois jours avant Pâques, jusqu’à 40 jours. Depuis le Concile œcuménique de Nicée, qui s’est tenu en l’an 325, l’Eglise d’Orient a adopté la pratique du carême de sept semaines. Il faut savoir que ce jeûne est très sévère chez les orthodoxes. La recommandation de l’Eglise, pour ceux qui peuvent le faire, c’est de jeûner complètement les deux premiers jours du carême ou de jeûner jusqu’au soir, et alors de manger du pain et de boire de l’eau. Il en va de même pour les trois premiers jours et les deux derniers jours de la Semaine sainte. Mercredi on jeûne jusqu’au soir, lorsqu’on mange du pain et des légumes bouillis, sans huile. Le reste du carême, du lundi au vendredi, on se nourrit une seule fois par jour, le soir, alors que samedi et dimanche, deux fois par jour, de légumes bouillis avec de l’huile et on prend un peu de vin. Vous l’aurez compris, c’est un jeûne très dur puisqu’on ne peut pas manger de viande ni de produits de viande, mais pas de lait ni de produits laitiers non plus. Pas d’œufs, non plus. Deux jours pendant ces sept semaines, on peut manger du poisson. Tous les fruits sont permis, aussi. Les fidèles doivent s’abstenir de certaines pensées malsaines, des mauvaises actions ou passions, et de boire de l’alcool. On ne fume pas, non plus. Le Vendredi saint, jeûne total. C’est donc un carême du corps et de l’esprit, car il s’accompagne d’une purification de la pensée et de prières. Les fidèles sont aussi invités à faire de bonnes actions. Pendant le carême, pas de fêtes, pas de danse, pas de mariage.

  • L’église en bois du village d’Urși

    L’église en bois du village d’Urși

    La Commission européenne a annoncé, l’automne dernier, les quatre projets gagnants
    des Grands Prix européens du patrimoine/Prix Europa Nostra, le prix européen du
    patrimoine culturel financé par le programme Europe créative. La restauration
    de l’église en bois du village d’Urşi, du comté de Vâlcea (centre-sud de la
    Roumanie), un projet porté par la Fondation ProPatrimonio (Roumanie), fait
    partie de ces quatre lauréats. Elle a également été distinguée du prix du choix
    du public, qui a pu voter en ligne à travers l’Union européenne.






    Lancée en 2009 et finalisée en 2020, grâce aux dons financiers et au
    travail bénévole d’un grand nombre d’étudiants, d’architectes et de peintres-restaurateurs,
    la restauration de la petite église est devenue un modèle à suivre en la
    matière ainsi qu’une occasion de mieux comprendre les techniques de construction
    d’origine.






    L’architecte Raluca Munteanu, qui a été impliquée dans le projet, précise
    que l’église en bois d’Urși, consacrée aux fêtes religieuses de l’Annonciation
    et de Saint Michel, avait été érigée entre 1757 et 1784 : « Il est bien possible que l’église qui se dresse devant nous ne
    soit pas celle d’origine, car des documents officiels mentionnent un incendie
    dévastateur, qui l’aurait gravement endommagée en 1838, et le début de travaux
    de réparation. Ce n’est qu’en 1843 qu’une inscription est apposée au-dessus du
    portail d’entrée, disant que le fondateur Nicolae Milcoveanu avait financé et
    surveillé les travaux de réparation. Les peintures murales extrêmement
    précieuses de l’église datent de cette même année. Nicolae Milcoveanu n’était
    pas un boyard, mais plutôt un habitant aisé de la contrée. Selon les coutumes
    de l’époque, il avait donné de son argent et de son temps à la communauté dont
    il faisait partie. Il a fait réparer l’église et l’a remise en fonction. »








    Les artisans du bois, qui ont érigé
    l’église, sont restés anonymes, à la différence des peintres – Gheorghe,
    Nicolaie et Ioan – qui, eux, ont été mentionnés. En plus, Gheorghe était,
    paraît-il, originaire du village même où se dresse l’église, affirme
    l’architecte Raluca Munteanu : « Il est très possible qu’ils aient
    été des gens du coin, qui s’étaient inspirés des peintures religieuses de la
    région, notamment de celles du monastère de Hurezi, un véritable repère pour
    tant d’autres objectifs de la même zone. Comme on le sait, dans la partie sud
    de la Roumanie, les sources d’informations écrites sont très lacunaires. Il est
    tout à fait possible qu’à l’époque, les gens du village aient parfaitement
    connu les noms des artisans, mais l’absence de la pratique des documents écrits
    a fait que cette information ne nous parvienne pas. La mention des noms des
    peintres est plutôt quelque chose de rare. Dans le cas des églises de village,
    peu de noms de maîtres-artisans ont survécu au temps pour arriver jusqu’à nous.
    Et cela est aussi valable dans le cas des constructions représentatives et des
    monastères. Ces gens se rendaient d’une zone à une autre ; grâce à leur
    expérience, ils étaient appelés à travailler dans des localités voisines. Un
    spécialiste en peinture peut d’identifier, en fonction de la période ou du type
    de dessin, dans quelle mesure le style et les influences ont migré et se sont
    transmis, peut-être, d’une génération à une autre, ou d’un artisan à un autre
    de la même période. »






    Les dimensions de l’édifice parlent
    elles aussi des dimensions de la communauté villageoise et de l’exploitation du
    bois dans la région. La petite église du village d’Urși a environ 8 mètres de
    long et 6 mètres de large. Elle est aussi très basse, ayant seulement quelque 2,40
    mètres de haut jusqu’à la gouttière et environ 4,50 mètres avec le toit,
    explique Raluca Munteanu, selon laquelle l’église n’a pas de style d’architecture
    précis.






    Raluca Munteanu : « C’est une église vernaculaire,
    construite d’une manière on ne peut plus pragmatique. C’est une construction
    simple, réalisée avec la technique et les matériaux disponibles dans le coin,
    le bois en l’occurrence. L’assemblage en queue d’aronde est utilisé partout en
    Europe, du sud au nord. C’était la technique la plus simple et la plus facile de
    réaliser une construction en bois, à une époque où ce matériau était peu cher
    et facile à trouver. Sa forme est strictement fonctionnelle et adaptée aux
    besoins cultuels. De ce point de vue, l’église d’Urşi n’a rien de spécial,
    comparée à la majorité des églises en bois de cette zone, à quelques exceptions
    près. Elle est, de toute évidence, une église orthodoxe qui respecte tous les
    canons de construction en matière de plan, découpage de l’espace intérieur et
    fonctionnalité. La décoration, je le disais, est influencée par la peinture du
    monastère de Hurezi, les icônes et les dessins étant également organisés selon
    la pratique et les rituels chrétiens orthodoxes. Ce qui est vraiment spécial,
    pour la zone en question, bien sûr, mais aussi sur une aire bien plus large,
    c’est le choix des peintres-artisans d’utiliser la fresque sur bois, deux
    techniques – la fresque et la peinture sur bois – qui ne sont pas compatibles.
    Ils ont donc enduit le bois d’un crépi à la chaux, sur lequel ils ont réalisé
    la peinture alors que le crépi n’avait pas encore séché. D’habitude, la
    peinture était « a secco », directement sur le bois, ou bien, en cas
    d’utilisation du crépi à la chaux, celui-ci était renforcé avec des branchages
    qui le soutenaient. Dans le cas de l’église d’Urşi, les artisans ont choisi la
    technique utilisée dans les églises en pierre ou en brique : crépi à la chaux,
    appliqué directement sur le mur, et peint « a fresco ».






    La peinture murale tellement fragile et l’église
    du village d’Urşi sont actuellement entièrement restaurées, l’édifice
    accueillant à nouveau le service religieux, en parallèle avec la nouvelle
    église en brique, récemment construite dans le village. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • La migration entre défis et bénéfices

    La migration entre défis et bénéfices

    Le 18 décembre, c’est à la Basilique des 12 Apôtres de Rome qu’a eu lieu la sixième édition du Concert de Noël, intitulé « Les traditions par les yeux des enfants ». Les organisateurs, lAssociation Insieme per lAthos, lAccademia di Romania et lépiscopat roumain orthodoxe dItalie, ont fait savoir que la plupart des enfants participant au concert, bien que nés en Italie, demeurent toujours fortement attachés aux vieilles coutumes roumaines, transmises par leurs parents, mais aussi grâce à l’action des paroisses roumaines d’Italie, qui organisent en outre des cours de langue roumaine. Invité à Radio Roumanie, leurodéputé Eugen Tomac évoque la manière dont ces communautés roumaines s’organisent à l’étranger, mais aussi la place tenue par l’Etat roumain dans la vie de ces communautés.



    « Nous avons organisé des écoles de weekend, car nous comptons beaucoup de communautés orthodoxes, catholiques, gréco-catholiques, protestantes et néo-protestantes partout dans le monde. Jen ai visité beaucoup, et j’ai vu que, là où les gens sentaient quils avaient besoin de sorganiser, ils se sont organisés. Et il y a quelque chose dextrêmement important. Jai rencontré des Roumains qui ont quitté le pays depuis plusieurs années, qui se sont intégrés et qui parlent, même en famille, la langue du pays où ils vivent. Alors, parfois leurs enfants n’ont pas eu l’occasion d’apprendre le roumain à la maison, parfois ils l’ont oublié au bout de quelques années. Javais rencontré aussi des Roumains qui ont quitté le pays depuis 40 ou 50 ans, qui ont eu des enfants à létranger, mais qui ne parlaient que le roumain à la maison. Ils observent les coutumes et les fêtes traditionnelles, comme s’ils étaient partis hier. Tout cela est une question de vision et de volonté. Si vous vous souciez de votre propre identité, cultivez-la et gardez-la, telle que vous lavez héritée, et connectez-vous à votre communauté. Sinon, les identités se perdent et les gens s’assimilent. Cest une réalité que jai connue, que jai vue de mes propres yeux. Ce que lÉtat roumain devrait cependant faire, cest de créer des outils pour soutenir ces écoles de weekend, les associations, les institutions culturelles, qui devraient avoir un programme beaucoup plus cohérent, beaucoup plus riche en événements et, bien sûr, encourager les réseaux qui se créent sur internet. Car internet est devenu un formidable outil qui permet à la diaspora de se tenir au courant de tout ce qui se passe au pays, sans trop defforts. »



    Le nombre d’ethniques roumains qui vivent de nos jours hors des frontières nationales est estimé à près de 10 millions, y compris les communautés historiques vivant dans les pays voisins de la Roumanie. La plupart de ceux qui ont choisi de quitter le pays durant les dernières décennies se trouvent actuellement en Italie, en Espagne et au Royaume-Uni, tandis que les communautés historiques sont situées en République de Moldova, en Ukraine et en Serbie. Les dernières informations en date sur la mobilité de l’émigration roumaine font cependant état d’un changement de cap. En effet, si lItalie, lEspagne, le Portugal et la Grèce ont longtemps constitués les destinations privilégiées de l’émigration roumaine récente, la tendance actuelle semble privilégier la France et le Royaume-Uni, voire le Nord de l’Europe, soit le Benelux, l’Allemagne, le Danemark et les pays scandinaves.



    Toujours selon les dernières estimations en date, l’on remarque une accélération de la migration originaire des communautés roumaines historiques qui vivent hors des frontières nationales vers l’Europe de l’Ouest. Quoi qu’il en soit, qu’ils vivent à proximité des frontières roumaines ou dans des régions éloignées, les Roumains se sont, certes, adaptés aux pays d’accueil, tout en se voyant confrontés à divers défis. L’on va noter, par exemple, que la minorité roumaine de Serbie, notamment les ethniques roumains qui vivent dans la vallée du Timoc, est toujours confrontée à l’absence de reconnaissance de lÉglise orthodoxe roumaine dans ce pays. Aussi, au-delà de la région de Voïvodine, la diffusion des émissions radio en langue roumaine demeure extrêmement limitée, autant que laccès à léducation et aux services religieux déroulés en roumain. Le député européen Eugen Tomac précise :



    « La situation des Roumains qui vivent dans des pays voisins de la Roumanie constitue un sujet à part et varie selon le pays. Déjà, la situation de la République de Moldova est un sujet extrêmement complexe en soi, la relation avec les ethniques roumains de Serbie, les relations avec les ethniques roumains qui vivent dans les autres pays des Balkans, tout cela est un sujet assez complexe. Il faudrait nous pencher davantage sur ces situations particulières, qui requièrent une certaine attention et lemploi doutils autres que les seuls traités bilatéraux. Ces Roumains se confrontent à des situations pas toujours réjouissantes, des situations que l’Etat roumain, et je le dis avec un certain regret, traite souvent de manière plutôt superficielle. Et je ne parle pas ici des positions du ministère des Affaires étrangères, mais je vise notamment le respect des droits du demi-million d’ethniques roumains qui vivent en Ukraine, en Bucovine de Nord, au sud de la Bessarabie, et dans le Maramures historique. »



    Quant à la situation des Roumains qui travaillent dans lUE, sans pour autant s’y être établis de façon définitive, ils se voient parfois confrontés à des conditions de travail harassantes et pas conformes aux normes légales en vigueur. C’est pourquoi une bonne connaissance de leurs droits, de même que l’accès à une assistance adéquate de la part des autorités des pays dans lesquels ils se trouvent constituent des sujets prioritaires. Il s’agit d’outils qui peuvent prévenir de tels abus, martèle l’eurodéputé Eugen Tomac, qui milite pour une meilleure présence consulaire et pour une meilleure défense des droits des Roumains de l’étranger de la part des autorités roumaines.


    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Se rendre à l’église avec ou sans un pass sanitaire ?

    Se rendre à l’église avec ou sans un pass sanitaire ?


    Cela
    fait quelques semaines déjà que l’évolution de la pandémie de coronavirus
    maintient sa pente descendante. Le nombre des nouveaux cas est à la baisse,
    tout comme celui des hospitalisations et des décès. Dans ce contexte, l’intérêt
    des Roumains pour la vaccination anticovid a chuté. Cette semaine, moins de 16
    000 personnes par jour ont reçu leur première dose du vaccin. Presqu’une année après
    le début de la campagne de vaccination, environ 7 millions et demi de Roumains
    ont été immunisés au schéma complet, un nombre qui est toujours loin de la
    moitié de la population éligible âgée de plus de 12 ans. Le chef de la campagne
    de vaccination, Valeriu Gheorghita, ne perd pas l’espoir, et estime que la
    cible d’avoir 50% de la population vaccinée d’ici la fin de l’année pourrait
    être toujours atteinte.


    Entre
    temps, les autorités appellent à nouveau la population non seulement à se faire
    vacciner, mais aussi à continuer à respecter les gestes barrières et les
    mesures de protection sanitaire. Dans une tentative de faire passer le message
    à encore plus de monde, le premier ministre Nicolae Ciuca et le ministre de la
    Santé, Alexandru Rafila, ont même demandé l’aide des représentants des cultes
    religieux de soutenir de la vaccination contre le coronavirus. Les discussions
    ont porté aussi sur l’introduction du pass sanitaire pour avoir accès dans les
    églises et autres lieux de culte. Une idée rejetée par les représentants des
    cultes religieux, qui demandent que la population ait toujours le droit de
    participer librement aux messes religieuses. Une décision en ce sens sera prise
    avant la fin du mois, promet de son côté le premier ministre, Nicoale
    Ciuca : « On a eu des discussions et les représentants des cultes religieux souhaitent
    que les citoyens puissent bénéficier de cette liberté de participer aux
    services religieux sans être obligés de présenter le certificat vert numérique.
    Quant à nous, on a demandé l’aide des cultes pour pouvoir sauver autant de vies
    que possible. »


    A
    son tour, le ministre de la Santé, Alexandru Rafila, estime que la population
    devrait avoir le droit de se rendre à l’église sans présenter le pass
    sanitaire, puisque la liberté religieuse est un élément essentiel de la vie
    sociale. « Je pense qu’au moment où il faudra prendre une décision en ce sens, qui
    sera un décision politique en fin de compte, il faudra penser à un mécanisme
    consultatif et inclusif et non pas prendre une décision discrétionnaire. Il
    faut que ce soit une décision que tout le monde connaisse et respecte, car la
    liberté religieuse est un des éléments essentiels de la vie. On ne peut pas se
    limiter à l’accès aux magasins de stricte nécessité. A notre avis, il faut
    tenir compte de tous ces aspects, lorsque l’on parle de l’accès aux services
    religieux. »



    Enfin,
    questionné au sujet de la vaccination obligatoire invoquée par certains
    représentants de la Commission européenne, le ministre roumain de la Santé
    estime que chaque Etat membre a le droit de mener ses propres politiques en
    matière de santé publique. (Trad. Valentina Beleavski)





  • Le pèlerinage dans la Roumanie du 21e siècle

    Le pèlerinage dans la Roumanie du 21e siècle

    Du
    Bouddhisme au Judaïsme en passant par l’Islam et l’Hindouisme, à chaque
    religion son haut lieu de pèlerinage. Le Christianisme n’échappe pas à la
    règle. Jérusalem, Rome, Saint Jacques de Compostelle, Lourdes, le monastère des
    Météores en Grèce, les îles d’Eghina et d’Evia, Nea Makri, ou le mont Athos,
    sont autant d’exemples de lieux de pèlerinage du monde chrétien.






    En
    Roumanie, pays majoritairement orthodoxe, la saison des pèlerinages les plus
    importants est maintenant terminée. C’est l’occasion pour nous de revenir sur
    ce phénomène social et religieux de grande ampleur, auquel participent des
    dizaines, voire des centaines de milliers de pèlerins.








    Nous
    sommes en compagnie de Mirel Bănică, chercheur en socioantropologie des
    religions à l’Académie Roumaine, à qui nous avons demandé brièvement de passer
    en revue les principaux lieux de pèlerinages roumains : « Chaque pèlerin a son lieu de pèlerinage de prédilection. Il n’y a
    aucun mal à l’avouer, nous ne sommes pas théologiens, et chacun a le droit
    d’avoir son Saint préféré, avec lequel il a le plus d’affinités. Je vais tout
    de même tenter un petit classement. Les deux plus grands pèlerinages sont ceux
    de Iasi et Bucarest, qui, avant le Covid, attiraient des dizaines, voire des
    centaines de milliers de pèlerins.
    Vient ensuite le monastère de Nicula, le plus important de Transylvanie. Il
    existe aussi des pèlerinages plus locaux, mais qui n’en demeurent pas moins
    très connus. C’est le cas par exemple du monastère de Cernica (pour Saint Calinic) et celui au monastère de Curtea de Argeş (pour
    rendre hommage à Sainte Filofteia).
    Enfin, un dernier pèlerinage est récemment apparu sur la carte de Roumanie, il
    y a maintenant une dizaine d’années. C’est celui de Prislop, où se trouve la
    tombe du père Arsenie Boca. »






    Dans
    le cadre d’un pèlerinage catholique, l’hommage qu’un pèlerin rend au sacré est d’ordre
    géographique. Il doit en effet beaucoup marcher pour se rendre sur le lieu sacré.
    C’est le cas par exemple du chemin de Saint Jacques de Compostelle.

    Chez les
    orthodoxes c’est différent. Chaque
    pèlerinage est unique, même si Mirel Bănică estime qu’ils partagent quelques
    points communs : « Ce qui fait
    la spécificité du pèlerinage orthodoxe, c’est la situation d’attente dans
    laquelle se met le pèlerin. Cela peut être court ou parfois très long. Pour ma
    part, c’est en 2015-2016 à Iasi, que j’ai le plus attendu. J’ai dû patienter
    près de 20 heures. Comme tout bon pèlerin qui se respecte, j’ai ma fierté. Les
    pèlerins ont toujours aimé se vanter un peu. Ils ne devraient pas, mais ils
    adorent raconter leurs exploits !
    Une deuxième caractéristique typique de la religion
    orthodoxe et peut-être typique des pèlerinages en Roumanie, c’est le contact
    intime et très direct avec le sacré par le biais des saints ou des icônes,
    comme celle de Nicula ou la tombe du Père Arsenie Boca, à Prislop. Cette
    intimité avec le sacré, le fait que le pèlerin orthodoxe ait tendance à
    toucher, à s’approcher, à entrer en contact direct avec l’objet sacré, a généré
    de nombreux problèmes pendant la pandémie. En effet, pendant cette période
    singulière, le contact direct entre les hommes ou avec les objets sacrés a été
    fortement critiqué et à de nombreuses reprises. »









    La
    pandémie a bouleversé le déroulement des pèlerinages. En temps
    « normal », on voit déborder des églises une marée humaine, un flot
    de gardes de sécurité et de forces de l’ordre, une kyrielle de stands où sont
    vendus des objets de culte. Le tout sur fond de prières et de chants byzantins
    diffusés par des haut-parleurs… sous le regard scrutateur de la presse.








    La
    pandémie a aussi bouleversé le recrutement des pèlerins. Personne ne voulait ou
    ne pouvait plus voyager aussi facilement ou aussi loin qu’avant. Mais qui
    participe à ces pèlerinages ? Le pèlerin roumain est, souvent de façon
    péjorative, associé à une femme d’âge mûr, issue de milieu rural et, dans le
    meilleur des cas, ayant terminé l’école primaire.






    Qui Mirel
    Bănică a-t-il croisé en faisant la queue pendant 20 heures ? Il raconte : « Le
    temps passe impitoyablement vite. Cinq ou six ans ont déjà passé depuis la publication
    de mon livre, « Besoin d’un miracle ! le phénomène des pèlerinages
    dans la Roumanie contemporaine », écrit en 2014-2015 et paru aux éditions
    Polirom, et réédité depuis. A l’époque, je me posais déjà la question
    « peut-on dresser un portrait-robot du pèlerin ? est-ce
    possible ? peut-on affirmer, tiens, lui c’est un pèlerin ? ». Cela en surprendra plus d’un, et j’épargnerais ici les détails à ceux qui
    n’aiment pas les pèlerinages pour des raisons diverses, mais il existe
    plusieurs profils de pèlerins. J’ai croisé sur mon chemin le stéréotype du
    pèlerin de la campagne, portant encore sa nourriture dans sa besace et mangeant
    avec délice un morceau de polenta
    avec de l’oignon cru ! Je n’exagère pas ! J’ai aussi croisé, et j’en
    ai déjà parlé dans mon livre, mais je le répète ici, des pèlerins très
    sophistiqués et très bien équipés : meilleur équipement de trek, meilleur
    vêtement de pluie, meilleur coupe-vent. Ils arrivaient en file indienne, comme
    s’ils voulaient gravir l’Himalaya, comme s’il s’agissait pour eux d’un exercice
    de développement personnel. Cela reflète la sécularisation de notre
    époque ! »









    Pour certains spectateurs, restés en marge de ce
    phénomène, les pèlerinages constituent un anachronisme de l’époque post-moderne
    dans laquelle nous vivons. De tout temps les pèlerins ont été stigmatisés, mais
    ce phénomène n’a pas été inventé en Roumanie, et pas à notre époque. C’est ce
    qu’affirme le chercheur de l’Académie Roumaine, Mirel Bănică : « C’est une étape, le signe évident
    d’une sécularisation. Elle se manifeste aussi de manière chaque jour plus
    flagrante dans notre société sécularisée. C’est-à-dire dans laquelle l’idée de
    société religieuse, d’esprit religieux et de religiosité s’estompent
    progressivement.Et c’est tout à fait normal, car 30 ans ont passé depuis la
    chute du communisme. Notre population vieillit, l’Europe tout entière vieillit,
    et nous rejoignons lentement mais sûrement le chemin de la sécularisation de
    l’Europe occidentale. Tous ces jeunes qui crient « nous voulons des
    hôpitaux, pas des églises » ont en partie raison. A quoi fais-je référence
    ici ? Ils incarnent la première
    génération étique dans l’histoire de la Roumanie. Et par génération étique, j’entends
    élevée dans un esprit de travail, dans le culte de l’efficacité, du
    professionnalisme. Une génération qui n’envisage pas l’intervention divine dans
    la destinée de l’Homme, qui ne considère pas que ces pratiques, telles que les
    pèlerinages, leur apportent une vie meilleure. Il ne faut pas oublier, et je pense qu’il est
    important de le rappeler, surtout aux plus jeunes, que les pèlerinages prenant
    la forme d’une longue file d’attente comme nous les connaissons aujourd’hui,
    sont une pratique relativement récente, apparue dans les années 90. Ils existaient déjà, mais restaient très localisés et de petite envergure.
    Ce n’est pas un hasard s’ils sont apparus après la chute du communisme. Les
    gens ont eu besoin de remplacer le système qui s’était effondré par quelque
    chose qui donnait un sens à leur existence. Et je pense que depuis, les
    pèlerinages accomplissent cette mission avec succès, pour bon nombre de
    citoyens roumains. »







    Pour beaucoup de Roumains, les pèlerinages sont un
    médicament spirituel, surtout en période de crise sanitaire. Quand
    retrouverons-nous les pèlerinages d’avant ? Pour le chercheur Mirel Bănică,
    une solution consiste à effectuer un pèlerinage intérieur. Une démarche bien
    plus difficile, qui nécessite d’être discipliné et rigoureux. (Trad :
    Charlotte Fromenteaud)

  • Guy Le Louët (France) – Propriétés du prince Charles de Galles en Roumanie

    Guy Le Louët (France) – Propriétés du prince Charles de Galles en Roumanie

    En fait, lintérêt de lhéritier de la Couronne britannique pour la Roumanie ne date pas d’hier, puisqu’il créait une fondation déjà en 1987, pour aider les intellectuels roumains à être en contact avec des universités occidentales — notamment Oxford et Cambridge. En avril 1989, à Londres, il a tenu un discours sur la situation dramatique des villages roumains — vous vous souvenez peut-être, pour Ceauşescu, l’heure était à la systématisation. Les villages étaient rasés pour faire des terrains agricoles ou les maisons des gens étaient démolies pour céder la place à des immeubles collectifs.



    Le prince de Galles est venu pour la première fois en Roumanie en 1998 et il est tombé sous le charme de la Transylvanie, cette région du centre du pays, de sa nature, de l’habitat, des traditions et des gens de l’endroit. Il déclare avoir pour ancêtres Vlad l’Empaleur, mais aussi la comtesse Claudine Rhédey de Kis-Rhéde, née sur le territoire de notre pays au XIXe siècle. Depuis lors, il vient chaque année, même plusieurs fois par an en Roumanie pour y séjourner, mais ce n’est pas tout.



    On ne sait pas exactement combien de propriétés le prince Charles a acquises en Roumanie, mais il s’agit d’au moins une dizaine. Et quand je parle de propriétés, il faut entendre des maisons traditionnelles, anciennes, certaines plus que centenaires, qu’il a achetées. Ainsi, à Valea Zălanului, un hameau de 150 habitants du département de Covasna (centre), où le temps s’est arrêté et les gens vivent au rythme de la nature, il achète une, puis deux, puis trois et, selon certains, même une quatrième maison de plus de cent ans. Préoccupé par la conservation du patrimoine, des traditions et par la promotion du tourisme durable, il les a rénovées avec les mêmes matériaux que ceux qui avaient été utilisés à l’origine et les mêmes techniques, les a aménagées avec des objets traditionnels authentiques, mais les a aussi équipées de salles de bains tout confort et elles peuvent être louées. Le magazine Vanity Fair a fait un classement des plus belles maisons du monde parmi lesquelles figure une de ces propriétés. Le prince Charles a aussi quelques maisons à Breb, un village traditionnel du Maramureş (nord).



    Il a créé une fondation pour soutenir les communautés rurales du pays. En 2015, l’héritier de la Couronne britannique a créé une autre fondation avec pour mission de protéger le patrimoine architectural du pays et de soutenir le développement rural et le développement durable. Cette fondation offre des programmes gratuits de formation aux métiers traditionnels qui avaient quasiment disparu.



    Le prince a également acheté des maisons traditionnelles aussi dans le village de Viscri, listé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce village a une église fortifiée saxonne dont la construction a commencé au XIIe s. Il entendait ainsi sauver le patrimoine architectural transylvain, mais aussi le style de vie et les métiers traditionnels. Viscri est maintenant hautement touristique, et son église a été listée parmi les plus belles du monde par la publication The Telegraph.



    Il s’est beaucoup investi dans la conservation des monuments historiques, dans des villages saxons de Transylvanie, fondés au XIIe siècle, dont certains figurent aujourd’hui sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, mais non seulement. Ainsi, en trois ans, la fondation a investi dans ces activités un million de livres sterling, rénovant des édifices représentatifs avec les mêmes matériaux et les mêmes techniques. Un exemple, c’est l’Eglise de la Dormition de la Mère de Dieu de Strei, un monument historique de l’art roman du XIVe s.



    Lorsqu’il vient en Roumanie, l’héritier de la Couronne britannique aime se balader en pleine nature, rencontrer les villageois, et se donne pour tâche de promouvoir les produits traditionnels de ces villages. L’idée, c’est de créer un circuit économique autour de ces monuments pour permettre aux habitants d’avoir des emplois. Ainsi, les chaussettes traditionnelles tricotées par les femmes de Viscri sont exportées en Allemagne et de là, ailleurs en Europe occidentale.



    La fondation du prince se propose de sauver une église vieille de 800 ans, celle de Drăuşeni, au département de Braşov ; à cet effet, un plan a été élaboré. Il prévoit la rénovation de l’église, la construction d’un café, de places d’hébergement et d’ateliers de métiers traditionnels. C’est un projet pilote. S’il fonctionne, il sera étendu à d’autres monuments médiévaux en péril. Il finance par ailleurs la rénovation d’une église en bois du département d’Arad, celle de Luncşoara, mais aussi de deux autres dans le département de Mureş : celles de Curtelnic et celle de Bălăuşeri.



    Nombre de ces projets sont sélectionnés par l’Association L’Ambulance des monuments, dont nous vous avons déjà parlé sir nos ondes, et qui bénéficie du soutien financier du prince Charles. Une maison fortifiée du département de Gorj a également été restaurée ainsi. Ce ne sont que quelques exemples des activités des fondations du prince de Galles en Roumanie.



    En 2011, le prince Charles commente le documentaire Wild Carpathia, du réalisateur britannique Charlie Ottley — un documentaire fabuleux sur la Roumanie. Pour la petite histoire, entre temps, Charlie Ottley a acheté une maison traditionnelle et a emménagé en Transylvanie ! En 2020, en pleine pandémie, dans un autre film commenté par lui, le prince Charles a exhorté les Roumains à passer leurs vacances en Roumanie et à y découvrir « les richesses incroyables » de ce pays. Il avoue être venu pour la première fois en Roumanie une vingtaine d’années auparavant et y avoir découvert un pays « étonnant », qui occupe depuis lors une place à part dans son cœur, et qu’il « se sent chez lui ici » à chaque visite. « La Roumanie est un pays étonnamment divers, dit-il, du delta du Danube, la zone humide la plus grande et la plus sauvage d’Europe, aux forêts, aux sources et aux monastères de Bucovine, de Moldavie et du Maramureş, aux collines des Apuseni ou aux étendues inhabitées de Harghita, aux précieuses collections des musées de Bucarest ou à la beauté sauvage du défilé des Portes de fer, aux châteaux, aux montagnes et aux villages saxons de Transylvanie ou aux vallées reculées du Banat et de la Crişana. Une si riche diversité naturelle et culturelle réunies sous le même drapeau est remarquable et c’est une des caractéristiques qui font de la Roumanie un coin à part de l’Europe. »



    Et le prince Charles déclare qu’il regrette que la pandémie ne lui ait pas permis de voyager en Roumanie, mais il continuera à plaider pour la protection des « trésors uniques » de la Roumanie. Bien entendu, la presse roumaine parle de chaque voyage ou séjour du prince en Roumanie, et de toutes ses activités.

  • Jacques Augustin (France) – Une femme peut-elle choisir librement son mari?

    Jacques Augustin (France) – Une femme peut-elle choisir librement son mari?

    Oui, Jacques, une femme est tout à fait libre de choisir son mari. Le mariage est le deuxième grand événement dans la vie d’une personne, après la naissance. Dans la vision traditionnelle roumaine, le mariage ou les noces s’entendent comme un passage à une autre étape de la vie, qui marque l’accès des époux dans la vie sociale, leur intégration à la communauté. Le mariage est précédé ou non par des fiançailles. La tradition veut que le futur marié aille avec ses parents chez la future mariée pour demander sa main aux futurs beaux-parents. Une fête peut être organisée pour les fiançailles ou pas. Aujourd’hui, chacun fait comme il l’entend.



    Une obligation particulièrement importante, c’est de choisir les témoins de mariage, qui sont considérés les guides spirituels des futurs époux dans le mariage. Selon la tradition, les témoins ont un rôle essentiel d’abord dans le mariage civil, qui ne peut pas avoir lieu à défaut, ensuite dans le mariage religieux, s’il est organisé, à la noce, et dans toute la vie des futurs époux. Il convient de tenir compte d’une série de critères dans le choix des témoins, mais aussi des devoirs financiers qui leur incombent, et qui ne sont pas des moindres.



    Pour pouvoir célébrer le mariage civil, les futurs époux doivent satisfaire à certaines conditions, par exemple que l’homme ait au moins 18 ans, et la femme au moins 16, qu’ils ne soient pas déjà mariés — eh oui ! La femme peut seulement se marier à 16 ans « pour des motifs justifiés ». La bigamie et la polygamie sont des infractions conformément au Code pénal roumain. A noter également qu’en Roumanie, les mariages entre des personnes du même sexe sont interdits. En vue de passer devant l’officier d’état civil, les futurs mariés sont tenus de soumettre des certificats médicaux sur leur état de santé et de faire personnellement une déclaration de mariage à la mairie, qui est affichée et devient publique. Ils obtiennent alors une date et une heure pour la célébration du mariage civil. Deux témoins doivent nécessairement être présents. A Bucarest, la cérémonie dure très peu, peut-être 2-3 minutes, et vu la pandémie, seules 8 personnes ont le droit d’accéder à la salle où le mariage est célébré : les mariés, leurs parents et les témoins. L’officier d’état civil demande à chaque futur marié s’il souhaite prendre pour époux/épouse l’autre ; une fois qu’ils ont dit oui, ils sont déclarés mariés, signent dans le registre et obtiennent l’acte de mariage. Ce document crée des obligations légales entre les mariés. Le capitaine d’un bateau ou d’un avion a aussi le droit d’unir deux personnes. Le texte de la célébration du mariage est fixé par le Code de la famille. Toutefois, si l’officier d’état civil connaît le couple, il peut aussi tenir un discours, par exemple.



    En sortant de la salle où le mariage civil est célébré, la coutume veut que les invités apportent des fleurs et qu’ils fassent une voûte avec ces fleurs, sous laquelle passent les mariés. Les invités chantent « La mulţi ani » – c’est un souhait que l’on fait à beaucoup d’occasions en Roumanie — aux anniversaires, à la Nouvelle Année et après, quand on se voit, aux mariages… Au moment où les mariés passent sous la voûte de fleurs, il est coutume que les invités jettent des poignées de riz ou de blé pour la fertilité du couple. Cela vaut aussi pour le moment où les mariés sortent de l’église après la célébration du mariage religieux. Selon les régions, les familles des mariés offrent aux invités de petits gâteaux secs sucrés et salés et du champagne/vin mousseux. Toutefois, avec la pandémie, l’alcool n’est plus autorisé dans ces enceintes. Au regard de la loi, c’est le mariage civil qui est reconnu par l’Etat.



    La nouvelle famille peut choisir de célébrer un mariage religieux aussi ou pas. Il faut avoir l’acte de mariage civil en vue du mariage religieux. Ce dernier s’accompagne de différents rituels et d’éléments festifs, selon les régions, selon la culture et la position des époux dans la société. Dans les villages, il y a toute sorte d’us, coutumes et superstitions à observer à cet effet, notamment pour la chance, la bonne entente, la prospérité, la réussite et le bien-être des époux dans leur mariage. En Roumanie, les noces sont célébrées avec beaucoup de faste et de joie. Certaines des traditions à respecter sont très anciennes, certaines visent à amuser les mariés, mais aussi les convives. Je vous parlais des témoins ; ils devront payer le voile de la mariée, les cierges et le prêtre qui va célébrer le mariage. Et ce sont encore les témoins qui offriront le plus grand cadeau de noces.



    Si les futurs époux choisissent de respecter les traditions, il y en a dès l’habillement des mariés dans les vêtements de cérémonie jusqu’à la fin de la noce, et d’autres à observer toute la vie. La témoin de mariage fixe le voile à la mariée. La mariée porte une robe blanche si c’est le premier mariage et un bouquet qui normalement est offert par le marié. La témoin de mariage est censée offrir un gâteau de la mariée (turta miresei) à ceux qui sont présents. A l’église, la célébration du mariage dure 3 heures en Transylvanie, alors qu’à Bucarest, j’ai même assisté à un mariage en 20 minutes ! C’est dire que ça m’a marquée, j’ai même été choquée ! Le prêtre unit les jeunes et leur accorde la bénédiction du Seigneur. Le service religieux commence par la messe de fiançailles. Les époux vont porter des couronnes à un moment donné — symboles de la dignité et de l’honneur. Les témoins allument des cierges spéciaux et ornés pour l’occasion. Chaque moment a une signification. Bien sûr, à un moment donné, les alliances sont passées aux doigts des époux. Le prêtre fait déguster du vin aux mariés de la même coupe, ce qui symbolise la douceur de l’amour et de la joie qu’ils vont partager.



    Après le mariage à l’église, on va au restaurant. Les noces durent d’habitude jusqu’au matin, avec des moments et des superstitions à observer — ou pas. A l’entrée, on offre le champagne. Le menu, très riche, est choisi d’avance par les mariés. Ces derniers doivent danser une danse, ils doivent l’avoir exercée à l’avance aussi. Au moment de servir le gâteau des mariés, la mariée lance son bouquet en direction des jeunes filles célibataires, en se tenant le dos vers ces dernières, et on dit que celle qui l’attrape sera la prochaine mariée. A minuit, la mariée change de tenue. Aussi, la témoin enlève le voile et lui met un fichu — elle est désormais mariée. A certains endroits, des noceurs volent la mariée et alors le témoin et le marié doivent faire ce qu’on leur demande — parfois des choses drôles – ou leur donner de l’argent pour qu’ils la rendent.



    En fonction du degré de parenté et d’amitié avec les mariés, de l’endroit choisi pour la célébration (soit le coût du menu et de la musique), mais aussi des revenus de l’invité en question, les invités offrent aux mariés, au moment de se retirer de la fête, une enveloppe contenant une somme d’argent conséquente. Il y a même un site pour ne pas se tromper ! Par exemple, pour un mariage célébré à la campagne, nettement moins cher qu’en ville, si c’est votre meilleur ami, un couple offrira 300 euros. Les témoins de mariage – au moins 600 euros à Bucarest, et du reste, on a entendu tous les chiffres, pas de limite supérieure.



    Voilà, je vous ai parlé, en grand, du mariage civil et aussi du mariage orthodoxe en Roumanie. Je vous disais qu’une femme choisit librement son mari, sauf peut-être dans le cas des mariages forcés qui sont pratiqués par certains Roms, qui ont l’habitude de marier leurs enfants en bas âge, sous couvert de faire une fête. C’est interdit, bien sûr. Je ne m’attarderai pas plus, car les pratiques sont très différentes d’une région à l’autre, et chaque couple choisit celles qu’il entend respecter, mais je pense vous avoir quand même donné une bonne idée de la manière dont le mariage se célèbre en Roumanie.

  • 29.05.2021 (mise à jour)

    29.05.2021 (mise à jour)

    Coronavirus – De nouveaux événements pour encourager la population à se faire vacciner contre la Covid-19 ont lieu en Roumanie en cette fin de semaine. A Bucarest, par exemple, c’est la deuxième étape d’un marathon de vaccination – les personnes ayant reçu la première dose il y a trois semaines sont attendues pour recevoir leur rappel avant lundi matin. Des personnes n’ayant pas reçu la première injection peuvent également se faire immuniser. A Braşov, dans le centre du pays, une caravane de la vaccination se rendra durant cinq jours dans les marchés ou dans différents endroits bondés de la ville. Un vacci-drive a été ouvert à Petroşani, dans la région minière de la Vallée du Jiu. Côté chiffres, dans les dernières 24 heures, près de 70.000 personnes ont été vaccinées dans le pays et 265 ont été testées positives au Sars-Cov-2. 73 personnes sont décédées des suites de l’infection et près de 500 malades sont hospitalisés en réanimation.

    Vaccination – L’Agence européenne des médicaments a approuvé vendredi l’utilisation du vaccin anti-Covid Pfizer/BioNTech pour les 12-15 ans. La Roumanie devrait proposer les premiers rendez-vous pour ce groupe d’âge à partir de la semaine prochaine, a annoncé le coordinateur de la campagne nationale de vaccination Valeriu Gheorghiţă. Pfizer/BioNTech devient ainsi le premier vaccin à être autorisé pour les adolescents au sein des 27 pays de l’Union européenne. Le vaccin est « bien toléré » par les jeunes et il n’y a « pas d’inquiétudes majeures » concernant d’éventuels effets secondaires, a assuré Marco Cavaleri, responsable de la stratégie vaccinale de l’Agence européenne des médicaments. L’Institution recommande à chaque Etat membre de décider de son côté les modalités et le calendrier de la vaccination des adolescents.

    Enchères – L’avion Rombac 1-11 de l’ancien dictateur communiste Nicolae Ceauşescu, symbole de l’indépendance de la Roumanie communiste face à l’Union soviétique, a été vendu 120.000 euros jeudi dernier à Bucarest. Environ 150 passionnés d’aviation se sont disputés dans la soirée, au téléphone ou via internet, ce vestige proposé à 25.000 euros, relate l’AFP. Selon Alina Panico, la porte-parole de la maison de ventes Artmark de Bucarest, c’est un collectionneur étranger intéressé par l’histoire roumaine qui a remporté la mise. Propriété de la compagnie d’Etat Romavia, ayant fait faillite en 2014, le fameux aéronef a été sauvé par une poignée d’enthousiastes qui ont obtenu en mars son inscription au « patrimoine national ». « Il ne peut être ni démembré, ni modifié et ne peut surtout pas quitter le territoire roumain », explique Adrian Ciutan, un ancien technicien Rombac à l’origine de cette campagne. Mais on peut le transformer en musée et il peut toujours voler, à condition que le nouveau propriétaire consente à un investissement important pour remplacer la motorisation, dit le technicien. Au cours de la même vente, une voiture de luxe Paykan Hillman Hunter offerte en 1974 à Ceauşescu par le Shah d’Iran a été achetée 95.000 euros par un amateur roumain.

    Roumanie – Le Patriarcat roumain adresse un message d’unité à l’occasion de la Journée des Roumains du monde, qui sera marqué ce dimanche 30 mai. Nous encourageons tous les Roumains établis hors de Roumanie à toujours garder le contact avec leurs proches restés au pays, afin de préserver l’unité de la famille et la communion des Roumains – voilà le message transmis par le Patriarche Daniel. Une loi de 2015, adoptée sur demande de plusieurs Roumains vivant à l’étranger, a fixé la Journée des Roumains du monde au dernier dimanche du mois de mai. Cette dernière décennie, l’Eglise orthodoxe roumaine a fondé de nombreuses paroisses pour les croyants roumains qui vivent dans les pays voisins – République de Moldova, Ukraine, Serbie, Bulgarie et Hongrie. Des églises orthodoxes roumaines ont également vu le jour en Europe de l’Ouest, aux Etats-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Israël, à Chypre, en Turquie, en Afrique du Sud et au Japon.

    Tennis – La sportive Sorana Cîrstea (61 WTA) s’est inclinée samedi devant la Tchèque Barbora Krejčíková (38 WTA), score 6-3, 6-3, dans la finale des Internationaux de tennis de Strasbourg. Les deux sportives avaient disputé deux autres matchs jusqu’à présent, un en 2017 remporté par la Tchèque et un l’année dernière, remporté par Cîrstea.

    Météo – Le temps reste couvert en Roumanie, avec des pluies orageuses attendues dans les régions de colline et de montagne. Le vent sera faible à modéré, avec quelques intensifications en altitude et dans le sud-ouest du pays. Les températures maximales iront, dans les prochaines 24 heures, de 15 à 23°C.