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  • Le courrier des auditeurs du 31.01.2025

    Le courrier des auditeurs du 31.01.2025

    Madame, Monsieur, bonjour ou bonsoir. Je suis très contente de vous accueillir sur les ondes de RRI pour une nouvelle édition du courrier. J’espère bien que vous êtes nombreux à l’écoute en ce moment, car j’ai un sujet très intéressant dont j’aimerais bien vous parler, à savoir pourquoi les femmes lisent –elles plus que les hommes. L’idée ne m’appartient pas, c’est à notre auditeur français Paul Jamet que je la dois. En fait, M. Jamet m’a fait part d’un article fort intéressant écrit par Etienne Bianchi dans le Courrier International et où l’auteur affirme en citant plusieurs études, que « les hommes, et notamment les hétérosexuels, semblent farouchement hermétiques à la lecture de romans, au contraire des femmes, friandes de fictions ».  Une explication en serait, selon cet article, « la faute à un manque de modèles positifs et à des discours masculinistes très prégnants » dans les livres. Petite parenthèse, il est vrai qu’à l’heure actuelle, avec l’ampleur du féminisme et des phénomènes du type #metoo, de plus en plus de romans écrits par des femmes attribuent aux personnages masculins de rôles négatifs. N’empêche, l’article du Courrier international nous rappelle que « les romans sont considérés comme des passe-temps frivoles réservés aux femmes depuis l’époque victorienne ».  Une idée complètement fausse puisque selon un baromètre sur la consommation culturelle en 2022, en Roumanie, « la culture nous rend plus ouvert d’esprit, renforce le sentiment d’appartenance à la communauté, encourage l’implication sociale et la tolérance envers les catégories marginalisées, nous aide à soutenir l’égalité hommes-femmes, à privilégier le dialogue et à mettre en valeurs la liberté ». Sur le site de la chaîne publique de télévision, j’ai trouvé un article intitulé « La lecture chez les Roumains.  Les hommes lisent plutôt pour se renseigner, les femmes pour se détendre ».  Les données sont extraites d’une enquête de la consommation culturelle en Roumanie en 2023 et obtenues en exclusivité par la TVR. Selon les experts, aucun produit culturel n’arrive à compenser l’absence de la lecture. Selon l’anthropologue Alec Bălășescu cité par trv.ro, les gens qui ne lisent pas sont souvent victimes de« l’intolérance et de l’incapacité de faire la différence entre mensonge et vérité ». Pire.  L’absence de la lecture, ajoute l’expert, nourrit l’égo et nous fait penser que seules nos idées sont bonnes.

    Malgré une légère tendance à la hausse de la consommation culturelle en Roumanie entre 2022 et 2023, les pourcentages restent très bas. D’ailleurs, cette tendance de tourner le dos aux livres est valable dans d’autres pays aussi. Selon les chiffres fournis par Eurostat, quelque 7,4 millions de Roumains âgés de plus de 16 ans, n’ont lu aucun livre ces douze derniers mois. Parmi les pays européens, c’est le Luxembourg qui  affiche le pourcentage de lecteurs le plus significatif, à savoir 75,2%, suivi par le Danemark, 72,1% et l’Estonie, 70,7%. En Roumanie, sur l’ensemble de la population, la plupart des lecteurs se trouvent dans la catégorie d’âge 16-29 ans, à savoir 60,1%. Ce sont les séniors de plus de 65 ans qui montrent le plus grand désintérêt pour la lecture. Et puis, aussi bien en Roumanie que dans le reste de l’UE, les femmes lisent plus que les hommes.

    Le baromètre culturel 2023

    Le baromètre 2023 sur la consommation culturelle en Roumanie nous apprend que les principales raisons pour lesquelles les Roumains affirment ne pas lire sont le manque de temps dans le cas des femmes et le manque d’intérêt, dans celui des hommes. Citée par le même site de la télévision publique, tvr.ro, Carmen Croitoru, à la tête de l’INCFC et autrice du Baromètre de la consommation culturelle, passe en revue les principaux arguments qui poussent les Roumains à lire. « La plupart des sondés, à savoir 22%, ont lu cette dernière année entre 1 et 5 livres. Seulement 10% des Roumains ont lu douze livres ou plus ». A la question, pourquoi lisez-vous ?, la plupart des répondeurs ont affirmé pour le plaisir. En revanche, à la question « pourquoi ne lisez-vous ? » les Roumains ont invoqué plusieurs raisons: le temps, l’intérêt ou des soucis de santé. Un aspect très intéressant constaté en Roumanie est le portrait du lecteur fidèle. Celui-ci est un homme issu du milieu urbain et ayant une situation matérielle au-dessus de la moyenne. C’est une personne prête à investir plutôt dans des objets culturels : livres, CD, DVD, que dans des dispositifs électroniques : ordinateurs, tablettes, smartphones, etc.

    En revenant à l’article du Courrier international, l’auteur Etienne Bianchi se pose la question si une crise de la lecture se nourrit d’une certaine crise de la masculinité ? Les sites Dazed et Vox soulignent et je cite « un manque de modèle masculin positif qui encouragerait à la lecture les jeunes hommes ». N’empêche, la plupart des prix de la littérature sont remportés par les auteurs masculins, en France comme ailleurs. Il suffit de regarder un peu sur les listes des nominés pour voir la différence. Je voudrais conclure en  citant encore une fois le baromètre de la consommation culturelle présentée par la télévision publique sur son site et insister sur les propos du sociologue Bogdan Voicu, de l’Institut de recherche de la qualité de la vie. Selon lui, il y a un rapport évident entre le degré de tolérance et la place que la lecture occupe dans nos vies. Mais, dit-il, il serait possible que les deux découlent du niveau d’éducation. Encore une fois, il faudrait que les sociétés actuelles gardent en tête l’importance d’éduquer en permanence les populations.

     

    Retours à vos messages

    Restons toujours en France et dirigeons-nous à Biganos pour passer le bonjour de nous tous à Philippe Marsan. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais le traditionnel concert du Nouvel an de l’orchestre de Vienne est aussi le coup de cœur  du programme offert par la télévision roumaine le premier jour de la nouvelle année. Un régal, comme vous le dites très bien ! Nous sommes contents que vous continuiez à rester à l’écoute de RRI et que vous soyez un des auditeurs fidèles de notre chaîne. Vous avez suivi le courrier des auditeurs, mais aussi l’édition de la rubrique « Son des mots » qu’Alex a consacrée au dessinateur Stanislas Barthélémy. Pour nous, les journalistes de RRI, il est très important de savoir que notre travail suscite l’intérêt des ceux qui nous écoutent. Merci bien de votre retour et bien des choses à vous et à vos proches !

     

    Merci Reine et Roger pour vos vœux de fin d’année. A notre tour, on vous souhaite du bonheur, plein de santé et de joie et espérons que RRI vous offre des moments agréables grâce à ces programmes. Bonne continuation sur nos ondes !

     

    Déplaçons-nous en Algérie pour un petit coucou amical à notre auditeur Abdelhakim Boudjemaa. Cher Monsieur, nous sommes fort contents de vous savoir à l’écoute de nos émissions. En revanche, il faut préciser que RRI n’est pas une radio commerciale et donc, elle n’a pas de matériels publicitaires. Nous n’avons pas la possibilité de récompenser par des cadeaux la fidélité de nos amis du monde entier. Les commentaires et les retours sur nos émissions vous valent des cartes QSL en format électronique. Merci de rester à l’écoute de RRI !

     

    Un beau poème d’Afrique

    Restons toujours en Algérie pour passer le bonjour de nous tous à Nouari Naghmouchi, notre fidélissime auditeur qui nous a envoyé un très beau poème, intitulé Tant que et que je voudrais bien lire pour vous tous :

    Tant qu’il y aura des saisons/Pour dérouler nos semaines/Oui, nous nous rappellerons/Tous ces beaux soirs qu’elles amènent/Tant qu’il y aura des saisons/C’est sûr nous ferons ensemble/La corvée à l’unisson/Du partage qui nous rassemble

    Des saisons, un violon/Des saisons, un cotillon

    Tant qu’il y aura des enfants/Pour déjouer la routine/Qu’ils crieront « Papa! Maman! »/Sous les parfums de la cuisine/Tant qu’il y aura des enfants/Pour éclairer l’innocence/Nous nous créerons des instants/Noyant l’indifférence

    Des enfants, des bonheurs/Des enfants, des tilts cœurs

    Tant qu’il y aura de l’amour/Qu’on en mettra sur la table/Il y en aura tous les jours/Aux étrangers, nos semblables/Tant qu’il y aura de l’amour/Dans les bras de la chance/Nous serons des troubadours/Pour soigner la souffrance

    De l’amour, à ton tour/De l’amour, à mon tour

    Tant qu’il y aura de l’argent/Pour nourrir ses habitudes/L’être humain n’aura pas le temps/D’habiter sa solitude/Tant qu’il y aura de l’argent/Pour nourrir des regards anonymes/L’être humain, lui, perdra son temps/À vouloir qu’on le surestime

    De l’argent, s’il t’en manque/De l’argent, fuis les banques

    Tant qu’il y aura des matins/Pour flâner sur un banc de brume/Et cueillir, là, à deux mains/Le dernier rayon de lune/Tant qu’il y aura des matins/Qui luiront dans la rosée/Nous aurons, oui, c’est certain/Des cauchemars à oublier

    Des matins, en refrain/Des matins, à demain.

     

    Chers amis, sur ces belles paroles, notre courrier prend fin. Ioana vous dit au revoir et vous donne rendez-vous d’ici un mois pour une nouvelle édition de ce programme. En attendant, portez-vous bien et prenez soin de vous.

  • Brave Cut, des perruques qui redonnent l’espoir

    Brave Cut, des perruques qui redonnent l’espoir

    Un projet de La Fondation Renaşterea (Renaissance)

     

    La fin d’année est toujours un moment où chacun tente de faire de son mieux pour aider les autres et faire le bien. Et c’est justement sur ce genre d’initiative que nous allons examiner aujourd’hui : un projet qui vient en aide aux personnes atteintes de cancer en leur faisant don de perruques conçues avec des cheveux naturels. Lancé par la Fondation Renaşterea (Renaissance) « Brave cut », invite les gens qui souhaitent changer de coiffure à faire don de leurs cheveux pour en faire des perruques.

     

    Témoignage

     

    Béatrice Gavril, notre première invitée,  bénéficie de ce programme, et a remporté la lutte contre son cancer. Elle se dit heureuse d’avoir fait la connaissance de l’équipe de la Fondation et de porter une perruque réalisée dans le cadre de ce projet. Voici son témoignage :

    « Je suis en effet très heureuse d’avoir rencontré ces gens. Pas nécessairement pour avoir un look fantastique, mais surtout parce c’est la saison froide et que j’avais besoin de porter quelque chose d’adéquat et représentatif de ma personnalité. En plus, porter une perruque aide beaucoup à garder l’estime de soi, à se sentir mieux. Elles sont facile à entretenir, est si bien faites qu’il est difficile de se rendre compte qu’il s’agit d’une perruque. Du moins pour ma part, tout le monde m’a dit qu’il n’est pas du tout évident que ce ne sont pas mes propres cheveux et que cela me donne un air encore plus féminin. C’est une aide précieuse pour les personnes touchées par cette maladie, notamment grâce à l’espoir que cela leur redonne. Etant donné que c’est du fil naturel, cela permet à la peau de respirer, ce n’est pas toxique pour l’organisme. Bref, je suis reconnaissante de l’opportunité offerte par la Fondation.  »

     

    La genèse du projet « Brave Cut »

     

    Pour davantage de détail sur les origines du projet, nous nous sommes tournés vers la présidente de la Fondation « Renasterea », Mihaela Geoana :

    « Le projet « Brave cut, des vies entremêlées » est né du désir d’aider les femmes et les enfants en chimiothérapie. On le sait très bien, les patients sous chimiothérapie perdent leurs cheveux et cette période de quelques mois est très difficile pour les femmes, cela les affecte beaucoup. Cela affecte leur image de soi car leur maladie devient visible et il en va de même pour les enfants. Dans d’autres pays, ces perruques sont remboursées, mais celles qui sont fabriquées avec de vrais cheveux sont très chères. Elles sont aussi les meilleures car, quelle que soit la saison, elles n’irritent pas la peau. Alors, en 2015, nous avons démarré le projet « Brave cut » qui lançait un appel aux femmes. On leur demandait de faire don de tresses d’au moins 15 cm de longueur, 20 cm si possible. Nous, on couvrait les coûts de réalisation de la perruque qui peuvent aller de 1 800 et 3 000 lei (350 – 600 euros). Précisons que la fabrication d’une seule perruque nécessite le don de cheveux de la part de 5 ou 6 personnes. Voici dans les grandes lignes comment a débuté notre projet. Peu à peu, nous avons été rejoints par des célébrités et elles ne sont pas les seules. Des femmes d’environ 80 villes à travers le pays nous ont envoyé leurs tresses par la poste. J’ai été vraiment impressionnée par le désir des femmes d’aider les autres. Jusqu’ici nous avons reçu plus de 27 000 dons de cheveux, soit 27 000 tresses accompagnées de messages. Certains enfants laissent même leurs cheveux pousser pour en faire don tous les 3 ou 4 ans. Des mères et des filles aussi. On a aussi reçu de nombreux paquets de l’étranger : Autriche, Italie, Belgique, Grande Bretagne, Slovaquie. Il s’agit de Roumaines qui vivent à l’étranger, puisque nous avons fait campagne uniquement en ligne et en roumain.» 

     

    Un élan de solidarité en Roumanie et à l’étranger

     

    Au début, les partenaires du projet de la Fondation Renasterea étaient les salons de coiffure, alors que les messages de promotion étaient transmis sur les réseaux sociaux. Peu à peu, les femmes ont appris l’existence de cette fondation et se sont encouragées les unes les autres à laisser pousser leurs cheveux plus longtemps pour en faire don par la suite.

     

    C’est ce fort désir d’entraide et de partage qui a aussi marqué Irina Bescuca, formatrice en prise de parole en public, qui a personnellement contribué elle aussi à ce projet :

    « J’ai entendu parler pour la première fois de « Brave Cut » lorsqu’une des femmes que je connaissais acommencé à lutter contre le cancer. A l’époque, je ne savais pas très bien comment je pouvais l’aider, mais j’avais en moi ce fort désir de contribuer, de faire quelque chose qui compte vraiment. J’ai donc décidé de faire couper mes cheveux. J’ai fait ce choix pas seulement pour changer de look, mais justement pour envoyer mes cheveux à la Fondation Renasterea pour que celle-ci leur donne une nouvelle vie, en les transformant en perruques pour les femmes qui luttent contre le cancer. Car ce sont des femmes extraordinaires qui, suite aux traitements, ont perdu non seulement leurs cheveux, mais aussi une partie de leur confiance en elles. En pensant à elles, à leur courage, à leur lutte, j’ai senti que je pouvais faire plus que regarder à distance, que je pouvais offrir quelque chose d’adéquat, une petite partie de moi-même, un fil d’espoir pour ainsi dire. Et lorsque les ciseaux ont commencé à couper et que les mèches ont commencé à tomber, j’ai senti tout un mélange d’émotions. Pour moi, ça a été un changement physique, mais pour elles, j’espère que ce sera un cadeau qui leur apportera un peu de lumière et les aidera à faire un pas vers le sourire qu’elles souhaitent tellement retrouver dans le miroir. » 

     

    On ne saurait terminer ce partage émouvant, sans vous dire aussi que chaque perruque est réalisée spécialement pour sa bénéficiaire, en tenant compte de la couleur de ses cheveux et de la coiffure qu’elle aimerait avoir. (trad. Valentina Beleavski)

  • L’écrivaine Ariana Harwicz, au festival FILIT, de Iasi

    L’écrivaine Ariana Harwicz, au festival FILIT, de Iasi

    Née en Argentine et vivant en France, l’écrivaine Ariana Harwicz a été nominée en 2018 au  prix international Booker pour son tout premier roman « Crève, mon amour », traduit en roumain par Liliana Plesa Iacob pour les éditions Vellant. Dotée d’une plume impitoyable qui n’épargne personne et capable de jouer la fine observatrice des pires angoisses humaines, Ariana Harwicz  a été invitée au dernier Festival international de littérature et de traduction littéraire FILIT, de Iasi. Après un deuxième roman « Dégénéré » traduit en roumain par la même Liliana Plesa Iacob pour les mêmes éditions Vellant, voici qu’un troisième roman, Perdre le jugement, vient de paraître chez Vellant, dans la traduction de Cornelia Radulescu. Une occasion pour proposer à Ariana Harwicz un dialogue autour de ses livres, de ses personnages, de ses thèmes d’écriture

  • Les mariages forcés ne sont pas une tradition !

    Les mariages forcés ne sont pas une tradition !

    Les filles de la communauté rom, une des catégorie les plus vulnérables de la société roumaine

     

    Les femmes et les filles rom constituent l’un des groupes les plus vulnérables et négligés de Roumanie. Trop souvent, les préjugés des autorités et la non-reconnaissance des abus perpétrés par leur famille les laissent sans protection. Bien que la Roumanie reste le pays européen avec le nombre le plus élevé de mères mineures, l’Etat ne collecte pas de données sur les mariages forcés. « Comme il n’y a pas de données, le problème n’est pas à l’agenda politique, et comme il n’y a pas de données, les causes et les priorités demeurent inconnues. » a déclaré Măriuca-Oana Constantin, maitresse de conférence à l’Ecole nationale de sciences politiques et administratives dans le cadre de la campagne de conscientisation réalisée par E-Romnja, la seule association roumaine dédiée aux filles et aux femmes rom.

     

    Des violences contre les filles considérées comme des pratiques culturelles 

     

    Carmina, 10 ans, venait de terminer le primaire quand elle a été mariée avec un garçon de 14 ans, le mariage ayant été arrangé par leurs parents. Deux ans plus tard, Carmina accouche d’un enfant et les autorités s’autosaisissent du cas. Le dossier est cependant rapidement classé au motif que la victime a « entretenu des relations sexuelles consenties, et approuvées par les parents » ou encore que « la tradition rom encourage ce type de relation », sans qu’aucune recherche sur les parents soit effectuée.

     

    Démonter le mythe des mariages forcés

     

    L’histoire de Carmina est l’une des cinq présentées par E-Romnja dans le cadre de la campagne « Au nom de la tradition ? » qui vise à démonter le mythe selon lequel les mariages entre enfants sont uniquement un phénomène de la communauté rom, préjugé qui vient justifier la violence contre les personnes vulnérables. Comment sait-on que les mariages forcés ne sont pas le fait des seuls roms ? Parce que les données démographiques sur les naissances précoces le prouvent, affirme Cerasela Bănică, secrétaire d’Etat au sein du Conseil national pour la lutte contre les discriminations.

     

    Reste à savoir pourquoi le problème des mariages forcés n’intéresse pas l’Etat. Roxana Oprea, experte en égalité des chances chez E-Romnja nous explique cette situation.

     « C’est très simple et évident, c’est parce qu’il y a beaucoup de racisme au sein des institutions. Elles considèrent ce phénomène comme une pratique culturelle spécifique à la communauté rom, mais la réalité est différente. Ce n’est pas quelque chose que nous sommes les seuls à dire, nous l’association E-Romnja, d’autres institutions et organismes internationaux le disent aussi. C’est pour cette raison que ce problème n’est jamais devenu une priorité pour les institutions et les décideurs. A partir du moment où ce n’est pas quelque chose qui affecte la population générale, les autorités voient ça comme une pratique culturelle, et à cause de leurs préjugés, ils n’interviennent pas ».

     

    Mettre en avant les droits des enfants

     

    L’histoire de Carmina que nous venons de raconter n’est malheureusement qu’une histoire parmi des centaines qui resteront à jamais inconnues. Des histoires rendues possibles parce qu’encore trop souvent, nous considérons les enfants comme la propriété de leurs parents, que nous leur nions leur qualité d’individu ayant des droits et de besoins. Or, dans le cas des mariages forcés, l’erreur principale commise par les personnes qui veulent et doivent aider les enfants – comme les assistantes sociales, les enseignants etc. – est celle d’aller discuter avec les parents, en pensant que le problème peut et doit être résolu par la famille ou par la communauté, alors que ce sont le plus souvent les parents qui sont les abuseurs.

     

    Roxana Oprea : « C’est un problème de norme. A partir du moment où les institutions, les écoles, les services sociaux voient ce qui se passe et n’interviennent pas, quel message envoient-elles aux parents ? Que ce qu’ils font est normal. Donc, elles viennent valider les abus des adultes sur leurs propres enfants. C’est un cercle vicieux en fait. Si nous ne consolidons pas cette manière de mettre les droits des enfants au premier plan, au lieu de montrer du doigt la communauté rom, alors nous n’arriverons pas à nous aligner sur les normes internationales. Nous resterons sur la liste honteuse des pays qui permettent les mariages entre enfants ».

     

    Un vide juridique

     

    Il existe en Roumanie un vide juridique dans le Code pénal concernant les mariages forcés, qui n’y sont pas vus comme un acte criminel en soi. Dans les rares occasions où un cas parvient jusqu’au tribunal, le mariage forcé est jugé en tant qu’infraction sexuelle. Pour E-Romnja, il y a un autre problème : l’utilisation par les autorités des termes « union consensuelle » pour désigner un mariage entre deux personnes dont au moins l’une d’entre elles a moins de 16 ans. Dans son « Guide d’intervention pour les mariages forcés et mariages entre enfants » publié début 2024, l’association explique que l’on ne peut pas demander à un mineur de moins de 16 ans de donner son consentement pour un mariage.

     

    Cerasela Bănică, du Conseil national pour la lutte contre les discriminations, explique que les poursuites pénales ne prennent jamais en considération cette absence de consentement, mais mettent en avant des justifications comme « les parents sont d’accord », « ils habitent ensemble depuis longtemps », « ils ont déjà eu des relations sexuelles » ou encore « c’est une habitude dans la communauté rom ». Ces justifications laissent la victime sans défense.

     

    L’Union européenne met la pression sur la Roumanie

     

    Roxana Oprea revient pour RRI sur la réception de cette campagne de conscientisation par les autorités.

    « La campagne suscite un certain intérêt, mais pourquoi ? Parce que la Roumanie est plus ou moins obligée d’évoluer juridiquement dans le sens d’une élimination de cette pratique, étant signataire de nombreuses conventions internationales pour la prévention et la lutte contre les violences de genre. La directive européenne 1358 contre la violence faite aux femmes et la violence domestique du 15 mai 2024 dispose que les Etats-membres ont trois ans pour transcrire ces dispositions en droit interne. Donc, il y a une pression au niveau européen pour que la Roumanie s’aligne sur les normes internationales. Il y a aussi le rapport Grevio, approuvé par le gouvernement roumain qui pousse l’Etat à prendre des mesures et à criminaliser cette pratique ».

     

    La violence, pas toujours un problème

     

    Pourtant pour Roxana Oprea un obstacle demeure. A son avis, ce problème n’est pas vu comme relevant des violences de genre et même dans les quelques cas où il est considéré comme tel, quand cette violence cible une femme rom, alors on ne considère pas qu’il s’agit d’un problème engageant toute la société :

     

    « Je pense que la violence est vraiment normalisée, si on parle de violence en général, elle est normalisée dans toutes les communautés. Il y a des rapports qui montrent que les Roumains ne considèrent pas comme problématiques les agressions verbales et sexuelles et que le viol est justifié si la femme a eu un comportement dit « provocant ». C’est cette tolérance que l’on retrouve chez les juges roumains quand ils disent qu’une fillette de 11 ou 12 ans a séduit un homme ou qu’elle a consenti à son viol ».

     

    La Roumanie a donc trois ans devant elle pour se mettre en conformité avec le droit européen en prenant des mesures contre les violences de genre en général et les mariages forcés en particulier. (trad. Clémence Lhuereux)

     

  • Quelle place pour les femmes sur le marché roumain de l’emploi ?

    Quelle place pour les femmes sur le marché roumain de l’emploi ?

    La Roumanie, en queue de peloton

     

    De tous les pays européens, la Roumanie est celui qui présente le plus faible taux d’emploi des femmes. En effet, seul 45,4 % d’entre elles ont un emploi alors que c’est le cas de 62,7 % des hommes. A titre de comparaison, selon les données Eurostat pour 2022, aux Pays-Bas 68,1 % des femmes travaillent, en Estonie 67%, en Suède 65,9 % et au Danemark 65 %. Comment expliquer cet écart entre les différents pays ? Selon l’Institut européen pour l’Égalité des genres, il faut en chercher la cause dans la répartition du travail domestique. Or en Roumanie ce sont bel et bien les femmes qui tiennent la maison. Nous nous sommes entretenus avec Octavian Moldovan, lecteur au département d’Administration et de management public de l’Université de Cluj Napoca et expert en ressources humaines et discriminations fondées sur le genre.

     

    Pourquoi cette situation ?

     

    Octavian Moldovan décrypte pour nous la situation roumaine.

    “Je pense qu’il y a plusieurs facteurs qui peuvent expliquer qu’en Roumanie le taux d’emploi des femmes soit beaucoup plus faible que celui des hommes, d’environ 20%. En premier lieu, il faut pointer du doigt le travail domestique. Le fait que les femmes sont beaucoup plus impliquées dans le travail lié à a maison que les hommes. Et ici il est question à la fois des travaux ménagers, la cuisine, la lessive, la vaisselle, le ménage etc mais aussi du soin apporté aux éventuelles personnes âgées et aux enfants. Ce sont en général les femmes qui remplissent ces tâches. Et là, il faut parler du manque d’alternative disponible pour prendre en charge les enfants ou d’éventuelles personnes âgées. En effet, bien souvent les familles n’ont pas d’autre choix que de s’en occuper elles-mêmes. Il s’agit ici d’un transfert de responsabilité de l’Etat vers les familles et dans les faits, vers les femmes. Il y a aussi des problèmes liés au marché de l’emploi, notamment en termes de localisation des lieux de travail. La plupart des opportunités d’emploi se trouvent dans les grandes villes, les villes moyennes et les petites villes, très peu à la campagne. Donc, si quelqu’un veut un emploi bien rémunéré ou même un emploi en général, cette personne doit habiter en ville ou avoir la possibilité de faire la navette quotidiennement entre son domicile et un centre urbain. Or, les femmes ayant la charge de la maison, elles ont d’autant moins de chances de pouvoir effectuer cette navette. Toujours en ce qui concerne le marché du travail, on peut noter l’échec ou tout simplement le manque de politiques publiques de réintégration sur le marché du travail après une maternité, après un congé parental ou toute autre situation familiale qui entraîne une perte d’emploi. Ici, ce sont de nouveau les femmes qui sont le plus touchées. Le manque d’emploi flexibles est un autre facteur qui creuse les inégalités femmes-hommes. Il y a en Roumanie trop peu de possibilités de travailler à mi-temps, ou encore de travailler depuis la maison, ces formes de travail sont rarement acceptées et bien vues alors qu’elles seraient plus favorables aux femmes qu’aux hommes”.

     

    Des discrimination acceptées

     

    Les discriminations s’apprennent pendant l’enfance. Nous les acceptons passivement avant de les reproduire à notre tour comme l’explique Octavian Moldovan.

    “L’accès des femmes à l’emploi est influencé par diverses normes culturelles et sociales qui entraînent des discriminations multiples sur le marché du travail. On peut parler d’une part de discrimination horizontale, à savoir d’une discrimination qui relève du fait que certains domaines, certains types d’activités sont dominés par l’un des genres. Par exemple, l’éducation, la santé, l’assistance sociale et en général la base des organisations sont assurées principalement par des personnes de genre féminin. Alors que la police, l’armée, certains secteurs privés recrutent surtout des individus de genre masculin. Il existe d’autre part, une discrimination verticale, qui désigne le fait que les positions de dirigeants, le niveau décisionnel est fermé ou en tout cas son accès en est limité aux femmes, et ce dans de très nombreux domaines et même dans ceux où les positions subalternes sont majoritairement occupées par des femmes”.

     

    Éduquer les nouvelles générations

     

    Pour Octavian Moldovan, il faut remonter aux normes inculquées aux enfants par la société dans son ensemble pour expliquer cette situation.

     “Tant la discrimination verticale que la discrimination horizontale proviennent des types de jeux et du rôle dans les jeux que l’on attribue socialement aux filles et aux garçons. Les petits garçons jouent aux petites voitures, aux policiers, ils jouent des rôles d’autorité, ils doivent s’imposer. Les filles quant à elles doivent manifester de la délicatesse, de la sensibilité, elles doivent être conciliantes, elles jouent à la poupée, elles s’en occupent comme d’un bébé, jouent à la dinette et d’une manière ou d’une autre, même dans le jeu elles s’investissent dans le soin des autres. De là dérive tout ce qu’on a dit sur les différences d’implications des femmes et des hommes dans le travail domestique et la carrière professionnelle. Nous attendons des hommes qu’ils fassent carrière et des femmes qu’elles s’occupent de la maison et des autres”.

     

    Des lois plutôt inefficaces 

     

    Il existe en Roumanie des lois et des politiques publiques orientées vers la réduction des inégalités de genre. Cependant, pour Octavian Moldovan, elles manquent cruellement d’efficacité.

    ” A première vue, en regardant ce qui est fait en termes de politiques publiques et de mesures législatives, on dirait que tout va très bien en Roumanie. Nous avons des organisations consacrées à ces questions, un ministère de la Famille, de la jeunesse et de l’égalité des chances, mais aussi une Agence nationale pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes. Il y a les cadres législatifs européen et national attachés à l’égalité des genres et des chances sur le marché de l’emploi, il y a également des références indirectes, tant dans le Code du travail que dans la Constitution ou dans d’autres lois qui visent à l’égalité femme-homme dans le domaine du travail. Mais force est de constater que l’efficacité des lois et des institutions censées les porter reste très discutable. Si on regarde les différences salariales entre femmes et hommes, la situation semble bonne en Roumanie. Il n’y a pas de décalage salarial important. Cependant, il ne faut pas oublier les différences de taux d’emploi d’une part et le plafond de verre qui touche les femmes d’autre part. Pourquoi ces différences ? Pourquoi ces inégalités d’accès au travail demeurent-elles ? On peut penser que dans ce domaine comme dans d’autres, les lois sont mal appliquées. Nous avons les lois nécessaires mais nous n’avons pas encore d’institutions capables de les mettre correctement en œuvre. Par ailleurs, les discriminations de genre dans le domaine du travail se perpétuent car il s’agit bien souvent d’un phénomène informel, d’un phénomène qu’on ne peut pas déceler à première vue. C’est quelque chose qui se déroule derrière les portes closes, en deçà des normes et règles institutionnelles”.

     

     

  • Véronica

    Véronica

    Elle s’appelait Véronica Popa, comme beaucoup d’autres femmes, elle élevait seule ses enfants dans des conditions matérielles difficiles. Le jour où elle a été diagnostiquée avec un cancer en stade avancé, elle n’a pas pu bénéficier de traitement parce qu’elle n’avait ni carte d’identité ni assurance maladie. Elle est morte avant que les problèmes administratifs ne soient réglés, le 26 février 2021, laissant derrière elle cinq orphelins et une prière adressée au prêtre Dan Damaschin, qui avait désespérément essayé de lui venir en aide. Dans cette prière, elle lui demande de soutenir les pauvres qui ont besoin de soins médicaux.

    Le curé de l’église de l’hôpital d’obstétrique et de gynécologie „Cuza Voda” de Iasi, le prêtre Dan Damaschin nous raconte son parcours.

     

    A la base, j’ai étudié la médecine. J’ai terminé mes études puis j’ai travaillé comme infirmier pendant que j’étudiais la théologie. Par la suite, j’ai été dans des paroisses qui étaient privées de tout soutien médical, alors j’ai continué à pratiquer en tant qu’infirmer et même en tant qu’assistant en pharmacie parce que les gens venaient me voir au presbytère où j’avais organisé un point de distribution de médicaments. Et voilà que je suis arrivé à Iasi dans une maternité, où j’ai pu mettre à contribution toute cette expérience socio-médicale afin que des mères douloureusement touchées par la pauvreté et la douleur ne bénéficient pas seulement d’un toit pour elles et leurs enfants, de nourriture et de chauffage mais aussi d’une prise en charge générale de leur santé, parce que si elles vont bien, leurs enfants iront bien et par ce biais toute la communauté. Malheureusement, au fil des années, j’ai perdu de très nombreuses batailles. Je parle des mères qui sont décédées par manque de ressources, parce que prévenu trop tard je ne pouvais plus agir, parce que nous n’avions personne pour nous soutenir dans les épreuves que traversaient ces femmes.”

     

    Ce sont ces expériences qui ont amené le prêtre Dan Damaschin à rêver d’un lieu où les mères défavorisées seraient reçues dignement. Il n’y avait plus qu’un pas à faire pour qu’un hôtel abandonné devienne la première clinique médico-sociale de Roumanie, exclusivement dédiée aux personnes sans ressources.

     

    “Pour moi, Veronica symbolise toutes les mères. C’est elle qui nous a obligé à aller plus loin, à passer à un autre niveau, de la simple idée à sa réalisation, à trouver un lieu pour installer l’hôpital et plus de ressources afin de commencer vraiment le projet. Nous nous sommes posés la question du nom à donner à ce projet, on voulait que ce nom reste et qu’il attire beaucoup d’énergie autour de lui. Nous avons fait appel à des amis expérimentés qui nous ont proposé beaucoup de noms différents, certains classiques, d’autres en anglais à destination des jeunes mais le souvenir de Veronica, de tout ce qu’elle a fait pour sa famille, pour la communauté, pour l’Eglise, ne me quittait pas et j’ai dit, ‚non ce n’est pas possible, Veronica doit rester dans nos mémoires, elle doit nous inspirer’. C’est ainsi que nous avons choisi ce nom, Veronica, comme le symbole de toutes les mères qui ont renoncé pour leurs enfants à leur carrière, à leur vie personnelle, qui ont enduré les privations pour donner de la joie aux autres et élever leurs enfants.”

     

    Les travaux de l’hôpital Veronica ont commencé en 2021 dans un contexte difficile. Dan Damaschin.

     

    ” Pendant la pandémie, de nombreux hôpitaux ont pris feu et des personnes venues pour une simple pneumonie sont sorties les pieds devant. Ces drames ont provoqué des changements législatifs portant sur les autorisations incendie et la protection civile. Il a fallu que nous revoyions tout notre projet afin qu’il respecte ces nouvelles règles, alors qu’entre nous soit dit, à Bucarest un seul hôpital sur les 20 que compte la ville respecte ce cadre légal… Nous avons dû tripler le budget du projet et maintenant le bâtiment qui abrite la clinique Veronica présente les standards les plus élevés en termes de sécurité, du toit, à l’isolation, en passant par les fenêtres, les détecteurs de fumée, les bouches d’incendie qui ont couté plusieurs centaines de milliers d’euros, mais aussi les escaliers extérieurs, les ascenseurs et tout un tas d’installations ultra performantes. Est-ce que tout ceci est nécessaire ? Seul Dieu le sait. Mais nous avons voulu le meilleur pour les mères que nous souhaitons accueillir.”

     

    Inaugurée le 8 mars dernier, la clinique Veronica est composée de 5 étages de 250 m2 chacun. Au rez-de-chaussée se trouve une pharmacie délivrant des médicaments gratuits ainsi qu’une section de radiologie avec scanner et IRM. Au premier étage se trouvent les sections de cardiologie et de gynécologie, toutes deux bénéficiant d’appareils modernes. Le deuxième étage accueille les cabinets de médecine générale, médecine interne, sections de diabétologie, pneumologie et néphrologie. Le prêtre Dan Damaschin poursuit la visite guidée.

     

    ” Au troisième étage nous avons installé une section de chirurgie ainsi qu’un cabinet de stomatologie qui ne compte malheureusement que deux fauteuils mais qui est équipé pour faire des radios dentaires. Il y a également des cabinets de microchirurgie, de médecine ORL et d’ophtalmologie. Au quatrième, il y a la section pédiatrique, la section de neuropsychiatrie et la chapelle Sainte Veronica où les patients peuvent recevoir un soutien spirituel. Autre aspect essentiel, tous les patients auront accès à des repas chauds. Une grande partie de nos patients viennent à l’hôpital mais ils n’ont même pas de quoi se payer un sandwich. Et nous voulons non seulement que leur hospitalisation se passe bien mais aussi qu’ainsi traités ils reprennent confiance en l’être humain, ils retrouvent santé et dignité.”

     

    L’hôpital Veronica va fonctionner grâce à des personnels médicaux permanents, rémunérés grâce aux donations mais aussi grâce à des soignants acceptant de faire du bénévolat en faveur des plus pauvres. La transformation de l’hôtel désaffecté, l’équipement médical, tout a été financé par le biais de donation. Plus de 3 millions d’euros ont déjà été dépensés, sur un budget total estimé à 4.5 millions d’euros. Le prêtre Dan Damaschin est conscient du chemin qu’il reste à parcourir pour pouvoir achever le projet.

     

    “Au nom de ces 10 000 enfants et de leurs mères qui ont besoin de soutien, nous vous remercions pour votre attention et vous prions de transmettre la bonne nouvelle de la miséricorde chrétienne.”

     

    Ainsi Dan Damaschin lutte ans relâche pour boucler le financement de l’hôpital Veronica de Iasi.

  • 23.07.2024 (mise à jour)

    23.07.2024 (mise à jour)

    Réunion – « La Roumanie est très engagée à réaliser la transition verte de manière pragmatique et faisable, d’être un exemple pour la région et le monde, et cela se traduit par l’utilisation du gaz à court et moyen terme, mais aussi de l’énergie nucléaire », a déclaré mardi le ministre de l’Énergie, Sebastian Burduja, lors du Forum des Affaires du Partenariat pour la Coopération Transatlantique dans l’Énergie et le Climat, qui se tient à Bucarest. Pour sa part, le premier ministre Marcel Ciolacu a souligné que c’est par la sécurité énergétique, l’énergie accessible pour l’économie et la population et la compétitivité économique qu’il était possible de faire le pas décisif vers l’objectif essentiel suivant – obtenir de l’énergie propre et verte. Par ailleurs, le premier ministre a également  annoncé que la Roumanie négocierait avec la nouvelle Commission européenne un accord de 7 ans pour revenir à l’objectif de déficit de 3 %. Il affirme que le pays traverse une période de développement « accéléré » et qu’il est très important que les investissements se poursuivent.

     

    Femmes – En Roumanie, seulement 6,5 % des maires et 9 % des conseillers locaux sont des femmes, selon les données publiées par l’organisation non gouvernementale « Des femmes pour une société meilleure », qui a analysé les résultats des élections locales du 9 juin dernier en Roumanie. Ces chiffres, dont aucun parti ne parle, montrent que la politique reste en fait un domaine presque exclusivement masculin, souligne l’organisation. Au niveau du Parlement, la situation est un peu meilleure, avec une représentation d’environ 18 %. L’organisation demande aux partis parlementaires de débloquer les initiatives législatives concernant la présence d’au moins 30 % de femmes aux postes éligibles et de bloquer les fonds publics des partis qui ne respectent pas cette condition.

     

    Sécheresse – Dans le contexte de la sécheresse qui sévit dernièrement en Roumanie, des restrictions d’eau potable ont été mises en place dans 450 localités, communes et villages, la plupart dans le sud du pays. Après que le manque d’eau a fortement compromis presque deux millions d’hectares de cultures de maïs et de tournesol et une centaine de milliers d’hectares de blé et de colza, le ministre de l’Agriculture, Florin Barbu, a eu lundi une première rencontre avec les représentants des banques commerciales afin de venir en aides aux agriculteurs en difficulté. A l’heure actuelle, les ressources d’eau sont toujours problématiques. Dans 40 bassins d’accumulation, le taux de remplissage est inférieur à 80% et la tendance à la baisse se maintiendra dans les jours à venir aussi. Même si le débit du Danube à son entrée sur le territoire roumain est bien en dessous de la moyenne pluriannuelle du mois de juillet, la centrale nucléaire de Cernavoda fonctionne normalement.

     

    Enfants – Presque 10.000 enfants ont été portés disparus en 2023, en Roumanie, un nombre à la hausse pour la deuxième année de suite, s’alerte l’ONG Sauvez les Enfants. Le phénomène est encore plus inquiétant que dans la moitié des c  as il s’agit de mineurs ayant fui volontairement leur famille.

     

    Ukraine – La Roumanie réitère son aide à l’Ukraine voisine envahie par les troupes russes et se prononce pour l’accélération de l’assistance accordée par Bruxelles à Kiev, y compris du point de vue militaire. C’est ce qu’a affirmé la cheffe de la diplomatie roumaine, Luminita Odobescu, en présence de ses homologues européens réunis à Bruxelles au sein du Conseil Affaires Etrangères. Et la responsable roumaine de réaffirmer le soutien de Bucarest à la formule de paix avancée par le président Zelenski, une proposition à même de garantir une paix juste et durable, dans le respect de l’intégrité territoriale et des principes de la Charte de l’ONU.

     

    Concert – L’orchestre et le chœur de l’Opéra roumain seront présents mercredi soir, dans la cathédrale orthodoxe de Paris « Les saints archanges Michel, Gabriel et Raphaël » pour un concert de musique sacrée. Leur tournée en France s’achèvera le 25 juillet, par  un concert à l’Ambassade roumaine de Paris qui marquera l’inauguration de la Maison de Roumanie aux Jeux Olympiques. Lundi, les artistes roumains ont été en concert dans les jardins du Palais de Versailles, dans le cadre d’un événement organisé toujours dans le contexte des JO de Paris. Selon la correspondante Radio Roumanie sur place, le concert intitulé « Ethos roumain » était un projet organisé par le gouvernement de Bucarest par le biais du Département des Roumains de partout, en partenariat avec l’Institut Culturel Roumain de Paris.

     

    Météo – En Roumanie, la chaleur persiste, notamment dans le sud et le sud-est où l’indice humidex dépasse le seuil critique de 80 unités, ce qui veut dire que l’inconfort thermique est accentué. Toutes ces régions du pays sont placées en vigilance jaune à la canicule, avec des températures maximales de 29 à 35 degrés. Il faisait 35 degrés mardi, à midi, à Bucarest.

  • La journée des femmes : des fleurs ou plutôt des droits?

    La journée des femmes : des fleurs ou plutôt des droits?

    Cela fait déjà plus un siècle que l’Humanité célèbre la Journée internationale de la femme.

     

    Ce fut en 1908 que 15 000 travailleuses de l’industrie du textile participaient à une marche à New York, demandant la réduction de leur programme de travail, de meilleurs salaires et le droit de vote. Une année plus tard, le Parti socialiste des Etats-Unis marquait, le 28 février, la première Journée nationale de la femme. L’idée de célébrer une journée internationale est apparue en 1910, durant une Conférence internationale des femmes travailleuses déroulée à Copenhague. L’initiative a eu du succès et c’est ainsi que la Journée de la femme a été célébrée aussi à l’extérieur des frontières des Etats-Unis, pour la première fois en 1911, dans quatre pays : en Autriche, au Danemark, en Allemagne et en Suisse.

     

    L’Organisation des Nations Unies a commencé à marquer la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars, à l’occasion de l’année internationale de la femme, en 1975. Ensuite, en 1977, l’Assemblée générale de l’ONU a rendu officielle cette Journée. Elle a également décidé d’instituer un thème spécifique pour chaque année. En 1996, le premier thème a été « Célébrer le passé, planifier l’avenir ». Cette année, le thème choisi a est « Investir en faveur des femmes : accélérer le rythme ».

     

    Des droits et des libértés, plutôt que des fleurs et des cadeaux

     

    En effet, cette Journée marquée en début de printemps est plus qu’une occasion d’offrir des fleurs, de faire des cadeaux, d’organiser des spectacles, des expositions, des conférences et d’autres fêtes, qui abondent d’ailleurs en Roumanie. C’est aussi une occasion de reconnaitre le rôle important que les femmes jouent dans la société. Activistes, leaders, mères de famille, collègues et amies, les femmes ont contribué et contribuent toujours à construire la société et à améliorer la vie en général. Malheureusement, les statistiques confirment le fait que les femmes sont toujours une catégorie vulnérable, le problème de l’égalité des droits étant de nos jours encore présent. Les femmes sont toujours confrontées à la discrimination salariale, à des discriminations en termes d’éducation et d’opportunités de carrière. Elles sont également victimes de violences et d’abus sexuels.

     

    Messages des leaders politiques

     

    « Joyeuse journée des femmes et un beau printemps », ce fut le vœu lancé aux femmes de Roumanie par le premier ministre social-démocrate Marcel Ciolacu. Le président du Sénat, le libéral Nicolae Ciucă, a également écrit sur un réseau de partage : « Une société civilisée et prospère est celle où chaque femme a la possibilité de poursuivre ses rêves et ses objectifs, dans un milieu équitable, juste et inclusif. Nous devons continuer les politiques qui font la promotion de l’égalité des chances, qui s’opposent à la discrimination et aux violences contre les femmes. » Et puisqu’il s’agit d’égalité de chances et de non-discrimination, n’oublions pas que le 19 novembre les Hommes auront eux aussi leur journée à eux : la journée internationale des hommes ! (trad. Alex Diaconescu)

     

  • Le nombre des sans-emplois, à la baisse en Roumanie

    Le nombre des sans-emplois, à la baisse en Roumanie

    Le
    marché du travail roumain est plein de contradictions et de paradoxes. Après
    l’adhésion du pays à l’Union européenne, entre 4 et 5 millions de roumains ont
    choisi de quitter le pays à la recherche d’un meilleur niveau de vie,
    s’installant le plus souvent dans des pays ouest européens. Bien que depuis
    quelques années les salaires des médecins en Roumanie soit comparables à ceux
    des pays occidentaux, nombreux de professionnels de la santé continuent à
    quitter le pays. Sur les chantiers de France et d’Italie, on trouve des équipes
    entières de maçons roumains et on parle roumain dans nombre de stations de
    lavage auto allemandes. Pendant ce
    temps, il est devenu très difficile de trouver en Roumanie un mécanicien auto,
    un plombier ou un électricien compétent. Les citadins possédant une maison de
    vacances à la campagne se plaignent de ne plus trouver personne à engager pour
    tondre l’herbe ou réparer le portail.


    Le
    déficit de force de travail se ressent tout particulièrement dans l’hôtellerie
    restauration où le problème a été partiellement réglé par l’arrivée de
    travailleurs asiatiques : des femmes de chambre chinoises ; des
    serveurs indiens, des pâtissiers népalais et des livreurs pakistanais sont
    venus au secours d’une industrie en crise. La semaine dernière, le président de
    la Chambre de commerce et d’industrie de Roumanie, Mihai Daraban, a déclaré que
    2000 citoyens vietnamiens travaillaient actuellement en situation régulière
    dans le pays. Il a demandé aux gouvernements roumains et vietnamiens de
    garantir la continuité de cet afflux de travailleurs. Dans ce contexte, des
    experts notent qu’il était inévitable que le nombre de roumains sans emploi continuent
    à décroitre.


    Les
    données publiées par l’Agence nationale pour l’occupation de la force de
    travail montrent que le taux de chômage au niveau national à la fin de l’année
    2023 était de 2.93%, en baisse de 0.12% par rapport à la même période en 2022. En
    Hongrie voisine, à titre de comparaison, le taux est de 4.2%, soit 1% de plus
    qu’en Roumanie. Au total, ce sont donc environ 236 000 roumains qui étaient
    privés d’emploi en décembre dernier. Les statistiques confirment que les
    disparités en fonction du sexe, de l’âge, du lieu de résidence et du niveau de
    diplôme sont toujours très marquées. Ainsi, 68 000 personnes au chômage habitent
    en ville, tandis que 168 000 d’entre elles sont en zone rurale.


    Le
    nombre de femmes au chômage s’élève à 113 000 et le nombre d’hommes à 123 000.
    La majorité des chômeurs ont entre 40 et 49 ans, la deuxième tranche d’âge la
    plus affecté étant les plus de 55 ans. Ces deux tranches d’âge totalisent plus
    de 100 000 personnes. A l’inverse, le 25-29 ans sont les moins impactés avec
    environ 15 000 personnes sans emploi. Concernant le niveau d’étude, les
    personnes n’ayant qu’un niveau primaire d’éducation sont surreprésentées,
    environ 29%. Un autre tiers est constitué de personnes ayant un niveau collège
    tandis que les personnes ayant été à l’université ne représentent que 4.5 % de
    l’ensemble.

  • Le Changement au féminin

    Le Changement au féminin

    L’Union européenne des femmes, UEF, dispose de représentants au sein de l’ONU à New York, Vienne et Genève, du Conseil européen ainsi que de l’UNESCO. Il s’agit d’une organisation fondée en 1953, qui œuvre à promouvoir les droits des femmes à l’égalité des chances et à l’éducation, et encourage leur émancipation au travail et dans la société. Elle participe aussi au processus de consultation de la Commission Européenne, dont les résolutions sont ensuite transmises aux parlements nationaux des états membres de l’UE. La Roumanie a été accréditée en tant que membre de cette organisation au niveau européen en octobre 2022, à l’occasion du 70ème anniversaire de l’UEF. Comme en plus, tous les deux ans, a lieu le Congrès international qui permet des discussions autour des problèmes politiques actuels, les représentantes de l’UEF se sont récemment réunies à Bucarest dans le cadre du groupe de travail « Women Creating Change ».

    Aphrodite Bletas, présidente de l’UEF internationale et représentante de la Grèce, nous raconte que « Au sein de cette organisation nous travaillons en commission thématique, par exemple « politique internationale », « santé et politique sociale » ou « éducation ». L’une d’entre elles s’intitule « l’Europe prend vie ». Il s’agit d’une commission de diplomatie culturelle, si je puis m’exprimer ainsi. Chaque année, nous organisons un évènement dans l’un de nos Etats membres, ce qui nous permet de découvrir chaque année un nouveau pays et d’en apprendre davantage sur son fonctionnement politique, social et économique. C’est aussi l’occasion de nous rencontrer et de nous faire connaître aussi. Nous ne cherchons pas à encourager le militantisme féministe, mais plutôt à offrir aux femmes les outils nécessaires à leur émancipation, afin qu’elles puissent jouer un rôle dans la société, dans les domaines de leur choix, qu’il s’agisse de la politique, des affaires, de l’éducation ou encore de la famille ».

    Parmi les participants se trouvait aussi Victor Nistor, directeur adjoint de la Direction de lutte contre le crime organisé de la police de Roumanie, qui s’est quant à lui exprimé sur la question de la prévention et de la lutte contre la consommation de drogues chez les jeunes. « Le message que nous voulons transmettre concerne l’éducation, et plus particulièrement la prévention autour de la consommation de drogues. Une démarche qui commence d’abord à la maison, chez soi, en famille, mais aussi au sein de son groupe d’amis, avant l’intervention des autorités compétentes en la matière. Quelle est la marche à suivre. En premier lieu, il est essentiel de prendre conscience des choses, d’apprendre de nos expériences passées et d’accepter que nous vivons dans une société mondialisée, dont les frontières ont disparu. Il n’existe plus de barrières et il nous faut accepter que les drogues sont accessibles et circulent sur ce grand marché. »

    A la question de savoir si les femmes pouvaient faire changer les choses, Victor Nistor a répondu :
    « Oui, les femmes sont toujours actrices du changement, car elles incarnent à la fois la beauté, si je puis dire, et la créativité, dans leur façon de participer au politique. Nous nous appuyons toujours sur elles et elles sont toujours à la hauteur de la tâche ».

    Oana Maria Rotariu est une des survivantes de l’incendie de Colectiv de Bucarest. Suite à cette tragédie dans laquelle une soixantaine de jeunes ont perdu la vie et quelque 200 ont été blessés, elle est devenue coach en body positivité. Elle nous fait part de son message: « Dans la vie, l’important est de ne pas être seul. Nous vivons en communauté et pourtant, on continue à souffrir de solitude. Du coup, mon message est de continuer à s’entourer des gens, à trouver des personnes prêtes à rester à nos côtés, quelles que soient les circonstances. Pour cette conférence, j’ai préparé une présentation sur la manière dont on peut vivre en Roumanie, tout en étant handicapé. Je voudrais expliquer aux gens comment faire pour vivre au sein d’une société qui affirme accepter les différences, mais qui en réalité, ne le fait pas. Nous avons d’une part, une belle propagande et de l’autre – la réalité. Et pour les personnes handicapées, notamment pour les femmes, il y a plein d’obstacles au quotidien contre lesquels il faut se battre. Oana nous a assurés que la vulnérabilité n’avait rien à voir avec la fragilité ou la faiblesse. Tout au contraire. Les femmes handicapées sont souvent autant de voix capables d’entrainer des changements dans ce monde.

    Sat Dharam Kaur est naturopathe et impliquée dans plusieurs programmes à succès censés soutenir les femmes à travers le monde. Elle plaide pour l’importance du soutien accordé aux femmes en situation vulnérable : enceintes, malades ou en situation de dépendance. « Par le passé, mon travail a constitué à appuyer les femmes remises après un cancer de sein. J’ai mis en place plusieurs programmes à l’intention des gens, victimes de la dépendance. Avec le psychothérapeute, Gabor Mate, nous avons mis en place le programme « Compassionate Inquiry » qui se construit autour de l’idée que la connexion est l’essence même de la sécurité. C’est une initiative censée apprendre aux gens comment aider les victimes des traumas à refaire surface ».

    Beaucoup de psychologues pensent que le trauma est alimenté par l’absence de la connexion humaine, de plus en plus fréquente dans une société qui reconnait de moins en moins la famille traditionnelle.L’équipe qui représente la Roumanie au sein des différentes commissions de l’UEF, (l’Union européenne des femmes), telles la Commission pour la Santé, pour la Culture, pour l’Education ou pour les Relations Internationales, se propose de profiter du soutien européen pour mettre en place différents projets sociaux. Les principes de l’UEF reposent sur le libéralisme social, sur la liberté individuelle et l’assistance sociale. Trois axes qui se proposent d’encourager la paix, la justice et la prospérité dans le monde, tout en contribuant à la préservation de la dignité et des libertés individuelles, du patrimoine et des traditions culturelles, du progrès social et économique et des droits de l’être humain.

  • Les survivantes de la violence domestique

    Les survivantes de la violence domestique

    Si les marques que les coups ont laissé dans la chair des
    victimes symbolisent assez bien la violence domestique et de genre, d’autres
    traces, plus insidieuses, car moins visibles, définissent les effets psychiques
    de ce même fléau. Car, en effet, la violence psychologique fait moins souvent
    les gros titres des journaux, alors qu’elle fait pourtant l’objet d’actes normatifs
    spécifiques, et qu’elle constitue la cause principale de l’incapacité des
    victimes à demander de l’aide et à sortir d’une relation abusive. Et c’est bien
    cette violence psychologique qu’est abordée par la pièce « Restart »,
    « Nouveau départ » en traduction française, écrite et mise en scène par
    Ozana Nicolau, et jouée sur les planches du Centre éducatif Replika de Bucarest.
    Inspiré par les témoignages des victimes qui sont parvenues à se départir d’une
    relation abusive, le spectacle « Restart » constitue le fruit d’une
    collaboration entre plusieurs associations, telles Aleg, « Je choisis »,
    en français, de Sibiu, et Anaïs, de Bucarest. Mais la dramaturge Ozana Nicolau n’a
    pas hésité à puiser aussi dans ses souvenirs d’enfance, s’inspirant des
    histoires d’abus et de violence conjugale dont elle avait entendu parler ou qu’elle
    avait côtoyé à l’époque, ne cessant jamais de s’interroger sur la situation d’impunité
    manifeste de l’agresseur. Et si aujourd’hui la législation roumaine permet la
    délivrance plutôt rapide d’un ordre de protection provisoire aux victimes de
    violence domestique, et que la police se montre réactive face à ce genre de
    situations, l’abus émotionnel semble passer encore et toujours sous le radar. Or
    la pièce « Restart » entend justement mettre sous les feux des
    projecteurs ce type insidieux et méconnu de violence domestique. La dramaturge
    Ozana Nicolau détaille :


    « Vous savez, la violence physique, on la voie, elle
    est flagrante, manifeste, et punie par la loi. Mais si elle arrive à s’installer
    au sein du couple, c’est qu’elle se fonde sur un mécanisme violent bien moins
    connu, et que la loi ignore trop souvent. Et là je parle de la violence
    émotionnelle, un type de violence qu’il est difficile à cerner et à mettre sur
    les bancs des accusés. C’est de cette idée de départ que nous avons voulu
    comprendre ce qui se passe dans la tête d’une femme victime qui, alors même qu’elle
    souffre, se sente toujours coupable. Car elle se fait manipuler, pour qu’elle
    se sente coupable justement, pour qu’elle se sente seule, isolée, sans défense,
    incapable de pouvoir rompre et partir. Une femme
    prise au piège. Et il fallait démonter ce mécanisme psychologique qui rende la
    victime impuissante. Car c’est toujours en soi qu’il faut pouvoir trouver les
    ressources qui nous aident de rompre, de quitter, de se reconstruire. »


    Les deux seuls personnages de
    la pièce sont joués par les actrices Mihaela Rădescu et Nicoleta Lefter. La
    dernière nous explique ce qui l’a poussé à endosser ce rôle de victime avant de
    devenir une survivante de la violence de genre. Nicoleta Lefter :


    « Le rôle m’a semblé dès le départ très pertinent.
    Je connaissais Ozana, et je voulais pouvoir
    collaborer avec elle sur ce projet spécifique. Et puis le personnage en tant
    que tel est très complexe. Il lui fallait une voix qui lui corresponde. Il s’agit
    d’un thème peu abordé dans les théâtres publics. Et les histoires de vie que cette
    pièce raconte sont passablement émouvantes. Et puis, après avoir lu leurs
    témoignages, je les ai rencontrées, certaines de ces femmes, parce que’elles
    sont venues voir e spectacle. Savoir que ces choses sont réelles, que l’on
    raconte la vie des gens qui sont parmi nous, est une chose assez émouvante. On
    se rend compte que c’est important ce qu’on fait. En racontant leur vécu, l’on se
    sente
    investi d’une certaine responsabilité, et on ressente aussi l’énergie que
    les spectateurs nous renvoient en retour. »


    Il est certain que le
    spectacle a le don de susciter l’empathie des spectateurs, émus des
    tribulations des victimes. Et Nicoleta Lefter n’a pas été épargnée, car c’est l’émotion
    qui accompagne d’un bout à l’autre sa performance. Ecoutons-la :


    « J’ai été d’emblée émue par leurs témoignages. Par
    exemple, de cette femme qui raconte qu’après avoir quitté son mari, ce dernier
    l’aura harcelée pendant des années de procédure judiciaire en procédure
    judiciaire. Elle s’était vue happée dans ce tourbillon de plaintes déposées à
    son encontre. Mais aussi tous ceux qui l’avait aidée. Ses parents, ses amis, et
    même des policiers. C’est que la séparation n’est pas toujours la fin du
    calvaire. Et puis, le pire, c’est quand il y a des enfants. Parce que ces
    derniers ne savent pas passer outre la déchirure de la séparation de leurs parents.
    Ils ne disposent pas des moyens nécessaires pour ce faire. Et il y a des
    enfants qui seront traumatisés à vie, qui porteront en eux, dans leur vie d’adulte,
    les séquelles laissées par cette violence psychologique qu’ils ont vécue.
    Aussi, si ces choses ne sont pas traitées correctement, ces futurs adultes
    risquent d’étoffer le rang des victimes, ou celui des bourreaux »
    .


    « Restart » n’est
    pas un coup d’essai pour Ozana Nicolau. Il y a quelques années, elle avait déjà
    monté « Foreplay », une pièce qu’elle avait écrite et fait jouer au
    même Centre éducatif Replika. Faire du théâtre militant, ancré dans le social,
    n’est sans doute pas anodin. Mais quel est l’impact ressenti par le public, mis
    devant ces questions sociétales ? Ozana Nicolau :


    « Je suis confiante.
    L’on soulève des questions. Mais, vous savez, une salle de théâtre compte
    quelques dizaines, ou quelques centaines de spectateurs. Malgré tout, les gens
    sortent de là, ils en parlent, ces thèmes de société se frayent un chemin dans
    l’esprit des gens. J’avais récemment reçu le retour d’une maman, venue avec son
    fils de 14 ans. Elle en était ravie. Son fils ne voulait pas y allait au
    départ, il connaissait le théâtre de marionnettes. Et à la fin de la représentation
    de Restart, il dit à sa maman : « mais si c’est cela le théâtre, j’en
    veux encore ». Et j’avais trouvé cela merveilleux, car ce n’est pas un
    sujet facile pour son âge. Mais je crois que les gens ont envie d’être interpellés,
    d’être secoués lorsqu’ils viennent voir une pièce de théâtre. D’être confrontés
    aux questions de société, ce dont ils rencontrent dans leur quotidien. Le
    théâtre n’est pas un livre de recettes pour mieux vivre, mais il peut poser les
    bonnes questions, montrer certains points de vue, encourager, donner de l’espoir.
    Car l’on voit les autres qui sont confrontés aux mêmes dilemmes, et l’on se
    sente moins seul. »


    Un autre message émouvant nous
    est parvenu de la part d’un autre jeune spectateur, un pré-adolescent, qui,
    après avoir assisté à la représentation de la pièce Restart, a remercié sa mère
    de l’y avoir amené, pour comprendre ce qu’il ne voudrait pas devenir : un
    mari et un père abuseur.



  • Sur l’égalité des genres

    Sur l’égalité des genres

    La recrudescence des cas d’agression sexuelle,
    d’intimidation ou encore des discours haineux à l’adresse des femmes et des
    filles nécessite une intervention rapide et ferme, affirment la Représentance
    de la Commission européenne en Roumanie et les représentants d’une vigtaine
    d’ambassades à Bucarest dans une déclaration commune signée le 8 mars, à
    l’occasion de la Journée internationale de la femme. On salue les succès et
    les progrès significatifs enregistrés dans la lutte pour l’égalité des genres
    et pour les droits des femmes et des filles du monde entier. Mais, il faut
    admettre que des pas nous restent encore à faire avant que les femmes et les
    filles ne puissent exercer pleinement leurs droits affirment les signataires
    du document. Et eux d’ajouter qu’il est essentiel que les sociétés assurent
    une participation égale, efficace et significative des femmes dans tous les
    domaines de la vie privée et publique, y compris à travers leur présence dans
    la vie politique et leur participation aux processus décisionnels à niveau.


    Dans la même lettre, il est précisé que les
    femmes et les filles ont droit de mener une vie à l’abri de la violence et de
    la discrimination. N’empêche, les agressions contre les femmes et les filles
    figurent en tête des principales violations des droits de l’être humain. Une
    femme sur trois est tombée victime d’une agression physique ou sexuelle au
    moins une fois dans sa vie et cela depuis plus d’une décennie. Il est
    nécessaire de faciliter l’accès à la justice et aux services complets de
    support accordés aux victimes et aux survivantes de la violence sexuelle et du
    genre lit-on dans la déclaration. La représentativité des femmes au sein des
    Parlements et des Gouvernements n’est pas significative et cette réalité, que
    l’on trouve en Roumanie aussi, nuit à la démocratie, a affirmé la commissaire
    européenne à l’Egalité, la Maltaise, Helena Dalli. Celle-ci a visité Bucarest
    en début de semaine pour participer à la conférence Des femmes plus fortes
    pour la Roumanie. Toutes les femmes devraient jouir de l’indépendance économique
    et financière. Il faut reconnaître leur travail et le valoriser, tout en
    mettant à leur disposition les instruments nécessaires à leur permettre de
    dresser un équilibre entre la vie personnelle et professionnelle, a encore
    ajouté la responsable européenne.

    A ses dires, le pourcentage des femmes qui
    s’occupent des enfants, des personnes âgées ou handicapées est presque deux
    fois plus grand que celui des hommes, 46% versus 25%. Un partage égal des
    responsabilités permettrait aux hommes et aux femmes d’avoir des chances égales
    de travailler sans sacrifier pour cela leur vie de famille a précisé Helena
    Dalli. Et elle de rappeler qu’à l’heure où l’on parle, les femmes touchent pour
    une heure de travail de 30% de moins que les hommes. Durant sa visite à Bucarest,
    la commissaire européenne a dénoncé le nombre élevé de grossesses dans les
    rangs des adolescentes de Roumanie, ce qui contribue à propager la pauvreté et
    la discrimination des personnes d’origine rome. Mme Dalli a qualifié de
    scandaleuse et d’inacceptable la façon dont les communautés tsiganes vivent à
    travers l’UE et elle a dénoncé la violation des droits des personnes issues de
    la communauté LGBTQ. Les fonds européens ne doivent pas être versés aux autorités
    locales qui excluent ces individus de la société, a-t-elle martelé.





  • 8/03/2023

    8/03/2023

    Japon – Le président roumain, Klaus Iohannis s’est entretenu
    mercredi avec les autorités locales de Kyoto, réaffirmant que la Roumanie et le
    Japon étaient plus proches que jamais et exprimant son espoir que la ville
    japonaise soit bientôt jumelée avec une ville roumaine. «Il est important de
    nous baser les uns sur les autres, pour défendre les valeurs fondamentales qui
    nous définissent – le désir de paix et de sécurité », a déclaré le chef de
    l’Etat roumain. A leur tour, les responsables japonais ont affirmé que la
    Roumanie était un partenaire important du Japon, partageant les mêmes valeurs
    fondamentales, telles la liberté, la démocratie et l’Etat de droit. Ces
    discussions sont la dernière étape de la visite du président roumain au Japon.
    Le principal objectif de cette tournée asiatique a été de porter les relations
    bilatérales roumano-japonaises au niveau de Partenariat Stratégique. Le
    document a été signé ce mardi, à Tokyo, par le chef de l’Etat roumain et le
    premier ministre japonais, à l’issue de 5 ans de négociations. Jeudi et
    vendredi Klaus Iohannis effectuera une visite d’Etat au Singapour, pour
    rencontrer son homologue Halimah Yacob, et le premier ministre Lee Hsien Loong.






    Sénat – Le ministre roumain des Finances, Adrian Câciu, est
    attendu aujourd’hui au Sénat pour offrirdes éclaircissements sur le déficit
    budgétaire, la taxe de solidarité et le régime spécial des pensions de
    retraite. La présence du ministre a été revendiquée par l’USR, en opposition,
    qui souhaite comprendre les raisons pour lesquelles le déficit budgétaire du
    pays a atteint un niveau record et pourquoi les coûts de financement sont parmi
    les plus élevés de l’UE. Monsieur Câciu devra aussi mentionner les compagnies qui
    se verront appliquer la taxe dite de solidarité par laquelle, le gouvernement taxe
    les superprofits des sociétés énergétiques.




    Bâstroe
    – L’Ukraine cessera tous les travaux de dragage sur le bras Chilia et le canal
    de Bâstroe du Delta du Danube, a fait savoir le ministre roumain des
    Transports, lors de la réunion trilatérale d’Ismaïl, en Ukraine, déroulée en
    présence des responsables roumains, ukrainiens et européens. Des travaux de
    mensuration débuteront le 15 mars aussi bien sur le bras Chilia, que sur le
    canal de Bâstroe. Bruxelles a accepté les sollicitations de Bucarest, en
    affirmant que la priorité numéro 1 est de faire accroître la capacité du canal
    de Sulina puisque plus de 50% du trafic ukrainien de marchandises se déroule
    sur le Danube, sur les corridors européens de solidarité. Rappelons-le,
    l’Ukraine a mené récemment des travaux de dragage en eau profonde, sur le canal
    de Bâstroe, qu’elle a présentés comme étant des travaux d’entretien. En
    revanche, la Roumanie considère que les dragages réalisés par l’Ukraine
    dépasseraient de loin la profondeur permise de 3,5 m, ce qui aurait un impact
    majeur sur l’écosystème du delta du Danube, réserve naturelle classée au
    patrimoine mondial de l’UNESCO.


    Partenariat stratégique – Le chef de la diplomatie roumaine,
    Bogdan Aurescu et le secrétaire américain d’Etat, Antony Blinken, ont discuté
    lundi, par téléphone, du Partenariat stratégique bilatéral dans le contexte de
    la guerre en Ukraine. Les deux responsables politiques ont apprécié la
    fréquence des rencontres roumano-américaines ces douze derniers mois ce qui
    reflète le bon niveau des relations de partenariat stratégique et l’engagement
    au service des objectifs communs. A part la guerre menée par la Russie en
    Ukraine, les pourparlers ont porté sur le renforcement du Flanc Est de
    l’Alliance, la future stratégie américaine pour la région de la Mer Noire et la
    situation en République de Moldavie. Bogdan Aurescu a réitéré l’importance que
    la Roumanie accorde à son inclusion prioritaire dans le programme d’exemption
    de visas, Visa Waiver. L’occasion pour le secrétaire américain d’Etat de
    réitérer le soutien de Washington à la mise en place de cet objectif commun
    roumano-américain.


























    Journée
    Internationale de la Femme
    – Les femmes de la sphère publique, soient-elles
    journalistes, activistes pour les Droits de l’Homme ou responsables politiques
    sont victimes de campagne d’intimidation, de discours haineux ou d’agression
    sexuelle. C’est ce que plus de 20 ambassades de Roumanie et la représentance de
    la Commission européenne à Bucarest ont montré dans une déclaration commune signée
    à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme, célébrée le 8 mars.
    Toutes ces pratiques doivent s’arrêter et les coupables doivent répondre devant
    la loi, afirment les signataires du document. Ceux-ci ont réitéré leur
    engagement en faveur de l’égalité des genres et du respect des droits des
    femmes et des filles. On appelle tous les pays à faire de même. Il n’y a pas
    que les femmes ou les filles qui doivent bénéficier de l’égalité des genres,
    mais les sociétés dans leur ensemble, y compris les hommes et les garçons.
    Parmi les ambassades qui ont signé la déclaration figurent celles d’Autriche,
    de Belgique, de Canada, de France, d’Allemagne, de Grèce, d’Italie, de la Corée
    du Sud ou encore des Etat-Unis.








    Foire
    – Une Foire de printemps avec des produits du terroir s’est ouverte ce mercredi
    à Bucarest, dans la cour du Ministère de l’Agriculture. Y participent plus de
    30 producteurs et maitres artisans du nord-ouest et du centre de la Roumanie
    qui proposent aux visiteurs toute sorte de fromages traditionnels, de
    charcuteries, de légumes, de confitures ou de variétés de miel. La foire est
    ouverte jusqu’au 12 mars et le public aura droit à des spectacles et des
    récitals de musique folklorique.


    Météo – Il fait de plus en plus doux en Roumanie où les températures
    dépassent aujourd’hui les valeurs saisonnières, notamment dans le sud et l’est
    du territoire. Le ciel est variable dans les régions méridionnalles et plutôt
    couvert dans le reste. Les pluies tombent sur les régions montagneuses et des
    précipitations mixtes sont signalées à plus de 1500 mètres. Le vent souffle sur
    les sommets des Carpates orientales à une vitesse de presque 100 km/h. Les
    températures maximales vont de 8 à 20 degrés. 16 degrés et du soleil à midi, à Bucarest.





  • Un club de lecture pour les femmes

    Un club de lecture pour les femmes

    Et comme ces réunions avaient lieu dans un restaurant espagnol, le jeu de mot était inévitable : des femmes libres et des livres… ça donne « Mujeres Livres» (Les femmes-livres/libres).Cezarina Caloian, artiste et maître de conférence à la Faculté d’art de Iaşi, dans la section art graphique, est une participante assidue. Elle nous raconte : « Arina Cosma et Florina Vârnă, les fondatrices, toutes deux originaires de Iaşi, sont à l’origine de cette idée. Le Club est né en hiver 2020. Nous nous sommes vues quelques fois, avant que ne débute le confinement. Nous avons annulé les sessions dans les premiers mois de la pandémie. Nous avons ensuite décidé de les faire en ligne. Nous nous réunissions, et c’est encore le cas aujourd’hui, toutes les trois semaines. Nous accueillons toutes celles qui souhaitent participer, car il existe une communauté de femmes sur internet et Florina Vârnă arrive à coordonner très bien l’ensemble. Nous sommes une dizaine à participer régulièrement depuis le début du projet. Certaines n’ont participé qu’une ou deux fois, et d’autres, séduites, choisissent de poursuivre l’aventure. »

    Lavinia Popescu, l’une des participantes, partage avec nous son expérience : « C’est vrai un club de lecture. Nous nous retrouvons pour discuter des œuvres que nous avons lus, car un livre ne s’achène pas une fois la lecture de la dernière page terminée. L’histoire se poursuit, au travers de nos discussions. J’ai l’impression que de cette façon nous rendons hommage au travail de l’auteur. Nous avons envie de partager ensemble notre ressenti sur les ouvrages que nous avons lus. Certaines partagent leurs impressions sur le texte, d’autres racontent un voyage introspectif. On ne se sent jamais seul pendant une lecture. On a envie de partager ses sentiments, et surtout, de connaître ceux des autres. C’est comme ça que ce club est apparu comme une évidence. Il est tout naturel d’éprouver le besoin de faire partie d’une communauté dans laquelle on peut s’exprimer librement. C’est aussi pour cela que ce groupe existe, et nous nous réjouissons d’avoir cet espace d’écoute partagée. »

    Lavinia Popescu partage avec nous ses souvenirs des premières réunions du Club de lecture : « Nous étions une vingtaine la première fois. Nous étions ravies de nous réunir. Nous étions toutes agréablement surprises. Ensuite la pandémie est arrivée. Durant cette période, le club de lecture nous a tenu compagnie et nous a permis de survivre. Nous avons découvert au fil de nos lectures comment l’humanité a survécu jusqu’ici et cela nous a convaincues que nous pouvions tout surmonter. Nous avons lu les récits des déportés qui ont survécu aux goulags de Sibérie, notamment grâce au livre « Zouleikha, ouvre les yeux », de Gouzel Iakhina. Nous avons découvert la vie sous les bombes avec l’œuvre de l’auteur Afghan Khaled Hosseini Nous avons appris l’attente, avec « Hiverner » de Katherine May. Elif Shafak nous a réconfortées avec ses « 40 règles de l’amour ». Lorsque je vois la bibliothèque constituée par nos lectures, je ne peux être que reconnaissante du chemin que nous avons parcouru ensemble et de la communauté que nous avons réussi à constituer. Et nous souhaitons agrandir cette famille, pour apporter aux femmes l’inspiration dont nous avons tous besoin au quotidien. »

    Cezarina Caloian rajoute : « J’ai lu beaucoup de livres d’auteurs différents, Elik Shafak, Hosseini Khaled, Maria Duena, ou Carlos Ruiz Zafón. J’ai aussi lu Vargas Llosa ainsi que des auteurs roumains comme Laura Ionescu avec son livre « Nu te găsesc pe nicăieri » (je ne te trouve nulle part) que nous avons invité à l’une de nos réunions en visio-conférence. Les titres que nous choisissons sont très différents, et ne reflètent pas la même culture ou le même genre de littérature. A la fin de chaque réunion nous nous mettons d’accord sur les lectures pour la fois suivante. Chacune d’entre nous lit un livre, prend des notes, souligne des passages intéressants. Ensuite, pendant la réunion en ligne, modérée par l’une des deux fondatrices, Gearina Cosma, nous abordons différents sujets et aspects, les personnages, le récit, nous partageons nos avis, ce qui donne parfois lieu à un débat. Il est aussi intéressant de relever que les participantes sont issues de milieux socio-professionnels différents. Nous accueillions des médecins, psychiatres, psychologues, personnels de santé, artistes, informaticiennes, étudiantes. Chacune contribue au débat en partageant sa propre interprétation sur le texte. C’est là que réside pour moi toute la force de ces rencontres. »

    Lavinia Popescu nous a expliqué que les livres lus étaient choisis démocratiquement, par votes. Chacune peut donner son avis et partager son ressenti sur une œuvre, et c’est ce qui fait la joie des participantes. « Il ne s’agit pas que de partager son plaisir de lire. Il s’agit aussi de mieux apprendre à se connaître au travers de la lecture. Nous sommes toujours ravies de connaître les points de vue des autres sur ce que nous avons lu. Par exemple, qu’en a pensé la philologue, la psychologue, ou n’importe qui d’autre, peu importe son domaine de compétence. Nous partageons nos idées, certaines les notent, d’autres pas, chacune pioche ce qui l’intéresse. Nous sommes généralement un noyau de sept participantes, mais nous accueillons chaque fois de nouvelles têtes. Notre porte est ouverte à toutes celles qui le souhaitent. La visio conférence représente un avantage en ce sens. Nous aimerions nous rencontrer en vrai, mais les sessions en ligne permettent à celles qui sont loin de participer malgré tout. »Si vous aussi vous souhaitez rencontrer d’autres femmes passionnées de littérature, vous pouvez les retrouver sur la page Facebook « Mujeres Livres » et leur envoyer un message. (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • La romancière canadienne d’origine roumaine, Felicia Mihali

    La romancière canadienne d’origine roumaine, Felicia Mihali

    Romancière, journaliste, professeure et éditrice d’origine
    roumaine, Felicia
    Mihali vit au Canada
    depuis 2000 quand elle a quitté la Roumanie, malgré une carrière littéraire
    très prometteuse. Spécialisée en littérature postcoloniale à l’Université de
    Montréal, FeliciaMihali a écrit en tout, trois romans en roumains, trois en
    anglais et neuf en français parmi lesquels Dina, paru en 2008 et que son
    auteure a décidé de traduire en roumain. D’ailleurs, c’est pour le lancement de
    sa traduction que FeliciaMihali est venue sur Bucarest et du coup, elle peut
    être présente à mes côtés, dans les studios de RRI.