Tag: femmes

  • Ukraine, dernières évolutions

    Ukraine, dernières évolutions

    Plus de 4,1 millions de réfugiés ukrainiens ont fui
    leur pays depuis l’invasion ordonnée par le président russe Vladimir Poutine le
    24 février, selon les chiffres du Haut Commissariat aux réfugiés.Le Haut Commissariat aux réfugiés recensait
    exactement 4 137 842 réfugiés ukrainiens samedi en milieu de journée. Ce sont presque
    35000 de plus que lors du précédent pointage vendredi.L’Europe n’a pas connu un tel flot de
    réfugiés depuis la Deuxième Guerre mondiale.L’Organisation internationale pour les
    migrations de l’ONU a précisé qu’environ 205.500 non-Ukrainiens avaient aussi
    fui le pays et rencontraient parfois des difficultés à rentrer dans leur pays
    d’origine.Au total, ce
    sont donc plus de dix millions de personnes, soit plus d’un quart de la
    population, qui ont dû quitter leur foyer soit en traversant la frontière pour
    trouver refuge dans les pays limitrophes, soit en trouvant refuge ailleurs en
    Ukraine.Selon
    l’Unicef, plus de la moitié des 7,5 millions d’enfants que compte le pays sont
    soit des déplacés internes soit des réfugiés.

  • La violence et d’autres démons

    La violence et d’autres démons

    Quelle que soit la forme qu’elle englobe – physique, sexuelle, culturelle, spirituelle ou cybernétique -, la violence domestique est un processus qui se répète, alimenté par le désir d’un agresseur de contrôler sa victime. Il arrive souvent que les épisodes de violence domestique débouchent sur un crime. Partout dans le monde, ce sont surtout les femmes et les enfants qui sont les principales victimes de ce jeu traumatisant qui laisse des marques, souvent à vie.

    Comment expliquer ce type d’abus d’un point de vue psychologique ? Quelles sont les étapes qu’un agresseur parcourt ? Cristina Nastase, psychothérapeute, explique : « D’un point de vue psychologique, la violence en famille, appelée aussi violence domestique, suppose une conduite agressive volontaire qui revêt la forme de contrainte physique ou émotionnelle exercée sur un membre de la famille afin de le contrôler. Il s’agit donc d’un abus. Ce type de violence apparait sous la forme d’un processus qui se répète, une série de comportements abusifs qui se succèdent et qui, une fois installés, deviennent prévisibles. C’est un comportement en boucle qui se divise en quatre étapes. La première, c’est le moment où la tension s’installe. La victime commence à s’inquiéter, elle essaie d’aplanir le conflit et du coup, elle commence à faire attention à ses gestes et à sa façon de se conduire. La deuxième étape est celle de l’agression, quand la victime se sent humiliée, triste et souffre de l’injustice de l’agresseur qui semble avoir toujours gain de cause. La troisième étape est celle de justification, pendant laquelle la victime tente de comprendre les explications de son agresseur et elle essaie de l’aider à changer. Elle commence à douter de ses propres perceptions et elle se culpabilise par rapport à la situation. Et puis, la quatrième étape est celle dite de réconciliation. Surnommée la lune de miel, cette étape est celle pendant laquelle l’agresseur se voit offrir une deuxième chance. La victime lui accorde son soutien, en espérant le voir changer de comportement. Malheureusement, la Roumanie se situe au sommet du classement européen en ce qui concerne le nombre de cas de violence domestique. Concrètement, toutes les 30 secondes, une femme roumaine est frappée, tandis que sur l’ensemble des femmes de plus de 15 ans, trois sur dix ont été déjà victimes d’une agression physique ou psychologique. Une autre statistique européenne indique qu’en Roumanie, toutes les heures, deux enfants tombent victimes de la violence domestique et 86 % des cas d’abus sur les mineurs ont lieu au sein de la famille. Seulement un parent sur 9 affirme qu’il ne frapperait jamais son enfant et sur l’ensemble des ceux qui le font, la moitié considère que c’est pour le bien des enfants. Quant aux mineurs de Roumanie, 63 % d’entre eux ont avoué avoir été frappés par leurs parents au moins une fois. »

    Malgré ce que l’on pourrait penser, les victimes des agressions répétées ne quittent pas leurs agresseurs. Manipulées par le comportement ultérieur à l’acte de violence et par les promesses de changer, les victimes finissent toujours par leur donner une deuxième chance. Et puis une troisième et ainsi de suite. Cristina Năstase : « Quand on parle de la violence domestique, il y a une étape dite de la lune de miel pendant laquelle l’agresseur change de comportement afin d’empêcher la victime de le quitter. D’ailleurs, il arrive que les agresseurs expriment des remords qui semblent authentiques, ils peuvent même prétendre de chercher de l’aide de spécialité et ils commencent à se conduire avec amour et tendresse envers la victime afin de regagner sa confiance. N’oublions pas qu’après chaque nouvel épisode d’agression, la victime est dans un état de confusion. Or, la douceur et les promesses de l’agresseur qui s’engage à ne plus jamais la frapper poussent la victime à penser que le couple pourrait être sauvé. Il est très important que les victimes comprennent que dans tout ce processus de violence, elles n’y sont pour rien. C’est important qu’elles le sachent pour pouvoir déculpabiliser, car c’est justement ce sentiment de culpabilité qui les tient prisonnières dans ce cercle vicieux. »

    Il existe différents types d’abus, avertit Cristina Năstase. « La violence domestique peut se décliner sous plusieurs formes dont l’agression physique reste la plus évidente et provoque des lésions corporelles. La violence sexuelle englobe différentes pratiques sexuelles non consenties envers différents membres de la famille, y compris envers des mineurs. Dans le cas de la violence psychique, il peut s’agir de menaces, de contraintes, de privation de liberté, de harcèlement, de chantage émotionnel, d’humiliation, de ridiculisation, d’usage de mineurs pour mettre de la pression. La violence sociale suppose l’isolement de la victime à travers l’interdiction ou la restriction de ses liens avec les autres, le reste de sa famille ou ses amis. La violence économique représente la privation de quelqu’un de son droit de travailler, de gagner de l’argent, en limitant de cette manière l’accès de la victime à l’argent, à des affaires personnelles, aux aliments, au téléphone, bref à toutes ces choses qui la rendraient autonome. On parle de violence spirituelle au moment où quelqu’un se voit interdire le droit de s’exprimer dans sa langue maternelle ou encore quand il se voit contraint d’exercer des pratiques religieuses qu’il trouve inacceptables. Dernièrement, on a à faire à un autre type d’agression, le cyber harcèlement. Il s’agit d’un type de violence via Internet, en poursuivant la victime en ligne, à travers différents dispositifs, dans un souci de contrôle et de force. »

    Le chantage émotionnel, l’évocation répétée des erreurs du passé de la victime, la manipulation ou la contrainte sont autant de pratiques de guilt tripping, cette culpabilisation qui, une fois déclenchée chez la victime, la rend facilement contrôlable par son agresseur. Cristina Năstase précise : Le guilt tripping ou la culpabilisation est une forme de violence domestique de type émotionnel qui, à la différence de la violence physique, implique un processus de longue durée que la victime ne perçoit pas et finit par le prendre comme quelque chose de normal. Il s’agit pratiquement d’une forme de communication verbale ou non-verbale dont l’agresseur se sert pour déclencher chez sa victime un sentiment de culpabilité censée lui permettre un meilleur contrôle sur cette dernière. C’est une forme évidente de manipulation psychologique et de contrainte que l’on remarque, par exemple, quand on reproche à la victime de ne pas avoir suffisamment travaillé ou de l’avoir fait pire qu’elle n’aurait dû le faire, quand on lui reproche ses erreurs du passé, quand on lui rappelle les faveurs qu’elle s’est vu offrir, quand on se conduit comme si on lui en voulait, tout en affirmant le contraire, quand on refuse de lui adresser la parole, en montrant clairement par le langage corporel qu’on désavoue sa conduite. Eh bien, à force d’induire la culpabilité chez nos partenaires, ils feront ce que nous, on attend d’eux, tout en payant le prix, à savoir devenir conscients d’être manipulés. »

    Sur l’ensemble des victimes de la violence domestique, les enfants sont les plus fragiles. Dépourvus de repères et de protection, les enfants abusés prennent la violence pour la normalité. Quelles sont les conséquences de l’abus physique, psychologique ou d’autre nature sur les mineurs? Cristina Năstase : « Les enfants restent souvent loyaux au parent ou à l’adulte abusif, car ils ont peur des conséquences qu’ils risquent de subir si l’abus est dénoncé. Parfois, un enfant victime d’une agression émotionnelle considère que les mots vexants dont il tombe victime ou le refus d’affection qu’il subit sont des aspects de vie normale. Et du coup, il n’en parle pas, car il considère que ce comportement est tout à fait acceptable. Pratiquement, les enfants abusés s’en considèrent responsables et s’ils se sentent mal-aimés, c’est de leur faute, disent-ils. Ce n’est qu’à force de se comparer avec d’autres enfants de l’école ou d’ailleurs qu’ils réalisent qu’ils vivent dans un milieu toxique dont les conséquences peuvent s’avérer sévères et perdurer jusqu’à l’âge adulte. On parle, par exemple, de toute sorte de troubles d’attachement. Ces enfants pourraient aussi être exposés à un risque accru de relations difficiles avec les collègues de classe, ils pourraient avoir des problèmes avec leur intimité, des difficultés à solutionner des conflits, des comportements antisociaux qui pourraient provoquer toute sorte de formes de délinquance, des conduites additives ou des agressions. Or, en l’absence d’une prise en charge correcte, les enfants abusés sont souvent les futurs adultes abusifs qui à leur tour, agresseront leurs propres enfants. » (Trad. Ioana Stancescu)

  • Personnalités féminines de l’histoire de la Roumanie

    Personnalités féminines de l’histoire de la Roumanie

    C’était le 1er décembre 2021, à l’occasion de la Fête nationale roumaine, que la Banque nationale avait émis une coupure de 20 lei, soit près de 4 euros, une première. Mais la véritable première consiste en l’effigie de la sous-lieutenante Ecaterina Teodoroiu, héroïne tuée au combat pendant la Grande Guerre, que la nouvelle coupure affiche fièrement. Et c’est toujours au mois de décembre de l’année passée que le gouvernement roumain a promue une loi qui vise à faire de 2022 l’année « Smaranda Brăescu », pour honorer la première femme parachutiste de Roumanie.

    Deux images du féminisme exemplaire auquel la Roumanie essaie, sans doute un peu tardivement, de rendre hommage par ces gestes à haute valeur symbolique. Par son sacrifice suprême, Ecaterina Teodoroiu a, en effet, représenté le symbole même de l’héroïsme roumain durant la Première guerre mondiale. Femme soldat qui refusa de se voir confinée derrière le front, elle gagna de haute lutte le droit de prendre les armes et de participer en première ligne à bon nombre de combats acharnés, aux côtés de ses camarades hommes. Née en 1894, dans le département de Gorj, dans une famille de paysans, Ecaterina Teodoroiu se fait remarquer depuis les bancs de l’école, décrochant son diplôme d’institutrice à Bucarest, après avoir fréquenté l’école allemande de Târgu Jiu. Intrépide et volontaire, elle suit également des cours d’infirmière. Mais l’entrée de la Roumanie dans la Première guerre mondiale aux côtés de l’Entente, en août 1916, fut accueillie dans la liesse par une bonne partie de l’opinion. Des jeunes volontaires, issus de toutes les régions du royaume, se pressaient alors aux portes des casernes.

    Et Ecaterina Teodoroiu ne fut pas en reste. Décorée au front, élevée au grade de sous-lieutenant à la suite de ses actes de bravoure, elle tombera au combat le 22 juillet 1917, fauchée par une rafale de mitraillette, lors d’une puissante attaque allemande contre les positions roumaines. L’historien Ioan Scurtu nous raconte la manière dont son sacrifice ne manquera pas de marquer pour longtemps la mémoire des contemporains. « Dès 1917, Ecaterina Teodoroiu devient une vraie légende. Ses camarades de combat lui vouent un véritable culte, car elle montre à maintes reprises sa bravoure, son héroïsme. Et puis, le fait qu’une femme ait demandé et soit parvenue à combattre au front, c’était déjà inouï pour l’époque. Capturée au cours des combats menés sur les hauteurs de Rășina-Peșteana-Tunși, dans la nuit du 3 au 4 novembre 1916, elle réussit à s’échapper, avec des blessures légères. On la retrouve à nouveau dans les combats déroulés près de Bărbătești et Țânțăreni, puis de Filiași, où elle est blessée aux deux jambes par un obus, évacuée et, plus tard, hospitalisée à l’Hôpital militaire Roi Ferdinand de Iași. Tout le monde, la reine Marie la première, l’implore alors de rester derrière le front et d’investir son énergie dans les actions de la Croix rouge. Elle refuse, insistant de reprendre sa place dans une unité de combat. En 1921, lors de l’anniversaire du centenaire de la révolte menée par Tudor Vladimirescu, la dépouille d’Ecaterina Teodoroiu a été transférée à Târgu Jiu, le monument funéraire érigé à cette occasion étant l’œuvre de la sculptrice Miliţa Pătraşcu. Le roi Ferdinand, la reine Marie, l’historien Nicolae Iorga, tout comme le maréchal Alexandru Averescu, commandant de la Première guerre mondiale, avaient tous rendu hommage à la personnalité exceptionnelle d’Ecaterina Teodoroiu. »

    Pour ce qui est de Smaranda Brăescu, à laquelle la Roumanie rend hommage cette année, elle naît en 1897, à Tecuci, dans l’est de la Roumanie. Diplômée de l’Académie des beaux-arts, elle deviendra la première femme pilote, la première parachutiste et la première monitrice de vol à moteur de l’histoire de l’aviation roumaine. Caractère fort et tenace, elle deviendra championne européenne de saut en parachute en 1931, à 34 ans, lors d’un saut réalisé à 6.000 mètres d’altitude, avant de devenir championne mondiale l’année suivante, à Sacramento, aux Etats-Unis, lorsqu’elle réussit un saut de 7.400 mètres, établissant du coup, et pour une vingtaine d’années, le nouveau record mondial. Pour ces exploits, Smaranda Braescu reçut la Grand-croix de l’Ordre du Mérite aéronautique. Ana Maria Sireteanu, arrière-petite-fille de Smaranda Brăescu, remémore sur nos ondes le caractère d’airain de la grande championne. « Dans la ville de Satu Mare, à la suite d’un saut en parachute, elle avait été blessée aux deux jambes. Elle a été opérée et hospitalisée durant 5 mois. Ensuite, 7 mois après l’accident, elle allait gagner le championnat européen, puis le championnat du monde l’année suivante. C’est dire combien elle était une battante, combien son désir de voir hisser les couleurs de son pays sur la plus haute marche du podium mondial était invincible. »

    Durant la Deuxième guerre mondiale, Smaranda Braescu avait rejoint la fameuse « Escadrille blanche » de l’aviation sanitaire, qui avait activé aussi bien sur le front de l’est, contre les Soviétiques, que sur le front de l’ouest, après le mois d’août 44, en Transylvanie, en Hongrie et en Tchécoslovaquie. En 1946, alors que le rouleau compresseur communiste, mis en place en Europe de l’Est par Staline et l’Armée rouge, fraudait les élections en Roumanie, elle avait publiquement dénoncé la fraude électorale, en rédigeant une pétition, aux côtés de 11 autres personnalités. Poursuivie par le pouvoir communiste, elle entre alors dans la clandestinité et trouve asile dans un monastère de Transylvanie. En dépit d’une intervention chirurgicale réalisée clandestinement à la clinique universitaire de Cluj, elle décède d’un cancer du sein le 2 février 1948, à 51 ans. Le lieu de sa dépouille demeure à ce jour inconnu, car Smaranda Brăescu fut enterrée sous un faux nom. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • Femmes et soins de santé dans la Valachie du XVIIIe siècle

    Femmes et soins de santé dans la Valachie du XVIIIe siècle

    Dans les principautés de Valachie et de Moldavie, les premières institutions médicales modernes apparaissent au XIXe siècle. Jusqualors, des gens sans aucune formation spécialisée prodiguaient des soins de santé. Certains exerçaient, en fait, des occupations bien éloignées, puisqu’ils étaient barbiers, guérisseurs, sorcières, sages-femmes ou popes. Cependant, au XVIIIe siècle, une modernisation, bien que timide, des soins de santé s’amorce en Valachie, avec l’ouverture, à Bucarest, de l’hôpital Colțea, premier établissement hospitalier destiné aux pauvres, à l’époque du prince régnant Constantin Brâncoveanu (Brancovan). La première institution d’enseignement médical allait ouvrir ses portes à ce même endroit, mais le siècle suivant : c’était l’École technique de chirurgie de Colțea. Les femmes ne se retrouvaient pas parmi les apprentis-médecins, mais cela ne les empêchait pas d’être très présentes comme guérisseuses dans la vie des communautés depuis la nuit des temps. La chercheuse Mihaela Diana Sprânceană a étudié les archives de l’hôpital et de l’École de chirurgie de Colțea, où elle a trouvé des informations sur la présence des femmes.



    Ce fut la première école médicale des principautés de Valachie et de Moldavie, qui a fonctionné jusqu’en 1852. Les documents archivés ne mentionnent aucun nom de femme-médecin ou chirurgien formée dans cet établissement. On sait que les médecins sortis de cette école avaient suivi leur spécialisation dans le cadre de l’hôpital, où ils ont traité et même opéré de très nombreux patients. De même, à l’époque, les listes publiques des médecins de Valachie ne contiennent que des noms d’hommes. Les femmes, tout comme les barbiers, les guérisseurs et les popes, dispensaient des soins de santé sans avoir suivi une formation médicale. Mais, dans mon opinion, elles ont joué un rôle particulièrement important dans la vie médicale. Elles assumaient souvent le rôle de sage-femme, donc elles assistaient les femmes lors de l’accouchement et surveillaient la mère et son bébé, s’assurant qu’ils sont en vie. La sage-femme était en mesure de savoir si une femme était ou non enceinte, si elle n’était plus vierge ou si elle avait été victime d’un viol.



    Il est vrai que les services des sages-femmes étaient surtout appréciés à la campagne, faute de mieux. En revanche, les femmes de la ville consultaient des médecins ou des chirurgiens formés à l’étranger. Le médecin Dumitru Caracaș, père de Constantin Caracaș, le premier médecin officiel de la ville de Bucarest au XVIIIe siècle, ne voyait pas d’un bon œil l’activité des guérisseuses et plaidait pour la professionnalisation de ce domaine. La chercheuse Mihaela Diana Sprânceană nous fournit davantage de détails sur le médecin Dumitru Caracaș.



    Pour lui, les sages-femmes des paysans ne sont que de vieilles ignorantes, dont la simple présence est plutôt nuisible qu’utile. Et c’est aussi lui qui insiste sur le fait que, lors de l’accouchement, les femmes de la ville sont assistées par de vrais médecins, non pas par des vieilles ou par des sages-femmes sans expérience. Le guérisseur, tout comme la sage-femme, pouvait donner différents remèdes, surtout aux enfants, contre le mauvais œil, aux femmes qui avaient du mal à tomber enceintes ou qui voulaient se débarrasser d’une grossesse. Aucun livre de médecine en roumain n’avait circulé en terre roumaine avant 1760. Donc les femmes qui soignaient les gens utilisaient des remèdes et des recettes passés d’une génération à l’autre. Ce même docteur, Dumitru Caracaș, affirmait que les gens se fiaient aux sorcières et aux vieilles femmes pour soigner les maladies mentales, considérées comme des châtiments divins. Les gens, à l’époque, comme aujourd’hui, refusaient de consulter un médecin pour traiter, par exemple l’épilepsie ou d’autres maladies neuropsychiques.



    Les noms de ces femmes, leurs sobriquets, d’autres détails de leur vie sont quasi inexistants dans les documents d’époque. Leur existence, bien que cruciale, puisqu’elle comblait le manque d’une intervention professionnelle, est restée anonyme. À travers le temps, l’influence de ces femmes a diminué avec le développement de l’enseignement spécialisé. Mais leur activité, bien que fortement diminuée, a continué jusqu’à nos jours, précise la chercheuse Mihaela Diana Sprânceană.



    Malgré le fait que les sources historiques n’ont pas retenu les noms des femmes, sauf certains documents qui mentionnent leurs sobriquets ou leurs prénoms, elles ont joué un rôle très important dans la vie sociale et médicale du XVIIIe siècle. Pourtant, les documents parlent de leur activité intense dans le domaine des soins de santé. À l’époque contemporaine, celles que l’on appelait les vielles femmes ont continué leur activité jusqu’au XXe siècle, y compris après 1968, l’année de l’adoption du décret de Nicolae Ceaușescu qui interdisait l’IVG. Les femmes ont continué à chercher l’aide des vieilles pour se débarrasser d’une grossesse indésirable.



    Ce n’est que vers la fin du XIXe siècle que la première femme-médecin de Roumanie commence son activité professionnelle : c’était Maria Cuțarida-Crătunescu, diplômée de la Faculté de médecine de Montpellier et titulaire d’un doctorat à l’Université de Paris.


    (Trad. : Ileana Tàroi)




  • Quand le basket-ball inspire

    Quand le basket-ball inspire


    La ville de Braşov
    a accueilli récemment l’exposition Supporter, censée mettre en lumière, à
    travers différentes installations artistiques, des figures marquantes du basket-ball
    féminin de Roumanie. Derrière cette initiative on retrouve Flavia Dobrescu, spécialiste
    en Design d’expérience. Appelé souvent DX, ce type de design conçoit des services,
    des produits, des parcours clients et plus généralement des environnements, en
    mettant l’accent sur l’excellence de l’expérience vécue et perçue par ses
    utilisateurs. Flavia Dobrescu :


    « Supporter
    est une exposition interactive qui place au centre le basket-ball de Roumanie.
    On s’est proposé de montrer au public le rôle d’un supporter, la manière dont
    celui-ci s’implique afin de soutenir les sportifs sur le terrain. Cette
    installation artistique est le fruit d’un travail de recherche que nous avons
    mené. On a demandé à des joueuses de basket-ball de choisir un moment quand
    elles se sont senties encouragées par le public et de nous en parler. Leurs
    réponses se retrouvent dans cette exposition qui a aussi un côté interactif.
    Concrètement, on a mis en place un panier intelligent qui, à chaque fois que le
    ballon entre, réagit en indiquant le panneau suivant. De cette manière, les
    visiteurs peuvent découvrir les personnalités du basketball féminin de Roumanie. »


    Où avez-vous
    puisé l’idée d’un tel projet ? Flavia Dobrescu :


    « D’une
    part, parce que moi-même je fais partie des femmes de Roumanie qui font du
    basket-ball, à un niveau amateur. Et du coup, je me suis rendu compte à quel
    point ce sport est difficile pour les femmes. On a du mal à pénétrer dans cet
    univers plutôt masculin et c’est ce qui m’a poussée à vouloir faire quelque
    chose. Mise à part cette première étincelle à la base de ce projet, il convient
    de mentionner que pour faire les installations, on a agi comme une sorte
    d’équipe sportive où chacun avait son rôle : création, documentation, robotique.
    Je voudrais remercier mes collègues de Creative Motion pour leur soutien, et
    toutes ces femmes s’activant dans le domaine du basket-ball féminin de Roumanie
    et qui ont accepté de s’impliquer. Ce fut, après tout, un projet qui a
    privilégié la collaboration entre les gens. »


    Organisée le
    dernier week-end de l’été, l’exposition Supporter de Braşov a fait du lobbying
    en faveur d’une série de noms sonores du basket-ball féminin autochtone,
    affirme Flavia Dobrescu :


    « On a
    présenté dix joueuses, soit des membres de l’équipe nationale ou olympique,
    soit des sélectionneuses ou des managers. On a essayé de les choisir afin de
    couvrir le plus de domaines possibles, justement pour montrer que l’univers de
    ce sport a de multiples facettes. Sur l’ensemble des joueuses, on a eu aussi
    bien des séniores que des juniores, toute une panoplie de personnalités que
    nous avons souhaité présenter. »


    On a invité
    notre interlocutrice à nous raconter l’une des histoires apprises dans le cadre
    de ce projet.


    « Je
    voudrais vous raconter ce qu’Alina Podar du Club Olimpia de Braşov nous a dit.
    Elle a choisi de remémorer un incident lorsque son équipe avait essuyé une
    défaite et que toutes les sportives avaient le moral en berne. Sauf que voilà,
    juste à la fin du match, quand elles déploraient leur défaite, un petit garçon
    est descendu de la tribune et il est venu la voir sur le terrain. Il lui a
    tendu une petite paire de baskets et un feutre, en lui demandant d’y apposer sa
    signature, car, avait-il dit, il l’avait considérée la meilleure
    . »


    Organisée
    seulement à Braşov, l’exposition – installation Supporter cherche à présent des
    solutions pour devenir itinérante, précise Flavia Dobrescu :


    « Pour
    l’instant, cette exposition a figuré à l’affiche du Festival AMURAL organisé fin
    août, à Braşov. Du coup, l’événement a fermé ses portes une fois le festival
    fini. Mais nous, on voudrait bien pouvoir présenter ces installations à
    d’autres personnes aussi. Par exemple, on aimerait bien sortir un peu de la
    bulle des sportifs pour rejoindre un public pas forcément en rapport avec
    l’univers du basket-ball. On cherche donc de nouveaux espaces d’exposition. Cette
    attitude de décourager les femmes à faire un sport, ne serait-ce qu’au niveau
    amateur, je l’ai souvent rencontrée. Je la vois dans les écoles, sur les
    terrains de sport, là où le plus souvent, le professeur demande aux garçons de
    jouer au basket-ball ou au football et aux filles, de se tenir à l’écart. Voilà
    pourquoi je me dis qu’il serait important que nos idées soient assimilées au
    niveau institutionnel aussi, et mises en œuvre dans les écoles. »


    Les festivals
    d’arts visuels ont le don de nous faire changer de perception, en encourageant
    les artistes à trouver de nouvelles formes d’expression pour provoquer de
    l’émotion. (Trad. Ioana Stancescu)







  • Afghanistan, 20 ans plus tard

    Afghanistan, 20 ans plus tard

    Pour rappel, les troupes américaines et leurs alliés de l’OTAN étaient intervenus peu après et en réponse aux attentats du 11 septembre 2001, et ont achevé leur retrait total fin août. Le retrait annoncé des troupes étrangères avait été accueilli dans la liesse par les militants islamistes, ce qui, avec la dégradation accélérée de la situation sur le terrain, continue de questionner sur l’avenir du pays. Cette évolution était-elle prévisible ? Décodage de la situation afghane avec l’analyste militaire Radu Tudor, invité sur les ondes de Radio Roumanie :



    « Elle était tout à fait prévisible. Cette mission, que je considère à succès pendant plus de 20 années, d’abord sous commande américaine, lorsqu’elle s’appelait Enduring Freedom, impliquant par la suite l’ONU et la coordination de l’OTAN, cette mission donc était parvenue à éliminer la présence d’Al-Qaïda sur le terrain. Elle était parvenue à éliminer le cerveau des attentats du 11 septembre, Oussama ben Laden. Et enfin, et c’est l’élément le plus important peut-être, elle était arrivée à offrir une certaine stabilité et prospérité, un certain accès aux bienfaits de la modernité à la société afghane. Eh bien, cette mission s’était finalement heurtée à un plan de retrait extrêmement mal ficelé. Il s’agit des décisions peu réfléchies prises par les deux dernières administrations américaines, tant celle de M Trump que celle de M Biden. Des décisions irréfléchies, et qui ont eu pour effet d’instiller un sentiment d’échec dans le chef de l’opinion publique. On constate l’émotion ressentie par l’opinion devant les images et les nouvelles en provenance d’Afghanistan. C’est la fin malheureuse d’une mission, certes très difficile, mais nécessaire, et avec un bon bilan pour la stabilisation de l’Afghanistan. Voyez-vous, l’effroi que la poussée des talibans inspire ne fait que réconforter l’idée qu’il s’était agi d’une guerre qu’il fallait mener. Mais la réalité, c’est qu’il fallait aussi y mettre un terme un jour. Il ne s’agit pas seulement du prix de cette mission, du coût en vies humaines, en termes militaires et financiers, mais aussi du fait qu’il fallait laisser l’Afghanistan prendre son sort entre ses propres mains ».



    Certes, des alternatives existaient à la formule de retrait choisie par l’administration américaine. Le président Biden aurait pu prolonger le mandat de ses troupes, par exemple jusqu’au mois de septembre 2022, et conditionner ce retrait par un accord scellé entre le gouvernement afghan et les talibans, comme l’affirme Nargis Nehan, ancienne membre du gouvernement de Kaboul, renversé par les talibans. Elle ne se prive pas de charger l’administration américaine, qualifiant d’« irresponsable » le plan de retrait mis en œuvre. Et de poursuivre, dans l’interview qu’elle avait donnée à l’AFP, 6 jours après s’être échappée d’Afghanistan, je cite : « Les Etats-Unis ont bien été capables d’y rester pendant 20 ans. Une année de plus ou de moins n’aurait pas eu d’impact, d’un point de vue financier et politique, pour les Américains ».



    Nargis Nehan déplore ce qu’elle appelle le gaspillage de plus de 2 000 milliards de dollars et de tant de vies humaines, qui représente le coût de l’opération payé par la communauté internationale en Afghanistan. Et de renchérir : « Le sentiment d’avoir été abandonnés, ignorés, trahis, tout cela ne fait qu’accroître la rancune envers la communauté internationale. Et je crains que cela ne renforce l’extrémisme en Afghanistan », avait-elle poursuivi.



    Pour sa part, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avertit : « Une catastrophe humanitaire pointe à l’horizon », tirant la sonnette d’alarme devant la menace d’un effondrement total des services de base dans le pays. Le patron de l’ONU rappelle dans le contexte que, je cite, « près de la moitié de la population afghane dépend de l’aide humanitaire pour sa survie », et que « les enfants, les femmes et les hommes d’Afghanistan ont besoin plus que jamais de la solidarité de la communauté internationale ».



    Quant aux talibans, ils s’étaient engagés à garantir la sécurité des équipes d’aide humanitaire dans le pays, ainsi que l’accès de l’aide humanitaire. Ils avaient par ailleurs clamé à cor et à cri vouloir fonder un régime qui soit reconnu tant par la communauté internationale que par le peuple afghan. Dans sa première intervention suivant la prise du pouvoir, un des porte-paroles des talibans a déclaré que la liberté de la presse et le droit des femmes seraient respectés, selon les préceptes de la loi islamique, sans plus de précisions sur ce que cela représentera dans les faits. Il est vrai que les restrictions imposées par les talibans aux femmes s’étaient relaxées dès 2001, alors même que la communauté internationale poursuivait toujours la guerre contre le pouvoir taliban de l’époque. Le droit des femmes, promu par ladite communauté, avait été consolidé par la suite dans les textes, durant ces 20 ans. En 2009, la législation visant l’élimination de la violence faite aux femmes avait mis hors la loi le viol, le mariage forcé, ouvrant grand aux femmes les portes des universités et du marché du travail. Mais aujourd’hui, les femmes afghanes craignent que les droits acquis durant ces 20 années ne soient jamais recouvrés, en dépit des déclarations des talibans selon lesquelles « les écoles seront ouvertes, et les filles et les femmes iront à l’école, en tant qu’enseignantes et en tant qu’élèves ».



    Entre temps, l’Europe s’attend à une migration afghane qui mettra à rude épreuve ses capacités d’accueil, mettant sous pression les systèmes publics. La crise de 2015, lorsque l’Europe a dû faire face à l’assaut des réfugiés clandestins chassés par la guerre de Syrie, est encore dans toutes les mémoires. Et même si les deux situations ne sont pas comparables, l’Europe doit s’organiser, demeurer vigilante face aux risques terroristes que la prise du pouvoir par les talibans en Afghanistan ne fait que renforcer.


    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Les femmes du goulag roumain

    Les femmes du goulag roumain

    Bien que la femme ait toujours été bien présente dans la grande Histoire, sa trace fut souvent ignorée par l’historiographie. Les femmes ont pourtant vécu, à l’instar des hommes, les mêmes tragédies au 20e siècle, souffrant le même calvaire que leurs comparses masculins dans les prisons communistes. L’une des figures féminines les plus impressionnantes est sans doute celle de l’enseignante Iuliana Preduț, membre de la famille de Toma Arnăuțoiu, leader des partisans anticommunistes qui ont activé dans les monts Făgăraș pendant plus d’une décennie, dès la fin des années 1940. En 1958, l’enseignante Iuliana Preduț, accusée d’avoir soutenu la résistance anticommuniste et les groupes de partisans retranchés dans les montagnes, sera arrêtée dans l’école même, où elle enseignait, et embastillée, avec toute sa famille. Enceinte de 6 mois au moment de son arrestation, elle sera incarcérée dans la très redoutée prison de Văcărești, où elle accouchera d’une fille, prénommée Libertatea Justina, soit, Liberté Justice en français.

    C’est en 2001 que le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine a eu le privilège d’enregistrer une interview avec l’héroïne d’autrefois. Ecoutons-la : « Ils m’avaient mise dans la cellule n° 116 et puis, pour me rendre la vie misérable, ils m’avaient carrément enfermée dans une toilette à la turque, vous savez, des celles qui ont des trous dans le sol. Il y avait six trous creusés dans le sol, et en-dessous le grand trou, déjà tellement rempli qu’il débordait. L’odeur fétide de l’endroit, puis le voyage tellement pénible que j’avais dû faire lorsque l’on m’avait transférée du poste de la Sécuritaté de Piteşti vers le fameux pénitentiaire de Văcăreşti, tout cela m’avait énormément affaibli. J’avais faim, j’avais mal partout, mais j’avais surtout faim. C’était atroce, je pensais que j’allais m’évanouir. À la fin, je me suis laissé choir dans l’urine qui recouvrait le sol. Je n’en pouvais plus. »

    Iuliana Preduț lutte contre la peur, l’effroi, contre le sort, contre la machine infernale de la répression communiste. Seule dans sa cellule, prête à mettre au monde sa petite fille :« Finalement, j’étais parvenue à m’étendre sur un lit. Mais je sentais le regard des gardes de l’autre côté de la porte, à travers le judas. Cela étant, j’avais rassemblé quelque peu mes forces et jeté un coup d’œil autour de moi. C’était atroce. Il y avait des lits superposés jusqu’au plafond, et tout était sens dessus dessous. Sur le plancher, il y avait des traces de sang encore rouge, puis des morceaux de coton, des restes et même des excréments. Je naviguais en plein cauchemar. J’avais peur, d’autant que j’entendais de drôles de bruits en provenance du hall. Il y avait comme une sorte de râle d’homme, entrecoupé par un bêlement de mouton, et puis comme des cris de grand fauve. J’étais transie. Le bébé se débattait dans mon ventre, c’était comme s’il voulait s’échapper de ce cauchemar. J’ai lâché prise, j’avais commencé à pleurer, et je ne pouvais plus m’arrêter ».

    Mais, au fin fond du désespoir, Iuliana Preduț entrevoit la lumière de l’espoir :« La peur me torturait tant, que j’avais commencé à prier le Seigneur, lui demandant de mettre fin à mes jours. Je savais que c’était un pêché, parce que je portais en moi une autre vie qui avait le droit de vivre, mais je n’en pouvais plus. Et puis, d’un coin obscur de la pièce surgit d’un coup un rayon de lumière, un rayon éblouissant, qui m’aveugla et, au-dessus, la Vierge, endeuillée, qui me dit : « N’aie pas peur. Pourquoi avoir peur ? Je suis avec toi. » Elle a disparu ensuite, tout comme elle était venue. Mais j’avais été tout de suite gagnée par une paix intérieure profonde, comme par une sorte de béatitude. Le bébé a cessé à son tour de bouger, mes larmes ont séché comme par enchantement, et même le regard que je portais sur cette cellule terrifiante avait changé. Je n’en voyais plus qu’une cellule de prison banale, où l’espoir devait vaincre la peur et la souffrance. Et avec mes forces retrouvées, j’avais commencé à ranger cette pièce, j’avais ramassé les restes, les couvertures ensanglantées, les fèces qui empestaient par terre, j’avais porté tout ça vers un bout de la pièce, pour essayer de m’aménager un petit coin tant soit peu correct. »

    L’extase mystique aidera Iuliana Preduț à sortir de l’ornière. Un homme, qui avait conservé son humanité, l’aidera : « J’aurais voulu me laver les mains, mais il n’y avait pas d’eau. Je n’osais pas toquer à la porte. Je connaissais les règles, je savais que je risquais d’essuyer un refus, voire pire. Mais voilà que le judas s’ouvre doucement, et qu’un gardien y pousse à travers un bol d’eau. Comme s’il m’invitait à boire. Puis il referme doucement le judas, sans bruits. Je me lave mes mains, ensuite me suis rassise au bord du lit. J’entends la voix du même homme. Il m’appelle, il demande le bol. Je le lui tends, et il y verse du lait. Je n’en avais plus vu depuis qu’ils m’avaient arrêtée. Et il me demande ce que j’avais vu. Il m’avait observée à travers le judas, il avait vu l’effroi, la panique qui m’avait gagnée au départ, puis il avait remarqué que j’avais d’un coup cessé de m’affoler. Je lui ai raconté ma vision, la Sainte Vierge. Et ses yeux se remplirent de compassion. J’avais vu ça à travers le judas, j’avais pu déceler cela. Et je lui ai alors demandé l’origine de ces bruits affreux qui n’avaient jamais cessé. Il m’avoua qu’on se trouvait dans une aile de la prison qui faisait office de mouroir ».

    Iuliana Preduț a survécu à la prison, et même au régime communiste. Elle a survécu pour pourvoir témoigner et donner la mesure de la barbarie dont les hommes ont été capables au 20e siècle. (Trad. Ionuţ Jugureanu)

  • Les femmes et les effets de la pandémie

    Les femmes et les effets de la pandémie

    On sait déjà que la pandémie et les restrictions imposées pour l’endiguer ont surtout affecté les groupes vulnérables, notamment les familles pauvres des zones rurales. Les femmes, qui subissaient déjà l’iniquité salariale et la double journée de travail, ont elles aussi souffert en cette période. Selon une récente étude réalisée par l’entreprise de sondages FRAMES, les femmes ont ressentie une charge de travail plus importante qu’auparavant. Sept femmes sur dix ont affirmé que la pandémie avait changé leur mode de vie et 64% d’entre elles considèrent avoir été affectées par les mesures de confinement. Adrian Negrescu, le représentant de FRAMES, nous a révélé d’autres conclusions de cette étude :« Pour 58% des femmes, le télétravail a été une corvée, car on n’était pas vraiment préparés pour travailler à la maison. Les gens n’avaient pas d’ordinateur ou de webcam, ou de connexion Internet haut débit. En plus, travailler dans un petit appartement, avec les enfants et les autres membres de la famille à proximité, rend la concentration très difficile et limite la productivité. C’est intéressant de constater que le télétravail a été une mesure positive pour seulement 26% des femmes. »

    Dans les campagnes et dans d’autres zones défavorisés, le confinement n’a pas été synonyme de télétravail, mais d’accentuation des fragilités économiques et psychologiques. Centrul FILIA, une ONG dédiée à la protection des droits des femmes, a surveillé de près leur condition durant la pandémie, explique la directrice générale de l’association, Andreea Rusu :« Les femmes du milieu rural avec lesquelles nous travaillons ont été contraintes de quitter leur travail à l’étranger ou d’arrêter leur travail journalier. Elles ont dû rester chez elles avec les enfants qui n’allaient plus à l’école. De même, leurs conjoints n’ont pas pu continuer à travailler et n’ont plus eu de revenu. C’est bien connu que beaucoup de gens du milieu rural travaillent au noir ou sur des contrats à durée déterminée. Donc c’est devenu bien plus compliqué d’acheter des produits d’hygiène et des aliments. Durant l’état d’urgence de mars-avril 2020, à l’échelle nationale, deux tiers des personnes à avoir réclamé l’allocation chômage étaient des femmes. Cela montre bien qu’une crise sanitaire de ce type est aussi une crise économique et sociale, et les femmes sont les premières à en être affectées. Si les enfants ne vont plus à l’école ou si des membres de la famille tombent malades, ce sont les femmes qui s’en occupent. Et elles n’ont pas le temps de faire les deux, travailler et prendre soin de la famille. À présent, la situation des femmes est donc encore plus précaire, elles sont encore plus dépendantes de leurs partenaires d’un point de vue économique. »

    Par ailleurs, c’est la relation de couple qui a été mise à l’épreuve durant cette dernière année. Adrian Negrescu revient sur les conclusions de l’étude réalisée par FRAMES :« 64% des femmes ont affirmé que le fait de rester à la maison les a fait mieux connaître leur partenaire. Nous savons bien qu’avant la pandémie de Covid-19, le travail était le principal souci tant des hommes que des femmes. Souvent, ils se rencontraient le soir et les weekends. Leur interaction était quelque part limitée, alors que là, travaillant et vivant l’un à côté de l’autre 24 heures sur 24, sept jours sur sept, ils ont commencé à remarquer des choses qu’ils ne voyaient pas avant. Cela a influencé la perception qu’ils avaient de leur partenaire, ce qui a uni certains et, malheureusement, séparé d’autres. C’est pourquoi il y a eu tellement de divorces en 2020 et cette tendance continue en 2021. Les Roumains divorcent plus qu’avant la pandémie, à cause des différends et des différences de perception entre les femmes et les hommes. »

    La pandémie de Covid-19 a également affecté la relation mère-enfant. En mars 2020, la maison est devenue, d’un coup, école, bureau et foyer. Malgré les difficultés, le rapprochement des enfants a été bénéfique pour certaines femmes, observe Adrian Negrescu :« Les femmes qui sont déjà mères se sont davantage rapprochées du monde des enfants. Avec l’école en ligne, les parents et les enfants ont passé plus de temps ensemble. Certaines mères ont littéralement découvert leurs enfants, elles ont vu des choses qu’elles ignoraient auparavant, faute de temps. Autre fait démontré par l’enquête : 54% des femmes sans enfants disent vouloir tomber enceintes mêmes dans le contexte difficile de la pandémie. On peut conclure que les femmes ont davantage découvert un désir d’enfant durant cette période. »

    Par ailleurs, une recherche entreprise par Centrul FILIA montre que les femmes auraient eu besoin d’un coup de main supplémentaire. Andreea Rusu, la directrice de l’ONG précise :« On aurait dû offrir une alternative aux femmes qui avaient des difficultés à travailler depuis chez elles, à côté de leurs enfants. Les autorités ont mis en place différentes aides, comme le chômage partiel, par exemple, mais cela a été insuffisant. Lors de l’enquête, beaucoup de femmes nous ont avoué qu’elles avaient dû travailler la nuit ou bien qu’elles avaient préféré se mettre en arrêt maladie car elles n’arrivaient pas à assurer les tâches ménagères. Depuis le début de la pandémie, les femmes subissent un stress accru et travaillent davantage. L’équilibre entre vie privée et vie professionnelle a été très difficile à trouver pour beaucoup d’entre elles. »

    La santé a été une autre raison d’inquiétude pour les gens, mais l’accès aux soins médicaux a été difficile à cause de la priorité donnée aux cas de Covid-19. Le bon côté des choses, c’est que la pandémie a montré l’importance de la prévention, un aspect négligé par la plupart des Roumains et des Roumaines, précise Adrian Negrescu : « Les femmes font de plus en plus attention à leur santé et c’est une bonne chose. Avant la pandémie, 61% d’entre elles disaient aller voir un médecin lorsque le besoin de faisait ressentir, 21% allaient une fois par an et 11% faisaient des examens médicaux trimestriels. En 2021, la santé est devenue une priorité pour 83% de nos répondantes. Il s’agit là d’examens périodiques. Avec la pandémie, les femmes ont voulu aller chez le médecin pour vérifier qu’elles n’avaient pas des soucis de santé, autres que ceux déjà connus. »

    Bien évidemment, à toutes les difficultés déjà citées, s’ajoute la multiplication des cas de violence domestique, observée dans toute l’Union européenne, notamment durant les périodes de confinement. (Trad. Elena Diaconu)

  • “Désobéissantes” paru chez Belleville Editions

    “Désobéissantes” paru chez Belleville Editions

    Elles sont rebelles, elles sont courageuses, elles sont
    fières d’être femmes, elles sont prêtes à se battre pour accomplir leurs rêves,
    elles sont donc Désobeissantes. C’est ce mot que Sidonie Mézaize-Milon et
    Oana Calen ont employé pour traduire en roumain Nesupusele, titre d’un projet littéraire en deux volumes mené par
    cinq écrivaines de littérature jeunesse, de Roumanie. La traduction en français
    de ce livre signé Adina Rossetti, Victoria Pătraşcu, Iulia Iordan, Laura
    Grunberg et Cristina Andone est désormais disponible, grâce aux Belleville Editions. Date de la parution: le
    19 novembre dernier. Une émission de Ioana Stancescu, avec la traductrice
    Sidonie Mézaize-Milon et l’éditrice, Dorothy Aubert.

  • 08.03.2021

    08.03.2021

    Vaccination – Le premier ministre roumain, Florin Cîţu, a demandé au coordonnateur de la campagne nationale de vaccination, Valeriu Gheorghita et au ministre de la Santé Vlad Voiculescu, d’entamer les préparatifs pour que la 3e étape d’immunisation commence plus vite, vu qu’au mois de mars, la Roumanie recevra 2,6 millions de doses de vaccin contre la Covid, une quantité supérieure à celle prévue initialement. Le chef du gouvernement a opiné qu’il était tout à fait normal que dans les zones où il y a des places libres, la dernière étape de l’immunisation qui vise la population générale soit démarrée. Plus 1,16 millions de personnes ont été vaccinées jusqu’ici en Roumanie, principalement avec des produits de Pfizer-BioNTech, mais aussi avec des vaccins de Moderna et d’AstraZeneca. Par ailleurs près de 3300 nouveaux cas de Covid ont été dépistés les dernières 24 heures. Quelque 1100 malades sont actuellement hospitalisés dans les unités de réanimation. Plus de 828 mille cas de personnes infectées au nouveau coronavirus ont été recensés depuis le début de la pandémie en Roumanie, dont 90% ont guéri. Le nombre total des décès touche déjà les 21 mille. Conformément à un ordre commun des Ministères de l’Education et de la Santé, les élèves des classes terminales continueront à se rendre à l’école dans le scénario rouge aussi, mais dans un système mixte, une moitié en présentiel et l’autre moitié enligne. Cette mesure s’appliquera jusqu’à un taux d’incidence de 6 cas de Covid 19 par mille habitants.

    Restrictions – Le ministère roumain de l’Intérieur envisage de majorer les effectifs des forces de l’ordre en charge du respect de la loi à Bucarest à Timisoara, dans l’ouest, des villes où des nouvelles restrictions visant à combattre la pandémie de Covid 19 sont entrées en vigueur ce lundi. La ville de Timisoara, ainsi que plusieurs communes du département de Timis sont désormais en quarantaine depuis lundi à minuit, à cause de la progression du nombre de cas de coronavirus dépistés. A Bucarest, les restaurants, bars et cafés ont dû fermer. Les nouvelles restrictions viennent s’ajouter à celles qui existent déjà dans d’autres villes aussi qui sont depuis un certain temps en zone rouge, où le taux d’incidence est supérieur à trois cas par mille habitants.

    8 mars – La Roumanie est en première place en UE pour ce qui est des femmes qui occupent des positions au sommet dans les entreprises, selon un communiqué d’un Centre d’affaires développé par des femmes qui cite un rapport Eurostat. 34% des cadres de direction qui dirigent des affaires en Roumanie sont des femmes, selon cette étude et plus de 500 mille entreprises actives en Roumanie ont comme actionnaire principal une femme. Au niveau de toute l’Europe les femmes comptent pour 37% des managers d’entreprise, 28% des membres de Conseils directeurs sont des femmes qui occupent également 18% des postes de hauts dirigeants. Le parlement européen célèbre aujourd’hui la Journée internationale de la femme dans le cadre d’une réunion du plénum ce 8 mars. Dans un débat sur le thème « Femmes en première ligne et leçons apprises dans la gestion de la crise », des femmes leaders politiques, travailleurs dans le domaine de la santé et experts en égalité de genre feront part de leurs expériences personnelles et des bonnes pratiques d’émancipation des femmes durant des crises.

    Film – Le long-métrage « Bad luck banging » du réalisateur roumain Radu Jude a décroché à la fin de la semaine dernière l’Ours d’or du meilleur film à la 71e édition du Festival international de Berlin. Le film examine les rapports entre l’individu et la société, avec pour point de départ les suites qu’un clip porno amateur d’une professeure de collège roumain téléchargé vers l’amont sur un site spécialisé engendre dans la vie de cette dernière.

    Coronavirus dans le monde – L’Union européenne commence aujourd’hui des négociations avec les Etats Unis pour s’assurer l’approvisionnement avec des composantes américaines aux vaccins contre la Covid 19, soumises actuellement par Washington à des restrictions d’exportations sévères. L’idée est de travailler de maniere coordonnée pour qu’il n’y ait pas de goulet d’étranglement pour les fabricants européens de vaccins, écrit l’AFP qui cite des sources européennes. Parmi les composants concernés figurent des sacs destinés aux cuves (fabriqués dans l’UE par des entreprises américaines ou par des sites de sociétés européennes aux Etats-Unis), mais aussi les nanolipides nécessaires aux vaccins a ARN messager, les fioles ou encore les seringues. Par ailleurs, à partir d’aujourd’hui en Hongrie de nouvelles restrictions ont été introduites. La majorité des magasins fermeront pour les prochains deux semaines, mais les magasins alimentaires, les pharmacies, les stations service, les animaleries, les bureaux à tabac et les succursales bancaires resteront ouvertes. En échange, au Royaume Uni plusieurs mesures de relâchement entrent en vigueur aujourd’hui. Plusieurs millions d’enfants rentrent dans les bancs des écoles qui ont été fermées les deux derniers mois. L’Israël est à rentré à la normale ce dimanche avec un dé-confinement institué 15 jours avant les nouvelles élections nationales. Dans le monde près de 117,4 millions de personnes ont été infectées au nouveau coronavirus. Le bilan mortel de la pandémie fait état de 2,6 millions de décès et 93 millions de malades ayant guéri, depuis une année.

    Météo – Temps généralement beau en Roumanie, avec des températures à la hausse notamment sur la moitié sud du territoire. Des précipitations sont signalées sur le nord. Le mercure des thermomètres ira de 4 à 14 degrés.

    Tennis – Plusieurs sportives roumaines figurent aujourd’hui au tableur principal du tournoi de tennis de Dubai. Ana Bogdan (100 WTA) a perdu contre la Tchèque Marketa Vondrousova (20 WTA). Sorana Cîrstea (67 WTA) affronte l’Ukrainienne Lesia Tsurenko (142 WTA), et Irina Begu (72 WA) est la Roumanie qui affronte l’adversaire la plus redoutable – Garbine Muguruza (16 WTA) din Spania. Enfin Patricia Țig (61 WTA) affronte la lettone Jelena Ostapenko (51 WTA).

  • 07.03.2021 (mise à jour)

    07.03.2021 (mise à jour)

    Covid – Plus d’un
    1,6 millions de Roumains se sont fait vacciner en Roumanie contre le coronavirus,
    la plupart avec des vaccins produits par Pfizer, Moderna et AstraZénéca. Par
    ailleurs, quelque 3 300 nouveaux cas de contamination au coronavirus ont été
    rapportés dimanche par le Groupe de communication stratégique. 1 100 patients
    positifs sont actuellement soins intensifs. Depuis le début de la pandémie en
    mars 2020, la Roumanie a rapporté plus de 828.000 cas de Covid-19, dont 90%
    guéris et plus de 20 900 décès.


    Ecoles – Vu la multiplication des cas de contamination en Roumanie, ces
    derniers jours, les autorités préparent de nouveaux des scénarios pour les
    écoles roumaines en fonction de la situation épidémiologique. Selon un ordre
    commun émis par les ministères de la Santé et de l’Education, les élèves
    en année terminale de collège et de lycée et ceux du primaire continueront à se
    rendre à l’école même dans le scénario rouge, où la ville enregistre plus de 3
    cas par mille habitants en 14 jours. Les collégiens et les lycéens le feront
    quand même en système mixte, c’est-à-dire que la moitié de la classe sera
    présenté dans la salle, alors que les autres resteront en ligne. Au moment où
    le taux d’incidence des infections dépasse les 6 cas par mille habitants, tous
    les élèves feront des cours en ligne. Ces décisions ont été prises dans le
    contexte où, plusieurs départements du pays affichent un taux de contamination
    de plus de trois cas par mille habitants, passant donc au scénario rouge. Il
    s’agit de Timiş, dans l’ouest, de Maramureş et de Cluj, les deux dans le
    nord-ouest, d’Ilfov, dans le sud, et de Braşov, dans le centre. S’y ajoute
    Bucarest, la capitale, où le taux d’incidence des contaminations au coronavirus
    a dépassé vendredi les 3 cas par mille habitants. La capitale retourne donc au
    scénario rouge qu’elle avait quitté le 20 janvier. Par conséquent les
    restaurants et les cafés ne pourront plus accueillir les clients à l’intérieur.
    Toujours à Bucarest, quelques centaines de personnes ont protesté dimanche contre
    le projet de la vaccination en débat actuellement au Parlement.


    Hôpitaux – Plusieurs nouveaux hôpitaux seront construits en Roumanie dans les 4
    années à venir à l’aide de fonds européens, a promis le premier ministre
    libéral Florin Cîţu. Il souhaite que la réalisation de cette priorité devienne
    la marque de son cabinet. Il faut que les nouveaux hôpitaux soient finalisés
    avant 2026, c’est la condition pour accéder aux fonds européens. C’est valable d’ailleurs
    pour tous les projets réalisés via le Plan national de redressement et de
    résilience, par lequel la Roumanie pourrait bénéficier de 30 milliards d’euros.
    Qui plus est, le mécanisme de paiement sera simplifié dans le cadre de ce Plan,
    promet encore le premier ministre, de sorte qu’il soit plus transparent et
    « différent de tout ce qui a été fait jusqu’ici à l’aide des fonds
    européens ». Des entités privées pourront y déposer leurs candidatures aux
    côtés des compagnies et institutions publiques. Par ailleurs, Florin Cîţu a
    fait savoir récemment, que 9% du budget du Plan national de redressement et de
    résilience serait alloué à l’Education et que près de 3 milliards d’euros
    seraient destinés à la Santé.








    Femmes – Le taux des femmes au sein des parlements nationaux des Etats membres
    de l’UE a augmenté de 21% en 2004 à 33% en 2020, apprend-on dans une étude
    d’Eurostat. Bien qu’il existe une variation considérable de la présence de
    femmes d’un pays à l’autre, elles ne sont majoritaires au sein d’aucun
    parlement de l’espace communautaire. En 2020, la plus grande présence des
    femmes au sein du législatif était enregistrée en Suède (près de 50%), puis en
    Finlande (46%) et en Belgique (42%). Au pôle opposé l’on retrouve la Hongrie et
    Malte (les deux avec 13%) et la Roumanie et la République tchèque (20%). Pour
    ce qui est des gouvernements européens, c’est la Finlande qui compte le plus
    grand nombre de femmes ministres (55%), suivie par l’Autriche (53%), la Suède
    (52%) et la France (51%). En Roumanie, les femmes ministres ne comptaient
    l’année dernière que pour 17% du gouvernement.



    Tennis – Plusieurs sportives roumaines
    participent au tournoi de tennis de Dubaï, qui démarre ce dimanche. Ana Bogdan et
    Irina Begu se retrouvent au tableau principal suite aux victoires obtenues dans les qualifications. S’y ajoutent Sorana Cîrste et Patricia Tig qui ont accédé directement au tableau principal.Elles participent aussi à l’épreuve de double, ayant pour partenaires des joueuses d’autres pays. A noter aussi
    que la gagnante de l’année dernière, Simona Halep (n°3 mondiale) ne participe
    pas cette année au tournoi de tennis de Dubaï.




    Météo – Le beau temps persiste en
    Roumanie dans les 24 prochaines heures. Le ciel sera couvert par endroits. Les
    maxima seront légèrement à la hausse et iront jusqu’à 11 degrés à Bucarest.



  • 07.03.2021

    07.03.2021

    Covid – Plus d’un
    million 100 mille Roumains se sont fait vacciner en Roumanie contre la
    Covid-19, la plupart avec des vaccins produits par Pfizer, Moderna et
    AstraZénéca. Par ailleurs, quelque 3 300 nouveaux cas de contamination au
    coronavirus ont été rapportés dimanche par le Groupe de communication
    stratégique. Un 1100 patients positifs sont hospitalisés en
    Réanimation, soins intensifs. Depuis le début de la pandémie en
    mars 2020, la Roumanie a rapporté 828.000 cas de Covid-19, dont 90% guéris et
    20 900 décès.


    Ecoles – Vu la multiplication des cas de contamination en Roumanie, ces
    derniers jours, les autorités préparent de nouveaux des scénarios pour les
    écoles roumaines en fonction de la situation épidémiologique. Selon un ordre
    commun émis par les ministères de la Santé et de l’Education, les élèves
    en année terminale de collège et de lycée continueront à se rendre à l’école
    même dans le scénario rouge, où la ville enregistre plus de 3 cas par mille
    habitants en 14 jours. Ils le feront quand même en système mixte, c’est-à-dire
    que la moitié de la classe sera présenté dans la salle, alors que les autres
    resteront en ligne. Au moment où le taux d’incidence des infections dépasse les
    6 cas par mille habitants, tous les élèves feront des cours en ligne. Le port
    du masque de protection reste obligatoire, à l’exception des classes de musique
    où l’on étudie les instruments à vent et des classes d’éducation physiques
    tenues en plein air.

    Ces décisions ont été prises dans le contexte où, plusieurs départements
    du pays affichent un taux de contamination de plus de trois cas par mille
    habitants, passant donc au scénario rouge. Il s’agit de Timiş, dans l’ouest, de
    Maramureş et de Cluj, les deux dans le nord-ouest, d’Ilfov, dans le sud, et de
    Braşov, dans le centre. S’y ajoute Bucarest, la capitale, où le taux
    d’incidence des contaminations au coronavirus a dépassé vendredi les 3 cas par mille
    habitants. La capitale retourne donc au scénario rouge qu’elle avait quitté le
    20 janvier. Face à la recrudescence alarmante des cas de contamination, la
    ville de Timisoara et quatre communes du même département seront confinées à
    partir de ce dimanche.


    Hôpitaux – Plusieurs nouveaux hôpitaux seront construits en Roumanie dans les 4
    années à venir à l’aide de fonds européens, a promis le premier ministre
    libéral Florin Cîţu. Il souhaite que la réalisation de cette priorité devienne
    la marque de son cabinet. Il faut que les nouveaux hôpitaux soient finalisés
    avant 2026, c’est la condition pour accéder aux fonds européens. C’est valable d’ailleurs
    pour tous les projets réalisés via le Plan national de redressement et de
    résilience, par lequel la Romanie pourrait bénéficier de 30 milliards d’euros.
    Qui plus est, le mécanisme de paiement sera simplifié dans le cadre de ce Plan,
    promet encore le premier ministre, de sorte qu’il soit plus transparent et
    « différent de tout ce qui a été fait jusqu’ici à l’aide des fonds
    européens ». Des entités privées pourront y déposer leurs candidatures aux
    côtés des compagnies et institutions publiques. Par ailleurs, Florin Cîţu a
    fait savoir récemment, que 9% du budget du Plan national de redressement et de
    résilience serait alloué à l’Education et que près de 3 milliards d’euros
    seraient destinés à la Santé.








    Femmes – Le taux des femmes au sein des parlements nationaux des Etats membres
    de l’UE a augmenté de 21% en 2004 à 33% en 2020, apprend-on dans une étude
    d’Eurostat. Bien qu’il existe une variation considérable de la présence de
    femmes d’un pays à l’autre, elles ne sont majoritaires au sein d’aucun
    parlement de l’espace communautaire. En 2020, la plus grande présence des
    femmes au sein du législatif était enregistrée en Suède (près de 50%), puis en
    Finlande (46%) et en Belgique (42%). Au pôle opposé l’on retrouve la Hongrie et
    Malte (les deux avec 13%) et la Roumanie et la République tchèque (20%). Pour
    ce qui est des gouvernements européens, c’est la Finlande qui compte le plus
    grand nombre de femmes ministres (55%), suivie par l’Autriche (53%), la Suède
    (52%) et la France (51%). En Roumanie, les femmes ministres ne comptaient
    l’année dernière que pour 17% du gouvernement.


    Tennis – Plusieurs sportives roumaines
    participent au tournoi de tennis de Dubaï, qui démarre ce dimanche. Ana Bogdan
    se retrouve au tableau principal après avoir dépassé dans les qualifications la
    Russe Kamilla Rakhimova. S’y ajoutent Sorana Cîrstea et Patricia Tig.Cette dernière aura pour adversaire la Lettone Jelena
    Ostapenko. Enfin, Irina Begu peut devenir la 4e représentante de la
    Roumanie dans cette compétition si elle obtient une victoire face à
    l’Autrichienne Barbara Haas. A noter aussi que la gagnante de l’année dernière,
    Simona Halep (n°3 mondiale) ne participe pas cette année au tournoi de tennis
    de Dubaï.




    Météo – Nous avons une belle journée
    ensoleillée ce dimanche un peu partout en Roumanie. Le ciel n’est couvert que
    par endroits que le sud et le sud-est. Les maxima de la journée iront de 3 à 9
    degrés. 7 degrés et du soleil à midi à Bucarest.




  • La violence domestique par temps de pandémie

    La violence domestique par temps de pandémie

    Depuis
    le début de la pandémie et la mise en place des premières restrictions de
    circulation, au printemps dernier, la violence domestique a escaladé partout
    dans le monde. La Roumanie n’y a pas fait exception. En fait, dans le contexte
    de la pandémie, les femmes en difficulté ont dû relever des défis encore plus
    grands, constate, Andreea Rusu, directrice exécutive du Centre FILIA, une
    association qui lutte pour la protection des droits des femmes.






    Andreea
    Rusu: « Au cours de 9 premiers mois de l’année 2020, plus de 20 000 cas de
    coups et autres violences domestiques ont été rapportés en Roumanie. De même,
    le nombre des appels au numéro unique des urgences, 112, a été de 18% plus
    élevé que durant la même période de l’année 2019. Plus encore, le numéro vert
    lancé par « l’Agence nationale pour l’égalité des chances entre femmes et
    hommes, où les femmes peuvent se renseigner sur les services dont elles peuvent
    bénéficier en cas de violence, ces appels donc ont doublé durant l’état d’urgence.
    Les femmes se sont heurtées à d’autres problèmes aussi. Par exemple, elles
    avaient besoin d’accès à une connexion internet, d’un ordinateur et d’une
    imprimante pour déposer une demande d’ordre de protection depuis chez elles.
    Alors qu’on le sait très bien qu’en Roumanie Internet n’est pas accessible en
    milieu rural ou dans les milieux défavorisés. Par conséquent, de nombreuses
    femmes ne disposent pas des moyens techniques nécessaires pour demander de la
    protection. »






    Durant
    l’état d’urgence institué en Roumanie entre le 16 mars – 15 mai 2020, lorsque
    la liberté de déplacement a été quasi totalement limitée, de nombreuses femmes
    ont été carrément bloquées à domicile avec leurs agresseurs, ne pouvant pas
    partir, ni demander de l’aide à quelqu’un d’autre. De même, à part le fait
    qu’il fallait déposer en ligne les demandes pour un ordre de protection,
    plusieurs tribunaux à travers le pays ont été fermés ou ont fonctionné à
    programme partiel. Du coup, la plupart des femmes ont vécu cette période avec
    l’impression qu’à ce moment-là la priorité c’était la santé publique, alors que
    l’intégrité et la sécurité des personnes abusées a été mise de côté par les
    autorités. Du moins, c’est ce qu’ont constaté les ONG activant dans le domaine.








    Andreea
    Rusu du Centre FILIA explique : « La plupart des bénéficiaires de ces
    ONGs ont dû rentrer chez leurs agresseurs et sont restées bloquées dans le même
    logement, soit puisqu’elles avaient peur de sortir à cause du virus, soit parce
    que, tout simplement, elles ne pouvaient parler à personne d’autre. D’autres
    pays ont trouvé des solutions pour que les victimes de la violence puissent
    appeler la police ou les directions d’assistance sociale, tels les numéros de
    Whatsapp spécialement créés en ce sens. Ou bien elles pouvaient se rendre à une
    pharmacie et communiquer un certain code. Et pour cause : au moment où
    l’on vit dans la même maison avec un agresseur, il est très difficile de
    contacter les ONG ou les bureaux d’assistance sociale. Une victime ne peut pas
    toujours appeler le 112 et son appel n’est pas toujours considéré comme une
    urgence. »






    Dans ce
    contexte, les associations civiques roumaines ont fait de leur mieux pour venir
    en aide aux victimes de la violence domestique. Elles se sont servies toujours
    de la technologie numérique. Andreea Rusu nous explique comment cela s’est
    passé : « Les discussions ont eu lieu en ligne, la plupart des fois, avec les victimes
    qui ont eu accès à Internet. Le nombre des visiteurs des sites spécialisés a
    augmenté. De même, plusieurs campagnes en ligne ont été lancées pour venir en
    aide aux femmes abusées. Mais malheureusement, les femmes vivant dans des
    milieux vulnérables et qui ne connaissent pas d’ONG spécialisée dans le domaine
    sont restées toutes seules, elles ont eu très peu d’options, sinon pas du tout.
    »






    Les
    plaintes contre la violence domestiques se sont multipliées sur l’ensemble de
    l’UE et chaque Etat membre a réagi à sa manière. Pour sa part, l’Institut
    européen pour l’égalité des genres (EIGE), qui est une agence de l’UE sise à
    Vilnius, a fait une étude sur l’impact de la maladie Covid-19 sur les victimes
    de la violence domestique.




    Quel
    résultat ? Réponse avec Veronica Collins, représentante de l’Institut : «
    En France, lors de la première semaine du confinement, il a eu une croissance
    de 32% des plaintes contre la violence domestique. En Lituanie le nombre en au
    augmenté de 20% en trois semaines, par rapport à la même période de l’année
    précédente. Pour la Lituanie, les données nous ont été fournies par la police,
    alors que pour la France ces chiffres ont été publiés dans la presse. On n’a
    pas encore d’accès à des informations solides provenant des autorités des Etats
    membres. Notre étude vise plutôt les initiatives gouvernementales censées
    protéger les femmes contre la violence et d’assurer leur accès aux services de
    soutien tels les abris ou les lignes téléphoniques dédiées. Initialement,
    certains pays ont rapporté une baisse des cas de violence, probablement à cause
    du fait que les victimes étaient isolées à domicile avec les agresseurs et ne
    pouvaient pas sortir, ni téléphoner. »






    La même
    étude a voulu savoir pour quelles raisons les cas de violence domestiques se
    multiplient par temps de crise, comme c’est le cas de cette pandémie. Veronica
    Collins explique : « Les raisons se trouvant à l’origine de cette
    hausse de la violence domestique sont nombreuses. L’incertitude économique en
    est une. Cette incertitude mène à des tensions accentuées au sein de la famille
    et du foyer. Si la victime n’est pas financièrement indépendante, ce sera
    encore plus difficile pour elle de quitter une relation abusive dans des
    conditions d’insécurité économique générale. De même, le stress et l’anxiété généralisée
    peuvent favoriser une consommation accrue d’alcool, qui est une autre cause de
    la violence. Et puis, c’est toujours en période de crise et de restrictions que
    la victime n’a plus accès au réseau de soutien constitué de ses amis ou ses
    proches.»






    Bien
    que certains Etats-membres aient pris des mesures pour protéger les victimes de
    la violence domestique pendant la pandémie, l’étude del’Institut européen pour l’égalité des genres montre aussi que les
    interventions ne sont toujours pas suffisantes et qu’il est nécessaire d’avoir
    une stratégie intégrée qui puisse être mise en pratique pendant n’importe quel
    type de crise. (Trad. Valentina Beleavski)

  • 31.12.2020

    31.12.2020

    Vaccin – La campagne de vaccination
    contre le SARS CoV-2 continue en Roumanie, 5.666 personnes ayant été immunisées
    jusqu’à présent. Des effets secondaires mineurs ont été signalés dans 17 cas. Les
    autorités exhortent la population à s’informer de sources médicales officielles
    et à se faire vacciner. La présidente de la Société roumaine d’épidémiologie, Doina
    Azoicăi, est rassurante pour ce qui est de l’efficacité du vaccin Pfizer
    Biontech, utilisé en Roumanie, y compris contre des mutations du virus. Dans ce
    contexte, le nombre de nouveaux cas de COVID-19 a encore augmenté, plus de 4.300
    nouvelles infections ayant été identifiées sur un total de près de 21.500 tests
    de dépistage effectués. Depuis le début de la pandémie, la Roumanie a enregistré
    plus de 632.000 malades et plus de 15.760
    décès. À l’étranger, 7.056 ressortissants roumains ont été dépistés
    positifs au SARS CoV-2, dont 130 ont perdu la vie.




    Aide – La Roumanie a envoyé de l’aide
    humanitaire à la Croatie, dont la région de Petrinja a été frappée par une
    série de tremblements de terre. Le gouvernement de
    Bucarest a décidé mercredi de répondre ainsi à la demande des autorités croates,
    dans le contexte de l’activation du mécanisme de protection civile de l’Union
    européenne. Le convoi humanitaire, parti aujourd’hui de la ville d’Arad
    (ouest de la Roumanie) vers la Croatie, transporte des biens de première
    nécessité : containers habitables, tentes, lits, matelas et sacs de
    couchage. 30 personnes accompagnent ce convoi. Samedi, la Croatie observera une
    journée de deuil national, à la mémoire des victimes.




    Syndicats
    – Plusieurs syndicats du secteur de la défense et de l’ordre public, ainsi que
    et des greffiers de Roumanie manifestent, aujourd’hui, devant le siège du
    ministère de l’intérieur de Bucarest ainsi que devant les sièges des
    préfectures à travers le pays, contre la décision de l’Exécutif de geler les
    salaires dans le secteur public sur l’année 2021. Cette décision, adoptée hier,
    est aussi critiquée par les syndicats de la santé et des fonctionnaires du ministère
    de l’intérieur.




    Electricité – La Roumanie ouvre, à
    partir de demain, son marché de l’électricité à la concurrence, mais les
    analystes accusent les autorités d’avoir mal géré le sujet, avec pour
    conséquence une augmentation des tarifs allant jusqu’à 26% pour certains consommateurs.
    La cause en serait le manque d’information de la population, dont les
    catégories les plus menacées sont les clients du marché régulé, qui ne
    négocient aucun contrat sur le marché concurrentiel, quel que soit le
    fournisseur. Le marché régulé de l’électricité de Roumanie compte environ six
    millions de consommateurs individuels. Ceux qui négocient une offre avec un
    fournisseur devront prendre en compte une majoration maximale de 5% du tarif,
    tandis que les autres auront automatiquement un contrat de service universel, le plus cher du marché,
    quel que soit leur fournisseur d’électricité.






    Travailleurs étrangers – Le contingent de travailleurs étrangers temporaires
    recrutés sur le marché de l’emploi de Roumanie sera de 25.000 personnes en 2021,
    par rapport aux 30.000 de cette année. Le gouvernement de Bucarest a pris cette
    décision, en prenant en compte les données les plus récentes fournies par l’Inspection
    générale de l’immigration, selon lesquelles le nombre d’avis d’embauche ou de
    détachement, délivrés pour les ressortissants étrangers au cours de 10 premiers
    mois de cette année, a baissé de près de 6.000, par rapport aux plus de 23.000
    délivrés pendant la même période de 2019. A cela s’ajoute la suppression de l’obligation,
    pour les employeurs, d’obtenir un avis d’embauche pour les ressortissants d’Ukraine,
    République de Moldova et Serbie, titulaires d’un contrat de travail à plein
    temps, de 9 mois maximum.






    Égalité des chances
    – En une seule année, la Roumanie a réussi la chute la plus brutale en
    matière de présence des femmes au gouvernement, indique une étude réalisée par
    l’Initiative pour la compétitivité. Avec une seule femme membre de l’équipe
    gouvernementale en place à Bucarest, la Roumanie chute à la 175-e place dans le
    monde, alors qu’elle en avait occupé la 102-e, se classant aussi dernière parmi
    les Etats membres de l’Union européenne. Les femmes sont absentes des
    gouvernements de 9 pays, dont l’Arabie Saoudite, le Sultanat de Brunei, la Thaïlande
    ou le Vietnam. Il existe aussi 14 Etats, tels l’Espagne, la Finlande, l’Autriche,
    la Suède, la France ou le Canada, où les femmes détiennent au moins la moitié
    des portefeuilles ministériels.


    Brexit – Le Royaume Uni se sépare définitivement
    de l’Union européenne, cette nuit, à 1 heure (heure de Bucarest). L’accord
    post-Brexit a enfin été signé mercredi par la présidente de la Commission
    européenne, Ursula von der Leyen, et
    par le président du Conseil européen, Charles Michel. Le document a été
    approuvé par le parlement britannique et devra être ratifié par le Parlement
    européen et par les parlements nationaux des 27. Grâce à cet accord,
    Londres et Bruxelles n’appliqueront pas de taxes sur la circulation des
    marchandises entre les deux parties.

  • Les esclaves du monde moderne

    Les esclaves du monde moderne

    En 2010, une nouvelle vraiment sensationnelle faisait le tour de l’Europe : ce qui allait se révéler comme le plus important réseau de traite des êtres humains du continent et dont le siège central était à Țăndărei, dans le sud de la Roumanie, venait d’être démantelé. 25 personnes ont alors fait l’objet de poursuites pénales pour avoir facilité le franchissement illégal de la frontière à 160 enfants ethniques roms à des fins de mendicité et d’exploitation par la délinquance de rue. Ou, pour faire court, traite des êtres humains. Quelques semaines plus tard seulement, le silence retombait sur l’affaire. Neuf ans plus tard, le 10 décembre 2019, la Cour d’appel de Târgu Mureș acquittait définitivement les 25 mis en examen du dossier Țăndărei. En 2019, l’enlèvement, la séquestration et ensuite le meurtre sans preuves de deux jeunes filles à Caracal, toujours dans le sud de la Roumanie, choquait le pays et même les autorités judiciaires et de police. Depuis, la question de savoir si ces deux jeunes filles n’ont pas été victimes de la traite des personnes est sur toutes les lèvres. Mais elle est restée sans réponse jusqu’à ce jour.

    Qui sont en vérité les victimes de la traite des êtres humains ? Y a-t-il un portrait-robot des personnes trafiquées ? Ce phénomène concerne-t-il davantage dans certaines régions ?

    Iana Matei compte parmi les activistes les plus impliqués dans la lutte contre la traite des êtres humains. Psychologue et fondatrice de l’ONG Reaching Out Romania, Iana Matei fait le portrait-robot des victimes des trafiquants d’êtres humains : « Les personnes les plus vulnérables face à la traite des êtres humains sont notamment les enfants de familles désorganisées ou institutionnalisés. Le niveau d’éducation varie, cela n’a pas beaucoup d’importance. Même des personnes ayant suivi des études supérieures peuvent être victimes de la traite des êtres humains. Ce qui compte, c’est la méthode de recrutement et le niveau d’expérience des trafiquants. »

    Oana Bîzgan, députée indépendante dans la législature 2016-2020, nous fournit quelques données concrètes : « 698 victimes ont été identifiées en 2019 en Roumanie. Sur le nombre total de victimes, 83% sont des femmes, 74% sont trafiquées à des fins sexuelles et environ 40% sont des mineurs. Évidemment, ces chiffres prennent en compte uniquement les victimes identifiées et enregistrées, mais nous savons très bien qu’il s’agit seulement de la partie émergée de l’iceberg. Au-delà de ces données officielles, il y a la partie la plus importante, que nous ne connaissons pas vraiment. Les statistiques sont estimées. L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe estime qu’une victime de la traite sur 9 est identifiée. Reste à faire le calcul pour connaître l’ampleur du phénomène en Roumanie. »

    Quant à l’inégalité des régions par rapport à la traite, Oana Bîzgan affirme qu’il faut être très prudents avec les chiffres. Il existe une différence entre les régions où beaucoup de victimes sont identifiées et celles où la traite existe bel et bien, mais les victimes restent anonymes. Oana Bîzgan : « C’est extrêmement difficile de dire quelles régions sont les plus affectées par la traite des êtres humains en Roumanie. Il faut faire la distinction entre les régions qui identifient des victimes et les régions les plus touchées par ce phénomène. On le voit parfois, il y a des régions qui rapportent des chiffres élevés car elles identifient beaucoup de victimes. Et puis il y a des régions où la traite est bien présente, mais l’identification des personnes trafiquées n’est vraiment pas au point. Si on regarde les données officielles, les départements de Bacău (est) et de Dolj (sud) font état de 67 victimes en 2019, le double par rapport au chiffre rapporté en 2018. Il y a aussi des chiffres importants dans les départements de Galați, Iași, Călărași, Vrancea, Prahova, Constanța, Mureș, Sibiu ou Brașov. L’incidence est particulièrement forte pratiquement sur l’ensemble du pays, on voit bien que ce fléau se développe sans problème dans tous les comtés. »

    Un emploi qui semble génial, un garçon qui dit « je t’aime » un peu trop vite, ça peut sembler séduisant pour ceux et celles qui n’ont pas une bonne capacité de discernement. Iana Matei : « Si le recrutement est basé sur une offre d’emploi qui semble formidable, on peut généralement vérifier sa véridicité. Si on n’a pas cette possibilité, il faut laisser toutes les informations dont on dispose, les données de contact, une destination, à un membre de notre famille et puis une date butoir. Si je n’ai pas appelé jusqu’à telle date, il sera arrivé quelque chose. Mais idéalement il ne faudrait pas accepter une offre d’emploi si elle n’est pas vérifiée. »

    Le manque d’amour fragilise les victimes potentielles de la traite. Il suffit parfois de quelques mots pour les séduire. Iana Matei : « A présent, la technique de recrutement la plus utilisée est celle des « tombeurs », tant pour des jeunes filles majeures, mais surtout pour des enfants. Les trafiquants regardent du côté des filles de 10 à 12 ans, car elles sont très faciles à tromper. Généralement, ces enfants viennent de familles désorganisées ou n’ont pas de famille du tout. C’est ainsi que lorsqu’elles entendent les mots magiques, ce je t’aime, elles ont envie d’y croire. »

    Les trafiquants sont parfois acquittés, comme dans le dossier Țăndărei, car après des années et des années de tergiversations, les faits sont prescrits. Et même s’ils arrivent en prison, les peines prononcées ont été tout à fait négligeables dernièrement. Iana Matei explique : « Les peines pour la traite des êtres humains étaient plutôt correctes en Roumanie au moment de l’application de la Loi n° 678. Cela pouvait aller jusqu’à 12 ans de prison pour celles à circonstances aggravantes. Malheureusement, trois articles du Code pénal ont modifié la Loi n° 678, ce qui fait qu’il n’y a plus d’affaires de traite en Roumanie. A présent il existe seulement des dossiers de proxénétisme et les peines sont dérisoires : de trois à six mois, bien souvent avec sursis. Nous essayons de réintroduire les peines antérieures prévues par la Loi 678 et d’y ajouter la confiscation de biens. Cela ne sert à rien de les mettre en prison s’ils continuent à conduire leur business de là. Il faut confisquer jusqu’à la dernière pièce obtenue par cette infraction. »

    Oana Bîzgan, députée indépendante en 2016-2020, a déjà une bonne nouvelle côté législatif : « Pour la première fois ces douze dernières années, les trafiquants ne pourront plus se voir infliger des peines avec sursis. Je suis heureuse que nous ayons pu modifier le Code pénal et faire preuve de sérieux face à ce problème. Nous sommes encore loin d’avoir des peines suffisamment dures et proportionnelles avec le trauma infligé aux victimes. Toutefois, au moins à présent, aucun trafiquant ne pourra échapper à la prison. Nous avons réussi à élever l’application des peines minimales et je voudrais que ce message soit clair : ceux qui considèrent que la traite des êtres humains est à la portée de tous, qu’ils réfléchissent bien. Ils seront condamnés et iront en prison. Cette loi est déjà en vigueur et j’espère que cela soit le premier moyen de combattre, mais aussi de prévenir ce phénomène. » (Trad. Elena Diaconu)