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  • Jean Barbat, Marcel Lecerf (France) – Les divorces en Roumanie

    Jean Barbat, Marcel Lecerf (France) – Les divorces en Roumanie

    La compagnie conseil Frames a fait une étude, en se fondant sur les données de l’Institut national de la statistique. Elle indique qu’entre 1990 et 2018, le nombre des divorces a baissé, celui de 2018 étant un des plus faibles des 30 dernières années. Avec un taux de divortialité d1,5 ‰, la Roumanie se situe au milieu du classement européen dominé par la Lituanie et la Lettonie avec un taux de 3,1‰ chacune. Cela signifie en fait qu’un couple marié sur quatre divorces en Roumanie. Au pôle opposé, on retrouve Malte (0,8‰) et la Grèce (1,0‰).



    Petit rappel de ce qu’Adrian Negrescu, manager de la compagnie Frames, déclarait à RRI plus tôt cette année, propos recueillis par ma collègue Christine Leşcu : « Si en 1990, la Roumanie recensait près de 33 000 divorces, en 2018, leur nombre a chuté à moins de 31 000. Même si la baisse nest pas significative, elle indique quand même un certain niveau de maturité. On fait plus attention à la relation actuelle, en essayant de mieux gérer les problèmes potentiels. Les Roumains ont appris – ou du moins, ils sont en train de le faire – comment entretenir une relation à long terme. Cela dépasse le simple fait de vivre ensemble, cela suppose daccorder davantage dattention au partenaire et à ses attentes afin de pouvoir bâtir un avenir à deux. Un autre aspect intéressant, cest lâge du divorce chez les Roumains. En 2018, la moyenne était de 43 ans chez les hommes et de 39 chez les femmes. Dans le cas des hommes, cet âge coïncide avec la soi-disant crise de la quarantaine. En ce qui concerne les femmes, je pense quil sagit de limage quelles se font delles-mêmes. Normalement, les femmes mûrissent plus vite que les hommes et cest pourquoi, dans leur jeunesse, elles prêtent plus dattention à des aspects que les hommes ignorent. Souvent, le simple fait de faire partie dun couple ne satisfait plus les femmes qui se sentent bloquées dans le rôle de femme au foyer. Du coup, elles souhaitent mettre un terme à la relation dans une tentative dobtenir plus de la vie. Ce nest pas par hasard quune telle révolte arrive vers lâge de 39 ans, quand la plupart des femmes ont atteint leur indépendance financière et de ce fait, elles remarquent que leurs attentes par rapport à lavenir diffèrent souvent de celles de lhomme quelles ont épousé dans leur jeunesse. »



    Selon les données de l’Institut national de la statistique, le nombre le plus élevé de divorces est à retrouver en milieu urbain — le double par rapport à celui enregistré en milieu rural. Le nombre de femmes en âge de moins de 30 ans à avoir divorcé a été 2,4 fois plus élevé que celui des hommes de la même tranche d’âge. Après 50 ans, toutefois, le taux est inversé, 1,4 fois de plus pour les hommes de 50 à 54 ans, et plus de 1,9 fois pour les 55 ans et plus.



    Qu’en est-il en 2020, une année spéciale ? Eh bien, le nombre de mariages baisse en Roumanie, alors que celui des divorces croît. Pendant la période de confinement, notamment, le nombre de divorces a explosé. Une explication possible, c’était qu’avant, on allait travailler, on se voyait moins, alors que durant le confinement, par manque d’activité, on a réexaminé les différents problèmes du passé. Selon la statistique, en août 2019, près de 2 000 divorces avaient été prononcés ; en août 2020, plus de 2 300.



    En guise de conclusion : « le nombre des divorces à la hausse, tout comme l’absence de politiques publiques de soutien pour les familles divorcées, engendre une baisse de la confiance dans le mariage et aussi du sérieux de l’implication des adultes dans les familles. Si la famille, qui est la cellule de base de la société, connaît un déclin, c’est la force de la société dans son ensemble qui décline, et l’individualisme gagne de plus en plus de terrain », pense Gabriela Dumitriu, auteure d’une étude sur le phénomène de la divortialité en Roumanie.

  • A la (re)découverte de la féminité

    A la (re)découverte de la féminité

    Elles sont toutes mères, elles font des métiers très divers – professeurs, secrétaires, architectes – et ont des passions différentes. Pourtant, elles sont liées par une passion commune : la danse burlesque. Elles s’entraînent deux fois par semaine dans une école de danse de Bucarest, pour être en forme, certes, mais aussi pour être féminines. Nous nous sommes entretenus avec Camelia Maxim, ancienne professeure des écoles, à présent monitrice de danse. « J’ai pratiqué plusieurs styles de danse, mais je me suis finalement arrêtée à la danse sensuelle, car c’est là que je me retrouvais moi-même et que je pouvais me sentir inspirée, pour offrir quelque chose aux autres femmes et les aider à découvrir et à développer leur féminité. J’ignorais l’existence de ce style de danse. Je suis tout simplement tombée sur des festivals burlesques sur YouTube et j’ai été fascinée par la danse burlesque, car je trouve que c’est la forme de danse sensuelle la plus complète. C’est un mélange de sensualité, d’humour et d’esprit ludique. »

    De là, jusqu’à commencer à l’enseigner, il n’y a eu qu’un pas. Camelia Maxim: « C’est ce que l’on m’a demandé de faire, par un groupe de femmes avec lesquelles j’explorais justement cette dimension féminine. Nous étions engagées dans une quête de la féminité. Et puisque j’étais monitrice de danse, on m’a demandé de donner des cours. Les femmes ont besoin de découvrir leur sensualité, car elles sont nombreuses à galoper toute la journée, oubliant d’être femmes, d’être sensuelles, oubliant beaucoup de choses. »

    Qui sont les élèves de Camelia Maxim ? « Mes élèves sont des femmes âgées de 22 à 50 ans. Certaines viennent tout simplement parce qu’elles se sentent un peu masculines et souhaitent retrouver leur féminité. Pendant une certaine période, j’ai travaillé avec des femmes qui étaient envoyées par leur thérapeute, car elles avaient certains blocages de ce point de vue-là. D’autres viennent tout simplement parce qu’elles souhaitent surprendre leur mari ou leur petit ami. »

    Nous avons parlé à une de ces élèves. Monica a 38 ans, elle est mère et elle est passionnée de ce style de danse depuis plus de deux ans déjà. Comment l’a-t-elle découverte ? « J’ai cherché un style de danse qui puisse me sortir de ma zone de confort, pour me sentir plus féminine et gagner de la confiance en moi-même. Une danse qui me permette de m’accepter telle que je suis, d’explorer ma sensualité, de développer ma féminité. En fait, l’idée du burlesque m’est venue après avoir vu un film, il y a plusieurs années. Et j’ai cherché de l’information sur cette danse, j’ai vu de quoi il s’agissait, ce qu’elle représentait aux yeux des autres, de la société et je me suis dit que c’était ce que je devais faire. »

    Selon Monica, la danse burlesque offre à celles qui la pratiquent une expérience tout à fait à part. « Je me rappelle qu’au début, je suis allée au cours préparée comme pour la salle de gym : pantalon de sport, T-shirt large … et je me suis retrouvée dans un monde où les filles étaient en corset, elles avaient des porte-jarretelles et des gants ou des mitaines. Et je me disais : je ne pourrais jamais m’habiller comme ça ; elles sont très courageuses, elles sont très belles, elles sont très sensuelles, quant à moi, regardez de quoi j’ai l’air ! A l’époque j’avais aussi environ 13 kilos de plus – et beaucoup de complexes ! Je regardais ces filles-là avec admiration, j’aurais voulu être comme elles. A présent, je porte, moi aussi, un corset ou un body en dentelle, je suis féminine et j’ai plus de confiance en moi. Je suis revenue au style vestimentaire de mon adolescence : j’ose porter à nouveau des jupes courtes, des blouses un peu cambrées, non seulement pour m’habiller, mais aussi pour mettre en valeur mon corps. J’ai assez de confiance en moi pour tenter de nouveaux projets et évoluer. »

    Une évolution guidée attentivement par sa monitrice de danse, Camelia Maxim. « Cami ne travaille pas uniquement le côté technique. Elle travaille beaucoup avec nous le côté psychique, pour que nous nous sentions féminines. Au début, elle nous répétait sans cesse : Regardez-vous dans le miroir ! Admirez-vous ! Et je ne comprenais pas comment j’aurais pu me regarder dans le miroir et m’aimer, m’admirer, me contempler. Elle a toujours guidé nos pas pour nous rendre plus confiantes et plus féminines et plus sensuelles et nous faire gagner plus d’assurance. Elle nous a appris comment marcher, comment nous assoir sur une chaise pour être féminines, élégantes. Comment non seulement être assises sur une chaise, mais transmettre quelque chose en s’asseyant. Pour moi c’est ça, le burlesque, c’est plus qu’une danse ! »

    Il s’agit d’une acceptation de soi, il s’agit de modeler son corps – et son comportement – et évoluer. Et il s’agit aussi de la santé de celle qui la pratique, car les entraînements sont pris très au sérieux. Monica explique : « Chaque cours de danse commence par un échauffement rigoureux, car on ne saurait exécuter des éléments spécifiques de la chorégraphie de cabaret si l’on ne s’est pas bien chauffé les jambes ; on ne saurait exécuter certains mouvements sur la chaise sans avoir renforcé les muscles du dos et du ventre ; on ne saurait avoir une tenue droite, belle et élégante, si nos muscles ne sont pas chauffés et tonifiés. Je me suis aperçu que, depuis deux ans que je pratique la danse burlesque, non seulement j’ai perdu du poids, mais j’ai aussi modelé mon corps, j’ai des muscles bien dessinés, mais ce n’est pas une musculature masculine, inspirant la force, c’est une musculature féminine, avec des muscles allongés et élégants. J’ai aussi remarqué que je pouvais suivre un entraînement de deux heures et plus sans être fatiguée et sans avoir des douleurs musculaires qui m’empêcheraient de descendre du lit le lendemain matin. Ce que nous faisons, ce n’est pas que de la danse, c’est aussi un travail de tonification des muscles et de résistance physique. »

    Les élèves de Camelia Maxim participent normalement à deux spectacles de danse burlesque par an avec l’école de danse qu’elles fréquentent. L’année dernière elles ont pourtant réussi à monter aussi leur propre spectacle. Ça vous dit ? (Trad. : Dominique)

  • La troisième édition du Gala des Prix „Sofia Nădejde” pour la littérature écrite par des femmes

    La troisième édition du Gala des Prix „Sofia Nădejde” pour la littérature écrite par des femmes

    Fin septembre, l’Association indépendante ART NO MORE avec le concours de l’Administration du Fond culturel national, a organisé la troisième édition du Gala des Prix Sofia Nădejde pour la littérature écrite par des femmes. Plusieurs romancières et poétesses se sont vu récompenser lors d’un événement accueilli par le Théâtre Apollo 111 de Bucarest – Gabriella Eftimie pour son recueil de poèmes « Sputnik dans le jardin », Lavinia Branişte pour son roman « Sonia lève la main » ou encore la journaliste radio Ema Stere pour son roman de début « Les enfants de Marcel ». Portant le nom de la première femme de Roumanie autorisée à passer le baccalauréat dans un lycée réservé aux garçons, les prix pour la littérature féminine Sofia Nădejde ont été précédés d’une soirée de courts-métrages signés par des réalisatrices de Roumanie.

    La poétesse et journaliste, Elena Vlădăreanu, initiatrice du Gala des Prix Sofia Nădejde pour la littérature écrite par des femmes raconte :« Dès le début, on a été attiré par cette idée de rencontre entre les différents arts. Or, cette année, suite à un partenariat avec l’Association roumaine des femmes au cinéma, on est arrivé à mettre en place une série de rencontres des romancières nommées dans les sections Prose et Début en prose avec les réalisatrices de film choisies par l’association. Ensuite, depuis une année déjà, on a mis en place un partenariat avec Scena.ro, la plus importante plate-forme de théâtre de Roumanie, ce qui fait qu’à partir de 2019, on décerne un prix spécial pour la Dramaturgie. Cette année, ce fut le tour d’Alexandra Pâzgu de se voir remettre ce prix. Il s’agit d’une dramaturge extrêmement intéressante qui vit à Vienne et qui, dernièrement, s’est mis à écrire en allemand. Et puisque j’ai invoqué cette rencontre entre différents arts, je voudrais mentionner aussi le partenariat avec transit.ro, une collaboration de longue durée qui nous a permis de mettre en place une série de débats. Transit.ro a d’ailleurs figuré parmi les partenaires de l’édition 2020 et il nous a aidés à financer un de nos prix. Personnellement, je trouve toutes ces rencontres extrêmement importantes. J’espère pouvoir organiser aussi l’atelier proposé par l’artiste Liliana Basarab, un atelier qui tourne autour du livre en tant qu’objet et qui part des œuvres littéraires sélectionnées. »

    Lors du Gala de cette année, l’écrivaine Sanda Cordoș a reçu le prix spécial « Une chambre à soi», qui récompense l’effervescence avec laquelle elle soutient depuis des décennies la littérature roumaine contemporaine. Grațiela Benga-Țuțuianu, critique et historienne littéraire, membre du jury des Prix Sofia Nădejde pour la littérature écrite par des femmes :« Personnellement, je considère le choix de Sanda Cordoş comme étant très juste, puisque personne ne pourrait reprocher quoi que ce soit aux ouvrages critiques qu’elle laisse derrière. En plus, par le fait d’avoir choisi Sanda Cordos, on donne aussi une réplique à une réalité souvent bien triste. Parce qu’on continue de voir différents critiques et historiens littéraires s’embrouiller en toute sorte de stéréotypes thématiques ou de style et employer des termes inappropriés à chaque fois qu’ils parlent de la littérature ou de la critique faites par les femmes. Or, par tout ce que Sanda Cordoş a écrit, en admettant qu’on fait une lecture honnête de ses œuvres, on arrive à donner la réplique à tous ces préjugés. Malheureusement, on a à faire à une littérature partagée en deux catégories – masculine et féminine- et je trouve complètement inadéquate cette délimitation, puisque la littérature devrait refléter le monde entier, l’humanité dans son ensemble, ce qui est beaucoup plus qu’une limitation en fonction d’un schéma fixé d’avance. »

    La poétesse et traductrice littéraire Alexandra Turcu et l’artiste visuelle Liliana Basarab font partie, toutes les deux, de l’équipe à laquelle nous devons l’initiative des Prix Sofia Nădejde pour la littérature écrite par les femmes. Nous avons voulu apprendre pourquoi une telle idée était si importante et quelles ont été les réactions que cette démarche a provoquées. Alexandra Turcu. « Je me suis rendue compte que, pour ma part, encore plus fort que le désir d’écrire était celui de donner un coup de main à la littérature, notamment à celle écrite par les femmes. Ce fut la raison qui m’a poussée à rejoindre Elena Vlădăreanu dans cette initiative. Les réactions lors de la première édition ont été de très diverses, parfois négatives et, sur le coup, je me suis sentie découragée. Mais, petit à petit, j’ai remarqué que ces prix ont leur place et qu’ils gagnent de l’importance d’une édition à l’autre. Malgré les réactions négatives qui persistent, je pense que ce projet vaut vraiment le coup d’être continué. D’ailleurs, c’est ça le principal enjeu de tous ces Prix. Pas forcément d’accorder des distinctions, mais de lutter contre les préjugés envers la littérature écrite par des femmes et envers la place des femmes dans le monde. »

    A la fin, l’artiste visuelle Liliana Basarab ajoute :« J’ai l’impression d’apprendre énormément de choses à force de travailler dans l’équipe organisatrice des Prix Sofia Nadejde. Comme on l’a déjà dit, cette initiative ne se résume pas à accorder quelques distinctions. Les Journées Sofia Nădejde comportent plusieurs activités dont le but est de reconnaître la valeur des créations des femmes et j’espère que de telles démarches se poursuivent. Je pense que ce gala est arrivé à produire des changements de mentalité. Voilà pourquoi il est impératif de le continuer et de chercher d’autres moyens censés mettre en valeur l’art fait par les femmes, trop souvent méconnu ou considéré comme un art mineur. »

  • Naissance de la citoyenneté démocratique. Les femmes et le pouvoir dans la Roumanie moderne

    Naissance de la citoyenneté démocratique. Les femmes et le pouvoir dans la Roumanie moderne

    Un nouveau volume consacré au féminisme en Roumanie a été lancé en mars dernier, aux librairies Humanitas-Cismigiu. Il s’agit de « Naissance de la citoyenneté démocratique. Les femmes et leur pouvoir dans la Roumanie moderne » de Maria Bucur et Mihaela Miroiu, un ouvrage qui se penche sur la perception à l’égard de la femme à travers l’Europe postcommuniste. Maria Bucur, professeure d’histoire à l’Université de l’Indiana, des Etats-Unis, salue l’opportunité de réaliser un tel travail.« Dès le départ, ce projet s’est déroulé sous le signe de l’amitié que je porte à Mihaela Miroiu avec laquelle j’ai beaucoup discuté là-dessus. C’est un volume lancé au bout de dix ans de travail pendant lesquels j’ai énormément appris. Moi, je n’avais pas l’habitude d’énoncer des jugements comme j’ai fini par le faire, et ça, c’est un gain. Mon niveau d’interdisciplinarité a augmenté, et cela aussi, c’est extraordinaire. Et le fait de connaître toutes ces femmes que Mihaela connaissait déjà m’est apparu comme une chance unique dans la vie ».

    La recherche menée sur le terrain a débouché sur la mise en page d’une histoire de la femme roumaine après 1990. L’actuel ouvrage signé Maria Bucur et Mihaela Miroiu constitue aussi une démarche singulière dans la littérature roumaine : « Le chapitre consacré à l’histoire, plus précisément au contexte historique, n’était pas prévu dans un premier temps. Nous avions commencé par entamer une enquête sur le terrain que l’on souhaitait présenter en détails par la suite. Sauf que voilà, on a fini par se rendre compte qu’il n’y avait aucun ouvrage en roumain qui parle de l’histoire des femmes, qui explique comment faire pour mieux comprendre leurs voix, pourquoi ces voix étaient celles que l’on entendait, quelles étaient les structures et les normes légales, éducationnelles ou encore politiques de l’époque ».

    Mihaela Miroiu est professeure de Sciences politiques à l’Ecole nationale d’études politiques et administratives de Bucarest. Son nom se rattache principalement à la mise en place du premier master d’études féministes de Roumanie. Cosignataire de l’ouvrage récemment lancé aux librairies Humanitas-Cismigiu, elle avoue que ce projet est issu d’une démarche personnelle. « Dans un premier temps, je souhaitais revenir sur les femmes primordiales. A toutes ces femmes qui m’ont élevée, à la génération des femmes qui sont mes contemporaines, et ensuite aux femmes issues des générations suivantes. Il s’agit, si vous voulez, des trois générations : grand-mères, mères et filles. Cette démarche n’a pas été préméditée, ce fut la façon dont cet ouvrage a fini par se construire. Personnellement, j’aime beaucoup les trois entretiens très longs dont chacun a duré en moyenne 5 à 6 heures. »

    Tout au long de l’histoire moderne, les femmes ont bataillé pour la reconnaissance de leurs droits moraux, intellectuels, civiques ou encore politiques. Et, surprise, les Roumaines, même les plus âgées, ont apparemment un sens civique inné. Mihaela Miroiu :« La culture politique de toutes ces femmes est méritoire. Sans être trop sophistiquées, elles ont des intérêts à solutionner politiquement. Par exemple, il est évident que de leur point de vue, une démocratie ou encore une gouvernance dont on a supprimé la moralité n’a rien à voir avec le bien collectif. Toutes ces femmes dont on parle mériteraient vivre dans des pays à démocratie renforcée, comme par exemple les pays nordiques. Leurs valeurs, leur façon de considérer la politique, tout cela nous fait penser au modèle scandinave. »

    Le travail d’enquête sur le terrain mené dans le village transylvain de Sâncrai a offert à Maria Bucur et à Mihaela Miroiu la chance d’entendre des histoires de toute une pléiade de femmes simples et extraordinaires à la fois.
    « Ces histoires nous ont permis de voir l’évolution de la femme, quel que fût son destin. On a parlé aussi bien avec des femmes de 80 ans, presqu’illettrées, de Sâncrai, qu’avec des villageoises travaillant comme médecins, professeurs, ingénieurs, bref hautement qualifiées. Eh bien, ces femmes se ressemblent beaucoup dans leurs aspirations et dans leurs contraintes et aucune ne supporte la séparation entre moralité et politique. Une idée que notre ouvrage encourage ».

    Paru fin 2018 aux Etats-Unis, à la Maison d’édition Indiana University Press, le livre a été traduit en roumain et publié par les Editions Humanitas dans la collection d’Histoire contemporaine. La traduction porte la signature de Magda Dragu et de la même Mihaela Miroiu. « Bien évidemment, nous avons été tenues de reprendre les entretiens tels qu’ils ont été réalisés initialement, pour éviter leur retraduction en roumain depuis l’anglais afin de ne pas perdre de leur charme. La langue est vivante et très intéressante et on n’a pas voulu la bloquer dans un registre trop formel. Nous, on a mené les recherches à Sâncrai à une époque où toutes ces mamies retraitées se donnaient la peine d’aider leurs petits-enfants qui avaient du mal à trouver un emploi. Ce n’était pas encore la période de l’exode vers l’Occident. Le livre présente donc une histoire vivante telle qu’elle est perçue par ces femmes selon lesquelles la notion de citoyenneté s’accompagne en égale mesure de droits et de soucis. En fait, le concept de soucis fait partie de leur quotidien et marque leur façon de réfléchir. »

    Pour tous ceux intéressés par l’histoire de l’Europe postcommuniste, l’ouvrage « Naissance de la citoyenneté démocratique. Les femmes et leur pouvoir dans la Roumanie moderne » de Maria Bucur et Mihaela Miroiu constitue un repère. Disons enfin que le livre dresse également une comparaison entre l’histoire roumaine et celle de deux autres pays de l’ancien bloc soviétique, la Pologne et la Hongrie. (trad. Ioana Stancescu)

  • Le rôle des femmes dans la société européenne actuelle

    Le rôle des femmes dans la société européenne actuelle

    Cette année, la Journée internationale des femmes a été aussi marquée par une conférence européenne consacrée aux droits et au rôle des femmes dans la société en 2020. Ramona Strugariu, députée européenne du groupe Renew Europe (élue en Roumanie sur la liste de l’Alliance USR PLUS), a été l’organisatrice de cet événement à Bucarest : « Nous n’avons pas progressé aussi loin que nous l’avons souhaité en matière d’égalité de genre et de son application dans la représentation politique. Plus encore, cette Europe, que la commissaire européenne Vera Jourova décrivait comme le meilleur endroit du monde d’aujourd’hui pour les femmes et leurs droits – ce qui est d’ailleurs vrai – c’est une Europe où une femme sur trois subit quotidiennement une agression physique ou d’une autre nature. C’est aussi une Europe où 55% des femmes sont harcelées sexuellement. »

    Ramona Strugariu a présenté les problèmes des femmes de Roumanie, insistant sur le cadre légal auquel les victimes de la violence peuvent faire appel partout en Europe. La députée européenne a souligné la nécessité de voir ces efforts se poursuivre aussi au niveau national : « Dans notre pays, 63% de la population considère que la violence contre les femmes et la violence en famille ne sont pas de vrais problèmes, qu’ils n’existent pas en réalité et ne constituent pas un problème social. Il faudrait donc réfléchir à ce qu’il faut faire, dans ce contexte. Qu’est-ce que l’on peut faire concrètement, au plan européen ? Que peut-on faire au plan national, concernant la législation, les mesures à prendre et le respect des dispositions légales ? Que peut-on faire aussi en termes de mentalité et d’éducation ? »

    Irina von Wiese, ancienne députée européenne avant le Brexit et membre du Parti libéral démocrate du Royaume-Uni, a été présente à la conférence « La Roumanie et l’Europe au féminin », où elle a souligné l’importance de l’élimination des stéréotypes de genre : « Ce n’est pas dû au manque de chance. C’est dû, en partie, au fait que, depuis des années, notre système d’éducation a traité la technologie, les mathématiques, l’ingénierie comme des domaines dédiés aux hommes. Il faut former une nouvelle génération pour réussir à identifier les opportunités pour les femmes sur le marché de l’emploi. Nous avons besoins de sortir des règles et des stéréotypes concernant les professions ouvertes aux femmes. Nous devrions encourager nos filles, en leur disant « en effet, ça c’est une occupation que tu peux assumer ». Les opportunités existent et elles sont extraordinaires pour les femmes actuelles. »

    Entrée en politique dans un contexte qui l’a propulsée en tant que représentante de la société civile britannique, Irina von Wiese a aussi parlé des mauvaises expériences liées au statut de personnalité publique : « Je dois avouer que, si on n’y est pas préparé, il faut faire preuve de beaucoup d’endurance. Notamment dans l’environnement en ligne. Il est bien connu, nous devons avoir aussi une présence en ligne, et mon attaché de communication a déposé de très nombreuses plaintes concernant des réponses abusives. C’est arrivé sur Twitter, mais aussi sur les autres médias et réseaux. La plupart des messages avaient une nuance misogyne, allant jusqu’au harcèlement sexuel ou bien aux menaces. Il y a eu aussi des commentaires contre moi, en tant que femme politique. J’ai dû construire seule ma capacité de résilience. »

    Cachés derrière une identité peu transparente, favorisée par l’environnement virtuel, les abus peuvent avoir un impact fort sur les victimes. Bien qu’occupant des postes importants, les femmes confrontées à de telles situations peuvent éprouver de graves traumatismes émotionnels et choisir de d’abandonner leurs carrières publiques, explique Irina von Wiese : « L’abus proprement-dit n’est pas le seul problème. Il y a aussi son effet psychologique sur les jeunes femmes politiques. A chaque fois que je fais face à un abus, je me dis: « Bien sûr, je veux que mon implication compte pour quelque chose, que je prenne part à la vie politique, mais est-ce que je veux vraiment connaître cette expérience, cette haine, cette agression constante au niveau du discours politique actuel ? Comment y faire face d’un point de vue émotionnel ? »

    Irina von Wiese est sûre que la Roumanie et les autres Etats membres de l’Union européenne sont capables de prévenir les abus et de contrôler leurs effets, tant qu’il existe des groupes de soutien : «Je crois que nous avons le cadre nécessaire et, dans de nombreux cas, de programmes spécifiques pour promouvoir les femmes. Mais ça ne suffit pas. Pour attirer tout leur talent politique, il faut leur offrir un réseau, un filet de sauvetage pour les acteurs politiques, pour tous ceux qui sont actifs dans un domaine public. Le besoin s’en fait sentir afin de leur offrir la possibilité de s’entraîner pour résister, une solution de réserve, si quelque chose va mal. Nous avons besoin d’un réseau accessible de mentors et de défenseurs pour ces femmes. Ce serait, à mon avis, un catalyseur pour que les femmes fassent un pas en avant et s’expriment. C’est ce qu’il nous faut. »

    Les femmes représentent plus de 52% de la population de la Roumanie. Pourtant, malgré une tendance à la hausse, la présence des femmes à des fonctions publiques reste faible. A l’heure qu’il est, elles occupent seulement 5% des fauteuils de maire des villes et communes et 20% des sièges au Parlement de Bucarest. La situation n’est pas différente dans le milieu d’affaires, où l’actionnariat est féminin à un peu plus de 35%. Par ailleurs, les violences faites aux femmes et les préjugés concernant les professions qu’elles devraient exercer perdurent en Roumanie.

  • Les oubliées du numérique (II)

    Les oubliées du numérique (II)

    La semaine dernière nous avons vu que le monde digital est traversé par de grandes inégalités, notamment entre les hommes et les femmes. Aujourd’hui nous allons tenter de comprendre ses mécanismes et les solutions qui peuvent y être apportées avec notre invité, Isabelle Collet, qui est enseignante à l’Université de Genève.

  • Les oubliées du numérique (I)

    Les oubliées du numérique (I)

    Le monde digital est bien souvent présenté comme un monde libre, ouvert à tous. Pourtant lorsqu’on y regarde de plus près, on s’aperçoit qu’il est marqué par une représentation de certaines catégories sociales. Ce discours fait l’impasse sur les oublié.e.s des numériques. C’est de ce processus que nous allons discuter avec notre invitée, Isabelle Collet, enseignante à l’Université de Genève.

  • Le trafic de jeunes filles mineures et la violence de genre

    Le trafic de jeunes filles mineures et la violence de genre

    Le traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle
    constitue plus de 56% de la traite des êtres humains enregistrée à l’intérieur
    de l’Union européenne en 2015 et 2016, a informé la Commission européenne.
    Conformément à la même source, deux tiers des victimes sont des femmes et des
    jeunes filles, mais le pourcentage monterait à 77% si on enlève les statistiques
    relatives au Royaume Uni, qui, depuis, n’est plus membre de l’Union. La
    Roumanie, la Hongrie, les Pays-Bas, la Pologne et la Bulgarie étaient les
    principaux pays d’origine des victimes.

    La situation ne semble pas avoir changé
    depuis, selon l’Agence nationale contre la traite des personnes, puisque la
    Roumanie était en 2018 aussi un des pays source de ce trafic en Europe, environ
    la moitié des victimes étant des mineures, pratiquement des enfants. Certaines d’entre elles
    réussissent, par différents moyens, de se faire prendre en charge par
    l’activiste Iana Matei, qui a ouvert, dans la ville de Piteşti (sud), il y a 20
    ans, un centre de protection et de réinsertion sociale des victimes de la
    traite des êtres humains.

    Plus récemment,
    Iana Matei a créé l’organisation non gouvernementale « Reaching Out
    Romania », qui a aidé plus de 600 victimes de l’exploitation sexuelle à
    reconstruire leur vie. « Nous
    avons commencé notre action en louant un appartement, ensuite le nombre des
    filles a augmenté, pour atteindre le pic en 2000, je crois. Au début, c’étaient
    les filles de « la route des pays ex-yougoslaves », pour lesquelles
    nous avons construit un premier centre d’accueil, et puis un autre avec six
    places, l’année dernière, car on est submergés par la demande. Il y a 18 places
    au total et nous y hébergeons 12 jeunes femmes. Le centre de transit, que nous
    avons commencé à construire l’année dernière, est encore en travaux. Et puis,
    nous avons aussi quelques places dans une ferme de lavande, à Craiova (sud),
    une variante alternative pour celles qui n’ont pas envie de reprendre les
    études. La majorité d’entre elles est originaire de communes rurales et, dans
    cette ferme de lavande, elles apprennent à mettre sur pied leur propre affaire.
    A l’heure qu’il est, les jeunes filles du centre sont âgées de 12 à 14 ans,
    c’est pourquoi moi, je crois qu’il faudrait parler de pédophilie, pas de traite
    des personnes. Ce n’est pas de la violence contre la femme, c’est de la
    violence contre l’enfant. »
    , raconte Iana Matei.


    A la ferme de lavande, ces
    jeunes filles peuvent acquérir des connaissances qui les aident à trouver un
    emploi ou une autre modalité de vivre en dehors de la prostitution. Le conseil
    psychologique, c’est le centre d’accueil mis à leur disposition par l’ONG de
    Iana Matei qui le fournit. Les traumas subis par les victimes de l’esclavage
    sexuel sont spécifiques, difficiles à surmonter et se nourrissent des
    expériences de vie antérieures. Leur estime de soi est très faible, à cause,
    souvent, du manque d’affection dans la famille d’origine. Les trafiquants
    exploitent justement ces problèmes préexistants, comme le prouve la méthode
    dite du « lover boy », une des méthodes de recrutement des victimes les
    plus efficaces. Le trafiquant séduit les jeunes filles, pour exploiter,
    ensuite, leur sentiment amoureux et les obliger à se prostituer pour lui.

    Iana
    Matei connaît bien les traumas subis par les victimes de la traite des êtres
    humains avant et après leur exploitation: « Par cette méthode de recrutement
    du « lover boy », c’est l’identité de l’enfant qui est assiégée et
    attaquée. Le manque d’estime de soi de ces enfants se creuse. Ce sont des
    enfants qui ne savent pas ce que c’est que d’être aimé et c’est ce qui les rend
    vulnérables. Malheureusement, elles deviennent dépendantes du sexe. Si elles
    commencent leur vie sexuelle à 11 ou 12 ans, en ayant 10 à 15 clients par jour,
    il y a une certaine dépendance qui s’installe et dont personne ne parle. Plus
    encore, ce sont ces fillettes que l’on montre du doigt et que l’on juge responsables
    de ce qui leur arrive. Les trois premiers mois sont particulièrement
    difficiles, car tout ce qu’elles veulent, c’est de retourner dans ce milieu-là.
    Les institutions de l’Etat ne nous aident pas vraiment. Pour donner un exemple,
    la loi dit que tout enfant doit aller à l’école. Sauf que les filles libérées
    de l’esclavage sexuel ne peuvent pas retourner à l’école trop vite. »
    C’est
    pourquoi la traite des personnes a besoin d’une approche intégrée. Les
    ministères de l’Education, de la Santé, de l’Intérieur et de la Justice, ainsi
    que les directions de lutte contre la criminalité organisée devraient
    travailler ensemble. Et ils devraient tous collaborer avec les ONGs, qui
    connaissent très bien la situation et les besoins sur le terrain. Or, ce n’est
    pas le cas actuellement, considère Iana Matei.

    Ce qui plus est, dans les communautés
    rurales d’origine de ces jeunes filles, c’est la victime qui est blâmée et
    l’exploitation sexuelle n’est pas vue comme une violence de genre, une violence
    contre les femmes. Cette attitude existe aussi à l’égard des victimes de la
    violence conjugale, une mentalité décrite par Elena Samoilă, coordinatrice des
    programmes au Centre FILIA, une association qui milite pour les droits des
    femmes: « Blâmer la victime, c’est quelque
    chose d’assez courant dans la société. La victime est souvent considérée comme
    responsable aussi de rester dans une relation abusive ou bien, si elle vit un
    épisode de violence, on trouve des justifications pour le comportement de
    l’agresseur. On dit « la femme a bien dû faire quelque chose ». La
    conclusion, c’est que nous vivons dans une société qui blâme les femmes pour
    susciter la violence dont elles sont victimes. Et qui justifie le comportement
    des agresseurs hommes, le plus souvent. »


    Les
    experts tirent la sonnette d’alarme, car, à l’heure qu’il est, le nombre des
    cas de violence conjugale a augmenté dans le monde entier, de nombreuses femmes
    étant forcées par la conjoncture actuelle à rester bloquées avec des
    partenaires agressifs. (Trad. : Ileana Ţăroi)

  • L’égalité femmes-hommes dans la Roumanie actuelle : défis et perspectives

    L’égalité femmes-hommes dans la Roumanie actuelle : défis et perspectives

    Un nouveau 8 mars, Journée internationale des femmes (ou des droits des femmes), est passée, dans l’ambiance connue des années précédentes, de réunions thématiques, interviews et articles de presse, rappelant les problèmes persistants auxquels se confrontent les femmes sur notre planète. Dans un contexte mondial de crises économiques, politiques, idéologiques, et aujourd’hui également de santé publique, nous sommes amenés à nous interroger sur l’évolution de l’égalité femmes-hommes et des droits fondamentaux des femmes et des filles.Le Centre pour les Politiques de l’égalité des chances de l’Université de Bucarest a proposé une nouvelle édition d’une table ronde qui a permis des témoignages et des échanges autour de ces thèmes. Pour en parler, j’accueille Ionela Băluță, professeure des universités et doyenne de la FSP-UNIBUC, directrice du CPES et enseignante du master « Les politiques de l’égalité des chances en Roumanie et UE ».



  • 06.03.2020 (mise à jour)

    06.03.2020 (mise à jour)

    Coronavirus -
    La Roumanie annonce un 9-e cas de
    contaminationau
    coronavirus, mais aussi trois personnes guéries sur ce total. Au niveau
    national, 22 personnes sont placées en quarantaine et plus de 12.000 sont
    confinées à domicile. En Italie, 3 ressortissants roumains ont été
    contrôlés positifs au COVID-19, dans les régions de Lombardie, Trévise et
    Emilie-Romagne. Le premier ministre roumain par
    intérim, Ludovic Orban, a exhorté à nouveau vendredi les Roumains vivant dans
    des pays fortement touchés par le coronavirus à éviter les déplacements qui ne
    sont pas nécessaires, précisant qu’ils ne se verraient pas interdire l’entrée
    en Roumanie pour les Fêtes de Pâques, mais qu’ils seraient placés en
    quarantaine ou confinés à domicile. Par ailleurs, les ministres de la santé de
    l’Union européenne, réunis vendredi à Bruxelles, ont souligné l’importance de
    la coordination, de la collaboration et de l’échange d’informations entre les
    27, afin de trouver une réponse unitaire pour limiter la dissémination de
    l’épidémie. Le ministre roumain de la santé, Victor Costache, y a déclaré que
    les autorités de Bucarest restent vigilantes quant à une éventuelle escalade de
    l’épidémie en Europe et coopèrent étroitement avec les autres Etats membres de
    l’UE et avec les institutions européennes et internationales. Le coronavirus COVID-19 a contaminé environ 100.000
    personnes, faisant plus de 3.400 morts, dans plus de 85 pays.










    Grippe
    – La grippe saisonnière a fait 23 victimes en Roumanie, jusqu’à présent, indiquent
    les données officielles. Le dernier décès en date est celui d’une femme âgée de
    84 ans, infectée au virus du type A, qui avait aussi d’autres problèmes de
    santé et qui n’était pas vaccinée contre la grippe. Plusieurs établissements
    scolaires ont été fermés en raison de l’épidémie de grippe et d’autres viroses
    respiratoires, cette mesure concernant plus de 2800 élèves.

    Syrie – Le chef de la diplomatie
    roumaine, Bogdan Aurescu, a participé, vendredi à Zagreb, à la réunion
    extraordinaire du Conseil Affaires étrangères de l’Union européenne, dont
    l’agenda a inclus: les récentes évolutions en Syrie et en Turquie. Le chef de
    la diplomatie roumaine y a réitéré l’appel à la désescalade immédiate de la
    situation dans la région syrienne d’Idlib et à l’instauration d’un
    cessez-le-feu durable. Les ministres européens ont adopté une déclaration
    commune où ils soulignent la nécessité d’appliquer le cessez-le-feu dans la
    province d’Idlib, de garantir la protection de la population civile et de
    permettre le déploiement sans entrave de l’assistance humanitaire. Le ministre
    Bogdan Aurescu a exprimé la solidarité avec les pays affectés, notamment avec
    la Grèce, soulignant l’importance de l’application de l’accord signé en 2016
    par l’UE et la Turquie. Et c’est toujours ce
    vendredi qu’est entré en vigueur l’accord de cesser le feu entre Moscou et
    Ankara dans le nord-ouest de la Syrie. Aux termes de l’accord, à compter du 15
    mars, la Russie et la Turquie effectueront en première des patrouilles communes
    sur l’autoroute traversant la région d’Idlib.

    Forêts – La campagne nationale de reboisement intitulée « Une forêt aussi
    grande qu’un pays » a été lancée ce vendredi au département de Dâmboviţa (sud).
    13.000 sites de reboisement ont déjà été inaugurés dans le cadre de cette
    campagne sur l’ensemble du pays. Il est nécessaire d’augmenter fortement la
    surface boisée en Roumanie et cette action est un bon début, a souligné le
    président Klaus Iohannis. Il a rappelé que les études les plus récentes
    montraient que le boisement était la meilleure mesure pour lutter contre le
    réchauffement climatique. Cette initiative a lieu dans le contexte où le 12 février,
    la Commission européenne a envoyé une lettre exhortant la Roumanie à mettre en
    œuvre le règlement de l’UE en matière de bois, qui interdit aux compagnies du secteur
    de fabriquer et d’introduire sur le marché communautaire des produits obtenus
    de bûches coupées illégalement. L’année dernière, 3 ONG écologistes ont déposé
    une plainte auprès de la Commission européenne, dénonçant la destruction de
    dizaines de milliers d’hectares de forêts séculaires et primaires. Selon la
    Fédération syndicale « Silva », ces dernières années, six
    gardes-forestiers ont été tués et 650 autres ont été attaqués à l’arme blanche
    ou avec des armes à feu, lorsqu’ils ont surpris des individus en train de
    couper des arbres illégalement.

    Emploi des femmes – Dans l’Union européenne, en 2018, le taux
    d’emploi des femmes entre 20 et 64 ans a été de 12% inférieur à celui des
    hommes de la même catégorie d’âge, indiquent les chiffres rendus publics, ce
    vendredi, par l’Office des statistiques de l’Union européenne (Eurostat).
    L’écart le plus faible, 2%, a été enregistré en Lituanie, alors que Malte
    affichait le plus élevé – 22%, suivie par la Grèce 21%, l’Italie 19,8% et la
    Roumanie 18,3%. Le taux européen d’embauche des femmes âgées de 20 à 64 ans a
    été de 67%, en hausse de 1% par rapport à 2017 et de 5% par rapport en 2008. Par
    ailleurs, la Roumanie détient le pourcentage le plus élevé de femmes cadres de
    direction dans les grandes compagnies cotées en bourse.


    Europalia – Présent à la conférence
    de presse de fin du Festival international des arts Europalia, le président par
    intérim de l’Institut culturel roumain, Mirel Taloş, a déclaré que la Roumanie,
    pays invité d’honneur, y avait participé avec « un très bon échantillon de
    créativité culturelle et de patrimoine », présenté au cours de 250
    événements ayant couvert les domaines des arts visuels et du spectacle, du
    cinéma, de la musique et de la littérature. Le directeur général d’Europalia
    International, Koen Clement, s’est félicité de la participation de la Roumanie
    à la 27-e édition du festival Europalia. Il a affirmé que l’exposition « Brancusi,
    la sublimation de la forme » avait été un événement unique. Pendant quatre
    mois, la Roumanie a présenté des expositions, des spectacles et des concerts en
    Belgique, au Royaume Uni, en France, aux Pays-Bas, Luxembourg et en Allemagne,
    auxquels ont assisté plus de 150.000 personnes.

    Météo – En Roumanie, la météo est particulièrement agréable,
    surtout dans le sud et l’est. Samedi après-midi, les températures se situeront
    entre 10° et 20°.

  • Mémoire du communisme (I)

    Mémoire du communisme (I)

    En décembre nous allons commémorer les 30 ans depuis la disparition du régime communiste. A cette occasion, le Café des francophones vous propose de discuter de la mémoire de cette période sombre de l’histoire. Plus précisément, nous allons parler de femmes qui ont été persécutées sous l’ancien régime avec l’historienne Claudia Dobre qui a récemment publié un livre remarquable sur ce sujet intitulé Ni héroïne, ni victime : les anciennes détenues politiques et les mémoires du communisme en Roumanie.



  • L’âge de la maternité augmente en Roumanie

    L’âge de la maternité augmente en Roumanie

    Selon les derniers chiffres publiés par l’Office statistique de l’UE — Eurostat — en 2017, les femmes ont eu leur premier enfant à lâge de 29 ans, en moyenne, l’âge le plus bas étant enregistré en Bulgarie et en Roumanie — soit 26,5 ans. Les Roumains semblent suivre eux aussi le modèle des pays occidentaux : les couples souhaitent peu d’enfants, qu’ils conçoivent sur le tard. Les gens sont préoccupés surtout par leur bonheur personnel. La profession commence à jouer un rôle de plus en plus important dans la vie des femmes. Elles veulent étudier, avoir une carrière, ce qui place la famille en deuxième position. De leur côté, les experts avertissent que la grossesse à un âge avancé de la mère implique des risques accrus. Ştefania Mircea, coordinatrice de programmes, à l’Organisation « Sauvez les enfants » :



    « En effet, c’est la tendance de ces derniers temps, on peut dire que c’est presque un phénomène : les femmes repoussent la maternité au-delà de la trentaine. De nos jours, les femmes et les hommes deviennent parents plus tard que jadis. Les raisons en sont nombreuses et concernent notamment les contraintes d’ordre matériel et professionnel toujours plus grandes. Parfois les conséquences ne sont pas du tout négligeables, pouvant aller jusqu’à l’impossibilité de concevoir. Les risques sont multiples : fausses couches, anomalies fœtales, diabète gestationnel, accouchement prématuré ou difficile, pouvant entraîner le décès de la mère. En général, on estime que le pic de fertilité des femmes se situe autour de lâge de 25 ans. »



    En dépit de cette augmentation de l’âge moyen de la maternité, la Roumanie est aussi confrontée au phénomène opposé : celui des mères adolescentes — à rencontrer notamment dans les communautés vulnérables. Selon les statistiques européennes, en 2017, le plus grand nombre de mères de moins de 20 ans a été enregistré en Roumanie et en Bulgarie, où elles ont représenté près de 14% des femmes devenues mères pour la première fois — ce qui place la Roumanie sur une des premières places en Europe. Selon la dernière analyse menée par l’Organisation « Sauvez les Enfants », parmi les jeunes filles enceintes, âgées de moins de 18 ans, 5 sur 10 ne sont jamais allées consulter le médecin traitant pour un examen prénatal, ce qui a entraîné un taux 4 fois plus grands d’accouchements prématurés. Ştefania Mircea:



    « Le nombre de mères adolescentes est d’autant plus inquiétant en Roumanie, que le taux de mortalité infantile est 3 fois plus élevé que celui enregistré pour les mères adultes et qui bénéficient d’un suivi médical. Selon les données publiées en 2019 par l’Institut national de santé publique, en 2017 la mortalité infantile a été de 17 bébés pour 1.000 naissances chez les mères de moins de 15 ans, contre une moyenne de 6,7 par catégorie. Pour les jeunes femmes entre 15 et 19 ans, le taux de mortalité a également augmenté, en 2017. Selon les statistiques les plus récentes, 742 adolescentes de moins de 15 ans sont devenues mères en 2017, alors que près de 19 mille naissances ont été enregistrées chez les adolescentes de 15 à 19 ans.



    Depuis plusieurs années, l’Organisation « Sauvez les Enfants » déroule des programmes pour venir en aide aux jeunes des communautés vulnérables. Ştefania Mircea.



    « Nous offrons du soutien aux familles des communautés vulnérables, en assurant leur accès à des soins médicaux adéquats et à l’éducation. Nous avons créé un réseau d’inclusion sociale et de lutte contre la pauvreté, en leur offrant des services médicaux, sociaux et éducationnels au niveau local. Nous déployons une activité dans 14 départements du pays et nous pouvons dire que la situation s’est beaucoup améliorée par rapport aux années précédentes. Nos équipes locales offrent de lassistance à environ 7.500 bénéficiaires, parmi lesquels – des enfants de moins de 5 ans, des jeunes mamans et des adolescentes enceintes. Grâce à notre activité, plus de 30% des femmes enceintes de ces communautés ont commencé à se présenter à l’examen prénatal et bénéficient d’un suivi médical, tout comme les enfants d’ailleurs. Avant, ces femmes-là soit ne savaient pas qu’elles devaient se soumettre à un examen périodique pendant leur grossesse, soit il leur était difficile de se rendre au cabinet du médecin. »



    L’émancipation de la femme, la migration de la main d’œuvre, les exigences toujours plus grandes des parents quand il s’agit d’élever et d’éduquer un enfant, l’absence de politiques publiques ciblée sur la famille sont autant de causes qui ont mené à une baisse de la natalité en Roumanie. La population du pays a, elle aussi, baissé de manière inquiétante. L’année 2018, avec seulement 174.000 naissances, a marqué un record négatif : le nombre de naissances plus bas depuis un demi-siècle. Chaque année, de nombreux jeunes choisissent de partir à l’étranger, en quête d’une vie meilleure — beaucoup d’entre eux pour ne plus jamais retourner en Roumanie. En dix ans, entre 2007 et 2017, 3,4 millions de Roumains ont quitté le pays, soit 17% de la population.


    (Trad. : Dominique)

  • Le baromètre de genre, 18 ans plus tard

    Le baromètre de genre, 18 ans plus tard

    Une Roumanie dynamique, où les perceptions de genre changent en se modernisant ; une Roumanie qui hésite entre conservatisme et progressisme dans lapproche de légalité des genres ; une faible perception du besoin de politiques visant légalité des chances. Voilà les conclusions les plus importantes du Baromètre de genre 2018, réalisé 18 ans après le premier jamais réalisé en Roumanie, en lan 2000. Le plus récent, commandé par lassociation non gouvernementale féministe « Centrul Filia/Le Centre Filia », a très bien retenu le changement de certaines mentalités, limmobilisme de certaines autres et lindécision dautres encore. Vu que des sujets tels la violence familiale, léducation à la santé et à la santé reproductive, le grand nombre de mères adolescentes en Roumanie, ont figuré à lagenda public de ces dernières années, Centrul Filia souhaite voir les résultats de cette enquête sociologique produire des politiques de genre conséquentes.



    Andreea Bragă, représentante de lassociation Centrul Filia, explique le contexte dans lequel le Baromètre de genre a été réalisé, ainsi que les éventuelles solutions aux problèmes. «Les mentalités patriarcales et les préjugés concernant la violence, la victime et ses agresseurs, mais aussi le manque dinformations sur la violence familiale et la dynamique de la violence parmi les professionnels du domaine – policiers, juges ou assistants sociaux – freinent laccès des femmes à leurs droits. Sur le terrain, nous apprenons que ce sont les policiers eux-mêmes qui déconseillent aux femmes de porter plainte ou qui ne savent pas quels conseils leur donner. Je ne veux pas généraliser, tous les agents de police ne font pas ça, mais nous aimerions que les professionnels sensibles à la problématique de genre soient plus nombreux, quils rejettent les stéréotypes et les préjugés sur les hommes et les femmes, pour intervenir rapidement dans les cas de violence familiale, surtout quand leur intervention peut faire la différence entre la vie et la mort. Nous continuons à occuper les premières places des classements européens en matière daccouchements parmi les adolescentes, de mortalité à la naissance, de faible accès de la mère aux services de santé… De nombreuses femmes ne consultent jamais un médecin pendant la grossesse. Donc une des solutions a été de refaire un des réseaux de sages-femmes et dassistantes communautaires qui aillent à la rencontre des bénéficiaires et qui travaillent avec les femmes, au sein même de la communauté. Nous avons lintention de remettre en état le réseau de cabinets de planning familial. Malheureusement, nous constatons une résistance de lopinion publique quand on parle de droits reproductifs et daccès à la contraception. »



    Comparé au Baromètre de genre de lan 2000, celui de lannée dernière met en évidence des évolutions positives, mais aussi des attitudes figées dans le temps, selon la sociologue et professeure des universités Laura Grunberg. Lenquête de 2018 contient de nombreuses réponses contradictoires, qui évoquent des mentalités hésitant entre le passé et le présent, entre attitudes traditionnalistes et progressistes, comme laffirme Laura Grunberg : «Aussi bien en 2000 quen 2018, ceux qui parlent dégalité ou dun partenariat hommes-femmes dans la vie privée représentent de faibles pourcentages. « Qui soccupe de la maison ? » Si la réponse la plus fréquente à cette question avait été « les deux », on aurait pu parler dun partenariat privé. Ce thème, du partenariat privé, de léquilibre entre la vie professionnelle et la vie privée ne semble pas être connu ou intéresser les gens. Et cette perception na pas bougé avec le temps. Dautres perceptions sont restées figées : cest plutôt du devoir des femmes que de celui des hommes de soccuper des tâches ménagères. Le pourcentage de ceux qui le pensent touche les 60%, le même chiffre quen 2000. En 2018, tout comme en 2000, quelque 80% des sujets questionnés considèrent que la quasi-totalité des tâches ménagères incombe aux femmes, sauf les travaux de réparation. »



    Dans le même temps, Laura Grunberg croit quun un changement, bien que faible, est en train de sopérer. «Il est vrai quà la question de savoir si lhomme est le chef de la famille, la perception a baissé de 83% en 2000 à 70% en 2018. Cest tout de même bien. Personnellement, je ny vois pas de changement, puisque 70%, cest toujours beaucoup. Même chose en ce qui concerne lidée que « la femme doit suivre son homme ». Le changement y est visible, 65% au lieu de 78%. Mais moi, je naime pas ce pourcentage non plus. Les différences sont visibles, mais les chiffres continuent dêtre importants. Je mattendais à des changements plus profonds en 18 ans. »



    Les aspects positifs mis en évidence par le Baromètre de genre 2018 sont pourtant nombreux, considère Laura Grunberg. « Concernant lélection dune femme aux fonctions de président du pays, en 2000, les Roumains nagréaient pas cette idée. En revanche, en 2018, le changement est évident. Si en 2000, 73% des sondés préféraient un président homme, ils nétaient plus que 43% à le penser, le changement est donc extraordinaire. Pour ce qui est de lidée que « les hommes sont plus capables de conduire que les femmes », la baisse est significative: de 54% à 44%. Cela veut dire que les femmes sont tout aussi capables de conduire que les hommes, certaines dentre elles même plus capables. « Les femmes sont trop occupées avec les tâches ménagères et nont pas le temps dassumer des postes de direction », ceux qui le pensaient représentaient 68%, ils sont maintenant 44%. « Les femmes nont pas confiance en elles-mêmes » – en 2000, 43% des Roumains le pensaient, alors quen 2018 ils étaient 31%.



    Le Baromètre montre clairement que les efforts des ONGs daccroître la prise de conscience relative à la violence familiale et de soutenir la prise de mesures légales contre les agresseurs et en faveur des victimes, ont fait la différence, affirme Laura Grunberg. «Par rapport à 2000, bien plus de personnes considèrent que la violence familiale nest pas simplement une affaire privée, quil faut résoudre en famille. Au contraire, cest la police qui devrait intervenir en premier dans de telles situations. En 2000, 35% des gens considéraient que les partenaires devaient résoudre seuls leurs problèmes, aujourdhui ils ne sont plus que 20% à le croire, et la plupart indiquent la police en premier. Cest un changement de mentalité, ce qui est le plus difficile à opérer. Donc les efforts faits sont visibles. »



    Les auteurs du Baromètre de genre ont conclu que la Roumanie change et que les perceptions de la population concernant les rôles traditionnels de la femme et de lhomme se diversifient. (Trad. : Ileana Ţăroi)

  • « Des femmes rue Mătăsari » – nouvelle édition

    « Des femmes rue Mătăsari » – nouvelle édition

    Le premier week-end du mois de juin est dédié, depuis 2011, à un festival urbain déjà traditionnel à Bucarest : « Des femmes rue Mătăsari ». 3 jours de rêve, dont nous allons vous parler. « Les noces », qui dans les contes de fées durent justement 3 jours et 3 nuits, ont été le thème de cette 9e édition du festival. Et puisque ces « noces » se déroulent dans la rue, tout s’y étale : tables chargées de plats appétissants, lurex et diamants, robes originales et souliers vernis, musiques de toute sorte, films sortis des archives et photos-minute. Nous partons à la découverte des nouveautés de cette nouvelle édition du Festival, et nous commençons par la zone réservée aux ONGs.

    Notre attention est attirée par les tabliers très colorés réalisés par Roxana Ene. Professeur d’art en Allemagne, elle met en œuvre depuis 2010 en Roumanie et en Allemagne des projets de bénévolat au bénéfice des enfants autistes et des enfants touchés par le syndrome de Down ou par des traumas psychiques des deux pays. « Ces tabliers sont notre dernière réalisation destinée à une campagne de collecte de fonds. Il s’agit d’une pièce spécifique du costume traditionnel roumain pour femme, appelé « fotă », qui se retrouve aussi dans les costumes traditionnels allemands. Nous avons donc trouvé ce lien entre les deux pays, bien qu’il y ait aussi des différences : chez les Allemands, le tablier traditionnel n’est pas noué de la même façon : si celle qui le porte n’est pas mariée, le tablier est noué de côté. Nous nous sommes dit que ces tabliers sont très simples, nous les avons intégrés aux accessoires et ils se sont avérés très recherchés et versatiles. On peut les lier autour de la taille, mais aussi de côté, où sur la poitrine.

    Roxy a été présente à plusieurs éditions de ce festival et, depuis 2017 elle est venue y participer avec un stand, en tant que présidente de l’ONGs « Roxy and Kids Art ». Le stand le plus coloré de la rue était celui de Teodora Rosetti, directrice exécutive de l’Association « Accept »: « Nous avons souhaité rappeler aux visiteurs que le festival Bucharest Pride est prévu le 22 juin et que nous allons y participer ensemble pour la solidarité et pour la communauté, que nous serons présents dans l’espace public et qu’il est important de parler de l’amour entre tous les humains. Cette année Bucharest Pride lance un message très simple : tous pour l’amour et l’amour pour tous. Quant à notre offre de cette année, rue Mătăsari, nous avons joué, comme d’habitude, avec toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et nous avons mis en vente des drapeaux et des parapluies Rainbow, ainsi que beaucoup de produits réalisés par des membres de notre communauté : des savons, des bougies, des aimants pour frigo. »

    Nous quittons la zone des ONGs pour nous engager dans la rue de la mode. Comme à chaque nouvelle édition, depuis 4 ans, nous y retrouvons les ateliers « Zuza Muza ». Mădălina, créatrice des vêtements Zuza Muza, nous accueille chaleureusement : « Initialement, c’était un projet destiné aux femmes grassouillettes, pourtant, aux festivals et aux foires je n’apporte pas uniquement de vêtements grande taille, mais aussi de tailles moyennes ou petites. Le festival « Des femmes rue Mătăsari » en est à sa 9e édition et j’espère qu’il y en aura encore une centaine, car l’ambiance est magnifique et c’est ce qui compte le plus. Les gens sont sympas, la musique est sympa et on est content d’être là ! »

    A part les vêtements farfelus, des cosmétiques attendent également leurs clients. Tudor Adriana, apporte depuis 2011 sur le marché des produits dont le nom rappelle le temps des chevaliers : « Nous sommes des producteurs de cosmétiques naturels. Nous avons apporté des produits de toute sorte : savons naturels, crèmes sans conservateurs, shampoings… Nous sommes venus rue Mătăsari pour être plus près du public, des clients et nous nous y plaisons. D’une année à l’autre l’ambiance est toujours meilleure. Les jeunes organisateurs du festival sont vraiment exceptionnels. Nous sommes venus présenter nos produits et nous faire connaître. Si on respecte les clients et que les produits soient de qualité, les gens achètent. Mais il faut aimer le métier. Sans la passion, on ne peut rien faire de bon. Nous participons à ce festival depuis 5 éditions et cette année, nous sommes à nouveau là. »

    Andrei Abrudean, de Timişoara, crée des bijoux en argent, mais il utilise aussi des matériaux inhabituels, comme par exemple les crayons de couleur. Cette année, il est présent rue Mătăsari avec un nouveau projet: « L’idée est née de mes études paysagères. J’ai commencé par ramasser des cupules de glands et j’ai « construit » des « glands » en résine époxydique, à l’intérieur desquels j’ai placé différentes plantes, créant ainsi de minuscules paysages. En portant un tel bijou, on porte avec soi un coin de nature. Ils se sont bien vendus, les gens sont réceptifs à tout ce qui est nouveau. Je suis présent pour la deuxième fois rue Mătăsari et je suis venu parce que l’ambiance est très accueillante et les gens sont vraiment bien. »

    Paul de « Greenarium » est une autre présence déjà familière au Festival rue Mătăsari. Il nous a habitués à ses plantes succulentes placées de manière artistique dans des bols ou des terrariums de différentes formes, aussi inhabituelles que possible. Cette année il rejoint l’utile à l’agréable, en nous proposant de magnifiques lampes en verre Tiffany.Quant à la nourriture et aux boissons, il y en a eu, comme disent les contes, pour tout un royaume et tout a baigné dans la gaité et la bonne humeur.
    (Trad. : Dominique)

  • Initiatives pour les jeunes

    Initiatives pour les jeunes

    Venu en Roumanie
    dans le cadre du programme Erasmus, Mano le Gall était déjà présent sur les
    ondes de RRI lors d’une émission consacrée aux cours de français que cet
    étudiant Erasmus animait à la Bibliothèque Eugène Ionesco de Galati. A
    l’époque, il n’était pas seul dans sa démarche, mais il était accompagné par le
    jeune professeur marocain, Zouhair Harik, venu en stage à l’Université Dunarea
    de Jos. Quelques mois plus tard, Mano le Gall se préparait à rentrer chez lui.
    Mais avant, il est passé sur Bucarest et nous a rendu visite dans les locaux de
    Radio Roumanie. L’occasion de s’entretenir avec Ioana Stancescu de RRI et de
    faire le point sur son expérience à la roumaine.

    Les ados roumains d’aujourd’hui sont très sensibles à leurs droits. Ils demandent leurs droits sans hésiter, ils luttent pour leurs droits et ils les défendent. C’est le cas de notre invitée suivante, une jeune fille de 15 ans qui a décidé de créer une organisation qui soutienne les droits des femmes. Un reportage par Ana Maria Cononovici.