Tag: histoire

  • A la une de la presse roumaine – 12.02.2016

    A la une de la presse roumaine – 12.02.2016

    Le pays est sous le choc à cause du décès d’une fillette de 11 mois, qui révèle la présence de bactéries dans plusieurs hôpitaux d’enfants de Roumanie. Les journaux parlent aussi du peintre roumain Adrian Ghenie qui a vendu un de ses tableaux pour l’équivalent de 4 millions d’euros et commentent l’idée d’éliminer l’étude de l’histoire des Roumains dans les écoles du pays.




  • A la une de la presse roumaine – 21.12.2015

    A la une de la presse roumaine – 21.12.2015

    Les grands quotidiens bucarestois du jour sont partagés entre le passé et le présent lié au 21 décembre. Histoire et politique, mais aussi événements d’hiver font le plein d’articles dans la presse roumaine.




  • Repères dans l’histoire de Radio Roumanie Internationale

    Repères dans l’histoire de Radio Roumanie Internationale

    Les émissions en langues étrangères de la Société roumaine de radiodiffusion ont été conçues au début pour informer le corps diplomatique étranger à Bucarest. Ce fut en 1932 que les appareils radio diffusaient pour la première fois des émission en français et en anglais, des journaux d’actualités. Durant la guerre, le Service en langues étrangères de la Radiodiffusion roumaine informait les étrangers sur l’évolution de la ligne du front et sur l’état d’esprit de la population. Après la guerre, le Service en langues étrangères de la Radio publique roumaine fut réorganisé sous le nom de « Rédaction des émissions pour l’étranger » et des locuteurs de langues étrangères ainsi que des natifs ont été embauchés pour faire la propagande de la Roumanie communiste. Tout comme dans le cas de la totalité de la presse et de l’appareil étatique, la mission de la Radiodiffusion roumaine a été dénaturée et l’institution est devenue une partie du modèle de société communiste.

    En 1950, Serge Levescu terminait le lycée français de Bucarest. Il fut embauché avec certaines difficultés par la Section française de RRI parce que ses parents n’étaient pas ouvriers. En 1998, le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine a interviewé M Levescu pour lui demander quelle était sa place dans la rédaction et comment s’y déroulait l’activité: « Le personnel était très peu nombreux à l’époque et l’organisation était la suivante : le chef de la section était suivi par quelques personnes seulement : deux traducteurs et deux contrôleurs. La personne qui avait le droit de contrôler et d’avaliser les textes devait s’assurer que le texte traduit en français était conforme aux textes en roumain rédigés par d’autres rédactions. A l’époque, les sections en langues étrangères n’avaient aucune activité journalistique, tout était produit par deux sections centrales ; l’une s’occupait des sujets étrangers et l’autre des sujets roumains. Les deux sections étaient formées par des rédacteurs qui nous envoyaient les textes à diffuser, les bulletins d’informations, les commentaires et autres. Le traducteur traduisait le texte, le contrôleur le vérifiait du point de vue de la langue et de conformité avec le texte d’origine et puis il était envoyé à des speakers qui le lisaient au micro. Les émissions étaient enregistrées et le direct n’existait pas pour la Rédaction des émissions pour l’étranger. Les textes étaient écrits à la machine à écrire en trois exemplaires. Le premier était destiné au speaker, qui le lisait, le deuxième revenait à un contrôleur d’émission qui assistait le speaker dans la cabine d’enregistrement. Il suivait le texte pour s’assurer que le speaker ne fait pas de fautes et qu’il lit exactement ce qui était écrit dans le texte d’origine. Le troisième exemplaire était rendu à une personne qui ne faisait pas partie de la rédaction et qui devait écouter l’émission sur les ondes. Dans un autre bureau, à un autre étage, cette personne écoutait si les paroles du speaker étaient conformes au texte. Il s’agissait donc d’un contrôle à plusieurs niveaux. »

    En 1955, la Britannique Marjorie épousait Stavarache Negrea et ensemble ils s’établissaient à Bucarest et se faisaient embaucher au Service anglais de la Rédaction pour les émissions pour l’étranger de Radio Roumanie. Marjorie était speakerine et correctrice de textes, se souvenait-elle en 1997, lors d’un entretien pour le Centre d’histoire orale de la Radio: « Lorsque je suis arrivée en Roumanie, j’ai dû me présenter au Comité central du Parti communiste. Là, on m’a dit que si je voulais m’établir et travailler en Roumanie, j’allais être recommandée pour un travail à la Radiotélévision roumaine, qui avait besoin de locuteurs d’anglais. J’ai passé quelques tests, on m’a fait corriger des textes rédigés par les traducteurs. Ensuite, je suis passée à l’antenne, en tant que speakerine. J’ai été même contrôleur politique et je peux dire que c’était un travail intéressant. Je lisais les traductions et je devais voir si le contenu était conforme aux impératifs politiques. J’ai eu de bonnes relations avec tout le monde, même si c’était un peu difficile car je ne parlais pas roumain. »

    Malgré les pressions constantes, il y avait aussi des périodes où la vigilance des idéologues perdait de son intensité. C’est ce qui est arrivé, par exemple, le 20 juillet 1969, se souvient Serge Levescu: « C’était le moment du premier pas de l’homme sur la Lune, mais aussi d’une conférence de rédaction sans dimension politique. Lorsqu’Armstrong est sorti du module lunaire, nous étions tous rassemblés dans le bureau du rédacteur en chef de l’époque, Hortensia Roman, et nous écoutions le programme qui passait à ce moment-là à la radio. C’était très émouvant – « plus que 100 mètres, 50 mètres… » Lorsque l’alunissage s’est produit, nous avons eu une réaction commune d’enthousiasme. Là, il n’était plus question d’impérialisme… »

    Dans les années 1950, lorsqu’elle est entrée à la Radio, Maria Lovinescu a travaillé à la salle de rédaction et ensuite à la Section italienne. Le dialogue avec les auditeurs par le biais des lettres était très particulier, se souvenait-elle en 1995: « Au tout début, il n’y avait pas beaucoup de messages. Ensuite les quantités ont augmenté et il y avait beaucoup de questions. Les gens étaient très intéressés par ce qui se passait ici, en Roumanie. Le public était plutôt avec des études moyennes, il n’était pas diversifié d’un point de vue social. Nombre d’auditeurs s’intéressaient à la musique traditionnelle, à la culture locale, aux attractions touristiques du pays. Ils voulaient savoir comment on pouvait se rendre en Roumanie. A mon avis, la partie politique les intéressait peu ou pas du tout. Ils avaient d’autres sources pour s’informer sur les réalités politiques. »

    Radio Roumanie Internationale est entièrement réorganisée juste après 1989. C’est alors que naît une nouvelle station de radio, conçue d’après les impératifs d’une chaîne généraliste tout info. Son histoire est semée d’embûches et elle reproduit en miniature l’histoire de la Roumanie et des autres pays d’Europe Centrale et Orientale de l’après 1945. (Trad. Andrei Popov, Alex Diaconescu)

  • “Le manuscrit phanariote”

    “Le manuscrit phanariote”

    Certains historiens se plaisent à affirmer que l’histoire s’inscrit parmi les sciences exactes puisqu’elle parle de faits et d’événements datés pour la plupart. Pourtant, les années, les noms des protagonistes, les intrigues et les enjeux ne sont pas tout lorsqu’on évoque un événement historique. S’y ajoute l’ambiance de l’époque, les mœurs, les mentalités refaites pour la plupart dans des ouvrages littéraires d’inspiration historique. Les romans historiques jouent un rôle essentiel dans la présentation de telle ou telle période de notre passé.

    Selon Wikipedia, le roman historique s’efforce d’apparaître vraisemblable en regard de la vérité historique et l’auteur s’appuie généralement sur une importante documentation. C’est le cas de Doina Rusti dont le roman «Le manuscrit phanariote» enthousiasme dernièrement le public de Roumanie. Après avoir étudié des centaines de documents des années 1770 – 1830, la romancière se penche sur le destin d’un jeune venu dans la capitale pour faire fortune. Une histoire banale à première vue qui offre à son auteur l’occasion de refaire l’ambiance d’un Bucarest exotique peuplé de toute sorte de personnages parmi lesquels le prince Alexandru Moruzi qui a vécu entre 1750 et 1816.

    Doina Rusti : « Moruzi m’intéressait vraiment. C’était un prince phanariote qui a mené une vie fort intéressante et qui nous a légué probablement le plus grand nombre de documents. D’origine grecque, marié à une Roumaine, Alexandru Moruzi a plusieurs fois régné en Valachie et en Moldavie. Moi, j’ai été fascinée d’apprendre qu’il dictait ses idées chaque jour, d’où le nombre impressionnant de documents qu’il a laissé derrière lui décrivant la vie à la cour des princes phanariotes. Moruzi a fini tragiquement: attrapé par les Turcs, il a été vendu comme esclave sur les galères. La figure de Moruzi domine tout mon roman. A un moment donné, j’ai abandonné un peu l’histoire du personnage principal pour me consacrer davantage à l’ombre de Moruzi qui plane sur la ville de Bucarest ».

    Au début du XIXème siècle, Bucarest était une sorte de « Babel », de par le mélange de langues et de nations. Parmi les personnages du « Manuscrit phanariote » figure Delizorzo, un étranger établi au cœur de cette Babylone valaque, aux dires de Doina Rusti : « Nombre de Grecs qui sont venus ici étaient en fait Aroumains et Vlashi ou Mégléno-roumains, qui parlaient bien le roumain. Presque tous avaient des liens avec le monde roumain. D’ailleurs, c’est pour cette raison qu’ils étaient venus ici. Un d’entre eux, Dositei Filiti, surnommé Delizorzo, allait remplacer le métropolite Filaret. Né d’un père grec et d’une mère albanaise, en fait mégleno-roumaine, Delizorzo était imbu de culture grecque. En ces temps-là, ce métissage était chose habituelle dans les Balkans de ces temps-là. Le surnom de Delizorzo, Dositei Filiti le doit aux Bucarestois. Je l’ai gardé tel quel dans mon roman, après moult efforts de le décrypter. C’était un nom sympa, moitié en turc, moitié en grec. En langue turque, « deli » veut dire « fou », mais dit avec sympathie : «Zorzo le folâtre». Comme « Zorzos » était un nom très répandu à travers les Balkans et que sa sonorité était tellement rigolote, les Roumains finissent par créer ce surnom. Extrêmement agité, Delizorzo était une sorte de professeur étourdi. »

    Arrivé à Bucarest pour faire fortune, le jeune homme vit selon les mœurs du temps. L’écrivaine Doina Rusti a glissé dans la biographie de son héros l’expérience d’un autre personnage, contemporain de celui-ci : « Ce personnage, que j’ai trouvé dans un manuscrit, m’a étonnée par son histoire. Mégléno-roumain lui aussi, il arrive à Bucarest, la tête pleine de grands projets. Il affirme être Grec, donc étranger, mais se présente comme étant fils de Radu, un nom typiquement roumain. A cette époque-là, il était préférable de se déclarer Mégléno-roumain, plutôt que Grec, venu je ne sais d’où. Eh bien, le hasard veut qu’il devienne l’esclave du boyard Doicescu. C’est une histoire qui parle d’amour, de désespoir et d’esclavage. Dès qu’il arrive à Bucarest, Ion, le fils de Radu, est pris pour Leun, un personnage mentionné à plusieurs reprises par les documents de l’époque. Très probablement français, âgé de 17 ans, Leun était devenu valet du comte Hasatov, premier consul russe à Bucarest. Ce Léon que même Moruzi appelle Leun et qui avait pris la fuite en pleine nuit, était recherché par la police. Comme le prince lui-même avait ordonné de mettre la main sur « ce sale Leun », on peut se demander qui il était et pour quelle raison les policiers étaient sur ses traces. On savait qu’il était vêtu d’habits verts et assez indécents, à en juger d’après ses pantalons serrés, à l’allemande et ses cheveux attachés en queue de cheval. Finalement, je suis tombée sur un document où l’on expliquait les faits. Même Moruzi avait dit qu’une fois attrapé, Leun devait se présenter chez un grand commerçant dont la fille l’attendait pour l’épouser. Difficile à comprendre pourquoi un domestique se serait enfui et aurait refusé une proposition si honorable. Bref, tout le monde recherchait Leun pour ce mariage arrangé. Moi, je me suis inspirée de tous ces document réels pour imaginer l’histoire de mon personnage, Ion, le fils de Radu. Lequel vient à Bucarest pour faire fortune, car, à ses 17 ans, il n’avait guère envie de rejoindre l’armée du général Lambros, libératrice de la Grèce. Il voulait tout simplement profiter de sa jeunesse. »

    Il arrive que les documents historiques soient tout aussi confus que la réalité dont ils parlent. Même cas de figure pour les écrits littéraires, qui racontent des histoires, sujettes à interprétation et bien des fois fictives. (Trad. Ioana Stancescu, Alex Diaconescu)

  • Lascar Catargiu

    Lascar Catargiu

    Descendant dune grande famille de boyards aisés de Moldavie, Catargiu est né en 1823, à une époque dédification de lEtat roumain moderne et de modernisation. Il a occupé différentes fonctions dans ladministration locale de Moldavie jusquen 1859. Bien que conservateur, il a été ladepte de lunion de la Moldavie avec la Munténie et a pris une part active à lélection dAlexandru Ioan Cuza en tant que prince dans les deux principautés roumaines.



    Lascăr Catargiu a été un des hommes politiques les plus fermes. En coalition avec les libéraux, il a agi pour écarter Cuza lorsque son règne mettait en danger lexistence de lEtat roumain. Il a été membre de la lieutenance princière qui sest ensuivie, en 1866, après que Cuza eut été détrôné, et a été un supporter actif de linstauration de la monarchie constitutionnelle et dune dynastie étrangère. Esprit consensuel, avec une grande capacité de travail, Lascăr Catargiu sest imposé comme dirigeant des conservateurs, qui ont vu en lui le facteur déquilibre de lunité de leur parti.



    Lascăr Catargiu a été un des hommes providentiels de lhistoire de la Roumanie de la seconde moitié du XIXe. Il a sauvé la Roumanie de la déstabilisation en 1871, comme le soulignait lhistorien Sorin Cristescu : « Son rôle a été tout à fait à part ; à un moment donné, il a sauvé le règne de Carol Ier. La nuit du 10/22 mars 1871 a été un moment dramatique ; cet homme a fait face à une situation difficile. On ne peut pas savoir si Carol était effectivement décidé à abdiquer, mais il est intervenu en force alors quune manifestation organisée par les libéraux avait eu lieu à Bucarest, censée compromettre la colonie allemande de Bucarest et le souverain. Il sest présenté chez le roi en tant quancien membre de la lieutenance princière et lui a dit quil lui offrirait un gouvernement puissant dont le pays avait besoin sil le nommait premier ministre ».



    Comment Lascar Catargiu est-il arrivé à simposer en tant que leader du Parti conservateur si riche en personnalités publiques ? Sorin Cristescu répond : « Il jouit dun fort prestige au moment de lavènement du roi Carol au trône du pays puisquil fut le premier président du Conseil des ministres qui a gouverné le pays du 11 mai jusquau 13 juillet 1866. Comment ce personnage est-il arrivé à la tête des conservateurs ? Disons dabord que le Parti conservateur réunissait de grandes personnalités de lépoque, des gens très cultivés tels Petre P. Carp et Titu Maiorescu. Or, on se trouve devant un homme dépourvu de qualités oratoires ou intellectuelles et qui navait pas de talent à entretenir une conversation. Il était modeste sur le plan spirituel et du coup, on se sentait à laise près de lui, tandis que la compagnie dune personnalité comme Petre P. Carp était souvent écrasante. Carp ne ratait aucune occasion dafficher sa supériorité envers les autres membres du parti. Une attitude qui na fait quamplifier la vague de sympathie face à quelquun comme Lascar Catargiu dont la modestie spirituelle lui a apporté le soutien de ses collègues qui lont voulu à leur tête ».



    En place entre 1871 et 1875, le gouvernement de Lascar Catargiu a inscrit la Roumanie sur la voie de lindépendance. Sorin Cristescu : «Cétait pour la première fois depuis lunion des Principautés roumaines quun gouvernement roumain menait à bien un mandat de 4 ans. Cétait incroyable. Ce cabinet sest avéré très efficace, il a su régler la situation financière du pays, si difficile à lépoque, et son efficacité sest reflétée dans le résultat des élections quil a remportées haut la main. Dans un geste dindépendance, il a décidé de défier le soutien accordé par le sultan au roi Carol, en échange duquel la Roumanie se voyait interdire toute convention commerciale avec dautres pays. Or, le gouvernement Catargiu a conclu une convention commerciale avec lAutriche, en 1875, pour démontrer au Sultan son indépendance. Peut-être que ce gouvernement aurait dirigé le pays encore 4 ans si la révolte des chrétiens néclatait pas en août 1875, en Bosnie Herzégovine. Au bout de quelques mois, la menace dune guerre russo-turque sétait transformée en certitude, tout comme la participation imminente de la Roumanie. Quel que fût le dénouement, la Roumanie comprenait très bien quelle allait céder trois territoires dans le sud de la Bessarabie : Cahul, Ismail et Bolgard. Or, aucun gouvernement ne voulait attacher son nom à une telle perte. Du coup, les conservateurs ont décidé dabandonner le pouvoir ».



    « Ceci nest pas possible, Votre Majesté » est une des répliques les plus connues de lépoque. Elle appartenait à Lascar Catargiu, étant synonyme de fermeté, de courage et dinflexibilité, alors quune limite était franchie, même par la reine. Sorin Cristescu : « A lépoque de cette réplique, il était ministre de lIntérieur dans le gouvernement dirigé par un autre conservateur, le général Ioan Emanoil Florescu. Pour lui, cette expression symbolisait lévidence. Ce que la reine voulait faire, à savoir marier sa demoiselle de compagnie Elena Vacarescu au prince héritier Ferdinand, était inadmissible. Catargiu a exprimé le mieux lattitude dune élite qui sest coalisée du coup autour dune proposition. Le mariage de Ferdinand à Elena Vacarescu na pas partagé lélite roumaine en deux camps. Aucun boyard roumain na soutenu ce mariage, même les membres les plus proches de la famille dElena Vacarescu, constatait-elle avec amertume. Cest lexpression de Lascar Catargiu qui a plu le plus à tout le monde ».



    En 1899, à lâge de 79 ans, Lascar Catargiu décédait des suites dun infarctus du myocarde, le jour même où le Roi Carol Ier le nommait premier ministre pour la quatrième fois. Dans sa nécrologie, lhistorien et philosophe Titu Maiorescu affirmait : « honnête et infatigable dans les détails de ladministration. Cest grâce à ces traits de caractère et à son courage que Lascar Catargiu a obtenu son autorité au sein du Parti conservateur. »

  • Retrouver la mémoire du communisme au monastère

    Retrouver la mémoire du communisme au monastère

    Cette semaine nous continuons notre incursion dans le passé plus ou moins récent du monastère Saint Nicolae, où les langues se délient. Démarche originale pour comprendre la mémoire du communisme à partir de ceux qui vivent dans de tels lieux, le travail de l’anthropologue et historienne Maria Mateoniu permet de voir comment de simples personnes reconstruisent un passé qui leur a été volé. Les histoires les plus impressionnantes seront évoquées cette semaine. Par exemple, celle d’un prêtre — véritable figure locale — assassiné par les services de l’État et présenté comme un suicidé. Les nones accèdent à une vérité en dépit de l’intervention de la Securitate qui tentait de les éconduire.


  • Vikings à Râşnov

    Vikings à Râşnov

    Nous vous parlions dimanche dernier, dans la rubrique “La Roumanie chez elle”, de lengouement des Européens pour des reconstitutions historiques, de cette tentative de retour aux sources du passé avec les instruments du présent. La Roumanie est très active sur ce terrain – de nombreux événements et festivals ciblés sur le quotidien des Daces ou des Romains sont organisés un peu partout à travers le pays.



    Néanmoins, en cette fin de semaine, les Roumains daujourdhui pourront faire des rapprochements entre le quotidien de leurs ancêtres et celui dune population septentrionale tout aussi ancienne et qui fait lobjet de toute une mythologie. Ce sont les Vikings qui ont débarqué pour quelques jours à Râşnov, une forteresse médiévale sise près de Braşov, au centre de la Roumanie. Leur visite nest pas forcément un exercice dexotisme, mais une étape dans le cadre dun projet plus ample, ciblé sur les communautés locales et le développement de réseaux culturels et de monuments historiques alternatifs en Europe, en dehors des sentiers touristiques très fréquentés. “Reconstitution historique – instrument de valorisation culturelle et développement durable de la communauté locale” sappelle ce projet mené en Roumanie par lAssociation “Mioritics” et financé par les subventions de lEspace économique européen. Amalia Alexandru, experte dans le cadre de cette association, nous en parle.


  • Revivre l’histoire

    Revivre l’histoire

    Si une leçon d’histoire vivante vous dit ou si vous êtes curieux de savoir comment vivaient et luttaient nos ancêtres, sachez que des « reconstitutions historiques » sont organisées en Roumanie depuis le printemps jusqu’en automne. Les reconstitutions historiques gagnent du terrain sur le plan international.



    Andrei Pogăciaş, vice-président de l’Association Terra Dacica Aeterna de Cluj-Napoca : « L’idée est très ancienne. Les premiers à avoir réalisé une reconstitution historique ont été les Romains, pendant la période de l’Empire Romain. Ils reconstituaient, dans les amphithéâtres — au Colisée, par exemple — des batailles de l’histoire romaine. La reconstitution professionnelle a débuté au 20-e siècle, lorsque différentes organisations et associations ont commencé a se doter de costumes pour différentes périodes historiques et différentes régions du monde. C’est vers la fin du 20-e siècle que la reconstitution a pénétré en Roumanie. Ce n’est donc pas notre idée, ce fut plutôt pour nous une expérience réalisée par des passionnés de l’Empire Romain ou des Daces ou par des historiens. C’est ainsi que Terra Dacica Aeterna est apparue, en 2007. Elle comportait, au début, une troupe de Romains. Pourtant, une troupe de Romains, ça ne suffisait pas, il nous fallait aussi des Daces. Nos frères Sicules nous ont rejoints peu après, pour constituer une troupe de Sarmates. A présent nous disposons donc de 3 armées : des Daces, des Romains et des Sarmates. »



    Ces armées s’entraînent lors des ateliers organisés à Cluj ou bien à l’occasion des festivals. Des batailles très connues de l’histoire peuvent se dérouler sous vos yeux. Une démarche récupératrice et une expérience inédite où vous pouvez voir des personnages historiques agir. Quels sont les festivals parmi lesquels vous pouvez choisir ?



    Andrei Pogăciaş: « Plusieurs festivals assez importants sont organisés à travers le pays. Parmi eux, je mentionnerais le festival des cités daces, qui se tient dans le comté d’Alba et que je tiens pour l’événement le plus ample en son genre. La ville d’Alba Iulia, chef – lieu de ce comté, situé au centre de la Roumanie, accueille le Festival Romain, d’habitude au printemps. On retrouve également sur la liste le Festival de Zalău et celui de Porolissum, accueilli par le département de Sălaj (nord-ouest), puis le Festival antique Tomis, de Constanţa (la plus grande ville — port du pays, située dans l’est), le Festival Dacfest, organisé par notre association, Terra Dacica Aeterna, dans le département de Hunedoara (centre-ouest). La première édition de Dacfest a eu lieu l’année dernière à Simeria, près de Gura Uroiului. Cet endroit idéal pour la tenue de ce festival est situé au pied d’un énorme rocher, appelé Măgura Uroiului et dont la forme ressemble au bonnet dace. Le tapis de verdure qui s’étale en bas du rocher permet d’y installer le camp et les ateliers. Il peut se transformer aisément en champ de bataille et accueillir un public assez nombreux. L’année dernière nous avons eu beaucoup de spectateurs. Nous ambitionnons d’inclure au programme de cette année davantage d’activités et de troupes et d’attirer encore plus de spectateurs, de sorte à transformer ce festival en un événement traditionnel pour la contrée de Hunedoara, ancien noyaux du royaume dace. Notre souhaitons donc perpétuer la mémoire de ces lieux par le biais d’activités de ce type. »



    D’ordinaire, un festival s’étend sur trois journées, à compter du vendredi. On commence par monter les tentes, aménager les ateliers et identifier les meilleurs endroits pour allumer le feu, précise notre interlocuteur : « On sort tous les équipements. Certains sont placés dans les râteliers, d’autres sont remis aux participants. Le programme des samedi et dimanche, quand le festival bat son plein, comporte, dans la matinée des ateliers destinés au public. L’après-midi est réservé aux activités les plus prisées des spectateurs, à savoir les batailles, qui durent environ trois heures, suivant le scénario. Les rôles sont très bien définis: il y a les Daces, les Romains et les Sarmates. A l’intérieur des troupes, la hiérarchie est rigoureusement établie : commandant, noble, maître artisan, archer. Pendant la lutte, chacun occupe telle ou telle place, connaît à fond son rôle et son devoir d’obéir aux ordres du commandant sur le terrain. Même si cela a l’air d’un jeu, il n’est pas facile de supporter le bruit infernal de la bataille, car on utilise des vraies armes métalliques et des boucliers en bois avec bordure en métal. Le vacarme est tel qu’à un moment donné on n’entend plus les ordres du commandant. Alors, on se laisse aller, on entre dans la peau de son personnage ».



    Une fois achevé le combat, le public pénètre dans le camp pour voir les costumes, les armes, demander des explications ou participer à des ateliers civils. Les spectateurs peuvent essayer les armures daces ou romaines, voir comment fonctionnent les armes fidèlement reconstituées d’après leurs modèles historiques authentiques. On leur interdit de participer aux batailles, pour éviter les accidents, mais les petits bénéficient d’instruction et de brèves simulations de combats aux armes en bois. N’oubliez pas, c’est Hunedoara qui accueillera l’édition 2015 du Festival romain, le premier de la série des festivals de reconstitutions historiques de Roumanie. (Trad. Dominique, Mariana Tudose )


  • A la une de la presse roumaine – 26.06.2015

    A la une de la presse roumaine – 26.06.2015

    Jurnalul naţional en ligne est le seul à rappeler que c’est la Fête du Drapeau national ; l’occasion d’organiser plusieurs cérémonies militaires et religieuses, partout dans le pays, indique le quotidien. Adevărul en ligne s’intéresse aujourd’hui à l’histoire, notamment à une civilisation vieille de 6000 ans développée sur le territoire de la Roumanie, la culture Gumelniţa, dont des pièces découvertes récemment ne cessent d’étonner. Impossible d’éviter le sujet Sebastian Ghiţă, le nom d’un député qui est sur toutes les lèvres ces jours-ci en Roumanie, et en une de Gandul.info. Enfin, Evenimentul zilei en sait long sur un procureur qui vendait des tableaux, dont certains étaient des faux



  • Les histoires de Bucarest racontées par Domenico Casselli..

    Les histoires de Bucarest racontées par Domenico Casselli..

    Vers le milieu du 19-e siècle, le processus de modernisation des principautés roumaines s’est visiblement intensifié. Un nombre croissant de bâtisseurs italiens ont commencé à arriver en Valachie et en Moldavie, s’ajoutant aux Italiens venus s’y établir pendant les siècles antérieurs et qui s’étaient fait remarquer en tant qu’intellectuels ou hommes de sciences. Il convient de mentionner, parmi eux, le secrétaire florentin du prince régnant Constantin Brancovan, Antonio Maria del Chiaro, auteur d’importants mémoires sur la Valachie. Au 19e siècle, de nouveaux édifices commençaient à être érigés, dans les styles architecturaux en vogue à l’époque. Or, pour les bâtir, il fallait des architectes et des ingénieurs qui connaissent les nouvelles exigences, ainsi que des maçons familiarisés avec les matériaux utilisés.

    Certains de ces maçons sont venus d’Italie, ils s’y sont adaptés, ont fondé des familles et s’y sont établis. Une partie de leurs descendants ont continué leur métier, d’autres se sont orientés vers d’autres domaines. Ce fut le cas du journaliste et historien Domenico Caselli, un Italien né en 1875 à Bucarest dans une famille de bâtisseurs et tellement épris de sa ville natale, qu’il devint un de ses historiens.

    Emanuel Bădescu, bibliothécaire travaillant au cabinet des estampes de la Bibliothèque de l’Académie roumaine, poursuit l’histoire de Domenico Caselli : « Il a été l’étudiant préféré de l’historien et homme politique Vasile Urechia, qui a voulu l’orienter vers l’archivage. D’où sa facilité à aborder les documents anciens, à les lire, les traduire et les commenter. Ses parents étaient originaires du nord de l’Italie, étant nés près de Venise. Ils sont arrivés à Bucarest vers la moitié du 19e siècle. Son père était bâtisseur. Les bâtisseurs italiens étaient très recherchés en Valachie, où ils avaient commencé à arriver dès le 17e siècle, à l’époque du prince régnant Constantin Brancovan. Domenico Caselli a fait ses études primaires et secondaires à Bucarest. Selon un de ses biographes, il est possible que Caselli ait vu le jour et passé son enfance dans le quartier de l’église Visarion. Une fois le lycée terminé, il s’est orienté vers l’histoire. Grand admirateur de l’éminent homme de lettres Bogdan Petriceicu Haşdeu, Caselli a repris sa méthodologie de travail dans ses articles d’histoire. En quoi consistait cette méthodologie ? Haşdeu commençait par une brève présentation du thème, il exposait le document, ensuite il le commentait et en tirait les conclusions. »

    Intéressé également par l’histoire politique de la ville de Bucarest, Domenico Caselli s’est surtout distingué par son intérêt pour les événements quotidiens, pour les documents anciens illustrant la vie de tous les jours des Bucarestois. Ces documents, Caselli les racontait ou les commentait dans les publications de l’époque. Nous repassons le micro à Emanuel Bădescu : « Il a commencé par publier ses articles dans les revues périodiques de l’époque. Il a été l’adepte d’une histoire scientifique de vulgarisation, pour que le lecteur soit captivé, d’une histoire thématique et des documents. Dans ses articles destinés aux différents journaux – bien nombreux, d’ailleurs – Caselli a essayé de cultiver l’intérêt pour les documents authentiques. Il a également publié 2 ou 3 livres, pourtant ce n’était pas là sa vocation. »

    Un de ces livres, à savoir « Le massacre des Bucarestois au temps de Kehaïa-bey et autres histoires merveilleuses de la ville de Bucarest au début du 19e siècle » vient d’être publié aux Editions « Vremea ». Dans ses pages, le lecteur peut savourer des articles de Domenico Caselli publiés en 1936 – 1937, dans l’hebdomadaire La revue municipale sous la rubrique « A quoi ressemblait le Bucarest de jadis ». Il y parle de l’année 1821 et de la révolution de Tudor Vladimirescu, qui a touché la future capitale roumaine. Pour écrire ces articles, Caselli a utilisé des informations fournies par un témoin de l’époque, le colonel Dimitrie Papazoglu, un des premiers cartographes et géographes roumains. A ces informations, il en ajoute d’autres, provenant de sources différentes. Une des figures dont Caselli donne une description pittoresque est celle de Bimbaşa Sava, commandant des troupes de mercenaires qui défendaient à l’époque la ville de Bucarest. Domenico Caselli s’est éteint en 1937. Ses articles méritent bien d’être publiés et redécouverts. (Trad. : Dominique)

  • Une ville dans la ville. Le 3e arrondissement de Bucarest.

    Une ville dans la ville. Le 3e arrondissement de Bucarest.

    En 1862, Bucarest devient la capitale des
    Principautés unies de Moldavie et de Valachie. Il se développe en tant
    qu’important centre culturel et artistique, dont les élites importent le modèle
    occidental, notamment français, vers le début du 20e siècle. L’architecture
    particulière et l’atmosphère de la bohème bucarestoise d’avant la première
    guerre mondiale avaient donné à la capitale roumaine le surnom de « Petit
    Paris », qui allait être gardé aussi pendant l’entre-deux-guerres.

    Malheureusement,
    le régime communiste est brutalement intervenu dans l’architecture et
    l’infrastructure bucarestoises. De nombreux monuments historiques ont été
    détruits, surtout dans les années ’80, pour laisser la place aux immenses quartiers
    dortoirs prolétaires. A l’heure actuelle, Bucarest est divisé du point de vue
    administratif en 6 arrondissements, leurs limites allant comme des rayons du
    centre vers la périphérie. L’historien Emanuel Badescu évoque les débuts de la
    capitale roumaine actuelle.


    « Bucarest a eu comme noyau la Cour princière, le Palais princier
    et un village dont est issu le plus vieux quartier de la ville. C’était autour
    de l’Eglise Saint Georges l’ancien. Ce quartier, appelé le faubourg de Popescu,
    s’étendait jusqu’au-delà des églises Delea Veche et Delea Noua, arrivant à
    proximité du monastère de Marcuta, dans l’est de Bucarest. Le lieutenant -
    colonel Papazoglu, historien archéologue et géographe roumain du 19e
    siècle, affirmait que le quartier Dobroteasa serait le lieu de naissance de la
    ville. Il se trompait de quelques centaines de mètres, puisque le noyau était
    en fait l’Eglise Saint Georges l’ancien. »


    Le troisième arrondissement de la capitale inclut
    la plus grande partie du centre historique de la ville. Mélange
    inédit de bâtiments anciens, représentatifs pour la capitale, et de quartiers
    nouveaux, le 3e arrondissement s’étend de la Place de l’Université jusqu’à
    l’extrémité est de la ville.
    Avec ses 34 kilomètres carrés et 342 mille
    habitants, selon le recensement de 2011, cet arrondissement est aussi le plus
    peuplé de la capitale. Le long de son histoire, il a souffert de nombreuses
    transformations, pour des raisons plus ou moins connues.

    Plus de détails avec
    l’historien Emanuel Badescu : « Cette ville dans la ville est l’endroit qui a souffert le plus,
    suite au grand incendie du 23 mars 1847. Si nous regardons la carte dessinée
    par le même lieutenant – colonel Papazoglu, nous constatons que l’incendie
    déclenché dans la cour de la famille Filipescu, devant l’Eglise Saint Démètre,
    s’est étendue jusqu’au delà de l’Eglise Saint Etienne, sur l’actuelle avenue
    Calarasilor. Pratiquement ce grand incendie s’est propagé sur l’ensemble du
    territoire occupé actuellement par le 3e arrondissement de Bucarest.
    Ce fut également là qu’ont été appliquées les premières réglementations dans la
    construction des immeubles, proposées tant par Gheorghe Bibescu que par son
    frère Barbu Stirbey. Ces normes de construction des maisons privées sont
    valables de nos jours encore. Je ne sais pas quel fut le rôle joué par ce feu
    et s’il n’avait pas été provoqué par quelqu’un puisque certains quartiers n’ont
    pas été touchés. Par exemple, l’ancien hôtel de ville, bâti par Xavier
    Villacrosse en 1843, fut miraculeusement épargné par le feu. Le bâtiment a été
    démoli plus tard, durant les travaux de canalisation de la rivière Dambovita,
    autour de l’an 1880. »


    Sur l’emplacement
    actuel de l’Université de Bucarest, un des plus importants bâtiments qui sert
    pour délimiter les 1er et le 3e arrondissements de
    Bucarest, était l’ancien monastère Saint Sava. Au 18e siècle, le
    monastère école devient Académie princière. La Banque nationale, le Palais des
    Postes – actuel Musée national d’histoire de la Roumanie, le Caravansérail de
    Manuc, mais aussi les églises Stavropoleos, Coltea et l’Eglise russe sont
    autant de monuments qui ont heureusement résisté à la période communiste.

    Ce ne
    fut pas le cas pour d’autres quartiers du 3e arrondissement de la
    capitale, extrêmement importants pour l’histoire de Bucarest, explique Emanuel
    Badescu : « Tout
    historien peut constater avec amertume l’ampleur des grandes destructions de la
    période 1981-1986. Pendant ce
    temps, cet arrondissement a souffert davantage que les cinq autres. Il s’agit
    de la destruction du plus grand faubourg de Bucarest, le faubourg de Popescu,
    qui incluait le vieux noyau délimité par l’église Saint Georges
    l’ancien et l’église Saint Vendredi, qui ont tout simplement disparu. De
    nouveaux immeubles à plusieurs étages ont été érigés jusqu’au croisement des
    avenues Calarasilor et Mihai Bravu. Nous voyons comment la partie la plus
    ancienne de l’arrondissement et de la Capitale a carrément été mutilée. Au delà
    de l’Avenue Mosilor, ce qui reste, c’est l’église fondée par le maréchal Ion
    Antonescu, où se trouve toujours le buste de celui-ci ».


    C’est dans les quartiers dortoirs du Centre
    civique, Dristor, Muncii, Titan et Timpuri Noi qu’est concentrée la plupart de
    la population du 3e arrondissement de la Capitale. L’organisation
    verticale de la ville avait été imaginée à l’époque communiste comme solution dans
    le cadre de la politique d’urbanisation de la ville. A l’heure actuelle, le
    développement immobilier provoque des inquiétudes quant au sort des monuments
    et des quartiers historiques de Bucarest.


    (trad : Alex Diaconescu)

  • Callatis, une colonie antique sur la côte roumaine de la Mer Noire

    Callatis, une colonie antique sur la côte roumaine de la Mer Noire

    Du 6e au 8e siècle avant J.-Ch., l’histoire a connu le phénomène dit de « la grande colonisation grecque ». Des colons grecs ont quitté la mère patrie pour des raisons politiques ou économiques et en parcourant la Méditerranée, ils se sont établis sur les rives les plus accessibles et hospitalières où ils ont fondé des cités florissantes, en rapports commerciaux avec leurs régions natales. C’est de cette manière qu’apparurent au bord de la mer Noire les cités de Histria et de Tomis fondées par les colons grecs de Milet, tandis qu’à leurs confrères de Héraclée du Pont ont doit la création de la ville de Callatis. Celle-ci était, à en croire les experts et les archéologues, l’épicentre culturel de la Dobroudja antique, véritable centre économique et un des principaux ports à la mer Noire.



    Fondée par les colons grecs originaires de Héraclée du Pont sur les lieux d’une ancienne cité gète consignée par les documents historiques sous le nom de Acervetis ou Cerbates, Callatis fut habitée par les Géto-Daces et les colons grecs. De nos jours, à la place de l’ancienne cité grecque se trouve la ville de Mangalia dont la population s’élève à 33.000 habitants.



    Sorin Marcel Colesniuc, chef du Musée Callatis du Complexe culturel homonyme, nous présente les principaux indices selon lesquels la cité de Callatis a connu jadis une vie florissante: « Je mentionnerais en tout premier lieu des inscriptions découvertes à Mangalia et puis des représentations des professeurs sur des monuments funéraires. A tout cela s’ajoutent les écrivains antiques de la vieille cité de Callatis, comme par exemple Istros de Callatis, Demetrios, Heraclide connu aussi sous le nom de Lembos ou encore le rhéteur Thalès. D’ailleurs, c’est bien à Mangalia que les archéologues ont découvert, en 1959, le seul papyrus antique du territoire roumain qui, en l’absence de conditions de préservation propices, fut envoyé à Moscou. Par la suite, il a été considéré perdu un demi-siècle durant avant qu’il ne fût découvert en 2011, au centre de restauration et conservation de la capitale russe, par mon collègue, le docteur Paslaru, et moi-même. Il nous a fallu deux ans de recherches avant de le découvrir et de pouvoir le rapatrier. Malheureusement, on ne saurait vous dire exactement de quoi parlait le texte vu que le parchemin s’était désintégré en contact avec l’air et le soleil. Il aurait risqué la destruction totale si on n’était pas arrivés sur place pour le sauver. A présent, on dispose de 154 fragments dont plusieurs, plus grands, conservent des lettres de l’alphabet grec ancien. On n’a aucun mot entier, mais seulement des lettres disparates. Le papyrus date du 4e siècle avant J.Ch. »



    Dans les minutes suivantes, nous allons demander à Sorin Marcel Colesniuc de nous présenter brièvement le Musée de Callatis et ses collections: « Le musée renferme de nombreuses pièces architectoniques telles colonnes, capitaux, architraves, frises composées de métopes, corniches, différents vases en terre cuite dont plusieurs amphores. S’y ajoutent une collection de lampes antiques, des statuettes en terre cuite de Tanagra, des vases en verre, quelques objets funéraires, ainsi que des inscriptions et représentations de différentes divinités, des bijoux, des pièces de monnaie et des objets en métal. Juste en face du musée, les visiteurs peuvent admirer plusieurs fragments architectoniques. Il y a également un parc archéologique, des remparts encore debout du côté nord et vers le nord-ouest de l’ancienne cité, tout comme la tombe princière découverte à 3 km de Mangalia, sur la route menant à Albesti. »



    Un repère important de la vie économique de Callatis est le port antique, actuellement englouti sous les eaux de la mer. Sorin Marcel Colesniuc : « Le port de Callatis a été construit au 4e s. avt. J.Ch. Malheureusement, le niveau de la mer Noire ayant augmenté de près de 2 mètres en deux millénaires, le port et les aménagements portuaires se trouvent à présent sous les eaux. Dans les années ’60-’70, Constantin Scarlat a fait des plongées sous-marines à Callatis pour dresser la carte du port. Il y a découvert nombre de fragments architectoniques, dont beaucoup en céramique, surtout des tuiles et des amphores. La carte, il l’a publiée en 1973, dans une revue scientifique qui paraissait à Cluj. Sur cette carte-là sont également indiquées quelques épaves. Nous avons collaboré aussi avec des spécialistes d’Italie et de Hongrie, qui, équipés de scanners, ont balayé le fond de la mer Noire à la hauteur de la ville port de Mangalia. C’est à l’aide de ces scanners que l’on a découvert les épaves de navires antiques. »



    Sous l’effet des vagues successives de migrations, la cité de Callatis commence à décliner jusqu’à être réduite à l’état de ruines, précise Sorin Marcel Colesniuc : « Vers le 2e siècle avant J. Ch., les peuples migrateurs font leur apparition dans la région. Les premières invasions sont celles des Costoboques, suivis par les Goths et les Carpes. Les Huns arrivent au 5e siècle, tandis que vers la fin du 6e et au début du 7e les Avars et les Slaves y font irruption et saccagent la cité. Faute de sources archéologiques, on ignore le sort de la cité pendant les trois siècles qui s’ensuivent. Ce n’est que plus tard, au 13e siècle, que l’ancien emplacement de la cité antique de Callatis est consigné sous le nom de Pangalia. Enfin, le toponyme de Mangalia est mentionné pour la première fois dans un document datant de 1593. »



    Le peu de vestiges de la cité antique de Callatis ne fournit pas top d’informations sur la vie de ses habitants, mais certains autres de ses secrets seront sans doute dévoilés, ce qui rajoutera encore à l’attractivité de ce site. (trad. Ioana Stancescu, Mariana Tudose)

  • Téléviseurs roumains

    Téléviseurs roumains

    En Roumanie, la télévision faisait son apparition le dernier jour de lannée 1956, même si les premiers essais avaient été faits dès 1955. Comme vous pouvez limaginer, les appareils étaient très peu nombreux et ils étaient importés de lUnion soviétique, à des prix que la plupart des Roumains ne pouvaient pas se permettre. Les marques de télés soviétiques en vente étaient Temp, Rekord et Rubin. Cétait la période dinfluence soviétique maximale en Roumanie, après linstallation du régime communiste, en mars 1945. La production roumaine de télés pour lusage des ménages allait commencer en 1961.



    Comme tout produit nouveau, dans une industrie incipiente, la production roumaine de télés sest inspirée dune production avancée. Il convient de mentionner que léconomie roumaine était étatisée et que lEtat prenait les décisions les plus importantes pour ce qui était des investissements, de louverture dusines et de développement du flux de production. LUsine électronique Baicului prenait ainsi naissance dans lest de Bucarest, en 1960. En 1962 ouvrait ses portes lEntreprise de pièces radio et de semi-conducteurs de Băneasa, qui fournissait des composantes électroniques pour les postes de radio et les télévisions.



    Vu que la dé-soviétisation est devenue peu à peu une politique économique dEtat, la Roumanie a choisi son allié traditionnel, la France, pour acquérir des licences de fabrication des appareils. Léconomie roumaine a procédé de même pour les automobiles Dacia et Oltcit et pour lordinateur Felix. Le choix nétait pourtant pas des plus simples. La télé produite par CSF-Thompson avait un concurrent en une télé japonaise dune meilleure qualité, préférée par les spécialistes roumains. Cest finalement la compagnie française qui a été préférée, pour des raisons politiques, mais aussi grâce à son offre plus généreuse.



    La première télé roumaine a été le modèle V.S. 43-611, licence CSF-Thompson. Cétait un appareil à lampes, avec une carcasse en métal et une isolation protectrice. La génération suivante allait avoir une carcasse en bois ou en placage pour éliminer le risque de sélectrocuter. La diagonale de lécran était de 43 cm. Le tube cathodique allait être produit en Roumanie à base de licences achetées aux Etats Unis et respectivement en Allemagne fédérale. En 1961, la production de télés a été de 15.000 unités et a eu un grand succès. Elle a été améliorée, et la diagonale a été portée de 43 à 54 cm. Sur cette dernière plate-forme de la télé française ont été produits les modèles « Azur » et « Tonitza ». La deuxième génération de télés roumaines sous le nom de « Naţional » a été produite sur la plate-forme dun modèle japonais.



    Dans les années 60, sacheter une télé était un exploit, dautant plus à la campagne. Un ancien propriétaire se souvient de son premier appareil, qui trônait dans la salle à manger, la pièce la plus grande de la maison. Et de lévénement le plus marquant qui y était associé, lalunissage des Américains. Il a fini par accueillir tout le monde de toute la rue pour voir cet événement en direct, au point que cétait devenu une sorte de salle de cinéma en miniature.



    La production de télés a connu une hausse au fur et à mesure que les programmes de la Télévision roumaine ont été diversifiés et la durée démission a augmenté. LEntreprise Electronica Pipera a été ouverte et a accru sa production suite à la demande plus forte. Le nom de télés telles que Dacia, Miraj, Opera, Lux se sont imposés sur le marché roumain aux côtés de marques importantes, mais rares dans ce pays : Sony, Technics, Hitachi, Philips.



    La nouvelle génération de télés à circuits intégrés de la fin des années 1970 et des années 1980 ont été de conception roumaine, avec des pièces produites en Roumanie, dont certaines étaient fabriquées sous licence étrangère, comme lécran par exemple. Des noms tels que Diamant, Sirius, Olt et la télé portable Sport se sont imposés sur un marché fermé où la concurrence nexistait pas. La télé Olt avait aussi une option de divertissement avec des jeux intégrés. A la fin des années 1980, lindustrie roumaine de téléviseurs produisait les premières télés couleur, également sur licences étrangères : Telecolor, Cromatic et Elcrom.



    Même au début des années 80, une télé couleur était un objet de fierté et de convoitise. Il existait à cette époque en Roumanie des magasins qui vendaient en dollars américains, réservés à ceux qui avaient travaillé à létranger. Une télé couleur coûtait 550 $. Après 1989, lentreprise Electronica allait fabriquer les télés couleur roumaines Nei, à technologie sud-coréenne. (Trad; lIigia Mihaiescu)

  • Invitation à Govora les Bains

    Invitation à Govora les Bains

    En 1887 était inauguré le premier établissement de cure à Govora les Bains, ville d’eaux renommée pour les propriétés thérapeutiques des ses eaux salées et iodurées et de sa boue sapropélique.



    Située dans le sud-ouest de la Roumanie, au pied des Carpates, Govora les Bains est une ville avec une riche histoire. C’est ici que vous trouverez une musée balnéaire exposant des appareils médicaux datant des débuts de la station et de l’entre-deux-guerres. Govora les Bains a beaucoup changé ces dernières années, affirme son maire, Mihai Mateescu: « Le parc balnéaire dont les allées s’étalent sur 6950 mètres a été réhabilité. On a aménagé une chute d’eau aux lumières. On a renouvelé les bancs et les lampadaires. Le projet du parc balnéaire appartient au grand architecte français Emile Pinard, qui avait conçu les allées à des fins de cure et non pas de promenade. Nous avons gardé le squelette du projet initial et nous y avons ajouté un amphithéâtre en plein air, sur le modèle des arènes romaines, pour que le gens puissent s’y recréer pendant l’été et assister aux spectacles consacrés aux fêtes de fin d’année pendant l’hiver. Tout cela pour attirer plus de touristes, pas seulement des clients. Nous nous adressons aussi aux enfants et aux jeunes, car eux aussi ils peuvent bénéficier des cures de Govora les Bains ».



    Vu que l’air est fortement ionisé à Govora, et que la station est traversée par une rivière, les falaises ne pouvaient surtout pas manquer. S’étalant sur 1 km et demi, elles ont été construites sur le modèle des falaises de la célèbre station thermale allemande de Baden — Baden.



    Mihai Mateescu, maire de Govora les Bains: « Il y a un itinéraire mirifique à travers la forêt pour ceux qui font des cures thermales chez nous. En fait chaque rue est a été conçue comme un trajet touristique en miniature. Il y a de vieux bâtiments qui doivent encore être restaurés et qui témoignent de l’architecture spécifique de la zone. D’ailleurs, nous n’avons prévu que des restaurations dans la ville, excluant toute modification ou démolition. Le tout pour mettre en valeur les trajets touristiques menant aux monastères, à l’aéroport ou encore vers une destination de plus en plus connue de Roumanie, à savoir la route Transalpina ».



    L’histoire de la station thermale est également étroitement liée au nom de la princesse Elisabeth de Wied, celle qui allait devenir reine de Roumanie suite au mariage avec le roi Carol Ier de Hohenzollern-Sigmaringen. Elle a écrit une cinquantaine de volumes de poésie, d’essais et de prose en français, allemand, anglais, roumain, latin et grec.



    Tous ces volumes, elle les a signés sous le pseudonyme Carmen Sylva, qui provient du latin et qui signifie « le chant de la forêt ». Afin de rendre hommage à la Reine Elisabeth, l’actuel maire de la ville de Govora les Bains, Mihai Mateescu, souhaite refaire l’itinéraire qu’elle suivait en carriole. Jusqu’à l’aménagement de l’itinéraire, vous pouvez pourtant admirer la salle de cinéma conçue en 1929 par la première femme architecte d’Europe, Virginia Haret Andreescu.



    Par ailleurs, les jeunes passionnés par les sports urbains peuvent trouver dans cette ville d’eaux des pistes cyclables et des endroits aménagés pour les pratiquants de la planche à roulettes et pour les rollers. Et si vous arrivez à Govora les Bains à la mi-août, vous aurez l’occasion de participer aux Journées de la ville, avec au programme pièces de théâtre et spectacles en plein air ainsi que des feux d’artifice.



    Et depuis quelque temps, la ville accueille de plus en plus d’événements, affirme Mihai Mateescu, maire de la ville Govora les Bains: « Nous avons accueilli les championnats du monde et d’Europe d’orientation touristique. Le cadre naturel est parfaitement adapté à ce que nous souhaitons réaliser dans le domaine du tourisme actif. Nous avons fait appel aux professionnels pour concevoir le plan d’urbanisme de la ville. Nous avons réalisé une étude sur l’histoire de la ville, un de nos plus importants projets. Elle a été réalisée par les étudiants de l’Institut national d’architecture, sous la direction d’un professeur exceptionnel : Sergiu Nistor. C’est à partir de cette étude que nous avons réalisé un règlement d’urbanisme que tous les responsables municipaux devraient respecter à l’avenir. »



    Selon les chiffres rendus publics par le Conseil départemental de Vâlcea, la ville d’eaux de Govora des Bains dispose de près de 1900 places d’hébergement dans 5 hôtels, 14 villas et 3 campings. Et pourtant, afin de bénéficier de prix imbattables, tant pour l’hébergement que pour les cures, il vaut mieux faire des réservations à l’avance, affirme Bogdan Pistol, vice-président du Conseil départemental de Vâlcea qui souhaite transmettre aussi des voeux aux auditeurs de RRI : « D’abord je souhaite les féliciter d’écouter Radio Roumanie Internationale, une véritable marque enregistrée de la Roumanie et je les prie de venir dans le comté de Vâlcea parce que nous offrons d’excellents services touristiques, dans de nouveaux hôtels et gîtes ou bien dans des établissements rénovés. Nous avons par exemple un hôtel quatre étoiles, dont les conditions sont similaires à celles proposées par Karlowy Vary. Cette station thermale est un exemple parfait de la cohérence en urbanisme. Le parc balnéaire est modernisé et les conditions d’hébergement sont au superlatif. Bref, dans le comté de Vâlcea, vous pouvez passer un séjour d’une semaine très varié. Impossible de vous ennuyer. »



    Notre concours se poursuit. Nous allons revenir à Govora les Bains pour vous offrir plus de détails sur les différentes cures que cette ville d’eaux propose. N’oubliez pas de répondre correctement à nos questions jusqu’au 30 avril, le cachet de la poste faisant foi, afin de gagner un séjour à Govora les Bains. (trad. Valentina Beleavski, Alex Diaconescu)

  • Le Danube et l’identité européenne

    Le Danube et l’identité européenne

    Présent dans les plus anciens écrits de l’Antiquité grecque et romaine, le Danube est un des rares repères géographiques reliant un si grand nombre de nations européennes. Allemands, Autrichiens, Slovaques, Hongrois, Croates, Serbes, Roumains, Bulgares et Ukrainiens se partagent le grand fleuve bleu. Dans les pays qu’il traverse, celui-ci porte des noms similaires, provenant tous du latin Danubius: Donau, en allemand, Duna en hongrois, Dunav en croate, serbe et bulgare, Dunaj en slovaque et ukrainien, Dunăre en roumain. Dans l’Antiquité grecque, le Danube inférieur était appelé Istros. Les Turcs l’ont baptisé Tuna et l’ont surnommé eau des ghazi”, en raison du fait que de nombreux guerriers ottomans (ghazi, en arabe) s’étaient noyés dans ses eaux après les défaites subies par l’armée de l’Empire.



    L’histoire des Roumains est étroitement liée au vieux Danube; les historiens de l’Antiquité en témoignent, dont Hérodote, Strabon, Diodore de Sicile, Dion Cassius, Jordanès. Afin de soumettre les Daces, qui étaient un peuple vaillant, l’empereur Trajan fit construire à Drobeta un pont sur le Danube pour que son armée puisse passer en Dacie, lors de la guerre de 105 -106 dont il sorti victorieux. Au Moyen-Age, le Danube a constitué une frontière naturelle difficile à franchir pour les peuples migrateurs venant d’Asie et qui s’avançaient vers le sud, vers Byzance. Dans leur expansion vers l’Europe, les Ottomans allaient passer, eux aussi, le Danube. Repoussés à Belgrade, sur le Danube, par les armées croisées de Iancu de Hunedoara en 1456, les Turcs allaient triompher en 1526, à Mohacs, sur la rive droite du Danube. Ils seront pourtant vaincus, en 1687, toujours à Mohacs, par l’armée autrichienne de l’empereur Léopold 1er, ce qui a marqué le début du déclin du contrôle que les Ottomans exerçaient sur le Danube inférieur.



    Près d’un tiers du fleuve longe le territoire roumain. L’économie des principautés roumaines de Valachie et de Moldavie — notamment le commerce et le transport — a été étroitement liée au Danube. Au Moyen-Age, l’empire byzantin disposait d’une flotte militaire fluviale et les Génois et les Vénitiens pratiquaient le commerce. Le delta du Danube et les embouchures du fleuve étaient des objectifs stratégiques, aussi, les Byzantins et les Génois construisirent-ils la cité de Enisala au bord du lac Razelm, non loin du Bras Sf. Gheorghe (Saint Georges) — un des trois bras du fleuve. Le Danube a été la principale route commerciale maritime des Roumains. Des navires chargés de blé, de poisson, de sel, de produits manufacturés et, plus tard, de produits pétroliers, quittaient les ports fluviaux roumains pour se diriger vers Budapest et Vienne.



    Le Danube a reçu le statut d’eau internationale vers la moitié du 19e siècle. Dès la moitié du 18e siècle, la Russie avait manifesté son intérêt géopolitique pour le Danube et les Balkans. L’intérêt des puissances occidentales — notamment de l’Angleterre – pour les céréales des Principautés Roumaines ont rendu très attractif le fleuve. Suite à la sécheresse qui a frappé l’Angleterre en 1847, la loi protectionniste — la fameuse « corn law » – fut abrogée, ouvrant la voie à l’importation de céréales. Les céréales des Principautés roumaines pouvaient arriver plus vite en l’Angleterre si elles étaient transportées par voie fluviale — à savoir par le Danube et le Rhin, seulement, le Danube se trouvait sous le contrôle des Russes et des Ottomans. Une commission européenne du Danube allait être créée suite à la guerre de Crimée, menée, entre 1853 et 1855, par la coalition formée par la France, l’Angleterre contre l’Empire Ottoman.



    Cette commission siégeant à Galati, port roumain sur le Danube, fut le premier organisme paneuropéen qui décida que le Danube devienne une voie fluviale libre et une eau internationale. Suite aux décisions de la Commission, le Danube allait être dragué périodiquement, sa profondeur minimale devait être augmentée — de 3,66 mètres à 5,48 mètres. Le port roumain de Sulina devient bientôt une ville très cosmopolite. Le Danube commençait son aventure européenne. Sur la rive roumaine du Danube se trouvent des éléments significatifs pour l’histoire de la culture et de la civilisation européenne. Certains d’entre eux se sont perdus, hélas — et c’est le cas de l’île Ada Kaleh. D’autres sont toujours là : un pied du pont de Drobeta, construit sous le règne de l’empereur romain Trajan, la centrale hydraulique des Portes de Fer, les ponts de Calafat-Vidin et Giurgiu-Ruse, les ruines des cités de Turnu, Giurgiu et Braila, sous l’administration turque, le pont et la centrale nucléaire de Cernavoda, le Canal reliant le Danube à la Mer Noire ont leur histoire plus ou moins connue. (Trad. : Dominique)