Tag: jeunes

  • Les jeunes roumains réagissent face aux changements climatiques

    Les jeunes roumains réagissent face aux changements climatiques

    Si les Roumains des différentes générations oscillent entre vieilles habitudes et désir de préserver la planète, ou du moins leur environnement immédiat, les jeunes générations sont unanimes : il faut agir ! C’est ainsi qu’a vu le jour en septembre 2024 la première « Déclaration nationale de la jeunesse sur le changement climatique ». Réalisée avec l’appui de l’UNICEF et  résultat d’une collaboration de 200 jeunes roumains, la Déclaration propose des solutions concrètes pour inscrire la Roumanie dans les efforts mondiaux de lutte contre la crise climatique. Le document encourage aussi l’implication des jeunes dans ce processus et leur collaboration avec les autorités. C’est une démarche tout à fait inédite, car c’est la première fois que les jeunes roumains s’impliquent pour formuler des solutions et des politiques durables visant à limiter les changements climatiques. La « Déclaration nationale de la jeunesse sur le changement climatique » a été suivie par une « Déclaration mondiale de la jeunesse », présentée aux dirigeants internationaux lors de la COP29, à Baku, en novembre 2024.

     

    Anna Riatti, représentante de l’UNICEF en Roumanie, a accepté l’invitation de Radio Roumanie Internationale et a partagé avec nous des détails sur le contexte de cette Déclaration, sur les principaux sujets qu’elle a abordés, son impacte ainsi que le rôle des médias, et en particulier de la radio, dans la sensibilisation et la mobilisation des jeunes dans la lutte contre les changements climatiques. Elle est au micro d’Andra Juganaru.

     

     

    Les jeunes d’aujourd’hui s’inquiètent donc de l’avenir de la planète dont ils ont hérité. S’ils attendent des actions concrètes de la part des autorités, ils savent aussi que le changement dépend en partie d’eux. La Déclaration nationale de la jeunesse sur le changement climatique, signée en novembre 2024, marque ainsi un premier pas dans cette direction. C’est le message qu’a tenu à nous transmettre Alex, lycéen de 17 ans à Bucarest, témoignant de cette prise de conscience collective et de la volonté d’agir qui anime la jeunesse roumaine. Il est au micro de Charlotte Fromenteaud.

     

  • La révolution anticommuniste roumaine expliquée aux jeunes générations

    La révolution anticommuniste roumaine expliquée aux jeunes générations

    35 ans de liberté

     

    Depuis 35 ans, le mois de décembre est synonyme pour les Roumains de liberté. Car c’est bien au mois de décembre 1989 que, après 45 années de règne sans partage, la dictature communiste, dirigée à l’époque par Nicolae Ceausescu, a été renversée. Mais ce retour à la normalité démocratique ne s’est pas accompli sans sacrifices. Le sang de milliers de jeunes gens qui sortirent dans la rue pour clamer leur désir de liberté coula.

     

    Les nouvelles générations nées après 1989 conçoivent aujourd’hui avec peine non seulement ce qu’était le quotidien de la société roumaine d’avant 1989, mais encore le terrible courage et l’énorme sacrifice dont ont été capables certains de leurs aînés descendus dans la rue en ce décembre-là pour affronter les mains nues la terrible violence du régime qui tardait à reconnaître sa faillite, et sa défaite. Mais ce qui est plus terrible encore est que cette méconnaissance de notre histoire récente nous rend vulnérables face au chant des sirènes des idéologies extrémistes qui ont fait le malheur de nos parents et de nos grands-parents.

     

    Un livre pour expliquer la Révolution aux jeunes

     

    L’historienne et écrivaine Alina Pavelescu, auteure de « La révolution de 1989 racontée à ceux qui ne l’ont pas vécue » nous parle des leçons que ce moment unique de notre histoire récente semble vouloir léguer aux générations futures :

    « Ce que l’on doit faire de premier abord c’est de tenter de comprendre ces 35 dernières années qui se sont écoulées depuis le mois de décembre 1989. Nous ne sommes pas parvenus à faire cet exercice jusqu’à maintenant. Mais il faudrait s’y mettre. Ce que je peux faire c’est raconter tout simplement mon histoire, témoigner, raconter mon vécu d’un moment qui m’émeut encore autant 35 années plus tard. Je ne suis pas la seule pour laquelle ce moment est demeuré à jamais gravé dans ma mémoire. Tous ceux qui ont pris part à ce mouvement sont saisis par la même émotion lorsque l’on aborde le sujet. Certains prétendent que c’est peut-être cette émotion qui nous empêche de saisir et d’analyser les choses à froid. Quoi qu’il en soit, je ne puis que rendre mon témoignage, raconter mon vécu, en espérant que cela puisse servir à ceux qui nous suivent. Pour qu’ils comprennent c’est qu’a été la révolution de 1989 et en quoi ce fut un moment charnière de notre société tout entière. »    

     

    Un témoignage personnel

     

    Aussi, le témoignage vécu raconté dans son livre, Alina Pavelescu l’adresse surtout aux générations nées après 1989 :

    « Je me suis proposé de stimuler la pensée critique du lecteur. Car je me rends compte combien nous sommes confrontés en permanence à des interprétations concurrentes d’un même événement, d’une expérience historique. Et combien utile est de développer un appareil critique personnel, de mettre en doute ce que l’on entend, ce que l’on lit. Aussi, je me suis évertué de présenter d’emblée l’ensemble des hypothèses, les interprétations divergentes suscitées par la révolution de 1989. D’arguer et d’analyser avec minutie chaque hypothèse. Sur un seul élément je fus néanmoins intraitable. Cet élément concerne la nature même du changement opéré en 1989. Car pour moi il n’y a aucun doute : ce fut bien une révolution, un changement radical de paradigme, qui changea nos vies à tous. C’est bien cette liberté recouverte alors que nos vies sont différentes de ce qu’elles auraient été autrement. Une liberté dont l’on n’a peut-être pas reçu le mode d’emploi. Mais qu’importe. Cette liberté est toujours là, on est parvenu à la conserver 35 années plus tard, et cela n’a été possible que grâce au sacrifice de ces femmes et de ses hommes qui sont descendus dans la rue les mains nues face aux fusils pour clamer leur volonté d’en finir avec la dictature. »  

     

    Faits historiques, souvenirs et talent littéraire

     

    En faisant bon usage de l’habilité stylistique de l’écrivain et de la compétence de l’historien, Alina Pavelescu raconte l’année 1989 mélangeant le récit historique, les souvenirs personnels et l’analyse factuelle :

    « L’historien doit livrer autant que possible un récit cohérent et véridique. Il n’est pas un donneur de leçons. Tout au plus, il lui est permis de tirer des leçons personnelles de son vécu. Mais je crains que dans l’Est de l’Europe, en Roumanie donc également, l’historiographie est instrumentalisée par le politique et constitue trop souvent le terrain privilégié des luttes politiques et identitaires. Alors, il vaut mieux reconnaître ce contexte qui est le nôtre, et ne pas prétendre qu’on agisse dans une sorte de neutralité scientifique idéale. Et il faut que l’on puisse faire de notre mieux à partir de là, en intégrant notre subjectivité, issue de notre vécu, tout en montrant que l’on fait appel à elle. Ne pas éluder la question, ne pas faire semblant de ne pas avoir de parti-pris. Mais il faut aussi tenter d’éviter de transformer l’histoire en un simple instrument d’une quelconque idéologie, d’un courent de pensée, d’un intérêt politique partisan. »   

     

    Une chose est certaine : l’année 1989 constitua le moment de grâce qui mit fin aux 45 années de cauchemar communiste. (Trad Ionut Jugureanu)

  • Les jeunes européens victimes du harcèlement en ligne

    Les jeunes européens victimes du harcèlement en ligne

    Environ la moitié des jeunes de l’Union européenne sont exposés aux abus en ligne.

     

    Le harcèlement en ligne. On en parle quand une personne ou un groupe de personnes reçoivent des messages tendancieux de la part d’autres personnes. Environ la moitié des jeunes de l’Union européenne sont exposés aux abus en ligne. C’est ce qui ressort d’un rapport Eurostat en 2023, qui montre que 49 % des jeunes européens entre 16 et 29 ans ont déjà été confrontés à des messages en ligne considérés comme hostiles envers certaines personnes ou certains groupes. Ces jeunes sont à une période de leur vie marquée par la formation de leur identité, la consolidation de leur estime de soi et le développement de leurs relations sociales, c’est pourquoi ces expériences négatives en ligne peuvent avoir un impact psychologique intense.

     

    Les jeunes estoniens et les jeunes danois sont les plus exposés à cette menace puisque 69 % d’entre eux ont déjà reçu des messages de cet ordre. Viennent ensuite les Finlandais, 68 %, les Français, 65 % et les Slovaques 65 %. Au total, 12 des 23 pays concernés par l’étude présentent des résultats supérieurs à 50 %. Les pays les moins touchés sont la Croatie avec 24 % des jeunes, la Roumanie avec 27 % et la Bulgarie avec 31 %.

     

    Un déversement de haine destructeur

     

    Dans la plupart des cas, les discours d’incitation à la haine sont liés à des opinions politiques ou sociales, soit 35 % des discours problématiques. Cette catégorie est la plus haute en Estonie, 60 %, en Finlande, 56 %, et au Danemark, 49 %. Les messages ayant un contenu hostile envers la communauté LGBTQ+ représentent 32 % de l’ensemble avec les taux les plus hauts en Estonie, 46 %, Slovaquie, et Portugal, 44 % chacun. Enfin 30 % des jeunes adultes vivant en UE ont reçu des messages relevant de la haine raciale. Les Pays Bas et le Portugal sont les pays les plus affectés par cette dernière catégorie, avec 45% des jeunes touchés dans les deux cas.

     

    Nora Enache est psychologue. Elle a travaillé au fil du temps avec des groupes de jeunes de différents âges sur le thème des abus émotionnels, liés ou non au milieu en ligne. Il en ressort que le harcèlement en ligne engendre une large gamme de problèmes émotionnels. Nora Enache nous explique la manière dont les abus en ligne affectent l’estime de soi et la santé mentale chez les jeunes.

     

    Nora Enache : « L’estime de soi correspond à l’évaluation globale que chacun a de sa propre valeur. Notre estime de nous influence notre attitude envers nous-même. Concernant le milieu en ligne, nos « amis » virtuels constituent comme un miroir social par lequel nous nous faisons une idée sur la manière dont les autres nous voient. Le risque provient du fait que les personnes avec lesquelles nous sommes en contact en ligne ne nous connaissent pas toutes, ne nous veulent pas toutes du bien, ne comprennent pas toutes correctement qui nous sommes. Il y a tant de variables qui interviennent dans les interactions en ligne qu’il est difficile d’estimer précisément ce qui fait que ce milieu n’est pas propice au développement ».

     

    Le suivi psychologique pour répondre à une situation hors contrôle

     

    Nous parlons donc d’un miroir composé de nombreux éclats, chacun d’eux représentant une personne différente, avec une personnalité unique et tous se reflétant en nous. Il s’agit d’un monde imaginaire qui s’incruste obstinément dans les réalités des jeunes gens confus, en quête d’eux-mêmes.

     

    C’est un jeu extrêmement dangereux que nous propose le monde online, une guerre invisible mais qui se traduit de différentes manières, comme nous l’explique Nora Enache.

     « Une victime du milieu en ligne se remarque parce qu’elle s’isole et n’arrive plus à se concentrer sur ce qu’elle doit faire. Le plus souvent, une fois ces signes apparus, c’est la famille et non la victime elle-même qui cherche de l’aide ».

     

    Comme il est de plus en plus dur de limiter le temps passé par les jeunes devant les écrans, peut-être que le mal qui s’y produit ne peut pas être évité, mais il peut être traité. Souvent un seul commentaire négatif suffit pour que tout l’univers intérieur d’un jeune s’effondre.

     

    Nora Enache : « Les traumas provoqués par les expériences négatives en ligne peuvent déclencher par exemple des phobies sociales. Dans le cadre des séances psychologiques, on vise la restructuration cognitive, par des entraînements de relaxation mentale, de contrôle de soi, le développement des capacités sociales ou l’analyse comportementale ».

     

    Et surtout ne pas oublier d’entretenir des relations dans le monde réel! (trad. Clémence Lheureux)

  • Victor Ioan Stoian : créer des jeux vidéo éducatifs en français

    Victor Ioan Stoian : créer des jeux vidéo éducatifs en français

    Organisé en commun par le Centre francophone pour l’Europe Centrale et Orientale (CREFECO), le Bureau régional de l’AUF en Europe Centrale et Orientale, l’Université “Politehnica” de Bucarest et la société Serious Evo International, le Hackathon “Jeu parle français” 2024 a désigné ses gagnants au début du mois de septembre. Trois projets ont occupé le podium de cette édition du concours de création de jeux vidéo en langue française de type jeu sérieux : le Vietnam est monté sur la plus haute marche, suivi par l’Albanie – deuxième et la Roumanie en troisième position.

    C’est Victor Ioan Stoian, jeune étudiant en première année à la Faculté d’ingénierie en langues étrangères de l’Université bucarestoise Politehnica, que nous avons invité à nous parler du projet qui a eu la médaille de bronze, pour ainsi dire. Sa participation à l’édition 2024 de ce concours de création de jeux vidéo en français n’est pas due au hasard, puisqu’à l’Université Victor Ioan Stoian veut se spécialiser en Ordinateurs et technologie de l’information en langue française. Il répond aux questions d’Ileana Taroi.

     

  • “Bestiaire” : du théâtre pour les jeunes

    “Bestiaire” : du théâtre pour les jeunes

    Thèmes sociaux brûlants et spectacles de théâtre

     

    La compagnie de théâtre indépendant Vanner Collective est connue en Roumanie pour ses initiatives culturelles, qui mettent ensemble thèmes sociaux brûlants et spectacles de théâtre. Le projet le plus récent, cofinancé par la Mairie de la ville de Bucarest, s’appelle « Bestiar. Bun de consum/Bestiaire. Bien de consommation » et il ouvre le débat sur l’inquiétante tension née du besoin d’individualité ressenti par les adolescents et la pression de se conformer exercée par la société et les réseaux sociaux.

     

    Anca Spiridon, chargée des relations publiques, explique les sources d’inspiration de ce projet:

    « La source d’inspiration pour la pièce de théâtre et, ultérieurement, pour le spectacle « Bestiaire », la plus récente production de Vanner Collective, s’est trouvée dans les défis à soulever par les jeunes d’aujourd’hui, notamment en matière de présence sur les réseaux sociaux, de pression des modèles de comportement, d’apparence physique et de succès. Les jeunes se sentent poussés à se conformer à des repères qui ne sont pas les leurs, mais qui sont particulièrement arbitraires et rigides, leur  interdisant d’exprimer leur individualité, leur personnalité et son côté authentique au profit du conformisme. De nos jours, il me semble évident que la tension entre le besoin de s’exprimer de toutes les tranches d’âge, et tout spécialement des jeunes, et la pression de s’aligner sur des normes est fortement liée au milieu en ligne et aux réseaux sociaux, qui soutiennent des modèles de comportement, d’apparence physique et de succès qui ne nous concernent pas tous. Alors, nous avons voulu aborder la présence en ligne et les risques qui l’accompagnent. »

     

    Nous sommes tous confrontés, à un moment donné, à la pression de la société

     

    Anca Spiridon ajoute la raison du choix du sujet par Vanner Collective :

    « L’équipe Vanner a trouvé nécessaire d’ouvrir ce débat, comme elle le fait souvent dans les projets proposés, pour montrer au public, notamment jeune, que nous sommes tous confrontés, à un moment donné, à la pression de la société, quels que soient nos choix : faculté à suivre, carrière envisagée, mode de vie, style vestimentaire, choix de vie en général. À travers ce projet, ce spectacle « Bestiaire », nous avons voulu créer un espace sûr, où les gens puissent s’exprimer librement, voir qu’ils ne sont pas seuls et, pourquoi pas, se sentir plus à l’aise pour exprimer leur individualité. »

     

    Des ateliers interactifs pour les adolescents

     

    Anca Spiridon, chargée de relations publiques, décrit aussi le déroulement du projet « Bestiaire », les méthodes de recherche et d’expression artistique employées dans le cadre de ce projet:

     « Durant le déroulement du projet nous avons organisé plusieurs ateliers interactifs et pour les adolescents et les jeunes, et le retour que nous avons reçu soulignait le niveau élevé de conformisme que la société semble demander de leur part. Ils pensent qu’ils sont plus faciles à gérer, qu’il vaut mieux être plus docile qu’exprimer leurs propres opinions, leur individualité. Cela nous a confortés dans l’idée que nous avons ouvert un bon débat et que nous pouvons offrir un contexte favorable à l’expression de l’individualité. Nous avons utilisé la métaphore des animaux à sacrifier, peut-être du don de soi, de la personnalité, justement comme point de départ de l’exploration des stéréotypes et du conformisme. L’équipe Vanner est partie de l’idée qu’un individu perd une partie de soi-même en se conformant; il perd ce qu’il pourrait devenir : la tribu, le troupeau qui lui appartient, en fait, quand on lui dit de s’aligner sur les normes et les principes. »

     

    Un spectacle pour tirer les conclusions

     

    Enfin, Anca Spiridon a également parlé du spectacle de théâtre « Bestiaire », qui constitue la finalité du projet:

     « Le spectacle « Bestiaire » repose sur un texte dramatique nouveau, écrit par Raluca Mănescu et Denisa Nicolae, cofondatrice de Vanner Collective.  Denisa Nicolae assure également le concept et la mise en scène ; l’équipe rassemble des collaborateurs de longue date de Vanner Collective, mais les acteurs sont tous très jeunes. À travers « Bestiaire », l’équipe Vanner Collective a voulu venir à la rencontre des jeunes, parler de leurs problèmes spécifiques et pouvoir échanger avec eux. Elle s’est aussi proposé de présenter leurs défis à un public fait d’enseignants et de copains, qui ne s’est peut-être pas confronté à des défis identiques ou les a tous simplement oubliés. » (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Le chômage en Roumanie, sous la loupe

    Le chômage en Roumanie, sous la loupe

     Le chômage, à la hausse

    Dans son rapport publié mercredi, l’Institut National de la Statistique constate que le taux de chômage a légèrement augmenté en août dernier, de 0,1 % par rapport à juillet, arrivant à 5,5 %. Pour la population active âgée de 15 à 75 ans, l’on recensait quelque 452 000 personnes sans emploi en août dernier, soit une hausse par rapport à aout 2023. Pour les adultes, soit la tranche d’âge des 25 – 74 ans, le taux de chômage a été estimé à 4,4 % en août dernier.

     

    Et bien que cet indicateur compte pour 3 quarts du nombre total des chômeurs de Roumanie, le pays n’est pas encore confronté à une situation d’urgence, comme ce fut le cas il y a quelques années, assure l’analyste économique Aurelian Dochia. A son avis, ces chiffres sont quand même une sonnette d’alarme, car ils témoignent du ralentissement de l’activité économique.

     

    Aurelian Dochia : « Bien que tout le monde s’attende que la baisse des taux d’intérêt, démarrée par la Banque Centrale il y a quelque temps, aide à revigorer l’activité économique, il y a aussi de nombreux autres facteurs qui ont un très fort impact sur l’économie, des facteurs extérieurs dont notamment la situation des économies européennes ou les évolutions internationales, les tensions géopolitiques et les guerres. Tout cela cause des inquiétudes à l’égard de l’économie. On voit déjà en Roumanie aussi différentes compagnies étrangères ou nationales qui réduisent ou reportent leurs plans d’investissements, ce qui ne fait que confirmer cette tendance de ralentissement de l’économie et cette inquiétude concernant les perspectives pour la fin de cette année et pour l’année 2025. » 

     

    Les jeunes : diplômes souvent incompatibles avec les demandes du marché de l’emploi

     

    Quant au chômage dans les rangs des jeunes, celui-ci avait atteint les 23,2 % en août dernier, soit environ 2 % de plus qu’au même mois de l’année précédente. Parmi les causes de cet état de choses, Aurelian Dochia a nommé le fait que de nombreux jeunes se permettent d’avoir une période d’inactivité durant laquelle ils évaluent leurs perspectives et tentent de savoir quels métiers sont compatibles avec leurs aptitudes.

     

    Aurelian Dochia: « Malheureusement, ce phénomène est aussi lié à la qualité de la formation professionnelle des jeunes. Il n’y a pas toujours une compatibilité entre leur formation professionnelle et les demandes sur le marché du travail. Par conséquent, de nombreux jeunes diplômés se retrouvent avec une formation pour laquelle ils ne trouvent pas d’emploi. Là encore, il faut remédier à la situation, tant du point de vue du système éducationnel, que du point de vue de l’orientation professionnelle des jeunes, qui doivent être conseillés à opter pour des métiers et des professions demandées sur le marché de l’emploi. » 

     

    Des plus en plus de travailleurs étrangers en Roumanie

     

    A noter aussi que le taux de chômage en Roumanie est aussi fortement influencé par le grand nombre de Roumains qui décident de travailler à l’étranger. Le vide qu’ils créent sur le marché national de l’emploi est désormais comblé par des travailleurs étrangers, venus notamment d’Asie – du Népal, du Sri Lanka, d’Inde ou de Turquie –  mais aussi de la République de Moldova voisine. Si bien que selon une étude de la Fondation pour le Développement de la Société Civile, plus de 200 000 travailleurs étrangers étaient enregistrés en Roumanie en 2023, dont 80 % étaient des travailleurs non-qualifiés dans le BTP, l’hôtellerie-restauration et les ventes en détail. (trad. Valentina Beleavski)

  • Adolescents et philosophie

    Adolescents et philosophie

    Les adolescents d’aujourd’hui croulent sous les étiquettes peu flatteuses. Désintéressés par la lecture, dépendants des écrans, consuméristes à l’excès, épuisés par les cours particuliers, les jeunes restent surtout des énigmes pour leurs aînés. En effet, les parents, enseignants et autres éducateurs semblent peiner à trouver le temps et la méthode efficace pour discuter avec les ados. C’est dans ce contexte tendu que l’écrivaine Iulia Iordan a décidé de partir à la découverte des pensées de cette nouvelle génération. Elle le fait dans le cadre du projet « Filosofia la purtător », « Philosophie à l’usage de tous » initié par l’association et maison d’édition Seneca.

     

    Rendre la philosophie accessible aux jeunes

     

    Tout est parti du célèbre ouvrage du philosophe romain Sénèque, Lettres à Lucilius comme nous le raconte la coordinatrice du projet Cristina Pârvu.

    « A l’origine, nous souhaitions tirer des enseignements de Sénèque des conseils pour les jeunes d’aujourd’hui, faciles à utiliser, à garder près de soi. Nous avons travaillé avec l’écrivaine Iulia Iordan et l’illustratrice Oana Ispir. Un groupe de 18 adolescents a adressé à Iulia Iordan des lettres dans lesquelles ils parlaient de leurs préoccupations, de leurs inquiétudes, de leurs questions existentielles, de leurs angoisses et de leurs joies. Iulia Iordan a répondu à ces lettres en s’inspirant des enseignements de Sénèque et de sa correspondance avec son ami Lucilius ».

     

    Les jeunes ont un réel besoin de s’exprimer

     

    Ce travail sera édité sous le titre « Reste avec toi ». L’autrice a déjà collaboré au sein d’autres ateliers avec le groupe d’adolescents qui a écrit les lettres qui sont au fondement de l’ouvrage. Elle précise que ces jeunes ont un réel besoin d’expression et n’hésitent pas à parler, si toutefois il trouve une oreille attentive en face. Iulia Iordan :

    « C’est de toute évidence une question de reconnaissance, comme c’est d’ailleurs très clairement explicité dans une des lettres : nous avons un besoin constant de reconnaissance. Dans les interactions que je peux avoir avec des adolescents et même des enfants plus jeunes, j’entends beaucoup ce besoin de dire, de raconter, et bien souvent les jeunes disent : “je n’ai personne à qui parler, même parmi mes amis. Il y a des choses que je n’ose pas dire”. Et je trouve très triste et injuste que malgré tous les moyens de communication dont nous disposons nous en soyons toujours là, avec cette sensation d’être ignorés et incompris. C’est pour ça que j’ai accueilli avec beaucoup de joie l’évolution du projet dont l’idée de base était simplement d’adapter certaines des lettres de Sénèque à son ami Lucilius en poésie pour en faciliter l’accès aux jeunes. Or, finalement, les éditeurs ont fait preuve d’une grande ouverture d’esprit en acceptant d’inclure également les voix des jeunes dans les poèmes ».

     

     

    Quelles sont les préoccupations de cette génération ?

     

    Qu’ont – ils en commun qui les distingue des autres ? Pour l’autrice Iulia Iordan, est remarquable le sérieux avec lequel ils se posent des questions. Elle détaille :

    « Le fait qu’ils sont très lucides et conscients, même par rapport aux réponses à ces questions. Leurs esprits sont exercés, façonnés par des lectures. Et ici, j’aimerais prendre les devants par rapport à une critique qui m’a déjà été faite par le passé. On m’a dit, d’accord les enfants avec lesquels tu as travaillé sont comme ça, mais ce n’est pas le cas de tous. Et bien si, ils sont tous comme ça. Ils sont comme ça si on leur donne la possibilité de développer et d’exercer leur esprit critique, si on met des livres à leur disposition et si on ne s’en tient pas à une éducation formelle comme celle qui est malheureusement le plus souvent proposée dans les écoles roumaines. Je crois que tous les jeunes pourraient écrire comme ces jeunes-là ont écrit pour le livre, si les adultes leur mettaient quelques instruments à disposition. Qu’ont tous les jeunes de cette génération ? La liberté avec laquelle ils expriment leur audace, le courage avec lequel ils posent les questions et fabriquent les problèmes, avec lequel ils y répondent également. De manière générale, en lisant ces lettres, il est difficile de ne pas tomber en admiration devant ces esprits jeunes et si ouverts. »

     

    Clin d’oeil sur la vie d’ado d’aujourd’hui

     

    Quels liens peut-on tisser entre les vies de ces adolescents dans notre époque pleine de changements et d’incertitudes et les observations de Sénèque lorsqu’il écrivait à Lucilius ? Iulia Iordan insiste sur l’universalité des thèmes abordés par les jeunes.

    « Certains ont écrit sur la mort et sur leur relation avec elle. D’autres sur la guerre et j’ai trouvé ça très mature. La plupart des adultes de mon entourage n’en parlent plus du tout alors qu’elle est toujours là, à la frontière de notre pays. Et les enfants eux y pensent. D’autres ont écrit sur l’amour, sur la philosophie et l’écriture, sur la littérature, le courage, la peur. Les thèmes sont très divers ».

     

    Les textes du futur ouvrage “Reste avec toi” sont bouclés et Oana Ispir a commencé son travail d’illustration. Les éditions Seneca espèrent que le livre sortira à l’automne comme le précise la coordinatrice du projet Cristina Pârvu.

    « Au mois de septembre, nous allons diffuser 1000 exemplaires dans des écoles défavorisées du pays, grâce à notre partenariat avec le Roma Education Fund for Romania. Le livre sera accompagné d’un guide pédagogique proposant des activités à partir des 18 lettres-poèmes de Iulia Iordan et nous allons également former les enseignants. Nous avons développé un webinaire afin de les sensibiliser au projet, de parler du processus d’écriture et des activités du guide pédagogique. Après tout ça, le livre sera disponible en librairie pour tout un chacun ». (trad. Clémence Lheureux)

     

     

  • Comment communiquer avec empathie

    Comment communiquer avec empathie

    Nous nous plaignons souvent que les autres ne nous écoutent pas, ne nous entendent ou ne nous comprennent pas. Il arrive aussi parfois que nous ayons l’impression que les autres ne font pas ce que nous leur demandons. Dans ces moments souvent tendus, qui arrive à prendre conscience que les autres ont des besoins différents voire même des manières différentes de communiquer ? C’est ce que tentent d’expliquer nos invités d’aujourd’hui à tous ceux qui franchissent le seuil de leurs ateliers de communication.

    Octavia Udrescu et Decebal Popescu sont formateurs en communication non-violente depuis novembre 2020, lorsqu’ils ont commencé à organiser des ateliers dans l’espoir de créer une communauté au sein de laquelle les gens puissent mettre en place une communication véritable. Nous avons demandé à Decebal Popescu pourquoi il organise ces Ateliers de Communication Non-Violente (Ateliers CNV) : « J’ai eu plusieurs motivations. Parmi elles – ma conviction que nous, les êtres humains, nous avons la chance de vivre une vie plus heureuse et accomplie. Ce n’est la faute de personne, mais nous avons été habitués à des discours comme : « moi, j’ai raison et toi, tu as tort », ou bien « ça, c’est bien, alors que ça, c’est mal ». Eh bien, ce que nous avons voulu mettre en avant avec ces Ateliers de CNV c’est qu’il est possible d’avoir une vision différente des choses. Et avec un peu de bienveillance on peut trouver une solution pour répondre à nos besoins de développement personnels, tout en tenant compte des besoins de l’autre. Et pour moi, c’est vraiment formidable ! »

    De son côté, Octavia Udrescu a détaillé pour nous la réaction des participants lorsqu’ils comprennent que chacun a ses propres stratégies pour répondre à ses besoins : « Les participants revenaient et nous racontaient : « J’ai commencé à écouter ! Avant, je ne pouvais pas écouter les autres, je trouvais ce qu’ils me disaient bête, mais désormais je me tais et j’écoute. Et cela me permet d’apprendre des choses intéressantes. On part souvent de l’idée que l’on est plus intelligent que l’autre, mais si on lui donne la chance de s’exprimer, de nous montrer son monde, on sera surpris. Peut-être découvrira-t-on que leurs idées sont tout aussi intéressantes, que nous avons les mêmes désirs et intentions, même si les modalités pour les accomplir sont différentes. C’est vraiment fascinant ! La nature humaine me fascine et la communication consciente m’aide à mieux me comprendre moi-même. Qu’est-ce que je veux, en fait ? Et puis, je regarde mes enfants et j’essaye de me souvenir de mes propres réactions à l’adolescence. Quelles réactions ? Quel comportement ? Est-ce que je criais sur ma mère ? Est-ce que je claquais les portes ? Bien sûr. Mais alors pourquoi est-ce que je faisais tout cela ? »

    Se demander « pourquoi », cela ouvre beaucoup de portes à la compréhension de soi et de l’autre, nous dit Octavia. Toutes les techniques de communication non-violente, elle les a appliquées d’abord en famille, avec ses filles. Quel résultat ? Octavia répond : « Désormais, j’ai une meilleure relation avec ma famille et moi-même. Par exemple, j’accepte mieux les refus. Ma fille est déjà adulte, elle a 20 ans. Désormais, si j’ai besoin d’aide, je négocie avec elle. Quand je lui dis « j’aurais besoin de ça ou ça » elle, qui connaît aussi les principes de la communication non-violente me dit parfois que je suis « passive-agressive » et que je la tiens coupable de certaines choses. Alors, maintenant je lui réponds : « Désolée, c’est ma faute.. Comment pourrais-je améliorer cela ? » Et elle me répond : « J’aimerais que tu me dises d’avance quand tu as besoin de mon aide et que tu ne me forces plus à faire quelque chose au pied levé ». Et moi, je poursuis : « Alors, aujourd’hui, je vais laver le linge et d’ici une heure j’aurai besoin que tu le mettes à sécher ». Et ça fonctionne ! J’en suis époustouflée ! Avant, lorsque je lui mettais la pression, cela ne fonctionnait pas. Maintenant j’ai cette ouverture d’esprit d’accepter un refus et je sais lui demander son opinion. Et ça marche. Puisqu’en fait, l’homme ressent le besoin de contribuer, mais il a aussi besoin d’avoir la liberté de choisir comment et quand apporter cette contribution. »

    En fait c’est par l’auto-empathie que nous arriverons à accepter plus facilement les choses, explique Octavia, qui nous fait encore part de son expérience personnelle : « Cela signifie que je suis capable de comprendre qu’un refus est un moment difficile pour moi et d’essayer de faire quelque chose pour me sentir mieux. Me sentir mieux physiquement, puisqu’un refus de la part de ma famille me fait si mal au cœur, au point de penser « ils ne m’aiment pas ». Alors je me dis : stop, ce n’est pas une question d’amour, c’est quelque chose d’important pour lui ou pour elle. C’est quelque chose que je peux accepter. Alors, je tourne mon attention vers des choses qui m’apportent un peu de réconfort – je regarde les fleurs, je dessine etc. »

    Après ce témoignage très personnel, nous invitons de nouveau au micro Decebal Popescu, pour nous dresser le portrait des personnes qui participent à ces ateliers de communication : « Nous aimerions avoir un public plus large et plus équilibré en terme de genre. Jusqu’ici, la plupart des personnes qui nous ont rejoint ont été des femmes, préoccupées d’avoir une meilleure relation avec elles-mêmes notamment. J’ai aussi été ravi de voir dans le public de nombreux parents, tant des mamans que des papas, des parents d’adolescents surtout. Une des meilleures expériences est le moment où chaque participant bénéficie de 2-3 minutes pour exprimer pourquoi il participe à cet atelier. A la fin de la rencontre, nous leur posons la question suivante : « c’était comment pour vous d’être écouté sans être interrompu pendant quelques minutes ? » Et leur réaction est toujours la même : « tu veux dire qu’il faut faire la même chose avec nos enfants ? »… »

    Mieux communiquer. A un moment donné chacun d’entre nous ressent ce besoin. Souvent, il faut commencer par mieux écouter. Par conséquent, on n’a pas tort de dire que les ateliers de communication non-violente sont une expérience nécessaire pour nous tous, car nous voulons tous pouvoir mieux communiquer. Pour les adolescents, l’essentiel est de faire ces cours en compagnie des parents, pour mieux apprendre et mieux se comprendre les uns les autres. (Trad. Andra Juganaru, Valentina Beleavski)

  • La face cachée des réseaux sociaux

    La face cachée des réseaux sociaux

    Selon les données publiées par l’une des études les plus
    importantes portant sur le degré de confiance que le public attache aux nouvelles
    véhiculées en ligne, le Digital News Report, publié par l’Institut Reuters, il
    semblerait que les lecteurs s’avèrent de moins en moins intéressés de puiser dans
    les sources traditionnelles d’information pour s’informer sur les actualités
    les plus pesantes, telle la guerre en Ukraine ou la crise économique,
    privilégiant le plus souvent les infos glanées çà et là, notamment sur les
    réseaux sociaux. Et il est vrai qu’il nous suffit d’ouvrir Facebook, Instagram
    ou TikTok sur son smartphone, sur sa tablette ou sur son ordinateur portable pour
    tomber sur une foule d’informations d’actualité, le plus souvent invérifiables,
    cela s’entend. La professeure Raluca Radu, de la Faculté de Journalisme et des Sciences de la communication
    de l’université de Bucarest, le partenaire roumain de l’institut Reuters, l’auteur
    de l’étude portant sur les habitudes de la consommation de l’information et les
    audiences numériques, détaille sur nos ondes les principaux résultats de cette
    étude :


    « Il y a eu un moment,
    pendant la pandémie de Covid-19, lorsque les médias traditionnels avaient
    supplanté les réseaux sociaux en tant que principale source d’information. Mais
    vous savez, le souci avec ces réseaux c’est que souvent ils évitent d’envoyer leur
    public vers les médias traditionnels, et préfèrent le garder chez eux. C’est le
    cas notamment de TikTok et d’Instagram. Deux réseaux plébiscités par les jeunes
    en général, par les jeunes roumains en particulier. Et l’une des surprises de
    notre étude c’est justement la bonne santé de TikTok, dont la communauté
    grandit d’une année sur l’autre de façon exponentielle. Evidemment, cela s’explique
    en partie du fait qu’il s’agit d’un réseau utilisé surtout par les jeunes, qui
    sont plus nombreux tous les ans, et qui viennent avec leurs habitudes de
    consommation. Dans d’autres pays, dans des pays plus développés et plus stables
    en termes de démocratie, en Europe de l’Ouest notamment, TikTok ne bénéficie
    pas du même succès. TikTok fait son marché dans les pays en voie de
    développement, en Amérique du Sud, au Moyen Orient notamment. Or, les Roumains étanchent
    leur soif d’information grâce à TikTok. »


    L’étude met en exergue les défis que doivent affronter
    les médias classiques, telle la baisse de l’intérêt et de la confiance de la
    part du public. La confiance du public dans les médias ne cesse en effet de
    baisser, le rapport 2023 soulignant que 7 Roumains interrogés sur 10 évitent de
    puiser leur information dans les médias traditionnels. Le sentiment de
    lassitude face à l’abondance d’information, que la pandémie et la guerre en
    Ukraine n’ont fait qu’accélérer, constitue sans doute l’une des causes, sans qu’elle
    soit la seule, de la baisse de l’intérêt du public par rapport aux informations
    fournies par les médias traditionnels.


    Antonia Matei, lectrice à la Faculté de Journalisme et
    des Sciences de la communication, déclare à son tour :


    « Il faut néanmoins
    reconnaître que les journalistes ne sont pas sans tâche. Vérifier une information
    de nos jours prend plus de temps qu’il y a, mettons, dix ans, lorsque l’on ignorait
    encore cette pandémie d’infox. Le travail du journaliste a profondément changé.
    Il travaille sous une pression quasi constante. Qui plus est, les rédactions
    roumaines ne disposent pas de ce professionnel chargé de vérifier la véridicité
    d’une information. Ce sont les journalistes qui doivent le faire, en sus de
    leur travail habituel, et cela prend du temps ».


    Raluca Radu confirme pour sa part la permanence du
    stress et de la pression qui sont le lot commun du quotidien de tout
    journaliste, où qu’il se trouve :


    « La presse est en perdition, c’est un fait. Et
    ce n’est pas juste du fait du public qui se réfugie sur les réseaux sociaux. Il
    existe aussi cette pression croissante exercée sur les journalistes de la part des
    pouvoirs publics, de la part des Etats. Nos collègues d’Oxford ont ainsi trouvé
    bon d’insérer à bon escient dans ce dernier rapport la place qu’occupe le pays
    étudié dans le classement dressé par l’association Reporters sans frontières et
    portant sur la liberté de la presse. Un classement établi sur base des questions
    telles que : « Y a-t-il des journalistes qui se sont fait agresser ?
    As-tu peur de donner ton avis sur les réseaux sociaux ? As-tu besoin de l’accord
    d’une institution publique pour lancer ton site ? » Et puis, vous
    savez, les conditions de travail des professionnels de la presse dans les pays
    où l’on répond par l’affirmative à ces questions sont assez terribles. Il y a
    un vrai retour des autocraties dans le monde. Une véritable confrontation entre
    ces autocraties, qui tentent de grignoter de la sorte davantage de pouvoir et d’influence.
    Et, face à cette situation, les journalistes et la presse indépendante sont
    tenus de constituer le dernier rempart de la démocratie ».


    Et ils le font à leurs risques et périls, alors que
    ces gens aimeraient peut-être parfois se laisser tenter à leur tour de laisser
    tout tomber, pour regarder, dans la chaleur de leurs chaumières, quelques gags qui
    passent sur les réseaux sociaux, conclut, avec une certaine exaspération, Raluca
    Radu.


    (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Comment renforcer l’esprit civique des jeunes roumains?

    Comment renforcer l’esprit civique des jeunes roumains?

    Depuis 2014, l’association 11even organise chaque année un camp de vacances
    appelé Créateurs de futur qui s’inscrit dans le cadre d’un programme destiné
    à des élèves ayant de bons résultats scolaires et souhaitant s’impliquer dans
    la vie civique. Depuis la première édition, Créateurs de futur a pris de l’ampleur,
    mais le principe demeure inchangé : 50 lycéens sont sélectionnés parmi les
    vainqueurs des Olympiades nationales et internationales de plusieurs disciplines
    pour passer une semaine dans une école d’été où plusieurs spécialistes de
    divers domaines les mettent au défi d’apporter un changement ou un renouveau
    dans la société. Le camp se déroule dans les environs de Cluj Napoca et les
    élèves sont sélectionnés sur la base de leur intérêt pour cette démarche et de
    leurs compétences dans leur domaine de prédilection, comme nous l’explique
    Tudor Vasiliu, fondateur du programme Créateurs de futur:




    Nous
    distinguons quatre domaines de compétences : en premier lieu, le domaine éducatif,
    c’est-à-dire tout ce qui relève des olympiades scolaires, des concours
    scolaires nationaux et internationaux ; en deuxième lieu, le sport, donc les
    performances sportives. Il y a aussi le domaine culturel, donc toutes les
    performances artistiques et culturelles. Je pense par exemple aux lycéens qui
    ont écrit un livre, qui peignent ou qui ont de bons résultats aux concours d’art.
    Enfin le domaine du leadership scolaire, pour les élèves qui s’investissent
    dans la communauté par le biais d’activités bénévoles qui ont un impact important
    sur la société.




    Les initiateurs du projet sont partis de l’idée que les jeunes ayant les
    meilleurs résultats à l’école étaient également les plus aptes à l’engagement
    civique. Tudor Vasiliu nous explique cette démarche :




    Nous
    essayons de leur ouvrir le plus de perspectives possibles dans le plus de
    domaines possibles grâce aux différents intervenants. Nous essayons de leur
    présenter des personnes qui ont étudié ou réussit leur carrière à l’étranger
    puis qui sont revenus en Roumanie pour y amener des changements. En regardant
    en arrière, sur les 900 élèves environ qui ont participé au programme, je crois
    que 50 ou 60 % d’entre eux étudient ou ont étudié dans des universités prestigieuses
    à l’étranger. Nous souhaitons faire revenir ces jeunes en Roumanie à moyen ou
    long terme. Nous les encourageons à aller étudier à l’étranger s’ils considèrent
    que c’est important pour leur carrière. Mais nous soulignons la nécessité de
    revenir en Roumanie pour être acteurs du changement ici.




    Tudor Vasiliu nous donne quelques exemples de thèmes
    et d’invités qui ont marqués l’édition 2023 du camp Créateurs de futur :




    Il y a eu une grande variété de thématiques débattues. Par exemple, nous avons
    invité monsieur Mihnea Măruță, qui est journaliste et l’auteur d’un livre tout
    juste paru qui parle de la manière dont l’identité digitale nous affecte et de notre
    lien avec les réseaux sociaux. Nous avons aussi reçu Codruța Simina, une
    journaliste spécialisée dans les questions de désinformation et de fake news. Răzvan
    Petri, actuellement en master au King’s College en Angleterre, qui a monté un
    projet très intéressant à l’adresse des jeunes roumains sur la politique. Nous
    avons pu débattre avec lui de l’utilité de la politique et du lien qu’entretiennent
    les jeunes avec la politique en général. Le docteur Mihai Copăceanu, qui a
    organisé un débat sur les drogues. Daniel David, le recteur de l’université Babeș-Bolyai
    qui a parlé de la nouvelle Roumanie. Nous avons également accueilli un
    séminaire de Răzvan Cherecheș, professeur de santé publique à Cluj Napoca sur
    le thème de l’innovation, séminaire auquel ont participé deux invités, qui
    essayent de provoquer un changement positif sur Tik Tok en y diffusant des
    messages positifs, l’un est éducateur juridique et l’autre a développé un
    business par l’intermédiaire de cette plateforme.






    Ainsi, selon Tudor Vasiliu, les lycéens réunis au
    sein du programme Créateurs de futur battent en brèche l’idée répandue selon
    laquelle les jeunes ne s’intéressent pas à l’engagement politique ou civique.






    Ils ont une forte envie de s’impliquer.
    Et, après chaque édition, nous les incitons à s’impliquer au cours de l’année
    scolaire dans diverses activités. Peut-être que leur intérêt pour la politique
    est un peu moins appuyé, en raison de leur jeune âge, mais en revanche, ils
    sont très en demande d’engagement civique. Après certaines éditions, nous avons
    même eu des concours de projets qui ont été financés puis mise en œuvre par la
    suite. Suite à l’édition de cette année, nous voulons créer, avec une partie
    des participants, des évènements plus petits, à l’échelle de leurs communautés
    d’origine, auxquels seront invitées les personnes qui produisent du changement
    localement, afin de les présenter à un public de jeunes.






    De plus,
    Tudor Vasiliu a observé au fil des éditions que les lycéens roumains étaient intéressés
    par la perspective d’étudier à l’étranger, mais aussi par des idées et contenus
    véhiculés en ligne et notamment les questions liées à l’écologie.

  • 12.05.2023 (mise à jour)

    12.05.2023 (mise à jour)

    Budget – L’exécutif de Bucarest a adopté vendredi, l’ordonnance
    d’urgence concernant le rééquilibrage du budget, lors d’une réunion spéciale, a
    fait savoir le ministre des Finances, Adrian Câciu. Il a passé en revue les
    mesures d’intervention. Parmi celles-ci, la réduction de 10% des fonds alloués aux biens et services, autres que ceux du domaine
    de l’Education et de la Santé et l’interdiction de l’achat ou de la location de
    voitures par les autorités et les institutions publiques. Y font exception les
    voitures concernées par le programme « Le tacot » censé renouveler le
    parc automobile et permettre aux autorités d’acheter des véhicules non
    polluants. Le ministre des Finances a également annoncé la réduction de 50% des
    postes de conseillers au sein de l’appareil des agents publics et la limitation
    à deux mandats dans les conseils d’administration.
















    BNR – En Roumanie, le taux annuel de
    l’inflation a enregistré une baisse significative, en passant de presque 15% en
    mars dernier à 11,23% en avril. N’empêche, la plupart des produits et des
    services continuent à voir leur prix se majorer, mais la hausse est moins
    significative. D’autres produits ont même connu une réduction de prix, comme
    par exemple, l’huile. L’inflation continuera sa tendance à la baisse, a
    confirmé vendredi la Banque centrale de Roumanie. Le gouverneur Mugur Isarescu
    a annoncé que les taux d’intérêt pour les crédits en devise continueront à
    augmenter. La Banque centrale prévoit une inflation de 7,1% pour la fin de cette
    année et elle estime un taux de 4,2% à la fin de 2024. Aux dires de Mugur
    Isarescu, les fruits et les légumes continueront à voir leurs prix augmenter,
    notamment en raison de la sécheresse en Espagne et suite aux séismes
    dévastateurs de Turquie.






    Energie – Un Centre d’exploration énergétique a été ouvert vendredi, à
    l’Université Polytechnique de Bucarest, le premier en dehors du territoire des
    Etats-Unis. Le centre accueille la chambre de simulation du contrôle-commande
    du petit réacteur modulaire NuScale et il prépare la future génération
    d’ingénieurs en nucléaire civile. Bucarest deviendra un centre d’éducation des futures
    professionnels en charge de la prochaine étape du processus de mise en place
    des réacteurs civiles en Roumanie et en Europe, lit-on dans un communiqué.
























    Jeunes – Plus de 1400 jeunes
    roumains âgés de 18 ans figurent parmi les 35000 bénéficiaires du pass
    Inter-rail censé leur permettre de voyager gratuitement en train à travers
    l’Europe. Baptisée DiscoverEU, cette action s’inscrit dans le
    cadre du programme Erasmus et vise à favoriser les liens culturels au sein de l’Union
    européenne. Elle offre aux jeunes de 18 ans la possibilité d’explorer le
    patrimoine et l’histoire de l’Europe, tout en faisant des rencontres tout le
    continent. Les jeunes peuvent voyager seuls ou en groupes de 5 personnes tout
    au plus et les voyages doivent se faire entre juin 2023 et septembre 2024.
    Cette année, plus de 145.000 jeunes des 27 États membres de l’UE, territoires
    d’outre-mer compris et pays tiers associés à Erasmus ont déposé leur
    candidature. Les pays tiers sont l’Islande, le Liechtenstein, la Macédoine du
    Nord, la Norvège, la Serbie et la Turquie.


    Météo
    – Les températures sont à la hausse, en Roumanie. Samedi, elles seront entre 15 et 22 degrés. Des phénomènes orageux risquent de toucher la plupart des régions du
    pays. 22 degrés samedi, à midi, dans la capitale roumaine.



  • 02.06.2022

    02.06.2022

    Gouvernement – Le Cabinet de Bucarest se réunit aujourd’hui pour la deuxième fois cette semaine afin d’adopter un décret d’urgence par le biais duquel les retraités qui touchent moins de 2 000 lei, soit 400 euros, pourront bénéficier d’une aide financière de 140 euros. Cette mesure est censée compenser en grande partie la baisse du pouvoir d’achat des personnes vulnérables, générée par la hausse des prix des carburants, des aliments et des services communaux dernièrement. Rappelons-le, mercredi, en Roumanie a commencé le processus d’émission, distribution et versement des tickets sociaux proposés par le programme gouvernemental « Soutien pour la Roumanie ». Ces tickets ont une valeur nominale de 50 euros et sont destinés aux personnes en difficulté. Plus de 2,5 millions de Roumains pourront utiliser ces tickets pour acheter des produits alimentaires.

    Energie – La Roumanie devra identifier de nouvelles capacités de production de l’énergie basée sur des technologies aux émissions réduites de carbone utilisant le gaz naturel et les ressources renouvelables, a déclaré le ministre roumain de l’Energie, Virgil Popescu, en visite en Azerbaïdjan, qui participait à la session ministérielle « Bakou Energy Forum ». La Roumanie se concentrera sur l’accélération du processus d’implémentation des solutions novatrices avancées, modernisant parallèlement l’infrastructure énergétique. Aux dires du ministre Popescu, les participants ont décidé qu’il était besoin de coopérer pour réussir à diversifier les sources et les routes de transport et pour combattre les effets de la crise énergétique et ceux générés par la guerre de la Russie en Ukraine.

    Euro – La Roumanie ne remplit actuellement aucun critère nécessaire pour passer à la monnaie unique européenne, selon un rapport de convergence publié par la Commission européenne. Pour passer à l’Euro, un Etat membre de l’Union devrait respecter quatre conditions : la stabilité des prix, les finances publiques solides et soutenables, la stabilité des taux de change et la convergence des taux d’intérêt à long terme. Or, selon le rapport, la Roumanie ne respecte aucun critère, étant également l’unique Etat membre à faire l’objet d’une procédure de déficit excessif. En 2016, la Roumanie respectait trois conditions sur quatre.

    Jubilé – La Grande Bretagne organise quatre jours durant des cérémonies censées marquer les 70 ans de règne d’Elizabeth II, la monarque à la longévité record sur le trône du Royaume-Uni. Dans une lettre de félicitations, le chef de l’Etat roumain, Klaus Iohannis, a exprimé sa conviction que le Partenariat stratégique roumano- britannique continuera à être renforcé, au bénéfice des deux nations. En Grande Bretagne, c’est parti pour quatre jours de célébrations historiques : du 2 au 5 juin, les Britanniques fêtent le jubilé de platine, c’est-à-dire les soixante-dix ans de règne d’Elizabeth II. Aujourd’hui, la reine saluera au balcon de Buckingham Palace la parade des drapeaux des régiments. Un concert organisé pour l’occasion réunira sur la même scène des artistes célèbres tels le groupe légendaire Queen, Andrea Bocelli, Alicia Keays ou Duran Duran. Les grands musées londoniens organiseront des expositions spéciales. La BBC note que le jubilé de cette année sera pourtant différent puisque les 96 ans de la reine l’empêcheront de participer à toutes les manifestations.

    Sondage
    Pour l’écrasante majorité des Roumains, soit 70%, la Russie serait coupable
    pour la guerre en Ukraine, selon un sondage réalisé du 16 au 21 mai par INSCOP
    Research. Selon cette recherche, plus de 87% des Roumains affirment que les
    leaders russes devraient être condamnés pour les crimes de guerre alors que 65%
    ont une opinion positive au sujet du déploiement de troupes de l’OTAN et
    américaines en Roumanie. A la question qui pourrait gagner la guerre en
    Ukraine, 50% des Roumains affirment que l’Ukraine et 26% donnent la Russie
    comme vainqueur. Selon le même sondage, le taux de ceux qui affirment que la
    Russie défend les valeurs traditionnelles face à la décadence morale de l’Occident
    a chuté de 41% en février à 25% actuellement. Parallèlement, le taux des
    Roumains qui affirment que par l’exploitation des ressources de gaz naturel en
    mer Noire, la Roumanie éliminera toute dépendance des importations russes a
    augmenté pour se chiffrer à 67%. Le sondage repose sur un échantillon de 1 100
    personnes âgées de plus de 18 ans et a un taux d’erreur de 2,9%.

    Réfugiés – Le gouvernement roumain devrait adopter ce jeudi, en première lecture, un projet de décret d’urgence visant la mise en place d’un plan national de mesures de protection et d’insertion sociale des réfugiés ukrainiens, ayant accès à une protection temporaire de la Roumanie. L’Inspection générale de la Police roumaine des frontières informe que mercredi, 10331 citoyens ukrainiens sont entrés en Roumanie, de 12,9% de moins que la veille. Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, presqu’un million 100.000 réfugiés ukrainiens sont venus en Roumanie, la plupart juste pour la transiter afin de rejoindre l’ouest de l’Europe. Sur ce total, des dizaines de milliers d’Ukrainiens ont réclamé l’asile politique ou la protection temporaire de l’Etat roumain.

    Héros – Les Roumains orthodoxes célèbrent aujourd’hui l’Ascension, 40 jours après Pâques. Depuis 1920,
    l’Ascension coïncide en Roumanie avec la Journée de la mémoire des héros. A
    travers le pays, des cérémonies militaires et religieuses sont prévues auprès
    des tombeaux et des monuments des héros roumains tombés sur les champs
    d’honneur. A Bucarest, une commémoration est organisée auprès du monument du
    soldat inconnu, en présence du président Klaus Iohannis, du ministre de la
    défense, Vasile Dîncu, et du chef de l’Etat major de la défense, le général Daniel
    Petrescu. Dans un message à l’occasion de la journée des héros, le premier
    ministre Nicolae Ciuca a souligné que les pensées des Roumains sont consacrés
    au sacrifice suprême de ceux qui sont tombés pour des idéals nationaux et pour
    un avenir meilleur à leurs descendants.

    1er juin – Le premier jour d’été marque en Roumanie et dans de nombreux autres pays au monde la journée de l’enfant. Le 1er juin, tout le pays a accueilli des événements consacrés à la Journée de l’enfance et les plus petits ont été invités à participer à des concours, des ateliers, des spectacles et des fêtes en plein air. De nombreuses institutions et entreprises ont ouvert leurs portes aux plus petits. A Bucarest de telles actions ont été accueillies par le Palais du Parlement et par les plus connus sites culturels et touristiques. La Salle de spectacles de la radiodiffusion roumaine a proposé un concert donné par la chorale d’enfants de la radio roumaine, précédé un atelier de BD.

    Météo – En Roumanie, les météorologues annoncent une hausse des températures pour ce jeudi, notamment dans les régions méridionales, là où l’indice humidex approchera le seuil critique de 80 unités. Le ciel demeure variable et l’instabilité atmosphérique se manifestera à partir de cet après-midi, notamment dans le nord, le nord-est, le sud-ouest, le centre et le sud-est. Dans toutes ces régions, des phénomènes orageux pourraient faire leur apparition, accompagnés de grêle et des pluies torrentielles. Météo Roumanie a placé 28 départements en vigilance jaune à l’instabilité. Ce jeudi, les températures maximales iront de 24 à 33 degrés.

  • Initiatives des jeunes pour les jeunes

    Initiatives des jeunes pour les jeunes

    Lavinia Bucur est élève en Seconde au Lycée national I.L.Caragiale de
    Ploiesti et ambassadrice des valeurs européennes au sein du projet UNITED mis
    en place par l’Association des Jeunes Initiatives Young Initiative. Fortement
    impliquée dans différentes activités extra-scolaires, Lavinia a décidé de
    s’adresser aux personnes en charge des programmes imaginés au sein du projet
    UNITED pour les rejoindre. Comment cette expérience a-t-elle débuté ? Lavinia
    Bucur raconte au micro de notre collègue Monica Chiorpec.

    Parlons aussi entrepreneuriat. En Roumanie, les jeunes âgés de 16 à 24
    ans et qui sont intéressés par le domaine des affaires, peuvent demander l’aide
    d’Alin Apostu. Passionné par l’entrepreneuriat et souhaitant aider le plus de
    jeunes que possible à mettre sur pieds leur propre affaire à la fin des études,
    Alin coordonne des projets et s’implique activement pour accomplir sa mission. Au
    micro de notre collègue Monica Chiorpec, il nous présente son plus récent projet .

    Autant d’initiatives lancées par les jeunes roumains pour d’autres
    jeunes. Entraide, encouragement, esprit civique : leurs premiers pas dans
    la vie d’adulte sont déjà très intéressant. La suite sera sans doute encore
    plus belle.

  • Oraşul M / « Ville M »

    Oraşul M / « Ville M »

    Nous voici au beau milieu d’une station de métro traversée chaque jour par des milliers d’usagers. Bien souvent ils sont pressés, traversent sans s’arrêter, impatients d’attraper le prochain métro. Mais maintenant beaucoup prennent le temps d’une pause pour regarder. Ils sortent leur téléphone, scannent le QR code affiché sur le mur, ou se contentent simplement de regarder et de sourire. C’est justement l’un des objectifs envisagés par les artistes de l’association culturelle VAR, lorsqu’ils ont décidé de transformer certaines stations de métro en galerie d’art contemporain.Andu Dumitrescu, artiste et l’un des coordinateurs du projet Ville M nous raconte l’origine de ce projet inédit : « Pour moi cette idée n’a rien d’inhabituel, surtout vue l’apparence de Bucarest, car c’est cela que nous évoquons justement. Nous avons donc souhaité monter un projet visuel, sur la ville de Bucarest. Une ville polluée dans tous les sens du terme, surtout sur le plan visuel. Nous nous sommes demandé quel endroit serait le plus pertinent pour faire intervenir des artistes et montrer au public ce qu’est l’art contemporain de qualité. Et le métro s’est imposé comme une évidence. La visibilité est optimum ! »

    Pour le moment les artistes ne sont intervenus que dans deux stations de métro de la capitale, mais d’autres « galeries d’art » souterraines similaires devraient bientôt voir le jour. Pourquoi choisir le métro et quelles ont été les démarches pour mener à bien ce projet ? Andu Dumitrescu nous répond : « Nous avons voulu trouver le meilleur endroit pour faire connaître l’art contemporain. Par conséquent, nous avons décidé de transformer la partie souterraine de la capitale en galerie d’art. Ce n’est pas une mince affaire, je le reconnais ! Rien que pour exposer dans une station de métro, et nous en sommes à notre deuxième galerie à présent, nous avons travaillé deux ou trois mois. Nous avons commencé d’abord par discuter avec les artistes, car le projet est sur base de volontariat. Chaque artiste qui intervient dans le métro le fait bénévolement, c’est pour nous une marque de respect pour la ville. D’ailleurs, notre projet dans son ensemble est une marque de respect pour la capitale. Ensuite, nous avons engagé des discussions ponctuelles avec notre partenaire Metrorex (la compagnie du métro bucarestois), pour chacun de nos projets, afin de s’accorder sur les modalités d’exposition. Il faut aussi tenir compte de la sécurité des usagers bien évidement. Et puis, il faut s’atteler à la partie plus technique, en se procurant le matériel nécessaire et faire un planning de travail. Nous travaillions généralement de 23h30 à 5h00 du matin. Même si l’on a travaillé pendant un mois, la période de préparation reste courte. »

    Pour la station de Piata Romana, la plus récemment décorée, les artistes ont travaillé 7 nuits durant. Andu Dimitrescu nous donne les détails : « J’ai lancé un appel à de jeunes artistes, en l’occurrence des étudiants en art ou récemment diplômés, et beaucoup ont répondu. Nous en avons sélectionné 14 jeunes artistes. Pour le moment ils ne sont que 13, le 14ème est un céramiste pour lequel le processus technologique est plus compliqué. Nous avons aussi rencontré quelques soucis avec le matériel à cause de la pandémie, il mettra donc un peu de temps à terminer l’installation pour la station de Piata Romana. »

    Notre interlocuteur, qui nous a invités à faire un tour dans le métro, nous a expliqué que les thèmes choisis étaient très actuels : « J’encourage les gens à découvrir le projet et à se rapprocher de l’association VAR, à l’origine du concept. Tous les artistes ayant participé sont talentueux, chacun de leurs ouvrages a été parfaitement intégré dans l’espace du métro. Pour l’instant nous avons exposé des créations dans les stations d’Izvor et de Piaţa Romană, et prochainement dans celle d’Eroilor. »

    Andu Dumitrescu nous a mis l’eau à la bouche en nous détaillant les techniques utilisées pour ce projet : « Ici nous ne parlons pas d’une simple fresque peinte sur les murs de la station. Le projet va bien au-delà. C’est un ensemble artistique qui regroupe l’art sous plusieurs formes, des installations comme c’est le cas à Piaţa Romană, des fresques, des photographies, de la céramique. De la sculpture aussi, dans la station d’Eroilor par exemple, beaucoup d’objets différents seront exposés. Il y a même une œuvre de réalité augmentée. Il suffit de scanner une affiche et vous pouvez la voir s’animer. Il suffit de sortir votre téléphone et d’aller sur Instagram. On retrouve aussi des illustrations d’ordre graphique. Cela se rapproche de la fresque du point de vue technique. Nous avons essayé de nous approprier toute la station, sur les deux quais et à chaque entrée. »

    En descendant sur le quai de la station Piaţa Romană, une petite table attira l’attention des passants. Deux téléviseurs noir et blanc y sont posés. Le premier – grand, le second – plus petit et peint de différentes couleurs. A côté se trouvaient deux autres objets décoratifs tout aussi anciens, mais moins représentatifs.L’idée même de visiter une station de métro à la manière d’un musée est très tentante. Voilà la proposition faite par les artistes qui visent à familiariser les Bucarestois avec l’art contemporain. (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Histoires de vie découvertes en 2021

    Histoires de vie découvertes en 2021

    Nous avons accompagné dans les écoles le programme déducation nutritionnelle « Goûte attentivement, profite du moment », lancé suite à lidentification dune tendance mondiale chez les jeunes à choisir des collations plutôt que des repas copieux ou à les éviter, de peur de grossir. Florentina Baloş, ambassadrice « Goûte attentivement, profite du moment » nous a dit :



    « Goûte attentivement. Profite du moment » est ciblé sur l’attention que l’on doit prêter aux repas afin de profiter de l’instant présent, de savourer le goût des aliments, d’y prendre plaisir, car les goûters font partie de notre vie. Lancé par lAssociation « Sută la Sută Românesc », le projet a été initié en partenariat avec l’Autorité nationale pour la protection du consommateur et 5 lycées de Bucarest. Les études ont montré que les jeunes préfèrent les goûters aux repas consistants, ce qui fait que des questions telles « qu’est-ce qu’on mange ? », « pourquoi mange-t-on ? » et « comment mange-t-on ? » restent en quelque sorte sans réponse. On mange de manière chaotique, souvent on ne sait même pas de quoi on se nourrit, puisqu’on ne lit pas les étiquettes. Du coup, notre projet se propose d’informer et d’éduquer le jeune public dans cette direction ».



    Un autre projet – une histoire émouvante – nous a menés dans la commune dAugustin, dans le département de Braşov (centre). Une commune de 1 900 habitants, dont beaucoup sont très pauvres et la moitié dorigine rom, où deux enseignants ont jeté les fondements du projet Edubuzz ou le bus dapprentissage. Natalia Ginghină et Adrian Secal sont les enseignants qui ont créé Edubuzz, un projet caritatif auquel la joueuse de tennis roumaine Simona Halep a également contribué. Adrian nous a dit à propos dEdubuzz que :



    « Cet espace permet aux enfants de suivre des cours de rattrapage une fois les heures de classe terminées. On a voulu aménager un endroit en dehors de l’école, mais à proximité de celle-ci, afin que les gamins puissent y rester, une fois la journée d’école finie. On a de nombreux enfants jamais inscrits à l’école ou en situation de décrochage scolaire. C’est une communauté frappée par un taux d’abandon scolaire et d’absentéisme élevé, et le nombre d’enfants qui ne fréquentent pas les cours est très grand. Cest pourquoi on a décidé de leur offrir la possibilité de suivre des cours de rattrapage ou même dapprendre, car certains nont peut-être même pas été en classe du tout jusquici. »



    Et Natalia a complété :



    « L’idée d’un tel bus a été alimentée par notre besoin de passer davantage de temps avec les enfants, même en dehors des heures de classe, afin de pouvoir leur proposer plus d’activités à faire ensemble. Mais, une fois qu’on a aménagé le bus et qu’on a donc trouvé cette idée, cet endroit n’est plus destiné à nos élèves seulement ; il est là pour accueillir aussi d’autres enfants, comme par exemple ceux qui ne fréquentent pas l’école pour une raison ou pour une autre. C’est une sorte d’endroit qui accueille les enfants après la journée d’école, sauf qu’il a fini par servir aussi de salle de classe. »



    HORA, la fabrique d’instruments de musique en bois de Reghin (est de la Roumanie), est la plus grande d’Europe. En 2021, elle a fêté son 70e anniversaire. Défiant les bouleversements causés par la pandémie, HORA a réussi à lancer sur le marché trois nouveaux produits. Quel que soit le domaine d’activité, il faut s’adapter à l’économie de marché, affirme Dorin Man, son directeur technique, qui explique :



    « Notre fabrique a développé trois grandes chaînes de production. Il y a tout d’abord celle consacrée à la fabrication de guitares. Vient ensuite la ligne de production d’instruments à archet : violons, violes, violoncelles, contrebasses et éventuellement certains autres instruments de ce type, tel le psautier. Là aussi la gamme est très large, en fonction des essences de bois utilisées, de la structure, des couleurs et de la qualité. Cette dernière varie suivant que les instruments s’adressent à des joueurs débutants, avancés ou professionnels. La troisième chaîne de production, créée dans le but d’accroître la diversité dans le contexte du marché international, est celle des instruments spécifiques des différentes communautés ethniques. Nous avons donc fabriqué l’instrument à percussion appelé cajon, ainsi que le violon trompette ou à pavillon, spécifique à la région de Bihor (ouest). Nous avons également amélioré les guitares électriques et lancé sur le marché deux types de guitares solo électriques. »



    Une autre histoire merveilleuse, cest celle de la journaliste et écrivaine Janneke Vos de Groot, originaire des Pays-Bas, qui sest installée avec son époux en Roumanie voici 15 ans. Passionnés par la vie dans la nature et par les chevaux islandais, le couple sest établi dans le village de Oarba de Mureş, appartenant à la ville de Iernut (centre), et vit dans un environnement naturel et même développe le tourisme rural dans la région. Janneke Vos de Groot a écrit six livres sur la Roumanie, principalement sur la région quils habitent, et a ainsi tenté plusieurs touristes à venir connaître notre pays. Et quand ils viennent dans la région, elle emmène les visiteurs partout.



    « D’habitude je les emmène à Brașov, à Cluj – ce sont de belles villes. Après, quand je leur demande ce qu’ils ont aimé le plus, ils me répondent toujours : Oarba de Mureș, la campagne, voir comment vivent et travaillent les gens. Souvent, les femmes du village préparent une « ciorba », une soupe aigre du coin, et un autre plat traditionnel pour le groupe de touristes et ça fait toujours son effet. Même une visite du Palais du Parlement de Bucarest n’est pas aussi populaire qu’un déjeuner à Oarba de Mureș ! »



    Nous avons rassemblé de nombreuses histoires, racontées pour embellir votre journée ! Et cest ce que nous promettons de faire cette année aussi.


    (Trad.: Ligia)