Tag: musée

  • Le baron Samuel von Bruckenthal

    Le baron Samuel von Bruckenthal

    Le baron Samuel von Brukenthal est né il y a 295 ans, en 1721, dans le village de Nocrich, dans la vallée de la rivière Hârtibaci, au département de Sibiu. Issu d’une famille renommée de la communauté saxonne de la zone, le jeune Samuel étudie le droit, la philosophie, les sciences politiques et administratives dans des universités allemandes. En 1745 il rentre à Sibiu, où pendant 7 ans il occupe des fonctions sans importance de l’administration locale. En 1753 il se rend à Vienne où il est reçu par l’impératrice Marie Thérèse d’Autriche. Celle-ci est tellement impressionnée par Samuel von Brukenthal qu’il réussit à obtenir un poste au sein de l’administration de l’empire des Habsbourg.

    A l’époque, la Transylvanie était une principauté autonome, faisant partie de l’empire autrichien. En 1762, Samuel von Brukenthal devient baron et 3 ans plus tard il est nommé chef de la Chancellerie de la Cour. En 1777, il devient Gouverneur de la Grande Principauté de Transylvanie, fonction qu’il remplit pendant une décennie. En parallèle avec son avancée dans la hiérarchie de l’empire, Samuel von Brukenthal commence à s’intéresser à l’art et aux sciences, mais aussi à la botanique, à la biologie et à la numismatique.

    C’est pendant cette période qu’il commence aussi à collectionner des objets d’art. Bref, il acquiert des connaissances encyclopédiques, étant intéressé par des sujets des plus divers, comme le souligne notre invité, Sabin Luca, manager du musée Brukental de Sibiu: «En tant que gouverneur de la Transylvanie, mais aussi avant et après avoir occupé cette fonction, il a été une personne ouverte à tout ce qui était nouveau. C’est justement pourquoi il a voulu ramener en Transylvanie de nombreuses choses qui commençaient à être à la mode en Europe, à partir de l’étude des plantes et des animaux, jusqu’aux éléments d’architecture et d’organisation de l’espace. Ce fut une personnalité extrêmement complexe. Cela se voit dans la structure des collections qu’il a réunies au cours de sa vie. Ce sont des collections très variées, mais d’une très grande valeur aussi, en partant des collections de géologie, jusqu’aux collections de numismatique, à celle d’art et à celle de livres. Il aimait beaucoup ses livres. »

    Les collections individuelles du baron Samuel von Brukenthal – à savoir la pinacothèque, le cabinet des estampes, la bibliothèque et la collection numismatique – ont été créées principalement entre 1759 et 1774. Bien que l’on connaisse peu de choses sur la manière dont elles ont été constituées, Sabin Luca nous fournit quelques informations qui ont survécu au passage du temps: «Le baron avait des gens instruits à Vienne qui achetaient presque n’importe quelle oeuvre. C’est pourquoi la valeur de sa collection d’art est inégale. Mais en même temps, à l’époque, la valeur de certaines peintures flamandes, allemandes ou italiennes n’était pas très connue. Actuellement nous avons appris que nous disposons d’œuvres considérées initialement comme d’une valeur moindre, mais dont la valeur réelle est très grande. Par exemple, on a longtemps considéré que « L’homme au chaperon bleu » était une peinture de Dürer, alors que son auteur est en fait Van Eyck. C’est une œuvre tellement importante qu’elle est en tête d’affiche de toutes nos importations. A l’heure actuelle cette peinture participe à une exposition temporaire consacrée à Bosch aux Pays Bas. »

    En 1745, le baron Samuel von Brukenthal épouse Sofia, une femme discrète, mais cultivée, qui l’aidera tout le long de sa carrière. Son influence à l’époque était bien connue, toutefois très peu d’informations sur cette femme ont passé l’épreuve du temps. En 1779, le baron démarre la construction du palais qui porte son nom, en style baroque tardif. Résidence officielle du gouverneur de la Transylvanie, le palais se trouve sur la Grand Place de Sibiu (construite elle aussi sur l’initiative du baron). Depuis 1817, le bâtiment abrite le Musée Brukenthal, le premier musée public de l’espace roumain. Initialement y étaient exposées les collections de Samuel von Brukenthal, comme le précise son testament. Au fil du temps, le patrimoine du musée Brukenthal s’est enrichi, devenant une des institutions culturelles les plus connues de Roumanie et même d’Europe. (Trad. Valentina Beleavski)

  • “L’été dans les ruelles du village”

    “L’été dans les ruelles du village”

    Il y a 24 ans, le Musée du Village «Dimitrie Gusti» de Bucarest organisait la première édition de ses ateliers créatifs « L’été dans les ruelles du village ». C’était quelque chose d’unique, à l’époque, dans le paysage culturel roumain : pendant les grandes vacances, les enfants étaient invités à ce musée en plein air situé au cœur de la capitale roumaine pour des ateliers organisés pendant 3 semaines. Iuliana Mariana Grumăzescu, directrice de communication et d’éducation au Musée du Village de Bucarest, raconte les débuts de cet événement culturel estival : « Ce fut le début très intéressant d’un phénomène qui a transformé par la suite « L’été dans les ruelles du village » en une marque enregistrée en 2007. Il y a 24 ans, quelques artisans à vocation pédagogique ont tenté d’apprendre aux enfants les secrets des arts traditionnels qu’ils pratiquaient par des ateliers d’initiation. Nous sommes heureux d’avoir aujourd’hui, parmi nos « formateurs », une jeune fille qui était venue participer à nos ateliers il y a 24 ans, alors qu’elle était encore enfant, et qui est devenue elle-même artisane. Elle enseigne maintenant aux enfants à créer des bijoux traditionnels. A l’époque, cela lui a semblé très intéressant de venir écouter les artisans venus de presque tous les coins du pays, comme si c’étaient ses grands-parents. A présent, « L’été dans les ruelles du village » est un ample programme qui dure 6 semaines et auquel participent un millier d’enfants et de jeunes de 3 à 18 ans. Puisque de nombreux adultes ont manifesté leur intérêt pour ces ateliers, ils leur sont également ouverts. »

    Au fil du temps, le Musée a conservé les ateliers qui ont consacré « L’été dans les ruelles du village », à savoir ceux d’icônes sur verre, de masques traditionnels, de bijoux traditionnels, de peinture sur œufs, de tressage végétal et de sculpture en bois ; en même temps, des thématiques nouvelles ont été introduites : théâtre de marionnettes, photographie et jouets en bois, qui est d’ailleurs la vedette de cet été. Iuliana Mariana Grumăzescu explique : L’atelier de photographie attire toujours un grand nombre d’enfants, car ils peuvent apprendre à utiliser correctement leur appareil photo. Ils apprennent également à focaliser leur attention sur des détails qu’ils n’ont peut-être pas remarqués, et jeter un regard neuf sur la nature à travers l’objectif photo. Cet atelier est très intéressant, car l’instructeur leur apprend toute sorte d’astuces pour prendre une belle photo correcte. D’ailleurs, à la fin de cette édition de « L’été dans les ruelles du village », nous organiserons une petite exposition réunissant les photo prises par les enfants dans l’enceinte du Musée du village.

    L’année prochaine, « L’été dans les ruelles du village » fêtera ses 25 années. Quels sont les projets pour cette édition anniversaire ? Iuliana Mariana Grumăzescu : « Pour l’anniversaire d’un quart de siècle d’activité dans le cadre de nos ateliers créatifs nous avons de beaux projets. C’est un âge important et nous envisageons de sortir une publication : « Les ateliers dans les ruelles du village à leur 25e anniversaire». Nous souhaitons également promouvoir davantage cet événement estival, pour attirer un plus grand nombre d’enfants et retrouver ceux qui y ont participé au moins 3 années de suite, pour leur offrir une distinction. Le travail des artisans qui ont fait de leurs « disciples » de véritables artistes sera également à l’honneur. Nous chercherons aussi de nouvelles formules pour attirer des étudiants et introduire les arts plastiques. Nous avons été très réceptifs au souhait d’un grand nombre d’enfants qui aimeraient apprendre les danses traditionnelles. Pour cela, ils auraient besoin d’un chorégraphe et les solutions ne sont pas nombreuses, les cours étant plutôt chers et ne se déroulant pas pendant les vacances d’été. En organisant un tel atelier à des prix modiques, nous pourrions faciliter l’accès à tous les enfants. Et c’est important, car ce sera à eux de porter le flambeau des traditions. »

    « L’été dans les ruelles du village » – voilà une façon originale proposée aux enfants et aux adolescents de passer leurs grandes vacances au sein de la nature, en redécouvrant les traditions dans une institution culturelle de prestige. Iuliana Mariana Grumăzescu souhaite, pour conclure, vous adresser un vœu, chers auditeurs : Santé et sagesse ! Et n’hésitez pas à revenir en Roumanie et surtout au Musée du Village, qui est un centre d’activités, un petit monde, une petite Roumanie au cœur d’une capitale européenne bruyante et affairée. »

  • Le musée comme oeuvre d’art

    Le musée comme oeuvre d’art

    Un musée est, en définitive, l’endroit où une certaine communauté garde ses objets les plus précieux. Elle le fait pour mettre en exergue son importance locale, régionale, continentale, voire universelle ou encore pour se souvenir de son passé et pour intéresser les jeunes générations à cet héritage. C’est surtout cette dernière mission qui est généralement la plus difficile, car dans de très nombreux cas, à travers l’Europe et en Roumanie aussi, le musée est perçu comme une boîte poussiéreuse, tristounette, quelque peu nostalgique, relativement hors du temps.



    Il existe toujours des musées importants, avec un patrimoine de premier rang, qui deviennent, au fur et à mesure, invisibles, dans le paysage d’une ville ou d’un pays. Le Musée national d’art de Bucarest figure parmi eux. L’institution a récemment changé de directeur et celui-ci promet de lui redonner du poids, une place en Europe, et de l’orienter vers de nouveaux publics. Qu’est-ce que le Musée national d’art de Bucarest, premier musée spécialisé du pays, a-t-il à offrir aux Roumains et aux Européens ? Jusqu’où peut-on moderniser un musée ? Comment peut-on dépoussiérer une image aux yeux des jeunes ? Debat sur le musée de l’avenir et sur lavenir du Musée national d’art de Bucarest, avec son directeur général Calin Stegerean.




  • Le musée Minovici

    Le musée Minovici

    Plusieurs édifices bucarestois dont deux musées doivent leur existence aux trois frères Minovici – Mina, Nicolae et Stefan – connus pour avoir épaulé le développement en Roumanie des recherches scientifiques dans des domaines clé, tels la chimie et la médecine légale. Fondateur, en 1906, du premier service d’ambulance de la capitale roumaine, le docteur Nicolae Minovici reste dans la mémoire collective plutôt comme propriétaire de la Villa aux clochettes. Construite dans l’extrémité nord de Bucarest, au bord de la route reliant la capitale à ses deux aéroports de Baneasa et d’Otopeni, la villa marquait au début du XXe siècle le point terminus de la promenade que le beau monde faisait en fiacre les jours de fête.

    Bâtie en style néo-roumain ou néo-brancovan par l’architecte Cristofi Cerchez, un proche du docteur Minovici, la construction avait son rôle précis, nous dit l’historien Adrian Majuru, directeur du Musée de la ville de Bucarest: «Minovici prenait constamment contact avec ses confrères occidentaux qui le connaissaient très bien. Même si ceux-ci savaient pas mal de choses sur le docteur, ils ignoraient presque tout de son pays. Or, pour échapper à fournir des explications à tout moment, Minovici a décidé de mettre en place un projet censé parler par lui-même des valeurs nationales. C’est alors qu’il a décidé de faire appel à son ami, Cristofi Cerchez, pour lui demander d’imaginer une maison en style néo-roumain dont la structure reprenne les caractéristiques de la maison fortifiée traditionnelle appelée «cula», spécifique à la Roumanie rurale et à la zone des Balkans. L’idée de reprendre, il est vrai, d’une façon stylisée et modernisée, ce concept architectural, lui a permis d’incorporer à l’intérieur de sa future villa une chapelle. En attendant la fin des travaux, Minovici a commencé à faire l’acquisition de toute sorte d’objets d’art. Si entre la fin du XXe siècle et le début de la Grande Guerre, sa passion de collectionneur ne fut pas des plus évidentes, elle allait exploser au moment où Minovici s’installa à Cluj pour y organiser, 20 années durant, l’enseignement médical universitaire de la contrée. C’est à compter de ce moment-là que le docteur commence à se pencher sur des régions ethnographiques distinctes, une approche lui permettant d’inaugurer en 1906, le musée privé Villa Minovici, une année seulement après le début des travaux. Il s’agissait d’un musée particulier puisque son fondateur le voulait une sorte de musée d’art national, le premier de Roumanie digne d’un tel titre».

    Le musée a fait vite sa renommée parmi les Bucarestois attirés aussi bien par l’entrée libre que par l’inédit des 40 clochettes ornées de plumes d’oie que le vent agitait en faisant sonner sur la terrasse couverte de la villa. Selon la tradition roumaine, les clochettes avaient le don de chasser les mauvais esprits et les démons. Quand elles sonnaient dans le vent, les esprits malveillants prenaient la fuite et se dissipaient dans l’air. Travaillées en verre, les clochettes viennent d’être restaurées et remises à leur place. D’ailleurs, il convient de mentionner à l’intention de tous ceux qui souhaitent visiter le musée que l’édifice a subi d’importants travaux de restauration financés de fonds communautaires.

    Adrian Majuru, directeur du Musée de la ville de Bucarest : «Je voudrais vous dire qu’un parc est actuellement en cours d’aménagement sur les lieux où il y a cent ans, Minovici avait mis en place une ferme à vocation sociale alliant culture, élevage et production. En fait, Minovici avait créé en 1906 une société caritative dite du Salut et un bureau de sécurité sociale censé contribuer à la réinsertion sociale des mendiants de Bucarest. Or, une partie d’entre eux travaillaient déjà à la ferme aux frais du docteur et les produits ainsi obtenus servaient au ravitaillement de leurs confrères restés dans la rue».

    En 1936, le docteur Nicolae Minovici décide de faire don de son musée à l’État roumain et depuis lors, la villa appartient à la Municipalité de Bucarest. Il y a également un deuxième musée qui rattache son nom à la famille Minovici. Construit juste derrière la Villa aux clochettes, le Musée d’art ancien occidental doit son existence à un des neveux des frères Minovici, l’ingénieur Dumitru Furnica. (Trad. Ioana Stancescu)

  • Les “Villages Culturels” de Roumanie

    Les “Villages Culturels” de Roumanie

    «L’éternité est née à la campagne» disait le célèbre poète roumain Lucian Blaga dans la première moitié du 20e siècle. Fin février 2016, plusieurs localités ont été déclarées « villages culturels de la Roumanie», lors d’une festivité organisée au Musée du village Dimitrie Gusti de Bucarest, pour mettre en valeur les richesses du milieu rural. Villageois qui mettent en valeur la richesse de la flore d’une certaine zone, gardiens de traditions anciennes, ou communautés rurales qui essaient de mettre en lumière l’expérience des aînés en créant des musées vivants de la tradition des lieux – tous les participants ont représenté avec fierté leurs régions. Les maires de 25 communes ont parlé au jury de la tradition culturelle et historique locale, des investissements faits dans l’infrastructure et des événements organisés. Ils étaient accompagnés par des villageois de tous âges, vêtus de costumes traditionnels qui avaient organisé des stands de produits représentatifs de leurs communes.

    C’est la commune de Drăguş, département de Brasov (centre), qui a ramassé le plus de points à cette 3e édition de la compétition consacrée aux Villages Culturels de Roumanie. Elle a été suivie par les localités de Sângeorgiu de Mureş (département de Mures, au centre du pays) et de Ciocăneşti (département de Suceava, nord-est).

    Marilena Niculiţă, directrice du Musée national des oeufs peints de Ciocăneşti, en Bucovine, nous parle des principaux événements organisés dans sa commune: : «Le festival national des œufs peints en est à sa 13e édition, tout comme le Festival national de la truite. S’y ajoutent un festival intitulé «Incursion dans la réserve de rhododendron sur le mont Suhard» et la Semaine des radeaux pendant laquelle les touristes peuvent faire des promenades en radeau sur la rivière de Bistrita.»

    Ştefan Aurel, professeur de roumain et maire de la commune de Vorona, un des « villages culturels » du dernier arrivage, raconte : Les belles traditions de notre commune, nous devons les préserver, les mettre en valeur et les léguer aux générations futures. Voilà pourquoi, les différents événements culturels que nous organisons sont principalement dédiés aux enfants et aux enseignants. C’est le cas, par exemple, de la fête de la sainte patronne du monastère de Vorona, célébrée le 8 septembre. La coutume de la ronde dansée dans la cour du monastère est toujours vivante. Et c’est grâce à l’initiative d’un villageois qui, à l’époque de l’industrialisation, a eu l’idée d’introduire cette tradition dans le Festival des chansons, des danses et des costumes traditionnels, appelé « Les fêtes de la forêt ». Le festival en est déjà à sa 42e édition. Au fil du temps, nous y avons ajouté un volet consacré aux métiers de l’artisanat. Nous invitons des maîtres artisans des quatre coins du pays. »

    Mihaela Sidea Măgureanu, bibliothécaire à la Bibliothèque publique « Nicolae Ciobanu », nous parle de la commune de Costeşti, du département de Vâlcea: « Le Musée des pierres vivantes, appelées Trovants, les gorges de Bistriţa et de Costeşti, le Parc national Buila Vânturariţa, ce ne sont que quelques – uns des points d’intérêt de notre commune. S’y ajoutent la section d’art « Gheorghe D. Anghel » du musée départemental de Vâlcea et les monastères, dont celui de Bistriţa. La commune de Costeşti organise aussi maints évènements qui se proposent de raviver les traditions. C’est le cas de la fête appelée « Retour aux sources », pendant laquelle on célèbre la mémoire d’une personnalité originaire de ces terres et qui a fait quelque chose de remarquable pour sa commune. Ainsi avons nous fêté Aurelian Sacerdoţeanu, historien, archiviste et directeur des Archives nationales, et puis l’acteur Vasile Niţulescu, connu notamment pour son rôle dans un film intitulé « La vie à la campagne ». La prochaine édition de cette fête est consacrée au général Nicolae Ciobanu, qui a fait don à notre bibliothèque de 10 mille volumes de sa collection personnelle. Je ne saurais oublier de mentionner notre ensemble de danses traditionnelles, Les demoiselles de Costeşti, créé il y a 30 ans. »

    En mettant en valeur les coutumes et traditions, ces localités ne font que confirmer les propos de Blaga, selon lequel « l’éternité est née à la campagne». (Trad. Valentina Beleavski, Mariana Tudose)

  • Spiritualité et ethnographie dans la contrée de Gorj

    Spiritualité et ethnographie dans la contrée de Gorj

    Nous avons choisi pour point de départ le village de Hobiţa, de la commune de Peştişani. Ce choix n’est pas le fruit du hasard. En effet, c’est dans cette localité que se trouve la maison musée Constantin Brâncuşi, datée de 1971. Elle est située sur l’emplacement de l’ancienne maison où avait vu le jour le célèbre sculpteur roumain. Pour plus de détails, nous avons invité au micro le maître de conférences Ion Mocioi. « C’est une maison musée puisqu’elle abrite aussi un musée, censé faire connaître le village natal et la maison paternelle de Brâncuşi. La maison où était né l’artiste ayant été consumée par les flammes avant 1900, la sœur de Brancusi en a fait construire une autre, à proximité de l’emplacement de la première. Malheureusement cette deuxième demeure fut elle aussi réduite en cendres. La maison musée, qui repose sur une assise haute, en pierres de rivière, a un seul niveau. Elle se compose de trois pièces et d’une véranda. On y accède par un escalier, lui aussi en grosses pierres de rivière. Suivant l’architecture traditionnelle, le toit est en bardeaux de bois. Le plancher de la véranda et des trois pièces est fait en terre. Sur les trois pièces de la maison, une servait de cuisine et une autre de débarras. Le grenier était aménagé de sorte que la fumée de l’âtre puisse être utilisée pour le fumage de la viande. Dans cette maison musée on retrouve des objets ayant appartenu aux frères de Brâncuşi, qui recomposent l’ambiance des temps jadis. La famille possédait aussi un terrain, que la mère de Brâncuşi a été obligée de vendre pour payer les frais de scolarité de Constantin, élève à l’Ecole nationale des beaux arts de Bucarest. »

    Les touristes qui arrivent à Curţişoara peuvent découvrir le village authentique d’il y a deux siècles, affirme Victor Albinel Firescu, chef de la section d’ethnographie et d’art du Musée départemental de Gorj. Curţişoara est une commune située à près de 90 km de Hobiţa et à seulement 13 km de Târgu Jiu, chef-lieu du département de Gorj. Le nord de la province d’Olténie en général et le comté de Gorj, en particulier, ont été propices à l’apparition et au développement d’un système architectural complexe où l’utilisation du bois est prépondérante, précise Victor Albinel Firescu. « Ces contrées abondent en cours d’eau et en forêts, ce qui n’est pas sans influer sur les techniques de construction. D’un point de vue social, il convient de mentionner que les habitants de ces terres étaient des gens libres, chose visible aussi dans leurs créations matérielles et spirituelles. C’est ce qui explique d’ailleurs la forte résistance qu’ils ont opposée à la collectivisation pendant le régime communiste. Leur esprit conservateur et pratique est surtout illustré par l’architecture ecclésiastique qui utilise le bois comme principal matériau de construction. Celle-ci se décline de plusieurs façons, suivant le contexte social et la période historique. La contrée de Gorj dénombre actuellement plus de 120 églises – monuments historiques, en bois, véritables joyaux architecturaux. Elles se font remarquer tant par la technique de construction et la décoration, que par leur durabilité. C’est là le résultat du savoir-faire des maîtres artisans et de leur expérience en matière de travail du bois, une expérience séculaire, léguée de génération en génération. »

    L’habitation est censée abriter et protéger la famille, précise Victor Albinel Firescu, chef de la section d’ethnographie et d’art au Musée départemental de Gorj. La demeure est donc le centre de l’univers familial, le lieu du développement harmonieux de l’être humain, en étroite liaison avec la nature. Victor Albinel Firescu nous a également parlé du Musée de l’architecture traditionnelle de Gorj. « Le musée, qui s’étale sur plusieurs hectares, regroupe des maisons paysannes spécifiques de toutes les zones ethnographiques du comté de Gorj. Il y a aussi deux églises: celle de Gheorghe Tătărăscu, transférée du village de Poiana Rovinari, dans les années 2000-2002, et l’église placée sous le vocable de Saint Jean – Baptiste. Cette dernière, érigée par les soins de Bălaşa Cornoiu en 1821, est construite en brique et décorée à l’intérieur de très belles peintures naïves. Une simple visite ne suffit pas pour saisir l’esprit de ces lieux qui ont donné tant de personnalités marquantes dans bien des domaines de la culture. Il faudrait donc s’y attarder plus longuement. »

    Ion Mocioi, maître de conférences, nous recommande vivement ces endroits : « Je souhaite que les touristes viennent en grand nombre visiter la maison musée de Brâncuşi, reconstruite à l’identique à quelques pas de l’originale. Plusieurs arbres, dont certains existaient déjà du vivant du sculpteur, se dressent encore dans la cour de la maison. Ce n’est que dans cette ambiance agréable et avec l’aide des spécialistes qui se tiennent à votre disposition pour toute information que vous retrouverez l’âme de Brâncuşi. Grâce à un récent décret du Parlement de Bucarest, la ville de Târgu Jiu accueille elle aussi, à partir de cette année, un musée national consacré à Constantin Brâncuşi. »

    Ici prend fin notre voyage dans le comté de Gorj, contrée d’origine du père de la sculpture moderne, Constantin Brancusi. (trad. Mariana Tudose)

  • Batailles historiques en miniature

    Batailles historiques en miniature

    Si vous avez gardé votre âme d’enfant, si vous aimez toujours les soldats de plomb et que vous soyez passionnés d’histoire, vous agréerez à coup sûr l’idée d’un musée de Roumanie de mettre sur pied une exposition de batailles en miniature. Le musée de la dépression de Baraolt (Musée national des Sicules) présente un diorama comptant près de 2.000 petits soldats qui met en scène la bataille de 1849 à Chichiş, dans le comté de Covasna, durant laquelle le révolutionnaire Gabor Aron a perdu la vie.

    Le directeur du musée, Demeter Laszlo, nous raconte l’histoire de ces figurines : « L’année dernière nous avons commencé à travailler à une exposition d’envergure : une histoire en miniature – l’histoire de la Transylvanie depuis les temps les plus anciens jusqu’à la seconde guerre mondiale. L’année dernière nous avons réalisé le premier diorama figurant la bataille de Chichiş. L’exposition est toujours ouverte et nous nous proposons de lui ajouter chaque année de nouveaux dioramas. »

    Fondé il y a 35 ans, le Musée de la dépression de Baraolt recèle une riche collection d’histoire locale, d’ethnographie, d’archéologie et de sciences de la nature. La création de ce musée est liée au nom de l’horloger et historien de la région Gaspar Kaszoni, qui a offert à la ville les objets qu’il avait collectionnés pendant plusieurs dizaines d’années. Le musée a été ouvert en 1979 et fermé cinq ans plus tard. Les objets ont pourtant été transférés au Musée national des Sicules de Sfântu Gheorghe. Suite à une initiative civique, le musée a été rouvert en novembre 2006 et la collection Kaszoni retourna dans ce musée qui allait s’appeler le Musée de la dépression de Baraolt.

    Pourtant, puisque les visiteurs étaient peu nombreux, le directeur du musée, Demeter Laszlo, a envisagé de faire quelque chose d’unique en Roumanie : « Il s’agit en fait de soldats de plomb. On sait que dans leur enfance, nos grand-pères ont joué avec de tels soldats de plomb et j’ai cherché sur Internet pour voir si quelqu’un s’intéressait à ce hobby. J’ai trouvé Monsieur Homoki Gyula de Hongrie, qui habite à proximité de Budapest et qui en fabrique différents modèles et différents dioramas. En fait, c’est lui l’auteur de cette exposition, réalisée avec l’aide financière du Conseil local et du Musée national des Sicules. C’est lui qui a réalisé le premier diorama et nous envisageons de poursuivre cette collaboration. Le diorama est constitué de soldats de plomb de 15 mm, il sont donc tout petits et le diorama est très intéressant et présente tout en détail. Il s’agit d’une bataille entre les Russes et les Sicules, une bataille célèbre, lors de laquelle a perdu la vie Gabor Aron, le fondateur de l’artillerie des Sicules. On peut voir une partie du village de Chichiş, même l’église unitarienne et les troupes russes. De l’autre côté du diorama se trouve l’armée hongroise. Ce champ de bataille en miniature est constitué de quelque 2200 figurines – soldats, tours, maisonnettes. En Occident de telles figurines sont en vente dans les magasins. Ce que le travail de M.Homoki et de son équipe apporte de nouveau, c’est qu’il peint ses soldats – Sicules, Hongrois et Roumains. Et il dispose toutes les figurines sur le champ de bataille, pour donner une image très fidèle de ce qui s’est passé à l’époque. »

    On se trouve devant une image très pittoresque du village de Chichiş, tel qu’il était il y a près de 170 ans, le diorama rendant les vêtements et des éléments de la vie des gens des parages. Nous avons demandé à Demeter Laszlo si les visiteurs souhaitaient acheter de telles batailles en miniature ou certains de leurs héros: « Nous disposons d’une petite collection à vendre et souhaitons mettre sur pied un magasin où l’on peut acheter de telles figurines. Ce qui est intéressant, c’est que non seulement les enfants sont intéressés, mais aussi les adultes, surtout les hommes. Ils viennent de tout le pays et même de l’étranger – et c’était d’ailleurs là le but de cette exposition: réaliser quelque chose d’unique en Roumanie et contribuer ainsi à développer le tourisme dans la dépression de Baraolt. »

    Le musée recèle d’autres objets intéressants, dont le squelette d’un mastodonte ayant vécu il y a deux millions d’années et qui a été découvert en 2008, dans les mines de Racoş dans la contrée de Baraolt, durant des travaux d’excavation: « Le squelette de ce mastodonte, Anancus arvernensis, que l’on a trouvé dans la mine de lignite de la contrée de Baraolt est unique au monde. C’est le squelette le plus complet d’un mastodonte de cette espèce, ayant conservé plus de 80% de ses os. »

    Le squelette mesure 7 mètres de long et il a une hauteur de 3,5 mètres. Pour l’instant, faute d’espace, il n’est pas exposé en entier, mais il attire déjà un grand nombre de touristes curieux. Notre interlocuteur espère que le musée pourra bénéficier d’un deuxième bâtiment, plus vaste, pour permettre à sa collection de s’élargir et au mastodonte de s’étaler à la verticale. (Trad.: Dominique)

  • Le Musée de la Danse moderne et contemporaine.

    Le Musée de la Danse moderne et contemporaine.

    Une initiative unique en Roumanie qui se propose d’éveiller l’intérêt du public vis-à-vis de l’histoire de la danse roumaine contemporaine. Imaginé comme une installation vidéo à projections multiples, parsemé d’un matériel documentaire issu des archives et couvrant les années 1927- 1996, le musée prépare en fait le prochain lancement des Archives complètes de la Danse Roumaine. Lancé sous une dénomination assez prétentieuse- celle de musée- l’exposition inaugurée le 5 juin a attiré un public nombreux.

    Le commissaire Igor Mocanu nous en parle: « Apparemment, le titre a bien répondu à son but, celui de contrarier et d’intriguer les visiteurs qui ont afflué vers nous, pour voir l’exposition. Pourtant, cette astuce ne nous appartient pas. Les expositions temporaires s’en servent souvent. Il suffit de penser un peu au Musée de la BD, un projet portant la signature du caricaturiste Alexandru Ciubotariu. Comme quoi, la culture roumaine a déjà assisté à la mise en place de plusieurs musées temporaires dont le but est notamment celui d’alerter le public sur l’absence d’une institution en chair et en os, pour ainsi dire, qui se consacre entièrement à certains arts. Du coup, l’exposition dont on parle aujourd’hui s’est proposé justement de parler de la nécessité de doter Bucarest d’un musée permanent consacré à la danse moderne. On ne saurait couvrir ce domaine à l’aide de seulement quelques livres et quelques matériels issus des archives du Centre national de la danse. »

    Aux dires de Igor Mocanu, le projet du Musée de la Danse moderne et contemporaine ne se propose pas de dévoiler au public les principaux repères de la danse roumaine, par contre, il souhaite le surprendre par une série de documents inédits sur l’activité de plusieurs chorégraphes connus ou moins connus: « L’exposition comporte aussi plusieurs extraits des films de fiction qui parle de la danse ou qui ont à l’affiche des danseurs. C’est le cas de Lisette Verea, une excellente comédienne des années 1930 qui a eu une petite séquence de danse dans le film policier Le train fantôme de Jean Mihail. C’est une danse sur des rythmes rappelant les chorégraphies de Fred Astaire, une séquence très importante pour l’histoire de la danse contemporaine roumaine. Et quand je dis importante, je ne parle pas de la valeur esthétique, mais plutôt de l’importance d’une telle chorégraphie pour ces années là. Paul Ricoeur disait que les documents jouent un rôle véritatif, puisqu’ils sont tenus de dire la vérité sur certains aspects de notre vie. C’est pour cela qu’ils s’avèrent tellement importants. »

    L’exposition installation du Musée de la danse moderne et contemporaine est partagée en trois parties. La première est celle contemporaine, de remise en scène et de reconstitution de spectacles anciens. C’est ici qu’est exposé le spectacle de Florin Flueras et Brynjar Bandlien, Le marteau sans maître, d’après la pièce homonyme de Stere Popescu présentée en 1965 à Paris où elle a provoqué de fortes controverses. Elle a carrément divisé le public en deux : d’un côté ceux qui applaudissaient frénétiquement et de l’autre ceux qui sifflaient le spectacle. Seulement quelques minutes ont été gardées du Marteau sans maître. Ce qui plus est, les deux chorégraphes ont repensé ces moments. S’y ajoutent les deux reconstitutions faites d’après les photos de Lizica Codreanu, prises par Brancusi dans son atelier parisien dans les années 1920. Il s’agit de la reconstitution de Vava Stefanescu, en 1994 et de celle de mars 2015 faite par les élèves du lycée de Chorégraphie Floria Capsali de Buacrest.

    Ecoutons Igor Mocanu : « La deuxième partie de l’exposition contient quatre portraits de chorégraphes : Floria Capsali, Leria Nicky Cucu , Miriam Raducanu et Vera Proca Ciortea. La troisième partie de l’exposition est une mini salle de cinéma où sont projetés des documents sur Elena Penescu Liciu, Esther Magyar, avec le groupe Contemp des années 1990 et le groupe les Marginaux, de la même époque. Leria Nicky-Cucu est présente avec un film indépendant tourné dans son propre jardin en 1933 et intitulé Divertissement de danses, dans lequel elle apparaît, semble-t-il, aux côtés de ses étudiantes et collègues du studio de chorégraphie qu’elle conduisait. Le film passe en revue toutes les pratiques chorégraphiques de l’époque. Il y a aussi de l’improvisation, des danses de caractère, de société, même un échantillon de ballet classique qui finit avec une ronde traditionnelle roumaine. Floria Capsali a fait partie de l’équipe de sociologues de Dimitrie Gusti et s’occupait du côté chorégraphique de la culture traditionnelle roumaine. Le film projeté au Musée de la danse moderne et contemporaine constitue un document important pour l’histoire de la danse, même moderne et contemporaine, puisqu’il ne s’agit pas d’une danse traditionnelle, c’est une reconstitution esthétisée, dans un studio avec des décors, des costumes et une expressivité très construite. On découvre immédiatement le style de la chorégraphe. Le portrait de Miriam Raducanu est composé de quatre documents vidéo. Deux d’entre eux sont assez connus. Il s’agit de films qu’elle avait tournés dans les années 1970 pour la maison de films documentaires Sahia Film. Les deux films sont précédés de deux autres documents inédits que nous avons découverts aux Archives nationales du film. L’un d’entre eux est une sorte de soirée artistique au Musée Zambaccian de Bucarest, c’était le début de cette mode du vernissage interdisciplinaire. C’est un document extrêmement important puisqu’il marque une date tout aussi importante pour l’histoire de la danse et une forme de danse qui est très connue depuis très peu de temps : la danse de galerie d’art. »

    Vera Proca Ciortea a été une chorégraphe tout aussi connue que les autres noms figurant dans l’exposition. Elle venait du domaine de la danse rythmique et s’est fait connaître après les années 1970 en tant qu’ethnologue, puisqu’elle a beaucoup écrit sur la danse traditionnelle en Roumanie et à l’étranger. Le genre créé par Vera Proca Ciortea a été défini par le critique Liana Tugearu comme la danse rythmique roumaine.

  • Musées célèbres de Sibiu

    Musées célèbres de Sibiu

    Le premier musée ouvert en Europe Centrale et de l’Est, qui fêtera ses deux siècles d’existence en 2017, et un musée semblable à une Roumanie en miniature — voici deux raisons suffisantes pour visiter Sibiu, ville située en Transylvanie, au cœur de la Roumanie.



    Commençons par le Musée National Brukenthal, construit par le Baron Samuel von Brukenthal, nommé gouverneur de la Grande Principauté de Transylvanie par l’impératrice Marie Thérèse. Il est aussi le seul représentant de la communauté saxonne de Transylvanie occupant d’importantes fonctions au sein de l’Etat autrichien. Samuel von Brukenthal fait construire à Sibiu un palais en style baroque tardif suivant le modèle des palais viennois. Fondé en 1817, le musée réunit la collection de tableaux ayant appartenu au baron, considérée comme un des grands héritages culturels que l’Europe a légués aux générations futures.



    Davantage de détails avec notre guide, Sabin Adrian Luca, manager du Musée national de Brukenthal: « Il est important de remarquer le fait que la collection appartient à une personne qui a connu la culture au–dessus du niveau local, au delà de la Transylvanie, comté dont il a été gouverneur pendant 10 ans. Une personne qui s’est intégrée dans la culture européenne dès sa naissance, par ses études en Allemagne, par les endroits où il a voyagé, notamment à Vienne et en Transylvanie. Une année avant sa mort, il a rédigé un testament unique à son époque, par lequel tous ses biens culturels et une partie de sa fortune devaient constituer le Musée de la Nation Saxonne. En 1817, sur demande du baron, l’actuel Collège National Brukenthal ouvrait ses portes en tant que musée public, sous la houlette du Collège Evangélique. En 2017, nous fêterons les 200 ans de fonctionnement continu de cette institution, un des premiers musées publics ouverts en Europe, après le British Museum et le Louvre. »



    A l’heure actuelle, le Musée National Brukenthal comporte 9 bâtiments, dont 5 palais. Ses collections réunissent environ 1.700.000 objets. Selon son manager, Sabin Adrian Luca, c’est la plus grande collection publique de Roumanie, un patrimoine qui doit être protégé et promu: « La mise en valeur des biens culturels a été conçue sur plusieurs niveaux. Nous participons aux expositions nationales itinérantes, mais qui sont peu nombreuses. Nous avons démarré un ample programme de restauration qui s’étalera sur 40 ans. Mais aussi et surtout nous déroulons un programme censé promouvoir nos biens culturels. Notre collection de peinture flamande et néerlandaise est impressionnante. En plus, j’ai appris à Bruxelles que c’est la plus grande collection d’Europe en son genre, après celles de Belgique et des Pays-Bas. Les visiteurs occidentaux s’intéressent vivement à notre collection d’art italien aussi ».



    Le Musée National Brukenthal est le premier musée de Roumanie récompensé du Prix du Patrimoine Culturel de l’UE « Europa Nostra » 2010. Il est aussi le premier musée roumain admis en 2011 au Club d’Excellence Best in Heritage de l’Association European Heritage.




    Dirigeons-nous maintenant vers l’ensemble de musées ASTRA de Sibiu, dont les débuts remontent à la seconde moitié du 19e siècle. A présent il a plusieurs composantes, dont le studio « ASTRA Film ». Mais la partie la plus importante est sans doute le Musée de la Civilisation Traditionnelle ASTRA, un musée en plein air situé dans la forêt de Dumbrava Sibiului, une réserve de la nature considérée comme un véritable paradis. Son directeur général adjoint, Ovidiu Baron, nous en dit plus : « C’est une Roumanie en miniature. Bien des Roumains partis à l’étranger choisissent de visiter ce coin du pays, car le paysage rural roumain a beaucoup changé en mal ces dernières décennies. En dehors des Roumains, 30% des touristes qui nous rendent visite sont étrangers, ce qui nous réjouit. Ils sont attirés par la multitude de musées ethnographiques, le complexe muséal ASTRA et son musée en plein air se situant sur la deuxième et la troisième place au monde. Il présente l’évolution de la civilisation roumaine au fil du temps, celle des monuments architecturaux et techniques. D’ailleurs, à ses débuts, dans les années ’60, le musée en plein air de Dumbrava Sibiului illustrait la thématique plus restreinte de la technique traditionnelle. Ce n’est que plus tard qu’il élargira son domaine à l’ensemble de la civilisation roumaine. »



    Les passionnés de nature et de traditions trouvent que le musée en plein air ASTRA est aussi un endroit idéal pour y passer de belles vacances. Ovidiu Baron explique : « Le musée a été d’emblée conçu non seulement comme un rassemblement de monuments et d’objets, mais aussi comme un musée vivant. Voilà pourquoi on y a transféré trois auberges traditionnelles, où le visiteur peut déguster les plats du terroir et loger. Nous venons de d’ajouter une auberge de jeunesse à cette offre. Dans ce musée en plein air on a également transféré trois églises. Dans l’une d’entre elle, qui a gardé sa fonction de lieu de culte, on célèbre les offices divins orthodoxes. D’autres constructions y ont été transférées et conservent leurs fonctions originelles. Parmi elles, une école, qui fonctionne depuis deux ans déjà au sein du musée en plein air de Dumbrava Sibiului. Elle accueille les jeunes et les adultes participants au programme éducatif intitulé « L’école du village traditionnel ». Cet été, ils vont apprendre comment faire un pot en terre cuite ou comment utiliser le métier à tisser. En dehors des ateliers de créativité, nous organisons aussi des ateliers de danses traditionnelles. »



    Au musée en plein air ASTRA on peut arriver aussi en vélo. La piste cyclable inaugurée en 2014 et qui relie le centre de la ville de Sibiu à la commune de Răşinari passe devant le musée. (aut. Roxana Iorgulescu, Răzvan Emilescu, Luana Pleşea; trad. Valentina Beleavschi, Mariana Tudose)

  • Sibiel

    Sibiel

    Ce village fait partie de la série de 13 localités déclarées « villages touristiques » aux pieds de la montagne de la contrée de Sibiu. C’est dans cette zone chargée de traditionS et de culture que vous pouvez découvrir cet endroit merveilleux appelé Sibiel. L’église de la Trinité compte parmi les plus importants sites touristiques de la région.



    Davantage sur l’histoire de ce lieu de culte avec Valerica Nitescu, curatrice du musée d’icônes sur verre aménagé dans la cour de l’église. « L’église a été érigée en 1765 et peinte selon la technique « al fresco », 10 années plus tard par le célèbre Stan, le peintre de Rasinari, aidé par son frère Jacob et par les fils du prêtre Radu de Rasinari. La fumée des cierges, la poussière et le temps ont noirci ces peintures. Les habitants de Sibiel ont souhaité une église lumineuse et ont pensé à couvrir la peinture avec des couches successives de chaux. Ils y ont mis pas moins de cinq couches de chaux. La peinture a été couverte de chaux pendant un siècle jusqu’en 1965, lorsque deux spécialistes emmenés par le prêtre Zosim Oancea ont éliminé la chaux qui couvrait les fresques. Ce qui résulte, c’est ce que vous voyez aujourd’hui : la chaux a été en quelque sorte bénéfique à la peinture, qui a été ainsi protégée, conservée. Le style de la peinture de l’église est byzantine, athonite, passée par l’école de Horezu. L’église du village de Sibiel, consacrée à la Trinité, a été bâtie par les soins de ses habitants. Après avoir nettoyé la chaux qui couvrait les murs de l’église, père Oancea a pensé à introduire Sibiel dans le circuit touristique. En 1969 il a appelé les villageois à faire don de différents objets : icônes, tissus, mobilier pour qu’ils soient inclus dans un musée. »



    L’église est construite dans le style des églises transylvaines, avec une nef allongée et un clocher pointu, bâti après l’église proprement dite, en 1794, en style roman gothique. Les icônes qui se trouvent de nos jours dans l’église ont été peintes sur bois. Certaines ont été emmenées de Russie, par une famille de bergers. Le musée d’icônes sur verre est connu aussi comme le musée du prêtre Zosim Oancea. Les visiteurs peuvent y admirer des icônes paysannes datant de l’année 1700. Les icônes roumaines se distinguent parmi la multitude de pièces exposées dans ce musée par leurs couleurs plus intenses, ainsi que par la technique de peinture des saints.



    Davantage de détails avec Valerica Nitescu, responsable du Musée d’icônes sur verre de Sibiel. « Dans chaque zone géographique la peinture a un coloris spécifique. Pour ce qui est de la comparaison entre l’icône sur verre catholique et orthodoxe, vous allez observer que dans les cas des catholiques, les saints sont plus robustes, leurs visages sont plutôt ronds. Chez les orthodoxes, les saints sont plus maigres, en raison du carême orthodoxe qui est plus sévère. Dans l’icône sur verre, le peintre paysan a investi tous ses sentiments roumains qui se retrouvent aussi dans les costumes traditionnels de la région et du village de chaque peintre d’icônes. Vous voyez par exemple que Saint Jean le Nouveau de Suceava est habillé d’une veste, une pièce vestimentaire spécifique à la région de Bucovine. La Vierge porte un tablier similaire à ceux de la Vallée de la rivière Mures. Ces icônes ont été peintes il y a 200 ans sur un fond de feuille d’or. Les icônes les plus récentes du musée remontent à l’an 1900 dans le nord de la Transylvanie et elles portent des caractères latins. » Si vous êtes de passage par Sibiel, n’hésitez pas à loger dans un gîte rural pour profiter au maximum de l’atmosphère paisible de la région.


  • Le Braşov touristique

    Le Braşov touristique

    C’est là que se trouve la ville de Braşov, renommée pour son architecture médiévale et la multitude d’événements culturels qu’elle accueille. Elle satisfait aux préférences les plus variées de ses visiteurs : tourisme culturel, shopping, sports de montagne, praticables en toute saison, spectacles en plein air. Importante cité pendant le Moyen-Age, Braşov allait devenir par la suite une grande ville reliant les Balkans au monde occidental, et un centre commercial de référence. Témoins des époques florissantes de jadis, les monuments historiques de la ville ravissent aujourd’hui encore les touristes. D’ailleurs, le comté tout entier abonde en églises fortifiées, qui se dressent au cœur de villages tranquilles, éparpillées parmi les collines et les vallées.

    Cristian Macedonschi, représentant de la Municipalité de Braşov, passe en revue les principales attractions touristiques de la ville et de ses environs. « La forteresse teutonique de Marienbourg ou Feldioara en est une. Toujours à Feldioara, vous retrouverez le monument des héros, Michael Weiss. Viennent ensuite les églises fortifiées, classées au patrimoine mondial de l’UNESCO, dont celles de Prejmer et de Viscri. Viscri doit également sa renommée aux visites du prince Charles de Galles. L’Eglise noire de Brasov est le monument le plus photographié de Roumanie. Une autre attraction est le célèbre Château de Bran, lequel, avec plus de 550.000 visiteurs, passe pour le monument le plus visité du pays. Enfin, mais pas en dernier lieu, je mentionnerais la Citadelle de Râşnov, celle de Braşov, le centre historique de Braşov, la Tour blanche et la Tour noire, le Bastion des tisserands et le Musée de la civilisation urbaine. »

    Le Musée de la civilisation urbaine, qui s’étale sur trois étages et se trouve à l’intérieur de l’ancienne Cité de Braşov, est accueilli par un bâtiment des XIIIe et XIVe siècles. Il abrite des ateliers reconstitués de photographie, de couture et de broderie, mais aussi des pièces illustrant le style de vie de la bourgeoisie du milieu du XIXe siècle. Le monument laïc le plus représentatif de Braşov est la Maison du Conseil, consignée pour la première fois par des documents remontant à décembre 1420. Stelian Coşuleţ, du Musée départemental d’histoire, nous a parlé d’autres édifices représentatifs de la ville. : « Non loin de la Maison du Conseil, vous pouvez admirer le bâtiment le plus ancien de Brasov, à savoir l’Eglise St. Bartholomé, qui daterait des années 1160-1690. Les historiens et les historiens de l’art ne s’accordent pas sur la date exacte de sa construction. Un autre monument historique important est l’Eglise noire. Cette église-halle, spécifique de l’architecture gothique du sud-est de la Transylvanie, est aujourd’hui encore le monument religieux le plus majestueux de Roumanie. Son axe longitudinal mesure 92 mètres. Le projet initial prévoyait deux tours, mais pour des raisons financières, une seule a été construite. L’Eglise abrite d’importantes collections d’art, dont je mentionnerais les échantillons de peintures pré-réformistes, tels le portait de la Vierge à l’enfant, datant de la fin du règne du prince Matei Corvin (1480-1490). »

    Stephan Markus Schlandt est organiste à l’Eglise noire de Braşov, qui dispose d’un orgue mécanique Buchholtz. C’est le plus grand orgue de Roumanie, avec ses 3993 tubes et 76 registres. Des festivals et des concerts sont organisés là : « Au début, l’église s’appelait aussi Ste Marie, et c’était une église catholique. L’humaniste saxon Johannes Honterus a ensuite changé la religion des Saxons, le modèle d’enseignement, il a réalisé une carte de la Transylvanie, a apporté une imprimerie à Braşov, qui a imprimé des livres de théologie en roumain, allemand et latin. La première période florissante a été au XVIe s. Suite aux métiers pratiqués là, les relations de la ville avec l’Empire ottoman se sont développées. C’est ainsi que nous avons ici la plus grande collection de tapis ottomans hors Turquie. Suivit l’incendie de la ville de 1689. La vieille ville a brûlé. Les maisons que l’on peut voir à présent sont érigées ou restaurées après cette année. Dans beaucoup de cas, seules des parties des fondations subsistent encore. L’Eglise noire a reçu son appellation après l’incendie, à cause de ses murailles enfumées. 100 années de rénovations se sont ensuivies. C’est la voûte qui a été rénovée la première, puis les tribunes, la toiture, et plus tard, les éléments intérieurs de décor – les stalles, l’orgue. »

    Le prêtre Vasile Oltean, du Musée de « La première école roumaine » de Şcheii Braşovului, parle de l’une des traditions les plus appréciées de la cité de Braşv : la Fête des « juni », organisée après celle de Pâques : « Les « juni » de Braşov venaient des montagnes, à cheval, des massues la main, avec des drapeaux de lutte, vêtus comme au temps des Daces. Ils ont conservé des rituels étonnants de tradition dacique. J’ajoute que l’église de Şcheii Braşovului est construite par plus de 32 princes régnants et grands boyards de Valachie et de Moldavie. C’est un avantage confirmé par les 80 parchemins princiers dont nous disposons ; un centre culturel roumain puissant a vu le jour ici, matérialisé par la première école roumaine. La question que tout le monde se pose, c’est de savoir à quelle époque remonte la première école roumaine. Selon l’histoire de l’enseignement, nous savions qu’elle datait du XVIe s., mais cela est infirmé par la chronique de l’église, qui indique sans l’ombre d’un doute : « la Sainte église et l’école ont été bâties en 1495 »

    Braşov demeure une destination pour les amateurs de sport et d’aventure. Poiana Braşov, une des stations de ski les plus importantes et les plus reconnues, se trouve dans son voisinage immédiat. C’est là que vous trouverez les meilleures écoles de ski et, en été, les trajets de montagne les plus recherchés. Que ce soit pour une excursion en fin de semaine ou de toute une semaine, vous parcourrez les sentiers balisés, passerez la nuit dans des chalets de montagne et vous connaîtrez de près la faune et la flore des Carpates. Vous pourrez faire choix de ces excursions auprès des nombreux voyagistes au centre de la ville ou en ligne. (trad. Mariana Tudose, Ligia Mihaiescu)

  • Motus

    Motus

    Nous sommes, aujourdhui, sur le terrain de la quatrième ville roumaine, Cluj, ville universitaire et culturelle par excellence. Cest dans cette cité où les mots comptent, donc, pour beaucoup que le photographe belge Jim Sumkay a installé “Motus”. Cette exposition provocatrice, composante dun vaste projet dune dizaine dannées, met en images le dialogue involontaire entre lêtre urbain, lhabitant de la ville, et les différentes inscriptions quil dispose lui-même sur les murs de son environnement citadin. Le résultat prête invariablement au rire en cascades, mais à un deuxième regard tout une réflexion senclenche. Accueillie par le Musée dart de Cluj, “Motus” fait sauter aux yeux la force de ces mots quon utilise et auxquels on ne prête pas beaucoup dattention au quotidien. Une manière astucieuse de marquer les 25 ans du Centre détudes littéraires belges de langue française de lUniversité de Cluj. Dialogue avec Jim Sumkay.



  • La politique culturelle de la Roumanie dans la période 1965 – 1974

    La politique culturelle de la Roumanie dans la période 1965 – 1974

    Vers les années ’60, voyait le jour dans la société occidentale une contre-culture dominée par le mouvement hippie. Les créations artistiques s’affranchissent des vieilles règles et le non conformisme émerge dans tous les domaines de la culture. La Roumanie communiste de cette décennie-là délaisse peu à peu le proletcultisme. Surtout après 1965, date à laquelle Nicolae Ceauşescu prend les rênes du Parti Communiste Roumain, le régime politique favorise la récupération de certaines formes culturelles de l’entre-deux-guerres, tout en maintenant dans un cône d’ombre les créations des artistes qui s’intéressent à la nouvelle esthétique. Le réalisme socialiste imposé à la littérature après 1948 est remplacé par le soi-disant humanisme socialiste.



    L’historien Cristian Vasile explique les étapes de ce processus : « Le réalisme socialiste ou la méthode de création unique, qui représente le pendant de l’idéologie marxiste-léniniste sur le plan esthétique et politique, était étroitement lié à l’Union Soviétique et à la première période du communisme en Roumanie. Il supposait une vision internationaliste et fortement pro-soviétique. On entend de moins en moins souvent le syntagme réalisme socialiste”, surtout après 1960-1962. Les organes du parti, les hauts responsables du ministère de la Culture et de l’Art n’insistent plus tellement sur ce que les hommes de lettres et les autres catégories d’artistes respectent le socialisme réaliste et le terme tombe en désuétude. Cette tendance va s’accentuer pendant les premières années du régime Ceauşescu. Pourtant, encombré par le fardeau soviétique, Ceauşescu entend se débarrasser du réalisme socialiste et propose son remplacement par l’humanisme socialiste. Dans un premier temps, de 1965 jusqu’en 1971-1972, il laisse une certaine marge de manœuvre aux écrivains et aux artistes. Voilà pourquoi on a parlé d’une libéralisation, d’une vraie détente. »



    Les idéologues proletcultistes recommandaient une littérature accessible à tous, par l’utilisation d’un langage poétique élémentaire et la schématisation de la construction épique. Quant à la critique, elle remplissait plutôt une fonction de censure, puisqu’elle veillait à ce que les créations littéraires et artistiques respectent les exigences du dogmatisme communiste et qu’elle sanctionnait tout dérapage par rapport à « la ligne du parti ». Les excès politiques de l’époque et le style propagandiste se reflétaient dans tous les domaines de la création.



    Les années ’60 amènent un certain esprit d’ouverture dans les belles lettres roumaines. Cristian Vasile : « La thématique se diversifie, chose très importante, car avant 1953, les thèmes des romans et la documentation afférente étaient imposés. Auparavant, les créateurs étaient obligés de se rendre dans les usines, les champs ou les coopératives agricoles de production pour y puiser leurs sources d’inspiration. Or, après 1965, l’écrivain se voit offrir plus de liberté dans le choix de ses thèmes. Si au début des années ’50 on pouvait compter sur les doigt d’une main les traductions de romans américains étaient très rares, l’après 1965 change totalement la donne, de sorte que l’on assiste à une véritable explosion. En plus, après cette date, on peut trouver dans les kiosques de Bucarest de la presse littéraire et même politique occidentale. Pour comparaison, avant 1965, quiconque était pris en possession de publications occidentales risquait d’être renvoyé devant la justice et soumis à un simulacre de procès. »



    La soi-disant libéralisation n’a pas été uniforme dans tous les domaines de la culture. La philosophie servait entièrement à l’idéologie marxiste — léniniste. De même, la sociologie, interdite après 1948, a été difficilement redécouverte et réinventée au milieu des années 60. Dans l’historiographie, la direction antisoviétique adoptée par Ceausescu amenait une certaine tendance nationaliste, visible dans le domaine de la muséographie. Cristian Vasile: « La dimension nationaliste se fait remarquer toute de suite après 1960 — 1962, à l’époque de Gheorghe Gheorghiu-Dej, comme une légère réaction antisoviétique. Il faut dire que les textes de Marx sont interprétés dans un esprit anti-soviétique, car on redécouvre certains de ses écrits à fort message antirusse, contre l’Empire russe du 19e siècle et contre sa politique expansionniste. Provenant de Marx, le fondateur de l’utopie communiste, ces textes avaient de l’autorité et le régime pouvait se légitimer par son fondateur même, lui conférant aussi des nuances antisoviétiques à mesure qu’il s’éloignait du Kremlin dans sa politique étrangère. Ceauşescu adopte cette direction qu’il souhaite retrouver non seulement dans les ouvrages d’histoire, mais aussi dans les musées. Seulement voilà, la création d’un Musée national d’histoire de la Roumanie s’est avérée difficile. Même son nom a été changé à plusieurs reprises.


    Et pour cause: après 1948, à l’exception du Théâtre National, aucune appellation d’institution ne comportait le terme de « national ». Même le championnat de foot n’était plus « national », mais « républicain ». La Banque Nationale était devenue la Banque d’Etat. Dire d’un musée qu’il était « national » c’était déjà un pas suggérant un certain écart par rapport à Moscou. Ce musée n’a pas été créé, comme prévu, à l’époque de Gheorghiu–Dej. C’est pendant le régime de Ceauşescu que sont jetés ses fondements ».



    A compter de 1970, le Musée national d’histoire de Roumanie devient le Musée d’Histoire de la République Socialiste de Roumanie. C’était un retour à l’orientation soviétique des années 50, le Parti Communiste Roumain ayant eu une relation fluctuante avec Moscou. Le 6 juillet 1971, les 17 « Propositions de mesures pour améliorer l’activité politique et idéologique, d’éducation marxiste — léniniste des membres du parti, de tous les travailleurs », figurant dans le discours de Nicolae Ceauşescu marquaient le début d’une révolution en miniature contre l’autonomie culturelle, qui visait à la conformation idéologique des sciences humaines et sociales. La culture redevenait le principal instrument de la propagande communiste. (Trad.: Mariana Tudose, Valentina Beleavski)

  • Les 25 ans du jeune Musée du Paysan Roumain

    Les 25 ans du jeune Musée du Paysan Roumain

    La star du jour est un des musées roumains les plus aimés et les plus visités par les Roumains et les étrangers de passage à Bucarest. Il sagit du Musée du Paysan Roumain, qui a fêté le 5 février son 25e anniversaire. Une célébration non de sa création, qui remonte en 1906, mais de sa réouverture, en 1990, dans un nouveau format insolite en Europe. Un concept au croisement entre un musée traditionnel et une création dart contemporain qui sest dailleurs vu attribuer 1996 le très convoité Prix EMYA, cest-à-dire du Musée européen de lannée, décerné par le Forum Européen du Musée, sous légide du Conseil de lEurope. Le point sur la place de cet établissement sur la scène culturelle roumaine avec Virgil Nitulescu, directeur général du Musée du Paysan Roumain.


  • Vacances d’hiver à Suceava

    Vacances d’hiver à Suceava

    Située au nord-est de la Roumanie, en Bucovine, la ville de Suceava est une destination idéale pour la saison hivernale. Elle vous propose un agenda culturel très riche — concerts, expositions, fêtes thématiques, soirées de folklore, tandis que ses monuments et musées vous dévoilent l’histoire de la région. Si vous voulez vous évader de la ville, vous pouvez faire des excursions d’une journée pour visiter des sites du voisinage.



    Claudiu Brădăţan, coordinateur du Centre d’informations touristiques de Suceava, nous le confirme: « Les fêtes d’hiver passées, vous trouverez facilement de l’hébergement à Suceava. La ville mérite bien un séjour, vous y découvrirez la Cité princière, l’église Saint Georges et le Musée d’ethnographie. Le musée du village de la Bucovine est la troisième grande institution de ce genre du pays. Le Musée des sciences de la nature sera, lui, le favori des jeunes. Aux visiteurs de tous les âges, je conseille de visiter le monastère de Dragomirna, situé non loin de la ville, un joyau parmi les fameux monastères peints de Bucovine. »



    Ouvert au public en 1980, le Musée du village de la Bucovine de Suceava est le dernier né des musées de Roumanie. Si vous en franchissez le seuil, vous découvrirez à quoi ressemble un village ancien de cette région du pays. En empruntant ses ruelles étroites, vous admirerez les maisons en style traditionnel et leurs annexes. A l’intérieur s’étalent le mobilier paysan, des objets décoratifs et des costumes traditionnels.



    Au centre de ce village-musée se trouve l’église et le clocher de la localité de Vama, les deux datant de 1783. Le musée du village de Suceava présente également des dioramas, mettant en situation des moments importants de la vie familiale et de la communauté : mariage, baptême, enterrement. Le billet d’entrée coûte 6 lei (soit 1,5 euros), la taxe pour la prise de photos est de 30 lei (soit 7 euros environ) et pour les captures vidéo de 50 lei (soit 12 euros).



    L’automne 2015 sera particulièrement riche en événements culturels, pourtant ce n’est pas là l’unique raison pour laquelle Claudiu Brădăţan, coordinateur du Centre d’informations touristiques de Suceava, considère l’automne comme une saison privilégiée pour visiter la ville : « Ce n’est pas seulement pour les événements culturels, mais aussi pour la beauté de la nature que je vous conseille de choisir l’automne. Au printemps il fait très beau aussi, c’est vrai, mais l’automne séduit par le spectacle des couleurs. Et puis, en automne, les fêtes traditionnelles s’enchaînent dans les villages, à l’occasion de la moisson. Aux mois d’août et de septembre 2015, l’agenda culturel de Suceava est très riche. Je mentionnerais tout particulièrement le Festival médiéval de la Cité de Suceava, d’autant plus que la cité est en train d’être rénovée, les travaux devant être achevés en mars prochain.»



    Concerts de musique médiévale, reconstitutions historiques, défilé des chevaliers avec torches, spectacles interactifs — voilà ce que vous propose, chaque année, trois jours durant, le Festival Médiéval de la Cité de Suceava. Dans le même laps de temps, vous pouvez vous initier à la poterie ou vous exercer au tir à l’arc dans cette vieille cité dont la naissance remonte à 1388.



    Si vous êtes de passage à Suceava pendant cette période de l’année, ne ratez pas les environs. Claudiu Brădăţan. « Nous vous conseillerons de vous diriger vers les montagnes. La première localité à visiter est Gura Humorului, station touristique d’intérêt national. La station possède deux pistes de ski, l’une de 1.300 mètres, l’autre de 500 mètres de longueur, pour les débutants. Ou, si vous préférez, vous pouvez échanger le ski contre la nage, car Humor dispose d’une piscine olympique. La localité de Humor est également très connue pour ses fameux monastères à fresques extérieures: Voroneţ et Humor (ce dernier étant situé à quelque 600 mètres de la ville). Après Humor, on peut continuer la route vers Pojorâta, une destination touristique de date récente, qui se prête à des vacances actives, vous pouvez y faire du ski et du patinage. De Pojorâta, on peut monter vers le Massif de Rarău et vers Pietrele Doamnei, symbole de la Bucovine. Tous les trajets de randonnée passent par le massif de Rarău et on peut aussi y pratiquer le VTT. C’est ici que se donnent rendez-vous les meilleurs grimpeurs de Roumanie et de l’étranger, pour profiter de la quarantaine de falaises. »



    Nous apprenons par Claudiu Brădăţan que la plupart des touristes étrangers qui ont franchi le seuil du Centre d’informations touristiques de Suceava avaient déjà entendu parler de la Bucovine, grâce à sa riche offre de tourisme actif. Pourtant, quelles que soient vos préférences ou la période que vous choisissez pour visiter Suceava, vous tomberez sous le charme de cette ville et de ses environs.( Trad.: Dominique)