Tag: société

  • A la Une de la presse roumaine 11.01.2018

    A la Une de la presse roumaine 11.01.2018

    Tout le monde parle ces jours-ci d’un possible remaniement gouvernemental. La presse cite les déclarations du premier ministre à ce sujet. En même temps, en 2018, le ministère de la Défense nationale mène des programmes massifs d’équipement de toutes ses forces. Selon les spécialistes, « 2018 est l’année des incertitudes, (car) l’économie continuera à croître, mais les déséquilibres seront plus marqués ». Plusieurs nouvelles concernent les élèves de Roumanie : fini avec les portables en classe et les uniformes. Enfin, les statistiques démographiques officielles de la Roumanie sont toujours inquiétantes.

  • Autour de l’huître

    Autour de l’huître

    Nous allons en effet parler d’un met qui se consomme généralement à cette occasion puisqu’il s’agit de l’huître. Pour en parler nous avons fait appel à un expert, Benoît Salaun, qui nous expliquera comment se produit l’huître, quelle est son histoire et comment la consommer.



  • A la Une de la presse roumaine – 22.11.2017

    A la Une de la presse roumaine – 22.11.2017

    Toute la fortune personnelle du leader social-démocrate Liviu Dragnea a été placée sous séquestre dans un dossier de fraude avec des fonds européens. Entre temps le pouvoir social-démocrate compte réformer à la va-vite la Justice roumaine. Par ailleurs, les Roumains seraient vicieux et accros à la télé, selon l’Institut national de la statistique. Enfin la Roumanie serait le plus important exportateur d’animaux vivants (ovins et bovins) d’Union Européenne vers des pays tiers. Pourtant, ce n’est pas une raison de fierté nationale.




  • Un enfant des rues… comme les autres ?

    Un enfant des rues… comme les autres ?

    Elle lui donna même un double des clefs l’invitant à faire ce qu’il désirait pendant la journée tout en gardant le contact avec elle par le biais d’un téléphone qu’elle lui avait confié. Dès le premier soir l’enfant revint avec ses guenilles habituelles, Soraya l’interrogea pour comprendre où avaient bien pu passer ses beaux vêtements tout neufs. Il lui avoua d’une voix calme, inhabituelle pour un enfant de son âge, que l’un de ses amis, en avait eu plus besoin que lui et qu’ils avaient donc procédé à un échange.

  • Soutien à l’enseignement rural

    Soutien à l’enseignement rural

    . Et non seulement la situation ne s’améliore pas, mais toujours plus d’élèves semblent quitter prématurément le système éducatif. Selon les statistiques de l’UE, l’année dernière, le taux d’abandon scolaire atteignait 18,5% en Roumanie, chiffre en hausse par rapport aux années précédentes. La situation la plus grave est enregistrée à la campagne, où le décrochage scolaire est plus fréquent que dans les villes.

    Les décalages entre les milieux urbain et rural ont été mis en évidence par l’étude « Investir dans l’éducation des enfants du milieu rural », lancée cet automne par la Fondation World Vision România. Gabriela Onofrei, manager de la fondation, explique : « Selon les données fournies par le ministère de l’Education, le décalage entre les taux de participation à l’éducation en milieu urbain et rural est de 24%. Dans les villages et les communes, une école sur dix ne réussit pas à garder dans le secondaire tous ses élèves ayant terminé le primaire. Plus de la moitié des écoles du milieu rural perdent des élèves après les 8 premières années d’étude. Le plus grand nombre de décrocheurs scolaires est enregistré parmi les lycéens. Un peu plus d’un quart des lycées seulement ne sont pas confrontés à ce phénomène. Plus de 40% des jeunes ayant abandonné leurs études après les 8 premières années de scolarité restent dans les communautés rurales respectives et s’occupent des travaux domestiques.

    Malheureusement, l’abandon scolaire n’est pas le seul problème grave auquel l’enseignement est confronté en milieu rural. Les résultats de l’Evaluation nationale 2017 – un test que les élèves passent après les 8 premières années d’études, avant d’entrer au lycée – montrent que le niveau moyen de performance des élèves du milieu rural est inférieur de 1% à celui enregistré en milieu urbain. En fait, les problèmes s’accumulent et s’aggravent précisément au passage à ce nouveau cycle d’enseignement qu’est le lycée. Le décrochage scolaire s’amplifie, notamment en milieu rural, où les lycées sont beaucoup moins nombreux et les élèves doivent parcourir de grandes distances pour les fréquenter. Gabriela Onofrei : « Il est très difficile pour un jeune du milieu rural de fréquenter un lycée, situé généralement loin de chez lui. Plus de 18% des jeunes interrogés ont déclaré que leur lycée est dans une zone difficile d’accès et qu’ils mettent parfois 1 h 30 pour arriver à l’école. Le décalage entre les résultats scolaires des élèves étudiant en milieu rural et en milieu urbain est lui aussi significatif. A l’évaluation nationale, trois fois plus d’élèves du milieu rural ont obtenu de mauvaises notes – en dessous de 5 (sur 10) – alors que le nombre de bonnes notes – supérieures à 8 – a été 20 fois plus grand en milieu urbain.

    Pour encourager les élèves à poursuivre leurs études, depuis 10 ans, la fondation World Vision mène le programme « Je veux être en première année de lycée ». Durant cette période, plus de 1300 élèves ont reçu des bourses sociales mensuelles accordées par un sponsor, pour ne pas abandonner le lycée. Par le biais d’un autre programme, « Pain demain », on offre aux élèves du primaire un repas chaud et de l’aide pour les devoirs. Une autre difficulté vient s’ajouter, en milieu rural, à celles déjà mentionnées : le nombre insuffisant d’enseignants, car beaucoup habitent d’autres localités et font la navette. De grandes disparités sont également enregistrées entre la qualification des enseignants en milieu rural et en milieu urbain. Les enseignants ayant une expérience dans le domaine éducatif et qui ont obtenu leur doctorat ou l’agrégation sont massés dans les villes, alors qu’en milieu rural on trouve surtout des enseignants avec ou sans CAPES. Ema Barbă, chargée de communication pour le programme Teach for Romania : « Du point de vue statistique, 96% des enfants nés en milieu rural n’accèderont jamais à l’enseignement supérieur. S’il s’agit d’enfants ethniques rom, le pourcentage atteint 99%. En même temps, en milieu rural, les ressources humaines sont limitées – et je parle notamment du nombre d’enseignants. Les villages ne comptent pas parmi les préférences des professeurs qui choisissent la localité dans laquelle ils vont enseigner. Aussi, de nombreux postes y restent-ils vacants. Ce manque doit lui aussi être comblé pour que les enfants de ces zones aient accès à un enseignement de qualité.

    Pour remédier à cet état de choses, les initiateurs du programme Teach for Romania – faisant partie du réseau international Teach for All – organise des activités visant à attirer et à intégrer des professionnels dans les écoles du milieu rural. Les candidats semblent ne pas manquer – à en juger d’après le nombre de ceux qui se sont inscrits à la présélection ou qui ont suivi le programme. Ema Barbă : « 66 professeurs sont actuellement intégrés à notre programme. Nous comptons déjà deux générations qui ont achevé la formation de deux ans et qui exercent déjà une activité dans et pour l’enseignement. Nous sommes présents dans plus de 70 écoles de 12 comtés. Un millier de personnes ont déposé leur candidature pour devenir professeurs Teach for Romania. Nous avons été émerveillés de constater qu’un si grand nombre de personnes capables de faire n’importe quel autre travail ont choisi de devenir professeurs dans l’enseignement public, notamment dans les zones défavorisés.

    Le programme comporte 4 étapes. Les deux premières visent à former les enseignants, la troisième consiste à enseigner effectivement pendant deux ans. La 4e étape est au choix ; à la fin de la 3e étape, les enseignants Teach for Romania peuvent soit poursuivre leur activité pédagogique, soit s’orienter vers des domaines connexes, leur permettant de soutenir la réforme du système éducatif de Roumanie. (Aut. : Christine Leşcu ; Trad. : Dominique)

  • Le harcèlement psychologique sur le lieu du travail

    Le harcèlement psychologique sur le lieu du travail

    Tout le monde est familiarisé avec la notion de harcèlement sexuel. Tel n’est pas le cas pour le harcèlement psychologique au travail, même si le concept gagne du terrain à mesure que les victimes de mobbing – terme anglais désignant ce type d’intimidation ou d’agression – se font toujours plus nombreuses.

    Selon l’étude menée en 2011 par l’Institut de recherche sur la qualité de vie, 25,7% des répondants ont affirmé qu’au moins un collègue avait été offensé par des camarades ou par ses supérieurs. Seulement 7,4% ont pourtant déclaré avoir été vexés eux-mêmes. Enfin, 41% des sondés ont reconnu que le chef ou leurs collègues ont l’habitude de hausser le ton. Malheureusement, on ne dispose pas de statistiques récentes, même si, depuis 2015, il existe en Roumanie aussi un encadrement juridique du mobbing. En effet, c’est en 2015 que l’on a modifié la législation relative à l’égalité de chances et adopté la loi 229 stipulant que le harcèlement psychologique au travail serait dorénavant pénalisé, car considéré comme un délit. Voici les explications de l’avocat Costel Gâlca : « On parle de harcèlement psychologique quand on a affaire à une action fréquemment répétée pendant une période assez longue. Ensuite, il faut que les faits de l’agresseur soient avérés et prouver que les agissements de ce dernier ont porté atteinte à l’honneur et à la dignité de l’employé »

    Costel Gâlcă est un des premiers avocats roumains à avoir tiré la sonnette d’alarme au sujet de ce phénomène. Il nous a parlé de certains cas qui ont abouti devant la justice : « Depuis l’adoption en 2015 de la loi, ont en a jugé trois. Les magistrats ont reconnu l’existence du harcèlement psychologique sur les lieux de travail. Alors que dans le premier cas la cible humaine était consultant dans une société multinationale, les deux autres victimes étaient des managers, respectivement l’adjoint au directeur général d’une institution financière et le directeur du plus grand département d’une compagnie. Ce qui veut dire que le harcèlement psychologique ne concerne pas une certaine catégorie de salariés ou un certain niveau de la hiérarchie professionnelle ; il peut se manifester sur n’importe quel palier, à commencer par la base ».

    Hormis les effets destructifs sur le parcours de carrière, le mobbing a aussi des retombées d’ordre psychologique, qui s’accompagnent souvent de réactions somatiques. Le psychologue Flori-Ana Andronache détaille ces aspects : « Ce type de harcèlement s’insinue, se manifeste subtilement, de sorte que, le plus souvent, la victime est incapable de saisir dès le début ce qui est en train de lui arriver. Tout commence par un conflit, qui se transforme, petit à petit, en terreur psychique. La victime commence à perdre l’appétit de travailler, devient irascible, confuse et a le sentiment de perdre le contrôle de soi. Il peut y avoir des conséquences encore plus graves, dont l’anxiété, la déprime, les attaques de panique ou les insomnies. S’y ajoutent, des fois, des effets somatiques, tels les irritations de la peau, les dermatites, les troubles gastro-intestinaux, la perte de poids ou au contraire la boulimie nerveuse. Ce qui pire est, les relations interpersonnelles se dégradent elles aussi » .

    Ceci étant, de plus en plus d’employés font appel à l’accompagnement psychologique. Flori-Ana Andronache se souvient d’une mère, qui, de retour au travail après son congé – maternité, a été surprise de l’accueil que lui ont réservé les collègues : « Elle a eu à subir le harcèlement de ses collègues obligées de reprendre ses tâches en l’absence d’un remplaçant pendant son congé – maternité. Elles ont commencé par ne pas répondre à son salut. Ces agissements ont culminé par la demande de son supérieur de faire des enregistrements comptables à la limite de la légalité. Comme elle a refusé de le faire et qu’elle était déjà fragilisée par la pression psychologique de l’équipe, la réaction de la partie adverse est devenue encore plus agressive. Au moment où elle est venue chercher de l’aide, soit quelques années plus tard, la dépression était déjà installée »

    L’avocat Costel Gâlcă conseille aux employés qui ne se rendent pas compte dès le début qu’ils sont victimes de mobbing de se demander si oui ou on ce qui leur arrive relève d’une conduite normale en matière de relations professionnelles. Costel Gâlcă : « Est-il normal qu’une fois arrivé à l’aéroport, avec toute l’équipe, le manager se ravise brusquement et vous dise que vous ne partirez plus? Bien sûr que non, car vous n’y êtes pour rien. Ou bien comment interpréter le fait que le directeur adjoint d’une compagnie soit installé au bout du couloir, loin du reste de l’équipe, dans un vestiaire désaffecté des chauffeurs, à côté des toilettes? Enfin, comment expliquer l’absence de votre nom du site de présentation de la compagnie au sein de laquelle vous travaillez, alors que tous vos collègues y sont mentionnés? Une autre facette du mobbing est l’isolement professionnel, soit la situation où la personne ciblée ne se voit plus assigner de tâches».

    La loi actuelle est insuffisante quand il s’agit de sanctionner le mobbing. De l’avis des spécialistes, elle devrait être complétée par des articles portant sur la réparation du dommage moral et sur les modalités de prévenir l’intensification du phénomène du mobbing. Costel Gâlcă : « Les sommes que les entreprises multinationales ont été obligées de payer à titre de dommages moraux sont dérisoires. La loi ne stipule pas que ces montants soient proportionnels avec la valeur économique de la société qui a exercé le harcèlement. Voilà pourquoi on envisage de mettre en place un système censé protéger tant le travailleur que la compagnie, dès les premiers signes de harcèlement. Car, en fin de compte, intenter un procès au harceleur ne sert à rien quand on a déjà plongé dans la dépression ».

    Le Parlement de Bucarest est en train d’examiner un projet législatif comportant justement ces aspects du harcèlement psychologique sur le lieu de travail.

  • La commémoration de la Grande Guerre en perspective

    La commémoration de la Grande Guerre en perspective

    Le café des francophones revient sur cette tragédie qui a marqué le début du XXe siècle. Dans cette première émission, nous reviendrons sur le contexte de la guerre. Les forces en présence pensaient-elles vraiment créer le premier conflit d’ampleur mondial ? La guerre était-elle évitable ? Comment le conflit s’est-il produit ? C’est à ces questions que nous répondrons avec l’historienne Claudia Dobre.



  • Saison France-Roumanie 2018-2019

    Saison France-Roumanie 2018-2019

    En définitive qu’avons-nous à nous dire et combien nous connaissons-nous, après de longues années d’histoire commune ? La relation entre nous, on la fait vivre en la dopant de souvenirs ou bien on regarde vers ce que nous pouvons faire dorénavant ensemble, aussi glorieux ou moins glorieux qu’aurait pu être ce passé que nous sommes en train de mythifier par endroits ? Mettre en page un avenir commun – ensemble, côte à côte mais pas en parallèle — c’est tout l’enjeu de la Saison France-Roumanie 2018-2019, organisée à l’occasion du centenaire de la création de l’Etat roumain moderne.



    Les préparatifs sont en cours et, au-delà des bonnes intentions, comment compose-t-on avec la réalité roumaine dans cette entreprise ? Des fondements et des coulisses du plus grand pont symbolique de ces derniers temps entre la France et la Roumanie avec Andrei Tarnea, diplomate et commissaire pour la Roumanie de la Saison France-Roumanie/ et Christophe Gigaudaut, conseiller pour l’action culturelle à l’Ambassade de France et directeur général de l’Institut français de Roumanie.






  • Le spectacle vivant comme moteur de changement social

    Le spectacle vivant comme moteur de changement social

    Plus de 400 professionnels du spectacle venus des quatre coins du monde se sont donné rendez-vous à Bucarest, à l’occasion d’une réunion semestrielle du Réseau international des arts du spectacle contemporain – IETM. Ce réseau transnational est composé d’un demi-millier d’organisations spécialisées en spectacle vivant, auxquels s’ajoutent des artistes individuels actifs dans des secteurs aussi divers que possible — théâtre, danse, cirque, multimédia etc. Accueillie par le Théâtre national de Bucarest et le Centre national de la danse contemporaine, la réunion bucarestoise a été coordonnée par Victor Mayot, chargé de projet dans le cadre de l’IETM.



    Pour les quatre jours de débats, il avait souhaité cibler l’attention des participants sur le facteur humain, celui sans lequel le spectacle vivant ne peut pas exister. Victor Mayot : « Le statut de l’artiste et ses conditions de travail ont été au cœur de notre rencontre de Bucarest. Nous avons parlé d’égalité des genres et de race dans le spectacle contemporain ou encore des critères de qualité d’une création afin que celle-ci apporte de la reconnaissance à un artiste. Celui-ci est aussi confronté à toutes les difficultés de l’emploi actuel, à la précarité, donc nous avons évoqué ses conditions de travail concrètes, la retraite, le congé parental et la sécurité sociale dans le secteur des arts performatifs. Parce que, selon moi, ce genre de réunion doit renforcer la solidarité entre les artistes de cette branche ».



    La Roumanie avait déjà accueilli une première réunion du Réseau international des arts du spectacle contemporain, en 1996. Une vingtaine d’années plus tard, les acteurs du domaine ont pu aussi faire le point sur les changements intervenus dans le pays et sur la conjoncture dans laquelle travaillent les artistes roumains, affirme Victor Mayot, coordinateur de l’événement : « Je pense que la principale difficulté pour les artistes roumains est précisément cette séparation très nette entre établissements artistiques d’Etat et établissements indépendants. Ils sont dans des camps différents, parfois opposés. Certains ont été surpris par le fait que la réunion ait été accueillie par le Théâtre national, tandis que la plupart des participants roumains étaient issus du milieu indépendant. Pour beaucoup, c’étaient pour la première fois qu’ils pouvaient s’exprimer à l’intérieur de ce théâtre, quoique pas sur scène, mais en coulisses.



    Effectivement, les artistes indépendants doivent lutter avec les difficultés pour acquérir de la reconnaissance publique, car l’Etat ne les soutient aucunement. D’autre part, les théâtres publics ont des difficultés à s’ouvrir vers de nouvelles formes d’expression, il y a certains qui tâtonnent, mais ce n’est pas facile à cause des pressions qu’exerce le politique sur les institutions publiques en général. Voilà pourquoi, cette situation n’est pas spécifique à la Roumanie, mais plutôt globale actuellement ».



    Alors, dans ces conditions, quel rôle doivent toujours jouer les arts du spectacle contemporain, comment évolue la relation de l’artiste avec son public ? Victor Mayot, chargé de projet dans le cadre de l’IETM explique : « Nous croyons dur comme fer que le spectacle contemporain et ses arts sont le moteur du changement parce qu’à la différence d’autres moyens d’expression artistique, ils rassemblent les gens dans un seul et même espace, pour regarder, pour écouter la réflexion politique d’une personne. A la différence d’autres formes d’art, le spectacle contemporain réunit des gens et les incite à parler de ce qu’ils voient, les provoque à réfléchir sur leur condition, sur l’environnement dans lequel ils vivent.



    En outre, ce qui est important pour l’artiste, de son côté, est de comprendre son public. Il doit savoir qui est dans la salle et pourquoi ces spectateurs sont là. De plus, il faut savoir renouveler son public, attirer de nouvelles gens. Parce que le spectacle contemporain est souvent perçu comme un art élitiste, s’adressant à un public avec un certain niveau d’études. Ce n’est pas moins vrai que les théâtres sont plus réceptifs quand il s’agit de créations élitistes.



    Dans ces circonstances, ce que nous essayons nous, le Réseau international des arts du spectacle contemporain — et heureusement nous ne sommes pas les seules à le faire — c’est de sensibiliser les artistes et les théâtres à l’ouverture vers d’autres publics et d’autres manières d’expression. Et là, il ne s’agit pas d’un débat sur la qualité de l’acte artistique — sur la supériorité d’untel sur quelqu’un d’autre. Les artistes viennent, tous, de cultures différentes et nous devons renoncer à l’élitisme qui sous-tend parfois nos activités pour accepter que d’autres produits artistiques que les nôtres peuvent être tout aussi bons, bien que différents, car ils surgissent de contextes culturels inédits », affirme Victor Mayot.



    Et à ce chargé de projet du Réseau international des arts du spectacle contemporain de conclure sur un paradoxe — en cet âge de la communication exacerbée, c’est précisément la communication interhumaine, l’échange d’expérience qui manque. Les gens ont parfois peur d’être jugés par les autres — or, justement, les rencontres de l’IETM existent pour balayer au moins une partie des murs qui séparent les artistes. (trad.: Andrei Popov)

  • Egalité des genres en Roumanie – ce rose inférieur au bleu…

    Egalité des genres en Roumanie – ce rose inférieur au bleu…

    En 2014, un cas particulièrement grave focalisait l’attention des médias et de l’opinion publique: une élève de 18 ans de la localité de Văleni, dans l’est du pays, avait été violée par 7 jeunes. Après l’arrestation des agresseurs décidée par les magistrats, les réactions n’ont pas tardé. Paradoxalement, de nombreuses voix se sont élevées pour défendre les coupables, affirmant que la victime « avait détruit 7 familles » et qu’elle aurait « incité les jeunes au viol ».



    Des attitudes sexistes et des discriminations de ce genre sont à rencontrer partout, même là où l’on s’attendrait le moins. Un député polonais déclarait au Parlement européen que « les femmes devraient être moins bien payées que les hommes, car elles sont plus faibles, plus petites et moins intelligentes. » Un neurochirurgien et homme politique roumain très connu a manifesté une attitude similaire, affirmant que les femmes n’étaient pas faites pour la chirurgie.



    Puisqu’au mois de mars les femmes jouissent de plus d’attention, en Roumanie les différentes chaînes de magasins ont préparé des surprises. Par exemple, les devantures des boulangeries Paul offraient aux clients les spécialités : « Croque-servante » et « Croque-monsieur ».



    Voici l’avis d’un sociologue, Andreea Bragă, du centre FILIA — une ONG qui lutte contre les inégalités de genre, militant pour les droits des femmes et déroulant une activité de recherche dans ce domaine : « Je pense que toutes ces choses-là sont possibles parce que nous n’avons pas une éducation respectueuse de l’égalité des genres, une éducation fondée sur le respect entre hommes et femmes, qui mette en évidence la contribution des femmes dans la société et nous apprenne combien la discrimination peut être nocive.



    A part ces messages discriminatoires lancés par des formateurs d’opinion, on se heurte également à des attitudes conservatrices, qui contestent les droits des femmes. C’est le cas de la récente marche contre l’IVG, déroulée dans de nombreuses villes roumaines, occasion de blâmer publiquement les femmes pour leur droit de prendre des décisions concernant leur propre corps. De telles attitudes prouvent que l’histoire récente de la Roumanie ne nous a rien appris. Rappelons que l’interruption volontaire de grossesse a été interdite pendant la période communiste et que plus de 10 mille femmes sont mortes à cause des IVGs clandestines — selon les statistiques officielles, leur nombre réel ayant été beaucoup plus grand.



    Il est évident qu’en ce moment les droits des femmes sont minés par ces valeurs conservatrices et qu’en même temps nous n’avons pas une alternative au niveau de l’éducation. Nous avons des lois, nous avons une Constitution qui affirme que nous sommes égaux, pourtant, en réalité, il y a encore beaucoup d’inégalités — et les données statistiques sont là pour le prouver. »



    Selon les statistiques, en Roumanie, une femme sur quatre a subi une agression physique ou sexuelle de la part de son conjoint ou compagnon au moins une fois dans sa vie. Et selon les récents rapports élaborés par le ministère Public en 2013, 2014 et 2015, le nombre des victimes ne cesse d’augmenter d’une année à l’autre. Sur le marché roumain de l’emploi, les femmes sont moins bien payées et moins promues que les hommes. La Roumanie enregistre le 3e taux d’occupation de la main d’œuvre féminine le plus bas de l’UE — selon les données publiées par la Banque Mondiale.



    De l’avis d’Andreea Bragă, c’est l’éducation qui devrait offrir une alternative aux mentalités et aux attitudes sexistes. Pourtant, l’analyse des illustrations — plus de 1600 — présentes dans les manuels scolaires ne semble pas favoriser l’égalité de genre, même s’il s’agit de manuels récents — estiment les sociologues.



    Cosima Rughiniş, qui a lancé cette ample recherche, et les sociologues de son équipe ont pris en compte deux aspects: la façon dont le genre y est représenté et la présence de la technologie dans les illustrations. Conclusion: les filles sont belles, sages, habillées de rose, tenant un miroir ou une poupée. Quand elles grandissent, un enfant prend la place de la poupée et une casserole remplace le miroir.



    En échange, on permet aux garçons d’être rebelles, de manier une épée, de conquérir l’espace ou de découvrir des formules chimiques. Cosima Rughiniş : « Le problème, c’est que la réalité est tout autre: il y a autour de nous des femmes électriciens, ingénieurs, chauffeurs de taxi. Les manuels ne reflètent pas la réalité, ils la rétrécissent. Les livres de classe n’aident pas les enfants à voir le monde tel qu’il est, un monde où leurs mères ont une occupation, une profession, au contraire, ils leur forment une perception erronée, leur proposant une grille d’interprétation qui ne correspond pas au monde dans lequel nous vivons.



    Les manuels devraient aider les jeunes à enrichir la perception du monde où ils vivent, encourager les filles à avoir des aspirations. Or, ces livres non seulement n’aident pas les enfants de ce point de vue-là, ils ne les aident même pas à observer le monde réel qui les entoure. Et si ces constatations ne nous ont pas étonnés quand il s’est agi des manuels plus anciens, il faut dire que les livres de classe récents, notamment ceux publiés ces dernières années, ont trompé nos attentes. »



    Le contenu des manuels vient soutenir les images. Et pour réaliser un changement au niveau du contenu, si on se limitait aux manuels de littérature, leurs auteurs devraient commencer par découvrir qu’il y a des femmes écrivains et même des écrivaines contemporaines. Cosima Rughiniş explique : « Quand il s’agit des manuels, les sources de l’inégalité des genres sont multiples. Il y a, d’une part, le sexisme générique et général dans la culture, qui n’est pas problématisé en Roumanie. D’autre part, si l’on procède à une analyse à la structure des livres scolaires, on constate qu’ils comportent beaucoup de textes littéraires du 19e siècle. Ce dont des textes écrits d’habitude par des hommes et redevables aux points de vue — toujours du 19e siècle — de leurs auteurs. Le passé devient ainsi une source pour la réalité de nos enfants. Une solution possible serait l’intégration aux manuels scolaires de textes écrits par des femmes, dont certaines soient des écrivaines contemporaines.



    A part les représentations sexistes, ces livres offrent aussi nombre de représentations patriarcales, propres à la Roumanie d’il y a un siècle et demi. Prenons, par exemple, les manuels d’éducation civique. La leçon sur le leader laisse voir clairement la différence entre les genres. Tous les manuels — à deux ou trois exceptions près — présentent des garçons leaders, comme on s’y attendait. »



    Les mentalités du 19e siècle qui se dégagent de la plupart des manuels scolaires correspondent-elles à la législation actuelle? Andreea Bragă : « Nous disposons d’une loi et d’une stratégie dans le domaine de l’égalité des chances entre hommes et femmes, mais tant qu’il n’y a pas une volonté politique et des gens qui considèrent l’égalité de genre comme une priorité, on ne remédiera pas grand-chose. Et en parlant de priorité, je pense également à certaines formes de violence auxquelles les femmes sont confrontées, dans l’espace aussi bien public que privé. Nous sommes tous conscients de ces problèmes, ils demeurent pourtant toujours en dehors du discours public.



    Ainsi, on voit rarement des débats sur les possibilités de financer des centres d’hébergement pour femmes victimes de la violence familiale, alors que plus de 13 comtés ne disposent pas d’un seul centre de ce genre. Ou bien nous avons des propositions législatives qui encouragent la discrimination ou le harcèlement au lieu de travail, selon lesquelles qu’au premier délit, l’agresseur ne se voit infliger qu’un avertissement.



    Il est évident que pour déterminer un changement profond au niveau de la société, on a besoin avant tout d’éducation. Une éducation qui commence le plus tôt possible. Et on a également besoin d’une information et d’une sensibilisation au sein de la classe politique. » (trad.: Dominique)

  • Entrepreneuse, nom féminin

    Entrepreneuse, nom féminin

    Manifestation de l’indépendance chez les femmes contemporaines, l’esprit entrepreneurial féminin est en plein essor. Selon les statistiques, à l’heure actuelle, en Roumanie, 29% des entrepreneurs sont des femmes, soit une croissance de 7% par rapport aux années précédentes. De même, selon les calculs de l’Institut pour l’Entrepreneuriat et le Développement Global, la Roumanie occupe la 33e place parmi les 77 pays examinés, avec 49 points sur 100 pour le climat du milieu des affaires et les conditions générales qui encouragent les affaires initiées par les femmes.



    Qui sont ces Roumaines ? Ce sont des femmes qui ont accumulé une riche expérience professionnelle en tant qu’employées dans différentes compagnies et qui souhaitent monter leurs propres affaires. Ce sont des femmes qui, une fois devenues mères, préfèrent travailler de chez elles pour gérer elles-mêmes le temps de travail et celui destiné au foyer. Ou bien, tout simplement, ce sont des femmes qui transforment leur hobby ou leur passion en affaire.



    Pour apprendre davantage sur les spécificités de l’entrepreneuriat féminin en Roumanie nous avons discuté avec quelques-unes de ces femmes. Parmi elles, Adina Filculescu, qui détient un atelier de fleuriste. Elle nous a parlé des domaines préférés par les Roumaines qui souhaitent monter une affaire : « Les services qu’elles offrent tiennent de l’industrie créative — éducation, activités médicales, tourisme, commerce, organisation d’événements. En général, elles partent de leur passion pour un certain domaine. Selon les recherches, les femmes ont tendance à opter pour le domaine de leurs études. Certes, l’aspect financier y compte pour beaucoup, mais je connais des femmes qui ont renoncé à des emplois très rémunérateurs dans différentes compagnies pour ouvrir leurs propres business, avec tous les risques afférents. »



    Des risques et difficultés qui surviennent dès le début. Par exemple, dès le premier essai d’obtenir un crédit, car les banques sont toujours réticentes lorsqu’il s’agit de financer des business gérés par les femmes. Cela tient plutôt aux domaines choisis par les femmes, explique Adina Filculescu : « Les femmes s’orientent vers les domaines plus créatifs, pour elles, l’entrepreneuriat est fondé sur une passion et elles ne visent pas forcément les modalités de faire croître leur profit. Par conséquent, le remboursement d’un crédit est vu comme un risque. »



    Peut-être bien que c’est une des raisons pour lesquelles il existe plusieurs initiatives des institutions de l’UE qui encouragent et financent l’entrepreneuriat féminin ou les PMEs dirigées par les femmes. Ces sources s’avèrent-elles utiles pour les Roumaines ? Réponse avec Adina Filculescu : «Oui, elles sont utiles, surtout les fonds accessibles via les programmes structurels et de cohésion de l’UE. Il existe aussi le programme SRLD (société pour les débutants), qui offre un financement de 10.000 euros à ceux qui souhaitent démarrer une affaire, et différentes aides, telles l’exemption de la contribution à la sécurité sociale pour les employeurs. Mais tous ces programmes sont difficiles d’accès à cause de la bureaucratie. Cest pourquoi, de nombreuses Roumaines préfèrent démarrer un business avec leurs propres forces. »



    Bibiana Stanciulov est une de ces braves dames, patronne d’une compagnie qui fabrique le premier produit roumain inclus au catalogue européen des produits de qualité protégés : la marmelade de prunes de Topoloveni, qui depuis 2011 a été labélisée avec une «indication géographique protégée». Bibiana Stanciulov nous parle des débuts marqués d’optimisme de ce business, mais aussi des difficultés auxquelles elle s’est heurtée en cours de route : « En 2001, nous avons racheté ce qui restait d’une fabrique à Topoloveni suite à une procédure de liquidation judiciaire. En restait le département de marmelades déshydratées et d’eaux-de-vie. Ce fut un démarrage extrêmement difficile, parce que j’avais espéré qu’au moins quelque chose fonctionne de ce que j’avais acheté. Avec un effort que je n’imaginais même pas, j’ai réussi. C’était peut-être la peur que quelque chose de grave ne m’arrive qui m’a déterminée à poursuivre ce chemin et à transformer cette fabrique, dans les conditions où moi, j’étais diplômée de la Faculté de Sociologie et de philosophie et je ne connaissais rien aux affaires, ni à l’industrie alimentaire. »



    Bibiana Stanciulov a eu la chance de retrouver sa passion pour les traditions et de découvrir une recette d’il y a un siècle de la marmelade de prunes spécifique à la région de Topoloveni. Toutefois, l’amour pour la tradition n’était pas suffisant. Il a fallu avoir aussi de l’argent pour que la marmelade soit produite conformément aux normes qu’elle s’était imposées elle-même et qui étaient aussi nécessaires pour obtenir « l’indication géographique protégée ». Un financement pas facile à obtenir. Bibiana Stanciulov raconte : « On m’avait promis que grâce aux fonds appelé « Le fermier » nous allions réussir à accéder aux fonds européens avec un intérêt de 2 — 3%. Mais comme j’étais un producteur indépendant, qui n’appartenait à aucun parti ou groupe d’intérêts, je n’ai plus bénéficié du fonds «Le fermier». Alors, la banque m’a proposé un crédit en euros avec un intérêt de 7-8%, m’obligeant à avoir une contribution de 20%. Ce fut un effort surhumain pour moi. Cela n’avait rien à voir avec le fait d’être une femme. En Roumanie, ce qui compte, c’est appartenance, ou non, à un parti ou à un groupe d’intérêts. Paradoxalement, j’ai réussi sans en faire partie. C’est vrai que ce crédit a été un véritable fardeau financier pour moi, mais je n’avais jamais envisagé exclusivement d’avoir un profit. Avant toute chose, moi, je voulais continuer une tradition vieille de 100 ans. »



    A l’heure actuelle ces difficultés ont été surmontées, mais d’autres ont pris leur place. N’empêche, Bibiana Stanciulov encourage les Roumaines à ne pas renoncer à l’entrepreneuriat, si c’est la voie qu’elles souhaitent suivre : « Si jamais elles décident de monter leur propre affaire, cette affaire doit leur appartenir. Elles doivent y mettre leur empreinte personnelle et croire à ce qu’elles font. Si elles n’y croient pas, il vaut mieux ne pas commencer. Les affaires ne sont pas quelque chose de facile, mais elles donnent la satisfaction de l’indépendance totale. Bref, « je fais ce que je veux de mon argent.» » (trad. : Valentina Beleavski)

  • Qu’est-ce que la gouvernance ?

    Qu’est-ce que la gouvernance ?

    La gouvernance fait partie de ces mots omniprésents dans notre vocabulaire. On parle de gouvernance dentreprise, de gouvernance des administrations, de gouvernance des institutions publiques. Plus globalement les institutions multilatérales de développement présentent leur action sous le signe de la “bonne gouvernance”. Ce succès fait que la notion nest pas toujours interrogée tant elle paraît naturelle. Pourtant, on ne connaît pas vraiment les sens implicites et les parties pris qui se cachent derrière ce consensus de façade. Par exemple, la gouvernance est-elle pluraliste ? Accepte-t-elle dautres façon de faire la démocratie ? Signale-t-elle un changement plus profond de régime politique ? Cest à ces questions que nous allons répondre avec lanthropologue Bernard Hours qui a longuement traité cette problématique.








    Pour aller plus loin :



    Atlani L. (Dir.), Les ONG à l’heure de la « bonne gouvernance », Revue Autrepart, en lecture libre à https://www.cairn.info/revue-autrepart-2005-3.htm



    Hermet G, Kazabcigil A. et Prud’homme J.-F. (dir.), La gouvernance. Un concept et ses applications, Paris, Karthala.



    Hours B., Pouch T. (Dir.), La gouvernance entre promesses de futur et aliénation présente, Revue L’Homme et la société, L’Harmattan, 199, 2016



    Hours B., Développement, gouvernance, globalisation du XXe au XXIe siècle, l’Harmattan, 2012.



    Revue Multitudes, En dette d’Europe — ONG, monde, genre, 2011. En lecture libre à https://www.cairn.info/revue-multitudes-2011-4.htm

  • 20.07.2017

    20.07.2017

    Economie — Le nombre des sociétés à capital étranger nouvellement crées en Roumanie a augmenté durant le premier semestre de cette année de 9, 34%, par rapport à la même période de 2016, se chiffrant actuellement à 2.938, a annoncé l’Office national du registre du commerce. Pour ce qui est du mois de juin 2017 par rapport au même mois de l’année dernière, le nombre des nouvelles entreprises a augmenté de 13%, arrivant à 532. La Roumanie avait enregistré en 2016 le nombre le plus réduit de sociétés à capital étranger nouvellement crées depuis 18 ans. 15.000 telles compagnies avaient été créées en 2007, juste après l’adhésion de la Roumanie à l’UE.



    Moldova — De nouvelles protestations de la société civile et des partis de l’opposition se déroulent aujourd’hui en République de Moldova, où le Parlement a voté un projet de loi visant à modifier le système électoral. Aux termes de celui-ci, 50 députés seront élus sur des listes de partis, alors que 51 le seront dans le cadre de circonscriptions uninominales. Les responsables de l’UE ont demandé à Chisinau de respecter les recommandations de la Commission de Venise, qui a critiqué l’opportunité de la modification de la législation électorale et de l’adoption du vote uninominal pour le Parlement. Les analystes cités par les correspondants de la radio publique roumaine à Chisinau affirment que l’introduction du scrutin uninominal au lieu de l’actuel système d’élection de tous les députés sur des listes était au désavantage des grands partis, c’est-à-dire des démocrates pro-occidentaux du premier ministre Pavel Filip et des socialistes du président pro-russe Igor Dodon.



    Coopération — Le premier ministre roumain, Mihai Tudose fait ce vendredi une visite en République de Moldova voisine pour rencontrer son homologue Pavel Filip et le président du Parlement Adrian Candu. A l’agenda des rencontres : la coopération bilatérale et l’appui accordé par Bucarest au parcours européen de Chisinau. Toutefois, aucune réunion avec le président socialiste pro-russe Igor Dodon n’est prévue. Le déplacement à Chisinau du chef du gouvernement roumain intervient après sa visite, la semaine dernière, à Bruxelles, où Mihai Tudose avait estimé devant les responsables communautaires que la Roumanie avait « un devoir substantiel dans le maintien du parcours européen de la République de Moldova ».



    Diplomatie — Le secrétaire d’Etat aux affaires bilatérales et stratégiques dans l’espace euroatlantique, George Ciamba s’est entretenu à Bucarest avec Enrique Mora, directeur politique au sein du ministère espagnol des Affaires étrangères. M Ciamba a salué les efforts des autorités espagnoles de soutenir la communauté des Roumains qui travaillent, étudient et vivent en Espagne, soulignant toutefois le besoin de garder le cadre social européen en place comme référence première pour l’intégration et le maintien non-discriminatoire des droits et libertés fondamentales des ressortissants européens. Le secrétaire roumain d’Etat a également fait part de l’intérêt de la Roumanie d’approfondir sa relation avec l’Espagne, tant sur le plan bilatéral qu’européen, en tant qu’Etats qui partagent des valeurs et des visions communes à l’égard de l’avenir de l’Europe et des défis que doivent relever les Etats de l’Union.



    Résistance — Une école d’été sur l’exile roumain d’après la Seconde guerre mondiale ouvre ses portes ce dimanche jusqu’au 27 juillet à Sinaia, dans le centre de la Roumanie. Les participants se pencheront sur la résistance anticommuniste ayant impliqué les jeunes roumains et étrangers. Selon un communiqué de l’Institut d’investigation des crimes du communisme et de la mémoire de l’exile roumain, cette école d’été s’ouvre à l’intention des étudiants qui suivent des cours de master ou de doctorat en Roumanie et aux membres de la diaspora roumaine qui déroulent des projets sur le thème de l’exile roumain après la Seconde guerre mondiale. 15 jeunes gens, dont huit de Roumanie et sept issus d’autres pays européens, participent à des ateliers, des projections de films et des débats.



    Football — Le club roumain de foot Astra Giurgiu doit affronter ce soir les Azéris de Zira FK dans un match décisif du deuxième tour des préliminaires de la Ligue Europa. A Giurgiu, dans le sud du pays, Astra a remporté le match aller sur le score de 3 buts à 1 et, en cas de qualification, le club roumain devra affronter les Ukrainiens de FX Oleksandria. Egalement dans le troisième tour des barrages de la Ligue Europa, CS Universitatea Craiova, rencontrera les Italiens d’AC Milan alors que Dinamo Bucarest doit jouer contre les Espagnols d’Athletic Bilbao. Dans la Ligue des champions, le champions de FC Viitorul Constanta doivent affronter le gagnant du match entre APOEL Nicosie de Chypre et F19 Dudelange du Luxembourg alors que les vice-champions FCSB, ex-Steaua Bucarest rencontreront l’équipe tchèque FC Viktoria Plzen.



    Elie — Aujourd’hui les chrétiens orthodoxes et catholiques de Roumanie fêtent Sfantul Ilie, la Saint Elie. Il est également le Saint patron des forces aériennes roumaines, qui marquent cette fête par des cérémonies militaires et religieuses. D’ailleurs, un meeting aérien international est prévu pour ce samedi. Enfin, pas moins de 130 mille Roumains, selon le Registre de l’Etat civil, fêtent aujourd’hui leur jour du nom.



    Météo — Il fait chaud en ce moment en Roumanie et des épisodes de canicule sont enregistrés sur l’ouest et le sud-ouest. Des pluies à verse et des orages sont signalés en montagne. Les températures vont de 30 à 36 degrés. 30 degrés en ce moment à Bucarest.

  • Les mineurs délaissés en Roumanie.

    Les mineurs délaissés en Roumanie.

    Une réalité qui va de pair avec l’apparition d’une nouvelle catégorie sociale, celle des mineurs délaissés. Un terme par lequel on désigne les nombreux enfants restés seuls à la maison ou pris en charge par les grands-parents, les voisins ou les frères et sœurs plus âgés, pendant que leurs parents quittent la Roumanie pour chercher une vie meilleure ailleurs. Bien que les parents subviennent aux besoins matériels de leurs petits, il leur est impossible de le faire au plan affectif.

    Le départ d’un et souvent des deux parents a de nombreuses conséquences sur la vie des jeunes. Confrontés à un fort sentiment d’abandon, ceux-ci ont de grandes difficultés d’ordre émotionnel, éducationnel et social. C’est une situation de stress, qui provoque de la frustration, voire de la dépression. On note ainsi des manifestations d’échec scolaire, d’activités micro-criminelles et, dans les cas les plus dramatiques, des suicides. Selon l’Autorité nationale pour la Protection des droits de l’Enfance, la Roumanie recense près de 95 milles enfants délaissés, dont une vingtaine de milliers par les deux parents. Mais, selon certaines études, le nombre réel d’enfants en situation d’abandon se monterait à 350.000, ce qui représente 10% du total des enfants roumains.

    Après le départ des parents au Royaume Uni, il y a deux ans déjà, c’est à Petruta Soare de s’occuper toute seule de sa petite fille de 9 ans. Bien que sa maman et son papa ne lui rendent visite que deux fois par an, la gamine semble heureuse de se voir offrir plein de cadeaux. C’est du moins ce qu’affirme sa grand-mère: «Pour l’instant, elle n’a pas l’air d’en souffrir trop, surtout qu’elle les a au bout du fil chaque soir. A part ça, on compte beaucoup sur l’aide de l’organisation Sauvez les enfants. Elle réunit à son siège des enfants délaissés pour travailler ensemble leurs devoirs, pour faire toute sorte d’activités, les emmène dans des excursions. Et puis, la gamine est contente parce qu’elle obtient tout ce qu’elle veut, ses parents lui achète tout ce qu’elle veut. C’est vrai, qu’à son tour, elle travaille très bien à l’école et décroche de très bonnes notes. Moi, j’en suis fière. En plus, elle adore les activités proposées par l’organisation Sauvez les enfants. Elle ne s’en lasserait pas.»

    Cela fait déjà dix ans qu’Elena a quitté la Roumanie à destination de l’Espagne, en laissant derrière deux petits garçons, à l’époque, en cycle primaire. Malgré les deux-trois mois passés chaque été avec leur mère, les gamins ont énormément souffert et la séparation a laissé des traces profondes dans leur âme. Elena raconte: « Il a été très dur pour moi de laisser derrière mes deux jeunes enfants. Dix ans plus tard, je regrette cette décision. Les enfants ont grandi et moi j’ai raté ce qui aurait pu être nos plus belles années. Malgré les trois mois passés ensemble, chaque année, je ne suis pas arrivée à les élever comme il se doit. Aujourd’hui, c’est trop tard, ils ne m’écoutent plus.»

    Les dimensions prises par le phénomène des enfants délaissés a entraîné la mise au point d’un réseau national de services dédiés. L’organisation Sauvez les enfants s’adresse aussi bien aux enfants en situation d’abandon qu’aux adultes qui s’en chargent pendant l’absence des parents. Anca Stamin, coordinatrice des programmes: «Notre organisation Sauvez les enfants a lancé, en 2010 déjà, une série de programmes au bénéfice des enfants dont les parents sont partis travailler ailleurs et aux adultes ayant leur charge. Je pense, par exemple, au programme «L’école après l’école» mis en place dans certains établissements scolaires. On a imaginé 17 programmes, au total, permettant aux enfants de faire leurs devoirs, de communiquer avec d’autres enfants en situation similaire, d’avoir la possibilité de parler en ligne avec leurs parents ou encore de bénéficier de soutien psychologique pour franchir le cap de la séparation. En parallèle, on offre du soutien psychologique à tous ceux qui s’occupent de ces enfants pour les aider à mieux comprendre les besoins psychologiques de ces gamins. Si la personne qui en a la charge est un membre de la famille, on l’aide également à démarrer la procédure pour obtenir la tutelle temporaire en cas d’absence des deux parents. »

    Il y a dix ans, l’Organisation «Sauvez les enfants» lançait son premier service de consultation par téléphone et en ligne à l’intention des enfants victimes de la migration économique. Anca Stamin: «C’est une ligne verte en service du lundi au vendredi, qui sert à obtenir des informations juridiques, administratives ou encore sociales. Quant aux parents partis à l’étranger, ils ont à leur disposition un numéro à tarif normal, joignable de partout. Une plate-forme en ligne offre aussi bien des informations et des articles intéressants au sujet des enfants délaissés que la possibilité de poser des questions aux professionnels de notre association.»

    En Europe, les statistiques font état de plus d’un million cinq cent mille enfants délaissés par les parents partis travailler à l’étranger. Un chiffre alarmant qui a entraîné la réaction des institutions, en quête de solutions. Ainsi l’euro-député Victor Negrescu souhaite-t-il financer de fonds européens un programme national de réinsertion des Roumains de la diaspora sur le marché roumain du travail, programme qu’il soumettrait au Parlement de Bucarest. Il propose une reconnaissance plus rapide des diplômes et des qualifications professionnelles des ressortissants roumains parallèlement à une insertion en douceur des enfants scolarisés à l’étranger dans le système éducationnel roumain. (Trad. Ioana Stancescu)

  • Meubles verts et créatifs

    Meubles verts et créatifs

    Les producteurs de mobilier de Roumanie ont réalisé l’année dernière des exportations se montant à 2,2 milliards d’euros. Les importations de meubles se sont chiffrées, elles, à 608 millions d’euros seulement, l’industrie du meuble figurant parmi les seuls domaines économiques de Roumanie ayant enregistré un excédent commercial de plus d’un milliard d’euros. L’Allemagne figure parmi les principaux importateurs de meubles de Roumanie. Selon les données fournies par l’Association des producteurs roumains, la valeur des meubles importés par l’Allemagne en 2016 a progressé de 7% par rapport à 2015, s’élevant à 427,5 millions d’euros, ce qui représentait 20% du total des exportations de mobilier de notre pays en 2016.



    Dans ce domaine aussi les préférences des consommateurs ne cessent de changer et les innovations engendrent de nouvelles tendances. Les meubles et, plus récemment encore, les aménagements intérieurs sont de plus en plus importants pour les Roumains. Les consommateurs s’orientent de préférence vers les meubles multifonctions et vers les couleurs neutres, qu’ils peuvent adapter plus facilement à l’ambiance. Le mobilier écologique gagne aussi du terrain. Des entrepreneurs ont apporté une autre nouveauté: le mobilier de luxe en bois recyclé.



    Ayant participé il y a 3 ans à la compétition d’idées et de nouveaux formats d’affaires « Fabriqué au Pays d’André », Cristian Branea a gagné 32.000 euros. Il a investi cet argent dans une affaire sociale. Secondé par deux amis, il a ouvert un atelier de production de meubles à partir de bois recyclé à Măneşti, dans le comté de Dâmboviţa (dans le sud du pays). L’idée a porté ses fruits : leurs meubles sont arrivés dans les pays les plus éloignés du monde.



    Cristian Branea nous raconte les débuts de ce projet. « L’idée m’est venue il y a un certain temps, lorsque j’ai décidé d’aménager mon propre appartement. Je voulais déjà monter ma propre affaire, après plusieurs années où j’avais travaillé pour des corporations et des ONGs. Je rêvais d’une affaire dans le domaine des industries créatives et j’avais remarqué cette tendance, dans les aménagements intérieurs, à utiliser le bois recyclé. C’est ainsi qu’est née l’idée de produire du mobilier de ce genre. Beaucoup de gens récupèrent le bois provenant de vieilles maisons démolies, ainsi que des briques et tout autre matériau susceptible d’être réutilisé. Nous employons du bois de chêne, nous utilisons donc les poutres en chêne massif. Les personnes que j’ai embauchées proviennent de milieux défavorisés : ce sont soit des chômeurs de longue durée, soit des personnes de plus de 45 ans qui n’ont plus travaillé depuis longtemps ou des jeunes qui n’ont jamais eu d’emploi. Et ils habitent tous en milieu rural. »



    Les jeunes entrepreneurs envisagent de créer une marque à eux, proposant des meubles à design moderne et minimaliste, des produits simples, naturels, en bois massif. Cristian Branea : « Nous utilisons uniquement du bois massif et nos produits ne sont pas en bois récupéré. Nous utilisons du noyer, du cuivre, du laiton, du marbre mais notre philosophie est d’utiliser des matériaux nobles, de valeur et en quantités considérables. Nous avons des collections de tables, tables à café, bibliothèques, corps à tiroirs, accessoires, lampes et nous essayons constamment de développer notre gamme de produits. Nous fabriquons des tables à dîner, qui sont nos produits qui se vendent le mieux et c’est d’ailleurs notre gamme de produits la plus variée. Il s’agit d’objets de grande valeur qui rapportent beaucoup. Pour la Roumanie, les prix ne sont pas trop bas, compte tenu du travail et des matériaux que nous utilisons, mais nous essayons de maintenir un prix accessible. Pour ce qui est de nos produits qui se vendent aux Etats-Unis, les marges commerciales vont jusqu’à 400%. Une de nos tables se vend aux Etats-Unis pour 8000 euros, alors qu’à Bucarest on peut l’acheter pour 2 ou 3 mille euros. »



    L’affaire a commencé avec des produits personnalisés pour restaurants, bars et cafés et a pris de l’essor suite aux recommandations des clients. Mais la plupart des commandes sont venues suite aux participations aux foires de mobilier : « Nous nous sommes lancés à la « Foire du meuble de Bucarest », aux pavillons Romexpo en 2014, par une première série d’objets conçus par nous. Après quoi, durant la première année, nous avons réalisé presqu’exclusivement des produits customisés, et c’est durant cette période que nombre d’architectes et de designers d’intérieurs de Roumanie nous ont rendu visite. Et c’est à ce moment que les commandes ont commencé à arriver et il s’agissait dans leur vaste majorité de produits customisés. Puis, en 2015, nous avons participé à la première foire internationale de Cologne, lorsqu’un changement complet de notre clientèle a eu lieu. C’est à partir de ce moment que nous avons commencé à vendre à l’exportation 90% de notre production. Nous avons des clients aux Etats-Unis, en Arabie Saoudite et en Malaisie. Dès le début, nous avons pensé que c’était la direction que nous devrions suivre, parce que les objets que nous produisons sont à grande valeur ajoutée et de grandes dimensions, qui entrent uniquement dans certains intérieurs. Lorsque je conçois ce genre de mobilier, je pense aux lofts newyorkais. De toute façon, nous savions dès le début que c’était la direction à suivre et peu à peu nous nous sommes rendu compte qu’il existait aussi une demande et un marché en Roumanie. C’est pourquoi depuis quelques semaines nous avons ouvert notre propre boutique à Bucarest. »



    Par conséquent, l’affaire sociale avec du mobilier réalisé en bois recyclé est assez profitable. C’est une activité qui rapporte, voilà pourquoi les investissements continueront. Les entrepreneurs souhaitent faire croitre cette affaire et créer des emplois. Cristian Branea : « Nous avons conclu chaque année sur des profits à la hausse. L’activité est profitable et je crois qu’à présent nous n’avons pas de compétition sur le marché intérieur. Même si nous ne sommes pas une marque connue, nous nous sommes rendu compte qu’il y a une demande considérable pour nos produits. Le monde a besoin de produits de grande valeur et il ose les acheter dans une marque autochtone. C’est un genre de mobilier tout à fait spécial. Souvent, nous travaillons avec des techniques complètement novatrices pour cette industrie. Par exemple, nos produits les plus spectaculaires sont fabriqués en brûlant le bois. Ce sont des pièces noires que nous combinons souvent avec le laiton pour réaliser des pièces intéressantes… Fin mai, nous devrons participer à une foire à New York. C’est la première fois que nous participons à une foire à l’extérieur de l’Europe. Jusqu’ici, les Etats Unis ont constitué notre meilleur marché. »



    Parmi les priorités de cette affaire figure aussi la diversification de la gamme de produits par différentes combinaisons de matériaux, par des collaborations avec des architectes et des designers visant à réaliser des projets sur commande ainsi que par la promotion de la boutique bucarestoise, afin d’élargir les ventes sur le plan local. (trad. : Dominique, Alex Diaconescu)