Category: Espace Culture

  • Le musée de Sighişoara

    Le musée de Sighişoara

    Sighișoara est une des villes de Roumanie à avoir réussi à préserver un centre-ville médiéval attractif. Son nom est lié à celui du prince Vlad Țepeș (l’Empaleur) Dracula, qui y naquit en 1431, mais aussi à un festival d’art médiéval, à sa citadelle fortifiée, à sa Tour à l’Horloge et à plusieurs autres points d’attraction. Tels que le musée de la ville de Sighișoara, qui fête cette année 125 années d’existence.

     

    Des traces remontant à l’antiquité 

     

    Des traces d’habitations appartenant à l’antique castre romain de Sandava ont été découvertes par les archéologues sur le périmètre actuel de la ville. Sighisoara que nous connaissons allait être fondée au XIIème siècle par des colons allemands arrivés de la région de Franconie, à l’appel du roi Géza II de Hongrie. Le nom de la ville est mentionné pour la première fois dans des documents à la fin du XIIIème siècle. Une si longue existence a forcément traversé des périodes de calme et de prospérité, mais aussi inévitablement des épisodes de violence et d’effroi, tels que invasions étrangères, révoltes paysannes, guerres, sièges, épidémies de peste, incendies, mouvements révolutionnaires.

     

    Le musée local résume ces deux millénaires, comme l’explique le directeur de l’institution, Nicolae Teșculă : « Le XIXème siècle a été le siècle du nationalisme, des nations, par excellence et chaque nationalité voulait bien-sûr préserver et aussi exprimer ses valeurs nationales. La muséification a été un moyen, donc la sauvegarde d’artefacts qui identifient une nation pour un territoire spécifique. »

     

    Les débuts du musée 

     

    Après la création du musée Brukenthal de Sibiu en 1817, des collectionneurs locaux se sont mobilisés pour créer d’autres tels établissements, comme ce fut le cas aussi à Sighișoara, ajoute Nicolae Teșculă:

     « Il s’agit, premièrement, de la collection du lycée allemand, le corps enseignant du Collège évangélique a ramassé des objets de l’école. Deuxièmement, deux événements sont organisés à Sighișoara en 1879. L’Association transylvaine pour la culture et la littérature du peuple roumain (connue plus tard sous le nom d’ASTRA) y tient son assemblée générale au mois de juillet. Et puis, plus tard au cours de cette année-là, la Société de sciences historiques de l’Est de l’Autriche-Hongrie, y organise aussi une réunion. Parmi les initiateurs de cette session scientifiques, nous retrouvons le nom de Carl Fabritius, théologien et historien natif de Sighișoara et enseignant au lycée allemand de la ville, qui rassemble à cette occasion des objets de la ville dans une exposition dont il est l’organisateur. Il laisse une sorte de testament aux plus jeunes d’organiser un musée à Sighișoara, s’appuyant sur la valeur exceptionnelle de la citadelle qui gardait à l’époque, comme elle le fait aujourd’hui encore, toutes ce valeurs médiévales. »

     

     

    Les efforts des élites de Sighișoara de stoker et d’exposer les objets rappelant le passé ont été couronnés de succès. Carl Fabritius avait lancé l’histoire du musée et son effort allait être continué par Josef Bacon, explique Nicolae Teșculă : « Parmi les bénévoles à avoir contribué à la réalisation de l’exposition on retrouve Josef Bacon, un jeune homme de l’époque, qui allait faire des études de médecine et devenir par la suite un médecin de la ville. A la fin du XIXème siècle, Sighisoara décide de créer son propre musée dans la Tour à l’Horloge. Cette tour, la plus représentative de la citadelle, avait été restaurée en 1894 et avait accueilli, en 1898, une petite exposition appelée « la chambre/salle du patricien ». Malheureusement, nous n’avons pas beaucoup d’informations là-dessus. »

     

    Les musée à l’époque moderne

     

    Un bon début et une bonne continuation mènent nécessairement à une bonne fin. Une règle que le musée de Sighișoara ne fait que confirmer, souligne Nicolae Teșculă : « Ultérieurement, des gens passionnés ont ramassé divers objets et le musée a pratiquement été ouvert le 25 juin 1899. A partir de 1905, il sera lié à l’association « Sebastian Han », de la ville de Sibiu, dont le but était justement de promouvoir les valeurs historiques et artistiques. D’une part, l’association organisait des expositions dans des citadelles ou des églises fortifiées et, d’autre part, elle mettait en avant les artistes plasticiens locaux, notamment d’ethnie saxonne, des villes transylvaines, dont notamment Brașov et Sibiu. L’association « Sebastian Han » a géré le musée de Sighisoara jusqu’en 1925, lorsque l’établissement passe sous la tutelle de l’Eglise évangélique et sa collection s’agrandit. Outre la collection de la Tour à l’Horloge, qui illustrait l’histoire de la ville depuis l’Âge de bronze jusqu’à la Grande Guerre, un petit musée ethnographique fonctionnait dans l’église du monastère, un autre avec des objets de culte existait dans l’église de la colline, ainsi qu’un musée scolaire. Il y a même eu une tentative de créer un petit Arboretum et un jardin botanique autour de la Tour à l’horloge et sur l’espace vert qui la séparait de l’église. Nous pouvons donc dire qu’un véritable complexe muséal existait à Sighișoara à partir de 1933. »

     

    Le Musée d’histoire de Sighișoara s’appuie à présent sur une solide tradition, construite grâce à l’enthousiasme et au dévouement discrets des gens. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • « Horia » – premier long-métrage d’Ana-Maria Comănescu

    « Horia » – premier long-métrage d’Ana-Maria Comănescu

    « Horia », premier long-métrage de la réalisatrice roumaine Ana-Maria Comănescu

    « Horia », premier long-métrage de la réalisatrice roumaine Ana-Maria Comănescu, est récemment sorti dans les salles de cinéma de Roumanie. « Horia » a été projeté en première mondiale au Festival du film Black Nights de Tallinn, en Estonie, en novembre 2023. Le public roumain a pu le voir en avant-première nationale lors du festival Les Films de Cannes à Bucarest, où il a été présenté dans la section Les Avant-premières de l’automne, remportant le Prix du public.

    Ce road-movie et un coming of age (donc un film sur l’errance et le passage à l’âge adulte), sur un scénario également écrit par Ana-Maria Comănescu, raconte l’histoire de Horia, un adolescent de 18 ans qui vit dans un village roumain et qui est amoureux d’une jeune fille habitant à l’autre bout du pays. Une querelle de trop avec son père pousse Horia à se rebeller et à quitter la maison familiale sur un coup de tête et… sur la vieille mobylette de son père. Sur son chemin, il fait la rencontre d’une gosse très intelligente, Stela, qui l’accompagnera dans son voyage et aux côtés de laquelle il surmontera plusieurs obstacles.

     

    Avant « Horia », Ana-Maria Comănescu avait réalisé trois courts-métrages

    Avant « Horia », Ana-Maria Comănescu avait réalisé trois courts-métrages (In the House, Te mai uiți și la om/On regarde aussi la tête de la personne et Pipa, le sexe et l’omelette), qui ont été récompensés de prix et de sélections à des festivals étudiants et internationaux ainsi que de deux nominations aux Prix Gopo du cinéma roumain. Avec chacune de ces productions, la réalisatrice a voulu sortir de sa zone de confort et assumer des risques. C’est ce qu’elle a fait avec « Horia » aussi, en choisissant deux acteurs débutants, Vladimir Țeca et Angelina Pavel, pour endosser les principaux rôles et traverser le pays sur une moto Mobra, fabriquée en Roumanie dans les années 1970.

    Ana-Maria Comănescu explique: « J’avais réalisé un road-movie quand j’étais à la fac, mais là les personnages roulaient en voiture, pas à moto, ce qui a été techniquement plus facile. J’aime beaucoup ce genre de production, toujours en mouvement et en déplacement d’un endroit à un autre. En effet, c’est compliqué, mais aussi mémorable et ça laisse un souvenir en même temps fou et agréable. J’ai toujours voulu débuter avec un road-movie, qui est un de mes genres cinématographiques préférés. C’est un plaisir de jouer avec un genre qui existe déjà, car on peut l’épicer avec des tas d’éléments venus de genres divers. Je suis donc partie de cette idée et puis j’ai pensé à la transformation de Horia, le personnage principal, à travers son voyage. Puisqu’il fait évidemment   preuve de moins de maturité d’action au début qu’à la fin de son périple. Ce voyage, qui s’étend sur une semaine, l’aide à mûrir et c’est précisément cet aspect de l’histoire qui m’a semblé très intéressant à explorer: Horia sort pour la première fois de son petit village perdu de la Dobroudja, en pensant qu’il ne s’absentera pas au-delà d’une journée. Sauf que son voyage acquiert une dimension initiatique et s’avère être plus long et plus compliqué qu’il ne le pense. Et puis, chose très importante, une fois sorti de son village, Horia découvre le monde, or moi j’ai voulu que nous, les spectateurs, le découvrions avec lui et l’accompagnions dans ce voyage tellement important pour lui. Je l’ai déjà dit, le film fait aussi appel à la nostalgie et je crois que le personnage de Horia nous fait revivre avec lui ce passage de l’adolescence à l’âge adulte. Je suis sûre que la plupart d’entre nous ont fait quelques folies à l’adolescence, ont pris des risques quand ils étaient amoureux, en espérant un amour partagé. Il m’a semblé que nous sommes nombreux à nous identifier avec l’histoire de Horia. »

     

    Les deux acteurs principaux sont Vladimir Țeca et Angelina Pavel   

    Ana-Maria Comănescu, qui a écrit et réalisé le film « Horia », a raconté son choix des deux acteurs principaux – Vladimir Țeca et Angelina Pavel – ainsi que la construction de la relation qui se tisse entre leurs personnages.  « J’ai planché plusieurs années sur le scénario, à l’écrire et réécrire, ce qui m’a fait comprendre que la relation entre  Horia et Stela est en réalité le noyau du film. C’est sa relation avec  Stela qui aide Horia à changer et à aller jusqu’au bout de ce chemin initiatique. C’était donc important qu’il y ait des différences entre les deux, qui les rendent quelque peu complémentaires. Horia est introverti et anxieu, effrayé par le monde autour, tandis que Stela est tout son opposé, ouverte d’esprit et adaptable à toute situation. Et je crois que chacun d’eux peut apprendre des choses de l’autre. En plus, j’ai beaucoup voulu éviter de tomber dans un piège romantique, ce qui m’a fait choisir un écart d’âge important entre Horia et Stela. Il arrive souvent qu’une jeune fille de treize ans comme Stela soit bien plus mûre qu’un garçon de dix-huit ans comme Horia. »     

     

    Le tournage a eu lieu dans des décors naturels spectaculaires de Roumanie

    Liviu Cheloiu, Daniela Nane, Mihaela Velicu, Dragoș Olaru et Robert Onofrei font eux-aussi partie de la distribution du film « Horia ». Le tournage a eu lieu dans des décors naturels spectaculaires de Roumanie, des sites que le public aura l’occasion de découvrir sous une nouvelle lumière. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • L’exposition installation « Résurrection » de l’artiste Eugen Raportoru

    L’exposition installation « Résurrection » de l’artiste Eugen Raportoru

    Cette année, durant les mois d’avril et de mai, marqués par les fêtes pascales catholiques et orthodoxes, la Galerie d’art CREART de Bucarest accueille l’exposition installation « Resurectie/Résurrection » de l’artiste visuel Eugen Raportoru. La chromatique des créations, les gris déjà consacrés de l’auteur et d’autres éléments subtiles donnent la mesure d’une personnalité artistique complexe.

    Une exposition originale et sure mesure

    Daniela Sultana, commissaire de l’exposition, explique le concept de l’évènement:

    « Bienvenue au vernissage de l’exposition personnelle de l’artiste visuel Eugen Raportoru, accueillie par CREART, le Centre de création, art et tradition municipal de Bucarest. Comme à l’accoutumée depuis au moins une année, nous essayons de lier la thématique de l’exposition aux fêtes ou bien à certaines période de l’année. Cette fois-ci, l’événement est dédié aux fêtes pascales et couvre le laps de temps entre la Pâque catholique et la Pâque orthodoxe. C’est une exposition installation, seulement trois peintures de grandes dimensions représentant chacune une croix, la Crucifixion de Jésus et des deux brigands sur le Golgotha. … Puisque c’est une occasion sobre, qui trouve son origine dans le texte biblique, la proposition est aussi sur mesure. Si les installations précédentes exposées à CREART présentaient un grand nombre d’éléments et de couleurs, celle-ci est minimaliste et monochrome. Juste trois ouvrages et trois non-couleurs – le blanc, le noir et le gri. »

    Lors du vernissage de l’exposition « Résurrection », à l’intérieur de la Galerie CREART, les invités ont pu sentir l’odeur purificatrice de l’encens. Etait-ce intentionnel de la part des organisateurs ? Daniela Sultana répond à la question:

     « Evidemment, c’est l’élément proposé par l’artiste pour ajouter un élément olfactif au concept artistique. Tout le monde sait qu’il avait déjà créé des installations légendaires, il y en a eu une achetée par la Musée d’art contemporain, une autre a été présentée à l’Institut culturel roumain de Londres, au Musée du Paysan roumain, à Bucarest, et à la cinquante-neuvième Biennale de Venise. Par le projet actuel, Eugen Raportoru continue avec sa pratique, qui oscille entre installation et peinture, cette peinture qui l’a consacré et sa chromatique-signature avec ces gris emblématique. »

     

    Qui est Eugen Raportoru, l’artiste qui se cache derrière l’exposition ?

    Daniela Sultana, la commissaire de l’exposition « Résurrection », a également esquissé un portrait de l’artiste visuel Eugen Raportoru:

    « Pour tenter une présentation de l’artiste visuel Eugen Raportoru, je rappellerais que cette année il a été nommé dans l’Ordre du Mérite culturel par le président de la Roumanie. Il est titulaire d’une licence et d’un master de l’Université des Beaux-Arts (UNARTE). Il est membre de l’Union des Artistes plasticiens depuis 2010 et il en reçu plusieurs fois le prix de peinture. Il est un artiste très actif, auteur de nombreuses expositions personnelles et de groupe, participant à des biennales, salons et foires de l’art locaux tels que Art Safari, le Salon d’art contemporain, ou bien le Musée d’art contemporain. Il est très actif aussi à l’étranger, par exemple à l’Académie royale des arts de Londres, au Vatican sous l’égide de l’ UNESCO, au Musée ethnique d’Oslo et de Stockholm et dans presque tous les musées du pays,  tels que le Musée municipal Bucarest, le Musée de la littérature, le Musée d’art moderne et contemporain Pavel Șușară également de la capitale, au Musée Brukenthal de Sibiu, au Musée d’art de Galați,  de Constanța, de Târgu Jiu, au Musée départemental Gorj et bien-sûr dans de nombreux centres et galeries d’art contemporain. »

    Daniela Sultana, commissaire d’exposition à la Galerie CREART, a aussi présenté les projets sur lesquels elle planche actuellement ainsi que l’offre en préparation pour le public amateur d’art :

    « Ensuite, à la Galerie CREART, nous accueillerons un projet dans le cadre de la Romanian Design Week – La Semaine du design roumain. Ce sera une nouvelle exposition installation d’un créateur de mode roumain connu aussi à l’étranger. Il s’agit de Dorin Negrău. Après, il y aura, bien évidemment, d’autres expositions personnelles, plutôt de type installation, car il faut tenir compte des dimensions de notre galerie. A cela s’ajoutera une exposition à Venise, dans le cadre de l’Institut culturel et de recherche humaniste roumain. » (Trad. Ileana Ţăroi)

  • La Foire du livre de Londres

    La Foire du livre de Londres

    Exprimée de manière synthétique par le générique/motto « Vocile libertății / Voices of Freedom » (Les Voix de la liberté), la participation de la Roumanie à l’édition 2024 de la Foire du livre de Londres – un des plus grands événements ouverts aux professionnels du domaine littéraire –a mis en exergue toutes les générations d’écrivains autochtones qui ont créé en parfaite liberté de la parole. L’ICR a préparé un paquet qui a inclus lancements de livre, conférences et spectacles de spokenword, qui ont eu lieu sur le stand de l’Institut aménagé dans l’enceinte de la Foire du livre, au siège de l’ICR de la capitale britannique, à la bibliothèque Barbican et à Conway Hall.

     

    Eli Bădică, initiatrice et coordinatrice de la collection de littérature roumaine contemporaine « n’autor » du Groupe éditorial Nemira, a donné des détails sur la présence roumaine à la foire de Londres. « Il est certain qu’une telle foire est aussi ouverte au grand public, mais il n’y a pas de vente de livres. Elle ne ressemble pas à celles de Roumanie et leur programmation d’événements et de lancements de livres ; la foire de Londres est surtout dédiée aux agents littéraires, aux éditeurs, manageurs culturels, traducteurs, aux réseaux littéraires et commerciaux. C’est une foire importante pour moi et pour mes collègues de cette industrie, c’est la deuxième foire dans le monde, derrière celle de Frankfort, et c’est la raison de leur positionnement stratégique au printemps et en automne, puisque d’habitude on y achète les droits de traduction. Pour revenir à la participation de la Roumanie à Londres cette année, je dois dire qu’une partie des événements ont eu lieu au siège de l’ICR de la capitale britannique et deux autres ont été accueillis par des bibliothèques absolument splendides. Nous y avons assisté à des échanges très intéressants entre écrivains roumains, critiques littéraires et manageurs culturel, il y a également eu la présentation des quelques traductions en anglais de la littérature roumaine. Et là, l’on a encore une fois rappelé le fait que les traductions ne représentent que 3% du marché du livre anglo-saxon. C’est vous dire combien difficile est la mission de ces éditeurs de trouver des maisons d’éditions qui acceptent de publier des écrivains roumains sur ce marché du livre dominé par l’anglais. Moi-mêmej’ai rencontré à Londres des traducteurs, des éditeurs et des agents littéraires vraiment intéressés par les œuvres des écrivains roumains. Peu de gens savent qu’en règle générale, dans cet espace linguistique, les plans éditoriaux misent sur très peu d’écrivains de l’Est, parfois ce n’est qu’un seul par année éditoriale. Vous comprenez donc qu’il faut essayer de convaincre l’éditeur, le traducteur ou l’agent littéraire que l’écrivain est-européen à publier mérite d’êtreun auteur roumain. »

     

    La participation de la Roumanie

    La participation de la Roumanie à l’édition 2024 de la Foire londonienne  du livre a débuté par un événement consacré aux autrices roumaines et britanniques. Elena Vlădăreanu, initiatrice et coordinatrice du Prix « Sofia Nădejde » de littérature féminine contemporaine, a été présente à ce débat. Ecoutons ses impressions:

    « Une des écrivaines participantes à cet échange a été Alina Purcaru. Elle et Paula Erizanu coordonnent l’anthologie en trois volumes « Un Siècle de poésie roumaine écrite par des femmes », publiée par la maison d’édition Cartier. L’anthologie est très importante car Alina et Paula ont réussi à ramener dans l’actualité des autrices inconnues d’un très grand nombre de gens. Ce même débat a aussi bénéficié de la présence de deux écrivaines et philosophes britanniques particulièrement intéressantes, SuzannahLipscombet Hannah Dawson. Suzannah Lipscomb, spécialiste en histoire, a récemment créé un prix de littérature non-fiction, qui vient s’ajouter au prix de littérature de fiction qui existe au Royaume Uni. Le prix dont elle est l’initiatrice s’appelle Women’s Prize for Non-Fiction. Au débat organisé par l’ICR de Londres, Suzannah Lipscomb a raconté que l’idée du prix lui était venue en voyant que le milieu académique se rapportait surtout aux textes et aux études écrits par des hommes. Elle a ainsi voulu mettre en valeur les textes de non-fiction produits par des femmes, d’où le prix qui sera accordé pour la première fois cette année. A son tour, Hannah Dawson, spécialiste de l’histoire du langage, vient de publier aux Editions Penguin l’anthologie« The Penguin Book of Feminist Writing », fruit de ses recherches consacrées à plus de cent ans de littérature écrite par des femmes. Son intérêt principal a porté sur des thématiques féministes abordées par des textes jusqu’alors inconnus. Et elle a été surprise de trouver des textes très anciens, vieux même de plus d’un siècle, qui traitaient d’une manière parfaitement contemporaine des thématiques féministes, telles que l’égalité, le droit à l’éducation, le statut social des femmes, les relations familiales et sociales. »

     

    Mădălina Căuneac, Liliana Corobca, Cosmin Perța, Florentin Popa, Maria Stadnicka, Matei Vișniec, Marius Chivu, Bogdan Crețu, Alex Ciorogarși Susan Curtis, Iulian Morar, Gabi Reigh et Milena Deleva complètent la liste des participants aux événements organisés parl’ICR de Londres à la Foire du livre de la capitale britannique. (Trad. Ileana Ţăroi)

     

     

  • Femmes et maternité dans la préhistoire

    Femmes et maternité dans la préhistoire

    A la découverte des représentations de la féminité dans l’art préhistorique

    Le mois de mars célèbre le printemps et rend hommage à la féminité – deux symboles mondialement reconnus et associés à ce mois du calendrier. Le Musée national d’histoire de Roumanie (MNIR), situé dans le vieux centre de la capitale, a décidé à cette occasion d’organiser une exposition tout à fait originale, et dont nous parle Andreea Bîrzu, archéologue et muséographe :

    « Au mois de mars, le Musée national d’histoire de Roumanie accueillait l’exposition temporaire « Femmes et maternité dans la préhistoire. Représentations plastiques anthropomorphes neo-eneolitiques ». Une exposition qui, pour nous, rend hommage à toutes les femmes de tous les âges. »

    Quel est le concept de cette exposition proposé par le MNIR ? Andreea Bîrzu nous répond :

    « Le projet offre au public la possibilité extraordinaire de découvrir des artéfactes spectaculaires de cette période de notre histoire. Le discours de l’exposition s’articule autour d’objets archéologiques exceptionnels issus de la collection du musée, des statues de femmes miniatures, des vases et des sculptures vieilles de plus de 6000 ans. Expressives, dotées d’une grande charge émotionnelle et symbolique, nombre de ces représentations plastiques anthropomorphes sont de véritables chefs-d’œuvre de l’art préhistorique. »

    L’art de la simplicité et des détails

    Andreea Bîrzu nous a donné davantage de détails sur ces objets préhistoriques qui constituent la pièce maîtresse de l’exposition du MNIR :

    « Ces statuettes et vases représentent des figures de femmes dans leur plus grande diversité. La plus impressionnante, celle qui peut-être fera le lus réfléchir nos visiteurs, est celle représentant la maternité. Une maternité suggérée par certains détails anatomiques soigneusement choisis et modelés par les artisans de l’époque. On distingue les seins et le pubis, la poitrine saillante… Très souvent, ces pièces s’inscrivent dans un décors élaboré, orné de motifs géométriques ou en spirale, incrustés à la surface du corps et qui évoquent probablement des vêtements, des coiffures ou encore des tatouages. C’est très fort, très expressif et très chargé émotionnellement et symboliquement aussi. Beaucoup de ces représentations sont de véritables chefs d’œuvres de l’art préhistorique. »

    Qu’est-ce qui saute aux yeux des visiteurs de l’exposition « Femmes et maternité dans la préhistoire »? Andreea Bîrzu nous répond :

    « La pièce la  plus impressionnante représentant une silhouette féminine est celle de la maternité, suggérée par des détails anatomiques très subtiles et soigneusement modelés. La figure de la mère et son enfant, découverte à Rast, dans le département de Dolj, dans le sud-ouest de la Roumanie, est pour moi l’une des plus parlantes. »

    Que cela nous apprend-t-il sur nos ancêtres ?

    Que représentait ce type d’artéfacte pour les hommes et les femmes de l’époque ? Andreea Bîrzu nous explique :

    « Ces artefacts nous fournissent des informations particulièrement précieuses sur le développement de la communauté, sur les croyances, les préoccupations et les idéaux des peuples d’un passé lointain. Ils illustrent des canons esthétiques et religieux spécifiques au monde néo-énéolithique, perçus comme expressions de la réalité, d’aspects de la vie quotidienne, de l’identité des femmes, ou comme représentations de divinités, de fécondité et de fertilité, ou encore comme des objets de culte. L’existence de ces artefacts est étroitement liée à la vie spirituelle des sociétés préhistoriques, représentant à travers des images symboliques les valeurs et le principe de la féminité. La féminité et la maternité étaient certainement sources de significations complexes pour l’homme préhistorique, significations qui restent ancrées dans la conscience collective de l’homme moderne.»

    Comment le public a-t-il accueilli cette exposition du MNIR ? Andreea Bîrzu nous raconte :

    « La réaction des visiteurs face à ces objets, que certains voient pour la toute première fois, est très intéressante. La plupart m’ont dit qu’ils étaient enchantés par l’expressivité de ces pièces, par leur capacité à attirer et à retenir leur regard comme un aimant. Certains se sont également dit émerveillés par l’extraordinaire pouvoir d’abstraction des artisans préhistoriques, capables de restituer avec des moyens simples et rudimentaires l’essence de la féminité qu’ils transposaient dans ces figurines d’argile et d’os. »

    Un voyage dans le temps pour mieux comprendre notre rapport au monde d’aujourd’hui et notre imaginaire collectif autour de la figure de la féminité. L’occasion aussi d’en apprendre davantage sur nos ancêtres, ou tout simplement de passer un bon moment artistique.

  • Le documentaire « Amar», primé à Astra Film Festival

    Le documentaire « Amar», primé à Astra Film Festival

    Passer de derrières les barreaux à derrière la caméra 

    Le documentaire « Amar» de Diana Gavra a remporté le Prix pour les Nouvelles perspectives lors de l’édition 2023 du Festival Astra Film de Roumanie. Le film se penche d’une manière courageuse et intime sur un groupe de pickpockets pour qui le vol est un véritable « mode de vie ». La réalisatrice Diana Gavra offre à ses protagonistes suffisamment d’espace pour qu’ils arrivent à vivre en toute sincérité leur vie compliquée, en encourageant le spectateur à voir au-delà des clichés et des stéréotypes. Le personnage principal du film est Amar Răducanu, un jeune homme d’ethnie rom que la réalisatrice, Diana Gavra, a rencontré en 2021 alors qu’il lui avait volé  une enveloppe pleine d’argent. Diana a porté plainte au commissariat et les policiers ont identifié le jeune voleur sur les images enregistrées par les caméras de vidéosurveillance. A peine sorti de prison où il a purgé une peine pour vol, Amar a proposé à Diana de lui restituer l’argent à condition que celle-ci retire sa plainte. Sauf que la réalisatrice s’est rendue compte que pour remplir sa part du marché, le jeune homme aurait dû voler l’argent à quelqu’un d’autre. Pour éviter ce scénario, elle a proposé à Amar de retirer sa plainte à condition qu’il accepte de jouer dans son film documentaire. C’est comme cela que la collaboration entre les deux a commencé. Il convient de préciser que Diana Gavra était non seulement réalisatrice, mais aussi avocate, professeure des universités à l’Ecole nationale des études politiques et administratives, SNSPA et avait un doctorat ciblé sur l’Intégration des Roms. D’où son intérêt pour la vie d’Amar. Faire un film qui lui soit consacré a représenté un vrai défi, notamment parce qu’elle s’est vu obligée d’entrer en contact avec un monde totalement inconnu. Diana Gavra :

    « J’ai voulu que ce film mette le projecteur sur un monde totalement inconnu auquel j’arrive à attribuer une perspective humaine. J’ai voulu regarder tous ces jeunes tels qu’ils sont en réalité, avec leurs problèmes, leurs sentiments, leurs émotions, leurs désirs et leurs frustrations. Tout au long d’une année de tournage, je les ai observés  en train de participer à des mariages, des baptêmes, des enterrements, j’ai été témoin de tout ce qui est arrivé à Amar, à sa famille et à leurs proches. Or, leur réalité est différente de la nôtre. Nous vivons dans une bulle et nous avons l’impression que tout le monde pense comme nous et que voilà, s’entendre les uns avec les autres est très facile. Or, mon monde à moi et celui d’Amar arrivent à entrer en contact seulement en cas de conflit. Ce fut le cas en 2021 quand il a volé mon argent et que moi, j’ai déposé plainte au risque de le voir condamné à des années de prison. Mais, en réalité, nous ignorons complètement la manière dont ces gens vivent et eux non plus, ne savent pas à quoi nos vies ressemblent. Ils ignorent aussi les perspectives de vie différentes qu’ils pourraient avoir. C’est la principale raison pour laquelle j’ai décidé de faire ce film, pour projeter une nouvelle lumière sur leur univers et sur le nôtre aussi, tout en soulevant des problèmes de responsabilité sociale. Comme mon documentaire le montre, même s’il est né à Bucarest, au cœur de la ville, rue Episcop Radu, près de l’Avenue Mosilor, Amar est analphabète. Or, en Roumanie, nous menons des débats au sujet de l’analphabétisme fonctionnel et nous exprimons notre inquiétude face à la propagation de ce phénomène. Amar ne sait même pas écrire son prénom. Or moi, je n’arrête pas de me poser la question :  comment cela est-il possible qu’un enfant né au cœur de Bucarest, en 1986, soit complètement délaissé ? Il est vrai que sa famille ne l’a pas inscrit à l’école, que l’éducation ne représente pas un repère pour ses parents, mais pourquoi la société n’a rien fait pour lui ? Je me dis que les statistiques devraient mentionner que cet enfant n’a jamais fréquenté les bancs d’une école. N’avons-nous pas une responsabilité envers ces gens ? A l’époque de Chat GPT, comment se fait-il qu’un jeune comme Amar ne sache même pas écrire son nom ? »

    Pour Amar c’est plus qu’un film, c’est un autre monde

    Le documentaire « Amar » raconte les histoires de plusieurs individus issus d’un milieu défavorisé, en proie aux addictions, ayant vécu dans la rue ou derrière les barreaux des prisons européennes. Parmi eux, certains sont des causes perdues, d’autres se sont rattrapés et ont fini par s’intégrer au sein de la société. Au moment où il a fait la connaissance de Diana Gavra, Amar Răducanu avait 35 ans dont 13 passées en prison. La proposition de la réalisatrice a complètement changé sa vie, affirme-t-il :

    « Vous vous rendez compte que ce film m’a aidé à sortir de mon monde, ce monde criminel que j’aimerais bien quitté. J’ai une famille, j’ai des enfants, je ne veux plus retourner en prison, j’en ai marre de passer ma vie en taule. Je veux mener une vie meilleure, je veux avoir un toit. Et la proposition de Diana Gavra est tombée au bon moment pour me faire découvrir un univers que je ne connaissais pas du tout. Et j’aime bien cet autre monde. Dans un premier temps, quand le tournage a commencé, j’ai eu du mal à m’habituer à la caméra. Mais, petit à petit, cela a fini par me plaire et tous comme les autres protagonistes, j’ai compris comment me comporter devant la caméra ».

    Le documentaire AMAR est produit par Pintadera Film et Pro Omnia Cinéma, avec le soutien du Centre national de la Cinématographie. Le directeur de la photographie est Marius Panduru et le montage porte la signature de Eugen Kelemen et Monica Pascu. (Trad : Ioana Stancescu)

  • L’exposition « Victor Brauner. Entre onirique et occulte »

    L’exposition « Victor Brauner. Entre onirique et occulte »

    L’exposition « Victor Brauner. Entre onirique et occulte » est ouverte au rez-de-chaussée de la Galerie nationale du Musée national d’Art de Roumanie jusqu’au 30 avril prochain. Inaugurée au 1er décembre 2023, cette exposition souligne l’originalité, issue de sources autochtones, de l’œuvre de Victor Brauner ainsi que la contribution de l’artiste au mouvement surréaliste, lancé il y a cent ans, en 1924.

     

    Les sources de la création du maître

     

    Les plus de cent ouvrages exposés présentent les sources premières de la création du maître – la spiritualité populaire, sa propre sensibilité envers l’occulte et les pratiques ésotériques, ainsi que l’évolution de ses moyens artistiques vers une esthétique surréaliste. Călin Stegerean, directeur du MNAR, est également l’auteur du concept de l’exposition: « L’exposition présente des ouvrages et des objets empruntés au Musée national du village « Dimitrie Gusti » de Bucarest, dans le but de refléter cette sensibilité de l’artiste pour l’onirique et l’occulte. D’ailleurs, de nombreuses sources biographiques remarquent aussi bien cette sensibilité que la manière dont elle se retrouve dans son œuvre, notamment picturale. Notre exposition a aussi une importante composante faite de dessins, art graphique, aquarelles, gouaches et gravures, un domaine d’excellence de Brauner. Ce sont des ouvrages appartenant au Musée national d’art de Roumanie, mais aussi des créations empruntée au Centre Pompidou de Paris, au Musée d’Art moderne et contemporain de Saint-Etienne, au Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, ainsi qu’au Musée d’art visuel de Galați et au Musée du Pays des Criș d’Oradea. Je crois que nous avons réussi à ramener autant de créations grâce à la force de conviction de notre projet, une nouveauté dans le paysage muséographique international. Ces dernières années, plusieurs expositions ont été consacrées à cet artiste, dont celle de Timișoara en 2023, lorsque la ville de l’ouest de la Roumanie a détenu le titre de Capitale européenne de la culture. Pourtant, aucune de ces expositions n’a présenté l’œuvre de Victor Brauner en partant de ces coordonnées essentielles de sa création, l’onirique et l’occulte. En plus, comme en Roumanie il existe de nombreux ouvrages de l’artiste, je crois que cela a été une occasion pour les collectionneurs de les montrer au grand public. Notre exposition contient des revues et des livres d’avant-garde signés par Victor Brauner, qui proviennent de la Bibliothèque nationale de Roumanie, de la Bibliothèque métropolitaine Bucarest et de la Bibliothèque centrale universitaire Lucian Blaga de Cluj-Napoca. S’y ajoutent des documents inédits liés aux séances de spiritisme pratiquées par Bogdan Petriceicu Hașdeu, et qui nous ont été prêtés par les Archives nationales de Roumanie. »

     

    Victor Brauner est né dans la ville de Piatra Neamț (nord-est de la Roumanie) en 1903. 

     

    Après un périple à Vienne (en Autriche) et à Brăila (sud-est de la Roumanie), sa famille dépose ses bagages à Bucarest en 1918, où Victor Brauner s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts. En 1923, il entre en contact avec le mouvement d’avant-garde et il commence à écrire pour les plus importantes revues acquises à la cause: Contimporanul, Punct, Integral, Unu, Urmuz. Il participe également aux plus importantes expositions organisées par le groupe avant-gardiste, aux côtés de Marcel Iancu, M.H. Maxy, Hans Mattis-Teutsch, Milița Petrașcu. En 1932, Victor Brauner adhère au mouvement surréaliste mené par André Breton et prend part à plusieurs expositions du groupe. En 1938, il s’établit définitivement à Paris et il affronte de grandes difficultés durant les années de la deuxième guerre mondiale. Au lendemain de la guerre, il rencontre un succès artistique croissant en Europe et aux Etats-Unis. Lorsqu’il meurt en 1966, il était déjà reconnu en tant que représentant prestigieux du surréalisme.

     

    Victor Brauner – Le grand illuminateur totémique

     

    L’exposition accueillie par le MNAR présente également la section « Les illuminations successives » du film « Victor Brauner – Le grand illuminateur totémique » (2014) du réalisateur Fabrice Maze. Călin Stegerean nous en donne des détails : « C’est une exposition que nous présentons comme « Plus qu’une exposition, c’est une expérience ». Le public est invité à la visiter comme si c’était une expérience sensorielle, qui reconnecte l’individu et les arts visuels. La scénographie, très spéciale, se propose à introduire une dimension onirique à travers la configuration même de l’espace  et les couleurs des murs sur lesquels les œuvres sont accrochées. Nous avons voulu offrir au public plusieurs types de message ; certains sont les textes qui accompagnent les différentes sections de l’exposition, mais ce n’est pas que ça. Les couleurs sur les murs changent et la géométrie de l’espace ne ressemble en rien aux expositions temporaires précédentes de notre musée. En fait, je crois que c’est aussi une première internationale, et je le dit parce que j’en ai réalisé une documentation minutieuse. »

     

    Le Musée national d’art de Roumanie détient huit toiles et deux ouvrages d’art graphique de l’artiste Victor Brauner. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Film O’Clock International Festival

    Film O’Clock International Festival

    Pour la compétition de courts-métrages, l’équipe du festival avait choisi 10 productions des 8 pays mentionnés, certaines en étant déjà nommées et/ou récompensées à des festivals du film tels que ceux de Berlin, Sarajevo, Jihlava ou bien San Sebastian.

     

    Des prix accordés par le public et par le jury respectivement.

     

    Mirona Radu, directrice du Festival Film O’Clock, a expliqué le processus de sélection de cette quatrième édition: « Chaque année, nous avons essayé de consolider le festival en y ajoutant un nouveau pays. Nous avons commencé avec cinq pays et nous en sommes arrivés à huit. Et notre rêve est bien-sûr de nous attaquer aussi à d’autres fuseaux horaires, d’atteindre d’autres zones, car les gens sont d’abord et avant tout intéressés par le concept. Ce qui est spécial c’est que le même film est projeté en même temps dans des pays très différents et très éloignés les uns des autres. Des projections simultanées il y en a déjà eu en Europe, mais cette fois-ci nous avons ajouté ces deux films africains, ce qui nous a permis d’aller au-delà des frontières de notre continent. Cette année, la sélection a été difficile, parce que nous avons reçu un grand nombre de bons films … nous en avons regardé une bonne centaine. Ce qui est une bonne chose, qui montre un gain de visibilité pour nous, ainsi que la confiance faite par les gens à notre concept, à notre sélection. Cela nous a réjouis, évidemment, mais, comme je viens de le dire, le processus a été difficile. Nous avons été trois sélectionneurs et, parfois, nous avons eu des échanges assez vifs, peut-être aussi en raison de nos backgrounds différents. En plus de moi-même, il y a eu Andrew Mohsen d’Egypte et Zhana Kalinova de Bulgarie. De toute évidence, il ne nous a pas été facile de trouver une formule commune ni de réaliser une sélection satisfaisante pour toutes les catégories de public, surtout que notre public est assez particulier, car originaire de tant de pays. En même temps, le processus de sélection a été intéressant, vu qu’il a permis à chacun de nous d’apprendre quelque chose de nouveau. Nous ne privilégions pas un genre ou un autre, ce qui fait que notre programmation contient aussi bien des films de fiction que des films animés. Cette année, nous avons aussi accueilli un film documentaire. En plus, nous ne nous proposons pas de choisir un nombre précis de films. Nous aurions aimé choisir davantage de productions pour l’édition 2024, mais cela a été impossible à cause de la durée de 20, 25 et même 30 minutes de la plupart des films. »

     

    Trois des productions inscrites dans la compétition internationale venaient de Roumanie.

     

    Il s’agit de « Suruaika » de Vlad Ilicevici et Radu C. Pop, « When The MIGs Fly » de Philip Găicea et « Hypatia » d’Andrei Răuțu. Une autre production est arrivée de République de Moldova – « Bad News » de Liviu Rotaru.

     

    Le Festival international Film O’Clock a également inclus  deux conférences, a précisé Mirona Radu: « À chaque édition, nous ajoutons au programme du festival deux conférences dédiées plutôt aux professionnels de l’industrie cinématographique. Je dis ça parce que les invités sont d’habitude de tels professionnels et les thèmes débattus sont plutôt de niche. Mais le grand public peut évidemment y assister. Cette année, l’une des conférences s’est concentrée sur la relation entre le patrimoine et l’intelligence artificielle. Notre intention a été de mettre en relation le passé et le présent, avec un regard explorateur vers l’avenir. L’intelligence artificielle, un sujet très débattu d’ailleurs, peut s’avérer utile pour la sauvegarde du patrimoine. Je me réfère spécifiquement à la préservation des films d’archives ou des films parlés dans des langues moins connues. En Afrique du Sud, par exemple, où il existe 11 langues officielles, une compagnie a mis en œuvre un projet très intéressant, déroulé avec l’aide de l’IA. L’idée est de recourir à l’IA pour sauvegarder le film et la langue dans laquelle il est parlé, dans le contexte actuel, d’une mondialisation toujours plus forte. La seconde conférence a eu pour thème la santé mentale, sujet important et très débattu. En matière de santé mentale, il faut reconnaître que, si l’on ne réussit pas à se maintenir dans un cadre et dans des limites bien définis, l’industrie cinématographique est ou peut devenir un environnement toxique. »

     

    Chaque court-métrage projeté au Film O’Clock International Festival a offert une perspective unique sur la culture du pays d’origine ou bien il a essayé de faire voyager le spectateur dans un espace imaginaire, sans rapport avec un quelconque État réel. Les liens de famille, les changements sociétaux, le réalisme émouvant et l’imagination sans frontières, font partie des thèmes explorés dans les courts-métrages présentés cette année, a précisé Zhana Kalinova, critique de film et membre de l’équipe de sélectionneurs du Film O’Clock International Festival. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • L’exposition « Entre la Roumanie et la France. Un remarquable parcours d’art plastique »

    L’exposition « Entre la Roumanie et la France. Un remarquable parcours d’art plastique »

    L’exposition annuelle de la Pinacothèque de Bucarest, appartenant au Musée municipal (MMB), est bien spéciale puisqu’elle s’inscrit dans le contexte général de la célébration des 30 années de francophonie institutionnelle en Roumanie. Ainsi, le Palais Suțu, composante emblématique du MMB, accueille, jusqu’à la fin du mois de septembre, l’exposition « Entre la Roumanie et la France. Un remarquable parcours d’art plastique ».

     

    Roumanie/France un lien intrinsèque

     

    La directrice adjointe du MMB, Elena Olariu, donne davantage de détails: « L’exposition a été ouverte le 17 novembre 2023 et elle restera ainsi jusqu’à la fin du mois de septembre de cette année, donc suffisamment longtemps pour que les amateurs d’art puissent la visiter. L’année dernière, la Roumanie a fêté 30 ans d’appartenance à la francophonie institutionnelle et cette exposition fait partie des événements organisés à cette occasion. Les œuvres exposées mettent toutes en évidence l’idée la plus importante, qui celle du lien intrinsèque entre l’art roumain et l’art français. Pendant la seconde moitié du XIXème siècle et, surtout, la première partie du XXème, jusqu’à l’instauration du régime communiste, les jeunes roumains allaient ailleurs en Europe pour étudier l’art. Ils choisissaient Munich ou Paris et sa célèbre École des Beaux-Arts, car, pendant la seconde moitié du XIXème siècle du moins, la capitale française était devenue le centre mondial de l’art. »

     

    Aman, étudiant à Paris

     

    Parlant de l’histoire de la francophonie roumaine du point de vue des arts plastiques ainsi que de l’attraction exercée par la France et sa capitale sur les artistes roumains, Elena Olariu a évoqué le début de l’art moderne en Roumanie et la création de l’école supérieure des arts grâce aux efforts du peintre Theodor Aman (1831-1891) : « C’est dans la capitale de la France que Theodor Aman, par exemple, se rend aussi pour faire des études d’art complètes à Paris. Il commence même à exposer ses ouvrages dans des salons parisiens officiels, qui étaient en fait des expositions d’art de grandes dimensions, les plus grandes d’Europe, où exposaient les artistes français bien-sûr, mais aussi ceux qui étudiaient en France ou qui choisissaient de rester à Paris après la fin de leurs études afin de se construire une belle carrière. Theodor Aman réalise donc son grand rêve de faire des études dans la capitale européenne des arts et il rentre ensuite en Roumanie où il fonde l’Ecole des Beaux-Arts. »

     

    Les grands peintres roumains, influencés par la France

     

    La directrice adjointe du MMB a rappelé les noms de grands peintres roumains (tels que Nicolae Grigorescu 1838-1907, Ion Andreescu 1850-1882, Ștefan Luchian 1869-1916), dont des toiles peuvent être admirées dans l’exposition accueillie par le Palais Suțu, des artistes influencés par la France et ses liens artistiques: « Un autre grand artiste, le grand maître et peintre national Nicolae Grigorescu, se rend lui aussi à Paris pour approfondir ses études artistiques. Parmi ces artistes, il y en avait beaucoup qui étaient en fait des peintres d’église et ils se rendaient dans la capitale française pour apprendre l’art moderne, la peinture de chevalet, comme on dirait de nos jours. Même chose pour Andreescu. Après eux, Ștefan Luchian, qui avait choisi Munich pour étudier dans un premier temps, arrivait lui aussi à Paris où il est resté pendant un certain temps. Ce pèlerinage, disons, très intéressant entre Munich et Paris dure un certain temps. »

     

    Theodor Pallady et Henri Matisse, une relation extraordinaire

     

    Elena Olariu rappelle également l’extraordinaire relation entre le peintre roumain Theodor Pallady et le grand peintre français Henri Matisse: « En France, les artistes roumains rencontrent de grands maîtres français… Pallady, par exemple, se lie d’amitié avec Matisse, … pour ceux qui ne connaissent par l’histoire extraordinaire des blouses roumaines, il faut dire que Pallady offre au grand peintre français une petite série de blouses traditionnelles brodées à la main. Matisse crée une série importante d’ouvrage d’art graphique, mais aussi de tableaux inspirés par ces blouses enfilées par de jeunes femmes, qui sont ses modèles. … A noter ce fait très important des extraordinaires liens artistiques, mais aussi de mise en lumière de la culture roumaine en général. »

     

    L’exposition « Entre la Roumanie et la France » contient également des œuvres signées par Ștefan Popescu, formé à Munich et à Paris ; par Kimon Loghi, Iosif Iser, Max Arnold, Ștefan Constantin et de nombreux autres artistes qui oscillent entre la Roumanie et la France ; ou encore Cecilia Cuțescu-Storck. Selon Elena Olariu, l’exposition reflète parfaitement les importantes relations établies entre la Roumanie et la France notamment à l’entre-deux-guerres et l’apogée atteint à l’époque par l’art roumain. (Trad. Ileana Ţăroi)

     

  • « Mrs. Buică » – un documentaire réalisé par Eugene Buică

    « Mrs. Buică » – un documentaire réalisé par Eugene Buică

    Présent
    dans la compétition nationale de la trentième édition du Festival international
    du film documentaire ASTRA, le documentaire « Mrs. Buică », du
    réalisateur Eugene Buică, est sorti dans les salles de cinéma de Roumanie à la
    fin de l’année dernière. Après avoir fui la Roumanie à l’époque communiste, une
    famille vit son Rêve américain, sans pour autant pouvoir se débarrasser des
    tares de son âme balkanique. Amour, scandale, tragédie et mariage échoué des
    parents sous le regard d’un fils qui documente tout. Lorsqu’une partie des
    membres de la famille Buică revient brièvement en 1998 dans leur pays natal,
    madame Buică attaque son mari en faisant des commentaires malveillants sur un ton badin. Leur fils, Eugene, réussit à capter la
    relation dysfonctionnelle de ses parents, alors que leur mariage se désintègre.
    En l’an 2000, Eugene arrive à filmer à New York des interviews professionnelles
    avec chacun de ses géniteurs.

    « Mrs. Buică » est un repère important pour
    la carrière d’Eugene Buică, qui se distingue par des réussites remarquable en
    tant qu’acteur, réalisateur, écrivain et professeur. Le documentaire dont il
    est question dans notre rubrique rassemble des images filmées en Roumanie et en
    Amérique durant 24 ans. Bien qu’il ait travaillé avec de nombreux acteurs qui
    ont été ses étudiants, Eugene Buică affirme qu’il a rarement rencontré des
    comédiens meilleurs que ses propres parents, dont il a voulu raconter
    l’histoire personnelle. « Quand j’ai commencé à travailler sur ce film en 1998,
    je m’étais rapidement rendu compte, que
    ces gens, mes parents, aimaient la caméra, qui, visiblement, les aimait aussi.
    C’est pour ça qu’ils oublient très vite la présence de la caméra et le fait
    qu’ils sont filmés. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’il n’y a aucune
    censure quand ils parlent. Ils retrouvaient leur naturel en un rien de temps et
    c’est pour ça que, comme je l’ai déjà dit, ça ressemblait à un travail avec des
    acteurs professionnels, extrêmement dynamiques, en train de raconter une
    histoire. On m’a demandé si ce film a eu un côté thérapeutique pour moi et j’ai
    répondu que ce n’était pas mon intention, que moi j’étais bien. Mon idée a été
    de raconter une bonne histoire, de faire un bon film. Si j’avais trouvé une
    meilleure histoire à la fin des années 90, j’aurais fait un autre documentaire.
    L’histoire que je raconte est liée à ma famille, mais ce n’est pas pour ça que
    j’ai choisi de la raconter. J’ai fait ce film parce qu’il a un effet
    dramatique, les gens rient, les gens pleurent, c’est l’idée. J’ai toujours
    voulu raconter une bonne histoire et non pas ennuyer les gens qui passent deux
    heures dans une salle de cinéma. Je crois qu’il faut offrir aux spectateurs
    quelque chose qui les touche d’une manière ou d’une autre.
    », considère-t-il.


    Eugene
    Buică est né à Bucarest; sa famille s’installe à New York quand il a dix ans. Après des études à l’Université de Pennsylvanie, il obtient le diplôme de la Neighborhood Playhouse, à New York, où le légendaire Sanford
    Meisner lui a enseigné l’art de l’acteur. Il a joué dans plus de
    cinquante pièces de théâtre, films, séries télévisées et pubs. En réalisant le
    documentaire « Mrs. Buică », Eugene Buică raconte l’histoire
    personnelle, sincère et tendue, de ses propres parents, une histoire qui ressemble à une
    symphonie, malgré toutes leurs mésententes et querelles. « J’ai aussi pensé à ce film comme à un
    devoir envers mes parents. Je sais que c’est une histoire à risque, mais
    j’ai choisi de la raconter, car en fin de compte toutes les choses importantes
    portent en elles un élément de risque. Et je peux dire que je suis très content
    d’avoir réalisé ce documentaire. Les risques sont constamment présents, que ce soit théâtre, cinéma, mise en scène, écriture, art en général. De plus, tout
    le monde aura une opinion et il va y avoir des gens qui n’aimeront pas le
    résultat votre travail. Ce qui me fait plaisir c’est que la plupart de ceux qui
    ont vu mon documentaire ont exprimé des opinions particulièrement favorables.
    Si je n’ai pas réussi à répondre à toutes les attentes, eh bien, ça arrive, ce
    n’est pas un problème pour moi. J’aurais été plus déçu de réaliser un film
    conventionnel, qui ne fâche ni dérange qui que ce soit, un film ennuyeux dans
    lequel mes parents se parlent gentiment et se complimentent l’un l’autre. J’aurais
    pu faire ça aussi, mais une telle histoire n’aurait été ni la mienne ni la leur. »
    , affirme-t-il.


    Entre
    2000 et 2019, Eugene Buică a été le directeur artistique et fondateur de
    l’Académie d’art de l’acteur « The Acting Corps », où plus 4 700
    acteurs américains et internationaux se sont formés. (Trad. Ileana Ţăroi)




  • La personnalité d’Alexandru Tzigara-Samurcaş – présentée au Musée du Paysan roumain

    La personnalité d’Alexandru Tzigara-Samurcaş – présentée au Musée du Paysan roumain

    Alexandru
    Tzigara-Samurcaş (1872 – 1952) a été un ethnographe, muséologue et journaliste culturel,
    personnalité importante de la culture roumaine pourtant oubliée durant le
    régime communiste de Roumanie. Proche de la famille royale et du roi Carol I
    (1839 – 1914), Alexandru Tzigara-Samurcaş a créé en 1906 le « Musée
    national », institution sur laquelle s’est coagulé plus tard l’actuel
    Musée national du Paysan roumain.

    Inaugurée dans les salles de l’établissement
    culturel de Bucarest en 2022, une exposition continue à rendre hommage depuis à
    la personnalité du fondateur du musée. Virgil Ştefan Niţulescu, directeur du
    Musée du Paysan roumain, nous donne davantage de détails : « Alexandru Tzigara-Samurcaş, également auteur d’un livre
    fondamental de notre culture – « Muséographie roumaine », a été
    célébré l’année dernière à l’occasion du 150ème anniversaire de sa
    naissance et du 70ème anniversaire de sa mort. Nous lui avons rendu
    hommage à travers cette exposition ouverte le 24 novembre 2022. Le projet
    initial était de la fermer au bout de six mois, mais nous nous sommes rendu
    compte que la réouverture de notre exposition permanente n’était pas encore
    prête et puis aussi que l’exposition « Alexandru Tzigara-Samurcaş,
    fondateur du Musée national » contenait de nombreux objets jamais
    présentés auparavant. Car tous ces objets exposés, à quelques exceptions près
    appartenant à la collection de la famille et à celle du musée, des objets
    personnels de Samurcaş, tous les autres donc ont été collectés par lui et
    déposés dans les entrepôts de l’établissement. Il y en a eu qui ont été
    présentés à l’occasion de l’exposition organisée par lui-même après la fin de
    la Première guerre mondiale. D’autres objets n’ont jamais été exposés, pour des
    raisons diverses. Donc nous avons voulu les mettre à la disposition du public,
    car Tzigara-Samurcaş est malheureusement très peu connu. »



    Virgil
    Niţulescu a parlé avec admiration de la personnalité du fondateur du Musée du
    Paysan roumain, Alexandru Tzigara-Samurcas : « Il a
    été une personnalité tout à fait remarquable de la culture nationale, un homme
    plurivalent qui a réalisé énormément de choses. Je me suis même demandé comment
    a-t-il trouvé le temps d’en faire autant ? Car il a non seulement été le
    directeur de ce musée pendant 40 ans, de 1906 à 1946, mais il a aussi géré les
    « Fondations royales » et il a occupé le poste de directeur de
    plusieurs publications culturelles. Il a sillonné la Roumanie pour
    photographier et collectionner des objets ; il a visité d’autres pays,
    notamment l’Italie et l’Allemagne. Il avait d’ailleurs une formation culturelle
    allemande, c’est dans cet espace-là qu’il avait eu son doctorat. »



    Selon
    le directeur du Musée du Paysan roumain, le public devrait garder en mémoire
    plusieurs choses concernant Alexandru Tzigara-Samurcaş et la collection qu’il a
    léguée à la culture roumaine : « Ce qui est important
    chez Tzigara-Samurcaş et ce qui le distingue en même temps de tous les autres
    muséologues à avoir collectionné ce type de biens culturels, c’est le fait que
    lui-même ne se croyait pas ethnographe et
    qu’il avait essayé de collectionner des objets qu’il trouvait
    « beaux ». … Alexandru Tzigara-Samurcaş a essayé de… comment
    dire ?… de mettre en opposition l’art qu’il définissait comme national,
    c’est-à-dire de très beaux objets, réalisés par des paysans roumains anonymes,
    et l’art aulique occidental… Autrement dit, selon lui, cet art, réalisé par des
    artistes paysans anonymes, nous donne notre identité. … C’est bien ça le type
    de collection que nous lui devons et notre musée continue d’être marqué encore
    aujourd’hui par sa façon de penser. Toutes nos collections rassemblent des
    objets qui sont beaux, sans être nécessairement représentatifs. … C’est la
    manière dont les objets ont été collectés qui rend la collection de notre musée unique. »



    Quel
    est le poids culturel de l’exposition ouverte au Musée du Paysan roumain ?
    Virgil Niţulescu a répondu : « Je voudrais ajouter
    le fait qu’Alexandru Tzigara-Samurcaş a eu presqu’une attitude d’érudit de la
    Renaissance. Sa culture était vaste, il s’intéressait à tout ce qui était
    autour de lui, à la vie de la cité, comme on dit, à toutes les évolutions dans
    la culture roumaine. … Une telle personnalité a sciemment été oubliée après le
    coup d’état communiste du 30 décembre 1947. … A présent, nous avons pu
    constater l’intérêt grandissant pour la personnalité de Tzigara-Samurcaş, dont
    on parle de plus en plus dans l’espace public. »



    Virgil
    Niţulescu, le directeur du Musée du Paysan roumain de Bucarest, espère que
    l’établissement de culture atteindra ses objectifs premiers en 2024 : « Certes, je souhaite que nous puissions rouvrir notre exposition
    permanente dans le courant de cette année, mais je dois dire aussi qu’il nous
    sera difficile de nous séparer de cette exposition temporaire dédiée à Tzigara-Samurcaş.
    Je précise, pourtant, que certains des objets exposés actuellement le seront
    aussi dans l’exposition permanente, donc notre public aura la chance de les
    revoir. »



    L’exposition
    temporaire consacrée à l’ethnographe et muséologue roumain Alexandru
    Tzigara-Samurcaş reste ouverte, en attendant la réouverture de l’exposition
    permanente du Musée du Paysan roumain de Bucarest. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • L’exposition « Pèlerin » de l’artiste plasticien Vlad Ciobanu

    L’exposition « Pèlerin » de l’artiste plasticien Vlad Ciobanu

    Pèlerin, la toute dernière exposition de Vlad Ciobanu

    Le début du
    mois de décembre 2023 a donné lieu au vernissage d’une exposition accueillie
    par la Bibliothèque municipale Bucarest (BMB), dans le cadre de l’Artothèque
    BMB. Portant le titre « Pelerin / Pèlerin », l’exposition réunit les
    dessins d’un des plus talentueux et appréciés artistes plasticiens
    contemporains – Vlad Ciobanu. Malheureusement, ce fut sa toute dernière
    exposition, car il nous a subitement quittés à l’âge de 75 ans. Il est un des
    sculpteurs roumains contemporains les plus connus, formé à l’Institut des
    Beaux-Arts de Bucarest, dont les œuvres ont pu être admirées à des salons et
    expositions personnelles et collectives, en Roumanie et à l’étranger.

    Quel concept?



    Dans un de ses très probablement derniers entretiens avec les médias, le
    regretté artiste plasticien Vlad Ciobanu nous a parlé du concept et du choix des créations présentées
    sur les cimaises de la Bibliothèque municipale Bucarest:


    Vlad Ciobanu: « J’ai exposé des ouvrages, des
    dessins, principalement de deux cycles – « Pelerin/Pèlerin » et « Pământ
    rugător/Terre implorante ». Vous avez pu constater que c’est un style
    figuratif en quelque sorte, en ce sens que je suis parti de l’idée du pèlerin
    en quête d’un but, et que, justement, cette quête et ce but le transforment et
    le construisent. Lui, il devient cet enjeu, cette cible, cette quête. La terre
    implorante veut dire de nombreuses bornes religieuses, consacrées, dans ce
    monde. Cette terre est transfigurée du fait d’être une terre des prières,
    consacrée en ce sens. Ce qui plus est, l’homme est lui-même une terre
    implorante, car Adam se traduit par « terre rouge/pământul roșu ».
    J’ai aussi exposé d’autres ouvrages en partant du rouge, du jaune et du bleu,
    assis sur l’idée facilement décelable, d’un hommage rendu à ce pays, que nous
    aimons malheureusement de moins en moins. En même temps, en matière de symbole
    des représentations chromatiques, le bleu est consacré au Père, le rouge au
    Fils et le jaune au Saint Esprit. Et c’est là que surgit le personnage qui se
    détache de la Trinité et descend pour notre rédemption. Ces trois couleurs sont
    liées ensemble et pour moi elles sont plutôt des prières. Il y existe peut-être
    aussi une sorte de réflexion, mais pour moi ce sont des façons de prier. J’ai
    deux autres dessins, inspirés par une Élégie de Nichita Stănescu. Nous étions
    comme des frères et, puisque le 13 décembre il y a eu 90 ans depuis sa
    naissance et 40 ans depuis son départ final, j’ai ressenti le besoin de
    l’évoquer. »



    Des projets qui, malheureusement, n’auront plus lieu



    Qu’est-ce que l’année 2023 a apporté à l’artiste Vlad
    Ciobanu? Et quelle est l’explication du choix de présenter exclusivement des
    dessins dans l’exposition accueillie par l’Artothèque BMB?


    Vald Ciobanu: « J’ai travaillé sans trop
    avancer, mais les recherches sont moins visibles que les réussites. J’ai aussi
    voulu montrer de la sculpture, mais j’ai voulu voir d’abord comment s’accordent
    les dessins, s’ils sont en mesure de coaguler un monde, pour ramener la
    sculpture après. Si les dessins allaient devenir parasitaires, je les aurais enlevés,
    pour ne garder que ce qui s’inscrirait d’une façon organique dans l’exposition.
    Finalement, j’ai renoncé à la sculpture, car l’exposition a tout naturellement
    été fermée du 21 décembre au 7 janvier, car la salle appartient à la
    Bibliothèque Sadoveanu (BMB). J’ai donc pensé que l’effort était assez important pour
    une visibilité fort réduite. D’ailleurs, je referai cette exposition dans une
    autre salle, on va voir, car celle-ci est plutôt petite et malheureusement
    discrète, comme vous le savez. Mais, en clair, l’exposition est avant tout faite pour que moi, je puisse me rendre compte si les choses peuvent continuer dans
    cette direction et si mes créations constituent un monde, un univers à part, si
    elles proposent quelque chose de palpable. Et il me semble que ça peut
    continuer comme ça. Alors, pour répondre à votre question, 2023 a été une bonne
    année, puisque j’ai réussi à arriver à une conclusion, certes provisoire, mais
    conclusion quand même. »




    Puisque l’année 2024 est à son début, s’annonçant bien
    chargée du point de vue du travail et des événements culturels, Vlad Ciobanu nous
    a parlé de ses projets en matière d’expositions et de symposiums artistiques:


    Vlad Ciobanu: « Aux
    symposiums, l’on est invité. À présent, je ne fais plus commissaire
    d’exposition. Pour les symposiums, on va voir… ce sera peut-être à Ploiești, je
    ne sais pas… mais je prépare une exposition à Iași, à la Salle Cupola, et une
    autre, grande, façon rétrospective, pour 2025 au Palais de la culture de Iași.
    Moi je suis originaire de Moldavie, donc je commencer là-bas et ça va
    probablement occuper presque tout mon temps. Je suis aussi en train d’écrire
    deux-trois livres, mais ce n’est pas un travail systématique, parce que la
    sculpture ne me laisse pas trop libre. Pour l’instant, j’ai des projets. Pourvu
    que Dieu me garde en bonne santé. J’espère qu’il a encore prévu des choses pour
    moi.»



    Le sculpteur Vlad Ciobanu était en
    train de préparer une rétrospective d’envergure pour 2025, à Iaşi (au nord-est
    de la Roumanie). L’exposition sera malheureusement posthume. (Trad. Ileana
    Ţăroi)



  • Cuza 150

    Cuza 150

    Fin octobre, le Musée national d’Histoire de la Roumanie a accueilli le
    vernissage de l’exposition commémorative Cuza 150 qui, comme le nom
    l’indique, a marqué 150 années écoulées depuis la mort du prince régnant
    Alexandru Ioan Cuza (1820-1873), premier dirigeant des Principautés roumaines
    unies.

    Ressusciter l’intérêt des Roumains pour cette figure de proue de l’histoire nationale

    Cornel Ilie, adjoint du directeur du Musée national d’Histoire et
    commissaire de l’exposition :


    L’exposition marque effectivement le 150ème anniversaire de la mort
    d’Alexandru Ioan Cuza. Mais, comme je l’ai déjà précisé par le passé,
    l’exposition n’est pas consacrée à la mort de ce grand homme politique, mais
    plutôt à sa vie et son activité. Les 150 années écoulées depuis la mort de Cuza
    sont plutôt un prétexte pour ressusciter l’intérêt des Roumains pour cette
    figure de proue de l’histoire nationale, non seulement moderne, mais dans son
    ensemble. Une figure dont le nom se rattache à un moment particulier important,
    à savoir l’Union des Principautés roumaines. Il y a toute une série
    d’événements et d’actions dont la contribution fut essentielle à la création de
    la Roumanie moderne. Notre exposition est consacrée non seulement au prince
    régnant Alexandru Ioan Cuza, mais aussi à l’homme qu’il fut. A un moment donné, je me suis dit que nous
    aurions dû intituler notre exposition Cuza, homme et prince, car avant d’être
    prince il fut un être humain avec des qualités, des défauts, des faiblesses,
    des passions, des amis dont certains meilleurs que d’autres, mais tous ayant un
    impact sur son règne et ses actions. Voilà pourquoi, le public qui visitera
    l’exposition aura la possibilité de retrouver Cuza dans ces deux hypostases.







    Comment l’exposition est-elle conçue pour
    présenter justement ces deux hypostases, de prince régnant et d’être humain?

    Cornel Ilie : Nous
    avons essayé de le faire grâce à des objets de patrimoine censés nous dire
    davantage sur la famille d’Alexandru Ioan Cuza, sur ses parents, son ascendance
    et sa vie d’avant, à l’époque où il était diplomate et militaire. D’ailleurs,
    en parlant de ça, il convient de préciser que dans tous les portraits,
    Alexandru Ioan Cuza apparaît en uniforme. On ne le voit jamais en costume.





    Qu’est-ce que les visiteurs peuvent voir dans le
    cadre de cette exposition?


    Cornel Ilie passe en revue les objets exposés: Il y a
    bien évidemment, plusieurs objets symboliques, comme par exemple, les deux
    trônes, celui d’Alexandru Ioan Cuza et de son épouse, Elena. Ce sont les mêmes
    trônes sur lesquels s’installeront par la suite, Carol et Elisabeth jusqu’en
    1881 quand ils seront sacrés roi et reine de Roumanie. Il y a ensuite le
    portrait de Cuza que tout le monde connaît et qui apparaît dans les livres
    d’histoire et que l’on doit à Carol Popp de Szatmari. Il y a aussi un tableau
    signé Theodor Amman, qui est, selon moi, le plus important ouvrage consacré à
    l’Union des principautés roumaines. Nous avons essayé de dénicher tous les
    personnages qui apparaissent sur cette toile pour permettre aux visiteurs d’apprendre
    le nom de chacun d’entre eux et savoir par la suite, qui sont ceux ayant
    contribué à l’Union des principautés roumaines. D’autres objets parlent de la
    réforme agraire, un moment particulièrement important quand les paysans sont
    devenus propriétaires de terres agricoles ce qui a entraîné de grands
    bouleversements dans la vie politique. Il y a des objets qui se rattachent à
    l’inauguration des premières universités roumaines à Iasi et Bucarest et
    d’autres en rapport avec la mise en place du premier système unique de mesures.
    Nous avons aussi des objets qui renvoient à la réforme militaire et à
    l’inauguration de toute une série d’institutions essentielles par la suite pour
    le pays: des institutions de cultures, des académies scientifiques, des
    instituts de beaux-arts, l’Institut de la Statistique ouvert en 1860, année du
    premier recensement de Roumanie. Les visiteurs pourront admirer aussi la
    première arme produite en Roumanie, par la Manufacture nationale d’armes. A tous
    ces objets d’autres s’ajoutent, issus de la vie personnelle d’Alexandru Ioan
    Cuza. Par exemple, des objets ayant appartenu à son épouse, Elena, ou d’autres
    qui parlent de leur vie de couple ou même des objets en rapport avec la
    relation extra-conjugale du prince régnant avec Maria Obrenovici.

    Une approche inédite



    Le commissaire d’exposition Cornel
    Ilie conclut: Je pense que le grand avantage de cette exposition est son approche
    différente par rapport aux autres expositions consacrées à Cuza ou aux
    événements qui le concernent. C’est une exposition qui mérite toute
    l’attention, ne serait-ce que par le fait qu’elle réunit des objets dispersés
    dans différents musées à travers le pays. Le public est attendu sur place pour
    mieux comprendre cette personnalité historique complexe qui se dévoile aussi
    bien comme prince régnant que comme simple être humain.
    (trad. Ioana Stancescu)

  • Monica Lovinescu aux éditions Casa Radio

    Monica Lovinescu aux éditions Casa Radio

    Une fois diplômée de la faculté de Lettres de
    l’Université de Bucarest en 1946, Monica Lovinescu commence à collaborer avec
    plusieurs publications culturelles. En 1947, elle obtient une bourse de l’Etat
    français et s’en va à Paris, affrontant un contexte de risques. Au lendemain de
    l’abdication forcée au roi Michel I, elle demande l’asile politique en France. Après
    quelques années durant lesquelles elle signe la mise en scène d’une série de
    spectacles d’avant-garde, en 1951 Monica Lovinescu se lance dans l’activité
    radiophonique. En 1962, elle commence à collaborer avec Radio Free Europe, où
    elle anime deux émissions hebdomadaires, avec une forte influence sur le grand
    public et dans les milieux culturels de Roumanie : « Actualitatea
    culturală românească/L’actualité culturelle roumaine »
    et « Teze şi
    antiteze la Paris/« Thèses et Antithèses à Paris »
    . Monica Lovinescu
    écrit aussi des articles et des études sur la littérature roumaine et
    l’idéologie communiste dans de nombreuses publications: East Europe, Kontinent,
    Preuves, L’Alternative, Les Cahiers de L’Est, Témoignages, La France
    Catholique. L’album « MONICA LOVINESCU. Şi am ales microfonul. Interviuri
    la Radio România (1993-2004)/MONICA LOVINESCU. Et j’ai choisi le micro.
    Interviews à Radio Roumanie (1993-2004) »
    , sorti aux éditions Casa Radio,
    inclut un livre et deux CD.

    La journaliste de Radio Roumanie Culture, Anca
    Mateescu, en signe une présentation générale ainsi que les interviews gravées
    sur les deux CD. Dorin-Liviu Bîtfoi, chargé de production aux éditions Casa
    Radio, donne des détails sur Monica Lovinescu et l’album qui lui est consacré : « Nous pourrions dire, même
    si c’est peut-être un cliché plein de vérité d’ailleurs, qu’elle est la voix de
    la dignité et de la conscience libre pour les Roumains de l’exil, mais aussi,
    et beaucoup, pour les Roumains du pays, qui l’écoutaient assidument à la radio. Ils le faisaient pour comprendre le
    quotidien du monde libre, mais aussi pour être au courant des abus perpétrés
    dans le monde fermé, le monde de Roumanie, le monde communiste. Le travail sur
    ce livre m’a procuré un grand plaisir, parce qu’il est très actuel pour ceux
    qui souhaitent apprendre des détails sur le passé récent et ses effets, puisque
    les effets sont encore visibles de nos jours. Il est très intéressant de lire,
    mais aussi d’écouter ce livre, l’album incluant également un audio-book. Les
    deux CDs avec les interviews de Monica Lovinescu sont le résultat d’une
    documentation et d’un esprit de suite admirables, je dirais même très rare à
    cette époque-là. C’est la raison de mon admiration pour la journaliste Anca
    Mateescu, pour sa ténacité. »


    Pour marquer le centenaire de la naissance de Monica
    Lovinescu, la Fondation Humanitas Aqua Forte et la maison d’édition Humanitas
    ont proposé un exercice d’admiration avec un agenda d’événements très riche sur
    l’ensemble de l’année 2023 – l’Année MONICA LOVINESCU.

    L’écrivaine Ioana
    Pârvulescu, présidente du jury de la première édition du Prix Monica Lovinescu,
    a été présente au lancement du l’album paru aux éditions Casa Radio : « Ce petit livre a une
    voix. Vous me direz que tous les
    livres ont une voix. Ce qui est vrai, mais ce livre-ci contient effectivement
    la voix de Monica Lovinescu. Il est né de la rencontre de deux journalistes en
    accord l’une avec l’autre et je dis haut et fort mon admiration pour Anca
    Mateescu. Elle est une journaliste extraordinaire, qui, en plus de préparer son
    interview, pose des questions incitantes. Elle pose des questions qui prouvent
    qu’elle maîtrise le sujet, qui ne vous coupent pas les ailes. Anca Mateescu a
    le don de poser la question juste, la question qui stimule, et cela est aussi
    évident dans ce livre. Le premier entretien de ce livre d’interviews avec
    Monica Lovinescu a été réalisé lorsque Anca Mateescu avait 27 ans, sa carrière
    journalistique et, comme la présentation le dit, il ne lui avait pas été facile
    d’approcher Monica Lovinescu, mais elle a fini par réussir. Et le résultat en
    est ce témoignage extraordinaire. Je suis sûre que la valeur de ce livre
    augmentera avec chaque année qui passe. Je disais que j’ai été surtout
    intéressée par l’interview où Monica Lovinescu parle de son père, Eugen Lovinescu,
    qu’elle regardait comme un père, mais dont elle a aussi dû accepter l’image
    publique de critique littéraire. L’interview sur le cénacle Sburătorul,
    coordonné par Eugen Lovinescu, est digne de l’histoire de la littérature et je
    vais probablement la recommander à mes étudiants, pour qu’ils apprennent des
    informations supplémentaires sur la littérature roumaine de
    l’entre-deux-guerres. »


    Les dialogues avec la journaliste Anca Mateescu retracent
    les moments ayant marqué le destin de Monica Lovinescu: le départ de Roumanie
    et le voyage à Paris, ses débuts en tant que metteure en scène dans la capitale
    française Paris, la rencontre avec le journaliste Noël Bernard, directeur du
    Service roumain de Radio Free Europe, son parcours littéraire, l’assassinat de
    sa mère Ecaterina Bălăcioiu-Lovinescu. Des personnalités de Roumanie et de
    l’exil son également évoquées dans cet ouvrage ; parmi elles, le père, le
    critique littéraire Eugen Lovinescu, Ion Barbu, Camil Petrescu, Dan Petraşincu, Eugène Ionesco,
    Stéphane Lupascu, Emil Cioran, Ion Negoiţescu, Ion Omescu. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • « Casse-noisette et le Roi des rats » – Prix UNITER du meilleur spectacle de théâtre radiophonique e

    « Casse-noisette et le Roi des rats » – Prix UNITER du meilleur spectacle de théâtre radiophonique e

    Le Prix UNITER du meilleur spectacle radiophonique a
    récompensé en 2002 la production « Casse-noisette et le Roi des
    rats » du département « Théâtre national radiophonique – Radio
    Roumanie », d’après le récit d’Ernst Theodor Amadeus Hoffmann. Le même
    spectacle a aussi été plébiscité par le public, les auditeurs lui ayant attribué le plus grand nombre de voix dans le
    cadre de la compétition en ligne « Le Pari du public » – tradition
    dédiée aux spectateurs, proposée et maintenue par l’Union théâtrale de Roumanie
    UNITER à travers le temps.

    La mise en scène, signée par la metteure en scène
    Diana Mihailopol, s’est également proposé de marquer le bicentenaire de la mort
    du célèbre écrivain romantique allemand. Attila Vizauer, rédacteur en chef du
    Théâtre national radiophonique, a parlé de la nouvelle vision portée par « Casse-noisette
    et le Roi des Rats » : « Le pari a été très
    intéressant. J’avais besoin d’une nouvelle version, plus fraîche, du récit « Casse-noisette
    et le Roi des rats » et j’ai invité Diana Mihailopol à réfléchir à la
    réalisation d’un spectacle radio d’après ce texte classique archiconnu. J’avoue
    que j’avais pensé à la possibilité d’obtenir en fin de compte quelque chose qui
    cartonne. Or, Diana Mihailopol a prouvé son intérêt pour le texte, qu’elle a
    traité avec une grande générosité, elle a aussi écrit une adaptation radio très
    réussie du récit. Elle est intervenue avec beaucoup de finesse sur le texte,
    qu’elle a confié à une distribution exceptionnelle: Marian Râlea, Diana Rotaru,
    Marius Manole, Lucian Ionescu, Rodica Mandache. Le spectacle final a été d’une
    grande beauté et, franchement, il a bien mérité le prix UNITER du meilleur
    spectacle du genre. »


    Pour Diana Mihailopol la proposition de mettre en scène
    un spectacle d’après le récit d’E.T.A. Hoffmann « Casse-noisette et le Roi
    des rats » avait été un « vrai défi » : « J’ai imaginé et mis en scène cette
    production pour un public plus large.
    J’ai été heureuse d’accepter cette proposition d’adapter ce texte pour la radio
    et, comme je l’ai déjà dit lors du Gala des prix UNITER, je me suis sentie très
    proche du récit. Mon adaptation s’adresse aux enfants, certes, mais aussi aux
    adultes et aux adolescents, en fait je crois qu’elle touche un public de tous
    les âges. Il y a dans ce spectacle plusieurs accents que tout le monde
    comprend, par exemple le mal incarné par le Roi des rats, lié à l’idée que le
    mal a toujours existé parmi nous. A la différence du happy-end du récit d’E.T.A.
    Hoffmann et du ballet de Tchaïkovski, dans ce spectacle le Roi des rats revient
    à la fin, malgré la victoire apparente du bien et les idéaux accomplis. Ce
    texte nous aide à comprendre les expériences de notre vie d’adulte, c’est
    l’histoire du passage à l’âge adulte de la petite Marie, ou Clara dans le
    ballet de Tchaïkovski. A travers ce passage d’un âge à un autre, la petite Marie
    réussit à trouver son véritable chemin. »


    Lors de la 31ème édition du Gala UNITER, l’actrice Olga
    Török, du Théâtre allemand d’Etat de Timişoara, a remis le prix du meilleur
    spectacle radiophonique 2022 à la metteure en scène Diana Mihailopol : « Ce fut une surprise
    d’abord parce qu’il s’agit d’un conte perçu comme étant écrit pour les enfants. Or ce genre de contes sont malheureusement
    considérés comme un genre littéraire mineur, malgré le grand nombre d’adultes
    qui les aiment et qui sont nostalgiques des contes du temps de leur enfance. Peut-être
    qu’aux yeux de certains, « Casse-noisette et le Roi des rats » n’est
    pas ou n’est plus un conte à lire en 2023, mais je trouve qu’il est très actuel
    et qu’il reflète aussi nos préoccupations. C’est également une adaptation qui
    bénéficie d’une distribution extraordinaire ; j’ai eu de la chance, car Alina
    Rotaru a accepté le rôle de la petite Marie, une fillette qui a peur de la
    disparition de l’innocence à travers le temps et d’une maturité compliquée par
    l’apparition d’autres sentiments. »




    Le spectacle « Casse-noisette
    et le Roi des rats » d’après E.T.A. Hoffmann et mis en scène par Diana
    Mihailopol, a aussi était récompensé au Gala de la neuvième édition du Grand
    Prix Nova – Radio România. Manuela
    Ciucur a reçu le prix de la meilleure actrice dans un second rôle pour son
    interprétation du rôle « Mme Mauserinks, reine des rats », tandis que
    le prix du meilleur premier rôle « Ilinca Tomoroveanu » a été
    attribué à l’actrice Alina Rotaru pour son interprétation de la petite Marie dans
    le même spectacle. (Trad. Ileana Ţăroi)