Category: Espace Culture

  • “Vers le Nord”, premier long-métrage de Mihai Mincan

    “Vers le Nord”, premier long-métrage de Mihai Mincan

    Premier
    long-métrage du cinéaste roumain, Mihai Mincan, « Vers le Nord » a
    été récompensé du Prix de la Critique lors de la 79ème édition du
    Festival international de film de Venise, en 2022. Primé dans le cadre de la
    section « Orizzonti »«Horizons » dédiée aux productions
    proposant de nouvelles approches esthétiques dans le cinéma, le film vient
    d’être projeté en première, dans les salles de cinéma de Roumanie. Il s’est vu
    également décerner le Prix du Public dans le cadre de la 13ème
    édition du festival des Films de Cannes à Bucarest. Considéré comme un thriller
    psychologique, Vers le Nord » représente l’une des productions
    cinématographiques les plus ambitieuses de la Roumanie des dernières années. Coproduit
    par cinq pays – la Roumanie (deFilm), la France (Remora Film), la Grèce (Studio
    Bauhaus), la Bulgarie (Screening Emotions) et la République Tchèque (Background
    Films), le film raconte l’histoire d’un passager roumain qui voyage
    clandestinement à bord d’un cargo qui traverse l’Atlantique pour arriver aux
    Etats-Unis. L’action se passe en 1996 quand Joel, un marin philippin découvre
    un beau jour sur son bateau un jeune homme roumain monté illégalement.
    Conscient des risques que le passager clandestin court, Joel essaie de le
    sauver. Ecrit en 2016, par Mihai Mincan, le scénario du film s’inspire d’un
    fait réel passé dans les années 90 quand un groupe de Roumains a tenté
    traverser clandestinement l’Atlantique caché dans un navire de charge.

    Mihai
    Mincan: « Même si mon scénario fut écrit vingt ans plus tard, l’histoire sur
    laquelle il repose m’a dit plein de choses sur le monde tel qu’il était à
    l’époque. On pourrait croire qu’à vingt ans depuis ce moment-là, le monde a
    beaucoup changé. Or ce n’est pas vrai. Plus que le phénomène de l’immigration,
    moi, je fus attiré par porter à l’écran le sentiment de peur, de peur de
    l’inconnu qui parfois prend la forme d’une autre personne. J’ai voulu comprendre
    comment c’est de confier sa vie entre les mains d’un inconnu. Voilà les raisons
    qui m’ont poussé à écrire ce scénario. Je l’ai déjà dit et je le redis, à force
    de parler des années 1996, j’ai fini par parler des années 2016, quand le monde
    a été secoué par nombre d’attentats terroristes. Ce fut l’année des attaques de
    Bruxelles ou de Nice quand au nom de la religion, des gens ont été tués. Ce fut
    à ce moment-là que j’ai senti que notre monde est au bord du précipice ».





    « Une
    représentation courageuse des situations qui se passent dans les eaux
    internationales. Une histoire sur les choix, sur la moralité, la bonté, le
    compromis, le courage et la peur. Un sujet qui nous invite à la réflexion
    jusqu’à la fin »
    . Ce sont les mots que la publication Intoscreens a
    choisis pour nous parler du film de Mihai Mincan.

    Le réalisateur affirme « Il est toujours difficile
    d’établir le bon équilibre dans nos rapports avec les autres. Or dans mon film,
    le risque de déséquilibre est encore plus grand que mes personnes appartiennent
    à des cultures différentes. D’ailleurs, au moment de l’écriture de mon scénario,
    je me suis intéressé de près au bagage
    culture et social de mes protagonistes. Quand il s’agit des rapports humains,
    les individus apportent chacun ses particularités. Sauf que parfois, les
    différences s’effacent dans des concepts plus larges, tels la pauvreté, par
    exemple. Pour mes deux personnages, la pauvreté est un lien, sauf que leurs
    approches diffèrent en fonction du bagage culturel de chacun d’entre eux. Je
    fus particulièrement intéressé par les différences de langage et par la manière
    dont ils bloquent la communication au moment où elle s’avère plus
    qu’essentielle. Je me suis dit que si mes protagonistes avaient pu parler l’un
    avec l’autre pour s’expliquer, la suite aurait été complètement différente. Je
    ne suis pas d’accord avec l’idée que le bien et le mal sont des concepts vagues
    qui prennent des formes différentes en fonction de chaque individu. Sauf que
    dans mon film, la situation est encore plus compliquée que l’enjeu de chaque
    personne s’avère très fort ».



    La production a
    bénéficie d’une équipe de top. Aux côtés du cinéaste Mihai Mincan, du directeur
    de la photographie George
    Chiper-Lillemark et de Dragos Apetri, en charge du montage, nous retrouvons une
    distribution internationale de prestige. Dans les rôles principaux: le jeune
    acteur roumano-allemand, Niko Becker et le Philippin, Soliman Cruz. Les
    dialogues se passent en six langues étrangères: anglais, tagal, espagnol,
    roumain, bulgare et chinois.



  • « La maison à poupées »

    « La maison à poupées »


    Le documentaire « La maison à poupées »,
    « House of Dolls » premier documentaire de Tudor Platon, a eu sa
    première internationale au Festival de Film de Sarajevo. Projeté pour la
    première fois, en Roumanie, dans le cadre du Festival international de Film
    Transilvania, dans la section « Les journées du film roumain », le
    documentaire marque le début comme réalisateur de Tudor Platon, un des directeurs
    photo les plus connus de Roumanie. Nominé en 2016, aux Prix Gopo, dans la
    catégorie « Jeunes Espoirs de la photographie », pour le film
    « Tous les fleuves se jettent dans la mer », d’Alexandru Badea, Tudor
    Platon a vu son film « La maison à poupée » parmi les nominations aux
    Prix Gopo 2022, dans la catégorie du meilleur début et dans celle du meilleur
    documentaire.


    Véritable plaidoyer pour l’espoir et l’amitié, le
    documentaire nous invite à accompagner la grand-mère du réalisateur et ses
    quatre copines dans leurs vacances annuelles, passées dans la Vallée de l’Olt.
    Produit par Carla Fotea, Ada
    Solomon, Tudor Platon et Alexandru Solomon, le film a surpris tout le monde.
    D’abord, Tudor Platon lui-même qui a commencé à filmer sa grand-mère et ses amies
    sans la moindre intention de porter les images sur grand écran. Au départ, il
    s’est proposé de passer un peu plus de temps en compagnie de sa grand-mère,
    Cica, pour essayer de mieux la connaitre. D’ailleurs, celle-ci et ses copines
    ont été persuadées que le jeune homme de 25 ans se lassera vite de les filmer
    et finira par rentrer chez lui. Tudor Platon nous raconte:


    Dans un premier temps, mon intention fut de
    passer du temps avec elles et non pas de faire un film, surtout que je ne
    connaissais pas trop bien ma grand-mère, Cica. Mais, durant cette semaine, on a
    fini par se raprocher. Depuis ce moment-là, on a commencé à partager beaucoup
    de choses, des choses que je n’avais jamais imaginées pouvoir lui raconter.
    Comme beaucoup de Roumains de mon âge, moi-aussi, j’ai été élevé par mes
    grands-parents. Sauf que ce ne fut pas ma grand-mère Cica qui s’était occupée
    de moi, mais l’autre grand-mère, celle qui est morte deux ans avant que je ne commence
    à filmer les images qui deviendront par la suite le documentaire La maison à
    poupées. D’où mon besoin de me rapprocher de Cica, ne serait-ce que pour
    combler le vide créé par la mort de l’autre grand-mère. Et je pense que Cica
    aussi a senti le besoin de passer du temps avec moi, surtout qu’elle est plutôt
    du genre à ne pas exprimer facilement ses sentiments. Voilà pourquoi, au moment
    où elle m’a dit vouloir partir en vacances avec ses copines, je lui ai proposé
    de les accompagner. Ces vacances sont une tradition pour ma grand-mère et ses
    amies qui partent chaque année, une semaine, ensemble. Ce sont des vacances
    pendant lesquelles elles s’isolent des autres ce qui leur permet de remonter
    dans le passé et se sentir à nouveau jeunes. Cela fait 50 ans que ces femmes se
    connaissent. D’après ce que l’une d’entre elles m’a dit, elles étaient
    persuadées qu’au bout de deux jours, je finirai par en avoir marre et que je
    rentrerai chez moi. Sauf que notre relation est devenue très forte au sein de
    cet univers isolé qu’elles se construisent à chaque fois qu’elles partent en vacances,
    ensemble. Surtout qu’avec elle, je n’étais plus un homme, mais un gamin.
    D’ailleurs, c’est comme cela qu’elles m’appellaient: mon p’tiot. Et peut-être
    qu’elles avaient raison, car je pense que ma jeunesse m’a permis à surprendre
    leur candeure et cette relation spéciale qui existe entre elles. Elles ont
    accepté de se laisser surprendre par la caméra, car elles étaient persuadées
    que mon intention était tout simplement de me faire des beaux souvenirs avec ma
    grand-mère.


    Comment cet excellent directeur photo a eu l’idée de faire un film?
    Tudor Platon se confesse:


    « Le besoin était là, sauf que je
    n’avais pas une idée concrète de ce que j’aurais pu faire, je n’avais pas de
    projet. Au départ, ce fut juste ce besoin d’enregistrer, d’immortaliser ce que
    j’étais en train de vivre. D’ailleurs, ce besoin est depuis toujours au fond de
    moi. Je pense que je suis surtout un compteur, j’aime bien raconter des
    histoires ou retenir les histoires qu’on me raconte. J’aime bien transposer sur
    l’écran les émotions, c’est ce que je fais d’ailleurs quand je tourne les films
    des autres, j’essaie de comprendre et de traduire en image. En tant que
    directeur de photo, je laisse exprimer me sentiments à travers les cadres. En
    revanche, comme réalisateur, je me sers de tous les moyens pour raconter mon
    histoire.
    »


    Tudor Platon
    a fait des études à l’Université nationale d’Art théâtrale et de
    cinématographie de Bucarest. Il a travaillé comme chef opérateur et comme
    directeur de photo pour de nombreux courts-métrages parmi lesquels Tous les fleuves se jettent dans la mer (2016), d’Alexandru
    Badea et 4:15 PM La fin du monde (2016), de Gabi Virginia Șarga et Cătălin
    Rotaru, les deux présentés à Cannes. Tudor Platon est aussi le directeur photo
    du court-métrage Cadeau de Noël, de Bogdan Muresanu, grand prix de l’Académie
    européenne de film, figurant sur la liste courte des Oscars en 2020. Comme
    réalisateur, Tudor Platon prépare un nouveau documentaire inspiré d’une
    histoire de famille, très personnelle.





  • Les gagnants de la 17e cérémonie des prix Gopo,

    Les gagnants de la 17e cérémonie des prix Gopo,

    Lors de la 17e cérémonie des prix Gopo, les Oscars du
    cinéma roumain, le long-métrage Des gens bien du réalisateur roumain, Paul
    Negoescu, a récolté six prix dont celui du meilleur film. 650 professionnels du
    cinéma roumain ont décidé que le film qui raconte l’histoire du policier Ilie
    mérite également les trophées du meilleur acteur dans un rôle principal pour
    Iulian Postelnicu, du meilleur acteur dans un rôle secondaire pour Vasile
    Muraru, du meilleur scénario pour Radu Romaniuc et Oana Tudor et du meilleur
    montage pour Eugen Kelemen.


    Cette année, le comédien Mircea Andreescu a été
    récompensé pour l’ensemble de sa carrière. Présente sur la scène du festival,
    la critique de théâtre, Marina Constantinescu, lui a remis le trophée et a
    rappelé au public les grands moments de son parcours artistique.


    Il a terminé tête de série parmi ses collègues dont
    plusieurs sont des noms illustres du théâtre roumain, tels Valeria Seciu, Mariana Mihuț, Rodica
    Mandache, Ovidiu Moldovan. Il m’est rarement arrivé de connaître un artiste qui
    vénère tellement les grands cinéastes et les grands formateurs de théâtre comme
    le fait Mircea Andreescu. Ses anecdotes sur Liviu Ciulei, Lucian Pintilie, Vlad
    Mugur, David Esrig, Radu Penciulescu, ou encore sur le théâtre Lucia
    Sturdza-Bulandrade l’époque de ses études sont fabuleuses, tout comme
    son parcours artistique. Je l’ai admiré et j’ai regardé avec beaucoup
    d’attention tous ses films dont celui réalisé par Corneliu Porumboiu dans
    lequel il joue un rôle extraordinaire. Mircea Andreescu me fait penser à un
    Jean Gabin autochtone, un peu ronchon, mais très ludique et généreux devant qui
    ses confrères font aujourd’hui une révérance en signe d’appréciation de son
    art, de son talent, de sa jeunesse et du courage avec lequel il a décortiqué
    tous ses personnages.


    Mircea Andreescu est devenu l’une des figures de proue de la nouvelle vague du cinéma roumain, après
    avoir incarné Emanoil Pișcoci dans la comédie satyrique 12H08 À L’EST
    DE BUCAREST, de Corneliu Porumboiu, sortie en 2006. Remarquée aussi bien par
    le public, que par la critique, son interprétation lui a valu un Prix spécial
    pour la contribution artistique au Festival du film de Cottbus, en Allemagne, qu’il
    a partagé avec les deux autres protagonistes du long-métrage Ion Sapdaru et
    Teodor Corban.


    Dans son discours prononcé sur la scène du Gala des Prix
    Gopo, Mircea Andreescu a tenu à rappeler le trophée du Caméra d’or que le film
    de Porumboiu avait décroché à Cannes, en 2007. En parlant de son métier, le
    comédien a déclaré:


    Ma vie ne fut pas facile. C’est un métier compliqué,
    mais plein de satisfactions. Et je pense que parmi tous les acteurs roumains
    qui font du cinéma, peu nombreux sont ceux qui ont la chance d’une projection
    devant une salle de 2500 spectateurs. C’était le nombre de personnes que le
    film 12H08 À L’EST DE BUCAREST a réussi à réunir lors de sa projection au
    Festival du film de Sarajevo
    .


    Le prix du meilleur espoir féminin a été accordé à Ioana
    Chițu pour son rôle dans le film Blue Moon d’Alina Grigore.


    Je ne suis pas une passionnée des compétitions, voilà
    pourquoi ce prix, je préfère le considérer comme une récompense pour toute
    l’équipe du film. Je tiens à remercier Alina
    Grigore, Gabriela Suciu, Adrian Pădurețu et Ilinca Neacșu. Le film met sur le
    tapis un thème très dur, à savoir la violence de genre. Je voudrais reprendre
    les propos de la réalisatrice, Teona Galgotiu, qui disait qu’on n’avait pas le
    droit de rester indifférents face à la violence, fût-elle émotionnelle,
    physique ou psychologique.


    Un des moments les plus
    émouvants à l’agenda du Gala des Prix Gopo a été la célébration des cents ans
    depuis la naissance du cinéaste roumain Ion Popescu Gopo. A cette occasion, le
    violoniste Alexander Bălănescu a
    présenté un récital inspiré des animations de Gopo et la comédienne Medeea
    Marinescu qui a joué le rôle de Mirabela dans le célèbre film pour enfants
    Maria Mirabela a évoqué la personnalité de ce grand cinéaste roumain.


    Ion Popescu Gopo a été l’un des réalisateurs de film les
    plus importants de Roumanie et l’un des nos plus grands spécialistes du monde
    de l’animation. Ses ouvrages sont mondialement reconnus pour leur originalité
    et leur innovation. Que l’on parle de ses courts métrages – Courte histoire
    ou On a volé une bombe ou de ses films Si j’étais le chevalier blanc et
    Maria Mirabela, on se retrouve devant des créations artistiques restées
    ancrées dans la mémoire collective et qui ont inspiré des générations entières de
    cinéastes. Pour la gamine que j’étais à l’époque où j’ai joué le rôle de
    Mirabela, Gopo semblait plutôt un véritable copain. Il était particulièrement
    gentil, doux, généreux, autant de qualités que les enfants apprécient, car
    toutes ses qualités étaient sincères. Il était un visionnaire, un sorcier de
    l’animation et un grand réalisateur de film qui a inspiré des générations
    entières. Ses oeuvres innovatrices et sa capacité créative ont été reconnues
    partout dans le monde et elles lui ont valu d’importantes distinctions
    internationales dont la Palme d’Or de Cannes.


    La comédienneIoana Crăciunescu s’est vue accorder le prix pour toute
    la carrière, tandis que le prix spécial
    de l’actuelle édition a été remis aux monteurs de films Melania Oproiu, Nita
    Chivulescu et Mircea Ciocâltei pour leur travail exceptionnel.



  • Les Journées du film roumain au TIFF

    Les Journées du film roumain au TIFF

    Neuf longs-métrages et seize
    courts-métrages se disputent les prix de la section « Les Journées du film
    roumain » à l’édition de cette année du Festival international du film
    Transilvania TIFF qui a lieu du 9 au 18 juin. Sur cette liste, on retrouve
    quelques-unes des meilleures productions de l’année passée, mais aussi
    d’autres, dont la première projection mondiale est prévue durant le festival de
    la ville de Cluj-Napoca. La liste des longs-métrages sélectionnés inclut la
    comédie noire Oameni de treabă (Des Gens bien) du réalisateur Paul
    Negoescu, le grand gagnant du Gala des Prix Gopo du cinéma roumain de cette
    année, mais aussi Spre nord (Vers le Nord), le début dans le cinéma de fiction du
    réalisateur Mihai Mincan. Projeté en première mondiale à Venise, ce thriller
    psychologique est un des plus ambitieux projets du cinéma roumain des dernières
    années, une coproduction de cinq pays: la Roumanie (deFilm), la France (Remora
    Film), la Grèce (Studio Bauhaus), la Bulgarie (Screening Emotions) et la
    République tchèque (Background Films).

    L’histoire racontée par le film a lieu
    en 1996 et se déroule sur un bateau commercial qui traverse l’océan Atlantique
    vers les Etats-Unis. Joël, un marin philippin, découvre à bord un passager
    clandestin roumain et, sachant que celui-ci risquait d’être jeté à la mer, si
    sa présence est découverte par le capitaine ou par les officiers, il tente de
    le sauver. « Une image audacieuse et inébranlable des situations possibles
    dans les eaux internationales. Une histoire qui parle de choix moral, de bonté
    et de compromis, de courage et de peur. Une histoire qui invite à la réflexion
    même à la fin du générique. », a-t-on pu lire dans la publication « Intoscreens »
    sur le film « Vers le nord ». Mihai Mincan explique: « Ce positionnement
    moral sur le fil du rasoir que nous pratiquons par rapport aux autres est de
    toute façon difficile et les différences culturelles entre les personnages du
    film y ajoutent en difficulté. Or ce sont justement ces différences, les
    backgrounds sociaux et culturels tellement différents qui m’ont intéressé au
    plus haut degré dès le moment où je me suis mis à écrire le scénario. Chacun de
    nous entre dans une relation en y mettant quelque chose de particulier, de
    personnel, mais il existe en même temps la possibilité que ces différences se
    rencontrent à mi-chemin, dans des concepts tels que la pauvreté, par exemple. Pour
    les personnages du film, la pauvreté était un concept commun, mais qui était
    compris différemment, en fonction de leur culture respective. J’ai aussi été
    très attiré par les différences de langages qui empêchent les gens de
    communiquer à des moments où la communication est essentielle. Je crois que si
    les personnages avaient pu se parler vraiment, s’ils avaient réussi à mieux
    exprimer leurs besoins, la situation aurait pu changer. Moi-même, je ne suis
    pas un grand adepte du relativisme moral, mais je ne pense pas non plus que le
    Bien et le Mal soient deux notions très floues, qui changent d’un individu à un
    autre, d’une nation à une autre. Ceci dit, dans le film « Vers le
    nord », la conjoncture complique tout au maximum, la mise de chaque
    personnage étant très élevée. »



    Sur
    la liste des productions en compétition à la section « Les Journées du
    film roumain » du TIFF on trouve aussi le thriller noir « Boss » du réalisateur Bogdan Mirică, gagnant du Trophée
    Transilvania à l’édition TIFF.15 (avec son film Câini/Chiens). S’y
    ajoutera la première nationale de Tigru/Tigre, le film de début d’Andrei
    Tănase, sélectionné cette année au festival de Rotterdam. Situé à la frontière
    entre le documentaire et la fiction, la nouvelle création de Vlad Petri Entre
    des révolutions a déjà été récompensée du Prix FIPRESCI dans la section
    Focus de la Berlinale. Le film, qui utilise du matériel des archives, met face
    à face la vie et le destin de deux femmes, Maria et Zahra, l’une Roumaine et
    l’autre Iranienne, amies et collègues étudiantes à l’Université de médecine de
    Bucarest dans les années 1970. « Pour moi, c’est un film sur un
    passé récent, qui résonne très fort avec la réalité immédiate. Il présente une
    histoire subjective au féminin de deux pays et deux sociétés, géographiquement
    séparés par des milliers de kilomètres, qui ont mis en place des systèmes
    politiques inédits, où les gens se sont peu à peu fait écraser par des
    appareils politiques répressifs. C’est un film d’actualité, qui dialogue avec
    les manifestations en Iran, où les femmes se battent pour leurs droits et pour
    une société équitable, comme ce fut aussi le cas en 1979 », affirme le
    réalisateur Vlad Petri, qui ajoute : « Je commencerais avec ce que j’ai
    dit au sujet des actuelles manifestations en Iran. En fait, j’ai commencé le travail de réalisation de ce film il y
    a trois ans, quand il n’y avait pas beaucoup de manifestations. C’est une
    coïncidence le fait qu’au moment où nous lançons le film, les protestations les
    plus impressionnantes depuis la Révolution islamique de 1979 ont lieu
    là-bas ; peut-être aussi les plus impressionnantes de tout le Moyen
    Orient. Je pense aussi qu’en Iran, cette fois-ci, c’est une première révolution
    menée par les femmes, une chose incroyable pour cette région du monde. Quant à
    mon intérêt pour les sujets politiques, c’est vrai, je suis passionné par l’Est
    de l’Europe et par le Moyen Orient. J’ai voyagé en Iran et dans d’autres pays
    de la région, alors le film s’est construit sur plusieurs directions. Les
    conversations avec ma mère ont également été importantes; elle a étudié la
    médecine et m’a parlé des jeunes des pays d’Orient qui venaient faire des
    études supérieures en Roumanie. Moi, je suis né en 1979, l’année de la
    Révolution islamique. Cette histoire s’est construite par couches superposées
    et nous avons trouvé des connexions, des ressemblances, mais aussi des
    différences entre la Révolution islamique et la Révolution anticommuniste de
    1989 en Roumanie. Il m’a semblé intéressant de tester ce terrain et de parler
    espoir, optimisme, désir d’un changement radical. Car les deux révolutions ont
    produit des transformations radicales et je continue de croire que ce sont les
    plus importantes révolutions du siècle passé. »


    La
    monteuse Dana Bunescu retrouve l’anthropologue Cătălina Tesar en tant que
    réalisatrices du documentaire « Pocalul. Despre fii și fiice/La Coupe. De
    fils et de filles »
    , qui
    décrit les traditions de mariage des communautés de Roms cortorari, tandis que les journalistes Adina
    Popescu et Iulian Ghervase signent leur troisième documentaire, « Vulturii din Țaga/Les Aigles de Țaga », qui raconte l’histoire de l’entraîneur
    d’une équipe de football éternellement perdante. Les deux productions
    ont remporté des prix à l’édition 2022 du Festival Astra. La section « Les
    Journées du cinéma roumain » du TIFF 22 accueillera aussi la première
    projection mondiale hors-compétition de deux films très attendus : le
    documentaire Nasty,réalisé
    par Tudor Giurgiu sur la vie du joueur de tennis roumain Ilie Năstase, et « Arsenie. Viața de apoi/Arsenie. La Vie éternelle » d’Alexandru Solomon, sur feu le
    moine Arsenie Boca et son immense notoriété actuelle. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Le dramaturge Matei Vișniec, Docteur Honoris Causa de l’UNATC

    Le dramaturge Matei Vișniec, Docteur Honoris Causa de l’UNATC

    Le dramaturge Matei Vișniec, l’auteur roumain
    contemporain le plus présent à l’affiche des théâtres de Roumanie, s’est vu
    remettre le titre de Docteur Honoris Causa en marge des festivités marquant le
    73ème anniversaire de l’Université d’Art théâtrale et de
    Cinématographie de Bucarest. En 2018, Vișniec a été nommé par la France Chevalier
    des Arts et des Lettres. Dans son discours lors de la cérémonie de remise du
    titre de Docteur Honoris Causa, Vișniec s’est penché sur le théâtre indépendant
    et ses artistes et sur la nécessité pour l’Etat roumain de mettre en place une
    stratégie nationale pour les soutenir. Il a également rendu hommage au grand
    critique de théâtre George Banu, décédé en janvier dernier, et a mis en
    évidence sa relation avec la Roumanie et la France, les deux pays où il s’est
    formé et a créé.


    Poète, dramaturge, romancier et journaliste, Matei
    Vişniec est né le 29 janvier 1956 à Rădăuţi, dans le nord de la Roumanie. Il a
    fait ses débuts littéraires en 1972, lorsque la revue Luceafarul publie
    plusieurs de ses poèmes. Il figure parmi les fondateurs du Cénacle de lundi
    ayant à sa tête le critique littéraire et professeur des universités, Nicolae
    Manolescu. Sa bibliographie comporte sept recueils de poésie, sept romans dont
    « Syndrome de panique dans la Ville Lumière», « Amours du type
    soulier, amours du type parapluie » ou encore « Monsieur K
    libéré », un recueil de nouvelles et plus de 50 pièces de théâtre. En 1987,
    il quitte la Roumanie, et arrive en France où il demande l’asile politique. Il
    commence à écrire des pièces de théâtre en français et travaille comme
    journaliste pour Radio France internationale. Après la chute du communisme, en
    décembre 1989, il partage son activité entre la France et la Roumanie, entre deux
    cultures et deux langues. Ses pièces de théâtre sont traduites dans une
    trentaine de langues et sont intégrées dans les répertoires des théâtres de
    plus de trente pays. Le nom de Matei Vișniec figure aussi dans « Le
    dictionnaire des étrangers qui ont fait la France ».




    Matei Vișniec : « Ce dictionnaire est très
    intéressant pour montrer l’ouverture et la force culturelle de la France.
    L’ouvrage répertorie quelque quatre milles noms depuis la Révolution française
    jusqu’à aujourd’hui, donc depuis 1793 jusqu’à nos jours. Il présente les
    étrangers venus en France et ayant eu une contribution significative à la
    culture et à la spiritualité française. Parmi eux, les Roumains dont la
    participation fut extrêmement importante. Les Roumains ont commencé à voyager
    en France vers la fin du XIXème siècle et se sont imposés dans des domaines très
    divers. Je voudrais mentionner un des noms que l’on oublie souvent. Celui d’un
    comédien originaire de Iasi qui, après des études de théâtre, est devenu une
    grande star du film muet et des comédies de boulevard. Son nom ou plutôt son
    nom de scène était Eduard de Max. D’autres
    Roumains figurent dans les pages de ce dictionnaire. Parmi eux, le regretté
    critique de théâtre, George Banu. Il est considéré comme un théâtrologue
    français d’origine roumaine, puisque son œuvre n’est pratiquement écrite qu’en
    français, même s’il a pris soin par la suite de la traduire en roumain pour la
    faire publier en dans son pays d’origine aussi. Ce dictionnaire arrive à mettre
    en lumière la forte contribution des Roumains à la culture française et je me
    réjouis d’en faire partie. Surtout que j’ai écrit une trentaine de pièces de
    théâtre en français, dont plusieurs sont parues chez des éditions importantes
    telles Actes Sud. Mes textes ont été joués des centaines de fois par
    différentes compagnies indépendantes françaises et presque chaque année, au
    moins une de mes pièces est entrée en sélection au Festival d’Avignon. J’ai
    toujours essayé de créer des ponts entre la France et la Roumanie, de
    m’inspirer de ce que la France m’offrait pour encourager les Roumains à faire
    de même. Pour moi, la France a représenté une grande ouverture, elle m’a donné
    des ailes, sans me couper mes racines. Parce que moi, je me suis formé en
    Roumanie, j’ai la sensibilité d’une âme d’écrivain roumain et de l’Europe de
    l’Est et la poésie, c’est surtout en roumain qu’elle fait vibrer mon
    cœur ».




    Depuis 2016, le théâtre
    municipal de Suceava, dans le nord-est de la Roumanie, porte le nom du célèbre
    dramaturge Matei Vișniec.
    Ecoutons-le :




    « A ma connaissance, ce théâtre est le dernier de
    Roumanie créé par des fonds publics. Avant son ouverture il y a sept ans, j’avais
    lancé un festival de théâtre à Suceava avec l’appui de la regrettée poétesse Carmen Veronica Steiciuc, les membres du Rotary
    Club, de l’Association Bucovina, bref autant de personnes aux grandes qualités
    humaines et très enthousiastes. Et grâce à ce festival, on est arrivé à faire
    venir dans la salle de spectacles les habitants de la ville pour leur présenter
    des spectacles importants de toute la Roumanie. C’est grâce à cette
    manifestation qu’on a compris que Suceava avait besoin d’un théâtre de
    professionnels, d’un théâtre d’art, avec des comédiens qui prennent le pouls de
    la ville, qui répondent aux besoins culturels des gens et qui deviennent des
    célébrités locales. Heureusement, ce théâtre existe et c’est formidable de voir
    que les dix acteurs qui vivent à Suceava et qui forment la troupe du Théâtre
    Matei Visniec arrivent à produire au moins quatre spectacles par an.
    D’ailleurs, comme je l’ai déjà dit par le passé, ce théâtre a mis en place
    plusieurs projets importants. »




    Fin mars, le Théâtre national
    Ion Luca Caragiale de Bucarest présente en première le spectacle « Le mot
    progrès dans la bouche de ma mère sonnait faux », d’après un texte de
    Matei Visniec. La mise est scène porte la signature de Botond Nagy, qui a déjà réalisé plusieurs spectacles sur
    les textes de Visniec. Parmi eux, « Le retour à la maison » qui présente
    l’absurdité du sacrifice humain en temps de guerre. Production du Théâtre
    Matei Vişniec de Suceava, le spectacle a été sélectionné dans le
    cadre du Festival national de théâtre, édition 2022.





  • Le projet Uncanny Order

    Le projet Uncanny Order


    Uncanny Order, en
    traduction L’ordre étonnant est le dernier projet artistique et de recherche
    mis en place par l’Association culturelle Qolony. Cette organisation au service
    des arts et des sciences, réunit une communauté de professionnels issus de
    plusieurs domaines, passionnés par les pratiques interdisciplinaires et la
    créativité qui s’en dégage. Concrètement, par ces projets, l’association vise à
    mettre en lumière le rôle des pratiques collaboratives dans la stimulation de
    la créativité et du développement personnel.

    Davantage sur ce sujet avec Anca
    Spiridon, chargée de la Communication:




    Notre projet repose
    sur la théorie du chaos, présentée à tort comme quelque chose d’aléatoire,
    puisqu’elle est soumise à des règles mathématiques strictes qui dérivent des équations.
    La synchronicité
    renvoie
    justement à la tendance de la nature de s’organiser, de se mettre en ordre,
    malgré le chaos. Quand on parle de
    synchronicité au sein de la nature, on peut penser, par exemple, à
    la synchronicité interindividuelle du rythme cardiaque, ou encore aux vols
    groupés des oiseaux ou à certains comportements sociaux. Le projet de l’Ordre
    étonnant, Uncanny Order en original, se propose de créer une série d’installations
    interactives qui s’inspirent des principes de fonctionnement et des modèles
    mathématiques associés à la théorie du chaos pour récréer des situations de synchronicité.
    Par exemple, le design intérieur de la matière, la formation des nuages et des
    vagues, mais aussi des représentations visibles à travers des images et des
    sons génératifs. L’installation sera ouverte au public à Timisoara, du 16 au 30
    juin, à la Gallerie MV Sci-Art Center et à partir du mois de juillet, elle
    déménagera sur Bucarest, aux Galeries Mobius
    .




    Qui sont les artistes et les chercheurs impliqués dans ce
    projet? Anca Spiridon:




    Les trois artistes participants au projet Uncanny
    Order sont Floriama Cândea, Claudia Chirita et Catalin Cretu. Floriama Cândea
    est connue pour travailler avec toute sorte de matériaux inhabituels tels des
    tissus vivants ou des cultures organiques, mais aussi avec des techniques
    alternatives de photographie. Dans sa conception artistique, elle se sert de
    l’esthétique des images scientifiques, des photos macro modifiées et de
    différents instruments de recherche scientifique convertis en pratiques
    artistiques. Claudia Chirita est chercheuse, spécialiste de la logique
    mathématique et de l’Intelligence artificielle et professeur à la Faculté des
    Mathématiques et de l’Informatique de l’Université de Bucarest. Mais, cela fait
    quinze ans déjà qu’elle travaille aussi comme illustratrice et graphiste. Parmi
    ses sujets préférés de débat, notons la sécurité et la confidentialité, le
    contrôle du numérique, la relation avec le patrimoine socialiste ou le
    quotidien des gens à l’époque de l’Antiquité. Quant à Catalin Cretu, lui il a
    une double formation: ingénieur électromécanique et compositeur. D’ailleurs,
    ses créations musicales couvrent une large panoplie de styles: musique de
    chambre, chant chorale, musique électronique, installations multimédias interactives.
    Il est aussi chercheur scientifique auprès du Centre de musique électroacoustique
    et multimédias, professeur à l’Université nationale de Musique de Bucarest et
    directeur exécutif du Festival des Arts nouveaux InnerSound. Notre projet
    implique aussi une partie de recherche et de programmation informatique. Donc,
    à part les trois noms que je viens de mentionner, notons aussi celui de l’informaticien,
    Cristian Balas et ceux des chercheurs Marian Zamfirescu et Ionut Andrei Relu.
    Les trois sont à nos côtés pour nous aider avec les nombreuses applications
    associées à la théorie du chaos et auxquelles le public est moins familiarisé.
    Mais toutes ces applications servent de fondement aux technologies que nous
    utilisons couramment et à force de les utiliser, on peut montrer aux gens la
    façon dont la technologie nous permet d’exprimer la synchronicité.






    Comment ce projet est-il démarré? Et qu’est-ce que les
    artistes souhaitent explorer à travers leurs installations interactives? Anca
    Spiridon, chargée de Communication auprès de l’Association culturelle Qolony
    nous répond:




    L’idée du projet repose sur la théorie du chaos, cette
    science des systèmes dynamiques non linéaires que la plupart d’entre nous, on
    la perçoit comme étant une théorie déterministe fondée sur le paradoxe et la récursivité.
    Mais, comme je l’ai déjà dit, le chaos repose sur des principes et des structures
    de la nature et, même s’il est décrit souvent comme aléatoire, il se soumet à
    des rigueurs mathématiques particulièrement strictes. Voilà pourquoi nos
    artistes offrent une vision très ordonnée du chaos et, par leurs installations,
    ils encouragent le public à interférer avec lui. Bref, les installations mises
    en place dans le cadre du projet L’ordre étonnant se proposent d’explorer
    certains modèles mathématiques des systèmes dynamiques sur lesquels reposent
    les phénomènes naturels, biologiques ou physiques. Les installations sont interactives
    et elles invitent les visiteurs à interagir avec les objets qui reproduisent la
    synchronicité au sein de la nature. Quel que soit le sujet abordé – les rythmes
    cardiaques, les images génératives, le public pourra interagir avec les
    installations qui mettent en avant les structures qui ordonnent le chaos.






    A la fin de notre discussion, Anca Spiridon a
    précisé :




    « Dans le contexte des récentes discussions sur la
    place de l’homme dans le monde du numérique, on voudrait que le public qui
    franchit le seuil de notre exposition comprenne que l’homme reste prioritaire
    et qu’il avance aux côtés de l’intelligence artificielle et non pas en
    antithèse avec elle »
    .





  • Art Encounters

    Art Encounters

    En mai dernier, la ville de Timișoara (ouest de la Roumanie), accueillait
    la cinquième Biennale « Art Encounters », dans le cadre du programme
    « Timișoara 2023: Capitale européenne de la culture ». Intitulée « My Rhyno is not a
    Myth », cette édition est consacrée au carrefour des arts, des
    sciences et de la fiction, dont elle se propose d’explorer la capacité à
    récupérer la réalité en tant que réseau de processus complexes. Événements
    divers, projections et conférences, organisés dans une vingtaine d’espaces
    inédits de Timișoara, rassemblent plus de 60 artistes venus de 20 pays.


    Lors de l’inauguration de la Biennale « Art Encounters » 2023, Eugen
    Cojocariu a interviewé Ovidiu Șandor, entrepreneur local, mais, aussi et
    surtout, président de la Fondation « Art Encounters » et l’un des
    collectionneurs d’art contemporain les plus connus du pays:


    « C’est la cinquième édition de la
    Biennale « Art Encounters », un projet lancé par la Fondation déjà en
    2015 dans le but de soutenir avant tout l’art contemporain en Roumanie à
    travers l’aide offerte à de jeunes artistes à réaliser des créations pour la
    Biennale, ainsi que par la mise en place d’un cadre de dialogue entre l’art
    contemporain de Roumanie et plus généralement d’Europe de l’Est avec les reste
    du continent, voire du monde. Nous parlons d’un paquet d’événements qui
    incluent des expositions, des spectacles de performance, des conférences, le
    tout inscrit dans un programme de médiation très dense. La Roumanie a des
    artistes très talentueux et créatifs, qui ont pourtant besoin d’un nombre accru
    d’événements où ils puissent exposer leurs œuvres, se faire connaître,
    dialoguer avec des commissaires d’exposition, des collectionneurs et des
    institutions d’art contemporain nationaux et internationaux. Bref, ce que nous
    voulons faire c’est de construire une plateforme du dialogue de l’art
    contemporain. »


    Ovidiu Șandor a ensuite expliqué le travail de l’équipe du commissariat de
    la Biennale et la sélection des artistes participants:


    « Comme le veut la tradition de la
    Biennale, pour cette édition, nous avons invité un commissaire suisse, Adrian
    Notz, qui nous a suggéré d’inviter une équipe de jeunes commissaires,
    d’anciennes élèves qu’il avait formées à l’école spécialisée que nous avons
    mise en place il y a deux ans. Comme aux éditions précédentes, c’est un
    processus qui encourage le ou les commissaires de l’événement à explorer la
    région, la Roumanie et les pays autour, à travers des visites et des rencontres
    avec de jeunes artistes, des artistes historiens, à mieux comprendre
    l’évolution de l’art contemporain dans notre région, de façon à ce que la
    sélection reflète l’effervescence et la diversité des positions artistiques.
    Puisque nous en sommes déjà à la cinquième édition, c’est un processus en
    quelque sorte naturel, qui évolue de mieux en lieux. Il prend du temps et
    demande beaucoup d’effort, impliquant une équipe nombreuse, à commencer par les
    commissaires et les artistes, pour continuer avec les gens de la production,
    ceux qui installent les expositions, les médiateurs, les gens chargés de la
    comm’, ceux qui assurent les chapitres financiers, juridiques, et ainsi de
    suite. Nous pensons que le développement de ces gens et l’expérience que nous
    accumulons à chaque édition sont des choses importantes. La Roumanie a besoin
    d’un plus grand nombre de managers culturels aguerris, car la culture doit être
    produite, certes, mais elle a aussi besoin d’être montrée, médiée, promue. Or,
    nous essayons de contribuer à tout ça. »


    Ovidiu Șandor a aussi parlé du concept de la Biennale « Art
    Encounters » 2023 et du message des organisateurs pour le grand public:


    « ‘Arts, sciences, fiction’ me semble
    être un thème très actuel. En réalité, l’art et la science nous proposent deux regards
    différents sur le monde, sur notre présent et notre avenir. Je pensais que la
    séparation entre l’art et la science, parue il y a plusieurs centaines d’années,
    aurait pu être artificielle, mais le regard des artistes et celui des
    scientifiques sont complémentaires dans la compréhension de nos problèmes. Je
    crois que nous nous rendons tous compte du rôle croissant de la technologie,
    avec ses bons et ses mauvais côtés, dans nos vies. Les artistes l’en ont
    remarqué. Aujourd’hui, tout le monde parle de l’Intelligence artificielle et de
    ce que ça représente. Donc, à mon avis, une biennale devrait intéresser non
    seulement le public d’art contemporain habituel, mais aussi le grand public. »


    Diana Marincu, directrice artistique d’« Art Encounters », a
    ajouté des précisions supplémentaires concernant les artistes invités et le
    lien entre l’art et la science à la Biennale « Art Encounters » 2023:


    « En réalité,
    c’est un puzzle d’artistes et d’institutions et ce qui est important c’est
    l’élargissement visible de la constellation de partenaires qui nous se joint à
    nous à chaque édition ; il existe donc un intérêt croissant pour l’art
    contemporain à Timișoara… Cette année, la sélection aussi est bien diverse,
    proposant des artistes qui s’expriment avec des moyens différents -
    installation, peinture, sculpture, photographie, vidéo. Une biennale complexe,
    en effet. Le commissaire invité, Adrian Notz, a voulu un mélange d’art et de
    technologie, d’art et de science, pour offrir au public le message que ces
    domaines étaient des modèles de
    compréhension, de savoir, de transcription de la réalité, rien de cloisonné.
    L’art a toujours était lié à des domaines différents et au quotidien. C’est une
    biennale où nous sommes en présence de nombreux artistes qui expérimentent les
    dernières technologies et les concepts les plus originaux, mais aussi
    d’artistes historiens, dont la perspective se prête dorénavant à la
    réinterprétation … Je crois qu’il est important de sortir constamment de
    notre domaine de prédilection et d’essayer de nous connecter à ceux qui jurent
    par la connaissance visuelle, également intéressante. »,
    a encore affirmé Diana Marincu, directrice artistique d’« Art
    Encounters ». (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Art Encounters

    Art Encounters

    En mai dernier, la ville de Timișoara (ouest de la Roumanie), accueillait
    la cinquième Biennale « Art Encounters », dans le cadre du programme
    « Timișoara 2023: Capitale européenne de la culture ». Intitulée « My Rhyno is not a
    Myth », cette édition est consacrée au carrefour des arts, des
    sciences et de la fiction, dont elle se propose d’explorer la capacité à
    récupérer la réalité en tant que réseau de processus complexes. Événements
    divers, projections et conférences, organisés dans une vingtaine d’espaces
    inédits de Timișoara, rassemblent plus de 60 artistes venus de 20 pays.


    Lors de l’inauguration de la Biennale « Art Encounters » 2023, Eugen
    Cojocariu a interviewé Ovidiu Șandor, entrepreneur local, mais, aussi et
    surtout, président de la Fondation « Art Encounters » et l’un des
    collectionneurs d’art contemporain les plus connus du pays:


    « C’est la cinquième édition de la
    Biennale « Art Encounters », un projet lancé par la Fondation déjà en
    2015 dans le but de soutenir avant tout l’art contemporain en Roumanie à
    travers l’aide offerte à de jeunes artistes à réaliser des créations pour la
    Biennale, ainsi que par la mise en place d’un cadre de dialogue entre l’art
    contemporain de Roumanie et plus généralement d’Europe de l’Est avec les reste
    du continent, voire du monde. Nous parlons d’un paquet d’événements qui
    incluent des expositions, des spectacles de performance, des conférences, le
    tout inscrit dans un programme de médiation très dense. La Roumanie a des
    artistes très talentueux et créatifs, qui ont pourtant besoin d’un nombre accru
    d’événements où ils puissent exposer leurs œuvres, se faire connaître,
    dialoguer avec des commissaires d’exposition, des collectionneurs et des
    institutions d’art contemporain nationaux et internationaux. Bref, ce que nous
    voulons faire c’est de construire une plateforme du dialogue de l’art
    contemporain. »


    Ovidiu Șandor a ensuite expliqué le travail de l’équipe du commissariat de
    la Biennale et la sélection des artistes participants:


    « Comme le veut la tradition de la
    Biennale, pour cette édition, nous avons invité un commissaire suisse, Adrian
    Notz, qui nous a suggéré d’inviter une équipe de jeunes commissaires,
    d’anciennes élèves qu’il avait formées à l’école spécialisée que nous avons
    mise en place il y a deux ans. Comme aux éditions précédentes, c’est un
    processus qui encourage le ou les commissaires de l’événement à explorer la
    région, la Roumanie et les pays autour, à travers des visites et des rencontres
    avec de jeunes artistes, des artistes historiens, à mieux comprendre
    l’évolution de l’art contemporain dans notre région, de façon à ce que la
    sélection reflète l’effervescence et la diversité des positions artistiques.
    Puisque nous en sommes déjà à la cinquième édition, c’est un processus en
    quelque sorte naturel, qui évolue de mieux en lieux. Il prend du temps et
    demande beaucoup d’effort, impliquant une équipe nombreuse, à commencer par les
    commissaires et les artistes, pour continuer avec les gens de la production,
    ceux qui installent les expositions, les médiateurs, les gens chargés de la
    comm’, ceux qui assurent les chapitres financiers, juridiques, et ainsi de
    suite. Nous pensons que le développement de ces gens et l’expérience que nous
    accumulons à chaque édition sont des choses importantes. La Roumanie a besoin
    d’un plus grand nombre de managers culturels aguerris, car la culture doit être
    produite, certes, mais elle a aussi besoin d’être montrée, médiée, promue. Or,
    nous essayons de contribuer à tout ça. »


    Ovidiu Șandor a aussi parlé du concept de la Biennale « Art
    Encounters » 2023 et du message des organisateurs pour le grand public:


    « ‘Arts, sciences, fiction’ me semble
    être un thème très actuel. En réalité, l’art et la science nous proposent deux regards
    différents sur le monde, sur notre présent et notre avenir. Je pensais que la
    séparation entre l’art et la science, parue il y a plusieurs centaines d’années,
    aurait pu être artificielle, mais le regard des artistes et celui des
    scientifiques sont complémentaires dans la compréhension de nos problèmes. Je
    crois que nous nous rendons tous compte du rôle croissant de la technologie,
    avec ses bons et ses mauvais côtés, dans nos vies. Les artistes l’en ont
    remarqué. Aujourd’hui, tout le monde parle de l’Intelligence artificielle et de
    ce que ça représente. Donc, à mon avis, une biennale devrait intéresser non
    seulement le public d’art contemporain habituel, mais aussi le grand public. »


    Diana Marincu, directrice artistique d’« Art Encounters », a
    ajouté des précisions supplémentaires concernant les artistes invités et le
    lien entre l’art et la science à la Biennale « Art Encounters » 2023:


    « En réalité,
    c’est un puzzle d’artistes et d’institutions et ce qui est important c’est
    l’élargissement visible de la constellation de partenaires qui nous se joint à
    nous à chaque édition ; il existe donc un intérêt croissant pour l’art
    contemporain à Timișoara… Cette année, la sélection aussi est bien diverse,
    proposant des artistes qui s’expriment avec des moyens différents -
    installation, peinture, sculpture, photographie, vidéo. Une biennale complexe,
    en effet. Le commissaire invité, Adrian Notz, a voulu un mélange d’art et de
    technologie, d’art et de science, pour offrir au public le message que ces
    domaines étaient des modèles de
    compréhension, de savoir, de transcription de la réalité, rien de cloisonné.
    L’art a toujours était lié à des domaines différents et au quotidien. C’est une
    biennale où nous sommes en présence de nombreux artistes qui expérimentent les
    dernières technologies et les concepts les plus originaux, mais aussi
    d’artistes historiens, dont la perspective se prête dorénavant à la
    réinterprétation … Je crois qu’il est important de sortir constamment de
    notre domaine de prédilection et d’essayer de nous connecter à ceux qui jurent
    par la connaissance visuelle, également intéressante. »,
    a encore affirmé Diana Marincu, directrice artistique d’« Art
    Encounters ». (Trad. Ileana Ţăroi)

  • La Foire d’art MoBU

    La Foire d’art MoBU

    Fin mai, dans le hangar aéronautique de Romaero, de la
    capitale Bucarest a eu lieu la première édition de la « Foire
    Internationale d’Art Bucarest – MoBU ». Plus de 30 galleries d’art,
    presque 200 artistes visuels, beaucoup d’événements, présentations, ateliers et
    projections – voilà les ingrédients de la MoBU. Nous avons discuté de cet
    événement avec la directrice de la Foire, Demetra Arapu :


    « L’événement a accueilli plus de 200
    artistes, 30 galléries, des espace non-conventionnels appelés
    « artist-run » et des artistes indépendants. Pour cette première
    édition de la Foire, nous avons organisé une exposition appelée « Take
    off » (décoller en anglais). Nous avons choisi ce nom parce que
    l’événement a été organisé dans un hangar aéronautique. Cela fait plus d’un an
    que nous avons commencé à préparer cette exposition dont l’idée nous était
    venue depuis longtemps. On a dû travailler assidument, car l’endroit censé
    héberger l’événement était très large. Nous avons opté pour une halle
    industrielle, en raison de ses dimensions, sa lumière naturelle, et la liberté
    de mouvement. Par conséquent, on a pu y réunir beaucoup d’œuvres d’art
    contemporain, appartenant à une variété d’expression. Une autre raison qui nous
    a poussés à choisir un tel espace a été l’intention d’y organiser aussi un
    programme de conférences et d’ateliers. Romaero avait déjà accueilli des
    concerts et des soirées. »




    Demetra Arapu nous a également parlé de la réaction du
    public, tout comme de l’intérêt manifesté par les collectionneurs.


    « Aussi
    bien la réaction du public que des artistes a été positive. Nous nous sommes
    liés d’amitié avec les artistes. Personnellement, je trouve que notre
    collaboration s’est déroulée sans aucun incident et sans dispute. Les galeristes
    ont collaboré très bien entre eux. Nous avons organisé des conférences importantes
    et nous avons accueilli des invités de marque, tel l’écrivant français Pascal
    Bruckner.
    Je voudrais aussi parler de l’appétit pour l’art
    contemporain, qui est mon domaine de prédilection. A mon avis, le pouvoir
    d’achat pour ce type d’art existe toujours. Il y en a qui souhaitent acheter un
    œuvre d’art contemporain soit pour l’offrir en cadeau, soit pour faire un
    investissement. Alors, cette Foire s’est avérée une opportunité pour nous tous
    pour observer l’art contemporain sous une variété de formes et d’expressions. C’était
    aussi une opportunité pour rencontrer les artistes et discuter avec eux. L’événement
    a donc fonctionné comme un véritable réseau. A ma grande joie, il y a eu aussi des
    collectionneurs présents à l’événement. »




    Parmi les coups de cœur de la Foire , notons la rétrospective
    de Daniel Spoerri, célèbre artiste plasticien et écrivain nonagénaire suisse,
    d’origine roumaine. C’est à lui que l’on doit le courant artistique appelé
    « Eat Art » (Manger de l’art). Il figure parmi les initiateurs du
    « Réalisme nouveau », un courant artistique qui vise à donner un sens
    artistique à des objets de la réalité quotidienne. Demetra Arapu se penche sur la présence
    de Daniel Spoerri à MoBU :


    « Nous avons eu une collaboration
    fructueuse avec Daniel Spoerri et avec son galeriste, Thomas Levy, propriétaire
    de la « Gallérie Levy » de Hambourg. A vrai dire, nous avons très
    bien collaboré avec tous les galeristes, Roumains et étrangers. Nous avons décidé
    d’inviter Daniel Spoerri en raisons de ses origines roumaines et en sachant que
    son nom n’est pas très connu en Roumanie. Nous avons exposé 120 de ses œuvres,
    la plupart inscrites dans ses séries célèbres telles « Seville » ou
    « Les Séries noires ». Il a été honoré de notre invitation. Pour le
    vernissage, il nous a envoyé un enregistrement vidéo pour nous saluer et nous
    encourager. Il s’est dit honoré et heureux de participer à cet événement.
    »


    Le critique et l’historien
    de l’art Pavel Șușară nous a offert plus de
    détails sur la rétrospective Daniel Spoerri :


    « Daniel
    Spoerri est né à Galați et il a quitté la Roumanie à l’âge de 10 ans. Issu
    d’une famille aux origines juives, il a émigré avec ses parents. Il est
    l’initiateur dans l’art d’un des courants les plus importants, qui s’inspire de
    la réalité simple, immédiate, concentrée sur le quotidien et sur la vie de tous
    les jours. Ses ouvrages ne parlent par de moments importants, mais des ceux
    ordinaires. Il surprend des brins de réalité dont il se sert pour créer un
    autre monde.»




    Pour conclure, nous vous invitons à explorer le site de
    la Foire MoBU, https://www.mobu.art/ . Vous
    y trouverez beaucoup d’informations et d’images, en roumain et en anglais,
    aussi bien avec les galeries qu’avec les artistes présents à la Foire. (Trad. Andra Juganaru)



  • Europa Passage, un nouveau documentaire d’Andrei Schwartz

    Europa Passage, un nouveau documentaire d’Andrei Schwartz

    « Europa Passage », le dernier film en date du réalisateur
    roumano-allemand Andrei Schwartz a été projeté à la seizième édition du Festival
    du Film Documentaire et des Droits de l’homme One World Romania. Tourné durant
    six ans, le documentaire suit de près le quotidien de plusieurs Roms de
    Roumanie, obligés à faire des allers retours entre la Roumanie et la ville
    allemande où ils essaient de gagner leur vie.


    Né à Bucarest en 1955,
    Andrei Schwartz a émigré, en 1973, en Allemagne, où il a fait des études à
    l’Ecole des arts de la ville de Hambourg. En 1997, il présente au Festival
    international du film documentaire d’Amsterdam son film « Auf der Kippe/Au
    bord du précipice », qui décroche le Prix Joris Ivens. Tourné dans la
    ville roumaine de Cluj, ce documentaire raconte la vie des Roms dont le
    quotidien tourne autour de la décharge publique de la ville. En 2015, Andrei
    Schwartz réalise le documentaire « Vieţaş până la
    moarte/Himmelverbot/Outside/A perpète jusqu’à la mort », sélectionné au Festival
    One World Romania, dont le personnage principal est un ancien condamné à
    perpétuité, qui est gracié au bout de vingt-et-un ans derrière les barreaux.

    Nous
    avons rencontré Andrei Schwartz, qui nous a parlé de son plus récent
    documentaire, « Europa Passage », et de son intérêt pour des sujets
    qui racontent des histoires de vie de gens marginaux: Comme
    vous le savez, en 1997, j’avais déjà fait un film sur ce qu’il se passe à
    Pata-Rât, la décharge publique de la ville de Cluj-Napoca. Alors, quand j’ai vu
    ces Roms à Hambourg, j’ai cru retrouver les personnages de mon documentaire. En
    général, je préfère regarder la société en me tenant à l’écart, parce qu’une
    telle perspective aide à comprendre ce qu’il se passe au centre. Mon dernier
    documentaire n’est pas qu’un film sur ces gens qui font la navette entre la
    Roumanie et Hambourg, il est également un portrait de la ville allemande, de
    son visage moins plaisant. Puisque je considère cette ville comme ma maison,
    j’ai aussi voulu connaître sa partie moins connue. Concernant mon intérêt pour
    les marginaux, moi je suis né à Bucarest, du côté de Balta Cocioc, une immense
    décharge où une communauté Rom vit du tri des déchets. Je me souviens que,
    pendant mon enfance, quand j’allais à l’école, je passais toujours en bus
    devant ce lieu où je n’ai jamais eu le courage d’entrer. Les marginaux
    m’intéressent aussi parce que je suis juif et les membres de ma famille qui
    vivaient en Hongrie ont été exterminés dans les camps de concentration. Or,
    l’extermination fait malheureusement aussi partie de l’histoire des Roms. Lors
    de la première du film dédié aux Roms, « Auf der Kippe/Au bord du précipice »,
    primé au Festival du Film Documentaire d’Amsterdam, une sorte de Festival de
    Cannes du film documentaire, on m’a dit que j’avais réalisé une leçon sur la
    condition humaine et sur la vie des Roms. Personnellement, je ne crois pas
    qu’il soit un simple film sur les Roms, et là je pense au documentaire « Europa
    Passage » ; c’est un film sur des gens qui essaient de sauvegarder
    des miettes de vie normale dans des circonstances très dures. Dans « Europa
    Passage », les personnages font preuve d’un humour extraordinaire, qui les
    aide à se tenir debout, à ne pas baisser les bras. Ce qui est admirable.
    Țîrloi, un des personnages principaux, a le don de toujours voir le verre à
    moitié plein et j’avoue que j’aimerais bien être aussi optimiste que lui.



    « Obligés de vivre comme dans un ghetto, humiliés à
    travers des emplois improvisés et rejetés par la société, ces gens représentent
    la face invisible, de paria, d’une prétendue histoire à succès d’intégration
    dans « la grande famille européenne ». Le film fait en sorte que ces
    gens aient une présence et un nom – Țîrloi, Maria et les membres de leur
    famille – en les arrachant ainsi, même temporairement, à leur triste anonymat.
    Comme un rappel constamment utile de l’essentiel du documentaire: accompagnement,
    refuge et force pour les démunis. », écrivait le critique Victor Morozov.
    Le réalisateur Andrei Schwartz s’est souvenu des réactions suscitées par son
    film « Europa Passage » lors de la première: Ce
    qui a été intéressant c’est que nous avons projeté le film dans à peu près
    vingt-cinq villes allemandes, où j’ai participé aux échanges d’après la
    projection. Cela m’a permis de comprendre que la situation décrite dans « Europa
    Passage » ne se rencontre pas uniquement à Hambourg, mais dans toutes les villes de tous
    les pays occidentaux. Ce qui est impressionnant ce sont les réactions positives
    des gens qui ont vu le film. Et puis, cette attitude, envers ceux qui mendient,
    peut donner naissance à des problèmes de conscience, mais elle n’est pas
    typiquement roumaine et je ne suis pas l’unique concerné. De mon point de vue,
    les gens qui ressemblent à mes personnages, Țîrloi și Maria, sont un symptôme
    d’une société déraillée et je ne pense pas que nous puissions y trouver une
    solution sans résoudre aussi les autres problèmes. Seuls les décideurs
    pourraient prendre des décisions qui rendent la vie de ces gens plus facile.


    Ajoutons qu’au générique du documentaire « Europa
    Passage » on peut lire les noms de Susanne Schuele pour l’image, de
    Rune Schweitzer pour le montage, de Giacomo Goldbecker, Helge Haack, Marin
    Cazacu, Stefan Bück et Simon Bastian pour le son, et de Stefan Schubert pour la
    production. (Trad. Ileana Ţăroi)



  • Le Musée National d’histoire de Roumanie à l’exposition internationale First Kings of Europe

    Le Musée National d’histoire de Roumanie à l’exposition internationale First Kings of Europe

    L’exposition
    internationale « First Kings of Europe » a été inaugurée, fin-mars,
    au Field Museum of Natural History de Chicago, aux États-Unis. Ce projet
    culturel exceptionnel, imaginé par le musée américain il y a six ans, met en
    lumière des œuvres précieuses appartenant aux patrimoines de vingt-six musées
    de onze pays sud-est européens, dont l’Albanie, la Bulgarie, la Croatie, la
    Hongrie, le Monténégro, la Roumanie, la Serbie et la Slovénie.

    La muséographe Corina
    Borș, coordinatrice de la participation roumaine à l’exposition de Chicago à
    travers le Musée national d’histoire de Roumanie, a expliqué cet ample projet international: C’est la deuxième exposition internationale à laquelle le
    Musée national d’histoire de Roumanie participe aux États-Unis et au Canada. Et
    c’est un projet mené par le prestigieux musée « Field Museum of Natural
    History » de Chicago. Malgré un titre choisi pour attirer le public et
    pour souligner une idée très spéciale, l’expo propose au public une thématique
    archéologique préhistorique et une histoire vieille de plus de 7.000 ans. Le
    projet « First Kings of
    Europe » a pris corps il y a plus
    de 6 ans, au moment de la visite à Bucarest de l’archéologue et chercheur
    américain William Parkinson et d’Attila Gyucha, son partenaire de recherche et
    de mise en page de l’expo. La thématique de l’exposition est archéologique,
    l’accent étant mis sur la préhistoire, du Néolithique à la fin du deuxième Âge
    du Fer. Le public est invité à explorer l’ascension au pouvoir des premiers
    rois et reines dans l’ancienne Europe, à découvrir la naissance et l’évolution
    des concepts de pouvoir, d’iniquité sociale et de hiérarchie dans les
    communautés agricoles égalitaires. C’est un voyage dans le temps, jusque vers
    l’an 5.000 av. J.Ch., à l’aide d’artefacts préhistoriques de première
    importance, appartenant aux collections de 26 musées de 11 pays sud-est
    européens. Ces objets – outils, armes, sculptures, bijoux, d’autres éléments
    réalisés en céramique, métal, os ou pierre – sont une invitation à découvrir le
    quotidien de ces anciennes communautés de la région des Balkans. L’exposition
    nous exhorte à tenter l’aventure et à suivre plusieurs routes qui ont modelé le
    monde que nous connaissons aujourd’hui. Les artefacts parlent aussi des
    cérémonies de ces époques lointaines, en reconstituant par exemple un autel
    néolithique ou une scène funéraire. Pas en dernier lieu, il faut remarquer
    aussi des objets particulièrement précieux, tels des armes ou des symboles du
    pouvoir, qui ont transformé les guerriers en, disons, dynastes.



    La
    muséographe Corina Borș a expliqué la structure de l’exposition: L’exposition est structurée sur quatre grands thèmes et
    organisée chronologiquement, du Néolithique au Premier Âge du Fer. La première
    section, consacrée au Néolithique, explore les terres sur lesquelles se sont
    développées ces civilisations préhistoriques avant l’apparition des premiers
    rois. L’Âge du Cuivre ou le Chalcolithique est celui des premiers objets
    réalisés en un métal précieux, parmi les plus anciens au monde et découverts
    sur le territoire actuel de la Roumanie et de la Bulgarie. La troisième
    section, consacrée à l’Âge du Bronze, met en lumière l’apparition des nouvelles
    routes du pouvoir et des premiers dynastes, si l’on peut parler de royauté. La
    dernière partie de l’exposition, dédiée à l’Âge du Fer, pratiquement au premier
    millénaire avant Jésus Christ, parle de la naissance de l’idée de royauté.



    En quoi
    consiste la contribution de la Roumanie à ce projet? Réponse avec Corina Borş: Six musées de Roumanie participent
    à cette exposition importante, le coordonnateur en étant le Musée national
    d’histoire de Roumanie. Les autres sont
    le Musée national d’histoire de la Transylvanie de Cluj, le Complexe muséal
    national de Piatra-Neamț, le Musée de la civilisation Gumelnița d’Oltenița, le
    Musée de l’Olténie de Craiova et le Musée départemental de Buzău. Les six
    musées ont envoyé outre-Atlantique une sélection de 90 artefacts pré et protohistoriques
    de leurs collections respectives, des objets datant du Néolithique, de l’Âge du
    Bronze et jusqu’au deuxième Âge du Fer.



    Quel a été
    l’accueil du public nord-américain? Corina Borș précise: Pour l’instant, il n’est pas facile
    de répondre à cette question, parce que l’exposition n’est arrivée qu’à sa
    deuxième destination. Les destinations sont trois – New York, Chicago et
    Gatineau, au Canada, pour un parcours de plus de deux ans et demi. Nous
    espérons qu’elle aura du succès, par son thème entièrement inédit pour le
    public américain. Il faut attendre un peu avant d’avoir des réactions et des opinions
    .- a conclu
    la muséographe Corina
    Borș. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • L’exposition « Brukenthal Exclusive »

    L’exposition « Brukenthal Exclusive »

    Au cœur de la capitale roumaine Bucarest, au 18 rue Lipscani,
    le Palais Dacia-România, datant du 19ème siècle, accueille jusqu’à
    la mi-mai la 11è édition du Pavillon d’art « Art Safari », avec au
    programme l’exposition temporaire « Brukenthal Exclusive ». Du 20 au 30 avril, le public a eu l’occasion d’admirer cinq peintures des plus importantes issues des
    collections de peinture internationale du musée Brukenthal de Sibiu. Il s’agit notamment
    de « L’Homme au chaperon bleu », de Jan van Eyck (1390-1441), peintre
    flamand, grand représentant du naturalisme en peinture. Viennent ensuite deux
    toiles du portraitiste flamand Hans Memling (1435-1494), à savoir
    « Portrait d’un homme lisant » et « Portrait d’une femme en prière ».
    Le quatrième tableau, intitulé « Ecce Homo » appartient à Titien (Tiziano Vecellio,
    1488-1576), celui qui pousse plus encore la capacité dramatique de la peinture
    et se taille une place de haut rang au sein de l’école vénitienne de
    peinture. Enfin, le dernier tableau est un petit portrait intitulé « Tête
    d’enfant », de Paolo Véronèse (1528-1588), qui, sous l’influence de Titien, a eu
    une vision naturaliste sur le monde.


    Ioana Ciocan, directrice générale du Pavillon d’art Art
    Safari précise: « Le
    commissaire de l’exposition temporaire, Alexandru Chituță, a choisi pour l’édition de cette année
    les peintures les plus connues parmi les 1200 œuvres exposés au Musée
    Brukenthal de Sibiu. Il s’agit des tableaux de Paolo Véronèse, Jan van Eyc,
    Titien et Hans Memling. Parmi ces œuvres, Art Safari vous invite à admirer la peinture
    considérée comme la plus marquante jamais retrouvée sur le territoire de la
    Roumanie, à savoir « L’Homme au chaperon bleu », de Jan van Eyck. Nous
    avons pris soin de mettre en place toutes les conditions nécessaires pour
    protéger ces peintures tellement rares. Par exemple, l’accès du public dans la
    salle d’exposition se fait par de petits groupes de six personnes tout au plus,
    pour écarter le risque que la température n’augmente et que les peintures ne
    soient d’endommagées.»


    Les cinq chefs d’œuvre sont
    assurés à hauteur de 75 millions d’euro, une somme très élevé pour la Roumanie.
    Ioana Ciocan nous en parle: « La
    société internationale d’assurance, basée en Grande Bretagne, – car malheureusement,
    assurer de tels tableaux en Roumanie ce n’était pas possible -, nous a aidés
    avec les formalités. Le transport de Sibiu à Bucarest s’est fait en présence de
    la gendarmerie, dans des conditions de sécurité maximale, il a été placé sous
    haute sécurité et assuré par un transporteur spécialisé d’œuvres d’art»


    Récemment, le Ministère de la Culture a élevé le Pavillon
    d’Art « Art Safari » au rang de projet stratégique pour la Roumanie. Ioana
    Ciocan nous a dévoilé quelques points forts que son équipe prépare pour la
    prochaine édition: « La décision
    du ministre de la Culture, Lucian Romașcanu, de faire d’Art
    Safari un projet stratégique pour le pays nous rend honneur. Ainsi prenons-nous
    la responsabilité de préparer d’autres expositions attractives à proposer au
    public en 2024. A part l’exposition temporaire consacrée aux peintures
    empruntées cette année au Musée Brukhental de Sibiu, nous avons mis en place une
    autre expo avec des peintures empruntées auprès du National Portrait Gallery et du prestigieux
    Musée Royal « Victoria and Albert ». Jusqu’au 14 mai,
    nous vous attendons aussi à une exposition consacrée au peintre roumain Nicolae
    Grigorescu, un des représentants les plus importants de l’impressionnisme en
    Roumanie, ancien membre de l’Ecole de Barbizon. Le Musée V&A de Londres organisera
    dans le cadre d’Art Safari une exposition de peinture contemporaine intitulée « Des
    Anges et des Démons ». L’exposition rétrospective « Artachino »,
    organisée par Elena Olariu, adjointe au directeur du Musée de la Municipalité
    de Bucarest, en partenariat avec ce musée et avec le Musée National d’Art de la
    Roumanie est aussi à visiter. Je voudrais énumérer aussi les musées de Constanța,
    Iași, Cluj, Timișoara, Oradea, Satu-Mare et d’autres villes de la Roumanie, qui
    nous aident à chaque fois qu’Elena Olariu se propose de faire une
    rétrospective. Il faut mentionner aussi National Portrait Gallery, qui a
    réalisé pour Art Safari une exposition intitulée « Love Stories »,
    avec des chefs-d’œuvre d’Antoine Van Dyck, d’Angelina Kauffman et de Man
    Ray. »


    Pour plus de détails sur les
    événements à l’agenda du Pavillon Art Safari, nous vous prions de consulter le
    site web qui lui est dédié, à l’adresse www.artsafari.ro.
    Une version en anglais est également disponible. Vous y retrouvez
    plusieurs catalogues d’exposition, ainsi que l’archive des éditions précédentes. (trad. Andra Juganaru)

  • L’exposition BACK TO WHERE IT ALL BEGAN à la Galerie Gaep de Bucarest

    L’exposition BACK TO WHERE IT ALL BEGAN à la Galerie Gaep de Bucarest

    L’exposition « Back to Where It All
    Began », visible à la Galerie Gaep de Bucarest, est le résultat du
    programme « Accélérateur. Mentorat et production pour les artistes en
    devenir » qui s’articule en deux étapes. Il s’agit du programme le plus
    complexe jamais mis en place en Roumanie. Ce dernier vise à soutenir les
    artistes émergents. Dix artistes ont été sélectionnés pour participer à cette
    exposition, dont les travaux explorent, par différents moyens d’expression,
    notre société et notre environnement.

    Nous avons rencontré Andrei Breahnă,
    directeur de « l’association culturelle Eastwards Prospectus » et
    manager du projet « Accélérateur » qui a accepté de nous parler du
    message que cherche à transmettre l’exposition :




    « Tevž Logar est en charge de l’exposition « Back to Where It
    All Began. C’est un
    commissaire d’exposition Serbe indépendant avec lequel nous collaborons depuis longtemps. Cette exposition est une étape très
    importante pour nous, car c’est l’occasion pour nos jeunes artistes de
    mettre en pratique et d’exprimer ce qu’ils ont appris au cours du programme de
    mentorat. L’exposition a été pensée comme une installation de groupe comprenant
    les dix artistes participants, sans thématique, afin de permettre à chacun de
    s’exprimer librement. Le commissaire d’exposition a cherché, en discutant directement avec
    chacun des artistes, à tous les intégrer pleinement, et à faire de cette
    exposition une mosaïque d’œuvres complexes avec ce que chacun a produit. Les
    artistes ont été rémunérés afin de pouvoir produire. Par conséquent, le projet
    et l’exposition visent à les accompagner dans leur démarche artistique, avec un
    programme bien établi et en lien avec l’espace de la galerie. Ce dernier est en
    effet très singulier et très présent. »






    Andrei Breahnă, manager du projet, nous a guidé tout au long de
    l’exposition, nous expliquant certaines œuvres et travaux, tout en nous parlant
    plus en détails de l’espace offert par la galerie Gaep :

    « Nous
    sommes à l’intérieur d’une villa du 19e siècle, avec une structure
    semi-circulaire, comportant de grandes pièces, hautes de 4 mètres et avec un
    sous-sol qui, à première vue, ressemble à un labyrinthe. Cela fait déjà 9 ans que
    nous travaillons dans cet espace et il faut dire que toutes les expositions sont
    toujours en rapport direct avec son agencement. J’aimerais cette fois-ci
    mentionner l’ouvrage d’Alina Ion, qui est très intime, autoréférentiel, lié au
    langage et à ses activités. C’est une installation qui projette un texte que le
    visiteur peut regarder de très près. Le texte est ressenti non pas à travers la
    lecture, mais par un contact immersif, direct avec le papier que
    l’artiste a choisi pour imprimer ses lettres. Puis, au sous-sol, on retrouve
    l’ouvrage de Maria Mandea, une autre démarche originale axée qui se distingue
    par son aspect interactif. Il s’agit d’un commentaire au sujet de la propriété
    privée. Elle s’est appuyée sur la rétrocession d’une partie importante du parc
    IOR de Bucarest, qui a beaucoup agité les esprits à un moment donné, dans la
    presse comme dans le quartier en question. Concrètement, il s’agissait d’un
    espace public qui avait été capturé. Maria a choisi de parler de cet endroit où
    elle a passé son enfance. On peut même voir une photo d’elle, lorsqu’elle était
    toute petite et qu’elle jouait dans ce parc que certains visiteurs
    reconnaîtront sans doute. Le côté interactif réside dans le fait qu’elle a
    aussi fabriqué une carte du parc en utilisant du sucre. Elle invite d’ailleurs
    les visiteurs à y coller des sucettes comme s’ils y plantaient des arbres.
    C’est en quelque sorte une invitation à se réapproprier cet endroit et à le
    transformer de nouveau en espace public. Enfin, un dernier ouvrage que
    j’encourage les visiteurs à découvrir appartient à Stanca Soare, une artiste
    établie en France. Elle a créé une installation réunissant des vidéos et des
    objets ayant trait au Musée du Louvre. »




    Voyons maintenant quel impact cette exposition a eu sur le public, ou du
    moins quel est l’impact que la galerie aimerait produire sur les visiteurs.
    Andrei Breahnă :


    « L’exposition
    issue du programme de mentorat « Accelerateur » est original et je suis
    très content de voir que cet exercice a réussi. Nous avons mis sur pied un
    nouveau projet visant à accompagner les jeunes artistes, leur offrir un espace
    pour exposer et faciliter leur dialogue avec les commissaires d’exposition.
    Nous sommes aussi ravis de pouvoir leur offrir la possibilité de montrer leurs
    créations au large public et aux spécialistes ».




    Un endroit pour s’exprimer, pour
    apprendre et échanger et pour exposer. Gaep est une galerie qui permet aux
    jeunes créateurs visuels roumains de commencer leur chemin artistique. (trad.
    Charlotte Fromenteaud, Valentina Beleavski)

  • La comédienne Ana Ularu joue dans la série “Spy/Master” présentée à la Berlinale

    La comédienne Ana Ularu joue dans la série “Spy/Master” présentée à la Berlinale

    Coproduite par la chaîne de télévision allemande, Warner
    TV Serie, la production originale Max Original « Spy/Master » est la
    première série roumaine nominée au Festival international du film de Berlin.
    Présentée en première mondiale dans le cadre du marché Berlinale Série, la production réalisée par Christopher Smith,
    d’après un scénario d’Adina Sădeanu et de
    Kirsten Peters, raconte l’histoire d’un double agent secret, bras droit de Nicolae
    Ceausescu. Diffusée en Roumanie par les chaînes de télévision HBO et HBO Max,
    la série a dans sa distribution les comédiens Ana Ularu et Alec Secăreanu.

    Ana
    Ularu explique:


    Il s’agit en fait d’une mini-série de six épisodes sur
    lesquels, seuls les deux premiers ont été inscrits dans la compétition à la
    Berlinale. A voir les retours du public lors de la projection, je dirais qu’il en
    a été fortement impressionné et j’en suis très contente. D’ailleurs, j’avoue que
    moi-même j’en étais touchée, même si je savais que le film est spécial. Mais
    bon, au moment de la projection, on ressent une sorte d’énergie d’autant plus
    forte que la projection se passe sur un écran immense, devant une salle archi
    pleine et en présence d’un public qui réagit très bien. Ce sentiment est
    merveilleux, je pense que tous les acteurs sont d’accord avec moi. Je voudrais
    absolument mentionner le nom d’une comédienne que j’adore et qui joue dans la
    série. Il s’agit d’Elvira Deatcu qui, aux côtés de Claudiu Bleonț,
    fait un rôle exceptionnel. Ils sont magnifiques dans leur interprétation des
    époux Ceausescu. Moi, je joue le rôle de Carmen Popescu, une agente des services
    roumains de contre-espionnage dont la mission est de déjouer les plans de
    l’agent Victor Godeanu, interprêté par Alec Secăreanu qui a donc le rôle
    principal. Donc Carmen Popescu tente de bloquer toute tentative de désertation
    de la part de Victor. C’est un personnage intelligent, déterminé et qui a de
    l’humour. Je pense que le destin veut que je joue toujours des personnages
    déterminés. J’ai véçu une expérience très heureuse en tournant avec l’équipe de
    cette mini-série, le scénario m’a plu dès le premier moment. Je l’ai lu d’un
    trait pendant un voyage que j’avais fait au Portugal. Chaque épisode est plein
    de suspens et j’avais hâte de voir la suite.




    Ana Ularu figure également dans la distribution de la
    série Le pouvoir, The Power, dont la première a eu lieu fin mars sur Amazon
    Prime et où elle joue aux côtés de la célébre actrice australienne, Toni
    Collette. D’ailleurs, Ana Ularu n’est pas la seule Roumaine de la distribution.
    S’y ajoutent plusieurs noms parmi lesquels celui de Bogdan Albulescu. La série
    est basée sur le livre de Naomi Alderman, paru en roumain chez les Editions
    Storia Books, dans la traduction de Miruna Voiculescu.

    Ana Ularu nous en donne
    des détails.


    Le scénario part d’une prémisse très intelligente,
    renvoyant à l’évolutionnisme, et qui dit que la nature aide les organismes à
    s’adapter à l’environnement et à la société au sein de laquelle ils vivent.
    Dans cette série, on s’imagine qu’à l’adolescence, les filles se voient pousser
    un nouvel organe qui a la force d’électrocuter les autres. Et, ce pouvoir que
    les femmes se voient attribuer change en quelque sorte l’ordre du monde. Les
    changements s’avèrent d’autant plus oppressifs et injustes qu’ils interviennent
    dans une société non- démocratique. C’est une série où l’action se passe à
    travers le monde. Une partie de l’histoire se déroule aux Etats-Unis, une autre
    au Nigéria, après en Grande Bretagne. Je dirais que c’est un des meilleurs
    films que j’ai tournés dans toute ma carrière. Et puisque j’ai parlé aussi de
    Spy/Master, je ne saurai cacher la joie d’avoir joué dans ces deux séries que
    j’ai adorées. Pour revenir au Pouvoir et à la distribution, Toni Collette et
    Bogdan Albulescu ont été des partenaires à distance, puisqu’on a évolué dans
    des fils naratifs différents. Je ne vais pas en dire plus, car je veux
    préserver le suspense. En revanche, je me réjouis d’avoir figuré dans la même
    distribution que Toni Collette et j’espère tourner un jour à ses cotés.




    Considérée l’une des jeunes actrices les plus appréciées
    de Roumanie, Ana Ularu est connue aussi bien pour ses rôles au théâtre que pour
    ceux sur le grand écran. Elle a déjà joué aux côtés des acteurs célèbres tels
    Keanu Reeves, dans Sibérie, Tom Hanks, dans Inferno ou encore Bradley Cooper et
    Jennifer Lawrence dans Serena. Récemment, elle a joué dans plusieurs séries
    telles Emerald City, Alex Rider ou Les tribus d’Europe. (Trad. Ioana Stancescu)



  • Le film « Timișoara – Capitale Européenne de la cohabitation pluriethnique »

    Le film « Timișoara – Capitale Européenne de la cohabitation pluriethnique »

    Vous le savez déjà
    peut-être, en 2023, Timișoara, cette belle ville de l’ouest de la Roumanie, est
    Capitale européenne de la culture et accueille une multitude d’événements
    culturels tout le long de l’année. Artistes locaux, créateurs des 4 coins de la
    Roumanie et du monde s’y donnent rendez-vous dans les mois à venir. Les visiteurs
    sont invités, eux, à découvrir non seulement les différents projets artistiques,
    mais aussi les habitants et l’histoire de cette ville, véritable carrefour de
    cultures et de civilisations.


    C’est justement sur l’un
    de ces projets que nous allons nous pencher aujourd’hui. Il évoque les gens, l’histoire
    et le multiculturalisme de ces lieux. Il s’agit du film documentaire intitulé
    « Timișoara – Capitale Européenne de la cohabitation pluriethnique », dont
    le réalisateur Florin Iepan, est né dans cette ville et compte à son palmarès
    une quarantaine de documentaires et de productions de télévision. Une fois
    terminé, ce film présentera la ville du point de vue de Christo Balthazar de
    Norvège, petit-fils du journaliste et écrivain Jahn Otto Johansen, auteur
    du livre « La Roumanie : une collection d’articles », journaliste
    décoré par le président roumain pour sa contribution à la promotion de l’image
    de la Roumanie en Norvège.


    Pour en savoir davantage
    sur le futur documentaire et sur son concept, nous avons invité à notre micro,
    Anca Spiridon, responsable de communication culturelle de l’Association
    Métropolis, qui a initié ce projet :


    « Il ne s’agit pas la première démarche
    de promotion du multiculturalisme par l’art, initiée par l’Association
    Culturelle Metropolis. En 2011, nous organisions déjà des événements culturels
    et artistiques, comme par exemple le « Festival international de film pour
    le jeune public», le festival BalKaniK Arts & Culture, qui est le
    premier festival de musique et de culture balkanique de Roumanie. Puis en 2015,
    nous avons organisé le Festival du film des minorités, ici même à Timișoara, ou
    encore le « Nomad International Film Festival ». Alors, c’était tout à
    fait naturel d’accueillir la première du film « Timișoara – Capitale
    Européenne de la cohabitation pluriethnique » au cours de cette année d’une
    importance majeure. Ce documentaire est, en fait, une nouvelle initiative visant
    à faire la promotion du multiculturalisme à l’aide de l’art et des traditions.
    Il a pour point de départ l’histoire de Christo, le petit-fils du fameux
    journaliste norvégien décoré par le président de la Roumanie en 2014. (…) Christo
    doit refaire le voyage de son grand-père de sorte que le film présente les
    nouvelles réalités à travers ses yeux, mais aussi ceux du réalisateur Florin
    Iepan, originaire de Timișoara. Dans le contexte où la ville est, cette année,
    Capitale européenne de la Culture, ce film se propose de braquer les projecteurs
    sur la richesse et la diversité des cultures, aussi bien en Europe qu’en
    Roumanie, et à Timișoara aussi. Il veut mettre en avant les traits culturels
    que les Européens partagent, pour les rendre conscients qu’ils appartiennent à
    une région culturelle commune et les encourager à faciliter le développement
    des villes par le biais de la culture. Ce film se propose donc de documenter l’interaction
    et la contribution à la vie sociale, politique, économique et culturelle
    actuelle des principales ethnies vivant à Timișoara. Son but est aussi de
    reconfirmer cette tradition du multiculturalisme dont la ville s’enorgueillit
    et de renforcer son image de centre pluriethnique et pluri-religieux. Le film
    parlera des traditions et des coutumes locales, mais aussi des nouvelles activités
    économiques montées par les gens qui se sont établis à Timișoara ces 20-30
    dernières années. Il mettra en avant la gastronomie serbe, les métiers et la
    musique tziganes, la littérature et le théâtre magyars, sans oublier les
    nouvelles boutiques des communautés italienne et turque. C’est en faisant la
    promotion du multiculturalisme dans l’art et dans les traditions, en facilitant
    le dialogue interculturel entre les principales communautés ethniques de
    Timișoara et le large public, que ce documentaire se propose de renforcer la
    compréhension et l’acceptation de la diversité. Il invite à un grand exercice
    d’empathie permettant de renforcer la réception de cette diversité culturelle ».




    Un projet intéressant et
    ambitieux qui n’en est finalement qu’à ses débuts. Anca Spiridon nous parle des
    étapes du projet et nous précise quand le public pourra assiter à la première
    du film :


    « Le mois de mars
    est la phase de production du film. Après les recherches sur le terrain, on
    commencera à filmer. Suivra la phase de post-production. Notre objectif est d’avoir
    la première du film autour du 28 – 30 juillet, à Timișoara,
    bien évidemment, dans un contexte plus large : un festival de 3 jours, en plein
    air, qui proposera des projetctions, suivies de sessions de Questions-Réponses,
    de débats sur les minorités et sur les échages culturels au sujet de la
    migration ainsi qu’un salon de produits traditionnels. Nous aimerions que ce
    documentaire rejoigne le réseau classique de distribution dans les cinémas de
    Roumanie, mais aussi qu’il participe à différents festivals et événements spécifiques.
    Nous aimerions bien qu’un public aussi large que possible puisse voir ce film
    cette année, d’abord dans les cinémas, puis sur les plate-formes online de
    Roumanie ou de Norvège. »




    Le documentaire « Timișoara
    – Capitale Européenne de la cohabitation pluriethnique » n’est que l’un des
    nombreux projets lancés dans le cadre du programme Timișoara – Capitale
    Européenne de la Culture 2023. Son message est en fait très simple: venez
    découvrir cette merveilleuse ville, carrefour de plusieurs cultures, ethnies et
    religion. D’autant plus en cette année qui s’annonce riche en événements
    culturels des plus divers. (Trad. Valentina Beleavski)