Category: La Roumanie chez elle

  • Les grands-parents, guides au musée

    Les grands-parents, guides au musée

    En février, les élèves roumains profitent des « vacances au ski », une période durant laquelle le Musée du Pays de Criș – Complexe Muséal d’Oradea – organise, en partenariat avec le Conseil Départemental de Bihor et sa mairie, un événement intitulé « Au musée avec les grands-parents. Guides d’un jour ». Du 18 au 23 février 2025, grands-parents et petits-enfants sont conviés à explorer l’histoire de la ville, avec une particularité : les grands-parents auront l’opportunité de jouer le rôle de guides pour leurs petits-enfants.

     

    Cristina Liana Pușcaș, docteure en histoire et muséographe au sein de la section du Musée de la Ville d’Oradea, rattachée au Musée du Pays de Criș, nous a présenté ce projet :

     

    « C’est la deuxième édition de ce programme, initié en 2023. En 2024, nous n’avons pas pu le mettre en place en raison d’un vaste projet de rénovation du musée. Nous avons réfléchi à cette initiative pendant les vacances d’hiver, sachant que de nombreux enfants n’ont pas les moyens de partir en voyage. Beaucoup restent à Oradea avec leurs grands-parents, qui peuvent se permettre de passer une journée à redécouvrir l’histoire de la ville et à partager leurs souvenirs. L’an dernier, grâce à ce projet de rénovation, nous avons aménagé de nouveaux espaces et expositions, notamment sur la période communiste. Cette époque, que les grands-parents ont vécue, leur permet d’enrichir la visite par leurs récits personnels. »

     

    Cristina Liana Pușcaș a également donné quelques précisions :

     

    « Ils peuvent, par exemple, expliquer aux enfants ce que symbolise les bibelots de poisson posés sur les téléviseurs, l’usage des bouteilles de lait, les longues files d’attente, le siphon, ou encore la lampe à pétrole qui rappelle les coupures d’électricité en soirée. Il y a aussi le téléphone à cadran. Dans l’exposition « L’enseignement d’Oradea au XXe siècle », nous avons reconstitué une salle de classe de l’époque, avec les uniformes scolaires, l’uniforme de pionnier, l’encrier, l’abécédaire et l’outil en bois pour apprendre à compter (« socotitoare »). Ces éléments aident les grands-parents à illustrer leurs souvenirs de manière concrète. Une autre exposition qui devrait captiver les enfants est « La discothèque des années 70-80 », où les grands-parents pourront raconter leur jeunesse et la vie de cette époque. »

     

    Le musée a aussi préparé des supports pour les sections plus difficiles à raconter et expliquer, comme l’a précisé Cristina Liana Pușcaș :

     

    « Bien sûr, ils ne peuvent pas tout maîtriser. Pour la Première Guerre mondiale, nous avons élaboré une fiche sur l’entrée de l’Armée Roumaine à Oradea en 1919 et sur Traian Moșoiu, héros de la libération de la ville. Concernant le quotidien sous le communisme, un flyer avec des informations et des images a été conçu pour raviver les souvenirs des grands-parents et les aider à les partager. »

     

    Nous lui avons demandé quel avait été l’impact du projet en 2023 :

     

    « En revoyant les photos de cette première édition, j’ai remarqué que les grands-parents étaient véritablement impliqués avec leurs petits-enfants. On les voyait expliquer le fonctionnement du téléphone à cadran, de la radio, du pick-up, ou encore le rôle des vinyles. Ces moments d’échange étaient précieux. Aujourd’hui, nos expositions sont encore plus riches en objets de cette époque, offrant aux grands-parents davantage de matière pour transmettre leur savoir. »

     

    Le billet d’entrée pour ce programme est fixé à 10 lei par personne (environ 2 euros) pour l’accès aux expositions de la section du Musée de la Ville d’Oradea. Situé dans la Citadelle d’Oradea, le musée propose des expositions temporaires et permanentes, parmi lesquelles : « Des églises dans un palais – recherches archéologiques au Palais Princier », l’exposition « Dépersonnalisation » de Cătălin Bădărău, ainsi que des expositions consacrées aux évêchés gréco-catholique, réformé et romano-catholique d’Oradea.

     

  • L’histoire à succès international d’une petite marque roumaine

    L’histoire à succès international d’une petite marque roumaine

    Chose peu connue, il existe une marque roumaine qui crée et produit des combinaisons de ski professionnelles de renommée internationale. Cela fait une trentaine d’années déjà que ces combinaisons sont créés dans un petit atelier de famille de Topliţa, dans le département de Harghita, dans le centre de la Roumanie.

    Pour en savoir davantage sur cette marque peu médiatisée dans notre pays, mais très appréciée par les professionnels de la glisse, nous avons invité au micro de RRI, Dan Cotfas, l’administrateur de cette société roumaine. Il raconte les débuts de cette marque qui a vu le jour dans le petit atelier de ses parents, anciens couturiers :

    De ses débuts modestes en 1992, au début de la gloire dès les années 2000s

     « Nous avons démarré notre activité en 1992, lorsque mes parents, qui avaient travaillé dans le domaine, une fois partis à la retraite, ont senti le besoin de rester en activité. Je suis pour ma part ingénieur mécanicien, un domaine complètement différent, mais j’ai voulu leur donner la chance de pouvoir continuer en leur proposant une activité qui leur donne la satisfaction d’être toujours utiles. J’ai donc mis sur pied une petite société, en 1992, aux côtés de mes parents et de mon frère, sise dans la maison de nos grands-parents, à la campagne. Ayant travaillé dans la couture, mes parents disposaient encore de deux machines à coudre. Mon père avait aussi une « Licence de maître artisan », car il avait eu son propre atelier de couture à l’époque de Ceausescu, lorsqu’il fabriquait des vêtements pour hommes sur demande. On s’est dotés aussi de quelques vieux outillages d’occasion et on a démarré la production pour le marché intérieur : des pantalons pour les hommes et des robes pour les femmes. Et surprise : nos produits se sont très bien vendus et ont commencé à être très recherchés sur le marché roumain de l’époque.»

     

    Et puisqu’à l’époque notre invité travaillait encore dans un autre domaine et que l’approvisionnement et la vente des produits de cet atelier devenaient de plus en plus difficiles, il a fallu élargir le projet. Dan Cotfas poursuit :

     

    « Nous avons embauché 4 autres personnes. Notre équipe comptait 6 à 7 employés vers 1995. Puis, en 1995, nous avons eu l’opportunité de nous perfectionner en fournissant des produits à une compagnie italienne. Nous avons donc changé d’atelier et démarré la formation de 15 personnes sur place afin de produire pour une marque italienne connue. Rapidement, nous avons pu élargir notre capacité de production et fabriquer aussi des produits techniques. Donc les défis se sont enchaînés tout au long de cette période, car il a fallu faire des opérations que nous ne connaissions pas ou très peu et même des choses méconnues en Roumanie à cette époque-là. Par exemple, nous avons commencé à faire des combinaisons de ski aux coutures thermocollées. Puis, on a commencé à fabriquer des vestes pour les randonnées en montagne et nous avons aussi été les premiers de Roumanie à produire des doudounes en duvet d’oie. »

     

    Un succès grandissant qui a conduit à un élargissement de l’activité

    Cette collaboration s’est poursuivie pendant plusieurs années jusqu’au moment où, grâce à l’expérience accumulée et à la renommée ainsi gagnée, ils ont décidé d’élargir la production et de la personnaliser. Dan Cotfas explique :

     

    « Etant donnée l’expérience accumulée, nous avons décidé de créer notre propre marque. Ainsi avons-nous ouvert notre propre magasin à Topliţa, puis un autre à Târgu Mureș. On a aussi multiplié les ventes de notre marque à travers la Roumanie, avec une trentaine de collaborateurs pour lesquels on fabriquait des produits mais à l’aide desquels on vendait aussi notre propre marque partout dans le pays. »

     

    Une fois l’expansion nationale mise en marche, gagner le marché international était le pas naturel à faire. Dan Cotfas raconte :

     

    « Vers 2011-2012, on a commencé à travailler avec des moniteurs de ski d’Italie. Puis, nous avons réussi à recevoir des commandes et à proposer des collections en Autriche, Allemagne, Finlande et Grande Bretagne. On pouvait voir nos produits sur les pistes de ski de ces pays. Les commandes se sont multipliées d’une année à l’autre, étant donné la haute qualité de nos produits. A présent, nous collaborons avec plus de 90 clubs sportifs. Nous leurs fournissons chaque année des vêtements pour les sports d’hiver, pour les sauveteurs en montagne, pour les alpinistes. Et, dernièrement, nous avons aussi développé le côté mode de notre entreprise, en mettant l’accent principalement sur les vêtements à base de plumes d’oie ».

     

    Voilà donc l’histoire à succès d’un petit fabriquant de vêtements sportifs de Roumanie qui a persévéré dans le temps pour gagner le marché international. Une preuve de plus que tout rêve peut devenir réalité, même à l’âge de la retraite ! (trad. Valentina Beleavski)

     

  • L’Association de la chaîne alimentaire courte sur le Salon de la « Semaine verte » de Berlin

    L’Association de la chaîne alimentaire courte sur le Salon de la « Semaine verte » de Berlin

    Durant la deuxième quinzaine du mois de janvier, l’Association de la chaîne alimentaire courte (ALAS), a présenté des produits roumains authentiques d’Alba, Bacău, Constanţa, Giurgiu et Maramureş, sur le stand du ministère de l’Agriculture et du Développement rural (MADR) dans le cadre du Salon international de la « Semaine verte » (« Grune Woche ») de Berlin, en Allemagne.

    Marius Tudosiei, fondateur de l’Association de la chaîne alimentaire courte, nous a donné quelques détails sur le déroulé du Salon :

     

    « Sans nommer de marques spécifiques, nous avons apporté nos meilleures huiles pressées à froid, quelques produits à base de poisson, de la zacusca et des conserves de poisson, qui ont été très bien accueillis. L’événement s’est très bien déroulé, et je pense que nous devrions renforcer notre coordination et nous préparer pour Berlin 2026. »

     

    La chaîne alimentaire courte

    La « Semaine verte » (« Grune Woche ») de Berlin est un événement consacré aux produits agroalimentaires, qui rassemble chaque année plus de 60 pays et des centaines de milliers de visiteurs. Marius Tudosiei nous a expliqué le concept de chaîne alimentaire courte :

    « Il y a quelques années, la chaîne alimentaire courte était considérée comme la relation directe entre le producteur et le consommateur, sans intermédiaire, caractérisée par la distance la plus courte possible entre les deux. Malheureusement, en 2025, nous ne pouvons même plus espérer obtenir tous ces détails. Il y a cependant, dans notre vision, quelques paramètres qui, une fois changés, devraient être très bien définis, à savoir qu’il devrait toujours y avoir une relation entre le producteur et le consommateur, qu’il s’agisse d’un particulier, donc pour la consommation domestique, ou que nous parlions de l’industrie de l’HORECA, des chefs, des restaurants, des propriétaires. Je me suis rendu compte que le rôle d’intermédiaire ne peut être ignoré. Il est en quelque sorte nécessaire. Mais  de notre point de vue, il doit jouer un rôle aussi discret que possible et qu’il ne doit en aucun cas monopoliser la majeure partie de l’accord proposé. Ce que je veux, c’est que l’intervention d’un intermédiaire, quel qu’il soit, doit être la plus discrète possible d’un point de vue financier, parce que malheureusement, dans les chaînes actuelles, les grandes chaînes, ce sont justement les intermédiaires qui se font les plus grosses marges sur la valeur du produit fini, de ce que le consommateur paie, et donc nous essayons de rapprocher les producteurs et les consommateurs, et les deux ont des langages un peu différents. Souvent, les fabricants ne comprennent pas exactement quels sont les besoins des consommateurs. »

     

    La contribution des citoyens ordinaires

    Marius Tudosiei a illustré le manque de compréhension des besoins des consommateurs à travers plusieurs exemples. Il a notamment souligné l’insuffisante diversification des produits et les erreurs dans le choix des emballages : certains formats sont trop petits pour le secteur de l’HORECA, tandis que d’autres sont inadaptés aux foyers en raison de leur taille surdimensionnée. Nous lui avons demandé quel rôle les citoyens ordinaires pouvaient jouer face à cette situation. Voici sa réponse :

    « Le premier pas à faire dans cette direction est extrêmement important : réfléchir exactement à ce qu’ils mettent sur leur table et dans leurs assiettes et penser à l’origine des ingrédients qu’ils achètent. Entre-temps, nous avons également lancé un projet éducatif destiné aux écoles et aux maternelles, et je dois admettre qu’il est plus difficile de travailler avec les plus jeunes, car la période pendant laquelle vous pouvez capter leur attention est très courte. Une chose fabuleuse s’est toutefois produite : je leur ai montré des légumes frais qu’ils se sont passés de main en main. Chacun a pu sentir la différence entre les céleris parfaitement dessinés que l’ont trouve dans les grands magasins, évidemment importés. Ils n’ont rien trouvé d’intéressant à dire à ce sujet, à part qu’ils pouvaient le faire rouler puisqu’il était parfaitement rond. J’avais aussi apporté un céleri de mon jardin, bien feuillu, et dès que j’ai tourné ses feuilles et qu’il a embaumé toute la classe de son parfum, c’est probablement à ce moment là que j’ai le mieux capté l’attention des enfants, car le stimulus était très fort. Il existe une différence notable entre les produits importés et les produits locaux, c’est pourquoi le consommateur doit réfléchir très sérieusement à ce qu’il achète. Les produits locaux, éventuellement certifiés biologiques, ne sont pas toujours plus chers que les produits importés. Nous devons penser aux options d’emballage, à l’empreinte carbone. Il y a beaucoup de choses à prendre en compte et je pense que nous devrions être un peu plus conscients de ce que nous mangeons. En même temps, nous devrions réfléchir au fait que la nature a organisé les choses de telle manière que la saisonnalité devient importante et qu’elle devient importante aussi dans nos menus. Il est en effet tout à fait logique qu’un ingrédient ne soit pas disponible 365 jours par an. »

     

    Marius Tudosiei nous encourage donc à suivre le rythme des saisons. Adopter cette attitude est essentiel, non seulement pour préserver la qualité et la saveur des aliments, mais aussi pour soutenir une agriculture plus durable et respectueuse de l’environnement. Comme notre invité l’a souligné, une meilleure compréhension des besoins des consommateurs et une offre adaptée sont cruciales. Mais au-delà de l’offre, il appartient aussi aux citoyens d’être attentifs à ce qu’ils mettent dans leurs assiettes. Choisir des produits de saison et veiller à leur provenance permet non seulement de mieux se nourrir, mais aussi de contribuer à un système alimentaire plus équilibré et responsable.

  • « Chez père Lazăr » – une boutique caritative et un hub des bonnes pratiques

    « Chez père Lazăr » – une boutique caritative et un hub des bonnes pratiques

    Un magasin caritatif

     

    Nous découvrons aujourd’hui une des initiatives censées faire du bien au sein de la communauté. A Bucarest, un projet assez récent se propose de mettre en œuvre un concept déjà bien présent dans les pays développés, celui de « Charity Shop », une boutique caritative, pour financer les programmes d’une organisation charitable. « La Taica Lazăr / Chez père Lazăr » est un magasin qui vend des produits dont les gens ont fait don et utilise l’argent ainsi gagné pour financer de nombreuses initiatives. Plus encore, ceux qui souhaitent acheter ces produits ont aussi l’opportunité de découvrir toute une histoire derrière beaucoup d’objets.

    Ce magasin caritatif porte le nom de Taica Lazăr, Père Lazăr, un personnage populaire qui vivait à Bucarest à la fin du XIXe siècle – début du XXe siècle. Père Lazăr était un Juif qui faisait du commerce avec les vieux objets.

     

    Un concept nouveau en Roumanie, mais connu à l’étranger

     

    Pour en savoir davantage nous avons invité au micro de RRI Elena Raluca Smuc Tănase, présidente de l’Association de médecine pour la santé publique, qui a initié ce projet. Elle nous explique le concept de la boutique « Chez père Lazăr » :

     

    « Il s’agit du concept de « Charity Shop », soit une « boutique caritative », un concept bien connu à l’étranger. Par exemple, en Angleterre, la Croix-Rouge possède un tel magasin depuis plus de 100 ans. De grandes organisations caritatives mettent en œuvre de tels projets dans le but de compléter leurs fonds. Comme vous le savez bien, les fonds proviennent généralement de dons ou de collectes de fonds, à l’étranger ou via des magasins de ce type. Nous avons démarré ce magasin en 2017, lorsque nous avons reçu des dons, des objets que nous ne pouvions pas utiliser à ce moment-là, mais qui étaient en très bon état et pouvaient s’avérer utiles. Chacun peut nous faire don de produits neufs ou en bon état, que ce soit des vêtements, des produits ménagers, des livres, des bibelots ou des bijoux. Bien-sûr, ils doivent être en très bon état, car nous n’avons pas encore de système de recyclage mis en place. Par exemple, nous ne disposons pas de couturier pour faire réparer les vêtements. C’est pourquoi, en ce moment, nous ne pouvons accepter que des articles en très bon état, bien sûr propres, sans taches. »

     

    Plus qu’une boutique, une communauté

     

    Elena Raluca Smuc Tănase souhaiterait enrichir le projet, même par des partenariats avec une laverie ou avec un atelier de couture. Pourtant,à l’heure où l’on parle, il n’est pas encore possible de lancer un deuxième magasin de ce type :

    « Il s’agit d’un projet qui impose la présence permanente sur place de son créateur. C’est un magasin, mais c’est aussi un hub communautaire, c’est-à-dire qu’il y a toute une histoire derrière ce magasin : il nous aide à recevoir des fonds pour pouvoir assurer notre existence et mettre en œuvre nos projets. Et en même temps c’est un lieu de rencontre, un endroit où les gens ont l’opportunité d’être généreux, où ils peuvent, par exemple, échanger quelques mots… Bref, il s’agit detoute une communauté. Qui plus est, pour garder notre esprit, pour l’instant nous n’avons pas pensé à faire un autre magasin similaire ».

     

    Projet : « Des enfants, des bottes et des chaussettes »

     

    A l’occasion des fêtes de fin d’année, les produits de la boutique « Chez père Lazăr » arrivent dans différentes communautés à travers le pays, grâce à un projet intitulé « Des enfants, des bottes et des chaussettes ».

     

    Elena Raluca Smuc Tănase, présidente de l’Association de médecine pour la santé publique, nous donne des détails:

    « C’est un projet que j’ai très à cœur et qui est devenu notre marque. Nous l’avons mis en œuvre en 2019, suite à une visite dans une communauté vulnérable et que nous réalisons strictement avec l’aide des amis de notre boutique caritative. Les gens qui souhaitent nous soutenir, viennent dès le mois octobre pour faire don d’une paire de bottes, de quelques paires de chaussettes et d’autres belles choses qu’ils mettent dans une boîte joliment emballée. Nous avons réussi à faire la joie de plus de 800 enfants à travers le pays. Ce sont des enfants de régions différentes, quelques-unsvivantau sein de familles vulnérable, d’autres vivant dans des orphelinats ou  que nous avons connus dans des écoles du milieu rural.Il ne s’agit pas d’une catégorie unique. Nous arrivons là où nous avons des collaborateurs ou bien là où notre aide est demandée ou encore à des endroits où nous jugeons pouvoir nous impliquer. C’est un projet auquel je me sens très attachée.Ce sont des mois où l’on retrouve nos amis au magasin, où l’on discute beaucoup. Souvent, le cadeau que l’on prépare pour un enfant devient uneraison de rencontrer sa famille, ou de former un petit groupe au travail, au sein duquel plusieurs collègues préparent une ou plusieurs boîtes. C’est un moment extraordinaire de générosité et de solidarité humaine et cela nous donne beaucoup de confiance que ce que nous faisons est beau et bon. »

     

    Et ce n’est pas là le seul projet mis en place par la boutique caritative du Père Lazăr. S’y ajoute un autre projet, à travers lequel les enfants hospitalisés bénéficient de toute sorte de produits : désinfectants, masques réutilisables, de crayons à colorier et livres de coloriage. Vous pouvez vous renseignez sur l’activité du magasin sur sa page de Facebook, https://www.facebook.com/lataicalazar.

    Autant d’initiatives d’une petite boutique de charité sise au centre-ville de Bucarest. (trad. Andra Juganaru)

  • Les Fêtes religieuses selon l’ancien calendrier

    Les Fêtes religieuses selon l’ancien calendrier

    Le calendrier à l’ancienne est donc le calendrier Julien, qui marque les jours selon une ancienne méthode de calcul qui ne prenait pas en considération la véritable durée du mouvement de la Terre autour du soleil : le calendrier Julien est donc décalé de 13 jours par rapport au calendrier que l’on utilise aujourd’hui. Par conséquent, Noël et le Nouvel An sont ainsi célébrés avec plusieurs jours de décalage par rapport au calendrier d’Europe occidentale, Noël le 7 janvier et la Nouvelle Année, dans la nuit du 13 au 14 janvier.

    Même si la date diffère, le calendrier à l’ancienne des traditions et coutumes de Noël est similaire à celui actuel.  Les fidèles s’habillent en costumes folkloriques et chantent des cantiques de Noël, avant de se réunir autour de la table.

     

    Paul Condrat, un Lipovéen de Jurilovca, nous a parlé des fêtes organisées par sa communauté :

    « Les Lipovéens sont des russes, de confession orthodoxe qui respecte l’ancien calendrier. C’est une orthodoxie archaïque et originelle. Par rapport aux restes des Orthodoxes, qui utilisent le calendrier nouveau ou Grégorien, les Lipovéens utilisent, eux, le calendrier julien. Il existe également quelques différences culturelles. De nos jours, la plupart des traditions sont encore respectées. Les fêtes diffèrent un peu : ces célébrations, c’est à dire la Naissance du Seigneur et le passage au Nouvel An, sont marquées en cercle restreint, au sin de la famille. La Nuit du Réveillon est marquée d’une manière calme et paisible. La veille de Noël, les enfants et les jeunes chantent des cantiques de Noël. Le premier jour du Nouvel An, c’est aux enfants plus petits de faire du porte à porte pour chanter des cantiques de Noël, notamment la chanson dite de la Petite charrue, qui commence par les mots « Dieu marche sur les champs ». La transition vers la nouvelle année est marquée de cette manière.»

     

    Nous avons demandé à Paul Condrat s’il y avait des plats particuliers censés apporter chance et succès pour la nouvelle année:

    « D’une certaine manière, les paroles des cantiques de Noël se retrouvent également sur la table. Par exemple, chez les Lipoveni, la tradition veut qu’à Noël, on prépare des petits fours sous la forme d’une noix. La pâte est simple et très bonne, même s’il n’y a pas de crème. »

     

    La célébration des fêtes d’hiver selon l’ancien calendrier est aussi un prétexte pour les fidèles d’autres confessions de continuer à faire la fête.

    Nous avons demandé à Paul Condrat quelles sont les douceurs préparées pour les touristes :

    « Nous leurs offrons  de la bonne gastronomie traditionnelle, avec des plats à base de poisson et bien sûr, nous avons aussi des plats traditionnels à base de porc : des sarmale, de piftia de porc, sorte d’aspic au porc. Parmi les plats traditionnels on retrouve les plats à base de poisson, tel le bortsch qui reste la vedette de la table, qui ne peut manquer à aucun repas. Il y a aussi des entrées à base poisson, tels des amuse-bouche aux taramas, du poisson mariné ou encore des boulettes de poisson. »

     

    La communauté ukrainienne

    Dans la communauté ukrainienne du nord de la Roumanie, les femmes préparent douze plats végétariens pour le repas qui précède Noël, en utilisant des champignons, des haricots, de la farine, de la farine de maïs, des pommes de terre et de la choucroute. Pour obtenir 12 plats, on utilise souvent les mêmes ingrédients. Un des plats spécifiques est une sorte de raviole à base de farine blanche, fourré soit de confiture, soit de noix ou encore, du chou.

    La soupe de chou en saumure et les « petits rouleaux remplis d’une sorte de porridge au millet » sont des plats présents sur toutes les tables en cette période de fête. Pour les Ukrainiens de Maramureş, la tradition veut que neuf plats soient placés sur la table de Noël, symbolisant la richesse tout au long de l’année. Le plat le plus important reste la « hrebleanca », un plat à base de champignons cuits dans du jus de chou. Le plateau de blé cuit, symbole de riches récoltes, et le poisson ne peuvent pas manquer non plus de la table. Selon une coutume spécifique à cette région, les pieds de la table restent attachés avec une chaîne jusqu’au jour de l’Epiphanie pour que le bien reste dans le foyer. Parmi les desserts traditionnels que les ukrainiens mangent à Noël, mentionnons la kutya, un plat composé de grains de blé bouillis, de miel et de graines de pavot.

     

    A la fin, disons que le jour de Noël, la communauté serbe du Banat prépare des plats à base de poisson, du porcelet à la broche et une tarte appelée « cesniţa », avec beaucoup de noix et de miel, afin que l’année à venir soit douce et tendre. Avant d’enfourner la tarte, on y glisse deux pièces de monnaie. Ceux qui les trouveront  auront de la chance toute l’année.

  • Brave Cut, des perruques qui redonnent l’espoir

    Brave Cut, des perruques qui redonnent l’espoir

    Un projet de La Fondation Renaşterea (Renaissance)

     

    La fin d’année est toujours un moment où chacun tente de faire de son mieux pour aider les autres et faire le bien. Et c’est justement sur ce genre d’initiative que nous allons examiner aujourd’hui : un projet qui vient en aide aux personnes atteintes de cancer en leur faisant don de perruques conçues avec des cheveux naturels. Lancé par la Fondation Renaşterea (Renaissance) « Brave cut », invite les gens qui souhaitent changer de coiffure à faire don de leurs cheveux pour en faire des perruques.

     

    Témoignage

     

    Béatrice Gavril, notre première invitée,  bénéficie de ce programme, et a remporté la lutte contre son cancer. Elle se dit heureuse d’avoir fait la connaissance de l’équipe de la Fondation et de porter une perruque réalisée dans le cadre de ce projet. Voici son témoignage :

    « Je suis en effet très heureuse d’avoir rencontré ces gens. Pas nécessairement pour avoir un look fantastique, mais surtout parce c’est la saison froide et que j’avais besoin de porter quelque chose d’adéquat et représentatif de ma personnalité. En plus, porter une perruque aide beaucoup à garder l’estime de soi, à se sentir mieux. Elles sont facile à entretenir, est si bien faites qu’il est difficile de se rendre compte qu’il s’agit d’une perruque. Du moins pour ma part, tout le monde m’a dit qu’il n’est pas du tout évident que ce ne sont pas mes propres cheveux et que cela me donne un air encore plus féminin. C’est une aide précieuse pour les personnes touchées par cette maladie, notamment grâce à l’espoir que cela leur redonne. Etant donné que c’est du fil naturel, cela permet à la peau de respirer, ce n’est pas toxique pour l’organisme. Bref, je suis reconnaissante de l’opportunité offerte par la Fondation.  »

     

    La genèse du projet « Brave Cut »

     

    Pour davantage de détail sur les origines du projet, nous nous sommes tournés vers la présidente de la Fondation « Renasterea », Mihaela Geoana :

    « Le projet « Brave cut, des vies entremêlées » est né du désir d’aider les femmes et les enfants en chimiothérapie. On le sait très bien, les patients sous chimiothérapie perdent leurs cheveux et cette période de quelques mois est très difficile pour les femmes, cela les affecte beaucoup. Cela affecte leur image de soi car leur maladie devient visible et il en va de même pour les enfants. Dans d’autres pays, ces perruques sont remboursées, mais celles qui sont fabriquées avec de vrais cheveux sont très chères. Elles sont aussi les meilleures car, quelle que soit la saison, elles n’irritent pas la peau. Alors, en 2015, nous avons démarré le projet « Brave cut » qui lançait un appel aux femmes. On leur demandait de faire don de tresses d’au moins 15 cm de longueur, 20 cm si possible. Nous, on couvrait les coûts de réalisation de la perruque qui peuvent aller de 1 800 et 3 000 lei (350 – 600 euros). Précisons que la fabrication d’une seule perruque nécessite le don de cheveux de la part de 5 ou 6 personnes. Voici dans les grandes lignes comment a débuté notre projet. Peu à peu, nous avons été rejoints par des célébrités et elles ne sont pas les seules. Des femmes d’environ 80 villes à travers le pays nous ont envoyé leurs tresses par la poste. J’ai été vraiment impressionnée par le désir des femmes d’aider les autres. Jusqu’ici nous avons reçu plus de 27 000 dons de cheveux, soit 27 000 tresses accompagnées de messages. Certains enfants laissent même leurs cheveux pousser pour en faire don tous les 3 ou 4 ans. Des mères et des filles aussi. On a aussi reçu de nombreux paquets de l’étranger : Autriche, Italie, Belgique, Grande Bretagne, Slovaquie. Il s’agit de Roumaines qui vivent à l’étranger, puisque nous avons fait campagne uniquement en ligne et en roumain.» 

     

    Un élan de solidarité en Roumanie et à l’étranger

     

    Au début, les partenaires du projet de la Fondation Renasterea étaient les salons de coiffure, alors que les messages de promotion étaient transmis sur les réseaux sociaux. Peu à peu, les femmes ont appris l’existence de cette fondation et se sont encouragées les unes les autres à laisser pousser leurs cheveux plus longtemps pour en faire don par la suite.

     

    C’est ce fort désir d’entraide et de partage qui a aussi marqué Irina Bescuca, formatrice en prise de parole en public, qui a personnellement contribué elle aussi à ce projet :

    « J’ai entendu parler pour la première fois de « Brave Cut » lorsqu’une des femmes que je connaissais acommencé à lutter contre le cancer. A l’époque, je ne savais pas très bien comment je pouvais l’aider, mais j’avais en moi ce fort désir de contribuer, de faire quelque chose qui compte vraiment. J’ai donc décidé de faire couper mes cheveux. J’ai fait ce choix pas seulement pour changer de look, mais justement pour envoyer mes cheveux à la Fondation Renasterea pour que celle-ci leur donne une nouvelle vie, en les transformant en perruques pour les femmes qui luttent contre le cancer. Car ce sont des femmes extraordinaires qui, suite aux traitements, ont perdu non seulement leurs cheveux, mais aussi une partie de leur confiance en elles. En pensant à elles, à leur courage, à leur lutte, j’ai senti que je pouvais faire plus que regarder à distance, que je pouvais offrir quelque chose d’adéquat, une petite partie de moi-même, un fil d’espoir pour ainsi dire. Et lorsque les ciseaux ont commencé à couper et que les mèches ont commencé à tomber, j’ai senti tout un mélange d’émotions. Pour moi, ça a été un changement physique, mais pour elles, j’espère que ce sera un cadeau qui leur apportera un peu de lumière et les aidera à faire un pas vers le sourire qu’elles souhaitent tellement retrouver dans le miroir. » 

     

    On ne saurait terminer ce partage émouvant, sans vous dire aussi que chaque perruque est réalisée spécialement pour sa bénéficiaire, en tenant compte de la couleur de ses cheveux et de la coiffure qu’elle aimerait avoir. (trad. Valentina Beleavski)

  • « Cheia », l’histoire d’un savon centenaire

    « Cheia », l’histoire d’un savon centenaire

    Nous découvrons aujourd’hui l’histoire d’un savon pas comme les autres, car c’est un savon… centenaire. C’était le 3 mars 1886 que Lippa Brunstein enregistrait à la mairie la fabrique de sa famille. Aujourd’hui, comme à cette époque-là, « Cheia » est une affaire de famille qui s’enorgueillit d’utiliser depuis toujours des ingrédients naturels et de tout faire manuellement avec la plus grande attention.

     

    Et puis, l’histoire du savon Cheia, comme celle de nombreuses autres marques roumaines d’ailleurs (Dacia, Arctic, Borsec, Timişoreana, Dero, Braiconf, le chocolat au Rhum, Gerovital ou encore Eugenia), est souvent associée aux souvenirs de l’époque dite « d’or » de la Roumanie. Certaines marques ont existé uniquement avant la nationalisation, d’autres ont été connues et promues même durant l’époque communiste et d’autres encore ont été limitées à leur dimension utile, comme ce fut le cas du savon « Cheia », qui entre 1950 et 1989 était par excellence un savon pour laver le linge.

     

    Les générations d’aujourd’hui découvrent avec surprise qu’il s’agit en fait d’une marque de produits de luxe riche d’une longue histoire.

    Où en est cette marque aujourd’hui, un siècle après son apparition sur le marché roumain? Réponse avec Alin Laszlo, qui s’intitule le « maître du savon » :

    « C’est toujours une affaire de famille, comme c’était en 1886. C’est toujours une affaire qui respecte les mêmes principes, à savoir : produire un savon naturel, élitiste même, je dirais. Au 21e siècle, nous sommes la 7e génération de fabricants du savon Cheia, car nous considérons la période entre 1949 et 1990 comme une époque où la production a été assurée toujours par des Roumains. Nous sommes fiers de pouvoir continuer à écrire l’histoire de ce savon roumain qui est déjà longue d’un siècle ».

     

    A l’époque communiste il s’agissait uniquement d’un savon à linge. Quels produits sont fabriqués aujourd’hui sous le nom de Cheia ? Alin Laszlo répond :

    « Le savon à linge ne compte que pour 7 % de notre production. Nous tentons de réécrire l’histoire de « Cheia » en utilisant des recettes spécifiques à chaque période que ce produit a traversée. Il a connu des périodes de normalité, mais aussi la guerre, les épidémies, l’industrialisation forcée de l’époque communiste. (…) Nous tentons donc de retracer son histoire tout en l’adaptant au consommateur contemporain. Oui, le savon solide à linge est toujours fabriqué, ce n’est pas celui de l’époque de Ceausescu, mais celui de l’entre-deux-guerres, créé pour une petite niche de consommateurs nostalgiques, qui utilisent toujours le savon solide. Mais nous avons développé notre affaire, en créant de la lessive en poudre, comme dans les années ’90 ou encore de la lessive liquide ».

     

    Et ce n’est pas tout, car désormais « Cheia » propose aussi des produits de beauté :

    « Notre numéro 1 est « Cheia » pour les cheveux. Ce n’est pas un retour à l’époque de nos grands-mères qui lavaient leurs cheveux au savon, mais un retour aux origines, c’est le tout premier shampooing que l’humanité a utilisé avant l’invention du shampooing chimique dans les années 1950. Nous avons créé tout un éventail de produits, à commencer par le savon et allant jusqu’au baume pour les cheveux. Côté lessive, tous les types de produits sont disponibles actuellement : savon solide, en poudre et savon liquide. On fabrique du savon pour les mains aussi, en utilisant des formules naturelles. Ce produit est d’ailleurs notre numéro 2 en termes de ventes ».

     

    Alin Lazslo se dit fier de pouvoir continuer une tradition aussi riche et ancienne ce quelle de « Cheia ». C’est sous ce nom que l’on peut trouver aujourd’hui des savons naturels, bio, réalisés dans le plus grand souci pour la nature et le corps humain. Que ce soit un produit de luxe inspiré par la Reine Marie de Roumanie ou bien un produit aux parfums de Noël, « Cheia » garde son prestige d’antan et ne cesse de se réinventer pour répondre aux exigences du consommateur moderne. Une véritable historie à succès pour cette marque roumaine centenaire. (trad. Valentina Beleavski)

  • La fabrique du Père Noël

    La fabrique du Père Noël

    Le sapin, un symbole à part depuis l’antiquité

     

    Noël oblige, aujourd’hui nous parlons traditions et décorations. Et quelle joie d’admirer en cette période de l’année les superbes décorations qui envahissent nos villes, nos villages et nos maisons ! Mais quelle est l’histoire de ces objets qui créent l’atmosphère magique à la fin de chaque année et d’où vient cette tradition ? Eh bien, peu de monde le sait, mais avant l’apparition du christianisme, les plantes et les arbres qui restaient verts toute l’année avaient une signification à part pour les gens, surtout pendant l’hiver.

     

    Les origines des sapins décorés remontent à la nuit des temps, à commencer par l’utilisation de ces arbres dans l’Egypte antique, dans l’empire romain aussi et jusqu’aux traditions allemandes des sapins de Noël décorés de bougies au 17e siècle, une coutume arrivée jusqu’aux Etats-Unis dans les années 1800.

     

    Les débuts de la décorations des sapins en Roumanie

     

    Quant à la Roumanie, ici la tradition de décorer le sapin à Noël apparaît après 1866, suite à l’arrivée au trône de la dynastie de Hohenzollern. En fait, le premier sapin roumain mentionné dans les documents historiques est celui décoré par le roi Carol Ier. Après, la tradition se répand et se diversifie, et les décorations faites pour le sapin deviennent un véritable art, car la plupart sont fabriquées manuellement et sont uniques.

     

    La fabrique du Père Noël, ouverte en 1989, ne cesse de grandir

     

    C’est aussi le cas des boules réalisées à Curtea de Arges, dans une petite usine intitulée tout simplement : « La fabrique du Père Noël ».

     

    Son manager, Sandu Nichita, nous raconte l’histoire de cette affaire qui met à l’honneur les fêtes de fin d’année et nous explique pour commencer d’où vient son nom :

    « C’est plutôt une métaphore, si vous voulez. Elle appartient à notre fabrique de Curtea de Arges qui produit des boules pour le sapin de Noël. Son activité a démarré en 1989, à l’initiative d’un entrepreneur américain. L’affaire a grandi grâce aux investissements roumains et américains, si bien qu’en l’an 2000 ses produits avaient conquis tans les Etats-Unis que le Japon, la fabrique produisant à l’époque environ un million de boules par an. Nos produits se sont diversifiés aussi. On a commencé par des décorations plus simples, en 1989, pour arriver aujourd’hui à des produits très complexes qui se sont fait remarquer sur le marché européen et américain. A compter de 2006-2007, nous avons commencé à organiser aussi des visites guidées de la Fabrique du Père Noël, pour montrer aux visiteurs comment ces boules sont produites. Ils assistent à l’ensemble du processus, à commencer par le moment où l’on souffle dans le verre pour lui donner une forme, en passant par la peinture faite manuellement et jusqu’à la mise en boîte des produits ou directement dans le sapin de Noël ». 

     

    Visites guidées et ateliers pour les enfants

     

    Les visites et les ateliers proposés par la Fabrique du Père Noël s’adressent notamment aux enfants, précise Sandu Nichita :

    « C’est une activité intéressante pour les enfants et les jeunes, surtout qu’elle les fait sortir du milieu en ligne et les ramène dans la vie réelle, pour ainsi dire. Ici, ils n’utilisent leur portable que pour prendre en photo les différentes étapes de la fabrication des décorations en verre ».

     

    Les décorations roumaines ont fait le tour du monde

     

    Comme notre invité vient de le mentionner, les boules pour le sapin ne sont pas les seules décorations qui sortent de la Fabrique du Père Noël. Sandu Nichita nous en parle :

    « On a au moins 2000 modèles, qui se différencient en fonction de la peinture, de la forme et autres éléments. Plus encore, cette année on a fait une rétrospective des modèles créés depuis 1989 et nous avons mis sur pied une exposition réunissant 5 600 exemplaires d’ornements. Les commerçants qui visitent l’exposition ont choisi pour la plupart des modèles rétro qui leur rappellent leur enfance. Et pour cause. Le marché est carrément submergé par les produits appelés génériquement du « kitch ». Or nous, nous tenons beaucoup à la forme artistique de nos objets. D’ailleurs, Martha Stewart, connue dans le milieu éditorial aux Etats-Unis, a commandé à plusieurs reprises des boules de Noël de notre fabrique et a écrit une belle histoire sur les fêtes d’hiver de Roumanie, où les enfants sont impliqués dans les traditions. Ce fut une grande source de joie et de fierté pour nous, ici à la Fabrique du Père Noël, que de savoir que le Sapin de Noël de la Maison Blanche, à Washington, est décoré de nos boules, ou encore celui des empereurs du Japon. » 

     

    Et ce n’est pas tout. Ces mêmes boules de Noël ont pu être admirées ces 7 dernières années dans les sapins de la Foire de la Représentation de la Roumanie à Bruxelles.

    Quant à notre invité, il vous fait un dernier voeu :

    « La Fabrique du Père Noël vous souhaite Joyeuses fêtes à toutes et à tous ! » 

     

    Et si notre histoire de la Fabrique du Père Noël a suscité votre curiosité, alors n’hésitez pas à entrer sur son site Internet, pour vous procurer en ligne des boules roumaines uniques, faites à la main. (trad. Valentina Beleavski)

     

    https://www.fabricaluimoscraciun.ro/

     

     

  • Jeunesse créative à l’air Bauhaus

    Jeunesse créative à l’air Bauhaus

    Aujourd’hui nous parlons jeunesse et design.

     

    C’est en 1919 en Allemagne que voyait le jour le courant artistique appelé « Bauhaus », formé des mots allemands – bau – construire et Haus – maison. Le terme désigne non seulement une éthique architecturale, mais aussi une grande école des arts décoratifs. Ce fut un mouvement artistique dont les bases ont été jetées par l’architecte et pédagogue allemand Walter Gropius. Il a eu une influence majeure sur l’architecture, les arts plastiques, la sculpture, le design intérieur et industriel, la photographie, l’imprimerie, les objets domestiques, les décorations intérieures et le mobilier du 20e siècle. De 1919 à 1933, ce style a connu son apogée notamment dans 3 villes allemandes – Weimar, Dessau et Berlin. Et bien qu’il ait été interdit par les nazis en 1933, il est resté un des courants les plus importants de l’art moderne, source d’inspiration pour de nombreux autres styles qui lui ont suivi. Au moment de l’émigration de son fondateur, Walter Gropius, aux Etats-Unis, ce mouvement artistique s’affiche sous un nouveau jour, étant connu comme « le nouveau style Bauhaus ».

     

    Source d’inspiration pour les adolescents

     

    Un siècle plus tard, de nos jours, le style « Bauhaus » sert de source d’inspiration et d’éducation pour les adolescents de Bucarest à la recherche de nouvelles manières de s’exprimer. Dans la capitale roumaine, le Musée de la Littérature roumaine accueille l’exposition « Bauhaus 2024 » réunissant des créations réalisées par des lycéens.

     

    L’artiste visuel Nicoale Stoian en est très fier :
     « C’est une exposition extraordinaire qui ramène dans les galeries les concepts Bauhaus, cette école de l’entre-deux-guerres qui impressionne toujours par ses principes en matière d’art, de design, de concept moderne – des idées que les jeunes ont reçues les bras ouverts. Effectivement, nous avons visé les jeunes lycéens ».

     

    Une journée spéciale

     

    Elève au Lycée Technique des travaux publics et d’architecture Ion N. Socolescu de Bucarest, Alexandru Cristian Ghezea nous a fait part de ses impressions : « C’est une journée super spéciale au Musée de la littérature roumaine qui a organisé ce fastueux vernissage pour notre exposition Bauhaus, une importante école allemande fondée en 1919. On y expose une multitude d’œuvres réalisées par des élèves de la première jusqu’à la dernière année de lycée, venus de plusieurs écoles, que ce soit de lycées d’architecture, comme le mien, ou de lycées de mathématiques et informatique ou bien spécialisés en sciences de la nature. Il y a une très grande variété ! »

     

    Une théière devenue repère du design

     

    Alexandru Cristian Ghezea expose deux ouvrages dans le cadre de cette exposition. Elles s’intitulent « Compositions Bauhaus dans la vision d’un Roumain ». Alexandru nous a parlé de ses sources d’inspiration :

    « J’ai voyagé en Allemagne et j’ai visité Berlin. Le style Bauhaus est originaire d’une ville de l’ouest de l’Allemagne. Pourtant, à Berlin j’ai trouvé dans de nombreuses pâtisseries la fameuse théière Bauhaus, tout comme la belle chaise projetée par Marcel Breuer, la chaise que j’ai dessinée… »

     

    Pour explication, la théière dont parlait notre jeune invité a été conçue en 1924 par Marianne Brandt, qui a simplifié au maximum cet objet, se résumant aux formes géométriques. Réalisé en acier, un matériau largement utilisé dans les créations en style Bauhaus, cette théière n’a jamais été produite en série, étant donc très rare. Quant à la chaise imaginée par Marcel Breuer en 1925, vous la reconnaitrez sans doute, il s’agit bien d’un siège en acier tubulaire et avec des morceaux de tissus pour l’assise et le dossier. Connue aussi sous le nom de « fauteuil Wassily » elle est devenue un repère design moderne, étant fabriquée en série à compter des années 1960.

     

    Inspirée par une chaise

     

    Et c’est toujours une chaise qui a inspiré la jeune Francesca Vlădăraş, élève au Lycée national Ion Creanga de Bucarest :

     « J’expose ici une chaise représentative du style Bauhaus, un ouvrage que j’ai réalisé l’année dernière, et aussi une toile réunissant d’autres créations du type Bauhaus, à savoir la théière mentionnée par mon collègue et deux lampes spécifiques du courant. J’aime beaucoup tous les ouvrages exposés ici, surtout parce qu’ils sont très divers et réalisés par des élèves de différents âges. Je trouve que tous ces enfants sont vraiment très talentueux ! »

     

    « Mais, Madame, moi, je n’ai pas de talent ! »

     

    C’est justement pour faire valoir ce talent, que Grațiela Stoian, professeure et artiste visuelle, encourage ses élèves à découvrir leur côté artistique : 

    « Je suis très fière d’avoir pu faire une sélection parmi les élèves qui ont ce désir de s’exprimer par le biais de l’art. Souvent, ils ont du mal à me croire et disent : « Mais, Madame, moi, je n’ai pas de talent ! » Alors c’est à moi de leur expliquer qu’il ne faut pas avoir forcément du talent, mais surtout avoir des idées-concept et qu’il faut avant tout faire ses recherches. Je leur dis aussi que l’art est quelque chose d’extraordinaire. Qu’il s’entremêle aux autres matières, pas seulement avec la sculpture, la peinture, la graphique etc, mais aussi avec la physique, les mathématiques et la biologie. Et je poursuis en leur racontant comment, en regardant à travers un microscope, on peut voir de vraies merveilles, je leur parle de Fibonacci, du spectre des lumière et de l’arc-en-ciel en physique et ainsi de suite. C’est en parlant de ce genre de choses que les enfants qui ne sont pas étudiants en Arts réussissent eux aussi à créer des choses extraordinaires ».

     

    Chaises ou théières, carrés ou triangles, formes abstraites ou concrètes – ces lycéens roumains sont désormais plus proches de l’art, du design intérieur et de l’histoire moderne aussi. C’est leur talent très prometteur que l’exposition Bauhaus présentée au Musée de la littérature roumaine de Bucarest a voulu mettre sous les projecteurs. (trad. Valentina Beleavski)

  • Journée d’initiation à la communication non-violente à Iaşi

    Journée d’initiation à la communication non-violente à Iaşi

    Cet automne, la ville de Iasi a récemment célébré la Journée internationale de la non-violence, en mémoire de Mahatma Gandhi (1869-1948), l’un des militants pour la paix les plus importants au monde. De nombreux intervenants ont proposé, à cette occasion, différents ateliers gratuits à destinations des adultes et des enfants. Lavinia Popescu, médiatrice spécialisée et organisatrice de l’évènement nous a raconté :

     

    « Chaque année nous célébrons l’anniversaire de Mahatma Gandhi, pionnier dans la lutte pour la paix dans le monde. Nous lui rendons hommage en proposant au public des ateliers gratuits de sensibilisation à la communication non-violente, et nous invitons les participants à choisir un thème qui leur parle. Plusieurs médiateurs ont rejoint nos rangs pour nous prêter main forte et nous aider à transmettre ce message de paix le plus largement possible, car les outils de communication non-violente améliorent les relations et par ricochet améliorent nos conditions de vie. »

     

    Après avoir été sensibilisée à la communication non-violente, Lavinia Hriţcu  a constaté une nette amélioration de ses rapports avec son entourage, comme elle nous le raconte :

     

    « Certains ateliers s’adressaient aux enfants, d’autres aux adultes. Ceux pour les enfants on été animés par deux de nos collègues qui travaillent aussi dans le milieu de l’enseignement depuis des années, et ont donc de l’expérience. Je pense que tous ceux qui font connaissance avec cette méthode de communication non-violente devraient être attentifs aux changements qui s’opèrent ensuite dans leur quotidien et qu’ils en observent l’impact, grand ou petit, sur leur vie. »

     

    Développer son sens de l’écoute

     

    Notre invitée a souligné que nous avons souvent tendance à imposer notre point de vue, alors que la commination non-violente pourrait nous permettre de prendre conscience que nous souhaitons souvent les mêmes choses, mais choisissons différentes stratégies pour y parvenir. Lavinia Popescu nous en dit plus :

     

    « Par exemple, parmi les ateliers que nous avons proposés, nous avons celui intitulé « Les mots qui rapprochent » pour les enfants. Les enfants apprennent à identifier leur émotions et leurs besoins et à utiliser des mots permettant un dialogue apaisé et constructif. L’atelier « Son pouvoir, non merci », permet d’apprendre à fixer des limites saines et à se respecter les uns les autres. J’ai quant à moi animé un atelier intitulé « L’empathie du chacal » et qui s’adresse à ceux qui ont déjà des connaissances en la matière, capables de distinguer une attitude défensive ou agressive, et apprennent à la transformer en dialogue bienveillant, à être authentique avec leur entourage. Nous pensons souvent être empathiques lorsque nous communiquons avec les autres, alors qu’il nous arrive souvent d’être agressifs ou sur la défensive. Il arrive que nous donnions des conseils en pensant aider l’autre, ou de partager notre expérience personnelle en monopolisant l’attention, tout en étant persuadé que cela va aider notre interlocuteur. »

     

    Passer de  « l’empathie du chacal » à celle « de la girafe » 

     

    En parlant de son atelier intitulé « L’empathie du chacal », Lavinia Popescu a expliqué que son but était d’enseigner aux gens les techniques de communication passant de la communication violente, propre au chacal, à celle de la girafe, pleine d’empathie. Selon les psychologues, derrière une communication agressive se cache, le plus souvent, un besoin inassouvi. Il serait donc préférable de nous montrer empathique envers un interlocuteur qui part au combat, juste pour l’aider à mieux comprendre ce qui lui manque et l’aider à se transformer en girafe. Faire preuve de « l’empathie du chacal » implique une fine observation de ce qui se cache derrière l’attitude agressive des autres, sans pour autant leur permettre de franchir nos barrières personnelles. Petronela Radu est formatrice en communication non violente au sein d’une organisation multinationale. Elle met en lumière le rôle des ateliers de communication non violente :

     

    « Le premier pas vers une communication non violente est de devenir conscient de ses propres pensées, ses propres besoins avant de s’adresser aux autres. Il faut donc apprendre à reconnaître et accepter ses propres sentiments et ensuite, ceux des autres. Même si à première vue cela semble facile, il faut de la pratique, de l’attention, de la volonté. C’est un exercice qu’il faut pratiquer sur le long terme pour obtenir des résultats. Et il se pratique avec soi-même. D’ailleurs, travailler sur soi-même est l’un des grands défis de la vie de chacun d’entre nous. Je vous propose de prendre comme point de départ cette phrase de Gandhi qui disait « sois le changement que tu veux voir » pour comprendre que si on veut changer le monde, il faut commencer par changer soi-même. La première étape de la communication non violente concerne la relation que nous avons avec nous-mêmes. L’harmonie vient ensuite. »

     

    Pour une vie en harmonie avec soi-même, il faut donc accorder de l’attention à la manière dont on parle aux autres. Plus facile à dire qu’à faire, mais aujourd’hui de nombreux outils sont à notre dispositions pour y parvenir ! (Trad : Charlotte Fromenteaud & Ioana Stancescu)

     

     

     

  • Comment préserver les traditions en Roumanie ?

    Comment préserver les traditions en Roumanie ?

    C’est en 2008 que la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO a officiellement vu le jour, aux termes de la « Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel », adoptée à Paris en 2003. Depuis, 9 coutumes roumaines ont été rajoutées à cette liste : le « Călușul » une danse rituelle masculine incluse en 2008, la « Doina » – une chanson traditionnelle mélancolique typiquement roumaine (2009), l’art de la céramique de Horezu (2012), le rituel d’hiver observé par des groupes d’hommes qui vont de maison en maison en chantant des cantiques en Roumanie et en République de Moldova (2013), une danse des jeunes hommes de Transylvanie (2015), les techniques traditionnelles de réalisation des tapis muraux en Roumanie en Moldavie voisine (2016), le Mărțișor – cette amulette porte-bonheur avec un fil tressé rouge et blanc offerte le 1er mars (2017, une tradition que la Roumanie partage avec la République de Moldova et l’ancienne république yougoslave de Macédoine), la blouse roumaine et les traditions liées à l’élevage des chevaux de la race « Lipizan » (2022), cette dernière coutume étant une inscription conjointe avec l’Autriche, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, l’Italie, la Slovaquie, la Slovénie et la Hongrie.

     

    Et aussi rassurant que cela puisse paraître pour la sauvegarde des coutumes et traditions roumaines, les personnes qui peuvent encore les transmettre aux générations futures se font de plus en plus rares en Roumanie.

     

    Aujourd’hui nous donnons la parole à deux maîtres artisans qui font de leur mieux pour perpétuer les traditions. Leur art : le travail du bois et la poterie. C’est à l’Ecole populaire d’Arts «Constantin Brâncuşi » de Târgu Jiu que deux de ces maîtres artisans nous ont fait part de leur expérience.

    Pour commencer voici le témoignage de Marin Daniel Preduț, formateur au sein de cette Ecole, spécialiste de l’Art du travail du bois :

     

    « Cette passion, je l’ai découverte il y a 3 ans. J’ai vécu à l’étranger pendant 8 ans et lorsque je suis rentré au pays à cause de la pandémie, j’ai ouvert un petit atelier de menuiserie. Il n’a cessé de grandir et j’en suis très satisfait. A part les icônes sculptées en bois et les plateaux, je fabrique aussi des chalets, des kiosques et des balançoires en bois. La plupart de nos clients apprécient vraiment le bois. »

     

    Cela prend entre 20 et 60 minutes pour sculpter une icône. Puis il faut lui appliquer une teinture spéciale, traditionnelle, secrète. Pour ce qui est d’un petit chalet simple, sans étage, il faut environ 7 jours pour en construire un. Mais notre invité s’adonne aussi à des projets plus amples. Marin Daniel Preduț:

     

    « J’ai réalisé un parc entier financé de fonds européens pour une pension touristique réunissant 5 petites cabanes, un grand kiosque, un four, un sauna… Un travail qui a duré environ 6 mois. » 

     

    Le bois est donc toujours recherché par les Roumains, pour des raisons pratiques notamment. Mais qu’en est-il de la poterie ? Pour connaître la réponse à cette question, nous nous sommes adressés à Marian Măgureanu, lui aussi professeur à l’Ecole populaire d’Arts «Constantin Brâncuşi » de Târgu Jiu. Il est à l’origine d’un club de poterie pour les lycéens. Voici son histoire. Marian Măgureanu :

     

    « Nous avons commencé par la poterie manuelle, une technique qui date en fait du néolithique. Je tente aussi de leur raconter comment vivaient et travaillaient nos ancêtres. Les enfants d’aujourd’hui n’ont pas vu beaucoup d’objets issus de la poterie. Mais cet atelier leur fait plaisir et ils y participent tout le long de l’année. »

     

    Marian Măgureanu profite aussi de l’occasion pour raconter différentes histoires à ses élèves, par exemple où les gens se procuraient jadis la terre glaise :

     

    « Traditionnellement, les gens creusaient la terre à différents endroits qui n’étaient pas connus de tous et ils transformaient cette terre à plusieurs reprises au cours d’une année. Il fallait la laisser geler à l’extérieur, puis la ramener à l’intérieur, la couper avec un couteau, la ramollir avec ses pieds, lui rajouter de l’eau… Enfin, on en faisait des boules que l’on gardait recouvertes d’un tissu. De nos jours, on va chercher notre terre glaise dans des usines spécialisées, il y en a plusieurs. Une fois modelée, il faut la laisser sécher lentement à un endroit qui ne soit pas exposé à la lumière du soleil…  » 

     

    Et bien que l’atelier du lycée ne dispose pas encore d’un four pour faire cuire les céramiques réalisées par les jeunes et qu’il faille à chaque fois faire appel à d’autres artisans locaux, Marian Măgureanu est fier de pouvoir transmettre son art à la nouvelle génération. Un enthousiasme que peu de gens partagent encore et qui sera repris, espérons-le bien, par les jeunes, pour aider à conserver les arts et métiers qui témoignent de notre héritage culturel et de notre identité nationale. (trad. Valentina Beleavski)

  • Le phénomène« Anul Nou care n-a fost » ( La nouvelle année qui n’a pas eu lieu)

    Le phénomène« Anul Nou care n-a fost » ( La nouvelle année qui n’a pas eu lieu)

    Nous parlons film et cinéma aujourd’hui. Et nous avons fait ce choix car « Anul Nou care n-a fost » (en français, La nouvelle année qui n’a pas eu lieu), le premier long métrage du réalisateur et scénariste Bogdan Mureşanu, a enregistré des succès remarquables tout de suite après sa sortie. Ainsi, dès le premier week-end après sa sortie en salle, le film occupait la première place au box-office, et avait déjà enregistré 70 000 entrées après un mois seulement ! Sans oublier les récompenses internationales et nationales ! Place aux experts pour en discuter. Et on commence par Bogdan Mureşanu lui-même, à qui nous avons demandé s’il s’attendait à un tel succès ?

     

    « Non, personne ne peut rien produire s’il a en tête le succès. Je veux dire, je ne me suis même pas posé la question. Je pensais que le simple fait de réaliser le film selon mes désirs, cela constituerait déjà un immense succès, et le projeter seulement devant quelques amis, cela aurait été une victoire en soi, parce que quand j’ai écrit le scénario, cela semblait impossible à réaliser. En fait, j’ai passé environ six mois à me demander si je pouvais le faire et si cela avait du sens. J’ai aussi écrit une version “plus sûre”, comme on dit, quelque chose de plus facile à faire, mais j’ai finalement décidé de choisir la voie la plus complexe ! Et maintenant, je suis content de l’avoir fait ! »

     

    Adrian Cioroianu, professeur d’histoire à l’Université de Bucarest, a vu le film lors d’une des avant-premières organisées à Bucarest et nous a raconté ses impressions :

     

    « Pour quelqu’un comme moi qui a vu, je pense, tous, ou presque, les films sur la révolution roumaine, je dois reconnaitre que j’ai trouvé le film surprenant ! Et je n’avais pourtant pas d’attentes particulières, même les critiques étaient dithyrambiques ! Je n’avais pas d’attentes, mais j’ai trouvé cela surprenant, principalement à cause du scénario et du jeu des acteurs. Des acteurs, pour la plupart connus, mais qu’on ne s’attendrait pas à voir dans une comédie aussi noire. Je ne sais même pas comment l’exprimer ; même si cela se termine finalement relativement bien, on sait qu’après la fin du film, plus de 1000 victimes vont mourir. Mais dans l’ensemble, je pense qu’il manquait encore une nouvelle génération pour s’identifier à l’événement, et je pense que l’élément déterminant du film est ce changement de perspective. Des comédies ont déjà été réalisées sur ce sujet, tout comme des films à l’atmosphère pesante sur la Révolution de Décembre ‘89 en Roumanie, mais cet enchaînement de destins entremêlés au notre, je pense, créée un rapprochement avec la réalité, même si évidemment le réalisateur a pris des libertés artistiques pour raconter l’histoire. Certaines choses sont malheureusement présentées de manière plus agréable dans le film que dans la réalité, et l’on constate quelques petites inadvertances dans les décors, mais dans l’ensemble, je pense que c’est la fraîcheur du film qui a conquis le public.”

     

    Bogdan Mureşanu nous explique quels ont été les défis les plus importants à relever pendant la réalisation de son film :

     

    « Comme le film se déroule en une journée et une matinée, nous avons rencontré des problèmes avec la météo, qui ne correspondait pas à ce que l’on voyait sur les images d’archives. Il ne pouvait pas neiger par exemple. D’autre côté, nous étions aussi tributaires de la météo, nous ne pouvions pas filmer à n’importe quel moment. Les arbres devaient avoir un certain feuillage, qui ne devait pas être ni trop vert, ni trop plein de neige, comme je l’ai dit, car ce n’était pas le cas le 20 décembre 1989. Cela a posé beaucoup de problèmes. Ensuite, la reconstitution d’espaces qui n’existent plus, et je ne parle pas ici d’appartements, car cela peut encore se faire, mais plutôt d’un studio de télévision en activité des années 80, c’était pour nous un défi absolument gigantesque ! Parce le mot d’ordre était fonctionnel : il fallait que ça marche, les panneaux et tout ça devaient fonctionner, parce que nous n’avions pas les moyens d’attendre et tourner les scènes séparément. »

     

     

    Les Roumains qui n’ont pas connu directement ces moments et dont les parents n’ont pas partagé suffisamment avec eux ces récits, ont pu apprendre grâce au film à quoi ressemblait le quotidien à l’époque, comment fonctionnait un magnétophone, une télévision avec des lampes et un tube cathodique. Le film soulève aussi la question de savoir pourquoi ne pas s’être enfui, pourquoi avoir choisi de rester en Roumanie à l’époque communiste ? Comment l’expliquer ? Bogdan Muresanu :

     

    « Le film a connu un succès à l’international, mais aussi sur la scène nationale. Son circuit de festival en festival vient de démarrer et je pense qu’il va continuer ainsi pendant 2 ans ! Il va faire le tour du monde ! Mais sinon, comment l’expliquer ? Chaque jour, je reçois des dizaines de messages de spectateurs et j’y réponds ou du mois j’essaie, et mon équipe aussi. J’apprécie vraiment cela ! Les mots « thérapeutique » et « lumineux » reviennent toujours dans les messages que nous recevons, ce qui peut sembler surprenant, car le film aborde une époque difficile et sombre. Et j’ai été surpris par ce terme, « lumineux ». Même si la fin du film est libératrice et je me souviens que toute la Roumanie avait ressenti cela, elle résume probablement, dans le récit de ce film, ce sentiment de libération que nous avons tous ressenti ce jour-là. »

     

    Adrian Cioroianu, professeur d’histoire à l’Université de Bucarest partage avec nous ses explications :

     

    « Dans le film, on retrouve des choses caractéristiques de cette époque et d’une certaine manière, nous nous identifions tous aux personnages du film. Parce que forcément, si on était élève à cette époque-là, à l’école, on récitait des poèmes sur le parti communiste, parfois sur le secrétaire général du parti. Ceux qui rejoignaient l’armée devaient prêter serment avec la main posée sur le drapeau tricolore pour défendre la patrie sous les ordres du commandant suprême, etc. On retrouve dans le film beaucoup de ces personnages, mais étonnamment, ils sont joués par des jeunes, qui n’étaient pas nés à l’époque, et je trouve ça gratifiant, des jeunes qui ont encore aujourd’hui une image de ce à quoi aurait pu ressembler la vie en 1989, et c’est formidable. Même les étrangers, je pense, sont impressionnés par les destins de ces gens normaux, au sein d’un pays civilisé, toute proportion gardée bien sûr. Nous étions un pays où les gens essayaient de vivre normalement dans un système anormal, et je pense que le cinéphile étranger s’en rend immédiatement compte. Et puis, je le répète, c’est cet enchaînement et cet entrecroisement de destins, la façon dont des gens qui se connaissent, ou ne se connaissent pas, deviennent les protagonistes d’un même événement historique. »

     

    Avant de terminer, Adrian Cioroianu vous invite à ne pas rater ce nouveau  film roumain, si l’occasion de le voir se présente :

     

     « J’adresserais en fait une invitation à tous ceux qui ne l’ont pas vu, car ils seront aussi émerveillés que moi, émerveillés dans un sens absolument positif. C’est une sorte de souvenir de la fin du régime communiste et cela fait du bien ! »

     

    Le film « Anul Nou care n-a fost » ( La nouvelle année qui n’a pas eu lieu) est actuellement projeté dans 80 salles dans 42 villes à travers le pays. (trad. Charlotte Fromenteaud)

  • L’eau du Danube, une eau potable !

    L’eau du Danube, une eau potable !

     

    C’est en 1897 que la Reine Wilhelmine des Pays-Bas finança la construction à Sulina d’un château d’eau. Pourquoi ? Eh bien, après avoir débarqué dans cette ville-portuaire sur le Danube et au bord de la mer Noire, elle s’est vu offrir pour boire de l’eau du Danube. 126 ans plus tard une autre femme néerlandaise, Li An Phoa, une activiste écologiste fondatrice du mouvement « Drinkable Rivers » et son partenaire, Maarten van der Schaaf, arrivaient dans le delta du Danube après avoir parcouru trois sections différentes le long du fleuve pour analyser la qualité de l’eau et découvrir si elle était ou non potable.

    « L’eau du Danube, bonne  à boire » est une partie du projet européen appelé « La restauration du bassin hydrologique du Danube pour les écosystèmes et les Humains, de la montagne et jusqu’à la mer. Le Danube pour tous ! »

    Leur mission consiste à rendre les rivières du monde tellement saines du point de vue écologique et donc suffisamment propres pour que leur eau soit potable. Li An Phoa a entrepris du 18 septembre au 11 octobre un voyage à pied à travers le delta du Danube. Elle a rencontré des agriculteurs, des élèves, des pêcheurs, des hommes d’affaires, des hommes politiques et des responsables pour partager avec eux la vision d’un Danube à l’eau potable.  Li An Phoa:

    « Ce fut extrêmement important pour le projet Danube4ALL de choisir un site démonstratif et mon choix a été de suivre un des itinéraire du Danube en Roumanie. Parcourir l’intégralité du fleuve de la source jusqu’à la mer m’aurait pris plus d’une année. C’est pourquoi j’ai décidé de ne pas le faire. J’ai visité la Roumanie à trois reprises, notamment la Transylvanie et je l’ai tellement aimée que j’attendais impatiemment de me concentrer sur la Roumanie. Ce fut ma première motivation. J’ai fait ce choix parce qu’un tiers du Danube est en Roumanie, donc un Danube en bonne santé est également important pour ce pays. »

    Notre interlocutrice a également avoué qu’en arrivant depuis le Royaume-Uni, pays qui dispose lui aussi un delta, elle a pleinement apprécié le delta du Danube. En collaboration avec WWF et GeoEcoMar (l’institut national de recherche et développement pour géologie et géo-écologie marine) c’est elle qui a choisi les lieux à explorer.  Li An Phoa, fondatrice du mouvement Drinkable Rivers raconte :

    « J’ai choisi trois endroits dans le delta du Danube, j’ai marché le long de la lagune, puis vers les zones humides restaurées près de Mahmudia, les zones humides de Carasuhat. Ensuite, au cours de la deuxième semaine, nous avons rencontré un paysage très différent. Nous nous sommes promenés en peu le long du Danube mais nous avons plutôt choisi de marcher dans les zones inondables jusqu’à la confluence avec la rivière Jiu. Enfin, nous avons marché deux jours en amont le long du Jiu. C’est ainsi que nous avons pu découvrir la plaine et la vallée du Jiu. Nous avons passé la troisième semaine aux alentours de Drobeta Turnu-Severin près du barrage des Portes de Fer. Nous avons parcouru le chemin en aval du barrage vers la ville. Identifier les différentes sections du Danube que nous souhaitions explorer constituait la 2e étape de notre projet. Et j’ai fait connaitre mes intentions sur place, ce que je fais toujours d’ailleurs, lorsque je suis près d’un cours d’eau : vivre avec les gens des environs, être là en tant que visiteur et non en tant que touriste. Nous nous sommes exprimés dans les écoles et dans d’autres clubs et associations pour envoyer l’invitation aux habitants des lieux et les encourager à nous rejoindre et peut-être nous guider, faire une visite quelque part et c’est d’ailleurs ce que nous avons fait ensuite. »

    Les deux chercheurs ont fait des tests de qualité de l’eau du Danube, parlé aux habitants des lieux de leur relation avec l’eau et ramassé des déchets en compagnie des écoliers mobilisés par le biais du programme de la Patrouille Zéro plastique. C’est une initiative par laquelle WWF se propose d’éliminer le plastique de la nature avant 2030. La composante ludique du programme de la Patrouille Zero Plastique s’est superposée à l’activité de science citoyenne par le biais de laquelle Phoa et Van der Schaaf, aux côtés des écoliers des localités qu’ils traversent mesurent quotidiennement  la qualité de l’eau du Danube à des fins scientifiques. Cette expérience éducative implique les jeunes dans l’étude du fleuve à proximité duquel ils habitent. L’étude fait partie du programme international de science citoyenne « Drinkable Rivers », qui permet aux gens d’en apprendre davantage sur la santé de leurs rivières. Les partenaires locaux de Roumanie continueront à utiliser cet instrument et, après la fin du voyage, suivront désormais l’évolution de l’état de santé du Danube. Li An Phoa décrit la joie de vivre chez les habitants, en Roumanie.

      « C’est une expérience tout à fait unique, parce qu’on arrive en tant qu’inconnu, comme visiteur et on part comme si on faisait partie de la famille.  Et c’est ce que j’ai appris de ces randonnées le long de la rivière : la rivière est celle qui nous lie à l’eau. Ce fut une de mes découvertes. Je suis profondément reconnaissante pour cette générosité et cette hospitalité mais aussi pour le fait qu’il existe encore une telle richesse d’espèces que nombre de pays européens ont perdue, comme le nombre d’espèces d’oiseaux, de poissons, de libellules et de papillons.  C’est un tout autre niveau. Il y a plusieurs habitats qui sont encore assez sains, dans le delta du Danube, qui est une région tellement importante. Parallèlement,  on découvre qu’à l’instar d’autres régions d’Europe, le paysage a beaucoup perdu de sa vitalité. Les principales causes ont été l’urbanisation, l’industrialisation et l’agriculture. »

    Par son travail, Li An Phoa, fondatrice du mouvement « Drinkable Rivers », souhaite que les rivières du monde deviennent suffisamment saines et par conséquent suffisamment propres pour que leur eau soit potable.
    (Trad : Alex Diaconescu)

  • Récits des marais

    Récits des marais

    Un projet pluridisciplinaire a eu lieu dernièrement dans le village de Luncaviţa, dans le département de Tulcea. Intitulé « Glossaire de résidence. Art et anthropologie » le projet a présenté au public les conclusions de deux ans de recherches anthropologiques et linguistiques  qu’une équipe ayant à sa tête Dana Pârvulescu a mené dans cette localité nichée dans une zone inondable au bord du Danube, récemment transformée en terrain agricole. Dana Pârvulescu nous donne plus de détails:

    « C’est l’endroit où j’ai passé mon enfance et où j’ai voulu retourner pour mieux comprendre les changements que cette localité a subis ces 20 ou 30 dernières années et qui ont laissé des traces dans la vie des habitants. Il s’agit des transformations dans plusieurs domaines, en allant de l’écologie et jusqu’à la migration. La localité de Luncavița se trouve dans la partie nord de la Dobrodgea, sur la route qui relie Galați à Tulcea, une fois traversé le Danube. C’est une zone humide, inondable, où au printemps, les eaux du fleuve montaient jusqu’aux portes des maisons. Or, depuis 1987, cette région a commencé petit à petit à disparaître, parallèlement aux travaux de modernisation et aux barrages installés sur le Danube. Mon enfance, je l’ai passée principalement dans cette région envahie par les eaux, un univers lacustre peuplé par les nénuphars, les joncs et les saules. »

     

    Un paysage difficile à imaginer de nos jours par ceux qui se rendent à Luncavița, petit village à une dizaine de kilomètres des rive du fleuve. Dana Pârvulescu poursuit:

    « Les changements sont intervenus progressivement. Au début, les systèmes de digues ont rendu la terre fertile. Dans le village, les habitants avaient des lopins de terre dans la zone humide où ils faisaient pousser des tomates, des poivrons, du tournesol, bref, toute sorte de  légumes et de céréales nécessaires au quotidien. Le système d’irrigation existe encore de nos jours et permet aux gens de cultiver du blé et d’autres céréales. A l’heure où l’on parle, la zone est devenue un terrain agricole entièrement contrôlé par ceux qui y font de l’agriculture. »

     

    Le village de Luncavița s’est laissé imprégné de modernité ce qui a facilité le contact avec les artistes, les anthropologues et les habitants, affirme Dana Pârvulescu, responsable du projet « Glossaire de résidence. Art et anthropologie ».

    « Le projet s’est déroulé l’année dernière et nous avons privilégié le travail sur le terrain. D’une part, les artistes ont essayé de documenter le travail mené par les anthropologues et de l’autre, les anthropologues ont pris des notes. D’ailleurs, leurs recherches ont débouché sur la publication de deux articles parus sur une plateforme en ligne. Ce fut donc un exercice pluridisciplinaire entre des artistes et des anthropologues. Même si à première vue, leur travail diffère beaucoup, le projet a montré une autre approche. Il est vrai que certains d’entre eux se connaissaient déjà et connaissaient aussi la région où ils étaient censés faire leur travail de recherche. Cela nous a permis de passer outre l’étape consacrée normalement à l’accommodation à un nouvel espace et à des nouveaux gens. Moi, je fais confiance à l’interdisciplinarité et les résultats d’un travail commun se voient toute de suite. C’est d’ailleurs ce type de travail que le projet « Glossaire de résidence. Art et anthropologie » met en lumière. »

     

    La résidence organisée l’année dernière à Luncaviţa, a débouché sur l’exposition « Il était une fois une eau ». Dana Pârvulescu nous en parle:

    « En fait, dans l’espace qui a accueilli notre exposition, on a mis en place une carte de l’ancienne zone humide sur laquelle les anthropologues ont ajouté des extraits des témoignages des habitants. Nous, on a cartographié pour indiquer sur la carte à quoi cette zone ressemblait il y a 30 ou 40 ans. Par exemple, nous avons montré l’endroit où l’on ramassait la capture de poissons destinés au commerce. Un habitant nous disait jadis, c’est par ici que passait le charriot, de nos jours, c’est la voiture qui roule”. Voilà pourquoi une de nos artistes a dessiné les traces des chevaux qui se dirigeaient autrefois vers les digues. De nos jours, les chevaux n’existent plus. Cette année, un des anthropologues a remarqué la disparition des attelages qui ont été remplacés par des machines agricoles. A la différence de l’année dernière quand nous avons créé cette carte qui a représenté l’élément central de notre exposition et que nous avons mise en place à l’école pour servir aux enfants, le Glossaire de cette année est moins spécifique. En 2023, nous avons organisé une série d’ateliers pour enfants et lors de ces ateliers, les gamins utilisaient le mot marécage pour désigner leur région. Or, j’ai été surprise de constater qu’en fait, ils ne savaient pas que jadis, la zone était inondée par le fleuve. Eux, ils parlaient du terrain aride de nos jours en le désignant par le terme de marécage. »

    L’exposition a été mise en place au Musée national du Paysan roumain de Bucarest jusqu’au 22 octobre. Mais, les recherches se poursuivent.

  • Festin culinaire à Peștișani

    Festin culinaire à Peștișani

    Automne oblige, c’est le moment de faire la fête des récoltes en tout genre. Ainsi, la campagne roumaine abonde en cette période d’événements qui mettent à l’honneur les produits du terroir. Partout, plein de festivals gastronomiques sont organisés à la grande joie des petits et des grands et aujourd’hui nous en découvrons un qui ne vous laissera pas indifférents.

    Nous sommes à Peștișani, petite commune du département de Gorj, dans le sud-est de la Roumanie. C’est ici que l’association Discover Peștișani a mis sur pied une nouvelle édition du Festival des « sarmale » et des « piftii ». Qu’est ce que la « sarma » ? Qu’est ce que la « piftia »? Les « sarmale » sont de feuilles généralement de choux farcies le plus souvent de viande hachée et de riz. La « piftia » est un plat froid, un aspic à base de viande mise en gelée et réfrigérée. Vu que les « sarmale » sont un plat principal chaud et la « piftia » est une entrée froide les mettre sur la même assiette est un choix assez inattendu, voire à ne pas faire dans la plupart des régions. Sauf dans une certaine partie de l’Olténie, dans le sud de la Roumanie.

    Pourquoi consacrer tout un festival à ces deux plats ? Réponse avec Isabela Coară, représentante de l’Association Discover Peștișani.

    « C’est un des festivals gastronomiques les plus importants du département de Gorj. Et il ne cesse de grandir d’année en année. Au début il s’appelait tout simplement le Festival des Aspics. Mais avec le temps, étant donné que servir à table des sarmale bien chauds avec des plats en gelée est une coutume spécifique à la zone de Gorj, nous nous y sommes conformés et nous avons transformé notre festival. Nous l’organisons à la mémoire de Radu Ciobanu, ancien président de l’Association ANTREC Gorj, la filiale locale de l’Association nationale du tourisme rural, écologique et culturel qui avait lancé ce festival. Et je dois dire qu’il y a très peu d’endroits en Roumanie où vous pouvez manger ces deux plats ensemble. Chez nous, les aspics ne sont pas servis en entrée, mais en accompagnement du plat principal que sont les sarmale ».

    Et bien que le festival soit principalement consacré à ces deux plats, au fil du temps, les participants ont voulu l’enrichir davantage en proposant aussi des tartes, des brioches et autres délices faits maison. Par conséquent, aujourd’hui nous avons à faire à un véritable festival de la gastronomie locale.

    Isabela Coară passe en revue quelques-uns des meilleurs plats à découvrir sur place :

    « Le festival commence chaque année par un concours culinaire qui récompense les meilleures sarmale et les meilleurs aspics. Certains participants proposent des associations classiques, d’autres tentent de trouver des recettes les plus inédites afin de surprendre le jury et le public. Par exemple, une fois, c’est un aspic à base de poulpe qui a remporté la première place du concours. Sans doute, ce n’est pas un plat traditionnel comme l’aspic à base viande de porc ou de dinde. Une année plus tard, ceux qui ont inventé cet aspic de poulpe sont venus nous proposer une nouvelle recette à base de lentilles. Côté sarmale, toutes les variétés sont disponibles, dont celle avec les feuilles de vigne, mais aussi les feuilles d’ail des ours ou bien d’orties farcies de viande hachée de porc, de dinde ou de poulet, ou de riz dans la variante végétarienne. Bref, tout est possible ». 

    Et comme ce festival n’a fait que grandir d’une édition à l’autre, il a aussi dû changer de place pour pouvoir accueillir les participants et les visiteurs de plus en plus nombreux. Isabela Coară raconte :

    « S’il y a quelques années ce festival était organisé dans le jardin d’un gîte et que tous les gîtes de la zone s’inscrivaient pour l’accueillir d’une année à l’autre, il a deux ans le festival a déménagé dans la cour du Lycée Technologique Constantin Brancusi de Peștișani. Et surprise : il n’y avait toujours pas assez de place pour accueillir tout le monde. Si bien que nous sommes cette année dans une clairière, à Nucet, une zone superbe, parsemée des noisetiers qui lui ont donné son nom ».  

    Goûter en même temps à un morceau d’aspic froid tout droit sorti du frigo et un autre morceau de sarma bien chaude – voilà une sensation unique et à ne pas rater, assure, Isabela Coară.

    Et comme dans tout festival qui se respecte, cette année les nouveautés n’ont pas manqué non plus. Notre invitée nous les présente en détail :

    « Pour la première fois, nous avons accueilli une soixantaine d’enfants des écoles de la commune de Peștișani. Aux côtés de leurs mères et grand-mères, ils ont participé à notre concours culinaire en apportant chacun un plat préparé à la maison. Ils ont été tellement émus et enthousiastes d’y participer ! Les grands-parents de la communauté de Peștișani ont aussi été à nos côtés, comme d’habitude. Il s’agit d’une communauté de seniors faisant partie du club des seniors de la commune de Peștișani. A part les activités de socialisation, ils organisent aussi des ateliers de cuisine et ils ont aménagé un stand avec des plats faits maison. D’ailleurs, ils ont été les grands gagnants d’une édition précédente du concours. Et puis, nous avons été rejoints aussi par différents restaurants et gîtes, ainsi que par les femmes de la zone qui ont voulu présenter chacune leurs meilleurs plats. Elles ont eu des stands très joliment décorés de fruits, légumes, objets traditionnels, pots, produits en bois et autres. En deux mots : une ambiance magnifique ! » 

    Dans l’espoir d’avoir suscité votre curiosité, nous vous suggérons de mettre la Roumanie sur la liste de vos futurs voyages et notamment la commune de Peștișani et la clairière de Nucet avec son festival unique consacré aux « sarmale » et aux « aspics » et à bien d’autres plats délicieux. (trad. Valentina Beleavski)