Category: La Roumanie chez elle

  • La « Baccadémie » ou le Bacalauréat pour tous

    La « Baccadémie » ou le Bacalauréat pour tous

    En 2024 l’examen du Baccalauréat a été marqué par le plus grand taux de réussite des 10 dernières années, de 76,4%. Et pourtant, passer par que l’on appelle traditionnellement en Roumanie « l’examen de la maturité » n’est pas chose facile pour tous les lycéens. C’est pourquoi plusieurs étudiantes éminentes de Cluj, dans le centre-ouest, ont pensé à rendre cette expérience plus facile pour lycéens moins chanceux. « Passe le Bac sans trop de soucis » c’est la devise du projet qu’elles avaient imagine et appelé « La Baccadémie ».

     

    Les débuts de “La Baccadémie”

     

    La fondatrice du projet « La Baccadémie », Bianca Ionescu, raconte :

    « Notre histoire a commencé en fait en 2022. A l’époque, j’avais moi-même passé le Bac pour décrocher 10 sur 10 en histoire et 9,80 sur 10 en langue et littérature roumaine. Même si s’avais participé aux concours olympiques nationaux de roumain dès le collège et que j’ai continué à y participer le long des années de lycée, j’ai toutefois senti le même stress que tout lycéen en terminale éprouve à mesure que l’examen du baccalauréat approche. Après avoir eu mon examen, j’ai donc décidé de numériser les fiches que j’avais rédigées. J’avais passé six mois à réviser la matière toute seule. En 2022, j’ai commencé à aider d’autres élèves dans le milieu en ligne. Je distribuais des matériaux à titre gracieux sur un compte Instagram. Pratiquement la génération qui a passé l’examen en 2023 a été la première que j’ai aidée. Mais l’idée de la Baccadémie a pris forme lorsque les élèves m’ont fait part de leur résultat au Baccalauréat. Rien qu’un exemple, sur les quelques 3 000 élèves que j’avais aidées, la vaste majorité ont eu leur examen avec une note supérieure à 9,50. Certains avaient décroché la note maximum, le 10. Même des personnes plus âgées qui ont participé au BAC, 10 ans ou même 20 ans après avoir terminé le lycée, elles aussi ont décroché de bonnes notes. Et ce fut à ce moment précis que je me suis rendue compte que mes fiches avaient eu un impact positif ».

     

    Un succès immédiat 

     

    Mais pourquoi cette démarche a-t-elle eu un tel succès ? Bianca Ionescu, explique:

    « Les élèves étaient las des livres épais, écrits en noir et blanc et remplis de détails qui ne figurent jamais parmi les sujets des épreuves de l’examen. Or moi, je comprenais pleinement cette frustration, parce que j’avais été à leur place aussi. En Roumanie, les examens ne changent pas trop à travers le temps. Cela fait déjà 10 mois que j’ai fonde les Editions Bacadémia et notre unicité réside dans le fait que notre équipe est constituée exclusivement d’étudiants qui ont décroché 10 sur 10 à différentes épreuves du Bac. Qui plus est tous nos manuels sont joliment colorés et condensés. Nos livres incluent aussi des conseils, des sujets avec réponses et même quelques blagues que la génération actuelle pourrait clairement comprendre. » 

     

    Offrir un approche adéquate pour la génération Z

     

    Irina Selagea signe le livre de géographie de la Bacadémie et elle est responsable des vidéoclips interactifs figurant sur les réseaux sociaux du projet. Quelle est sa définition de la « Baccadémie » ?

    « Je suis une de ces personnes qui aiment aider les gens et je suis très intéressée à introduire une nouvelle perspective lorsqu’il s’agit d’apprendre pour le baccalauréat, puisque de l’avis de la majorité des gens, il faut tout simplement tout apprendre par cœur. Or moi, je voudrais proposer l’idée et la solution qu’il est possible de passer facilement toute épreuve du Bac à la seule condition d’avoir bien compris les sujets, et on peut les comprendre aussi par le biais de l’humour et d’une manière beaucoup plus amusante que via des synthèses qui coutent beaucoup ou qui sont très, très longues. J’ai proposé cette solution spécifiquement pour les élèves qui font partie de la génération Z et qui comprennent d’une manière quelque peu différente certaines matières. J’ai souhaité tout simplement proposer une nouvelle approche, afin de motiver les élèves, peut-être à lire de la littérature roumaine autrement. »

    Côté retours, l’équipe de la Baccadémie raconte que plusieurs élèves leur ont avoué que c’est uniquement grâce à ces synthèses, qu’ils ont réussi à apprendre en une minute seulement l’intégralité de la matière enseignée en classe durant une heure de cours.

     

    Le projet se poursuit

     

    Et le travail ne s’arrête pas là! Bianca Ionescu :

    « Il faut rajouter les fiches de révision en informatique, en chimie et en physique, et c’est justement sur cela que nous travaillons actuellement. Notre succès est dû en grande partie à la plate forme Tik-Tok. C’est aussi par nos clips réalisés via l’intelligence artificielle que nous sommes devenus populaires. Jusqu’ici nous avons recensé près d’un million de visualisations au total sur notre compte. »

     

    Avec de tels outils d’apprentissage, il ne reste qu’à se mettre au travail. Et désormais c’est plus facile ! (trad. Alex Diaconescu)

  • Le festival « Passion Doina »

    Le festival « Passion Doina »

    C’est au cœur du jardin botanique Dimitrie Brândză de Bucarest que s’est déroulé un festival pas comme les autres, réunissant des passionnés de la nature et de la culture nationale : il s’agit du festival « Passion Doina », organisé par l’Association Fruit Vita. La journée était bien remplie et consacrée à la « doina », cette création lyrique vocale ou instrumentale, typique du peuple roumain qui, en 2009, a été inscrite au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Eusebiu Bogdan, vice-président de l’Association Fruit Vita nous a décrit le projet :

    « Initialement l’idée est venue de ma femme, Ioana, qui est d’ailleurs la présidente de l’Association. Nous sommes tous les deux les fondateurs de l’ONG, mais aussi passionnés de culture et de l’univers roumain. L’année dernière nous avons commencé à promouvoir la « doina », qui fait partie du patrimoine immatériel de l’UNESCO depuis 2009. Nous avons étudié ce qui se passe en Roumanie et en général nous avons constaté que les Roumains apprécient les sites classés patrimoine de l’UNESCO, d’autant plus lorsque ses sites se trouvent à l’étranger. Les touristes roumains visitent tous les sites de l’UNESCO, en dehors de ceux qui se trouvent dans leur propre pays, qu’il s’agisse du patrimoine matériel ou immatériel. Nous sommes partis sur cette voie afin de promouvoir la « doina » et, si l’année dernière nous avons souhaité rendre les informations relative à cette tradition plus accessibles dans un manuel numérique, cette année nous avons décidé d’aller encore plus loin et d’attirer plusieurs types de participants. Nous avons traduit toutes les informations numériques en anglais, afin de pouvoir les partager aussi au-delà des frontières du pays. »

    La « doina » exprime l’amour pour la nature, la joie et la tristesse, la solitude et la révolte. Eusebiu Bogdan, vice-président Fruit Vita raconte quelles ont été les nouveautés de l’édition de cette année du festival.

    « Nous l’avons dit : on profite mieux de la « doina » en plein air puisque c’est ainsi qu’elle a été chantée depuis toujours et pas rapport à l’année dernière lorsque nous avons organisé l’événement dans les Jardins Monteoru de Bucarest, cette année nous avons choisi le Jardin Botanique, un espace en plein air beaucoup plus grand. Nous avons choisi de diversifier les activités et les adapter à tous les types de participants allant des enfants de 3 à 5 ans, aux personnes plus âgées. L’objectif était de propager notre message et toucher un nombre de plus en plus grand de personnes. Nous avons commencé avec plusieurs types d’ateliers, d’artisans ou bien de jeux pour les enfants. Et à ce titre je dois mentionner un atelier de couture, un autre de poterie et un autre de théâtre appelé Labyrinthe. Ce fut une activité spéciale, un voyage dans le cadre duquel les participants ont dû naviguer un itinéraire en utilisant tous leurs sens hormis la vue, puisqu’ils avaient les yeux bandés. Ajoutons aussi un atelier pour les plus petits réalisé en coopération avec l’Opéra comique pour les enfants, durant lequel ils ont dessiné des modèles graphiques roumains et découvert ainsi les traditions autochtones. Ensuite l’événement a été complété par une exposition de peinture que nous avons réalisée avec des participants âgés de 14 à 25 ans. Le thème était évidemment la « doina ». Les jeunes peintres ont exposé des œuvres réalisées sur toile et sur papier. Un des participants a même réalisé des peintures sur bois. Ce fut une exposition en plein air qui s’est terminée par un concours ».

    L’exposition de peinture a illustré la manière dont les jeunes, notamment des citadins, ont compris le concept de « doina ». Une des peintures illustrait un jeune habillé en costumes traditionnels qui jouait de la flûte devant une barre d’immeubles gris, qui exprime d’une manière symbolique l’idée de libération que la « doina » peut introduire dans la vie des citadins. Notre interlocuteur nous a expliqué que trois des œuvres présentées ont été primées et certaines ont même été vendues. Et puisqu’il s’agit d’une « doina », la musique ne pouvait pas manquer non plus.

    L’évènement s’est achevé en beauté par un concert de Maria Casandra Hauşi et Sorin Romanescu, qui forment le duo appelé Nod, suivie par l’artiste Argatu, qui cartonne actuellement parmi la jeune génération avec ses chansons qui mixent les sonorités traditionnelles à celles de l’électro. Est-ce que la « doina » peut aussi être un remède ? Eusebiu Bogdan nous répond :

     

    « Certainement oui, et d’ailleurs Maria Casandra Hauși le dit elle-même : nous portons la doina dans notre âme ! Et oui, c’est un remède, sans nul doute ! Mille mercis à tous les participants, à tous les partenaires, à tous ceux qui nous ont aidés dans ce projet et nous espérons nous revoir tous l’année prochaine pour la troisième édition. »

    Et pour la fin de cette chronique, voici un extrait de musique inspirée par les sonorités traditionnelles et par la doina avec le groupe NOD.

  • Immersion virtuelle dans l’univers musical de George Enescu

    Immersion virtuelle dans l’univers musical de George Enescu

    Fin août-début septembre, Bucarest a accueilli le Concours international de musique classique George Enescu. Organisé en alternance avec le festival homonyme, le concours est un des événements culturels les plus importants de Roumanie et un tremplin excellent pour les jeunes musiciens en début de carrière.

     

    « Poème roumain : Expérience immersive »

     

    Cette année, à l’occasion du 143e anniversaire de la naissance de George Enescu, un spectacle immersif unique consacré au plus grand compositeur roumain a été présenté en première en marge du Concours et il pourrait être transformé en une nouvelle série de spectacles dans les futures éditions du Festival. A l’origine de ce projet innovant l’on retrouve l’équipe « Ateliers Nomad » du musée des arts immersifs MINA (Museum of Immersive New Art). Intitulé « George Enescu : « Poème roumain : Expérience immersive » – le spectacle invite le public à faire un voyage audiovisuel inédit, à explorer la vie et l’œuvre du compositeur de la perspective de sa première création pour orchestre, composée lorsqu’il n’avait que 16 ans.

     

    Dès le début, la projection immersive fait plonger le spectateur dans l’atmosphère d’une vraie salle de concert où l’orchestre commence à jouer « Poème roumain ». Sur toile de fond ce cette musique, des paysages pittoresques de Roumanie roulent au rythme des notes musicales devant les regards du public et s’arrêtent à différents endroits emblématiques de la vie du compositeur.

     

    Des artistes visuels très appréciés

     

    Notre première invitée, Cristina Uruc est manager d’ARTEXIM, l’organisateur du Festival et du Concours George Enescu, qui a proposé au musée MINA d’y participer avec son projet immersif. Elle a beaucoup aimé la collaboration avec l’équipe des « Ateliers Nomad » qui signe cette expérience virtuelle. Cristina Uruc :

     

    « Ce sont des artistes visuels qui ont travaillé avec les technologies les plus récentes, avec l’intelligence artificielle et avec des éléments qu’ils ont créés eux-mêmes pour générer de nouvelles images vidéo et les superposer à la musique d’Enesco. Comme le dit le nom du projet : c’est une véritable expérience, une expérimentation que nous avons réussi à mettre sur pied avec Les Ateliers Nomad. Leurs projets sont vraiment extraordinaires ! » 

     

    Grâce aux technologies de dernière génération, le public a pu voir en première des photos d’Enesco à différentes étapes de sa vie et de sa carrière, animées à l’aide de l’intelligence artificielle. Le film témoigne aussi de l’impact durable d’Enesco sur la musique roumaine et internationale, tout en explorant son influence sur les futures générations de musiciens et compositeurs. Histoire, musique et technologie se donnent rendez-vous pour redonner la vie à l’univers musical de George Enescu.

     

    « Poème roumain » – une création avec une histoire difficile

     

    Gilda Lazăr, directrice du département Corporate Affairs et Communication chez JTI – Immersive Experience, le principal partenaire du Festival, se félicite de cette collaboration :

     

    « Nous faisons partie de cet événement et nous sommes des partenaires de confiance des événements culturels de Roumanie. Au fil du temps, nous avons mis sur pied des événements et nous avons soutenu de nombreux événements, projets et institutions culturelles. Alors, au moment où l’on nous a proposé ce projet, nous avons répondu affirmativement sans hésiter. Pourquoi ? Parce que « Poème roumain » est la première création d’Enesco. Parce que c’est une création de jeunesse qui s’adresse à un public qui n’a pas pu en profiter. Cette création a été interdite et elle n’a pas été jouée pendant 43 ans. Puis, en 1990, elle a encore été mise de côté pour d’autres raisons. Il a fallu 10 ans (n.d.r. après la chute du communisme) pour nous réconcilier avec notre passé et avec l’art interdit avant d’avoir un nouveau début. Vous savez, le « Poème roumain » est dédié à la Reine Elisabeth. Alors, moi j’ai tenté d’imaginer comme c’était à l’époque, pour un jeune de 16 ans, de réaliser qu’il vivait dans un royaume. C’était comme un conte de fées, c’était trop beau, donc son enthousiasme était tout à fait normal. La première représentation du « Poème roumain », à Paris, fut un véritable événement. D’ailleurs, le ministre des Affaires étrangères a conservé dans ses archives les informations transmises à l’époque par l’ambassadeur de Roumanie à Paris » 

     

    Petite parenthèse : un fragment du « Poème roumain » de George Enescu avait été utilisé dans l’habillage sonore de Radio Free Europe en langue roumaine, un véritable symbole pour les Roumains qui vivaient sous la terreur du régime communiste.

     

    Les spectacles immersifs : une nouvelle catégorie du prochain Festival Enescu

     

    Retour au spectacle immersif de cette année. Les organisateurs ont profité de cette première expérience pour annoncer une nouvelle série de concerts au Festival international de musique George Enescu de l’année prochaine : une catégorie interdisciplinaire accueillie par le Musée des arts immersifs MINA. Gilda Lazăr précise :

    « Côté nouveautés, l’année prochaine, il y aura 4 concerts, des spectacles très divers, donnés par des artistes tels le chorégraphe Gigi Căciuleanu ou la mezzo-soprano Ruxandra Donose et autres. Ils auront lieu tous les jeudis au musée MINA dans le cadre du Festival Enescu. C’est aussi une manière de continuer une tradition lancée il y a quelque années avec l’exposition immersive consacrée à Constantin Brancusi ».

      

    Disons pour terminer que la prochaine édition du Festival international de musique classique George Enescu aura lieu du 24 août au 21 septembre 2025, sous le haut patronage du Président de la Roumanie, en tant que projet culturel financé par le gouvernement de la Roumanie par le biais du ministère de la Culture. (trad. Valentina Beleavski)

     

  • Les colonies anti-bullying

    Les colonies anti-bullying

    Une bonne idée 

     

    Les vacances d’été sont bien finies, c’est donc un moment propice de jeter un coup d’œil sur les activités extrascolaires proposées aux enfants roumains. Et puisque l’été reste par excellence la période des colonies de vacances, alors pourquoi ne pas en profiter pour remettre sur le tapis un sujet qui nous préoccupe tous, grands et petits: le harcèlement. C’est pour parler de ce phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur et pour mieux essayer de le combattre que des colonies anti-bullying » (anti-harcèlement) ont vu le jour. A l’origine du projet l’on retrouve l’Association « Zi de bine » (Dis-moi de bonnes choses).

     

    Sa responsable de communication, Eliza Vladescu nous en parle :

    « L’idée n’est pas tout à fait nouvelle. En fait, nous avons organisé notre première colonie anti-harcèlement en 2022. Cette année, il y en a eu la 4e. Après une petite pause l’année précédente, lorsque nous avons opté pour une approche ciblée sur l’alimentation, nous avons décidé de reprendre le débat sur le harcèlement doublé de celui sur la nutrition. Tout cela après avoir constaté à quel point de tels sujets sont nécessaires, vu le grand nombre de demandes de la part des parents.  » 

     

     

    Quel est le concept de cette colonie anti-harcèlement?

     

    Eliza Vladescu explique :

    « Nous l’avons imaginée de la manière suivante : le harcèlement est vraiment très présent dans le milieu scolaire, mais ce n’est pas un phénomène lié exclusivement à l’école. Le harcèlement a trait au comportement d’une personne, pas à son caractère. C’est une manière d’agir lorsque nous avons été nous-mêmes victime d’un tel comportement et que nous n’avons pas trouvé une autre manière de nous protéger que d’agresser à notre tour. Les enfants et les adolescents en sont les principales catégories concernées, tant à l’école qu’à la maison. L’école et le milieu familial sont en étroite relation et le phénomène peut migrer à tout moment d’un milieu à l’autre, en fonction de l’endroit où surgit la relation dysfonctionnelle ou le blocage de communication. Nous avons donc imaginé ces colonies anti-harcèlement pour les enfants, mais nous avons jugé tout aussi important de mettre ensemble parents et enseignants. Car ce qu’un enfant fait à la maison ou à l’école n’est que le symptôme d’un système relationnel dysfonctionnel. Plus encore, le harcèlement  n’est pas un phénomène contre lequel l’enfant doit batailler tout seul. Les parents et les professeurs sont responsables des enfants. Parfois ils constituent une partie du problème et souvent ils représentent une partie de la solution. C’est pourquoi, dans nos colonies, nous invitons une trentaine de couples parent-enfant et une vingtaine d’enseignants du cycle primaire et du collège. On travaille avec toutes ces trois catégories qui ne se croisent pourtant pas, il y a un contact minimal entre leurs membres. Chaque groupe est pris en charge par une équipe de psychothérapeutes et l’on travaille par tranches d’âge, par thématique et en fonction des besoins précis de chaque groupe ».  

     

    Creuser à l’intérieur de soi-même

     

    C’est en creusant que les participants constatent parfois que des comportements qu’ils avaient considérés comme normaux étaient en fait des comportements associés au harcèlement. Souvent l’adulte qui les pratiquait n’en était même pas conscient, constate notre invitée, Eliza Vladescu, qui poursuit :

    « A plusieurs moments, les participants sont devenus conscients de l’existence de certains modèles de communication parent-enfant, professeur-enfant et même parent – enseignant. Par exemple, cette pratique de se blâmer les uns les autres. Voilà pourquoi, cette colonie anti-harcèlement n’est pas des plus faciles, car elle demande une grande dose de vulnérabilité. Et j’ai pu constater qu’au moment où nous, les adultes, nous sortons de notre rôle de parent ou de professeur, on devient à notre tour des enfants nécessitant un guidage. Nous avons besoin de parler avec d’autres personnes se trouvant dans une situation similaire, nous cherchons des retours et nous voulons recevoir de l’aide à travers des techniques censées nous permettre de remédier à cette situation, aussi bien à la maison qu’à l’école. Enfants et adultes – tous viennent dans cette colonie avec leurs propres peurs, dont notamment celle de se livrer aux autres, d’être vulnérables devant des inconnus. Mais à la fin du séjour, je vous assure, tout le monde veut y rester davantage » 

     

    Il est possible de changer

     

    Un agresseur peut arriver à comprendre les origines de son comportement et à changer d’attitude, insiste Eliza Vladescu, qui conclut :

    « Je voudrais préciser qu’il est possible de sortir du rôle de victime. Nous avons accueilli des enfants qui ont incarné tous les trois rôles : témoin, victime et agresseur. Et de nombreux enfants agresseurs ont compris pourquoi ils avaient eu un tel comportement. De nombreux parents ont compris que leurs enfants étaient devenus agressifs et ont fini par leur trouver d’autres moyens pour faire face aux commentaires méchants ou aux situations difficiles. Ils ont été nombreux à trouver en eux la résilience et la volonté de faire du bien. Et nombre d’enfants venus en tant qu’agresseurs ont exprimé leur souhait de devenir des bénévoles pour aider d’autres enfants à remédier à ce problème. » 

     

    On peut lutter contre le harcèlement à condition d’en comprendre la source, c’est le message que l’Association « Zi de bine » veut nous transmettre à l’aide de ces colonies qu’elle organise depuis plusieurs années déjà. (trad. Valentina Beleavski)

  • Les olympiades du sourire

    Les olympiades du sourire

    En Roumanie, on ne saurait se déclarer surpris par les résultats de nos élèves aux concours scolaires. Nos élèves sont souvent sur le podium des compétitions scientifiques nationales et internationales pour les lycéens, que ça soit en Maths, Physique, Chimie ou Informatique. Mais dans les minutes suivantes, nous allons vous parler d’un concours différent dans lequel les participants ne sont pas amenés à mettre en avant leurs connaissances, mais plutôt à participer à des épreuves censées les rendre tout simplement heureux. Surnommée « L’olympiade des sourires », cette compétition est en fait un projet mis en place par Simona Grigoras Olaru, présidente fondatrice des Associations Topolino et « Enfant aujourd’hui, adulte demain » avec le but d’aider les enfants issus des milieux défavorisés. Simona Grigoras Olaru nous en parle :

     

    « La réalité qui se cache derrière mon projet est très dure et elle m’a encouragée à mettre en place de nombreuses initiatives censées changer des destins. J’ai fondé l’association Topolino en 2017, après que mon bébé a été diagnostiqué d’une malformation congénitale qui a complètement changé ma vie. Depuis cette année-là, j’ai commencé à m’intéresser aux enfants en souffrance, malades ou pauvres, vivant notamment dans des villages perdus où les ONG n’arrivent que deux fois par an, à Noël et à Pâques. J’ai donc commencé à m’y rendre régulièrement et c’est comme ça que j’ai découvert combien nombreux sont les gamins délaissés par leurs parents, qui vivent seuls, avec des grands parents ou tout simplement, avec des frères et des sœurs. Et petit à petit, le désir de les aider a donné un nouveau sens à ma vie et une motivation encore plus forte avec chaque nouveau cas. »

     

    Un projet né d’une expérience personnelle difficile

    Son expérience de vie a poussé Simona Grigoraş Olaru à sortir de sa zone de confort et à relever de nouveaux défis. C’est comme cela que le projet « L’Olympiade des sourires à la campagne » est né. Simona Grigoraş Olaru :

     

    « C’est un projet qui me tient à cœur et que j’ai lancé en 2018, dans la commune de Dor Marunt, dans le département de Calarasi. Avec le concours de la principale de l’école du village, j’ai commencé à me demander comment venir en aide aux enfants défavorisés ou en situation de handicap et donc, en risque d’abandon scolaire. Et c’est comme cela que l’idée nous est venue de faire en sorte que ces enfants retrouvent leur sourire et leur optimisme, en se faisant de beaux souvenirs. Avec cette idée en tête de remplacer la tristesse par le rire, nous avons créé l’Olympiade des sourires où les enfants se voient proposer toute sorte d’activités qui leur servent dans la vie. Nous leur apprenons par exemple, à bien se nourrir, à comprendre pourquoi il est important de manger saint plutôt que de grignoter des chips ou des sodas. Pourquoi est-il préférable de manger un poivron du jardin, un pot de fromage blanc ou un bout de fromage produit localement. A part tous ces aspects éducatifs, nous leur avons proposé des activités ludiques, censés leur permettre de s’amuser et de développer leur esprit d’équipe. Cette cohésion de groupe est très importante. Et puis, à la fin de la journée d’activité, on leur propose un pique-nique soit sur le terrain de sport, soit sur une pelouse, l’occasion de passer un bon moment et de les inciter à parler d’eux, de leur famille, leur chat, leur chien, leur grand-mère ou leur sœur. »

     

    Nous avons découvert que les participants font des concours de puzzle, relient des points sur une feuille de papier en découvrant des indices pour d’autres jeux, ou participent à des courses de relais en plein air ingénieusement conçues, et que tout cela est récompensé par de la nourriture qu’ils ne voient généralement qu’en photo et par des produits d’hygiène.  Simona Grigoras Olaru a également dévoilé un autre projet :

    Venir en aide à tous

    « Le 1er juin, nous nous sommes rendus au refuge « Mère et Enfant », pour les victimes de violence domestique, à Giurgiu. Il s’agit d’une maison paroissiale, Saints Michel et Gabriel, située à 5 km de la ville de Giurgiu, où vivent les mères et les enfants qui bénéficient de protection, précisément pour leur permettre de vivre libres et en sécurité. Le 1er juin, nous avons beaucoup ri, joué et leur avons apporté ce dont ils ont besoin : nourriture, vêtements, jouets, jeux, meubles. »

     

    Et pour tous nous encourager, Simona Grigoras Olaru, présidente fondatrice de l’association Topolino et de l’association « Aujourd’hui enfant, adulte demain», a ajouté :

     

    « N’oublions jamais d’où nous sommes partis et restons bons, car on ne sait jamais où la vie nous mènera. C’est ce que j’ai appris tout au long de ma vie et de mon parcours ! J’ai tellement de projets qui ont besoin de beaucoup de soutien, par le biais de bénévoles, de partenariats, parce qu’il est si facile de changer les choses pour faire le bien autour de nous, il suffit de le vouloir ».

     Difficile de conclure de meilleure façon !

  • La forme des bouteilles de vin en Roumanie

    La forme des bouteilles de vin en Roumanie

    Selon les données officielles, un Roumain consomme en moyenne 2,5 bouteilles de vin par mois, soit l’équivalent de 23,5 litres par an. Une moyenne restée relativement stable ces dernières années, même si cela représente une augmentation significative par rapport aux chiffres de la période 2015-2017. La Roumanie se hisse ainsi au 13e rang des pays ayant la consommation de vin par habitant la plus élevée, avec un peu plus de 23 litres et 30 bouteilles par an. Le Portugal, grand producteur et consommateur, est en tête de classement avec 52 litres par personne et par an (soit l’équivalent de 6 bouteilles par mois), suivi par la France et l’Italie, où il existe une véritable culture du vin. En France, il n’y a guère de déjeuner ou de dîner sans un petit verre de vin.

     

    Des écarts flagrants entre les villes et les campagnes

     

    En Roumanie, il existe de grandes différences entre les zones urbaines et rurales, ces dernières préférant d’autres boissons ou du vin fait maison. Cependant, pour les consommateurs de vin en bouteille, la forme et la couleur de ces dernières ont une signification particulière, comme nous l’apprend George Ignat, connu dans le monde des spécialistes sous le nom de George Wine, conférencier à l’École supérieure de sommellerie de Roumanie, et membre de l’Association Wine Lovers de Roumanie :

     

     « Lorsque nous sommes au restaurant ou au rayon vin d’un magasin, nous sommes entourés de bouteilles, de formes et de couleurs différentes, chacune portant des étiquettes enchanteresses. D’un point de vue chromatique, les bouteilles couvrent une large gamme de couleurs, les plus courantes étant les bouteilles  transparentes, utilisées le plus souvent pour les blancs et les rosés, les bouteilles marrons, plutôt privilégiées pour les vins rouges, et les bouteilles vertes, utilisées à la fois pour les vins blancs et rouges. Plus récemment, pour des raisons de marketing, des bouteilles bleues ou d’autres couleurs moins conventionnelles, ont également été utilisées. En termes de taille, les choses deviennent encore plus intéressantes. Le format standard est de 75 cl. Je vais tenter d’énumérer les principaux types de verre atypique et de donner quelques informations sur chacun d’entre eux. Nous avons d’abord de petites bouteilles. En fait, il y en a plusieurs, mais je souhaiterais juste mentionner celle de 375 ml, ce qui représente la moitié de la quantité normale utilisée pour les vins de dessert dans la région de Soter. Pourquoi ? Car si le rendement d’un vin normal est de 65 %, il est en revanche de seulement 12% pour ces vins doux, en raison des méthodes de production, c’est donc très faible, c’est pourquoi ce type de bouteille a été adopté. La bouteille standard, comme je l’ai dit, est de 750 ml, mais elle contient normalement 770 ml. Pourquoi ? À cause de l’espace laissé entre le liquide et le bouchon. »

     

    Plusieurs formats de bouteille pour mettre l’eau à la bouche des consommateurs

     

    George Ignat a également attiré notre attention sur d’autres formats de bouteilles atypiques :

     

     « Vient ensuite la bouteille de 1,5 litre, la plus répandue. Notez que nous avons à chaque fois un multiple de 750 ml dans cette échelle de taille de bouteille. Ensuite, on trouve la bouteille en verre de 2,25 litres, l’équivalent de trois bouteilles standard, généralement appelée Marie-Jeanne, la bouteille de 3 litres, le Jeroboam, la bouteille de 4,5 litres, le Reoboam, la bouteille de 6 litres, Matusalem, la bouteille de 9 litres, Salmanazar, la bouteille de 12 litres, Balhtazar, la bouteille de 15 litres, et enfin la Nabuccodonosor, qui correspond à l’équivalent de vingt bouteilles standard. Pour se souvenir de l’ordre de ces bouteilles, les plus importantes, un procédé mnémotechnique est proposé. [En pensant à Abracadabra, nous avons ma -je-ma- sal-ba-na : ma pour Magnum, je – Jeroboam, re – Reoboam, ma- Matusalem, sal -Salmanazar, ba – Balthazar, na – Nabuccodonosor.] »

     

    Mais puisque c’est surtout la consommation qui nous intéresse, rappelons que le vin blanc reste le plus apprécié des Roumains, représentant à lui seul la moitié des vins consommés dans le pays, suivi de près par le vin rouge (30 %) et du vin rosé en troisième position (20 %). Ce dernier a toutefois vu sa cote de popularité augmenter au cours des cinq dernières années. Les vins rosés sont en effet très appréciés en raison de leur fraîcheur et de leur arôme, mais aussi principalement parce qu’ils sont associés à la saison estivale. Selon une récente étude, la réputation, la qualité et le prix d’un vin sont les principaux critères sur la base desquels les Roumains servent le plus souvent un vin local. Dans les rayons, la sélection se fait d’abord en fonction de l’étiquette, puis du prix et du producteur, la décision finale étant également prise en fonction de l’expérience personnelle du client avec le vin. (trad. Charlotte Fromenteaud)

  • « L’étage des designers roumains »

    « L’étage des designers roumains »

    Alina Gavrilă a commencé à créer des vêtements dès son adolescence et sa passion n’a cessé de grandir avec le temps. Si bien qu’aujourd’hui, Alina est une créatrice de mode qui souhaite aider les jeunes designers roumains. C’est pourquoi elle a créé « L’étage des designers roumains », magasin occupant tout un étage dans un immeuble du centre-ville de Bucarest, et qui dispose aussi d’un site internet.

     

    Les débuts

     

    Pour commencer, Alina, nous raconte comment cette idée lui est venue :

     

    « Cette idée n’est pas née d’un besoin. Il s’agit plutôt d’une vraie passion : celle pour la création de vêtements quand j’étais adolescente. J’ai commencé à créer des vêtements à l’âge de 14 – 15 ans. En fait je n’ai fait que suivre cette passion de jeune fille. Cette idée s’est concrétisée au début des années 90 lorsque j’ai créé un petit atelier de création et de production de vêtements. À l’époque, je confectionnais mes propres créations et je les vendais dans des magasins partenaires. Malheureusement, mon rêve n’a pas duré trop longtemps. Après trois ans, pour des raisons financières, je me suis vu obligée de fermer boutique. Mais puisque mon esprit entrepreneurial et ma passion pour la mode étaient toujours vifs, quelques années plus tard, je suis revenue dans le monde des affaires et j’ai ouvert une nouvelle boutique, qui réunit les créations de différents designers roumains. J’ai donc préféré promouvoir les autres, aider les jeunes créateurs roumains ».

     

    Un concept intéressant 

     

    Mais quel est concrètement le concept derrière « L’étage des designers roumains ». Alina  Gavrilă nous explique :

    « « L’étage des designers roumains » est une oasis de beauté, de style et d’élégance. Là, les femmes trouvent non seulement des tenues pour différentes occasions et évènements, mais elles peuvent aussi bénéficier de conseils si elles souhaitent changer de style mais ne savent pas par où commencer. Donc, c’est plus qu’un magasin, c’est un endroit où l’on fait le plein d’énergie positive et d’où l’on repart avec une nouvelle robe ou une nouvelle tenue, mais aussi avec un meilleur état d’esprit, avec beaucoup de confiance et une attitude positive ».

     

    À la différence des grandes galeries marchandes, « L’étage des designers roumains » souhaite offrir avant tout des expériences. Alina Gavrilă :

     

    « Notre boutique se trouve à Bucarest près de la Place Romana, 39 boulevard Dacia, premier étage. Nous avons aussi une boutique en ligne qui porte le même nom. En général les clientes qui souhaitent nous rendre visite nous appellent ou nous envoient un message, puisque tous les rendez-vous sont faits sur programmation ».

     

    Manteaux, robes, chemises, chaussures et beaucoup d’accessoires. Tout cela et bien plus encore est à retrouver sur le site de « L’étage des designers roumains ». Mais la chose la plus intéressante offerte par le magasin reste sans doute la possibilité de demander l’aide d’un styliste pour changer de style. Ceux et celles qui sont à la recherche d’un nouveau look trouveront chez Alina toutes les informations nécessaires en ce sens, en fonction de la forme de leur corps et de leurs goûts.

     

    Profil des designers présentés 

     

    Notre invitée nous a également fait une brève description des designers roumains qui étalent leur collection dans son magasin:

     

    « Ce sont des créateurs de mode très talentueux. La plupart sont en début de carrière et tentent de se faire un nom sur le marché. Ils ne sont pas nécessairement encore très connus, parce que ceux-ci n’ont pas besoin de promotion. Et puis chaque mois nous organisons des rencontres que nous avons intitulées  « Les rendez-vous des femmes coquettes », justement dans cette idée d’aider les femmes à trouver leur style unique et de les conseiller en matière de tenues, d’accessoires ou de couleurs. Ces rendez-vous mensuels ou bimensuels sont annoncés sur notre page Facebook. C’est aussi une bonne occasion pour nos clientes de se rencontrer, de socialiser, de passer un bon moment ensemble et un bel après-midi en notre compagnie ».

     

    « Un magasin aux vêtements, chaussures, sacs à main et bijoux créés par de talentueux designers roumains ». Ainsi se présente « L’étage des designers roumains » sur sa page Facebook. Il raconte aussi les histoires des clientes qui lui rendent visite. En regardant les photos, on se rend compte que ce magasin s’adresse à toutes les femmes, quelques soient leur physique et leur origine.  (trad. Valentina Beleavski)

  • « Des histoires de 1974 »

    « Des histoires de 1974 »

    Notre invitée de cette semaine, Claudia Maria Udrescu est la créatrice de ce qu’elle a appelé le « Cours imparfait d’écriture autobiographique ». Son projet le plus récent est encore plus concret : « Des histoires de ‘74 » destiné à la génération née en 1974 et qui fête cette année son 50e anniversaire. Elle nous explique comment cette idée lui est venue à l’esprit :

     

    Son 1 : « Cela fait 3 ans que je m’occupe du genre autobiographique. Une personne peut écrire sur elle-même par exemple, si elle a besoin de se présenter sur un blog, sur un site, dans un projet, ou bien quand elle se trouve face à un changement, à une transition professionnelle ou personnelle. L’idée du projet « Des histoires de ‘74 » est née parce que je fais partie de cette génération-là. Donc, le 50e anniversaire que nous fêtons cette année est spécial, c’est un moment où l’on se demande « Qui suis-je ? Qu’est-ce que je veux faire ? Qu’est-ce que je ne veux plus faire ? ». Il s’agit d’un moment où l’on devient une personne différente, à la moitié de sa vie. C’est plus que la crise du milieu de la vie. A cette occasion, j’ai entendu plein de gens s’interroger sur leur rôle ou sur leur destin.. »

     

    Claudia Maria Udrescu nous a aussi parlé du rôle curatif du genre autobiographique :

     

    Son 2 : « Ce projet autobiographique m’a beaucoup aidée lorsque je vivais un moment de transition. J’ai observé qu’au moment où une personne commence à écrire, que ce soit pour un livre ou un site où l’on veut partager son expérience, eh bien, c’est à ce moment-là que l’on se heurte à un problème : un sentiment de culpabilité, dit de « l’imposteur » qui nous fait plonger dans le doute. On se dit : qui suis-je moi pour avoir le droit d’écrire, alors que beaucoup d’autres l’ont déjà fait avant moi. Mais c’est justement à ce moment-là que nous devons écrire, parce que chacun d’entre nous a une histoire invisible, qui devient visible lorsque l’on la met sur papier. Pour moi, l’écriture compte beaucoup sur la clarté des idées et sur la créativité, parce que l’on se connecte avec soi-même. J’aime beaucoup ce que dit un philosophe italien, Ducio Demetrio, qui a écrit beaucoup de livres sur ce processus de l’écriture autobiographique. Il dit : chacun d’entre nous a ce qu’il appelle « Io tessitore » à l’intérieur de soi-même, c’est-à-dire « le soi-même qui tisse des histoires », qui raconte notre histoire du passé, jusqu’au futur, en passant par le présent. C’est ça, pour moi, l’écriture autobiographique. Elle nous aide à éclaircir notre chemin vers l’avenir, à trouver la bonne direction ou à apaiser notre esprit. C’est très bénéfique pour retrouver sa tranquillité. »

     

    Ecrire, cela fait du bien à l’esprit, donc. Mais notre invité va encore plus loin et nous invite à commencer par écrire à la main. Claudia Maria Udrescu explique pourquoi:

     

     

    Son 3 : « Je recommande toujours l’écriture à la main, qui est reconnue comme étant thérapeutique. A mon avis, chaque personne doit trouver ce que qui lui va le mieux. Malheureusement, beaucoup disent : « Je n’écris plus, j’ai eu un journal personnel au lycée, j’ai écrit à l’université, quelqu’un m’a dit un jour que je n’écrivais pas bien, alors j’ai arrêté. » C’est bien dommage. Mais c’est merveilleux quand on recommence. Quand on écrit, on est seul avec soi-même. C’est notre moment intime de réflexion et de calme et cela aide énormément. Lors d’une conversation, on peut être distrait, c’est différent. Alors, ce moment où l’on est tout seul avec soi-même est en quelque sorte un moment sacré : on écrit, point. »

     

    Après cette invitation à écrire, sans doutes, sans peur, Claudia Maria Udrescu nous explique en quoi consiste concrètement son projet « Des histoires de 1974 » :

     

    Son 4 : « J’invite les gens de ma génération à mettre leurs les histoires sur papier. Je suis à la recherche de personnes ouvertes à cela. Des personnes comme moi, comme vous, car nous vivons dans un monde déjà dominé par l’IA et par le fait que Chat GPT peut écrire n’importe quoi. Pourtant, on sait que c’est à travers nos histoires que nous nous connectons les uns aux autres. Et j’aimerais bien pouvoir créer une plateforme pour partager ces vécus. »

     

    Quel que soit votre âge, écrire cela fait toujours du bien, en fait c’est le message principal que notre invitée souhaite transmettre par ses « ateliers imparfaits d’écriture autobiographique ». La perfection n’est pas un but en soi, mais l’introspection et puis le partage. Alors, à vos plumes !

  • La tradition du verre slovaque en Roumanie

    La tradition du verre slovaque en Roumanie

    Arrivée des Slovaques en Roumanie

     

    Les Slovaques représentent 0,1 % du total de la population de la Roumanie. Ils vivent notamment dans l’ouest du territoire. Les plus grandes communautés slovaques de Roumanie se trouvent donc dans le département de Bihor et Arad, où elles représentent respectivement  1,22 % et 1,25 % du total de la population. Aujourd’hui, dans la petite ville de Șinteu (Nova Huta, en solvaque) au cœur des monts Plopiș, qui séparent les départements de Bihor et de Salaj, il ne reste plus que 2000 Slovaques. Pourtant, chacun d’entre eux possède un talent qui se fait de plus en plus rare : travailler le verre, donnant ainsi une nouvelle vie à l’histoire locale.

    Pour rappel, il y a plus de deux siècles, les Slovaque se sont établis dans ces contrées, attirés par les somptueuses forêts et par la première fabrique de verre de Roumanie, fondée en 1780 à Huta. 60 ans plus tard, en 1840, cette usine a déménagé dans la Forêt-Noire. Avant la Première Guerre mondiale, environ 20 000 Slovaques habitaient dans la zone.

    Découverte du Musée du verre de Stara Huta 

     

    De nos jours, c’est le Musée du Verre se trouvant sur place qui rappelle que c’est à Stara Huta qu’avaient été produites les premières bouteilles d’injection pour la pénicilline ainsi que d’autres produits de l’industrie pharmaceutique. D’ailleurs c’est une expérience unique, de voir tout ce qui a été produit ici à cette époque-là, avec des méthodes extrêmement primitives. Le musée garde encore plusieurs artefacts, morceaux de verre et éclats de ces petites bouteilles ayant appartenu à l’ancienne fabrique. On y trouve également la clé de l’usine, ainsi qu’un sceau portant des initiales slovaques, puisque chaque artisan devait appliquer son propre sceau, attestant de la qualité du produit.

     

    À l’intérieur du Musée du verre, deux fabricants qualifiés produisent toujours des objets en verre.

     

    Ils recyclent le verre et en font des gobelets, des boules, des objets d’artisanat, des décorations spécifiques à certaines fêtes, des bouteilles ou autres objets qu’ils vendent aux touristes.

    L’un de ces 2 maîtres-artisans est Cornel Lupo, qui a fait ses études à l’école professionnelle de Turda et travaille le verre depuis plus de 40 ans. Voici ce qu’il nous a raconté sur son métier : « Travailler le verre est un métier assez compliqué. Après 1996, lorsque la fabrique de la Forêt-Noire a fermé ses portes, je suis parti pour la Hongrie pour travailler dans une autre usine de verre où j’ai passé 11 ans. Là, j’ai participé à un concours de création et j’ai gagné la première place. Après, en 2002, j’ai passé une année en Ukraine. De là, je suis allé à Palma de Majorque, en Espagne, où j’ai passé huit ans à travailler dans le même domaine. Enfin, après l’Espagne je suis arrivé ici à Huta Slavia ».

     

    Quelques exemples d’objets artisanaux

     

    Voyons plus concrètement les objets que les maîtres artisans qui travaillent le verre réalisent aujourd’hui. Notre invité nous donne quelques exemples :

    « Un peu de tout, à commencer par des gobelets, tous les types de gobelets qui existent, jusqu’à l’artisanat. Il y a très peu d’artisans qui travaillent le verre. En fait, créer de l’artisanat, cela implique de tout faire à la main, sans  moules, sans presse, sans robots. Mais on peut tout faire. Rien n’est impossible. Par exemple des chandeliers ! Dans la Forêt-Noire se trouve la seule usine d’Europe où l’on a fait des chandeliers pour toutes les cathédrales d’Europe, avec plein de décorations, telles que des feuilles, des bras, des abat-jours… »

    Et c’est toujours par passion que Frantisek Koritar a commencé à travailler le verre. Il se souvient de ses débuts :

    « Il fallait trouver un emploi le plus proche possible de la maison. Et la Forêt-Noire s’est avérée la plus proche. Moi, je suis originaire de Şinteu et maintenant, à mon âge, j’aimerais pouvoir transmettre mon métier aux autres, mais les jeunes ne s’y intéressent plus. Un seul est venu apprendre ce métier, mais il est parti au lieu de rester travailler. Donc il n’y a personne pour prendre la relève ».

     

    Transmission aux nouvelles générations

     

    C’est avec nostalgie que Frantisek Koritar se rappelle de son travail durant sa jeunesse : « Je ne saurais pas vous dire combien d’objets j’ai fait, on était sept dans notre équipe et on avait des normes à remplir. On fabriquait des verres, des bouteilles de vin… On en fabriquait 6 centaines environ en six heures. Cela n’a pas été facile. Il faisait tellement chaud près du four où l’on fait fondre le verre à 1450° et là où on travaille le verre il fait 1100°, donc ce n’était pas du tout facile ».

     

    Nos invités nous ont aussi raconté qu’une route directe relie la Forêt-Noire à cette petite localité de Şinteu, puisque jadis, c’était le chemin par lequel le verre était envoyé de Roumanie en Slovaquie.

     

    Un métier très difficile, donc fait avec passion pendant des décennies par ceux qui ont su comprendre sa beauté. Malheureusement, c’est un métier en voie de disparition, comme nous l’ont expliqué nos deux interlocuteurs. (trad. Valentina Beleavski)

  • La récolte des cerises !

    La récolte des cerises !

    Submergés souvent par un quotidien pesant et un planning chargé, partagés entre des activités obligatoires, impactés par un rythme de vie infernal, victimes du trafic routier et de la pollution, les habitants des grandes villes ne rêvent que d’une petite escapade au cœur de la nature pour s’évader, ne serait-ce que quelques heures. Une journée passée à faire la cueillette des fruits serait donc une excellente idée pour décompresser et manger sain, surtout si l’endroit est proche de la ville. Voilà comment s’explique le succès du « Beau verger », une entreprise familiale roumaine produisant des fruits frais à une vingtaine de kilomètres de Bucarest. Dana Banciu, la propriétaire, nous en parle :

     

    « Ce verger a une belle histoire. Il s’agit d’un terrain de 12.000 mètres carrés sur lequel poussent plus de 400 arbres fruitiers. Il y a quelques années, à la fin de 2019, j’ai pris la décision d’ouvrir les portes de ce verger au grand public pour que d’autres personnes en profitent aussi. L’idée m’est venue après que ma fille, à l’époque où elle était petite, faisait venir des copains de classe pour s’amuser à cueillir ensemble les cerises qui sont les premiers fruits à mûrir. Et les enfants s’amusaient tellement qu’ils n’avaient plus envie de rentrer chez eux. D’ailleurs, même nos amis ou les membres de notre famille aiment bien passer du temps dans le verger, pour cueillir les fruits. C’est un oasis de verdure, une occasion de se connecter avec la nature. En semaine, le verger accueille des groupes d’enfants accompagnés par des professeurs ou des instituteurs et en weekend on y organise toute sorte d’événements . »

     

    « Le Beau verger » est un endroit où les familles et les amis reprennent le goût de passer du temps ensemble, nous explique Dana Banciu qui nous fait le tour de la région:

    « Une forêt de feuillus s’étend derrière le verger. C’est une très belle forêt et j’encourage tous ceux qui nous rendent visite de se réserver un peu de temps pour y faire une petite ballade, se connecter avec la nature qui les entoure, sans avoir en permanence, un œil sur la montre ou sur le portable. La forêt est à sept pas, juste derrière notre verger. Et je vous assure qu’une fois entré dans la forêt, impossible de ne pas se détendre et de ne plus penser à la journée d’hier ou de demain. Voilà la magie que notre verger vous invite à découvrir ! »

     

    Nous avons voulu apprendre quels sont les événements que Dana Banciu organise dans le verger:

    « La plupart des événements que notre verger peut accueillir sont des anniversaires, des fêtes, des ateliers, bref, n’importe quel type de réunion qui peut se dérouler au milieu de la nature. Quant aux événements organisés en semaine, il s’agit notamment des sorties dans la nature pour des groupes d’élèves accompagnés de professeurs. Alors, une fois sur place, on leur propose un tour du verger, on leur donne des informations sur les arbres fruitiers, sur les cycles végétatifs, sur les feuilles, les abeilles, sur les problèmes liés au réchauffement climatique. Dans la forêt, on encourage les enfants à prêter attention à tous leurs sens et à la manière dont ils s’éveillent. Et puis, nous avons aussi des invitations lancées sur Facebook, aux familles, que nous encourageons à venir chez nous, en weekend, pour passer quelques heures au cœur de la nature, faire un pique-nique, se balader dans la forêt et se détendre loin de la ville. »

     

    Comment les enfants s’amusent-ils une fois arrivés dans le verger ? Dana Banciu nous répond:

    « Les enfants qui nous rendent visite ne s’ennuient jamais dans le verger. Parfois, les adultes qui les accompagnent, parents ou professeurs, se demandent si on prévoit des animateurs pour divertir les petits. A quoi bon? Même si le verger n’est pas forcément une aire de jeux, malgré les deux balançoires que nous y avons installés, il invite les enfants à la découverte, à courir dans la nature, à grimper dans les arbres. Les enfants sont fascinés par toutes ces possibilités de jouer en plein air, sans contraintes, sans des adultes qui leur interdisent des choses ou leur imposent des limites pour les protéger des dangers de la ville. C’est dans de tels moments privilégiés quand ils sont libres d’explorer que les enfants s’amusent le plus, tout en apprenant des choses. Notre verger les fascine. »

    Mais, à part l’idée de s’évader au cœur de la nature et de respirer l’air pur de la forêt, le Beau verger vous offre l’occasion de déguster les bonnes cerises bio de Dana Banciu.

     

    « Notre verger est saisonnier et il recense plus de 400 arbres fruitiers. Les cerises ouvrent le bal des fruits au noyau, car ce sont elles qui mûrissent en premier. Après, c’est le tour des abricots, des pommes, des poires, des coins et enfin, des raisins, car on a aussi une vigne. Tant qu’ils nous rendent visite et que les arbres ont des fruits, les visiteurs peuvent cueillir pour en manger à leur faim. Les fruits cueillis à emporter sont facturés au kilo. »

    Chers amis, amenez donc votre famille et vos amis pour une journée parfaite, dans le Beau Verger de Dana Banciu. Goûtez à la fraîcheur des cerises douces cueillies à la main directement sur place et mettez-vous à l’abri du stress des grandes villes.
    (Trad : Ioana Stancescu)

     

  • « Les hommes en sécurité – les ours protégés » à Baile Tusnad

    « Les hommes en sécurité – les ours protégés » à Baile Tusnad

    Les forêts roumaines regorgent d’ours

     

    On le sait déjà, les ours sont nombreux dans les forêts de la Roumanie. En fait, il y en a quelques milliers exemplaires sur le territoire du pays, mais les chiffres ne sont pas exacts et varient de 3 000 à 6 000 ours, selon les différentes sources. Une chose est sûre, si vous roulez en voiture dans certaines régions des Carpates, vous allez certainement voir des ours le long de la route. Et quelque mignon cela puisse paraître à certains touristes, les ONG en charge des animaux tirent la sonnette d’alarme : c’est à cause de l’homme que les ours sortent des forêts et approchent les villes et les villages. D’une part parce que leur habitat a été envahi par l’homme, d’autre part, parce que les touristes nourrissent souvent les animaux, qui a leur tour s’habituent à trouver facilement de la nourriture près des communautés humaines. Les cas où des ours ont été dépistés dans les jardins des familles et même dans les rues des villes de montagne ne cessent de se multiplier, si bien qu’il est urgent de prendre des mesures pour protéger la population.

     

    Une ville … “bear smart”

     

    Dans ce contexte, la station thermale de Tușnad les Bains (Băile Tușnad, centre) se propose de devenir la première ville « bear smart » de Roumanie, c’est-à-dire une ville intelligente dans sa relation avec les ours. Elle veut même servir d’exemple à l’Europe entière. Ici, un projet-pilote se propose d’améliorer la relation homme – ours, sous le titre « Les hommes sont en sécurité – les ours sont protégés » (« Siguranță pentru oameni – protecție pentru urși »). Pour commencer, 16 poubelles anti-ours ou été rachetées et placées à travers la ville.

     

    Pour davantage de détails sur cette initiative, nous avons invité au micro Cristian-Remus Papp, coordinateur du Département des Espèces sauvages chez WWF Roumanie (Le fonds mondial pour la nature) :

     

    « Il s’agit d’un communauté située le long d’un corridor écologique utilisé par les ours pour se déplacer. C’est pourquoi les interactions entre les hommes et ces animaux sont assez fréquentes. La zone donc est connue pour la présence des ours, mais ceux-ci ont causé tellement de dégâts ces dernières années, qu’il a fallu mettre les projecteurs sur la région et montrer qu’il fallait prendre des mesures concertées et impliquer toutes les parties intéressés afin de diminuer ces conflits (entre l’homme et l’animal). Nous essayons donc multiplier ces solutions et de les appliquer à d’autres communautés qui en ont besoin.» 

     

    Quelles mesures à mettre en place? 

     

    En quoi consistent concrètement ces mesures ? Voici quelques exemples, fournis par Imecs Istvan, écologiste et coordinateur de l’équipe en charge du projet de Tușnad les Bains :

     

    « Une première nouveauté : nous avons réussi à mettre un collier avec GPS sur un ours qui vit aux alentours du lac Sainte Anne (Sfanta Ana). Cela nous permet de suivre les mouvements durant la nuit ou le matin de cette femelle de 4 ans, de voir où elle va, comment elle affecte les gens et quelle est l’attitude des gens envers elle. On veut aussi étudier l’effet des touristes sur cet ours. En parallèle, nous avons réussi à entrer en contact avec une société de Slovaquie, un fabriquant de conteneurs anti-ours. D’ailleurs, un représentant du Parc national de Tatra nous a rendu visite l’année dernière pour participer à notre conférence «Tuşnad Ecobear Conf » consacrée justement aux ours et à leur impact sur les communautés. A cette occasion, il nous a montré les poubelles utilisées dans le Parc national de Tatra et ses alentours. Nous avons donc décidé d’en racheter pour la ville de Tuşnad aussi. Nous sommes les premiers à tester ces modèles. C’est très intéressant, en fait, parce qu’il est possible que les ours nous aident à apprendre à mieux utiliser les poubelles dans les destinations touristiques. »

     

    Des résultats très prometteurs 

     

    Les poubelles anti-ours ont déjà été placées à travers la ville de Tușnad les Bains, qui est en fait une station thermale très connue de Roumanie et donc visitée par un grand nombre de touristes en toute saison. Cristian-Remus Papp, coordinateur du Département des Espèces sauvages chez WWF Roumanie nous fait part de ses premières impressions :

     

    « Jusqu’ici les résultats sont très prometteurs. Si en 2021 on avait enregistré plus de 40 dégâts (causés par les ours) dans cette communauté, l’année dernière ces conflits ont été réduits à zéro. Cette année aussi : aucun dégât rapporté jusqu’ici. A en croire aux statistiques : en 2021, il y a eu plus de 220 appels aux urgences en lien avec les ours, alors que l’année dernière il y en a eu seulement 8. Plus encore, grâce à une meilleure surveillance des ours, nous avons réussi à les localiser et à intervenir à temps. Et puis, il faut prendre en considération d’autres aspects. Certes, il faut investir dans le monitoring des ours qui pourraient causer des problèmes, mais il faut aussi s’occuper de la communauté. C’est pourquoi nous avons opté pour ces poubelles anti-ours produites en Slovaquie. On les a testées et cela fonctionne. Il est important de voir comment cela fonctionne à Tușnad les Bains, sans doute on a besoin de davantage de conteneurs afin de décourager les ours à venir chercher de la nourriture près des poubelles».

     

    Instruire les habitants et les touristes

     

    Et bien que l’utilisation de ces conteneurs soit simple et intuitive, les spécialistes impliqués dans ce projet veulent s’assurer que tout le monde en comprend le fonctionnement. C’est pourquoi ils ont préparé des instructions en détail pour les habitants de la ville et les touristes.  Imecs Istvan, écologiste et coordinateur de l’équipe en charge du projet explique :

     

    « On le sait très bien, si les portes sont fermées, les ours n’ont pas accès aux déchets. Ce que l’on ne sait pas encore c’est si la population utilisera – oui ou non – ces conteneurs selon les normes ou si elle accepte ce changement, puisque les changements sont normalement difficilement acceptés. C’est pourquoi on n’a acheté que quelques poubelles. Si les gens commencent à les utiliser, on se propose de changer l’ensemble de la gestion des déchets au niveau de la localité. A notre avis, si ces conteneurs ont été considérés comme adéquats pour un parc national, alors ils nous seront utiles à nous aussi. Mais il faut laisser du temps aux gens pour se familiariser avec l’idée et on espère avoir de bons résultats. »

     

    Aucune alerte aux ours depuis septembre 2023 

     

    En attendant, trois autres ours seront dotés de colliers avec GPS pour une meilleure surveillance de leurs déplacements. Imecs Istvan nous assure aussi que depuis septembre 2023 il n’y a eu aucune alerte aux ours transmise par le système national Ro-Alert à Tușnad les Bains, bien que la ville soit entourée de forêts où les ours vivent en liberté.

     

    « Si la population des ours, espèce se trouvant au sommet de la pyramide trophique, est nombreuse, cela signifie que les autres espèces d’animaux de son habitat sont dans un bon état de conservation », lit-on sur le site du WWF Roumanie.

     

    Sur les 18 000 ours d’Europe, 6 700 vivent actuellement en Roumanie, précise l’organisation. Par conséquent, Il est grand temps d’améliorer la relation homme-ours, de réfléchir à fond sur leur cohabitation et de chercher des manières de surmonter les conflits. Le projet de Tusnad les Bains en est un exemple. (trad. Valentina Beleavski)

  • Timisoara, lue!

    Timisoara, lue!

    Mettre la ville à l’honneur

     

    A l’origine du projet l’on retrouve Patricia Lidia, notre invitée d’aujourd’hui, originaire elle-même de Timisoara. Elle avait déjà organisé plusieurs événements culturels, tels un club de lecture au Pénitencier de Timisoara, le premier de ce type en Roumanie, ou encore des ateliers créatifs pour enfants et la liste n’est pas terminée. Nous lui avons donc demandé de nous expliquer sa nouvelle idée :

     

    Patricia Lidia : « Son nom est un mélange ludique du verbe « lire » et du nom de la ville de Timisoara. On se propose de promouvoir les écrivains de la vile et leurs textes sur Timisoara, puisque souvent on a l’impression de se trouver à distance des autres zones du pays, de la capitale, et on pense que nos écrivains restent dans l’ombre et ne sont pas connus à leur juste valeur dans leur propre pays. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé cette initiative il y a 4 ans. Concrètement, il s’agit de rencontres non-formelles, des discussions plutôt que des présentations classiques de livres. L’idée c’est de voir surtout comment Timisoara se reflète dans les pages de écrivains nés dans cette ville. »

     

    Des rencontres informelles, par amour de la ville 

     

    Les écrivains qui participent à ces rencontres informelles, ont aussi d’autres métiers, ajoute notre invitée qui nous explique plus en détail le sens de ces débats :

     

    « Chacun d’entre nous a découvert l’histoire de Timisoara en faisant des recherches pour son livre. Et nous avons tous constaté que tous les endroits de cette ville – la Place de la Liberté, les bâtiments en style baroque, les restaurants huppés de la Citadelle, la Place Trajan ou le quartier Fabric – qui n’est plus qu’une ruine malheureusement – tous ont derrière des histoires beaucoup plus captivantes que nous ne l’avions imaginé et dont, malheureusement, nous n’étions pas du tout au courant. Puisque souvent les gens ont plutôt tendance à glorifier les villes qu’ils visitent durant leurs vacances, de voir seulement le beau côté des vacances passées ailleurs, tout en oubliant que l’on vit dans une très belle ville, avec une belle histoire et un charme à part, une ville que les touristes viennent visiter. Ainsi avons-nous découvert les trésors cachés de notre propre ville et ce qui nous unit, c’est ce désir de montrer la ville aux autres, avec sa riche histoire encore méconnue. Et pour cause : Timisoara ne se limite pas à une collection de vestiges de l’époque des Habsbourg, c’est aussi une destination culturelle, un endroit où des événements historiques importants ont eu lieu, mais dont on ne parle pas dans les cours d’histoire à l’école et qu’il faudrait faire connaître aux jeunes aussi pour qu’ils comprennent le contexte dans lequel Timisoara s’est développée. » 

     

    Une idée qui ne cesse d’attirer du monde

     

    Faire connaître l’histoire oubliée de cette belle ville, c’est une démarche 100 % culturelle et totalement apolitique, nous assure Patricia Lidia :

     

     « Nous, on ne fait pas de politique, on n’a rien à vendre. On veut tout simplement pouvoir rencontrer périodiquement des écrivains et des lecteurs de Timisoara, des gens passionnés par cette ville, de pouvoir discuter librement et simplement, comme si on était entre amis, sur les recoins de Timisoara qui ont captivé notre attention, d’écouter des fragments des livres que ces endroits ont inspirés, des passages lus par les écrivains mêmes qui les ont découverts. Tout a commencé donc par un groupe d’amis, de 6-8 personnes environ, qui se réunissaient pour échanger. Et lors de notre dernière rencontre on était plus de 35. A notre joie et surprise, pour la première fois, on a dû aller chercher de chaises chez nos voisins, car il n’y avait plus de place pour tous les participants, tellement ils étaient nombreux. Sachez aussi que nos rencontres ont lieu à deux endroits : la librairie Cărturești Mercy, au centre-ville, et AmPam, un resto du quartier Fabric. Récemment, on a démarré une collaboration avec la boutique d’un antiquaire de Timisoara (Anticariatul Queen), qui lancera bientôt l’étagère des écrivains de Timisoara ».

     

    Des faits méconnus, mis au jour

     

    Mais quels sont concrètement les trésors cachés dans ces livres ? Notre invitée nous donne quelques exemples :

     

    « Un des livres les plus importants que j’ai découverts à cette occasion est signé par Cristian Vicol et s’intitule « Une courte histoire de Timisoara avant 1716 ». Il ramène au premier plan non seulement d’importantes données historiques, mais il les garnit d’histoires et d’images captivantes, en offrant un nouvelle perspective sur l’histoire et les mythes de la ville. C’est dans ce livre que j’ai appris par exemple l’histoire du fameux roi magyar Charles Robert d’Anjou, vaincu et obligé à fuir après la célèbre bataille de Posada de 1330. A l’école on étudie cette bataille, mais on ne nous dit pas que Charles Robert d’Anjou avait sa résidence à Timisoara, qui à l’époque faisait partie du Royaume de Hongrie, et que c’est ici qu’avait démarré cette opération militaire. » 

     

    Une nouvelle génération d’écrivain très prometteuse

     

    Patricia Lidia se félicite du succès de ces rencontres littéraires et historiques et se dit confiante quant à l’avenir de la lecture et des écrivains de Timisoara, pour une très bonne raison :

     

    « Hormis les auteurs consacrés, bien qu’ils soient des amateurs, nous tentons de cultiver la passion pour l’écriture et pour la ville de Timisoara chez les enfants. Par conséquent, nous avons déjà des écrivains en herbe. D’ailleurs, je suis fière d’avoir pu contribuer à la parution d’un volume coordonné par la professeure Elena Manolache, qui dirige une merveilleuse classe du collège nr 25 de Timisoara, dont les enfants sont déjà des écrivains. Leur volume s’intitule « La vie de tous les jours dans la lecture ». C’est dire que les futures générations d’écrivains de Timisoara sont déjà en train de se former et je vous garantis que nous aurons de merveilleuses surprises à l’avenir ! »  

     

    Bref,25 le message que notre invitée souhaite transmettre pourrait se résumer ainsi : donnons une chance aux auteurs locaux et à leurs livres et n’oublions pas de regarder de plus près notre propre ville.  (trad. Valentina Beleavski)

     

     

  • Les précieux gardiens du folklore de la Dobroudja

    Les précieux gardiens du folklore de la Dobroudja

    Aujourd’hui nous parlons jeunesse et folklore. Nous sommes à Sulina, petite ville au delta du Danube, dans le sud-est de la Roumanie.

    Ici, le groupe folklorique « Dobrogeanca » de la Maison de la Culture de Sulina a vu le jour en 2010 et il est composé d’adolescents passionnés de folklore. Avec beaucoup d’énergie et d’enthousiasme, les jeunes mettent en valeur les danses folkloriques de la région de Dobroudja et d’autres zones du pays. Leur chorégraphie versatile, précise et rapide remplit de joie les cœurs des spectateurs, exprimant la santé, la vitalité et l’appréciation des valeurs traditionnelles, de plus en plus rares chez la jeune génération. C’est d’autant plus réjouissant de voir des jeunes de 13 à 19 ans s’investir avec autant de passion.

    Florentina Dunaev, responsable culturelle à la Maison de la Culture de Sulina, nous parle des enfants qui composent l’ensemble « Dobrogeanca »:

    « Les enfants viennent à la Maison de la Culture dès de l’âge de 3 ou 4 ans. Nous commençons avec des danses et des jeux plus simples, puis progressivement, ils rejoignent le grand ensemble « Dobrogeanca ». Les chorégraphies sont un peu plus complexes ici. Elles sont créées par le maître chorégraphe Roman Jora, et moi, je suis l’instructrice-coordinatrice. Nous faisons de notre mieux pour montrer que la culture peut aussi s’épanouir à Sulina. Nous espérons participer à un festival international à l’automne. »

    Andreea Maria Pioară, âgée de 19 ans, partage son histoire au sein de l’ensemble « Dobrogeanca » de la Maison de la Culture de Sulina.

    « Je suis membre de l’ensemble « Dobrogeanca » depuis environ 10 ans. Pour moi, tout tourne autour de la musique et de la danse. C’est un moyen d’expression, une libération du stress. Bien que cela puisse être compliqué, on travaille dur chaque jour pour s’améliorer. Lors des concours et des spectacles, nous sommes parfois nerveux, émus, mais nous sommes tout aussi confiants, sachant que nous sommes bien préparés et nous donnons notre maximum ».

    A son tour, Alexandru Mihail Serbov, âgé de 15 ans, danse avec passion au sein de cet ensemble :

    « Je suis membre du groupe depuis environ 5 ans. Mais cela fait plus de 10 ans que je fréquente les cours de la Maison de la Culture de Sulina. Pour moi, la danse est une passion, elle est tout pour moi. Malgré les émotions qui accompagnent les concours, la musique permet de s’évader : on laisse le stress de côté et on plonge dans son propre univers ».

    Ces jeunes enthousiastes ne sauraient imaginer leur avenir sans la danse. Alexandru Mihail Serbov le confirme :

    « Quoi que je fasse, la danse restera toujours une partie de moi, et où que j’aille, je chercherai à danser.”

    Il en va de même pour Andreea Maria Pioară :

    « Actuellement, je suis à l’université, à l’Académie navale, mais comme l’a dit mon collègue, mon partenaire au sein de cet ensemble, moi aussi je continuerai à danser quel que soit mon âge. Je souhaite que cela reste une partie de moi. »

    Et comme on sait que les filles sont plus souvent intéressées par la danse que les garçons, nous avons demandé aux jeunes danseurs comment ils ont choisi la danse au détriment de la gym, qui fait la fierté des jeunes d’aujourd’hui. Serbov Alexandru Mihail répond:

    « Je suis attiré par le mouvement, j’aime beaucoup bouger, et dans la danse, je me suis retrouvé, cela a allumé une flamme dans mon cœur ».

    Quant à Pioară Andreea Maria, elle a ajouté :

    « On peut dire que c’est aussi une forme de sport, bien plus amusante, collective et harmonieuse ».

    L’ensemble « Dobrogeanca » est devenu célèbre grâce au talent et à la persévérance de ses jeunes membres, en participant à divers festivals folkloriques. Son objectif principal est de promouvoir les danses traditionnelles, ses jeunes artistes étant passionnés par la beauté et l’harmonie. Au fil des années, grâce à la beauté et à la vivacité de ses danses, ainsi qu’à sa présence scénique exceptionnelle, l’ensemble a été invité à des spectacles et à des festivals nationaux, remportant de nombreux prix et distinctions. En ce qui concerne les projets futurs, dans l’attente du Festival international d’automne, nous savons déjà que les jeunes danseurs seront présents à la Fête de l’alose à Maliuc, en mai, et aux Célébrations du Delta, à Sulina, en juin, ce dernier étant un festival-concours dédié aux minorités nationales. D’ailleurs, d’autres invitations pour les différents événements se présentent régulièrement, et nos jeunes danseurs n’hésitent pas à y répondre ! (trad. Valentina Beleavski)

     

  • La première roumaine à piloter un avion supersonique

    La première roumaine à piloter un avion supersonique

    L’Afghanistan, l’Irak, l’Afrique et le Mali sont quelques-unes des zones de conflit où elle a effectué des opérations de transport militaire. Le vol le plus long a constitué en un aller-retour de 40 heures en Corée, au cours duquel elle a transporté du matériel médical. Mais, celui qui l’a vraiment fait réfléchir est le vol qu’elle a effectué au-dessus du désert du Sahara. Il s’agit du lieutenant commandeur (soit l’équivalent du grande français de capitaine) Simona Maierean : la première femme roumaine à piloter un avion supersonique ; la première femme en Europe à être certifiée en tant que commandante de bord d’un avion du groupe de transport aérien stratégique SAC (Strategic Aircraft Capability), au sein de l’unité multinationale de transport aérien stratégique de l’OTAN, sur la base aérienne de Papa, en Hongrie.

    Une série de vols exceptionnels, née du rêve d’une jeune femme qui n’avait jamais piloté un avion de ligne avant d’entrer à l’Académie de l’armée de l’air. Elle nous a raconté ses débuts. Ecoutons Lieutenant Commandeur Simona Maierean :

    « Je me suis engagé dans l’armée il y a maintenant vingt ans, même plus que ça. Je voulais voler et c’est l’option que j’ai trouvée la plus pratique. Ca tombe bien, c’est beaucoup moins cher, d’une part, et d’autre part, c’est aussi autre chose de piloter un avion de chasse ou un avion militaire en général, que de piloter un avion de ligne. C’est ce qui m’a poussée à chercher des solutions pour réaliser mon rêve. »

    Des avions de ligne aux entrainements militaires 

     Lieutenant Commandeur Simona Maierean nous a raconté comment l’entraînement permet de vaincre la peur :

    « Dans le domaine de l’aviation, vous entendrez souvent l’expression « faire le film de son vol ». On encourage en effet les pilotes à visualiser leur vole en boucle avant de se lancer. C’est ce que font les pilotes de voltige, c’est normal. Vous avez un plan, vous ne montez pas à bord de l’avion sans plan B. On a le plan avant, on l’exécute, on a un plan de secours et ainsi de suite, on n’a pas le temps de trop réfléchir, si je puis m’exprimer ainsi. »

     

     Le 13 mars 2009, Simona Maierean a piloté un MiG-21 LanceR. La première femme roumaine à piloter un avion supersonique nous a donné tous les détails croustillants sur cette expérience inouie : « Si vous effectuez un virage très serré à une inclinaison très élevée et à une vitesse élevée, vous pouvez effectuer des accélérations très importantes, mais il n’est pas nécessaire d’être en vitesse supersonique pour cela. En supersonique, vous franchissez ce que l’on appelle le « mur du son », mais on ne le ressent pas dans son corps, c’est différent de la gravité. C’est plutôt dans l’appareil qu’on le ressent. C’est en tout cas le cas dans le MIG 21, je ne sais pas ce qu’il en est dans le F16, mais de mémoire, lorsque vous passez du subsonique au supersonique puis au transsonique, il arrive un moment où l’équipement peut vous induire en erreur, pendant un très court instant, à cause des ondes qui s’accumulent et de la pression, etc. Mais ce n’est pas si exigeant pour le corps. De toute façon, l’aviation de chasse est exigeante en soi. On vole en général une heure ou deux par sortie, en fonction du rayon d’action de chaque avion, alors que dans l’aviation de transport on a plusieurs heures de vol, entre 4 et 10. Vous ne pourriez pas voler 10 heures en continu sur un avion de chasse, parce que c’est autre chose ».

     

    La possibilité de poursuivre sa formation

     

    Depuis 2012, elle a cessé de voler avec des MIG 21 et est passé aux avions de transport militaire C27 Spartan. Comment s’est déroulée cette transition pour Simona Maierean ?

     « On ne part pas  de zéro, car on a déjà des connaissances en aviation, mais il s’agit plutôt de piloter un équipage et toute cette communication et cette gestion des ressources humaines, telle qu’elle est définie dans le jargon, constitue la vraie nouveauté. Vous passez d’une catégorie d’avion à une autre, et vous devez apprendre à le piloter. Mais la gestion de l’équipage est vraiment un art. Il faut aussi savoir écouter les ordres et ne pas se contenter de les donner. J’ai été commandante, j’ai même été instructrice sur le C17 Globemaster, dans le détachement de Papa, l’aviation de transport stratégique, je suis revenue au pays et j’ai repris l’entraînement, je suis copilote sur le Spartan et je suis en formation pour devenir commandante. Comme je l’ai déjà dit, on ne peut pas exécuter une mission, quelle qu’elle soit, sans personne. Il est donc très important de savoir comment vous comporter et comment maintenir l’équilibre entre une mission réussie et des personnes satisfaites et dans un bon état d’esprit : pour vous aider et faire en sorte que les choses se déroulent en toute sécurité. » 

     

    La capitaine Simona Maierean collabore souvent avec des pilotes étrangers et nous a expliqué quels étaient les défis rencontrés par les pilotes roumains :  « Il fut un temps, au départ du moins, où il y avait très peu d’heures de vol, toutes catégories confondues. Les jeunes, en particulier, qui sortaient de l’école de pilote, volaient très peu. Les choses ont changé, surtout après 2014, et les différences ont commencé à se faire sentir. Les jeunes pilotes effectuaient davantage d’heures de vol et on a donc constaté un changement dans la façon dont les pilotes étrangers nous voyaient, parce que nous faisions de grandes choses avec peu de moyens. Mais chacun faisait un effort pour suivre les pas des pilotes qui avaient à leur actif plusieurs milliers d’heures de vol. Je me souviens que lorsque je suis allée faire la transition vers le C-17 aux États-Unis, j’avais volé 10 heures cette année-là et mon partenaire d’entraînement – parce que nous travaillions en binome – était un Néerlandais qui avait volé 700 heures. J’ai dû apprendre pendant quatre mois, à raison de 12 heures par jour, à atteindre un certain niveau. J’y suis arrivée, mais cela m’a demandé beaucoup d’efforts ! »

     

    Bien qu’elle ait volé dans le monde entier, la capitaine Simona Maierean affirme qu’il n’y a rien de tel que la sensation d’atterrir à la maison.

  • A la découverte des traditions pascales dans la Roumanie profonde

    A la découverte des traditions pascales dans la Roumanie profonde

    Le Musée national des œufs peints a vu le jour en 2007 avec le Festival national des œufs décorés de Ciocănești, qui a lieu chaque année à Pâques. Ciocănești est un village-musée de Bucovine, situé à moins de 25 kilomètres au nord de Vatra Dornei, un endroit idéal pour décorer ses œufs de Pâques.

    Marilena Niculiță, directrice du Musée national des œufs gravés de Ciocănești, nous a expliqué comment la région se prépare à célébrer Pâques :

     

     « Récemment, nous avons également organisé le Festival national des œufs gravés, qui a attiré un grand nombre de participants, aussi bien des maîtres sculpteurs que des étudiants, car nous avons aussi organisé un concours pour les collégiens, les lycéens et les étudiants ; plus de 75 artisans sculpteurs sont venus rien que de Bucovine. Nous savons que cette région est connue pour sa sculpture des œufs, mais d’autres régions du pays partagent aussi cette tradition qui a été préservée. Ce festival a attiré un grand nombre de touristes chez nous à Ciocăneşti. Ces derniers viennent également pendant les vacances de Pâques pour visiter les deux musées du village, le Musée national des œufs gravés et le Musée du village. Nous avons ici, dans notre musée, une impressionnante collection d’œufs peints et sculptés, plus de 1800 pièces qui ont entre 40 et 100 ans, mais aussi une exposition de plus de 2000 pièces primées lors des 19 éditions du Festival national de l’œuf gravé. Nous organisons également un Salon des œufs gravés au musée jusqu’au 24 juin. »

     

    Des activités nombreuses et variées pour les touristes comme pour les habitants

     

    Marilena Niculiță, directrice du Musée national des œufs gravés de Ciocănești, a ajouté :

     

    « Au Musée du village, les touristes ont l’occasion de voir les ateliers qui y sont organisés, car le musée met en avant les principales activités des habitants, avec un atelier de forgeron, une bergerie traditionnelle, une salle dédiée à la fabrication du liège, une autre à l’exploitation minière, une salle de travail du bois, une salle paysanne avec des tissus, des costumes et des masques folkloriques, mais aussi les plus belles maquettes de maisons traditionnelles. Nous savons que l’architecture des maisons de Ciocănești est très singulière. Et puisque que nous parlons vacances de Pâques, sachez que les habitants décorent leurs maisons aussi joliment que possible pour les fêtes. 99 % des maisons sont décorées avec des motifs traditionnels, des motifs géométriques, que l’on retrouve non seulement sur les maisons de Ciocănești, mais aussi sur les costumes folkloriques, les tissus, les coutures et sur les œufs gravés bien sûr. Un œuf authentique de Ciocănești est un œuf à fond noir orné de motifs géométriques. »

     

    Les traditions à l’occasion des fêtes de Pâques sont observées religieusement dans la Roumanie traditionnelle. Marilena Niculiţă nous raconte :

     

    « À Ciocănești, dans le cadre de ce festival, nous avons également organisé un concours intitulé « Panier de Pâques ». À l’approche des fêtes de Pâques, les ménagères locales se préparent comme partout en Bucovine, avec tous les plats traditionnels. Et pour le panier de Pâques, elles préparent la spécialité de Pâques, le drobul (une sorte de terrine traditionnelle à base d’abats d’agneau) et tous les plats à base d’agneau, les œufs peints en rouge, mais aussi gravés. Il faut savoir que si, dans le passé, on ne cuisait les œufs que pendant le carême, aujourd’hui, les œufs étant un véritable symbole local, nous recevons énormément de commandes. C’est pourquoi nos artisans peignent et sculptent des œufs tout au long de l’année et ont l’occasion de les vendre au musée, ainsi que de participer à des foires et des expositions organisées à la veille de Pâques. »

     

    Les oeufs sculptés, une tradition ancestrale qui fait aujourd’hui partie du patrimoine national

     

    Le Musée du village organise des ateliers pour tous ceux qui veulent apprendre la technique de la sculpture d’œufs, nous a également informés notre interlocutrice, qui nous a révélé que les ateliers étaient aussi bien fréquentés par des visiteurs, que par les enfants enfants du village, ces derniers étant habitués à sculpter les œufs à la maison, car ainsi le veut la tradition à l’approche de Pâques. Et comme chaque nouveau concours de pâtisserie ajoute des œufs primés à la collection du musée, nous avons demandé à Marilena Niculiță de quoi la collection s’est enrichie cette année :

     

    « Beaucoup parmi les objets exposés, qui ont été primés, proviennent d’artisans locaux. Nous savons que Ciocănești est la ville qui compte le plus de maîtres sculpteurs sur œufs en Bucovine. Mais nous avons également eu des participants et des œufs primés d’autres localités de Bucovine, ainsi que de Galati et de Botosani. D’autres années, nous avons eu des groupes d’étudiants de Brăila, Neamț et Brașov, qui ont appris ici, dans nos ateliers du musée, à décorer des œufs, et chaque année, ce sont eux qui ont gagné le concours à Ciocănești. Cette année, ils n’ont pas participé, mais ils ont l’habitude de venir au festival et de participer au concours. Mais cette année, nous avons eu beaucoup de gagnants, je pourrais presque dire qu’on ne peut pas faire de distinction entre les maîtres sculpteurs et les enfants. »

     

    Nous avons constaté qu’il vaut la peine de venir à Ciocănești, tout au long de l’été, car il y a de nombreux événements alléchants. Il y a le festival de rafting, qui offre la possibilité de voir comment un radeau est construit, mais aussi de faire une promenade en canoë sur la rivière Bistrita, gravir le mont Suhard jusqu’à l’une des écuries, de visiter une mine de manganèse, de participer au concours gastronomique, au concours de pêche à la truite et au défilé folklorique avec des cavaliers qui est organisé chaque année. Bref, autant de raisons de se rendre à Ciocănești, pour Pâques, mais aussi en toute saison !