Category: Société

  • Bureau 2.0 ou les conditions de travail ont-elles changé depuis la pandémie ?

    Bureau 2.0 ou les conditions de travail ont-elles changé depuis la pandémie ?

    Travailler au bureau ou à domicile ?

     

    Si leur employeur le leur demandait, 82% des salariés ne rechigneraient pas à revenir travailler au bureau, alors même que les trajets peuvent poser problème. C’est ce qui ressort d’un sondage récemment publié par un entrepreneur immobilier en Roumanie. 2024 a vu se confirmer la tendance déjà visible l’an passé d’un retour dans les bureaux. Ce sondage, réalisé au niveau national sur 1168 salariés, révèle que ces derniers s’adapteraient très facilement à ce changement. En effet, 45% des répondants apprécient le fait qu’un retour au bureau permettrait une meilleure séparation de la vie privée et de la vie professionnelle. Pour 53% d’entre eux, ce sont les interactions avec les collègues qui représentent une motivation décisive pour un retour physique au travail. Enfin, dans le cas où ce retour en présentiel serait imposé par l’employeur, seul 18% des employés interrogés envisagerait de démissionner et de chercher un autre emploi à distance.

     

    Andra Pintican est la fondatrice de “Scoala HR”, une société de consulting en ressources humaines. Militante pour l’hygiène mentale des employés, elle ne croit pas que la même recette fonctionne pour tous.

    ” Personnellement je ne crois pas aux recettes universelles. Ce qui convient à une organisation peut se révéler néfaste pour une autre. Pour ce qui est du retour au bureau, je crois que c’est encore un sujet assez sensible pour beaucoup d’entre nous. J’entends des sons de cloche assez différents sur le marché, en fonction des milieux professionnels. J’ai parlé avec des gens issus d’organisation dans lesquelles les employés eux-mêmes ont demandé le retour au bureau mais aussi d’autres dont les organisations ont enregistré de nombreuses démissions suite à un retour en présentiel et une baisse importante du moral des équipes. Je crois qu’il serait préférable de passer de « nos équipes veulent travailler au bureau ou à distance » à « quelles sont les besoins réels de nos équipes ? ». Il faudrait enquêter sur ces besoins et là, attention parce que parfois les employés sont tellement déconnectés de leurs besoins, à cause de leurs vies chargées qu’ils ne peuvent pas les énoncer de but en blanc. Donc il faudrait peut-être faire une analyse des besoins non perçus”.

     

    Le retour au bureau est en hausse

     

    Selon certains spécialistes la tendance du retour au bureau est en hausse et s’explique par le fait que les bureaux ont été rénovés et que les conditions de travail sont désormais meilleures. Mais ces changements ne sont pas uniformes.

    Pour Andra Pintican, il faut considérer que l’expérience du confinement d’il y a quatre ans nous a entrainé à nous adapter plus vite qu’avant.

    “Si demain il y avait un nouveau confinement, avec quelle rapidité croyez-vous que nous reprendrions le travail en ligne ? Probablement assez rapidement, étant donné que nous avons déjà l’expérience du Covid et déjà à cette époque nous avons été parmi les pays européens qui se sont mobilisés le plus vite, d’après les retours de nombreuses entreprises. Et le fait que nous ayons une très bonne connectivité internet nous a permis d’être très performants depuis nos maisons et il est probable que dans une situation similaire nous nous adaptions encore mieux que la dernière fois”.

     

    Peu de changements au lieu travail

     

    Les changements intervenus dans l’environnement de travail depuis la fin de la pandémie ne sont pas uniformes. En effet, 60% des personnes interrogées par le sondage déjà cité indiquent que leurs locaux n’ont pas changé dans les quatre dernières années, 11% déclarent que leur espace est plus petit qu’avant et 8% se plaignent d’une dégradation de leur environnement de travail. De plus, 71% des enquêtés soutiennent que leur entreprise n’a pas déménagé dans les quatre dernières années et seulement 13% disent travailler désormais dans un nouveau lieu, plus grand et mieux équipé. Environ 27% déclarent que leur bureau est trop petit pour les besoins des équipes et 33% déplorent un manque d’équipement.

     

    Les entreprises qui ont changé de siège récemment l’ont fait pour s’installer dans des bâtiments durables, présentant de faibles dépenses d’entretien et une consommation énergétique adaptable. Le charme des zones historiques des villes a donc été remplacé par l’efficacité de bâtiments modernes situés dans des zones plus éloignées.

     

    Les locaux : quelle influence sur l’état d’esprit des employés?

     

    Andra Pintican se demande si c’est bien de cela dont on besoin les employés.

    “La sécurité, le confort et les ressources sont les trois éléments clés au bon déroulement de l’activité. Ils sont cependant insuffisants dans le monde d’aujourd’hui. Nous voulons des employés performants mais surtout nous voulons qu’ils soient innovants afin que les entreprises puissent faire face à la concurrence exacerbée du marché. Donc nous devons nous demander si le milieu dans lequel ces personnes doivent innover est bien susceptible d’offrir l’espace physique et mental nécessaire à cette activité. Au-delà de l’espace et de tous les équipements de sécurité et de confort, je parlerai ici de créativité. Chacun a chez lui un certain état d’esprit qui est déterminé par son espace personnel. C’est la même chose au travail. Le design intérieur des bureaux ne doit pas être pensé en fonction de l’opulence ou de l’image de marque de la société mais afin de créer une expérience immersive au travail qui installe l’employé dans un état de flow. Mais bon, nous sommes là à parler de flow au travail généré par le design intérieur alors qu’en Roumanie, il y a des salariés qui passent l’hiver sans chauffage, sans parler du fait qu’il n’y a même pas de café. Donc il faut commencer par assurer le sécurité et le confort des équipes et après seulement aller plus loin et penser à comment le design peut améliorer les espaces de travail”.

     

    L’état de flow a été popularise par le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi et signifie être totalement impliqué, concentré au maximum sur une activité qui nous rend heureux et nous motive.

     

    On peut aussi imaginer que la joie de retour travailler au bureau dépend de l’âge, plus on est jeune et plus on est content de sortir de chez soi. Les plus âgés sont partagés sur la question. Beaucoup préfèrent des solutions hybrides mais pour d’autres le retour physique au bureau a ceci de bon qu’il les maintient en phase. (trad. Clémence Lheureux )

     

  • Les pièges de l’ingénierie sociale

    Les pièges de l’ingénierie sociale

    Octobre, le mois de la sécurité cybernétique en Europe

     

    L’Union européenne a fait du mois d’octobre le mois de la sécurité cybernétique. Cette année l’accent a été mis sur une menace de plus en plus présente dans nos quotidiens, à savoir l’ingénierie sociale. Les spécialistes lancent un avis clair : nous devons rester informés, pas seulement un mois par an, mais tout le temps, en mettant en place quelques mesures de   prévention simples, afin d’éviter les pièges générés par les escrocs de l’ingénierie sociale.

     

    L’ingénierie sociale, qu’est-ce que c’est ?

     

    En effet, prétexte, leurre, rançongiciel, hameçonnage informatique ou téléphonique, usurpation d’identité… sont l’ensemble des techniques regroupées sous le nom d’ingénierie sociale. Elles sont utilisées par des criminels seuls ou en groupe qui exploitent les vulnérabilités psychologiques de leurs victimes potentielles pour accéder à des informations sensibles, voler des données ou de l’argent. En d’autres termes, les attaquants ne s’appuient pas tant sur des connaissances techniques, que sur la psychologie et le comportement humain – ou l’art de la manipulation.

     

    Le fraudeur se fait souvent passer pour une personne ou une source digne de confiance et utilise la persuasion ou diverses astuces pour obtenir des mots de passe, des informations financières ou l’accès à des systèmes et à des réseaux. Si la manipulation fonctionne, l’attaquant encourage la victime à fournir des informations personnelles ou sensibles, à visiter un faux site web ou à installer un logiciel malveillant qui pourrait affecter son appareil ou même en prendre le contrôle.

     

    L’email, un moyen de voler les données sensibles

     

    Le mail personnel est l’un des moyens par lesquels des données sensibles peuvent être volées. Mais les attaquants privilégient de plus en plus les réseaux sociaux, comme nous l’explique Mihai Rotariu, responsable de la communication à la direction nationale de la cybersécurité :

     « Malheureusement, les attaquants ont beaucoup utilisé les attaques par ingénierie sociale ces derniers temps, en particulier au cours de l’année écoulée. Ils ont migré vers les réseaux sociaux, les médias sociaux, parce que cela leur permet de réduire considérablement leurs coûts. Ils n’ont plus nécessairement besoin de maintenir un site de hameçonnage, de payer pour l’héberger, de payer des spécialistes pour le soutenir en ligne, mais ils peuvent simplement compromettre certains comptes de médias sociaux, par exemple, de certains utilisateurs, utiliser les codes de confiance de ces comptes, les pages que ces comptes gèrent, pour lancer ensuite des messages, généralement des messages sponsorisés, vers certains pièges, pour certaines tentatives de fraude ».

     

     

    Dans le cas de l’hameçonnage, les attaquants envoient des courriels, des messages ou des liens trompeurs vers des sites web d’apparence légitime afin de persuader les destinataires de cliquer et de révéler des mots de passe, des numéros de carte de crédit ou des données personnelles. L’hameçonnage vocal s’effectue par le biais de communications vocales, généralement des appels téléphoniques. Avec les rançongiciels, les criminels menacent de divulguer des informations sensibles ou de perturber les systèmes si la victime ne paie pas une rançon.

     

    Pour l’argent, mais pas seulement

     

    Les ingénieurs sociaux sont intéressés par l’argent mais pas uniquement comme le souligne Mihai Rotariu :

     « S’ils ont accès à nos appareils ou à nos comptes, ils essaient généralement de prélever de l’argent directement sur le compte. Mais s’ils n’y parviennent pas, ils essaient d’extraire autant de données que possible – données personnelles, données financières, données sensibles, données d’authentification. Toutes ces données ont une valeur sur le marché noir et peuvent être vendues. Les attaquants peuvent même échanger ces données entre eux, précisément pour cibler le plus grand nombre d’utilisateurs possible avec ces pièges en ligne. Dès qu’un hacker a réussi une attaque contre un utilisateur, sachez que cet utilisateur sera sur la liste des attaquants, soit des bons payeurs, soit des utilisateurs qui ne sont pas prudents et qui transmettent facilement leurs données, juste pour devenir une cible pour d’autres arnaques ».

     

    Il faut acquérir une routine de la cybersécurité

     

    Lorsque nous voulons traverser la route, nous nous assurons que nous regardons à gauche, à droite, que nous regardons les feux de circulation… En d’autres termes, nous avons dans le sang une routine comportementale qui s’applique toujours dans de telles situations.

    Idéalement, nous devrions également acquérir une routine, une hygiène de la cybersécurité, dans l’environnement en ligne – insiste Mihai Rotariu, responsable de la communication de la Direction nationale de la cybersécurité :

    « Il faut être vigilants et patients lorsque nous sommes en ligne et penser logiquement. Nous devrions nous habituer à traiter et à agir à une vitesse décente sur la Toile, car nous savons qu’en général nous traitons les informations beaucoup plus rapidement en ligne que dans la vie réelle. Il nous faut donc effectuer les vérifications nécessaires avant d’entreprendre des actions qui pourraient compromettre nos données ou notre équipement  ».

     

    Si quelque chose semble étrange ou trop beau pour être vrai, il peut s’agir d’une escroquerie

     

    Plus précisément, si quelque chose semble étrange ou trop beau pour être vrai, pensez qu’il peut s’agir d’une escroquerie. Évitez alors de cliquer sur des liens ou d’ouvrir des courriels provenant de sources inconnues. Vous ne devez jamais partager de données sensibles telles que des mots de passe, des numéros de carte de crédit ou des informations personnelles dans des messages ou des emails, quelle que soit la personne qui vous les demande. Il convient de vérifier l’identité de la personne ou de l’entité qui demande les informations et de définir des mots de passe robustes. Enfin, si par malchance on devient la victime de cyber-vilains, il faut avertir les autorités locales compétentes, changer nos mots de passe, activer l’authentification multifactorielle, rechercher les logiciels malveillants sur nos appareils et alerter nos amis ou collègues. (trad. Clémence Lheureux)

  • La Roumanie, état des lieux de la santé reproductive 35 ans après la mise en vente libre des moyens contraceptifs

    La Roumanie, état des lieux de la santé reproductive 35 ans après la mise en vente libre des moyens contraceptifs

    La Roumanie a un passé turbulent en ce qui concerne la santé reproductive, marqué par le décret 770 interdisant en 1966 l’avortement.

    Ce décret a entraîné une croissance importante de la population roumaine, l’accès aux méthodes contraceptives se faisant aux marges de la légalité quand l’avortement était considéré comme un crime.

     

    Qu’en est-il aujourd’hui des relations entre les Roumaines et les Roumains et la contraception ?

     

    Andrada Cilibiu est activiste féministe au Centre Filia à Bucarest et experte en droits sexuels et reproductifs. Elle nous apporte des éléments de réponse :  

    “Etant donné qu’il n’y a pas de contraception gratuite notamment pour les plus vulnérables d’entre nous, qu’aucun effort d’information n’est fait et qu’il n’y a pas d’éducation sexuelle compréhensible dans les écoles, il est évident que le taux d’utilisation des moyens contraceptif est faible. C’est inquiétant pour deux raisons principales, en premier lieu en raison d’un taux de plus en plus élevé d’infection sexuellement transmissibles dont on ne parle pas parce qu’en Roumanie tout ce qui touche à la santé reproductive et aux droits sexuels reste tabou, et en deuxième lieu en raison du nombre de grossesses adolescentes, de grossesses non désirées et d’une société qui malheureusement a tendance à confondre contraception et avortement, ce qui ne nous semble pas être la bonne direction. Nous souhaitons au contraire que toutes les femmes puissent avoir accès à une contraception, à des informations, à une éducation sexuelle et au droit à l’IVG dans des conditions sûres. Mais malheureusement on constate une régression de ces droits au cours des 10 dernières années”.

     

    Des initiatives datant des années 2000, oubliées de nos jours

     

    Andrada Cilibiu rappelle que dans les années 2000, un réseau de planning familial a été fondé en Roumanie, qui offrait un accès à des consultations individuelles avec des médecins spécialisés où pouvait être abordé la question de la contraception, des craintes ou éventuels blocages émotionnels quant aux relations sexuelles, aux grossesses ou à tout autre sujet touchant à la santé reproductive. Le planning familial délivrait également des moyens de contraceptions gratuits et l’éducation sexuelle y était abordée bien plus positivement qu’aujourd’hui. Selon Andrada Cilibiu, les médecins qui tenaient ces structures sont partis à la retraite sans avoir formé la relève et sans que d’autres ressources ne soient mobilisées. De plus, les années 2000 étaient marquées par les efforts déployés pour rentrer dans l’UE, chose faite en 2007.

     

    L’éducation sexuelle joue un rôle particulièrement important

     

    En République de Moldova par exemple, qui n’appartient pas encore à l’Union européenne, il y a des cliniques spécialisées où les jeunes entre 10 et 24 ans bénéficient d’un accès gratuit à des services de santé reproductive. Andrada Cilibiu nous dit où trouver des exemples à suivre  :

    “Il faut clairement regarder du côté de l’éducation sexuelle compréhensive qui se pratique au Royaume-Uni ou en Hollande, où l’éducation sexuelle commence dès les premières années de la vie avec des informations adaptées à l’âge des enfants, surtout orientées autour du consentement et de l’autonomie corporelle. Et après, petit à petit, à mesure que les enfants grandissent, ils abordent la question des relations émotionnelles et sexuelles saines. Il y a des exemples de bonnes pratiques qui viennent toujours de Hollande ou de France, qui vient d’introduire le droit à l’avortement dans la Constitution. Il y a aussi l’Espagne qui a un très bon programme de distribution de contraception. En fait, la majorité des pays européens ont des plans nationaux d’accès à la contraception et proposent des accès gratuits à des moyens contraceptifs surtout à destination des adolescents et des jeunes mais aussi des populations vulnérables. La Roumanie fait partie de ce petit groupe de pays qui n’a aucun programme de gratuité de la contraception”.

     

    Seules 37% des femmes ont utilisé un moyen contraceptif dans les 10 dernières années

     

    Au printemps dernier, le Centre Filia a publié l’étude « La démocratie au cœur. Les intérêts politiques des femmes en 2024 » dont un des chapitres est dédié à l’utilisation de la contraception par les femmes roumaines de nos jours. On y apprend que 37% des femmes ont utilisé un moyen contraceptif dans les 10 dernières années, 62% n’en n’ont pas utilisé et 1% a refusé de répondre. Parmi celles qui ont utilisé un contraceptif, 63% ont utilisé un préservatif, 55% une pilule, 42% la méthode du retrait, 38% la méthode du calendrier, 24% une pilule du lendemain, plutôt considérée comme une solution d’urgence et des pourcentages très faibles ont utilisé des méthodes plus invasives comme le stérilet, l’implant ou la ligature des trompes.

     

    Au niveau européen, l’OMS tire la sonette d’alarme concernant la chute dramatique de l’utilisation du préservatif par les adolescents.

     

    L’OMS se base sur l’étude qu’elle a réalisé entre 2014 et 2022 avec plus de 240 000 adolescents venus de toute l’Europe. Il en ressort qu’en huit ans, l’usage du préservatif chez les jeunes hommes de 15 ans a baissé de 9%, passant de 70% d’utilisateurs à 61%. Pour les filles, l’utilisation de préservatif a baissé de 63% à 57%. La même étude révèle que 30% des filles et 22% des garçons sexuellement actives et actifs en Roumanie n’ont utilisé au cours de leur dernier rapport sexuel ni préservatif ni aucune autre méthode contraceptive.

     

    Andrada Cilibiu commente : “Malheureusement, je constate que de nombreux jeunes ont la pornographie comme seul système de référence concernant les relations sexuelles. Il y a beaucoup de confusion parmi les jeunes, ils en arrivent à croire une tonne de mythes et de stéréotypes et à développer beaucoup d’anxiété au sujet de leur propre image corporelle, des relations amoureuses, des relations sexuelles etc. N’ayant ni dans leur famille ni surtout à l’école, accès à des personnes qui leur communique des informations scientifiques et qui entrent dans le cadre d’une éducation sexuelle compréhensive, les jeunes sont pour ainsi dire laissés en plan. Et ils ont des relations sexuelles, des relations amoureuses sans être capables de reconnaître la violence quand elle apparaît, sans se rendre compte que ce qui leur arrive n’est pas normal. Voilà pourquoi nous avons besoin d’éducation sexuelle obligatoire et compréhensive pour tout le monde, sans l’accord des parents, et de services de santé sexuelle bienveillants pour les jeunes”.

     

    Etat des lieux sur l’utilisation des méthodes contrecéptifs

     

    En 2022, la revue britannique The Lancet a publié une autre étude qui permet de voir la spécificité des pratiques en Roumanie par rapport aux autres pays de la région. Ainsi, parmi les personnes utilisant un moyen contraceptif, en Europe de l’Est, 37,8% des personnes utilisent un préservatif contre seulement 31% en Roumanie. La méthode du calendrier est utilisée par près de 20% des Roumains contre 6% au niveau régional. Quant à la méthode du retrait, 12,8% des Roumains l’utilisent contre 10% sur l’ensemble de l’Europe de l’Est. Cette tendance à l’usage de méthodes artisanales corrobore les conclusions du Centre Filia selon lesquelles les politiques publiques dans le domaine des droits reproductifs restent à construire pour la sécurité de toutes et tous. (trad. Clémence Lheureux)

  • Bienvenue à Sustenlandia

    Bienvenue à Sustenlandia

    A Sustenlandia, une conférence organisée à Bucarest par l’association Ambasada Sustenabilității în România, comprendre Ambassade de la durabilité, la disparition tendancielle du culte du profit comme seul horizon et raison d’être du capitalisme a été discutée. Il ressort de la conférence que dans le contexte actuel de dérèglement climatique seul les acteurs économiques qui sauront s’adapter aux nouveaux standards de durabilité survivront. Les entreprises doivent prendre la mesure de leurs responsabilités face aux communautés humaines et à l’environnement.

    Sur scène, aux côtés des représentants des plus grandes entreprises roumaines, se trouvaient trois grands noms internationalement liés au concept de durabilité. John Elkington est l’un d’entre eux. Surnommé le parrain de la durabilité, il est devenu une référence dans le secteur de la responsabilité des entreprises et a écrit 20 livres qui font autorité en la matière. Fort d’un demi-siècle d’expérience et de réflexion, John Elkington nous fait part de son point de vue sur la durabilité des sociétés roumaines.

    «  Il y a en Roumanie un passé d’exploitation du pétrole par exemple qui était problématique et va le devenir de plus en plus. Dans le domaine agricole, coexistent des agriculteurs conventionnels qui pratiquent une agriculture intensive basée sur les pesticides et les engrais et d’autres qui s’orientent vers des pratiques d’agriculture biologique. C’est dur de généraliser mais je dois confesser, au vu des discussion d’aujourd’hui, que je suis fortement surpris du niveau des débats qui est bien plus élevé que ce à quoi je m’attendais, en tout cas dans les réseaux présents à la conférence. »

     

    Pour les personnes extérieures, le marché roumain des entreprises semble toujours fondé sur une mentalité ancienne. Lorsqu’on lui demande ce qu’il en pense, John Elkington répond :

     

    «  Il est parfaitement compréhensible, dans un pays comme la Roumanie, dans une économie comme la vôtre, qui sort d’une période où l’on avait une compréhension très différente de ce que signifiait la valeur et de la manière dont elle devait être créée, que les gens se soient efforcés de démontrer qu’ils pouvaient faire des bénéfices de manière à attirer les investisseurs et, finalement, le monde entier. Mais je pense que si vous regardez d’autres parties du monde, ce sont les catastrophes qui ont réveillé les gens au début de ce programme de changement. Ce sont les choses qui ont mal tourné. Les situations d’urgence. Et très souvent, j’ai travaillé avec des entreprises qui ont été directement touchées ou qui ont vu d’autres entreprises de leur secteur traverser de très gros problèmes. Mais, entre-temps, les choses ont changé et il est possible qu’elles aient également changé en Roumanie, et les entreprises, au lieu de considérer le changement comme un simple effort de gestion des risques, commencent à réaliser qu’il s’agit en fait des opportunités du futur, de ce que les marchés voudront. Comment pouvons-nous avoir une longueur d’avance ? Comment pouvons-nous servir de nouveaux types de consommateurs, de nouveaux types de clients, de nouveaux types d’investisseurs, etc. Mais tout le monde ne pensera pas ou n’agira pas de la sorte. Beaucoup de ceux qui dirigent des entreprises traditionnelles, purement orientées vers le profit, ne changeront pas. Ils partiront seulement à la retraite ou ne seront plus là. La question est donc la suivante : comment pouvons-nous accélérer le processus d’accession des jeunes à des postes d’influence, puis de pouvoir ? Parce qu’en général, les jeunes ont tendance à être plus conscients du monde qui les entoure. »

     

    Les discussions sur scène étaient animées par Charlie Cox, fondateur d’une société britannique qui aide les dirigeants d’entreprises à adopter l’état d’esprit entreprenarial nécessaire à la lutte contre le changement climatique. À la question de savoir quelles forces motivent les gens à réformer la gestion de leurs entreprises, à donner la priorité à l’environnement, Charlie Cox répond :

     

    «  Souvent, lorsque nous pensons au changement, nous pensons à la manière de faire les choses, nous pensons en termes d’action. Or nous devons également tenir compte de la motivation. La motivation est le premier des trois éléments. Il s’agit de se connecter aux valeurs inhérentes et intrinsèques des personnes, à leur but, nous pourrions dire à leur fibre morale. Il s’agit d’exploiter cette partie de l’être humain qui, à l’âge de quatre ans, voulait devenir astronaute, ce rêve, cet amour, ce sentiment de vouloir sauver une coccinelle. Cette partie de nous est toujours vivante, mais en tant qu’adultes, nous l’avons réprimée et il est très important d’y accéder à nouveau. J’aurais l’air idéaliste si je ne mentionnais pas deux autres choses : la rareté et la pertinence, qui sont presque les deux faces d’une même pièce. L’un d’eux est, et j’utilise ce terme avec prudence, l’activation du sentiment de peur, de la menace que quelque chose va vous frapper si vous ne faites pas de changement. Quel est le risque pour votre entreprise si vous restez immobile et ne faites rien ? Nous pouvons parler, par exemple, de ces vieilles entreprises d’il y a 30 ans dont nous pensions qu’elles existeraient toujours et qui sont aujourd’hui complètement obsolètes en raison de l’évolution de la technologie. Il s’agit donc de rappeler aux gens qu’ils doivent s’alignent sur les nouvelles exigences sinon ils seront laissés pour compte. Le revers de cette médaille est la pertinence. Il s’agit ici d’aider les entrepreneurs à sentir qu’ils resteront pertinents et qu’ils feront partie d’un mouvement général de changement s’ils choisissent de changer eux-mêmes. Il s’agit de l’autre face de la même pièce, au lieu d’être laissés pour compte, ils ont la possibilité de participer au changement. Mais pour cela, nous avons besoin de données sur les tendances, nous devons dire aux gens : « Ne faites pas quelque chose qui sorte de l’ordinaire ou qui soit inédit, à moins qu’ils ne veuillent être des pionniers. Vous faites en fait partie d’une vague d’entreprises qui vont dans la même direction ». Cela crée un sentiment de sécurité, un sentiment d’appartenance, un sentiment que vous n’allez pas vous faire virer en tant que PDG ou par l’équipe de direction parce que vous allez simplement dans la direction que tout le monde prend et que vous êtes en sécurité. »

     

    Wayne Visser, qui fait partie du classement de l’Université Harvard des 100 penseurs phares de l’entreprenariat de confiance, était le troisième invité extérieur à s’exprimer. Wayne Visser est fermement convaincu qu’aucun homme ne peut à lui seul changer le monde, mais que chacun peut le faire dans sa sphère d’influence :

    «  C’est là, je pense, que l’action locale peut être extrêmement puissante. Si vous regardez ce que certains maires ont fait au niveau de la ville sur le changement climatique, cela a été beaucoup plus efficace que ce que certains gouvernements nationaux ou certaines collaborations internationales ont fait. Et à juste titre, parce que les maires peuvent voir l’impact au niveau local, ils ont souvent plus de pouvoir pour prendre des décisions et mettre en œuvre des solutions, et il est tout simplement plus facile pour eux de gérer le problème et la solution. Bien qu’il faille agir à tous les niveaux et que tous doivent travailler ensemble, je ne pense pas qu’il faille attendre d’avoir une législation idéale et que tout le monde soit d’accord. Vous savez ce qu’on dit : ne laissons pas la perfection être un obstacle au changement. »

    Un ensemble de défis pour les nouvelles générations d’entrepreneurs roumains sur lesquels repose la transformation de l’économie du pays. (Trad : Clémence Lheureux)

  • De nouvelles solutions pour de vieux problèmes : le théâtre contre le harcèlement et la discrimination à l’école

    De nouvelles solutions pour de vieux problèmes : le théâtre contre le harcèlement et la discrimination à l’école

    Une étude réalisée au début de l’année par l’association Salvati copii, Sauvez les enfants en français, révèle qu’un élève roumain sur deux a été victime au cours de sa scolarité de menaces, humiliations, ou violences physiques et 82% d’entre eux ont été témoins de ce type de situation. Selon un rapport récent de l’OMS, la Roumanie se trouve en troisième position en Europe en ce qui concerne le harcèlement. La loi roumaine définit le harcèlement comme l’action ou série d’actions physiques, verbales, relationnelles et/ou cybernétiques, dans un contexte social difficile à éviter, provoquées de manière intentionnelle, qui implique un déséquilibre de pouvoir et ont pour conséquence d’atteindre à la dignité de la personne ou de créer une atmosphère d’intimidation, hostile, dégradante, humiliante ou offensante dans un but de discrimination et d’exclusion sociale. Dans les faits, les personnes d’ethnie Rom sont toujours confrontées à un phénomène de ségrégation dans les écoles bien que le Parlement roumain ait adopté depuis longtemps déjà une loi interdisant cette ségrégation.

     

    Dans ce contexte peu reluisant, deux personnes ont choisi de mettre leurs compétences et leur expérience au service de la résolution de ces problèmes en usant de méthodes peu conventionnelles. C’est le cas de l’association Acting Works en tournée actuellement dans des communautés vulnérables du sud de la Roumanie avec le spectacle « Vi me som rom/Și eu sunt rom”, (Moi aussi je suis rom), une pièce de théâtre qui parle de la réalité vécue aujourd’hui par les personnes roms en Roumanie en mettant en scène trois histoires de vie réelles. Andrei Serban, acteur et fondateur de l’association, fait du théâtre social depuis 17 ans. C’est son expérience de personne rom invisible, c’est-à-dire qui n’est pas identifié comme rom par les non roms, qui l’a incité à monter cette pièce et à partir en tournée dans les écoles.

     

     

    « Je suis resté « dans le placard » pendant 20 ans, j’avais peur d’être discriminé. Et à partir du moment où j’ai assumé que j’étais rom, j’ai eu envie de faire un spectacle. J’entends beaucoup de propos racistes parce que les gens ne se rendent pas compte que je suis rom moi-même. Donc ce spectacle est aussi né d’une frustration, mais aussi pour donner des instruments aux personnes confrontées au racisme et à celles qui sont témoins de situations racistes, afin qu’elles sachent comme agir ou réagir. »

     

    Mădălina Brândușa, actrice et membre d’Acting Works, explique que l’association a choisi de se rendre dans les communautés rurales vulnérables pour sensibiliser justement des personnes qui n’ont pas accès au théâtre ou aux productions culturelles en général. Parmi les adolescents qui ont vu la pièce, nombre d’entre eux vivaient leur première expérience théâtrale. Andrei Serban raconte comment la pièce a été reçue.

     

     

    « Nous avons construit ce spectacle avec beaucoup d’humour parce que nous ne voulions pas rajouter de la pression là où il y en a déjà beaucoup et nous avons utilisé le langage des jeunes. Après le spectacle, lors des échanges avec le public, nous constatons que de nombreux adolescents se sont reconnus dans les personnages. Beaucoup de jeunes roms ont assumé leur identité pour la première fois, ce qui nous rend très heureux car c’était aussi un des objectifs de la pièce. »

     

     

    Les deux acteurs reconnaissent avoir un peu le trac avant chaque représentation, le spectacle contenant une forme de critique envers les enseignants et personnels des écoles. Mais ils sont déjà rodés, ce n’est ni la première fois ni le premier type d’activité qu’ils mettent en place dans des écoles et lycées. Au cours des dernières années, ils ont créé, en collaboration avec des élèves, des courts-métrages sur le thème du harcèlement à l’école, l’un d’entre eux a été visionné plus d’un million de fois. Mădălina Brândușa raconte que pour réaliser ce film, l’équipe a réalisé pendant trois mois plusieurs séries d’atelier, en milieu rural ainsi qu’en zone urbaine, par lesquels les jeunes pouvaient expliquer les réalités des problèmes auxquels ils sont confrontés au quotidien. Que pourraient mettre en place les écoles et les autorités publiques pour lutter contre le harcèlement ? Mădălina Brândușa nous apporte des éléments de réponse.

     

    « Nous avons pris conscience en fréquentant les écoles qu’il y avait un besoin urgent de mettre en place, sur le temps scolaire, une heure d’éducation anti-harcèlement par semaine, des ateliers de théâtre aussi pour travailler sur ces problématiques de relations saines et de l’éducation sexuelle adaptée à chaque groupe d’âge. On n’enseigne pas la même chose en primaire et dans le secondaire. Mais il faut absolument que ce soit quelque chose de constant, proposer des interventions une ou deux fois par an n’a quasiment pas d’effet. »

     

     

    Andrei Serban a constaté avec mécontentement que le chemin reste long en participant récemment à une conférence réunissant des enseignants, des fonctionnaires du ministère de l’Education, des représentants de la police, des assistantes sociales, des avocats et des conseillères d’éducation.

     

    « De mon point de vue, il faut modifier un peu l’approche. A l’heure actuelle, nous avons une approche punitive. J’ai été désagréablement surpris de constater qu’on parlait en termes de victimes et d’agresseurs, mais si ce qu’on veut c’est rectifier le comportement des jeunes, on ne peut pas les regarder comme des agresseurs. Nous devons prendre en compte leur âge mais aussi le fait que bien souvent il y a de nombreux problèmes derrière ces comportements, des problèmes en général systémiques, générés par un accès inégal aux ressources. Il y a des gens qui n’ont pas accès à la thérapie, notamment des parents. Il faut intervenir dans les familles, il faut pouvoir proposer une aide psychologique gratuite. Beaucoup de famille sont marquées par des violences, dans les milieux précaires mais pas uniquement, et c’est à ce niveau-là qu’il faut intervenir. »

     

    Les victimes de harcèlement mais aussi les jeunes qui harcèlent sont soumis à des problèmes émotionnels et sociaux, dépression, faible estime de soi, mauvais résultats scolaires, anxiété etc. Ce sont des problèmes qui peuvent demeurer sur le long terme et marquer fondamentalement la vie des personnes. Une étude récente révèle que les personnes ayant été harcelée pendant leur enfance ont 4,3 fois plus de risque de présenter des troubles anxieux à l’âge adulte que les personnes non harcelées. Quant aux personnes qui ont été à la fois harcelées et harceleuses pendant l’enfance, elles ont un risque 14,5 fois plus élevé que les autres de développer un trouble panique à l’âge adulte.  Andrei Serban pointe le peu de poids accordé aux relations sociales dans notre façon de penser l’école.

     

     

    « Je trouve que l’école est un milieu très compétitif dans lequel les élèves ne font pas d’activités leur permettant de travailler ensemble, de faire quelque chose ensemble, pour leur permettre de se connaitre et de se lier d’amitié. Nous ce que nous avons fait pour les ateliers de théâtre, c’est que nous avons mélanger les élèves de différentes classes, de différents niveaux, des victimes, des agresseurs, des personnes harcelées et des harceleurs. Au cours des trois mois qu’ont duré les ateliers, ils ont pu se rapprocher, ils ont constaté que le jeu d’acteur nécessite de pouvoir se reposer sur les autres, sur la ou le camarade d’à côté et donc ils se sont liés d’amitié. Je pense qu’on manque de ce genre d’activités dans les écoles. »

     

     

    Comme souvent des solutions existent et n’attendent plus qu’un peu de volonté politique pour pouvoir être mises en place et modifier peu à peu les mentalités collectives. (Trad : Clémence Lheureux)

  • L’économie roumaine doit faire peau neuve

    L’économie roumaine doit faire peau neuve

    En 2022, la population active s’élevait en Roumanie à 7.6 millions de personnes, dont 5.5 millions étaient salariées avec des contrats de travail individuels. La majorité de ces salariés, soit 3.5 millions, travaillaient dans le domaine des services et 1.85 million dans le commerce et l’industrie. Le taux d’emploi était, en 2022, de 62.3%. Pour l’économiste en chef de la Banque centrale de Roumanie, Valentin Lazea, les problèmes de main d’œuvre représentent le défi principal pour la croissance du capital autochtone. En effet, dans les 25 ou 30 dernières années, le capital roumain s’est accumulé et ne constitue donc plus un facteur déterminant pour influencer le PIB. Désormais la Roumanie doit définir des domaines dans lesquels elle a son mot à dire au niveau européen, croit savoir Valentin Lazea qui dégage en outre trois directions principales dans lesquelles le capital roumain pourrait se développer. Ecoutons-le :

     

                 « Il s’agit de la croissance de la valeur ajoutée, de la diversification des investissements et de l’entrée sur de nouveaux marchés. Les entreprises roumaines vont devoir négocier des niches au niveau desquelles elles détiennent un avantage dans les chaines de production européennes. Et la Roumanie a les capacités de se créer une place au sein de la production européenne, que ce soit dans le secteur des technologies de l’information, de l’automobile, de la production d’énergies vertes ou de l’exploration des terres rares. »

     

    Nous nous sommes habitués à trouver la Roumanie en tête des classements les plus sinistres de l’UE or il y a des domaines dans lesquels le pays excelle, comme celui de l’ingénierie. Radu Antohi, le sous-secrétaire au Ministère de la Recherche, de l’innovation et de la numérisation, nous en dit plus :

    «  Nous avons plus d’ingénieur spour mille habitants que les Etats-Unis. Nous sommes les meilleurs en Europe de ce point de vue, et en sixième place au niveau mondial. Nous avons une main d’œuvre bien formée, une bonne connectivité, internet haut débit dans la majeure partie du pays. On peut développer l’industrie IT, les technologies de l’information, en s’appuyant sur ces deux acquis. Nous pouvons tout numériser et l’argent généré par ces numérisations va venir accroitre le budget de l’Etat. »

    Un décalage important demeure néanmoins entre cette main d’œuvre formée en IT et le reste de la population roumaine en ce qui concerne l’usage des technologies modernes et des services numérisés. Cette différence se retrouve entre les fonctionnaires, des administrations centrales ou des collectivités territoriales, et les employés du privé.

    Les experts de la Banque nationale de Roumanie considèrent qu’après 35 ans d’économie de marché, le pays devrait pouvoir profiter de la valeur et de l’expérience du capital autochtone s’il veut se faire une place au soleil en Europe. Les conditions actuelles sont bonnes, entre les démarches dans le sens d’une réindustrialisation de l’UE, les négociations en vue de l’adhésion de la République de Moldova et de l’Ukraine à l’Union, et la consolidation du flanc est de l’Europe tant d’un point de vue militaire qu’économique. Ils préconisent toutefois de se concentrer sur trois ou quatre domaines stratégiques. Pour Valentin Lazea, l’économiste en chef de la BNR, nous vivons actuellement à un moment historique de redéfinition des stratégies économiques à l’échelle mondiale et européenne, les entreprises roumaines devraient profiter de cette conjoncture.

            « Le rapport Draghi, rendu public au début du mois de septembre, met en évidence le fait que la réponse à l’émiettement de la mondialisation ne doit pas être le repli de chaque Etat européen dans l’autarcie et le nationalisme économique mais un effort commun de créer des chaines de valeur européennes ainsi que des champions européens. »

    Pour Valentin Lazea, le processus de définition et de négociation des niches roumaines dans les chaines de production européennes vont nécessiter l’implication tant du gouvernement que du secteur privé. Il considère que les responsables politiques et les représentants du patronat doivent décider ensemble, à l’aune des données disponibles, où les entreprises roumaines peuvent s’insérer avec succès dans les chaines de production européennes.

    Le président de la Bourse de Bucarest, Radu Hanga, pense pouvoir jouer un rôle important dans ce processus.

    « Nous sommes dans une situation où les grandes entreprises locales sont nées il y a plus ou moins 30 ans, dans les années 90. La plupart d’entre elles ont été fondées par des personnes entre 30 et 40 ans qui sont en train de céder leur place à présent, c’est le premier passage de relais à une nouvelle génération d’entrepreneurs. Qu’est-ce que cela signifie pour la bourse ? Ca représente une vraie opportunité de pouvoir soutenir des entreprises locales qui rencontrent des problèmes de renouvellement de leur leadership. La bourse peut les aider à trouver leur voie, à trouver un moyen d’aller de l’avant. Quand nous nous demandons quels sont les domaines dans lesquels nous pouvons avoir du succès, il faut regarder qui nous avons comme champions locaux. On ne peut pas prétendre devenir un leader européen si on n’a pas de champion local. Les entreprises qui ont fait leurs preuves au niveau national sont celles qui ont une chance de jouer un rôle au niveau régional. Moi quand je regarde la bourse, je ne vois pas qu’une plateforme financière. Je vois aussi une scène qui met en valeur les entreprises cotées. Quand une entreprise rentre en bourse, ses produits gagnent en visibilité, dans un contexte général où les consommateurs tendent à consommer plus local. La bourse, apporte comme une certification aux entreprises, elle les aide à se développer. »

    Les prochaines années nous diront comment la Roumanie parvient à opérer la mutation de son économie.

  • La Patrouille apicole urbaine

    La Patrouille apicole urbaine

    On pourrait dire de Bucarest qu’elle est une immense ruche, au sens littéral. En effet les murs de la ville recèlent d’abeilles, de milliers d’abeilles sauvages qui font leur ruche dans les bouches d’aération, les greniers des maisons, les hôpitaux, les ambassades, les parcs et les cimetières. Toutes les semaines, les opérateurs du 112 reçoivent des appels de personnes souhaitant se débarrasser de ces insectes. La Patrouille apicole urbaine a été fondée par des apiculteurs bénévoles afin de protéger les humains contre les abeilles, mais aussi les abeilles contre les humains. La Patrouille fait le lien entre les citoyens et des apiculteurs professionnels dont le rôle est de déplacer les ruches quand elles sont installées dans des endroits inadaptés et parfois tout à fait originaux comme nous le raconte Marian Pătraşcu, le fondateur de la Patrouille apicole urbaine.

     

    «  Chaque situation est unique même si de prime abord on pourrait avoir l’impression que c’est toujours la même chose. En général, les abeilles s’installent sur une branche plutôt basse mais parfois elles créent leur ruche très en hauteur. Par exemple, nous sommes intervenus à la Cathédrale du salut du peuple où des ouvriers ont remarqué la présence de ruches mais nous n’avons rien pu faire, c’était trop difficile d’accès. Nous les y avons laissées, parce que nous ne tuons pas les abeilles, nous sommes des éleveurs d’abeille. Et à cette hauteur elles ne peuvent faire de mal à personne. Il y a également de nombreux essaims dans le palais du Parlement qui travaillent frénétiquement, même si nous déplaçons régulièrement des ruches. Dans la rue de la Victoire, on a trouvé une ruche qui mesurait 1,80 m de haut, qui était là depuis 5 ans et ne dérangeait personne. Dans une maison abandonnée à Plumbuita, nous avons découvert 20 ruches sauvages et quelque part dans les environs de Bucarest dans un encastrement de fenêtre inusité il y avait 100 kg de miel sauvage. C’est dommage que cette richesse se perde, qu’elle ne soit pas mise en valeur. »

     

    La ville, nouveau paradis pour les abeilles

     

    Cela peut sembler paradoxal à première vue mais les abeilles se sentent mieux au milieu du trafic infernal de Bucarest que leurs consœurs des campagnes. Elles bénéficient en effet d’une alimentation moins polluée, les espaces verts de Bucarest, le peu que nous ayons, n’étant pas empoisonnés par des herbicides et pesticides. Marian Pătraşcu explique que, « le milieu urbain est devenu extrêmement accueillant pour les abeilles. Elles y trouvent en permanence des sources d’alimentation, de nectar, il y a tout le temps des fleurs dans les parcs, les squares, les parterres de fleurs y sont changés régulièrement et arrosés du printemps à l’automne ». Marian Pătraşcu poursuit son explication :

     

    « Les abeilles se portent très bien en ville parce que les autorités leur assurent un environnement fleuri en permanence. Les fleurs sont changées, sont arrosées et ne manquent donc pas d’eau même s’il ne pleut pas ce qui n’est pas le cas à la campagne. Nous le rappelons lors de chacune de nos interventions, le milieu urbain est désormais un paradis pour les abeilles, ce qui n’est plus le cas du milieu rural où il n’y a plus assez de fleurs, beaucoup trop d’herbicide, des sécheresses à répétition et d’autres effets des changements climatiques. Tous ces éléments rendant la vie des abeilles précaire à la campagne, les villes représentent une alternative pour elles. »

     

    Toujours demander de l’aide

     

    La Patrouille apicole urbaine insiste sur la nécessité de ne pas s’occuper soi-même d’une ruche sauvage mais de demander de l’aide. Marian Pătraşcu poursuit :

     

    «  Il faut prévenir les autorités. Nous, nous sommes actifs depuis 6 ans, à Bucarest et dans le département limitrophe d’Ilfov, grâce à notre page internet sur laquelle nous essayons d’expliquer que la présence des abeilles dans nos villes est normale. Les abeilles peuvent être nos amies et nous devons nous comporter avec elle en conséquence. Sans elles, il n’y aurait pas de vie. C’est pourquoi il faut absolument prévenir soit directement un apiculteur soit les autorités en appelant le 112 afin qu’elles nous envoient en intervention. Au début de la période d’essaimage, en avril environ, il peut y avoir entre 30 et 40 situations identifiées dans la région et au plus fort de l’essaimage ça peut aller jusqu’à 100 appels par jour. Presque toutes les situations sont prises en charge. Il est primordial pour nous d’assurer la sécurité des citoyens et des apiculteurs qui interviennent, mais honnêtement les seules situations problématiques que j’ai rencontrées l’étaient parce que l’essaim avait été attaqué par les humains. »

     

    A l’opposé de cette hostilité, Marian Pătrașcu considère que le miel des abeilles de la capitale pourrait être commercialisé.

     

    « Hérodote disait déjà qu’il était dur de pénétrer dans cette région d’au-delà du Danube à cause de la multitude de ruches qui s’y trouvaient. Et pendant des siècles, le miel et la cire des abeilles étaient utilisés comme tribus de guerre. On trouvait très fréquemment des ruches dans les cours et les jardins. Ce n’est que depuis 30 ans que cette peur injustifiée des abeilles s’est développée alors que, je le répète, nous devons nous comporter normalement. Les abeilles font partie de notre vie et nous devons apprendre à communiquer avec elles. »

     

    Une cliente de la Patrouille apicole urbaine a goûté le miel sauvage de Bucarest et raconte qu’il a une couleur un peu plus clair que le miel que nous mangeons habituellement et qu’il est excellent. (trad. Clémence Lheureux)

  • Les nouveaux visages qui sillonnent les rues de la Roumanie

    Les nouveaux visages qui sillonnent les rues de la Roumanie

    Un déficit profond de main d’oeuvre

     

    Dans un contexte de déclin démographique, causé par le vieillissement de la population et une émigration importante, la Roumanie fait face à un déficit de main d’œuvre. Ce déficit particulièrement marqué dans certains domaines a constitué dans les dernières années un défi majeur pour le gouvernement roumain, qui y a répondu en ouvrant les portes à une immigration légale de travail. C’est ainsi que le visage des rues de Roumanie, de Bucarest notamment, mais aussi des différentes villes de province, s’est rapidement modifié, accueillant de nouveaux-venus arrivant de loin pour travailler dans les pâtisseries, les restaurants, les usines et les services de livraison, tous avec l’espoir d’une vie meilleure.

     

    Les chiffres le confirment

     

    Chaque année depuis 2022, environ 100 000 visas de travail sont accordés à des travailleurs non européens en Roumanie. En 2023, selon les données de l’Inspection générale de ‘l’immigration, 101 253 permis de travail ont été délivrés, majoritairement à des ressortissants d’Asie du sud, notamment du Népal (plus de 23 000 visas), du Sri Lanka (22 000 visas), du Bangladesh (18 000) et du Pakistan (plus de 8 250). Ces données révèlent également une importante inégalité de genre, 90 % des arrivants étant des hommes. Les principaux domaines dans lesquels ils travaillent sont l’hôtellerie-restauration, le tourisme, les usines, le BTP et le ménage.

     

    Selon d’autres sources, en 2022, les visas de travail accordés à des ressortissants sri-lankais représentaient plus de la moitié des visas délivrés dans toute l’Union européenne aux citoyens de ce pays.

     

    Quelles conditions de vie et de travail ?

     

    Cette situation nouvelle pose la question des conditions d’accueil et de travail de ces travailleurs. En effet, de nombreuses enquêtes de presse ont révélé comment la vulnérabilité de ces personnes qui ne connaissent ni le roumain ni la législation roumaine, les expose à de nombreux abus, situations d’exploitation, arnaques ou illégalité forcée, des situations contre lesquelles ils n’ont pas toujours les moyens de se prémunir.

     

     

    Dans la plupart des cas, les travailleurs migrants ont payé des sommes exorbitantes à des intermédiaires qui prennent en charge les démarches administratives. Ces sommes comprises entre 4 000 et 10 000 euros, ont été réunies en vendant les bijoux de famille ou des terres, en contractant des emprunts ou en hypothéquant la maison ou les terres abritant toujours les familles restées au pays. Ils envisagent de les rembourser peu à peu, grâce aux salaires gagnés en Roumanie. Cette dette contractée fait peser sur ces personnes une menace qui les rend particulièrement dépendantes aux employeurs et donc potentiellement vulnérables à des atteintes à leurs droits fondamentaux.

     

    Une enquête nécessaire 

     

    Anatolie Coșciug est chercheur et directeur adjoint du Centre pour l’étude comparée des migrations. Il a accepté de nous parler des cas d’abus révélés par ses recherches de terrain.

    “On a cherché à savoir si les cas d’abus dont on a entendu parler au cours de nos recherches ou dans d’autres travaux, constituent des exceptions, des cas isolés ou s’il s’agit d’un système. Et s’il s’agit d’un système, comment l’expliquer ? Or, ici il faut prendre en compte à la fois des facteurs liés à la migration et des facteurs liés à notre politique sociale en général. Donc ce n’est pas seulement une question de migration, mais il faut aussi bel et bien comprendre comment notre société est organisée. Or cette organisation rend les migrants ultra-vulnérables. On propose dans nos travaux une approche basée sur les droits humains. Ça peut sembler surréaliste, mais il s’agit d’une approche inhabituelle, car personne ne parle jamais de ces travailleurs comme de gens ayant des droits, qui sont vulnérables et doivent bénéficier de protection le cas échéant. Ça me semble tout à fait extraordinaire que dans les entretiens avec les migrants, avec les ONG ou d’autres intervenants, personne ne fasse jamais référence aux droits humains”.

     

    Plusieurs droits fondamentaux sont souvent ignorés

     

    Quelles sont les principales situations d’abus recensées ? Anatolie Coşciug nous fait part de ses découvertes.

    “On a pris les droits humains un par un et pour chaque travailleur on a essayé de voir quelle était la situation, afin de mettre en évidence des cas spécifiques. Par exemple, on a pris en considération le droit à un travail décent, à un logement, les droits liés à la famille, les droits liés à l’éducation. Donc, on a cherché comme ça, que cela vous surprenne ou pas, on a découvert que dans tous ces domaines il existe des formes de violation des droits fondamentaux. Il y a des formes parfois très graves, comme dans le cas du logement. La majorité des travailleurs immigrés affirment vivre dans des logements surpeuplés, parfois sans accès à l’eau courante. De même, souvent leur nourriture ne correspond pas à l’effort du travail accompli. Sans doute, il y a également de nombreuses situations où les problèmes ne sont pas aussi durs ou fréquents et où les violations des droits humains sont moins visibles. Par exemple, si on prend le droit à la réunification familiale, le droit de faire venir sa famille, ce n’est pas formellement interdit, bien sûr, mais les démarches sont extrêmement compliquées et découragées, tant par les employeurs, que par les gouvernements des pays de départ et le gouvernement roumain”.

     

    De nombreux observateurs craignent en outre que la route ne soit longue avant que la Roumanie ne se dote d’une politique d’accueil plus respectueuse, les institutions publiques, le milieu privé mais aussi une partie de la population n’y voyant peut-être pas une priorité pour le pays. (trad. Clémence Lheureux)

  • Quelle place pour les femmes sur le marché roumain de l’emploi ?

    Quelle place pour les femmes sur le marché roumain de l’emploi ?

    La Roumanie, en queue de peloton

     

    De tous les pays européens, la Roumanie est celui qui présente le plus faible taux d’emploi des femmes. En effet, seul 45,4 % d’entre elles ont un emploi alors que c’est le cas de 62,7 % des hommes. A titre de comparaison, selon les données Eurostat pour 2022, aux Pays-Bas 68,1 % des femmes travaillent, en Estonie 67%, en Suède 65,9 % et au Danemark 65 %. Comment expliquer cet écart entre les différents pays ? Selon l’Institut européen pour l’Égalité des genres, il faut en chercher la cause dans la répartition du travail domestique. Or en Roumanie ce sont bel et bien les femmes qui tiennent la maison. Nous nous sommes entretenus avec Octavian Moldovan, lecteur au département d’Administration et de management public de l’Université de Cluj Napoca et expert en ressources humaines et discriminations fondées sur le genre.

     

    Pourquoi cette situation ?

     

    Octavian Moldovan décrypte pour nous la situation roumaine.

    “Je pense qu’il y a plusieurs facteurs qui peuvent expliquer qu’en Roumanie le taux d’emploi des femmes soit beaucoup plus faible que celui des hommes, d’environ 20%. En premier lieu, il faut pointer du doigt le travail domestique. Le fait que les femmes sont beaucoup plus impliquées dans le travail lié à a maison que les hommes. Et ici il est question à la fois des travaux ménagers, la cuisine, la lessive, la vaisselle, le ménage etc mais aussi du soin apporté aux éventuelles personnes âgées et aux enfants. Ce sont en général les femmes qui remplissent ces tâches. Et là, il faut parler du manque d’alternative disponible pour prendre en charge les enfants ou d’éventuelles personnes âgées. En effet, bien souvent les familles n’ont pas d’autre choix que de s’en occuper elles-mêmes. Il s’agit ici d’un transfert de responsabilité de l’Etat vers les familles et dans les faits, vers les femmes. Il y a aussi des problèmes liés au marché de l’emploi, notamment en termes de localisation des lieux de travail. La plupart des opportunités d’emploi se trouvent dans les grandes villes, les villes moyennes et les petites villes, très peu à la campagne. Donc, si quelqu’un veut un emploi bien rémunéré ou même un emploi en général, cette personne doit habiter en ville ou avoir la possibilité de faire la navette quotidiennement entre son domicile et un centre urbain. Or, les femmes ayant la charge de la maison, elles ont d’autant moins de chances de pouvoir effectuer cette navette. Toujours en ce qui concerne le marché du travail, on peut noter l’échec ou tout simplement le manque de politiques publiques de réintégration sur le marché du travail après une maternité, après un congé parental ou toute autre situation familiale qui entraîne une perte d’emploi. Ici, ce sont de nouveau les femmes qui sont le plus touchées. Le manque d’emploi flexibles est un autre facteur qui creuse les inégalités femmes-hommes. Il y a en Roumanie trop peu de possibilités de travailler à mi-temps, ou encore de travailler depuis la maison, ces formes de travail sont rarement acceptées et bien vues alors qu’elles seraient plus favorables aux femmes qu’aux hommes”.

     

    Des discrimination acceptées

     

    Les discriminations s’apprennent pendant l’enfance. Nous les acceptons passivement avant de les reproduire à notre tour comme l’explique Octavian Moldovan.

    “L’accès des femmes à l’emploi est influencé par diverses normes culturelles et sociales qui entraînent des discriminations multiples sur le marché du travail. On peut parler d’une part de discrimination horizontale, à savoir d’une discrimination qui relève du fait que certains domaines, certains types d’activités sont dominés par l’un des genres. Par exemple, l’éducation, la santé, l’assistance sociale et en général la base des organisations sont assurées principalement par des personnes de genre féminin. Alors que la police, l’armée, certains secteurs privés recrutent surtout des individus de genre masculin. Il existe d’autre part, une discrimination verticale, qui désigne le fait que les positions de dirigeants, le niveau décisionnel est fermé ou en tout cas son accès en est limité aux femmes, et ce dans de très nombreux domaines et même dans ceux où les positions subalternes sont majoritairement occupées par des femmes”.

     

    Éduquer les nouvelles générations

     

    Pour Octavian Moldovan, il faut remonter aux normes inculquées aux enfants par la société dans son ensemble pour expliquer cette situation.

     “Tant la discrimination verticale que la discrimination horizontale proviennent des types de jeux et du rôle dans les jeux que l’on attribue socialement aux filles et aux garçons. Les petits garçons jouent aux petites voitures, aux policiers, ils jouent des rôles d’autorité, ils doivent s’imposer. Les filles quant à elles doivent manifester de la délicatesse, de la sensibilité, elles doivent être conciliantes, elles jouent à la poupée, elles s’en occupent comme d’un bébé, jouent à la dinette et d’une manière ou d’une autre, même dans le jeu elles s’investissent dans le soin des autres. De là dérive tout ce qu’on a dit sur les différences d’implications des femmes et des hommes dans le travail domestique et la carrière professionnelle. Nous attendons des hommes qu’ils fassent carrière et des femmes qu’elles s’occupent de la maison et des autres”.

     

    Des lois plutôt inefficaces 

     

    Il existe en Roumanie des lois et des politiques publiques orientées vers la réduction des inégalités de genre. Cependant, pour Octavian Moldovan, elles manquent cruellement d’efficacité.

    ” A première vue, en regardant ce qui est fait en termes de politiques publiques et de mesures législatives, on dirait que tout va très bien en Roumanie. Nous avons des organisations consacrées à ces questions, un ministère de la Famille, de la jeunesse et de l’égalité des chances, mais aussi une Agence nationale pour l’égalité des chances entre les femmes et les hommes. Il y a les cadres législatifs européen et national attachés à l’égalité des genres et des chances sur le marché de l’emploi, il y a également des références indirectes, tant dans le Code du travail que dans la Constitution ou dans d’autres lois qui visent à l’égalité femme-homme dans le domaine du travail. Mais force est de constater que l’efficacité des lois et des institutions censées les porter reste très discutable. Si on regarde les différences salariales entre femmes et hommes, la situation semble bonne en Roumanie. Il n’y a pas de décalage salarial important. Cependant, il ne faut pas oublier les différences de taux d’emploi d’une part et le plafond de verre qui touche les femmes d’autre part. Pourquoi ces différences ? Pourquoi ces inégalités d’accès au travail demeurent-elles ? On peut penser que dans ce domaine comme dans d’autres, les lois sont mal appliquées. Nous avons les lois nécessaires mais nous n’avons pas encore d’institutions capables de les mettre correctement en œuvre. Par ailleurs, les discriminations de genre dans le domaine du travail se perpétuent car il s’agit bien souvent d’un phénomène informel, d’un phénomène qu’on ne peut pas déceler à première vue. C’est quelque chose qui se déroule derrière les portes closes, en deçà des normes et règles institutionnelles”.

     

     

  • Adolescents et philosophie

    Adolescents et philosophie

    Les adolescents d’aujourd’hui croulent sous les étiquettes peu flatteuses. Désintéressés par la lecture, dépendants des écrans, consuméristes à l’excès, épuisés par les cours particuliers, les jeunes restent surtout des énigmes pour leurs aînés. En effet, les parents, enseignants et autres éducateurs semblent peiner à trouver le temps et la méthode efficace pour discuter avec les ados. C’est dans ce contexte tendu que l’écrivaine Iulia Iordan a décidé de partir à la découverte des pensées de cette nouvelle génération. Elle le fait dans le cadre du projet « Filosofia la purtător », « Philosophie à l’usage de tous » initié par l’association et maison d’édition Seneca.

     

    Rendre la philosophie accessible aux jeunes

     

    Tout est parti du célèbre ouvrage du philosophe romain Sénèque, Lettres à Lucilius comme nous le raconte la coordinatrice du projet Cristina Pârvu.

    « A l’origine, nous souhaitions tirer des enseignements de Sénèque des conseils pour les jeunes d’aujourd’hui, faciles à utiliser, à garder près de soi. Nous avons travaillé avec l’écrivaine Iulia Iordan et l’illustratrice Oana Ispir. Un groupe de 18 adolescents a adressé à Iulia Iordan des lettres dans lesquelles ils parlaient de leurs préoccupations, de leurs inquiétudes, de leurs questions existentielles, de leurs angoisses et de leurs joies. Iulia Iordan a répondu à ces lettres en s’inspirant des enseignements de Sénèque et de sa correspondance avec son ami Lucilius ».

     

    Les jeunes ont un réel besoin de s’exprimer

     

    Ce travail sera édité sous le titre « Reste avec toi ». L’autrice a déjà collaboré au sein d’autres ateliers avec le groupe d’adolescents qui a écrit les lettres qui sont au fondement de l’ouvrage. Elle précise que ces jeunes ont un réel besoin d’expression et n’hésitent pas à parler, si toutefois il trouve une oreille attentive en face. Iulia Iordan :

    « C’est de toute évidence une question de reconnaissance, comme c’est d’ailleurs très clairement explicité dans une des lettres : nous avons un besoin constant de reconnaissance. Dans les interactions que je peux avoir avec des adolescents et même des enfants plus jeunes, j’entends beaucoup ce besoin de dire, de raconter, et bien souvent les jeunes disent : “je n’ai personne à qui parler, même parmi mes amis. Il y a des choses que je n’ose pas dire”. Et je trouve très triste et injuste que malgré tous les moyens de communication dont nous disposons nous en soyons toujours là, avec cette sensation d’être ignorés et incompris. C’est pour ça que j’ai accueilli avec beaucoup de joie l’évolution du projet dont l’idée de base était simplement d’adapter certaines des lettres de Sénèque à son ami Lucilius en poésie pour en faciliter l’accès aux jeunes. Or, finalement, les éditeurs ont fait preuve d’une grande ouverture d’esprit en acceptant d’inclure également les voix des jeunes dans les poèmes ».

     

     

    Quelles sont les préoccupations de cette génération ?

     

    Qu’ont – ils en commun qui les distingue des autres ? Pour l’autrice Iulia Iordan, est remarquable le sérieux avec lequel ils se posent des questions. Elle détaille :

    « Le fait qu’ils sont très lucides et conscients, même par rapport aux réponses à ces questions. Leurs esprits sont exercés, façonnés par des lectures. Et ici, j’aimerais prendre les devants par rapport à une critique qui m’a déjà été faite par le passé. On m’a dit, d’accord les enfants avec lesquels tu as travaillé sont comme ça, mais ce n’est pas le cas de tous. Et bien si, ils sont tous comme ça. Ils sont comme ça si on leur donne la possibilité de développer et d’exercer leur esprit critique, si on met des livres à leur disposition et si on ne s’en tient pas à une éducation formelle comme celle qui est malheureusement le plus souvent proposée dans les écoles roumaines. Je crois que tous les jeunes pourraient écrire comme ces jeunes-là ont écrit pour le livre, si les adultes leur mettaient quelques instruments à disposition. Qu’ont tous les jeunes de cette génération ? La liberté avec laquelle ils expriment leur audace, le courage avec lequel ils posent les questions et fabriquent les problèmes, avec lequel ils y répondent également. De manière générale, en lisant ces lettres, il est difficile de ne pas tomber en admiration devant ces esprits jeunes et si ouverts. »

     

    Clin d’oeil sur la vie d’ado d’aujourd’hui

     

    Quels liens peut-on tisser entre les vies de ces adolescents dans notre époque pleine de changements et d’incertitudes et les observations de Sénèque lorsqu’il écrivait à Lucilius ? Iulia Iordan insiste sur l’universalité des thèmes abordés par les jeunes.

    « Certains ont écrit sur la mort et sur leur relation avec elle. D’autres sur la guerre et j’ai trouvé ça très mature. La plupart des adultes de mon entourage n’en parlent plus du tout alors qu’elle est toujours là, à la frontière de notre pays. Et les enfants eux y pensent. D’autres ont écrit sur l’amour, sur la philosophie et l’écriture, sur la littérature, le courage, la peur. Les thèmes sont très divers ».

     

    Les textes du futur ouvrage “Reste avec toi” sont bouclés et Oana Ispir a commencé son travail d’illustration. Les éditions Seneca espèrent que le livre sortira à l’automne comme le précise la coordinatrice du projet Cristina Pârvu.

    « Au mois de septembre, nous allons diffuser 1000 exemplaires dans des écoles défavorisées du pays, grâce à notre partenariat avec le Roma Education Fund for Romania. Le livre sera accompagné d’un guide pédagogique proposant des activités à partir des 18 lettres-poèmes de Iulia Iordan et nous allons également former les enseignants. Nous avons développé un webinaire afin de les sensibiliser au projet, de parler du processus d’écriture et des activités du guide pédagogique. Après tout ça, le livre sera disponible en librairie pour tout un chacun ». (trad. Clémence Lheureux)

     

     

  • Soutien pour les enfants réfugiés ukrainiens

    Soutien pour les enfants réfugiés ukrainiens

    L’organisation non gouvernementale « Salvati copii », Sauvez les enfants en français, a contribué à cet effort dès le début. En effet, selon les données fournies par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, depuis le début de la crise jusqu’à aujourd’hui, environ 5,245 millions de citoyens ukrainiens sont entrés en Roumanie, et Salvati copii a aidé environ 354 700 personnes, dont près de 180 000 enfants. En fait, près de la moitié des réfugiés sont des enfants qui sont venus ici principalement avec leurs mères et leurs grands-mères, dont les principales préoccupations sont l’absence de revenus stables provenant d’un emploi et la barrière de la langue.

     

    Les mères célibataires n’ont personne à qui confier leurs enfants

     

    La nécessité d’une intégration à long terme de ces familles est donc devenue une priorité par rapport à la période du début de la guerre, explique Leonard Andreescu, chef de projet à Salvati copii. “En février, nous avons lancé un questionnaire auquel les personnes ukrainiennes dont nous nous occupons ont répondu et qui a mis en évidence certains besoins. Le besoin d’une aide financière apparaît assez fréquemment, dans au moins 23 % des cas, suivi d’un soutien pour l’accès aux services médicaux et aux cours de roumain. De nombreuses structures ont été créées dans le secteur non gouvernemental. Malheureusement, les besoins en matière de cours de roumain et de services périscolaires pour les enfants ne sont toujours pas suffisamment pris en compte par les autorités. Ces services sont généralement demandés par les mères célibataires qui n’ont personne à qui confier leurs enfants pour pouvoir aller travailler. Si nous examinons les statistiques et les résultats de l’enquête sociologique que nous avons menée, nous constatons que les pourcentages sont en quelque sorte corrélés : le besoin de services périscolaires pour les enfants apparaît chez 13 % des personnes interrogées et l’aide à la recherche d’un emploi chez 12 % d’entre elles. On peut donc identifier ce groupe de demandeuses d’emploi qui ont besoin d’activités périscolaires pour leurs enfants, parce qu’elles ne sont pas en mesure de les laisser dans un endroit sûr. Elles n’ont personne à qui les confier et ne peuvent donc pas trouver d’emploi.” 

     

    Pour les aider, « Salvati copii », en partenariat avec la mairie du secteur 6 de Bucarest, a récemment ouvert un centre de jour pour les enfants des réfugiés ukrainiens. Ils peuvent y passer du temps en toute sécurité après l’école, jusqu’à ce que leurs mères puissent venir les chercher. Leonard Andreescu apporte quelques précisions sur ce service. “Notre soutien ne se limite pas à ce centre de jour. Nous soutenons également les enfants d’âge préscolaire, en prenant en charge les frais d’inscription à la crèche et au jardin d’enfants, si besoin. Nous assurons également le transport des enfants, afin que les parents puissent les emmener soit à l’école soit dans notre centre le matin, en fonction du programme scolaire de l’enfant, et les récupérer le soir.” 

     

    Le centre de jour du 6e arrondissement de la capitale n’est pas le seul de ce type géré par Salvati copii.

     

    Il en existe d’autres à Bucarest et dans tout le pays, ouverts en collaboration avec les autorités locales. Tous les services y sont gratuits. Leonard Andreescu : “Au centre, les enfants bénéficient d’un repas chaud, de soutien scolaire, de cours de roumain adaptés aux étrangers, d’activités de cohésion sociale, mais aussi de soutien psychologique afin de les aider à surmonter certains problèmes émotionnels. Nous avons identifié chez beaucoup d’entre eux des problèmes, parfois très graves, des problèmes émotionnels, causés bien sûr par cette rupture avec la vie ordinaire, avec les lieux qu’ils connaissaient, avec la famille, avec le reste de la famille, avec leur père. Les activités de ce type les aident beaucoup à surmonter le sentiment d’être des étrangers parce qu’ils ne parlent pas la langue, la tendance à s’isoler parce qu’ils se sentent de toute façon mis à l’écart. Un aspect très important de ce centre est qu’il n’est pas seulement ouvert aux enfants ukrainiens. Nous accueillons également des enfants roumains issus de familles défavorisées, de familles monoparentales, qui ont les mêmes difficultés à trouver un emploi parce qu’ils n’ont personne à qui confier leurs enfants. Ils peuvent alors mettre leurs enfants dans ce centre. Les activités sont menées en commun. Bien sûr, nous les aidons à communiquer. Nous avons des médiateurs culturels qui parlent roumain, russe et ukrainien et des enseignants qui connaissent bien les méthodes d’enseignement ukrainiennes et roumaines. Ces conditions visent à aider les enfants à s’intégrer, à se faire des amis roumains ce qui peut leur donner un sentiment de normalité et de sécurité et enfin à les aider à surmonter les problèmes émotionnels dans la mesure du possible.”

     

    Pour l’instant, le centre de jour ne peut pas accueillir plus de 40 personnes.

     

    La demande est pourtant bien plus importante, les enfants ukrainiens ayant des difficultés à s’intégrer dans les écoles roumaines. Leonard Andreescu : “C’est extrêmement difficile pour eux. C’est pourquoi 90 % d’entre eux se contentent d’assister aux cours. Il existe une période pouvant aller jusqu’à un an pendant laquelle ils peuvent assister aux cours, mais sans être obligés d’y assister tous les jours et sans être notés. Il s’agit d’une période tampon qui les aide à s’habituer au programme, à la langue et à leurs camarades de classe. Au bout d’un an maximum, ils doivent être inscrits, comme les autres élèves, et participer aux activités éducatives. Ils y a aussi des enfants qui fréquentent une école ukrainienne en ligne, c’est-à-dire qu’ils ne vont pas à l’école ici en Roumanie, mais ils sont très peu nombreux, ce sont des exceptions.”

    Actuellement, environ 79 000 citoyens ukrainiens restent enregistrés en Roumanie.

  • L’association Caravane des médecins

    L’association Caravane des médecins

    Les inégalités importantes entre les zones rurales et urbaines en Roumanie se retrouvent notamment dans l’accès à la médecine. Par exemple, 53 % des localités roumaines n’ont pas assez de médecins généralistes.

    A l’échelle du pays, on compte 6 300 cabinets de médecine générale dans les villes contre 4 100 cabinets dans les zones rurales. En outre, l’ONG Salvati copii, Sauvez les enfants en français, a constaté qu’une femme enceinte sur 10 vivant en zone rurale ne consulte aucun médecin au cours de sa grossesse. L’association note également que 34 % des femmes enceintes n’ont pas consulté de gynécologue pendant leur grossesse, et 50 % d’entre elles ont déclaré que les tests, les échographies et les consultations n’étaient pas gratuits.

    Comment expliquer cette situation ? Silvia Burcea, coordinatrice de programme chez Salvati copii, nous fournit quelques éléments de réponse.

    «  Il y a une combinaison de facteurs. Nous parlons de personnes vulnérables qui sont confrontées à la pauvreté et qui, d’une part, ne peuvent pas se rendre chez un médecin parce qu’elles vivent dans des villes situées à des dizaines de kilomètres du premier hôpital, des villes où il n’y a pas de minibus, pas de train pour se rendre à un hôpital. Et ces personnes n’ont pas les moyens de se payer un transport privé. Nous parlons également de personnes qui n’ont pas reçu d’éducation médicale ou qui n’ont jamais consulté un médecin. Nous avons des cas de femmes enceintes qui, à leur sixième grossesse, n’ont jamais été examinées, ni suivies pendant leur grossesse. Il s’agit donc d’une combinaison de facteurs. »

    Cette combinaison de facteurs est complétée par d’autres causes spécifiques à la façon dont la profession médicale est exercée en Roumanie. Le Dr Mihai Ranete nous expose son point de vue d’initié.

    «  Dans les zones rurales, l’accent a été mis, à juste titre dans une certaine mesure, sur la médecine généraliste, mais nous devons comprendre que les zones rurales abritent des personnes qui ont également besoin de consultations spécialisées. Outre la pénurie de médecins de famille, car dans la plupart des communes et des villages de Roumanie, il n’y a de médecin de famille que sur le papier, il faut penser qu’ils doivent souvent consulter un grand nombre de personnes ou parcourir de nombreux kilomètres. Outre la médecine généraliste, il existe une pénurie assez importante de médecins spécialistes, et je ne fais pas nécessairement référence ici aux zones rurales, mais aussi aux villes. Dans certains départements, il n’y a pas de pédiatre, dans d’autres, il n’y a qu’un ou deux gynécologues, etc. Les médecins ont commencé à rester dans les grands centres parce qu’ils y disposent des ressources nécessaires. Ca induit un problème pour le patient, qui doit se rendre dans un grand hôpital pour avoir accès à un service comme celui-ci. Or beaucoup de gens n’ont même pas les moyens d’acheter un billet pour l’hôpital le plus proche afin d’avoir accès à une consultation gynécologique ou pédiatrique. »

    C’est pourquoi, avec quatre de ces collègues, Mihai Ranete a créé il y a 10 ans l’association Caravane des médecins. Leur organisation monte des cabinets mobiles équipés de matériel et d’équipes de médecins spécialistes qui se déplacent de village en village.  Mihai Ranete partage cette expérience avec nous.

    «  Les caravanes ont actuellement trois orientations principales. La première est la caravane dédiée aux pathologies cardiovasculaires pour les patients adultes et nous ciblons notamment les maladies cardiovasculaires les plus courantes. Des médecins sur place, aidés bien sûr par du matériel, sont en mesure d’assurer une véritable journée d’hospitalisation dans le village des patients. Un deuxième type de caravane est consacré à la santé des femmes. Là aussi, la composante éducative est importante et nous ciblons la santé des seins. Des échographies mammaires sont effectuées. Les patientes reçoivent des bons pour passer une mammographie dans le centre le plus proche de chez elles. Des consultations gynécologiques sont effectuées et, à la fin, nous apportons des réponses concrètes. Le soutien de Salvati Copii nous permet actuellement de développer d’avantage la caravane gynécologique. Les trois unités mobiles sont adaptées et nous offrent un cadre sûr et légal pour offrir ces services médicaux, même à proximité d’une école ou dans un village perché sur une montagne. Enfin, il y a les caravanes pédiatriques, où nos patients sont des enfants. Elles comportent également un important volet éducatif axé sur l’aspect dentaire. Les enfants apprennent ce qu’est une carie et ce qu’est une bonne hygiène dentaire. Il y a une consultation à ce sujet et, d’autre part, il y a des consultations pédiatriques avec une évaluation complète. 

    Récemment, l’association Caravane des médecins a reçu une aide importante grâce au partenariat avec l’organisation Salvati copii, qui lui a offert trois unités mobiles supplémentaires, comme nous l’apprend Silvia Burcea.

    «  Les trois unités mobiles sont en fait des cabinets médicaux sur roues. Elles sont équipées de matériel médical, disposent d’un échographe avec trois sondes et offrent un espace sûr et légal. Ces caravanes nous permettent d’atteindre des zones reculées, où il n’y a pas de cabinet médical. Il est très important de mentionner que nous mobilisons de véritables réseaux autour de ces unités médicales. Nous parlons ici de partenariats avec les autorités locales, avec les équipes de travailleurs sociaux, et des infirmières qui font un travail préalable au sein des communautés afin d’identifier les personnes vulnérables qui ont vraiment besoin d’une aide urgente et aussi, bien sûr, avec des équipes multidisciplinaires de spécialistes médicaux. »

    Bien entendu, il s’agit d’une aide ponctuelle qui devrait être intégrée d’une manière ou d’une autre dans les services de santé fournis par les autorités locales afin de la pérenniser. C’est pourquoi les prochains projets de la Caravane des médecins et de Salvati Copii visent à étendre ce type de service médical mobile afin de pallier autant que possible le manque d’infrastructures régulières. (Trad : Clémence Lheureux)

  • Un nouvel hôpital pour sauver la vie des enfants roumains

    Un nouvel hôpital pour sauver la vie des enfants roumains

    Une nouveauté absolue en Roumanie

     

    L’hôpital « Dăruiește Viață », « Don de vie » en français, de Bucarest est entré en fonctionnement courant avril. 50 enfants qui étaient pris en charge dans les sections d’oncologie, de neurochirurgie et de chirurgie de l’hôpital Marie Curie y ont été transférés avec le plus grand soin pour leur confort physique et mental. La première opération y a été réalisée le 15 avril.

     

    La particularité de ce nouvel hôpital est qu’il a été construit grâce aux donations de 350 000 personnes et de 8000 entreprises à l’initiative de l’association „Dăruiește Viață/Don de vie” qui a donné son nom à l’hôpital.

     

    Les fondatrices du projet, Carmen Uscatu et Oana Gheorghiu ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin et envisagent la construction d’un nouveau bâtiment afin de pouvoir accueillir les autres sections du vétuste hôpital Marie Curie. Pourtant la tâche n’a pas été facile, notamment à cause des lourdeurs bureaucratiques qui ont retardées l’avancée de ce projet unique.

     

    Une initiative privée

     

    Carmen Uscatu raconte cette aventure.

    “Il faut préciser que nous ne sommes pas en lutte contre l’Etat, au contraire, nous considérons qu’il faut que nous collaborions si nous voulons que ce projet atteigne son véritable potentiel. Il s’agit d’un hôpital pour le futur, les enfants y seront traités selon les standards les plus élevés, si nous continuons notre collaboration avec la direction de l’hôpital Marie Curie, avec le ministère de la Santé et le gouvernement roumain. Je crois que je ne pourrai jamais oublier le bonheur qui se lisait sur le visage des enfants qui ont été transféré. En fait, ça m’a permis de réaliser que ça valait vraiment le coup de supporter toutes les difficultés, de se battre toutes ces années contre les mentalités rétrogrades, pour le sourire de ces enfants et l’espoir des parents, ce sont eux qui nous permettent d’avancer”.

     

    Un chemin parsemé de difficultés

     

    Oana Gheorghiu parle de ce que cela signifie de croire en son propre projet, en ses rêves, malgré les difficultés.

     “Au début, il y a eu beaucoup de gens qui n’ont pas cru en notre projet, ou qui n’ont pas cru que nous pourrions collecter autant d’argent ou peut-être qui doutaient de notre capacité à construire un hôpital avec un tel niveau d’exigence. Mais finalement tout ceci s’est réalisé et on espère que les gens qui étaient réticents au début ont pu constater qu’il est possible de réaliser un projet de ce genre à force d’implication, de détermination et de persévérance. Un jour je suis allée dans une émission de radio dans laquelle les auditeurs pouvaient appeler en direct pour poser des questions ou exprimer leur opinion. Un homme a appelé pour dire qu’il n’avait pas eu confiance en nous et n’avait pas donné d’argent pour notre projet. Il disait qu’il regrettait désormais et allait soutenir tous les projets de l’association “Don de vie”, parce que tout le monde peut voir que nous avons fait ce que nous avions promis, que nous avons tenu parole. Pour moi, le fait que ce projet ait été mené à son terme, que des patients soient déjà traités au sein de l’hôpital dans les conditions optimales que nous souhaitions, est la preuve que si nous nous unissons, si nous sommes solidaires, nous pouvons faire des choses extraordinaires. Et c’est une leçon de vie… je ne sais pas si nous pouvons parler de leçon de vie mais en tout cas on peut voir ce qu’on arrive à faire en travaillant en équipe, quel impact on peut avoir ensemble, solidaires et avec l’intention de faire de bonnes choses pour les autres”.

     

    Les droits des patients en Roumanie

     

    Oana Gheorghiu revient sur les droits des patients en Roumanie.

    “Malheureusement, en Roumanie, les patients se retrouvent toujours dans la situation de devoir lutter pour leurs droits, notamment les patients atteints de cancers ou dans des situations difficiles et pour lesquels la bataille est lourde à mener. C’est pourquoi les familles appellent souvent les associations. Parfois c’est notre association qui soutient le combat des familles et des patients. Nous avons souvent aidé des patients à attaquer l’Etat en justice avec l’aide d’un avocat pro bono parce qu’ils avaient besoin d’un traitement qui n’était pas disponible ou qui n’était pas prise en charge par l’assurance maladie et fort heureusement les juges se montrent assez compréhensifs et sages dirais-je ; ils font en sorte que les patients obtiennent rapidement leur traitement grâce à une ordonnance présidentielle avant que le procès ne s’achève et que la Caisse d’assurance maladie ne soit astreinte à trouver une solution sur le long terme. Le système de santé roumain n’est pas le plus respectueux des patients, tout le monde le sait, tout le monde a été confronté à des obstacles qui empêchent de trouver des traitements, surtout dans les situations difficiles. C’est pourquoi les politiques, les ministres, médecins, professeurs d’université et autres choisissent de se faire soigner à l’étranger quand ils ont une maladie grave. Voici qui en dit long sur la qualité actuelle des soins en Roumanie, et qui devrait donner à penser aux hommes politiques, surtout en cette année électorale”.

     

    La crise des médicaments

     

    Aux problèmes d’infrastructures s’ajoute depuis plusieurs années une crise du médicament.

     

    Carmen Uscatu nous fait part de son opinion sur la démarche à suivre pour sortir de cette situation critique pour de nombreux patients.

    “Je pense qu’on ne pourra sortir de cette crise des médicaments que si nous arrivons à nous assoir tous autour d’une table, les autorités, les associations et les patients. Mais malheureusement personne n’a initié ce dialogue. Notre association « Don de vie » a produit il y a plusieurs années un rapport sur le manque de cytostatiques, des médicaments anticancéreux. Ce rapport proposait aussi des solutions mais elles n’ont pas été appliquées. Or, c’est par le dialogue que des solutions vont émerger et pourront ensuite être appliquées”.

     

    Alors qu’une association vient de réaliser ce que l’Etat peine à faire, reste à voir comment ce dernier va parvenir à accompagner cette dynamique. (Trad : Clémence Lheureux)

     

     

  • Les problèmes des enfants de Roumanie sous la loupe

    Les problèmes des enfants de Roumanie sous la loupe

    1 enfant roumain sur 5 ne parvient pas à terminer l’école

     

    Il y a peu, l’ONG Sauvez les enfants, Salvații Copiii en roumain, a publié une radiographie de la situation des mineurs dans le pays, radiographie qui met l’accent sur 10 points particulièrement critiques. Il s’agit en partie de situations problématiques bien connues qui se perpétuent depuis longtemps sans trouver de solution. A savoir : 1 enfant roumain sur 5 ne parvient pas à terminer l’école en temps et en heure, chaque année environ 7000 enfants naissent d’une mère mineure, 1200 de ces mères mineures ont déjà un ou deux enfants, plus d’un demi-million d’enfants ont vu au moins l’un de leur parent partir travailler à l’étranger, en zone rural, le taux de mortalité infantile continue à être plus élevé dans les campagnes que dans les villes (6.5% contre 4.2%). A ces problèmes s’en ajoutent d’autres moins discutés dans l’espace public et pourtant tout aussi graves. Ainsi en est-il de la santé émotionnelle et psychique des enfants. Plus de 41% des filles de 15 ans rencontrent des problèmes de sommeil et 57% d’entre elles se sentent souvent nerveuses.

     

    Le bien-être émotionnel

     

    George Roman, le directeur du plaidoyer de Sauvez les enfants déplore la faiblesse des moyens mis en œuvre pour aider ces jeunes : « Le bien-être émotionnel fait référence à la manière dont les autorités investissent dans les structures de santé mentale et de protection des enfants qui ont besoin de soutien, comment les enfants avec des besoins éducatifs spéciaux ou ceux qui sont en situation de handicap. Et nous n’avons pas de résultat positif. L’OMS a mis en évidence le fait qu’il y a des enfants en Roumanie qui présentent des problèmes de sommeil et de contrôle de soi. Ils peuvent se sentir isolés, exclus du groupe, au niveau de l’école ou de la communauté. Il faudrait débloquer des fonds pour permettre l’accès à des séances de psychothérapie, parce que les services sociaux, les directions générales de protection des droits des enfants n’ont qu’un nombre très réduit de psychologues, qui ne sont d’ailleurs pas tous formés à ces problématiques. Il y a peu d’ONG et celles qui existent sont débordées. Par exemple, il y a une longue liste d’attente pour accéder au Centre de santé mentale de Sauvez les enfants. Des enfants en besoin de suivi psychologique doivent parfois attendre entre 3 et 6 mois pour accéder à ce service gratuit ».

     

    Ces problèmes émotionnels sont en partie causés par l’absence des parents partis travailler à l’étranger. Le mirage du départ attire par la suite les jeunes qui ont grandi avec cet horizon.

     

    George Roman : « Plus de la moitié des enfants ne veulent pas rester en Roumanie, et deux des raisons qu’ils avancent pour justifier cette envie de partir sont liées au système éducatif. Un tiers environ d’entre eux a déclaré vouloir partir parce que l’école roumaine n’est pas attractive et qu’ils considèrent qu’ils ne peuvent pas s’y former d’un point de vue professionnel et éducatif. Mais il y a aussi un pourcentage assez important, que nous considérons comme significatif, d’enfants qui veulent quitter le pays parce qu’ils se sentent menacés par la pauvreté ici : entre 21 et 22 % des enfants ont déclaré cela. Ils ne veulent pas vivre dans la pauvreté en Roumanie et veulent donc partir essayer d’accéder à un meilleur niveau de vie à l’étranger, une partie d’entre eux ayant par ailleurs l’exemple de leurs propres parents en tête ».  

     

    Les abus sexuels constituent un autre aspect grave.

     

    Seules 20 % des plaintes pour agression sexuel sur mineur aboutissent à un procès.

     

    George Roman : « Il semble que nous soyons vraiment très peu soucieux de combattre ce phénomène. Hormis quelques professionnels du système judiciaire extrêmement compétents et préparés, il y a très peu de personnes au sein des services sociaux au niveau national qui sont réellement investies. Je peux vous donner pour exemple un programme développé par Sauvez les enfants en collaboration avec la Direction générale de protection des droits des enfants du secteur 6 de Bucarest depuis deux ans. C’est, je crois, l’un des rares exemples où l’enfant impliqué dans des procédures judiciaires bénéficie de la protection nécessaire au cours de son audition pour ne pas être traumatisé de nouveau ou simplement tourné en dérision au cours d’audiences qui peuvent compter jusqu’à 14 personnes. Un enfant qui a été abusé sexuellement devrait se remémorer les traumatismes qu’il a vécu devant n’importe quelle personne directement ou indirectement impliquée dans la procédure judiciaire. Je fais référence aux multiples auditions, par la police, le parquet, le tribunal, les services sociaux ».

     

     Dans les rares cas où une plainte d’abus sexuel d’un majeur sur un mineur mène à un procès, les condamnations sont non seulement rares mais 3 sur 5 d’entre elles sont assorties d’une suspension de l’exécution de la peine. Ce qui signifie que l’agresseur va pouvoir réintégrer sa communauté dans laquelle vit également sa victime.

     

    Malgré ce constat accablant, George Roman espère que la radiographie de la situation des mineurs de l’année prochaine montrera quelques améliorations. (Trad. Clémence Lheureux)

  • Véronica

    Véronica

    Elle s’appelait Véronica Popa, comme beaucoup d’autres femmes, elle élevait seule ses enfants dans des conditions matérielles difficiles. Le jour où elle a été diagnostiquée avec un cancer en stade avancé, elle n’a pas pu bénéficier de traitement parce qu’elle n’avait ni carte d’identité ni assurance maladie. Elle est morte avant que les problèmes administratifs ne soient réglés, le 26 février 2021, laissant derrière elle cinq orphelins et une prière adressée au prêtre Dan Damaschin, qui avait désespérément essayé de lui venir en aide. Dans cette prière, elle lui demande de soutenir les pauvres qui ont besoin de soins médicaux.

    Le curé de l’église de l’hôpital d’obstétrique et de gynécologie „Cuza Voda” de Iasi, le prêtre Dan Damaschin nous raconte son parcours.

     

    A la base, j’ai étudié la médecine. J’ai terminé mes études puis j’ai travaillé comme infirmier pendant que j’étudiais la théologie. Par la suite, j’ai été dans des paroisses qui étaient privées de tout soutien médical, alors j’ai continué à pratiquer en tant qu’infirmer et même en tant qu’assistant en pharmacie parce que les gens venaient me voir au presbytère où j’avais organisé un point de distribution de médicaments. Et voilà que je suis arrivé à Iasi dans une maternité, où j’ai pu mettre à contribution toute cette expérience socio-médicale afin que des mères douloureusement touchées par la pauvreté et la douleur ne bénéficient pas seulement d’un toit pour elles et leurs enfants, de nourriture et de chauffage mais aussi d’une prise en charge générale de leur santé, parce que si elles vont bien, leurs enfants iront bien et par ce biais toute la communauté. Malheureusement, au fil des années, j’ai perdu de très nombreuses batailles. Je parle des mères qui sont décédées par manque de ressources, parce que prévenu trop tard je ne pouvais plus agir, parce que nous n’avions personne pour nous soutenir dans les épreuves que traversaient ces femmes.”

     

    Ce sont ces expériences qui ont amené le prêtre Dan Damaschin à rêver d’un lieu où les mères défavorisées seraient reçues dignement. Il n’y avait plus qu’un pas à faire pour qu’un hôtel abandonné devienne la première clinique médico-sociale de Roumanie, exclusivement dédiée aux personnes sans ressources.

     

    “Pour moi, Veronica symbolise toutes les mères. C’est elle qui nous a obligé à aller plus loin, à passer à un autre niveau, de la simple idée à sa réalisation, à trouver un lieu pour installer l’hôpital et plus de ressources afin de commencer vraiment le projet. Nous nous sommes posés la question du nom à donner à ce projet, on voulait que ce nom reste et qu’il attire beaucoup d’énergie autour de lui. Nous avons fait appel à des amis expérimentés qui nous ont proposé beaucoup de noms différents, certains classiques, d’autres en anglais à destination des jeunes mais le souvenir de Veronica, de tout ce qu’elle a fait pour sa famille, pour la communauté, pour l’Eglise, ne me quittait pas et j’ai dit, ‚non ce n’est pas possible, Veronica doit rester dans nos mémoires, elle doit nous inspirer’. C’est ainsi que nous avons choisi ce nom, Veronica, comme le symbole de toutes les mères qui ont renoncé pour leurs enfants à leur carrière, à leur vie personnelle, qui ont enduré les privations pour donner de la joie aux autres et élever leurs enfants.”

     

    Les travaux de l’hôpital Veronica ont commencé en 2021 dans un contexte difficile. Dan Damaschin.

     

    ” Pendant la pandémie, de nombreux hôpitaux ont pris feu et des personnes venues pour une simple pneumonie sont sorties les pieds devant. Ces drames ont provoqué des changements législatifs portant sur les autorisations incendie et la protection civile. Il a fallu que nous revoyions tout notre projet afin qu’il respecte ces nouvelles règles, alors qu’entre nous soit dit, à Bucarest un seul hôpital sur les 20 que compte la ville respecte ce cadre légal… Nous avons dû tripler le budget du projet et maintenant le bâtiment qui abrite la clinique Veronica présente les standards les plus élevés en termes de sécurité, du toit, à l’isolation, en passant par les fenêtres, les détecteurs de fumée, les bouches d’incendie qui ont couté plusieurs centaines de milliers d’euros, mais aussi les escaliers extérieurs, les ascenseurs et tout un tas d’installations ultra performantes. Est-ce que tout ceci est nécessaire ? Seul Dieu le sait. Mais nous avons voulu le meilleur pour les mères que nous souhaitons accueillir.”

     

    Inaugurée le 8 mars dernier, la clinique Veronica est composée de 5 étages de 250 m2 chacun. Au rez-de-chaussée se trouve une pharmacie délivrant des médicaments gratuits ainsi qu’une section de radiologie avec scanner et IRM. Au premier étage se trouvent les sections de cardiologie et de gynécologie, toutes deux bénéficiant d’appareils modernes. Le deuxième étage accueille les cabinets de médecine générale, médecine interne, sections de diabétologie, pneumologie et néphrologie. Le prêtre Dan Damaschin poursuit la visite guidée.

     

    ” Au troisième étage nous avons installé une section de chirurgie ainsi qu’un cabinet de stomatologie qui ne compte malheureusement que deux fauteuils mais qui est équipé pour faire des radios dentaires. Il y a également des cabinets de microchirurgie, de médecine ORL et d’ophtalmologie. Au quatrième, il y a la section pédiatrique, la section de neuropsychiatrie et la chapelle Sainte Veronica où les patients peuvent recevoir un soutien spirituel. Autre aspect essentiel, tous les patients auront accès à des repas chauds. Une grande partie de nos patients viennent à l’hôpital mais ils n’ont même pas de quoi se payer un sandwich. Et nous voulons non seulement que leur hospitalisation se passe bien mais aussi qu’ainsi traités ils reprennent confiance en l’être humain, ils retrouvent santé et dignité.”

     

    L’hôpital Veronica va fonctionner grâce à des personnels médicaux permanents, rémunérés grâce aux donations mais aussi grâce à des soignants acceptant de faire du bénévolat en faveur des plus pauvres. La transformation de l’hôtel désaffecté, l’équipement médical, tout a été financé par le biais de donation. Plus de 3 millions d’euros ont déjà été dépensés, sur un budget total estimé à 4.5 millions d’euros. Le prêtre Dan Damaschin est conscient du chemin qu’il reste à parcourir pour pouvoir achever le projet.

     

    “Au nom de ces 10 000 enfants et de leurs mères qui ont besoin de soutien, nous vous remercions pour votre attention et vous prions de transmettre la bonne nouvelle de la miséricorde chrétienne.”

     

    Ainsi Dan Damaschin lutte ans relâche pour boucler le financement de l’hôpital Veronica de Iasi.