Category: Société

  • Le syndrome de l’absence des parents partis travailler à l’étranger

    Le syndrome de l’absence des parents partis travailler à l’étranger

    Depuis le début des années 2000, lorsque les Roumains ont été de plus en plus nombreux à se diriger vers les marchés de l’emploi européens, un phénomène social indésirable a fait son apparition en Roumanie: les enfants de ces gens partis à l’étranger son restés chez eux, élevés soit par l’autre parent soit par quelqu’un de la famille élargie. Les effets n’ont pas tardé, ayant été remarqués par les familles elles-mêmes, par les enseignants et les psychologues.



    L’absence des parents se traduit par un double manque: celui de l’autorité parentale et celui émotionnel ressenti par les enfants, avec un impact visible sur leur comportement. Quelles en sont les conséquences? Le sociologue Florian Niţu: «Les études indiquent clairement, dans ce cas, une baisse des résultats scolaires des enfants et de leur intérêt pour l’étude. Les comportements à risque et les dépendances sont également à craindre — notamment la consommation d’alcool, de tabac et de drogues. Ces enfants se rapprochent souvent de groupes délinquants et risquent même de devenir victimes de groupes criminels. Pourtant, l’impact majeur est de nature psychologique, affectant la structure de la personnalité. On peut parler d’un « syndrome du parent absent » et ce phénomène n’est pas propre à la seule Roumanie, il apparaît partout et depuis toujours. On a constaté que l’absence d’un parent ou des deux entraîne un sentiment de culpabilité et des niveaux d’anxiété élevés. »



    Tous les enfants laissés en Roumanie par des parents partis travailler à l’étranger ne présentent pas ce syndrome, pourtant ils sont tous vulnérables et ont besoin d’une attention particulière. La « Fondation pour une société ouverte » a démarré, il y a plusieurs années, un recensement de ces enfants. Victoria Cojocariu, membre de la Fondation explique: « Nous avons démarré le projet en 2007, par une première étude, et nous nous sommes rendu compte que nous devions tout d’abord connaître le nombre d’enfants restés à la maison seuls ou avec un des deux parents. Les chiffres officiels n’étaient pas fiables : depuis 2004, les statistiques font état de 80 mille enfants. Or, sachant que le nombre de Roumains ayant quitté le pays en quête d’un emploi a beaucoup fluctué au fil du temps, nous nous sommes proposé de découvrir si ce chiffre était exact. Nous avons donc réalisé une étude, publiée en 2009. L’organisation non gouvernementale « Sauvez les enfants », réalisait, de son côté, ses propres recherches. Nos résultats concordaient : en 2008, la Roumanie comptait 350 mille enfants dans cette situation — alors que la Direction générale pour la protection de l’enfant recensait un peu plus de 82 mille. Nous avons signalé cet écart important. Les statistiques officielles pour 2014 donnent toujours un chiffre autour de 80 mille. »



    Dans le cadre du projet « Orizont_FemRural », financé de fonds européens et mis en oeuvre par l’Association pour la Promotion de la Femme de Roumanie, le sociologue Florian Nitu a eu l’occasion de discuter avec plusieurs enfants. Il a constaté que tous ceux touchés par ce phénomène, parents et enfants en égale mesure, ressentaient une rupture, que chacun gérait à sa manière. Florian Nitu : «Il existe différentes manières de gérer cette séparation traumatisante, tant chez les parents que chez les enfants. J’ai rencontré des enfants qui souffraient beaucoup à cause de l’absence des parents et d’autres qui s’y sont très bien adaptés. Je dois préciser qu’il s’agit d’une relation en évolution, qui traverse des moments dramatiques, mais aussi des moments où elle fonctionne bien. Il y a des périodes dans la vie d’un enfant où il a du mal à se séparer de ses parents, et des périodes où cela est plus facile. Des moments où l’enfant est très vulnérable, selon l’âge et la conjoncture, et des moments de normalité. Il ne faut pas généraliser les effets négatifs du départ des parents. »



    Un des objectifs du projet « Orizont_FemRural » a été justement de contrecarrer ces effets négatifs, en identifiant les erreurs commises par les parents dans la gestion de la relation à distance avec leurs enfants. Florian Niţu précise: «Il paraît qu’une erreur fondamentale commise par les parents est celle de rendre l’enfant responsable de leur propre décision de partir travailler à l’étranger. Quand ils voient que leur enfant a du mal à les comprendre ou qu’il commence à pleurer, les parents lui disent qu’il partent pour lui. Cette expression «pour toi» signifie «à cause de toi» pour l’enfant : « si tu n’existais pas, je ne devrais pas partir», entend-il. La motivation « je pars pour toi » pèse lourd sur un enfant. Souvent cette explication s’accompagne de l’affirmation : « il est tellement difficile ici ». Alors, l’enfant se sent encore plus coupable : «maman et papa partent à cause de moi et là — bas ils se sentent encore pire». Lorsque ce n’est que la mère qui part, des tensions naissent souvent dans le couple qui finit par divorcer. C’est valable pour la moitié des mariages où la mère est celle qui travaille à l’étranger. Dans ce cas, l’enfant se sent coupable aussi de la séparation des parents.»



    Souvent, les parents ne gardent de contact téléphonique régulier ni avec les enfants ni avec leurs enseignants. En plus, il tentent de compenser leur absence par des quantités de cadeaux. Les experts leur recommandent de communiquer aussi souvent que possible avec les petits, par tous les moyens. Rester en contact avec les personnes responsables de l’éducation des enfants est tout aussi important, surtout dans le nouveau contexte, apparu il y a quelques années. Victoria Cojocariu nous en dit davantage: « La crise économique a apporté beaucoup de changements dans la situation de ces enfants. Il y a désormais une nouvelle catégorie : les enfants revenus de l’étranger. Une situation signalée par le ministère de l’Education il y a une année et demie. Les inspections scolaires sont confrontées au fait que des dizaines, voire des centaines d’enfants se voient obligés à rentrer au pays parce que leurs parents ne peuvent plus les garder. Ces enfants réintègrent le système scolaire roumain après avoir passé plusieurs années dans un système étranger. Ils ont évidemment des lacunes et des difficultés. Certains sont accompagnés par leurs parents, d’autres rentrent seuls. Malheureusement nous ne disposons pas de données exactes en ce sens.»



    Même si en général, la plupart des enfants finissent par se résigner au départ des parents, il y a aussi des cas isolés où les petits n’acceptent pas complètement la situation et arrivent à faire des gestes extrêmes, comme le suicide. Il est donc essentiel d’avoir des statistiques exactes et d’éduquer les parents à avoir une bonne relation à distance avec leurs enfants. (trad. Dominique, Valentina Beleavski)

  • Le portrait des jeunes roumains d’aujourd’hui

    Le portrait des jeunes roumains d’aujourd’hui

    La corruption, la pauvreté et les emplois insuffisants — ce sont les principaux problèmes du pays, dans la vision des jeunes roumains. C’est ce que constate un sondage réalisé par le Centre de Sociologie Urbaine et Régionale (CURS) pour la Fondation Friedrich Ebert Roumanie.



    Le rapport porte sur les principaux intérêts et préoccupations des jeunes roumains âgés de 15 à 29 ans en ce qui concerne la société, l’économie, l’éducation et la politique. Ainsi, plus de la moitié des personnes questionnées estiment que la Roumanie se dirige dans une mauvaise direction. Même si la plupart des jeunes se sentent capables de changer des choses dans la politique roumaine, ils se déclarent « très déçus » par les principales institutions politiques et « extrêmement déçus » par les jeunes hommes politiques.



    Par ailleurs, l’étude constate que près de la moitié des jeunes Roumains vivent avec leurs parents et que l’âge du mariage est plus avancé par rapport aux générations antérieures. Les revenus des jeunes salariés sont très variés et augmentent avec l’âge. Les hommes gagnent plus que les femmes, les citadins plus que les villageois. D’ailleurs, les jeunes de Bucarest touchent les salaires les plus élevés, alors que ceux de la région de Moldavie (dans l’est) — ont les revenus les plus bas.



    Le sociologue Radu Umbreş passe en revue d’autres caractéristiques des jeunes Roumains d’aujourd’hui: « Plus de 3 quarts des participants au sondage estiment il est important d’être à la mode, d’être indépendant, de faire du sport et d’avoir une carrière. Ce sont des traits individualistes, à comparer notamment avec d’autres aspects, tels que la fidélité, le mariage ou la participation aux actions civiques. Cette tendance est notamment à remarquer parmi les jeunes de Bucarest. Les jeunes filles souhaitent, plus que les jeunes hommes, suivre les cours d’une faculté et être fidèles dans une relation. Pour ce qui est de la consommation matérielle et culturelle des foyers où vivent les jeunes Roumains, il y a une grande différence entre les jeunes du milieu rural et ceux du milieu urbain. Dans les villes, les jeunes font partie de foyers qui dépensent en moyenne environ 70 euros de plus que les familles des villages. Ce clivage vise aussi la consommation culturelle. Et pour cause: 27% des jeunes du milieu urbain ont plus de 100 livres dans leur foyer, chose valable pour 19% des jeunes du milieu rural. De même, le pourcentage des jeunes qui n’ont aucun livre dans la maison est double dans les villages (à savoir 8,6% par rapport à 4,4%) ».



    A la différence de la population adulte, les jeunes consacrent plus de temps à Internet qu’à la télévision. Un aspect beaucoup plus évident chez les jeunes ayant une formation supérieure. Pour eux, la Toile est surtout une source de divertissement, utilisée en premier lieu pour accéder aux réseaux sociaux, en deuxième lieu — pour les vidéos de musique et en troisième lieu pour se renseigner.



    Côté éducation, l’étude constate que, sur la toile de fond de la diversification du système de l’enseignement après la chute du communisme, les jeunes roumains sont mieux éduqués que leurs parents. Près de la moitié des sujets questionnés sont intégrés dans une forme d’enseignement. Parmi eux, 2 sur 3 suivent les cours d’une école, d’un lycée ou d’une école professionnelle, environ 30% sont à l’université et 7% sont inscrits à un mastère ou un doctorat. En Transylvanie, les jeunes préfèrent les écoles professionnelles, alors qu’à Bucarest, la capitale, ils sont plus nombreux à opter pour des cours post-universitaires. Seul un jeune sur 3 se déclare toutefois content du système d’enseignement roumain, les participants les plus jeunes et ceux du milieu rural en étant les plus satisfaits.



    Radu Umbreş explique ce phénomène: « Bien que les jeunes aient bénéficié de l’expansion de l’enseignement supérieur par rapport à la génération de leurs parents, l’on constate une forte tendance de conservation de la position éducationnelle. Autrement dit, les parents ayant une formation supérieure réussissent à transmettre cet avantage à leurs enfants. 70% des jeunes ayant suivi une formation supérieure ont des parents qui, à leur tour, ont fait une faculté. Au pôle opposé, 82% des jeunes qui ont achevé les cours d’une école professionnelle tout au plus proviennent de familles où le père a eu le même niveau d’éducation ou un niveau plus bas. Bien qu’il y ait actuellement plus de place au sommet de la pyramide éducationnelle et donc de la pyramide sociale aussi, ces positions ont été occupées par les jeunes provenant de familles ayant déjà connu cet avantage. Ce qui témoigne d’un processus important d’immobilité sociale, c’est-à-dire d’une forme d’iniquité sociale où les avantages et les désavantages éducationnels sont transmis d’une génération à l’autre ».



    Parlons maintenant emplois. Selon le sondage, un jeune roumain sur 3 travaille à temps plein, un sur 10 travaille occasionnellement et plus de la moitié n’ont aucun emploi. Les jeunes roumains estiment que les relations personnelles sont essentielles lorsqu’il s’agit de trouver un emploi, suivies par l’expérience professionnelle et la formation. Dans le choix d’un job, le salaire est le principal critère. La plupart des jeunes souhaitent travailler dans le privé, et plus de 20% d’entre eux, des hommes ayant plus de 25 ans pour la plupart, rêvent de monter leur propre affaire. Environ 40% des participants à l’étude aimeraient travailler ou étudier à l’étranger, notamment en Grande Bretagne et en Allemagne. Les jeunes ayant fait des études supérieures visent plutôt les Etats Unis.



    Côté religion, même si 80% des jeunes roumains se déclarent chrétiens orthodoxes, un tiers avouent ne pas croire en Dieu ou rejettent différents aspects du dogme. En revanche il sont nombreux à se prononcer contre l’IVG.



    Le sociologue Daniel Sandu explique: « On a découvert qu’il y a un petit problème en Roumaine: celui de la législation visant l’IVG. Plus de 50% des jeunes estiment que la législation en vigueur devrait être modifiée. 19% souhaitent que l’IVG soit complètement interdite par la loi et plus d’un tiers (soit 37%) affirment que les IVGs devraient être interdites à l’exception des situations d’urgence. La chose surprenante c’est qu’en Roumanie, l’IVG n’est pas un sujet qui divise hommes et femmes. Les jeunes femmes sont tout aussi contre cette procédure que les jeunes hommes, alors que partout dans le monde c’est plutôt un problème des femmes ».



    Avant de terminer, sachez aussi que de nombreux jeunes roumains sont confiants dans une vie meilleure que celle de leurs parents. Une confiance renforcée probablement par les opportunités de la libre circulation au sein de l’UE, expliquent les auteurs de l’étude. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Portrait du touriste roumain en 2015

    Portrait du touriste roumain en 2015

    Ces 10 dernières années, l’économie et la société roumaine ont connu des changements fondamentaux. L’adhésion à l’UE, la crise économique et la sortie de la crise ont influencé le pays non seulement au niveau macro, mais aussi au niveau micro, modifiant les habitudes et les choix individuels. Ainsi, selon une étude récente réalisée par l’Association nationale des agences de tourisme, depuis plusieurs années, les Roumains ont commencé à voyager de plus en plus souvent, tendance qui se fait jour aussi parmi les seniors et les personnes à revenus modiques.

    Adrian Voican, président de la commission de marketing de l’Association nationale des agences de tourisme de Roumanie, passe en revue les principaux changements qui se sont fait jour dans ce domaine depuis 10 ans: «A mon avis, la chose la plus intéressante est le fait que le nombre des Roumains qui ne partent pas en vacances a chuté de moitié. Si, il y a 10 ans, 44% des Roumains déclaraient qu’ils ne partaient jamais en vacances, en 2014, 22% seulement des personnes interrogées n’avaient pas passé leurs vacances ailleurs. Il faut dire aussi que 50% des Roumains passent leurs vacances dans le pays – là, rien n’a changé par rapport à 2004. Qu’est-ce qui a changé ? Le nombre de Roumains qui passent leurs vacances à l’étranger a triplé. Il y a 10 ans, moins de 10% s’orientaient vers de telles destinations. Actuellement, 24%-25% choisissent d’autres pays comme destinations de vacances. »

    Cette évolution s’explique non seulement par le changement des conditions économiques, mais aussi par la diversification des offres touristiques, par la baisse de certains coûts et par un changement au niveau des mentalités.

    Adrian Voican : « Le tourisme est devenu plus accessible, plus populaire. Il y a 10 ans, le tourisme était considéré plutôt un luxe et les vacances dépendaient de certaines conditions conjoncturelles. Certains salariés bénéficiaient d’une prime de vacances accordée par l’entreprise. Les personnes plus âgées – retraités ou non – restaient chez elles. D’autres paramètres ont également changé. Il y a 10 ans, un tiers de ceux qui partaient en vacances choisissait un deux étoiles. Actuellement, leur nombre à baissé à 15%, un nombre croissant de vacanciers s’orientant vers des hôtels 4 et 5 étoiles. En 2004, 11% des touristes allouaient aux vacances un budget de 1.000 lei (250 euros). Ceux qui avaient des revenus modiques ne partaient pas en vacances. Actuellement, 34% des Roumains dépensent 1.000 lei pour leurs vacances – un budget considéré comme modeste, en 2014. Qu’est-ce qui explique ce changement ? Entre autres le système des vacances achetées à l’avance à des prix promotionnels. Les vacances ne sont plus considérées comme un luxe, mais comme une nécessité, comme une habitude de consommation. Les vacances font partie du panier d’achat habituel d’une famille même à revenus modiques. »

    Quelles sont les destinations préférées des touristes roumains dans leur propre pays? Réponse avec Traian Bădulescu, conseiller en tourisme: «En Roumanie, la première destination est le littoral de la mer Noire. La plupart des touristes partent en vacances en été, c’est pourquoi l’on recense souvent plus de 2 millions de touristes au bord de la mer en week-end. D’autres optent pour des séjours de 6 – 7 nuitées. Le tourisme balnéaire est tout aussi recherché sur l’ensemble du pays. Puis, ces dernières années, le delta du Danube a été de plus en plus demandé auprès des tours-opérateurs. On ne saurait oublier non plus les montagnes, qui ont toujours été au top des préférences des Roumains. Côté tourisme rural, les gîtes ruraux sont moins recherchés à l’aide des agences. Néanmoins, les Roumains choisissent de plus en plus souvent les pensions touristiques. Ensuite, le tourisme d’aventure se développe d’une année à l’autre, d’où l’apparition d’agences spécialisées en tourisme de montagne et d’aventure. S’y ajoutent les clubs de tourisme qui organisent des expéditions en Roumanie et à l’étranger car le secteur des explorations est lui aussi à la hausse. »

    Ce n’est pas une surprise : à l’heure actuelle les Roumains préfèrent l’avion pour se déplacer à l’étranger, alors qu’il y a une dizaine d’années la plupart prenaient l’autocar. Aujourd’hui, 55% des touristes roumains voyagent en avion, par rapport à 21% il y a une décennie.

    Où se rendent-ils? Traian Bădulescu répond: «Il s’agit notamment de destinations estivales. La Grèce est à l’heure actuelle la destination numéro 1 des touristes roumains. Elle est suivie par la Turquie et la Bulgarie. S’y ajoutent des destinations du bassin méditerranéen, notamment l’Espagne, l’Italie et Malte. Voici les destinations préférées des Roumains selon les critères de la proximité et de la qualité des services. En même temps, de plus en plus de Roumains découvrent les circuits européens, y compris en Grande Bretagne et en Irlande, ainsi que dans des zones plus éloignées, comme l’Extrême Orient, la Thaïlande, le Vietnam, le Laos, le Cambodge ou l’Amérique Latine. Les demandes de croisières se multiplient elles aussi. Celles en Méditerranée ont des tarifs plus accessibles pour les Roumains. Par ailleurs, bien que la majorité des vacances soit en été, les touristes qui voyagent en hiver préfèrent le plus souvent des city-breaks dans les grandes villes européennes. Et c’est toujours en hiver qu’ils recherchent les montagnes, notamment celles d’Autriche, la destination préférée des Roumains depuis des années. »

    Repos au bord de la mer en été et sports d’hiver à la montagne, voilà les vacances idéales des Roumains. (Trad. Dominique, Valentina Beleavski)

  • Le non-conformisme au service des besogneux 

    Le non-conformisme au service des besogneux 

    Elles sont menées non pas par les autorités ou les institutions publiques, mais par des jeunes désireux de changer les choses en mieux. Trop impatients pour attendre l’intervention de l’Etat, ils font du bénévolat au sein de fondations caritatives. Beaucoup d’entre elles, créées par eux-mêmes, portent, bien entendu, l’empreinte de leur personnalité. Mentionnons, à titre d’exemple, la fondation « Beard Brothers » de Cluj.

    C’est une bande de neuf copains, motards barbus et tatoués, qui en a eu l’idée, leur image atypique s’étant transformée en un véritable logo. Cornel Hoza, un de ces barbus, explique en quoi les a aidés ce look : « Notre fondation date de novembre 2013. On envisage de gros projets, on souhaite s’impliquer davantage dans la société et aider un nombre aussi grand que possible de personnes. On a déjà mené sept campagnes d’envergure et organisé des événements satellites. On s’investit dans n’importe quel type d’action caritative, ce qui veut dire que l’on n’agit pas selon un modèle. Bref, si l’on sent qu’il faut s’impliquer dans quelque chose, on se met au travail. Jusqu’ici, on a entre autres amassé de l’argent pour venir en aide à un petit atteint d’un cancer et acheté un minibus pour une maternelle. »

    D’autres campagnes de la Fratrie des Barbus ont visé à nettoyer les lieux au lendemain des fêtes, à collecter les déchets et à organiser des quêtes pour aider des familles en difficulté. Nous avons voulu savoir si le non-conformisme était pour quelque chose dans la réussite de ces campagnes. Voici la réponse de Cornel Hoza : « Certainement. Un gros barbu couvert de tatouages en train de vendre de petits gâteaux dans le parc de Cluj-Napoca, voilà une image qui ne peut pas passer inaperçue. Lors d’une autre campagne, pour collecter de fonds, on s’est rasé le crâne, en plein centre-ville. On essaie donc de faire les choses autrement. Tout est parti d’une bande de neuf copains, mais petit à petit, des gens aux professions et préoccupations les plus diverses nous ont rejoints. Tous partagent le désir d’aider nos semblables. C’est une association sans but lucratif et qui repose exclusivement sur le bénévolat. »

    Barbes, tatouages, motos, mais aussi et surtout capacité d’empathie, voilà ce qui explique le nombre grandissant de membres de l’association « Beard Brothers », qui compte actuellement 29 barbus et 30 jeunes filles, représentant l’aile féminine de la fratrie.

    L’intérêt manifesté pour l’environnement et les voyages a poussé les membres d’une autre association, appelée Free Mioriţa », à combiner leurs hobbies avec le désir de faire du bien de manière non-conformiste. Iulian Angheluţă nous a parlé des débuts de cette association, qui remontent à 2012 : « Nous avons commencé par le nettoyage des plages et la collecte de vêtements et de chaussures pour les moins fortunés. Notre action la plus connue a été le voyage en Mongolie, que nous avons fait à l’été 2012, avec une Dacia. C’était un rallye à des fins humanitaires. Une fois arrivés en Mongolie, nous avons fait don de la voiture à une ONG participante au rallye. Notre Dacia et les autres voitures ont été vendues aux enchères. La collecte de fonds devait servir à mettre en place un projet de numérisation en Mongolie, pays dont la majeure partie de la population mène une vie nomade. L’idée était d’offrir aux enfants une tablette ou un autre support numérique aidant à leur éducation. »

    De retour de Mongolie, où la voiture Dacia baptisée « Miorita » a fait l’objet d’un don, Iulian Angheluta et les autres bénévoles de l’association ont décidé d’apporter l’électricité dans les villages roumains qui ne sont pas encore branchés au réseau. L’absence de l’électricité touche plus de familles que l’on ne s’imaginait, explique Iulian Angheluta : « Selon les chiffres du recensement de 2011, 284 mille habitations ne sont pas branchées au réseau d’électricité. C’est un chiffre officiel. Peut-être qu’une partie de ces maisons ne sont pas habitées, peut-être que seulement 100 mille sont habitées, mais ce qui est important, c’est le nombre des personnes qui y logent. Ce sont des gens pauvres, puisque dans une telle demeure on peut avoir 5 ou 10 personnes vivant dans le noir. »

    Démarrée dans le village de Ursici, comté de Hunedoara, la campagne d’éclairage de « Free Miorita » a continué dans d’autres villages des départements de Suceava, Maramures, Caras – Severin et Brasov. Dans ces régions, les bénévoles ont installé des panneaux solaires achetés avec des dons de la part de sponsors et de personnes physiques et transportés en fonction des conditions météo. En hiver, le matériel a été transporté en traîneau alors que durant l’année, on a utilisé des carrioles tirées par des chevaux. Peu à peu, de plus en plus d’écoles de ces localités isolées bénéficient d’éclairage électrique, grâce notamment à l’installation de ces panneaux photovoltaïques.

    Iulian Angheluţă : « Nous poursuivons ainsi la direction écologique qui s’est retrouvée à la base de cette association. Les coûts sont inférieurs de beaucoup et nous n’avons coupé aucun arbre. Le soleil est encore gratuit. Les équipements présupposent certains coûts mais finalement tout va bien. Jusqu’au printemps dernier, nous avons éclairé quatre écoles dont la situation n’était pas connue au ministère de l’Education. Ils ne savaient pas que ces espaces n’étaient pas branchés à l’électricité. Nous avons également continué la recherche sur le terrain afin de voir combien de personnes étaient privées d’électricité. Nous devons convaincre des sponsors, mais le plus difficile, c’est le combat contre les autorités. L’Etat a signé une série d’engagements avec l’UE et en plus il existe un engagement moral face aux citoyens. Selon mes estimations, il y a des dizaines de milliers de personnes qui vivent dans l’obscurité, qui utilisent uniquement la bougie, la lampe à gaz et à l’huile. Des milliers de familles n’ont pas accès à l’information puisqu’elles n’ont pas d’électricité. Leurs enfants n’ont pas accès à une éducation de qualité. C’est ainsi qu’apparaissent les problèmes de santé puisque les enfants sont obligés de faire leurs devoirs à la lumière de la lampe à gaz ou de la bougie. Les problèmes sont sérieux parce que la vue est affectée. »

    Les familles qui vivent dans les villages non branchés au réseau électrique sont pauvres et ne se permettent pas de se brancher, ni de payer les factures mensuelles. Pour ce qui est de Iulian Angheluta et des bénévoles de « Free Miorita », ils n’attendent rien en échange. Ils espèrent seulement avoir suffisamment d’énergie pour poursuivre leurs actes caritatifs. (trad. Mariana Tudose, Alex Diaconescu)

  • Découvrir Bucarest en marchant au pas

    Découvrir Bucarest en marchant au pas

    Depuis quelques années, elle le fait par différents festivals urbains et de rue, tels « Des femmes rue Mătăsari », qui est en fait une foire des petits commerçants et artisans, ouverte le long de cette rue ancienne située au cœur de la ville. Début juin, pendant le festival, cette rue est transformée en zone piétonne, ce qui permet aux visiteurs de parcourir cette belle partie de la ville à pied, pour mieux la connaître. Iulian Văcărean, organisateur du festival « Des femmes rue Mătăsari » pense que de cette façon Bucarest peut redevenir une ville des gens et pas uniquement des voitures : « Nous essayons tout simplement de réunir la communauté pour rappeler aux gens que nous ne sommes pas des individus qui habitons une rue, nous formons une communauté. Au 19e siècle, les habitants d’une rue étaient très proches les uns des autres. Il y avait le troc, très important pour unir les voisins, et la taverne du quartier où tout le monde se rencontrait, il y avait l’église et le bain public, où les gens se réunissaient et causaient. Nous essayons de raviver cet esprit de la communauté, qui permet aux gens de faire de belles choses ensemble. »

    Arrivé à sa 5e édition, le festival urbain « Des femmes rue Mătăsari » offre, dans une ambiance détendue et amicale, des concerts en plein air, des objets artisanaux – depuis les vêtements et les bijoux aux produits de cosmétique et à la nourriture – ainsi que des informations sur la façon dont on peut aider ses semblables par le bénévolat et par l’intermédiaire des ONGs. Tout cela non seulement pour éveiller l’esprit de la communauté, mais aussi pour refaire la réputation de cette rue, qui, dans les années 1990 – 2000 avait acquis une triste renommée liée à la prostitution.

    L’histoire de cette rue ancienne est pourtant toute autre et l’Association roumaine pour la culture, l’éducation et la normalité ARCEN se donne pour tâche de la faire connaître. Ce pourquoi, pendant les journées du festival, elle organise des randonnées à travers l’ancien faubourg. Les promeneurs se voient offrir des informations sur l’histoire de cette partie de la ville, dont les bâtiments ont conservé le souvenir vivant. Qu’est-ce qui s’y passait jadis ? Cristian Andrei Iosif de l’Association roumaine pour la culture, l’éducation et la normalité explique : « L’histoire du faubourg Mătăsari est ancienne – puisque la rue, elle-même, est ancienne, sa première attestation documentaire datant de 1770. Son nom vient de « mătăse » – soie et il est dû à la présence des marchands de soie. Elle est située dans une zone commerciale qui connaît une longue tradition. Après la chute du communisme, en ’89, deux choses ont fait la notoriété de la rue Mătăsari et de ses environs: la prostitution et le trafic de drogues. Un des buts du festival est d’y insuffler une nouvelle vie, pour montrer que les opinions, les mentalités et même les coutumes peuvent changer. »

    Si, du côté Est de Bucarest est concentrée la plupart de son histoire ancienne, le côté nord n’est pas non plus à ignorer. Les étudiants de l’Université d’architecture et d’urbanisme, secondés par l’Ordre des Architectes ont récemment invité les habitants de la ville à découvrir un quartier un peu isolé de la capitale, conçu comme un faubourg selon le modèle américain et qui s’appelle Bucureştii-Noi – soit le Nouveau Bucarest.

    Tout a commencé à la fin du XIXe lorsque l’avocat Nicolae Bazilescu a partagé son domaine en plusieurs lots qu’il a par la suite proposé à la vente, à petits prix, à ceux qui souhaitaient se faire construire des logements près de la capitale. Il en a résulté un quartier pittoresque, qui, bien que formé de lots et de rues en angle droit comme dans les banlieues américaines, était spécifique à Bucarest par le mélange urbain – rural. La spécificité et l’histoire de la zone sont présentées, au cours de longues promenades, toujours par les membres d’ARCEN.

    Edmond Niculuşcă parle du quartier Bucureştii Noi et de Nicolae Bazilescu : « Le nouveau quartier devait avoir de tout : église, école, parc. L’église est restée. Bazilescu a proposé des lotissements qui se sont vendus rapidement et qui ont été re partagés par la suite. Il a également construit quatre fabriques censées soutenir la communauté du point de vue économique. La fabrique de briques, par exemple, n’a jamais été profitable parce qu’elle a été faite strictement pour les habitants du coin. Il y avait même une voie ferrée privée qui reliait ce nouveau quartier à la ville ancienne. Ses plans étaient grands, mais tous n’ont pas été menés à bonne fin parce que la destinée de la famille Bazilescu allait être brisée par l’arrivée des communistes. »

    Pas avant de conférer à la capitale un quartier qui est aujourd’hui admiré justement pour sa spécificité bucarestoise. L’architecte Tudor Elian nous le décrit : « Sa spécificité, c’est la normalité, avec des maisons qui ont un air typique pour Bucarest : de petites maisons, avec peu de chambres, mais qui laissent de la place pour le jardin, que ce soit un potager ou un jardin de fleurs, où l’on vit une partie importante de la journée, où il y a des chats… Rien d’impressionnant, tout est normal et cela subsiste encore. Ce type de maisons est plutôt spécifique aux bucarestois qui vivent là depuis des générations et des générations plutôt qu’à ceux récemment venus de la campagne ou de province qui se modernisent rapidement et qui attendent autre chose de la capitale. »

    Bien que ce type d’habitat subsiste encore, il est menacé et c’est justement pour mettre en exergue ce danger que les étudiants en Architecture ont organisé une exposition de photos dans la cour même d’une maisonnette typique pour Bucureştii Noi. Sur cette exposition, écoutons l’architecte Tudor Elian, coordinateur des étudiants : « Peu à peu, les choses ont pris de l’ampleur. Si, au début, c’était un projet pour obtenir une note, il s’est transformé en projet censé aider l’Association sauvez les quartiers Damăroaia et Bucureştii Noi, qui luttent en justice contre plusieurs illégalités qui s’y passent. Il s’agit de la construction illégale ou qui ne correspond pas aux permis de construire. Nous avons dans ce contexte une petite expo de photos qui montre le caractère normal, quotidien d’une architecture et l’ambiance très agréable du quartier. L’expo propose des projets alternatifs aux nouveaux bâtiments, qui se fonde sur la dimension humaine et l’architecture déjà existante ».

    L’expo « L’habitat à Bucureştii Noi » s’est accompagnée, pendant quelques jours, de concerts de jazz, de discussions et exposés, le tout dans la cour d’une maison du quartier. Un événement qui combine les actions culturelles aux actions civiques pour rendre l’habitat à Bucarest aussi agréable et naturel que possible. (Trad.Dominique, Ligia Mihaiescu)

  • Un nouveau rapport concernant l’intégration des immigrants

    Un nouveau rapport concernant l’intégration des immigrants

    Par le programme-cadre « Solidarité et gestion des flux migratoires de la communauté européenne », le Centre de recherche et de documentation dans le domaine de l’intégration des immigrants, en collaboration avec la Fondation pour une société ouverte, a réalisé le baromètre 2015. L’équipe coordonnée par Camelia Mihalache a défini 13 dimensions importantes de l’intégration des immigrants, allant de la libre circulation à l’intégration proprement-dite, par l’octroi de la nationalité.

    Pour se voir accorder la nationalité roumaine, un immigrant doit habiter en Roumanie pendant 8 ans – ou 5 ans si la personne en question est mariée à un citoyen roumain. Durant cette période, les immigrants n’ont pas le droit de voter et d’être élus, ne peuvent pas créer de partis ni déposer de pétitions. Pour modifier les conditions offertes aux immigrants afin qu’ils puissent participer activement à la vie politique du pays concerné – à l’exception du droit de vote, qui exigerait des amendements à la Constitution – il suffit d’adopter une vision moderne et d’accepter le rôle positif de la diversité dans la vie d’une société.

    La chercheuse Bianca Floarea, de la Fondation pour une société ouverte, explique : « La libre circulation est une première dimension de l’intégration. Il s’agit des droits d’entrée et de séjour sur le territoire de la Roumanie. Nous nous sommes également rapportés à leur mobilité à l’intérieur des frontières du pays. A cette fin, 3 indicateurs ont été pris en compte : les conditions permissives d’entrée et de séjour, la libre circulation à l’intérieur des frontières et le renouvellement des permis de séjour pour les immigrants. Les résultats de l’évaluation pour cette dimension sont parmi les meilleurs – bien que les chiffres soient légèrement en baisse par rapport à l’année dernière. La libre circulation occupe la 3e place parmi les 13 paramètres, avec 7 points sur 10. La dimension « opinion publique et réintégration de la famille » a obtenu 10 points sur 10. La libre circulation, ainsi que le droit au travail et l’intégration économique occupent la 3e place. En ce qui concerne ce premier indicateur, il faut dire que pour entrer sur le territoire roumain et pour obtenir un permis de long ou de court séjour, les ressortissants de pays tiers doivent remplir plusieurs conditions. Une partie de ces conditions sont générales – par exemple, être en possession d’un document valable pour franchir la frontière, ne pas être frappés de l’interdiction d’entrer sur le territoire roumain, ne pas représenter un danger pour les autres. A ces conditions générales s’ajoutent des conditions spécifiques, concernant la raison pour laquelle la personne en question est entrée en Roumanie : réintégration familiale ou études. »

    Suite à l’adoption en 2014, de l’arrêt n°25 visant l’intégration des immigrants, les personnes qui se sont vu accorder un permis de séjour n’ont plus besoin d’obtenir un permis de travail. Il s’agit des personnes qui sont à la tête des filiales, des représentations ou des succursales étrangères se trouvant sur le territoire roumain, ainsi que de celles qui séjournent temporairement en Roumanie, pour y faire des études. La chercheuse Daniela Tarnovschi, de la Fondation pour une société ouverte, présente les résultats du rapport pour la dimension anti-discrimination : « Les Roumains se déclarent tolérants et acceptent les immigrés. Pour ce qui est de la discrimination, nous avons utilisé dans ce rapport la définition figurant dans la loi. Nous avons étudié quatre indicateurs : le respect des droits fondamentaux, la protection légale des étrangers contre la discrimination, les politiques efficaces de lutte contre la discrimination et le fait que les migrants ne se sentent pas discriminés. Côté évaluation, on observe que par rapport à 2014, il existe une baisse pour ce qui est de la non-discrimination des immigrants. Au sujet de la protection légale des étrangers contre la discrimination, il existe un cadre légal anti-discrimination, mais il n’existe pas un cadre censé protéger effectivement les étrangers ou sa mise à profit est déficitaire. Côté politiques d’intégration efficace de lutte contre la discrimination, le résultat est qu’il n’existe pas de telles politiques intégrales efficaces. »

    Pour ce qui est de l’accès des étrangers à l’ensemble des politiques de soutien et aux systèmes de protection sociale, Luciana Lazarescu a passé en revue les principaux résultats de la recherche menée par la Fondation pour une société ouverte : « La dimension de la prospérité est en fait un support pour toutes les autres dimensions. Nous avons pris en compte surtout les habitations, notamment les logements sociaux, mais nous avons analysé aussi le marché privé de l’immobilier. L’accès au système d’assistance sociale a lui aussi été examiné, ainsi que deux composantes du système de contribution à la sécurité sociale : l’accès aux soins de santé et la sécurité sociale. Un plan important dans le paradigme des services qui offrent de l’appui, c’est la collaboration institutionnelle, le suivi et l’évaluation de l’impact des programmes et des services sur les migrants. » L’évaluation du bien-être des migrants illustre un score supérieur à la moyenne des autres dimensions du rapport 2015 réalisé par la Fondation pour une société ouverte. (Trad. : Alex Diaconescu, Dominique)

  • La sécurité des aliments et des consommateurs de Roumanie

    La sécurité des aliments et des consommateurs de Roumanie

    2015 a été déclarée Année européenne du développement, afin de mettre en évidence encore plus la manière dont l’Europe communautaire aide les sociétés et les Etats non membres à se développer. Des activités à thème différent sont prévues pour chaque mois de l’année. Parmi les thèmes en vue figure la sécurité alimentaire, un accent particulier étant mis sur l’éradication de la malnutrition qui tue annuellement plus de 3 millions d’enfants à travers le monde.

    La sécurité alimentaire pose d’autres problèmes en Roumanie: combien sûrs pour la santé des consommateurs sont les aliments proposés dans les magasins ou sur les étals des marchés ? Il existe, bien évidemment, nombre d’institutions gouvernementales qui veillent à ce que les aliments soient sains et nourrissants, dont l’Autorité nationale pour la protection des consommateurs et l’Autorité nationale sanitaire vétérinaire.

    Les institutions habilitées vérifient les producteurs et les commerçants, du point de vue de la sécurité sanitaire des produits proposés aux consommateurs, déclare le ministre roumain de l’Agriculture, Daniel Constantin : « En ce qui concerne la sécurité des aliments, je pense que dans la Roumanie d’aujourd’hui et avec la législation en vigueur, il n’y a plus beaucoup de consommateurs sceptiques, si l’on prend en compte les espaces de commercialisation autorisés. Le message que nous avons toujours essayé de transmettre est celui que tout ce qui sort d’un abattoir ou d’une unité de transformation, par exemple, est propre à la consommation. En plus, il existe une multitude d’institutions publiques à qui il incombe de certifier si oui ou non tel ou tel aliment est sûr. Moi, en tant que consommateur, si je vais aujourd’hui acheter un produit dans un magasin, je sais exactement quelle est la provenance de la marchandise. Tel n’est pas le cas sur les marchés paysans, où l’on ignore d’où viennent les fromages ou les pommes. Avant le 1er mai, date à laquelle on a introduit le carnet du producteur et du commerçant, nous étions dans l’impossibilité de vérifier la traçabilité des produits. Depuis lors, tout producteur est obligé de préciser l’origine des produits mis en vente. »

    Pourtant, tous les acheteurs ne sont pas certains que les denrées alimentaires qu’ils trouvent au magasin ou aux marchés sont sains et naturels. Nous avons demandé l’opinion de plusieurs consommateurs. Voici ce que nous a répondu notre premier interlocuteur, prénommé Nicu : « Sincèrement, je ne les trouve pas sûrs, vu qu’ils regorgent de produits chimiques, pour ne plus parler des additifs alimentaires, présents dans certains produits. Les autorités nous conseillent de vérifier l’étiquette, mais ce n’est pas si facile que ça. Les personnes d’un certain âge ou celles qui manquent d’une formation appropriée ont du mal à interpréter les informations inscrites sur l’emballage. D’autre part, on constate que le goût des aliments n’est plus du tout ce qu’il était autrefois. Ni les aliments ni les légumes des magasins ou des marchés ne sont plus naturels. »

    Ceci étant, préférerait-on les aliments bio, issus d’une agriculture écologique ? « Ils sont plus chers, car difficiles à obtenir. Ce serait idéal de ne consommer que des produits bio, mais on ne peut pas se les permettre. Enfin, tous les produits vendus devraient être bio. »

    Catalina est également sceptique non seulement au sujet des produits normaux, mais aussi pour ce qui est des produits BIO. « Ni même les produits BIO ne sont pas sûrs, tout comme les autres qui ne sont pas nécessairement pleins de produits chimiques, mais ils sont déviés du normal. Il y a des différences entre ce qu’est écrit sur l’étiquette et la composition proprement dite du produit. Le consommateur ne peut pas vérifier ce qui est écrit sur l’étiquette. Et il s’agit de tous les aliments : produits de charcuterie, conserves, fruits et légumes. »

    Le fait que les produits ne sont plus 100% naturels peut provoquer des problèmes de santé, affirme Catalina : : « Même si les problèmes de digestion ou d’autres problèmes de santé provoqués par les aliments ne sont pas visibles sur place, ils se font sentir dans le temps. Et je pense notamment aux problèmes du système digestif, de la dentition. Chez nous les fruits et légumes sont ionisés pour résister le plus possible dans les étals. Ce qui plus est, ils sont traités aux pesticides. »

    Parmi les maladies qui connaissent une recrudescence ces derniers temps figure aussi le cancer, également favorisé par les aditifs présents dans le aliments produits à échelle industrielle, qui abondent dans les grandes surfaces, affirment certains consommateurs. Corina Zugravu, médecin à l’Institut national de santé publique nous rassure : « Absolument tout ce qui est permis en Europe est également permis chez nous et vice-versa. La notion de cancérigène associée à certaines substances introduites dans les aliments est fausse par définition. Lorsqu’on fait des expériences pour l’introduction de nouveaux additifs dans les aliments, la première barrière que ces produits doivent traverser est justement l’action cancérigène. Au moment où un additif semble avoir même vaguement une action cancérigène, il n’est pas admis, il n’est pas accepté. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne fera pas partie de la composition des aliments. Le public est pourtant confronté à un important problème. Il est beaucoup plus facile de penser que c’est un additif qui vous a rendu malade au lieu de reconnaître que votre propre style de vie est malsain et qu’un alimentation incorrecte vous a provoqué une maladie cardiaque. »

    Et pourtant, les nutritionnistes affirment qu’une alimentation saine devrait absolument contenir aussi des fruits et légumes crus. Ecoutons Corina Zugravu : « Par ailleurs, il est tout aussi vrai que les aliments traités ne sont pas du tout synonymes d’une alimentation saine. On peut y trouver des alternatives plus saines même dans les magasins. Nombre d’aliments sont tellement traités parce que les consommateurs le demandent. Nos consommateurs sont de grands amateurs de produits très sucrés, très salés et très gras. »

    Par conséquent, lorsqu’il est question de sécurité alimentaire, les consommateurs en sont tout aussi responsables que les institutions gouvernementales. (trad. Valentina Beleavski, Alex Diaconescu)

  • Les préférences culturelles des Roumains

    Les préférences culturelles des Roumains

    A première vue, une partie des données fournies par le dernier baromètre de consommation culturelle, rendu public par le ministère de la Culture, ne sont pas du tout flatteuses: près de 63% des Roumains ne vont jamais au théâtre, 39% dentre eux nont rien lu en 2014, tandis que 79% nont guère fréquenté les bibliothèques. Pourtant, aussi bien les auteurs du sondage, chercheurs à lInstitut national pour la recherche et la formation culturelle, que les experts indépendants considèrent que les données respectives doivent être interprétées sans prétentions élitistes et quil faut surtout les placer dans un contexte.



    Andrei Crăciun, chef du service de recherche au sein de linstitut mentionné, affirme que tant les types de consommation spécifiques à la « haute culture », que ceux relevant de la « culture de masse » ont été pris en compte: « Les Roumains sont des consommateurs de culture, mais cela dépend de la définition que lon applique à cette dernière. Parfois, nous pensons aux éléments qui définissent la haute culture, tels les théâtres, les opéras, les musées. Toutefois, dans nos études, nous conférons à la culture un sens plus large, lui associant aussi des activités organisées en plein air et des genres musicaux dits populaires. Un autre critère est celui de lendroit pris en compte, à savoir le milieu rural ou la ville, mais, somme toute, on ne peut pas affirmer que les Roumains ne sont pas consommateurs de biens culturels».



    Lhistorien et critique littéraire Ion Bogdan Lefter souligne, lui, le mélange des deux types de préférences – lun pour la « haute culture », lautre pour la « culture de masse », qui est à retrouver dans dautres sociétés aussi: « Si lon sattend à ce quun beau jour la consommation culturelle atteigne de hauts niveaux – en ce sens que tout le monde lise un livre par semaine, aille au théâtre ou fréquente souvent les musées – alors là, les sondages sont décevants. Pourtant, si nous considérons la normalité à travers le monde, le type occidental de sociétés dont nous faisons partie aussi, nous constatons que nous sommes tout à fait compatibles avec nos semblables. Les données pas forcément spectaculaires fournies par ces recherches font état dune société ordinaire, où il y a des gens très cultivés, grands consommateurs de culture, mais aussi des individus moins instruits, des personnes fortunées, mais aussi des démunis. Dans ces sociétés-là, la consommation de biens cultuels nest quun type de consommation parmi dautres ».



    Une des conclusions de cette étude porte sur lapparition de ce que lon appelle la consommation culturelle de type omnivore et sur le développement de pratiques culturelles hybrides, qui combinent plusieurs types de loisirs. Aller au spectacle, au cinéma, écouter un concert, ce sont des activités associées aux sorties en ville ou au divertissement, estime Andrei Crăciun: « Les galeries marchandes sont très fréquentées, y compris pour la consommation de culture et le cinéma. Elles sont donc un espace de socialisation aussi. On commence même à faire du théâtre dans des espaces alternatifs, autres que ceux consacrés. Les jeunes surtout préfèrent ces derniers, car ils leur offrent plus dexpériences, dont la possibilité de passer du bon temps entre amis».



    Ceci étant, on assiste à une légère hausse de la participation à des spectacles divers et du taux de fréquentation des musées. 63% des habitants de la capitale roumaine, par exemple, vont chaque mois au théâtre et 62% dentre eux ont visité un musée dhistoire cette dernière année. Il faut noter que les musées dhistoire figurent en tête de leurs préférences, devant les musées de sciences naturelles. Les festivals aussi sont très prisés. 48% des Roumains se rendent aux festivals de film et de musique, tandis que 43% préfèrent les spectacles de divertissement et de musique.



    Depuis quelques années, le nombre des Roumains à sêtre rendus au moins une fois à un spectacle de théâtre, dopéra ou de musique classique est constamment à la hausse. Petit bémol, la majeure partie de ces spectateurs participe à un nombre très restreint de spectacles relevant dun seul genre culturel et ne manifeste pas dintérêt particulier pour lacte artistique. Nous assistons donc à un phénomène dalphabétisation culturelle et non pas de fidélisation des spectateurs à un certain type de haute culture.



    Andrei Crăciun nous parle dautres préférences culturelles des Roumains: « Sur lensemble de la population, cest la musique folklorique qui est la favorite. Les autres genres musicaux, par ordre de préférence, sont la musique légère, la pop-dance et autres genres à fort impact médiatique. On a également constaté une légère tendance décroissante de la popularité des ‘manele, ce style musical né dans les périphéries des grandes villes, aux rythmes inspirés surtout de la musique tsigane, disco et orientale. Lengouement pour les manele, très manifeste dans les années 2007 – 2009, sest entre temps éteint. Enfin, les comédies figurent parmi les premières options en matière de productions théâtrales, aux côtés des spectacles multimédias ».



    Quant à la lecture, elle semble régresser: en 2014, 39% des Roumains déclaraient navoir pas lu de livre, contre 18% qui avaient lu quotidiennement, 16% avaient lu une ou deux fois par mois, 13% une ou deux fois par semaine et 14% une ou deux fois par an. En faisant le calcul, on dirait que les lecteurs sont plus nombreux que ceux qui ne lisent pas. Les représentants des maisons dédition contestent cette conclusion, qui découlerait dune erreur dinterprétation.



    Mihai Mitrică, directeur exécutif de la Fédération des éditeurs de Roumanie explique: « Cette étude contredit toutes les observations sociologiques antérieures, y compris lEurobaromètre publié lannée dernière. Par exemple, selon létude rendue publique par le ministère de la Culture, un Roumain sur deux lit un livre par mois. Or cest aberrant, vu quen 2014, le même nombre dindividus – environ une moitié de la population – lisait un livre par an. Un tel saut de la consommation de livres ne saurait sexpliquer que par une erreur dinterprétation des données. Le marché du livre stagne depuis plusieurs années aux environs de 100 millions deuros, chiffre qui comprend 60 millions deuros du marché traditionnel et 35 à 40 millions du marché des manuels scolaires et des volumes de kiosque ».



    En outre, la diversification des options culturelles et la multiplication des modalités daccès à la culture, dont Internet et les technologies numériques, changent non seulement notre perception de la « haute culture » et de la « culture de masse », que la manière dont nous valorisions la lecture par le passé. (trad.: Mariana Tudose)

  • Les droits des patients aux services médicaux

    Les droits des patients aux services médicaux

    L’espérance de vie des Roumains est moindre par rapport à d’autres pays d’Europe. Les Roumains vivent, en moyenne, 7, 8 ou 9 ans de moins que les Allemands, les Espagnols, les Français et respectivement les Suisses. Un rapport élaboré par l’Organisation pour la coopération et le développement économique et la Commission européenne révèle que la Roumanie se porte bien pour ce qui est de l’incidence du diabète et du cancer, mais qu’elle enregistre un taux élevé de mortalité infantile. En milieu rural notamment, où vivent près de 46% de la population du pays et environ 50% des enfants roumains, ce taux s’est chiffré, en 2013, à 10,4 pour mille enfants, contre 6,8 pour mille enfants en milieu citadin. L’accouchement prématuré, qui survient dans 10% des grossesses, en est la cause principale. Les facteurs à l’origine de ce phénomène sont le mode de vie, le manque d’informations, l’attention insuffisante prêtée à la prévention et le sous-financement du système de santé. Beaucoup des décès qui surviennent en milieu rural pourraient être prévenus en mettant en place des programmes support destinés aux mères et aux enfants ou bien en dotant les maternités d’équipements médicaux performants.



    Ce sont là les conclusions du débat intitulé « Les droits des patients, entre théorie et pratique », organisé par la Fondation World Vision România en partenariat avec les commissions spécialisées du Sénat de Bucarest. L’occasion d’appeler tous les décideurs des milieux politique et institutionnel à œuvrer ensemble pour rendre plus faciles d’accès ces services médicaux de qualité dans le cas des familles vulnérables vivant en milieu rural. Les organisateurs de ces débats se sont proposé d’analyser l’écart entre la théorie et la pratique quand il s’agit du droit des patients à de bons services de santé. La Fondation World Vision România prête une attention particulière aux enfants habitant à la campagne, car plus exposés aux inégalités en matière de services médicaux basiques, affirme Daniela Buzducea, directrice exécutive de la fondation.



    Daniela Buzducea : « L’étude que nous avons rendue publique l’année passée et qui s’intitule “Le bien-être de l’enfant en milieu rural” constate qu’en 2013, parmi les moins de cinq ans, un enfant sur cinq n’avait pas été examiné par un médecin. Or, il est de notoriété que les petits ont grand besoin de ces consultations médicales, de vaccins et de suivi de leur croissance et développement. En l’absence de l’identification en temps utile des problèmes éventuels de croissance et de développement, les interventions médicales ultérieures risquent de coûter plus cher non seulement au budget public, mais aussi et surtout à la vie de l’enfant, qui voit diminuer sa chance de grandir sainement et de contribuer ainsi au développement social et économique de la société. On n’a pas suffisamment investi dans l’éducation des parents en ce qui concerne la santé de leur progéniture. C’est ce qui explique le nombre important de parents qui ignorent toujours le fait que les enfants ont droit aux services médicaux de base, même si les cotisations d’assurance maladie ne sont pas réglées. Même cas de figure pour les femmes enceintes, assurées ou non, qui devraient bénéficier de soins médicaux. Le courant d’opinion défavorable à la vaccination qui se manifeste, malheureusement, depuis un certain temps, devrait déterminer l’Etat à élaborer une meilleure stratégie de communication au sujet de l’importance des vaccins. Il n’y a aucune étude solide qui puisse justifier le refus d’un si grand nombre de parents de faire vacciner leurs enfants ».



    Présent au débat, Vasile Ciurchea, président de la Caisse nationale d’assurances maladie, a parlé, entre autres, des cartes de santé obligatoires depuis le 1er mai. Il a également fait savoir que les soins médicaux à l’étranger sont remboursés annuellement à hauteur de près de 70 millions d’euros.



    Vasile Ciurchea a pourtant reconnu que nombre de localités de Roumanie manquent de médecins traitants : « On a recensé, à travers le pays, 300 localités, plus ou moins petites, où il n’y a pas un seul médecin traitant. Elles sont situées dans des régions défavorisées, telle que Vaslui ou les monts Apuseni ou encore dans des endroits difficiles d’accès. Pour encourager les médecins à s’y rendre, nous avons révisé à la hausse les bonus accordés pour le travail en milieu rural. Aux termes d’un contrat-cadre, un nombre supplémentaire de 25% des médecins de campagne touchent désormais un bonus considérable. Pour les conditions plus spéciales, comme c’est le cas dans le Delta du Danube, ce bonus équivaut à 200% du salaire… Ces médecins traitants doivent soigner un très grand nombre de patients, soit environ 4500 personnes. Nous tentons de convaincre les autorités locales et départementales de supplémenter elles aussi les revenus du personnel médical, afin de l’y attirer ».



    La tuberculose est une maladie guérissable à condition d’être dépistée à temps et soignée de manière adéquate. Malheureusement, à ce chapitre aussi la Roumanie enregistre le plus grand nombre de cas : un sur cinq ressortissants européens diagnostiqués comme étant atteints de tuberculose provient de Roumanie. En outre, trois décès causés par cette maladie surviennent chaque jour en Roumanie. Par ailleurs, à défaut de traitement, cette affection est une menace à l’adresse de la santé publique, car une seule personne atteinte de tuberculose peut infecter jusqu’à 15 personnes annuellement. La Fondation Romanian Angel Appeal a récemment organisé un débat autour de la nécessité d’impliquer les autorités locales dans l’éradication de la tuberculose par le financement de services gratuits d’accompagnement psychologique et social des patients. Les malades de la tuberculose bénéficient déjà, dans quatre hôpitaux de pneumo-phtisiologie du pays (Bucarest, Bisericani, Baia Mare et Leordeni), de services gratuits de conseil psychologique et social, ainsi que d’appui financier pour le traitement. Il s’agit d’un projet lancé en 2013 par la Fondation Romanian Angel Appeal et qui permet à mille patients de surmonter les désagréments de la maladie.



    Cristina Popa travaille comme médecin à l’Institut de pneumo – phtisiologie « Marius Nasta » de Bucarest, un des quatre établissements hospitaliers publics de Roumanie à dispenser ce type de services.



    Cristina Popa: « 218 patients sont concernés par ce projet, qui a également supposé 163 enquêtes sociales. 172 personnes ont bénéficié de soutien financier, ce qui signifie que, durant chaque mois de traitement médicamenteux correctement administré, les patients ont reçu 100 lei, tandis que 26 malades ont été inscrits à des cours de formation professionnelle. La plupart des 218 malades pris en compte sont des hommes. Selon mes propres constats relatifs au déroulement de ce projet, lorsque le patient bénéficie d’une approche médicale d’équipe, il recevra des informations pluridisciplinaires, ce qui mène à une meilleure qualité de l’acte médical. J’ai également pu observer la communication directe et ouverte entre les membres de l’équipe médicale et les patients. Je tiens à souligner la portée du rôle de l’infirmière qui travaille dans la salle de traitement, qui a raffermi la confiance dans les services médicaux. Jusqu’ici, deux patients seulement ont abandonné le traitement, soit 1% des personnes inscrites dans le projet. Je dirais que c’est un bon résultat, compte tenu du fait qu’un Programme national de contrôle de la tuberculose accepte un taux d’abandon maximum de 10% ».



    La Roumanie a franchi un pas important dans la lutte contre cette maladie en adoptant une Stratégie nationale de contrôle de la tuberculose pour la période 2015-2020. L’enveloppe impartie à cette stratégie se monte à 1,571 milliard de lei. (Trad. Mariana Tudose)

  • La psychologie des Roumains dans le post-communisme

    La psychologie des Roumains dans le post-communisme

    La revue américaine « Science » publiait en 2005 une étude comparative réalisée sur 49 cultures à travers le monde et consacrée aux différences entre la perception que les peuples ont d’eux-mêmes et leur nature réelle. Comme les Roumains ne se retrouvaient pas dans cette étude, les chercheurs du Département de Psychologie Clinique et de Psychothérapie de l’Université Babes-Bolyai de Cluj-Napoca ont décidé d’entreprendre leur propre enquête à ce sujet. Dans leur recherche exhaustive, qui s’est étalée sur une dizaine d’années, les chercheurs roumains ont eu recours à la méthode utilisée par les Américains, complétée par des études autochtones et des tests expressément réalisés à cette fin.



    Les résultats, rendus publics cette année, présentent le profil psychologique générique des Roumains. Les auteurs de l’étude se sont également proposé de confirmer ou d’infirmer deux analyses plus anciennes, à savoir « Sur la psychologie du peuple roumain », parue en 1907 sous la signature de Dumitru Drăghicescu, et la « Psychologie du peuple roumain », élaborée par Constantin Rădulescu-Motru et publiée en 1937. Les conclusions de ces savants ont été, dans leur majeure partie, confirmées par l’étude actuelle, avec bien évidemment, quelques nuances et développements. Intéressantes et surprenantes sont les divergences entre ce que l’on désigne par les termes de « profil psychologique en surface » et respectivement « profil psychologique en profondeur ».



    Le premier rend compte de la conduite et de la pensée actuelles, le second porte sur les traits potentiels, à savoir ceux qui pourraient se manifester dans certaines circonstances. Le professeur Daniel David, de l’Université Babes-Bolyai de Cluj-Napoca, détaille ces différences: « Quant au profil psychologique en profondeur, qui se réfère à notre potentiel en matière d’intelligence cognitive, de créativité, d’apprentissage, d’intelligence émotionnelle, nous avons découvert que les Roumains ne diffèrent pas par rapport aux habitants d’autres pays de l’Europe moderne. Pourtant, un coup d’œil jeté en surface, c’est-à-dire sur notre manière d’être réelle, montre que ce potentiel n’est pas mis à profit dans son intégralité. Par exemple, en comparant les résultats obtenus par les Roumains à différents tests éducationnels, on constate que les performances ne sont pas élevées du tout. Un autre constat est celui que les résultats de l’innovation ne sont pas importants non plus, bien que notre potentiel créatif n’ait rien à envier à celui des Américains ou des Britanniques. Il existe donc un grand écart entre ce que l’on pourrait faire et ce que l’on a fait».



    Un trait spécifique des Roumains met en évidence aussi les différences fondamentales par rapport à d’autres peuples. Daniel David: Une question essentielle sur laquelle on se doit de travailler encore est celle de la méfiance à l’égard de nos semblables. Dans le cas des Roumains, cette méfiance est très grande. Nous nous sommes penchés sur cet aspect dans une autre étude qui sera achevée prochainement. Nous y avons examiné la distance sociale dans 53 cultures du monde. Nous avons procédé, par exemple, à une étude comparative entre les Roumains, d’une part, les Américains et les Britanniques de l’autre. Nous sommes parvenus à la conclusion que les Américains et Britanniques acceptent un étranger dans leur espace privé, en lui accordant d’emblée le statut d’ami et en lui faisant confiance. Les Roumains, en échange, placent l’étranger d’abord dans un espace social. L’étranger doit gagner leur confiance pour pouvoir accéder à leur espace privé ».



    L’espace personnel, familial, est d’ailleurs essentiel chez les Roumains. Voilà pourquoi ils ne s’intéressent pas trop à des notions telles que « le bien général », étant plutôt caractérisés par un individualisme teinté d’égoïsme, lequel, de l’avis du professeur Daniel David, diffère de l’individualisme qui sous-tend la civilisation occidentale moderne: « L’individualisme est, en fait, un concept qui s’explique par la solidarité volontaire d’individus autonomes, qui mène à des communautés généreuses fortes. L’Individualisme n’est pas synonyme d’égoïsme. C’est le concept fondamental des peuples de l’UE, excepté le Portugal, la Grèce, la Bulgarie et la Roumanie. Toutefois, quand on parle des Roumains en utilisant le terme d’individualiste, on risque de tomber dans l’erreur. Notre individualisme à nous, remarquait Rădulescu-Motru, n’est pas similaire à celui de l’Occident. Il est plutôt autarchique, égoïste. Or cela ne nous aide pas à nous montrer solidaires, à nous faire confiance les uns aux autres. C’est la raison pour laquelle nous ne sommes pas capables de créer de fortes communautés. Notre esprit grégaire est lié au collectivisme, mais un collectivisme plus restreint, qui n’englobe pas les voisins ou les collègues. Notre esprit collectif est confiné à la famille, ciblé sur celle-ci. On ne fait confiance qu’à nos proches. Même les amis doivent passer le test de la confiance pour pouvoir rejoindre notre cercle privé. Bref, la famille représente pour nous un élément de sécurité et de protection. »



    Ceci étant, qu’en est-il de l’hospitalité, un des stéréotypes favoris des Roumains quand il s’agit de dresser leur autoportrait ? Nous nous considérons comme étant des personnes aimables, donc hospitaliers, tout en reconnaissant ne pas être dignes de confiance. Daniel David explique ces contradictions: « La question de l’hospitalité est plus compliquée. Là aussi il faut faire la différence entrer la manière dont nous nous percevons nous-mêmes et notre façon d’être en réalité. Les Roumains, tout comme d’autres peuples, d’ailleurs, ont ce stéréotype d’auto-admiration. En clair, ils se considèrent chaleureux et compétents. Ils affirment également être plutôt affables que dignes de confiance. La confiance est donc évaluée aussi bien d’un point de vue subjectif qu’objectif. Même approche pour ce qui est de la compétence, avec ses deux volets: discipline et efficacité. Nous autres Roumains, nous croyons être efficaces, mais moins disciplinés, ce qui correspond aux mesurages objectifs ».



    Pour mesurer la compétence professionnelle des Roumains il faudrait prendre en compte les rapports qu’ils entretiennent avec le travail. Il existe là encore des différences entre les deux types de profil psychologique: « Le travail semble être pour les Roumains un moyen d’émancipation sociale. S’il garantit le revenu nécessaire pour grimper sur l’échelle sociale, ils font preuve de persévérance et travaillent avec abnégation. Par contre, si les revenus sont faibles et qu’ils ne les aident pas à progresser, ils se conduisent d’après l’idée je travaille autant que l’on me paie, ça va comme ça.” Bref, pas de bons revenus, pas de persévérance. Pourtant, le même individu deviendra un modèle de persévérance s’il obtient un emploi très bien rémunéré à l’étranger, qui lui permette de s’émanciper socialement. »



    Disons, pour conclure, que le profil psychologique profond d’un peuple ne refait surface que si les conditions sociales à cet effet sont assurées. (trad. Mariana Tudose)


  • Programmes d’insertion professionnelle des jeunes roumains

    Programmes d’insertion professionnelle des jeunes roumains

    20% des jeunes Européenseux ont pas demploi, à ce jour. Et la situation est particulièrement difficile pour une catégorie bien spécifique, les NEET – “Not in Education, Employment or Training” – à savoir “des adolescents introvertis qui ne sont pas insérés dans le système éducatif, mais aussi des adultes sans emploi ou formation, coupés de toute vie sociale et renfermés sur eux-mêmes”, selon la définition officielle dorigine, cest-à-dire une tranche dâge de 16 à 24 ans.



    Ce sont bien eux que cible le programme “Garantie pour la jeunesse“, lancé par lUE en 2013, non seulement pour lutter contre le chômage des jeunes, mais également pour sassurer que les moins de 25 ans auront une offre demploi de qualité, 4 mois après la fin des études ou la perte de lemploi antérieur. Financée principalement par les gouvernements des Etats membres, “Garantie pour la jeunesse” sera également doté de 6 milliards deuros du budget communautaire, par le biais du Fonds social européen et de linitiative “Emplois pour les jeunes”.



    Mădălina Mihalache, chef du bureau du Parlement européen à Bucarest, précise: « LOrganisation internationale du travail estime que les coûts de mise en oeuvre du programme dans la zone euro se chiffreront à 21 milliards deuros par an. Cela peut paraître beaucoup, mais on doit comparer ce montant aux coûts associés aux allocations chômage et au manque dactivité des jeunes sans emploi. Vu que 7 millions et demi de jeunes Européens sont actuellement des chômeurs ou ne suivent ni un programme éducationnel ni une formation en ce sens, la Fondation européenne pour lamélioration des conditions de vie et de travail estime que la perte économique engendrée par le chômage des jeunes se chiffre à plus de 150 milliards deuros par an. »



    Certes, cest aux Etats membres délaborer les plans nationaux de mise en oeuvre de ce programme. Il est cependant certain que la “Garantie pour la jeunesse” obligera les employeurs, les formateurs, les autorités et les chômeurs à travailler ensemble pour trouver les meilleures solutions.



    Quelle est la situation en Roumanie? Bien que le taux général du chômage soit en dessous de la moyenne européenne, celui du chômage des jeunes a grimpé à 23%, soit 3% de plus que la moyenne communautaire.



    Mihai Dragos, président du Conseil de la Jeunesse de Roumanie, explique que “Garantie pour la jeunesse” est déjà à lœuvre dans le pays, grâce à un projet pilote: « Le plan de mise en oeuvre a été adopté en 2013 et concerne seulement les années 2014 et 2015. On devra, bien sûr, examiner la manière dont ce projet est mis en œuvre ainsi que la manière dont les ONGs des jeunes ont été cooptées dans ce processus. La Garantie comporte trois piliers en Roumanie – la loi du chômage et la motivation de la main dœuvre, la législation de l’apprentissage et la loi des stages dadaptation pour les diplômés des universités. Selon les statistiques officielles, plus de 150 mille jeunes Roumains ont bénéficié de mesures actives en matière dassurance chômage et la motivation de la main dœuvre, en 2014. Pour ce qui est des deux autres piliers, il ny a pas encore daction effective. Il ny a pas eu de bénéficiaire de la loi des stages dadaptation, tandis que 141 personnes seulement ont profité de la loi de l’apprentissage, soit un nombre extrêmement réduit en rapport avec la population totale de la Roumanie. »



    Il y a même des députés européens encore plus critiques à l’égard de la manière dont la Roumanie a jusqu’ici mis en place le programme “Garantie pour la jeunesse”. Siegfried Mureşan (du parti Populaire Européen), vice-président de la Commission des budgets : « L’UE alloue des fonds importants à la baisse du chômage chez les jeunes, dont 6 milliards d’euros rien que pour la période 2014-2015. Sur ce montant, plusieurs centaines de millions d’euros sont destinées aux jeunes de Roumanie. Il ne reste qu’à mettre en œuvre des projets permettant d’attirer cet argent. Combien d’euros sont-ils parvenus jusqu’ici à ces jeunes ? Pas un seul. Bien que le gouvernement roumain dispose de ces fonds dès le 1er janvier 2014, il n’a réussi à en attirer aucun euro jusqu’en mars 2015, faute de projets viables à mettre sur pied. »



    Comme le projet pilote de mise en place du programme “Garantie pour la jeunesse” a expiré le mois dernier, le cabinet de Bucarest a également lancé le plan d’application de ce schéma au cours de la prochaine période. Le lancement a eu lieu à l’occasion de la visite à Bucarest du vice président de la Commission européenne chargé de l’euro et du dialogue social, Valdis Dombrovskis.



    “Les fonds octroyés à la Roumanie par la Commission Européenne d’ici 2018 s’élèvent à 470 millions”, a déclaré la ministre roumaine de l’emploi, Rovana Plumb : « Les employeurs qui embauchent des jeunes recevront une subvention de 200 euros et de 500 lei par mois pour chaque employé une année durant. Les employeurs sont tenus de maintenir ces emplois au moins 18 mois, au bout desquels, le patron qui maintient le poste sera exempt des contributions à l’assurance chômage pendant 24 mois. »



    Le programme pour la mise en place en Roumanie du projet “Garantie pour la jeunesse” comporte 3 étapes : conseil, enregistrement et embauche. Des fonds sont alloués pour chaque étape : financement des stages, primes de mobilité et d’installation, bourses accordées aux employeurs, financement des startups. Pour les stages d’apprentissage, les patrons recevront des subventions de 250 euros et 300 lei sur une période de 1 à 3 ans, alors que pour les stages de spécialisation ils bénéficieront de 300 euros et de 750 lei par mois. (Trad. Andrei Popov, Mariana Tudose, Valentina Beleavski)

  • Services de soins infirmiers à domicile pour les personnes âgées

    Services de soins infirmiers à domicile pour les personnes âgées

    Ces statistiques sont impitoyables et peu connues du grand public, d’où la difficulté de les traiter quand on y est confronté. Les représentants des associations non gouvernementales qui dispensent de tels services affirment que même si plus de 350.000 Roumains ont besoin de se faire soigner à domicile, seules 29.306 personnes se sont vu payer de tels services en 2012 par le budget cumulé de la Sécurité sociale et du ministère de la Santé. Ceci étant, les ONGs ont uni leurs forces afin de combler autant que possible le manque de fonds gouvernementaux.



    Voici les explications de Doina Crângaşu — directrice exécutive de la Confédération Caritas Roumanie :“Il y a deux ans, Caritas România a eu l’initiative de créer une plate-forme d’ONGs fournissant des servies sociaux et médicaux aux personnes âgées. Nous avons réussi, en un temps record, à réunir 57 ONGs de différents comtés du pays et qui ont adhéré à ce réseau informel. 81% des organisations membres de SeniorNet affirment que les demandes de soins à domicile vont croissant. Malheureusement, toutes ne sont pas satisfaites, en raison de certaines non concordances qui se manifestent dans les services sociaux dispensés en Roumanie”.



    Un état des lieux est actuellement en passe d’être réalisé pour voir exactement quels types de services il faudrait fournir et dans quelles zones du pays. Les principaux services offerts par les ONGs spécialisées sont: accompagnement psychologique, assistance sociale, soins médicaux et aide pour l’accomplissement des différentes tâches ménagères. La pauvreté mise à part, la solitude est un autre facteur générateur de problèmes.



    Certains seniors sont oubliés par leurs proches, d’autres souffrent du syndrome du « nid vide », parce que leurs enfants sont partis travailler à l’étranger, tout comme les enfants, qui ressentent le même malaise à cause du départ de leur parents. Doina Crângaşu : “Généralement, ce sont des personnes âgées contraintes à vivre seules suite à la mort de leur conjoint, au départ des enfants ou à une maladie qui leur a fait perdre l’indépendance et donc les capacités à assumer les besognes de tous les jours depuis les tâches ménagères jusqu’aux visites chez le docteur. Parallèlement, la Roumanie se confronte de plus en plus à un flux migrateur de la population jeune. Du coup, on constate, notamment en milieu rural, une présence majoritaire des personnes âgées dépourvues de tout soutien aussi bien de la part de leurs proches que des autorités locales.”



    Face à cette situation, plusieurs seniors ont fini par assumer leur sort et ont mis sur pied leurs propres structures d’entraide. C’est ainsi qu’a vu le jour la société de secours mutuel pour les retraités Omenia, Humanisme, qui recense actuellement 1.400.000 membres au niveau national dont 35.400 basés à Bucarest et dans les alentours. Cette société fonctionne grâce aux cotisations de ses membres, à des sponsorisations diverses et aux profits résultés de quelques activités commerciales minimales. C’est dans le quartier défavorisé de Rahova que l’un des sièges de la mutuelle Omenia a été fondé. Dans cette banlieue bucarestoise aux maisonnettes délabrées, les retraités ont imaginé une petite ville qui leur soit destinée.



    On y trouve du tout: des boutiques, des cabinets médicaux, des ateliers de couture, des salons de coiffure, une pharmacie. Le tout à des prix modiques, pratiqués sans TVA, aux dires de Gheorghe Chioaru, président de la Fédération nationale des mutuelles à destination des retraités de Roumanie. Qu’est-ce que les seniors doivent faire concrètement pour se voir couvrir par une telle mutuelle?



    Gheorghe Chioaru: “Chaque adhérent doit verser une cotisation qu’il se voit rembourser s’il ne s’en sert pas, au moment où il décide de se retirer. A part cette cotisation, il verse également une contribution mensuelle de 3 lei, soit quelque 80 centimes d’euro dont 70% sont destinés à l’aide en cas de décès et le reste s’ajoute aux fonds dont dispose la mutuelle. La cotisation est proportionnelle au montant de la pension de retraite. Au début, chaque membre doit déposer 20 lei, soit moins de 5 euros. Par la suite, ils peuvent se voir accorder un prêt dont le montant représente parfois le double ou même le triple de la valeur totale de la cotisation déposée jusqu’à ce moment-là. Et le taux d’intérêt varie entre 1 et 14%”.



    Bien que les magasins, les ateliers et les cabinets médicaux soient destinés aux personnes âgées autonomes, la société d’assistance mutuelle pour les retraités Omenia a également initié un programme à l’intention de celles à mobilité réduite ou en perte totale de mobilité. Gheorghe Chioaru : “Nous avons des retraités qui n’ont jamais franchi le seuil d’un cabinet médical et dans ce cas, c’est le médecin de famille qui leur rend visite à domicile. En plus, nous organisons aussi des caravanes médicales qui sillonnent les communes isolées pour soigner notamment les seniors oubliés et abandonnés. On apporte du pain et des denrées alimentaires aux personnes en perte de mobilité. Nous avons un projet qui permet d’offrir à une centaine de retraités défavorisés et en perte d’autonomie des produits alimentaires et d’hygiène, la visite d’une infirmière ou du dentiste et même de l’assistance au domicile. Malheureusement, le nombre d’aides soignants a chuté de beaucoup puisque la plupart d’entre eux préfèrent travailler à l’étranger. Quant à l’Etat, il nous laisse nous débrouiller tout seuls”.



    Pourtant, à l’heure actuelle, le gouvernement est en train d’élaborer une stratégie nationale pour la protection des personnes âgées. Une initiative à saluer, mais qui devrait être améliorée, selon Doina Crângaşu. “A présent, on se trouve au cœur d’un débat public que le ministère du Travail et de la Protection sociale a lancé début janvier. Le débat porte justement sur la Stratégie nationale de promotion d’une vieillesse active et de la protection des personnes âgées. Une initiative à saluer, mais qui nécessiterait pourtant certaines modifications. Un seul exemple: on dit favoriser le vieillissement actif sans parler des conditions de vie de la plupart des retraités de Roumanie.”



    Jusqu’à la mise en place d’une telle stratégie, les ONGs cherchent des ressources indépendantes de financement ou des fonds communautaires pour offrir un soutien concret aux personnes âgées.

  • L’Etat d’esprit des Roumains dans l’UE.

    L’Etat d’esprit des Roumains dans l’UE.

    74% d’entre eux se déclarent contents de l’évolution de l’UE, en hausse de 12% par rapport à l’année 2013, selon l’édition d’automne de l’Eurobaromètre de l’opinion publique récemment rendu public par la Commission européenne. La majorité des Roumains croit que la situation économique de l’UE devrait s’améliorer cette année, mais seuls 35% d’entre eux déclarent s’attendre à une amélioration de la situation économique dans leur propre pays.



    Ce qui plus est, les Roumains sont familiarisés avec les institutions européennes et soutiennent les priorités de la Commission Juncker. 72% d’entre eux sont favorables à la politique d’élargissement de l’UE, par rapport à une moyenne européenne de 39%, les Roumains se situant en première position en ce sens. L’UE bénéficie d’une image positive en Roumanie, aux yeux de 59% des Roumains, ce qui nous situe en deuxième position après les Polonais.



    Angela Filote, la chef de la Représentation de la Commission européenne en Roumanie, déclare : « Ce sondage ne fait que re-confirmer l’optimisme européen des Roumains par rapport aux autres citoyens de l’UE. Certes, cela nous réjouit beaucoup. Les Roumains font confiance à l’UE et l’UE bénéficie d’une image positive, les Roumains croient en l’avenir de l’UE. Cela est également une charge qui implique une responsabilité majeure pour nous, parce que nous espérons ne pas décevoir cette confiance. Il faut également analyser si cette confiance est basée sur des attentes plus ou moins réalistes au sujet de ce que l’UE pourrait faire afin d’améliorer la vie des Roumains. »



    Le sondage européen révèle aussi le fait que les Roumains apprécient la liberté de voyager (53%), la démocratie (29%) et la monnaie unique (25%). D’ailleurs la libre circulation des marchandises, des travailleurs et des services à l’intérieur de l’Union constitue la plus importante réussite de l’UE pour pas moins de 39% des Roumains. La manière dont fonctionne la démocratie à travers l’Union plaît à plus de la moitié des Roumains. Au niveau national, le fonctionnement de la démocratie plaît à seulement un quart des Roumains. Ce qui plus est, 77% des citoyens roumains affirment que l’UE produit les conditions nécessaires pour créer de nouveaux emplois en Europe et pour développer le milieu des affaires.



    En outre, la majorité de nos compatriotes n’apprécient pas trop le marché roumain de l’emploi et seuls 34% d’entre affirment que la Roumanie va dans la bonne direction. Et pourtant, par rapport à l’Eurobaromètre du printemps dernier, les sociologues remarquent une forte tendance d’amélioration du climat social. Les Roumains sont plus optimistes, plus contents de leur propre vie. L’optimisme des Roumains peut s’expliquer par le fait que les données pour l’Eurobaromètre ont été recueillies en novembre 2014 entre les deux tours du scrutin présidentiel, qui semblent avoir influencé les options et les évaluations des sujets questionnés.



    De l’avis du sociologue Dumitru Sandu, une autre raison à l’origine de ces évolutions positives serait la libéralisation de l’accès sur le marché de l’emploi de tous les Etats membres pour les citoyens roumains, à compter du 1er janvier 2014. En moins de six mois, le taux de ceux qui affirment que les choses vont dans une mauvaise direction a baissé de 61% à 43%. Ecoutons Dumitru Sandu : « 2014 m’a totalement surpris, puisqu’au printemps dernier, il n’y avait que 32% du total des personnes interviewées qui pensaient que leur niveau de vie serait meilleur dans un an, tandis qu’en novembre dernier, leur nombre s’est élevé à 40%. La vie sociale ne s’améliore pas si vite. Or, huit points de pourcentage de plus au bout de quelques mois, c’est important. D’autres chiffres portent sur la direction dans laquelle se dirige le pays. Si au printemps dernier, il y avait 20% des sujets selon lesquels la Roumanie allait dans le bon sens, leur nombre a augmenté à 34% en automne 2014. Vous imaginez ? 14 points de pourcentages au bout de six mois, cela est immense ! Un changement positif de tous les points de vue ! Mais d’où vient ce changement ? On pourrait penser que ce sont les cadeaux électoraux offerts à la population qui ont changé la donne, vue que l’enquête a été menée entre le premier et le second tour des dernières élections présidentielles de novembre. Or, c’est plutôt l’espoir ressenti par l’électorat qui se reflète dans le résultat de ce rapport ».



    Selon ce dernier Eurobaromètre, la majorité des Roumains, à savoir 80%, pensent que leur pays a besoin de réformes pour faire face à l’avenir, une perspective partagée par la plupart des Européens, soit 87%. Il convient de mentionner que les Roumains soutiennent la lutte anti corruption menée par les autorités locales, un aspect que les sociologues rattachent à la vague d’optimisme et de confiance ressentie par la population devant le nouveau président roumain : « De l’automne 2010 à l’automne 2014, la confiance des Roumains en la Justice a augmenté de 23% à 46% ! Un progrès immense ! Cela veut dire que tout ce que l’on voit à la télé n’est pas un simple show télévisé, c’est de la réalité à impact fort sur la population. Or, la confiance de la population implique aussi son soutien important. »



    Au niveau national, les Roumains se disent préoccupés notamment par l’inflation, le chômage, le système médical et les institutions publiques auxquelles ils ne font guère confiance. Dumitru Sandu : « La population roumaine s’avère extrêmement sensible aux changements institutionnels et surtout aux promesses de changements institutionnels. Les Roumains réagissent quand ils sont privés de quelque chose. En plus, on a constaté un changement important dans les stimuli qui provoquent les réactions au sein de la population. Celle-ci n’est pas forcément effrayée par l’insécurité du lendemain, par la peur de rester sans emploi, sans revenus, sans la possibilité de satisfaire à ses besoins. Elle commence à s’intéresser de plus en plus au niveau de santé, d’éducation. Du coup, il ne suffira pas d’offrir aux ressortissants roumains d’Espagne, d’Italie, d’Allemagne ou de France des salaires similaires pour les faire regagner le pays. Il faut leur offrir les mêmes écoles, les mêmes structures administratives, les mêmes services. La composante institutionnelle est actuellement fondamentale. »



    Les sociologues précisent que le rapport a été élaboré une semaine après le début du mandat de la nouvelle Commission européenne et a inclus des questions portant sur les priorités à l’agenda du président Jean-Claude Juncker. Par ailleurs, les prévisions économiques de l’automne dernier montraient une croissance économique au niveau des 28 pays membres et un taux du chômage en baisse par rapport à 2013. Le sondage a été fait auprès de 1016 personnes. (Trad Ioana Stancescu, Alex Diaconescu)

  • Polémiques autour de l’enseignement de la religion  dans les écoles

    Polémiques autour de l’enseignement de la religion dans les écoles

    Toutefois, des organisations de la société civile et des parents d’élèves ont dernièrement contesté la légitimité de l’éducation religieuse dans les écoles publiques, considérées comme officiellement laïques. Après moult débats dans les médias et sur les réseaux sociaux et suite à une saisine officielle, la Cour constitutionnelle de Roumanie a tranché la question. Ainsi a-t-elle décidé que les élèves souhaitant participer à ce cours devront déposer une demande en ce sens, les autres n’étant pas tenus de notifier leur refus à la direction de l’école ni de remplir des formulaires. Comment cette décision est-elle perçue? L’Association séculaire-humaniste de Roumanie (ASUR) mène depuis longtemps une campagne d’information du public sur le caractère optionnel de cette discipline scolaire.



    Voici les propos de Toma Pătraşcu, un des membres fondateurs de cette association: « La récente décision de la Cour constitutionnelle relative à la présence aux classes de religion est un premier pas vers la normalité. Pourtant, nous devons attentivement considérer cette décision pour en comprendre le contexte. En fait, elle n’apporte rien de nouveau, donc elle ne change en rien la législation existante. Ni la loi de l’éducation ni celle des cultes ne stipule que les élèves sont inscrits d’office, de manière arbitraire, au cours de religion. Il y est question seulement du droit élémentaire d’étudier la religion propre à sa confession. Comment la direction de l’école, l’inspection scolaire ou le ministère de l’Education peuvent-ils savoir si un enfant souhaite prendre part aux classes de religion – et s’ils le savent, à quel culte l’inscrire ? Or, suivant la pratique arbitraire instaurée depuis près de 25 ans dans nos écoles, les enfants étaient jusqu’ici inscrits d’office aux classes de religion, chrétienne-orthodoxe dans la plupart des cas. »



    Madame Cristina Benga, professeur de religion, nous a fourni des détails sur le caractère optionnel de cette discipline scolaire: « Il ne s’agit pas du caractère optionnel de la classe de religion, puisqu’elle fait partie du tronc commun des disciplines enseignées. Il s’agit du fait que les parents ont le choix, en fonction de leur confession religieuse. C’est là la confusion. Le cours de religion n’est pas facultatif. Il est obligatoire et se retrouve dans le tronc commun du programme d’enseignement. La seule option que l’on puisse faire concerne la confession religieuse. A mon avis, la décision de la Cour constitutionnelle n’est pas une chose hors du commun. Le droit d’opter existait déjà. La différence, c’est qu’à présent, ceux qui ne veulent pas suivre ce cours ne sont plus obligés de formuler une demande en ce sens. Maintenant c’est aux élèves qui souhaitent participer à la classe de religion de le faire. »



    La loi stipule donc le caractère obligatoire de la classe de religion et implicitement son enseignement en fonction de l’appartenance à une confession ou à un certain culte. Ceci étant, une question se pose, celle de la légitimité de la présence de cette discipline scolaire dans un système éducatif considéré comme laïc. Toma Pătraşcu, de L’Association séculaire-humaniste de Roumanie, n’a rien contre l’étude de la religion dans les écoles. Il y apporte pourtant quelque précisions : « La religion est un phénomène social, que l’école ne saurait ignorer pour quelque raison que ce soit. Autant dire qu’il faut discuter de la religion dans les écoles, mais en sachant de quelle manière. Les discussions doivent être menées en toute objectivité, d’une manière neutre et laïque. Nous devons considérer la religion dans un contexte historique, social, philosophique, laïc, de sorte que les enfants puissent en saisir la portée culturelle. Ce qui se passe actuellement, c’est faire du catéchisme dans les écoles, et ce n’est pas normal. Qu’est-ce que cela veut dire ? Convaincre un élève de devenir membre fidèle du culte dont le professeur en question est le représentant. Ce n’est pas de l’éducation religieuse que l’on dispense maintenant dans les écoles roumaines, mais de l’endoctrinement, ce qui n’est pas normal. »



    Pourtant, ce qui, aux yeux d’un agnostique, peut ressembler à de l’endoctrinement, n’est qu’un simple acte de vulgarisation, selon Cristina Benga, professeur de religion: « Cette discipline scolaire a tenté de viser le développement complexe de l’enfant et même d’atteindre des objectifs d’interdisciplinarité. Prenons l’exemple des classes de roumain, où l’on enseigne entre autres le poème de Tudor Arghezi intitulé Les Psaumes”. Nous aidons les élèves à comprendre ce que sont les psaumes du point de vue religieux aussi. En plus, il convient de clarifier le terme d’endoctrinement. Passer de l’information à l’endoctrinement, cela implique bien des pas. Or il arrive que nous autres, enseignants et représentants d’un établissement scolaire, n’avons pas l’intention d’assumer une telle démarche. Moi aussi je voudrais poser une question. A-t-on vu apparaître de nouveaux saints? A-t-on constaté, au sein de la société, que cet endoctrinement nous amène aux extrêmes? L’endoctrinement véhément conduirait à l’isolement des fidèles, ce qui n’arrive pas pour autant car les repères de la classe de religion sont tout autres: inculquer aux enfants la bonté, la beauté de l’âme et la liberté. »



    Les données statistiques recueillies après le dépôt des demandes d’inscription révèlent que plus de 90% des élèves appartenant aux 18 cultes religieux reconnus par l’Etat roumain ont opté pour ce cours. Pour Toma Pătraşcu, l’explication de ce pourcentage élevé repose aussi sur des raisons différentes, non religieuses: « Ce pourcentage s’explique ainsi: les parents des élèves du primaire surtout sont plus enclins à permettre à leurs enfants de participer aux classes d’éducation religieuse. L’école n’assume pas la responsabilité de surveiller les enfants qui ne suivent pas ce cours. Dans la plupart des cas, les parents n’ont pas le choix, car ils ne peuvent pas les emmener avec eux et puis les écoles ne proposent pas d’autres activités pour occuper le temps de l’enfant qui ne fréquente pas les classes de religion. »



    Cristina Benga reconnaît elle aussi l’existence de ces problèmes: « Il faudrait aborder cette question au niveau du ministère. Les enseignants de religion n’ont jamais fait obstacle aux démarches visant à régler la situation de ces enfants. Ce n’est pas à nous, les professeurs qui dispensons ce cours, de nous occuper de tout. Si l’on nous avait confié cette tâche, nous l’aurions sans doute remplie, car nous croyons en la liberté, la vérité et le droit de tout un chacun de décider pour soi-même. Je ne vois pas pourquoi nous n’aurions pas aidé ces enfants à être différents et respecté leur choix de ne pas participer à ce cours. Tout cela est arrivé en l’absence d’une formule organisationnelle proposée par le ministère de l’Education. »



    Une fois achevé le débat sur l’éducation religieuse, d’autres débats suivront peut-être autour de certaines autres disciplines optionnelles qui pourraient être étudiées dans l’enseignement primaire et secondaire de Roumanie. ( trad: Mariana Tudose)

  • Bibliothèques publiques dans l’espace rural

    Bibliothèques publiques dans l’espace rural

    . Ceci étant, il va de soi que le marché du livre de Roumanie ne rapporte pas gros et que les tirages ne sont pas spectaculaires. En 2013 par exemple, les ventes de livres en ligne et hors ligne s’est monté à 60 millions d’euros, un chiffre nettement inférieur à celui enregistré dans d’autres pays, surtout d’Occident, soit plusieurs centaines de millions d’euros.



    En Roumanie, la vente et la parution de livres numériques sont les seules à avoir suivi une tendance ascendante ces dernières années. Alors que la moyenne annuelle des ventes dans les librairies est de seulement un livre par personne, celle des ventes sur Internet est 10 fois plus importante. Vu que bien des gens justifient leur désintérêt pour l’achat de livres par les prix prohibitifs, on pourrait croire qu’ils optent plutôt pour un abonnement à la bibliothèque publique. Rien n’est moins vrai, car les bibliothèques ne vont pas très bien.



    Certaines d’entre elles, surtout en milieu rural, ont dû fermer leurs portes, ce qui fait que sur les 3300 bibliothèque rurales d’il y a quelques années, il n’en reste plus que 3000. Que faut-il faire alors afin de raviver l’intérêt pour les bibliothèques, surtout en ces temps de crise économique et de révolution numérique? Repenser le rôle de la bibliothèque au sein de la communauté. C’est qu’a fait la Bibliothèque nationale de Roumanie au travers du programme Biblionet.



    Ecoutons Claudia Şerbănuţă, directrice générale de cette institution : « Démarré en Roumanie il y a 7 ans, Biblionet a bénéficié de fonds provenant de la Fondation Bill et Melinda Gates, étant géré par l’association non gouvernementale IREX. Grâce à ce projet, 2200 bibliothèques rurales ont été dotées d’équipements électroniques. L’administration locale devait seulement le souhaiter et assumer le coût de la connexion à Internet. De manière tout à fait surprenante, toutes les bibliothèques n’ont pas accepté ce projet, pourtant la grande majorité, soit 2.200 sur 2.800 ont dit « oui ». Par le même projet, les bibliothécaires ont suivi une formation pour apprendre à utiliser les équipements et aider les autres à s’en servir. »



    Bien que provenant du milieu non gouvernemental, le programme Biblionet a été assumé et il est actuellement géré par la Bibliothèque nationale. Claudia Şerbănuţă : « Depuis l’introduction du programme, non seulement le nombre de visiteurs a augmenté, mais les services ont été diversifiés. Si, avant, certaines bibliothèques offraient à peine une salle de lecture et quelques vieux bouquins, après l’arrivée des ordinateurs les visiteurs y ont afflué, pas nécessairement attirés par la lecture, mais par les nouvelles possibilités que ces espaces leur offraient. Par exemple, entre 2011 et 2014, dans 400 de ces bibliothèques, 116.000 fermiers ont mis en ligne leurs demandes de subventions agricoles.»



    Les quelques 2.000 bibliothèques rurales inscrites au programme Biblionet sont devenues de véritables « laboratoires de la communauté » – affirmait la députée européenne Renate Weber. Elle en a visité deux, à l’invitation de la Bibliothèque nationale de Roumanie, en collaboration avec le programme Biblionet et à l’initiative de « Public Libraries 2020 », de la fondation néerlandaise Reading & Writing. Renate Weber s’est rendue à Marpod et Avrig, deux localités du comté de Sibiu, et elle a été impressionnée par ce qu’elle a vu : « Ces bibliothèques sont devenues effectivement des laboratoires pour toute sorte de projets lancés par les communautés locales. A Avrig, j’ai vu un groupe d’enfants qui cherchait sur Internet et téléchargeait des pièces de théâtre, pour les adapter et les mettre en scène. Ils le font tout seuls et leur répertoire compte déjà 12 pièces. Il y a ensuite un groupe de personnes plus âgées qui souhaitent préserver les traditions et elles se réunissent à la bibliothèque pour apprendre aux jeunes à filer et à tisser. Et c’est toujours là qu’a été fondée l’Association des éleveurs de bétail, dont les membres se réunissent à la bibliothèque, où ils ont accès à l’information. Et c’est toujours la bibliothèque qui accueille les réunions du conseil local, car à Marpod et à Avrig, les autorités locales ont fait preuve de beaucoup d’ouverture. On y organise également des cours de langues étrangères, sans coûts supplémentaires, car dans toute communauté on peut trouver quelqu’un pour enseigner une langue étrangère. Ces bibliothèques sont devenues une sorte de moteur de la communauté. »



    Ces moteurs ont pourtant besoin d’argent pour fonctionner. Et les fonds peuvent venir même des institutions européennes, si l’on sait quand et comment les demander. Renate Weber : «Même si les aspects liés à la culture et à l’éducation sont réglementés par la loi au niveau de l’UE, en appliquant le principe de la subsidiarité, en réalité, les fonds alloués par l’UE doivent avoir une destination précise. Pour ma part, lorsque le PE débattra du budget annuel, je vais m’assurer qu’il y ait des fonds auxquels la Roumanie pourra accéder afin de doter les bibliothèques, par exemple. »



    C’est maintenant à la Bibliothèque nationale et aux autorités locales qui le souhaitent de former les bibliothécaires pour les nouveaux rôles qu’ils devront jouer dans le cadre des laboratoires de leurs communautés. Claudia Şerbănuţă explique: « 80% des bibliothèques publiques de Roumanie se trouvent en milieu rural. C’est un pourcentage énorme. La plupart des bibliothécaires travaillent dans de petites communautés qui ont des besoins spécifiques. Ils peuvent compter sur le soutien de la Bibliothèque nationale. La balle est maintenant dans le camp de l’administration locale : c’est à elle de trouver du financement pour les projets de formation professionnelle. Mais elle n’est pas seule dans cette démarche. Lorsque nous avons invité Mme Renate Weber à Sibiu, il nous a été très difficile de choisir le meilleur endroit, tant les projets à succès déroulés sur l’ensemble du pays sont nombreux. Par exemple, à Medgidia (ville sur la côte de la Mer Noire), il y a un groupe de soutien pour les personnes ayant survécu au cancer du sein. L’initiative appartient à une bibliothécaire de la zone, qui n’a pas bénéficié de soutien financier, mais de l’appui des membres de la communauté. Les gens ont besoin de s’informer et ils ne savent pas à qui s’adresser. C’est pourquoi les bibliothèques doivent viser leurs communautés et se transformer institutions pertinentes pour les habitants, au lieu de rester de simples dépôts de livres. »



    Et puis, une fois que les gens franchissent à nouveau les seuils des bibliothèques, ils retrouveront sans doute l’appétit pour la lecture. (Trad. Mariana Tudose, Dominique, Valentina Beleavski)