Category: Société

  • Initiative visant à introduire le théâtre dans les écoles roumaines

    Initiative visant à introduire le théâtre dans les écoles roumaines

    L’Association viennoise « Théâtre pour enfants» – « Les enfants font du théâtre » et l’Université nationale d’art théâtral et cinématographique « I.L. Caragiale » de Bucarest, en partenariat avec le ministère de l’Education nationale souhaitent introduire l’art théâtral comme discipline d’étude optionnelle dans les établissements scolaires de Roumanie. Selon les initiateurs du projet, l’expérience a déjà prouvé que l’éducation artistique en général et théâtrale en particulier peuvent faciliter l’apprentissage et motiver les élèves.



    L’enseignement par des techniques empruntées au monde du théâtre stimule la capacité créatrice des jeunes et améliore leur mémoire. En outre, le théâtre sert de lien, il renforce l’unité au sein de la communauté et apprend aux enfants que ce n’est qu’en restant unis qu’ils arriveront à changer des choses. Liliana Preoteasa, sous-secrétaire d’Etat au ministère de l’Education nationale, a apprécié ce projet, qui a d’ailleurs bénéficié, dès le début, de l’appui de son ministère. Elle a également espéré qu’il se concrétiserait sous la forme d’une discipline scolaire optionnelle à la disposition de toutes les écoles.



    Liliana Preoteasa : « Je me réjouis de l’existence de ce projet que le ministère de l’Education nationale a soutenu d’emblée et continue de le faire. J’espère qu’il débouchera sur la proposition d’introduire le théâtre en tant qu’objet d’étude optionnel dans toutes les écoles à travers le pays. A mon avis, le vrai travail ne fait que commencer, car l’important, ce n’est pas qu’il existe un programme scolaire, accessible sur Internet, mais que nous ayons des enseignants capables de le mettre en œuvre. Je pense donc que la formation des professeurs est la composante essentielle. Nous envisageons d’en discuter avec les universités et les Maisons des enseignants, lesquelles sont à même de dispenser cet autre type de formation continue. Je suis d’avis que le théâtre non seulement offre une ouverture culturelle, mais qu’il répond aussi au besoin de trouver de nouvelles méthodes d’enseignement et d’apprentissage. Les élèves sont très réceptifs à cette intégration du théâtre. Ils l’accueillent avec enthousiasme et en tirent profit aussi bien au point de vue affectif qu’intellectuel”.



    «Le Théâtre viennois pour enfants » existe depuis une vingtaine d’années en Autriche et depuis plus de 8 ans en Roumanie. Il s’investit dans la formation des spécialistes qui font du théâtre avec les enfants. La comédienne Sylvia Rotter, qui est également la fondatrice de ce théâtre, a déclaré qu’elle souhaitait offrir aux enfants roumains la chance de changer le monde dans lequel ils vivent. Utiliser des techniques de respiration, faire des exercices de rythme, improviser et travailler en équipe, tout cela aide les jeunes à être plus confiants en eux-mêmes et les pousse à interagir, à affiner la communication verbale et non-verbale, dans une atmosphère d’auto-découverte.



    Sylvia Rotter: « C’est une grande chance pour nous que d’entamer cette initiative éducative. Nous nous proposons d’offrir un complément pratique à l’enseignement théorique. Durant une vingtaine d’années, nous avons développé une méthode capable de rendre plus facile et plus efficace la transmission des savoirs. Nous voulons donc apprendre à mieux enseigner. Notre méthode repose sur le jeu. Puisque les enfants aiment jouer, le ludique constitue le fondement de l’enseignement. La célèbre psychologue Brigitte Sindelar affirmait que “l’union la plus heureuse est celle du jeu et de l’apprentissage”. En brodant sur le même thème, Albert Einstein déclarait “je suis un éternel enfant” ».



    Laura Mateescu, neurologue à la Clinique de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent de l’hôpital « Al. Obregia » de Bucarest, soulignait la nécessité de mettre en place une telle méthode dans les conditions où les jeunes passent beaucoup plus de temps devant les écrans qu’auparavant. Or, de l’avis des spécialistes, cela fait courir des risques graves à la santé et peut diminuer la capacité à communiquer.



    Laura Mateescu: « L’univers des enfants de nos jours a beaucoup changé. Ils ne jouent plus dans la boue, ne courent plus dans les ruelles du village des grands-parents, ne passent plus le plus clair de leur temps à traîner dans la rue. Auparavant, les enfants ressentaient des émotions, s’épanouissaient, découvraient le monde à travers des stimuli moteurs, tactiles, visuels, auditifs, olfactifs. Maintenant, ils restent assis devant l’ordinateur, sollicités par une simulation répétitive et stéréotypée. On se demande à quels stimuli leur cerveau est appelé à répondre. Facile à deviner que ces stimuli sont tout à fait différents de ceux que subissaient autrefois les enfants qui jouaient dans les champs, aux côtés d’autres gosses du même âge… Il ne se passe pas un jour sans que je n’entende des parents dire que leur enfant passe un temps fou devant la télé, depuis l’âge le plus tendre, et qu’il possède même une tablette numérique. Inutile de se demander ce qui se passe dans son cerveau!…. »



    Près de 120 professeurs de 10 comtés du pays bénéficieront d’une formation à l’enseignement du théâtre dans les écoles. L’UNATC, un des établissements d’enseignement supérieur impliqués dans ce projet, comporte une section de pédagogie par le théâtre. A elle seule, la promotion 2014 a donné 8 diplômés dans cette spécialisation. La mise en place du projet devrait s’achever d’ici quatre ans. Avant qu’il ne soit étudié comme discipline scolaire facultative, le théâtre figure dores et déjà à l’affiche de certains événements organisés dans plus d’une école de Roumanie. (trad. Mariana Tudose)

  • La revitalisation du Delta du Danube

    La revitalisation du Delta du Danube

    L’Association Ivan Patzaichin – Mila 23”, par exemple, envisage de promouvoir le Delta et de le mettre en valeur au profit des habitants. Explications avec Tiberiu Cazacioc, représentant de l’association: « Si quelqu’un y ouvre une pension touristique, il serait bon qu’il utilise la main d’œuvre locale et qu’il la fasse construire selon une conception architecturale qui mette à profit les matières premières traditionnelles de l’endroit. En outre, il faudrait que les accessoires de l’intérieur, tels les serviettes de table ou les corbeilles à pain, soient eux aussi réalisés par les locaux. Enfin, il faudrait aussi prévoir une gastronomie traditionnelle, à base de produits du terroir. C’est un modèle idéal, que nous construisons petit à petit. Un modèle à contre-courant, puisque, pour la majorité des gens, le développement est synonyme d’expansion, de grands hôtels, de beaucoup d’infrastructure et d’asphalte».



    Ce genre de tourisme signifie une saison très courte et très mouvementée dans le Delta. Or, le modèle d’entrepreneuriat social que mettent en avant des associations comme celle mentionnée tout à l’heure encourage le touriste à rester le plus longtemps possible dans le Delta et lui fait découvrir la richesse culturelle de la zone. L’Association « Ivan Patzaichin- Mila 23 » a réintroduit la promenade en barque, pour que le visiteur prenne le temps d’admirer la beauté du paysage. Tiberiu Cazacioc. “Nous avons voulu faire renaître la barque traditionnelle, tout en lui donnant un visage nouveau. Il s’agit d’une barque en bois de pin et de mélèze, actionnée par des rames. Nous l’avons appelée canotcă, car c’est une sorte d’hybride entre la barque (lotca, en roumain) et le canoë. Une invention qui correspond aux temps présents et qui attire aussi un certain public. Grâce à la canotca, on pourra parcourir lentement les distances. Nous avons, à maintes reprises, tenté de réintroduire dans le circuit la barque en bois. C’est aussi un retour aux traditions, à un certain rythme de vie, moins alerte. Si l’on a en vue un séjour plus long dans le Delta, on peut aussi avoir recours aux services d’un guide ».


    Ce nouveau modèle de vacances est valable pour les habitants de la contrée aussi. Tiberiu Cazacioc. « Il y a encore un certain scepticisme, parce que notre modèle de vie actuel repose sur le développement excessif. Seulement voilà, le touriste ne veut pas d’asphalte. Il veut transpirer, vivre au sein de la nature, car il passe tout le reste de son temps à travailler au bureau. Il bouge donc très peu. Cela fait plusieurs années que nous travaillons dans le Delta, mais éduquer les gens dans un certain esprit cela prend du temps. Il n’est pas normal que les restaurants du Delta se ravitaillent dans la ville de Tulcea, qu’ils emploient des citadins à la place des locaux, lesquels se voient obligés de partir ailleurs à la recherche d’un gagne-pain. Autrement dit, on pourrait mettre sur pied une économie locale et faire en sorte que l’argent reste sur place ».



    Une autre association « Letea à l’UNESCO » se propose d’introduire sur la liste du patrimoine mondial le métier traditionnel de chaumier, celui des maîtres artisans qui construisent des toitures en jonc. Détails avec Loredana Pană, coordinatrice du projet «Le jonc c’est du béton ». « Les gens aspirent à la modernité, ils souhaitent avoir des maisons comme celles qu’ils voient à la télé, avec des fenêtres en PVC, ils veulent bénéficier de conditions modernes. C’est pourquoi nous avons démarré notre campagne avec eux. Nous leur avons appris que c’était mieux de ne pas changer leurs toitures en chaume, en remplaçant le jonc par la tôle, et de conserver l’architecture traditionnelle de leurs maisons, car les touristes aimaient ça. Beaucoup de touristes arrivent à Letea chaque été, mais c’est uniquement pour une halte de quelques heures. Ils viennent voir le village, ensuite la forêt et puis ils s’en vont. Letea ne compte actuellement aucune pension et les ressources financières des habitants sont très modestes. Heureusement pour nous, plusieurs familles de Letea ont déjà compris l’importance des métiers artisanaux et de l’aspect traditionnel du village. Ils ont rénové et décoré leurs maisons dans ce style et ils les soignent. C’est pourquoi les touristes s’arrêtent plus souvent devant leur portail, ils prennent des photos et parfois ils entrent pour y prendre un repas. Peu à peu, les gens comprennent que c’est là, l’avenir, même s’il a ses racines dans le passé ».



    Un passé demeuré inchangé, à Letea, notamment pour ce qui est de l’architecture — estime Loredana Pană. «Ce genre de toiture, on le retrouve partout dans le Delta, pourtant nous sommes allés à Letea, car c’est le village le plus isolé de la zone et c’est peut-être pourquoi il s’est très bien conservé. Il est comme un musée vivant, où de nombreuses maisons ont gardé leur architecture traditionnelle et le village offre un beau décor — à la différence d’autres villages, comme Crişan, par exemple, ou la ville de Sulina, où les maisons sont dégradés et ne respectent pas les règles d’urbanisme. Or, celles-ci interdisent l’utilisation des barres métalliques pour les constructions, de bâtir des maisons en style moderne ou d’utiliser d’autres couleurs que celles spécifiques de la zone, à savoir le vert, le bleu, le gris et le blanc. Ces règles, qui recommandent, entre autres, les toitures en jonc, ne sont pas respectées, hélas».



    Si elles ne sont pas respectées, c’est aussi en raison du fait que la façon de faire s’est perdue. A Letea, il y un seul artisan qui sait fabriquer une toiture en jonc. C’est pourquoi il a été coopté dans une association, pour organiser des cours et enseigner aux autres ce vieux métier. Ils seront ainsi de plus en plus nombreux à apprendre que le jonc non seulement c’est « du béton », mais qu’il offre également des bénéfices économiques.


    (Aut. : Christine Leşcu ; Trad. : Mariana Tudose, Dominique)



  • Les soins palliatifs

    Les soins palliatifs

    Qu


    Quels sont les états d’âme qu’éprouve une personne atteinte d’une maladie incurable, parfois dans son jeune âge? Et ceux de la famille ? Quel type de traitement faudrait-il appliquer pour aider ces gens à faire face à la maladie? L’Association Hospice Casa Speranţei offre des solutions à ce problème. Créée en 1992, à Braşov, par le Britannique Graham Perolls, la fondation faisait, à l’époque, œuvre de pionnière pour ce qui est des soins palliatifs en Roumanie. Voici ce que Graham Perolls allait découvrir au début des années 1990. « Il était bien clair que la plupart des patients souffrant de maladies incurables était renvoyés à leur domicile après avoir été hospitalisés. A partir de ce moment-là, les familles devaient les prendre en charge et se débrouiller tant bien que mal, en l’absence d’un traitement médical adéquat et d’un support affectif, psychologique ou religieux. C’était donc une expérience traumatisante. En ce qui nous concerne, nous offrons une thérapie holistique, qui suppose l’administration de médicaments et la maîtrise de la douleur. Il s’agit d’un domaine très spécialisé de la médecine, qui englobe le traitement des autres symptômes associés au cancer, tels que la perte de l’appétit ou les difficultés respiratoires. En fait, nous visons à améliorer la qualité de vie des patients. Notre démarche n’a rien à voir avec la mort, au contraire, elle a trait à la vie. Nous aidons ces gens à vivre aussi bien que possible les jours qui leur restent. Nous apportons aussi de l’aide aux proches de ces malades, car eux aussi ils souffrent souvent. »



    Au bout de dix ans d’activité, consistant à prodiguer des soins palliatifs à domicile aux patients de Braşov, Hospice Casa Speranţei a ouvert, dans cette même ville, son premier centre dédié à ce type de traitement. En 2006, l’association allait créer sa première filiale dans la capitale, Bucarest. Huit ans plus tard, elle y a inauguré un centre de soins palliatifs. Si au début des années 1990, Hospice Casa Speranţei était la première association à délivrer de tels soins, plusieurs autres associations non-gouvernementales sont actuellement actives dans ce domaine.



    C’est vrai qu’elles ne sont pas nombreuses et qu’elles peinent à couvrir les besoins. Graham Perolls. « A présent, seulement 6% des malades de Roumanie qui nécessitent des traitements palliatifs en bénéficient aussi. Il y a donc beaucoup de travail à faire, mais nos deux centres de traitement remplissent également la fonction de centres de formation. Nous dispensons des cours à l’intention des médecins, des infirmières, des pharmaciens et des physiothérapeutes. »



    En 2008 a démarré la collecte de fonds pour la construction du centre de traitement de Bucarest, qui a pu être inauguré en 2014. Le médecin Ruxandra Ciocârlan, directrice des Services aux patients à Hospice Casa Speranţei de Bucarest nous parle des efforts déployés par le personnel de l’établissement et des services que celui-ci offre gratuitement aux malades. « Fonctionnant à capacité maximale, ce centre de services intégrés pourra offrir des soins à 2 mille patients par an. Nous assurons, en outre, des services à domicile aux adultes et aux enfants et un accompagnement aux malades hospitalisés. Nous offrons également des thérapies spécialisées aux malades du cancer et la possibilité d’être hospitalisés. Nous disposons de 23 lits — 15 pour adultes et 8 pour enfants. »



    A part le dialogue avec les patients et leurs familles, qui est essentiel dans les soins palliatifs, Ruxandra Ciocârlan a également identifié d’autres besoins urgents des malades. « Il y a tout d’abord des besoins d’accompagnement, car souvent, les services du système public de santé ne sont pas bien intégrés et connectés, de sorte que les patients ne savent pas toujours à qui ils doivent s’adresser et ce qu’ils doivent faire. L’autre besoin urgent est d’être compris en tant que personnes et non pas en tant que patients atteints de tel ou tel cancer. Ils n’acceptent pas d’être traités comme s’ils étaient « le cancer du sein » ou « le cancer du foie ». Ils sont Ion, Gheorghe ou Maria, des personnes qui souffrent et dont les familles sont, elles aussi, affectées par ce mal. Les patients se posent également des questions existentielles, essentielles : « Pourquoi ça m’arrive ? » et ils veulent être traités et écoutés en tant qu’êtres humains. »



    C’est de ce genre de respect accordé aux patients et à leurs familles qu’a bénéficié Cristina Stănică, aussi bien pour elle-même que pour son enfant, victime d’un cancer du cerveau à l’âge de 8 ans. Un respect qu’elle n’a pas retrouvé, hélas, dans le système public de santé, trop sollicité et miné par toute sorte de problèmes. Cristina Stănică. « Malheureusement, à mon avis, dans le système public de santé, personne n’a de temps pour ce genre de services. Les médecins sont trop sollicités et le système, tel qu’il est, ne peut pas faire davantage. Et puis tout le monde n’a pas la disponibilité d’esprit nécessaire pour ce genre de choses. J’ai rencontré des médecins qui ont fait tout ce qui était humainement possible, j’ai rencontré des médecins qui ont fait leur devoir professionnel de manière irréprochable, sans s’impliquer dans les aspects émotionnels et j’ai aussi rencontré des médecins qui, même s’ils avaient eu le temps, ces aspects-là ne les aurait pas intéressés. Je dois pourtant dire que ces derniers ont été peu nombreux ».



    C’est pourquoi, le traitement strictement médical offert dans les hôpitaux doit être doublé de soins palliatifs qui s’adressent au côté affectif et qui aident les patients à vivre dignement cette expérience. Cristina Stănică. « Nous avons bénéficié tous les deux des soins adressés à l’âme. En parlant de l’équipe médicale de Hospice qui se rendait chez nous, mon enfant l’appelait « nos sourires ». « Quand est-ce qu’ils viennent de nouveau, nos sourires ? », me demandait-il. Nous avons bénéficié d’une équipe médicale extraordinaire, qui nous a traités comme des personnes normales, bien que dans ces moments de désespoir et de colère nous ayons été difficiles à supporter. Ils ont eu une telle intuition de ce que nous étions en train de vivre et de ressentir tous les deux, qu’ils nous ont aidé sans même que nous nous en rendions compte. »



    Il est préférable que les soins palliatifs soient délivrés aussi bien à la maison que par l’hospitalisation du patient, si celui-ci vit seul ou si les membres de sa famille doivent travailler. De toute façon, ce genre de soins est bénéfique à tous : au malade, à sa famille et à son entourage.


    (Aut. : Christine Leşcu ; Trad. : Mariana Tudose, Dominique)

  • L’esprit civique dans les quartiers bucarestois

    L’esprit civique dans les quartiers bucarestois

    Parmi les bâtiments de 4, 8 ou 10 étages, ont fait leur apparition des écoles, des maternelles, des dispensaires et même une salle de cinéma, ouverte dans un ensemble de constructions où se trouvaient aussi une pâtisserie, un magasin dit « universel » où l’on vendait des produits en tout genre, un atelier photo et un salon de coiffure pour hommes.



    Au beau milieu de ce périmètre se trouvait un petit marché et une petite esplanade qui servait de lieu de rendez-vous et de rencontres pour les jeunes — et les moins jeunes. Le quartier s’est ainsi doté d’un centre, autour duquel les gens pouvaient jeter les bases d’une communauté. Pourtant, depuis 17 ans, le cinoche « Favorit » reste fermé et la zone commerciale a été entièrement changée — au grand regret de nombreux habitants de la zone, qui se sont d’ailleurs réunis pour constituer un comité d’initiative. Dans quel but? Une de ses membres, Marilena Trică, explique. « L’initiative « Favorit » est un groupe d’amis, de voisins et de citoyens qui souhaitent la même chose : faire revivre le cinéma « Favorit » et la zone qui s’étend tout autour. Nous avons créé ce groupe en mai 2010, avec le concours du Centre de ressources pour la participation publique. A ce moment-là, les représentants du Centre sont allés frapper aux portes de 120 appartements pour inviter leurs habitants à un débat sur les problèmes auxquels ils sont confrontés. La mobilisation a dépassé les attentes : la moitié des familles invitées ont répondu à l’appel. Les participants ont été priés de noter sur un bout de papier les changements qu’ils souhaitaient pour la zone où ils habitaient. En centralisant les réponses, on a constaté, avec surprise, que les gens souhaitaient, presque tous, une nouvelle vie pour a salle de cinéma « Favorit ». C’est ainsi qu’est né le groupe d’initiative. Il compte une dizaine de membres actifs, qui se réunissent régulièrement, et 300 membres au total.



    Ce que ces personnes souhaitent, ce n’est pas tout simplement de réouverture de la salle, mais que tout l’ensemble devienne un centre culturel où l’on organise des spectacles de théâtre et des concerts, où les retraités puissent socialiser et les jeunes trouver un loisir, où les enfants puissent participer à des ateliers, à des cours ou à des activités éducatives, bref, qu’il redevienne « le cœur d’une communauté », comme l’appelle le sociologue Mircea Kivu. « Les quartiers d’une ville n’ont pas uniquement besoin de services communaux. De ce point de vue-là, le quartier Drumul Taberei ne manque de rien, il dispose de salles de cinéma dans ses galeries commerciales et d’espaces commerciaux à profusion. Pourtant, les quartiers ont aussi besoin de ce que j’appellerais « des repères symboliques », c’est-à-dire d’endroits où les gens puissent se rencontrer, où ils puissent avoir une vie communautaire. Il est donc nécessaire que ces quartiers se développent en tant que communautés et non pas comme simples « agglomérations humaines », si je puis dire. »



    Le régime communiste a détruit l’esprit associatif, ça c’est vrai. Et pourtant, depuis quelque temps, dans différents quartiers ou dans différentes villes, de petits groupes commencent à se constituer et à agir comme une communauté. Le quartier « Drumul Taberei » compte même plusieurs groupes d’initiatives — le groupe « Callatis Drumul Taberei » et l’initiative Tudor Vladimirescu.



    Dans un autre quartier de la capitale a été créé le groupe « Lacul Tei ». Lorsque le gens sentent appartenir à une communauté, l’esprit civique commence à s’éveiller. Le sociologue Mircea Kivu connaît des initiatives similaires dans d’autres villes du pays. « En effet, à Iaşi, dans l’est de la Roumanie, s’est récemment constituée l’initiative de ceux qui s’opposent à la décision d’abattre les tilleuls du centre ville. Une autre belle initiative à mentionner est celle de la ville d’Oradea, dans le nord-ouest du pays. Il s’agit d’un groupe qui s’est constitué pour faire reconstruire un passage commercial et le transformer en centre communautaire. On voit surgir un peu partout des actions de ce genre, les gens commencent à s’organiser eux-mêmes. En l’absence de telles initiatives, les autorités ne feront qu’à leur tête. »



    Pour en revenir au groupe d’initiative « Favorit », ce qu’il a obtenu des autorités, c’est à Marilena Trică de nous l’expliquer. « Nous avons rédigé et déposé un tas de pétitions, nous sommes intervenus lors des réunions du conseil local de la mairie de l’arrondissement, nous avons diffusé des communiqués de presse. Nous nous sommes même disputés avec les responsables. Et voici ce que nous avons obtenu : en 2011, les fonds destinés au projet « Favorit » ont été approuvés et l’étude de faisabilité a été réalisée. En 2012 nous avons obtenu des fonds du budget local et réalisé le projet technique. En 2013, à notre grande joie, nous nous sommes vu allouer 2,6 millions d’euros pour la mise en œuvre du projet. Malheureusement, les travaux n’ont pas encore commencé, car le bâtiment qui abrite le cinéma n’appartient pas à la mairie, mais au ministère de la Culture, par le biais de la Régie autonome de distribution et d’exploitation des films România Film. Nous nous battons donc pour que la mairie du 6e arrondissement de la capitale entre en possession de ce bâtiment et puisse réaliser l’investissement. Aussi, poursuivons-nous la série des pétitions. »



    Pour l’instant, le projet est donc bloqué, à cause de la bureaucratie, entre la Régie autonome de distribution et d’exploitation des films România Film, qui a abandonné le bâtiment abritant la salle de cinéma, et la mairie du 6e arrondissement, qui ne peut pas en devenir propriétaire.



    Cependant, Marilena Trică et les autres membres du groupe d’initiative envoient aux autorités des cartes postales où ils expriment leurs requêtes — d’une façon plutôt inhabituelle. « En voici un exemple : une carte postale envoyée au ministère de la Culture, porte le texte suivant : « Messieurs, je suis citoyen américain résidant au quartier Drumul Taberei depuis 20 ans. J’aime notre quartier, mais il y a là une triste ruine : le cinéma « Favorit » et nous souhaitons qu’il soit transformé en centre commercial. Je ne comprend pas à 100% le problème, mais je pense que le ministère peut aider ce groupe. » Et puis, nous avons adressé une demande à la mairie du 6e arrondissement dans les termes suivants : «Nous ne voulons pas de petites fleurs et de nouvelles bordures de trottoir dans le 6e arrondissement. Nous voulons de l’argent, de la bonne volonté et de l’éducation pour le cinéma « Favorit ».



    Pour prouver que les actions civiques portent leurs fruits, le 26 septembre, à l’occasion des « Journées du Quartier », les membres du groupe d’initiative ont réussi à convaincre les autorités à ouvrir les portes du cinéma «Favorit». Deux courts métrages ont été présentés dans le hall du bâtiment et le grand nombre de spectateurs les ont fait espérer qu’ensemble, ils finiront par atteindre leur but.


    (Aut.: Christine Leşcu ; Trad. : Dominique)

  • Le rapport « Gouvernance et données publiques ouvertes »

    Le rapport « Gouvernance et données publiques ouvertes »

    Cela fait un certain temps que l’on parle gouvernance et données publiques ouvertes. Un sujet qui a trait au droit du citoyen d’accéder à l’information d’intérêt public, mise à sa disposition par les institutions et les autorités. La publication des données publiques en format ouvert, qui est déjà une norme dans les pays développés, confère un surcroît de transparence à la gouvernance. Elle contribue, en outre, à l’enrayement de la corruption et à l’essor de l’économie.



    La Fondation pour une Société Ouverte a récemment rendu public le rapport intitulé Gouvernance et données publiques ouvertes”. Le document passe en revue les principales avancées en matière de mise en place des politiques publiques qui devraient aboutir à une gouvernance ouverte dans les rapports avec les citoyens. Le texte met en exergue le fait qu’en Roumanie la gouvernance ouverte n’est pas rejetée, mais qu’elle n’est pas vraiment promue non plus. Explications avec Andra Bucur, représentante de la Fondation pour une Société Ouverte:


    « Le rapport montre qu’il existe des prémisses pour une gouvernance ouverte en Roumanie, mais qu’il n’y a pas de volonté politique ni de culture de l’ouverture. Voilà pourquoi les recommandations finales du document parlent de la nécessité de renforcer la gouvernance ouverte et de remédier à ces problèmes. Dans l’économie du rapport, la définition de la gouvernance ouverte repose sur trois principes fondamentaux, selon le modèle américain. Le premier relève de la transparence, c’est-à-dire de l’accès aux informations d’intérêt public. Le deuxième principe consiste en la participation des gens à la prise des décisions au niveau local et central. Enfin, le troisième suppose la coopération entre les institutions publiques et les citoyens dans le processus de mise en œuvre des mesures et des politiques publiques, processus qui devrait déboucher sur des accords et des partenariats public-privé. »



    L’engagement de la Roumanie pour une gouvernance ouverte date de novembre 2011, lorsqu’elle s’est jointe aux 46 autres pays membres du Partenariat pour une Gouvernance Ouverte. Cette initiative internationale vise à mettre gracieusement à la disposition des citoyens davantage d’informations d’intérêt public, en utilisant les technologies de dernière génération. Ainsi a-t-on adopté le premier plan national d’action pour la mise en place de ce partenariat. On a également introduit dans la Stratégie nationale anti-corruption le concept de “données ouvertes”. En 2013-2014, a été créé le Département des services en ligne et de design, devenu par la suite la structure responsable de la mise en pratique du Partenariat pour une Gouvernance Ouverte en Roumanie. Celui-ci est censé introduire les nouvelles technologies dans les activités de l’administration publique.



    Toutefois, les auteurs du rapport mettent en garde contre le fait que le budget alloué à cette fin n’est toujours pas publié et que les ressources nécessaires pour mener à bien ce genre d’activités ne sont pas connues avec exactitude. La plate-forme ouverte de données data.gov.ro a également été lancée. Les institutions publiques sont censées y poster des informations spécifiques en vue de leur réutilisation. Pourtant il n’y a pas encore de procédure d’actualisation de ces données, ni d’obligation d’en publier constamment.



    En outre, nombre de ces données sont erronées — indique la Fondation pour une société ouverte dans son rapport. Ce portal contient actuellement 158 séries de données publiées par une trentaine d’institutions publiques, la plupart des informations provenant du ministère de la Santé, suivi par le ministère de la Justice et par l’Institut national du patrimoine. Andra Bucur nous donne un exemple d’accès à l’information.


    SON : « Le premier exemple que j’ai choisi est une application qui réunit des données fournies par plusieurs agences gouvernementales de Londres — dont l’Agence pour l’Environnement et l’Agence pour l’emploi — pour informer ceux qui souhaitent s’installer dans une certaine zone de la capitale britannique sur différents aspects: qualité de la vie, prix des appartements, taux de criminalité, nombre d’écoles et de maternelles etc. En visitant un seul site, on peut ainsi trouver tous les détails dont on a besoin si l’on veut s’installer dans un certain quartier. Cette application a pu être réalisée en réutilisant les séries de données disponibles publiées par les autorités publiques. C’est là un exemple de réutilisation des informations dont bénéficient les citoyens. »



    Radu Puchiu, secrétaire d’Etat à la chancellerie du premier ministre et coordinateur du Département de services en ligne, est optimiste quant à l’administration ouverte en Roumanie.


    « Je pense que cette possibilité existe. Quel que soit le gouvernement au pouvoir, je ne pense pas qu’il puisse ignorer le chapitre « données ouvertes » (open data). Je ne le pense pas. Et je ne pense pas non plus qu’il puisse ignorer la notion d’ « administration ouverte », car c’est une tendance que nous avons adoptée et nous avons fait des progrès. Quant au soutien politique, je souhaiterais, bien sûr, que les personnalités politiques de haut rang de ce pays l’acceptent aussi. Je crois que nous sommes dans la bonne voie. »



    En 2007, 84% des projets de loi ont été adoptés au niveau local lors de réunions publiques auxquelles ont participé environ 70 citoyens. En 2009, 65% des compagnies européennes ont visité les sites Internet des institutions publiques en quête d’informations ou pour télécharger des formulaires. En 2013, 5% des Roumains ont utilisé des services d’administration électronique, contre une moyenne européenne de 41%. Toujours en 2013 le ministère de la Défense a enregistré 18.222 demandes d’accès aux informations et plus de 50 mille visites aux points d’information. En analysant ces statistiques, les spécialistes qui ont élaboré le Rapport ont conclu que la participation publique est faible et que le besoin d’information de plus en plus important.


    (Aut. : Teofilia Nistor ; Trad. : Mariana Tudose, Dominique)

  • Défis de la nouvelle année universitaire roumaine

    Défis de la nouvelle année universitaire roumaine

    Cette année, le premier octobre nest pas seulement le jour habituel de louverture de lannée universitaire – il est aussi, un moment de bilan et de mise en perspective pour lavenir. Cest également loccasion de fêter le 150 anniversaire de lUniversité de Bucarest, une des meilleures institutions denseignement de Roumanie. Dailleurs, le système public déducation universitaire a été unique, sinon dominant, durant une bonne partie du 20e siècle. Comment universités publiques et privées – ces dernières réapparues après 1990 – ont-elles évolué? Ont-elles le même niveau qualitatif?



    Marian Staş, expert en éducation et professeur aux universités Harvard et de Bucarest, précise: “La réponse courte à cette dernière question est négative, pour au moins deux raisons importantes. Une pratique de 150 ans denseignement supérieur – comme cest le cas de lUniversité de Bucarest – est différente par rapport à celle des institutions créées il y a une quinzaine ou une vingtaine dannées. Par ailleurs, il sagit du débat public déjà engagé depuis un certain temps en Roumanie à légard de lactivité des universités privées, qui semblent être des usines à diplômes plutôt que de véritables écoles. Les étudiants des universités privées ont la possibilité dacheter leurs examens et leurs diplômes. Il nest pas moins vrai que cela se passe aussi dans certaines universités publiques, dune manière plus ou moins ouverte. Toutefois, jai rencontré aussi dexcellents professeurs et des étudiants passionnés dans lenseignement privé aussi. Et là il faut apporter une précision quantitative. Lenseignement privé de Roumanie pèse de 3 à 5% dans le système déducation roumain, une part très faible, donc”.



    Quant aux nouveautés concernant les étudiants de cette année, elles figurent dans un décret d’urgence par lequel le gouvernement a modifié certaines réglementations prévues par la Loi de l’Education nationale. Si jusqu’à présent, il n’y avait que les universités à temps plein qui pouvaient organiser des programmes de doctorat, à partir de cette année, cette facilité est offerte aussi par le système d’enseignement universitaire à temps réduit. Un autre changement concerne la création par les universités de collèges tertiaires censés assurer la préparation du baccalauréat dans le cas des élèves ayant raté cet examen. Concrètement, les élèves admis dans des classes d’école post-lycéale créées au sein des facultés peuvent décrocher leur diplôme d’études supérieures à condition de réussir leur bac à un moment donné. Une prévision qui repose sur une situation des plus tristes à laquelle le pays est confronté depuis trois ans déjà : depuis 2011, seulement 40 à 50% des jeunes lycéens roumains ont réussi leur bac, pouvant s’inscrire à l’examen d’admission aux études universitaires.



    Marian Stas : “Depuis 2011, moins de 50% des élèves de lycée décrochent leur diplôme de baccalauréat, ce qui permet à de moins en moins de jeunes de passer leur examen d’admission à l’université. Bien que prêts à accueillir un nombre croissant d’étudiants, ces dernières années, les professeurs ont assisté impuissants à la diminution de ce nombre. A cela s’ajoute un autre aspect, plus perfide encore : la baisse du niveau de tous ces élèves. Les jeunes bacheliers sont plutôt ignorants et ils ont du mal à répondre correctement aux standards imposés par les facultés. Il y a certains niveaux de compétences que les enfants ne maîtrisent pas. A la fin du collège, les élèves n’arrivent pas à satisfaire aux exigences imposées par le lycée, tout comme les bacheliers ne détiennent pas les compétences exigées par les universités”.



    La question qui se pose est de savoir si la création de ces écoles post-lycéales est vraiment une solution au problème de la réussite au bac et de l’éligibilité pour des cours universitaires. Marian Staş: A la rigueur, ce n’est pas une mauvaise idée celle que des enseignants universitaires mettent leur expertise professionnelle au service de la formation de tels jeunes. Pourtant, ce n’est pas là la vocation première des universités. Elles sont orientées vers la conceptualisation et les constructions intellectuelles plutôt que sur les exercices et les habiletés pratiques. Ces formations ciblées sont du ressort des écoles post-lycéales. Je suis curieux de voir comment ces jeunes formés dans des collèges tertiaires, non-universitaires accèderont à l’enseignement universitaire. Là, je tire la sonnette d’alarme, car, insuffisamment mis au point, les détails du cadre méthodologique prêtent à des interprétations arbitraires. Ainsi risque-t-on d’induire des comportements incorrects, en facilitant l’accès de ces jeunes à l’enseignement supérieur, alors que tous les critères de réussite scolaire au lycée ne sont pas remplis”.



    Ceux qui souhaitent s’inscrire à ces collèges peuvent le faire dès cette année, vu que le gouvernement a demandé aux universités de dresser jusqu’au 20 octobre les listes des spécialisations et d’élaborer les programmes d’études. Plusieurs université se disent prêtes à créer des collèges de ce type. Parmi elles on retrouve des établissements d’enseignement supérieur renommés, tels l’Université de Bucarest, Babeş-Bolyai de Cluj, Alexandru Ioan Cuza de Iaşi ou l’Université Polytechnique de Bucarest. (trad.: Ioana Stancescu, Mariana Tudose, Andrei Popov)

  • Médecine des urgences en Roumanie

    Médecine des urgences en Roumanie

    « La Roumanie assure un des plus hauts niveaux européens de qualité des soins durgence » ont conclu les participants à la première édition du Congrès de médecine d’urgence déroulé fin juin, à Cluj. L’explication en est bien simple: notre pays figure parmi les seuls cinq pays européens où la médecine d’urgence est une spécialité dans le cadre de la Faculté de médecine. En plus, la mise en place d’un programme national de modernisation des unités d’accueil des urgences et des ambulances a donné un nouveau visage à l’aide médicale d’urgence en Roumanie.



    Pourtant, si l’on veut des services irréprochables, des choses restent encore à faire. Sur l’ensemble des problèmes auxquels le système se confronte, notons en tout premier lieu le fait que trop peu d’hôpitaux de Roumanie couvrent toutes les spécialités en matière d’urgences. Du coup, les gens se voient souvent trimbalés d’un hôpital à l’autre sans très bien comprendre ce qui se passe. Heureusement que le Ministère de la santé fait des efforts soutenus pour assurer une médecine d’urgence de qualité et donc il se prépare à allouer des fonds supplémentaires aux services ambulanciers. Les sommes seront utilisées tant pour le dégel des postes et la promotion du personnel déjà existant, que pour des investissements pour l’infrastructure et la réparations des ambulances. Depuis le début de l’année, le ministère a débloqué 160 nouveaux postes dans le système des services médicaux d’urgence et ce processus va continuer.



    Alexandra Tanase, bénévole depuis deux ans des services d’ambulance de Bucarest, témoigne de son expérience: « La situation s’améliore d’une année à l’autre et je constate que nos coordinateurs s’efforcent de nous offrir un confort accru pour nous aider à remplir notre devoir le mieux possible. Le service d’ambulance dispose de trois types de véhicules. Ceux du type A assurent uniquement le transport des patients. Les ambulances du type B ont à bord un infirmier et souvent un bénévole. Enfin, les ambulances du type C disposent d’une équipe complète, formée d’un infirmier, d’un médecin et d’un bénévole. Ces derniers interviennent en cas de problèmes très graves, tels l’arrêt cardiorespiratoire ou l’accident. Plus le cas est sévère, plus l’équipe a des compétences accrues. Par contre, en cas de problème de santé sans risque majeur, ce sont notamment des ambulances du type B qui s’en chargent. Si l’on constate que le problème est plus sévère, alors on peut demander une équipe du type C. »



    Puisque l’édition de cette année du Congrès interdisciplinaire sur les urgences a aussi abordé l’absence de certains services médicaux nécessaires dans un même établissement hospitalier, Alexandra Tănase nous a expliqué la procédure suivie par les ambulanciers pour décider de l’hôpital qui accueillera le patient: «Nous sommes en contact permanent, par le système de communication à distance, nous expliquons l’état du patient et on nous dirige vers un certain hôpital. Sinon, nous l’emmenons à l’établissement le plus proche. Il m’est arrivé d’avoir un patient décompensé que nous avons emmené, pour sa propre sécurité, à l’hôpital le plus proche, au lieu de celui requis par sa maladie. »



    Alexandra nous a également raconté que chaque patient reçoit le traitement dont il a besoin, malgré une attente parfois longue, à cause du grand nombre de malades emmenés aux urgences. Quelles améliorations s’imposeraient encore? Alexandra Tănase: « La modernisation des ambulances, l’augmentation de leur nombre ainsi que du nombre d’ambulanciers, car c’est un problème visible. Il faudrait aussi impliquer tout le monde, parce que la réaction des gens en cas d’accident est vitale. Il existe un programme national intitulé « Il y a un héros en chacun de nous » qui repose exactement sur cette idée :chacun peut aider, en appliquant les procédures correctes, car, les premières minutes qui suivent l’accident ou un traumatisme sont essentielles pour la vie du patient. »



    Pour ce qui est des équipements, des améliorations ont eu lieu. Ainsi, par exemple, à l’Hôpital départemental des urgences “Sf. Ioan cel Nou” (Saint Jean le Nouveau) de Suceava (au nord de la Roumanie), sera-t-il installé un équipement de tomographie de dernière génération, financé par le ministère de la santé et par le Conseil départemental. De même, le service d’ambulance du département de Brăila dont les véhicules dataient de 2007, s’est enrichi de trois véhicules neufs du type B, achetés avec l’appui du ministère de la santé et il est probable que ce programme continue. (Trad.: Ioana Stancescu, Ileana Taroi)

  • L’éducation artistique à l’école

    L’éducation artistique à l’école

    Le 15 septembre marque, par tradition, la rentrée scolaire dans l’enseignement primaire et secondaire de Roumanie. Plusieurs surprises, plus ou moins agréables, attendent les quelque 3,2 millions d’élèves roumains. Au chapitre mauvaises nouvelles, il convient de mentionner l’absence, du moins pour un certain temps, des manuels scolaires pour les CE1 et 2. En cause, la décision du Conseil national chargé d’examiner les contestations de reprendre l’appel d’offres pour les manuels aux formats numérique et papier, suite à une plainte déposée par une maison d’édition.



    Côté bonnes nouvelles, signalons l’introduction de nouvelles disciplines scolaires. Ainsi propose-t-on aux élèves du primaire un cours optionnel d’architecture et d’environnement construit, tandis que les élèves des lycées de musique pourront opter pour l’étude du jazz. Et nous restons dans le domaine artistique pour mentionner une autre surprise. Elle est réservée aux élèves par Radio Roumanie Musique et le Ministère de l’éducation nationale. En vertu du protocole de coopération conclu par ces deux institutions, le projet intitulé “5 minutes de musique classique” sera promu comme programme national d’éducation à commencer par l’année scolaire 2014-2015.



    Explications avec Cristina Comandaşu, rédactrice en chef adjointe à Radio Roumanie Musique: “Cette initiative remonte à 2010, date à laquelle Radio Roumanie Musique a commencé à préparer le projet des cinq minutes de musique classique. Depuis lors, toutes les deux années, ce projet est mis en place dans des espaces non-conventionnels, tels que supermarchés, grandes surfaces, locaux d’entreprises. Des espaces très fréquentés, mais où l’on n’a pas l’habitude d’écouter de la musique classique. Nous avons donc visé à faire découvrir aux jeunes roumains ce genre de musique”.



    Grâce à ce partenariat, les fichiers audio contenant cinq minutes de musique classique atteindront, via Internet, tous les établissements scolaires du pays, où ils pourront également servir de support à des cours autres que ceux de musique. Cristina Comandaşu: “Ces morceaux sont susceptibles de servir d’auxiliaires pédagogiques pour les cours de musique, mais aussi comme toile de fond sonore pendant d’autres activités, artistiques, par exemple. Ces fichiers audio, nous les envoyons aux inspecteurs scolaires de chaque département. Ce sont eux qui les font parvenir aux écoles. Nous avons ainsi la garantie de la mise en place à l’échelle nationale du projet. Il s’agit d’un corpus de 31 pièces musicales que l’on entendra dans les écoles, mais aussi dans les espaces publics à partir du 1er octobre. Ces œuvres, très connues, illustrent tous les genres musicaux, depuis le baroque jusqu’à la musique moderne. Nous souhaitons familiariser les jeunes avec ces valeurs pérennes, dans l’espoir qu’un jour ils franchiront le pas vers d’autres choses moins accessibles”.



    Mihai Iacob, chercheur à l’Institut des Sciences de l’Education, affirme que, utilisés de manière créative, d’autres domaines artistiques aussi peuvent aider à tenir des cours ordinaires: “Les arts, ça aide aussi à faire passer l’information relevant de l’histoire, de l’éducation technologique ou de n’importe quel autre domaine, car ils stimulent les enfants. De cette façon, les cours deviennent plus dynamiques. Ils ne se limitent plus à la présence d’un professeur qui vient débiter son texte. En outre, le contact avec l’art ouvre de nouvelles portes du savoir”.



    Les arts peuvent également aider les enfants à acquérir différentes habiletés sociales, à surmonter des blocages émotionnels, chose désormais prouvée par les projets mis en place dans les communautés défavorisées, précise Mihai Iacob: “J’ai collaboré avec des artistes qui ont travaillé avec les enfants issus de communautés défavorisées. Nous avons mené de tels projets à Azuga, à Conţeşti, dans le comté de Teleorman, aux côtés de deux chorégraphes, l’un pour la danse contemporaine, l’autre pour la danse traditionnelle. Cet été, nous avons organisé un atelier de peinture d’icônes, près de Braşov. A condition qu’il soit intégré dans un processus, l’art s’avère être un instrument très puissant, capable de motiver les enfants, d’en mobiliser les énergies. C’est aux enfants d’assimiler l’expérience artistique”.



    Après avoir détaillé tous ces avantages, la question qui se pose est de savoir si l’art est suffisamment présent dans les écoles. Eléments de réponse avec Raluca Pop, manager de l’association “MètreCube. Ressources pour la culture”: “La présence de l’art est insuffisante. Une remarque s’impose toutefois. La nature de mon activité me permettant d’entrer en contact avec les organisations et les artistes qui travaillent avec les écoles, j’ai eu la possibilité de constater qu’il existe un grand écart entre milieux urbains et ruraux. En clair, bien des activités novatrices, dont surtout celles relevant de la collaboration avec les artistes et les organisations d’artistes, sont polarisées par les centres urbains. Cette situation est due non seulement à la répartition inégale des ressources financières, mais aussi et surtout au fait qu’en général les ONGs siègent dans les villes”.



    Quel que soit l’endroit qui accueille telle ou telle expérience artistique, la force de son impact varie en fonction du niveau d’implication de l’élève. Raluca Pop: “A mon avis, l’activité qui marche très bien actuellement et qui devrait être davantage mise en valeur, c’est le partenariat avec ces organisations, à cette condition près qu’il n’ait pas lieu dans les écoles. La différence est grande entre l’impact de l’art consommé passivement, lors d’un spectacle ou de la visite d’un musée, et celui de l’art que l’enfant pratique lui-même, en jouant d’un instrument, en dansant ou en interprétant un rôle dans un spectacle”.



    L’Institut des Sciences de l’Education de Bucarest mène à présent une étude censée donner une image très exacte tant de la présence des arts au sein de l’école, que des attentes formulées à cet égard par les trois acteurs de l’enseignement, à savoir élèves, parents et enseignants. (trad. Mariana Tudose)

  • Thérapies non-interventionnistes pour les enfants handicapés

    Thérapies non-interventionnistes pour les enfants handicapés

    Aidés, durant leurs premières années de vie par les parents, les enfants atteints de déficiences ou de troubles physiques ou mentaux doivent pourtant, à un moment donné, s’approprier les habiletés leur permettant de devenir indépendants. Les associations, qui leur viennent en aide, proposent des activités et des cours en ce sens. C’est le cas aussi du Centre éducationnel Raluca”, de la ville de Cluj (centre-nord du pays), qui s’investit dans l’aide aux jeunes atteints du syndrome de Down. Le centre a été créé par Adriana Avram et son époux, dont la fille, Raluca, est trisomique. A la fin de son parcours scolaire, Raluca a été en quelque sorte marginalisée, puisqu’elle n’a pas réussi à trouver un emploi.



    Adriana Avram: « Les activités professionnelles ont démarré au printemps 2013. C’est alors que nous avons aménagé une cuisine semi-professionnelle à l’inauguration de laquelle a participé le premier gagnant du Concours MasterChef Roumanie. Après avoir constaté que ces jeunes s’y connaissaient très bien, l’idée nous est venue de renoncer au sandwich fait maison en faveur de plats cuisinés dans les locaux de notre association. Depuis, deux jeunes gens assument chaque jour, à tour de rôle, la préparation du repas ».



    La cuisine mise à part, une autre activité prisée par les jeunes du Centre éducationnel Raluca est la peinture. Ils aiment réaliser des décors floraux et des ornements pour les fêtes et aspirent à des formations professionnelles dans des domaines similaires.



    Adriana Avram: « Cette année nous avons achevé un module de formation pour le métier de paysagiste — horticulteur, le diplôme que nous délivrons étant reconnu dans le monde du travail. A présent, nous organisons aussi des cours d’agent commercial. Pourtant, la vérité toute nue c’est qu’il y a de bien maigres chances que ces jeunes trouvent un emploi, car leur potentiel est plutôt méconnu. Et puis, les gens sont très pressés, peu enclins à faire preuve de patience quand il s’agit de travailler avec quelqu’un qui vit avec le syndrome de Down. Nous avons donc décidé d’ouvrir cette année une unité protégée qui embauche toutes les personnes inscrites auprès de notre centre. Nous visons aussi à quelque chose de similaire dans le domaine de l’alimentation, sans pour autant en avoir une idée précise, car nous nous heurtons à bien des préjugés et à une forte réticence de la part des gens ».



    Cette réticence n’a pas sa place dans une pizzeria de Cluj, qui a accepté en stage un des jeunes du Centre éducationnel Raluca. On peut donc espérer qu’un jour le jeune en question ou d’autres comme lui y trouveront un emploi.



    Moins connue des Roumains, la dyslexie est un trouble d’apprentissage qui devient visible dans les premières années de scolarité de l’enfant. Elle survient chez des enfants d’intelligence normale et se manifeste par des difficultés au niveau de la lecture, de l’écriture et de la rédaction. Lorsque ces difficultés concernent l’apprentissage des notions de maths, on parle de dyscalculie. Avec l’aide de l’Association roumaine pour les enfants dyslexiques de Târgu Mureş, la société OMV România a mis en place la première colonie de vacances destinée à développer la personnalité et la créativité des enfants et des ados dyslexiques de Roumanie. Cette action fait partie du programme social de la campagne En lisant, on va de l’avant”, soit le premier programme consacré à la dyslexie en Roumanie.



    L’actrice Angela Ioan, fondatrice de l’Association pour les enfants dyslexiques de Bucarest” et mère d’une fillette atteinte de ce trouble, nous présente le fonctionnement de cette colonie de vacances : “La colonie a deux sections. Dans une première étape, nous avons accueilli des enfants âgés de moins de 10 ans et un groupe de grands frères, qui ont eu eux aussi des troubles dapprentissage quils ont presque entièrement dépassés. Y ont participé entre autres ma fille qui a 15 ans, une jeune fille de 17 ans et une autre jeune femme qui est aujourdhui psychologue et qui avait été dyslexique. Elle a réussi à surmonter ce trouble et à se spécialiser dans le domaine même qui lui avait créé tant dennuis. La seconde section réunit des enfants âgés de 10 à 15 ans, accompagnés eux aussi dun groupe de grands frères. Les exercices que nous proposons visent la connaissance et lautoconnaissance afin détablir des relations entre enfants et parents. Nous avons beaucoup insisté sur la cohésion des parents, puis sur celle des enfants, pour développer ensuite la cohésion entre le groupe des parents et celui des enfants. En fin de compte, on pourrait dire que cette colonie a été plutôt destinée aux parents denfants dyslexiques. Ceux-ci ont découvert que, les difficultés scolaires mises à part, leurs enfants sont en fait des jeunes exceptionnels”.



    En témoigne aussi le fait que, par compensation peut-être, les enfants dyslexiques ont beaucoup de talent artistique, un talent impossible à développer sans avoir de la confiance en soi, ou sans la confiance des parents.



    Angela Ioan explique: “La confiance a été le thème principal de nos discussions et de nos activités. Nous avons constaté que ce chapitre posait des problèmes et que nous étions venus dans cette colonie avec trop peu de confiance dans notre capacité à maîtriser le problème de nos enfants, avec trop peu de confiance en nos propres enfants, bien quen théorie nous sachions quils peuvent être exceptionnels. De même, le contact avec dautres jeunes comme eux a permis à plusieurs enfants de constater que leur problème avait une solution. Ils ont donc surmonté cet obstacle, et nous, les parents, nous avons dépassé les limites imposées par le manque de confiance et nous avons quitté la colonie, animés par un sentiment positif”.



    Voici donc la recette qui nous aidera à surmonter les réticences et à faire un peu de place dans la société à ces jeunes, qui ont tout simplement besoin dencouragement. (Trad; Mariana Tudose, Valentina Beleavski)

  • Facteurs de risque pour les mères et les enfants de Roumanie

    Facteurs de risque pour les mères et les enfants de Roumanie

    Indicateur des performances économiques d’un pays, le bien-être des mères et des enfants est aussi un indice de l’efficacité de ses politiques sociales. De ce point de vue, malheureusement, les chiffres ne parlent pas en faveur de la Roumanie, selon une étude internationale lancée par la Fondation « Sauvez les enfants ». Réalisée chaque année depuis 15 ans, cette étude comporte également une recherche concernant la Roumanie, fondée sur des données provenant de l’Institut National de la Statistique, ainsi que d’autres recherches européennes concernant la santé de la mère et de l’enfant.



    Adina Clapa, membre de la filiale roumaine de la Fondation « Sauvez les enfants », nous dit quelle est la situation dans ce domaine, selon les données officielles de 2012 : « 187 Etats ont été pris en compte pour cette étude. Une fois de plus, dans la catégorie des Etats où il est préférable d’être mère, se retrouvent les pays nordiques, avec la Finlande en tête du classement. Pour la 15e fois de suite, la Roumanie occupe la dernière place parmi les Etats de l’UE et la 65e dans le monde. (…) La Roumanie enregistre le taux de mortalité infantile le plus élevé, soit 9 pour mille. Cela représente presque le double de la moyenne européenne, qui est de 4,3 pour mille. En chiffres absolus, on parle de quelque 1812 décès chez les nourrissons de moins d’un an. C’est un classement inquiétant et honteux. Les décès prématurés en sont la principale cause, suivis par les différents troubles respiratoires ou digestifs et par les accidents domestiques. Cela prouve que près d’un tiers de ces décès pourraient être prévenus».



    La pauvreté mise à part, les femmes et les enfants de Roumanie sont aussi confrontés au faible niveau d’instruction et d’information des futures mères. Beaucoup d’entre elles ne se soumettent pas aux contrôles réguliers pendant la grossesse et, après l’accouchement elles ne se rendent pas assez souvent chez le pédiatre.



    Ciprian Grădinaru, membre de la Fondation « Sauvez les enfants », synthétise les données de l’étude mentionnée : « L’enquête a pris en compte tous les 28 Etats de l’UE, plus l’Islande, la Norvège et la Suisse. Nous avons constaté qu’environ 28% des enfants — y compris les jeunes de moins de 18 ans — risquent la pauvreté et l’exclusion sociale. Cela se passe sur la toile de fond du clivage entre riches et pauvre, indique encore l’étude. En Roumanie, le pourcentage est beaucoup plus grand, presque double, 52% des enfants se trouvant dans cette situation. De ce point de vue, sur l’ensemble de l’UE, nous partageons la première place avec la Bulgarie. Un autre constat de l’étude c’est qu’en dépit d’une intensité des plus élevées dans l’UE du travail déployé pour accomplir les tâches ménagères, la pauvreté des enfants roumains reste accentuée. Pire encore, ce sont eux qui souffrent le plus à cause du dénuement. Le pourcentage d’enfants exposés au risque de pauvreté et d’exclusion sociale est supérieur de 13 % à celui des adultes ».



    Bien qu’en Roumanie on travaille davantage, le risque de pauvreté est plus grand en raison notamment du bas niveau des salaires. Ciprian Grădinaru mentionne un deuxième facteur: «Pour déterminer l’intensité du travail, on prend en compte le nombre de membres de la famille qui ont un emploi. Chez nous, pour qu’une famille puisse survivre, il est nécessaire qu’un nombre aussi grand que possible de ses membres aient un emploi. Et c’est ainsi que l’on arrive à l’exploitation des enfants par le travail. Si on regarde de près, on constate qu’une bonne partie des enfants roumains sont actifs du point de vue économique — et pas uniquement en milieu rural. C’est pourquoi, même si l’intensité du travail est élevée en Roumanie, le taux de pauvreté ne baisse pas. »



    Une autre ONG — World Vision — a abordé, de son côté, l’implication des enfants dans la survie de la famille. Daniela Buzducea, directrice plaidoyer de World Vision explique : « Nous nous sommes réjouis de constater, dans une première étape, qu’en milieu rural, la croissance économique quelque peu surprenante de la Roumanie rapportée l’année dernière est visible dans le niveau de vie des familles en général. Le nombre de familles qui affirment avoir des difficultés à pourvoir à leurs besoins quotidiens a baissé de 75 à 66%. Pourtant, chose triste et inquiétante, les enfants ne profitent pas de ce bien-être que les familles commencent à ressentir. Ainsi, le nombre d’enfants qui déclarent aller se coucher le soir sans avoir soupé a augmenté de 2%. Le nombre d’enfants qui déclarent travailler et qui, pour cette raison, s’absentent parfois de l’école est lui-aussi en hausse. Et nous parlons d’une durée du travail au bénéfice de la famille ou des voisins de plus de deux heures par jour. »



    La pauvreté ainsi que le travail des enfants explique également le taux élevé d’abandon scolaire en Roumanie.



    Les fonds européens — alloués avec sagesse et efficacité — pourraient constituer une chance pour ces enfants. Un autre soutien pourrait leur être accordé par voie institutionnelle, soit par une collaboration entre le système d’éducation, le système de protection et d’assistance sociale et les autorités locales. (Trad. Dominique, Mariana Tudose)

  • La transplantation d’organes en Roumanie

    La transplantation d’organes en Roumanie

    Rien qu’en 2013 ont été effectuées plus de 400 transplantations (275 rénales, 122 de foie et une transplantation cardiaque). La transplantation hépatique est la plus difficile. La plupart des donneurs sont des patients en état de mort cérébrale. Pour les reste des cas, le donneur est vivant ; la plupart des fois il s’agit d’un membre de la famille du patient qui accepte de faire le don. Plus de 400 Roumains se trouvent actuellement sur la liste d’attente pour une transplantation de foie. Mais le nombre le plus élevé de donneurs a été enregistré l’année dernière, lorsque les médecins roumains ont effectué un nombre record d’interventions, affirme Irinel Popescu, chef du Centre de Chirurgie et Transplantation hépatique Fundeni (Bucarest). C’est lui qui a effectué la première transplantation hépatique de Roumanie.



    Irinel Popescu : «L’année dernière a été une année d’exception. 2013 représente plutôt un saut qu’une évolution progressive. Le nombre des transplantations hépatiques a augmenté de 75 en 2012 à 122 en 2013, chose absolument remarquable. Par rapport à l’année dernière, 2014 doit tout d’abord maintenir ce nombre d’interventions. 41 transplantations de foie ont déjà été effectuées à l’hôpital Fundeni. Donc, on s’attend à un chiffre similaire à celui de l’année dernière ou légèrement plus élevé d’ici la fin de l’année. Un autre progrès est l’ouverture d’un deuxième programme de transplantations à l’Hôpital Ste Marie, où l’on a déjà effectué 3 interventions. De même, j’ai aimé donner un coup de main à nos collègues de Chisinau qui ont fait les premières transplantations de foie en République de Moldova provenant de donneurs vivants, mais aussi de donneurs en mort cérébrale. J’aimerais pouvoir introduire d’autres types de transplantations. Jusqu’ici personne n’a fait de transplantation pulmonaire ou d’intestin grêle en Roumanie. J’espère que ce sera possible à l’avenir».



    En Roumanie, environ 2 millions de personnes souffrent d’hépatite, qui, à défaut de traitement, mène à la cirrhose et au cancer hépatique. En avril 2000, l’hôpital Fundeni de Bucarest réalisait avec succès les premières transplantations hépatiques :


    «J’ai eu une cirrhose hépatique et j’ai dû avoir une transplantation. A ce moment-là, en Roumanie, aucune intervention de ce type n’avait réussi. Néanmoins, en mars 2000, le professeur Irinel Popescu m’a opéré et maintenant, 14 ans plus tard, je me sens très bien».



    «J’ai 64 ans et je me sens très bien, je n’ai pas de problèmes de santé. Moi aussi j’ai eu une cirrhose du foie en phase terminale. Je me suis adressé à la Section de transplantations de Bucarest, sans savoir qu’il y avait la possibilité de faire une transplantation. Je voulais aller à l’étranger pour me faire opérer, parce que les hôpitaux roumains ne disposaient pas des ressources matérielles nécessaires. Mais le docteur Irinel Popescu m’a assuré qu’il y avait en fait les mêmes conditions que n’importe où dans le monde pour faire une transplantation. La liste d’attente était longue et j’ai eu l’intervention lorsqu’un foie est devenu disponible».



    Pour ce qui est des transplantations cardiaques en Roumanie, après deux ans et demi de pause, ce sont les hôpitaux de Târgu Mureș (dans le centre du pays) et Floreasca de Bucarest qui ont repris les interventions. Depuis 1999, lorsque la première transplantation cardiaque a été faite en Roumanie et jusqu’en 2012, les médecins de Târgu Mures ont réussi à faire de la performance, effectuant en moyenne 10 transplantations par an.



    Plus de 3600 personnes figurent actuellement sur les listes d’attente des différentes transplantations ; la plupart ont besoin d’un rein compatible, d’autres — d’un foie, d’un pancréas ou d’un cœur. Malheureusement, l’argent alloué cette année par l’Etat ne couvre que 20% du nécessaire et l’on attend la rectification budgétaire cet été en ce sens. Les médecins qui font ces interventions dénoncent eux aussi la rémunération insuffisante, mais ils encouragent les patients à ne pas perdre l’espoir.



    Le docteur Mihai Lucan, chef de la Clinique de transplantation rénale de Cluj explique : « La Roumanie a évolué d’une façon extraordinaire dans ce domaine. Le sort a fait que nous nous situons dans une région de l’Europe, où il faudrait nous rapprocher davantage des autres manières de penser et de fonctionner dans le domaine de la santé. Et pourtant, quelques individus obstinés oeuvrent toujours afin de maintenir la transplantation au niveau des pays beaucoup plus développés et qui disposent de beaucoup plus d’argent que la Roumanie. L’année dernière on a même fait un grand pas en avant, au sens où nous avons enregistré un taux des dons d’organes à partir de donateurs décédés qui a dépassé celui de nombre de pays civilisés. Mais on peut faire plus de choses ».



    Les greffes du pancréas réalisées à l’Institut de transplantation et d’urologie de Cluj ont commencé en 2006. Jusqu’ici cette institution a fait 11 transplantations, affirme Mihai Lucan : « Au début, l’évolution n’a pas été très bonne. C’est une partie de la transplantation soumise à beaucoup d’interférences évolutives. Le pancréas est un organe extrêmement sensible face à toute manipulation et dans l’évolution post-opératoire. On a fait même 11 interventions supplémentaires afin de soigner des poussées de pancréatite aiguë, mais les malades s’en sont bien sortis à la fin. A partir de cette année, nous avons recommencé d’une manière quelque peu différente, aux côtés de plusieurs conseillers d’Italie et d’Autriche et j’avoue que les résultats sont spectaculaires. Il s’agit d’une double transplantation. On fait une greffe de foie et de pancréas. Maintenant, la liste d’attente compte une trentaine de malades… »



    A l’heure actuelle il existe en Roumanie une quarantaine de centres de prélèvement d’organes. Au niveau européen, on recense entre 20 et 25 donneurs par an pour chaque million d’habitants. Dans certains pays tels l’Espagne, le nombre des donneurs est arrivé à quarante personnes pour chaque million d’habitants. La Roumanie se situe à la fin du classement, avec quatre donneurs pour chaque million d’habitants.



    Afin de se placer dans la moyenne européenne, la Roumanie devrait recenser environ 500 donneurs par an. Il s’agit d’un objectif assez difficile à réaliser vu qu’il existe un seul centre de transplantation de foie, à Fundeni, dans la banlieue bucarestoise, trois centres de transplantation des reins — à Bucarest, Cluj et Iasi et deux centres de transplantation cardiaque à Bucarest et à Târgu Mures. C’est tout. (Trad. : Valentina Beleavski, Alex Diaconescu)



  • Le jeu d’échecs dans les écoles

    Le jeu d’échecs dans les écoles

    Les élèves roumains de l’enseignement primaire pourront apprendre le jeu d’échecs à l’école, à partir de l’automne prochain. La nouvelle discipline, intitulée «Education à travers le jeu d’échecs», sera facultative et enseignée à raison d’une heure par semaine. Les élèves pourront opter pour une ou deux années d’étude.



    Le ministre roumain de l’Education, Remus Pricopie, nous présente les bénéfices de cette initiative: « Les bénéfices en sont nombreux et je parle en tant qu’enseignant et parent d’un enfant qui joue aux échecs. Tout d’abord les échecs développent la capacité de concentration et d’analyse, ainsi que la logique de l’enfant. Celui–ci apprend aussi à avoir de la patience, car il arrive parfois de réfléchir devant l’échiquier 3, 4, voire 5 heures. C’est une chose extraordinaire. A ne pas oublier non plus l’esprit d’équipe. Ceux qui ne s’y connaissent pas pensent probablement qu’il s’agit d’un jeu individuel. Ce n’est pas vrai. L’équipe s’avère importante dans pas mal de cas, depuis les préparatifs jusqu’à la compétition. Les recherches à ce sujet font état d’une amélioration considérable des résultats scolaires ».



    Vladimir Danilov est le secrétaire général de la Fédération roumaine des échecs. Ce jeu, il l’a appris dans la ville de Iasi, une ville devenue exemple de bonnes pratiques pour ce qui est de l’enseignement des échecs dans les établissements scolaires: « Les échecs sont enseignés dans les écoles depuis 1986, et ce sous une forme ou une autre et non pas nécessairement comme discipline inscrite dans les catalogues. Ce fut alors qu’est née la première classe d’échecs de Roumanie. Après 1990, les échecs ont pénétré dans toutes les maternelles et écoles, il est vrai notamment dans le régime école après école. A Iasi, on recense 3 mille élèves qui apprennent les échecs. Beaucoup d’entre eux atteignent le niveau professionnel. Depuis l’an 2000, à l’école Bogdan Petriceicu Hasdeu, le jeu d’échecs a été introduit comme discipline notée dans le catalogue. « Echecs sur l’ordinateur » ou encore « Echecs et mathématiques » – elle y est enseignée sous différentes formes, compte tenu de la spécialisation du professeur d’échecs. La classe est fréquentée par 600 élèves de l’école primaire, de 1 à 4 heures par semaine ».



    Selon un protocole récemment conclu avec le Ministère roumain de l’Education et la Fédération roumaine des échecs, dans la période à venir on devra choisir les écoles où le jeu d’échecs sera enseigné en tant que discipline ainsi que les enseignants. Le ministre roumain de l’Education, Remus Pricopie explique: « Le premier problème à résoudre porte sur la mobilisation des enseignants sur la pratique de ce jeu qui n’a jamais figuré parmi les disciplines scolaires dans les écoles de Roumanie. On manque donc d’un système de formation des enseignants en cette direction. Mais, au terme d’un accord signé avec la Fédération roumaine des échecs, tout professeur, soit-il de maths, biologie, chimie ou autres, peut enseigner le jeu d’échecs en classe à condition de se voir remettre une attestation délivrée par la Fédération. C’est un premier pas dans cette direction avant que la formation des enseignants ne soit prise en charge par les universités avec le concours du Ministère de l’Education. Un deuxième pas consiste en la dotation de 500 établissements scolaires d’ensembles d’échecs complets et de plusieurs manuels d’apprentissage. Ces 500 ensembles seront offerts aux écoles du milieu rural, puisqu’en ville il existe pas mal de centres d’animation où l’on peut s’initier à ce jeu ».



    Stefan est au lycée et à son âge il est joueur d’échecs de compétition, ayant aussi d’excellents résultats aux concours de maths. Apparemment, il y a un rapport étroit entre les deux, affirme Stefan: «Le jeu d’échecs développe les compétences intellectuelles, il nous aide à mieux raisonner non seulement à l’école, mais dans la vie de tous les jours. Nous apprenons à faire notre choix et à devenir maîtres de nous-mêmes. »



    Et puisque nous parlons des bienfaits de ce jeu, passons la parole à Victor, un lycéen médaillé aussi bien aux Championnats nationaux d’échecs qu’aux différentes compétitions scolaires : « Savoir gérer ses émotions, cela compte énormément lors des concours de maths ou d’informatique. C’est comme cela que je suis arrivé à décrocher des médailles aux concours nationaux de mathématiques »



    Quand il n’est pas à l’hôpital, le médecin Lucian Vasilescu s’amuse à participer aux tournois d’échecs, un jeu dont il se passionne depuis son enfance. C’est à l’époque de l’adolescence qu’il a commencé à enregistrer ses premières performances. Ecoutons-le parler de l’influence des échecs sur l’éducation et la carrière professionnelle:


    « J’ai commencé à jouer aux échecs en CE1 par pur plaisir. J’ai continué à le faire en lycée, à la faculté et je le fais même à présent pour mon propre bonheur. Moi, j’ai été aussi joueur de compétition. J’ai même figuré parmi les meilleurs. Cela m’a donc permis de développer certaines de mes compétences, telles la ténacité, l’ambition et aidé à fonctionner au sein d’une équipe avec laquelle j’ai voyagé partout dans le monde. Je suis très fier qu’à mes 50 ans, je puisse toujours jouer aux échecs contre les meilleurs de Roumanie. J’ai hâte de prendre ma retraite, car j’aurai ainsi plus de temps pour jouer aux échecs ». (trad. : Alexandra Pop, Ioana Stancescu)


  • Le travail temporaire

    Le travail temporaire


    Dans les périodes de crise économique et financière, les emplois temporaires peuvent représenter une alternative viable au manque de jobs à caractère permanent. Les plus intéressés sont, bien évidemment, les jeunes, parce que les plus touchés, dernièrement, par le chômage à l’intérieur de l’UE. D’ailleurs, les institutions communautaires mettent en avant ce type d’emploi par le biais d’une directive datée de 2008 et adoptée jusqu’en 2011 par tous les Etats membres.



    La Roumanie a, elle aussi, mis en place cette législation, qui suppose une relation tripartite entre agence de recrutement, intérim et utilisateur du service. La première joue l’entremetteur dans l’embauche de l’intérimaire, pour la période durant laquelle l’utilisateur a besoin des compétences de ce dernier. Cette période va d’un mois à trois ans, le maximum permis par la législation pour un CDD. A la fin du contrat, le salarié peut opter pour continuer son activité dans le même domaine ou un autre. C’est justement dans le but de cette flexibilité professionnelle qu’a été adoptée cette directive de l’UE, affirme Camelia Slivneanu, directrice exécutive de l’Association roumaine des employeurs d’intermittents (ARAMT). « Pratiquement, on donne à l’intermittent la possibilité de décider seul de son parcours professionnel. En clair, chacun peut décider, à un certain moment, si oui ou non il ou elle continue à travailler en CDI, comme à l’accoutumée. Le choix du travail intermittent lui permet de canaliser ses efforts au gré de ses intérêts personnels ou professionnels. Nous avons affaire à un nouvel environnement économique. Ce type d’emploi est donc le résultat de l’adaptation à une nouvelle réalité économique, découlant non seulement de la crise économique, mais aussi de l’ouverture des frontières et de la mobilité sur le marché unique européen. »



    L’intérim semble convenir à merveille aux étudiants désireux d’acquérir une expérience professionnelle, mais aussi aux jeunes diplômés qui souhaitent exercer plusieurs professions en vue d’un futur choix définitif. Ce type de job est recherché aussi par les personnes qui, au bout d’une longue période d’inactivité, préfèrent se faire embaucher sous CDD au lieu d’attendre un emploi en CDI, difficile à trouver. Quels sont les avantages sur le long terme d’un emploi dont on sait qu’il ne va pas durer longtemps? Qu’en est-il de l’assurance que procure, quand même, un CDI? Voici la réponse de Camelia Slivneanu : « Quand on pense à ce qui est arrivé dernièrement aux salariés en CDI qui se sont retrouvés au chômage, on réalise que cette sécurité de l’emploi n’existe plus. Or, dans le cas de l’intérim, il y a le maximum de garanties que l’employeur acquitte les taxes envers l’Etat. Cela parce que cet employeur ne saurait se permettre de se voir infliger des pénalités ni d’éluder la loi, sous peine de levée de l’autorisation de fonctionnement. »



    Andreea Staicu est titulaire d’un CDD comme directrice des ressources humaines dans une société basée à Oradea. Elle remplace la titulaire du poste, qui bénéficie d’un congé parental pour élever son enfant. Andreea Staicu, qui connaît exactement la date d’expiration de son contrat, ne se fait pas de soucis pour son avenir professionnel. « Puisque je suis actuellement au stade d’exploration, je n’ai aucune appréhension pour mon futur emploi ni pour mon parcours professionnel. Pour l’instant, je me focalise sur ce job temporaire, après quoi je prendrai des décisions. Je suis convaincue que ce travail temporaire m’apportera de nouvelles opportunités. »



    Pour un jeune en début de carrière, désireux d’expérimenter différents jobs, le travail intérimaire est une opportunité en ce sens. Andreea Staicu. « Ce type de contrat a de nombreux bénéfices. En termes de culture organisationnelle, le milieu dans lequel je travaille à présent est nouveau pour moi. C’est une période de tâtonnement, qui permet aux jeunes de voir s’ils sont à l’aise dans l’organisation respective ou si le domaine d’action leur convient. Ceci dit, je trouve que c’est une assez bonne initiative. »



    Toutefois, le travail temporaire a aussi des désavantages, comme nous l’explique Camelia Slivneanu : « Il y en a un qui est aussi très important, il s’agit de la relation avec les banques. Celles-ci portent un regard différent sur les intérimaires et ne prennent pas en compte tout l’historique de la personne. Il se peut que quelqu’un ait des CDD durant plusieurs missions successives, qui ne s’étalent pas uniquement sur trois ans, mais sur 6, 9 ans. De ce point, de vue on peut parler d’un désavantage sur le marché de l’emploi. »



    N’empêche, en Roumanie, les emplois temporaires sont de plus en plus recherchés ces dernières années. Si en 2008, les statistiques de l’Association roumaine des Agences de Travail temporaires faisaient état de 28 mille intérimaires, à présent leur nombre dépasse les 52 mille. La plupart d’entre eux sont âgés de 21 à 45 ans. Un cinquième des intérimaires sont des étudiants, et plus d’un tiers d’entre eux sont âgés de 30 à 45 ans. Malgré cette évolution, la Roumanie demeure loin derrière la moyenne européenne. Dans l’UE, les intérimaires représentent près de 2% de la main d’œuvre, contre 0,8% en Roumanie. ( Trad. Mariana Tudose, Alexandra Pop)


  • L’équithérapie

    L’équithérapie

    En 1964, le psychiatre américain Boris Levinson lançait une nouvelle approche thérapeutique pour traiter des personnes à déficiences: une technique utilisant des animaux tels les dauphins, les poissons, les perroquets, les chevaux, les chiens et les chats. Selon les recherches, les quadrupèdes, par exemple le chien, anticipent les crises épileptiques, les perroquets atténuent les maux cardiaques, les chats diminuent de manière significative les états d’anxiété, de déprime, voire de schizophrénie. Les dauphins communiquent facilement avec les enfants, l’équitation rétablit l’équilibre psychique, les poissons donnent paix et tranquillité à ceux qui les regardent nager dans leurs aquariums.



    La thérapie utilisant des animaux vise à développer l’intelligence émotionnelle des personnes à déficiences et à faciliter leur intégration sociale. Certaines études ont montré que les personnes qui aiment les chiens et les chats, aiment aussi leurs semblables. En Roumanie, cette thérapie non-conventionnelle est assez récente et elle a notamment visé la récupération des détenus et des enfants présentant un handicap.



    Lilica Frăţiman, maître de conférence, pédiatre à l’hôpital départemental de Constanta et doyen de la Faculté de psychologie « Andrei Saguna » de la ville de Constanta, nous dit davantage sur la thérapie avec des chevaux: « L’équithérapie s’avère utile sur plusieurs plans: elle est recommandée dans le cas des personnes qui ont du mal à s’adapter dans la société, mais aussi à celles touchées par différentes maladies. Il s’agit de personnes qui éprouvent des difficultés neuromotrices, psychomotrices, soit des enfants touchés d’une paralysie cérébrale ou du syndrome Down. Chez nous, la psychothérapie médiatisée par le cheval s’est développée en relation avec les enfants autistes ou présentant des troubles qui relèvent de l’autisme, avant de s’élargir à d’autres types d’affections. On sait très bien que les enfants autistes ne vivent pas dans notre monde mais dans le leur. Ils ne sont pas nécessairement malades mais coupés de la réalité sociale que l’on connaît tous. Le cheval, avec ses instincts protecteurs et son calme, rapproche l’enfant de notre réalité. Le cheval l’aide à s’ancrer un peu dans notre réalité et une fois en selle, l’enfant est rassuré par le mouvement tranquille du cheval, ce qui le rend plus présent et l’aide à apprendre des gestes et des mots nouveaux; le cheval apporte un progrès extraordinaire dans l’évolution de l’enfant autiste. Il en va de même pour d’autres maladies, telles les génétiques, les dégénératives ou celles suivant des hypoxies au moment de l’accouchement. »



    Les études scientifiques effectuées au fil du temps ont prouvé les effets bénéfiques qu’un animal de compagnie peut avoir sur une personne seule, malade ou sur les enfants handicapés. Ainsi a-t-on constaté que les animaux sont capables d’améliorer la santé psychologique et le niveau de communication interpersonnel, du fait d’accroître la confiance en soi. Alors que la thérapie qui utilise un animal de compagnie, tels le chien ou le chat, est bien connue, la thérapie par le cheval ou l’équithérapie est une option exclusiviste. Toutefois, à travers le pays, plusieurs centres de récupération ont mis en avant ce type de thérapie. Au début, on ne pouvait la pratiquer qu’en fonction de la météo, donc du printemps à l’automne. Tel n’est plus le cas à présent. Désormais, les enfants jouissent de ce type de thérapie à longueur d’année, grâce à l’aménagement de manèges couverts.



    La thérapie par le cheval ou le poney est indiquée aussi aux enfants plus dynamiques, car le rythme des pas du cheval, plus proche du rythme cardiaque de la mère, induit une sensation de relaxation plus marquée.. L’équithérapie aide même à soigner l’autisme sévère. Grâce aux mouvements du corps de l’animal, le sujet atteint d’autisme parvient à découvrir son propre corps et à faire la distinction entre son monde, qu’il tenait pour unique univers, et celui extérieur.



    Combien efficace est cette thérapie? Réponse avec Lilica Frăţiman. « Les résultats varient en fonction de la difficulté du cas ou du type de trouble à soigner. J’ai vu des enfants autistes changer de comportement d’une séance à l’autre. Lorsqu’ils arrivaient chez nous, ils criaient et refusaient tout contact avec les autres et la réalité, mais une demi-heure après avoir monté à cheval, je les ai vus sourire et caresser l’animal. Les résultats stables sont visibles au bout de plusieurs semaines de thérapie, à raison de deux ou trois séances par semaine. »



    Une séance d’équithérapie dure de 30 minutes à une heure, en fonction de l’état du patient et de sa disponibilité à coopérer. Les associations spécialisées s’efforcent de la réintroduire comme méthode adjuvante dans la psychothérapie. Elles proposent même de faire introduire un cours de thérapie par le cheval dans le système national de psychothérapie. ( trad.: Mariana Tudose, Alexandra Pop)

  • Controverses au sujet des cours de religion dans les écoles roumaines

    Controverses au sujet des cours de religion dans les écoles roumaines

    Enseignée du CP à la terminale, la religion en tant que discipline scolaire a été fortement contestée par une partie des parents et de la société civile, invoquant la liberté religieuse. Par conséquent, de nombreux élèves roumains ne fréquentent pas les classes de religion, une décision motivée par leurs parents soit par lappartenance à une autre religion que celle majoritaire en Roumanie, orthodoxe, soit par le fait dêtre athées, soit parce quils estiment que certaines leçons proposées dans le manuel de religion sont nuisibles aux enfants.



    Cette pratique est très répandue dans les écoles roumaines, et ce depuis 1989, mais quen dit la loi? LAssociation Séculière Humaniste (ASHR) a lancé une campagne dinformation censée éclaircir les différents aspects controversés de lenseignement de la religion. Oui, la loi permet aux parents de retirer leurs enfants des classes de religion. Mais que font ces élèves pendant que leurs collègues sont en classe? Peuvent-ils opter pour des cours alternatifs? Ont-ils du moins une salle de classe libre pour y rester? Sont-ils surveillés par un prof? Autant de questions que les membres de lAssociation Séculière Humaniste ont posées aux parents et aux enseignants.



    Monica Beliţoiu, directrice exécutive de lassociation, commente les réponses recueillies: « Nombre de parents ne connaissent pas la loi et sont surpris dapprendre quils peuvent renoncer aux classes de religion. En général, ceux qui prennent cette décision appartiennent à une autre religion ou ne sont pas daccord avec les sujets discutés en classe. A chaque rentrée nous avons organisé des campagnes dinformation sur le cadre légal de cette option. Certains enseignants et parents sont daccord avec nous, dautres estiment que cest nous qui navons pas compris la loi. En plus, il y a des proviseurs qui ne peuvent pas permettre aux élèves de renoncer aux classes de religion car ils ne disposent pas de salles libres. Par conséquent, ces enfants restent dans leur salle de classe même sils ne suivent pas le cours de religion. Dans dautres cas, les élèves en question se rendent à la bibliothèque ou à lécole après lécole ».



    En même temps, les profs et les représentants des inspections scolaires reconnaissent le droit des parents et des enfants de ne pas participer aux cours de religion, bien quaux termes de la loi roumaine de lenseignement, cette discipline ne soit pas optionnelle.



    Mihaela Ghiţiu enseigne la religion au lycée Ion Neculce de Bucarest: « La religion fait partie des disciplines obligatoires. Pourtant, certains profitent du fait que lon a permis aux élèves dautre confession de ne pas participer à ces classes. Ils peuvent étudier leur propre religion, là où cest possible. Et il existe en fait des curricula spécifiques à chaque culte, avisés par le ministère de lEducation. Certes, les parents qui ne souhaitent pas que leur enfant suive un cours de religion ont la liberté dy renoncer, invoquant la liberté religieuse, car la loi de lenseignement est en accord avec la Constitution de la Roumanie. Cela n’a pas d’incidence sur leur moyenne semestrielle ».



    Par exemple, les élèves catholiques ou musulmans peuvent ne pas fréquenter les classes de religion si le culte enseigné dans leur école est orthodoxe. Sils ne peuvent pas aller ailleurs ou suivre un autre cours, ils restent dans leur salle de classe sans participer aux débats.



    Mihaela Ghiţiu: « Jai un élève musulman dans ma classe. Rien ne lempêche de nous parler de sa religion au moment où nous nous penchons sur ce sujet. Il na pas renoncé au cours même sil étudie ailleurs sa propre religion étant noté par un autre prof ».



    Mais cest justement pour éviter ce type de situations que lAssociation Séculière Humaniste propose que la classe de religion soit tenue au début ou à la fin de la journée. Ainsi, les enfants qui ne suivent pas le cours peuvent arriver plus tard à lécole ou rentrer plus tôt chez eux et ils ne doivent plus être surveillés.




    Une idée soutenue par les familles, selon Mihaela Gună, présidente de la Fédération des Associations des parents d’élèves : « Je pense que cest correct, parce que souvent les parents ne retirent pas leurs enfants des classes de religion uniquement parce quils restent seuls pendant une heure. Par ailleurs, cest plus normal davoir un emploi du temps qui leur permette de suivre un cours optionnel ».



    A la place d’un cours optionnel, l’ASHR propose qu’en tant que discipline, la religion soit remplacée par l’histoire des religions, pour familiariser, justement, les élèves avec la diversité des croyances.




    Mihaela Gună soutient cette initiative, estimant que de cette façon on éviterait d’enseigner aux enfants des aspects pouvant les choquer à leur âge : « A mon avis, ce serait beaucoup plus intéressant pour les enfants de leur faire connaître l’histoire des religions, par exemple, au lieu de leur présenter les rituels entourant la mort ou de les obliger à se rendre à l’église. J’aimerais qu’on leur offre la possibilité d’apprendre davantage de choses sur la religion, au lieu de privilégier les dogmes. Beaucoup d’enfants ont peur que Dieu va les punir s’ils ne font pas ou ne disent pas certaines choses. Or, à mon avis, la religion doit être envisagée d’une tout autre manière ».



    Tout en soulignant le fait que des éléments d’histoire des religions sont enseignés aussi bien pendant le cours d’histoire générale que pendant celui de religion, le professeur Mihaela Ghiţiu précise : « La religion propose des valeurs et développe des vertus, elle oriente les enfants vers la communion avec leurs semblables. Par ailleurs, il est impossible d’aborder les vertus, sans parler des péchés qui leur sont opposés. L’ASHR estime qu’il ne faut pas parler de punitions, de l’enfer ou de la mort. La mort, on doit la bannir de la société, on ne doit pas savoir qu’elle n’existe. Pourtant, dans les familles traditionnelles, lorsque les grands-parents étaient sur le point de trépasser, on emmenait les enfants auprès d’eux pour qu’ils leur demandent pardon. C’est quelque chose qui fait partie du cours naturel de l’existence. Les parents peuvent parler de manière très délicate à leurs enfants de ces aspects auxquels, de toute façon, ils seront confrontés, tôt ou tard, dans la famille ».



    Quelles que soient les raisons pour ou contre l’enseignement de la religion dans le système laïc et public d’éducation, le débat gagne en ampleur. La preuve : une récente initiative parlementaire visant à remplacer le cours de religion par un cours d’éthique et de culture civique. (trad. : Valentina Beleavski, Dominique)