La COP24 et les menaces climatiques

Les représentants de 200 pays se sont réunis pendant deux semaines pour essayer de donner un nouvel élan à l’accord de Paris sur le climat. Patricia Espinosa a averti en ouverture de la conférence de Pologne que « les conséquences du changement climatique n’ont jamais été aussi graves. Cette réalité nous indique clairement que nous devons faire bien plus ».

Selon l’accord de Paris, qui entre en vigueur à partir de 2020, 184 pays se sont engagés à appliquer des mesures pour réduire la pollution. Le but affirmé : limiter le réchauffement climatique à 2°C – idéalement à 1,5°C – par rapport aux températures enregistrées avant la Révolution industrielle. La 24ème conférence mondiale pour le climat de l’ONU est la plus importante réunion depuis la COP21 de Paris. Comme toile de fond de cette nouvelle réunion : les rapports scientifiques qui suggèrent qu’il reste 12 ans à l’humanité pour réduire de moitié l’émission des gazes à effet de serre pour éviter une future catastrophe climatique.

Récemment, la Commission européenne a présenté une stratégie en faveur d’une Europe neutre du point de vue de son impact environnemental d’ici en 2050. Cet objectif pourrait être atteint en investissant dans des solutions technologiques réalistes et en responsabilisant les citoyens européens. Mais la neutralité climatique, qui se traduirait par des émissions carbone nulles avant 2050, nécessiterait surtout une action commune des pays membres dans les domaines stratégiques, comme la politique industrielle, les finances, la recherche et les politiques sociales.

Le commissaire chargé de l’action pour le climat et de l’énergie, Miguel Arias Cañete explique : « Il y a sept éléments communs dans tous les scénarios que nous avons envisagés. Pour commencer, le système énergétique européen devra renoncer au carbone. D’ici 2050, 80% de l’électricité viendra de sources renouvelables. Avec l’énergie nucléaire, ça sera la colonne vertébrale d’un système énergétique sans carbone en Europe. L’UE utilisera de plus en plus l’électricité, la demande d’énergie électrique doublera, pour le moins, d’ici 2050. Nous utiliserons beaucoup plus l’électricité pour le chauffage et pour les transports. Le deuxième élément : l’efficacité énergétique sera un facteur-clé dans l’industrie, mais aussi pour les logements et les services. En troisième lieu : révolutionner les transports. En ce moment, les transports sont responsables d’un quart des émissions de gaze à effet de serre. Il faut aller vers le transport électrique, vers l’utilisation des combustibles alternatifs, synthétiques, et en général il faudrait mieux gérer les transports, de manière plus efficace. »

Le quatrième élément évoque par la Commission européenne est l’industrie. Nous avons déjà réduit les émissions, mais pas dans tous les secteurs. Les émissions liées aux processus industriels présentent une problématique à part, car ils nécessitent l’utilisation de combustibles différents.

Le commissaire Cañete continue l’énumération : « En cinquième lieu : l’utilisation durable des terrains. Ceci est très important, nous devons utiliser davantage la biomasse, mais nous devons aussi nous assurer que la capacité d’absorption du carbone par les forêts et la terre est maintenue, voire même augmentée. Le sixième élément : l’infrastructure comme facteur essentiel dans l’intégration des systèmes énergétiques européens, dans la digitalisation et dans l’usage des combustibles à émissions carbone réduites. Le septième et dernier élément concerne la captation et le stockage du carbone. Malgré le problème actuel, cela sera nécessaire pour renoncer au carbone dans l’industrie. »

Bruxelles est conscient de ses responsabilités envers les citoyens. Selon le dernier Eurobaromètre, datant de novembre 2018, 93% des citoyens européens considèrent que le changement climatique est provoqué par l’activité humaine. 85% d’entre eux pensent que la lutte contre le changement climatique et l’utilisation plus efficace de l’énergie peuvent générer de la croissance économique et la création d’emplois en Europe.

Le 1er janvier la Roumanie prendra la présidence tournante du Conseil de l’UE et son mandat sera sûrement marqué par des débats qui définiront l’espace communautaire dans les décennies à venir. La Roumanie a ainsi la possibilité d’augmenter l’influence de l’Europe de l’Est, y compris dans le domaine énergétique.

C’est en tout cas l’opinion du président de l’Institut européen pour la performance énergétique des bâtiments et membre de la Fondation Européenne pour le Climat, Julian Popov : « A part le Brexit qui a un fort impact sur l’Europe, il y a aussi la Roumanie qui présidera le début des négociations pour la stratégie 2050. C’est un document important car l’Union européenne fait enfin la transition vers l’énergie verte. Il y aura également des discussions concernant le budget de l’UE, qui devrait prévoir des augmentations de 25% pour le changement climatique et 60% pour la recherche. C’est un nouveau paradigme, l’Europe s’est rendue compte qu’elle est à la traine concernant la recherche. C’est en quelque sorte le réveil de l’Europe. »

Julian Popov estime que c’est l’occasion pour la Roumanie de mettre son empreinte sur les futures stratégies communautaires. (Trad. : Elena Diaconu)