Tag: enfants

  • A la une de la presse roumaine 13.11.2018

    A la une de la presse roumaine 13.11.2018

    Les méthodes staliniennes d’apprentissage dans les écoles roumaines, la résolution sur l’Etat de droit en Roumanie adoptée par le PE ou encore la consommation des drogues dans une ville comme Bucarest intéressent particulièrement les éditions en ligne des principaux journaux de Roumanie.

  • Les enfants des rues de Bucarest aujourd’hui

    Les enfants des rues de Bucarest aujourd’hui

    Le 6 novembre dernier, l’agence française et francophone de Bucarest a organisé une conférence sur la protection de l’enfance en Roumanie. Un public nombreux est venu écouter Ionut Jugureanu, président de la fondation Parada qui vient en aide aux enfants qui vivent dans les rues de Bucarest par le cirque. Au micro de Ninnog Louis, il fait le point sur l’origine du phénomène des enfants des rues, et sur la situation actuelle.



  • A la une de la presse roumaine 23.10.2018

    A la une de la presse roumaine 23.10.2018

    L’argent domine la plupart des sujets traités par les journaux bucarestois en ce mardi. Le gouvernement encourage les enfants roumains à ouvrir des comptes bancaires, s’alarme Adevarul, avant de préciser : les enfants n’auront pas le droit de disposer de leurs économies avant l’âge de 18 ans, l’Etat oui. Pour sa part, Jurnalul National félicite les autorités roumaines de la mise en place d’une loi contre la paresse, une première.

  • Lire en français

    Lire en français

    La librairie française de Bucarest, Kyralina, propose depuis son ouverture l’inscription aux abonnements de la maison d’éditions Ecole des loisirs. La popularité de ces abonnements bien connus en France augmente d’année en année en Roumanie aussi. Pour inciter les jeunes lecteurs francophones à la lecture, les libraires de Kyralina se sont rendus au Lycée français Anna de Noaille de Bucarest, en début de cette année scolaire. Elena Diaconu, libraire de Kyralina, nous explique comment on peut attirer les enfants vers la lecture… en français notamment.

  • Les filles mères et l’éducation à la santé

    Les filles mères et l’éducation à la santé

    Devenir parent est pour sûr un moment particulier dans la vie de tout un chacun. Qui plus est, cela devrait être, plus que tout, un moment de joie véritable. Mais devenir parent ne s’improvise pas, du moins en règle générale. Ce n’est pas le cas pour les mamans adolescentes de Roumanie, pays qui se hisse en tête des statistiques de l’UE en matière de grossesses précoces. En 2016, selon Eurostat, 14% du total des nouveaux nés issus des mères qui donnent la vie pour la première fois ont des mamans de moins de 20 ans. Aussi, en 2015, selon les mêmes statistiques européennes, la Roumanie comptait plus de 350 mères dont l’âge était situé dans une fourchette entre 10 et 14 ans, alors que 12.800 autres s’inscrivaient dans l’intervalle située entre 15 et 19 ans.

    Derrière les chiffres froids, l’on retrouve des destins arrêtés, brisés, marqués à jamais, parfois par l’opprobe même de leur entourage. L’inquiétante situation des enfants qui mettent au monde des enfants n’a pas manqué de faire réagir la directrice de spectacles Ozana Nicolau qui, puisant dans sa propre expérience, s’est lancée dans l’écriture et la mise en scène d’une pièce de théâtre bouleversante, intitulée Foreplay.

    Ozana Nicolau : « Le thème du spectacle me touche de près. Il s’agit de mon enfance, passée dans les années 90 dans un quartier de la périphérie bucarestoise, où j’ai côtoyé plein des mamans adolesecentes. C’étaient mes copines, mes camarades de classe, des voisines ou des amies. Les choses se passaient toujours ainsi : les filles tombaient enceintes, et elles n’avaient pas le courage d’en parler à leurs parents. Il n’y avait que certains amis et collègues triés sur le volet qui l’apprenaient. Je parle là des filles de 12, 13, 14 ans, vous savez. C’était les années 96/98. Et puis, au moment où la grossesse devenait trop apparente pour pouvoir la cacher, elles disparaissaient. On ne les voyait plus, ni au parc de jeu, ni à l’école. Je suppose que la stratégie était de les écarter, de les envoyer peut-être à la campagne ou dans une petite ville de province. Le ciel leur tombait sur la tête, la honte était insupportable. Il n’était pas imaginable de tomber enceinte à 13 ou à 14 ans, et de poursuivre ensuite l’école, comme si de rien n’était. C’était inacceptable ».

    Au-delà de l’abandon scolaire qui bloque l’accès des jeunes mères à un travail décent plus tard, les mères adolescentes portent tout le poids du stigmate social. Pour construire son spectacle, Ozana Nicolau a échangé avec plus de 30 filles mères. Certaines lui ont raconté combien l’entourage les avait mises dos au mur. Le sentiment d’avoir commis une faute grave en ayant cette relation a déteint sur l’existence de l’enfant. L’enfant devient ainsi non seulement le résultat d’une erreur, mais l’erreur vivante.

    Ozana Nicolau : « Au lieu de profiter de cette expérience de la maternité, la maternité est perçue comme un fardeau. Devenir parent est de toute manière une expérience difficile, un défi. Et lorsque cela arrive à 14 ou à 15 ans, lorsque ta personnalité n’est pas encore définie et que tu dois être en mesure de porter toute la responsabilité pour quelqu’un d’autre, pour une autre existence, alors que tu ne te sens pas capable de prendre soin de toi-même, vous imaginez. On se trouve au beau milieu d’un conflit interne, et puis la société n’intervient que pour te pointer du doigt et t’accuser d’avoir commis l’irréparable ».

    Un fait étonnant que les créateurs du spectacle Foreplay ont appris lors de la phase exploratoire est que le phénomène des filles-mères n’existe pas seulement dans les couches défavorisées, l’incidence du phénomène étant pour ainsi dire équitablement répandue dans toutes les classes sociales.

    Ozana Nicolau : « C’est plus en lien avec notre passé. La Roumanie porte encore ce fardeau, ce tabou de la sexualité. On a encore du mal à en parler. L’éducation sexuelle n’a pas droit de cité. Ni à l’école, ni dans les foyers. C’est bien cela le problème».

    Pourtant, en 2004, un cours optionnel voyait le jour, dans le système d’enseignement public. Il s’agissait de l’«Education à la santé». Mais les programmes, étalés de la première année de primaire jusqu’à la fin du lycée sont gérés par les professeurs de Biologie ou encore par les maîtresses, qui ont tout juste une brève formation à ce sujet. Parmi ceux qui ont assuré ce genre de formation, on compte une association, « Tineri pentru tineri », en français « Les jeunes aux jeunes ». La formation part des notions d’hygiène et de protection de l’environnement, pour arriver aux questions relevant de la santé reproductive et de celle ayant trait à la famille. Ce sont des concepts construits en lien avec l’âge des enfants et avec leur capacité d’intégrer ces notions. Au cours de l’année scolaire 2014/2015, pas plus de 6% des élèves ont bénéficié de cette discipline optionnelle.

    Adina Manea, la directrice de la fondation « Tineri pentru tineri » dresse le bilan : « Pour l’année scolaire 2017/2018, des données fournies par le ministère de l’Education nationale, il semblerait que 300 écoles ont mis en place ce cours optionnel. Cela ne va pas toucher plus de 6 à 7% de la population scolaire inscrite dans l’enseignement pré-universitaire. Pour un cours facultatif, c’est beaucoup. Mais dans l’absolu, et prenant en considération les besoins de cette classe d’âges, c’est vraiment dérisoire. »

    La société civile milite en faveur de l’accès plus facile à ce type d’éducation. Pas toujours et pas nécessairement à travers l’école, que les filles qui tombent enceintes vont souvent arrêter de fréquenter. Et là on se heurte à une autre problématique, celle du taux d’abandon scolaire, qui atteint des sommets en Roumanie.

    Malgré tout, il va sans dire qu’un accès universel aux informations ayant trait à l’éducation sexuelle devrait pouvoir être garanti, soutient Adina Manea : « Il s’agit de 10% de la population féminine. C’est énorme. C’est énorme parce que la grossesse déteint sur d’autres risques qui menacent la santé de la mère et de l’enfant. Au cours d’une année scolaire, il n’y a en moyenne que deux jeunes mamans par école qui mènent leur grossesse à terme. Les mentalités changent toutefois, et cela est évident. L’école aide l’élève enceinte à achever son parcours scolaire, si elle le désire. Le stigmate tend à s’effacer mais, en même temps, le sujet reste tabou. Pour ce qui est du groupe de pairs, c’est au cas par cas. Nous, dans les cas que l’on a rencontrés dans notre association, les enfants étaient gardés et élevés par la famille. Mais c’est parce que nous travaillons beaucoup dans les lycées, et là l’on rencontre des ados qui disposent des moyens pour arriver là, et bénéficient aussi d’un soutien familial parfois conséquent ».

    Le soutien familial demeure irremplaçable, comme l’a constaté la régisseur Ozana Nicolau : « Si ces filles ont la chance d’avoir une famille qui les soutient, une famille équilibrée émotionnellement qui comprend l’épreuve qu’elle traverse et qui accepte de la soutenir, les choses s’arrangent. Cela prend du temps, deux, trois ans, mais cela s’arrange. J’ai rencontré une telle situation dans le département de Vaslui, une fille mère qui a réussi à achever ses études, à décrocher son Bac, avec une moyenne qui avait de quoi surprendre. Elle est allée à la fac et bénéficie d’une bourse, donc cela existe. Mais si la fille est épaulée, soutenue, si son partenaire demeure à ses côtés ».

    La pièce Foreplay a reçu un accueil plein d’enthousiasme et d’émotion de la part du public. Les parents sont venus d’abord seuls au spectacle. Puis, ils en ont parlé à d’autres parents qui sont venus y assister, accompagnés de leurs enfants cette fois. Des adolescents, des préadolescents. Et il est prévu que le spectacle soit joué aussi dans les lycées de Bucarest, et dans d’autres écoles, aux alentours de grandes villes. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • A la Une de la presse roumaine 07.09.2018

    A la Une de la presse roumaine 07.09.2018

    En annonçant sa proposition pour le poste de procureur en chef de la Direction nationale anti-corruption (DNA), le ministre roumain de la Justice choisit le sacrifice du pion, estime Jurnalul.ro. L’ordre du jour de la session strasbourgeoise du Parlement européen contient aussi un débat sur les violences enregistrées lors de la manif de Bucarest, du 10 août dernier, informe Românialibera.ro. Pour enrayer la dissémination du virus de la peste porcine africaine, les autorités roumaines lance la chasse aux sangliers, apprend-on dans Adevarul.ro. Un karatéka roumain de 12 ans est le nouveau champion du monde de sa catégorie, raconte Hotnews.ro.



  • Les vaccins entre information et désinformation

    Les vaccins entre information et désinformation

    Les vaccins utilisés en Roumanie sont sûrs et efficaces, étant testés selon les plus hautes normes de qualité existantes dans le monde – a assuré le ministère roumain de la Santé, en réaction à une campagne de désinformation déclenchée dans l’espace public, y compris virtuel. Des messages envoyés sur les réseaux sociaux et des matériels imprimés distribués dans les zones fréquentées ou déposées dans les boîtes à lettres exhortent les Roumains à ne pas faire vacciner leurs enfants. Afin de rendre ces messages plus crédibles, leurs auteurs utilisent, sans autorisation, les logos du ministère roumain de la Santé, de l’OMS et de l’UNICEF.

    Le ministère dénonce fermement la campagne portant sur l’inefficacité et les risques de la vaccination et avertit que les matériels distribués contiennent de fausses informations, trompeuses pour les parents et dangereuses pour la santé de la population. La ministre de la Santé, Sorina Pintea, a annoncé le lancement de démarches légales pour que les coupables répondent de leurs actes. L’UNICEF et l’OMS ont eu des réactions similaires, affirmant que l’accès universel à l’immunisation était plus important que jamais, en raison de l’épidémie de rougeole qui sévit dans plusieurs pays européens. Les deux organismes internationaux s’inquiètent du fait qu’en Roumanie le taux de vaccination contre la rougeole est largement inférieur aux 95% susceptibles d’assurer la protection de toute la communauté.

    L’UNICEF et l’OMS précisent qu’elles continueront leur collaboration avec le ministère roumain de la Santé, pour s’assurer que les parents reçoivent toutes les informations et comprennent les bénéfices des vaccins, ainsi que les risques des maladies prévenues par la vaccination.

    « Il est inacceptable qu’à présent des enfants soient victimes de la rougeole, alors que l’on dispose d’un vaccin sûr et efficace contre cette maladie » – affirment l’UNICEF et l’OMS, selon lesquels, les parents qui choisissent de faire immuniser les enfants protègent leur santé et contribuent la protection de la santé de leur entourage.

    Durant la dernière semaine du mois d’août, 80 nouveaux cas de rougeole ont été confirmés en Roumanie – indique le Centre national de surveillance et de contrôle des maladies transmissibles. Le nombre total des cas a dépassé les 15 mille, dont une soixantaine ont été mortels – selon la même source. Sur 4 personnes ayant contracté la rougeole, une a besoin d’hospitalisation et pour 1 personne contaminée sur 1000, la maladie est fatale.

    De l’avis des experts, les coûts de la prévention par la vaccination auraient été largement inférieurs aux sommes dépensées pour le traitement des personnes malades de rougeole, devenue endémique en Roumanie. Les contaminations et les décès auraient pu être évités si le calendrier national des vaccinations avait été appliqué à plus de 95% de la population, en conformité avec les recommandations des l’OMS – estiment les spécialistes. Ceux-ci plaident également en faveur de la non-admission en collectivité des enfants et des adolescents non-vaccinés. (Trad. Dominique)

  • Quelle est la place de l’enfant au sein du système judiciaire ?

    Quelle est la place de l’enfant au sein du système judiciaire ?

    En organisant la conférence « Child-friendly justice and integrated child protection systems », la DG Justice de la Commission européenne a voulu en prendre le pouls. Essayons d’y voir un peu plus clair avec Delphine Moralis, secrétaire générale de Terre des Hommes Internationale. Un entretien par Ionut Jugureanu.




  • A la Une de la presse roumaine 21.08.2018

    A la Une de la presse roumaine 21.08.2018

    Une génération qui ne parle plus le roumain, fruits et légumes qui arrivent à la poubelle au lieu des marchés, voitures interdites en Roumanie et médailles internationales pour les meilleurs élèves roumains. Voici quelques sujets intéressants à retrouver dans les journaux.

  • Aucun enfant seul à l’hôpital

    Aucun enfant seul à l’hôpital

    Peu nombreux et surpeuplés, les hôpitaux pédiatriques servent de foyer pour un assez grand nombre de bébés et d’enfants qui soit ont été abandonnés, soit reçoivent rarement la visite de leurs proches, alors qu’ils doivent y passer des mois entiers. Leurs journées s’écoulent entre des intubations, des pansements, des piqûres et des opérations. Bien que le personnel de santé fasse de son mieux pour les aider, l’affection des parents – essentielle parfois pour la guérison – leur manque. Afin de suppléer à ce manque de chaleur humaine, l’association « Le cœur des enfants » a lancé le projet « Aucun enfant seul à l’hôpital ».

    Cette initiative d’Adelina Toncean est appliquée, pour commencer, à l’Hôpital pédiatrique « Maria Sklodowska Curie » de Bucarest, Adelina Toncean : « Je travaille comme bénévole au service de thérapie pour nouveau-nés de l’Hôpital Marie Curie. J’ai commencé ce bénévolat après avoir accueilli en placement deux enfants touchés par des maladies graves. L’un d’entre eux n’est plus parmi nous. L’autre a passé tout seul un an et demi à l’hôpital. Même si, du point de vue médical, il s’en est sorti, le trauma des journées de solitude qu’il y a passées est visible. Je me suis toujours dit qu’un jour nous serons plus nombreux à passer le seuil du service pédiatrique, pour que chaque enfant seul ait quelqu’un à ses côtés. A présent, 3200 personnes se sont inscrites, qui souhaitent la même chose : aider les enfants qui sont seuls à l’hôpital. Nous avons baptisé ce programme « Aucun enfant seul à l’hôpital » et il est censé créer un modèle qui peut être appliqué partout. »

    Adelina Toncean a tenu dans ses bras de nombreux enfants, elle les a nourris et aidés, pour que, durant les traitements et la période difficile de la maladie, ils ne soient pas seuls. Elle a créé un lien d’attachement avec chacun d’entre eux et le jour où nous nous sommes entretenus n’était pas très bon pour un de ces enfants. Adelina Toncean : « Il s’agit de David, un des enfants que j’ai nourris chaque jour, sans jamais m’absenter. J’ai toujours été à ses côtés. Au début, je l’ai nourri à la seringue, ensuite au biberon… Aujourd’hui, il est de retour. Il lui est arrivé ce qui arrive d’habitude aux enfants seuls : il est rentré à la maison et il revenu à l’hôpital, se sentant mal. Il est à nouveau intubé, il a la rougeole. Ce n’est pas le meilleur jour dans la vie d’un bénévole, ni dans celle du service. »

    Le programme « Aucun enfant seul à l’hôpital » a attiré de nombreuses demandes de participation la part de gens qui souhaitent travailler comme bénévoles. Il s’agit de personnes de tous les âges, depuis des jeunes de 15 ans, jusqu’aux séniors ayant des petits-enfants. Pour être acceptés, les bénévoles doivent ne pas souffrir de maladies transmissibles et suivre un cours, lors duquel ils apprennent comment aider les enfants se trouvant au service de thérapie intensive. Ils sont également préparés pour faire face aux défis de cet endroit où la frontière entre la vie et la mort perd beaucoup de sa consistance. La préparation médicale est assurée à l’aide de… Petruţa. Adelina Toncean explique : « Petruţa est un simulateur médical. Il ressemble à une poupée et il a le poids d’un nouveau-né. Petruţa a pourtant aussi une colonne vertébrale, des clavicules et sa petite tête ne reste droite que si elle est soutenue correctement. En fait, c’est un mannequin conçu de manière à ressembler le plus aux enfants du service de néonatologie : il est intubé, il a une canule, un cathéter, une sonde gastrique… Les bénévoles peuvent ainsi apprendre – sans risquer de faire du mal aux bébés – comment toucher un enfant, comment le prendre dans les bras, car tous les enfants ont besoin d’être pris dans les bras. C’est à cela que ressemble ici la normalité : un enfant intubé dans les bras de quelqu’un, pour qu’il puisse s’endormir non pas en écoutant le bruit des équipements, mais les battements d’un cœur humain. »

    Parmi ceux qui ont « étudié » avec le concours de Petruţa compte aussi Andrada Constantiniuc : « J’ai fait pendant longtemps du bénévolat dans d’autres villes et, en arrivant à Bucarest, j’ai cherché quelque chose qui me corresponde. En lisant un article sur ce projet, je me suis rendu compte tout de suite que ma place était là, à l’hôpital Marie Curie. Au service de thérapie intensive, il y a quelques enfants qui n’ont pas de parents, qui restent toujours seuls et c’est pourquoi ils récupèrent beaucoup plus difficilement. Notre mission est de rester auprès d’eux, d’aider le personnel médical à les nourrir – car, ces petits mettent parfois une heure à avaler 100 ml de lait. Un enfant qui bénéficie de contact humain guérit plus vite, son cerveau se développe beaucoup plus rapidement et fait preuve d’une plus grande volonté de vivre par rapport à celui qui est seul et qui renonce, tout simplement, à lutter.

    Puisque le nombre de bénévoles inscrits dans le programme « Aucun enfant seul à l’hôpital » est grand, chacun y passe 2 à 3 heures par semaine, notamment pendant la période du jour où les bébés sont nourris. Ce n’est pas beaucoup, mais cela suffit pour qu’ils sentent, eux aussi, avoir reçu quelque chose. Andrada Constantiniuc : « En principe, ce bénévolat profite non seulement aux enfants, mais aussi aux bénévoles eux-mêmes. On découvre les véritables priorités de la vie et on cesse de se faire des soucis pour des choses qui ne comptent pas vraiment. »

  • Les enfants laissés en Roumanie par les parents partis travailler à l’étranger

    Les enfants laissés en Roumanie par les parents partis travailler à l’étranger

    Les statistiques officielles font état de 3,5 à 4 millions de Roumains partis travailler à l’étranger. Non officiellement, les organisations de Roumains de la diaspora estiment qu’il y a 5 millions de Roumains en Europe et un million aux Etats Unis et au Canada. Ce sont surtout des personnes dans la force de l’âge, qui pensaient aller là, envoyer de l’argent au pays, se faire construire une maison moderne, et rentrer après avoir mis de l’argent de côté. Ils se proposaient d’y rester 5 à 10 ans, mais la crise est arrivée, et 20 années sont déjà passées. Cela a créé et continue de créer maints problèmes dans ce pays, déserté par une main d’œuvre en âge de travailler, qui ne paie plus la sécurité sociale et autres assurances en Roumanie, laissant le pays avec un manque à gagner difficile – voire impossible – à combler. Et cela crée un immense problème surtout pour les enfants que ces parents – partis en quête d’un emploi plus rémunérateur ou d’un emploi tout court, voire d’une vie meilleure – ont laissés ici, aux bons soins de leurs grands-parents ou de la famille élargie. L’ampleur du phénomène est énorme, elle touche près de 250.000 enfants, alors que les effets sur les petits sont dévastateurs, selon les spécialistes.

    Les chiffres ne sont toutefois pas unitaires. Ainsi, l’Autorité nationale pour la protection des droits de l’enfance et l’adoption dénombrait, l’année dernière, 95.000 enfants dont les parents travaillaient à l’étranger, 10.000 de plus qu’en 2010. Sur ce chiffre, plus de 17.400 enfants avaient leurs deux parents à l’étranger, et 64.700, un seul parent parti. Les Inspections scolaires territoriales indiquent pour leur part que 212.350 enfants ont les parents à l’étranger, et expliquent que les statistiques de la DGASPC ne prennent en compte qu’une partie du phénomène. L’Association Sauver les enfants a fait le calcul en reprenant les chiffres des Inspections scolaires et en ajoutant ceux des enfants qui ne vont pas à l’école maternelle et qui ne sont pas inscrits à l’école ou ceux qui ont abandonné l’école ; leur estimation fait état de 250.000 enfants dans cette situation au niveau national. Ces enfants laissés pour compte sont les jeunes de demain, inadaptés et victimes sûres des dépendances et de la dépression. L’ONG met en garde que, dépourvus de l’affection des parents, les enfants rencontrent des difficultés émotionnelles, sociales et éducationnelles. Ils deviennent plus vulnérables du point de vue émotionnel, ne s’intéressent plus aux études, ont des difficultés à faire leurs devoirs et ont des problèmes de communication avec leurs tuteurs et leurs parents. Quel que soit l’âge des enfants dont un seul ou les deux parents partent travailler à l’étranger, ils ressentent cette situation comme un abandon.

    La difficulté réside à intégrer cette expérience traumatisante dans leur histoire de vie. Les enfants en arrivent à conclure qu’ils ne sont pas importants en tant que personnes, ne méritent pas d’être aimés, que les autres ne sont pas dignes de confiance et que le danger de se voir quitter est tout le temps présent, expliquent les spécialistes de Sauver les enfants pour un grand quotidien bucarestois. Pour attirer l’attention, les enfants abandonnés entrent en conflit avec les autres, deviennent introvertis ou s’opposent à tout. Bien souvent, les parents argumentent que c’est pour leur avenir qu’ils vont travailler à l’étranger, et leur apportent des cadeaux chers. En fait, l’argent et les biens ne peuvent pas compenser leur absence ni leur affection. Gândul raconte l’histoire d’une fillette abandonnée à la naissance par sa mère partie travailler en Espagne, et dont le père est inconnu. Elle est passée par plusieurs centres de placement, de nouveau chez la mère, puis est arrivée chez une assistante maternelle. Chez cette personne, tout s’est très bien passé pour l’enfant. Pendant ce temps, la mère lui téléphonait de temps en temps. Au bout de plusieurs années, la mère, qui avait réussi à trouver un emploi stable, a pris la fillette et l’a emmenée avec elle en Espagne. Seulement, la fillette n’a pas pu s’adapter. Quelques mois plus tard, l’enfant était de retour au pays et demandait d’être placée chez la même assistante maternelle. Entre temps, cette dernière avait démissionné. Pourtant, vu les liens d’attachement, sa famille a pu l’accueillir. La fillette a de bons résultats au lycée, et dernièrement, la mère garde le contact avec elle, ce que l’enfant accepte aussi. Pour éviter les problèmes de comportement, les enfants devraient voir régulièrement un psychologue. L’incidence des problèmes de santé mentale est 2,6 fois plus élevée parmi ces enfants par rapport aux autres. En général, les grands-parents ou les membres de la famille élargie se bornent à leur offrir un toit et de la nourriture, alors que ces derniers ont besoin d’attention, d’amour et de compréhension.

    La psychologue Keren Rosner est d’avis que l’attachement vis-à-vis des grands-parents n’est pas comparable à celui à l’égard des parents. Les filles sont crédules et peuvent devenir mères à un âge très tendre. En tout cas, le départ des parents constitue un grand risque pour les enfants et elle avertit que les enfants peuvent tomber victimes de la consommation d’alcool et de drogues. La Roumanie a mis en place depuis 2010 un programme de soutien à ces enfants. 6500 en ont déjà bénéficié. Il s’agit de 17 centres locaux, avec des équipes interdisciplinaires composées d’assistants sociaux, de psychologues et d’enseignants qui fournissent des services de soutien psycho-social, éducationnel et des activités de socialisation pour les enfants. Les personnes qui ont la charge des enfants ne sont pas oubliées non plus ; ainsi, 4500 adultes ont également pu profiter de ce soutien, dispensé par l’ONG Sauver les enfants. Il existe également en Roumanie un service conseil et information qui aide ces deux catégories de bénéficiaires – les enfants et les personnes qui s’occupent d’eux. Toutefois, rien n’égale ni ne remplace les parents.

  • Un théâtre équipé d’un système d’écoute assistée

    Un théâtre équipé d’un système d’écoute assistée

    Créé en 1949,
    le théâtre « Gong » est une des premières institutions
    professionnelles de ce genre de Roumanie et, pour accomplir sa mission, il
    utilise les formes d’expression théâtrale les plus modernes et diverses.
    Soucieux d’assurer l’accès de tous les jeunes à cet art, il met également en
    œuvre des projets d’éducation participative et d’inclusion sociale. Ainsi, fin
    2017, «Gong » est devenu le premier théâtre de Roumanie doté d’un système
    d’écoute assistée destiné aux personnes touchées par une déficience auditive.




    Adrian Ţibu,
    manager du théâtre, explique :« Depuis mon arrivée au théâtre
    « Gong », j’ai souhaité rendre nos spectacles plus accessibles et
    intégrer davantage cette institution à la vie de la communauté. C’est pourquoi
    nous avons commencé par organiser plusieurs ateliers de théâtre destinés aux
    enfants autistes ou trisomiques. Peu après, je me suis rendu compte que dans
    notre ville il y a beaucoup d’enfants sourds-muets, qui ne vont pas au théâtre.
    Nous avons cherché des solutions et nous avons opté pour l’installation d’un
    système audio qui permette à ces enfants d’avoir une expérience théâtrale
    normale
    . »






    Les émotions
    du spectacle théâtral sont communiquées le plus souvent par les voix des
    acteurs et par les instruments de musique et personne ne devrait être privé de
    la joie qu’elles procurent – estime notre interlocuteur. Le théâtre
    « Gong » est le premier de Roumanie à mettre en place un tel service
    destiné au public. De quoi s’agit-il, exactement ? Adrian Ţibu : « Il s’agit d’un système ingénieux reposant
    sur une technique relativement simple : le son est capté à l’aide de
    micros spéciaux installés dans la salle, ensuite il est mixé et envoyé,
    par wi-fi, directement vers les portables des utilisateurs ou les dispositifs
    que le théâtre met gratuitement à leur disposition. La réception du son capté
    et mixé est réalisée à l’aide d’une application disponible gratuitement sur les
    portables utilisant le système d’exploitation Android ou iOS – il s’agit de
    l’application Sennheiser MobileConnect. Le son est transmis en très haute
    fidélité par l’intermédiaire de 4 canaux audio, les utilisateurs pouvant
    ajuster les fréquences en fonction de leurs besoins. Cela permet aussi un
    meilleur accès au spectacle pour les personnes âgées – grands-parents ou autres
    – qui n’entendent plus aussi bien et qui, en utilisant les casques mis à leur
    disposition, bénéficient d’une meilleure qualité des sons provenant de la
    scène. Pour nos spectateurs adultes ou enfants qui ont bénéficié d’un implant
    cochléaire, nous avons également acheté une vingtaine de boucles d’induction
    magnétique. L’accès aux dispositifs d’écoute et aux boucles d’induction est
    gratuit, les équipements étant loués pour la soirée suite à une réservation
    faite à la caisse du théâtre.
    »






    On peut faire
    une telle réservation par téléphone ou en ligne, au moins deux jours avant le
    spectacle. Le théâtre « Gong » peut mettre à la disposition des
    spectateurs 30 dispositifs d’écoute à la fois, mais il encourage les
    utilisateurs de smartphones à les configurer, pour pouvoir se connecter
    directement au système d’écoute assistée.




    Comme pour
    toute première, des essais ont été nécessaires avant son lancement officiel.
    Adrian Ţibu : Le système est
    opérationnel depuis octobre dernier. Nous avons prévu deux mois pour les
    essais. Nous avons invité à nos spectacles les élèves de l’école Nr. 2 de
    Sibiu, qui assure la scolarité des enfants souffrant de
    déficiences auditives. Nous avons fait quelques ajustements suite à leurs remarques et
    à présent ils peuvent bénéficier d’un accès normal à tout spectacle. Le système
    peut être utilisé pour n’importe quel type d’événement – qu’il s’agisse de nos
    spectacles, de conférences ou de films. Pourtant, pour l’instant, seule la
    salle du rez-de-chaussée est équipée. Nous envisageons de doter aussi la salle
    située à l’étage d’un tel système d’écoute.







    La mise en
    place de ce système au Théâtre « Gong » de Sibiu a été réalisée avec
    l’aide de la municipalité et du Conseil local, qui ont salué l’initiative et
    ont financé entièrement ce nouveau service. Les équipements peuvent être
    utilisés exclusivement lors des événements organisés par le théâtre
    « Gong » de Sibiu. Précisons pour conclure que ce théâtre bénéficie
    d’une large reconnaissance nationale et internationale, représentant la Roumanie
    à d’importants événements culturels en Europe, Amérique, Afrique et Asie. (Trad. Dominique)

  • Qui veut être un héros de conte de fées?

    Qui veut être un héros de conte de fées?

    « Je peux le faire, je suis magicien ! » Voilà le mot de passe. Et une fois arrivé dans « ce monde de rêve » et devenu un «héros de conte de fées », un enfant qui monte sur scène même pour la première fois joue aux contes. Il s’agit d’un concept innovateur qui est arrivé cette année à l’âge de la majorité et de la maturité. Le projet a été lancé par la Fondation « Abracadabra » en collaboration avec le Théâtre national « Ion Luca Caragiale » de Bucarest.

    Comment ce projet est-il né ? Nous écoutons le président de la Fondation, le comédien Marian Râlea, surnommé le Magicien, en raison du rôle qu’il a joué dans une émission télévisée pour enfants qui a joui d’un immense succès : «Ce projet ne fait que continuer « Abracadabra ». Durant cette émission diffusée pendant une dizaine d’années, les enfants devenaient des héros de conte de fées. Nous avons pensé que le plus important, c’était que les tout petits puissent continuer de jouer. Et où est-ce qu’ils peuvent le faire sinon au théâtre, où l’acteur joue sur scène ? C’est en 2001 que nous avons lancé la première saison, le dimanche des Rameaux, précisément, qui est une fête importante pour les Roumains : les Rameaux apportent la joie, le bonheur et le soleil du printemps. Et voilà que 18 ans se sont déjà écoulés depuis. »

    Des enfants de 4 à 10 ans sont attendus aux spectacles pour chanter, danser et s’amuser, en jouant aux contes de fées. Le long d’une saison, tous les enfants finissent par monter sur scène et devenir des héros des contes attentivement préparés par les comédiens Marian Râlea, Adina Cristescu et bien d’autres encore.

    Marian Râlea : « Chaque année, nous avons structuré nos spectacles autour d’un certain thème, par exemple « Les jeux de l’enfance » ou les contes de nos écrivains : Les contes de Mihai Eminescu, de Ion Creangă, de Petre Ispirescu, sans oublier les contes de Shakespeare. Nous avons pourtant privilégié les contes roumains, les personnages mythologiques des Roumains, qui, à la différence des personnages universels, ne sont ni aussi bons, ni aussi méchants qu’ils le paraissent. A chaque fois, avec chaque nouvelle saison de l’année, nous avons célébré les fêtes des Roumains et les personnages exceptionnels de notre folklore : le Dragobete (qui, dans la tradition roumaine correspond à la Saint Valentin) ou la vieille Dochia dont la légende évoque le début du printemps. Nous avons fait attention à toutes les fêtes importantes : le carnaval du Dimanche gras, les contes liés à Pâques, les contes du printemps, des contes liés aux fleurs et aux bestioles qui font leur apparition après un rude hiver. Le plus important, c’est cette interactivité que nous avons proposée il y a 18 ans. L’enfant monte sur scène, il ne connaît pas le conte – ou s’il le connaît, si quelqu’un le lui a lu à la maison, tant mieux – il devient le héros du conte. Nous, les acteurs, nous sommes toujours les personnages négatifs, méchants, et l’enfant sera toujours le Prince Charmant ou la Belle au bois dormant. »

    Véritable tour de magie, avec quelques éléments de décor et vestimentaires, les enfants apprennent à surmonter leur peur et à lutter héroïquement contre les mauvais esprits, contre les forces des ténèbres des contes de fées d’hier et d’aujourd’hui. Puisque ce sont des spectacles interactifs, le Magicien guide les enfants tout au long du conte respectif, pour les aider à jouer le rôle qu’ils ont assumé. Au grand amusement de tous, il arrive parfois que l’on ait simultanément sur scène plusieurs petits comédiens jouant le même personnage, car, comme l’hymne «Abracadabra » l’affirme, « tout est permis à celui qui veut être un héros de conte de fées ».

    Depuis 18 ans, les spectacles pour enfants joués au Théâtre national ont fait salle comble, pourtant le Magicien ne peut pas nous dire combien d’enfants sont montés sur scène au fil du temps. De temps à autre, des lycéens et des étudiants viennent au Théâtre et regardent les spectacles avec nostalgie. Les comédiens ne les reconnaissent pas, car ils ont beaucoup changé depuis le moment où ils avaient été les héros d’un conte de fées. Les comédiens ne savent pas, non plus, si un ou plusieurs de ces héros ont suivi une carrière dans le domaine du théâtre. Pourquoi pas ?

    Marian Râlea: « Ce n’était pas notre but, sinon, nous aurions créé un club d’art dramatique. Nous voulions les déterminer à surmonter leur peur et leurs émotions et à monter sur scène, pour continuer à jouer, car le métier de l’enfant est avant tout de jouer. Voilà notre but. Il s’agissait de les amener au premier plan, de créer chez eux un besoin de s’exprimer et de participer à un conte. »

    Munis d’un ballon en guise d’épée, d’un coffrage pour les œufs en guise de bouclier, couverts d’un chiffon en guise de robe ou de manteau, les enfants montent sur scène pour devenir des héros de conte de fées. Il n’y a pas de rôle à apprendre, pas de conte à connaître, pas de talent dramatique à prouver. On peut même être timide. Sur la scène de ces contes de fées il y a de la place pour tout le monde et à chaque fois le conte est raconté autrement, suivant la mise en scène spontanée du Magicien qui, depuis 18 ans, les attend au Théâtre national pour enfants « Abracadabra », tous les dimanches à 11 heures. (Trad. : Dominique)

  • Soins dentaires pour les enfants du milieu rural

    Soins dentaires pour les enfants du milieu rural

    C’est ce qu’a constaté l’association humanitaire roumaine Mercy Charity Boutique. Cette véritable boutique aux bonnes actions se propose de multiplier les sourires des enfants malades. Facile à dire, difficile à faire… notamment s’il s’agit d’enfants touchés de troubles oncologiques pour lesquels la santé dentaire est vitale. Soigner les enfants du milieu rural – c’est encore plus difficile. Aucun cabinet dentaire public n’existe plus dans la campagne roumaine, dans les conditions où, sur l’ensemble du pays, plus de 75% des enfants âgés de 6 à 11 ans ont des caries affectant leurs dents temporaires.

    C’est justement la raison pour laquelle les fondatrices de l’association Mercy Charity Boutique, Alina Ţiplea et Daniela Staicu, se sont proposé de compenser l’absence des cabinets de stomatologue fixes par des cabinets mobiles. Elles ont transformé une fourgonnette en cabinet dentaire.

    Une fourgonnette transformée en cabinet dentaire parcourt les villages de Roumanie.

    Alina Ţiplea nous donne plus de détails : « Le projet a démarré en 2014, très timidement. Les enfants de l’Institut oncologique étaient emmenés chez un dentiste partenaire dans un autre quartier de Bucarest. L’année dernière nous avons mis sur pied ce cabinet mobile. Nous avons trouvé cette solution justement parce qu’il est très difficile de faire sortir ces enfants de l’hôpital, alors que les consultations chez le dentiste sont vitales pour eux. Nous avons donc voulu leur venir en aide. Par ailleurs, nous avons imaginé plusieurs projets éducationnels en milieu rural, où il y a un besoin profond de services médicaux et notamment de traitements dentaires. Ainsi est née l’idée d’un cabinet mobile : un véhicule doté de tout ce qu’un cabinet de dentiste possède à l’intérieur. »

    Depuis sa création, la fourgonnette de Mercy Charity Boutique parcourt la Roumanie du nord au sud et de l’est à l’ouest. L’occasion de constater que sur l’ensemble du pays il existe plus de cabinets médicaux sur le papier qu’en réalité. En même temps, sur place, on trouve souvent un point de travail où personne ne travaille en fait. Et comme les communautés rurales sont le plus souvent très pauvres, les gens ne se permettent même pas de se rendre au cabinet médical le plus proche, sis à plusieurs km de distance.

    Daniela Staicu explique en détail la situation sur le terrain : « Dans les villages, les établissements scolaires ne disposent pas de cabinets médicaux, souvent parce que les écoles elles-mêmes ne disposent que de deux salles. Là où un cabinet médical existe, il n’y a plus de stomatologue, parce que les soins coûtent trop cher. Alors, soit les dentistes ne sont plus motivés de travailler à la campagne, soit les gens ne se permettent pas de tels soins. Là où il y a quand même un dentiste, l’argent pose toujours problème. Il existe aussi un programme national qui permet aux enfants mineurs de bénéficier d’interventions dentaires gratuites, mais à condition que le dentiste en question signe un contrat avec la Caisse nationale ou départementale d’assurance maladie. Autrement, il ne peut pas se faire rembourser les soins et c’est aux parents de les couvrir. »

    L’absence de soins médicaux est doublée par l’absence d’une éducation sanitaire.

    Daniela Staicu explique: « La plupart des gens n’ont même pas de brosse à dents, ni de dentifrice, alors qu’il faudrait changer sa brosse tous les trois mois. A notre avis, il faudrait en début d’année scolaire offrir aux enfants une brosse et un dentifrice à l’école, surtout en milieu rural où les revenus sont très bas. Personnellement, je n’ai jamais vu tant de caries dentaires à un âge si tendre ou bien des enfants aux dents manquantes à 8 ou 9 ans. Sans plus parler des anomalies dentaires et des cas qui nécessitent des interventions chirurgicales. Pire encore, personne n’examine ces enfants, personne ne les met en garde, personne ne leur explique combien c’est grave et personne ne facilite leur accès aux soins médicaux élémentaires. »

    Un projet possible grâce aux dentistes bénévoles

    Combler ce déficit immense est donc la mission des dentistes volontaires de Mercy Charity Boutique. Qui sont-ils ? Alina Ţiplea répond : « Ce sont surtout des médecins bénévoles de Bucarest. Et nous avons été contactés aussi par des médecins d’autres villes à travers le pays. Ainsi, il est plus facile pour les dentistes de rester en contact avec les gens des villages avoisinant leur ville et de s’occuper, par exemple, des enfants qui nécessitent des soins sur le long terme. Nous préparons aussi un deuxième cabinet mobile pour couvrir une zone encore plus large. Nous sommes soutenus par plusieurs sponsors et par des personnes physiques. Les dentistes sont des bénévoles et nous mettons à leur disposition tout ce dont ils ont besoin pour faire leur travail.»

    Equipement médical, véhicules, contrôles techniques, essence … tout cela nécessite beaucoup d’argent. C’est pourquoi Alina Ţiplea et Daniela Staicu n’épargneront aucun effort pour continuer à collecter des dons et à faire des pétitions pour que de plus en plus de cabinets dentaires mobiles commencent à sillonner le pays. (Trad. Valentina Beleavski)

  • Gilles Gautier (France) – la vaccination en Roumanie

    Gilles Gautier (France) – la vaccination en Roumanie

    Car après la crise des vaccins, puis celle des immunoglobulines, la Roumanie est de nouveau à court de vaccins. Cette fois-ci, les stocks de vaccins contre la rougeole, les oreillons et la rubéole sont de nouveau épuisés ou quasiment. Et ce ne sont pas les seuls. Depuis avril dernier, différentes maternités ne disposent plus de vaccin contre l’hépatite B, qui doit être fait à la naissance. Notons au passage qu’en Roumanie, près d’un million de personnes souffrent d’hépatite chronique B. Et dans ce pays, on a recensé près de 14.000 malades de rougeole, dont 55 enfants non vaccinés qui en sont morts cette année, alors que la Roumanie a enregistré le plus grand nombre de cas d’Europe en 2017.

    Le taux de vaccination a baissé de manière drastique ces dernières années, à cause d’une offensive anti-vaccin qui divise la société roumaine. Les parents sont désespérés ; certains, ceux qui en ont les moyens, achètent les vaccins qui étaient normalement distribués gratuitement par le programme national d’immunisation, tandis que les autres, qui ne peuvent pas se les permettre, ne peuvent que prier que leurs enfants ne tombent pas malades avant l’arrivée des prochains lots. Et il y q encore ceux qui ne souhaitent pas faire vacciner leurs enfants de peur qu’il ne leur arrive quelque chose de mal ou pour des raisons religieuses.