Tag: histoire

  • Le Monastère de Lainici

    Le Monastère de Lainici

    Situé dans les gorges du Jiu, à 32 km de la ville de Târgu Jiu, le monastère de Lainici a été fondé au 14ème siècle par le moine Nicodim dans un endroit alors isolé. La première construction en bois n’existe plus. Le premier document attestant de l’existence d’un lieu monastique à Lainici date de 1784, époque à laquelle les nobles de la région de Gorj ont contribué à la construction d’un monastère avec des dépendances et de hautes enceintes en briques. L’église du monastère a été construite dans la première moitié du 19ème siècle, décorée par la suite avec des fresques intérieures et une iconostase de style byzantin. En 1880, la route traversant les gorges du Jiu a également été construite, facilitant le voyage vers ce lieu de culte.

     

    Le monastère de Lainici a été très endommagé pendant la Première Guerre mondiale, étant dévasté et pillé par les soldats allemands. Après avoir été restauré, il a de nouveau subi des épreuves dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, au moment de l’instauration du régime communiste en Roumanie. Le monastère a été transformé en une soi-disant “maison de repos pour prêtres” jusqu’en 1970, sans possibilité d’y célébrer des offices religieux, car les portes de l’église avaient été verrouillées.

     

    Un monastère en plusieurs étapes qui reflètent chacune un pan de l’histoire

     

    Après la chute du régime, d’autres constructions ont été érigées au sein du monastère de Lainici, y compris une église qui surprend toujours les visiteurs par sa conception architecturale. Le père archimandrite Ioachim Pârvulescu, l’abbé du monastère, nous a fourni plus de détails à ce sujet :

     

    « La construction d’une autre église était envisagée depuis des décennies et la Révolution de 1989 nous a offert l’occasion de le faire. Le 18 avril 1990, la première pierre a été posée. Le terrain étant en pente, cela a créé un sous-sol, et nous avons décidé d’en faire une église. Nous avons alors pensé à concevoir le programme iconographique de manière à ce que l’église en bas représente l’église des catacombes, car l’histoire de notre Église chrétienne se divise en deux périodes fondamentales. La première est celle de l’église des catacombes, lorsque le christianisme était une religion illégale. Ensuite, de 313 jusqu’à aujourd’hui, c’est l’église libre. En tenant compte de cette division de l’histoire de l’Église en deux périodes fondamentales, nous avons conçu le programme iconographique ainsi. L’église du sous-sol n’est pas encore peinte. Elle sera ornée de peintures retraçant l’histoire de l’Église, de l’an 1 à 313, avec des représentations concrètes, non pas des fables, mais de l’archéologie biblique, de l’histoire et des saints des trois premiers siècles. Ensuite, les peintures de l’église supérieure, déjà consacrée depuis 2011, représentent des sccèbes allant de 313 jusqu’à aujourd’hui. Finalement, il s’agit d’une chronologie de l’histoire de l’Église, de ses origines à nos jours, avec des saints de toutes les époques et de toutes les régions, marquant ainsi son universalité. »

     

    Un moment important de l’histoire récente a eu lieu le 23 juillet 2006, lorsqu’une copie de l’icône miraculeuse “Gorgoepicuus”, ou en roumaine “Grabnic Ascultătoarea” (celle qui écoute rapidement), a été apportée du Mont Athos au monastère de Lainici. Cette icône a été spécialement réalisée pour le monastère de Lainici et représente la cinquième copie réalisée au cours du dernier siècle par les moines du Mont Athos.

    (Trad. Rada Stanica)

  • Axiopolis

    Axiopolis

    La Dobroudja est considérée comme la plus dense et la plus variée des provinces de la Roumanie du point de vue des civilisations qui l’ont habitée. La superficie de 15.570 km carrés de la Dobroudja roumaine est riche de nombreux sites archéologiques et les artéfacts découverts sont des preuves d’une superposition de cultures. A travers les époques, la Dobroudja a fait partie de l’espace de la mer Noire et de l’espace du monde gréco-romain, dont Axiopolis a été l’un des centres les plus importants.

    Sur la rive droite du Danube, à proximité de la ville actuelle de Cernavodă, l’on peut voir les ruines d’une agglomération humaine que les textes antiques mentionnent sous le nom d’Axiopolis. L’existence de ce centre urbain s’étend sur plusieurs centaines d’années, depuis l’époque hellénistique, entre les IVème et Ier siècle avant J. Ch., jusqu’à environ le VIème siècle de notre ère. Son nom est composé de l’ancien mot indoeuropéen « axsaena », désignant la couleur « noir » ou une couleur « foncée », et le mot grec « polis », qui signifie « ville ». Le nom de la ville de Cernavodă  « Apa neagră/De l’eau noire » est la traduction du toponyme, faite par les tribus slaves à leur arrivée en Dobroudja à la fin du VI siècle après J. Ch.

     

    Manque de recherche et de fouille

     

    Avant le début des années 2000, les recherches ont été rares sur le site d’Axiopolis et la documentation historique était inconsistante. L’archéologue Ioan Carol Opriș, qui enseigne à l’Université Bucarest et qui a réalisé les plus récentes fouilles à Axiopolis, nous a donné davantage de détails concernant le site.

    « Le site se trouve en haut d’une colline, dans les environs de l’îlot Hinogului, un îlot qui s’est agrandi au fur et à mesure que le bras du Danube a diminué. En 1900, avec ses 300 mètres de largeur, le bras était encore navigable, comme il l’était à l’antiquité. Il se trouve à environ trois kilomètres du pylône du pont Carol I, après avoir surmonté un récif du Crétacique, un grand massif de calcaire. C’est là que se trouvaient à un moment donné les carrières où se fournissaient en pierre les ouvriers bâtisseurs de la forteresse romaines et ensuite ceux qui ont érigé la forteresse byzantine d’Axiopolis. »

     

    Un intérêt croissant pour le site dans l’entre-deux-guerres

     

    C’est l’archéologue Pamfil Polonic qui a réalisé les premières fouilles sur place entre 1898-1899. Il a pris des photos du site, il a tout mesuré et dessiné avec beaucoup de rigueur, tout en étant un très bon topographe. Les fouilles sont arrêtées après 1900, pourtant des fouilles illégales sont mentionnées en 1907 et 1912 dans les revues de numismatique de l’époque. Juste avant le déclenchement de la première guerre mondiale, le site passe sous la juridiction de l’armée qui y construit une caserne. A l’entre-deux-guerres, Axiopolis fait l’objet de fouilles menées par Vasile Pârvan, l’un des archéologues roumains les plus connus. Selon lui, le centre avait été fondé au IVème siècle av. J. Ch. par le roi Lysimachos de la Macédoine hellénistique, général et héritier d’Alexandre le Grand. Axiopolis s’est de nouveau attiré l’attention des archéologues roumains après la deuxième guerre mondiale. En 1947, l’archéologue Ion Barnea découvrait une inscription qui mentionnait le martyr de chrétiens en Dobroudja. En 2007, une nouvelle découverte replaçait Axiopolis sur la carte des sites archéologiques, à Baltchik, l’antique Dionysopolis, des travaux de construction d’un hôtel ayant mis au jour une nouvelle inscription. Celle-ci fait état de la présence d’un leader militaire appelé Mokaporis, roi des Odryses, au passage du Ier siècle av. J. Ch. au Ier siècle après J. Ch. Ioan Carol Opriș explique

     

    « Nous savons beaucoup plus sur Axiopolis, qui a dû sans aucun doute être un emporion (hub de marchandises) à l’époque hellénistique et qui a su profiter de son exceptionnelle position géographique sur les rives du Danube. Il avait également une sortie sur la vallée de Carasu, semée de lacs. Ou peut-être qu’à l’antiquité il y avait une communication directe, à hauteur de l’actuelle ville de Medgidia, jusqu’à l’endroit où la rivière antique d’Axios se jetait dans le Danube. »

     

    Trois forteresses découvertes au lieu d’une

     

    La zone qui a cependant éveillé le plus grand intérêt parmi les archéologues a été celle de la forteresse d’Axiopolis. En réalité, il s’agit de trois forteresses, dont la plus ancienne avait été construite à l’époque romaine, ajoute Ioan Carol Opriș.

     

    « Ce qui est important sur ce site c’est la zone centrale, celle de la vieille forteresse A, selon la classification des forteresses. Il y a donc celle-là, avec un ajout réalisé également à l’époque romaine tardive ou romano-byzantine, et une forteresse derrière la A, vers la zone haute qui est celle de la forteresse médio-byzantine. »

     

    Les fouilles ont montré qu’Axiopolis avait été un centre important dans le bassin du Bas Danube au cours de la première moitié du premier millénaire chrétien. La présence de la poterie de type Rhodos indique la présence de relations commerciales avec le voisinage. A l’époque romaine, la période de son développement maximal, Axiopolis est le centre important d’un collège des navigateurs danubiens, les « nautae universi Danuvii ». La ville accueillait aussi la II-ème légion Herculia et puis, au IVème siècle, Axiopolis est élevée au rang d’évêché. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • La rue Brezoianu, à Bucarest

    La rue Brezoianu, à Bucarest

    La rue Brezoianu est une des artères urbaines les plus anciennes et les plus importantes de Bucarest. Avec un bout au centre-ville historique de la capitale roumaine, elle croise le premier boulevard de la ville – l’actuel boulevard Elisabeta, longe le parc Cișmigiu et se déroule parallèlement à Calea Victoriei – l’avenue de la Victoire, tout en étant l’une des rues les mieux conservées du point de vue historique et architectural. Son histoire commence au XVIIIème siècle – lorsque, en 1703, le boyard Pătrașcu Brezoianu se voit offrir par le prince Constantin Brâncoveanu un terrain pour y construire des maisons. La modernisation de la zone débute au milieu du XIXème siècle, avec l’assainissement d’un marais et l’aménagement du jardin public ou parc Cișmigiu. Pourtant, le boyard fondateur a été oublié par la mémoire des lieux, son nom étant pris pour celui d’un acteur, Iancu Brezeanu, explique Oana Marinache, historienne de l’art.

     

    « C’est une des erreurs les plus rencontrées dans le registre officiel des rues. Les souvenirs de plusieurs personnalités se sont probablement superposés et ont créé ce rapprochement erroné. Il s’agit d’abord d’un acteur, Ion (Iancu) Brezeanu, et d’une autre personnalité de notre culture, un enseignant et réformateur du système d’enseignement, qui s’appelait Ion Brezoianu. Et pour que l’histoire ne soit pas trop simple, je rappellerais le vrai personnage du début, le boyard, Pătrașcu Brezoianu, qui a reconstruit au début du XVIIIème siècle l’église qui portera son nom. Donc, si les l’acteur et le réformateur ne possédaient pas nécessairement de maison dans cette zone, celui qui aurait effectivement dû donner son nom à cette rue est le boyard Pătrașcu Brezoianu. Il a fait reconstruire le lieu de culte à proximité de l’actuel bâtiment de la Sala Palatului (la Salle du Palais), mais la systématisation et les bombardements subis par cette zone vers la fin de la deuxième guerre mondiale ont entraîné la destruction de l’église. En règle générale, ces anciennes mahalale (faubourgs) de la partie centrale de notre ville se constituaient sur des terrains en location sur contrat à très long terme, à proximité d’un lieu de culte. Nous savons qu’une église en bois y avait existé, mais qu’elle avait disparu dans la tourmente des temps incertains des XVIIème et XVIIIème siècle, pour être reconstruite en pierre en 1710. Cette église a résisté debout jusque vers 1959, donc à l’époque communiste, mais il est certain que le grand tremblement de terre de 1940 et les bombardements de 1944 l’avaient fortement touchée, la laissant dans un très mauvais état.

     

    Une rue emblématique du laboratoire architectural que fut Bucarest    

     

    A la différence du lieu de culte autour duquel la mahala s’était constituée, de nombreux bâtiments classés ont survécu jusqu’à nos jours dans la rue Brezoianu. C’est le cas du Palais Vama Poștei (la Douane de la Poste), imaginé par l’architecte Statie Ciortan et sis dans la rue Lipscani, à l’endroit précis où s’ouvre la rue Brezoianu. Ou encore le Palais Universul, siège du quotidien homonyme de l’entre-deux-guerres, dessiné par l’architecte Paul Smărăndescu, qui se dresse au croisement avec une autre rue, jadis occupée par des rédactions de journaux. Ces bâtiments et d’autres aussi y ont survécu, en dépit de l’infrastructure problématique des lieux, souligne Oana Marinache.

     

    « Puisque c’est une rue plutôt longue et parallèle avec Podul Mogoșoaiei ou l’actuelle Calea Victoriei, habitée par de nombreuses grandes personnalités issues de familles de boyards et bordée de monuments architecturaux du milieu du XIXème siècle, la rue Brezoianu a toujours bénéficié de l’attention de autorités locales, prêtes à moderniser, à refaire, à paver et aligner les lieux. À différentes époques, la rue commençait au croisement avec la rue Lipscani (dans le vieux centre) et débouchait sur l’artère qui porte le nom du prince Știrbei Vodă. La zone avait aussi un problème lié au jardin public de Cișmigiu et à l’ancien marais, c’était le problème récurrent des inondations, des mauvaises odeurs, des refoulements dans les sous-sols des immeubles. Il existe des lettres d’époques envoyées aux autorités par les habitants aisés de la zone, menés par le peintre Tătărăscu, dont la maison avoisinait la rue Brezoianu. Sa voix était importante dans la communauté locale et elle se faisait constamment entendre demander aux autorités de trouver une solution pour éliminer le dénivelé de la rue et les inondations, qui s’accompagnaient de mauvaises odeurs et de maladies.

    De nos jours, ces problèmes n’existent plus et les traces du passé sont bien conservées dans la rue Brezoianu, tout près du Cercle Militaire National, de la chocolaterie Capșa et de l’ancien Palais Royal et actuel Musée National d’Art. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Les « mahalas / faubourgs » Flămânda et Sfânta Ecaterina

    Les « mahalas / faubourgs » Flămânda et Sfânta Ecaterina

    Bien qu’avoisinant la Place Unirii, soumise à des démolitions d’immeubles et à des transformations radicales sous le régime communiste, la zone située derrière la colline de la Métropolie, à l’Est de Bucarest, a préservé son aspect historique, classique, et même celui d’origine. Or, justement, l’origine de deux de ces quartiers est liée au passé de la métropolie ou du patriarcat orthodoxe d’aujourd’hui.

     

    Le quartier de la métropolie

     

    Ana Rubeli, chercheuse et autrice du livre « Mahalale de patrimoniu / Des mahalas de patrimoine. Sfânta Ecaterina et Flămânda », esquisse l’histoire des lieux : « Si nous nous plaçons géographiquement dans le périmètre de la métropolie, à la base de la colline se trouve l’église Sfânta Ecaterina (Sainte Catherine), qui a jadis été un monastère et dont les données historiques remontent à l’année 1650, environ. C’est l’église qui a donc donné son nom au faubourg (la mahala), puisque l’histoire nous dit que les mahalale prenaient le nom soit de l’église ou du monastère autour desquels elles se coagulaient soit des familles de boyards auxquelles elles étaient liées. Mais le faubourg Sfânta Ecaterina s’est pratiquement formé sur la base de contrats d’emphytéose, le droit de jouir d’un bien-fonds d’autrui du fait d’un bail de longue durée entre l’église et les gens. L’église a donc décidé de donner des parcelles de terrain aux gens de sa proximité. Le monastère s’assurait ainsi des revenus, et les gens avaient un lieu pour vivre. L’emphytéose ressemblait à un contrat de location, d’habitude sur 99 ans, qui pourrait rester en famille ou être vendu. »  

     

    L’architecture des immeubles parle du statut social des habitants.

     

            Le tissage humain de la mahala a changé à travers le temps, avec même une évolution socio-économique d’une génération à une autre. Si, au début, les habitants en étaient des petits commerçants, avec le temps leurs familles ont fini par comprendre des architectes, des musiciens, des avocats ou des médecins. L’architecture des immeubles parle également du statut social des habitants. Mais quel était la maison-type de la mahala Sfânta Ecaterina, un modèle que l’on peut trouver encore aujourd’hui ? Ana Rubeli répond à cette question. : « En général, c’est le type de maison-wagon, légèrement étroite vers la rue et qui se développe pour ainsi dire sur la profondeur de la parcelle. L’agrandissement et l’évolution financière de la famille entraînent l’apparition de nouvelles ailes ajoutées à l’immeuble principal qui donne sur la rue. Ce sont des maisons avec un rez-de-chaussée surélevé, dont les ornements attestent le statut financier de la personne qui avait décidé de les bâtir. Certains immeubles ont été dessinés par des architectes connus, ils ont des éléments distinctifs tels que des mascarons ou des visages protecteurs aux fenêtres. Ce sont ces esprits qui protègeraient  l’intimité de la maison. D’autres maisons ont des marquises vitrées, sont enveloppées dans de la vigne ou du chèvrefeuille, des éléments de végétation typiques de la mahala et du sol, puisque nous sommes ici au pied de la colline de la Métropolie, appelée jadis la colline des Vignes, mais aussi près de la rivière Dâmbovița, dans une zone inondable donc très fertile. »

     

    Bâtiments de patrimoine

     

            Dans cette zone verte et pittoresque, on trouve toujours des bâtiments de patrimoine créés par des architectes tels que Paul Smărăndescu, Ștefan Ciocârlan, Gheorghe Simotta, Arghir Culina. Dans la proximité immédiate de la mahala Sfânta Ecaterina il y avait Flămânda, une des zones les plus pauvres de la capitale avant 1900, et dont les habitants étaient pour la plupart des tailleurs, des cordonniers, des fabricants et vendeurs de savon ou des ferblantiers. Cette mahala s’est elle aussi coagulée autour d’une église, raconte Ana Rubeli : « En fait, ce fut un projet de la métropolie, puisque nous sommes ici à la limite entre son périmètre et celui du monastère Sfânta Ecaterina, plus à l’Est. L’idée était de convaincre les estropiés et les pauvres d’aller mendier près d’un ermitage en bois, qui a fini par être connu sous le nom de « Flămânda/Crève-la-faim » ou « Săraca/L’Indigente » et mentionné ainsi dans les documents d’époque. L’ermitage a pratiquement repris la charge émotionnelle de la métropolie et la communauté formée autour de lui a bien évolué dans le temps, mais elle a gardé son nom du commencement, bien qu’elle ne fût plus ni pauvre ni affamée. »

     

    Les deux quartiers aujourd’hui

     

    De nos jours, un petit nombre de propriétaires des maisons pavillonnaires de Sfânta Ecaterina et de Flămânda connaissent l’histoire de leurs quartiers respectifs, car peu de descendants des familles locales y habitent encore. Le changement démographique a eu lieu pendant le communisme, qui a nationalisé les immeubles et les a remplis de locataires. Après 1990, ces immeubles sont redevenus des propriétés privées, mais tous ne sont pas habités par les familles d’origine. Les propriétaires actuels peuvent néanmoins apprendre l’histoire des lieux en lisant le livre d’Ana Rubeli « Les mahalas» Flămânda et Sfânta Ecaterina », sorti aux Editions Vremea. (Trad. Ileana Ţăroi)

     

  • L’émission du 26.08.2024

    Aujourd’hui sur les ondes de RRI on vous présente l’actualité et on se penche sur les résultats d’un récent sondage sur les candidats à la présidentielle et aux élections parlementaires de Roumanie. On revient sur l’histoire des relations entre la Roumanie et l’Egypte et on vous emmène à la découverte de la citadelle de Feldioara. Sans oublier votre rubrique musicale préférée, avec les chanson de Dida Dragan, et la rubrique RRI alternatives au sujet de la cérémonie de la pose de la plaque commémorative à l’occasion du centenaire de l’Institut français de Bucarest. Bonne écoute !

  • Le département de Vâlcea, un lieu chargé d’histoire

    Le département de Vâlcea, un lieu chargé d’histoire

    Aujourd’hui, voyageons ensemble dans le département de Vâlcea. Situé au nord de la Valachie, il s’agit d’un département d’une grande diversité, où des musées en plein air, des stations balnéo-climatiques, des parcs d’aventure, des randonnées en montagne ou des haltes dans des lieux chargés d’histoire ne sont que quelques-unes parmi les nombreuses attractions.

     

    Des monuments historiques importants et une nature à couper le souffle

     

    Costin Corboianu, guide touristique, nous a présenté plus en détail quelques éléments de la diversité de la région :  « Le département de Vâlcea est l’un des départements de Roumanie qui figure dans le top trois des attractions touristiques. Il s’étend entre la zone montagneuse et le bassin de la rivière Olt. Nous avons une grande variété de formes de relief, ainsi que des coutumes et traditions toujours vivantes. Ce département est le seul dans le sud de la Roumanie à posséder un site classé au patrimoine de l’UNESCO : le fameux monastère de Hurezi, fondé par Constantin Brancovan. Il ne faut pas non plus oublier que c’est ici que se trouve la ville de Horezu, considérée comme la capitale de la céramique roumaine. Nous y retrouvons également le village incroyable de Firijba, que Dimitrie Gusti, le fondateur du Musée du Village à Bucarest, décrivait à l’entre-deux-guerres comme le village le plus ancien de Roumanie. C’est aussi un département riche en Parcs nationaux, tels que celui de Buila Vânturarița ou de Cozia, et avec une offre touristique variée, allant du tourisme de montagne jusqu’au tourisme viticole, sans oublier les stations balnéo-climatiques bien connues, comme Călimănești, Căciulata, Olănești et Govora. Il s’agit vraiment d’un département avec un potentiel touristique fantastique. Selon le nombre d’ermitages et d’églises orthodoxe il est le deuxième de Roumanie, après le département de Neamț, le 3e étant le département de Suceava. »

     

    Des lieux où l’art est mis à l’honneur

     

    Le chef-lieu du département est la ville de Râmnicu Vâlcea, où vous pouvez visiter le magnifique Musée d’Art « Casa Simian » (La maison Simian), construite en 1940. Ses éléments architecturaux rappellent une villa italienne, avec un splendide jardin d’été. Le musée abrite des œuvres d’artistes plasticiens roumains renommés tels que Nicolae Grigorescu, Nicolae Tonitza, Cecilia Cutescu-Storck, Camil Ressu, Theodor Pallady ou encore Ion Ţuculescu. Juste en face du Musée se trouve la Bibliothèque départementale « Antim Ivireanul », qui se distingue par son architecture unique en Oltenie, avec sa coupole-vitrail. Inaugurée en 2004, la bibliothèque réunit plus de 400 000 volumes ainsi que des documents graphiques et audiovisuels disponibles en plusieurs langues.

     

    La musée d’Histoire, un must de la zone

     

    Près de la bibliothèque nous retrouvons le Musée d’Histoire, situé dans un bâtiment du XIXe siècle, autrefois connu sous le nom de « L’École avec Horloge ». Le Musée d’Histoire abrite des expositions permanentes, montrant des aspects de la vie et les activités des anciens habitants de la vallée de la rivière Olt. Le musée possède aussi des collections philatéliques, une collection d’armes anciennes, des livres rares, ainsi que de nombreuses autres pièces d’une grande valeur historique.

     

    Le parc Zăvoi et le Jardin Zoologique sont également deux arrêts incontournables pour les amateurs de nature.

     

    En espérant vous avoir persuadés de visiter cette région remplie d’histoire et de légende, à bientôt avec une nouvelle destination !  (Trad. Rada Stanica)

  • Radio NOREA

    Radio NOREA

    Entre 1945 et 1990, la langue roumaine était diffusée à la radio non seulement depuis Bucarest, mais aussi depuis l’étranger. Les radios d’Europe occidentale qui diffusaient des émissions en langue roumaine tentaient d’atteindre le public roumain, contournant ainsi la censure imposée par le régime communiste à la presse diffusée à l’intérieur des frontières roumaines. Une telle station radio a été NOREA, appartenant à l’Association nordique de la radio évangélique et qui, à partir de 1971, disposera d’une section roumaine. Une section fondée par l’effort d’un seul homme, le pasteur Duțu Moscovici, journaliste à ses heures perdues.

    Les débuts de Radio NOREA se situent en Norvège, pays dont la population est prépondérante luthérienne. L’endroit choisit pour établir la rédaction a été Monte-Carlo, à Monaco, à l’autre bout de l’Europe. Plus tard, la station de radio ouvrira une antenne au Danemark, où elle construit ses premiers studios d’enregistrement. En 2000, le Centre d’histoire orale de la Radiodiffusion roumaine a enregistré une interview du pasteur Duțu Moscovici, dans laquelle il rappelle les débuts de sa nouvelle carrière de journaliste radio :

     

    « J’étais un beau jour avec ma femme dans la ville de Lübeck en Allemagne, dans une église bien connue. Et, pendant que nous admirions un tableau, quelqu’un s’est approché de nous et m’a demandé si j’étais le pasteur Moscovici de Roumanie. Je lui ai confirmé, c’était un type que je connaissais de renom, un pasteur hongrois. A l’époque, il réalisait des émissions pour la radio NOREA en hongrois, à Oslo. C’est lui qui me lança l’idée d’ouvrir une section roumaine pour cette station de radio. Je lui ai dit que j’y réfléchirais et, au bout d’un moment, je m’y suis lancé. »

    Les débuts de l’émission en langue roumaine

    Duțu Moscovici commence par travailler comme rédacteur en langue roumaine aux studios NOREA d’Oslo. Les Danois, partisans du projet, construisirent des studios au Danemark, et le service roumain trouva sa place dans ce nouveau lieu. Le pasteur-journaliste se rendait une fois par mois depuis Hambourg, où il vivait, dans les studios danois de NOREA pour enregistrer les émissions qui allaient être diffusées pendant le mois qui s’en suivait. Les bandes enregistrées étaient envoyées ensuite par courrier à Monte-Carlo, et il les écoutait depuis Hambourg au moment de la diffusion, pour s’assurer que les enregistrements suivaient bien le planning établi. Au début, l’émission en roumain de Radio NOREA était hebdomadaire, diffusée tous les vendredis, pendant 15 minutes. Plus tard, sa durée passa à 30 minutes, et les jours de diffusion changèrent. Dorénavant, l’émission en langue roumaine de radio NOREA allait pouvoir être entendue tous les samedis et dimanches à 18h30, heure de Bucarest.

    Duțu Moscovici se rappelle le contenu de ses émissions :

     

    « Le texte avec lequel je lançais la transmission était inchangé et c’était, je me souviens encore : « De Radio Transmondial de Monte Carlo, écoutez le programme évangélique Radio NOREA en roumain ». S’en suivait une brève séquence musicale en allemand, Dieu Tout-puissant, cette mélodie traditionnelle de l’Église luthérienne du monde entier. Je faisais ensuite une brève présentation du programme à venir, qui comprenait une étude biblique, ensuite la lecture d’un texte de la Bible ou encore la biographie d’un missionnaire. Le cœur du programme était sans aucun doute la présentation d’un texte biblique. Il pouvait y avoir aussi une citation d’un penseur célèbre, Blaise Pascal par exemple. Quelquefois, nos studios accueillaient un invité de marque. J’ai eu ainsi l’honneur d’accueillir à mon micro les évêques d’Oslo qui se sont succédés pendant 30 ans. Une autre fois, j’avais accueilli le Premier ministre norvégien de l’époque. »

     

    Une liberté d’expression non négligeable

    Duțu Moscovici disposait semblait-il d’une totale liberté dans la conception de ses programmes et de leur contenu :

     

    « Je disposais d’une totale liberté. Il n’y avait qu’une seule condition cependant : ne pas nous mêler des affaires politiques et ne pas se montrer critique à l’égard des autres confessions religieuses. Il fallait s’en tenir exclusivement à ce que nous appelons en langage pieux la prédication de l’Évangile. Et la rédaction roumaine était composée par un seul homme, moi-même. Et soyez assuré que personne ne me dictait rien, personne ne contrôlait rien. C’était une question de confiance. »

     

    A la question de savoir comment la rédaction roumaine de Radio NOREA se mettait en lien avec ses auditeurs roumains, Dutu Moscovici répond :

     

    « À un moment donné, il y a eu la question des lettres des auditeurs. Il fut un temps où ces lettres, si elles étaient adressées à la station de radio NOREA, risquaient d’être arrêtées par la censure roumaine, et leurs auteurs risquaient de se voir poursuivre. Nous avions alors éliminé le mot « radio » de notre adresse, conservant uniquement NOREA pour destinataire. Je disais « si vous voulez nous écrire, vous pouvez contacter NOREA », suivait ensuite la lecture de l’adresse de la rédaction danoise. »

     

    La rédaction roumaine de Radio NOREA a rempli la noble mission de diffuser les principes et les valeurs chrétiennes et de maintenir l’espoir dans la période trouble de la dictature communiste. Et pour ses auditeurs, cela comptait énormément. (Trad. Ionut Jugureanu)

  • Ecoutez l’émission du 24.06.2024

    Ecoutez l’émission du 24.06.2024

    Aujourd’hui sur les ondes de RRI nous découvrons dans le cadre de notre rubrique hebdomadaire « Pro Memoria » les relations nouées entre la Roumanie et l’Egypte avant 1990. Nous partons aussi à la découverte du delta du Danube. Côté musique, nous écoutons les sonorités du groupe rock roumain Holograf, avant une nouvelle édition de RRI Alternatives, consacrée à l’Institut culturel roumain de Paris.

  • Le musée de Sighişoara

    Le musée de Sighişoara

    Sighișoara est une des villes de Roumanie à avoir réussi à préserver un centre-ville médiéval attractif. Son nom est lié à celui du prince Vlad Țepeș (l’Empaleur) Dracula, qui y naquit en 1431, mais aussi à un festival d’art médiéval, à sa citadelle fortifiée, à sa Tour à l’Horloge et à plusieurs autres points d’attraction. Tels que le musée de la ville de Sighișoara, qui fête cette année 125 années d’existence.

     

    Des traces remontant à l’antiquité 

     

    Des traces d’habitations appartenant à l’antique castre romain de Sandava ont été découvertes par les archéologues sur le périmètre actuel de la ville. Sighisoara que nous connaissons allait être fondée au XIIème siècle par des colons allemands arrivés de la région de Franconie, à l’appel du roi Géza II de Hongrie. Le nom de la ville est mentionné pour la première fois dans des documents à la fin du XIIIème siècle. Une si longue existence a forcément traversé des périodes de calme et de prospérité, mais aussi inévitablement des épisodes de violence et d’effroi, tels que invasions étrangères, révoltes paysannes, guerres, sièges, épidémies de peste, incendies, mouvements révolutionnaires.

     

    Le musée local résume ces deux millénaires, comme l’explique le directeur de l’institution, Nicolae Teșculă : « Le XIXème siècle a été le siècle du nationalisme, des nations, par excellence et chaque nationalité voulait bien-sûr préserver et aussi exprimer ses valeurs nationales. La muséification a été un moyen, donc la sauvegarde d’artefacts qui identifient une nation pour un territoire spécifique. »

     

    Les débuts du musée 

     

    Après la création du musée Brukenthal de Sibiu en 1817, des collectionneurs locaux se sont mobilisés pour créer d’autres tels établissements, comme ce fut le cas aussi à Sighișoara, ajoute Nicolae Teșculă:

     « Il s’agit, premièrement, de la collection du lycée allemand, le corps enseignant du Collège évangélique a ramassé des objets de l’école. Deuxièmement, deux événements sont organisés à Sighișoara en 1879. L’Association transylvaine pour la culture et la littérature du peuple roumain (connue plus tard sous le nom d’ASTRA) y tient son assemblée générale au mois de juillet. Et puis, plus tard au cours de cette année-là, la Société de sciences historiques de l’Est de l’Autriche-Hongrie, y organise aussi une réunion. Parmi les initiateurs de cette session scientifiques, nous retrouvons le nom de Carl Fabritius, théologien et historien natif de Sighișoara et enseignant au lycée allemand de la ville, qui rassemble à cette occasion des objets de la ville dans une exposition dont il est l’organisateur. Il laisse une sorte de testament aux plus jeunes d’organiser un musée à Sighișoara, s’appuyant sur la valeur exceptionnelle de la citadelle qui gardait à l’époque, comme elle le fait aujourd’hui encore, toutes ce valeurs médiévales. »

     

     

    Les efforts des élites de Sighișoara de stoker et d’exposer les objets rappelant le passé ont été couronnés de succès. Carl Fabritius avait lancé l’histoire du musée et son effort allait être continué par Josef Bacon, explique Nicolae Teșculă : « Parmi les bénévoles à avoir contribué à la réalisation de l’exposition on retrouve Josef Bacon, un jeune homme de l’époque, qui allait faire des études de médecine et devenir par la suite un médecin de la ville. A la fin du XIXème siècle, Sighisoara décide de créer son propre musée dans la Tour à l’Horloge. Cette tour, la plus représentative de la citadelle, avait été restaurée en 1894 et avait accueilli, en 1898, une petite exposition appelée « la chambre/salle du patricien ». Malheureusement, nous n’avons pas beaucoup d’informations là-dessus. »

     

    Les musée à l’époque moderne

     

    Un bon début et une bonne continuation mènent nécessairement à une bonne fin. Une règle que le musée de Sighișoara ne fait que confirmer, souligne Nicolae Teșculă : « Ultérieurement, des gens passionnés ont ramassé divers objets et le musée a pratiquement été ouvert le 25 juin 1899. A partir de 1905, il sera lié à l’association « Sebastian Han », de la ville de Sibiu, dont le but était justement de promouvoir les valeurs historiques et artistiques. D’une part, l’association organisait des expositions dans des citadelles ou des églises fortifiées et, d’autre part, elle mettait en avant les artistes plasticiens locaux, notamment d’ethnie saxonne, des villes transylvaines, dont notamment Brașov et Sibiu. L’association « Sebastian Han » a géré le musée de Sighisoara jusqu’en 1925, lorsque l’établissement passe sous la tutelle de l’Eglise évangélique et sa collection s’agrandit. Outre la collection de la Tour à l’Horloge, qui illustrait l’histoire de la ville depuis l’Âge de bronze jusqu’à la Grande Guerre, un petit musée ethnographique fonctionnait dans l’église du monastère, un autre avec des objets de culte existait dans l’église de la colline, ainsi qu’un musée scolaire. Il y a même eu une tentative de créer un petit Arboretum et un jardin botanique autour de la Tour à l’horloge et sur l’espace vert qui la séparait de l’église. Nous pouvons donc dire qu’un véritable complexe muséal existait à Sighișoara à partir de 1933. »

     

    Le Musée d’histoire de Sighișoara s’appuie à présent sur une solide tradition, construite grâce à l’enthousiasme et au dévouement discrets des gens. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Le château des Corvin, une légende au cœur de la Transylvanie

    Le château des Corvin, une légende au cœur de la Transylvanie

    L’un des plus beaux châteaux du monde

     

    Le château de Corvin est le monument le mieux préservé de l’architecture gothique, civile et militaire de l’Europe centrale et du sud-est. Situé dans l’ouest de la Roumanie, cet imposant édifice est l’une des principales attractions touristiques de la région. Au fil des ans, le château de Corvin est entré dans de nombreux palmarès à travers le monde : l’un des plus beaux châteaux du monde, mais aussi l’un des plus terrifiants. Ainsi, l’édifice de Hunedoara présente différentes facettes qui ne demandent qu’à être découvertes par les visiteurs, explique Sorin Tincu, directeur du musée du château de Corvin.

     

     « L’histoire du château commence au XIVe siècle, en relation étroite avec celle du fer, un métal qui a défini l’existence de cette commune depuis sa création. En effet, le nom allemand de Hunedoara est Eisenmarkt, en français, Marché du fer. Ainsi, au XIVe siècle, sur le site actuel du château, il existait une petite fortification avec une seule tour de défense, de forme triangulaire, et directement liée à l’exploitation du fer dans la région, mais aussi à l’existence d’un noble qui finit par posséder le domaine de Hunedora. En 1409, le roi Sigismond de Luxembourg cède cette forteresse à un noble roumain nommé Voicu, en raison des nombreux services qu’il avait rendu au roi hongrois. »

     

    Des débuts historiques encore flous

     

    À l’heure actuelle, il n’existe aucune information prouvant attester que le château de Corvin a été bâtit par ce Voicu. A l’inverse, il y a fort à parier que son fils, Ioan de Hunedoara, ait débuté la construction de ce que nous appelons aujourd’hui le château de Corvin, poursuit Sorin Tincu.

     

    « Cette construction s’est déroulée en deux phases. Dans la première, Ioan de Hunedoara a étendu la fortification avec sept nouvelles tours de défense. La particularité de l’architecture militaire transylvanienne réside dans les tours circulaires. Ces tours, que l’on retrouve surtout dans l’Europe du XVe siècle, semblent être arrivées en Transylvanie avec la construction du château de Corvin et à l’époque à laquelle Ioan de Hunedoara a vécu. Après la mort de ce dernier, la construction a été poursuivie par son fils cadet, Mathias Corvin, qui a érigé l’une des premières manifestations de la Renaissance transylvaine. Il s’agit du corps appelé Logia Mattia. Le troisième et dernier grand bâtisseur du château a vécu au XVIIe siècle, il s’agissait du prince de Transylvanie, Gabriel Bethlen, qui construisit une série de bâtiments militaires et civils. »

     

    Une architecture unique et une structure bien conservée

     

    Selon Sorin Tincu, directeur du musée du château de Corvin, l’itinéraire de la visite conduit d’abord le touriste à la cour des hussards. Pour y accéder, il faut traverser le ruisseau Zlaști. Sorin Tincu :

     

     « La traversée de ce ruisseau se fait par un ancien pont-levis qui, dans le passé, avait un segment mobile. En cas de danger, il était relevé. L’itinéraire se poursuit jusqu’à la nouvelle tour d’entrée. C’est également là que se trouve le côté obscur du château, avec la prison et le bastion de torture situés à gauche et à droite du château. Des informations historiques mentionnent également l’existence d’un pilori dans ce secteur. De là, le visiteur est conduit au rez-de-chaussée de la Loggia Mattia, où il reçoit une description générale du château, puis entre dans la cuisine de la garnison, et de là sur une terrasse défendant le pont, avec une vue imprenable sur la cour des hussards et les environs du château. »

     

    Après avoir visité ces différentes salles, le visiteur descend l’escalier qui mène à la cour intérieure du château, d’où il atteint la salle des chevaliers, peut-être l’une des salles les plus emblématiques du château de Corvin, récemment restaurée. Vous ferez alors connaissance avec l’une des légendes du château, nous raconte Sorin Tincu :

     

    « Après la salle des chevaliers, le visiteur arrive à la fontaine monumentale, dont la légende est bien connue. Elle raconte l’histoire de la construction de ce puits par trois prisonniers turcs qui ont travaillé pendant 15 ans en creusant dans le calcaire pour atteindre la nappe phréatique. Cependant, à la fin de leur mission, ils n’ont pas été libérés comme ils le souhaitaient, mais ont été exécutés. L’un d’entre eux aurait alors écrit sur les murs du château, comme le raconte la légende, “L’eau que tu as, le cœur que tu n’as pas”. De la fontaine, le visiteur peut se rendre au lapidaire gothique, où l’on peut admirer un certain nombre d’éléments gothiques retirés des murs du château lors de sa restauration au 19e puis au 20e siècle. Ensuite se trouve la terrasse d’artillerie ou le bastion des munitions, une autre construction du 17e siècle, ainsi que la grotte des ours. Il s’agit d’une petite cour du château. Une légende sanglante raconte que des ours y étaient autrefois gardés et que les prisonniers amenés au château leur servaient de nourriture. »

     

    Un lieu historique mais aussi culturel

     

    Tout au long de l’année, et surtout pendant la saison estivale, les visites du château sont animées par des événements hauts en couleurs. En 2024, le calendrier des événements est riche, comme nous l’explique Sorin Tincu, directeur du musée du château de Corvin :

     

     « Je laisserai de côté les événements plus modestes comme les vernissages d’expositions itinérantes qui sont également très fréquents, pour me concentrer sur les événements de grande envergure comme ceux qui ont lieu en mai, juin et août. Il s’agit notamment du Salon européen des châteaux, pour lequel nous sommes déjà en train de nous préparer. La Nuit des Musées aura quant à elle lieu le 18 mai. Cet événement attire plus de 20 000 visiteurs à la Cour des Hussards. Un événement tout aussi important est la fête médiévale qui a lieu à la fin du mois d’août et qui rend hommage au personnage de Ioan de Hunedoara. Nous organisons également un certain nombre d’événements plus modestes, tels que la Journée de la robotique médiévale, au cours de laquelle des étudiants passionnés de robotique et d’histoire se rencontrent au château de Corvin dans le cadre d’une véritable compétition entre le Moyen-Äge et la modernité. Enfin, l’année se termine  par un concert de chants de Noël dans la chapelle du château. »

     

    Plus de 20 pièces du château de Corvin à Hunedoara ont été rénovées dans le cadre d’un projet européen d’un montant d’environ cinq millions d’euros. L’année dernière, le monument a été visité par plus de 400 000 touristes, roumains et étrangers. Passionnés d’histoire ou simples curieux, n’hésitez pas à faire une petite virée par le château si vous vous trouvez dans la région. Cela vaut le détour ! (Trad : Charlotte Fromenteaud)

  • Le dossier de la descente des mineurs en juin 1990 est à nouveau sur la table des procureurs.

    Le dossier de la descente des mineurs en juin 1990 est à nouveau sur la table des procureurs.

    Jeudi, les procureurs ont démarré de nouvelles auditions dans le dossier de la descente des gueules noires sur Bucarest en juin 1990. A l’époque, les protestations contre le régime de gauche installé après la révolution anticommuniste roumaine, ont été réprimés par la violence par les forces d’ordre à l’aide des mineurs venus depuis les bassins carbonifères de la Valée du Jiu, dans le sud-ouest. Le premier ministre de l’époque, Petre Roman, l’ex vice-premier ministre Gelu Voican Voiculescu, l’ex-directeur du Service roumain de renseignement, Virgil Magureanu, l’ancien conseiller ministériel Adrian Sârbu et d’autres responsables du régime de l’époque figurent déjà parmi les suspects du dossier. Ils sont tous accusés d’infractions contre l’Humanité.

     

    Un dossier de crimes contre l’Humanité

     

    Selon les procureurs militaires, au mois de juin 1990, les quatre ont lancé une politique de répression contre la population civile de Bucarest, suite à laquelle quatre personnes ont perdu la vie, deux ont été violées, et plus de 1 300 autres ont été blessées. Enfin plus de 1 200 bucarestois ont été privés de liberté d’une manière illégale. Le parquet précise que les événements et l’encadrement juridique des faits reposent exclusivement sur les preuves administrées après le 4 juin 2021, date à laquelle le dossier a été renvoyé au Parquet et toutes les preuves administrées antérieurement ont été annulées.

     

    Les communistes de deuxième rang, au pouvoir

     

    Le 20 mai 1990, cinq mois après la chute de la dictature communiste de Nicolae Ceauescu, l’ex-ministre des années 1970, Ion Iliescu, perçu en tant que leader de la Révolution était pratiquement plébiscité, lorsqu’il remporta les premières élections présidentielles libres avec quelque 85% des voix. Son parti, un mélange hétérogène de révolutionnaires authentiques et de communistes de deuxième rang, s’était adjugé à son tour deux tiers des places du Parlement.

     

    Protestations contre le nouveau régime

     

    La Place de l’Université, occupée dès le mois d’avril par les étudiants bucarestois et proclamée « zone libre de néo – communisme » s’était déjà vidée puisque les manifestants avaient accepté le verdict des urnes. Seuls quelques dizaines de grévistes de la faim y restaient apparemment incapables d’imaginer leurs vies à l’extérieur de la Place. Leur évacuation par la Police, la nuit du 13 juin, s’est réalisée par une force disproportionnée qui faisait penser à la répression des jours de la Révolution. De ne jours encore, il n’est pas clair si ceux qui ont agi le lendemain et mené de véritable combats de rue avec les forces de l’ordre pour occuper ensuite le ministère de l’Intérieur et la télévision publique étaient réellement issus de la Place. Iliescu et ses hommes les ont appelés « légionnaires », comme étaient appelés les membres de la Légion de l’archange Michel, soit l’extrême droite de l’entre deux guerres. Même si l’armée avait déjà rétabli l’ordre, les dirigeants ont appelé la population à « sauver la démocratie en danger ».

     

    La descente des mineurs sur Bucarest

     

    Ceux qui ont répondu à l’appel ont été les gueules noirs de la Valée du Jiu. Ils ont occupé la Capitale pendant deux jours seulement, les 14 et 15 juin, pendant lesquels ils ont remplacé toute autorité légale et laissé derrière eux des milliers de personnes traumatisées. L’Université de Bucarest a été dévastée, tout comme les sièges des partis d’Opposition et les rédactions des quotidiens indépendants.

     

    Le tableau de la descente de mineurs de la Vallée du Jiu n’a fait que maculer l’image d’un pays qui venait de restaurer son prestige international grâce à la Révolution.
    (Bogdan Matei)

     

  • L’histoire récente du vin roumain

    L’histoire récente du vin roumain

    Le
    vin a une belle tradition dans l’espace roumain, la culture de la vigne étant
    attestée chez le peuple antique des Daces. L’historien grec Strabon, qui a vécu
    au I-er siècle av. J.C. et au I-er siècle apr. J.C., mentionnait dans ses
    écrits le fait que le roi dace Burebista avait décidé de mettre le feu aux
    cultures de vigne afin de freiner la consommation de vin de ses sujets. Au-delà
    de la frivolité du fait-divers mentionné par Strabon, les sources historiques
    remarquent assez souvent la présence de la vigne sur l’ensemble de l’espace
    nord-danubien.


    En
    Roumanie, entre 1945 et 1989, la production et la vente du vin ont été marquées
    par l’économie centralisée. Marian Timofti, président de l’Organisation des
    sommeliers de Roumanie, explique ce que cela a signifié : « Les vins produits en Roumanie à cette époque-là étaient destinés
    à couvrir des dettes à l’exportation, ce qui voulait dire des récoltes très
    grandes. Or, une grande quantité de raisin récoltée se traduisait par un vin de
    moindre qualité. Plus les minéraux du sol vont à moins de graines de raisin,
    plus ils y sont présents et vice-versa : plus les grappes sont nombreuses,
    moins de minéraux elles contiennent. Le corps du vin, la saveur, les arômes,
    les anthocyanes, responsables de la couleur du vin, sont moins présents. Mais
    c’était comme ça à l’époque, c’est ce qu’on demandait, la production était
    exportée à 80 – 90%. La dette extérieure de la Roumanie a été largement
    couverte grâce aux ventes de vin. L’Union soviétique en était le principal
    importateur, qui cherchait des vins avec des restes de sucres, c’est-à-dire des
    sucres non-transformés en alcool, des vins demi-secs, demi-doux et même doux,
    car le froid y demandait de l’énergie. Deuxièmement, la teneur en alcool des
    vins ne devait pas dépasser 12,5% et nous, on s’amusait en disant qu’il ne
    fallait pas faire de la concurrence à la vodka. La viticulture de qualité de la
    Roumanie a pratiquement été tuée par Nicolae Ceausescu. Oui, nous pouvons dire
    ça, parce qu’à l’époque, les chefs des fermes, les directeurs des vignobles,
    étaient payés en fonction de la quantité récoltée par hectare. Tout comme
    ceux des plantations de blé ou de maïs. Il fallait rapporter des grosses
    quantités. »



    Malgré
    cette réalité, les vins de qualité n’avaient pas complètement disparu, mais ils
    n’étaient pas accessibles à tout le monde. C’étaient des vins d’exception, qui
    participaient à des compétitions internationales, explique Marian
    Timofti : « La Roumanie était reconnue dans le
    monde pour la qualité de ses vins, produits en petite quantité, avec le raisin
    de certaines parcelles. Dans chaque vignoble, on choisissait des parcelles pour
    produire des vins de ce que nous appelions « le petit tonneau »,
    réservé à un nombre de personnes, triées sur le volet. C’étaient ces vins-là
    qu’on envoyait à des compétitions internationales, où la Roumanie a gagné un
    grand nombre de médailles. Sauf que les Occidentaux évitaient d’importer des
    produits de Roumanie, car ils recevaient des vins fabriqués en grande quantité
    et non pas les médaillés. »



    L’œnologie
    roumaine de ces temps-là a inventé, entre autres, « le vin de
    Ceausescu ». Amateur de vin, le leader communiste roumain était malade de
    diabète durant la dernière partie de sa vie. Et ce fut à Husi, à l’est de la
    Roumanie, que l’on avait trouvé la solution pour qu’un diabétique puisse boire
    du vin, raconte Marian Timofti : « On savait que
    Ceausescu préférait le zghihara de Husi dont des centaines de bouteilles
    avaient comme destination le Comité central du Parti communiste. C’est un
    cépage avec très peu de sucres, mais avec une forte acidité, bien plus élevée
    que la normale, un vin dit « d’entrée », de début de repas, car son
    acidité produit des
    sucs gastriques
    qui aident la digestion. La faible teneur en sucres a déterminé Ceausescu à
    l’adopter sur le conseil de médecins qui l’ont assuré que la boisson ne nuirait
    pas à son diabète. C’est comme ça qu’est né le « vin de Ceausescu ».
    Mais lors des repas, on servait aussi d’autres vins. Elena Ceausescu, par
    exemple, préférait le Cabernet-Sauvignon, surtout produit dans les vignobles de
    Dealul Bujorului. Elle aimait le demi-sec, avec un reste de sucres et une trace
    finale sucrée, qui dominait la dureté des tanins. C’est là qu’ont été dirigés
    des fonds pour financer une plantation de 40 hectares de zghihara de Husi. Au
    début, la superficie à planter n’avait
    pas cette dimension, mais l’argent envoyé par le Comité central est venu en
    aide. Lors des réceptions organisées lors des visites d’autres chefs d’Etat,
    Ceausescu offrait aussi son vin, que tout le monde disait apprécier, le sourire
    aux lèvres, par politesse. »




    Une histoire du vin
    roumain d’après la Deuxième guerre mondiale devrait aussi retenir de nombreux
    aspects sociaux liés à la production de cette boisson associée à la vie. C’est
    une longue histoire, qui n’est sûrement pas prête à s’arrêter. (Trad. Ileana
    Ţăroi)

  • La ville de Sebeș

    La ville de Sebeș

    C’était au XIIème siècle que des populations d’origine
    allemande avaient répondu à l’appel des rois de Hongrie et s’étaient installées
    sur le territoire compris entre les rivières Mureș et Olt d’un côté et les Carpates
    de l’autre. L’une des sept communautés urbaines à avoir reçu le droit d’être aussi
    un centre de justice fut l’actuelle ville de Sebeș. Connue en allemand comme Mühlbach,
    ou Melnbach en dialecte local, la ville d’aujourd’hui a environ 26.000 habitants,
    dont près de 80% des ethniques roumains. C’est une agglomération
    traditionnellement multiconfessionnelle, avec des communautés et des églises romaine-catholique,
    luthérienne, orthodoxe et grecque-catholique.


    Radu Totoianu, muséographe
    au Musée municipal « Ioan Raica » de Sebeș, a parlé de la naissance
    de la ville: « La
    ville de Sebeș est mentionnée pour la première fois dans un document datant de
    1245, peu après l’invasion mongole. Le prêtre Théodoric de Malenbach, le nom
    allemand latinisé du bourg, demande au pape Innocent IV de lui accorder le
    droit de collecter les impôts dans d’autres paroisses voisines, puisque la
    sienne avait beaucoup souffert durant cette invasion. Le pape accepte sa
    demande et ce document est pratiquement l’extrait de naissance de notre ville. Sebeş
    est une ville importante, qui détient le plus ancien privilège de s’entourer de
    murs en pierre, accordé en 1387. Elle est entourée d’un mur d’enceinte mesurant
    plus de 1800 mètres, avec plusieurs tours encore debout, dont la Tour de l’étudiant
    ou des tailleurs est probablement la plus connue. »



    Cet ouvrage de fortification
    contribue en partie à la renommée de la ville. Radu Totoianu a raconté l’histoire
    du moine Georg Captivus Septemcastrensis, qui a vécu au XVème ou XVIème siècle
    et qui est surtout l’auteur du premier traité sur les Turcs ottomans: « Les travaux d’entretien
    et la défense de la tour étaient assurés par la guilde des tailleurs et cela
    avait été visible en 1438, lorsqu’une armée turque avait assiégé Sebeş. Un armistice
    est trouvé au bout de plusieurs jours de résistance et les Ottomans peuvent
    entrer dans la ville à condition de ne pas la saccager. Mais cette capitulation
    n’a pas plu à tout le monde, un certain nombre d’habitants s’étant barricadés à
    l’intérieur de la tour des tailleurs. Parmi eux se trouvait un jeune élève
    de l’école qui fonctionnait entre les murs de l’abbaye dominicaine. La tour est
    incendiée, la plupart de ceux qui s’y étaient cachés trouvent la mort. Le jeune
    adolescent, de seulement treize ou quatorze ans, est un des peu nombreux
    survivants et partage le sort réservé à biens des habitants de Sebeş : il
    est vendu comme esclave et sa captivité durera une vingtaine d’années. Il est
    vendu et revendu plusieurs fois, jusqu’à ce qu’il tombe entre les mains d’un maître
    plus humain, qui le traite plutôt comme un membre de sa famille et finit par
    lui rendre la liberté. Le jeune homme affirme souhaiter revoir sa terre natale
    et promet de retourner chez son maître, mais ne tient pas sa promesse. En
    réalité, il ne se rend pas en Transylvanie, mais à Chypre, pour aller ensuite
    en Italie. Arrivé à Rome, il prend l’habit des moines dominicains et il écrit
    ce que l’on considère comme le premier traité européen d’études orientales, qui
    a connu plus de 25 éditions. Celle de 1511 a été soignée et préfacée par le
    réformateur de l’église allemande, Martin Luther. »



    Nous avons demandé à Radu
    Totoianu quels étaient les bâtiments représentatifs de la petite ville fondée
    par les Allemands transylvains. Voici sa réponse: « Le bâtiment ecclésiastique de la ville est l’église
    évangélique. Les premières phases de la construction, dans le style roman,
    commencent après 1241. Mais lorsque la ville atteint la prospérité économique,
    les édiles veulent des choses plus fastueuses. Le style gothique avait fait son
    apparition aussi en Transylvanie et le chœur de l’église, de grandes
    dimensions, est réalisé dans ce style. Selon les architectes, si l’édifice
    avait été entièrement construit ainsi, il aurait été le deuxième plus grand de
    Transylvanie après l’Eglise Noire de Brașov. Compte tenu du fait que la ville
    de Sebeș était habitée par environ 500 familles à l’époque, sa petite force
    financière ne lui a pas permis de d’aller jusqu’au bout et cela a donné
    naissance à un compromis : la nef romane a été collée au chœur gothique. C’est
    un très bel édifice, qui a aussi des éléments plus tardifs, y compris de la
    Renaissance. »



    Un autre repère architectonique
    local est le bâtiment du musée de la ville, présenté par le muséographe Radu
    Totoianu: « Le
    bâtiment laïque le plus important de Sebeș est la Maison Zapolya, dans laquelle
    fonctionne le musée. Son nom fait référence au voïvode de Transylvanie Ioan
    Zapolya, devenu roi de Hongrie après 1526, année de la mort au combat de Vladislav
    II. Comme d’habitude, cela ne fait pas l’unanimité, une partie des Hongrois
    soutient un autre candidat au trône en la personne de Ferdinand de Habsburg, membre
    de la famille régnante d’Autriche. Une guerre civile éclate et le roi Zapolya se
    retire, avec ses troupes, en Transylvanie, occupe Sebeș et installe sa
    résidence et son quartier général dans ce bâtiment où fonctionne le musée. D’ailleurs,
    il y meurt en 1540. »



    Petite mais importante dans
    l’histoire de la Transylvanie, la ville de Sebeș a une personnalité bien
    reconnaissable, mise en valeur aujourd’hui, par ceux qui sont les gardiens de
    sa mémoire. (Trad. Ileana Ţăroi)

  • Tours de défense et sécurité publique en Olténie

    Tours de défense et sécurité publique en Olténie

    Avant le XIXème siècle, lorsque l’Etat
    moderne, sa bureaucratie et ses institutions n’existaient pas encore, assurer la
    sécurité des Roumains était l’affaire des boyards et des monastères. Rien et
    personne n’étaient à l’abri, notamment lorsque chez les voisins de la région,
    tels ceux des Principautés roumaines, le recours aux pratiques terroristes
    n’était pas rare. La domination ottomane au nord du Danube, en territoire
    roumain et surtout en Olténie, était souvent présente et sauvage, à travers des
    incursions de pillage et de destruction. La solution choisie par les boyards
    locaux a été celle de construire des cule ou des tours de défense pour eux et leurs familles, leurs
    personnels et leurs biens.


    Bâtie selon un modèle oriental,
    la cula existe
    aussi en Bulgarie, Serbie, Monténégro, Albanie, Grèce, dans l’ensemble de
    l’espace contrôlé par les Ottomans dans les Balkans.

    Dans la région d’Olténie
    (la moitié ouest de la Principauté valaque) vingt cule avaient été érigées, dont il n’existe plus
    que cinq. Liana Tătăranu, présidente de l’Association Le Cœur de l’Olténie,
    raconte l’histoire des cule
    ou tours olténiennes: « A présent, la cula la plus ancienne serait celle appelée
    Greceanu, de Măldărăști, construite autour de 1547. Je ne pourrais pas certifier
    cette information, car il a été impossible de la dater même par les moyens de
    la dendrologie. Ceux qui ont étudié cette construction de près affirment qu’il
    y a eu une espèce de noyau à l’intérieur de la bâtisse. Donc la construction
    initiale a été élargie à la fin du XVIème ou au début du XVIIème siècle. La
    cula des frères Buzești a
    été érigée avant 1600 sur leur domaine de Vlădaia, dans l’actuel département (județ)
    de Mehedinți. »



    Face aux Ottomans, les cule deviennent particulièrement nécessaires

    Après le XVIème siècle et la
    conquête de la Hongrie par l’armée ottomane, le Croissant s’installe
    autoritairement en Europe centrale et du sud-est, en brisant le lien entre les
    Principautés roumaines et la civilisation européenne. Bien qu’il ne soit pas
    directement contrôlé par l’empire du sultan, l’Etat valaque en est une annexe
    que les Ottomans traitent avec une extrême brutalité. Cela rend les cule particulièrement
    nécessaires, explique Liana Tătăranu: « Ces bâtisses devaient
    pratiquement protéger les boyards, et moins les paysans, contre les invasions
    turques, mais il ne s’agissait pas des grandes invasions de l’armée. Durant la
    domination ottomane, rien ne pouvait se faire dans les Principautés roumaines
    sans l’autorisation du sultan. Depuis l’époque du prince Mircea cel Bătrân/Mircea
    le Vieux, au XIVème et XVème siècle, lorsque la Valachie avait perdu la
    forteresse de Giurgiu, elle ne possédait plus aucune forteresse le long du
    Danube. Les princes roumains n’avaient plus été autorisés à construire aucun
    type de forteresse et par conséquent ils avaient décidé de renforcer les
    monastères. Le prince Matei Basarab est celui qui a construit, au XVIIème
    siècle, le plus grand nombre de monastères fortifiés où les villageois
    pouvaient aussi trouver refuge. Cependant, les boyards n’avaient pas beaucoup
    de choix pour se mettre à l’abri et donc ils ont essayé de prendre leurs
    propres mesures pour le faire, notamment contre les attaques des cârjali, des
    bandits du pacha de Vidin, Osman Pasvantoglu, et des adalâi, les Turcs de l’île
    d’Ada Kaleh. C’est ce qui explique en partie le grand nombre de
    cule érigées en Olténie,
    la zone la plus ciblée par les pillages. »


    Tour de garde, de signalisation et d’alarme

    La cula olténienne est une bâtisse en forme de
    prisme, avec un rez-de-chaussée et plusieurs étages. La base était carrée ou
    rectangulaire, les murs en pierre ou en briques, prévus de barbacanes, avaient
    environ un mètre d’épaisseur. Les étages étaient reliés par un escalier
    intérieur en bois. « La forme de la cula olténienne a évolué avec les réalités
    socio-historiques, son apogée se situant dans la seconde moitié du XVIIIème
    siècle. Par ces formes architecturales, par la richesse des arches et des
    éléments décoratifs, la cula
    est un des exemples les plus caractéristiques
    de l’architecture olténienne »
    , écrivaient les architectes Iancu
    Atanasescu et Valeriu Grama dans leur livre « Culele din Oltenia/Les cule d’Olténie ».
    Liana Tătăranu a aussi remarqué l’évolution dans le temps de la destination des
    tours de défenses olténiennes: «Dans une première étape, les cule ont servi de tour de
    garde, de signalisation et d’alarme, une partie d’entre elles ayant servi de tour-clocher
    pour des monastères. Si on regarde la carte, on constate que ces bâtisses se
    dressent à une distance entre vingt et trente kilomètres les unes des autres,
    sur des tracés bien établis. Elles sont placées à des endroits stratégiques, en
    haut d’une colline, en général, afin de bénéficier d’un champ visuel le plus
    large possible. Les bâtisses devaient pouvoir se signaler entre elles les
    éventuelles attaques. Ensuite, il y a eu les
    cule de refuge, de défense ou d’habitation
    temporaire. Le manoir-résidence permanente du boyard et de sa famille se
    trouvait à proximité. »



    Après
    1821 et surtout après 1829, quand la Principauté de Valachie commence à
    sécuriser sa frontière, l’importance pratique de la cula diminue. La bâtisse reste néanmoins un
    élément du patrimoine architectural de l’Olténie. (Trad.
    Ileana Ţăroi)

  • Le conte de la dernière pensée, d’Edgar Hilsenrath

    Le conte de la dernière pensée, d’Edgar Hilsenrath

    Depuis son premier roman Nuit, paru en
    1964 où il raconte son expérience en tant que survivant du ghetto, Edgar
    Hilsenrath prend l’Holocauste comme thème central de son œuvre et se donne pour
    mission d’écrire pour lutter contre l’oubli. C’est la manière dont il le fait
    qui lui confère sa touche personnelle, puisque cet écrivain issu d’une famille
    juive d’origine polonaise, déporté dans un camp nazi avant de vivre en Israël
    puis aux Etats-Unis, se sert de la satire et du grotesque pour s’attaquer à des
    sujets tragiques. C’est ce qui se passe dans « Le conte de la dernière
    pensée », paru en français, en 2015, aux Editions Le Tripode, une histoire
    sur le génocide arménien dont Elena Gheorghica a fait son coup de cœur de la
    semaine.