Tag: jeunes

  • Mai ’68 vu par les enfants des protestataires

    Mai ’68 vu par les enfants des protestataires

    Mai ’68 – une secousse sociale et politique passée pourtant sous silence dans les pays de l’Europe de l’Est, dont les régimes communistes en place ne voulaient surtout pas donner des idées à leurs jeunesses respectives. Et puis de toute façon, ces régimes avaient d’autres problèmes à résoudre, 1968 étant l’année de l’invasion de la Tchécoslovaquie par les armées du Pacte de Varsovie, à l’exception de la Roumanie. En mai 2018, quelle est la mémoire de ce mai contestataire d’il y a 50 ans ? C’est la principale question que nous posons à Virginie Linhart, réalisatrice de documentaires, fille de Robert Linhart, mao établi en usine, qui se trouve à Bucarest pour parler à l’Institut français, le samedi 19 mai, des rapports parents-enfants chez les soixante-huitards.



  • La Mission locale de Reims à l’intention des jeunes migrants Roumains

    La Mission locale de Reims à l’intention des jeunes migrants Roumains

    Luiza, Cristina, Ana-Maria, Mihaela, Ramon- ce ne sont là que quelques-uns des Roumains à vivre en France, plus précisément à Reims, dans le département de la Marne. Connue notamment pour sa fameuse cathédrale à laquelle elle doit le surnom de la cité des rois et pour le champagne, la ville n’arrête pas d’ouvrir grand ses portes aux jeunes venus du monde entier et qui décident de s’y installer. Mais, comment s’y prendre une fois sur place ? Quoi faire pour s’intégrer ? Une solution serait de s’adresser à la Mission locale de Reims, une association créée à l’intention des jeunes de 16 à 25 ans et qui ne sont plus scolarisés. Un reportage par Ioana Stancescu de RRI.


  • Garder vives les traditions roumaines

    Garder vives les traditions roumaines

    L’univers rural avec ses traditions et coutumes s’éteint petit à petit face à l’indifférence d’une société moderne. La nouvelle génération des jeunes fascinés par le mode de vie occidental ne ressent plus aucun lien avec ses ancêtres. Est-ce que le présage d’un nouveau monde dominé par des chiffres d’affaire et des nombres d’abonnés sur les réseaux sociaux laisse encore de la place pour les derniers survivants du monde archaïque ? Est-ce qu’il existe encore des personnes préoccupées du sort de la société traditionnelle tombée presque dans l’oubli ? Veuillez nous accompagner dans les minutes suivantes dans les périples d’un jeune homme pour lequel le paysan est toujours l’un des piliers de l’identité roumaine. Pour ce jeune homme la sueur qui sourd du front du paysan roumain est sacrée. Vos guides sont notre stagiaire de Slovaquie Kristina Sékacova et son invité Iosif Ciunterei.

  • Emplois et jeunesse

    Emplois et jeunesse

    Ils sont plus de 4,8 millions de jeunes entre 15 et 34 ans à vivre actuellement en Roumanie, selon une enquête menée par l’Institut national de la statistique au deuxième trimestre de l’année dernière. Sur ce total, plus de 50% gagnaient leur vie, en travaillant au moins une heure par semaine, tandis que 74,6% étaient salariés dont la plupart en CDI. L’étude relève que 28% des jeunes qui travaillent le font dans le domaine des services, 28% dans celui de l’Industrie et du Bâtiment et 21% dans l’Agriculture. Pour cette dernière catégorie, la situation est loin d’être heureuse.

    Aux dires de Vladimir Alexandrescu, porte parole de l’Institut national de la statistique: « Etre actif dans un domaine tel l’agriculture implique un travail mené généralement sur des exploitations agricoles sous-développées. Malgré la modernisation intervenue ces dernières décennies, la vie rurale continue à s’organiser autour de la famille et les travaux agricoles sont censés avant tout satisfaire aux besoins familiaux. A en croire les statistiques, tous ceux qui font de l’agriculture, ne serait-ce que de temps en temps, sont considérés comme des personnes qui travaillent. Mais, à regarder de plus près, on finit par se rendre compte que leur occupation a un impact social et économique en dessous de celui qu’ils auraient provoqué en travaillant dans des entreprises agricoles modernisées à l’instar des fermes occidentales ou nord-américaines. »

    En même temps, plus de 2,3 millions de jeunes roumains restent inactifs. Sur leur total, quelque 270.000 sont au chômage, le reste se trouvant dans différentes étapes de scolarité. Tous ces chiffres mis à part, il reste encore presque un million de jeunes NEET, soit 19,9% des sujets questionnés et 28% du total des jeunes roumains qui ne sont ni à l’emploi, ni en études, ni en formation.

    C’est une véritable tragédie! s’alarme Mihai Dragos, à la tête du Conseil pour la jeunesse de Roumanie: « Des études indiquent qu’il suffit de quatre mois d’inactivité pour qu’un jeune commence à voir son futur parcours professionnel se dégrader. Par la suite, il risquera davantage à décrocher des emplois moins stables, à prolonger ses périodes d’inactivité, à avancer trop lentement dans sa carrière, en acceptant de petits salaires. »

    Si le décrochage scolaire frappe généralement les personnes issues des milieux défavorisés, il reste quand même un pourcentage important de jeunes – 53% – qui choisissent de mettre un terme à leurs études à la fin de la scolarité obligatoire. Deux jeunes roumains sur cinq se contentent d’un diplôme de baccalauréat et n’envisagent pas de faire des études universitaires, bien que celles-ci leur permettent de trouver plus facilement du travail.

    Parmi les méthodes à succès pour réussir à trouver rapidement un emploi, notons la prise de contact direct avec l’employeur (49% des jeunes ont obtenu leur poste après avoir envoyé leur CV directement dans la boîte aux lettres de l’entreprise visée) ou encore l’intervention de la famille, des parents ou des amis (28%). Se voir recommander par un proche, c’est tout à fait naturel, affirme Vladimir Alexandrescu.

    Et Mihai Dragos d’ajouter: « A parler des modalités de recrutement pratiquées par les employeurs, il est important de préciser que 30% des candidats finissent par se faire embaucher suite à l’intervention d’un proche – soit-il ami ou membre de la famille. Ce n’est pas une méthode à la roumaine. Cette technique fonctionne à l’étranger aussi. Car il s’avère toujours utile de créer son propre réseau de professionnels dans différents domaines, surtout que parmi eux il y a toujours de potentiels employeurs. »

    Dès qu’ils ont un emploi rémunéré, les jeunes roumains ne sont plus intéressés à faire des déplacements professionnels pour améliorer leur situation financière. Sur leur ensemble, il n’y a que 3,8% prêts à changer de domicile pour des raisons de travail, dont la plupart entre 25 et 29 ans. Quant aux jeunes sans emploi, seulement 20% d’entre eux se disent disposés à changer de ville pour trouver un emploi.

    Vladimir Alexandrescu: « La mobilité professionnelle peut revêtir deux formes: d’une part, elle concerne les salariés qui se voient proposer un poste dans une autre région, et de l’autre, elle vise tous ceux en quête d’un emploi ailleurs que dans la localité qu’ils habitent. Le fait que nombre de jeunes roumains sont prêts à voyager jusqu’au bout du monde à la recherche d’un travail contredit les statistiques les accusant de sédentarisme. Il suffit d’être actif et avec une formation solide pour qu’un jeune se dise prêt à se déplacer à des fins professionnelles. S’il trouve un emploi à un millier de kilomètres plus loin, hé bien, il fera le déplacement. »

    Comment les jeunes perçoivent-ils le sédentarisme invoqué par les statistiques? Mihai Dragos est jeune et du coup, il essaie de fournir une explication: « Nous, les jeunes, on est plutôt réticents quand il faut changer de ville à la recherche d’un lieu de travail. La raison? Hé bien, les mauvaises politiques de logement de l’Etat. Franchement, qu’est-ce que les autorités roumaines font pour nous aider à louer un appartement une fois installés ailleurs? La plupart d’entre nous, on touche de petits salaires et du coup, on ne peut pas débourser 150 à 200 euros par mois pour un loyer si nos fiches de paie ne se montent qu’à 350 euros. Effectivement, il ne sert à rien de se déplacer si le salaire n’est pas consistant. »

    C’est la raison pour laquelle les représentants des organisations pour la jeunesse plaident en faveur d’une amélioration des politiques publiques à l’intention des jeunes. Ils revendiquent notamment une mise en correspondance du système d’éducation et du marché de l’emploi, des mesures censées encourager la mobilité et des stages de formation dans des entreprises publiques et privées. (Trad. Ioana Stancescu)

  • Le festival des étudiants, entre implication civique et orientation professionnelle

    Le festival des étudiants, entre implication civique et orientation professionnelle

    Un mois après le commencement de l’année universitaire, les étudiants ont déjà une tradition qui mélange divertissement et apprentissage, implication sociale et préparation pour leur future carrière. UNIFEST, le plus grand festival estudiantin, est organisé chaque année depuis 2001 par l’Union des étudiants de Roumanie (USR). Il dure 11 jours et a lieu simultanément dans 17 centres universitaires, par l’intermédiaire des 107 associations membres de l’USR. Le thème de 2017 étant « Un festival comme un voyage », les étudiants ont profité d’un grand éventail d’activités – culturelles notamment – telles que spectacles de théâtre et concerts pour lesquels ils se sont vu offrir des billets gratuits. Alin Grigore, président de l’Union des étudiants de Roumanie, nous en parle : « Nous avons aussi des activités sportives, comme un championnat de football par exemple ou un cross-country estudiantin. Nous organisons aussi des activités d’éducation non formelle, soit plusieurs formations gratuites destinées aux étudiants. Nous organisons des sessions de formation tout au long de l’année. Nous avons un programme appelé « L’Académie de formation », et depuis deux ans, nous disposons aussi d’un programme connexe intitulé « L’Académie de formation pour les élèves ». Dans ce programme, les cours de formation sont dispensés par des professeurs formés par nous et sont gratuits tant pour les étudiants que pour les élèves. Quant aux thématiques, elles sont fixées suivant les priorités des élèves et des étudiants. Cette année, les cours les plus demandés ont été ceux d’art oratoire, de communication, de leadership et de gestion de projet. Ce sont des cours choisis selon les besoins des jeunes d’aujourd’hui. »

    En dehors du besoin de se former, les jeunes ressentent aussi le besoin d’implication sociale. A cet effet, la campagne « Fais un don de sang, sois un héros ! » a eu lieu pour la deuxième fois cette année, toujours dans le cadre de l’UNIFEST. Cet événement est organisé par la Société des étudiants en médecine de Bucarest. Sa première édition a eu lieu au printemps dernier, nous dit sa coordinatrice, Andreea Galiţă : « Pratiquement, nous essayons d’aider le Centre de transfusions sanguines à améliorer la situation de déficit de sang en Roumanie. Nous organisons cette campagne dans le Hall d’honneur de la Faculté de médecine de Bucarest, parce que nous estimons que c’est plus facile pour nos étudiants de faire le don dans notre faculté, vu qu’il ne faut plus se déplacer ailleurs. Comme nous avons une tradition de plus de 10 ans, nous avons constaté que nous pouvons faire venir beaucoup de gens, c’est pourquoi nous avons essayé de faire le plus de publicité possible, pour trouver des donateurs dans les autres facultés aussi. »

    Les statistiques les plus récentes indiquent que moins de 2% de la population roumaine fait un don de sang par an, soit près de 4 fois moins que la moyenne européenne. Y a-t-il une réticence des gens de venir faire un don de sang ? Voici la réponse d’Andreea Galiţă : « Les gens sont réticents, pas parce qu’ils ne veulent pas faire de dons, mais parce qu’ils ne sont pas informés. C’est pourquoi nous nous donnons pour tâche d’informer un nombre aussi grand que possible de gens. Cela n’a pas été difficile pour nous, parce que nous comptons sur beaucoup de volontaires. Nous sommes 130 personnes à nous occuper de ce projet. Et nous essayons de nous aider les uns les autres. »

    Pourtant, cette fois-ci, les trois premiers jours de l’UNIFEST, plus de 500 étudiants ont dépassé leur réticence et sont venus donner du sang, dans une tentative d’arriver à 600 poches de sang. Nous nous sommes entretenus avec quelques-uns d’entre eux : une étudiante en chimie et son amie : « Je m’étais proposé d’aller à cet effet dans un hôpital, et puis, j’ai appris sur Internet l’existence de cette campagne. Il me semble que tout le monde évite de donner du sang et je pense que tous les jeunes de Roumanie devraient essayer de le faire au moins une fois par an. »Une partie des étudiants en médecine n’en sont pas à leur premier don de sang, comme nous le dit notre prochain interlocuteur : « Je trouve cela très important. C’est une chance de sauver une vie, en fin de compte. Je trouve que c’est un geste noble et très beau. Je sais qu’en général, il n’y a pas assez de sang dans tout le pays. Et ce genre d’activités, comme celui de la Faculté de médecine, est très bénéfique. »Ceux qui donnent pour la première fois peuvent ressentir certaines émotions, mais ils arrivent à les dépasser : « Je pense qu’il s’agit aussi d’une satisfaction personnelle. J’ai pensé qu’il convenait de faire cela au moins une fois dans la vie. J’ai également réfléchi à tout ce qui pourrait se passer, mais je sais que je suis là entre les mains de spécialistes et je ne devrais ressentir aucune crainte. J’ai juste une petite inquiétude : je crains que je pourrais m’évanouir, après. »

    L’Union des étudiants de Roumanie est active tout au long de l’année. Une de ses initiatives s’est concrétisée par la récente loi sur les stages rémunérés auprès de sociétés et de pouvoirs publics. Alin Grigore, président de l’USR : « Au sujet des activités pour promouvoir l’employabilité, un pilier principal de l’Union des étudiants de Roumanie, nous avons eu l’initiative, voici quatre ans, de la Loi des stages, finalement adoptée cette année. Elle vise à ce que cette période de stage soit plutôt une activité d’apprentissage, pas nécessairement de performance sur les lieux de travail. Selon la nouvelle loi, les stages seront payés par un contrat spécial de stage, différent du contrat de volontariat, qui n’est pas rémunéré. »Cette année, UNIFEST a eu environ 100.000 participants de tous les centres universitaires où des événements ont été organisés, dans le courant des 11 jours de festival.

  • Les étudiants de Sibiu conquièrent la ville

    Les étudiants de Sibiu conquièrent la ville

    Près de 25 années auparavant, le comédien Constantin Chiriac imaginait à Sibiu un festival international de théâtre qui, quelques années plus tard, allait devenir un incontournable de la vie théâtrale européenne. Une initiative mise en place à l’aide d’un nombre impressionnant des jeunes bénévoles. En 2007, la même ville de Sibiu était sacrée, une année durant, Capitale européenne de la culture. Une occasion mise à profit par Constantin Chiriac, manager du Théâtre national Radu Stanca de Sibiu, pour lancer le projet «Les jeunes s’emparent de la ville!» Ce fut là un premier pas vers la création d’un cadre propice censé permettre aux étudiants en théâtre et management culturel de Sibiu d’organiser, en 2010, une micro-saison théâtrale avant de la transformer, sept années plus tard, en un véritable festival. Intitulé DATFest, le Festival du département d’art théâtral de l’Université Lucian Blaga de Sibiu a eu sa première édition du 2 au 5 octobre sous le titre «Les étudiants de Sibiu conquièrent la ville».

    Luminita Bîrsan, maître de conférence des universités et manager du projet: «Le projet se propose d’offrir aux étudiants l’occasion de sortir de leurs salles de classe pour se produire dans différents espaces consacrés. Et je pense aussi bien à des endroits tels le Studio de théâtre Cavas ou le Studio Virgil Flonda qu’à la scène du Théâtre national Radu Stanca ou à celle du Centre culturel des syndicats ou du Théâtre Gong pour la jeunesse. C’est un festival censé offrir à tous ces jeunes l’opportunité de jouer avec de grands artistes et de se préparer pour le jour où ils rejoindront la confrérie des professionnels. Organisé par les étudiants en Théâtre, en Histoire du théâtre et en Management culturel, le festival s’est donné pour tâche de rechercher, quatre jours durant, le meilleur comédien, la meilleure comédienne et le meilleur spectacle de la saison théâtrale 2016-2017».

    Quelles ont été les pièces de théâtre en lice pour le grand prix? Luminita Bîrsan: «Il convient de mentionner le fait que le département d’art théâtral permet aux étudiants en année terminale de travailler avec des jeunes metteurs en scène. Au fil du temps, plusieurs créateurs roumains et étrangers sont venus à Sibiu pour faire des ateliers et monter leurs productions. C’est le cas, par exemple, de Bogdan Georgescu qui a signé la trilogie «Antisocial», «#minor» et «Mal/praxis», d’Eugen Jebeleanu qui a fait le spectacle «Les familles», de Cosmin Chivu qui a réalisé la comédie musicale «Rocky Horror Show» ou encore d’Eugen Gyemant, invité à monter avec les étudiants en troisième année la pièce «Avions en papier». Tous ces titres se sont disputé, cette année, le grand prix ».

    Le théâtre, en tant qu’art, occupe depuis des années déjà une place privilégiée dans la vie culturelle de Sibiu. Il suffit de penser au festival international qui s’y déroule, mais aussi aux études de théâtre que l’on peut y faire pour avoir la dimension du rôle que la dramaturgie joue dans cette partie de la Roumanie. S’y ajoutent les liens étroits entre les comédiens consacrés et les étudiants dont pas mal se voient offrir de temps en temps l’occasion de monter sur les planches du Théâtre Radu Stanca pour jouer aux côtés des acteurs professionnels. D’ailleurs, ceux-ci représentent la majorité du public du festival DATfest.

    Le comédien Alexandru Ion, co-fondateur du Festival de théâtre pour la jeunesse Ideo Ideis d’Alexandria et membre du jury de DATfest explique l’enjeu de cet événement théâtral de Sibiu: « A mon avis, c’est un festival à double enjeu. D’une part, on a un événement qui peut créer une profonde cohésion au sein d’un groupe. Dans ce cas, il s’agit des étudiants de la faculté de théâtre que le festival met ensemble pour leur offrir l’occasion de fonctionner de manière unitaire. D’autre part, le festival représente une occasion pour le public de Sibiu, bien que moins nombreux que celui des grandes villes, de découvrir les étudiants et pourquoi pas, de suivre leur parcours artistique depuis la période estudiantine jusqu’au moment où ils monteront sur les planches du Théâtre national. C’est au profit aussi bien des étudiants qui se voient offrir la chance de jouer devant un vrai public que des spectateurs qui ont l’occasion de les voir sur scène».

    Le prix du meilleur spectacle de cette troisième édition de DATfest a été attribué à la pièce de théâtre «Mal/praxis» de Bogdan Georgescu. La liste des lauréats de cette toute récente édition est complétée par deux noms: Simona Negrila et Radu Carp – deux étudiants en troisième année consacrés meilleure comédienne et respectivement comédien.

    Simona Negrila: « Pour moi, ce fut une chance de dépasser mes propres limites, vu que le public se trouvait, pour une fois, juste devant nous. Cela a fait toute la différence. A force de jouer sur une scène, j’ai fini par avoir confiance en moi et à présent, je peux dire que j’adore mon futur métier. Ce fut notre premier spectacle. Ce n’est qu’un début. J’espère que ce festival prenne de l’ampleur et que le nombre de spectacles se multiplie. C’est une manifestation très importante puisqu’elle offre aux étudiants la possibilité de se produire sur une vraie scène, de se faire connaître et pourquoi pas, d’être primé.».

    Passons le micro à son collègue, Radu Carp, prix du meilleur comédien de cette troisième édition de DATfest: «Le festival est très important surtout parce qu’il s’adresse aux étudiants. Or nous, on a grand besoin de telles manifestations à même de nous offrir la possibilité d’avoir un public, de travailler avec un vrai metteur en scène venu spécialement pour nous. C’est ce qui a compté le plus.».

    Simona Negrila a été consacrée meilleure comédienne pour son rôle dans le spectacle «Avions en papier» d’Eugen Gyemant, tandis que Radu Carp a été primé aussi bien pour son rôle dans le même spectacle que pour celui dans la comédie musicale «Rocky Horror Show» de Cosmin Chivu. (Trad. Ioana Stancescu)

  • La science pour tous, pour une vie meilleure

    La science pour tous, pour une vie meilleure

    Une centaine d’engins pour jouer avec et autant d’expériences à faire pour apprendre des lois de la physique. La Maison des expériences propose douze domaines différents, qui vont de l’acoustique à l’optique en passant par la mécanique, par le biais d’expériences intéressantes comme le lit du fakir, l’ascenseur de Münchhausen ou la roue de Maxwell – explique la directrice de la Maison, Gabriela Ionescu. La Maison des expériences scientifiques s’adresse également aux malvoyants et aux malentendants, étant équipée de dispositifs numériques qui leur facilitent l’expérience immédiate. 80 expériences ont ainsi été adaptées pour être accessibles aux malentendants et 48 pour être accessibles aux malvoyants à partir du 1er octobre.

    Gabriela Ionescu, directrice de la Maison des expériences et présidente de l’Association pour la formation nous raconte l’histoire de ce projet : « En tant qu’ONG attentive aux besoins de la communauté, nous avons essayé d’attirer un plus grand nombre de personnes et surtout des groupes cibles qui normalement ne pourraient pas bénéficier de ce qu’un tel musée offre aux jeunes. C’est ainsi qu’est né le projet «La science pour tous pour une vie meilleure», dont le but est d’améliorer la qualité de l’éducation des personnes malvoyantes et malentendantes par une exploration directe des lois de la science. Par ce projet, la Maison des expériences a été dotée d’écouteurs audio et de 75 tablettes comportant des fichiers audio pour les malvoyants et vidéo pour les malentendants. Ces personnes ont ainsi accès aux explications concernant l’engin devant lesquels elles se trouvent et où une tablette est installée. »

    Comment ça se passe, exactement ? Gabriela Ionescu: « Une personne malvoyante reçoit des écouteurs à l’accueil, elle se rend devant l’engin respectif ; au moment où elle les branche, le fichier audio démarre et lui fournit des informations sur l’engin, sur ce qu’elle doit faire, sur la façon dont elle doit s’y prendre, ainsi que des explications sur le phénomène physique illustré par le biais de l’engin respectif. »

    Des théories concernant la pesanteur et les poulies, les fluides, l’acoustique ou l’optique et combien d’autres encore peuvent être apprises grâce à quelques explications accompagnées d’une expérience concrète, moins facile à réaliser dans la vie quotidienne par une personne malvoyante. Gabriela Ionescu : « Nous avons, par exemple, dans notre centre, un générateur à pédales. Il s’agit d’un vélo fixe. Une personne malvoyante se mettra à explorer, pour se rendre compte de quel engin il s’agit. Une telle personne n’a peut-être jamais eu l’occasion d’enfourcher un vélo dans sa vie et nous lui offrons cette possibilité. Tout en pédalant, elle écoutera les instructions et les explications concernant la transformation de l’énergie mécanique en énergie électrique. Elle recevra des informations sur les unités de mesure de l’énergie – le Joule, le Watt. Toute la leçon sur l’énergie mécanique on l’apprend en pédalant. »

    Pour les personnes malentendantes, les expériences ont été traduites dans le langage mimo-gestuel. Gabriela Ionescu explique: « Prenons le cas d’une personne malentendante. Nous nous attendions à ce qu’une telle personne, qui voit, lise les renseignements placés à côté de chaque engin. Eh bien, non, justement. Nous avons dû traduire tous les renseignements et les explications des phénomènes dans le langage des signes. Sur chaque tablette a été installé un fichier vidéo à l’intention de ces personnes. Il leur suffit d’un click pour voir ce qu’elles doivent faire. Evidemment, les jeunes du groupe-cible s’amusent beaucoup en essayant chaque engin. Nos guides ont également suivi une formation en langage mimo-gestuel et nous nous sommes prêtés à des jeux de rôle, nous mettant dans la situation des malvoyants, pour apprendre à mieux les aborder. »

    En leur offrant un accès à l’expérience directe, l’initiatrice de ce projet scientifique espère rendre les personnes malvoyantes et malentendantes plus audacieuses. Car il faut dire que dans la Maison des expériences scientifiques, on peut même créer la foudre. (Aut. : Ana-Maria Cononovici ; Trad. : Dominique)

  • La Gala HOP du jeune acteur – 20e édition

    La Gala HOP du jeune acteur – 20e édition

    Arrivé à sa 20e édition, le Gala HOP du jeune acteur n’est déjà plus un simple concours, mais aussi et surtout une occasion pour les jeunes acteurs de se pencher sur l’art du comédien et de faire des rencontres professionnelles de qualité. 21 jeunes acteurs ont été choisis cette année par le jury de présélection pour la compétition finale, organisée du 4 au 7 septembre à Costineşti, sur la côte roumaine de la mer Noire. Ils ont eu l’occasion de participer, du 31 août au 7 septembre à Bucarest et à Costineşti, à des ateliers proposés par le directeur artistique du Gala, le professeur et acteur Miklos Bacs.

    Les ateliers ont été animés par Veniamin Filshtinsky, professeur d’art de l’acteur à l’Académie de théâtre de Saint-Pétersbourg, le metteur en scène Alexandru Dabija, très apprécié pour la façon dont il travaille avec les acteurs de ses spectacles, le metteur en scène et écrivain allemand Stephan Perdekamp, créateur de la méthode appelée The Perdekamp Emotional Method et Andrei Flaviu Fălcuşan, spécialiste en kinésithérapie et en motricité spéciale. Les ateliers de formation professionnelle sont nécessaires – estiment les jeunes acteurs et les anciens gagnants du Gala.

    L’actrice Mirela Oprişor, qui a décroché le prix de la meilleure actrice au Festival de film de Sarajevo, pour son rôle dans le film de Radu Muntean « Mardi après Noël » a été la gagnante, en 2002, du prix de la meilleure actrice décerné lors du Gala HOP du jeune acteur. 15 ans après avoir obtenu ce prix, elle pense qu’à présent le Gala offre davantage aux jeunes acteurs.

    Mirela Oprişor: « J’ai constaté qu’un professeur de Russie – et pas n’importe lequel – est venu leur enseigner. Ils ont également eu un atelier avec Alexandru Dabija… Notre génération n’a pas bénéficié de telles opportunités. Ce Gala a connu une évolution ascendante. Rencontrer M. Dabija, dans ces temps-là… Et c’est un beau geste, de sa part, surtout qu’il est décontracté et il inspire beaucoup de confiance à ceux qui l’entourent. Oui, on a besoin de ça. »

    La comédienne Cosmina Olariu vient de terminer ses études à l’Université nationale d’art du théâtre et du cinéma « I.L.Caragiale » de Bucarest. Elle a décroché le grand prix de cette 20e édition du Gala.

    Cosmina Olariu: « Ces rencontres sont très importantes et je souhaite sincèrement remercier M. Miklos Bacs pour cette expérience, qui a été éprouvante, mais durant laquelle il s’est passé plein de belles choses. La rencontre avec Perdekamp a été une expérience que je n’oublierai pas, une rencontre intime avec nos émotions et nos pensées. Il a mis au point une technique reposant sur le fait que chaque émotion est reliée à un organe. En devenant conscient d’un certain organe, on peut déclencher certaines émotions. Les réactions ont été fabuleuses. J’ai failli me trouver en proie à une attaque de panique, car le vécu, les émotions et surtout l’énergie que l’on ressent sont fabuleux. La rencontre avec M. Dabija a également été très importante, car il n’arrive pas souvent que des metteurs en scène consacrés veuillent bien rencontrer et connaître de jeunes acteurs. »

    Ces dernières années, le Gala HOP, organisé par l’Union théâtrale de Roumanie, s’est ouvert de plus en plus vers le monde du cinéma. Des directeurs de casting et des réalisateurs ont été présents dans la salle. Parmi les membres du jury comptait également Ada Solomon, productrice de plusieurs grands succès du cinéma, dont « Mère et fils», «Aferim!», « Cœurs cicatrisés » ou « Toni Erdmann ».

    Ada Solomon, sur le rôle du Gala dans la carrière des jeunes acteurs : « Il est évident pour tout le monde que c’est difficile, que les émotions sont très fortes et que le Gala HOP est très significatif. C’est un événement important, très connu et très utile aux jeunes acteurs. C’est un tremplin. Mon conseil pour eux: qu’ils soient sincères. Qu’ils n’essaient pas de faire de la façon qui leur paraît la meilleure, mais de la façon qui est le plus en accord avec eux. Et qu’ils essaient de trouver la force de montrer ce qu’il sont au plus profond d’eux-mêmes et de se regarder dans le miroir. A mon avis, dans tous les métiers artistiques, l’interaction directe est très importante ; cette mise en relation compte beaucoup, tout comme la possibilité de s’entretenir d’un spectacle, en face à face, tout de suite après l’avoir vu, de connaître la façon de voir de l’autre, la façon de comprendre de quelqu’un de beaucoup plus jeune, de découvrir sa personnalité grâce à ces entretiens. »

    La 20e édition du Gala HOP a réuni à Costineşti des acteurs de toutes les générations, nombre d’entre eux anciens gagnants du trophée. Parmi les grands acteurs venus soutenir les jeunes en début de carrière a compté à nouveau Mariana Mihuţ, un des grands noms du théâtre et du cinéma roumains.

    Quel est, à son avis, le rôle actuel du Gala du jeune acteur ? Mariana Mihuţ : « Ce Gala est plus qu’important – non seulement pour les jeunes, mais aussi pour les acteurs de ma génération, par exemple, qui ont déjà accumulé une longue expérience artistique. C’est important non seulement pour eux, mais aussi pour nous, car nous avons la certitude qu’il y a de jeunes talents pour prendre la relève. Ce soir j’ai été très fière et émue de les voir si bien formés et préparés, de constater leur maturité artistique – une maturité que nous n’avions pas à leur âge. Ils savent mieux ce qu’ils veulent, il se concentrent mieux. Ils ont proposé des choses performantes auxquelles nous sommes arrivés, nous, avec le temps, par le travail et avec le concours de nombreuses personnalités avec lesquelles nous avons collaboré. »

    Lors de cette 20e édition du Gala HOP du jeune acteur est née l’idée d’un club qui réunisse les acteurs participants au Gala – selon le modèle du célèbre Actors’ Studio de New York. C’est le comédien Ion Caramitru, président de l’Union théâtrale de Roumanie, qui a lancé cette initiative : « J’ai pensé que ce serait peut-être une bonne idée de créer un Club HOP, réunissant des jeunes acteurs qui ont seulement participé au Gala ou y ont gagné des prix. En principe, tous ceux qui sont sélectionnés représentent une élite. Nous avons abordé l’idée de ce club dans le cadre de l’Union. Il devra avoir ses statuts et comporter un certain nombre de rencontres, des activités spécifiques, que les jeunes membres du Club pourront d’ailleurs proposer. J’y pense déjà depuis un certain temps et je crois que les conditions sont mûres pour envisager un tel projet. » (Trad. : Dominique)

  • Les paradoxes roumains de la pauvreté

    Les paradoxes roumains de la pauvreté

    10 années après ladhésion de la Roumanie à lUE, cest un bon moment pour dresser le bilan. Selon les statistiques, la Roumanie a fait des progrès significatifs dans la baisse de la pauvreté. Si, en 2007, 47% des Roumains vivaient en dessous du seuil de pauvreté, en 2015, ce pourcentage avait baissé jusquà 37%. Ces données sont calculées en fonction dun certain indicateur statistique appelé AROPE qui mesure tant les revenus annuels que les biens quune personne possède. Dans le cas des Roumains, cela veut dire que ces dernières années, plusieurs Roumains ont pu se permettre dacheter des appareils électriques, de lélectroménager et un téléphone portable et aussi de consommer un repas avec de la viande un jour sur deux ou de partir en vacances une semaine par an.



    Par son projet « Le Moniteur social », la Fondation Friedrich Ebert a analysé les chiffres collectés dans les années écoulées après ladhésion et a ses propres conclusions concernant la pauvreté. Victoria Stoiciu les a partagées avec nous : « Il est visible à lœil nu que beaucoup plus de gens ont aujourdhui un téléphone portable et une télé couleur par rapport à 2007. Dune part, ces biens coûtent moins cher actuellement, et souscrire un crédit à la consommation est beaucoup plus aisé maintenant. Si nous considérons cet indicateur, on peut constater que la pauvreté a baissé de manière considérable de 2007 à 2015. Et les Roumains mènent une vie meilleure. »



    Dautre part, une conclusion paradoxale ressort des données interprétées par le « Moniteur social » : même si les manques ont diminué dans lensemble, dans certains cas, ils se sont creusés, en fait. Sil fallait analyser uniquement les revenus, donc les sommes dargent dont les gens disposent, nous serions surpris de constater que la pauvreté est allée croissant. A savoir, le nombre de ceux qui ont des revenus de 60% moins importants par rapport au revenu médian sest accru. En 2015, ils arrivaient à près de 25% de la population, alors quen 2007, leur pourcentage était de 18%.



    Victoria Stoiciu complète ce tableau : « Les Roumains les plus pauvres des continuent de se trouver en milieu rural, et sont en général des personnes qui soccupent de lagriculture de subsistance. A leur égard, aucun progrès na été constaté. En 2007, les 10% de Roumains les plus pauvres avaient 556 euros par an. Je parle des revenus, pas des salaires, mais des revenus qui peuvent être réalisés aussi de la vente de la petite production du ménage : œufs, fromage etc. En 2015, les revenus des plus pauvres arrivaient à 714 euros par an, donc une amélioration insignifiante. Près de 2 millions de Roumains vivent avec 714 euros par an. »



    Au sujet des manques dans lesquels vivent les villageois, surtout ceux des régions montagneuses, nous nous sommes entretenus avec Iulian Angheluţă. Par sa fondation, « Free Mioriţa », il a assumé, depuis quelques années, un projet difficile : emmener lélectricité dans les zones encore non électrifiées de Roumanie. Ces zones sont encore nombreuses dans ce pays, et le manque délectricité est perçu de manière très aiguë dans ces parties du pays qui sont les plus isolées : les villages ou les habitations de montagne.



    Comment vivent les gens là-bas ? Iulian Angheluţă : « Il y a là-bas des routes forestières. Il existe des sources deau, comme par exemple les sources de montagne. Mais pas délectricité. Lélectricité na pas atteint la plupart des zones des Monts Apuseni, dans la partie montagneuse des départements tels que Hunedoara, Maramureş, Bistriţa Năsăud. Il y a des plans et de soi-disant études de faisabilité. En plus, à beaucoup dendroits, les repères obligatoires pour une existence civilisée, comme lécole ou le dispensaire, sont complètement absents. Ces gens-là vivent de lagriculture de subsistance. Chacun a quelques animaux, surtout des moutons et des vaches. La forêt avoisinante est utilisée pour le bois de chauffage, mais aussi pour la cueillette de différents fruits, et celle des champignons. »



    Lélectricité, cest un confort minimal pour ces gens, mais aussi la possibilité de sortir de lisolement. La lumière est arrivée chez eux sous la forme de panneaux photovoltaïques ou solaires apportés par Iulian Angheluţă et ses collègues de Free Mioriţa. Leur première pensée a été pour les enfants qui vivent dans ces communautés isolées. Ecoutons Iulian Angheluţă: « Toute habitation a besoin de main dœuvre. Que cela nous plaise ou pas, les enfants aident aux tâches ménagères. Ils vont en montagne avec les moutons ou aident les parents de différentes autres manières. Leur vie est très dure. Léducation est reléguée au second plan. Cest pourquoi à moi, lélectricité me semble importante. Elle est importante aussi pour les enfants au moment de faire leurs devoirs, elle est importante aussi pour linformation, et pour léducation dans son ensemble. Ainsi, on peut avoir accès à la radio, au téléphone pour accéder à des services durgence tels que lambulance. »



    La situation des enfants et des jeunes comparée à celle des personnes âgées est, dailleurs, un des paradoxes constatés avec lanalyse de la baisse de la pauvreté, estime Victoria Stoiciu, représentante de la Fondation Friedrich Ebert : « Alors que la Roumanie a fait des progrès en ce qui concerne la réduction de la pauvreté et de lexclusion sociale parmi les personnes âgées, force est de constater que parmi les jeunes, les progrès ont été beaucoup plus modestes. La pauvreté na baissé que de 6% entre 2007 et 2015 pour les jeunes de moins de 16 ans. Pour les plus de 64 ans, la précarité a baissé de 24%. Le rythme a été beaucoup plus accéléré. Ce serait une explication pour ce fait. En 2009, le gouvernement de lépoque a adopté une mesure qui a contribué de manière décisive à la baisse de la précarité parmi les personnes âgées : lintroduction de la retraite sociale minimum. Pour le moment, cette retraite est de 415 lei, soit 90 euros. Soyons francs ! 400 lei nassurent pas une vie décente, mais cest pourtant un peu mieux quavant. »



    Dans lattente de remédier à ces décalages par des politiques publiques de protection sociale, les initiatives entamées par la société civile essaient dy suppléer. Cette dernière année, par exemple, Free Mioriţa a réussi à livrer des panneaux solaires ou photovoltaïques à 78 habitations de 15 départements. Ainsi, cette dernière année, elle a contribué à électrifier 4 écoles et deux églises. (trad. : Ligia Mihaiescu)

  • A la Une de la presse roumaine 13.07.2017

    A la Une de la presse roumaine 13.07.2017

    Finances,
    société, actu internationale – il y a du tout dans la presse roumaine
    d’aujourd’hui. Les banques roumaines sont les plus performantes d’Europe, 20%
    des revenus mensuels d’une famille sont destiné aux taxes alors que les jeunes
    roumains suivent les conseils de leur mère en choisissant leur emploi, alors
    que les salariés roumains ne font pas confiance à leurs patrons. Parallèlement,
    la presse roumaine s’interroge au sujet d’une éventuelle rupture dans l’histoire
    d’amour entre la France et l’Allemagne.



  • Chants, sons sur scène

    Chants, sons sur scène

    « Chants, sons sur scène », le 16e festival de la chanson francophone de Transylvanie a été accueilli au mois de mai par Baia Mare, ville du nord-ouest de la Roumanie. Un événement qui dépasse et de loin les frontières de cette région, car il s’avère une véritable pépinière de talents musicaux, un petit coup de pouce pour la carrière des artistes en herbe et un espace de rencontre entre ces derniers et les stars de la chanson francophone. Cette manifestation se veut aussi un véhicule alternatif vers les jeunes, pour cette musique plutôt boudée par les radiodiffuseurs de Roumanie. Enseigner le français aux adolescents par le biais de la musique, c’est la mission depuis 16 ans du professeur Nicolae Weisz, créateur du festival « Chants, sons sur scène » de Baia Mare. Nous le retrouvons dans les minutes suivantes au micro de Valentina Beleavski.

  • Solutions pour l’intégration des jeunes sans diplôme, sans formation et sans emploi.

    Solutions pour l’intégration des jeunes sans diplôme, sans formation et sans emploi.

    Bucarest a accueilli au mois de mars une série d’événements consacrés à la situation des NEET, ces jeunes âgés de 15 à 24 ans, sans diplôme, sans formation et sans emploi. Mal insérée et avec un avenir professionnel hypothétique, cette catégorie recense un taux inquiétant par rapport à la population active de Roumanie. Contrairement au reste des pays européens où la moyenne des jeunes sans emploi et hors du système scolaire est à 12%, en Roumanie ce taux se situe à un 18% inquiétant, selon des statistiques datant de 2011. Concrètement, ils seraient entre 400 et 500 milles, un chiffre qui ne prend pourtant pas en compte les jeunes non recensés par les institutions compétentes. Dans ce contexte, le groupe de réflexion Social DOers a organisé une conférence nationale, l’occasion pour lancer la plateforme

    La coalition européenne de défense des droits des jeunes NEET. Financée par le programme européen Erasmus+ et lancée à Bruxelles en janvier dernier, cette idée met en lumière le caractère européen de la question des jeunes sans emploi et sans formation. Car tous les pays membres s’y confrontent plus ou moins, lance Veronica Stefan, présidente du groupe Social Doers : «Par cette initiative-pilote, nous nous penchons sur la situation des NEET dans six Etats dont la Roumanie. Le projet prend aussi en compte le cas de pays tels la Grande Bretagne ou l’Autriche où le taux des NEET est bien faible. S’y ajoutent le Portugal, l’Italie et la Belgique. Cela nous a permis de constater qu’il faut déployer des efforts communs pour solutionner le problème. Une plateforme nous permettrait de réunir autour d’une même table les ONG qui se battent pour ces jeunes, les partenaires sociaux et les décideurs politiques. C’est donc une initiative qui concerne aussi bien les ONG, que les syndicats, les patronats et les députés européens, puisque ce sont eux qui assurent la participation des citoyens aux décisions européennes.»

    Victor Negrescu figure parmi les députés européens préoccupés par l’avenir des jeunes, surtout des ceux inactifs. Bien que l’UE ait lancé plusieurs programmes à leur intention, le député roumain reste pourtant réservé : «Il faut préciser que la plupart de ces programmes ont un caractère global et général. Or, nous avons besoins d’un plus grand nombre d’approches ciblées sur les jeunes NEET, afin que cette catégorie de la population européenne, forte de quelque 21 millions de personnes, ressente vraiment les bénéfices qui en découlent. Lors des débats menés à Bucarest, j’ai essayé de plaider en faveur de programmes reposant sur les besoins personnalisés de ces jeunes, besoins que nous devrions mieux identifier au niveau local.»

    A l’heure où l’on parle, le nombre des jeunes roumains inactifs avoisine les 500.000. Un chiffre qui, rapporté au pourcentage des actifs, ne semble pas trop inquiétant. En fait, la situation est beaucoup plus grave. Au fur et à mesure que ces jeunes prennent de l’âge, ils restent inactifs et deviennent de plus en plus nombreux. Si le taux est de 18% dans le cas des moins de 25 ans, ce pourcentage monte à 25% pour les moins de 30 ans et se maintient autour de 20% dans le cas des personnes inactives âgées de moins de 35 ans. Nous voilà donc confrontés à toute une génération de jeunes vivant en marge de la société. Une réalité qui nous coûte cher, s’inquiète Veronica Stefan : «Une agence européenne estime qu’en 2011, la Roumanie dépensait, ou plutôt perdait environ 2 milliards d’euros, soit 1,54% de son PIB. Cela signifie que près d’un demi-million de jeunes roumains recevaient une aide sociale minimale, sans produire la moindre contribution à la richesse nationale. Autrement dit, chaque année, les jeunes de moins de 25 ans produisent une perte économique d’environ 2 milliards d’euros. »

    Si nous ajoutons à ce tableau le phénomène du vieillissement de la population, visible en Roumanie, mais aussi à travers l’Europe, phénomène qui s’accompagne du besoin d’avoir le plus grand nombre d’individus actifs, nous comprenons mieux à quel point la recherche de solution est importante, y compris par le biais de la plateforme La coalition européenne de défense des droits des jeunes NEET. Veronica Stefan, présidente du groupe Social Doers, explique : «Ce que nous espérons obtenir par la mise en dialogue de tous ces partenaires c’est d’abord une implication plus grande des ONG qui devraient profiter de leur rôle pour essayer de rapprocher les NEET des institutions publiques. Car, une fois arrivés en marge de la société, ces jeunes ne réussissent pas à s’en sortir tous seuls et, parfois, ils renoncent à le faire. Ensuite, on essaie de convaincre les institutions d’adopter une politique beaucoup plus flexible. Jusqu’à présent, on a surtout privilégié des projets à durée plutôt fixe et financés par des fonds structurels, et du coup, on a oublié ce qui se passe effectivement avec tous ces jeunes. Il serait important de mettre en place des programmes continus, qui proposent une approche plus personnalisée.»

    Il est donc nécessaire de commencer par identifier tous ces jeunes sans emploi et hors système scolaire pour leur offrir par la suite des solutions en fonction de leurs problèmes individuels. Parallèlement, il nous faut lancer des programmes nationaux soutenus par des politiques publiques.

  • Les ados, une catégorie d’élèves spéciale

    Les ados, une catégorie d’élèves spéciale

    Plus récemment encore, on parle aussi de son rôle dans le développement de l’intelligence émotionnelle, qui se manifeste par des compétences non cognitives. Très importantes, elles méritent bien que l’école leur accorde autant d’attention qu’aux compétences cognitives. C’est la conclusion d’une étude réalisée par l’Université Babeş-Bolyai de Cluj-Napoca, en collaboration avec l’Association ROI et l’Institut des sciences de l’éducation et avec le concours de l’UNICEF. Comment peut-on définir les compétences non-cognitives ? Eduard Petrescu, du bureau de l’UNICEF en Roumanie : « Ce sont, en bref, les compétences que l’on ne peut mesurer par aucun test habituel d’intelligence ou de connaissances. Elles sont liées à une dimension personnelle de l’être humain : la façon dont il réussit à se rapporter à soi-même, à maîtriser ou à changer son comportement, à trouver des motivations, à utiliser sa créativité. Les compétences non cognitives ont également une dimension sociale et communautaire, car elles supposent un savoir-faire dans le domaine relationnel, de l’appartenance à un certain groupe. S’y ajoutent des compétences civiques, dont la capacité de participer à un projet ou à la prise des décisions. »

    En raison de leur dimension aussi bien individuelle que sociale, les compétences non cognitives sont essentielles pour le développement harmonieux de l’individu ; elles doivent être encouragées, notamment à l’adolescence, période durant laquelle se forme le caractère. C’est pourquoi l’étude consacrée à ces compétences a été focalisée sur les ados. Simona David-Crisbăşan, représentante de l’association ROI, explique : « A l’adolescence, on assiste à un phénomène particulier: les capacités physiques et intellectuelles des jeunes se développent autant que celles des adultes, alors que le côté émotionnel enregistre un certain retard. C’est d’ailleurs pourquoi les adolescents peuvent prendre des décisions risquées. Les compétences socio-émotionnelles ont plusieurs dimensions et dépendent du développement personnel, de la motivation, de la discipline, de la persévérance, de la confiance en soi, de l’initiative de la personne. Les relations interpersonnelles, la résilience, la résilience au stress, la façon dont nous comprenons et exprimons nos émotions relèvent toujours de ces compétences. S’y ajoute enfin l’implication civique : l’engagement dans différents projet communautaires et l’appartenance à la communauté. »

    Les chercheurs ont constaté qu’en Roumanie, les capacités non – cognitives sont développées uniquement par des activités extra-scolaires ou par des activités organisées par établissements scolaires pendant la semaine appelée « L’école autrement ». Les ados se sentent même plus à l’aise en tant que participants à des projets de bénévolat, que pendant les classes proprement-dites. De l’avis des spécialistes, l’explication est dans le fait que le système éducationnel roumain se limite toujours à la seule transmission de connaissances. Comment l’école pourrait-elle développer les compétences non – cognitives des jeunes ? Comment ces compétences peuvent – elles stimuler les performances scolaires ? Simona David-Crisbăşan répond: « L’école devrait mettre l’accent sur ces capacités aussi, non seulement sur les compétences cognitives ou les performances scolaires, comme c’est le cas aujourd’hui … On insiste très peu sur la communication, sur les relations personnelles ou sur la motivation. Et pourtant, tout le monde remarque que les ados sont plutôt démotivés en ce qui concerne l’école… Cela, parce qu’ils ne sont pas invités à faire partie du processus. Il est très important pour les ados de se sentir impliqués dans le processus éducationnel. A l’école primaire, on met l’accent sur les relations interpersonnelles, vu qu’il y a un seul instituteur qui s’occupe des enfants pendant 4 ans. Une récente modification du programme scolaire, qui concerne aussi les classes primaires, vise à stimuler aussi le développement personnel. Mais à commencer par la première année de collège et, plus tard, au lycée, l’enfant se sent exclu. Il n’y a pas suffisamment de temps, ni d’espace pour les faire s’impliquer, ce qui donne naissance au manque d’intérêt et à la démotivation. »

    Il est important de stimuler les compétences non-cognitives, non seulement pour augmenter la motivation pour les études, mais aussi et surtout pour le développement ultérieur des jeunes. C’est justement sur ce développement ultérieur que l’école devrait se cibler, estime le représentant de l’UNICEF, Eduard Petrescu : « Le système classique d’enseignement, qui fonctionne en Roumanie, a été imaginé pour une autre époque. Alors qu’il devrait tenir compte du fait que la société dans son ensemble se développe d’une manière accélérée, au niveau de l’information, de la communication, des relations. Tous ces aspects ont un impact sur le marché du travail. En fin de compte, l’objectif final de la formation scolaire d’un jeune doit être sa capacité de s’intégrer dans la vie sociale et professionnelle. Il faut apprendre à aider les jeunes à mieux s’adapter pour répondre aux défis actuels, en stimulant leurs compétences non – cognitives. »

    Mais avant toute chose, il faut former les enseignants pour qu’ils soient capables d’éveiller ces aptitudes chez leurs élèves. Ensuite, il faut repenser le programme scolaire, de sorte qu’il intègre cet aspect. Vu qu’un nouveau programme scolaire est actuellement en débat pour le collège, les experts estiment que les compétences non – cognitives y trouveront une place et qu’elles pourront se développer, notamment à l’aide de nouvelles méthodes d’enseignement et du travail en équipe. (Trad. Dominique, Valentina Beleavski)

  • Paul Jamet (France) – le rôle des réseaux sociaux dans la mobilisation des citoyens roumains

    Paul Jamet (France) – le rôle des réseaux sociaux dans la mobilisation des citoyens roumains

    De nos jours, il faut s’informer de toutes les sources disponibles – radio, télévision, internet, réseaux sociaux – mais aussi et surtout il faut savoir comprendre l’information, faire la différence entre les fausses et les vraies nouvelles, discerner entre les partis-pris et la réalité. Je constate qu’à l’heure actuelle les sources d’information se différencient selon les tranches d’âge. Les jeunes surfent sur Internet. Et quand je dis Internet, je pense surtout aux réseaux sociaux. C’est là qu’ils trouvent non seulement l’information transmise par la presse, mais aussi les commentaires des spécialistes, des blogueurs, des journalistes d’opinion et d’investigation. Les informations relayées par ce type de personnes ont joué un rôle essentiel au début des manifestations de Bucarest, parce que ce sont ces blogueurs et journalistes free-lance qui ont expliqué ce qui se passait. Puis, les réseaux sociaux ont fait leur travail de diffusion de l’information. Pour les personnes plus âgées, la génération de mes grands-parents par exemple, Internet n’est pas une source d’information. Ils sont habitués à la télé et ils s’y rapportent toujours. Et là il faut savoir faire la distinction entre les différentes chaînes … Il y a des gens qui ne regardent qu’une seule et même chaîne de télévision et qui ne reçoivent qu’une partie de l’information. Alors que de nos jours, en Roumanie du moins, il est essentiel de tout regarder, puis de lire les différentes opinions des spécialistes et puis d’en tirer ses propres conclusions.

    Certaines voix ont dit que les jeunes qui protestaient devant le gouvernement ne savaient pas pourquoi ils étaient là. Moi, j’ose les contredire. Les jeunes, et surtout la des trentenaires, sont descendus dans les rues en connaissance de cause. Cela témoigne du fait que les générations ont changé et qu’elles ont leur mot à dire. En fait, ils ne demandent qu’une seule chose, très simple : vivre dans un pays correct. C’est tout. Voilà pour ce début de février en Roumanie.

    Quant à votre question : « Comment s’informe-t-on aujourd’hui ? », cher Paul Jamet, en discutant à ce sujet, j’ai constaté une chose : on ne peut plus séparer les médias. La radio n’est plus que du son : la radio est sur Internet, elle est sur les réseaux sociaux, elle accompagne ses reportages d’images et de commentaires. La presse écrite ne se limite pas non plus à l’écriture : les journaux ont des bulletins d’informations et des interviews vidéo, même des débats vidéo en direct. Alors que les télévisions sont elles aussi présentes sur Internet et proposent bien plus de choses que les traditionnels journaux télévisés. On n’a même plus besoin d’une télé pour suivre une chaîne, il suffit d’avoir un smartphone. L’information est partout, elle nous est donnée en temps réel. Donc, il est déjà très difficile de séparer les médias, mais aussi la qualité de l’info. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère. Bonne ou mauvaise, c’est le temps qui le dira.

  • Franco-Mania 19.01.2017

    Franco-Mania 19.01.2017

    Bienvenue dans ce magazine de débat de la jeunesse francophone, qui relaie les idées, les opinions et les préoccupations de la jeune génération. Cette émission est réalisée devant un public étudiant, avec le soutien des Lectorats de français de l’Ecole Polytechnique, de l’Université technique de constructions et, bien sûr, de l’Université de Bucarest qui nous accueillent dans ses locaux, ici dans la capitale. Par Skype, nous sommes rejoints par des étudiants du Lectorat de français de l’Université « Lucian Blaga » de Sibiu, quinzième ville roumaine, de quelque 170 mille habitants, située au centre de la Roumanie.



    C’est un paradoxe — alors que la Roumanie enregistre un des taux de chômage les plus bas en Europe, soit 5,7% en novembre dernier, selon les derniers chiffres disponibles, le nombre de jeunes âgés de moins de 25 ans qui ne travaillent pas ne cesse de croître. En novembre 2016, le taux de chômage parmi eux se montait à 20,4%, à savoir deux points de plus par rapport à la moyenne européenne. Le taux de chômage de longue durée parmi les jeunes avoisine les 60%. Certes, à l’échelle continentale, la Roumanie est mieux placée que d’autres pays, notamment du sud, mais les chiffres qui viennent d’être dits ne prennent pas en compte aussi ces jeunes qui ne souhaitent pas avoir un emploi, qui n’entreprennent aucune démarche en ce sens et qui n’ont pas l’intention de le faire dans un proche avenir — ces gens ne figurent pas dans les statistiques. Trouver un emploi quand on est étudiant, est-ce facile ? Quels atouts doit-on avoir ? Quoi privilégier, étude ou travail ? Les étudiants sont-ils vraiment prêts et surtout préparés pour la confrontation supposée par le marché de l’emploi ?



    Cette émission a également été réalisée avec le soutien du Bureau Europe Centrale et Orientale de lAgence universitaire de la francophonie, de lInstitut français de Roumanie et de lantenne roumaine de l’Union internationale de la presse francophone.




    Ada Hurezeanu (Université de Bucarest) – entretien avec Ancuta Argeseanu (Roumanie)




    Cristina Dulgheru (UTCB) – entretien avec Khalid Zerzouri (Maroc)





    Andreea Anton (UTCB) – Les jeunes et le travail




    Andreea Manaicu (UTCB) – Travailler en tant quétudiant





    Cristina Dulgheru (UTCB) – Les jobs étudiants





    Mirjam Strucl Rojko (Ecole Polytechnique) – Le marché du travail en Slovénie : situation des jeunes



    Le taux de chômage en Slovénie était de 7,6 %1 en octobre 2016, il est plus bas de celui de l’ensemble des pays de l’UE (qui est de 8,3 %2 ). Le taux de chômage en Slovénie diminue peu à peu depuis 2013. En 2008, le taux de chômage était de 4,4 %3 et a augmenté entre 2009 et 2013 pour 4,2 % (les taux de chômage : 5,9 % en 2009 ; 10,1 % en 2013) à cause de la crise économique. En 2009, 15,4 %4 des jeunes était au chômage. Ce taux était le plus élevé5 en 2013 (21,6 %6 ). Il commence à diminuer régulièrement à partir de 2013 et le taux en 2015 s’élevait à 16,3 %7 .



    Les experts cherchent les raisons du chômage des jeunes dans la prolongation des études, la diminution de nombre des jeunes et les jeunes avec des expériences professionnelles obtenues pendant leurs études. En effet, en Slovénie, il existe des agences avec la fonction similaire à celle du pôle-emploi étudiant (ou agences d’intérim) en France. Il s’agit des intermédiaires entre les employés-étudiants et les employeurs. C’est un point important à relever puisque 66% des étudiants en Slovénie travaillent à travers ce « programme » (Cargo, 2010 : 16-21)8 .



    Un étudiant slovène qui travaille à mi-temps pendant ses études a un statut spécifique en tant qu’employé9 . Il ne signe pas un contrat de travail avec son employeur ; le « contrat » est en effet une démarche qui se fait de façons très diverses ; le plus souvent, il s’agit d’un accord oral entre l’étudiant et son employeur sur la rémunération, sur les obligations et sur les heures de travail. L’absence d’un système défini par la loi apporte des nombreux avantages et inconvénients. Pour l’employeur, le grand avantage est la main d’ouvre peu couteuse et la flexibilité des travailleurs- étudiants. En plus, la seule obligation d’un employeur est de payer l’étudiant. Mais en effet, il n’existe pas de réglementations pour assurer qu’un étudiant sera payé. Tout repose donc sur la confiance.


    Les agences obtiennent une permission officielle de la part du Ministère du travail, de la famille et des affaires sociales pour leur fonctionnement. Elles sont responsables d’obtenir et de payer les cotisations de la somme d’argent reçue de la part de l’employeur. Elles publient également la liste des entreprises qui ne payent pas aux étudiants10. De cette façon, elles aident les étudiants à éviter de travailler dans ces entreprises (souvent dans la situation de faillite). Elles doivent, au moment de la transmission des informations sur les emplois disponibles et avant le début du travail, fournir un document officiel pour l’employeur qui assure que le travail est légal (il s’agit d’un document où sont affichés les noms, les adresses et les numéros fiscaux de l’employeur et de l’étudiant).



    La loi pour l’équilibre des finances publiques11 a été modifiée en 2015 et a inclus le travail des étudiants dans le système de l’assurance-vie et retraite et impose le taux horaire minimum. Dès lors, un étudiant doit payer 15,50% de son revenu pour l’assurance-vie et retraite. Pour tous les 833,58€ gagnés, l’étudiant obtient le droit à un mois de retraite. Les avantages pour les étudiants sont l’accumulation des expériences (ses expériences ne sont pourtant pas reconnues officiellement, même si, dans les documents officiels, la reconnaissance est explicite), tellement précieuses à la fin des études, et le fait que les étudiants n’ont pas besoin de payer des charges sociales. Si un jour l’étudiant décide de ne plus aller au travail, son employeur n’a pas de moyens pour le pénaliser. Tout repose donc sur l’absence d’obligations et de droits en même temps. Les jeunes diplômes se retrouvent en concurrence avec les étudiants expérimentés et leur recherche de travail se complique. Il existe un conflit dans cette structure : le travail à mi-temps d’un étudiant augmente ses possibilités pour une insertion professionnelle réussie mais contribue en même temps au chômage des jeunes.



    En Slovénie, les dispositifs pour l’insertion professionnelle ne sont pas développés (stages !) et les jeunes se trouvent souvent perdus dans le marché de travail où ils sont en position de concurrence avec l’ensemble de la main d’œuvre forcément plus expérimentés des jeunes diplômés sortis d’une formation théorique.



    1Source du pourcentage : EUROSTAT http://ec.europa.eu/eurostat/statisticsexplained/index.php/File:Unemployment_rates,_seasonally_adjusted,_October_2016.png


    2Source du pourcentage : EUROSTAT http://ec.europa.eu/eurostat/statisticsexplained/index.php/File:Unemployment_rates,_seasonally_adjusted,_October_2016.png


    3 Source du pourcentage : EUROSTAT http://pxweb.stat.si/pxweb/Dialog/Saveshow.asp (Institut national des études statistiques de la Slovénie)


    4 D’après le mémoire de CARGO, Elena (2010), disponible sur http://www.cek.ef.unilj.si/u_diplome/cargo4191.pdf (page 18)


    5 Le rapport annuel de 2012 ; Agence national pour l’emploi, disponible sur http://www.ess.gov.si/_files/5082/letno_porocilo_2012.pdf


    6 Source du pourcentage : EUROSTAT http://ec.europa.eu/eurostat/statisticsexplained/index.php/File:Table_1_Youth_unemployment,_2015Q4_(%25).png


    7 Source du pourcentage : EUROSTAT http://ec.europa.eu/eurostat/statisticsexplained/index.php/File:Table_1_Youth_unemployment,_2015Q4_(%25).png


    8 CARGO, Elena (2010). Brezposelnost mladih na trgu dela (« Le chômage des jeunes au marché du travail en Slovénie »). Disponible sur http://www.cek.ef.uni-lj.si/u_diplome/cargo4191.pdf.


    9 Son statut est défini avec la « loi de recrutement et assurance pour le cas de chômage » : ZZZPB Zakon o zaposlovanju in zavarovanju za primer brezposelnosti, adopté en 1991, complétée et modifiée plusieurs fois, disponible sur http://www.pisrs.si/Pis.web/pregledPredpisa?id=ZAKO1239


    10 Exemple d’une telle liste : http://www.neplacniki.info/


    11 Zakon o spremembah in dopolnitvah Zakona za uravnoteženje javnih financ – ZUJF-C (Uradni list RS, št. 95/14), ki dopolnjuje ureditev na področju začasnega in občasnega dela dijakov in študentov (velja od 1.2.2015) http://www.pisrs.si/Pis.web/pregledPredpisa?id=ZAKO7048




    Marinela (Ecole Polytechnique) – La situation de lemploi jeune en Albanie



    J’ai recherché sur Internet des articles par les mots clés en albanais « le recrutement des jeunes diplômés Albanais » et les résultats étaient frappants, voire choquants. Tous les titres des articles retrouvés étaient pleins de désespoir et de problèmes, par exemple « La génération perdue », ou « Selon les statiques les jeunes de plus en plus au chômage et découragés », ou « Le nombre des jeunes au chômage toujours en croissance », etc.


    Même à partir de ces résultats, nous pouvons dire que la situation économique en Albanie se présente difficile surtout pour les jeunes. Selon les données, ils changent très souvent de statut : demployé à au chômage et vice-versa. Ils entrent dans le marché de travail en ayant en général un poste peu qualifié, qui en fin de compte nest pas en lien direct avec leurs diplômes. En outre, la structure industrielle du pays et la crise économique ont abouti à une incohérence entre la demande et loffre du marché de travail. Il n’y pas d’études menées par les institutions responsables du marché de travail, ce qui résulte en un très grand nombre de diplômés d’un domaine particulier au chômage et cela même pour longtemps. En outre, les statistiques montrent que 87,5% des jeunes avouent chercher du travail en utilisant leurs connaissances : proches, famille, amis, etc., et 62% des entreprises enquêtées avouent quelles recrutent à partir de recommandations venant de liens familiaux ou amicaux[1]. Alors, à la fin on a une grande difficulté pour les jeunes qui nont pas de “connaissances” et qui ne seront pas embauchés aussi facilement que ceux qui en ont.


    Selon une étude effectuée en 2015[2], les auteurs ont démontré entre autres, quen Albanie le marché de travail est tantôt « flexible » tantôt « séquentiel » : « flexible », car les lois en vigueur donnent une liberté aux employeurs de recruter et de licencier les employés très facilement ; et « séquentiel » car ce nest quaprès les études que les étudiants peuvent pratiquer leur profession. Il y a une très faible, pour ne pas dire du tout, implication des compagnies, des employeurs, dans la formation pratique des jeunes. Les instruments dont les politiques actuelles disposent pour l’embauchage actif des jeunes jusquà 25 ans sont : 1- les centres d’apprentissage (pour les apprentis), 2- les formations et 3- les stages dans de différentes compagnies ou entreprises. De par cette étude, les chercheurs ont observé que la plupart des compagnies en Albanie recrutent les jeunes pour une période inférieure à 12 mois. En plus, les compagnies participant à létude, ont avoué quelles acceptent un nombre très bas de stagiaires. Ce ne sont que les grandes entreprises qui montrent des signes dune implication active à la formation de leurs employées futurs.


    Malheureusement, les chiffres montrent qu’en 2014 le taux de chômage pour les jeunes entre 15 et 29 ans avait atteint 33.9%[3]. Ce qui montre clairement que les étudiants doivent attendre pour une période relativement longue avant dêtre embauchés. Récemment, on a introduit des centres de carrière, mais il faudra du temps afin de voir les résultats.



    [1] HACKAJ, A., 2015, « Trendet e punësimit rinor në Shqipëri : çfarë kërkon tregu? », Tirana, Friedrich-Ebert-Stiftung, p. 22-23.


    [2] Ibidem, p.19.


    [3] Ibidem, p.14.



    Ilkin Babayev (Ecole Polytechnique) – Lemploi jeune en Azebaïdjan



    L’Azerbaïdjan comme d’autres pays d’ex union soviétique a connu une longue période de crise économique.


    Après la chute de l’URSS le pays devait se former en tant qu’un pays indépendant et manquait d’experts pour exploiter son premier ressource de revenu — le pétrole. Alors, en 1994 l’ex président Heydar Aliyer a signé un « contrat de siècle » avec 8 compagnies pétrolières les plus puissants du monde. Ce contrat permettait aux experts étrangers créer de nouveaux lieux d’emplois mais aussi tirer des profits. L’Azerbaïdjan a également largement profité de ce contrat et continue à en profiter. En quelques années l’économie azerbaïdjanaise a donné des effets positifs et l’économie voyait la croissance jusqu’à l’année 2015 où la devise a subi sa première dévaluation. La deuxième dévaluation peu après la première a réduit la devise à 35%.



    Les jeunes et l’éducation.


    Le pays compte plusieurs universités publics et privées. A la fin du lycée les jeunes passent les examens de baccalauréat et pour l’entrée en université le comité d’éducation auprès de l’état organise le concours d’entrée à l’université.


    Les universités qui compte le plus d’étudiants sont l’université d’Etat de Bakou, l’université d’économie, l’académie de pétrole et l’université des langues.


    L’éducation est payant, mais selon les points d’entrée les étudiants peuvent bénéficier de la gratuité de l’éducation et peuvent avoir une bourse d’études.


    Malgré plusieurs réformes en matière de l’éducation, le niveau d’études reste relativement faible en comparaison avec les universités d’occident. De ce fait, les étudiants partent faire leurs études à l’étranger surtout dans des pays d’occident, comme l’Allemagne, Le Royaume Uni, Les Etats — Unis ou encore la France.


    Le gouvernement a élaboré un programme de bourse d’études 2010-2015 pour les étudiants voulant continuer leur parcours au niveau de licence et de master à l’étranger et a signé plusieurs contrat de coopération avec les établissements d’étude supérieur étrangers. Du coup, il y a eu de nombreux étudiants qui ont pu bénéficier de cette bourse d’études qui prévoit tout le financement.



    Les jeunes et l’emploi.


    Les jeunes azerbaïdjanais font les premiers dans la vie du travail dès les premières années de l’université. Ici, on pourrait les diviser en deux groupes. Ceux qui viennent faire leurs études à Bakou d’autres villes azerbaïdjanaises sont plus souvent obligés de travailler parallèlement aux études.


    Les étudiants de Baku continuent à vivre avec leurs parents et n’ont pas souvent de problèmes d’argent.


    Les dernières dix années on a vu implanter en Azerbaïdjan plusieurs organisations internationales pour les jeunes qui favorisent les échanges entre les étudiants de différents pays. Les jeunes participent aux projets organisés et ainsi cumulent des expériences.


    Moi personnellement, mes années universitaires ont été très riches en raison des évènements internationaux qui ont eu lieu à Bakou (l’Eurovision, le forum humanitaire mondial, Le Fifa 17 étc).


    Les jeunes sont attirés par l’Etat dans l’organisation de ces grands évènements.


    Pourtant, il y a aussi des problèmes, le pays se trouve en situation de guerre depuis son indépendance. Les hommes azerbaïdjanais sont obligés d’effectuer le service militaire à partir l’âge de 18 ans et pour une durée d’un an. Les jeunes hommes après leurs études sont convoqués et n’ont le droit à la suite des études masterales après le service militaire.


    On est dans 21 ème siècle et les critères d’embauche évoluent très vite. Pour se garantir un bon futur l’éducation supérieur complète est primordiale dans le monde entier comme en Azerbaïdjan. Les jeunes arrivés de service militaire pour la plupart des cas perdent la motivation des études et préfèrent travailler.


    Les députés au parlement sont divisé en ce sujet et n’arrivent pas à une meilleure issue qui serait de permettre aux jeunes voulant continuer leurs études au niveau de master d’être libéré.


    L’emploi.


    Personnellement, j’ai trouvé le travail après mes études de Master effectués en France dans un centre privé de langues où j’ai enseigné et je vais enseigner après mon départ de Roumanie. Dans mon entourage je ne connais personne qui quitte le pays pour aller travailler ailleurs. Le nombreux sont ceux qui partent à l’étranger pour continuer leurs études.


    Ce qui est demandé aux jeunes au moment de l’embauche c’est une bonne connaissance de la matière et si nécessaire la maîtrise des langues étrangères, russe ou anglais en majorité.